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01 - Parité Pouvoir D'achat
01 - Parité Pouvoir D'achat
Octobre 2018
La croisée des
chemins
SOMMAIRE La situation actuelle est complexe et elle mérite d'être
clairement posée pour savoir où nous devons être mais
surtout où nous ne devons pas être.
L'enseignement
de Charles GAVE
4 La parité de
Les marchés financiers nous indiquent clairement qu'il
y a 2 secteurs à éviter :
pouvoir d'achat
Cultur' Invest
20 Interview O.
Delamarche et
Grand Angle
2/
II/ La dette souveraine liquidités pour
investissements
racheter
productifs
les
qui
en zone euro. remonteront, comme un bouchon
dans l'eau.
Le secteur, très vaste et très large,
de la « dette pourrie » des marchés Il est donc essentiel de diversifier
obligataires souverains. C'est à cet notre portefeuille, pour lui donner de
endroit que l'argent emprunté pour la souplesse face aux crises qui ne
sauver tout ce qui n'aurait pas dû manqueront pas d'arriver.
être sauvé a été stocké. D'ailleurs,
nous ne connaissons même pas le Au fil des numéros de cette lettre
montant réel de la dette des états nous étudierons en profondeur les
européens aujourd'hui, puisqu'ils classes d'actifs suivantes :
sont garants de tout un tas de
systèmes de sauvetages et de la BCE. • Les devises étrangères.
Or nous savons bien que ce sont des • Les obligations d'états hors
cautions accordées à des débiteurs zone euro.
qui ne rembourseront jamais • L'or bien évidemment.
l'intégralité de leurs dettes. Pourtant, • Les moyens de conserver du
lorsque ces pays feront faillites, il cash intelligemment.
faudra bien annoncer qui a perdu de • Et bien sûr les actions.
l'argent.
Un autre signe de la déliquescence En fonction de l'évolution de la
de la dette des pays européens : les situation, nous serons donc capables
taux d'intérêts. Comment peut-on de vendre ce qui aura monté pour
expliquer que la dette acheter ce qui aura
à 10 ans de la France baissé.
soit rémunérée 0,6 % l'objectif n'est pas tant de C'est un exercice
ou celle de gagner de l'argent que de normalement très
l’Allemagne à 0,3% ? ne pas en perdre compliqué tant il est
De tels niveaux de impossible d'acheter
taux d'intérêts au plus haut pour vendre au plus bas.
signifient une incertitude Pour autant, lorsque l'on rentre dans
extrêmement faible. des périodes extraordinaires, nous
Bien évidemment, ces prix nous pouvons nous attendre à des
apportent comme information, qu'ils mouvements extraordinaires. Il y a
sont faux, manipulés, pour empêcher des moments sur les marchés où tout
le système de la dette de s'effondrer le monde sait qu'un actif n'est pas
sous son propre poids. cher car l'écart à sa tendance longue
Peu importe que ce soit l'Italie ou un est outrageusement élevé. Fin 2008,
autre pays qui fasse défaut, nous début 2009, lorsque tous les indices
nous tiendrons à l'écart de cette ont perdu environ 50% de leur
folie. valeur, tout le monde savait que
c'était le moment d'acheter ou de
Les sources de crises financières et renforcer ses positions sur les titres
économiques ne manquent pas et de qualité.
dans ces périodes, l'objectif n'est pas Fallait-il encore avoir de l'argent
tant de gagner de l'argent que de ne disponible pour cela …
pas en perdre. Car lorsque les
marchés céderont, celui qui sera
riche dans la salle sera celui qui aura
le moins perdu et disposera de
3/ Pourquoi acheter des actions si obtenez une performance supérieure
nous savons que les marchés vont au marché.
chuter tôt ou tard ? De plus, lorsque la valeur d'une
action est divisée par 2, lors d'un
Pour 2 raisons : mouvement général des marchés ; si
vous avez des entreprises qui sont
1/ Vous pouvez savoir lorsque faiblement impactées par la crise car
quelque chose n'est pas cher mais leur business est solide, alors le
vous ne saurez jamais si cette même dividende reste le même et cela ne
chose est chère. change rien pour vous.
Par exemple si le CAC40 perd 50%, C'est comme lorsque vous avez
vous savez que c'est un bon moment acheté un logement pour le louer.
pour acheter. Tant que votre
Par contre si le Il est donc essentiel de locataire paie le même
CAC40 gagne 50%, diversifier notre portefeuille loyer, la valeur de
vous ne savez pas pour lui donner de la revente de votre
s'il va continuer à appartement à court
souplesse face aux crises
monter ou s'il a terme ne vous impacte
qui ne manqueront pas pas dans vos finances.
atteint un sommet.
d'arriver. Voilà pourquoi il est
2/ Une bonne partie important de vous
de la performance des actions vient constituer un portefeuille action sur
de la capitalisation des dividendes. le long terme, avec des entreprises
Plus longtemps vous réinvestissez les qui ont l'habitude de se battre pour
dividendes de vos actions, plus vous conquérir des marchés et créer de la
vraie Richesse dans le monde.
4/
L'enseignement de
Charles GAVE
Les parités de pouvoir d'achat
Consulter la vidéo dans votre espace membre sur
https://strategie-grand-angle.systeme.io/dashboard/fr/login
Enseignements à retirer :
Cultur'Invest
Comment évaluer des devises
grâce à la parité des pouvoirs
d'achat ?
Dans ce premier Cultur'Invest, nous allons change qui englobe les économies
chercher dans quelles monnaies nous voisines dont nous savons qu'elles
allons pouvoir diversifier nos liquidités. sont structurellement très
Afin de vous transmettre le plus différentes.
possible les connaissances, je vous Dit autrement, je ne sais pas combien
explique pas à pas comment vaut la monnaie française.
procéder.
Dernière précision, toutes nos Pour toutes ces raisons, nous
analyses seront faites en nous prendrons le dollar comme référence.
plaçant du point de vue du dollar
pour 3 raisons : Commençons par nous
1. Nous pensons que l'euro est entraîner avec le cas du
une monnaie condamnée qui Japon.
finira par exploser d'une façon
ou d'une autre. En Quelles sont les données dont nous
conséquence, nous ne voulons avons besoin ?
pas avoir trop d'euros dans les
poches lorsque cela arrivera. 1) Un historique de la PPA entre
nos deux monnaies.
2. L'euro a une petite 20aine Vous trouverez cette
d'années d'existence, le recul information sur le site de
n'est donc pas suffisant pour en l'OCDE ici :
tirer des tendances fortes sur le https://data.oecd.org/fr/convers
long terme. ion/parites-de-pouvoir-d-achat-
ppa.htm
3. Quoique l'on en dise, l'inflation
est un facteur structurel aux 2) Un historique du taux de
différentes économies qui change.
composent l'euro. La fameuse Vous le trouverez également
harmonisation grâce à l'euro sur le site de l'OCDE ici :
n'a jamais eu lieu ailleurs que https://data.oecd.org/fr/convers
sur les taux d'intérêts. ion/taux-de-
change.htm#indicator-chart
Ceci veut dire que dans le cas de la
France, la mesure de la PPA est pipée Maintenant faisons un beau tableau
puisque je prends en compte une en colonne avec ces deux données
inflation nationale avec un taux de sur une longue durée. 40 ans est un
8/ ordre de grandeur raisonnable.
Que peut-on en conclure ?
À cette étape voici le tableau que
nous obtenons : Entre 1977 et 2017, le taux de
change du yen contre le dollar a
dépassé la PPA contre le dollar à 2
reprises.
La couronne est effectivement sortie Elle est donc nettement sous évaluée.
du canal à un écart type mais elle
reste à moins de deux écarts types. Continuons notre tournée.
11/ Regardons ce que donne la livre Sterling dont nous
a également parlé Charles GAVE
L’œil du HIBOO
La société Danone
Le groupe Danone est un acteur positionnement « l'alimentation pour
majeur de l’industrie alimentaire la santé » :
mondiale, avec 900 millions de
clients finaux, un chiffre d’affaires de 1) les Produits Laitiers Frais,
24,7 Mds € et un résultat net de 2,67 2) les Eaux,
Mds € en 2017 soit environ 10%. 3) l’Alimentation Infantile,
4) la Nutrition Médicale.
Les États-Unis sont le premier
marché du groupe en terme de En 2017 d’ailleurs, Danone a acquis
chiffre d'affaires (18%), suivis par la le groupe WhiteWave, géant
France (9%). américain du lait
L'Europe et bio et végétal, qui
l’Amérique du Nord Au cours des 10 dernières confirme son
représentent années, Danone a pu maintenir orientation vers la
environ 55% des une croissance presque nouvelle
ventes et le reste du continue de son chiffre consommation
monde, c’est-à-dire d'affaires de 6,8% bio/responsable. Le
essentiellement les positionnement
économies stratégique du
émergentes, représentent environ groupe est fort.
45% des ventes. Depuis 10 ans,
Danone a en effet entrepris une – n°1 mondial des produits
politique d'acquisitions ambitieuse laitiers frais avec 24,4% de
dans les pays émergents : parts de marché mondial,
– Unimilk en Russie en 2010, – n°3 mondial des eaux
– les activités de nutrition du conditionnées,
groupe Wockhardt en Inde en – n°2 mondial de la nutrition
2012, infantile,
– alliance stratégique avec – n°1 européen de la nutrition
Mengniu, leader chinois des médicale.
produits laitiers, depuis 2013,
– prises de participations dans Avec un peu plus de 15 Mds de
les sociétés Fan Milk en Afrique dettes, le bilan est assez endetté :
de l’Ouest et Brookside au c’est la conséquence de la politique
Kenya. d’acquisitions du groupe. Cela
traduit sa volonté de conquérir des
Le groupe s’est également beaucoup parts de marché et de renforcer sa
transformé depuis 20 ans dans son position concurrentielle. Cette dette
offre de produits. De 1997 à 2007, donne du levier au groupe et est
Danone a recentré son activité soutenable en raison de la
autour de quatre pôles avec un même récurrence des ventes dans le
14/ secteur alimentaire. un risque fondamental faible, Danone
constitue un très bon placement en
Au cours des 10 dernières années, valeur de fond de portefeuille pour
Danone a pu maintenir une un investisseur à long terme.
croissance presque continue de son
chiffre d'affaires (+6,80% en L’action cote 62,5 € fin octobre 2018,
moyenne) à l'exception de : soit à peu près le même cours qu’en
– l'année 2009 (crise mondiale), janvier 2008 et environ 16 fois le
– 2014 et 2016 (effet de change bénéfice attendu par les analystes en
défavorable). 2019. La société verse un dividende
proche de 2€ par action, ce qui
En outre, suivant sa stratégie représente une rendement d’environ
d’autofinancer sa croissance 3%.
organique, Danone a réussi à réduire Nous commençons donc la
significativement son niveau construction de notre portefeuille
d'endettement, de plus de 5 fois avec une position en Danone. Nous
l'EBITDA en 2007 (acquisition de tablons sur la longue route sur une
Numico) à 3,5 fois l'EBITDA en 2017 valorisation de la société en ligne
(acquisition de WhiteWave). avec ses bénéfices, de plus de 5% par
an. Ajoutée au dividende, la
Nota Grand Angle : L'EBITDA est un rentabilité du placement devrait être
indicateur anglo saxon proche de 10% par
que l'on peut se an avec une
représenter comme La rentabilité du placement volatilité inférieure
étant les profits devrait être proche de 10% par à celle de la bourse
réalisés par an avec une volatilité inférieure et un risque
l'entreprise. On ne dit à celle de la bourse. fondamental faible.
pas de bêtise si l'on se
représente l'EBITDA Grand Angle :
comme la rentabilité d'une affaire à court Danone fait donc partie de ces
terme. multinationales qui sont des valeurs
Il est fréquent de prendre l'EBITDA solides pour faire croître un
comme repère lorsque l'on veut portefeuille. Avec un PER attractif
valoriser une entreprise par exemple. par rapport à sa moyenne historique
c'est un bon moment pour entrer.
Au cours des dix dernières années, Par ailleurs, son internationalisation
Danone a généré une rentabilité donne à cette entreprise de la
moyenne sur ses capitaux propres de flexibilité pour s'adapter à la
12,85%. Elle s’élève à 14,2% en 2017 situation économique mondiale.
et devrait pouvoir être maintenue à
long terme à un niveau proche de PEA / Assurance vie / Compte
14%. titre ?
Le Mindset de
l'investisseur
Il n'y a pas de bons vents pour le
marin qui ne sait pas où il va
La mission de vie – Outil de PNL
L'argent est une chose disponible en Parmi les éléments de votre vie
quantité limitée qui permet, actuelle que seriez vous prêt à
virtuellement, de tout faire. Il donne conserver dans votre vie imaginaire
du pouvoir et cette sensation qu'avec où vous ne seriez limité par rien ?
de l'argent, nous pourrions faire Ces éléments sont incontestablement
tellement plus. En vérité, le des facteurs clefs de votre équilibre.
raisonnement est inverse. Vous
gagnerez de l'argent lorsque vous • Changeriez-vous votre
ferez ce qui a du sens pour vous et conjoint ?
qui répond aux besoins des autres. • Est-ce que vous abandonneriez
Pour autant, s'imaginer milliardaire vos enfants ?
permet d'avoir accès à nos • Est-ce que vous abandonneriez
aspirations en oubliant les limites votre travail ?
que nous nous fixons aujourd'hui. • Quels sont les loisirs que vous
Alors, imaginez que vous êtes conserveriez ?
milliardaires et rêvez votre vie
idéale. Quelle serait-elle ? Maintenant que vous êtes arrivé à la
Enfin, vous pouvez finir cette partie fin, vous devez y voir plus clair sur
en vous demandant réellement vos aspirations.
quelles seraient les adaptations à Ce sont des éléments clefs pour
faire dans votre vie actuelle pour déterminer quel est votre « mission
commencer à vous attaquer aux de vie ».
projets dont vous rêvez en tant que C'est à ce moment là que vous avez
milliardaire. trouvé votre cap.
Souvent, il y a des passerelles entre
les deux auxquelles on s'interdit de L'étape suivante sera d'aligner votre
réfléchir par habitude, par inertie de projet de vie sur ces éléments clefs.
notre quotidien. Pour passer à l'action et transformer
votre vie, il vous reste à décliner
votre cap en objectifs, mais cela c'est
une autre histoire sur laquelle nous
reviendrons plus tard ...
19/
Le suivi du
portefeuille
Actions
Danone FR0000120644 2,50% Achat
Devises
Livre Sterling 2,50% Achat
Couronne
Suédoise
2,50% Achat
20/
Les Transcriptions
des vidéos Grand
Angle
Interview avec Olivier Delamarche
publiée le 21 octobre 2018 :
SITUATION D'ENDETTEMENT
DES PAYS DU SUD DE L'EUROPE
Olivier Delamarche : Imaginez que les taux montent de un point, deux points... Ça
mettrait l'Italie à terre. Là, vous risquez d'avoir des banques qui sautent... Et l'échéance
pour la présentation du budget italien est à la fin du mois. Imaginons que les Italiens
présentent un budget qui ne plaise pas à, vous savez, celui qui a une "sciatique"...
Richard Détente : M.Juncker.
OD : Il est touché là où ça fait mal. M. Juncker commence à traiter les Italiens de tous les
noms d'oiseaux qu'il connaît. Il y a des petits échanges...
Il va probablement y avoir une augmentation, parce que les gens vont avoir peur, du 10
ans italien. Puis, d'ailleurs, de toute la courbe des taux italienne.
Qu'est-ce qu'il risque de se passer ? Il y a quelques années en arrière, et je ne parle pas
de l'Italie, vous aviez des États endettés à 50% du PIB...
RD : Un taux raisonnable...
OD : C'était le taux de beaucoup de pays à cette époque-là, avant 2008. Donc, si vous
avez un taux d'endettement aussi faible, et que vous montez les taux d'un point, ça vous
fait 0,5 en plus à payer par rapport à votre PIB.
Si vous êtes comme les Japonais, qui ont 250 % de dettes par rapport à leur PIB...
RD : On multiplie par 2,5...
OD : Vous multipliez par 2,5. Prenez un point, il faut 2,5% de croissance pour les payer...
Le calcul est simple. Des pays ont largement dépassé les 100%... L'Italie est autour de
135%. Quand vous êtes à 4% sur les taux italiens : 135 % de 4, si mes calculs sont
exacts, ça fait quoi ? Ça fait 5 et quelques.
Vous croyez que vous allez avoir 5,40% de croissance en Italie ? Non. "Never".
Ça veut dire que vous allez continuer à vous endetter pour essayer de rendre ces taux
soutenables.
Donc là, les banques italiennes ont des centaines de milliards d'obligations pourries.
Vous avez 360 milliards d'obligations pourries en Italie. Sur les 360 milliards, vous en
avez 200-250 qui ne sont pas pourris, mais irrécouvrables. Vous pouvez les mettre à
zéro.
23/ Par rapport à un PIB de 1 600 milliards... Faut faire le calcul, mais ça représente quand
même un paquet du PIB.
Donc, imaginez que les taux montent d'un point, de deux points... Ça mettrait l'Italie à
terre. Là, vous risquez d'avoir des banques qui sautent.
L'échéance pour la présentation du budget italien est à la fin du mois... Ça peut partir à la
dérive à ce moment-là.
RD : D'autant que Trump a proposé un coup de main pour acheter leur dette.
OD : Il faut bien se rendre compte que ce système est pourri. C'est un château de cartes.
Au moindre pépin, nous allons malheureusement en subir les conséquences.
Les banques centrales sont gentilles, mais quand elles font croire que l'argent facile est
terminé, que les taux à zéro c'est fini, et que les quantitative easing sont terminés... Ce
n'est pas vrai.
RD : On va très vite y retourner...
OD : Elles peuvent faire de la com' et faire semblant, mais elles savent qu'au moindre
petit accroc, elles vont y retourner "no limit".
RD : Toute la phase de QE, d'impression, d'assouplissement et autres termes
jargonneux... on va y retourner assez rapidement, parce que les conditions ne s'y prêtent
pas.
OD : Vous ne pouvez pas laisser monter les taux. C'est tout.
RD : Il y a un truc très important à comprendre : C'est le rapport entre dette et
rendement. (Voir la vidéo : Les banques centrales ont fait disparaître la croissance).
Quand les rendements s'effondrent, la machine "schumpéterienne" se casse. C'est-à-dire
que, lorsque vous êtes une entreprise boiteuse et que vous avez de l'argent pas cher,
vous pouvez vivre. Quand vous avez de l'argent à 5%, vous ne pouvez plus vivre.
OD : Il est rigolo de voir ces dizaines d'économistes se masturber le cerveau en se disant
: "Je ne comprends pas pourquoi il n'y a pas d'inflation ?".
Les QE sont déflationnistes alors, évidemment, il n'y a pas d'inflation !
Comme vous le dites, quand vous avez des taux qui sont maintenus artificiellement à
zéro par les QE, par les achats des banques centrales... ça permet à des entreprises
qui normalement, auraient dû mourir, de ne pas mourir. Donc, vous avez des
surcapacités qui se créent. Comme vous avez des surcapacités qui se créent, en plus,
ces entreprises boiteuses font de la concurrence deloyale sur les prix, puisqu'elles font
des produits pourris. Elles font de la concurrence sur les prix, donc les prix baissent et
c'est purement déflationniste.
Ces guignols se demandent en permanence pourquoi, avec les QE, il n'y a pas
d'inflation... Tout simplement parce que c'est déflationniste. Donc il ne peut pas y avoir
d'inflation.
Puis, imaginer que les QE donnent de l'activité, c'est aussi complètement idiot. En quoi
racheter des obligations sur le marché et les mettre en stock dans votre banque va
amener de l'activité ?
J'ai assisté à des discussions où ils avaient l'air super sérieux en plus ! À se demander :
"Mais tu comprends, toi, pourquoi y a pas d'inflation ?"...
24/
Épisode Grand Angle du 10/10/2018
GESTION PASSIVE : QUELS SONT
LES RISQUES POUR LES CLIENTS ?
Depuis une dizaine d'années, la "gestion passive" prend une place de plus en plus importante
dans les marchés actions. Trackers, ETF, et autres ETP, qui peuvent contenir des produits
dérivés avec parfois des effets de levier pour démultiplier les résultats, ont rencontré un grand
succès auprès des investisseurs.
Le principe est simple : au lieu de se casser la tête à choisir des actions pour leur qualité
intrinsèque, vous achetez un produit financier qui se contente de répliquer les performances de
la Bourse, sans faire mieux ni moins bien. Ça coûte moins cher en frais de gestion et c'est très
simple, car vous n'avez pas besoin de vous demander si votre gestionnaire est bon ou non,
puisqu'il n'y en a plus. Alors, convaincu ? Si vous trouvez cette idée formidable, il faut qu'on en
parle.
Je me suis toujours demandé ce qu'est un ETF exactement. J'ai bien compris que cela
servait à répliquer un indice boursier, mais comment ça marche ?
Pour bien comprendre les ETF, il faut comprendre ce qu'est un indice boursier. Un indice
boursier, c'est simplement une liste d'actions qui sert de référence pour mesurer l'évolution d'un
secteur. Par exemple, le CAC 40 est un indice composé des 40 plus grosses entreprises de
France (en gros). Le S&P500, les 500 plus grosses entreprises des États-Unis, alors que le
Next Biotech mesure la performance des entreprises biotechnologiques en Europe. Donc,
quand on dit que la Bourse a monté ou a baissé, on parle de l'évolution de tel ou tel indice.
Du coup, pour répliquer la performance d'un indice, c'est facile. Par exemple, pour le
CAC40, tu achètes toutes les entreprises du CAC40, et voilà.
Il faut aussi respecter le poids de chaque action dans l'indice, car toutes ne sont pas prises en
compte de la même façon, mais c'est une première solution qui marche. Il y a des ETF qui font
ça ; on les appelle les ETF physiques, car ils détiennent physiquement les actions des indices
qu'ils répliquent.
Un ETF, c'est quoi exactement ?
Simple, c'est un fonds de gestion. C'est un produit financier. La société de gestion Tartampion
décide de créer un ETF qui réplique le CAC40 alors elle crée l'ETF "CAC40 forever". À chaque
fois qu'un client achète du "CAC40 forever" notre société de gestion achète toutes les actions
du CAC40 pour répliquer l'indice et, en échange, le client se retrouve propriétaire de parts de
cet ETF.
Ok, et quand j'en ai marre, je revends mes parts et la société revend des titres pour me
rendre mon argent.
C'est le principe. Mais il n'y a pas que les ETF physiques. Il y a aussi les ETF synthétiques, qui
utilisent des contrats à terme pour répliquer ce qu'ils veulent répliquer.
Synthétique, contrat à terme, fonds de gestion. C'est marrant mais on dirait le
vocabulaire des produits dérivés.
Tout à fait. Les ETF synthétiques utilisent des produits dérivés et notamment les contrats
d'échanges de performance.
Qu'est-ce-que c'est que ça ?
25/ C'est un produit dérivé qui permet soit de faire levier, c'est-à-dire augmenter les gains ou les
pertes, soit à obtenir un ETF qui colle mieux à des indices cibles, peu liquides.
Tu peux préciser ce qu'est la liquidité d'un marché ?
On dit qu'un marché est liquide lorsque tu peux acheter et vendre facilement sans faire trop
varier le prix. Le marché du dollar est très liquide, tandis que le marché des actions de PME est
très peu liquide, car en achetant ou vendant des titres, tu fais immédiatement bouger le prix et il
y a souvent peu d'actions qui s'échangent. Un ETF utilise des produits dérivés pour mieux
répliquer les petits indices sur des marchés très peu liquides.
C'est plutôt une bonne idée, alors.
À la base, toutes les mauvaises idées étaient bonnes.
Allez, dis-nous ce qui ne va pas.
Quand on utilise des produits dérivés, tout devient très vite compliqué et, du coup, de moins en
moins de gens comprennent réellement ce qu'il se passe. C'est dans ces moments-là que les
horreurs ont lieu, comme ce fut le cas avec les subprimes. Si vous voulez en savoir plus, j'ai fait
une vidéo sur les produits dérivés pour en comprendre le fonctionnement.
Bref, ces ETF s'exposent rapidement à des risques de contrepartie. Dit autrement, si
l'opérateur financier qui assure le produit dérivé fait faillite, alors votre ETF peut faire faillite
avec. La maîtrise du risque vous échappe rapidement. Puis, les ETF posent un autre problème
de fond. Puisqu'on cherche à répliquer la valeur d'une liste d'actions, on peut se demander
comment est fixé le prix d'une action ?
Et bien, c'est la musique habituelle. Des vendeurs et des acheteurs proposent des prix
et, lorsque leur analyse des choses se croise dans un prix commun sur lequel ils sont
d'accord, il y a échange et ça détermine la cote d'un titre de bourse. C'est la valeur du
dernier échange réalisé entre un vendeur et un acheteur.
Très bien. Du coup, pour trouver un prix, il est nécessaire de réfléchir à la valeur d'une
entreprise pour savoir à combien tu vends ou achètes l'action de cette entreprise.
Ah oui, je vois. Si tout le monde utilise des ETF, qui va se poser la question de savoir
combien vaut une action ? C'est embêtant.
Oui, plutôt. Si le prix de cette gestion dite "passive" est très économique, c'est parce qu'elle
parasite le travail des gestionnaires actifs qui passent leur temps à découvrir la valeur des
actions.
Parasite, tu y vas fort. Ils ne contribuent pas, c'est vrai, mais ils ne gênent personne non
plus.
Pas si vite. Plus on utilise des ETF, plus cela a un impact significatif sur les marchés. Les ETF
physiques vont faire augmenter les variations à la hausse ou à la baisse. Cette augmentation
de la volatilité n'a pas d'utilité particulière. Les ETF synthétiques vont faire courir des risques de
contrepartie, donc de faillite du système. Le système sera fragilisé dans son ensemble. C'est
donc tout sauf neutre.
Systémique ? Carrément ?
Oui, tous ces ETF ne coûtent pas cher en gestion car ils sont gérés par des logiciels, des
algorithmes, à grand coup d'intelligence artificielle. Cela veut dire des échanges de titres, ou de
quoi que soit d'autre, à très grande vitesse et potentiellement dans de très gros volumes. Que
se passera-t-il le jour où le S&P500 chutera subitement de 30% ? Comment réagiront tous ces
robots ? Ils vont répliquer bêtement et rentrer en résonnance les uns avec les autres, jusqu'à
faire couler le système ? Que se passera-t-il le jour où une grosse banque fera faillite et que
l'on s'apercevra qu'elle était la contrepartie d'ETF synthétiques, dont elle ne peut plus honorer
sa part du contrat ? Moins on comprend les instruments financiers et plus le risque augmente,
26/ car les marchés sont régulièrement soumis à des chocs de fortes variations, comme les krachs
boursiers.
Puis, en termes de mandat de gestion, c'est déresponsabilisant. Lorsque les cours montent,
tout le monde est content et, lorsque les cours baissent, le gérant répond à son client qu'il ne
fait que répliquer le marché et que, du coup, ce n'est pas sa faute. C'est confortable pour le
gestionnaire mais, dans cette histoire, personne ne se pose plus de questions.
Tu es sûr que ça se généralise ?
Le WSJ a publié une étude très instructive sur le sujet. Entre 2009 et 2018, il y a eu 2 500 mds
$ supplémentaires investis dans les services de gestion passive et 2 000 mds $ en moins dans
les services de gestion active. Donc oui, c'est un phénomène qui prend une ampleur
significative, au point où les gendarmes de la Bourse commencent à s'inquiéter. Lorsqu'on
apprend dans la presse que la SEC s'inquiète, c'est que c'est déjà vraiment inquiétant en
général.
Alors, non, investir dans des ETF n'est ni moral ni responsable. C'est confortable tant que tout
se passe bien. C'est très différent.
C'est pour cette raison que j'invite quelqu'un comme Guillaume Rouvier pour nous parler de la
Bourse, la vraie, la Bourse à papa où l'on se demande combien vaut quoi. Celle où l'on cherche
des gestionnaires compétents, qui ont fait leurs preuves, pour pouvoir leur faire confiance et
trouver des valeurs qui seront meilleures que la moyenne.
27/
Interview avec Olivier Delamarche
publiée le 07 octobre 2018 :
LE MONDE EST-IL PRÊT À SE
DÉDOLLARISER ?
Richard Détente : Ne sommes-nous pas en train d'assister à une rotation des centres de
pouvoir ? On sent que le dollar devient un peu "has been" ? Dès l'instant que la Chine
émerge… On sent bien que l'or est un peu le guide. L'or va vers la Chine et la Russie.
La dédollarisation commence par ces pays.
Olivier Delamarche : Ne croyez pas pour autant que le dollar soit mort. Pourquoi ?
Depuis quelques mois, vous n'arrêtez pas d'entendre parler de dédollarisation,
des Russes qui liquident leurs bons du Trésor US, des Chinois qui sortent de l'obligataire
américain etc.
RD : Ils vendent des obligations pour acheter de l'or…
OD : Vous avez remarqué un truc ? Le dollar n'arrête pas de monter contre l'euro, par
exemple. D'accord ? Quand on a commencé à parler de cette histoire, on était à 1,25. On
est à 1,15. Cherchez l'erreur. Ça veut dire que, malgré tout, aujourd'hui :
1) Le dollar est l'actif le plus liquide au monde. Si vous êtes une banque centrale ou un
énorme fonds, et que vous avez un stress quelconque parce que les marchés partent en
sucette, parce qu'il y a des bombes qui explosent partout etc, vous allez vous réfugier sur
quoi ? Sur l'actif que vous pouvez acheter instantanément sans le faire rougir. Or,
aujourd'hui quel est l'actif dont vous pouvez instantanément acheter plusieurs milliards
sans le faire décaler du moindre centime ? Le dollar.
Essayez de faire ça avec le franc suisse, vous allez le satelliser. Si vous faites ça avec la
couronne norvégienne, ou le dollar de Singapour, c'est pareil ! Vous n'en aurez pas.
Donc, ça veut dire quoi ? Ça veut dire tout simplement que vous n'avez pas le choix.
Au-delà de l'Italie et des nombreuses questions qui se posent en Europe, susceptibles de
faire baisser l'euro, ça n'empêche qu’aujourd'hui encore il y a une espèce de réflexe
pavlovien : Vous avez peur ? Vous allez vous précipiter sur le dollar. Alors oui, vous allez
aussi... Mais ce n'est pas instantané d'aller acheter de l'or. Physique.
RD : Puis ce n'est pas un marché très profond.
OD : Ce n'est pas un marché très profond. C'est surtout qu’il faut se déplacer pour
acheter vos pièces d'or. Vous ne pouvez pas faire ça instantanément. Et quand vous
devez acheter pour plusieurs milliards, vous ne pouvez pas non plus. Donc, qu'est-ce-
que vous faites ? Vous parez au plus pressé, vous avez la trouille, il faut se réfugier
quelque part : vous achetez du dollar.
Il faut se méfier du raisonnement qui dirait : "Bah, finalement, il faut se débarrasser des
dollars et mieux vaut être sur d'autres devises". Pour l'instant, non.
28/ RD : Mais la Chine prépare sa convertibilité justement. Le jour où ils déclarent que le
yuan est convertible en or….
OD : Oui. À ce moment-là, je préférerais avoir du dollar que de l'euro. Car je pense que
l’euro va avoir des grosses difficultés. Quand vous avez quelque chose de déjà bancal et
fondamentalement mal fait, sur lequel il y a des distorsions, et que vous ajoutez un peu
plus de bancal... il risque de péter. Le dollar baissera très probablement, et encore, je ne
suis même pas sûr. Peut-être qu'il montera, d'ailleurs, parce qu'il y aura des gens qui ne
pourront pas acheter du yuan et qui se précipiteront sur le dollar. À ce moment-là, je serai
bien plus à l'aise sur du dollar que sur l'euro.
En plus, deuxième chose. Quand cela va-t-il se faire ? Vous avez des renseignements ?
Si vous en avez, je suis preneur. Je ne connais pas de grands patrons chinois, donc je ne
sais pas quoi vous dire.
RD : Qu'est ce qui les empêche de faire cette convertibilité que tout le monde
attend, évidente comme le nez au milieu de la figure ?
OD : Je pense simplement qu'ils s'y préparent. Ce n'est pas si facile que ça.
RD : Quel est le risque pour les Chinois de mettre leur monnaie sur la scène
internationale ?
OD : Il n'y a pas de risque pour les Chinois, c'est plutôt même un avantage, car ils ne
dépendront plus du dollar américain. Mais le problème est que ça ne se fait pas en un
claquement de doigts. Ont-ils amassé assez d'or physique pour pouvoir le faire ? Ont-ils
les structures de paiement etc. ?
RD : Ils mettent les outils en place. Par exemple, depuis quelques mois, les marchés
pétroliers sont cotés en yuans. J'ai fait une vidéo là-dessus. C'est un petit marché, c'est
embryonnaire. J'ai l'impression qu'ils rodent les outils…
OD : Oui, je pense.
29/
Interview avec Olivier Delamarche
publiée le 01 octobre 2018 :
LES ALGORITHMES
DÉRESPONSABILISENT LES
GESTIONNAIRES DE PORTEFEUILLE
Olivier Delamarche : Avec l'intelligence artificielle, on va vous sortir des aides à la
gestion etc., parce qu'on ne veut surtout pas prendre la moindre responsabilité. C'est de
se dire : "Bon, pourvu qu'il ne se passe rien. De toute façon, personne n'a rien décidé,
puisqu'on était quinze autour de la table. Donc je pourrai toujours dire que je n'étais pas
d'accord !"
Il y a autre chose que d'investir dans du Tesla, par exemple. Il y a des choses plus
malignes.
Richard Détente : Ça me gêne toujours ce genre de choses, parce que les placements à
la mode qui sont conseillés sont des sociétés déjà naturellement chères par rapport à
leurs cours historiques. Quand on est à deux écarts types au-dessus du cours
historique...
OD : Pourquoi toutes les institutions poussent sur les marchés actions ? Parce que ça
leur rapporte plus de pognon, c'est tout.
RD : Sur les commissions.
OD : Évidemment.
RD : Mais pourquoi conseiller les valeurs déjà surcotées ?
OD : Parce que, comme ça, vous ne prenez pas de risques.
Qu'est-ce que fait un gérant aujourd'hui ? Déjà, sachez qu'il n'y a plus de gérants. Ça
n'existe plus. Ce sont des algos, ou des comités de gestion avec 25 personnes qui ne
prennent surtout pas de décisions. Car prendre une décision, c'est s'engager et faire
quelque chose... C'est dangereux. Aujourd'hui, ce sont des algos.
Quand vous avez un algo qui doit répliquer un indice, plus une valeur monte, plus son
poids dans l'indice monte, plus il doit en acheter. Ça n'a pas de fin. Ce sont donc toujours
les mêmes qui montent.
De plus, pourquoi prendre un risque sur une valeur que les gens ont oublié, qui n'est pas
une valeur phare, à la mode ? Vous allez mettre ce genre de valeur dans un portefeuille.
Si ça se passe bien, c'est-à-dire que vous gagnez des sous dessus, personne ne vous
dira merci. Si ça se passe mal, on va venir vous voir en disant : "Mais qu'est-ce qui vous
a pris d'aller acheter cette valeur que personne ne connaît et sur laquelle vous avez
perdu de l'argent ?". Donc, tout le monde fait la même chose.
C'est d'ailleurs ça qui représente un risque majeur. Le jour où il faudra sortir, tout le
monde sortira des mêmes valeurs. Vous risquez d'avoir un sérieux excès à la baisse sur
ces valeurs-là. Autant qu'il y a eu un excès à la hausse. C'est toujours le même principe.
30/ Quand vous rentrez dans une valeur, il y a toujours de la liquidité. Vous avez toujours des
vendeurs dans ce cas là. Mais quand vous voulez sortir, il se trouve que vous sortez tous
en même temps. C'est le principe de la salle de cinéma à laquelle on met le feu : Il y a
une sortie, celui qui est près de la porte arrive à sortir, les autres meurent.
RD : Lorsqu'on pense à la gestion d'un portefeuille action, on s'imagine un gars qui arrive
le matin et lit ses pages saumon ou son New York Times... Après une analyse financière,
il se dit : "Bon, bah, allez, telle société..." ; "Cette société se lance dans des
investissements, mon portefeuille est à cinq ans pour mes clients etc."
Mais là, on est en train de dire que les gestionnaires n'existent plus. C'est un algo qui
gère ça et le but est de répliquer un indice. Tesla monte, par exemple, je vais alors
acheter du Tesla, parce que si l'action continue de monter, ça va suivre l'indice. Et si
Tesla chute, alors l'indice va chuter aussi, donc je pourrais me cacher derrière en disant :
"L'indice est tombé, mais ce n'est pas moi, je n'étais même pas là... ce n'est pas de ma
faute, c'est le contexte mondial, etc."
En gros, vous êtes en train de dire que la gestion de portefeuille s'est complètement
déresponsabilisée. Il n'y a plus de capitaine. J'imaginais un baroudeur de 50-60 ans qui
dit : "Attendez, cette boîte il faut investir parce qu'à court terme..."
OD : Bien sûr que non. La gestion s'est industrialisée, comme l'ensemble des boîtes.
Vous avez des boîtes de plus en plus grosses, de plus en plus puissantes... Le problème
est que c'est ingérable...
Vous êtes une grosse boîte, par exemple la Société Générale, qui gère des centaines de
fonds. Comment voulez-vous avoir une star de la gestion ? Un mec qui réfléchirait
vraiment. Que va t-il se passer avec lui ? Il va gagner de l'argent et tous les autres, qui
sont nuls, vont en perdre. Si vous êtes géré par celui qui en a perdu, qu'allez-vous faire ?
À la fin de l'année, vous allez voir le patron de la Société Générale pour lui dire :
"Pourquoi je ne suis pas géré par le mec qui gagne du pognon ?" ; "Pourquoi je suis géré
par le débile du coin ?". La Société Générale est emmerdée, d'accord ? Donc, elle
préfère avoir 25 nuls qu'un bon et 24 nuls. Et comme vous ne pouvez pas avoir 25
bons... fais ton choix, camarade. C'est simple.
En plus, aujourd'hui, la grande majorité des gestions, ce sont des algos, des ETF. On fait
une réplique du CAC 40, ont fait une réplique du secteur "machin"... Ce n'est pas de la
gestion. La majorité sont des algos qui vont gérer suivant le truc qu'on leur aura mis. Plus
ça monte, plus c'est bon et donc, plus je paie. Ne demandez pas à un algo de réfléchir.
Le gérant tel qu'on l'a connu il y a 30 ans est une espèce en voie de disparition. Il y a
quelques boîtes de gestion dans lesquelles vous avez des vrais gérants, mais le reste...
Tout ce qui est gestion dans les banques etc., c'est surtout : "Ne pas faire différemment
des autres". Vous prenez un risque si vous faites quelque chose de différent parce que, si
vous vous plantez, personne ne sera là pour vous aider. Tandis que quand vous vous
plantez en même temps que tout le monde...
RD : C'est dû à quoi ? Normalement, dans une économie qui fonctionne, il y a un truc
qu'on appelle la compétition qui fait que celui qui réussit gagne des clients et celui qui se
plante perd des clients. Il y a une sélection qui se passe comme ça.
OD : Justement, comme ça, vous êtes dans la partie molle.
RD : D'où vient ce phénomène ? Du fait que les banques sont trop grosses et qu'au final
elles sont partout à la fois ?
OD : La gestion se "Bayrouise". C'est centriste. C'est ni vert ni rouge. Ce n'est rien. Ce
n'est pas simplement la gestion, mais une tendance dans tous les métiers du monde.
RD : C'est trop compliqué de prendre des risques ? Celui qui prend des risques ne gagne
rien ?
OD : Non, il ne gagne rien. Il ne gagne que des coups. S'il prend des risques et qu'il
gagne, on ne va pas le remercier, c'est normal.
RD : S'il bat le marché, il va gagner des clients, non ?
OD : Non, il ne gagnera pas des clients. Il va simplement continuer gentiment et puis,
statistiquement, un jour il va se planter... Alors là, on ne lui pardonnera pas. Il faut être
dans le moule. Si vous sortez du moule, vous prenez un risque car, en cas de plantage,
tout le monde va vous tomber dessus. On vous dira : "Mais qu'est-ce qui t'a pris d'aller là-
dessus ?". Si vous avez la même chose que tout le monde : "Je ne suis pas un génie,
donc j'ai fait la même chose que tout le monde. On ne pouvait pas savoir et je suis
désolé, vous avez tout perdu". Ça s'est passé comme ça à chaque crise. Vous dormez
comme un bébé puisque vous n'êtes pas responsable.
Aujourd'hui, on voit ça dans beaucoup de secteurs, dans beaucoup de métiers, où le but
est de ne pas devenir une cible quand il y a un plantage. C'est pour ça qu'on fait des
comités de gestion où on trouve des gérants puis des représentants syndicaux, des gens
qui n'ont jamais fait de Bourse etc. Quand une décision est prise collectivement, vous
diluez la responsabilité. C'est le cas dans les banques. Vous savez qui gère tel fond à la
Société Générale ? Personne ne connaît le nom du gérant ! Pourquoi ? Mais parce qu'il
ne faut surtout pas le connaître. Comme ça, ils ne sont pas emmerdés. On ne veut pas
une tête qui dépasse, car c'est difficile à gérer. Donc, vous avez de plus en plus, avec
l'intelligence artificielle, des aides à la gestion, etc. On ne veut surtout pas prendre la
moindre responsabilité : "Bon, pourvu qu'il ne se passe rien. De toute façon, personne n'a
rien décidé puisqu'on était quinze autour de la table. Donc, je pourrai toujours dire que je
n'étais pas d'accord !"
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