Numéro 5

Février 2019

Les entreprises capitalistes

Cela fait longtemps que je réfléchis à cette question qui

est souvent posée sur les banderoles des gilets jaunes à
SOMMAIRE juste titre. En 2018, la France est devenue le premier
pays de l’OCDE en termes de dépenses des
L'enseignement
administrations publiques rapporté au PIB.
6 de Charles GAVE

Le nouveau monde
L’œil du HIBOO
29 Swatch
Le mindset de

38 l'investisseur

Voir la complexité

44 portefeuille
Suivi du

Dans les dernières décennies il y avait toujours les

fameux “pays du nord” où la dépense publique était
encore plus importante que la nôtre. Mais aujourd’hui
ce n’est plus le cas et la Finlande, la Suède ou la
Norvège ont des taux d’endettements sensiblement
inférieurs à la France.
Par ailleurs, si les pays du nord comme la Suède ont
accepté de profondes remises en question sur leurs
dépenses publiques et l’ouverture à la concurrence, en
France, ce n’est pas le cas. Globalement et sur le long
terme, la dépense publique augmente en volume et en
pourcentage du PIB.
2/ Puisqu’en 2017 le poids de la
dépense publique pèse 56,4% alors
qu’elle n’était “que” de 50% au début
des années 1990, en 2018 les gilets
jaunes posent la question suivante :
“Où passe le pognon ?”
C’est une véritable question car une
évolution de 6% de PIB, cela
représente tout de même 138 mds €
soit presque 2 fois notre déficit
annuel. Pourtant, beaucoup de gens
ont également la sensation que les
services publics ne se sont pas
spécialement améliorés. Le secteur
hospitalier est dans un état
désastreux et son personnel est
désespéré d’avoir des moyens
insuffisants pour traiter
correctement les patients. La France
descend dans le classement
international PISA qui rend compte
de la performance des systèmes
éducatifs et enfin, les prestations
sociales sont rognées d’années en
années.
La question de la dépense publique
semble légitime.
Pour un pays dont une partie
significative de sa population le juge
économiquement trop libéral,
dépasser les 50% de dépenses
publiques semble indiquer le
contraire.
Quel rôle la concurrence peut-elle
avoir avec la dépense publique ?
Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau
du bain et être conscient que l’État
rend, incontestablement des services
utiles. Pour autant, est-ce que l’État
est efficace ? On peut même
approfondir cette question en se
demandant par quels mécanismes
est-ce que l’État apprend et
s’améliore ?
Pour une société privée, le
mécanisme est simple. Lorsque vous
êtes entrepreneur, vous mettez sur le
marché un produit ou un service
selon une idée et un mode opératoire
de votre choix. Si vous trouvez des
gens que cela intéresse, vous
gagnerez de l’argent et vous vous
développerez. Dans le cas contraire,
votre survie tiendra à votre
détermination et à la quantité
d’argent que vous êtes capable de
brûler pour rester en activité. Une
fois vos réserves dépensées, vous
ferez faillite et votre initiative
disparaîtra des radars.
Que se passe-t-il dans une
administration ?
Un chef de service ou un politique à
une idée. C’est l’équivalent de notre
entrepreneur. Il met en oeuvre cette
idée dans le cadre de son champ
d’action. Notons une première
différence de taille. Dans le privé, la
Loi vous donne des limites à ne pas
dépasser et ensuite vous êtes libre.
Dans le public c’est différent, en plus
des contraintes de la Loi, vous
agissez dans le cadre d’une fonction
ou d’un mandat qui vous dit quoi
faire et lorsque vous essayez d’en
sortir vous rencontrez fatalement des
résistances fortes de la part de vos
collègues qui incarnent l’institution
qui vous embauche.
Dit autrement, dans le premier cas,
l’entrepreneur est libre de faire ce
qu’il veut pour créer et se développer
tandis que le chef de service ou le
3/
politique qui est arrivé à décrocher
sa position de “chef” est motivé à ne
pas faire de vagues pour la
conserver.
Ensuite, pour les initiatives qui
survivent, vient la phase de mise en
oeuvre du projet. L’entrepreneur doit
trouver les moyens de financer son
projet et de convaincre d’autres
personnes de le rejoindre librement.
Souvent, les finances d’un
entrepreneur sont essentiellement
constituées directement de son
patrimoine ou indirectement par une
solide garantie bancaire : le banquier
s’assure que le sort de l’entrepreneur
est étroitement lié à sa capacité à
rembourser son prêt. En ce qui
concerne notre fonctionnaire, les
ressources de son projet lui sont
attribuées par un ou plusieurs autres
fonctionnaires qui décident de lui
affecter la gestion d’une partie de
l’impôt collecté. Dit autrement, les
“entrepreneurs” dans le secteur
public ne portent aucun risque
personnel attaché à la réussite de
leur projet. Comme ils ne mettent
pas “leur peau sur la table” comme
dirait Nicholas TALEB dans son livre
“jouer sa peau”, ils dorment
beaucoup mieux la nuit et ils
conçoivent les choses de façon très
différente.
Ensuite, il y a deux solutions : soit le
projet échoue, soit il réussit.
Dans le cas où le projet réussit,
l’entrepreneur ressent une profonde
satisfaction et il est gratifié par une
réussite financière et bien souvent
sociale. Tout est plus simple quand
on réussit. Par contre, du côté de
l’État, lorsqu’un projet réussit, les
personnes qui en sont les
responsables doivent faire preuve
d’une grande abnégation car,
généralement, personne ne vient les
féliciter. D’ailleurs, c’est souvent des
personnes différentes qui s’attribuent
le mérite des autres dans ce type
d’organisation où même la réussite
est une caractéristique transitive qui
a tendance à se transmettre à la
hiérarchie. C’est pour cette raison
que j’ai le plus grand respect pour les
fonctionnaires qui font leur travail
consciencieusement, tant la fonction
publique au sens large manque de
reconnaissance pour ses éléments de
valeur.
Dans le deuxième cas, l’échec : le
constat est souvent plus grave.
Lorsqu’une entreprise échoue, le
dépôt de bilan n’est pas une phase
agréable de l’aventure, croyez-moi.
Vous êtes dans la position très
désagréable de devoir assumer que
vous vous êtes planté
magistralement, que vous avez planté
des années de votre vie et souvent
4/ une partie significative des finances
du ménage. Mais ce n’est pas tout.
Vous vous retrouvez à devoir fermer
votre “boutique” et cela nécessite
toute une série de démarches
sociales et administratives qui
peuvent se révéler une véritable
torture psychologique.
• Vendre vos derniers “actifs” à
vils prix pour payer le plus
possible de vos créances.
• Licencier vos salariés dont vous
connaissez la femme et les
enfants.
• Passer un temps infini avec
l’administration pour clôturer
vos comptes dans les diverses
instances administratives.
• Faire face au liquidateur
judiciaire qui regarde bien
souvent d’un oeil suspicieux le
chef d’entreprise.
Bref, même si c’est une dimension
indispensable à toute économie libre,
ce n’est pas une promenade de santé
pour autant car tout cela se fait sous
la contrainte de l’échec.
À l’inverse, lorsque l’administration
échoue, ce qui n’est pas grave en
soit, la logique est proprement
inverse. Puisque les ressources
consommées ne sont pas celles du
responsable dudit projet, personne
ne ressent le besoin de s’occuper des
affaires qui vont mal pour en tirer les
conséquences. Ce qui devient
proprement incroyable, et je l’ai déjà
constaté de mes yeux, c’est qu’un
service qui dysfonctionne dans une
administration est bien souvent laissé
à l’abandon car il est plus compliqué
de le remettre en cause que de le
laisser vivoter dans son coin. Bien
sûr, lorsque les dégats deviennent
trop visibles ou trop préjudiciables
pour d’autres personnes, alors on
finit par s’occuper du problème. Mais
il peut se passer de nombreuses
années entre l’apparition du
problème et son traitement. Un
exemple connu que j’ai vécu au lycée
est celui du professeur alcoolique.
Tant que cette personne ne provoque
pas trop de troubles autour de lui, il
peut rester en place pendant des
années jusqu’à ce que les élèves et
parents d’élèves se plaignent de trop
et que cette personne soit
probablement mutée ailleurs. Le
statut même du fonctionnaire à vie
devient une condamnation pour cette
personne qui se retrouve confinée
dans son mal-être, piégée dans une
situation abominable mais qui a le
mérite de pouvoir durer. Au-delà des
situations personnelles, combien de
services administratifs n’ont rien à
faire tandis que d’autres sont
proprement débordés par des
situations sociales ingérables par
manque de moyens ?
Ma conclusion à propos de tout cela
est la suivante :
Le secteur privé est particulièrement
efficace pour réaliser des projets en
optimisant au maximum les moyens à
mettre en oeuvre. La concurrence et
le besoin d’être rentable en sont les
deux moteurs. La nécessité d’être
rentable tire l’entreprise, tandis que
la concurrence la pousse à se
remettre en question très
régulièrement.
Le secteur politique de son côté est
5/ efficace pour exprimer la volonté
commune et assurer les missions C’est dans cette optique que dans
nécessaires mais non rentables ou cette lettre, je concentre la
qui ne peuvent pas être laissées au recherche de valeurs boursières dans
privé. le secteur entièrement privé. Puisque
notre objectif est de gagner de
Il me semble que lorsque l’on l’argent, autant confier notre
demande au privé d’assurer épargne à des personnes qui
l’exécution de la volonté collective, subissent les contraintes nécessaires
on assiste souvent à des dérives car pour leur permettre de le faire
une entreprise n’a pas de correctement.
gouvernance démocratique et n’a pas Pour mettre des chiffres sur ce
vocation à l’être. Ce genre de dérives constat, j’ai retrouvé un graphique de
a lieu lorsque l’on tente de confier les l’institut des libertés qui montre
missions de police ou de justice à des l’écart de performance entre les
organismes privés. entreprises qui sont directement ou
Et à l’inverse lorsque l’on demande à non liées à l’État et les entreprises
l’État d’aller au-delà de l’expression privées entièrement libres de leur
de la volonté collective et du stratégie.
contrôle, l’absence de responsabilité Je terminerai cet édito sur ce seul
individuelle conduit, au final, à une graphique qui se passe de
gabegie de moyens car “ce n’est la commentaires.
faute à personne”.
6/

L'enseignement de
Charles GAVE
Quand les plaques tectoniques de
l’économie bougent sous nos pieds.
Consulter la vidéo dans votre espace membre sur
https://strategie-grand-angle.systeme.io/dashboard/fr/login

Ce mois-ci, nous allons fusionner les deux rubriques “L’enseignement de

Charles GAVE” et la rubrique “Cultur’Invest” car nous allons prendre le
temps de bien définir le contexte géopolitique global. En effet, les
transformations économiques que nous vivons sont Historiques bien que l’on
en parle très peu.
N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette partie sur le groupe
Facebook, je suis preneur de vos retours.

Un monde incompréhensible ?

Voici les constats que l’on fait car elle s’est dotée d’une
aujourd’hui : monnaie qui ne correspond pas
à sa situation politique actuelle.
• La Chine cherche à retrouver Nous avons la monnaie d’une
son poids historique dans confédération mais les Etats en
l’économie mondiale. Europe n’ont pas de
souveraineté commune.
• Les États-Unis aandonnent
progressivement leur rôle de • De tout cela, naît le sentiment
gendarme du monde pour que la mondialisation prend fin.
concentrer leurs efforts Nous verrons que ce n’est pas
militaires internationaux ur le cas. Par contre, elle change
leurs seules priorités profondément de forme.
nationales.
• Les guerres commerciales
• L’Europe est en crise politique initiées par Trump tous azimuts
7/ peuvent laisser penser, au
choix, que Trump est fou ou
que le multilatéralisme et les
institutions qui l’ont
accompagné jusqu’à
aujourd’hui (comme l’OMC)
sont morts.
Il s’agit maintenant de démêler tout
cela et de bâtir un nouveau récit qui
sera capable de rendre compte des
grandes évolutions macro-
économiques. C’est pour cela que ces
changements sont Historiques.
En quoi cela nous sera utile ?
• Comprendre cette nouvelle
donne est essentiel pour
comprendre dans quel cadre
les monnaies vont évoluer entre
elles. Je rappelle que toute
analyse en PPA (cf numéro #1
de “La Stratégie Grand Angle”)
repose en premier lieu sur une
compréhension fondamentale
des équilibres entre les pays
que l’on étudie.
Les marqueurs de la fin de l’ancien monde : un rééquilibrage de la
puissance américaine dans le monde.
Le fonctionnement de notre monde
actuel remonte à la fin de la seconde
guerre mondiale. À la sortie de ce
conflit, le poids de la puissance
américaine est démesuré. C’est assez
simple à comprendre. Ils sont sortis
grands vainqueurs d’un conflit
mondial sans avoir eu de pertes
matérielles sur leur sol et sans avoir
sacrifié trop d’hommes dans ce
• Comprendre quel est le cadre
de ce nouveau monde va nous
permettre de chercher des
entreprises dont l’organisation
est adaptée à ce nouveau
monde.
• Comprendre comment sont
organisés les liens entre les
grandes zones du monde nous
permettra à l’avenir d’identifier
comment les crises peuvent se
propager d’une zone à une
autre. Cela nous permettra
d’identifier d’éventuels refuges
en temps voulu.
• Comprendre comment ces
grandes zones échangent entre
elles, nous permettra
d’identifier les économies les
plus adaptées à ce nouveau
monde. Nous pourrons alors
identifier en priorité où il ne
faut pas être. On y reviendra...
Reprenons donc les choses dans
l’ordre et par étape.
conflit.
Pour mémoire, la seconde guerre
mondiale a fait 80 millions de morts
au total, dont 24 millions chez les
russes, près de 20 millions en Chine
et 8 millions chez les allemands.
Je ne parle pas de la Shoah qui a vu 5
millions de juifs exterminés.
Les États-Unis n’ont perdu “que”
8/ 400 000 hommes, tous militaires. Les
USA n’ont donc pas souffert
directement dans leur population
civile et ils n’ont pas non plus
souffert d’un retard économique dû à
la nécessité de reconstruire leur pays
en ruine, contrairement aux russes
qui ont vu leur population diminuer
de plus de 10% tant chez les
militaires (hommes jeunes qui
constituent le coeur de la force de
travail d’un pays) que chez les civils.
Autant de bras et de cerveaux qui
manqueront après la guerre pour
reconstruire le pays.

Si on adopte un point de vue de pure Pour les américains, territoire et

analyse économique, l’industrie population sont intacts.
américaine de l’armement a été Politiquement et culturellement, ils
“rentabilisée” au-delà de toute sont devenus les leaders
espérance. incontestables du monde libre après
Pour rappel, économiquement avoir vaincu le nazisme et libéré
parlant, vous sortez “gagnant” d’une l’Europe.
guerre si les investissements que Sur le plan monétaire, ils sont
vous avez fait dans votre industrie également la référence absolue
militaire et les pertes humaines ainsi puisqu’ils détiennent les deux tiers
que matérielles ont été compensées des réserves d’or du monde. Et enfin,
par les gains que vous avez obtenus leur industrie est dans les starting
dans le conflit. blocks, prête à alimenter le reste du
monde ravagé par la destruction de
9/ ses usines et de ses infrastructures.
Cette petite synthèse historique tout
à fait morbide permet de prendre
conscience de la suprématie
américaine en 1945. C’est ce constat
qui a façonné les 70 dernières années
de l’Histoire du monde.
Pas étonnant que le monde soit aussi
“américanisé”, tant du point de vue
économique que culturel.
Il est important de comprendre que
le poids des USA est rigoureusement
anormal. La situation n’était pas
stable en elle-même dès lors que l’on
admet que les économies
concurrentes allaient refaire surface
sur plusieurs décennies.
Ce constat permet de comprendre
pourquoi la place d’hégémonie des
USA n’a cessée d’être contestée et
remise en cause par toutes les
régions du monde sans que sa
position ne soit concrètement
modifiée pendant longtemps.
Pour ce qui concerne la France, nous
avons essayé d’avoir un rôle pivot
autour d’une doctrine de
l’indépendance par rapport à nos
alliés américains, notamment avec
Charles De Gaulle.
Pour autant, à partir de 1989, la fin
de l'empire soviétique, jusqu’à
aujourd’hui, tout le monde savait que
la référence mondiale, le “suzerain”,
était les États-Unis.
Économiquement, cela s’est traduit
par la puissance du dollar.
Politiquement, toutes les instances
internationales se sont construites
autour de la vision des États-Unis.
Militairement, la puissance
américaine est restée écrasante par
rapport à n’importe quel autre pays
dans le monde. Lorsque l’économie
soviétique s’est effondrée,
militairement parlant, les USA
dominaient le monde sur tous les
plans et à tous les niveaux sans
aucun rival crédible.
L’Amérique avait acquis la position de
gendarme du monde qui a fortement
contribuée à renforcer sa
suprématie.
Pour autant, depuis les années 90, on
assiste à une remise à niveau
économique et militaire de
nombreuses régions dans le monde.
La Chine en premier lieu, tend à
retrouver son influence historique
qui tourne autour de 20% du PIB
mondial et une influence sans
partage sur l’Asie. Militairement
parlant, le Moyen Orient commence à
faire de la résistance depuis les
années 90. Un état de fait qui tourne
au fiasco militaire pour les USA et
l’Europe comme ce fut le cas en
Syrie. Quant à la Russie, elle
commencera à reprendre pied au
début des années 2000 avec le
départ de Boris Eltsine et l’arrivée de
Vladimir Poutine pour arriver à jouer
un rôle déterminant aujourd’hui sur
son ancienne zone d’influence.
Nous voilà arrivés à aujourd’hui et
c’est là que tout commence à
basculer.
10/ La fin de la suprématie américaine
Je pense que la nuance la plus
importante réside dans l’ampleur et
la dimension de ce phénomène.
J’entends beaucoup de gens dire que
l’empire américain s’effondre. Ce
n’est pas vrai. Il ne s’agit pas à
proprement parler d’un effondrement
mais plus d’une réduction d’ampleur.
Le terme de suprématie suppose une
supériorité en tous points. Pour
autant, la part du PIB des USA dans
Sur ce graphique il faut bien
comprendre que 40% de 10 000 mds
€ c’est 5 fois moins que 25% de 80
000 mds €. Donc, sur la tendance
longue, les USA ont connu une
croissance très forte mais moins que
le reste du monde face à eux.
le monde est passée d’environ 50%
en 1945 à 25% aujourd’hui. Les USA
ne se sont pas effondrés pour autant.
Ils ont simplement vu une diminution
relative de leur poids économique.
Dit autrement, la croissance
économique des USA a été plus lente
que le reste du monde. Cela ne les
empêche en rien d’avoir développé
de façon très importante leur
économie.
Pour bien formuler les choses, il ne
faut pas parler d’un effondrement
des USA mais bien d’une remise à
l’échelle cohérente suite à une
anomalie de l’histoire qui les avait
placés dans une position de
suprématie intenable.
11/ Sur le fonds des choses, les USA vont
donc très bien.
Par contre, dans ce processus, le
monde s’était inévitablement
organisé autour de cette suprématie
La naissance d’un monde multipolaire
Si les USA retournent à une place
plus modeste en terme d’influence
mondiale, la nature ayant horreur du
vide, d’autres puissances voudront
reprendre le flambeau.
À ce point du raisonnement, il y a
une idée qui circule et que je pense
fausse : la Chine va devenir le nouvel
hégémon et remplacer les États Unis.
Si j’ai pris autant de temps pour
expliquer par quels événements
historiques incroyables les USA ont
acquis leur influence mondiale, c’est
pour mettre en lumière que la Chine
n’est absolument pas dans cette
configuration. Aucun autre pays ne
saurait l’être d’ailleurs.
L’argument le plus rapide pour
couper court à cette réflexion est
d’expliquer que cette idée revient
simplement à prolonger l’ancien
modèle. Le monde était dirigé par un
hégémon, donc si l’hégémon
disparaît, un autre prendra sa place.
Cela revient à dire : comme il n’y a
que des chats noirs dans mon
quartier, les prochains chats qui
arriveront d’ailleurs seront noirs
aussi.
Mais pour bien comprendre
l’impossibilité actuelle de consacrer
n’importe quel État du monde comme
américaine. Tout l’enjeu de la période
allant de 2020 à … qui sait ? Sera de
réorganiser le monde en l’absence
d’un “suzerain mondial” omnipotent.
le nouvel hégémon, il faut faire un
peu de stratégie.
Dans un monde “normal”, les écarts
entre chaque pays peuvent être
importants mais pas immenses. Du
coup, le plus fort du coin étend son
influence jusqu’à ce que cela
devienne trop compliqué pour lui de
maintenir l’ordre sur sa zone.
N’oublions pas que l’empire romain
s’est effondré, entre autre, car il
s’était trop étendu.
En conséquence, le monde ressemble
généralement à un plateau avec des
régions différentes qui gravitent
autour du “suzerain” d’un pays plus
fort que les autres qui ordonne
l’espace autour de lui.
Et bien, pour la première fois dans
l’histoire du monde, à partir de 1945,
les USA disposaient d’une supériorité
tellement écrasante qu’ils ont pu se
permettre de dominer tous les
continents en même temps. C’est que
j’évoque avec Charles GAVE dans la
vidéo que vous trouverez dans
l’espace membre.
Pendant longtemps, il suffisait aux
USA d’envoyer un porte-avions bien
équipé, suivi de quelques sous
marins et d’une flotte de bateaux de
guerre pour être en capacité
objective d’écraser leur cible.
12/
Les États-Unis disposent de 11 porte-
avions, qui embarquent chacun une
flotte aérienne complète.
Le numéro 2 au classement des pays
disposant des plus grandes flottes est
la Chine, qui dispose de … 2 porte-
avions.
Cela représente bien l’écart des
forces en présence. Et cette situation
écrasante est totalement anormale
au regard de l’histoire longue.
Reproduire un tel écart de puissance
militaire dans un monde qui n’a pas
été frappé par un événement
extraordinaire comme la 2e guerre
mondiale est impensable.
Il est bien plus probable que le
monde se recompose autour de
plusieurs zones clairement
identifiées, disposant chacune d’une
puissance régionale à sa tête qui
tiendra le rôle du “suzerain”. Cela est
déjà arrivé à de nombreuses reprises
dans l’histoire.
À mon avis, Donald Trump adopte
clairement cette lecture du monde. Il
sait que le poids des USA n’est pas
assez important pour tenir le monde
dans son ensemble mais il sait aussi
que la puissance américaine est
largement suffisante pour imposer sa
volonté dans presque toutes les
relations bilatérales.
L’Amérique n’est plus le super héros
capable de défier toute la planète en
même temps mais elle est largement
plus forte que n’importe lequel de ses
membres considéré isolément.
C’est ainsi que j’interprète la volonté
de Trump de retirer l’armée US de
toutes les régions du monde où ne
sont pas directement engagés les
intérêts vitaux à court terme des
États-Unis.
13/ Le premier challenger arrive sur la place : la Chine
La Chine met en action sa montée en
puissance dans sa zone d’influence
millénaire : L’Asie.
Nous avons déjà abordé en détail la
stratégie chinoise dans le numéro 3
de cette lettre. Nous n’allons pas
refaire le développement du sujet.
Soulignons tout de même que la
stratégie chinoise de reconquête de
sa zone s’intègre parfaitement dans
ce cadre historique considéré à
l’échelle du siècle. Le gros point fort
de la Chine, c’est de disposer d’une
stratégie à long terme en cohérence
avec sa situation et son
environnement. C’est ce
positionnement qui laisse penser que
l’Asie pourrait bien être la première
région économique à repartir après
la prochaine crise économique.
Tandis que l’Europe sera empêtrée
dans ses contradictions de
souveraineté politique et monétaire,
la Chine se contentera, a minima, de
garder son cap ou, plus
probablement, d’enfoncer le clou en
dévoilant des étapes supplémentaires
Le cas compliqué de l’Europe
Comme bien souvent dans l’histoire,
l’Europe reste une zone complexe à
laquelle il manque un cap clair et
sans “suzerain” identifié.
Pour comprendre le problème de
l’Europe, il faut examiner le cas de
l’euro et de l’Allemagne.
Comme je l’ai souvent expliqué, la
monnaie est un des principaux
instruments du pouvoir de l’État. En
de sa stratégie visant à s'affranchir
de la tutelle américaine.
Cela explique mon interprétation de
l’entrée de la Chine sur les DTS ou sa
volonté de renforcer ses stocks d’or.
Quelles que soient les évolutions de
la situation géopolitique, la Chine
saura mettre en avant ses points
forts pour suivre le cap qu’elle s’est
fixé.
De plus, le retard de développement
de la Chine s’est révélé être un atout
dans les dernières décennies. À la
différence des économies
occidentales, la Chine a mis à profit
son endettement pour réaliser les
infrastructures nécessaires au
développement économique de son
pays. Comme nous l’a déjà expliqué
Charles GAVE, il est facile d’investir
massivement et intelligemment
quand on est en retard sur les autres,
car il suffit de copier. Les derniers
investissements réalisés pour le
développement de la future route de
la soie ne démentent pas ce constat.
conséquence, le mode de gestion de
la monnaie doit être convergent avec
le cap politique à long terme. La
Chine est un bon cas d’école pour
voir à l’oeuvre une stratégie
monétaire au service d’un cap
politique.
L’Europe, traumatisée par les
horreurs de la 2nde guerre mondiale,
a projeté sur la monnaie le pouvoir
14/ de créer un cadre politique visant à
contenir les éventuels conflits à
l’avenir. Mais le problème, c’est
qu’une monnaie ne suffit pas à faire
une politique.
L’Europe de 1945 à 2000 et son copilote américain
Après la guerre, la France a eu la
chance de se retrouver
opportunément et de justesse du côté
des vainqueurs grâce au général De
Gaulle tandis que l’Allemagne était le
grand pays vaincu.
Durant l’après guerre, la France s’est
enorgueillie du récit de la résistance
du peuple contre la lâcheté et
l’incompétence de ses anciennes
élites.
Pourtant, si le Général De Gaulle
n’avait pas réussi à forcer la main
aux USA en défilant sur les Champs-
Élysées pour célébrer la libération de
la France, notre pays aurait été jugé
au côté des pays vaincus. C’est ce qui
était prévu par les américains.
Preuve en est qu’avant le
débarquement, les USA avaient déjà
pensé à un gouvernement pour la
France accompagné d’une nouvelle
monnaie imprimée par les
américains. Alain Peyrefitte raconte
tout cela très bien dans son livre
C’était le Général De Gaulle.
Le récit français d’après guerre était
celui d’une France indépendante et
autonome du pouvoir américain, bien
que tout le monde s’accordait à
reconnaître les USA comme des alliés
objectifs.
De l’autre côté du Rhin, l’Allemagne
Il est important de faire le point et de
replacer la situation de l’Europe dans
son contexte historique. Il serait
dommage que vous ayez lu les pages
précédentes sans en tirer pleinement
profit.
connaissait les pires heures de son
histoire. Vaincue, humiliée et
honteuse des atrocités de la guerre,
elle vivra le récit d’une Allemagne
qui doit expier ses crimes. Le pays
est ravagé et Berlin est coupé en
deux entre l’Est et l’Ouest.
Maintenant, je vais vous présenter
comment je comprends la
construction de l’euro.
Dès que la guerre fut terminée, la
principale préoccupation en Europe
était de mettre en place les
coopérations politiques nécessaires
pour que “cela n’arrive plus jamais”.
Il faut admettre que c’était
l’obsession de tous les politiques.
Cela se conçoit parfaitement, mais
cela nous permet aussi de toucher du
doigt que cette nécessité absolue a
également conduit à considérer les
choix politiques comme absolument
prioritaires, quitte à s’affranchir du
bon sens économique.
François Mitterrand, qui a vécu la
guerre, n’aura de cesse que de
vouloir arrimer l’Allemagne à
l’Europe. De leur côté, les allemands
se sont révélés incapables de dire
non à une construction monétaire
commune, même si, techniquement,
les économistes comprenaient bien
15/ que ce n’étaient pas une bonne idée.
Peu importait, il fallait pacifier
l’Europe.
C’est dans cette perspective que je
peux comprendre comment une
construction économique
comprenant autant de déséquilibres
latents a été possible. J’entends des
personnes dire que cette
construction s’est faite en dépit du
bon sens. C’est vrai, d’un certain
point de vue, mais c’est précisément
pour les raisons évoquées que la
volonté politique a pris le pas sur le
bon sens économique.
En tout état de cause, à la fin de ce
cycle, les années 2000 voient le jour
avec une monnaie que les allemands
ne veulent pas. Ils craignent de s’être
“mariés” avec des paniers percés.
Les français ont dû accepter les
règles budgétaires communes
inscrites dans les accords de
Maastricht et d’Amsterdam. Des
règles qu’ils savaient déjà qu’ils ne
respecteraient pas.
À cette époque, pourtant, peuples et
élus pariaient qu’avec le temps, nous
construirions une Europe politique
qui ferait converger les économies.
Mais la réalité les a rattrapés : les
allemands sont restés allemands et
les français français. L’Europe est
devenue une machine à
réglementations administratives à la
remorque des grandes orientations
définies par … les américains.
Les influences idéologiques
réciproques entre USA et Europe
sont nombreuses. Sans cap européen
clair et unifié, chaque pays, Grande
Bretagne en tête, s’est plus ou moins
aligné sur la vision américaine.
Je trouve que l’exemple le plus
révélateur de cette situation est
contenu dans le mythe de l’Europe de
la défense. Cela fait des décennies
que l’on en parle mais au final, les
puissances européennes sont
intégrées à l’OTAN, une instance
internationale pilotée par les États-
Unis.
Aujourd’hui, l’Europe se retrouve
donc avec une monnaie qui crée des
déséquilibres monstrueux au sein de
la zone euro et une incapacité
fondamentale à se mettre d’accord et
ce, quel que soit le sujet.
L’Europe se trouve aujourd’hui prise
en étau entre les États-Unis et la
Chine. On pourrait, comme Charles
GAVE, résumer cette situation avec
la plaisanterie suivante : “Deux loups
et un agneau sont à table et ils
discutent pour savoir ce qu’ils vont
manger au dîner …”
16/ 2000 - 2020 : la mise en place de nombreux déséquilibres

Ces deux dernières décennies sont Le témoin le plus significatif de cette

marquées par la progression situation reste la balance des
irréversible des déséquilibres paiements intra communautaire :
économiques au sein de la zone euro. TARGET 2.

L’affaire est un peu complexe donc si vous voulez tout savoir, j’ai fait 2 vidéos
sur le sujet dont 1 avec Charles GAVE.
https://www.youtube.com/watch?v=b5s0UKFRqkQ
https://www.youtube.com/watch?v=v_sFgLNwdx0

Si vous voulez aller vite, ce que je Corse produisent moins de richesse

comprends, voici un petit résumé qu’elles n’en consomment. Ces deux
express. départements ont un niveau de vie
Vous êtes tous conscients que dans le proche de celui des lyonnais et des
cas de la France, la Bretagne et la parisiens grâce à l’impôt national,
17/ qui leur redistribue en partie la
richesse produite ailleurs dans le
pays.
Et bien en Europe c’est pareil, sauf
que les déséquilibres entre les
régions ne sont pas compensés par
l’impôt.
Dans la théorie, les économies
européennes devaient naturellement
converger grâce aux règles
budgétaires et à l’euro. Donc,
toujours en théorie, la balance
TARGET 2 devrait être équilibrée.
Chaque pays devrait être à pays ne pourront en aucun cas
l’équilibre. Un coup au-dessus, un
coup au-dessous.
Mais ce n’est pas ce qui se passe. Les
déséquilibres qui existaient à la
création de l’euro se sont accrus
furieusement avec le temps.
Aujourd’hui, certains pays d’Europe
(l’Espagne et l'Italie, essentiellement)
doivent 1 000 mds aux autres pays
européens. Le premier débiteur, très
loin devant, est l’Allemagne pour la
somme de 900 mds € puis viennent
quelques pays du nord comme le
Luxembourg ou le Danemark.
Actuellement, la situation est la
Pourquoi est-ce que l’Allemagne est devenue aussi riche ?
Les allemands sont un peuple de
gens sérieux et industrieux. C’est
moins le cas de la France et ce n’est
pas du tout le cas de nombreux pays
du sud de l’Europe.
J’aime à penser que l’envie de
travailler est inversement
proportionnelle à l’exposition au
soleil de la population … Ce qui fait
suivante :
• Soit l’euro réussit à perdurer et
l’on va continuer à constater
que la richesse est lentement
mais sûrement transférée du
sud vers le nord.
• Soit l’euro explose et nous
assisterons à une terrible foire
d’empoigne qui verra les
allemands demander aux pays
du sud le remboursement de
sommes colossales que les dits
rembourser.
En théorie, une sortie par le haut de
cette situation se traduirait soit :
• Par des politiques d’austérités
qui ferait converger les
économies du sud avec les pays
du nord au prix d’efforts et de
souffrances terribles.
• Par des transferts budgétaires
massifs de l’Allemagne vers les
pays du sud. Pour se faire une
idée, sachez qu’on parle ici
d’un pourcentage qui
représenterait 8% du PIB
annuel allemand.
de la Finlande et de la Suède des
pays excessivement sérieux.
Les pays du sud cohabitaient en
bonne intelligence avec les allemands
grâce à l’intermédiaire effectué par
les taux de change. Le mark était
historiquement plus cher que la lire
ou la pesetas, quand bien même
18/ l’Allemagne a dû payer la
réunification de l’Allemagne de l’Est
et de l’Ouest suite à la dissolution du
bloc soviétique, ce qui n’a pas été
une mince affaire.
Grâce au taux de change, la balance
commerciale entre l’Italie et
l’Allemagne était équilibrée car les
italiens n’avaient pas le pouvoir
d’achat nécessaire pour acheter des
produits allemands.
M. Panzani roulait en Fiat car les
Mercedes étaient tout simplement
hors de prix si on payait en lire
italienne. Quand à Mme Wolfgang,
elle passait régulièrement
d’agréables vacances en Italie car
c’était une destination tout à fait
abordable pour qui payait en mark.
Dès lors que l’euro a été mis en
place, cet équilibre a été rompu.
Progressivement, les pays du sud
n’ont pas pu procéder à des
déflations et les produits allemands
2020 - … : La fin de l’euro et du modèle allemand
D’une façon ou d’une autre l’euro est
condamné. Même s’il reste une
monnaie qui s’appelle toujours
“euro” dans 10 ans, elle n’aura très
probablement rien à voir avec ce que
nous avons entre les mains
aujourd’hui.
Toute la question est de savoir qui va
gagner et qui va perdre.
D’un point de vue global, vu que nous
n’avons pas de projet d’ensemble
pour la zone Europe, il est probable
ont envahis le marché italien et
espagnol.
Les conséquences sont très simples :
• Les italiens les plus aisés ont
aujourd’hui accès à des
produits allemands pour moins
cher qu’avant l’euro.
• En conséquence, l’industrie
italienne s’est vue laminée par
l’industrie allemande et de
nombreux italiens se sont
retrouvés bien plus pauvres
qu’avant la création de l’euro.
Charles GAVE avait énoncé ce
problème en 2002 sous la formule
suivante :
L’euro conduira à trop de maisons en
Espagne, trop de fonctionnaires en
France et trop d’usines en
Allemagne.
Ce qui s’avère être exactement la
situation où nous nous trouvons
aujourd’hui.
que tout le monde y perde. Les USA
et la Chine se chargeront de définir
un cap à notre place.
Du point de vue interne à l’Europe, il
y aura fatalement des gagnants et
des perdants.
Si l’Allemagne s’est remise des
conditions économiques misérables
dans laquelle elle s’est retrouvée
après la seconde guerre mondiale, je
ne doute pas qu’elle réussisse à
remonter la pente à l’échelle de
19/ plusieurs décennies.
Comme l’a si bien dit Henry
Kissinger, “le malheur de l’Allemagne
est d’être trop grande pour l’Europe
mais trop petite pour le monde”.
En attendant, si l’euro explose
demain, la grande perdante sera très
probablement l’Allemagne pour
plusieurs raisons :
• C’est à elle que tout le monde
ou presque doit de l’argent et il
est fort possible qu’elle ne soit
pas remboursée.
• Son industrie est aujourd’hui
surdimensionnée à cause d’un
euro structurellement plus bas
que le mark ne devrait l’être.
Le jour où l’euro explose le
mark va remonter comme un
Vers un nouveau monde : la fin du multilatéralisme mondial
Dans la vidéo de ce numéro, Charles
GAVE passe rapidement sur une
notion très importante : fragiliser. Lorsque la bourse à New
L’antifragilité, une idée développée
par Nassim TALEB.
Pour faire court, ce qui est anti-
fragile, c’est ce qui dure dans le
temps et survit aux crises.
Le monde que nous quittons était un
La mondialisation multilatérale de 1945 à 2020
Prenons un petit instant pour
distinguer multilatérisme et
bilatéralisme.
bouchon et l’industrie
allemande sera incapable de
préserver sa capacité à vendre
à l’étranger. Les nombreuses
capacités industrielles
excédentaires qui ont
concentré les investissements
des allemands pourraient
devenir le purgatoire de leur
économie. Les investissements
allemands de la période 2000 -
2020 pourraient bien être un
fardeau pour son économie
future si elle peine à trouver
des débouchés à sa
production ...
C’est la raison pour laquelle Charles
GAVE prévoit que le mark devrait
fortement monter dans un premier
temps avant de subir une forte baisse
dans la vidéo déjà citée.
monde bien adapté à lui-même mais
cela avait l’inconvénient de le
York s’enrhume, c’est la planète qui
éternue. La crise de 2008 illustre
parfaitement cette synchronicité des
crises systémiques. C’est la planète
entière qui a été affectée par les
problèmes de financements
immobiliers de Mme Johnson.
Pour le dire simplement, une relation
bilatérale implique 2 parties dans la
discussion. Lorsque les USA
négocient en direct avec le Mexique,
20/ c’est une relation bilatérale. ceux qui veulent creuser ce sujet j’ai
À l’inverse, lorsque le dialogue se réalisé deux vidéos sur ce thème des
tient dans une organisation où gagnants et des perdants de la
chacun s’exprime afin de dégager mondialisation :
des décisions collectives, il s’agit de https://youtu.be/rfDoBeK0aHc
relations multilatérales. C’est le cas https://youtu.be/W2AbgWDpMIo
des échanges au sein de l’OMC ou de
l’Union Européenne. En terme de croissance globale, la
Jusqu’à l’élection de Donald Trump, période fut formidable et inégalée.
l’essentiel des négociations La mondialisation et le
mondiales relatives au commerce se multilatéralisme ont fait des
tenaient dans un cadre multilatéral. merveilles à l’échelle de la planète.
Par contre, en terme d’inégalités
La croissance a été très forte dans dans la répartition de cette
cette période de mondialisation. croissance, ce modèle a été bien plus
Mais attention, pour comprendre ce contesté.
qui se passe aujourd’hui, il faut bien
distinguer deux chose : la croissance Le graphique suivant résume plutôt
globale et les inégalités locales. Pour bien les choses :

Ce graphe en forme d’éléphant, Par exemple avec ce graphique, je

mesure la croissance économique sur peux dire que les gens qui se situent
la période 1988 à 2008 (de haut en dans le 20e percentile de richesse
bas) pour chaque percentile de ont connu une croissance d’environ
revenu (de gauche à droite). 50% de leurs revenus sur la période
21/ 1988-2008.
Mais qu’est ce qu’un percentile de
revenu ?
Vous prenez une population que vous
classez par revenus. Ceux qui
gagnent le moins en bas et ceux qui
gagnent le plus en haut. Vous faites
100 tranches et vous avez des
percentiles.
Ce graphique en forme d’éléphant
permet de comprendre qui a profité
de la croissance mondiale durant
cette période. Je vais vous traduire
tout cela.
22/ On peut conclure de ce graphique,
que ce sont les plus pauvres qui ont
connu les plus fortes hausses de
revenus ainsi que les très riches.
Quand aux américains de Trump, aux
gilets jaunes de France et aux
brexiters de Grande Bretagne, on
peut les identifier clairement dans le
bas de la trompe. Pour ce que l’on
appelle communément la classe
moyenne, la période 1988-2008 a été
une période de stagnation.
Il n’y a qu’un pas à faire pour
expliquer par ce graphique le retour
En un mot : NON
Cela ne s’est pas arrangé.
en force des “nationalismes” et des
“populismes” si fortement méprisés
dans les médias. Pour rappel, les
éditorialistes des médias ne
comprennent pas les gilets jaunes,
les brexiters et les électeurs de
Trump car de leur point de vue, la
croissance des revenus a été plutôt
bonne.
Bon, vous me direz que 2008, ça
commence à être vieux et que cela
s’est peut-être arrangé depuis.
Voici une mise à jour que j’ai
trouvée : qui va de 1988 à 2011
Est-ce moral ? On peut penser que le
fait que ce soit les plus pauvres qui
voient leurs revenus croître le plus
fortement n’est pas
23/ fondamentalement injuste. Pour
autant, comme chacun regarde midi Tout cela pour dire que le
à sa porte, le brexiter du Yorkshire multilatéralisme couplé à une
constatera essentiellement que les profonde homogénéité dans
financiers de La City ont eu la vie l’économie mondiale a apporté des
bien plus belle durant les 30 résultats locaux contrastés, mais un
dernières années. Et il aura raison. résultat global très solide. Il est
De plus, il y aurait beaucoup à dire possible que la mondialisation
sur cette croissance d’environ 10% multilatérale soit la forme
tant la dette a été un moyen artificiel économique la plus efficiente que
de gonfler la croissance dans nos l’on ait jamais inventée.
pays riches.

2020 - … : La mondialisation bilatérale

Comme les pays riches (dont les années, la stratégie de Trump

États-Unis) ont bien pris conscience,
d’une façon ou d’une autre, que leur
classe moyenne avait été les moins
bien servis en terme de progression
relative, cela s’est traduit sans
surprise dans la montée de ce que les
gens en haut de la trompe de
l’éléphant appellent les
“populismes”.
Étant donné que les classes
moyennes aux USA ont réussi à faire
élire Trump à la tête de la première
puissance mondiale, les changements
apportés au monde correspondent et
correspondront à la vision des
classes moyennes.
Si l’on couple la diminution du poids
des USA dans le monde avec le
manque à gagner des classes
moyennes durant les 30 dernières
“America First” devient logique. Elle
consiste à casser le multilatéralisme
et à instaurer un rapport de force
direct avec chacun de ses partenaires
commerciaux. Le cas de la Chine
restera le cas le plus délicat puisque
c’est la seule puissance capable de
tenir tête à l’Amérique.
Pour le reste, Trump s'évertue à tuer
toutes les instances internationales
qui affaiblissent le poids des USA
dans les grandes négociations. Au
revoir l’accord sur le climat, les
traités NAFTA et autres TAFTA. Le
Donald se permet même d’aller à
évoquer la fin de l’OTAN ou de l’OMC
qui sont les 2 mastodontes
historiques du multilatéralisme.
Rien n’arrête Trump pour le plus
grand bonheur de la classe
américaine du mid-west.
24/
Est-ce la fin de la mondialisation et un retour au protectionnisme ?
Si on admet que Trump puisse
réussir à imposer cette nouvelle
façon de traiter avec ses partenaires
et que l’arrivée au pouvoir des
représentants des classes moyennes
se généralise dans le monde comme
cela est le cas en Italie par exemple,
à quoi devons-nous nous attendre ?
Beaucoup d’observateurs,
économistes et éditorialistes
craignent un retour du
protectionnisme et une
démondialisation malheureuse.
L’idée est la suivante : les peuples ont
peur d’être les perdants de la
mondialisation et ils votent pour des
dirigeants qui leur promettent de
faire machine arrière. Fermeture des
frontières, hausse des droits de
douanes, fin des négociations
multilatérales, etc … Ces personnes
concluent naturellement et non sans
raison à ce que la croissance
mondiale sera lourdement pénalisée,
ce qui finira par ralentir la
progression des niveaux de vie de
leurs populations, voire la faire
diminuer.
Si on part de ces hypothèses, le
raisonnement n’est pas faux. Le
dernier siècle et mon graphique en
éléphant ont largement démontré
l’efficacité des économies ouvertes
pour créer de la croissance.
Pour autant, on peut aussi penser
que ce raisonnement n’est que
partiel et que certaines hypothèses
sont fausses.
25/
Est-ce que nous assistons vraiment à une démondialisation ?
Pour avoir porté la plus grande
attention aux propos de Trump, je
n’ai pas le souvenir de l’avoir
entendu dire “America Closed” mais
“America First”.
Son idée n’est pas de refuser le
commerce avec les pays étrangers
mais plutôt d’équilibrer les balances
commerciales. Il n’accepte plus que
les USA soient en déficit permanent
dans leurs échanges avec leurs
partenaires étrangers.
Sur ce point, je suis obligé de pointer
du doigt un certain cynisme car les
USA ont longtemps profité de leur
capacité à faire des déficits en les
faisant financer par l’émission de
leur dette à l’étranger. Mais pour
être objectif, je dois souligner que si
l’Amérique en a globalement profité,
les classes moyennes, elles, ont subi
les conséquences de la
désindustrialisation qui a suivi. Voilà
pourquoi les villes des côtes ouest et
est votent pour la mondialisation
alors que les coeurs industriels du
centre des USA votent Trump.
Pour autant, Trump expliquait il y a
peu à Angela Merkel qu’il ne voyait
pas d’inconvénients à ce que les
allemands vendent leurs voitures en
Amérique à condition que les usines
soient également situées … en
Amérique.
Sur cette idée, nous pouvons
imaginer non pas une
démondialisation protectionnisme
mais plutôt une mondialisation
“multi-coeurs” si vous me pardonnez
l’expression.
Aujourd’hui, la mondialisation
consiste à fabriquer dans les pays à
bas coût et à vendre dans les pays à
fort pouvoir d’achat. C’est un type de
mondialisation qui favorise la
spécialisation de chaque pays. Cela
revient à dire, grossièrement, que
chaque région dans le monde
possède un coeur d’activité qui a
l’avantage par rapport aux autres
pays. Pour ceux qui ont fait de
l’économie, vous pourrez vous en
référer à David Ricardo.
Mais n’oublions pas que cette théorie
des avantages comparés date du
XIXe siècle. Depuis, Internet et
quelques autres révolutions sont
passées par là.
Si on imagine une mondialisation “à
la Trump”, on pourrait imaginer des
entreprises multinationales qui
raisonnent par zone en terme de
production et de débouchés.
Pour les plus attentifs et les plus
perspicaces d’entre vous, c’est
exactement la stratégie de Hankook
que Guillaume Rouvier a décrit dans
la lettre du mois dernier.
En terme d’investissement, c’est une
vision des choses qui pourra
beaucoup nous aider pour savoir
quelles sont les entreprises capables
de tirer leur épingle du jeu dans
cette nouvelle mondialisation 2.0.
Pour vous livrer le fond de ma
pensée, je n’imagine pas un seul
26/ instant une démondialisation Apple puissent évoluer dans un
radicale. Notre époque de monde constitué de pays
l’information met en oeuvre de hermétiquement cloisonnés ?
puissantes forces qui nous poussent Enfin, comme l’expliquait bien
les uns vers les autres au niveau Jeremy Rifkin, le monde est
mondial. mondialisé jusqu’à l’échelle
Le monde devient de plus en plus individuelle. Nous connaissons tous
connecté et l’information circule de ou presque quelqu’un “à l’étranger”.
plus en plus vite. J’ajouterai que la Le fameux “oncle américain” n’est
valeur du XXIe siècle sera plus une exception. Si on considère le
probablement la connaissance. Est-ce seul échantillon des lecteurs de cette
que Trump a déjà évoqué la lettre, pourtant éditée exclusivement
construction d’un immense firewall en français, au moins 15% des
(pare feu informatique) entre la lecteurs résident à l’étranger.
silicon valley et le reste du monde ?
Bien sûr que non, bien au contraire. Au final, allons-nous vivre la
Les géants américains qui font la démondialisation ? Je ne le pense
force des États-Unis sont tous des pas. Allons-nous vivre une
entreprises fortement mondialisées. transformation profonde de la
Comment penser que des entreprises mondialisation ? Oui, c’est très
comme Google, Amazon, Facebook ou probable.

Les nouvelles règles de la mondialisation : du coup, on investit

où ?

Maintenant que je vous ai donné la

structure principale de mes • Dans le cadre de cette lettre,
représentations du monde, tirons-en un des enjeux sera de vous
quelques conclusions indiquer quels courtiers vous
d’investissement. devrez utiliser pour vous
investir correctement partout
Bien que la croissance mondiale dans le monde car cela ne sera
devrait logiquement être moins pas simple, du moins pour le
bonne avec un monde multipolaire particulier.
articulé autour de 3 zones (Asie,
Amérique du Nord et Europe) les • Dans cette nouvelle
crises qui affectent ces zones configuration, le dollar ne sera
devraient être bien moins corrélées plus un étalon unique. C’est
au niveau mondial. Tout l’enjeu va pour cette raison que nous
consister à savoir quand et comment nous investissons en Asie
circuler d’une zone à l’autre pour puisque les fondamentaux
éviter les pertes.
27/ occidentaux (taux d’intérêts,
dettes) sont à risque.
• Le dollar pourrait bien baisser
puisque le monde aura besoin
d’une quantité de dollars plus
faible. Reste à savoir dans
quelle proportion et à quelle
échéance car, pour l’heure, le
dollar reste une valeur refuge
dès que “le grabuge” touche
l’économie.
• L’Europe va continuer à
patauger dans ses turpitudes
pendant un moment car aucun
leadership ne se dégage. À
moyen terme, l’Allemagne
court le risque de devoir se
“reconstruire” sur les ruines de
l’euro tel qu’on le connaît. Les
pays du sud vont sortir avec
une épargne fortement
dévaluée et je ne suis pas
spécialement confiant sur leur
capacité à être raisonnable sur
le traitement de leur dette et
du “bon” usage de la planche à
billets. Par contre, une fois
l’euro à terre et les monnaies
fortement décotées, les
rendements obligataires
devraient remonter fortement
avec une dette possiblement
“épurée”. La situation sera à
regarder en temps voulu.
En bref, restez à l’écart de la zone
euro.
• En Europe, le grand gagnant
devrait être la Grande Bretagne
qui bénéficiera toujours du
soutien des États-Unis tant
leurs liens sont étroits. De plus,
les anglais ont démontré dans
l’histoire leur grande capacité à
gérer une monnaie
convenablement. Je pense que
la livre sterling est une valeur
sûre et on en reprendra un peu
ce mois-ci. RDV dans le suivi du
portefeuille.
À la suite de la grande bretagne, la
Norvège et la Suède sont des bons
élèves en terme de gestion qui n’ont
aucune raison de dévier de leur cap.
• Le système monétaire
international va très
probablement fortement
changer car le dollar n’a plus la
capacité d’imposer son
utilisation malgré la quantité
de dollars émis.
La question du paiement des dettes
extérieures par les pays les plus
endettés risque de se poser au même
moment. Si l’on part du principe
qu’une telle crise se produira, alors
les États-Unis et de nombreux pays
européens sont à risque. Cette crise
monétaire devrait fatalement
impliquer les banques qui sont au
coeur du système avec des leviers
d’endettement très élevés en Europe.
Nous restons donc sagement en
dehors des valeurs financières. Bien
sûr, nous nous tiendrons éloignés des
obligations de tous les États avec une
dette extérieure forte pour les
mêmes raisons.
• Le monde va très probablement
s’articuler autour de 3 ou 4
monnaies internationales
fortes. Cela représentera
28/ quelques coûts
supplémentaires pour la
circulation des capitaux mais
cela permettra également aux
crises de ne pas se répandre
des traînées de poudre.
En conclusion, la mondialisation
change de forme et le capitalisme
pourrait bien démontrer une fois de
plus sa capacité à s’adapter aux
grands bouleversements
géopolitiques. Si tout le monde est
capable de pointer du doigt les failles
et les dérives du couple libéralisme
(au moins économique) / capitalisme,
il semble bien difficile de le
remplacer par autre chose, faute de
challenger viable. Pour l’heure, seule
la Chine dispose d’une variante
significative de ce modèle. Le
système politique chinois semble
trouver une voie possible pour
amputer le libéralisme de tout le
volet politique tout en conservant
une liberté d’entreprendre qui
permet à son économie de croître. En
30 ans, la Chine a sorti un nombre
inimaginable de personnes de
l’extrême pauvreté tout en créant
une société quasiment Orwellienne
avec un permis social à point pour
classer les citoyens selon leur degré
d’intégrité.
Ce n’est pas la meilleure des
nouvelles pour les idéaux
démocratiques que la philosophie
occidentale défend mais on ne peut
pas nier son succès économique pour
autant.
En attendant, grâce aux nouvelles
technologies de l’information, le XXIe
siècle semble bien se situer sous le
signe de l’économie de la
connaissance. Comment imaginer un
seul instant un retour à un
quelconque isolationnisme ? Tout
conflit armé avec destruction de
grande ampleur comme ce fut le cas
dans le passé me semble improbable.
En quoi cela enrichirait un pays de
bombarder la silicon valley ? Il
semble bien que l’essentiel des
nouveaux conflits se déplacent
également sur le terrain de la
connaissance. C’est d’ailleurs une
des principales critique de Trump à
propos de la Chine qui a fait de
l’espionnage industriel un savoir
faire national.
Nouveau monde, nouveaux enjeux et
dans le cadre de cette lettre, je me
ferai un plaisir de vous proposer une
vision pour se frayer un chemin avec
ces nouveaux repères.
29/

L’œil du HIBOO
Swatch
L’Asie devrait connaître une forte croissance dans les prochaines années.

Les prévisions du FMI pour les 24 prochains mois place cette zone en tête de
la croissance dans le monde :

Cette croissance s’accompagne de marché mondial du luxe.

nombreuses créations de fortunes et
de la montée d’une classe moyenne Investir dans une société de luxe,
supérieure mondialisée, aimant réalisant une part importante de ses
voyager et consommer des produits ventes et de ses profits dans cette
européens. région du monde est probablement
Déjà l’Asie représente 50% du une décision judicieuse.
30/
SWATCH offre cette opportunité : il
réalise environ 60% de ses ventes en
Asie dont 35% en Chine avec des
marques mythiques : Omega,
Bréguet, Rado, Blancpain, Longines.
L’action est aujourd’hui à un prix très
raisonnable et décote par rapport à
la plupart des autres sociétés de
luxe :

Cette décote trouve son origine dans nous et sera banalisée.

deux craintes du marché : Elle ne se substituera probablement
pas à l’objet d’exception que
1° : Les montres connectées vont constitue une montre mécanique de
remplacer les montres luxe, elle coexistera avec lui : lorsque
classiques : les montre électroniques sont
apparues, on a également craint pour
La montre connectée a été lancée par les montres mécaniques ; on voit
Apple. Sa mise en œuvre n’est pas aujourd’hui que dans l’horlogerie, les
complexe : elle est déjà copiée par montres de luxe ont fortement
d’autres sociétés, spécialement progressé en chiffre d’affaires et en
asiatiques : Samsung et Huawei sont, marges bénéficiaires parce qu’elles
comme dans le « smartphone », les portent un univers qui dépasse leur
principaux compétiteurs. Elle sera fonctionnalité.
bientôt portée par la plupart d’entre
31/

Par ailleurs, le Groupe Swatch a objets connectés : la société a

investi dans la connexion de ses notamment développé :
montres : le «Swatchpay» a été lancé
en Chine en 2017 et permet le • une technologie de
paiement sans contact avec sa communication unique, ultra-
montre.
compacte, basse
Le Groupe possède par ailleurs de
consommation, longue portée :
fortes capacités technologiques lui
EMWAN peut couvrir plus de
permettant, s’il le juge conforme
20 km, tout en minimisant la
dans le cadre de sa stratégie de
consommation d'énergie et en
marque, de répondre aux exigences
étant extrêmement compacte.
de connexion de ses montres ;
• un module d’horloge temps réel
Swatch Group figure en effet parmi
(EM3028), qui constitue une
les leaders mondiaux des circuits et
nouvelle référence en matière
des systèmes à très basse
de précision et de
consommation d’énergie, ainsi que
consommation d’énergie
des technologies adaptées aux petits
(L'EM3028 ouvre la voie aux
objets connectés (l’Internet des
applications IoT écologiques,
objets).
avec une autonomie de batterie
Ainsi EM Microelectronic,
prolongée de 50% par rapport à
l'entreprise de semi-conducteurs de
son concurrent le plus proche,
très faible puissance du Swatch
avec une précision deux fois
Group et l'un des principaux
plus grande).
fournisseurs de technologie pour les
32/ • Un nouveau circuit intégré qui
est la plus petite puce
Bluetooth du marché,
répondant de plus à la dernière
norme Bluetooth version 5.0.
L'ultra miniaturisation des
composants électroniques est
cruciale pour la densification
des fonctions dans les appareils
électroniques portables et pour
l'Internet des objets : la puce
est composée de plus de 5
millions de transistors sur une
surface d’environ 5 mm2.
2° : Les coûts en Franc suisse
pèseront durablement sur
rentabilité du Groupe :
Swatch produit en Suisse, mais :
• la société a beaucoup investi
dans des usines ultra modernes
et se développe bien dans la
robotisation et la production
4.0. Ces investissements
peuvent être partiellement
mesurés par ceux dans les
immobilisations corporelles : ils
ont représenté 419 MCHF en
2017. La nouvelle usine
d’Omega avec un niveau élevé
de robotisation, notamment de
ses lignes de stockage, rend
également compte du travail
qu’a effectué le Groupe.
L’investissement soutenu
chaque année dans une
production flexible et
performante réduit
probablement l’impact négatif
de la hausse du franc suisse.
• Le Groupe est le leader mondial
de l’horlogerie ; il détient
notamment des positions
dominantes dans les
composants d’une montre, des
systèmes électroniques aux
mouvements automatiques ou
aux boîtiers, et est le principal
fournisseur de la plupart de ses
concurrents dans les segments
haut de gamme : ce
positionnement stratégique lui
la
assure des économies d’échelle
inégalées dans le métier.
Par ailleurs, le choix même de
Swatch pour le portefeuille résulte de
la conviction de Charles Gave que la
stratégie économique de la Chine
pointe vers une hausse du Yuan, et
donc des monnaies asiatiques. La
première conséquence de ce
mouvement sera de valoriser ces
marchés pour les sociétés produisant
dans d’autres devises et Swatch est
une des très rares grandes sociétés
mondiales réalisant 100% de sa
production en Suisse, c’est-à-dire
hors d’Asie, mais réalisant presque
les deux tiers de ses ventes dans
cette zone. Le Groupe sera donc un
des plus grand gagnant de cette
33/ évolution monétaire majeure. de nombreuses marques de montres
emblématiques, mais il néglige la
Non seulement les craintes du valeur du joaillier américain, un des
marché paraissent infondées, mais plus grands noms de la joaillerie
certains atouts propres au Groupe mondiale, présent dans le monde
sont largement sous-estimés. Citons avec 40 salons. Le Groupe a acquis la
en trois : société en 2013 et affiche la volonté
d’en faire un des piliers de son
1° : la libération des prix des développement et le CEO n’est autre
composants : que Nayla Hayek, la Présidente du
Swatch Group est le premier Conseil d’administration du Groupe
fournisseur mondial des sociétés Swatch.
d’horlogeries en composants et en Harry Winston a acquis en 2018 “The
mouvements horlogers. Dans ce Winston Pink Legacy” (un des plus
cadre, l’essentiel de ses clients étant beaux diamants du monde de 18,96
des concurrents suisse, le Groupe a carats), ouvre de nouveaux salons de
toujours été soumis à l’autorité de la vente à Beverly Hills, à San
concurrence Suisse, la COMCO qui Francisco, à Istanbul, à Zurich ainsi
est une autorité fédérale qu’un Flagship Store supplémentaire
indépendante : En conséquence le à Hong Kong, lance la collection «
groupe a jusqu’ici été contraint tant legacy » : présentée comme une série
dans la fixation de ses prix que dans de suites exceptionnelles de bijoux
sa liberté d’approvisionnement de uniques de haute joaillerie, cette
ses clients concurrents. collection se compose de 22
A partir de 2020, le marché devrait magnifiques pièces qui arborent
être entièrement libéralisé, chacune des diamants de couleur
permettant ainsi au groupe d’avoir «D», classe réservée aux pierres
une stratégie créatrice de valeur tant d’une pureté interne parfaite. En un
dans la détermination de mot, le Groupe place Harry Winston
l’approvisionnement de ses clients comme un des joailliers les plus
que dans la fixation du niveau idéal exclusifs au niveau mondial.
de prix.
3° : la force du bilan :
2° : la montée en puissance de Le marché néglige la richesse du
Harry Winston : Groupe :
Le marché regarde la force du
• la trésorerie nette de dette du
Groupe au travers de la possession
Groupe se monte à 1 Md CHF
34/ au 1er janvier 2019 alors même net 2018.
que Swatch a racheté pour 388
MCHF ses propres titres au En conclusion, le Groupe Swatch,
cours de l’exercice 2018 ; leader mondial de l’horlogerie, est
• les stocks au bilan s’élèvent à présent sur toute la gamme de
6,9 Mds CHF et le groupe les a montres, du mass market (Swatch,
augmenté de 600 MCHF sur Flik Flak) au haut de gamme ce qui
l’exercice 2018. Souvent des lui confère des économies d’échelle
stocks élevés sont considérés hors normes, a une production
comme une faiblesse, mais verticalisée (des composants aux
dans le cas de Swatch, il s’agit lieux de ventes), a un outil de
essentiellement de diamants, production moderne et de fortes
d’or, de platine, d’argent et de capacités technologiques, est une
montres de grande valeur ; les société mondialisée et idéalement
stocks constituent donc une positionnée sur l’Asie, a un bilan
richesse supplémentaire pour exceptionnellement solide et est
l’actionnaire. contrôlé et dirigé par une famille (la
famille Hayek) qui a une stratégie
claire et orientée sur le long terme.
Si on additionne la trésorerie et les
L’action est cotée à Zurich, avec des
stocks, on obtient une somme globale
actions nominatives et au porteur, et
de 7,9 Mds CHF à comparer à une
verse un coupon qui n’a jamais baissé
capitalisation boursière de 15,7 mds
depuis 10 ans et qui offre sur le
CHF. Cela signifie que la valeur des
cours actuel un rendement proche de
immeubles, des usines, des marques
3%.
et du fonds de commerce est
En un mot, un « must » pour
valorisée par le marché à seulement
l’investisseur à long terme exigeant.
7,8 Mds CHF, soit 9,3 fois le résultat

Grand Angle : Point sur la valeur du franc suisse

Des lecteurs m’ont demandé pourquoi je n’ai pas mis de francs suisses en
portefeuille dans les devises. En une phrase : car les relations entre l’euro et
le franc sont incertaines.

L’exemple le plus récent est celui de la période 2011-2015. Voyons cela en

détail :
35/

En août 2011, le franc suisse subi mécaniquement, instantanément. Je

une forte appréciation dû à la crise vous laisse imaginer la pertinence
de l’euro justement. Cela a pour
conséquence de massacrer d’avoir placé son argent en franc
instantanément les (nombreuses) suisse à cette période.
entreprises suisses qui exportent
Enfin, comme cela commençait à
fortement. Contrairement à une idée
reçue qui court en France, la Suisse coûter très cher à la BNS de
n’est pas un pays riche seulement maintenir cette barrière, elle laisse
grâce à son secteur bancaire mais
aussi grâce à son industrie. La Suisse tomber cette protection du franc
est un petit pays et en conséquence il suisse sans prévenir, ce qui est bien
n’y a “pas beaucoup” de francs logique. Cela correspond à la hausse
suisses en face de la valeur refuge
qu’il représente pour les européens verticale de 20% sur le graphique.
notamment. Cette rupture de la protection du
Donc lorsqu’il y a une panique en franc suisse par la BNS entraîna la
Europe, le franc suisse explose, … ou faillite de nombreux spéculateurs
pas selon les réactions de la Banque mais aussi de nombreux emprunteurs
centrale suisse (BNS) comme ce fut qui avaient eu l’intelligence de
le cas en 2011. souscrire des emprunts en francs
En septembre 2011, la BNS annonce suisses car “cela ne pouvait que
fixer un taux plancher par rapport à baisser puisque la BNS veille au
l’euro. Le franc suisse s’effondre grain”.
36/ stocker là-bas puisque cela
Bref, en résumé, le franc suisse est n'occasionne aucun désagrément
une valeur refuge par excellence pour le pays.
mais comme c’est un petit marché et
que les suisses n’aiment pas que l’on Au delà de ces considérations, en
profite de leur stabilité et de leur terme de parité de pouvoir d’achat
excellence pour s’enrichir sur leur par rapport au dollar (cf 1ère lettre
dos je n’ai jamais été convaincu que de la stratégie pour tout savoir sur la
ce soit un choix très pertinent pour PPA) sur 30 ans, le franc suisse est
les crises graves. dans une configuration favorable
Pour autant, lorsqu’on possède de mais pas exceptionnelle non plus.
l’or, il me semble tout à fait sain de le

Si l’on prend un peu plus de recul sur
60 ans (de 1960 à 2017), le franc
suisse est à l’équilibre avec le dollar
en terme de PPA. Rien
d’extraordinaire. Par contre, dans le
cas d’une explosion de l’euro, on a
toutes les bonnes raisons de penser
que le franc serait dévalué par
rapport à l’euro. La situation devrait
donc être à notre avantage ou rester
gérable.
37/

En conclusion

le franc suisse ne me fait pas peur en tant que tel mais quitte à acheter des
devises je lui préfère de loin la livre sterling ou la couronne suédoise.
38/

Le mindset de
l'investisseur
Se décentrer pour ne pas se
borner.
-> Réussir à voir la complexité
Aujourd’hui, je vais vous expliquer un humain c’est que nous sommes
des piliers de mon travail. C’est un “bêtes” quand il s’agit de
élément qui me sert de multiples comprendre le monde dans son état
façons pour :
brut. Par contre, nous avons une
• écrire des épisodes qui vous
capacité extraordinaire : nous
intéressent sur ma chaîne
sommes capables de raconter des
YouTube,
histoires afin de réduire la
• faire en sorte que cette lettre
complexité de la réalité et la réduire
d’investissement vous soit
à une forme utilisable pour agir.
compréhensible,
• comprendre et mettre en lien
Le monde des humains se retrouve,
les différents livres et articles
de fait, composé d’une multitude de
que je lis et
récits qui décrivent une toute petite
• faire l’allocation d’actifs de partie de la réalité à la manière de
notre portefeuille chaque individu.
J’identifie deux talents généralement
Savoir faire du lien entre les distincts en la matière. Certains sont
informations dont je dispose pour capables de penser de nouveaux
raconter une histoire cohérente avec modèles pertinents auxquels
un objectif ou qui s’adapte aux personne n’a pensé avant. Nassim
personnes à qui je m’adresse. TALEB dont je parle régulièrement
fait partie de cette catégorie.
Le principale problème de l’être
39/ Et puis il y a d’autres personnes qui
sont capables de comprendre
profondément le point de vue des
autres et de transformer tous ces
récits en une forme différente afin de
l’adapter à un nouveau public. C’est
le cas par exemple de Neil deGrasse
Tyson, célèbre vulgarisateur
scientifique américain. Il est souvent
comparé à Carl Sagan en France.
Trouver des personnes qui
témoignent d’une capacité à créer
des idées et également des récits
captivants qui parlent à leur
audience est quelque chose
d’extrêmement rare. Stephen
Hawking est l’exemple qui s’en
rapproche le plus, bien que ses livres
ne soient pas les plus brillants que
j’ai lus en terme de vulgarisation
alors que personne ne remet en
cause sa profondeur conceptuelle.
Pour ma part, je vais vous expliquer
ici une partie du processus qui vous
Que se passe t-il quand je comprends quelque chose ?
Les neurosciences nous apprennent
aujourd’hui ce que la psychologie a
fortement soupçonné depuis bien
longtemps. La première fois que nous
réfléchissons à un sujet, c’est un
effort pour notre cerveau qui doit
construire un récit pour mettre du
sens au sujet étudié.
Cet “effort” se traduit
permet de comprendre les récits des
autres. C’est une étape-clé car c’est
le point de départ de toute critique
constructive. En un sens, c’est une
technique qui vous apprend à ne pas
vous borner à vos idées. Pour en
revenir à l’investissement, être
capable de comprendre les récits des
autres est essentiel pour être capable
de mettre une valeur sur ce que l’on
vous raconte.
C’est de cette façon que, dans mon
esprit, je n’accorde pas la même
valeur aux propos de Jacques ATTALI
et à ceux de Charles GAVE par
exemple …
Oui, pour en arriver là, j’ai dû passer
beaucoup de temps à lire du ATTALI
et je confesse que c’est une
expérience que je préfèrerai ne pas
renouveler tout de suite ...
Maintenant que j’espère vous avoir
convaincu, passons au concret.
physiologiquement par une série de
connexions neuronales qui va
s’établir dans notre tête. Nous
appellerons cela un chemin de
compréhension pour faire court.
Comme notre cerveau est aussi
fainéant que nous pouvons l’être
40/ consciemment, lorsque nous
entendons un autre récit sur le même
sujet, notre premier réflexe sera de
le critiquer sur les points qui
divergent trop par rapport à ce que
“l’on sait”.
Pour analyser ces informations, notre
cerveau fait appel au chemin de
compréhension déjà tracé dans notre
tête. C’est ainsi que les humains
Quel est l’intérêt de comprendre les récits des autres ?
C’est vrai. Dans le fond pourquoi
s’embêter avec des idées qui
viendraient contrarier les vôtres
sachant qu’il y en a autant que
d’êtres humains et que vous avez
déjà des idées qui fonctionnent ?
Honnêtement, c’est un processus qui
demande beaucoup d’efforts et il va
effectivement falloir choisir vos
batailles.
L’avantage de se contenter de son
point de vue c’est que l’on gagne du
temps et qu’on peut valoriser ce
temps pour agir. Comme dirait
Christophe Michel, youtubeur de la
chaîne Hygiène mentale, que je vous
recommande chaudement : “à force
d’avoir l’esprit trop ouvert votre
cerveau risque de tomber”.
Par contre, sur les sujets qui
représentent un fort enjeu à vos yeux
et surtout en matière
d’investissement, vous avez intérêt à
aiment se déclarer appartenir à une
école de pensée plutôt qu’à une
autre. Les plus modestes admettent
qu’ils n’ont qu’une partie de la réalité
entre les mains et les plus bornés
vous expliqueront sans cesse
pourquoi les autres se trompent par
rapport à leur modèle.
élargir votre compréhension aux
récits des autres.
Dans votre couple, il est fortement
conseillé de comprendre le point de
vue de votre moitié si vous voulez
que cela se passe bien …
Dans votre entreprise, vous avez
intérêt à comprendre vos collègues et
votre patron pour être en capacité de
vous adapter.
En terme d’investissement c’est
encore plus vrai car pour gagner, il
va falloir comprendre les autres pour
décider si vous allez faire comme eux
ou non.
Par exemple, si vous voulez investir
sur le Bitcoin je vous recommande
d’avoir compris profondément
pourquoi les pointures du domaine
pensent qu’il faut le faire tout autant
que les arguments de ceux qui vous
le déconseillent sérieusement.
Bref, pour ce qui est important, il est
essentiel de prendre en compte les
41/ récits des autres.
Pour tout ce qui vous est accessoire
vous pourrez vous contentez d’un “je
Comment faire concrètement ?
1ère étape : la reconnaissance
Votre premier défi sera d’échapper
aux réflexes de votre cerveau qui
souhaite tout ramener à ce qu’il sait
déjà. La première étape consiste
donc à s’assurer que l’on a bien
compris en quoi ce que l’autre nous
dit est différent de ce que l’on pense.
La reformulation jusqu’à ce que
l’autre valide votre reformulation est
un bon moyen de procéder.
Ça donne quelque chose du style : “Si
j’ai bien compris tu penses que le
Bitcoin peut assurer le rôle de la
monnaie pour peu que suffisamment
de gens l’utilisent. Tu me dis que la
forte volatilité des cours est dû à une
phase transitoire d’adaptation qui
disparaîtra au fur et à mesure que le
nombre de gens qui l’utilisent
augmente.”
Une fois que vous avez bien
reformulé, vous obtenez deux
choses :
1. Vous avez précisément compris
de quoi parle l’autre.
2. Vous obtenez l’attention de
votre interlocuteur car cette
phase de reconnaissance
témoigne de votre respect à
m’en fiche, mon avis actuel me va
très bien”.
son égard.
2e étape : l’ouverture :
Maintenant que vous avez son
attention et que vous délimité le
problème il va falloir vous approprier
le discours de l’autre. À la manière
d’un avocat, il faut que vous ayez
suffisamment compris ce que l’autre
vous dit pour pouvoir “plaider” pour
cette idée.
Et ça, je ne vous le cache pas, c’est
très dur. C’est difficile car au fond de
vous-même, vous devez renoncer
momentanément à avoir raison.
Écouter l’autre, c’est une chose mais
s’approprier profondément des idées
en est une autre.
Pour reprendre mon exemple avec
les Bitcoin je peux vous expliquer que
:
“la mise en réseau du
fonctionnement monétaire permet de
garantir la fiabilité du système et de
transformer en profondeur les
institutions monétaires dont tout le
monde conviendra qu’elles
dysfonctionnent profondément.
Le fonctionnement du Bitcoin en
blockchain permet également
d’instaurer un contrôle proprement
42/ démocratique et complètement
décentralisé qui est une force
incontestable pour s’adapter à une
société qui détruit les structures
hiérarchiques au profit des
organisations en réseaux.
Etc …”
Pour arriver à franchir réellement
cette étape il est important de
s’attacher à comprendre les choses
en détail. Puisque votre cerveau lutte
contre vous en vous renvoyant
instinctivement à vos certitudes que
vous aimez tant, il va falloir
séquencer dans le détail le nouveau
discours que l’on vous présente pour
réussir à contourner vos “pare feu”
psychologiques.
3e étape : l’analyse :
Si l’étape 2 est bien faite, l’étape 3
devient une jouissance intellectuelle.
Maintenant que vous comprenez
parfaitement un récit différent et
sachant que nous vivons tout de
même dans la même réalité, il va
falloir chercher à faire coexister les
deux récits au sein d’un seul et
unique récit. “Un pour les gouverner
tous” comme dirait Tolkien dans le
seigneur des anneaux.
Et c’est à cette étape que vous allez
pouvoir comprendre quelles sont les
interactions logiques qui font que
vous pensiez comme vous pensiez et
que l’autre avait un avis qui peut être
cohérent avec le vôtre pour peine
que l’on complète le tableau
d’ensemble.
Par exemple pour mon histoire de
Bitcoin, je comprends que les “pro
bitcoins” aspirent à trouver un
fonctionnement sans intervention
humaine de la monnaie, ce qui en
théorie est tout à fait acceptable si
on s'affranchit des limites actuelles
de la technologie actuelle.
Par contre, je comprends aussi que le
rôle politique de la monnaie dans la
souveraineté d’un État est aussi
largement sous-estimé.
Dans cet exemple, j’ai fini par
identifier une nouvelle façon de
penser un fonctionnement monétaire
(la blockchain) mais j’ai aussi
identifié clairement que les
défenseurs du Bitcoin sous-estiment
très probablement les enjeux de
souveraineté nationale que soulève
une monnaie indépendante.
Au final, en suivant cette méthode, je
deviens capable de comprendre en
quoi les autres sont intelligents
plutôt que de me convaincre que j’ai
raison et que les autres sont “bêtes”
de penser ce qu’ils pensent.
Cela peut paraître trivial comme
conclusion mais peu de gens font cet
effort. Lorsque j’entends des députés
en marche critiquer les gilets jaunes,
je comprends surtout qu’il y a un
décalage de point de vue si fort que
43/ la compréhension réciproque
s’arrête. De nombreux gilets jaunes
critiques les politiciens sans
Conclusion
En quoi cela peut-il nous aider à bien
investir ?
Comme bien souvent, identifier des
décalages entre deux réalités qui
s’affrontent peut permettre de faire
de bonnes affaires. C’est précisément
ce que fait Guillaume Rouvier pour
vous lorsqu’il vous explique en quoi
le marché développe une vision
incomplète d’une valeur comme
comprendre leurs contraintes et leur
mode de pensée et inversement.
Swatch par exemple tout en
expliquant les différences entre la
vision du marché et la sienne. C’est
également de cette façon que
procède Charles GAVE lorsqu’ils vous
explique les décalage de point de vue
sur la stratégie chinoise et ce qui en
est perçu par les marchés (cf lettre
#03).
44/

Le suivi du
portefeuille
Rappel des règles de gestion du portefeuille
(détaillées dans la lettre #04) :

• Lorsque le MSCI world passe sous sa MM à 1 an nous vendons les

actions
• Lorsque le MSCI repasse au dessus de sa MM à 1 an nous rachetons la
totalité de notre portefeuille.
• Lors d’une baisse des marchés nous rachetons nos actions à hauteur de
25% pour chaque baisse de 15% de leur indice de référence.

Date et valeur pour achat de titre

Pour information, lorsque je conseille une valeur, je prends pour référence le
cours suivant le premier jour entier de publication. Par exemple si je vous
envoie la lettre entre le lundi soir et le mardi dans la nuit (lorsque je fini
après 00h), je retiendrai le cours de clôture mercredi. L’idée, c’est de vous
laisser 1 jour complet pour lire la lettre et vous positionner le lendemain.
45/
Les mouvements sur le portefeuille

Achat Danone et Sanofi à hauteur de 2,5% chacune.

Étant donné que l’indice MSCI world est repassé au-dessus de MM à 1 an le
10 février, nous rachetons les actions Danone et Sanofi à hauteur de 2,5%
chacune dans notre portefeuille.
Nous revenons d’autant plus sereinement que la FED ayant abandonné tout
espoir de diminuer son bilan et de monter les taux, les marchés peuvent
repartir à la hausse tranquillement pour que l’argent gratuit (ou presque)
reste disponible au comptoir des banques centrales.

Achat de Swatch pour 2,5%

Nous rentrons sur cette belle valeur qui nous expose un peu plus au marché
chinois.

Dividendes Barrick
Les propriétaires d’actions au 27/12/2018 se voient attribuer un dividende
trimestriel de 0,07 $ soit environ 0,5%) par action qui a été payée au
14/01/2019. Pour le suivi du portefeuille, je viens déduire ce dividende du
prix d’achat pour en tenir compte dans la performance.

Achat 51job
Nous sommes rentrés le 06 février 2019 sur la valeur 51job à un prix de
70,84$ USD
46/
Suivi des indicateurs
47/
Synoptique du portefeuille
48/
Mentions légales et avertissements

Avant de commencer j'aimerai rappeler quelques évidences légales mais qui portent en elles un message important à
comprendre.
Cette lettre est une publication de presse qui ne peut pas être assimilée à un conseil d'investissement personnalisé. Il
est donc de votre responsabilité de suivre ou non les recommandations données dans cette lettre en fonction de votre
situation.

Nous portons le plus grand soin à la rédaction de nos articles et nos recommandations sont soigneusement vérifiées, mais nous ne sommes pas
responsables des erreurs ou oublis que vous trouveriez dans cette publication. Attention : n’investissez jamais plus que vos moyens ne vous le
permettent. La valeur de tout investissement et des revenus qui en découlent peut monter aussi bien que descendre. Nous conseillons à nos lecteurs de
consulter, avant d’investir, un courtier ou conseiller financier indépendant agréé.

Directrice de la publication : Richard DÉTENTE

Nos bureaux sont situés : 12, rue du capot – 69300 Caluire-et-Cuire
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