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Baccalauréat Général

Session 2023

Épreuve : Histoire géographie,


géopolitique et sciences politiques

Durée de l’épreuve : 4 heures

Coefficient : 16

PROPOSITION DE CORRIGÉ

1
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Dissertations (au choix)
Sujet 1 : La production et la circulation des connaissances connaissent-elles
des frontières ?

Enjeux du sujet :
Le sujet interroge le processus de mondialisation (diffusion géographique) mais aussi de
diffusion dans la société du savoir et de sa production. « frontières » peut être compris au sens
propre de limite d’État mais aussi de limites au sens métaphorique de difficultés, bornes.

Introduction :
[Accroche] La lutte contre la pandémie de covid a relancé le débat sur la possibilité de
diffuser des connaissances médicales dans le monde entier en réduisant les brevets de
l’industrie pharmaceutique au nom de l’intérêt général : la connaissance de la formule
permettant de produire un vaccin peut aisément être diffusée dans le monde entier.
[Définition du sujet et contexte] Dès l’Antiquité, des pôles de savoir émergent comme
l’Académie de Platon ou le Lycée d’Aristote et une communauté de savants naît à l’époque
hellénistique autour de la bibliothèque d’Alexandrie. À la Renaissance, lettres et humanistes,
comme Érasme de Rotterdam circulent. Mais dans le contexte actuel de mondialisation, le
processus de production (élaboration, création) et de circulation (diffusion, mise en relation)
des connaissances (savoirs empiriques et théoriques, savoir-faire) s’accélère, plus encore avec
Internet, et gagne l’ensemble du globe en apparence. Mais l’espionnage et le contexte de
guerres ou de crises peut freiner l’innovation, les collaborations, la validation et la diffusion
des savoirs disciplinaires et scientifiques au sens large. Les frontières, limites d’État au sens
de Michel Foucher, peuvent constituer des barrières, tout comme d’autres facteurs
économiques ou sociaux, qui sont autant de frontières au sens large.
[Problématique] Dans quelle mesure dans un monde mondialisé la création et la
diffusion des savoirs et savoir-faire peut-être être assujettie à des limites politiques,
économiques et sociales ?
[Annonce de plan] Nous verrons dans un premier temps l’accroissement exponentiel
depuis l’Antiquité de la création et la diffusion des connaissances (I). Nous soulignerons
ensuite que cette production et cette circulation sont parfois entravées par des tensions qui ne
relèvent pas directement du monde scientifique (II). Il est cependant possible de dépasser les
clivages dans un monde en réseau malgré des tensions persistantes.

I. Des connaissances produites et diffusées dans un monde sans (ou au-delà des)
frontière(s) et plus encore avec la mondialisation

1) Des communautés savantes à l’émergence d’une communauté scientifique :


une coopération transfrontalière qui stimule l’émulation
• Circulation des savants antiques : Pythagore, Pline, Archimède, etc. → constitution
d’un corpus en latin (langue de circulation) qui sert encore de références dans les
mondes occidental, byzantin et arabe au Moyen Âge
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• Humanistes de la Renaissance (Rabelais, Erasme) au XVIe s. et philosophes des
Lumières (Voltaire) au XVIIIe s. à la cour de Prusse (Frédéric II) et de Russie
(Catherine II)
• Colloques et articles, travaux pluridisciplinaires permettent de passer à la science
moderne fondée sur la démonstration et l’expérimentation (Claude Bernard en
médecine), avec la réplicabilité et la réfutabilité éventuelle des expériences au XIXe
siècle en particulier : échanges des hommes et femmes travaillant sur la radioactivité à
la fin du XIXe et au début du XXe siècle (Becquerel, Pierre et Marie Curie)
• Des coopérations portées par les États ou égide de l’ONU (GIEC sur le climat) ou
entre grandes puissances (ISS dans le domaine spatial)

2) Des acteurs de plus en plus diversifiés encouragés par les États mais qui les
supplantent et dépassent leurs frontières dans une « économie de la
connaissance »
• Développement par les États de l’alphabétisation et de l’éducation, comprises comme
facteurs de puissance et de compétitivité (cf économie ou « société de la
connaissance » de Peter Drucker dès 1969) : les connaissances peuvent être produites
et comprises par une élite dans l’Antiquité, puis la bourgeoisie des Lumières (salon),
puis une grande partie des individus avec la scolarisation (lois Ferry de 1881-1882 en
France), même si la frontière perdure encore pour les femmes dans les Pays les Moins
Avancés, notamment en Afrique subsaharienne.
• Émergence d’acteurs privés (entreprises, laboratoires privés) qui dépassent les
frontières, en recrutant à l’international (un tiers des ingénieurs de la Silicon Valley
sont nés en Inde) et en rachetant des entreprises d’autres pays ou y créant des filiales
• Rôle croissant des individus, acteurs de leur formation pour comprendre et produire
des connaissances : programme Erasmus de 1987 dans l’UE, diasporas indiennes et
chinoises qui rapportent des connaissances à leur retour dans leur pays d’origine après
avoir étudié dans les grandes universités du classement (mondialisé) de Shanghaï

3) Le cyberespace, un espace immatériel sans frontière comme apogée ?


• Production libre, en réseau et décentralisée, incontrôlée : un blog créé en Allemagne,
hébergé aux États-Unis, peut être lu en Australie
• Aspect collaboratif : tous consommateurs et producteurs de connaissance avec
Wikipédia où chacun peut contribuer → idée que l’intelligence collective est plus
efficace que la somme d’intelligences individuelles
• Circulation facile et instantanée, qui contraste avec les déplacements humains et le
courrier qui mettaient des jours, des semaines ou des mois il y a quelques siècles.
• Emergence de la visio, renforcée par la pandémie, qui permet de faciliter les
discussions, co-créations et évaluations de recherche à moindre coût et plus
rapidement.

II. Une production et une circulation parfois entravées par des tensions qui ne
relèvent pas directement du monde scientifique : des connaissances
subordonnées à des enjeux autres

1) Des frontières politiques qui se durcissent voire se ferment dans un contexte


de guerre ou de tensions géopolitiques
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• Espionnage durant la guerre froide : CIA et KGB rivalisent ; les époux Rosenberg sont
exécutés aux États-Unis pour leur rôle supposé (et sans doute limité) dans la
transmission d’éléments ayant permis à l’URSS de rattraper son retard dans la course
au nucléaire (bombe atomique en 1945 aux États-Unis, 1949 en URSS).
• Les guerres provoquent un repli identitaire : le nucléaire devient stratégique dans les
années 1930 et les frontières se ferment durant la Seconde Guerre mondiale autour de
l’internationalisation de leurs recherches → chacun pour soi
• Au-delà de l’affrontement direct, remise en cause de programmes de recherche
communs, interdictions de visas à des Russes dans le contexte de la guerre en
Ukraine : vers un isolement de la Russie dans la production et la circulation de
connaissances ?

2) Une barrière du coût : quand la connaissance n’est pas accessible à tous et


exclut les plus pauvres
• Frontière monétaire, de la pauvreté, avec un débat relancé pour l’accès au vaccin, bien
commun mais dont le développement a coûté à l’entreprise ou l’État qui l’a inventé.
• Reflet de l’inégal intégration des États dans la mondialisation (tout autant que facteur
d’intégration dans cette même mondialisation) : les États-Unis, une
« hyperpuissance » (Hubert Védrine) technologique (1ère en nombre de brevets, en prix
Nobel, GAFAM, etc.) vs les 47 Pays les Moins Avancés (Mali, Afghanistan, Haïti,
etc.) au sens de l’ONU
• Valable à toutes les échelles : plus de connaissances produites en villes et plus de
circulations car universités, laboratoires et technopôles s’y concentrent (Silicon Valley
en Californie, Bangalore en Inde, Plateau de Saclay et cœur de Paris)
• Des exclus de l’enseignement supérieur quand il est cher (plusieurs milliers d’euros
voire dizaines de milliers d’euros par an dans les pays anglo-saxons) : les meilleures
universités semblent réservées à une élite qui bénéficiera et produira les connaissances
du monde de demain ; idem pour l’accès aux avancées médicales, dont les pays
pauvres sont largement exclus, mais aussi une partie des États-uniens (médecine à
deux vitesses).
• Des publications payantes (plusieurs milliers d’euros par article) dans les grandes
revues anglo-saxonnes comme Nature, des colloques au bout du monde coûteux : une
recherche internationale à deux vitesses.

3) Des barrières culturelles, religieuses ou sociales au sein des sociétés


• Procès de Galilée à propos de l’héliocentrisme, non-conforme à la Bible. Poids du
créationnisme aux États-Unis qui interprète la Genèse dans un sens littéral et nie la
théorie de l’évolution (Charles Darwin, 1859, De l’origine des espèces).
• Barrière sociale : condition de la femme en Arabie Saoudite ou dans l’Afghanistan des
talibans (qui interdit de fait l’accès à l’université, limite l’accès à l’école).
• Barrière linguistique : hégémonie de l’anglais qui freine l’accès à la connaissance de
certains ou empêche certains chercheurs chevronnés (notamment en France) de
diffuser aussi largement que souhaité leurs connaissances

III. Dépasser les clivages : produire et faire circuler les connaissances dans un
monde en réseau malgré des tensions persistantes

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1) Gommer les frontières pour une société de la connaissance qui bénéficie à
tous : le rôle traditionnel des acteurs internationaux publics et privés
• Rôle de l’ONU (Unicef, Unesco) et des ONG pour faire la paix.
• Mais aussi pour scolariser, diffuser des médicaments (OMS, Médecins Sans
Frontières), etc.

2) Un idéal de coopération comme gageure : le maintien des écarts, des


classements et des récompenses au service des États
• Classement de Shanghaï, recrutement de chercheurs, nombre de brevets ; un enjeu de
puissance au-delà des frontières (soft power, Joseph Nye, 1990, Bound to lead).
• Persistances de coopération avec la Russie pour l’ISS ou le projet ITER à Cadarache
(fusion nucléaire) : le coût est tel qu’aucun État ne peut se permettre d’assurer la
relève d’un absent donc en 2022 la coopération se poursuit en dépit de la Guerre en
Ukraine.

3) Un refus de mise en commun et une mise au ban de certains États : la


frontière pour punir, priver ou (s’) isoler de la connaissance mondiale
• Sanctions sur la Russie, l’Iran mais aussi la Corée du Nord, qui s’exclut
volontairement en apparence (mais les dirigeants ont des IPhone…) → faible
efficacité (la Corée du Nord est devenue puissance nucléaire)
• Censure en Russie, en Chine : interdire à sa société l’accès à la connaissance
(évènements de Tian Anmen en 1989)
• Production d’information fausse, propagande destinée à ses habitants et fake news à
l’étranger (d’où l’interdiction de Russia Today et Sputnik news par l’UE dans le
contexte de guerre en Ukraine).

Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] Au cours du temps, savants et États ont repoussé
géographiquement et socialement les limites de la création et la diffusion de savoirs et de
savoir-faire. Le progrès est exponentiel, à l’heure de l’alphabétisation presque généralisée, de
l’ère d’Internet (63 % du monde est concerné) et de l’économie de la connaissance. Mais les
tensions géopolitiques, les freins économiques et les barrières sociales et culturelles, qui
pénalisent notamment les femmes, sont autant de nouvelles frontières de la connaissance qui
restent à repousser avec une coopération internationale des acteurs publics et privés. La
coopération se fait compétition et les exclusions, subies ou volontaires, de la connaissance
mondiale sont sans effet positif.
[Ouverture] La gouvernance mondiale, autour de l’ONU, mériterait donc d’être
renforcée pour une science sans frontière.

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Sujet 2 : Ruptures et continuités dans les formes de guerre depuis la fin du
XXe siècle
Enjeux du sujet :
Les guerres semblent avoir muté depuis le modèle de Clausewitz d’affrontements entre
soldats de deux États ou alliances vers des guerres asymétriques. Mais la guerre entre Ukraine
et Russie vient relativiser cette évolution.

Introduction :
[Accroche] La guerre russo-ukrainienne de 2022 a vu le président ukrainien
Volodymyr Zelinski, homme de théâtre, être mis en scène au côté des soldats dans les
tranchées. Cette image illustre tout autant les mutations des formes de guerre (rôle des réseaux
sociaux pour relayer la photographie dans une guerre de propagande et d’information) que
leur continuité (les tranchées, qui rappellent la guerre de position de la Première Guerre
Mondiale).
[Définition du sujet et contexte] Les formes de la guerre, c’est-à-dire les types de
conflits, leur nature et la manière dont ils se déroulent, évoluent dans le temps, en fonction
notamment de facteurs technologiques et stratégiques. Certains points restent communs
(continuités) tandis que certains paradigmes changent (ruptures). Les guerres, conflits armés
opposant deux acteurs (États, alliances, ou autres) supposent une idée de violence et
d’affrontement physique traditionnellement mais l’avènement d’Internet fait naître des
cyberguerres, qu’il ne faut pas oublier. La fin du XXe siècle est marquée par la chute de
l’URSS en 1991, analysée par Francis Fukuyama comme étant la « fin de l’histoire » au sens
de fin des guerres puisque l’essentiel des conflits opposaient les deux camps de la Guerre
Froide. Son analyse était erronée ; les conflits ont perduré sous la décennie états-unienne
(1991-2001) et au XXIe siècle. Les grandes théories de la guerre, comme le modèle de
Clausewitz (1780-1831) sont peut-être à moderniser : au basculement de la révolution
française et des guerres napoléoniennes a peut-être succédé un autre modèle.
[Problématique] Dans quelle mesure le modèle de la guerre classique, théorisé par
Clausewitz au XIXe siècle, est-il encore pertinent pour comprendre les guerres du monde
post-Guerre Froide ?
[Annonce de plan] Les conflits semblent avoir connu une réduction d’ampleur et être
devenus plus dissymétriques voire plus asymétriques (I). Mais certaines caractéristiques
classiques demeurent ou resurgissent (II). En réalité, la technologie donne une impression
d’évolution mais ce changement a toujours existé et est donc une continuité dans les formes
de la guerre (III).

I. La fin de la Guerre Froide ou « la fin de l’histoire » ? (F. Fukuyama) : vers


des guerres plus réduites et asymétriques

1) Un éclatement du modèle bipolaire qui laisse place à des conflits


dissymétriques puis asymétriques : des guerres moins longues
• 1990-1991 : plus vaste coalition internationale (35 États) sous égide des États-Unis et
de l’OTAN avec mandat de l’ONU délogent l’Irak de Saddam Hussein du Koweït
qu’il avait envahi → courte guerre tant elle est déséquilibrée. Elle oppose des acteurs
de même nature (États) mais pas de même force = guerre dissymétrique.
• Guerre asymétrique : des acteurs de nature différente, typiquement un État contre des

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« rebelles » ou des terroristes » ; « petite guerre » en espagnol, guerre du faible contre
le fort renvoyant à la guerre d’Espagne de 1807-1808 contre Napoléon : guerre contre
Al Qaeda en Afghanistan, guerre en Irak ; des bourbiers dont les États-Unis sortent
vaincus, malgré leur armée, de loin la première mondiale→ un vrai bouleversement
géopolitique.

2) Une diminution des conflits inter-étatiques au profit de conflits intra-étatiques


• Des déclarations de guerres devenues rares car elle est devenue un tabou, notamment
dans les démocraties ; moins d’affrontements entre États également avec la
codification du droit international (principe de de respect de l’intégrité territoriale dans
la charte de l’ONU, signée à San Francisco en 1945).
• Multiplication des guerres civiles (Côte d’Ivoire dans la décennie 2000 entre un Nord
musulman autour d’Alassane Ouattara et un Sud chrétien et animiste autour de
Laurent Gbagbo), des sécessions ratées (Azawad au nord du Mali en 2012-2013) ou
réussies (Soudan du Sud reconnu en 2011), des groupes terroristes (Al Qaeda, avec
AQMI au Maghreb et AQPA dans les pays du Golfe).

3) La fin des guerres totales : une rupture forte dans la manière de faire la
guerre
• Après les guerres industrielles et de masse que sont la Première Guerre Mondiale, la
Seconde Guerre mondiale, voire la Guerre Froide (certes moins meurtrière), une
mobilisation des sociétés moindre.
• Cela va de pair avec une professionnalisation des soldats (les civils sont moins
concernés par les combats avec la fin du service militaire dans beaucoup de pays
occidentaux).

II. Un maintien ou un retour de formes classiques de la guerre : un modèle


clausewitzien toujours d’actualité

1) Le retour des États comme acteurs-clés dans les guerres contemporaines


• Guerres entre Russie et Géorgie en août 2008 (Guerre des Cinq Jours), guerre entre
Arménie et Azerbaïdjan (sept-nov 2020), guerre russo-ukrainienne (depuis février
2022) : un retour récent des guerres entre États inter-étatiques, parfois symétriques (le
soutien occidental à l’Ukraine aboutit au retour de la guerre de position).
• Retour des mercenaires dans les guerres, eux qui avaient disparu depuis le Moyen Âge
et l’époque moderne au profit d’armées « nationales » : Wagner fournit de la « chair à
canon » à la Russie en Ukraine mais intervient aussi dans les conflits en Afrique
(société privée).

2) Des « batailles rangées » : des guerres toujours aussi violentes derrière des
lignes de font bien matérialisées
• Tranchées entre Ukraine et Russie, mais aussi de 1988 à 2020 entre Arménie et Haut-
Karabakh. L’enjeu du contrôle et de l’occupation du terrain reste une constante. Cf
Yves Lacoste : « la géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre » (1976).
• Crimes de masse toujours présents : Bakhmout en Ukraine, accusations de nettoyage
ethnique au Haut-Karabagh, guerres de Yougoslavie de 1991 à 1999 avec le massacre
de Srebrenica de 1995 perpétré par les Serbes.
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• Une violence forte, des milliers de morts dans la Guerre russo-ukrainienne déjà.

3) Vers un retour des guerres d’annexion ou un maintien de l’intégrité


territoriale ?
• En dépit de l’ONU, du droit et de l’opinion publique, annexion de la Crimée (2014)
puis de l’Ukraine de l’est (2022) par l’instrumentalisation du droit des peuples à
disposer d’eux-mêmes (organisation de référendums dits d’autodétermination dans un
contexte de guerre).
• Refus des sécessions : Tibet en Chine, Azawad au Mali, Cachemire entre Inde et
Pakistan. Une communauté internationale opposée à la balkanisation, avec un principe
de non-ingérence qui remonte aux traités de Westphalie (1648) à la fin de la Guerre de
Trente Ans.
• Une Cisjordanie en peau de léopard (l’archipel palestinien de Julien Boussac) : une
succession d’enclaves territoriales en guerre rappelant la situation médiévale ?

III. La technologie, entre continuité et rupture dans la mutation des formes de la


guerre

1) Une rupture technologique…


• Usage de missiles hypersoniques par le Russie, technologie seulement maîtrisée d’elle,
des États-Unis et de la Chine.
• Utilisation en 2020 par l’Azerbaïdjan de drones turcs, peu chers (quelques millions
d’euros l’unité)
• → de moins en moins d’hommes (vs Première Guerre Mondiale) et de plus en plus de
technologie.

2) Une rupture médiatique…


• Guerre des réseaux sociaux, guerre de communication ; cf Zelensky dans les
tranchées, V Poutine à Marioupol en mars 2023
• Des printemps arabes attisés par les réseaux sociaux : révolution Facebook en Tunisie,
l’outil ayant permis de diffuser la vidéo d’un vendeur à la sauvette s’immolant pour
protester contre la saisie de sa marchandises mais ayant aussi permis de contourner la
censure
• Cyberguerres avec espionnage, blocage (Estonie en 2007, sans doute face à la Russie),
propagande.

3) En réalité une continuité dans le progrès


• Facebook et les interviews télévisées remplacent la photographie et les affiches de
propagande de la Seconde Guerre mondiale. L’outil a changé mais pas la forme.
• Déjà des guérillas au XIXe siècle (guerre d’Espagne de 1807-1808).
• Déjà des évolutions dans l’armement dans la Première Guerre Mondiale (chars, gaz,
lance-flamme).
• La technologie est mise au service de la guerre et cela ne change pas.

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Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] Comme l’affirmait Clausewitz, « la guerre est la
continuation de la politique par d’autres moyens ». L’affrontement armé permet d’obtenir un
territoire, une ressource, des droits. Cela ne change pas. Si les guerres semblent moins
nombreuses, moins violentes et moins inter-étatiques, la technologie continue de changer la
guerre comme toujours. En dépit de la codification du droit international et du pacifisme
croissant des opinions publiques, les guerres classiques existent toujours.
[Ouverture] Aux évolutions des formes de la guerre répondent des évolutions des
formes de la paix ; dans les années 1990, alors qu’il est le numéro 2 de l’ONU puis secrétaire
général au début des années 2000, Kofi Annan établit un droit d’ingérence humanitaire, étend
les missions des casques bleus et élargit la conception de la paix d’une simple absence de
guerre vers un développement harmonieux.

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Étude critique de documents
Enjeux du sujet : Le patrimoine, facteur de puissance de la France

Introduction :
[Accroche] Avec 49 sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, la France se
classe au 4e rang ex aequo, dépassée de peu par la Chine, l’Italie et l’Espagne.
[Définition du sujet et contexte] Le patrimoine, ce à quoi une société accord e la valeur
et qui est issu de son passé et transmis, permet à la France d’influencer le reste du monde. La
« capacité à faire, faire faire et refuser de faire » (selon Raymond Aron) de cet État d’Europe
de l’ouest fort d’une riche histoire depuis la préhistoire repose en effet en partie sur son
patrimoine, matériel (culturel et naturel) comme immatériel.
[Présentation du/des document(s)] Le document 1 est une photographie datant de
1961 ; de Gaulle y reçoit avec sa femme son homologue états-unien, Kennedy et la first lady à
Versailles ; le repas renvoie à la gastrono-diplomatie dans un cadre somptueux (vaisselles et
cristal dans la galerie des glaces, chandeliers, vases et fleurs, personnel soigné et ganté). La
nourriture est un outil de soft power (Joseph Nye, Bound to lead, 1990) visible dans le
document 2, où Guy Savoy, célèbre chef étoilé parisien (qui vient de perdre sa 3e étoile
Michelin), présente au Sénat en 2008 sa mission visant à l’inscription du repas gastronomique
à la française à l’Unesco (obtenue de fait en 2010).
[Problématique] En quoi la richesse du patrimoine français tant matériel qu’immatériel
est-elle mise efficacement au service du soft power français ?
[Annonce de plan] Nous verrons tout d’abord pourquoi le patrimoine français est mis
en valeur (I) puis que c’est un moyen de s’imposer comme leader (II) et enfin les limites de
cette stratégie.

I. Faire rayonner le pays à travers son patrimoine : les enjeux de la mise en


valeur

1) Une valorisation du patrimoine français à des fins politiques : entre


affirmation de la puissance et reconnaissance internationale
• Doc 1 : invitation du couple présidentiel états-unien, dans un cadre somptueux,
rappelant la continuité avec le faste de l’ancien régime.
• Pas les premiers (des fresques montrent Louis XIV recevant les ambassadeurs du
Siam), ni les derniers (Elizabeth II, sommet de l’UE en mars 2022) = une tradition,
une marque de respect et de puissance.
• Entretien de l’amitié et « grandeur nationale » associée au général de Gaulle, allié du
bloc de l’ouest mais qui veut conserver son indépendance.

2) Capter les retombées économiques liées au patrimoine français : une manne


financière attractive
• Le patrimoine peut rapporter de l’argent ; il est facteur de puissance touristique (la
France est le premier pays au monde en nombre de touristes internationaux, avec 89
millions en 2019) et donc économique.
• Doc 1 : une photographie relayée par les médias, qui peut faire le tour du monde et
attirer des touristes. Cornell Capa est le frère de Robert Capa, lui aussi célèbre
photographe.
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• Doc 2 : « chiffre d’affaires tiré de l’exportation des vins » : un secteur porteur
aujourd’hui (vaste marché chinois pour le champagne par exemple).

3) Une utilisation du patrimoine à des fins identitaires : (re)valoriser des acteurs,


secteurs ou territoires en crise
• Doc 2 : « diversité », « régions », « territoires » : richesse du pays.
• « lettres de noblesse », « métiers de bouche », « filière agricole » : un secteur
longtemps malmené, peu valorisé mais aujourd’hui mis à l’honneur ; la labellisation
du bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais a favorisé sa reconversion.

II. Faire reconnaître les atouts de la France à l’international : une


complémentarité de moyens pour s’imposer comme leader mondial

1) La pratique ancienne de la gastrono-diplomatie, un moyen subtil de mêler


loisirs et politique
• Doc 1 : repas officiel ; depuis le congrès de Vienne

2) Une course aux labels, quête de puissance à toutes les échelles


• Doc. 2 : « pains, fromages » : labels français (AOC) progressivement remplacés pr des
AOC. On prêt à de Gaulle la phrase « Comment voulez-vous gouverner un pays où il
existe 246 variétés de fromage ? », montrant que la diversité de la France fromagère
(Claire Delfosse) reflète celle des territoires et leur puissance
• Enjeu du classement Unesco pour la gastronomie ; d’où la source du document (intérêt
du pouvoir législatif français) ; un label depuis 1972.

3) Un savoir-faire français qui s’exporte : une expertise enviée et plébiscitée


• Doc 1 : mise en scène du repas (vaisselle, fleurs, vase,s chandeliers) + doc 2 : la
France veut faire classer non un produit matériel mais une ambiance sur la liste du
patrimoine immatériel, créé en 2003.
• Doc 2 : « chef français sollicité », « à l’étranger », « au Japon […] est un chef
français », « Ukraine », « Russie », « Inde », « Pondichéry », « très forte demande » :
dépasse largement la France et son ex empire colonial
• Permet à Atout France de construire la « marque » France

III. Les limites de la politique française : entre efficacité limitée et valorisation


inaboutie

1) Des retombées politiques limitées malgré le faste déployé


• Doc 1 : quelles suites à ce repas ? Dans les relations franco-états-uniennes ?
• Parfois des gros contrats mais ici n’a pas marqué l’histoire
• Relativiser l’impact commercial

2) Un potentiel encore à valoriser : un patrimoine français largement sous-


exploité ?
• Doc 1 : Versailles, galerie des glaces ici ; mais quid des autres monuments moins
connus, des milliers de châteaux qui font le patrimoine français ?
• Doc 2 : « filière agricole », « renforcer l’attractivité », « valoriser notre grand
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potentiel » : encore du travail !
• → décrépitude qui a poussé à la mise en place d’un loto du patrimoine = un
patrimoine à deux vitesses en termes d’entretien comme de valorisation

3) Une puissance française qui repose sur une collaboration entre États : vers un
patrimoine plus mondial que national ?
• Doc 2 : « 460 fournisseurs pour l’approvisionnement de son restaurant », « 14
nationalités y travaillent »
• Un patrimoine global, co-construit et non uniquement national → est-ce bien encore
un patrimoine français ?

Conclusion :
[Bilan et réponse à la problématique] La France s’appuie sur son patrimoine
architectural et immatériel pour renforcer sa puissance diplomatique, politique, économique,
commercial et touristique. Bien placée dans la course aux labels depuis longtemps, elle
souffre cependant d’un patrimoine à deux vitesses, parfois méconnu des Français eux-mêmes.
[Ouverture] Surtout, la France se heurte à la montée des grands émergents ; dépassée
par la Chine en nombre de sites Unesco, elle compte désormais moins de chefs étoilés que le
Japon, en dépit de l’obtention en 2010 du classement du repas à la française à l’Unesco.

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