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Au cœur des vignes se dressait Laila, telle une énigme vivante dans ce

décor paisible

De retour des fastes de Baalbek à Beyrouth, la vallée de la Bekaa se balançait


doucement dans la nuit, pareille à une danseuse gracieuse au rythme des
lumières scintillantes des villages et des villes, tel un lustre suspendu dans
l'obscurité. Déçu par le festival, j'ai sombré dans la perplexité : la sonorisation,
l'effervescence de la foule, ou bien le prix excessif du billet, tout semblait
concourir à mon désenchantement. Fuyant le vacarme incessant du Moyen-
Orient, j'ai inséré une cassette de Fayrouz dans le lecteur. Mais égaré près de
Zahlé, je me suis retrouvé plongé dans l'obscurité, sous une pluie battante... C'est
alors que j'ai commis une erreur en délaissant l'autoroute principale pour
emprunter une rue secondaire menant à Rayak. Ce n'est que quelques minutes
plus tard que j'ai réalisé mon égarement, alors que la nuit sombre et pluvieuse
enveloppait tout de son manteau lugubre. Au milieu de ce désarroi, j'ai aperçu
une silhouette près de ma voiture, une apparition fugace qui m'a fait frémir, avant
que les phares ne révèlent qu'il s'agissait d'une simple jeune fille.

Elle se tenait là, au cœur de la tempête, âgée de seize ans, ses vêtements légers
flottant dans le vent comme les voiles d'un navire sur une mer agitée. Sa timidité
mêlée à une aura magnétique captiva mon attention. Méfiant face à cette
rencontre inattendue, je l'abordai avec précaution. Ses mots, empreints de
douceur et de détresse, résonnaient comme une mélodie troublante dans
l'obscurité de la nuit. Sans hésitation, je lui offris mon pull pour la réconforter,
sentant ses frissons me transpercer comme des éclairs dans l'obscurité.

Sur le chemin du retour vers la route principale, nos silences étaient ponctués par
les éclats de la voix envoûtante de Fairouz, berceuse apaisante dans cette nuit
troublée. Alors que nous avancions, Laila Maalouf se révéla comme une énigme à
déchiffrer, un mystère vivant perdu dans les méandres de cette nuit orageuse.
Respectant son désir de discrétion, je refrénai mes interrogations, laissant le
mystère de sa présence s'épaissir autour de nous.
Dans cet instant suspendu, la jeune fille se révéla comme une fleur fragile au
milieu de l'orage, sa grâce et sa vulnérabilité éclairant la noirceur de la nuit. À
travers les vents tourmentés de la Bekaa, elle était le calme au milieu de la
tempête, la lumière vacillante dans l'obscurité. Et quand vint le moment de nous
séparer, son départ laissa derrière lui un parfum d'énigme, une question sans
réponse suspendue dans l'air nocturne.

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