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Une voix chante. Et dans le même_arbre, la même_étoile nous fait signe.

Elle
Una voz canta. Y en el mismo arbol la misma etrella nos saulda. Ella

fatigoe
tremble comme_un regard que des travaux de nuit fatiguent. Elle semble toujours
tiembla, como una mirada cansada del trabajo nocturno. Ella parece siempre

coudre, d’un air secret, dans l’étoffe sombre.


coser, con aire secreto, la tela oscura.

Regarde. Le poème des âges s’amuse_et sonne, et se presse par toutes les
mira. El poema de los tiempos se entretiene y suena, y se apura entre las manos

mains des légendes. Mais l’âme des soirs de jadis a gardé son côté intime et
de las leyendas. Pero el alma de las tardes de antaño conservo su costado intimo y
cle
comme sur la cour. On entend souffler dans leurs clefs toutes les bêtes de la
como sobre la corte. Escuchamos soplar en sus propias claves todas las bestias de la

terre nocturne. Un crapaud râle sous une grosse feuille, d’une crécelle sourde
tierra nocturna. Un sapo gime bajo una hoja grande, de un traqueteo sordo

et grave. Un insecte lime_à son établi. Tout n’est que douceur lancinante.
y grave. Un insecto lima en su banco de trabajo. Todo no es mas que suavidad lacerante

Ô jardin de jadis, veilleuse parfumée…


Oh, jardin de antaño! Velador perfumado....

Le soir emplit jusqu’aux bords les dahlias écrits en ronde. Les belles-de-nuit

ont leurs réveils de vieilles filles. Les vers luisants font leur petite moue

lointaine. Les sphinx, en courriers, tirent d’une fleur à l’autre, ou volent sur

place et s’auréolent du ronflement de leurs ailes. Les chauves-souris font

leurs tours de cartes sur la lune. Au fond, les toits de la Bernadine fument

légèrement contre son cœur.

labwaema~
Très loin, l’aboiement des chiens n’est plus qu’un froissement contre la
Muy lejos, el ladrido de los perros no es más que un rozamiento contra la

trappe de la route, de cette route si étrange qui descend de chute en chute


trampa de la ruta, de esta ruta tan extraña que desciende de caida en caida
aux clairières de lune où songent les cerveaux de vieil or des morilles. Le fer
a los claros de luna donde sueñan (despiertos) los cerebros del antiguo oro de las morillas.

i
d’une roue sur une pierre y tinte.
El hierro de una rueda sobre una rueda tintinea.

Quand Elle arrivait par l’escalier de bois sonore, elle frôlait les feuilles d’une
Cuando ella leggaba por la escalera de sonora madera, ella frotaba las hojas de una

branche basse. La branche tremble encore. Une buire, qui n’est plus la
rama baja. Larama tiembla todavia. Un vaso que no es más de ella,

doena~gar lesuti
sienne, luit toujours au fond d’un hangar, avec les outils, comme_un rappel
brilla siempre en el fondo de un cobertizo, con las herramientas, como un recuerdo

de la mare.
de un estanque.

syr
Une nuit, nous_étions_assis là, dehors, sur la petite butte. Elle contre l’arbre,
Una noche, estabamos setados aca, sobre el pequeño montículo. Ella contra el arbol,

moi par terre. Et j’avais laissé rouler ma tête sur ses genoux, dans le silence
yo por la tierra. Y habia dejado rolar mi cabeza sobre sus rodillas, en el silencio jadeante

haletant des pensées. Et je pleurais doucement. Et/au bord de la plaine, dans_


de los pensaientos. Y yo lloraba dulcemente. Y l borde de la llanura, en un

un cercle de lune, une bête charmante, toute droite et toute blanche, était
circulo de luna, una bestia encantadora, derechita y blanca, salió

sortie de terre pour nous regarder…


de la tierra para observarnos.

Léon-Paul Fargue

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