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Textes descriptifs

Un début de roman

En 1829 , par une jolie matinée de printemps , un homme âgé d' environ cinquante ans suivait à cheval
un chemin montagneux qui mène à un gros bourg situé près de la Grande - Chartreuse . Ce bourg est
le chef-lieu d' un canton populeux circonscrit par une longue vallée. Un torrent à lit pierreux souvent
à sec, alors rempli par la fonte des neiges arrose cette vallée serrée entre deux montagnes parallèles,
que dominent de toutes parts les pics de la Savoie et ceux du Dauphiné. Quoique les paysages compris
entre la chaîne des deux Mauriennes aient un air de famille , le canton à travers lequel cheminait l'
étranger présente des mouvements de terrain et des accidents de lumière qu'on chercherait
vainement ailleurs. Tantôt la vallée subitement élargie offre un irrégulier tapis de cette verdure que
les constantes irrigations dues aux montagnes entretiennent si fraîche et si douce à l' oeil pendant
toutes les saisons. Tantôt un moulin à scie montre ses humbles constructions pittoresquement
placées, sa provision de longs sapins sans écorce, et son cours d' eau pris au torrent et conduit par de
grands tuyaux de bois carrément creusés, d' où s' échappe par les fentes une nappe de filets humides
. (Balzac, Le médecin de campagne)

Une nuit dans les déserts du Nouveau-Monde

Un soir je m’étais égaré dans une forêt, à quelque distance de la cataracte de Niagara; bientôt je vis
le jour s’éteindre autour de moi, et je goûtai dans toute sa solitude le beau spectacle d’une nuit dans
les déserts du Nouveau-Monde.

Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé.
Une brise embaumée, que cette reine des nuits amenait de l’orient avec elle, semblait la précéder dans
les forêts comme sa fraîche haleine. L’astre solitaire monta peu à peu dans le ciel: tantôt il suivait
paisiblement sa course azurée ; tantôt il reposait sur des groupes de nues qui ressemblaient à la cime
de hautes montagnes couronnées de neige. Ces nues, ployant et déployant leurs voiles, se déroulaient
en zones diaphanes de satin blanc, se dispersaient en légers flocons d’écume, ou formaient dans les
cieux des bancs d’une ouate éblouissante, si doux à l’œil, qu’on croyait ressentir leur mollesse et leur
élasticité.

La scène sur la terre n’était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait
dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus
profondes ténèbres. La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour
reparaissait brillante des constellations de la nuit.

La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau ne sauraient s’exprimer dans les langues


humaines; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. En vain, dans nos champs
cultivés, l’imagination cherche à s’étendre ; elle rencontre de toutes parts les habitations des hommes
: mais dans ces régions sauvages, l’âme se plaît à s’enfoncer dans un océan de forêts, à planer sur le
gouffre des cataractes, à méditer au bord des lacs et des fleuves, et pour ainsi dire, à se trouver seule
devant Dieu.

Chateaubriand, Génie du Christianisme.

Les pauvres gens

Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close.

Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose

Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur.

Des filets de pêcheur sont accrochés au mur.

Au fond, dans l'encoignure où quelque humble vaisselle

Aux planches d'un bahut vaguement étincelle,

On distingue un grand lit aux longs rideaux tombants.

Tout près, un matelas s'étend sur de vieux bancs,

Et cinq petits enfants, nid d'âmes, y sommeillent

La haute cheminée où quelques flammes veillent

Rougit le plafond sombre, et, le front sur le lit,

Une femme à genoux prie, et songe, et pâlit.

C'est la mère. Elle est seule. Et dehors, blanc d'écume,

Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume,

Le sinistre océan jette son noir sanglot.

(Victor Hugo, La Légende des siècles)

Le Salon de la Tante Marthe

Il m’arrivait, alors que ma tante Marthe était toujours de ce monde, de lui rendre des visites quasi-
hebdomadaires, dont on me dit qu'elle se réjouissait énormément. Ma mère et elle se partageaient
une haine mutuelle et cette première n’aimait point qu’on assujettise sa jeune enfant à ce qu’elle
surnommait à l’époque la foliesse d’un être décadent. Chaque matin, de chaque samedi, de chaque
semaine cependant, à moins que le patriarcat ne soit piqué par l’immonde envie de faire une excursion
de camping familial en campagne, je partais en taxi chez la tante Marthe, ayant lénifié, du mieux que
mes huit ou dix ans le permettait, la coléreuse inquiétude de madame, ma mère.

Tante Marthe habitait à l’autre bout de la ville, coin des artistes, des rêveurs, des vagabonds et des
marginalisés, dans une toute petite maison bien singulière avec ses colombages de bois noir dans le
marais de pierres et de briques entre lesquelles elle se trouvait. En entrant dans sa demeure on
pénétrait dans un long couloir sombre et froid, où parvenait à briller le parquet, ciré aux patins. Et
partout, accrochés aux murs, tout un fourbis d’écharpes de soies de toutes les grandeurs et de toutes
les couleurs, rouges courroucées, jaunes et oranges espagnols, bleus et verts ceinturés de délicats fils
dorés, châtoyaient allégrement, aveugles à la triste nudité de leur lieu. Le couloir débouchait sur le
vaste salon où m’attendait toujours la tante Marthe. J’avais alors, l’habitude d’humer à plein poumons
les odeurs entrelacées d’épices de cari, d’encens et de piments qui stagnaient entre l’embrassure de
la porte du salon. Pudiquement anglais ce salon, où figuraient des fauteuils crapauds de velours rose
et des canapés capitonnés et douillets, recouverts de larges fleurs rouges et roses sur un fond de
crème, et où se plongeaient volontiers les derrières. Une haute vitrine d’acajou se blottissait
humblement dans un coin, hébergeant tout un harem de babioles fragiles. Une horloge de parquet
menaçante, boudait à quelques pas, carillonnant avec violence les heures fuyantes de la journée.
Tables, tabourets et commodes d’ébène, recueillis dans quelles annales de l’époque coloniale
affublaient eux aussi la chambre du salon. Trônant majestueusement sur l’un des canapés, le ventre
saillant sous sa longue robe noire, qu’elle avait tenté discrètement de dissimuler par voie d’une
écharpe mauve nouée autour de la taille et qui jurait odieusement avec la chasteté du mobilier; elle
m’attendait, la tante Marthe, les bras ouverts et les yeux moites d’émotion. (Marie-Michelle Melotte)

1. Cherchez dans le dictionnaire tout le vocabulaire dont vous avez besoin pour comprendre les textes.
Approfondissez votre connaissance de ce vocabulaire en regardant dans votre dictionnaire l'utilisation
du mot, les différentes formes (surtout pour les verbes), les mots de la même famille, les collocations
(mots qui l'accompagnent souvent - par exemple les collocations de hot en anglais sont hot potatoes,
a hot temper, etc.). Préparez une fiche ou une feuille pour deux ou trois mots.

2. Examinez le début et la fin de chaque texte. Y a-t-il une introduction? Une conclusion? S'il y en a,
s'agit-il d'une séquence narrative, argumentative ou descriptive?

3. Divisez chaque description en parties. Utilisez un petit dessin pour vous aider si vous voulez.
Trouvez le connecteur ou l'expression, s'il y en a, qui introduit chaque partie, et décrivez le type de
progression utilisée (zoom, travelling, mouvement du narrateur, etc.).

4. Est-ce que chaque description a un point culminant? En quoi consiste-t-il? Est-ce un élément dans
le monde décrit? Est-ce une moralité? un moment pathétique? un événement?
Exemple de début de pastiche d'un de ces textes.

Un beau jour de 2002, une jeune femme conduisait une superbe auto à grande vitesse sur l'autoroute
transcanadienne qui mène à la petite ville de Banff.

Structure: temps, personnage inconnu, activité, chemin, destination

Intérêt: suspense. qui est-ce? pourquoi va-t-elle à Banff? qu'y fera-t-elle?

Chute finale: la syntaxe miroir du voyage, avec Banff comme destination finale / mot final

Banff, célèbre lieu de villégiature, qui attire chaque année des touristes du monde entier, est situé
dans une large vallée à travers laquelle l'autoroute avance en serpentant.

Transition: on passe de la ville à la vallée, qu'on décrira ensuite.

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