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Le droit communautaire dans

la légalité administrative
Art. 55 de la Constitution

• « Les traités ou accords


régulièrement ratifiés ou approuvés
ont, dès leur publication, une autorité
supérieure à celle des lois, sous
réserve, pour chaque accord ou
traité, de son application par l’autre
partie. »
Article 88-1 de la Constitution
• loi constitutionnelle du 25 juin 1992 (Traité
de Maëstricht)
• « La République participe aux
Communautés européennes et à l’Union
européenne, constituées d’États qui ont
choisi librement, en vertu des traités qui
les ont instituées, d’exercer en commun
certaines de leurs compétences. »
§1 – Le droit originaire : norme
internationale classique
• Rang infraconstitutionnel
– art. 54 de la constitution
• Ex : Traité de Maëstricht :
– CC 92-308 DC du 9 avril 1992
– CC 92-312 DC du 2 septembre 1992
– CC 92-313 DC du 23 septembre 1992
• Ex : Traité d’Amsterdam :
– CC 97-394 DC du 31 décembre 1997
– Question de la primauté du droit communautaire
• CJCE 15 juillet 1964, Costa ¢ Enel, 6/64
• CJCE 9 mars 1978, Simmenthal, 106/77
§1 – Le droit originaire : norme
internationale classique (suite)
• Rang supralégislatif
– Mais pas de contrôle de la conventionnalité des lois
par le Conseil constitutionnel : CC 74-54 DC du 15
janvier 1975, IVG
• Sauf si renvoi de la constitution : art. 88-3, CC 92-312 DC
Maëstricht 2, CC 98-400 DC du 20 mai 1998, Droit de vote des
ressortissants communautaires
• Sauf si évolution sur le fondement de l’art. 88-1
– Contrôle par le juge ordinaire
• CE Ass. 20 octobre 1989, Nicolo
• Sous réserve de l’effet direct des dispositions invoquées ex.
art. 87 et 88 TCE
§ 2 - La question du droit dérivé
• Deux difficultés principales :

– Pas de procédure spécifique de contrôle de


constitutionnalité et concurrence avec les
procédures communautaires (annulation, question
préjudicielle)

– Effet des directives communautaires en droit interne


A – Le rang infraconstitutionnel du
droit dérivé
• 1°/ - Le rôle du Conseil constitutionnel
– Pas de procédure : en l’absence de ratification
la procédure de l’art. 54 n’est pas utilisable
– Mais possibilité de contrôler les lois de
transposition des directives
– Jurisprudence :
• CC 2004-496 DC du 10 juin 2004, Loi pour la
confiance en l’économie numérique
CC 2004-496 DC du 10 juin 2004, Loi pour
la confiance en l’économie numérique
• Considérant qu'aux termes de l'article 88-1 de la Constitution : " La
République participe aux Communautés européennes et à l'Union
européenne, constituées d'Etats qui ont choisi librement, en vertu des
traités qui les ont instituées, d'exercer en commun certaines de leurs
compétences " ; qu'ainsi, la transposition en droit interne d'une
directive communautaire résulte d'une exigence constitutionnelle à
laquelle il ne pourrait être fait obstacle qu'en raison d'une disposition
expresse contraire de la Constitution ; qu'en l'absence d'une telle
disposition, il n'appartient qu'au juge communautaire, saisi le cas
échéant à titre préjudiciel, de contrôler le respect par une directive
communautaire tant des compétences définies par les traités que des
droits fondamentaux garantis par l'article 6 du Traité sur l'Union
européenne ;
Article 6 du Traité sur l'Union
européenne
• « 1. L'Union est fondée sur les principes de la liberté, de la démocratie, du respect
des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que de l'État de droit,
principes qui sont communs aux États membres.
• « 2. L'Union respecte les droits fondamentaux, tels qu'ils sont garantis par la
convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, signée à Rome le 4 novembre 1950, et tels qu'ils résultent des
traditions constitutionnelles communes aux États membres, en tant que principes
généraux du droit communautaire.
• « 3. L'Union respecte l'identité nationale de ses États membres.
• « 4. L'Union se dote des moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs et pour
mener à bien ses politiques. »
Evolution de la formule
• CC 2006-540 DC du 27 juillet 2006, Loi
relative au droit d'auteur et aux droits
voisins dans la société de l'information :
« la transposition d'une directive ne saurait
aller à l'encontre d'une règle ou d'un
principe inhérent à l'identité
constitutionnelle de la France, sauf à ce
que le constituant y ait consenti ; »
A – Le rang infraconstitutionnel du
droit dérivé (suite)
• 2°/ - Le rôle du juge administratif

– Intervient si le principe du traité – écran ne l’interdit


pas, donc spécialement dans le cas du droit dérivé

– Décision récente : CE Ass., 8 février 2007, SOCIETE


ARCELOR ATLANTIQUE ET LORRAINE et autres,
n° 287110 : relative aux directives, devrait aussi
concerner les règlements et toutes normes de droit
dérivé
CE Ass., 8 février 2007, SOCIETE ARCELOR
ATLANTIQUE ET LORRAINE et autres, n° 287110
• Normes de référence

– Considérant que si, aux termes de l’article 55 de la Constitution, «les


traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour
chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie », la
suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux ne saurait
s’imposer, dans l’ordre interne, aux principes et dispositions à valeur
constitutionnelle ; (reprise de CE Ass. 30 octobre 1998 Sarran et
Levacher)
– qu’eu égard aux dispositions de l’article 88-1 de la Constitution, selon
lesquelles « la République participe aux Communautés européennes et
à l’Union européenne, constituées d’Etats qui ont choisi librement, en
vertu des traités qui les ont instituées, d’exercer en commun certaines
de leurs compétences », dont découle une obligation constitutionnelle
de transposition des directives, le contrôle de constitutionnalité des
actes réglementaires assurant directement cette transposition est
appelé à s’exercer selon des modalités particulières dans le cas où sont
transposées des dispositions précises et inconditionnelles ;
CE Ass., 8 février 2007, SOCIETE ARCELOR
ATLANTIQUE ET LORRAINE et autres, n° 287110
• Prise en compte du droit communautaire

– qu’alors, si le contrôle des règles de compétence et de procédure ne se trouve


pas affecté, il appartient au juge administratif, saisi d’un moyen tiré de la
méconnaissance d’une disposition ou d’un principe de valeur constitutionnelle,
de rechercher s’il existe une règle ou un principe général du droit
communautaire qui, eu égard à sa nature et à sa portée, tel qu’il est interprété
en l’état actuel de la jurisprudence du juge communautaire, garantit par son
application l’effectivité du respect de la disposition ou du principe
constitutionnel invoqué ;

– que, dans l’affirmative, il y a lieu pour le juge administratif, afin de s’assurer de


la constitutionnalité du décret, de rechercher si la directive que ce décret
transpose est conforme à cette règle ou à ce principe général du droit
communautaire ; qu’il lui revient, en l’absence de difficulté sérieuse, d’écarter
le moyen invoqué, ou, dans le cas contraire, de saisir la Cour de justice des
Communautés européennes d’une question préjudicielle, dans les conditions
prévues par l’article 234 du Traité instituant la Communauté européenne ;
CE Ass., 8 février 2007, SOCIETE ARCELOR
ATLANTIQUE ET LORRAINE et autres, n° 287110

• Réserve de l’identité constitutionnelle

– qu’en revanche, s’il n’existe pas de règle ou de


principe général du droit communautaire garantissant
l’effectivité du respect de la disposition ou du principe
constitutionnel invoqué, il revient au juge administratif
d’examiner directement la constitutionnalité des
dispositions réglementaires contestées ;
– Contrôle de constitutionnalité des normes
internationales de manière générale ?
B – Le rang supralégislatif du droit
dérivé
• 1 – Le rôle du Conseil constitutionnel
• CC 2006-535 DC du 30 mars 2006, Loi pour l’égalité
des chances (CPE)
– « si la transposition en droit interne d'une directive
communautaire résulte d'une exigence constitutionnelle, il
n'appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu'il est
saisi en application de l'article 61 de la Constitution,
d'examiner la compatibilité d'une loi avec les dispositions
d'une directive communautaire qu'elle n'a pas pour objet de
transposer en droit interne »
A – Le rang supralégislatif du droit
dérivé (suite)
• CC 2006-540 DC du 27 juillet 2006, Loi relative au droit d'auteur et aux
droits voisins dans la société de l'information

– « la transposition en droit interne d'une directive communautaire résulte


d'une exigence constitutionnelle »
– « il appartient par suite au Conseil constitutionnel, saisi dans les
conditions prévues par l'article 61 de la Constitution d'une loi ayant pour
objet de transposer en droit interne une directive communautaire, de
veiller au respect de cette exigence »
– « devant statuer avant la promulgation de la loi dans le délai prévu par
l'article 61 de la Constitution, le Conseil constitutionnel ne peut saisir la
Cour de justice des Communautés européennes de la question
préjudicielle prévue par l'article 234 du traité instituant la Communauté
européenne ; il ne saurait en conséquence déclarer non conforme à
l'article 88-1 de la Constitution qu'une disposition législative
manifestement incompatible avec la directive qu'elle a pour objet de
transposer ; en tout état de cause, il revient aux autorités
juridictionnelles nationales, le cas échéant, de saisir la Cour de justice
des Communautés européennes à titre préjudiciel ; »
A – Le rang supralégislatif du droit
dérivé (suite)
• 2°/ – Le rôle du juge administratif

– CE 24 septembre 1990, Boisdet, p. 250

– CE Ass. 28 février 1992, SA Rothmans


International France, p. 80, concl. M. Laroque.
A – Le rang supralégislatif du droit
dérivé (suite)
• 3°/ - L’effet des directives

– Art. 249 (ex 189) TCE

• « La directive lie tout Etat membre destinataire


quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la
forme et aux moyens. »
3°/ - L’effet des directives
• a - La jurisprudence communautaire
– CJCE 17 décembre 1970, Sté SACE,
aff. 33/70, p. 1213
– CJCE 4 décembre 1974 Van Duyn, aff. 41/74,
Rec. 1337
– CJCE 5 avril 1979 Ratti, aff. 148/78, Rec.
1629
– CJCE 18 décembre 1997 Inter-
Environnement, aff. C-129/96, Rec. I-7411.
3°/ - L’effet des directives (suite)
• b - La jurisprudence administrative

– Conformité des règlements


– CE 28 septembre 1984, Conf. nationale des sociétés de protection
des animaux de France, p. 512
– CE 7 décembre 1984, Fédération française des sociétés de
protection de la nature et autres, p. 410
– CE 10 janvier 2001, France nature environnement, n° 217 237.
– CE 13 décembre 1989, Alitalia, p. 44
– CE Sect. 3 décembre 1999, Association ornithologique et
mammalogique de Saône et Loire
– CE 24 février 1999, Association des patients de la médecine
d’orientation anthroposophique
– CE Sect. 23 juin 1995, SA Lilly France, p. 257, concl. Chr. Maugüé
L’effet des directives (suite)
• Contrôle de conventionnalité
– 28 février 1992, SA Rothmans International France et
SA Philip Morris France, p. 80, concl. M. Laroque

• Contrôle des décisions individuelles


– CE Ass. 22 décembre 1978, Cohn-Bendit, p. 524, D.
1979.155, concl. Genevois
– CE 8 juillet 1991, Palazzi, p. 276
– Ass. 6 février 1998, Tête, RFDA 1998, p. 107 s.,
concl. H. Savoie

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