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En arrière-plan: tour Eiffel, 1889.

Chapitre 5

des
structures
Mécanique

Mécanique – Chapitre 5
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1

Copyright: P. Vannucci, UVSQ


paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
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Contenu du chapitre 5 (1)

 1. Introduction
 Définition de structure
 Classification géométrique des structures
 Classification statique des structures

 2. Résistance des Matériaux


 Caractéristiques de la sollicitation
 Les équations d’équilibre des poutres
 La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli
 Le calcul des contraintes dans les poutres
 La stabilité élastique

 3. Méthodes de calcul des structures


 Les treillis
 Structures de poutres
 Plaques et coques
 Méthodes numériques modernes
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Mécanique – Chapitre 5 2
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Contenu du chapitre 5 (2)

 4. Structures non résistant à la traction


 Équilibre d’un bloc appuyé
 Équilibre d’un arc en pierre
 Le béton armé et le béton précontraint

 5. Bibliographie
 En librairie…
 …et sur Internet

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Mécanique – Chapitre 5 3
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Chapitre 1

 1. Introduction
 Définition de structure
 Classification géométrique des structures
 Classification statique des structures
En arrière-plan: schéma du viaduc de Millau, 2004.

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Mécanique – Chapitre 5 4
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Définition de structure
 Au sens stricte, on appelle structure un quelconque
assemblage de corps capable d’être en équilibre sous
l’action d’un système quelconque de forces
appliquées (dans la limite de la résistance des
matériaux qui la composent).
 La caractéristique essentielle d’une structure est donc
celle d’être en mesure d’assurer l’équilibre toujours,
pour n’importe quel ensemble de forces appliquées:
une structure ne se met pas en mouvement! (mises à
part les déformations dues aux forces, déformations
modestes en HPP et qui, en régime élastique, sont
toujours récupérées une fois le chargement terminé).
 Cette distinction permet donc de différencier une
structure d’un mécanisme qui, lui, est un assemblage
conçu pour permettre un ou des mouvements.
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Mécanique – Chapitre 5 5
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Classification géométrique des structures (1)

 Les structures peuvent être classifiées selon le


géométrie des corps qui les composent.
 La classification suivante prend en compte cet aspect
mais aussi d’autres particularités, liées par exemple
aux types de lien entre les corps constituant la
structure.
 D’autres classifications des structures sont possibles,
une exclusivement mécanique, qui sera présentée ci-
après et qui permettra de mieux comprendre la
différence entre mécanisme et structure, une autre
typiquement technologique, sur la base du type de
matériau utilisé, qui sera présentée au chapitre
suivant.
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Mécanique – Chapitre 5 6
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Classification géométrique des structures (2)

 Poutre: on appelle poutre un corps qui a la caractéristique


essentielle d’avoir une dimension nettement plus grande que les
deux autres.
 Une poutre est donc une structure linéaire, qui peut être identifiée
avec son axe: c’est un corps monodimensionnel.
 Il existe plusieurs types de poutres:
 poutre droite: c’est une poutre à axe
rectiligne; la section transversale peut être
constante ou non;
 poutre courbe: c’est une poutre à axe
courbe; encore, la section peut être
constante ou non; appartiennent à cette
catégorie les arcs, mais aussi des poutres
qui ont pour axe une courbe
tridimensionnelle, comme p.ex. certains
escaliers en colimaçon; ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 7
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Classification géométrique des structures (3)

 barre: c’est une poutre droite, normalement à


section constante, qui à la particularité
d’avoir des rotules aux extrémités.
 Plaque: on appelle plaque un corps plan qui a
une dimension, l’épaisseur, beaucoup plus petite
que les deux autres.
 Une plaque est donc une structure plane qui
peut être identifiée avec son plan moyen; c’est
un corps bidimensionnel.
 Normalement, les plaques ont une épaisseur
constant.
 Coque: on appelle coque un corps qui, comme
une plaque, a une dimension, l’épaisseur,
beaucoup plus petite que les deux autres, mais
qui n’est pas plane.
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Mécanique – Chapitre 5 8
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Classification géométrique des structures (4)

 Charpente: c’est une structure formée par


un assemblage de poutres; le plus souvent,
il s’agit de structures planes formées par
des poutres droites.

 Treillis: ce sont des structures formées par


des barres; tous les joints sont donc des
rotules. Même dans ce cas il s’agit souvent
de structures planes.

 Évidemment, des structures plus


complexes peuvent être formées en
combinant plusieurs types structuraux dans
la même structure.

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Mécanique – Chapitre 5 9
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Classification statique des structures (1)

 Une classification mécanique des structures concerne


la relation entre une structure et les équation de la
statique.
 On a vu en fait que les équations de la statique sont au
nombre de 6 pour chaque corps rigide (3 pour les
structures planes).
 Or, il y a en général trois cas possibles:
 le nombre d’équations de la statique est supérieur au nombre
d’inconnues: la structure est statiquement impossible, ou
hypostatique;
 le nombre d’équations est égal au nombre d’inconnues: la
structure est statiquement déterminée ou isostatique;
 le nombre d’équations est inférieur au nombre d’inconnues: la
structure est statiquement indéterminée ou________________________________
hyperstatique.
Mécanique – Chapitre 5 10
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Classification statique des structures (2)

 Voyons un exemple pour mieux comprendre: une poutre appuyée


(exemple plan, 3 degrés de liberté).
 Considérons d’abord le cas où la poutre est montée sur deux
appuis simples: les inconnues sont 2, les deux réactions
verticales, mais les équations 3: la structure est hypostatique.
 En fait, reste un degré de liberté, la translation horizontale, qui
n’est pas empêché par les appuis.
 Il faut quand même souligner que cette structure peut être en
équilibre, p. ex. si les forces sont verticales, mais elle ne sera pas
automatiquement, toujours en équilibre, pour tout type d’action: à
stricte rigueur, ce n’est pas une structure, mais un mécanisme!
 En fait, celle-ci c’est le cas d’une planche à roulette!
Équilibre impossible:
possible mouvement!

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Mécanique – Chapitre 5 11
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Classification statique des structures (3)

 Si maintenant un des deux appuis simples devient un appui fixe,


les inconnues sont 3, les deux réactions verticales plus
l’horizontale: la structure est isostatique.
 Cette structure assure toujours l’équilibre, pour tout type d’action
appliquée.
 Si on ajoute un autre appui, les inconnues deviennent 4, mais les
équations restent 3: on ne peut pas les déterminer avec les
seules équations de la statique: la structure est hyperstatique et
elle aussi, comme l’isostatique, assure toujours l’équilibre.
 Pour trouver les réactions dans ce cas, il faut abandonner le
modèle de corps rigide et prendre en considération la
déformabilité du corps: c’est le domaine de la mécanique des
structures!

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? Mécanique – Chapitre 5 12
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Chapitre 5

 2. Résistance des Matériaux


 Caractéristiques de la sollicitation
En arrière-plan: épures du pont Maria Pia sur le Douro, Porto (G. Eiffel, 1877).

 Les équations d’équilibre des poutres


 La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli
 Le calcul des contraintes dans les poutres
 La stabilité élastique

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Mécanique – Chapitre 5 13
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Caractéristiques de la sollicitation (1)

 La Résistance Des Matériaux (RDM) s’occupe du calcul des


structures déformables.
 Le but essentiel est double:
 calculer les déformations d’une structure;
 calculer les contraintes dans une structure.
 Dans les deux cas, les résultats seront confrontés avec les
valeurs admissibles, prescrits par la loi et par le type de matériau
choisi.
 Considérons ici le cas de charpentes et de treillis, à savoir les
structures constituées par des poutres ou des barres.
 La question est comment calculer déformations et contraintes à
partir des forces appliquées?
 Nous allons considérer ceci dans le cas d’une poutre rectiligne
de section constante.
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Mécanique – Chapitre 5 14
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Caractéristiques de la sollicitation (2)

 Considérons donc une poutre dont on connaît les actions, y


compris les réactions appliquées aux extrémités.
 Précisons que les réactions se calculent avec les équations de la
statique, si la structure est isostatique, ou avec les méthode de la
mécanique des structures, si la structure est hyperstatique. On
verra après ce deuxième cas.
 Le cas le plus général est donc celui de figure (page suivante),
qui représente aussi le schéma de calcul qu’on adopte ici (l’axe z
passe par le barycentre de la section droite de la poutre).
 La clé pour comprendre ce qu’on va introduire est ce qu’on
appelle l’Axiome de Séparation d’Euler: si le tout est en équilibre,
chaque partie est en équilibre.
 Cet axiome semble une lapalissade, mais il nous permet
d’introduire le concept de caractéristique de la sollicitation (ou
action interne).
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Mécanique – Chapitre 5 15
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Caractéristiques de la sollicitation (3)
 Le raisonnement implicite dans l’axiome de séparation est
simple:
 la poutre est en équilibre sous l’action des forces appliquées
et des réactions aux extrémités (en rouge);
 imaginons de couper en deux la poutre à l’abscisse z et de la
séparer en deux parties, 1 et 2;
 comme la poutre est en équilibre, l’axiome de séparation nous
garantie que chaque partie, 1 et 2, est encore en équilibre;
 considérons, p. ex., la
partie 1: en général, les
M0
actions qui lui sont
x appliquées ne sont pas
R0 1 en équilibre, car elles
y formaient un système
M(z) z M1
équilibré avec celles
R(z) 2 appliquées sur 2;
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R1 Mécanique – Chapitre 5 16
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Caractéristiques de la sollicitation (4)

 ceci implique, par le PFS, que 1 ne peut pas être en équilibre


(et de même pour 2), ce qui est en contradiction avec l’axiome
de séparation;
 l’équilibre de 1 est donc garanti par l’existence d’autres
forces, qui se transmettent de 2 à 1 à travers la surface de
séparation: ce sont les actions internes (jaunes en figure);
 elles sont dues à la cohésion entre les parties matérielles de
la poutre;
 avec toutes les actions appliquées à 1, elles forment un
système équilibré; ceci nous permet de les calculer, à l’aide
du PFS;
 par le PAR, les actions internes appliquées de la part de 2 sur
1 sont égales et contraires aux actions internes appliquées de
la part de 1 sur 2.

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Mécanique – Chapitre 5 17
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Caractéristiques de la sollicitation (5)
 Les forces de cohésion sont la résultante des contraintes
internes agissantes sur la face de la section de séparation.
 Ces forces peuvent toujours se réduire à une force, R(z),
appliquée en correspondance du barycentre de la section et à un
moment, M(z).
 Elles sont fonction de l’ordonnée z car, évidemment, les actions
qu’elles doivent équilibrer sont celles appliquées à la poutre entre
l’extrémité z= 0 et l’ordonnée z.
 Or, il convient de décomposer ces deux vecteurs, R(z) et M(z),
selon leurs composantes sur les trois axes.
 Ces composantes des actions internes s’appellent les
caractéristiques de la sollicitation, qui sont donc au nombre de 6:
R x , R y , R z , M x , My , M z .
 Ces composantes se calculent directement avec les PFS; comme
celui-ci se décline en 6 équations, il est toujours possible de
calculer les caractéristiques de la sollicitation par les équations
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d’équilibre de la statique. Mécanique – Chapitre 5 18
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Caractéristiques de la sollicitation (6)
 Voyons de plus près ces caractéristiques de la sollicitation:
 les deux composantes Rx et Ry sont des forces orthogonales à
l’axe de la poutre; elles s’appelles efforts tranchants, et sont
normalement indiqués, respectivement, avec Tx et Ty;
 la composante Rz est parallèle à l’axe de la poutre et s’appelle
effort normal, d’habitude indiqué avec N; cette force est
positive si de traction (elle tend alors à allonger la poutre),
négative si de compression (et alors elle tend à la rétrécir);
 les deux composantes Mx et My s’appellent moments
fléchissants; ils tendent en fait à fléchir la poutre, autour
respectivement de l’axe x et y;  la composante Mz s’appelle
M0 moment de torsion, souvent
indiqué par Mt; elle provoque
x la torsion de la poutre autour
R0 Rx Mz
1 Mx Rz de l’axe z.
y x R
y
M(z) z My z ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 19
R(z) y
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Les équations d’équilibre des poutres (1)

 Les équations d’équilibre des poutres établissent le lien existant


entre les actions appliquées et les caractéristiques de la
sollicitation.
 Considérons, pour simplicité, le cas plan; il n’y a alors que trois
caractéristiques de la sollicitation qui entrent en jeu: N, Mx et Ty;
comme il n’y a pas d’ambiguïté, on les appellera N, M et T.
 Isolons alors un morceau de poutre de longueur infinitésimale dz,
entre z et z+dz; la situation est celle de figure.
py(z)
 En négligeant les termes d’ordre pz(z)
supérieur, le PFS appliqué au T(z)
morceau en question donne les M(z+dz)
M(z)
équations d’équilibre pour les
N(z) z N(z+dz)
poutres.
y
 Il s’agit d’équations différentielles T(z+dz)
qui lient les actions py et pz à N, M dz
et T. z z+dz
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Mécanique – Chapitre 5 20
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Les équations d’équilibre des poutres (2)
dN
 Équation de l’effort normal:   pz .
dz
Équations
dT
 Équation de l’effort tranchant:   py . d’équilibre
dz des poutres
dM
 Équation du moment fléchissant: T.
dz

 Cette dernière équation montre que T est la dérivée de


M; si on la dérive on obtient aussi le lien directe entre
la charge py et M:
d 2M
2
  py .
dz
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Mécanique – Chapitre 5 21
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Les équations d’équilibre des poutres (3)
 Voyons un exemple classique: une poutre appuyée avec
chargement uniforme. p
dT z
 p  T   pz  c1 .
dz y
l
 La constante d’intégration c1 se détermine en connaissant T(z=0),
qui est évidemment la valeur de la réaction verticale à l’appui:
p  2z
T (z  0 )   T (z )  p .
2 2
 Si on utilise la dernière équation, on détermine M(z):
dM  2z  z
 T (z )  p  M ( z )  pz  c2 .
dz 2 2
 La constante c2 se détermine en connaissant M(z=0), qui est nul
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car on a un appui simple. Donc c2=0. Mécanique – Chapitre 5 22
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Les équations d’équilibre des poutres (4)
 On peut donc tracer les diagrammes de T(z) et de M(z); ce dernier
on peut le trouver directement en intégrant deux fois la dernière
équation de page 21.
 Les diagrammes des caractéristiques sont très importants, car ils
permettent aux ingénieurs, d’un simple coup d’œil, de voir
quelles sont les endroit les plus sollicités d’une structure.
 C’est normalement le moment fléchissant qui détermine le
dimensionnement d’une structure, car c’est celui qui d’habitude
provoque les plus fortes contraintes. p T(z)
Tmax 
 A remarquer que p est la pente 2
de T et T est la pente de M; donc z
si p est nul, T est constant et M
est linéaire, si p est constant, T M(z)
est linéaire et M est parabolique, z
comme c’est le cas en figure. p2
M max 
8
 En outre, M est max où T est nul.
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Mécanique – Chapitre 5 23
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Les équations d’équilibre des poutres (5)

 Voyons des cas typiques:


F F
z z
M(z) T(z)=F
F M max  F
Tmax  T(z)
2 z
z
F
M(z) M max 
2
p p
z z

p2 Structure hyperstatique! M(z)


M max  (voir page 51)
8
5 p p2 T(z)
Tmax  T(z) M max 
8 2
z Tmax  p z________________________________
M(z) Mécanique – Chapitre 5 24
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (1)
 Pour calculer le lien entre les actions appliquées et les
déformations des poutres, il faut établir la façon dont la poutre se
déforme sous l’action des forces appliqués.
 C’est ce qu’on appelle un modèle cinématique; la théorie
classique pour les poutres droites est la théorie d’Euler-Bernoulli.
 Dans ce modèle la poutre se déforme, sous l’action du moment
fléchissant, de sorte à ce que la section droite reste plane et
orthogonale à l’axe moyen qui, lui, se déforme.
 Le seul paramètre géométrique qui décrit la déformée est alors la
flèche, c’est-à-dire le déplacement vertical y de l’axe de la poutre.
 En HPP, la courbure de la déformée (ligne élastique) se confond
avec la dérivée seconde de la flèche.
 Ici, on ne considérera, pour simplifier, que le cas de poutres
rectilignes à section constante.

z p
y ________________________________
y Mécanique – Chapitre 5 25
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (2)

 Dans ces hypothèse, on peut montrer que le lien entre M et y est


le suivant:
d2y
M  EJ 2
.
dz
 Donc, M est directement proportionnel à la courbure (approximée
par la dérivée seconde de la flèche y), le coefficient de
proportionnalité étant la rigidité à la flexion, EJ.
 E est le module d’Young du matériau dont la poutre est faite,
tandis que J est le moment d’inertie de la section droite de la
poutre par rapport à l’axe x (qui, on le rappelle, passe par le
barycentre).
 Cette équation montre que la courbure est plus petite pour les
poutres plus rigides. Ceci peut s’obtenir de deux façons: on
utilise des matériaux rigides, ayant E grand, ou des sections
rigides, ayant J grand (ou les deux, bien sûr!).
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Mécanique – Chapitre 5 26
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (3)

 Le moment d’inertie d’une section augmente, à parité d’aire, avec


l’éloignement du barycentre.
 Par exemple, pour une section rectangulaire d’aire donnée, on a
b
3
bh x
J1  . h
12
y
 Si on place la section avec le côté long (h) horizontal, alors
b3h x h b
J2  .
12 y
 Le rapport est
2
J1  h 
  .
J2  b 
 Comme h>b, J1>J2; voilà pourquoi les poutres rectangulaires sont
toujours avec le côté long en vertical. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 27
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (4)

 Si l’on se rappelle que la dérivée de M est T, la dérivée de


l’équation d’Euler-Bernoulli donne

d 3y
T   EJ 3
.
dz
 Finalement, par le lien entre T et py, par une dernière dérivation
on obtient l’équation

d 4y
py  EJ 4
.
dz
 Celle-ci donne le lien entre le chargement et la flèche.
 Cette équation étant de 4ème ordre, elle nécessite de 4 conditions
au contour (les deux extrémités) pour déterminer les 4
constantes d’intégration.
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Mécanique – Chapitre 5 28
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (5)

 Un examen de l’équation d’Euler-Bernoulli montre que:


 sur les parties où M= 0, la courbure aussi est nulle: la poutre
reste à axe rectiligne dans ces zones;
 si le M= const, même la courbure est constante; la seule
courbe à courbure constante est un arc de cercle; donc, une
poutre se déforme en un arc de cercle seulement lorsque M
est contant et ceci, compte tenu de la relation avec T, se
produit seulement lorsque T= 0, donc seulement si py=0; la
poutre ne peut être chargée qu’avec des couples aux
extrémités.
 Les équations vues permettent de calculer la déformée d’une
poutre, même dans le cas hyperstatique.
 Le contrôle de la déformée est important dans la conception des
structures; p. ex., pour une poutre on tolère une flèche max de
l’ordre de l/400.
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Mécanique – Chapitre 5 29
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La théorie de la poutre d’Euler-Bernoulli (6)

 Quelques valeurs typiques de la flèche max sont:

F F
z z

F3 F3
y max  y max 
48 EJ 3 EJ

p p
z z

5 p4 p4
y max  y max 
384 EJ 8 EJ

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Mécanique – Chapitre 5 30
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Le calcul des contraintes dans les poutres (1)

 Comme déjà dit, une des tâches de la RDM est celle de vérifier la
structure en contrôlant la valeur de la contrainte.
 Il nous faut donc une méthode pour passer des caractéristiques de
la sollicitation (qui sont, on le rappelle, la résultante des
distributions de contraintes sur la section droite de la poutre) aux
contraintes internes.
 Ce problème est connu sous le nom de Problème de Saint Venant,
du nom du scientifique qui l’a résolu.
 Saint Venant a procédé de la manière suivante:
 il considère des poutres droites à section constante, qui sont
sollicitées seulement en correspondance des extrémités;
 en particulier, il n’y a pas d’actions distribuées le long de l’axe
(comme le poids propre, p. ex.);
 il considère un matériau élastique linéaire, homogène et
isotrope et il se place en HPP.
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Mécanique – Chapitre 5 31
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Le calcul des contraintes dans les poutres (2)
 En ce qui concerne les actions sur les bases, il admet que leur
distribution ponctuelle n’a pas d’importance sur le résultat final;
p. ex., pour une poutre soumise à seule action normale, que celle-
ci soit concentrée sur une zone limité autour du barycentre des
sections extrêmes ou qu’elle soit uniformément distribuée sur la
section, n’a pas d’importance, pourvu que la résultante soit la
même, à une distance suffisante de la section d’application
(distance de l’ordre de la plus grande dimension transversale de
la poutre): c’est le Principe de Saint Venant.
 Concrètement, ce Principe nous dit que les zones d’application
du chargement sont des zones particulières, perturbées par la
présence du chargement et à examiner à part, et que la solution
«régulière» se trouve, indépendamment de la façon dont la
charge est appliquée, à une distance suffisante de la section de
~d
chargement.
Zone de validité de la d
solution de Saint Venant
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Zone perturbée, de
Mécanique – Chapitre 5 32
diffusion de la charge
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Le calcul des contraintes dans les poutres (3)

 Saint Venant considère un cas de sollicitation à la fois:


N, M, T, Mt: ce sont les sollicitations pures.
 Ensuite, par la linéarité du problème, il peut appliquer
le Principe de Superposition des Effets (PSE): l’effet
total est égal à la somme des effets des causes
considérées comme agissantes séparément.
 Ainsi, il résout aussi les cas des sollicitations
combinées, où il y a présence à la fois de N, M, T etc.
 Les résultats du Problème de Saint Venant sont
ensuite appliqués aussi à des cas différents de ceux
prévus, notamment pour les poutres courbes, à
section variables, avec des forces distribuées.
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Mécanique – Chapitre 5 33
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Le calcul des contraintes dans les poutres (4)

 En fait, l’expérience montre que l’utilisation des


résultats du Problème de Saint Venant même dans ces
cas est en très bon accord avec les résultats
expérimentaux: les hypothèses faites sur la géométrie
de la poutre et sur la distribution des actions
extérieures n’affectent pas les résultats de façon
sensible et la solution trouvée par Saint Venant est
donc techniquement valable!
 La génialité de Saint Venant a donc été celle d’avoir su
simplifier efficacement un problème très complexe et
d’en avoir trouvé la solution, tout en ayant compris
que la portée de ces résultats allait au delà du cadre
théorique prévu et constituait la solution définitive du
problème de la poutre: c’est un pas fondamental de
l’ingénierie et un modèle pour la solution de nombreux
autres problèmes. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 34
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Le calcul des contraintes dans les poutres (5)
 Voyons donc les cas des sollicitations pures.
 Effort normal N: il produit la contrainte normale zz, indiquée
normalement par , uniformément distribuée sur la section droite
(A: aire de la section droite):
N
  .
A
 Moment fléchissant M: il produit la contrainte normale zz,
distribuée de façon antisymétrique sur la section droite (Jxx est le
moment d’inertie de la section droite par rapport à l’axe x et y est
la distance depuis cet axe x, qui est barycentrique):
My
  .
J xx
 C’est la formule de Navier, qui montre que la contrainte due à la
flexion est plus grande sur les points de la section les plus
éloignés du barycentre. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 35
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Le calcul des contraintes dans les poutres (6)

 La contrainte de flexion diminue avec Jxx; a parité d’aire de la


section droite, et donc de matière employée, Jxx augmente avec
l’éloignement de la matière du barycentre, en direction y: c’est le
principe de centrifugation de la matière: pour avoir une section
efficace pour la flexion, il faut avoir la matière loin du barycentre
(on l’avait déjà vu avec les équations de la déformée).
 C’est pour ça que les poutres en acier ont une section en I: ça
permet, à parité de matière employée, d’éloigner au maximum la
matière du barycentre, et donc de maximiser Jxx.
A, J1

x x
J 2  J1
A, J2

y y

________________________________
Mécanique – Chapitre 5 36
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Le calcul des contraintes dans les poutres (7)
 Effort tranchant T: il produit la contrainte tangentielle zy,
indiquée la plus souvent par , donnée par la formule de
Jourawsky:
TS xx
  .
 J xx
 Ici, Sxx est le moment statique par rapport à l’axe x de la portion
de section droite au dessus du point où on calcule  et  est la
largeur de la section au même endroit.
 Pour une section rectangulaire, cette formule devient

 

6T h 2  4 y 2
.

3
4 bh
 Il faut se rappeler que, en réalité, la sollicitation pure d’effort
tranchant n’existe pas, car, par les équations d’équilibre, T est
toujours accompagné par M. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 37
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Le calcul des contraintes dans les poutres (8)

 Torsion Mt: elle provoque une contrainte tangentielle ; dans le


cas d’une section circulaire, pleine ou creuse, la mieux adaptée à
la torsion, la solution est:
Mt r
  .
Jo
 Ici, r est la distance du centre et Jo est le moment d’inertie polaire
de la section par rapport au centre; pour la section circulaire
creuse, il est Jo    Rext  Rint  2 .
2 2

 Cette formule est exacte et a la même structure de celle de Navier


pour la flexion: la contrainte est plus forte sur les points les plus
éloignés du centre.
 Pour des sections de forme différentes, on a des solutions
approximées.
 On voit bien que la contrainte diminue si Jo augment: ceci
s’obtient, a parité d’aire, donc de matière utilisée, en éloignant la
________________________________
matière du centre. Mécanique – Chapitre 5 38
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Le calcul des contraintes dans les poutres (9)
 Voyons alors les diagrammes des contraintes sur une section
droite dans des cas typiques (le  >0 sont celles de traction).
 Section rectangulaire soumise à N, M et T:
+ - -
x

+ +
y N + M =  tot 
 Section en I (de même aire) soumise à N, M et T:
-
+
x

+
y +
N + M =  tot 
 Section circulaire creuse en torsion:
x

________________________________
Mécanique – Chapitre 5 39
y
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Le calcul des contraintes dans les poutres (10)

 Quelques observations sur ces résultats:


 la section rectangulaire convient pour N, M et T, mais pour M la
meilleure section est celle en I;
 une section rectangulaire «verticale» convient pour M, mais
pour T il vaut mieux la même section «horizontale»;
 la section circulaire creuse est la meilleure pour la torsion;
d’autres bonnes sections sont celle tubulaires en général, alors
qu’une section ouverte, comme celle en I, est absolument
inefficace pour la torsion;
 les contraintes M et  maximales ne se trouvent pas au même
endroit: M est max aux bords de la section, alors que  est max
au centre;
 les contraintes  dues à N et M s’ajoutent directement, étant la
même composante du tenseur de la contrainte, mais les  ne
s’ajoutent pas aux , car ce sont des composantes différentes.
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 40
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Le calcul des contraintes dans les poutres (11)
 Une fois les contraintes sur la section connues, on peut les
confronter avec les contraintes admissibles, qui dépendent du
matériau de la poutre et des prescriptions de loi.
 En fait, normalement on admet comme contrainte maximale la
contrainte de la limité d’élasticité du matériau, él: c’est-à-dire, on
veut que la structure reste toujours en zone élastique, comme
déjà dit au chapitre 3 (page 59).
 Or, pour faire face aux inévitables incertitudes, on ne prend pas
él comme limite, mais une fraction de celle-ci, appelé contrainte
admissible, adm:
 él
 adm  .

 Le coefficient  s’appelle coefficient de sécurité; sa valeur est
fixée par la loi (p. ex. pour les constructions en acier il vaut 1.5,
ce qui veut dire que adm est 2/3 de él). Quelqu’un l’appelle aussi
coefficient d’ignorance, car il sert à «effacer» les inévitables
incertitudes. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 41
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Le calcul des contraintes dans les poutres (12)

 Si les seules contraintes en jeu sont les contraintes normales, il


n’y a pas de problème à vérifier la section, car on peut les
confronter directement avec adm.
 Mais s’il y a la contrainte , on ne peut pas les confronter
directement, car la valeur de comparaison est une contrainte
normale.
 Dans ce cas on utilise un critère de résistance, qui transforme les
contraintes  et  agissantes au même endroit en une contrainte
factice, qu’on appelle contrainte idéale, id.
 Le critère le plus employé est celui de Von Mises, pour lequel

 id   2  3 2 .
 C’est un critère énergétique: cette formule est obtenue en limitant
l’énergie de déformation liée au changement de forme de la poutre
(chapitre 3, page 61).
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 42
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Le calcul des contraintes dans les poutres (13)
 Les concepteurs suivent donc la démarche suivante:
 calcul des réactions aux appuis: par le PFS ou le PTV, si la
structure est isostatique, par une méthode du calcul structural
si elle est hyperstatique (on le verra au paragraphe suivant);
 calcul des caractéristiques de la sollicitation;
 traçage des diagrammes des caractéristiques de la
sollicitation;
 individuation des sections les plus sollicitées;
 calcul des contraintes en ces sections;
 calcul de la contrainte idéale maximale;
 vérification par confrontation avec la contrainte admissible.
 D’autres méthodes de vérification existent: ce sont des méthodes
probabilistes, dans lesquelles on cherche à cerner plus
précisément les incertitudes (sur les actions, les matériaux etc.):
c’est l’approche fiabiliste (qu’on ne traitera pas ici).
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 43
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La stabilité élastique (1)
 Les poutres en compression sont soumises au phénomène de la
stabilité élastique, qu’on a déjà considéré au chapitre 2 (page 100
et suivantes).
 Leonardo da Vinci avait eu l’intuition de l’existence de ce
phénomène. Mais c’est un autre Leonard, Euler, qui en y
prouve l’existence et qui donne en 1744 la méthode z
mathématique pour le traiter ainsi que sa solution exacte. y
z
 En fait, la charge maximale qu’une poutre en
compression peut supporter avant que la configuration
rectiligne devienne instable est donnée par la formule

 2 EJ min
Ncrit  2
.
Ncrit

est la charge critique eulérienne; J
 min est le plus petit
moment d’inertie de la section droite de la poutre.
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 44
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La stabilité élastique (2)

 Ncrit donne la valeur de la charge de stabilité, qui est aussi celle


de bifurcation de l’équilibre.
 Les poutres en compression (comme les piliers, les colonnes)
doivent toujours être dimensionnées pour la stabilité, car c’est
une situation beaucoup plus critique que le simple effort normal.
 A parité d’aire, la section qui maximise Ncrit est celle qui maximise
Jmin, donc encore une fois c’est le principe de centrifugation de la
masse qui joue: les sections les plus adaptées sont celles
tubulaires, circulaires ou carrées.
 Le phénomène de la bifurcation/instabilité est très dangereux, car
il n’est pas annoncé par des signes précurseurs: le changement
de configuration est instantané et une fois la poutre courbée, elle
est soumise, au centre, à un moment fléchissant, engendré par la
déformation, si fort que la structure ne peut jamais le supporter:
le résultat est inexorablement l’effondrement instantané de la
construction. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 45
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Chapitre 5
En arrière-plan: schémas de ponts en treillis de A. Palladio (I quattro libri dell’architettura, Venise, 1571).

 3. Méthodes de calcul des structures


 Les treillis
 Structures de poutres
 Plaques et coques
 Méthodes numériques modernes

________________________________
Mécanique – Chapitre 5 46
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Les treillis (1)
 Considérons ici le cas de treillis plans et isostatiques.
 Le calcul d’un treillis consiste à déterminer les réactions aux
appuis et ensuite l’effort normal dans chaque barre.
 En fait, un treillis est une structure composée de barres, c’est-à-
dire de poutres avec aux extrémités des rotules, et chargée
seulement en correspondance des nœuds.
 Dans ce cas, les barres ne sont sollicitées qu’à effort normal, pas
de T ni de M.
 Pour montrer comment on procède, considérons l’exemple en
figure (page suivante): c’est un treillis isostatique avec des
mailles identiques.
 Les réactions aux appuis: elles sont déterminées comme si le
treillis n’était qu’un seul corps. Le PFS nous permet de les
calculer.
 Ensuite, on remplace les appuis par les réactions
correspondantes et on commence le calcul des efforts dans les
barres. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 47
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Les treillis (2)
 Le PFS donne les réactions aux appuis:

F  R 3  0 ,
 P h P h
P  R1  R2  0 ,  R1   F , R2   F , R3  F .
 2 3 2 3
3
3 R1  hF  P  0.
 2
 On imagine de supprimer les appuis et de les remplacer par les
réactions, maintenant connues.
 Or, si l’on considère p. ex. le premier nœud, il y a une force
appliquée, R1. P
 Alors, on peut décomposer F
cette force avec la règle du
parallélogramme, selon les h
R3
deux directions des barres,
car les barres ne sont
soumises qu’à effort axial. R1
l R2
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 48
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Les treillis (3)

P
F
N3 N2 F 4 8
N4 2 3 5 7 9 11
R3
R1 N2 1 6 10
N1
R1 R2
…et ainsi de suite!
 Une fois trouvé la force dans une barre, on la «transporte»
jusqu’à l’autre nœud et on la décompose selon les directions des
autres barres qui partent du nœud.
 Ainsi on propage le calcul jusqu’à la dernière barre.
 Cette technique n’est possible que si le treillis est isostatique; en
fait, si par exemple on arrive dans un nœud où il y a quatre barres
qui arrivent, avec trois efforts inconnus, la décomposition n’est
plus possible: le treillis est hyperstatique et ________________________________
il faut faire appel à
d’autres méthodes. Mécanique – Chapitre 5 49
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
Structures de poutres (1)

 Pour les structures de poutres isostatiques, la démarche


générale a déjà été montrée au chapitre 2 (page 90).
 En fait, dans ce cas ce sont les méthodes de la statique, donc
concernant les corps rigides, qui permettent de résoudre le
problème de la recherche des réactions et du calcul des
caractéristiques de la sollicitation.
 Intéressons nous ici au cas des structures hyperstatiques: dans
ce cas, on a déjà remarqué que l’hypothèse de corps rigide doit
être abandonnée pour pouvoir calculer les réactions
surabondantes, ce qu’on appelle les inconnues hyperstatiques.
 Il existe pour cela plusieurs méthodes, toutes reconductibles au
PTV, écrit pour les poutres déformables.
 On ne peut pas traiter ici ce genre de méthodes dans le détail, car
il s’agit de méthodes plutôt compliquées.
 Toutefois, on peut en donner l’idée de base avec un exemple
simple. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 50
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
Structures de poutres (2)
 Considérons donc le cas de la poutre
en figure.
R1 p
 Il s’agit bien d’une structure A B
hyperstatique, car elle a 4 réactions 2 Rz
R
aux appuis; les équations de la
3 R4
statique étant 3, la structure est donc l
1 fois hyperstatique.
 Si alors on considère la poutre non plus comme un corps rigide,
mais comme un corps élastique, on peut déterminer l’inconnue
surabondante, p. ex. R4.
 Pour cela on élimine l’appui et on le remplace par sa réaction R4.
 La structure est maintenant isostatique (on a éliminé un degré de
lien sur une structure 1 fois hyperstatique): on l’appelle la
structure principale.
 Sur la structure principale agit une force, maintenant considérée
comme active, qui est inconnue: R4, précisément.
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 51
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Structures de poutres (3)
 Le raisonnement qu’on fait pour p
déterminer R4 est simple: Az B
R4
 la vraie structure, celle d’origine, a =
une flèche nulle en B; p
 la structure principale sera z p4
équivalente à celle d’origine si la 8 EJ
flèche en B est nulle; +
R4 3
 cette flèche est due à l’action de la 3 EJ
charge distribuée, p, et de z
l’hyperstatique inconnue R4; R4
4 3
la valeur de R4 est donc celle qui rend p R4 


nulle la flèche en B; 8 EJ 3 EJ
 cette flèche peut se calculer grâce, p. 
ex., à l’équation d’Euler-Bernoulli, en
utilisant le PSE: elle est la somme de 3
R4  p
la flèche due à p plus celle due à R4. 8
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 52
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Structures de poutres (4)

 Maintenant, si l’on revient à la structure d’origine, on connaît 3


inconnues sur 4, et le PFS permet donc de calculer les trois
autres qui manquent.
 Autrement, on peut continuer à utiliser le PSE et dire que chaque
grandeur (réaction, caractéristique de la sollicitation, flèche etc.)
est la somme des deux contributions dues, dans la structure
principale, à p et à R4.
p2 5
 R
On trouve alors, très facilement, que 1  , R 2  0 , R 3  p.
8 8
 Cet exemple montre que la prise en compte de l’élasticité de la
structure est nécessaire pour trouver les inconnues
hyperstatiques.
 Toutefois, dans les cas réels, normalement bien plus compliqués
que ce simple exemple, cette méthode se révèle impraticable, car
la solution de systèmes à grand nombre d’inconnues
hyperstatiques devient trop lourd pour être fait de façon
analytique: il faut faire appel à des méthodes numériques!
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 53
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
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Plaques et coques
 Le calcul des plaques et des coques est une tâche très
compliquée et ne peut pas être abordée dans ce
contexte.
 La théorie classique des plaques est due à Kirchhoff,
et généralise au cas plan bidimensionnel la théorie de
la poutre d’Euler-Bernoulli.
 Ensuite, Love a étendu la théorie de Kirchhoff même
au cas des coques.
 Des solutions analytiques sont connues pur un faible
nombre de cas, particulièrement simples d’un point de
vue géométrique.
 En règle générale, il faut faire encore appel à des
méthodes numériques.
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 54
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Méthodes numériques modernes (1)
 L’avènement de l’ordinateur a provoqué l’épanouissement de ce
qu’on appelle la mécanique numérique.
 Il s’agit de procédures de calcul des structures basées sur des
méthodes d’approximation numérique des équations.
 La méthode la plus connue est la méthode des éléments finis.
 Dans cette méthode, l’objet, la structure, est décomposé en un
certain nombre de parties élémentaires (les éléments finis) à
l’aide d’un maillage.
 Le corps, physiquement continu, est donc discrétisé en un
nombre fini d’éléments.
 Par conséquent, les équations différentielles aux dérivées
partielles se transforment en un système d’équations
algébriques, qu’on peut résoudre avec les techniques classiques
de l’algèbre matricielle.
 Le type d’élément fini utilisé simule le comportement du
matériau: il y a donc des éléments poutre, plaque, coque, 3D,
isotrope, anisotropes, fluides etc. ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 55
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Méthodes numériques modernes (2)

 Ces nouvelles méthodes ont rendu possible ce qu’il semblait


science fiction il y a seulement 30 ans, et aujourd’hui, avec la
puissance des ordinateurs modernes, rien ne semble plus
impossible!

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Mécanique – Chapitre 5 56
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Chapitre 5

 4. Structures non résistant à la traction


En arrière-plan: page du Codice Foster de Leonardo da Vinci avec l’étude des arcs.

 Équilibre d’un bloc appuyé


 Équilibre d’un arc en pierre
 Le béton armé et le béton précontraint

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Mécanique – Chapitre 5 57
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Équilibre d’un bloc appuyé (1)

 Un grand nombre de matériaux utilisés pour la construction des


structures ont un comportement fragile et une résistance à la
traction très petite.
 En outre, ils sont souvent fissurés; parfois les fissures sont
microscopiques, mais suffisantes à réduire à zéro la résistance à la
traction.
 C’est le cas des matériaux comme la pierre, le béton, les
céramiques, la terre cuite.
 En plus, ce même problème se présente pour les corps appuyés
directement l’un sur l’autre: le cas typique est celui des blocs de
fondations, appuyés sur le terrain, ou des blocs de pierre des
constructions antiques, comme les blocs des pyramides, ou des
murs, colonnes et piliers des cathédrales.
 Dans tous ces cas, il faut une théorie capable de prédire les
conditions d’équilibre de ces corps, qui seront dans la suite
considérés comme rigides.
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Mécanique – Chapitre 5 58
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Équilibre d’un bloc appuyé (2)

 Considérons donc un bloc appuyé sur le sol; il est soumis à une


force verticale et à une force horizontale.
 Entre le sol et le bloc il y a du frottement, avec un coefficient de
frottement statique .
 Le problème est double:
 dans quelles conditions on arrive à un état limite d’équilibre
rigide?
 quelle est la distribution des contraintes de contact entre le
bloc et le sol?
 Voyons comment répondre à ces deux questions.
 En ce qui concerne la première, il faut considérer que l’équilibre
du bloc peut se rompre pour deux raisons: une rotation rigide ou
un glissement.
 Examinons séparément ces deux conditions d’équilibre rigide.
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Mécanique – Chapitre 5 59
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Équilibre d’un bloc appuyé (3)

 D’abord la rotation rigide: elle se produit lorsque la résultante des


deux forces sort de la base d’appui.
 En fait, en regardant la figure, la force verticale a un moment
stabilisant par rapport au bord (point A), alors que celle
horizontale a un moment déstabilisant: quand les deux moment
sont de même valeur, on est à l’équilibre limite.
 En correspondance de cette condition, la force résultante passe
par A; si la force horizontale augmente encore (ou celle verticale
diminue), le bloc tourne autour de A.
 La condition pour l’équilibre à la Équilibre
rotation est donc celle-ci: la Équilibre
résultante doit croiser la surface limite
d’appui.
Équilibre
 Ceci est vrai pour tout type de impossible
surface et pour tout système de A
forces appliquées. b
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 60
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Équilibre d’un bloc appuyé (4)
 On peut aussi étudier le problème en termes d’excentricité (e).
 L’excentricité est la distance qu’il y a entre le barycentre de la base
et le point où la force verticale croise la base d’appui:
 Trouver l’excentricité est simple: e  M N .
 M est le moment de toutes les forces par rapport au barycentre, N
est la force verticale.
 En effet, le bloc peut être considéré, de façon équivalente, comme
soumis aux forces effectives, ou à la résultante, verticale et
horizontale, appliquée au barycentre plus le T
moment résultant, ou aux deux résultantes e
appliquées en un point distant e du barycentre N
(c’est le point où la résultante croise la base).
N
 La condition d’équilibre est donc: N
M
T
b
e . T
2 b
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 61
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Équilibre d’un bloc appuyé (5)

 L’autre cause possible de rupture de l’équilibre rigide est le


glissement.
 La seule action qui peut équilibrer une force horizontale
appliquée au bloc est le frottement qui se produit à la surface de
contact.
 C’est alors la loi de Coulomb qui détermine la condition
d’équilibre (chapitre 2, page 65):

T  μ N.
T
 Donc, si T dépasse la valeur limite prévue N
par la loi de Coulomb, valeur qui est
proportionnelle à la force verticale N, le
bloc commence à glisser.

________________________________
Mécanique – Chapitre 5 62
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Équilibre d’un bloc appuyé (6)

 Mais il y a encore quelque chose qu’il faut contrôler pour


l’équilibre d’un bloc rigide appuyé: c’est la distribution des
contraintes sur le sol.
 En fait, si les contraintes de contact entre le bloc et le sol sont
trop fortes, il y a rupture mécanique du sol, ce qui provoque une
rotation du plan d’appui (comme ils le savent bien à Pise…).
 La distribution des contraintes (pressions) de contact entre le
bloc et le sol est celle typique d’un cas de section soumise à
effort normale, N, et moment fléchissant, M: c’est donc une
distribution linéaire (voir page 39). Le problème c’est que les
contraintes de traction ne peuvent pas exister.
 Alors, pour une surface d’appui rectangulaire, on montre
facilement que si le point d’application de la résultante est
contenu dans le tiers central de la base, alors la section entière
est en compression, mais en cas contraire on a de la traction.
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 63
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
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Équilibre d’un bloc appuyé (7)
 Comme la traction ne peut pas exister, la section se partialise:
une partie de la section d’appui est complètement déchargée.
 Donc, si a est la profondeur de la base,
 si e b/6, la section est totalement en compression et ;

N 6M
 max   .
ab ab 2
 si e>b/6, la section est partialisée, seulement une partie est en
compression, le reste est déchargé; la longueur active x sera
x=6e et N N2
 max   .
3ea 3 Ma b/3
 si e>b/2 l’équilibre est impossible, le
bloc se met en rotation.
xN N
 Normalement, on souhaite que le
section ne soit pas partialisée.
 En tout cas il faut que ce soit  max   adm .
________________________________
Mécanique – Chapitre 5 64
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
Équilibre d’un arc en pierre (1)

 Reconsidérons le cas d’une poutre en flexion:


 les charges appliquées p
provoquent la naissance d’un z
moment fléchissant en tout y
point de la poutre; l
 le moment fléchissant induit
toujours des contraintes de M(z)
signe opposé sur la section: z
p2
compression et traction; M max 
8
 l’équilibre de la poutre est donc
possible seulement si le
matériau est résistant à la
-
traction, comme pour l’acier et x
le bois.
+
 Mais si on ne dispose pas de ces y M
matériaux, comment on peut faire? ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 65
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
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Équilibre d’un arc en pierre (2)
 En fait, la maîtrise de la fabrication de l’acier est un fait
historiquement relativement récent (milieu du XIXème siècle).
 Pour ce qui concerne le bois, il n’est pas toujours disponible,
surtout dans des dimensions appropriées (les troncs des arbres
de grande longueur sont rares et chers).
 En plus, le moment fléchissant est la caractéristique de la
sollicitation qui provoque les plus fortes contraintes dans le
matériau: il est relativement facile atteindre les limites de la
résistance à la rupture pour une poutre en bois.
 Donc, anciennement il ne restait plus que la pierre et les briques
en argile comme matériau de construction.
 Mais ces deux matériaux ont une résistance à la traction faible,
non fiable et en plus à la surface de contact entre deux pierres la
résistance à la traction est rigoureusement nulle.
 Le problème qui s’est présenté aux anciens a donc été celui de
couvrir des portées importantes (>34m) avec la pierre ou les
________________________________
briques. Mécanique – Chapitre 5 66
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Équilibre d’un arc en pierre (3)

 Les égyptiens et les grecs n’avaient pas trouvé la solution à ce


problème, ce qui conditionna fortement leur architecture: les
temples égyptiens ou grecs ont des colonnes placées à des
En figure: Parthénon (Vème siècle av. J. C.) et Temple de Karnak à Louxor (salle hypostyle, 1375 av. J. C.)..

distances faibles, car les poutres sont en pierre.


 Ayant une résistance à la traction petite, pour éviter leur rupture il
faut un faible moment fléchissant et donc des portées limitées (M
augmente avec le carré de la portée!).
 Ceci n’évitait pas quelques problèmes!

Poutre
fissurée par
rupture en
traction.

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Mécanique – Chapitre 5 67
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Équilibre d’un arc en pierre (4)
 La solution fut trouvée par les étrusques: c’est l’arc!
 L’arc est un dispositif capable de transformer une flexion en
effort normal de compression.
 La pierre et les briques étant des matériaux bien résistant à la
compression, on peut avec l’arc couvrir des portées plus
importantes qu’avec une poutre en pierre ou même en bois, et
surtout on peut supporter des charges
beaucoup plus fortes.
 En plus, c’est une solution architecturale
plutôt économique: elle peut utiliser des
En figure: Porta all’Arco, Volterra (Vème siècle av. J. C.)

pierres de petite taille, ou des briques,


beaucoup plus à bon marché (parce que
moins rares et de coût de production
moins grand) que les pierres taillées, ou
même des troncs d’arbre, de grandes
dimensions (qui en plus ont un coût de
transport important). ________________________________
Mécanique – Chapitre 5 68
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Équilibre d’un arc en pierre (5)

 Mais comment et à quel prix un arc transforme une situation de


flexion en une situation de compression?
 A savoir, quel est son principe de fonctionnement?
 Considérons un arc circulaire en pierre de taille; il est constitué
par plusieurs blocs (claveaux ou voussoirs pour les voûtes)
modelés selon la forme de l’arc et pour simplifier considérons
qu’il n’y a pas de frottement entre un bloc et l’autre.
 Alors la force de contact entre deux blocs de l’arc est une force
orthogonale à la surface de contact.
 Si cette surface de contact est orthogonale à l’arc, les forces de
contact entre les blocs suivent la ligne moyenne de l’arc.
 Or, en général, la force de contact difficilement sera appliquée en
correspondance de la ligne moyenne, elle aura une certaine
excentricité, mais si celle-ci est inférieure à b/6, où b est
l’épaisseur de l’arc, la section n’est pas partialisée.
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Mécanique – Chapitre 5 69
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Équilibre d’un arc en pierre (6)
 Voyons donc tout ça sur une figure et pour simplifier encore,
considérons que les forces extérieures appliquées à chaque bloc
se réduisent à une seule force verticale.
 En commençant du bloc central, la clef de voûte, on décompose
la force en deux forces orthogonales aux surfaces de contact du
bloc: ce sont les forces que la clef transmet au reste de l’arc.
 Ensuite, on passe aux deux blocs à côté de la clef et on trouve la
force de contact sur le bloc suivant comme résultante de la force
précédente et de la force directement appliquée au bloc.
 En procédant ainsi, on trouve toutes les
forces de contact entre les blocs.
 L’arc constitue donc une espèce de guidage Clef de
voûte
de la force à travers une ligne donnée.

Voussoir
Sommier

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Mécanique – Chapitre 5 70
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Équilibre d’un arc en pierre (7)
 Or, cette déviation de la force à travers la ligne de l’arc se fait au
prix d’une force horizontale, la poussée de l’arc, qui se retrouve
en bas.
 La présence de cette force se comprends facilement si on ne
regard qu’une moitié de l’arc: la composante horizontale de la
force de contact transmise par la clef de voûte doit être équilibrée
en bas de l’arc par une force égale et contraire.
 Donc l’arc est une structure avec poussée horizontale.
 Cette force horizontale doit être équilibrée à la base de l’arc par
une autre force.
 Une façon simple d’annuler cette
force est celle d’utiliser un tirant qui
lie les deux extrémités de l’arc.
 Mais ce n’est pas la seule façon
d’annuler la poussée…
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Mécanique – Chapitre 5 71
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Équilibre d’un arc en pierre (8)
 En fait, cette poussée s’équilibre automatiquement s’il y a
d’autres arcs identiques à côté; dans ce cas, il faut mettre un
tirant seulement aux arcs qui se trouvent aux extrémités.

 Une autre façon est celle


d’épauler l’arc par des
contreforts, de sorte à ce que la
résultante des forces tombe à
l’intérieur de la base du contrefort.
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Mécanique – Chapitre 5 72
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Équilibre d’un arc en pierre (9)

 La poussée horizontale dépend de la


géométrie de l’arc et des forces
appliquées.
 En particulier, la poussée
horizontale diminue avec l’hauteur
de l’arc: à parité de portée, les arcs
plus hauts poussent moins des arcs
bas.
 L’équilibre de la poussée
horizontale est fondamental: un
écartement des extrémités de l’arc
dû à la poussée fait inexorablement
écrouler l’arc.
 En fait, dans ce cas la clef de voûte,
qui est l’élément qui garantit
l’équilibre de l’arc, se déplace et
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l’arc se désagrège et s’effondre. Mécanique – Chapitre 5 73
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Équilibre d’un arc en pierre (10)
 Un problème important est la conception de l’arc: il faut faire en
sorte que les forces de contact entre les blocs passent à
l’intérieur de la section de contact, ou mieux encore dans le tiers
central, pour garantir l’équilibre.
 Beaucoup de méthodes ont été proposées dans le temps par
différents auteurs (Coulomb, Bossut, Mascheroni etc.).
 Une règle grossière, déjà introduite par Leonardo da Vinci c’est
que la corde des demi arcs extérieurs ne doit pas toucher l’arc
intérieur.
 Leonardo avait étudié de façon empirique l’arc, qui avait défini
comme: Arco non è altro che una fortezza causata da due
debolezze (arc ce n’est qu’une force causée par deux faiblesses).
 Les deux faiblesses de Leonardo ce sont les
deux demi arcs, qui seulement ensemble sont
capables de garantir l’équilibre et cela par leur
mutuelle opposition.
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Mécanique – Chapitre 5 74
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Le béton armé et le béton précontraint (1)
 A part l’arc, il y a une autre façon d’utiliser en flexion un
matériaux non résistant à la traction: c’est le béton armé.
 Le béton est une pierre artificielle, constituée de ciment, eau,
sable et gravier.
 Les avantages du béton sont multiples: il est un matériau à bon
En figure: Sidney Opera House (1973) et Chiesa di San Giovanni Battista (Firenze, 1964).

marché, de réalisation facile, de bonne limite à la rupture,


résistant bien au feu et qui protège l’acier contre la corrosion.
 En plus, le béton est préparé en phase fluide et peut être coulé
dans des coffrages auxquels on peut donner les formes les plus
variées, ce qui permet des prouesses architecturales impossibles
avec les autres matériaux.

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Mécanique – Chapitre 5 75
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Le béton armé et le béton précontraint (2)
 Le seul problème du béton est que sa résistance à la traction est
pratiquement nulle.
 La solution, inventée en France à la fin du XIXéme siècle, est le
béton armé: il s’agit d’insérer dans la coulée des barres d’acier là
où la flexion de la poutre va produire des tractions.
 Une fois que le béton a fait prise, béton et acier forment un tout
unique.
 Ainsi, le béton prends en charge les contraintes de compression
et l’acier celles de traction.

zone en
p compression  dans
le béton

force dans
barres d’acier les barres

M(z)
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Mécanique – Chapitre 5 76
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Le béton armé et le béton précontraint (3)
 Une autre idée pour utiliser le béton comme matériau de
construction est le béton précontraint.
 Si le béton ne peut pas supporter les contraintes de traction
engendrées par la flexion, on précomprime le béton, de sorte à ce
que la superposition de flexion et précompression permette
d’annuler les tractions sur la section.
 Cette précompression s’obtient en tirant avec des vérins
hydrauliques des câbles d’acier à haute résistance qui passent
dans des tubes noyés dans le béton.
 Une fois les câbles tirés, ils sont ancrés à la poutre, ce qui permet
de transférer au béton la traction de l’acier sous forme de
compression, par le PAR.
p
- - -
N N +
 N +  M =  tot
Câbles de
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précontrainte
M(z) Mécanique – Chapitre 5 77
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Le béton armé et le béton précontraint (4)

 L’avantage du béton armé précontraint par rapport au béton armé


normal est qu’il permet de couvrir de plus grandes portées (>100
m) et de supporter de plus fortes charges.
 Il est ainsi utilisé essentiellement dans la construction de ponts,
viaducs, couvertures de grande portée (stades, gares, palais du
sport, etc.).
En figure: Pont de Maracaibo (R. Morandi, 1962).

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Mécanique – Chapitre 5 78
En arrière-plan: page du Codice Atlantico de Leonrdo da Vinci avec l’étude de la stabilité des colonnes.



Chapitre 5

En librairie…
5. Bibliographie

…et sur Internet

Mécanique – Chapitre 5
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Copyright: P. Vannucci, UVSQ
paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
En librairie…
 J. E. Gordon: Structures, or why things don’t fall down. 1978.
(livre indispensable pour s’amuser à apprendre la mécanique des
structures, plein d’anecdotes et d’humour anglais; probablement
il existe une traduction française).
 E. Benvenuto: La scienza delle costruzioni e il suo sviluppo
storico. Sansoni, 1981 (en italien).
 S. P. Timoshenko: Résistance des matériaux, vol 1 et 2. 1968.
 E. Benvenuto: Introduction to the history of structural mechanics.
Springer, 1991.
 J. E. Gordon: Structures et matériaux : l'explication mécanique
des formes. Ed. Belin, 1996.

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Mécanique – Chapitre 5 80
Copyright: P. Vannucci, UVSQ
paolo.vannucci@meca.uvsq.fr
…et sur Internet
 J. Garrigues: Statique des poutres élastiques. Document à
télécharger à l’adresse,
http://jgarrigues.perso.egim-mrs.fr/poutre.html, 1999.
 Y. Debard: Résistance des matériaux. Visiter le site
http://iut.univ-lemans.fr/gmp/cours/rdmyd/, 2001.
 P. Bouillard: Mécanique des structures et résistance des
matériaux. Visiter le site
http://www.ulb.ac.be/smc/cours/cnst338/cnst338.html.
 J. F. Remacle: Mécanique des structures. Visiter le site
http://www.icampus.ucl.ac.be/claroline/document/document.php,
2005.

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Mécanique – Chapitre 5 81

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