La Veille - n°4 - Novembre 2007
Les Compagnies d’Assurance épinglées
par le Médiateur de la République
dans son rapport 2006 :
La proposition de loi permettant la recherche de bénéficiaires
des contrats d’assurance sur la vie non réclamés et garantissant
les droits des assurés du 21 septembre 2007
En ce début d’année 2007, la
Fédération Française des Sociétés
d’Assurances et la GEMA-
MUTUELLES D’ASSURANCES
ont fait publier par voie de presse
en format A3 une Lettre Ouverte
aux Députés, pour exprimer leur
virulente opposition à la Réforme
de l’Assurance de Protection juri-
dique qui était alors soumise à
l’examen de l’Assemblée nationale.
En substance, ces deux groupes
professionnels rejetaient catégori-
quement la systématisation projetée
de l’intervention des Avocats dans le
traitement des litiges relevant de
l’assurance de protection juridique.
Etait invoquée à l’appui de ce refus
l’augmentation des coûts qui résul-
terait prétendument de cette inter-
vention des membres de notre
Profession, avec pour consé-
quences alléguées :
- «dès 2008, une augmentation des
cotisations d’assurance à des
niveaux de prix inabordables pour
une grande partie des assurés,
1 Cf. Article NICE MATIN, 4 février 2007 p. 21
2 Cf. Son rapport sur www.mediateur-république.fr, page 42 « Assurance-vie en déshéren-
ce : entre éthique et milliards d’euros »
- progressivement un engorgement
des Tribunaux avec des affaires de
faibles montants que les assureurs
ne pourront plus régler eux-
mêmes,
- à plus long terme, la disparition de
l’assurance de protection juridique
dans notre pays et par consé-
quent un recul de la possibilité
offerte au plus grand nombre d’ac-
céder au droit à des conditions peu
onéreuses».
Ces groupements concluaient cette
Lettre Ouverte comme suit :
«Nous sommes convaincus que la
protection juridique doit rester au
seul service des consommateurs.
Madame, Monsieur le Député, êtes-
vous prêt(e) à voter une telle loi ?»1.
L’hostilité de ces propos à l’en-
contre de notre Profession se passe
de tout commentaire…
Cette caricature de catastrophe
annoncée est toutefois restée Lettre
morte (!) puisque la loi 2007-218 du
19 février 2007 portant réforme de
l’assurance de protection juridique a
non seulement été votée mais est
aussitôt entrée en vigueur le 21
février dernier.
Or, quelques jours à peine après
l’insertion ci-dessus relatée, c’était
pourtant au tour des Compagnies
d’assurance de se trouver en ligne
de mire de graves critiques, cette
fois plus sérieusement fondées.
En effet, le Médiateur de la
République, qui venait de déposer
son rapport 2006, y dénonçait
3 Cf. Article LE MONDE, vendredi 12 octobre 2007 : « Assurance-vie : une proposition pour
identifier les bénéficiaires »
4 Cf. Historique de la procédure législative en cours sur www.assemblee-nationale.fr
légataires n’ont pas fait appel).
l’existence de milliards d’euros de
contrats d’assurance-vie en déshé-
rence dans les termes suivants :
«Chaque année, plusieurs milliards
d’euros restent ainsi captés par les
compagnies d’assurance alors qu’ils
auraient dû être, conformément à la
volonté des défunts, reversés à des
bénéficiaires.
C’est une situation inacceptable sur
le plan de l’éthique».
Le Médiateur, Monsieur Jean-Paul
DELEVOYE, proposait en consé-
quence de mettre à la charge des
Compagnies la recherche active
d’un éventuel bénéficiaire.2
C’est à cette fin que deux Députés
ont déposé le 21 septembre 2007
une proposition de loi3 visant à per-
mettre la recherche des bénéfi-
ciaires de contrats d’assurance-vie
non réclamés et en déshérence et
garantissant les droits des assurés
adoptée en première lecture par
l’Assemblée Nationale le 11 octobre
2007 puis par le Sénat le
7 novembre dernier, et actuellement
soumise à l’examen de la
Commission des Lois4.
N’est-ce pas là l’illustration édifiante
d’un classique revisité, «L’arroseur
arrosé» ?!
… A suivre jusqu’à la promulgation
de la loi, et sa mise en application…
Agnès PROTON
Avocat au Barreau de Grasse