Vous êtes sur la page 1sur 3
ee LyRiou: L’opéra du gueux" aujourd’hui, demain et mardi _ Les juniors font exploser un beau pétard a Opéra Un tourbillon expressionniste et coloré,farcesque, surabondant mais tenu plus de deux heures durant. @ Ambiance & YOpéra, Devant une toile peinte, entre clavecin ef table de maquilla- ge, une apprentie diva se pame, toute de broderies et perrugue. C'est norinal. Sou- dain un gamement déhanché sinpose sur le tréteau, Vite évineé. Crest moins ‘commun. Le chef, Vladimir Kojoukharov, passe son noeud-pap. Bt patatras. Une horde de jeunes, de casquettes et bon- nets, met du raffut dans la salle. Un sosie Hen Maier, directeur des lieux, y fait face. Eux crient : « On.en a marre de ces spectacles écrits par des bourgeois pour des bourgeois ! « Voila qui est clairement dit. Un brin démago ~non !~ le directeur ‘transige : quills montrent done un specta- cle A leur idee. ‘Ainsi John Gay écrivait son "Opéra du. gucux’, en 1728 a Londres, comme une Insurrection de la vie du peuple sur les plateaux baroques, of ne gloussaient jus- queda que des demi-diews. La situation, reprise & TOpéra-Comédie en ouverture de séance scolaire ~ oit toujours menace Vindiscipline - pouvait déralller, La repré Sa nouvelle création est la plus belle réussite de l’équipe de Kojoukharov ‘Sentaneuromere, Soudath, Yun Protas Jecr-Michel MART ‘grands efigembles, tout se meut des jourey acteurs lance’ tne pe avec arthme. Opéra Junior rose att pied-de Télue de son Un bonheur, Gecouvre entirquil'a des corps SUENR Un Slencescuse Stal” ~—gyee "PON ose des gage Bt ls pon: fein lasaile amour Meme 8 nent. Lavette de cette mise qualité d’émotion un peu plus civisme en setne (Yael Bacry) est tard : la Mort a fait son appari- tion. "Opéra du gueux" est ‘spectacle ou on rove, 'interroge, sTamuse, se révolio, ou se désole, avoir famour tenter de se frayer un che- min dans un monde de lions, de loups eb de vantours, « Député » et « chémeur » s'y cOtotent ‘au fil du méme vers; sinon « hanguier » et « truand ». Alors que cette jeunesse-la clame sa conviction que. « Vargent; c'est ‘pas fait pour les riches ; c'est fait pour les hommes libres ». Uadaptation de ce vieux texte par OpéraJunior sonne fort, et le parti de transposition historique per- met d'éviter les faux effets branchés, Dans cette distance, les interprétes composent des personages attachants, dans des situations prenantes. De soli en sineére dlautant phis épatante que cer- tains acteurs nlavaient. jamais cchanté jusque voici quelques mois 4 peine; et, que les chan teurs ne sont pas toujours de fameux ‘comédiens, Chez ces demniers, Jes voix résonnent Juste, ts audibles ; I’équilibre est trouvé avec la pelite formation baroque. On ne ‘Voit que soustraire de cot assant de lout Bes, si ce rest lo parii esthétique, dume Surabondance expressionniste, colorée, farcesque, au décor comme at jen; ee demier débordant parfols, Mais ¢e choix ‘opéré, au moins estil tenu sans relache pplus de deux heures durant, dans un tour Dillon de bonheur, charriant aussi son lot de civisme sincere, ¢ Gérard MAYEN WIWIwT fh eYhrpre SPEGUACES S ii Libre ‘opéra du gueux", de John Gay, a partir de mardi Yaél Bacry, dans le savoir charnel des plateaux Metteuse en scéne montpelliéraine atypique, au service d’Opéra Junior 1B Yadl Racry n’a mis les pleds sur un pla- team que bien tard, passé 25 ans, au terme études qui la destinaient au CNRS. Elle finissait sa these de philo, sur la féminité, « sur la fugon dont le discours philoso- phique Vaborde, mais aussi Vinlegre, of ‘par wn tour de passe-passe recycle la dif- ference, ch réduit VAubre an méme. Et Finalement tout est clos ». Tout comme ‘son écriture dans cette veine Ini parut alors épuisée, 1983 : Aixoise, spectatrice avide, elle se faufile figurante au Festival, « pare que sur scene, on se saisit dune autre éeriture, confrontée & la matiere humaine, réellement contradictoire ». Lasurvient lime des chances de sa vie Ja rencontre avec Jean-Claude Fall, Du Jour au Tendemain, Ia figurante devient ~ assistante de mise en scéne | «De sa pari, ce fut un coup de poker. Ca n'est pas quelgu'in de carré, i est dans te coup de cveur. Bt surtout, c'est quand it transmet, quand il apprend aut autres, quit est entier et tuminewe ». Jusqu'a _ Teecompagner dans son implantation ala této des ‘Treize Vents, Yaél Bacry cultive cette fidél- té; non sans tra: yailler par ailleurs D> Des rencontres comme des chances aux coles de Che: > Venue ata scéne {Si 4, Stuer tardivement ins gos tooir tue ta “fae, PPenmancedu Jima jy joe ‘theatre, depuis se! »). VAntiquité ‘lle sat basen Ter dni ia veal D Sapremizre tion crenvies, meen tim, Spine Ss oo en 1993, veux tmondes; Montpelier raps ees apprese tssages et des com Pagnonages qui nourrissent, Dés 1983, sonne déja 4 Montpellier Theure de Sa premiére mise en scene sous son nom : Esther, pour OpérasJu- nior. « La encore, incroyablement, Viadi- ‘onir Kojoukharon, le directeur, m'a fait eonfiance aw bout d'une demi heure de discussion », 11 dit qu'il aime quelle le ‘érarige par Sa facon de travailler. Ce qui ourtait Se faire cette semaine & nouvean avec L'opéra du Gueux.:« C'est une pid- ce anarehiste, qui remet complétement ‘en cause ta loi établic ! » Déja dans Bsther,-on captail: sa pas. sion de « sentir charnellement ce qui se El ap ; a i passe sur un plateau ». Car « la drama- fungie est plus du c6té charnel, que céré- bral ». Aux jeunes acteurs, elle veut faire passer « qu'ils ont le droit d'exister tels soni dans leur corps, dans leur su un plateau ; donc avec le grou- pe, ef sous le regartl ides autres. Ca fait Deaucoup d'enjeus forts, essentiels ». Dans ses classes, olle n’a pas peur de surprendre, en attaquant.demblée par la fragédie antique : » Or les jeunes sy retrouvent, Car depuis Aitigane, déchi- ‘rée entre ses devoirs de sour ou de citoyenne, le théatre n'a jamais cessé de ‘vraconter cette fracture de Uhomme, entre son histoire personnelie et histoire col- lective », Bt dans la transmission entre génétations de ce précieux savoir sensi- Dle, la chair porte une mémoire enfoule, De telles dimensions ne se révelent pas ‘en prenant les acteurs pour de la pate A modeler. Ainsi atolle horreur qu'une mise en scéne se voit : « ca m’harripile de donner telle ou telle direction. Le mou- ‘vement vient dans Vinstant, et de Vinté- rieur. IL ne se décréte pas. Lidéal de ‘mise en scone serait une improvisation permanente en éiat de grice ». © Gérard MAYEN > Outre VOpéra du gueux" eos semana Yul Buery mettra en scéne "enfant et les sorties! ‘our NOpéra de Montpellier en fries Yai Bacry transmet aux jeunes a iberté d’étre au travers de leur corps sur le plateau, L’opéra du gueux © Ein 1726 & Londres, Joli Gay fait sensation ‘avec "The beggars oper. Sur scene ‘wemphe alors le Baroque, compieterent coupé de toute rat soil, Au conaie, comme son nom Tindque, *Lopéra du gueux" est tou dot soi def ie des ps ube {ny raconte comment un bougre parent 8 fave jouer une pice 4 son ie, en an le EGU Douro. OTE reprerd de nombre als populeires conms de tus, use du ton de lo parade et petafog, et ne coche ren de fa corruption ft dela iblence defo soot, Aujourdhul, "The beggar’s opéra" est un Classique aus! répanduoutre Manche que fe fort en Fronce lex comédes de Molle Pout le faire jouer par Opéra-funior, le camposter Vladimir Kojoukhorv ee imeteur en seine Ya8Bacry, on procédé & line nowelewaducion du exe, et rééertare msiel, adaptes aux esprits daujourd. Pout fa vingtine de jeunes ¢ Opéra union - dTolleurs rejoins por des iments ds Conservator d'art ramavque - eeu touveau est lo large pace lassée au ttre ton charts dans cette @uvee. « =A Opéra-Comédie. Mardi 24 novem- bre: 14h 30, Jeudi 26 : 20h. Samedi et dimanche 28 et 29 : 17h. Mardi-Ter décembre 20%. 04 67 60.19 99. we uw uo wm wh Ty oo Aprés le succés dEsther" et de "Cendrillon", Ya’! Bacry renouvelle sa collaboration avee Vladimir Kojoukharov et "Opéra Junior de Montpellier. Elle met en scéne Poeuvre de John Gay : "L’Opéra du Gueux" ("The Beggar’s Opéra”). Ques son les thémes de Op Liguvre raconte Ia. société anghise do XVilléme siécle qui fabriquait, dans les rues de Londres, une pauveté exteéme et rune criminalitégalopante, Ute société avec tune juste & deux vitsses, qui punssait le simple vol de la peine de mort alors que le pouvoir, hui, état tout & fit corrompu. ete satie 04 'on reconnaissait Walpol, le premier Ministre de I'époque -dans Pex chur, le oi de Ix pgre- est, par sa forme, un pen Tancéce de la comédie musicale Dans lceuvre de John Gay, ily a ni bone ssiméchans les pets eriminels la racil, sont comme les criminels qui gouvernent Crest une eritque du pouvoir sous toute: ses formes, du pouvor politique, éeano: ‘imique mais aussi cei da pére, de hom: re. Crest és noir et sans espoir sur Th ‘Avez-rous joué sur la force subversive de Feewwe ? Ce n'tait pas notre projet I s'agisait de rmonter "¥Opéra du Gueus". est confor- table : on a de Pargent. On peut jouer & Topéra. Crest un spectacle trés ludique. Je n'ai pas envie de parler de politique ou de sire que nous avons fait euvee de subver- sion. Méme si cela peut ére compris sins. La subversion, on l'aurait peurére touvée sion avait wavaillé dans les quartirs diff ciles avec des jeunes en difficult. ‘Avez-vous ii adopter le texte? "Opéra du Gueus” est une oeuvre beau: coup plus difficile qu”Esther" et "Cen dillon” car elle n'est pas destinge & étre |jouée par une population jeune. Crest assez Adlicat de raconter que toute la socité est ppourtie et que personne n'est porteur de ‘valeurs positives avec des jeunes gens de 13, ‘422 ans. Uy a aussi beaucoup de violence rmalgré le burlesque. A cela s'ajoute les chansons dont les textes et la musique ‘nvévelleat plus les mémes Echos chez. les snecintenrs dasionrdhi. T flat dome une adaptation, On est allé trés lentement, On a travailé pendant des mois -unique- ‘ment sur des improvisations: en rapport avec les themes de cet opéra. Le texte a &6 Gerit avec les trente jeunes de POpéra Junior. Liadaptation est a la fois libre et dale, Quels sont ls axes de votre mise en scine ? Liidée est venue du prologue, ajouté au livrct originel. On a fguré’ un opéra baroque en train de se répéter. Des él ments racontent cet opéra : de beaux véte rents, un chef diorchestc, un clavecin. Les jeunes qui pénétrent dans Popéra sem parent de ces déments. Is vont dans le local des accessoires, dans le magasin & ‘corset se servent. Is montent leur opéra. Gest done le thédtre dans Je théatre. Ce sont les jeunes qui font les machinistes, qui rettent en place le décor, qui écrivent les paroles, Is s'amusent avec les costumes e& Jes décors. De cette fagon, jai pu jongler avec les sitcles, le XXéme se confond avec le XVIIléme, le contemporain avec le baroque. On joue beaucoup avec la salle est un opéra dans le monde. Jai inventé aussi le personnage de la Mort, unc mort e théttre. juste eavelonnée d'un tissu noir > ay Le eroupe vocal Opéro junior dans “Opéra du Gueux” avec un vizge de cadavre, Pour Gay, la vie lavait aucun sens parce qui y « la mort. Jai interrogé Yoravre sous cet angle. Je ‘roi hi ere idle Comment avez-voustrvailéorec les jeunes de FOpéro Junior ? Je leur ai proposé des improvisations. A chaque fois, avant de mettre en scéne, je leur ai demandé comment ils s'appro- prlaient Ie text, les thémes, les enjeux. Je travaille toujours comme cela. Je pense qu'une mise en seéne est réussic lorsqu'on nly sent pas le metteur en scéne. Paime bien raconter que Je theltre se fait au moment ot le spectateur le voit, Sil revient lelendemin, il verra un spectacle different. I y a ainsi, dans le spectacle, des bouts improvisés. Jaime bien que Yon assiste en direct & une création. Le théate, a la diffé rence du cinéma, c'est ii et maintenant. Propos recuells par Philippe NOCCA LOpéea du Gueux par FOpéra Junior, direction ‘musicale V.Kajoukharoy, mise en scine ¥. Bacry 2 FOpéra Comédie de Montpelier du 24 ‘novembre ou Ter décembre

Vous aimerez peut-être aussi