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CONCOURS DE TRADUCTIONS Semaine 2-6 Avril 2012 ALAIN FOURNIER, Le grand Meaulnes (pp.

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Extrait traduire Je navais gure t, jusqualors, courir dans les rues avec les gamins du bourg. Une coxalgie, dont jai souffert jusque vers cette anne 189 mavait rendu craintif et malheureux. Je me vois encore poursuivant les coliers alertes dans les ruelles qui entouraient la maison, en sautillant misrablement sur une jambe Aussi ne me laissait-on gure sortir. Et je me rappelle que Millie, qui tait trs fire de moi, me ramena plus dune fois la maison, avec force taloches, pour mavoir ainsi rencontr, sautant cloche-pied, avec les garnements du village. Larrive dAugustin Meaulnes, qui concida avec ma gurison, fut le commencement dune vie nouvelle. Avant sa venue, lorsque le cours tait fini, quatre heures, une longue soire de solitude commenait pour moi. Mon pre transportait le feu du pole de la classe dans la chemine de notre salle manger ; et peu peu les derniers gamins attards abandonnaient lcole refroidie o roulaient des tourbillons de fume. Il y avait encore quelques jeux, des galopades dans la cour ; puis la nuit venait ; les deux lves qui avaient balay la classe cherchaient sous le hangar leurs capuchons et leurs plerines, et ils partaient bien vite, leur panier au bras, en laissant le grand portail ouvert Alors, tant quil y avait une lueur de jour, je restais au fond de la mairie, enferm dans le cabinet des archives plein de mouches mortes, daffiches battant au vent, et je lisais assis sur une vieille bascule, auprs dune fentre qui donnait sur le jardin. Lorsquil faisait noir, que les chiens de la ferme voisine commenaient hurler et que le carreau de notre petite cuisine silluminait, je rentrais enfin. Ma mre avait commenc de prparer le repas. Je montais trois marches de lescalier du grenier; je masseyais sans rien dire et, la tte appuye aux barreaux froids de la rampe, je la regardais allumer son feu dans ltroite cuisine o vacillait la flamme dune bougie.

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