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Je fus une ombre du soir sous la chaleur d’août ; Usé et las.

Une allure noire filiforme, que des godasses difformes précédaient. Vagabondant entre genêts sur un étroit
rouge, des coquelicots sans doute... En remontant l’affluent sableux, j’éprouvais une forme de sécurité entre ces palissades végétales que sont les arbustes sauvages.
se du filon me laissant supposer que de nombreux vaincus des pesanteurs mortelles, le prirent comme branchés sur des rails, manœuvrant sans composition dans une dis
ve. Quand, bien plus tard, j’eus retiré mes chaussures, la nuit, la douceur d’août, je ne puis dire ce qui me transporta, mais, goûtant au confort du sable tiède, sensuel tel un
oubliai un instant l’horreur de marcher sur les corps froids. Le crépuscule venu je ne me cachai plus, marchant sans précipitation, me lavant peu à peu de vos apparats, ci e
enlevai des pans de costume.Ce répit salvateur s’évanouit quand le jour se fit. Progressivement… le sable disparut laissant place aux rocailles. Vinrent ensuite les bosque
t de tout cela naquit une imparable épouvante. J’avais connu semblables oppressions en d’autres circonstances, quand, pour seule parade, le gamin que je fus autrefois, év
n regard au-delà de sa route. Prime enfance éludant ces songes monstrueux cachés sous le lit. Les yeux ouverts dans le noir.Au jour, l’angoisse me fit fléchir et j’avançai m
le ventre, chantonnant fébrilement et concentrant mon esprit sur d’agréables souvenirs. Souvenirs qui, hélas, un peu comme ces mouches dont on voit le ventre derrièr
celles que l’on ne peut jamais écraser, n’étaient qu’un voilage de soie où le pire transparaissait toujours brouillés derrière une cascade de honte.Je fus une ombre du soir
’août ; Usé et las.Une allure noire filiforme, que des godasses difformes précédaient. Vagabondant entre genêts sur un étroit sentier bordé de rouge, des coquelicots sa
n remontant l’affluent sableux, j’éprouvais une forme de sécurité entre ces palissades végétales que sont les arbustes sauvages. L’étroitesse du filon me laissant suppos
vaincus des pesanteurs mortelles, le prirent comme branchés sur des rails, manœuvrant sans composition dans une discipline compulsive. Quand, bien plus tard, j’eus ret
es, la nuit, la douceur d’août, je ne puis dire ce qui me transporta, mais, goûtant au confort du sable tiède, sensuel tel un corps chaud… j’oubliai un instant l’horreur de ma
orps froids. Le crépuscule venu je ne me cachai plus, marchant sans précipitation, me lavant peu à peu de vos apparats, ci et là, mollement, j’enlevai des pans de costume.Ce r
vanouit quand le jour se fit. Progressivement… le sable disparut laissant place aux rocailles. Vinrent ensuite les bosquets épineux, et de tout cela naquit une imparable é
nnu semblables oppressions en d’autres circonstances, quand, pour seule parade, le gamin que je fus autrefois, évitait de poser son regard au-delà de sa route. Prime enfa
songes monstrueux
dans le noir.Au jour,
… Je suis un homme bleu azur … cachés sous le lit. Le
l’angoisse me fit fléc
mains serrées sur le ventre, chantonnant fébrilement et concentrant mon esprit sur d’agréables souvenirs. Souvenirs qui, hélas, un peu comme ces mouches dont on voit
une vitre, de celles que l’on ne peut jamais écraser, n’étaient qu’un voilage de soie où le pire transparaissait toujours brouillés derrière une cascade de honte.Je fus une
la chaleur d’août ; Usé et las.Une allure noire filiforme, que des godasses difformes précédaient. Vagabondant entre genêts sur un étroit sentier bordé de rouge, des co
doute... En remontant l’affluent sableux, j’éprouvais une forme de sécurité entre ces palissades végétales que sont les arbustes sauvages. L’étroitesse du filon me laissa
e de nombreux vaincus des pesanteurs mortelles, le prirent comme branchés sur des rails, manœuvrant sans composition dans une discipline compulsive. Quand, bien plus t
s chaussures, la nuit, la douceur d’août, je ne puis dire ce qui me transporta, mais, goûtant au confort du sable tiède, sensuel tel un corps chaud… j’oubliai un instant l’hor
sur les corps froids. Le crépuscule venu je ne me cachai plus, marchant sans précipitation, me lavant peu à peu de vos apparats, ci et là, mollement, j’enlevai des pans de cos
ateur s’évanouit quand le jour se fit. Progressivement… le sable disparut laissant place aux rocailles. Vinrent ensuite les bosquets épineux, et de tout cela naquit une imp
e. J’avais connu semblables oppressions en d’autres circonstances, quand, pour seule parade, le gamin que je fus autrefois, évitait de poser son regard au-delà de sa route
ludant ces songes monstrueux cachés sous le lit. Les yeux ouverts dans le noir.Au jour, l’angoisse me fit fléchir et j’avançai mains serrées sur le ventre, chantonnant féb
ntrant mon esprit sur d’agréables souvenirs. Souvenirs qui, hélas, un peu comme ces mouches dont on voit le ventre derrière une vitre, de celles que l’on ne peut jamais éc
qu’un voilage de soie où le pire transparaissait toujours brouillés derrière une cascade de honte. une ombre du soir sous la chaleur d’août ; Usé et las.Une allure noire f
odasses difformes précédaient. Vagabondant entre genêts sur un étroit sentier bordé de rouge, des coquelicots sans doute... En remontant l’affluent sableux, j’éprouva
sécurité entre ces palissades végétales que sont les arbustes sauvages. L’étroitesse du filon me laissant supposer que de nombreux vaincus des pesanteurs mortelles, l
anchés sur des rails, manœuvrant sans composition dans une discipline compulsive. Quand, bien plus tard, j’eus retiré mes chaussures, la nuit, la douceur d’août, je ne puis
ansporta, mais, goûtant au confort du sable tiède, sensuel tel un corps chaud… j’oubliai un instant l’horreur de marcher sur les corps froids. Le crépuscule venu je ne me
chant sans précipitation, me lavant peu à peu de vos apparats, ci et là, mollement, j’enlevai des pans de costume.Ce répit salvateur s’évanouit quand le jour se fit. Progressiv
isparut laissant place aux rocailles. Vinrent ensuite les bosquets épineux, et de tout cela naquit une imparable épouvante. J’avais connu semblables oppressions en d’autr

Je suis un homme bleu azur


quand, pour seule parade, le gamin que je fus autrefois, évitait de poser son regard au-delà de sa route. Prime enfance éludant ces songes monstrueux cachés sous le lit. L
dans le noir.Au jour, l’angoisse me fit fléchir et j’avançai mains serrées sur le ventre, chantonnant fébrilement et concentrant mon esprit sur d’agréables souvenirs. Sou
, un peu comme ces mouches dont on voit le ventre derrière une vitre, de celles que l’on ne peut jamais écraser, n’étaient qu’un voilage de soie où le pire transparaissait to

le Saint Georges Club

Nouvelle illustrée
Je suis un homme bleu azurr

Je fus une ombre du soir sous la chaleur d’août ; Usé et las.


Une allure noire filiforme, que des godasses difformes précédaient. Vagabon-
dant entre genêts sur un étroit sentier bordé de rouge, des coquelicots sans
doute...
En remontant l’affluent sableux, j’éprouvais une forme de sécurité entre ces
palissades végétales que sont les arbustes sauvages. L’étroitesse du filon me
laissant supposer que de nombreux vaincus des pesanteurs mortelles, le pri-
rent comme branchés sur des rails, manœuvrant sans composition dans une
discipline compulsive.

Quand, bien plus tard, j’eus retiré mes chaussures, la nuit, la douceur
d’août, je ne puis dire ce qui me transporta, mais, goûtant au confort du sable
tiède, sensuel tel un corps chaud… j’oubliai un instant l’horreur de marcher
sur les corps froids. Le crépuscule venu je ne me cachai plus, marchant sans
précipitation, me lavant peu à peu de vos apparats, ci et là, mollement, j’enle-
vai des pans de costume.
Ce répit salvateur s’évanouit quand le jour se fit.
Progressivement… le sable disparut laissant place aux rocailles. Vinrent en-
suite les bosquets épineux, et de tout cela naquit une imparable épouvante.
J’avais connu semblables oppressions en d’autres circonstances, quand,
pour seule parade, le gamin que je fus autrefois, évitait de poser son regard
au-delà de sa route. Prime enfance éludant ces songes monstrueux cachés
sous le lit. Les yeux ouverts dans le noir.
Au jour, l’angoisse me fit fléchir et j’avançai mains serrées sur le ventre, chan-
tonnant fébrilement et concentrant mon esprit sur d’agréables souvenirs.
Souvenirs qui, hélas, un peu comme ces mouches dont on voit le ventre der-
rière une vitre, de celles que l’on ne peut jamais écraser, n’étaient qu’un voi-
lage de soie où le pire transparaissait toujours brouillés derrière une cascade
de honte.
-Que pouviez-vous craindre de ces buissons ?

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Je suis un homme bleu azur

«Souvenirs qui, hélas, un peu comme ces mouches dont on voit le ventre derrière une vitre, de celles que l’on
ne peut jamais écraser, n’étaient qu’un voilage de soie où le pire transparaissait toujours...»

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Je suis un homme bleu azur

J’imaginais les monstres que j’ai bien connus, maquillés de vert dans leurs
costumes de feuilles, invisibles teutons qui surgissaient comme des diables
dans une débâcle de feu. Ailleurs, ils sont tapis dans la terre ! D’imaginer que
par ma volonté je pourrais me transporter vers eux à tout moment me fait froid
dans le dos. Car ils existent ! Et si pour moi ce sont des monstres verts dans
un costume de feuilles ! Pour eux je suis un monstre gris déguisé en ciel.
Là-bas j’étais un tireur noir qui pointait chaque jour que Dieu devait défaire,
laborieux, vigilant et attentif. Un œil affûté aux ombres vertes, je ne puis trou-
ver les adjectifs pour cerner mon assiduité du moment. Derrière ma peau de
suif, et un cuir doux sur la crosse, j’épousais le terrain déchirant le silence où
tombe l’ombre verte.

-Vous pointiez ?

Oui ! Je pointais de mon arme, aussi banalement que l’on fiche sa présence
au contremaître. Des petites croix sur un carnet la production d’une journée
en sommes. Puis des pauses comme on rejoint la civilisation, le confort d’un
trou, d’un peu de sommeil, d’une cigarette fumée dans un sac de toile, et
d’une lettre…
Je parle d’un autre monde, je ne puis l’assimiler à ma dimension personnel-
le tant l’humain était réduit. Quand cela fut possible mes camarades furent
abandonnés sous un monticule de terre, mais la plupart des morts s’enter-
raient d’eux-mêmes, attendant l’obus qui viendrait les couvrir.
Si un jour ces terres sont rendues à la paix, il faudra plus de croix qu’il n’y a
d’écume sur les vagues pour parler de gros temps. Le Chemin des dames ne
leur appartenait plus. Nous aimions les imaginer… les ombrelles, les robes
d’été. Désormais impraticable au talon, la boue « bleu azur « se décompose
en un pavage de souvenirs glissants.

J’ai vu des hommes se jeter sur les lignes pour se faire tuer ! Les camarades
incrédules prostrés dans l’attente du coup fatal. Bien au-devant de tous, je
pouvais les voir tomber, tout proches… presque toujours grièvement blessés,
rarement tués sur le coup.
C’est toujours les mauvais tireurs qui s’exercent sur les cibles faciles.
Alors qu’ils agonisaient, je scrutais attentivement l’autre ligne. Pour le cas où
un coup de grâce serait donné par un homologue caché tout près. Mais nul
ne s’y risquait ! Pas plus que moi d’ailleurs. Pour cette raison bien que déjà
mort par l’esprit, je ne me suis jamais livré au hasard. Ainsi le faire soi-même

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Je suis un homme bleu azur

est tout aussi aléatoire ; puis inévitablement j’avais conscience que le bout de
ferraille qui mettrait fin à mes jours, était là, quelque part en face.

Un matin bien que décérébré par les événements, sans que je puisse
l’expliquer, ne voulant plus de tout cela, la force irrésistible du désespoir me fît
me lever pendant la mitraille. Hagard, mais conscient je tournai les talons pour
rentrer chez moi, je ne voulais plus approcher ces corps froids ; j’ai laissé né-
gligemment tomber mon fusil, et j’ai simplement marché, sans courir. Caché
par des nuages de poudre j’empruntai ce chemin étroit tracé par des fuyards,
je n’eus pas le temps de me rendre compte que déjà j’étais éloigné du gron-
dement. Comme une porte qui fût fermée derrière moi. Premier recul depuis si
longtemps.
Et pour finir je vous ai croisé.

-Vous connaissez mon devoir. Voulez-vous un bandeau ?

Mon lieutenant ! Là d’où je viens, vous allez ! Je vois que vous êtes nouveau,
tout propre. Ces idées viendront avec le temps ! C’est un fil conducteur, vous
vous demanderez est-ce une balle un obus une baïonnette. Aujourd’hui j’ai ce
privilège, alors avant d’en finir … Montrez-la ! Cette maudite cartouche …

-voyez !

Je savais bien qu’elle était quelque part ! C’était ma plus belle nuit, les pieds
nu dans le sable sensuel tel un corps chaud, à en oublié l’existence…

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Je suis un homme bleu azur

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