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TERROIR

POITIERS

Saint-Sauvant

Demain,
on tue le Goret !
PHOTOS G. FÉRON

Récit d’une journée traditionnelle…

F PHOTOS G. FÉRON
Emmanuel DISSAIS

aire front de ses timidités, permet parfois cochons. « Tén mon drôle,
de s’introduire dans l’interstice d’un passé V’là le gorin ! » D’un
commun. Ainsi à l’évocation de « on va coup de loquet,
tuer le goret ! » rien ne semble plus à- sonnant comme
propos que de se faire admettre au cœur une cartouche,
du sacro-saint événement1. Car si aujourd’hui acheter il libère la partie
des pièces de porc sur l’étal réfrigéré est admis de tous supérieure de la porte
– tant par souci d’hygiène, que par commodité ! – qui subitement s’entrebâille laissant
autrefois le « jour du cochon » était un acte social et s’échapper un groin périscopique, qui dans tous ses La saignée et le panier à grimolles.
festif. Il est pourtant désormais devenu difficile d’as- états fouille les odeurs ambiantes. Sonné par la vélocité
sister à un tel événement, au demeurant partie inté- de l’engin, un mouvement de recul est inévitable pour
grante de nos traditions culinaires… le non-initié ! Amusé, l’ancien sort de sa poche un
morceau de pain rassis puis le jette au fond de la litière.
La veillée Énorme et rose, de ces roses tendres qu’affectionnent
Nous sommes donc à la veille de tuer le cochon. les jeunes filles, l’animal manœuvre dans l’étroite
René, le propriétaire de la bête se courbe devant une carrée pour ingurgiter goulûment la nourriture…,
vielle porte sans âge, d’un rouge écaillé, qui s’ouvre loin de se douter que demain l’omnivore rose bonbon, 1. Reportage réalisé en 2004,
dans la commune de Saint-
sur deux volets. C’est, selon sa formule, le toit aux sera débité en pièces : rasé, haché, broyé, scié... Sauvant, Vienne.

| Le Picton n° 200 | Mars Avril 2010 | 1/6


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