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LE CABARET
MORTS
COLLECTION MICHEL LÉVY
LE
ROGER DE BEAUVOIR
Publiés dans la Collection Michel Lévy
le chevalier de charny
le chevalier de saint-georges. ,
l'Écolier de cluny
histoires cavalières
la lescombat
mademoiselle de choisy
LE MODLIN D'hEILLY
LE PAUVRE DIABLE
DES MORTS
PAR
ROGER DE BEAUVOIR
iSOUVELLE ÉDITION
? ?
PARIS
iMlCHELLÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS
RUE VIVIENNE,2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE
1866
Tous droits réserrti*
LE CABARET DES MORTS
magnilique spectacle...
Le couchant venait de se couvrir en quelques se-
bien mort !
cédé ce cabaret.
— Un modèle charmant, dit Carolus, si toutefois
Kruys!...
Pâle comme un marbre ou comme la ligne
Il
minée.
Ala fm pourtant, l'un d'eux (le plus joli de la troupe
ger Craesbeke.
— Ce me sera grand honneur, monsieur le boulan-
ger, dis-je en goûtant la bière qu'il venait de me verser.
Ce devait être une bière de damné, évidemment;
elle avait un goût saumâtre.
Cependant, Leys avait pris à partie le cavalier qui
Écoute !
toisant.
vait passer pour une image de cire, tout fut rendu par
moi avec tant de bonheur, que la ressemblance était
IV
duc d'Albe.
» Et jamais, je dois le dire, le visage de ce maître
m'en vais vous faire voir à mon tour sont toutes des
personnes de qualité...
»— Vous me menez chez des dames ?
gnole : Muerte !
pas besoin non plus de faire son portrait; car son por-
trait est chez moi!... Dites à ce nègre d'aller le 'cher-
rendez-la-moi!
» — Te rendre cette femme? reprit-il. Non pas,
vrez-la !
il me dit :
vue sur moi, elle rougit. Pour moi, il n'y avait alors
tendres.
y) __ Oui, reprit-elle bientôt, en penchant elle-mêmo
tends.
son cou...
,) __ Yengé ! s'écria du dehors la voix du comte, qui
râlait...
de ma fortune.
» La protection de François Hais parut à ma mère
un bienfait réel de Dieu ; elle m'embrassa en pleu-
rant, la pauvre femme î me dil que nous nous re-
4
LE CABARET DES MORTS 51
bout de la cave.
pavé.
J'étais par hasard devant la porte d'un boulan-
fontaine d'oubli.
d'un four. Il avait les yeux aussi gris que ceux d'un
turellement le prix.
» — Vous m'y faites penser, je n'ai plus un écu, dis-
Harlem.
» — Un pareil aveu a droit de me surprendre, C\i
demande.
ï) Je frappai violemment à la porte en entendant ces
comme un fantôme.
» — C'est toi, Brawer, dit alors Craesbeke en se
jfrottant les yeux, c'est toi que je retrouve, mon digne
ami Tu ne
! sais donc pas ce qu'ils viennent de m'ap-
prendre à la taverne? Ils m'ont assuré que ma femme
me trompait, qu'elle avait, chaque soir, un galant
Vî
trouvait là, et, lui en ayant offert une plus belle à poi-
à Tarchevêque de Grenade ;
je le pris comme une juste
représaille. J'éprouvais le besoin de reconquérir digne-
Brabant.
}•) — Puisque les chanoines commandent et achè-
Saint-Paul.
» En acceptant cette fonction, quoique je ne susse
temps perdu.
» Ce qui chatouillait surtout mon amour-propre,
c'était de voir mes propres tableaux du fond de ma
stalle boisée; le chapitre m'en avait; commandé jus-
cette vision.
Fosco?
» Était-ce une belle dame qui, sur le seul visage de
Louis XIV.
» — Et vous n'en savez pas davantage sur cette
femme?...
» — Pas davantage. Elle m'a ordonné de ne pas
la suivre, et a même changé de mante et de gants
chez moi pour n'être pas reconnue. Ce sera quelque
délit de sorcellerie!
» Cette plaisanterie, par laquelle je cherchais à
faire prendre le change à Fosco sur l'objet de ma
visite, produisit chez lui une sorte de tremblement
nerveux que je n'attribuai qu'à sa poltronnerie con-
nue. Je pris congé de lui, me promettant bien de
guetter les abords de la maison et de faire si bien
que la sorcière aux belles mains ne pût s'échapper...
» Ce fut vainement, elle ne revint pas chez Fosco...
Mille idées traversèrent alors ma pauvre tête; je me
dis avec douleur que je n'aurais jamais fini mon ta-
bouleversés...
dis-je à la dame.
» — D'où le savez- vous? reprit-elle d'un ton de
à approfondir la chimie...
» A ce dernier mot, j'avoue que sa figure se dé-
parquet.
VII
duisant.
peintres.
LA LAITIÈRE DE TRIANON
cabane du pauvre. »
petit Trianon.
Ces pyramides de verdure, ces obélisques de feuilles
est perdue !
la lune...
revenant?
— C'est vrai ;
je suis une folle. Comme ce lait est
blanc! voilà une crème à embrasser ! A
— Embrasse plutôt la laitière; ne suis-je pas bien "
belle ainsi? Vois un peu. Greuze m'a dit encore, l'autre
IX LAlTfflRF. DF. TftIANON 101
petit Trianon!
6.
102 LA LAITIÈRE DE TRIANON
Antoine passait alors devant l'étable.
rons courir.
Et la reine versa elle-même au gros bî ron uii verro
de la liqueur de madame Amphoux.
— Ce désir de Sa Majesté serait un ordre pour moi,
si je n'avais pas l'inspection d'un poste au château, et
signature : Un Suisse.
madame de Tourzel.
LA LAITIÈRE DE TKlAiNON J07,
si on le retrouve.
— Ainsi il déserte, monsieur Wadmaness?
— Je ne sais pas s'il déserte véritablement, reprit
fusillé.
taine.
joueur.
lise leva, sonna, et donna la lettre à un valet de
pied de la reine.
— Maintenant, reprit madame la duchesse de Po-
devant ce groupe.
— Combien voyez-vous de doigts? dit madame
Jules à M. Wadmaness.
Le pauvre baron avait déjà un épais mouchoir sur
les yeux ; ou pense bien que le sort avait dû tomber
sur lui. Il tâtonnait la chambre de tous côtés.
(1) Lawrence.
7
\\l) LA LllTlÈIVE DE TRIA>ON
suisse s'endormit.
— Un soldat a déserté!
— N'est-ce que cela? Laisse-moi redormir, imbé-
cile î
— Voici le rapport.
'
ces dames.
— Voilà qui
ce me passe, je n'en sais rien. Je le
au musicien de la chapelle :
régiment.
On causa, on chanta, on lut après le dîner; tels
sein de la reine.
ne put réprimer.
L'homme qui marchait vers elles s'arrêta tout d'un
peur...
122 L/V LAITIÈRE DE TRIANON
en or.
— Grand merci, monsieur, vous me rendez un
bijou bien cher que je croyais perdu.
do continuer.
— Je suis de Vevey, me nomme Ulric,
dit-il; je
Elle ajouta :
de Saint-Priest.
— La France, messieurs, n'est plus ni à Dieu ni au
(1) Historique.
LA LAITIÈRE DE TRIANON 129
ce peuple.
dit M. Désuttes.
— Je n*ai jamais eu si grande envie de me faire
— Vive la reine !
Dieu !
— Le porter à
faire ma femme, que j'ai laissée au
nviine toit que lui, comme cela se dit dans les vaude-
manger de Georges.
Ce jour-là, M. Bertoin arrive comme d'ordinaire,
monsieur Georges.
El M. Bertoin se versa un verre de madère, comme
pour se donner des forces.
8.
138 UN PAMPHLET
— En vérité, monsieur Bertoin ,
je ne veux pas
que vous parliez; mangez d'abord. Cette visite à l'o-
— Je ne pense pas.
— Au lion?
— va très-bien.
11
George^ le prévint.
II
cheval.
rité !
de rôle, c'est vous qui êtes mon hôte. Oui, cette mai-
crédit pour cet infâme. C'était là, n'est-ce pas, une mé-
prisable vengeance? L'anonyme fut son poignard. Mais
il fallait l'aiguiser, il fallait le tremper comme un acier
qui doit porter coup. Ce fut à moi que cet homme s'a-
On me la refusa. J'insistai ;
je ne pus rien obtenn\
UN PAMPHLET 159
» Anna.»
monter...
Les lueurs du soleil couchant éclairaient alors la
Seine... La liasse y surnagea d'abord, puis ne tarda
pas à s'y abîmer. Le vieillard avait levé la glace du
fiacre, et regardait le fleuve avidement...
— Voilà un singulier bibliophile! soupira l'étala-
giste.
et nous roulâmes.
La voiture du courrier ne me sembla pas moins
étrange que sa personne. C'était une espèce de coupé
aussi dur qu'un roc. Les papiers, les ficelles, les mes-
sages m'y prirent aux jambes dès que j'y entrai,
courrier chantait :
tout ceci...
— Vous me jurez le ?
— Racontez donc.
J'allumai un parfait cigare trabucos, et j'écoutai le
de sept à huit cents pas, puis tout d'un coup les voilà
courant avec tant de force et de vitesse, que votre œil
a peine à les suivre. L'expérience et l'adresse de ces
actions.
Cornelia.
la ville.
l'arrêta.
chapelle du palais.
du peintre :
échapperait à la mort.
Il
de fois !
HT
faire.
croyaient mort.
— Vous allez vite en besogne, messieurs ! je suis
(1) Dominoi
LA mal' aria 203
— Marié ! oh ! oui... ,
je le sais mieux que personne,
poursuivit la chevalière en ricanant. Tu es complète-
m'en souviendrai.
Il jeta un coup d'œil méprisant à Snvelli ; et, rame-
savez.
— Alors tu vas me dire quel est mon rival. Tu vas
mourir, car tu m'as trompé.
— Pitié! monseigneur, murmura le médecin; ce
pistolet...
grâce.
— Je vous ferai, monseigneur, une confession en-
tière...
d'elle.
la nuit même.
Le surlendemain, le vieux Pamphili étendait les
IV
Savelli!
de sa femme et sortit.
la jeune comtesse.
— C'est là que je vous attendrai, lui dit-il.
pâle.
tude.
— Battista, lui dit-elle, si vous ne me procurez pa
route.
— Gornelia, reprit-il, vous êtes ici dans votre ton:
beau !
visage.
— Je te fais horreur, n'est-ce pas? Nous autres no-
bles de Venise, voilà pourtant comme nous sommes
accoutumés de nous venger.
— Tu mens, Savelli, on ne tue que la femme qui
vous trompe ou qui vous hait ; mais on se bat avec
son rival, on ne le fait pas assassiner.
— Le comte Savelli n'est point coupable de cettd
bras, tu es mort !
— Et le meurtrier du comte?
— C'est moi, lïioi, Gonzaga, poursuivit-il fière-
matin ;
je loge ici près, rue Ghanoinesse.
moi! »
c'est un sacrifice...
avec sa colombe.
Je me levai, tenant toujours l'écheveau, et je me mi?;
dèle.
fi 8a piété est sincère, son âme est pure. Mon plus vif
là, à Paw8.
LE PELOTON DE FîL 235
» Votre sœur,
» Annette Dïjçlos. »
mière couchée.
» Le voyage lie bien vite les femmes entre elles. Les
gens du coche ne s'occupaient guère de la belle enfant ;
II
la clientèle.
vices.
respectiez ma nièce.
salle.
tend aussi !
je m'en charge!
)) Pulchérie avait asse? entendu de cette conversa-
l'en gronda.
s'écriant essoufflée :
» Survint M. de Noce.
» — A propos, Noce, tu sais que le maréchal lui re-
qu'en dis-tu?
» Puis, comme le linge tardait à venir pour son bain :
tevin.
quais.
tamment élancé...
étais sûr !
in
La sœur reprit :
trouvait...
bras jetés au cou d'un gros chien qui fait mine de les
défendre ;
plus loin des amours, des bergers, des bos-
Gluck.
» A peine remise de son trouble, la jeune iille par-
de Rubens.
» — Ma mère ! cria Pulchérie en courant les bras
les sanglots.
criait Greuze.
» L'horloge de Bâillon, qui décorait la cheminée,
Greuze.
» — Voilà un souper que je préfère à celui de ma-
dame la duchesse de Bourbon ! Pulchérie, il faudra
LE PELOTON DE FIL 265
par son oncle, se vit d'abord reçue par eux sur le pied
1
LE PELOTON DE FIL 267
peinture ,
je vous présenterai à madame Elisabeth, si
vous voulez.
» Pulchérie sauta de joie; cette visite au Louvre
ÏV
garder...
» Le duc de Penthièvre ,
qui sut vint , dérangea
presque son bonheur.
» — ChevaUer de Florian, dit-il au jeune homme,
voici quelques-uns de vos camarades de Bapaume qui
vous cherchent pour leur ouvrir ce soir l'entrée du
LE PELOTON DE FIL 271
de regret...
» La voix de Greuze tira Pulchérie de la distraction
rêveuse où la plongeait cette brusque disparition;
Greuze venait d'être accosté en ce moment par M. de
Fronsac, qui lui demandait . . .^x de sa nouvelle
œuvre.
» — Pour vous, monsieur le duc^ ce sera cinq cents
louis, répondit le peintre en fixant sur lui un regard
perçant qui donnait à sa figure, lorsqu'il le voulait,
une expression si amère d'ironie.
à quatre heures.
f) — M. Greuze, dit-il.
» — est absent,
11 monsieur; que lui voulez-vous?
cela?
» — Des exploits, mademoiselle, et je viens avec
générosité l'éclairait.
son métier...
Comme j'examinais alors la sœur, dont le visage
s'était plus d'une fois enflammé dans le cours de ce
VI
remis.
10
278 LE PELOTON DE FIL
lui parler !
LE PELOTON DE FIL 279
ami !
rait.
i6.
282 LE PELOTOxN DE FIL
calme...
). — Qu'arrive-t-il donc?
» — Lisez ces papiers, mon oncle, et vous le saurez.
284 LE PELOTON DE FIL
^
» Greuze essaya de sourire, une larme se faisait jour
toujours.
VII
» — Après?
» — Après! dame, ils ont baissé la toile et dit le
» — L'arlequin?
» — Oui, mademoiselle...; je ne sais pas ce qu'il
» — Voyons sa lettre...
» — La voici, mademoiselle.
» Thérèse se retira. Pulchérie ouvrit la lettre avec
angoisse. Les lignes en étaient tracées à la hâte ; le billet
a Mademoiselle,
i7
290 LE PELOTOxN DE FIL
qu'elle était.
l'approuve.
» Elle mit sa baigneuse sur ses épaules et sortit.
Pulchérie.
entendez - vous ;
je vous reverrai quelque jour.
Allez...
sa vie.
— La mienne est moins sainte et moins méritoire,
ma sœur. Gardez votre croix de madame Elisabeth,
FIN
TABLE
LA LAITIÈRE DK TRIA\0>f. . . . , 91
UN PAMPHLET. 134