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Ce classement du PNUD est un classement renversant. En effet, les discours officiels disent
que le Pays des hommes intègres est un bon élève de la Banque mondiale et du Fonds
monétaire international, ses gros bailleurs de fonds multilatéraux. Les autres bailleurs de
fonds bilatéraux, les partenaires au développement lui chantent les mêmes louanges. Sur le
plan national, le gouvernement n'a de cesse de répéter aux populations que les choses
bougent. La croissance annuelle de l'économie avoisine les 6%. Les visiteurs, de passage à
Ouagadougou et les missions d'experts, ne tarissent pas d'éloges à l'endroit de notre pays. Il
est cité en exemple.
Cependant, il est là, ce classement du PNUD. Et il semble difficile d'accuser le PNUD de
partialité ou de malveillance à l'égard du Burkina. Il serait inexact aussi d'accuser une
manipulation des chiffres. Par qui et à quelles fins? Pourquoi ce rang "infamant" pour un pays
qui vient de fêter avec éclat les "20 ans de renaissance démocratique avec Blaise
Compaoré"? Pourquoi ce bon élève qui applique soigneusement tous les remèdes prescrits
par les "développeurs" garde-t-il depuis une décennie ce rang de bon avant-dernier?
Qu'ont fait les autres pays que le Burkina n'a pas fait? Ce classement a été perçu comme
une douche froide par tout Burkinabè soucieux du développement de son pays.
Il y a un menteur quelque part. Ou c'est le PNUD qui tripatouille les données que lui envoient
les services compétents du Burkina, et pourquoi le fait-il à l'endroit de notre pays? Ou bien
ce sont les ministères concernés qui ne fournissent pas de données fiables. Car, on le sait,
ces données qu'une institution de réputation mondiale comme le PNUD reçoit, il les contrôle.
C'est pourquoi, on est réduit à poser et à se poser des questions. Le gouvernement dit-il la
vérité aux Burkinabè chaque fois qu'il chante le progrès, quand il dit que le pays avance ?
Dans une certaine mesure, oui: on construit de beaux immeubles, on construit des
échangeurs même.
Mais n'a-t-on pas oublié l'essentiel: le social par exemple qui se trouve être un indice-clé
dans les évaluations du PNUD? Les autorités de ce pays ne cachent-elles pas ces maladies
que les autres voient pourtant? En tout état de cause, ce classement du Burkina appelle les
responsables du pays, mais aussi tous ses citoyens, à une nécessaire remise en cause de
leurs certitudes.
Les Premiers ministres Paramanga Ernest Yonli, puis son successeur Tertius Zongo, dans des
discours publics, ont parlé de croissance. Les fruits de la croissance ne sont pas répartis
convenablement ou pas du tout. La ménagère n'a pas senti cette croissance. Depuis 20
ans, les salaires sont restés stationnaires. Or, on n'a pas besoin d'être un docteur en
économie pour savoir que plus le pouvoir d'achat est important, plus la consommation des
ménages l'est. Une grande consommation des biens et des services entraîne une meilleure
production de ces biens et services, donc le développement. Mais au Burkina, la majorité ne
peut pas consommer parce que son pouvoir d'achat est faible.
Toutefois, il faut reconnaître que le Burkina jouit d'une stabilité enviée au-delà de nos
frontières, ce qui n'est pas une moindre chose, quand on voit les soubresauts qui secouent
des pays voisins. Mais la stabilité dans la misère n'a jamais été un modèle à suivre.
Au total, en ne prenant en compte que les dons en liquide, le Sidathon aurait pour l’instant récolté
40 millions de francs CFA (81 500 dollars), selon le REGIPIV, bien loin des 1,3 milliard de francs CFA (2,6
millions de dollars) que les organisateurs espéraient obtenir, en se fondant sur une estimation de 100
francs CFA de don par habitant. Pour les associations de personnes vivant avec le VIH au Burkina
Faso, cette mobilisation des ressources internes est pourtant aujourd’hui devenue une nécessité
absolue.
«On ne peut pas continuer de compter sur les partenaires [internationaux] qui pourraient se retirer un
jour, il faut que chaque Burkinabé se mobilise pour lutter aux côtés de ces partenaires », a dit
Mamadou Sawadogo, coordonnateur du REGIPIV.
A l’heure actuelle, plus de 82 pour cent des ressources pour la lutte contre le sida au Burkina Faso
proviennent de l’extérieur, selon les chiffres du Comité national de lutte contre le sida et les
infections sexuellement transmissibles (CNLS/IST). Ces financements étrangers comportent de
nombreux inconvénients pour les associations qui en bénéficient.
Martine Somda, coordinatrice de REV+, association basée a Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du Burkina,
a expliqué qu’elle travaillait dans « le stress et l’incertitude ». « Nous devons faire des acrobaties pour
faire face à la prise en charge médicale, sociale, et psychologique, [avec] une masse de personnes
qui comptent sur [nous] », a-t-elle déploré. L’association REV+, qui s’occupe de 1700 patients, dont
500 –sur les 600 qui en ont besoin- reçoivent des médicaments ARV (antirétroviraux), est en grande
partie dépendante des financements internationaux.
« Nous sommes inquiets car en octobre prochain [notre] programme s’achève, que vont devenir les
patients? Rien n’est prévu pour prendre la relève », s’est inquiétée Mme Somda, elle-même sous
traitement depuis 2000.
A la tête d’un réseau de 51 associations qui recensent 5 135 orphelins, M. Sawadogo a souligné que
le mode de financement actuel des associations avait pour conséquence un manque de
prévisibilité et de pérennité dans les programmes de traitement. « Les programmes d’aide durent en
général entre six mois et deux ans, or une personne séropositive le restera toute sa vie», a dit le
coordonnateur du REGIPIV.
Il a dénoncé « les procédures lourdes » qu’imposent les partenariats avec des bailleurs étrangers :
des financements pour la prévention de l’épidémie ainsi que pour la prise en charge des malades,
prévus depuis mars 2006, n’ont été disponibles qu’au cours du mois de mai 2007, a-t-il dit.
Le coût de la gratuité des ARV
Par ailleurs, l’absence de fonds locaux pour les associations peut constituer un frein pour les bailleurs
étrangers, selon Mme Somda, qui a constaté que les associations disposant de leurs ressources
propres offraient une garantie recherchée par les partenaires.
« Les gens aiment construire sur quelque chose qui existe déjà car cela prouve la crédibilité et la
viabilité de l’entreprise», a-t-elle noté.
Les aides gouvernementales sont quant à elles nettement insuffisantes. Le principal outil de soutien
aux malades mis en place par le gouvernement, le Fonds de soutien aux malades et orphelins du
sida (FSMOS), accorde 100 millions de francs CFA (204 000 dollars) par an aux associations, dont 40
millions servent à financer la prise en charge des personnes infectées par le VIH.
«[C’est] une somme dérisoire, tout juste de quoi acheter des ARV pour 200 personnes », a regretté M.
Sawadogo. Environ 150 000 personnes vivent avec le VIH au Burkina Faso, qui affiche un taux de
prévalence de deux pour cent, selon les Nations Unies. D’après le REGIPIV, 12 842 patients séropositifs
reçoivent des ARV dans le pays, principalement dans les grandes villes, au prix subventionné de 5
000 francs CFA (10 dollars) par mois.
L’organisation du Sidathon a été soutenue par le CNLS/IST, qui estime, en dépit des demandes de
plus en plus pressantes de la part des associations, que le pays n’a pas encore les moyens
d’instaurer la gratuité des traitements ARV.
« Il faut que quelqu’un paye pour cette gratuité sinon nous risquons de nous retrouver sans un sou et
ce sera la catastrophe, il est évident que nous ne pouvons pas continuer à toujours compter sur les
partenaires», a dit Joseph André Tiendrébéogo, secrétaire permanent du CNLS/IST.
Il a rappelé que la tendance était à la stabilisation du taux de prévalence du VIH/SIDA, et que par
conséquent il fallait « mettre l’accent sur les méthodes de prévention, et cela coûte cher ».
Les trois quarts des dons récoltés lors du Sidathon seront versés au FSMOS, le reste servant à couvrir
les frais de cette opération et l’organisation de la prochaine.
Même si cette première édition du Sidathon n’a pas permis de récolter autant qu’ils le souhaitaient,
ses initiateurs ont estimé que l’opération était une réussite, dans la mesure où il s’agissait avant tout
d’une grande campagne de sensibilisation avec des conséquences sur le long terme. « C'est une
première et nous allons continuer dans les années à venir, avec une plus forte mobilisation », a
affirmé M. Sawadogo. « Les bonnes volontés existent, il suffit de bien sensibiliser ».
Un enthousiasme utopique
« C'est surtout la question de sensibilisation et de prise de conscience qui est importante
dans une première étape... » nous explique le réalisateur David Faucher « Il faut être un peu
utopiste lorsqu'on les
moyens tardent encore à
venir. Nous voulions
justement montrer ce
grand enthousiasme «
utopique » régnant chez
Cinomade en dépit de
difficultés » «Si on arrive pas
à changer les
comportements, on veut
au moins susciter un débat
» conclut enfin l'un des
membres de Cinomade.
Piotr Czarzasty
Le pays jouit alors de la dynamique insufflée par le révolutionnaire rouge Thomas Sankara,
qui avant d’être assassiné en 87, a grandement oeuvré pour la création artistique. Démé a
26 ans, et sa fougue musicale déborde de vigueur. Il gagne plusieurs micro-crochets, dont le
concours du Centre Culturel Français de Bobo-Dioulasso organisé en partenariat avec RFI
en 1989, et le premier prix de la Semaine National de La Culture, en 90 et 94. Il se fait ensuite
recruter successivement par de grands orchestres, dont l’Echo de l’Africa et surtout le
célèbre Suprême Comenba qui rythme les nuits de Ouagadougou. Pour gagner sa vie, il
doit parfois se plier aux exigences des propriétaires des clubs et maquis en interprétant des
classiques de Salif Keita, de Mory Kanté, ou des standards salsa.
L’Afrique de l’Ouest a toujours embrassé la musique latine, depuis le milieu du siècle dernier.
« C’était le son de nos tantes et de nos tontons. On les voyait danser pendant les soirées, ces
rythmes représentaient la fête, ils sont devenus naturels pour nous. Mais outre la salsa et le
griottisme, ma base reste toujours l’afro-mandingue, le blues. ». Alors que Démé est devenu
un chanteur de référence dans tous le pays, la poisse s’acharne encore sur son destin :
Atteint d’un virus grave qui lui ronge les gencives (le « bamba demi »), il devra s’arrêter de
chanter pendant deux ans, avant même d’avoir pu déposer sur un album les chansons
ayant forgé sa réputation dans l’underground. « À l’époque, il existait un seul studio
d’enregistrement professionnel au Burkina, le studio Seydoni à Ouagadougou qui appartient
à l’état, et qui coûte plusieurs dizaines de milliers de CFA par jour. Je n’ai jamais rencontré
les bonnes personnes pour m’y inviter. Ensuite, quand la maladie m’est tombée dessus, j’ai
cru qu’il était trop tard, que ma chance était passée. Alors je me suis remis à la couture. »
En 2004, Démé se lie d’amitié avec Camille Louvel, le régisseur du OuagaJungle, un maquis
associatif de Ouagadougou ou s’organise quelques concerts. Deux ans plus tard, ils
décident ensemble d’enregistrer un album dans le modeste studio de la résidence d’artistes
a Ouagadougou. Il s’agit simplement de deux pièces séparées par un pare-brise de camion
et équipées d’une vieille console 16 pistes. Mais le manque de moyen n’effraie pas les deux
complices, qui se rappellent que certains de leurs disques préférés ont aussi été conçus
dans des conditions rudimentaires, tel « Niafunké » d’Ali Farka Touré en Afrique ou « The
Headphone Masterpiece » de Cody Chesnutt aux Etats-Unis. Démé enregistre donc un
premier album, loin des modes coupé-
Dans le grand marché musical d’Afrique de l’Ouest, le
décalés qui submergent actuellement Burkina Faso est souvent à la traîne. Grâce à cette
les radios et les clubs au Burkina. petite pépite musicale,Victor Démé donne un vrai coup
Son disque offre une mosaïque de projecteur sur la richesse culturelle du pays. Après
singulière de folk-blues poignant, de trente-cinq ans de carrière sur les scènes des maquis
de Bobo Dioulasso, de Ouagadougou ou d’Abidjan, en
petites romances mandingues Côte d’Ivoire, Démé a brassé les influences et
intimistes, et d’influences latines, salsa approfondi son chant. Il est rentré en studio pour la
et flamenco. « Burkina Mousso » est un première fois et y a enregistré ce disque, fruit d’une
vie de pérégrinations musicales, de rencontres et
hommage à toutes les femmes d’expériences. A la fois grave et chaleureux, Démé
burkinabés « ayant construit ce pays de chronique en dioula le quotidien burkinabé et oscille
leurs mains » comme le chante Démé. avec un incomparable charme, entre blues renversant ,
Ses textes appellent à la solidarité résonances latines et traditionnel mandingue…
Irrésistible.
nationale (« Peuple burkinabé »), Eglantine Chabasseur
prônent la tolérance envers son http://victor_deme.mondomix.com/fr/chronique4345.htm
prochain (« Djomaya »), et tissent des
hymnes à la grâce féminine (« Sabu »).
Le tracklisting s’achève avec deux titres de Djourou Bambara, la musique traditionnelle de
la région. Après l’enregistrement du disque, ses récents concerts au Centre Culturel Français
et dans les grands maquis de Ouagadougou ont prouvé que le public Burkinabé ne l’avait
pas oublié. Démé déclare aujourd’hui : « Je ne pensais pas pouvoir renaître ainsi
musicalement. ». Avec une partie de l’avance qu’il a reçue pour ce disque, il s’est acheté
une nouvelle guitare. Et une nouvelle machine à coudre.
Afrik.com