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F
C
F Bulletin de liaison
A où nous écrire ?
25-11-
09 c/o Pascal Gillet
Dache Dise 1 rue Mazureau
correspondances avec le Burkina Faso 44 400 Rezé

En guise d’Edito
Que 2010 se termine dans la joie et le succès et que 2011 soit également propice
aux réussites des projets, Sans frontière et Kouambasoré réunis !

Sommaire de ce numéro trente-trois (décembre 2010)


1 Bref Edito & Sommaire
2 à 5 Kouamb’ à Palabres :
 Du courrier de là-bas !
 A propos des délégations
6 à 8 Sida S’ à Palabres :
 Vivre sa séropositivité en… France !
9 à 22 Burkin’ à Palabres :
 Les ethnies du Burkina Faso (suite et fin)
 L’éducation, pas l’aumône
 La corruption au Burkina Faso
 50 ans déjà
23 à 28 Afric’ à Palabres :
 Avancées spectaculaires de l’éducation en Afrique depuis 10 ans
 Les indicateurs de développement au rouge en Afrique subsaharienne
 Développement de l’usage des langues africaines dans l’enseignement
 Comment le Sahel reverdit
 Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus, d’Omar Ba
 Momo le doyen

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 1


Kouamb’à
Un peu de courrier de là-bas
Palabres (merci Béa)

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 2


L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 3
A propos des
délégations…
Chères amies & amis de Sans Frontière
et de Kouambasoré

Voilà que 2011 va déjà pointer le bout


de son nez dans quelques jours ! Il va
sans dire que Kouambasoré, en cette
occasion particulière, pense à
chacune et chacun d’entre nous !
Nous fêtons chaque année un an de plus d’existence, un an de plus de moissons,
un an de plus de vaches grasses ou parfois de chèvres maigres, toutes ces années
décidées et vigoureuses de vitamines pédagogiques pour nos classes d’ici et de
là-bas, ces belles années d’appels solidaires, dans un monde souhaité plus juste, à
nous toutes et tous pareils et formidablement pas pareils : et si la modernité de
notre but jumelé restait justement cette lente et patiente maturation avec laquelle
les liens se nouent et s’enrichissent de part et d’autre de nos continents respectifs ?
Nous nous posons toujours mille et une questions sur nos rôles respectifs à
Kouambasoré et Sans Frontières, sur nos échanges mutuels, sur la place
aujourd’hui de la correspondance scolaire, sur le devenir des deux bibliothèques
pour, de façon aigue, de prendre conscience de l’importance, pour nous tous,
de la présence effective de nos deux associations.
Nous avons constaté que la vie associative de Sans Frontière, ici ou là, semblait un
peu en veilleuse : on ne reçoit plus aucun compte rendu de réunions, ni d’appel
à Assemblée Générale, les échos relèvent pourtant que les bibliothèques restent
un secteur vivace, et que les correspondances « qui marchent » suivent leur petit
bonhomme de chemin ! Mais loin semble le temps où nous aidions à financer des
rencontres… inter-secteurs ! Puisqu’au sein même du secteur, peu ou pas de
rencontres ne voit le jour !
Cela nous pose souci à propos de la délégation : comment peut-on être
« délégué » d’une association et venir en France pour la représenter si celle-ci n’a
plus trop d’existence propre ? (Et réciproquement)Le dictionnaire signale la
définition suivante : Délégué, personne qui a commission de représenter les
intérêts d’un groupe avec éventuellement pouvoir d’agir. De quels intérêts parle-t-
on ? et de quel groupe ?
2010 aura vécu la délégation française inédite de 2 personnes pas là en même
temps sans trop de succès associatifs. Bien sûr, l’accueil fut sensationnel et les
rencontres fertiles mais l’esprit partageur habituel ne régna pas, et pour cause !
Cela est devenu par la force des choses pour Anne-Françoise ou Jacqueline, un
voyage à haute dose personnelle avec un petit aspect associatif, pas suffisant
pour lui conférer l’impact de délégation.
Ici en France, il y a aussi des difficultés pour trouver des délégués et cela sans
doute pour des raisons financières évidemment mais aussi pour des raisons plus
générales, nous n’obtenons plus de congés supplémentaires pour pouvoir rester

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 4


les légendaires 3 semaines (qui nous
permettaient ainsi d’aller voir & rencontrer
les 3 antennes).
Pour 2011, ce devrait a priori le tour d’une
délégation burkinabè de venir en France…
Mais il nous semble peut-être judicieux que
de part et d’autre nous réfléchissions à ce
dossier, avant même d’avoir à proposer un
nom par secteur (de quel secteur, de quelle
vie de secteur parle-t-on ?) Voyons où en
sont les valeurs de nos associations, voyons ce que nous partageons en notre sein
même. Remettons à plat notre fonctionnement associatif, relançons, réactivons,
… la liste est longue pour que nos lendemains soient enchantés ! Ensuite, nous
pourrons de nouveau envisager à monter de lourds dossiers financiers pour que
de réelles délégations revoient le jour.

Il faudrait peut-être se faire à l’idée d’un break, d’une pause pour pouvoir réfléchir
à tous ces problèmes tant à Sans Frontière qu'à Kouambasoré, non ?

Ceci dit, longue vie à Sans Frontière et à Kouambasoré pour que, à travers la
correspondance et les bibliothèques, perdurent des échanges vrais entre des
enseignants aux conditions de travail si différentes, avec des moyens
diamétralement opposés. Pour que les enseignants de Sans Frontières et de
Kouambasoré puissent répondre à une préoccupation commune : aider leurs
élèves à prendre conscience de la différence mais aussi de la complémentarité
de nos deux mondes…

Présentement, je vous adresse, à toutes et à tous, au nom de Kouambasoré, tous


nos vœux pour cette nouvelle année,

Pour Kouambasoré,
Pascal

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 5


Sida S’à VIH-SIDA : vivre sa séropositivité
Palabres
VIH, SIDA : je me rapproche de l'équipe médicale pour me faire aider
A., originaire d’Afrique, est arrivée en France seule, à 13
ans. Prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance, elle a
été placée en famille d’accueil. Elle a bénéficié d’un bilan
de santé qui a révélé qu’elle était séropositive et l’a
appris par le médecin. Elle a aujourd’hui 20 ans.

« Je me suis vue mourante. C'est une maladie fatale,


toutes les cellules de mon corps vont être malades,
c'est ça que je me suis dit. Je n'acceptais pas l'idée
que je pouvais mourir, alors je ne dormais plus, parce
que j'avais peur de mourir dans mon sommeil. Je me
disais que je n'avais pas fait toutes ces choses qui
donnent le SIDA : la prostitution, la drogue. Je me
disais que ce n'était pas vrai. Je ne voulais plus aller
en consultation.
Je n'en ai parlé à personne, juste à ma nourrice de la famille d'accueil. C'est
impossible d'en parler, après il y a le regard : c'est comme si on était impur.

Il est souvent difficile dans un premier temps d'accepter sa séropositivité


Je n'acceptais pas, je n'accepte toujours pas. Je me recroquevillais dans ma
chambre, dans mon lit, j'attendais la mort. Le médecin, quand je suis retournée le
voir, m'a donné des tranquillisants et des vitamines, mais pas de traitement. Je
n'avais pas confiance. J'allais sur internet, sur les sites, je posais des questions,
j'avais les mêmes réponses que celles de mon médecin. C'est la maladie de la
honte. Il faut la garder pour soi et puis voir comment est son environnement :
aucune personne normale n'accepte, il ne faut pas le dire, après ils trahissent le
secret. J'ai de la rancœur pour ceux qui m'ont contaminée. »
Apprendre sa séropositivité est un choc émotionnel. Quelles que soient les
circonstances de la découverte de la maladie, le résultat du test est bouleversant.
A la peur de la mort s'ajoute une angoisse du rejet par les autres, une crainte de
l'amalgame entre VIH (virus de l'immunodéficience humaine) et des
comportements rejetés ou mal acceptés par notre société.
Certes, la prise en charge du VIH a fait d'énormes progrès et cette maladie
concerne tous les groupes sociaux, mais il n'empêche que l'inconscient collectif
véhicule encore des tabous à son sujet.
C'est la raison pour laquelle il est essentiel de s'adresser à des personnes de
confiance, à des amis sincères et loyaux et peut-être, avant tout, à des personnes
qui partagent votre vécu. Les groupes de parole, les associations, les
psychologues peuvent vous aider à dépasser ce moment, à ne pas rester
enfermé(e) dans vos images.
Le fait de pouvoir mettre des mots sur ses peurs permet de les éloigner. Il n'y a pas
de honte à accepter difficilement la maladie, pas de honte à être angoissé(e),

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 6


pas de honte à se faire aider. Parler peut faire beaucoup de bien, moralement et
physiquement.
On peut comparer le choc psychologique de la découverte de la séropositivité
au traumatisme lié au deuil. Une phase initiale de sidération est fréquente. Puis il
faut apprendre à vivre avec. Ce travail psychique est indispensable. Il est plus
moins long, plus ou moins difficile et douloureux. Les psychologues et, bien
entendu, votre médecin peuvent vous aider à raccourcir cette phase de
sidération. Parfois même, faute d'avoir fait appel à une prise en charge
psychologique, des patient(e)s ne parviennent pas à faire ce travail. Il n'est jamais
trop tard pour se faire aider.

J'accepte ma séropositivité dans ma vie quotidienne


Depuis 1996, les traitements antirétroviraux ont profondément modifié la perception de la
séropositivité en combattant l’infection et en allongeant la durée de vie. Il s’agit
désormais de vivre avec le VIH (virus de l’immunodéficience humaine).
Puis-je travailler normalement ?
Oui. Le VIH ne peut pas être un motif de non-embauche, de discrimination ou de
licenciement.
Un test de dépistage ne peut pas être fait à votre insu lors d'une visite d'embauche
ou de suivi de médecine du travail.
Si votre emploi est compatible avec l'infection, vous n'êtes en rien tenu d'informer
votre employeur (secret médical).
Ai-je des droits particuliers ?
Vous bénéficierez d'une prise en charge intégrale des frais médicaux liés à
l'infection à VIH et à ses conséquences et complications éventuelles, directes ou
indirectes. C'est votre médecin traitant qui remplira une demande d'affection de
longue durée (ALD), vous exonérant du ticket modérateur. Vous pouvez
demander un statut de travailleur handicapé qui vous donnera certains
avantages sociaux et financiers. Le dossier est examiné en fonction de la sévérité
et du handicap. La plupart des prestations auxquelles vous pouvez prétendre
étaient jusqu'alors attribuées via la Commission technique d'orientation et de
reclassement professionnel (COTOREP). Il peut s'agir d'aides matérielles et sociales,
comme l'allocation adulte handicapé (AAH) ou l'allocation compensatrice tierce
personne (ACTP) en fonction du taux d'incapacité. La loi handicap a créé les
Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), lieu unique
chargé de l'accueil et de l'accompagnement des personnes handicapées et de
leurs proches. Ce sont ces nouvelles instances auprès desquelles vous pouvez
maintenant vous rapprocher. L'attribution d'un logement social peut être facilitée,
l'infection au VIH étant considérée comme un handicap.
Puis-je envisager d'avoir des enfants ?
Oui, si vous vivez en couple. Mariée ou non, vous pouvez envisager d'avoir des
enfants en respectant un protocole destiné à éviter la contamination de votre
conjoint et de votre futur bébé. Cela est vrai que vous soyez un homme ou une
femme et que votre compagnon (compagne) soit non infecté(e) ou infecté(e)
par le VIH. Les techniques et les traitements alors utilisés varient dans leur
complexité selon le contexte. Ils vont de l'insémination faite par le couple à la
maison à des techniques de fécondation in vitro relevant bien entendu d'une prise
en charge dans des centres de procréation médicale assistée.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 7


Puis-je faire du sport ?
Oui. Le sport est même vivement conseillé : il maintient votre forme physique,
permet de lutter contre certains troubles du métabolisme. Les sports collectifs vous
permettront, en outre, de tisser des liens sociaux.
Puis-je partir en vacances ?
Oui, bien entendu. Il faut vous organiser pour pouvoir suivre votre traitement
normalement. Si vous prenez l'avion, prévoyez d'emporter suffisamment de
médicaments et un certificat médical. Conservez toujours vos médicaments dans
vos bagages à main gardés en cabine. Veillez à ne pas laisser des boîtes de
médicaments en plein soleil. Si vous allez dans des régions tropicales, prenez
systématiquement conseil auprès de votre médecin ou lors d'une consultation
spécialisée de médecine des voyages sur les traitements permettant d'éviter le
paludisme et sur les vaccinations obligatoires ou conseillées.
A l'étranger, la législation de certains pays réglemente la circulation des personnes
séropositives. Renseignez-vous auprès du site du ministère des Affaires étrangères.
Certains pays imposent théoriquement la déclaration de la séropositivité, y
compris pour de courts séjours, mais heureusement n'appliquent jamais ce
règlement : c'est notamment le cas paradoxal des Etats-Unis.
A qui puis-je me confier ?
Les membres du corps médical, les psychologues ou les psychiatres sont là pour
vous aider. Ils sont liés par le secret professionnel.
Vous pouvez aussi vous tourner vers des représentants de votre confession
religieuse.
N'hésitez pas à prendre contact avec les associations animées par des séropositifs,
où vous pourrez partager vos expériences et votre vécu.
Comment organiser mon traitement ?
La décision de débuter votre traitement a été prise conjointement par votre
médecin ou l'équipe médicale et vous.
Pour la suite, une consultation d'observance est souvent prévue, afin de faire le
point sur les obstacles que vous rencontrez lors de la
prise en charge régulière de votre traitement dans la
vie quotidienne.
Elle donne également l'occasion d'aménager au
mieux la prise de médicaments en fonction de vos
horaires, de votre mode de vie.

Oui, on peut vivre avec le VIH

La solitude reste encore aujourd'hui une difficulté majeure. Ne restez pas isolé.
La solidarité, la communication et le partage constituent sans aucun doute un
facteur essentiel de succès thérapeutique et d'une bonne acceptation au
quotidien de votre séropositivité.
Fiches de l’Hopital St Antoine
Service des Maladies Infectieuses et Tropicales Hôpital Saint-Antoine, Paris

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 8


Burkin’à Les ethnies du Burkina Faso
(suite et fin)
Palabres
La richesse culturelle du Faso vient en grande
partie de la diversité des communautés qui au fil
de l'histoire se sont implantées à travers le pays.
Les grands et puissants royaumes à travers leurs
conquêtes et vassalisations ont forgé le paysage
ethnique que connait le Burkina aujourd'hui. Si à peu près tous les Burkinabé parlent au
moins ou mooré ou mandingue ou français, les langues maternelles correspondant aux
différentes ethnies du pays dépassent la soixantaine ! La répartition de certaines de ces
communautés se réduit parfois à quelques villages alors que d'autres occupent plusieurs
provinces du pays. Chaque ethnie a son histoire, ses croyances, ses danses, sa langue,
son architecture et ses traditions.
Les liens entre les communautés sont complexes et certaines se considèrent comme
cousines d'autres comme maîtres et esclaves. Il n'est pas rare par exemple d'entendre, sur
le ton de la plaisanterie, un Burkinabé dire d'un autre qu'il est son esclave en raison de
l'ascendance séculaire de son ethnie sur celle de son interlocuteur...

Certaines communautés géographiquement et culturellement proches ont des langues et


une histoire totalement différentes : c'est le cas par exemple des Lobi et des Birifor.
D'autres sont géographiquement éloignées et ont des différences linguistiques notables
tout en faisant partie du même groupe ethnique. C'est le cas par exemple des Kasséna et
des Lyélé qui sont avant tout des Gourounsi. Parler de religion est également risqué
puisque les statistiques nationales annoncent des chiffres et des proportions farfelues.
Aucune communauté du Burkina n'adopte d'ailleurs uniformément qu'une seule
croyance. Mossi, Gourounsi, Lobi ou même Peulh comptent dans leurs membres des
animistes, des chrétiens et des musulmans.
En outre, quand on parle de l'aire d'implantation d'une communauté au Burkina Faso, il
faut bien garder à l'esprit que les villes sont généralement cosmopolites et comptent des
membres de toutes les communautés du pays. A l'inverse, en zone rurale, les villages sont
L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 9
très généralement mono ethniques. A part éventuellement un commerçant et une ou
deux femmes mariées venant d'autres communautés, les hameaux du paysage rural
burkinabé ne sont exclusivement habités que par une ethnie. Ainsi, en plein pays peulh,
au nord du Faso, on peut tomber sur des villages exclusivement peuplés de Shongay.
Pour finir, à l'intérieur même d'un groupe ethnique apparemment uniforme il existe
souvent une multitude de castes ou de groupes historiques aux traditions diverses et aux
dialectes sensiblement différents de la langue parlée par le plus grand nombre. C'est le
cas des Mossi par exemple. De plus, certaines communautés isolées ont pratiquement
abandonné la langue de leurs ancêtres. Ainsi, les Dioula, dont la population est presque
inexistante au Burkina Faso, ont imposé leur langue à des multiples communautés du sud-
ouest du pays du fait qu'elle est la langue du commerce en Afrique de l'Ouest.
Ce que tu découvriras dans cette page n'est donc qu'un bref aperçu de la complexité
sociale des grands groupes ethniques burkinabés et des sous-groupes qui les composent.
Les sociologues classent généralement les communautés du Burkina Faso dans deux
grands groupes linguistiques : le groupe voltaïque (Gur) auquel appartiennent
notamment les Mossi, les Gourmantché, les Gourounsi, les Sénoufo les Bobo ou les Lobi et
le groupe Mandé auquel appartiennent les Samo, les Marka, etc...
Les Lobi, Dagari, Gan, Birifor et apparentés
Le long de la frontière occidentale du Ghana et sur la moitié est de la frontière
ivoirienne, dans l'une des régions les plus défavorisées du pays, plusieurs ethnies
apparentées, au passé parfois commun, forment l'une des communautés
culturellement les riches du pays. Lobi, Dagari, Gan, Birifor, Pwe et Dan se
répartissent ainsi un vaste territoire autour des villes de Gaoua, Loropéni, Batié,
Diébougou et Dissen. Principalement présents au Burkina Faso, ils comptent
cependant de nombreux villages au Ghana et en Côte d'Ivoire. Il est commun
d'appeler "Lobi" cet ensemble d'ethnies sans limiter cette appellation aux Lobi
proprement dits.
Les Lobi, dont le nom signifierait en Lobori (la langue des Lobi) "Enfants de la Forêt",
viendraient du Ghana après avoir traversé le fleuve Mouhoun qui revêt d'ailleurs
pour ces populations un caractère sacré.
Considérés comme des fermiers, des chasseurs
et des éleveurs, ils sont avant tout des guerriers.
C'est cette réputation qui fait l'identité profonde
des Lobi mais aussi de leurs cousins birifor, gan
ou dagari. Tout rappelle chez eux que leur
histoire s'est faite des résistances contre les raids
des tribus voisines du Guiriko et du Kénédougou
et des razzias esclavagistes jusqu'au milieu du
XIXe siècle : leurs maisons sont des petits fortins
impénétrables et l'arc et ses flèches
empoisonnées, dont aujourd'hui encore les
populations rurales ne se séparent pas, sont
l'emblème de leurs talents guerriers.
L'histoire de la résistance Lobi est d'ailleurs très
récente puisque tout au long de la période
coloniale jusqu'au milieu du XXe siècle les Lobi
lancèrent des raids contre les Français et leurs
escouades de tirailleurs africains.
L'architecture Lobi est très particulière et se
révèle être la plus avancée et la plus belle du

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 10


Burkina Faso avec bien-sûr celle des Gourounsi Kasséna. Les habitations Lobi sont
constituées d'une large concession rectangulaire de type forteresse appelée
soukala et dont l'entrée se situe sur la terrasse qui n'est traditionnellement
accessible qu'avec une échelle que les familles peuvent retirer pour se défendre
des attaques. La terrasse ainsi formée par la construction permet de dormir en
plein air durant les nuits les plus chaudes précédent l'hivernage. Une cour
intérieure permet de protéger les animaux domestiques et de faire la cuisine.
On reconnait donc facilement les hameaux de cette ethnie. Les strates de banco
formées en lignes les différencient en outre particulièrement
des formations en "briques". Il faut d'ailleurs noter que les
Gan sont la seule communauté du groupe Lobi qui n'ait pas
adopté cette architecture (il s'agit plutôt chez eux de cases
rondes assez classiques).
Aujourd'hui les Birifor, les Lobi et les Dagari demeurent
majoritairement animistes bien que plusieurs communautés
chrétiennes se soient formées ces dernières années.
La statuaire lobi est la plus célèbre et la plus belle du
Burkina Faso. Alors que les Mossi ou les Samo montrent des
masques extraordinaires, les Lobi pour honorer leur fétiches
et les ancêtres utilisent des statuettes de bois qui sont
d'ailleurs aujourd'hui toujours pillées par des pseudos
antiquaires ou marchands d'art.

Les Mossi
Les Mossi (ou Moaaga) représentent la plus grande communauté du Faso. Ils
occupent également le plus grand espace du pays : la région centrale du Burkina
appelée d'ailleurs le Plateau Mossi.
La langue commune des Mossi est le Mooré (qui
appartient au groupe linguistique Gur) bien que comme
dans toutes les autres communautés du pays il existe des
variantes ou des "patois" en fonction des terroirs : le
dialecte du Yatenga (Ouahigouya), un dialecte du nord
(Kaya), un dialecte de l'est (Koupéla) et un dialecte du
sud-est dans la zone de Tenkodogo.
Ils constitueraient aujourd'hui 40% de la population de
Burkina Faso soit environ 6 millions d'habitants.
La tradition orale, toujours importante en Afrique, permet
de connaître les origines historiques et/ou légendaire du
peuple mossi tout comme les lignées royales qui ont
régné.
Les Mossi seraient nés du mariage entre Yenenga, une princesse dagomba (ethnie
toujours présente dans le nord du Ghana) et Rialé, un chasseur d'ethnie mandé.
Alors qu'elle explorait son royaume à cheval, et perdit son chemin, elle fut aidée
par Rialé. Leur union donna naissance à leur fils
Ouedraogo considéré comme le premier des Mossi
(le nom de famille Ouédraogo est très commun au
Faso).
Le reste de l'histoire de l'empire mossi se précise au
fur et à mesure que les siècles passent. Les dates

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 11


perdues par la tradition orale pour les faits les plus anciens peuvent être évaluées
par les historiens grâce aux durées des règnes des naaba, les empereurs mossis.
On sait donc que c'est à partir du XVe siècle que l'empire mossi s'étend grâce aux
conquêtes de ses guerriers à cheval. Pendant près de 400 ans, jusqu'à l'arrivée de
la colonisation française, les Mossi ont dominé la région sans partage.
La prophétie qui prévoyait la fin de la nation Mossi à l'arrivée du premier homme
blanc s'est donc réalisée : le pouvoir absolu du Mogho Naaba s'est éteint sous l'ère
coloniale française même si toujours, et encore à présent, l'autorité de l'empereur
sur ses sujets est importante et son influence grande. Il demeure le protecteur de
l'histoire et des traditions. La cérémonie publique hebdomadaire du moogh-naab-
yisgu (le "faux-départ" du Mogho Naaba) témoigne de cet attachement aux
traditions.
Cette hiérarchie respectée est présente jusqu'en bas de l'échelle : chaque village,
ou chaque quartier urbain a son naaba (son chef) et à l'intérieur même des
familles, le doyen a valeur de naaba.
Les Mossi sont adeptes de toutes les croyances présentes au Burkina. Islam,
catholicisme, fétichisme et tout un lot de sectes dites "chrétiennes" se partagent
les fidèles. Certaines familles, certains terroirs sont en majorité musulmans : les
alentours d’Ouahigouya ou Tenkodogo par exemple. D'autres sont plus souvent
chrétiens notamment dans la région d’Ouagadougou, Koupéla ou Ziniaré. Dans
les villages, les croyances et traditions animistes et fétichistes sont omniprésentes
mais c'est aussi parfois le lieu où viennent s'implanter des groupuscules chrétiens
sectaires de type américain (avec chants en transe, guérisons miraculeuses et
autres bizarreries...).
L'art religieux qui se manifeste par des masques
impressionnants est l'un des aspects les plus connus
de la culture mossi. Ces masques, souvent sacrés (il
était interdit de les photographier jusqu'à une
époque récente) font la fierté des villages durant
les festivals tels que le SIAO de Ouaga ou la
Semaine Nationale de la Culture de Bobo-
Dioulasso.
Il est bon de noter que les Mossi ont fourni l'essentiel
des combattants des régiments de tirailleurs dits
"sénégalais".

Les Peulh (ou Peul)


Les Peulh sont les pasteurs nomades les plus connus d'Afrique. Ils sont présents dans
la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest
(Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau,
Guinée, Burkina, Mali, Niger, Bénin, Togo
ou Ghana) mais également dans
certains pays d'Afrique centrale
(Cameroun, Tchad, Centrafrique).
Au Burkina, leur zone de répartition
principale se trouve dans les provinces
semi-désertiques de la région du Sahel :
le Soum, le Séno et l'Oudalan (Djibo,
Dori et Gorom-Gorom). A

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 12


Ouagadougou où vit une forte communauté, ils occupent une grosse partie du
quartier de Dapoya.
Ils sont facilement reconnaissables à leur peau souvent claire et aux traits fins de
leur visage.
Leur activité pastorale les met souvent en conflit avec les autres communautés du
pays et des morts sont régulièrement à déplorer après des batailles rangées entre
cultivateurs locaux et bergers peulh qui font divaguer leur bétail dans les champs.
Victimes d'une grande pauvreté (voire même de famines y compris ces dernières
années) ils forment également la communauté la moins alphabétisée du pays.
La majorité des enfants mendiants appelés "garibous" est peulh.

Au Burkina est faite une distinction entre Peul rouges et Peul noirs. Les Peul rouges
étant monogames et moins souvent musulmans (voire parfois chrétiens) et les Peul
"noirs", musulmans, plus souvent
sédentarisés, habitant en ville et ayant
souvent abandonné les activités
pastorales. De très nombreux
commerçants, notamment à
Ouagadougou, sont d'ethnie peulh.
Une autre communauté peulh, parfois
appelée "peulh-mossi" vit
principalement dans les zones
d'influence Mossi des provinces du
Passoré (Yako) et du Yatenga
(Ouahigouya).

Le révolutionnaire Thomas Sankara appartenait à cette communauté.

Les Samo-Marka
Les Samo se considèrent comme les plus proches cousins des Bissa avec qui ils
partagent de nombreuses similitudes culturelles malgré leur éloignement
géographique. L'essentiel de leur population se trouve de l'autre côté de la
frontière, au Mali. Ils occupent la plus grande partie de la province du Sourou,
autour de Tougan. L'ancien président Lamizana était d'ethnie Samo (natif de
Zignara dans le Sourou) toute
comme l'historien et homme
politique Joseph Ki-Zerbo.
Les Marka forment une petite
communauté évaluée à 25 000 âmes
autour de la frontière burkinabo-
malienne dans les provinces du
Mouhoun, du Sourou et du Kossi.
Musulmans de langue mandingue
apparentés aux Soninké du Mali, ils
sont intégrés à la grande famille
malienne des Bambara. S’ils
pratiquent l'agriculture, ils sont aussi
très actifs dans le domaine du
commerce.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 13


Les Sénoufo
Si les villages Sénoufo (ou Sénoufou) occupent l'extrême sud-ouest du Burkina, la
plus grosse partie de cette communauté habite cependant au Mali et surtout en
Côte d'Ivoire.
Ils sont traditionnellement agriculteurs mais sont aussi reconnus comme
d'excellents artisans et de légendaires chasseurs.
La société sénoufo est très fortement castée et, si la modernité a tendance à
affaiblir les coutumes, il demeure assez rare que deux Sénofou de castes
différentes se marient : par exemple un homme de la caste des forgerons ne
prendra pas pour épouse une jeune fille de la caste des agriculteurs. De même,
un homme de la caste des sculpteurs ou des chasseurs ne peut théoriquement
pas devenir forgeron une d'une manière générale travailler le métal (bijoutier,
ferrailleur, plombier, etc...).
Cette importance des castes n'est qu'un des aspects
culturels de la société sénoufou qui demeure
animiste et traditionnelle. Les devins et fétichistes ont
toujours un rôle important dans la vie villageoise et
forment des sociétés secrètes d'initiés. Par leur
intermédiaire et celui de la richissime statuaire
sénéfou (l'une des plus appréciée d'Afrique de
l'Ouest), les ancêtres et les esprits des bois sont
vénérés. Tous les jeunes garçons qui rentrent dans le
bois sacré sont initiés aux croyances et aux traditions
sénoufou et cette initiation demeure le ciment de la
sauvegarde des coutumes ancestrales.

Les Touareg
Les Touareg constituent le peuple emblématique du désert du Sahara. Ceux que
l'on surnomme les hommes bleus (autant pour la couleur de leurs boubous que
pour celle de leur peau parfois déteinte par la teinture indigo de leurs vêtements)
sont un peuple nomade que l'on retrouve
au Mali, au Burkina Faso, au Niger, en
Algérie et en Lybie. Les zones désertiques
de l'extrême-nord du Burkina Faso
correspondent à leur zone de nomadisme
la plus méridionale.
Durant des siècles, ces seigneurs du désert
étaient craints et respectés par les
populations négro-africaines en raison des
razzias qu'ils menaient pour capturer des
esclaves. Jusqu'aux indépendances des pays d'Afrique de l'Ouest (et souvent
même après) ces razzias chez les peuples noirs de l'orée du désert étaient le
fondement même de la société touareg. Un vrai Touareg dans la société
traditionnelle ne se salit pas les mains (même si l'eau ne lui sert qu'à se laver les
pieds 4 fois par jour ignorant les parties cachées sous le boubou).
Abdel Kader GALY dans le rapport Anti-Slavery International mars 2004, (lauréat du
Prix International des Droits de l’Homme décerné par Anti-Slavery International)
nous dit : « L’esclave est le moteur de la société touareg ».

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 14


Djibo Hamani, historien et enseignant à la faculté rajoute : « Il est clair que toute la
culture touareg actuelle, où la poésie, les visites prolongées et fréquentes aux
parents, la cour aux femmes et le « farniente » occupent une grande place, n’a
pu naître et se développer que parce que les hommes et les femmes libres, les
Imajaghen en particulier, étaient totalement déchargés des tâches manuelles ».
Bien qu'aujourd'hui une partie des Touareg soit noire, le négro-africain dans
l'inconscient collectif touareg demeure un esclave potentiel.
Si de nos jours les Touareg ne font plus de razzias d'esclaves, ce n'est pas parce
que leur état d'esprit a évolué. C'est uniquement parce que les armées des pays
victimes de ces rafles sont des armées noires. L'aspect romanesque du mode de
vie des Touareg ne doit pas faire oublier qu'ils ne sont que les proches cousins des
Djandjaweed soudanais qui massacrent les Noirs du Darfour, des esclavagistes
mauritaniens et en règle général de la plupart des arabo-berbères qui considèrent
le Noir comme une marchandise à vendre ou acheter depuis les siècles des
siècles, amen.
Bon nombre d'ONG criminelles, sous prétexte de sauvegarder la "liberté séculaire
des hommes bleus" et leurs traditions qui sont le "fondement de leur identité" (ou
plein d'autres lieux communs à la con dans ce genre), confinent les Touareg dans
un siècle qui n'est pas le nôtre en hypothéquant l'avenir et la santé de leurs
enfants tout en leur faisant croire que dans 10 ans ou 100 ans ils pourront continuer
à sa balader en chameau avec des coutumes médiévales.
Aujourd'hui, à Ouaga mais
également à Cotonou, Bamako,
Niamey ou Lagos, ils déambulent
comme des fantômes d'eux
mêmes tentant désespérément de
vendre leur artisanat à d'éventuels
touristes de passage. Les enfants
touaregs qui mendient en ville sont
nombreux et leur nombre ne cesse
de s'accroître.
On est au XXIe siècle et l'avenir de
ces enfants n'est résolument pas
dans la divagation à dos de chameau. La population touareg du Faso a besoin
d'une aide massive des autorités et des ONG. Pas des ONG qui les invitent dans
leurs cirques pour présenter leurs sabres en peau de chameau mais d'ONG qui leur
construisent des maisons viabilisées et alphabétisent les enfants, de gré ou de
force. Car si la liberté, il y encore 50 ans, c'était de commercer à dos de
dromadaire, aujourd'hui, qu'on s'en réjouisse ou qu'on le regrette, c'est de savoir
lire, écrire et s'adapter au monde moderne. Nul doute que les Touareg, avec leur
histoire prestigieuse et leur habileté au commerce seront des citoyens du monde
qui pourront échapper au cirque des marchés artisanaux dans lesquels certaines
ONG aiment à les cantonner sous prétexte de ne pas leur faire perdre leur
identité. Il est vrai que c'est original et intéressant de voir débarquer un Touareg en
boubou à l'aéroport d'Orly pour aller vendre ses bijoux en mauvais argent sur un
marché équitable. On aimerait cependant beaucoup plus, avec l'argent du billet
d'avion, voir ses gosses étudier la chimie en bluejean à l'université
d’Ouagadougou.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 15


Si un Touareg sur la lune, ce n'est pas pour demain, donner des terres cultivables
aux adultes (ce que les réformes foncières de Sankara permettent au Burkina
Faso) et envoyer les gosses manu militari à l'école est une urgence pour sauver ce
peuple apatride de la disparition ou de la misère absolue dans laquelle il
s'enfonce.
http://www.planete-burkina.com

Burkina Faso : L'éducation, pas l'aumône


12 Mai 2010
Bee-ba-ta a un bébé ! » Assis sur des matelas en plastique, sandales et cartables
posés par terre à côté d’eux, des enfants s’entraînent à la lecture en suivant les
mots avec leurs doigts couverts de craie.
Il y a quelques mois, ils passaient le plus clair de leur temps à mendier dans les rues
d’Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Grâce à l’aide d’étudiants
volontaires de l’université et au soutien de l’ONG (organisation non
gouvernementale) Terre des hommes (Tdh), ces enfants – qui font partie de la
communauté touareg malienne vivant au Burkina – passent maintenant leurs
journées à l’école.
« Quand on voit ces enfants dans la rue en train de [mendier], on est tenté de [leur
donner de l’argent] », a dit à IRIN Nacambo Kassoum, un des volontaires. « Mais
l’argent, ça part [en une journée]. On voulait leur donner [une aide] qui dure ».
Traoré Abdoul Karim, volontaire lui aussi, a dit : « Les enfants qui grandissent dans la
rue [sans éducation] deviennent souvent des délinquants. En les aidant, on aide
aussi la société ».
L’initiative des étudiants, lancée début 2009,
visait au départ à apprendre à lire aux
enfants, en leur donnant des cours deux
après-midi par semaine, a dit Mamadou
Touré, coordinateur de l’Association
nationale étudiante pour l’aide et la
protection de l’enfance (ANAPE). Ils ont
discuté avec les parents de la possibilité de
permettre aux enfants de passer moins de
temps à mendier, même si cela impliquait
une baisse de revenus pour la famille.
« [Compte tenu] des [premiers] résultats
obtenus – et sur l’avis d’enseignants locaux – on a vu qu’il serait beaucoup plus
avantageux [pour les enfants] de les inscrire à l’école », a dit M. Touré. Avec le
concours financier de Tdh, les étudiants ont aidé 32 enfants à entrer à l’école pour
l’année scolaire 2009-10.
Dérogation
Pour cela, il fallait que les autorités scolaires lèvent provisoirement l’obligation de
présentation d’un certificat de naissance pour l’inscription à l’école, ont expliqué
M. Touré et des officiels du système éducatif. Des membres de l’ANAPE ont depuis
discuté avec les autorités d’un projet d’établissement de papiers d’identité pour
les enfants. Ousmane Ouédraogo, directeur de l’école primaire publique Dag-
noen A à Ouagadougou, a dit que lui et ses collègues étaient impressionnés par
l’initiative des étudiants de l’université.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 16


« Nous étions épatés de voir ces étudiants penser à cette couche de la population
qui est vraiment défavorisée », a-t-il dit à IRIN. « En tant qu’éducateurs, ça nous fait
mal de voir des enfants qui ne vont pas à l’école [alors qu’ils] sont en âge d’y
aller… C’est pour cela que nous [avons décidé] d’inscrire ces enfants, même s’ils
n’avaient pas encore leurs actes de naissance ».
Les Touaregs – un peuple nomade vivant de l’élevage en Afrique de l’Ouest et du
Nord – ont historiquement été marginalisés dans la société ou affectés par des
conflits. Bon nombre des familles participant au programme font partie des milliers
de Touaregs maliens ayant fui au Burkina durant les affrontements qui ont eu lieu
ces dernières années dans le nord du Mali.
Selon M. Ouédraogo, après des débuts timides – au départ, « certains enfants
restaient [assis en classe] toute la journée sans pouvoir ouvrir la bouche » - les
nouveaux élèves sont de plus en plus à l’aise et ouverts.
Le meilleur moyen de combattre la pauvreté
Le directeur de l’école a dit : « C’est par là – l’éducation des enfants – qu’on va
lutter contre la pauvreté ».
Les parents des enfants sont d’accord : ils disent préférer que leurs enfants aillent à
l’école plutôt qu’ils mendient dans la rue. Aboubakar, huit ans, a dit que ses trois
frères allaient maintenant à l’école mais que lui n’y allait pas. « Je n’ai pas le
temps ». Sa famille ne peut pas se permettre que tous les enfants arrêtent de
mendier en même temps.
Ami, âgée de six ans, a commencé à aller à l’école en 2009. Elle a dit qu’elle
voulait acquérir une éducation pour pouvoir aider toute sa famille. Aïcha, sa
camarade de classe également âgée de six ans, a dit qu’elle envisageait de
continuer ses études jusqu’à l’université. « Mais après ça, je ne suis sûre encore de
rien ».

« C’est par manque de moyens que les


enfants n’étaient pas à l’école », a dit Ag
Agalas Issa, directeur de l’association des
Touaregs maliens de Ouagadougou, qui
traduisait les propos des parents.
Un des parents, qui n’a pas donné son
nom, a dit à IRIN : « Nous savons que
quand, en mendiant, une personne reçoit
de l’argent aujourd’hui, demain et après-
demain, elle est moins disposée à penser
à se former ou à travailler pour gagner sa
vie ».
Ces Touaregs sont des éleveurs, mais la
plupart ont perdu leur bétail à cause de la sécheresse, a dit Ag Oumar Gaïma, un
des parents. « C’est le seul travail que nous connaissons. C’est tout ce que nous
avions, donc beaucoup d’entre nous sont obligés de mendier. La mendicité n’est
pas quelque chose dont nous avons l’habitude, ni un choix que nous ferions ».
Certains font un peu de travail agricole, mais ce n’est pas le travail auquel ils sont
habitués, a-t-il dit.
L’ANAPE – qui reçoit l’aide de Tdh en termes de formation et de soutien financier –
fournit 10 kilos de mil par mois pour chaque enfant qui va à l’école. Des parents et
des membres de l’ANAPE ont dit qu’ils avaient entrepris de créer un fonds de

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 17


santé communautaire, auquel contribueront chaque mois les volontaires et les
familles qui le pourront.
Les étudiants de l’université effectuent chaque semaine des visites à l’école et
chez les familles, afin de suivre les progrès des enfants et leur proposer un soutien
scolaire.
M. Touré, de l’ANAPE, a dit que l’association et la communauté touareg
essayaient de toucher davantage d’enfants à Ouagadougou, et étudiaient la
possibilité de mettre en place un programme similaire à Djibo, à environ 200
kilomètres au nord d’Ouagadougou, suite à une demande de l’importante
communauté touareg malienne vivant dans cette ville.

La corruption au Burkina
Entreprises burkinabè : 87% usent de corruption

La Banque mondiale vient de publier son


rapport sur « Les indicateurs du
développement en Afrique en 2010 ». Le
rapport contient des données détaillées
sur l’Afrique avec plus de 1600 indicateurs
provenant de 53 pays africains sur la
période 1961 à 2008.
Il met en exergue un nouveau concept,
« La corruption discrète », qui est un type
de corruption qui pénalise surtout les
populations les plus pauvres.

Qu’est-ce que la corruption discrète ?


Comment se manifeste-t-elle et quelles
sont ses conséquences sur le
développement d’un pays comme le Burkina Faso ?
Selon les rédacteurs du rapport, « le débat sur la corruption et le développement
s’est concentré, jusqu’à présent, sur l’identification et l’évaluation de la grande
corruption, notamment la corruption administrative et politique qui sévit aux plus
hauts échelons de l’Etat ».
Cette évaluation ne prenait pas toujours en compte certaines formes de
corruption moins visibles, moins spectaculaires et moins médiatisées, mais qui
touchent directement les populations dans leurs contacts quotidiens avec les
administrations (éducation, santé, agriculture, police, etc.).
C’est la raison pour laquelle le rapport a mis un accent particulier sur l’analyse de
cette autre forme de corruption qu’est la « corruption discrète ». Cette analyse a
donné deux types de résultats.
Premièrement, elle a permis « d’identifier des fautes professionnelles portant sur
des tractations monétaires de faibles montants, généralement qualifiées de petite
corruption telles les dessous de table pour services rendus ou les pots-de-vin versés
à des percepteurs des impôts et aux agents de l’Etat de rang peu élevé », selon
les termes du rapport. Par exemple, 19,51% des entreprises burkinabè ont déclaré
avoir donné en 2006 des cadeaux aux agents des impôts.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 18


Egalement, 86,96% des entreprises burkinabè ont dû verser de l’argent de façon
informelle à des fonctionnaires pour obtenir un marché, tandis que 80,77% d’entre
elles ont dû faire des cadeaux pour obtenir un marché public.
Deuxièmement, l’analyse a permis d’étendre progressivement le concept de
corruption à des pratiques tels l’absentéisme des agents dans les services et le
contournement délibéré de règlements à des fins personnelles, observés au
niveau des enseignants, des médecins, des inspecteurs et autres représentants de
l’État aux avant-postes de la fourniture de services publics.
Ces pratiques ne donnent pas nécessairement lieu à des transactions monétaires.
Les auteurs du rapport s’appuient sur plusieurs études pour étayer leurs propos. Par
exemple, le nombre de jours d’absence par enseignant au Burkina Faso a été
évalué à 2,2 par mois.
Cette forme de corruption, non bruyante, « ne fait pas autant les grands titres des
journaux que les scandales de pots-de-vin, mais elle a des effets aussi corrosifs sur
la société », selon Shanta Devarajan, économiste en chef de la Banque mondiale
pour la Région Afrique.
En effet, bien qu’elle soit d’une ampleur
monétaire moindre que celle d’autres formes
de corruption, elle a des conséquences
particulièrement préjudiciables sur les pauvres,
qui sont singulièrement vulnérables et très
dépendants des services publics pour satisfaire
leurs besoins les plus élémentaires.
L’absentéisme des enseignants réduit le niveau
et la qualité de l’éducation des jeunes. Ainsi,
« en 2007, le plus fort taux de scolarisation chez
les adultes a été enregistré au Zimbabwe
(91,2%) et le plus faible au Mali et au Burkina
Faso (28,7%) », selon le rapport. Le Burkina Faso
enregistre aussi le plus faible taux d’alphabétisation (39,3%) chez les jeunes âgés
de 15 à 24 ans.
De même, la mauvaise qualité des engrais agricoles se traduit par le faible
rendement des cultures et de mauvaises récoltes. Les producteurs, avec la
complicité de techniciens de
l’agriculture ne respectent
pas le paquet technologique.
Le REN-LAC dispose aussi de
données qui soutiennent
cette affirmation.
Le rapport 2004 sur l’état de
la corruption du REN-LAC
dénonce les investissements
corruptifs des Agents
techniques coton (ATC) de la
SOFITEX. L’ATC est chargé de
faire respecter le principe de
six litres de pesticide par
hectare. Il arrive qu’il se fasse
soudoyer par les

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 19


cotonculteurs qui font de fausses déclarations pour qu’il ne déclasse pas leurs
productions lors de l’achat.
L’absentéisme au niveau de la santé : la mauvaise qualité des médicaments
affecte l’état de santé des populations les plus pauvres. Le rapport 2004 sur l’état
de la corruption au Burkina Faso produit par le REN-LAC dénonce l’absentéisme
des agents au niveau de la santé, notamment les attachés de santé et les
médecins spécialistes, qui passent peu de temps dans les hôpitaux publics, mais
exercent dans le privé, ce qui donne l’impression que le privé n’utilise que le
personnel vacataire.
Par exemple à Bobo-Dioulasso, note le REN-LAC, une structure médicale disposait
de 38 employés vacataires sur un effectif de 49 personnes, soit 78% de l’effectif. A
Ouagadougou, une autre structure médicale présentait 45 vacataires sur 49, soit
92% de l’effectif. Ces vacataires sont tous des agents provenant des services
publics de santé.
Ces conséquences ont des répercutions, à long terme, sur le développement du
pays. La mauvaise éducation, l’incapacité d’atteindre l’autosuffisance
alimentaire et les mauvais soins empêcheront toujours les jeunes Africains d’être
compétitifs et de s’intégrer dans le contexte de globalisation. Le rapport de la
Banque mondiale sur « Les indicateurs du développement en Afrique en 2010 »
donne également la prévalence et la perception de la corruption en Afrique. En
2006, 53,96% des entreprises burkinabè ont reconnu que la corruption était un
obstacle majeur à leur activité.
Ces données viennent confirmer celles du REN-LAC qui, dans son rapport 2007 sur
l’état de la corruption au Burkina Faso, indique que la grande corruption est
perçue par 55% des Burkinabè. Cette perception de la grande corruption
s’explique par la médiatisation de plus en plus accrue des scandales de
corruption révélés, d’une part, dans les rapports des institutions de veille et de
contrôle étatiques ainsi que dans ceux des organisations de la société civile et,
d’autre part, par les médias. La corruption n’est pas une fatalité. Mais compte
tenu de sa complexité, elle nécessite une implication des plus hautes autorités du
pays pour s’attaquer à elle sous toutes ses formes (corruption bruyante et
corruption discrète qui contribuent à rendre plus pauvres les populations déjà
pauvres).
Au Burkina Faso, le constat est que
même si l’engagement des premiers
responsables est toujours réaffirmé dans
les discours et autres déclarations
publiques, il reste que, dans les faits, cet
engagement ne se traduit pas par la
prise de mesures concrètes ; ce qui fait
dire au REN-LAC qu’au Burkina Faso,
c’est la volonté politique qui manque le
plus. En effet, les structures de lutte
anticorruption (étatiques et de la
société civile) formulent des
recommandations pertinentes dans les
rapports qu’elles produisent.
Ces recommandations restent cependant sans suite parce qu’au-delà de la
publication des rapports, aucune mesure administrative ou judiciaire n’est prise

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 20


pour donner une suite adéquate à celle-ci. Cette inertie contribue à cultiver
l’impunité et à encourager le développement de la corruption sous toutes ses
formes dans les administrations publiques et tous les secteurs d’activités.
Le remède à la corruption (qu’elle soit bruyante ou discrète) réside donc, en
grande partie, dans l’engagement des premières autorités, qui doivent assurer un
contrôle rigoureux sur les agents publics et surtout sanctionner ceux d’entre eux
qui viendraient à se rendre coupables de pratiques corruptrices.
Le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC) Tél : 50 43 32 83 Tél vert : 80
00 11 22, Site web : www.renlac.org
L’Observateur Paalga

«
Aujourd’hui, 5 août 1960, à zéro heure, au nom du droit naturel de
l’homme à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, je proclame
solennellement l’indépendance de la République de Haute-Volta.
Neuf siècles d’histoire ont révélé au monde la valeur morale de
l’homme voltaïque.
Au nom de cette morale à partir de laquelle nous voulons bâtir notre
nation, j’exprime ma profonde reconnaissance à tous les artisans de
notre indépendance nationale.
A la France, au Général de Gaulle, dont le courage et la magnifique
lucidité lui valent l’immortalité devant l’histoire, à toutes les nations qui
nous assistent, au clergé qui fournit à ce pays sa première élite avec
les moyens du bord, aux professeurs français, qui, patiemment, ont
façonné les responsables de ce pays, à nos chefs traditionnels qui ont
su sauvegarder l’intégrité de notre Etat contre les atteintes de
l’extérieur, aux anciens combattants et anciens militaires, toujours
fidèles à l’honneur, à tous nos
parlementaires, aux militants
politiques de tous les échelons, aux
vaillants combattants qui sont morts
pour le triomphe de notre liberté,
j’adresse, au nom du gouvernement,
l’hommage de ma profonde
gratitude.
Vive la Haute-Volta indépendante,
vive la France, vive la fraternité des

peuples de la terre. »
Maurice Yaméogo

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 21


Afric’à Palabres Avancées spectaculaires de
l’éducation en Afrique depuis
10 ans
11 mai 2010 (http://www.afriqueavenir.org)
L’Unesco révèle, dans son rapport 2010 sur l’Éducation Pour Tous (EPT), que le taux
des inscriptions des enfants à l’école en Afrique subsaharienne est aujourd’hui
cinq fois plus élevé que dans les années 1990.
Des chiffres de ce genre démentent donc l'idée reçue selon laquelle les pays
pauvres seraient incapables de progresser rapidement en matière d'éducation.
Cependant, le rapport souligne aussi que de nombreux pays auront beaucoup de
mal à atteindre les objectifs adoptés en 2000. De nombreux gouvernements ont
été dans l'incapacité de remédier aux inégalités et les donateurs de tenir leurs pro-
messes financières.
L’UNESCO invite donc tous les pays à tenir leurs engagements internationaux pour
une Education pour tous.
Les pays africains les plus pauvres enregistrent des progrès spectaculaires
Ce rapport, réalisé chaque année par une équipe indépendante de l'UNESCO,
évalue la progression au niveau mondial des six objectifs de l'EPT sur lesquels 160
pays se sont engagés en 2000.
Intitulé "Atteindre les marginalisés", le rapport 2010 de l’UNESCO note des avan-
cées spectaculaires en matière d'éducation au cours des dix dernières années, ce
qui contraste fortement avec la "décennie perdue" des années 1990.
Depuis 1999, le nombre d'enfants non scolarisés a diminué de 33 millions et celui
des enfants terminant le cycle primaire a augmenté. Ainsi, un pays comme le
Bénin qui avait un des taux de scolarisation les plus bas du monde en 1999, est dé-
sormais sur le point d’atteindre l’objectif de l’éducation primaire pour tous d’ici
2015. Le phénomène est similaire au Mozambique.
Autre progrès: les disparités entre les sexes ont diminué, indique le rapport qui note
qu'en l'espace d'un cycle primaire, le rapport à la parité est passé au Sénégal de
85 filles pour 100 garçons.
De nombreux enfants ne reçoivent pas une éducation de qualité.
Malgré ces importants progrès, le rapport montre que 50 millions d'enfants ne se-
ront toujours pas scolarisés d'ici à 2015 sur le continent africain et des millions
d'autres abandonnent l'école avant de terminer leur cycle primaire.
Par ailleurs, moins de 55% des enfants en âge d'être scolarisés dans les pays en dé-
veloppement fréquentent l'école secondaire et beaucoup trop souvent encore,
les gouvernements fournissent une éducation de qualité à certains, tout en délais-
sant ceux qui en ont le plus besoin à savoir les enfants les plus pauvres ou sociale-
ment marginalisés.
Pourtant l'éducation est un droit fondamental contenu dans la Déclaration univer-
selle de 1948. Dans le contexte de récession mondiale, l’UNESCO exhorte les pays
riches et le G20 à augmenter l’aide à des conditions favorables pour éviter de dé-
grader les budgets des pays les plus pauvres.
l’UNESCO estime que les donateurs devront combler un déficit de financement de
16 milliards de dollars américains par an pour pouvoir atteindre l'objectif d'ensei-
gnement primaire universel d'ici 2015.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 22


Les indicateurs de développement au rouge en
Afrique subsaharienne, selon la Banque Mondiale
23 avril 2010 (http://www.afriqueavenir.org)
APA-Dakar (Sénégal)
L’Afrique subsaharienne continue d’être à la traîne dans l’atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), notamment l’objectif d’éradication de
la pauvreté, à cinq ans de l’ultimatum 2015, selon le dernier rapport de la Banque
Mondiale intitulé « Indicateurs du développement dans le monde (WDI) 2010 ».
Le document fait le point sur les progrès statistiques en vue de l’atteinte des OMD,
en particulier sur l’éducation, la santé, la pauvreté, l’environnement, l’économie,
le commerce et d’autres enjeux.
Les populations de la zone subsaharienne vivent encore avec moins d’un dollar
par jour, à cause des effets de la crise financière qui a touché l’ensemble des
économies mondiales, précise le texte.
Sur le plan de la scolarisation, le rapport indique
qu’il reste encore 72 millions d’enfants en âge
d’être scolarisés qui ne sont pas encore inscrits à
l’école, surtout en Asie du Sud et en Afrique subsa-
harienne où l’achèv ement universel de l’éduca-
tion primaire d’ici 2015 restent hors de portée.
Par ailleurs, le rapport souligne que dans ces deux
régions du monde, la proportion de femmes ayant
bénéficié des quatre visites recommandées ou
plus, est encore de moins de 50 % en Asie du Sud et
en Afrique subsaharienne, où la majorité des décès
maternels et infantiles se produisent, ajoute le do-
cument.
Par ailleurs, 33,4 millions de personnes, dont les deux
tiers en Afrique subsaharienne, vivent avec le
VIH/SIDA et la plupart d’entre elles sont des
femmes.
Le taux de prévalence de la tuberculose a diminué de manière globale tandis
que 90 % du million de décès attribuables au paludisme en 2006 sont survenus en
Afrique subsaharienne, dont en majorité des enfants de moins de 5 ans.

Développement de l’usage des langues africaines


dans l’enseignement pour lutter contre l’illettrisme et
l’échec scolaire en Afrique
18 mai 2010 (http://www.afriqueavenir.org)

Les taux élevés d’abandon et d’échec scolaires en Afrique sont liés dans une
large mesure au fait que les enfants africains doivent apprendre à lire, à écrire et
étudier dans une langue qui n’est souvent pas la leur. Développer l’usage des
langues africaines dans l’éducation semble donc être une des solutions promet-
teuses pour garantir une meilleure réussite scolaire sur le continent africain.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 23


Dans le cadre de la conférence internationale, organisée par l’ADEA, l’institut
UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (IUL), sur l'introduction des
langues et cultures africaines dans l'éducation qui s’est tenue au Burkina Faso en
janvier 2010, les experts ont démontré que l’enseignement dans les langues mater-
nelles africaines garantissait de meilleurs résultats scolaires. Cette rencontre a été
l’occasion pour les 26 pays participants d’échanger et de s’inspirer des expé-
riences mises en place par des pays comme le Mali, le Malawi ou l’Ethiopie qui in-
tègrent déjà les langues locales dans leur système éducatif.
Développer l’enseignement dans les langues nationales africaines
L’Afrique est le seul continent où l’enseignement n’est pas donné dans la langue
locale des pays. L’anglais et le français sont les principales langues dans lesquelles
l’enseignement est réalisé. Selon plusieurs études, l'inefficacité scolaire et l’illet-
trisme sont liés au fait que les enfants étudient dans une langue qu’ils ne maîtrisent
ni ne pratiquent chez eux avec leurs pairs.
De plus, évaluer les connaissances des élèves lors d'examens menés dans une
langue étrangère entraîne des effets négatifs à long terme. L’échec aux examens,
lié à ce problème de maîtrise d’une langue étrangère, favorise l’élève africain à
abandonner ses études. Ce fait est d’autant plus vrai quand les élèves pro-
viennent des classes les plus défavorisées du continent.
Codification des langues nationales: une priorité pour adapter l’enseignement
Des évaluations examinées au cours de cette conférence révèlent que les étu-
diants d'écoles bilingues au Mali, en Zambie, au Niger, au Burkina, au Sénégal et
au Nigeria réussissent mieux en mathématiques, en sciences et en langues, y com-
pris en français ou en anglais, que les étudiants des institutions monolingues.
Le problème aujourd’hui à surmonter pour bon nombre de pays africains est la co-
dification des langues nationales afin de développer des programmes scolaires
adéquats. Au Sénégal, 27 langues ont été identifiées et 19 ont déjà été codifiés.
Au Burkina Faso, ce sont 11 langues qui ont fait l’objet de codification sur la soixan-
taine que compte le pays.
La protection des langues nationales, par l’élaboration d’un code écrit pour cha-
cune d’elles est aujourd’hui nécessaire. La langue est en effet le véhicule de la
culture et chaque culture est une partie du patrimoine d’un pays qu’il convient de
protéger.

Expérience : Comment le Sahel reverdit...


Source : http://www.monde-diplomatique.fr

Expériences inédites d’agroforesterie


Au Niger, près de la moitié de la population est menacée de famine ; au Tchad, la
cote d’alerte est dépassée. Flambée des prix, sécheresse, baisse de l’aide
internationale expliquent pour partie le désastre actuel. Pourtant, des techniques
agricoles nouvelles ont transformé certains espaces semi-désertiques en terres plus
productives. Des expériences limitées, mais suivies avec attention.
Par Mark Hertsgaard
Au Burkina Faso, en Afrique occidentale. Le soleil se couche au terme d’une
nouvelle journée de chaleur écrasante. Mais ici, dans l’exploitation de
M. Yacouba Sawadogo, l’air est nettement plus frais. Une hachette sur l’épaule,
L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 24
ce cultivateur à la barbe grise arpente ses bois et ses champs avec l’aisance d’un
homme beaucoup plus jeune. M. Sawadogo, qui ne sait ni lire ni écrire, n’en est
pas moins un pionnier en matière d’agroforesterie, une approche fondée sur
l’intégration des arbres dans le système de production agricole. Cette technique,
qui a transformé le Sahel occidental ces dernières années, constitue l’un des
exemples les plus prometteurs de la manière dont des populations pauvres
peuvent faire face au changement climatique.

Vêtu d’une robe en coton brun et


coiffé d’une calotte blanche,
M. Sawadogo s’assied près des acacias
et des zizyphus qui ombragent un
enclos renfermant une vingtaine de
pintades. L’essentiel de son exploitation
de vingt hectares, importante au
regard des critères locaux, appartient
depuis des générations à sa famille.
Celle-ci l’a abandonnée après la
terrible sécheresse de 1972-1984 : une baisse de 20 % de la moyenne des
précipitations annuelles avait alors anéanti la production de nourriture dans le
Sahel, transformé de vastes étendues de savane en désert et causé des centaines
de milliers de morts par famine.
« Les gens se sont retrouvés dans une situation si catastrophique qu’il leur a fallu
changer leur mode de pensée », raconte M. Sawodogo. Lui-même a remis au
goût du jour une technique utilisée depuis des siècles par les paysans locaux, le
zaï, qui consiste à creuser des « poquets », autrement dit des trous peu profonds
concentrant les rares pluies vers les racines des cultures. Afin de capter une plus
grande quantité d’eaux de ruissellement, il a augmenté la dimension des siens.
Mais sa plus grande innovation fut d’y ajouter du fumier durant la saison sèche,
une technique que ses pairs considéraient comme du gaspillage.

Archive Ina : Très beau reportage sur la vie au Sahel en… 1978 !
http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAB7801089901/le-
sahel.fr.html

Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus, d’Omar Ba


lundi 8 juin 2009, par Chantal Crabère

« Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus » cette constatation ne


pouvait être relatée, analysée que par un homme de terrain, par
un immigré. C’est du vécu pur ! L’auteur M Omar Ba, jeune
africain de 29 ans, après des études de sociologie et un DEA, a
tous les atouts pour en parler, et il s’ attèle à la tâche avec
détermination et courage. Son ouvrage va sans doute lui valoir
bien des griefs de la part des Africains dont il casse le rêve et les
certitudes. Car, en effet, c’est le but du livre, et il est très
convaincant. Las de voir la jeunesse africaine partir, et quelquefois mourir, pour rejoindre,
comme il a dû le faire lui-même, un eldorado, mythe démesuré, M Ba a décidé de
dénoncer : « l’Afrique est aujourd’hui assimilable à un laboratoire géant où tous les efforts

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 25


sont concentrés sur la création d’un être-type : candidat potentiel à l’émigration,
clandestine ou légale …réelle entreprise sociale de dressage »
Il dénonce les responsables de ce gâchis : acteurs politiques africains, enseignants et
système scolaire, familles. Tous, depuis la petite enfance martèlent dans les cerveaux des
jeunes Africains que leur destinée est de partir vivre ailleurs qu’en Afrique, parce
qu’ailleurs « c’est forcément mieux » La pression s’exerce de manière incroyable sur ces
jeunes qui, pour ne pas décevoir leur entourage, se décident à partir, au bénéfice très
lucratif des mafias de passeurs, avec les drames que l’on sait. Lui qui a fait cette terrible
expérience sait très bien que tout cela est faux.
Il décrit avec force et justesse la grande solitude et généralement l’échec de l’expatrié,
illégal, clandestin, contraint de se cacher souvent, et de travailler dur toujours, quand il
trouve un travail, afin d’assumer le rôle auquel on le destine de « vache à lait » nourricière
de la famille restée au pays. Cette famille, qui ne se soucie pas du tout de ce qu’il vit (est-
il en bonne santé ? est-il heureux ?) pourvu qu’il envoie l’argent, famille qui souvent
aggrave la situation réelle pour mieux l’ attendrir. Dans cet exode beaucoup y laissent
leur santé mentale et leur dignité. Les familles africaines restent sans nouvelles quand ceux
qu’elles ont envoyés : « ont complètement décroché, sont devenus SDF, alcooliques ou
délinquants »
On est loin du discours de « l’immigration, une chance pour la France » Avec des
exemples pris dans différents pays européens, Omar Ba arrive à la conclusion que : « Le
temps où l’Europe avait un besoin massif d’immigrés est révolu » Il pose froidement la
question et y répond : « Est-ce que jamais dans l’histoire contemporaine, les frontières d’un
pays se sont ouvertes pour laisser passer tout le monde ? Non évidemment. » Il n’accuse
pas, il comprend les difficultés d’existence des Européens touchés par la crise et constate
que la technologie et la mécanisation ont remplacé les travailleurs d’autrefois et qu’à
cela s’ajoutent les délocalisations.
Quant à l’immigration choisie, choisie par les Européens, elle aura pour conséquence de
vider l’Afrique de ses éléments les plus dynamiques, et il sait que l’Europe ne manque
aucunement de gens formés.
Alors il propose une voie audacieuse : « retourner et rester en Afrique…avoir le courage
de rêver d’une Afrique neuve » Il suggère aux immigrés de renter au pays. Il faudra
vaincre les clichés et les obstacles. D’abord changer le regard que les jeunes ont de
l’Europe, du mythe, et il s’y emploie dans cet ouvrage, et aussi changer l’image que
l’Afrique donne d’elle-même ou que les média occidentaux en donnent. Ne pas toujours
la présenter comme la poubelle de la planète, montrer plus les choses qui marchent.
Concernant les emplois, les dirigeants doivent, selon lui, obliger les Africains à occuper
ceux disponibles en Afrique, éventuellement par la contrainte. Il s’étonne que des
Ouzbeks viennent travailler au Sénégal, alors qu’il y a de la main d’œuvre locale et se
demande pourquoi les étudiants africains formés et aidés (bourses) par leurs Etats restent
en Europe alors que l’Afrique doit faire appel aux
Européens qu’elle paye très cher, l’exemple le plus
criant étant celui des médecins.
Ce jeune auteur a des idées, beaucoup d’idées
concernant :
La formation par exemple dans l’aide que les
universités étrangères peuvent apporter grâce à
Internet.
Le regroupement coopératif
l’agriculture
le micro - crédit
La manière dont les états ou les ONG doivent aider
réellement les Africains.
Payer à un juste prix les compétences

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 26


Il relate des expériences réussies et conseille aux siens : « n’imite pas ton voisin innove »
C’est un formidable appel à l’action et à l’espérance.
Amour de l’Afrique, amour des siens, on trouve tout cela dans ce livre. Thérapie aussi sans
doute, il parle au nom de tous ceux, qui, désabusés n’osent pas dire à leurs familles :
Laissez-nous rentrer, n’ayez pas honte, et ensemble construisons l’Afrique dynamique et
moderne de demain !
Excellent ouvrage.
Chantal Crabère
Je suis venu, j’ai vu, je n’y crois plus,
de Omar Ba.
Editeur Max Milo (avril 2009)

Momo le Doyen
L'histoire :
Ce documentaire fait
revivre l’artiste qui avait su
dire aux américains : « Le
jazz est né chez vous, mais,
moi je l’ai ramené chez
moi, en Afrique, car c’est
de là qu’a jailli sa source. ».
Véritable roi du swing et de
l’improvisation, Momo
Wandel Soumah (1926-
2003) était le doyen du jazz
africain. Il créait sa
musique sans l’écrire, en
s’inspirant des chansons
populaires, et en réunissant
autour de sa voix « façon
Louis Armstrong qui serait
sorti de sa savane » et de
son vieux saxo desséché,
les grands maîtres des
instruments traditionnels
africains : kora, balafon,
flûte
pastorale, djembé, etc…
à propos...
La musique de Momo
ressemblait à un cocktail
magique capable de vous
transporter sans crier gare,
de la tradition à la musique
d’avant-garde ! Né dans les années 30 en Guinée, MOMO LE DOYEN a été un
témoin privilégié de l’histoire de l’Afrique contemporaine : il a vécu le temps
colonial avec ses orchestres destinés aux bals des blancs jusqu’à l’arrivée de
l’indépendance en 1958, où il restera durant vingt-six ans dans les orchestres
nationaux de la révolution guinéenne du Président Sékou Touré.

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 27


Il y a quelques années, son entrée fracassante au sein de la nouvelle troupe Circus
Baobab (premier cirque aérien d’Afrique Noire) comme compositeur et chef
musicien lui avait permis de se faire découvrir, bien au-delà de son pays.
Laurent Chevallier, son complice durant les dix dernières années de son existence,
conte dans MOMO LE DOYEN l’histoire merveilleuse de ce doyen du jazz. Un
doyen africain dont la vie était, du matin au soir, imprégnée de ses chants, de ses
notes, de son swing. le film est en forme de pied de nez donné au désespoir et à la
misère environnante…
DVD à visionner toutes affaires cessantes !
Commandable ici : http://www.filmsduparadoxe.com/momocat.html

A l’année prochaine
& suite au prochain numéro… !

L’arbre à palabres Kouambasoré n°33 décembre 2010 page 28

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