Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
a Sainte Écriture appelle la matière des eaux. Et ensuite, de la plus épaisse matière de
L
première, tantôt une terre vague et l’abîme a été fait le solide et grossier corps de la
stérile, et tantôt Eau. La division a été terre, le centre et le noyau de tout l’œuvre, et comme
faite des eaux supérieures des la fosse et le tombeau des ténèbres.
inférieures, en séparant le subtil de Par après, le mouvement de l’Esprit, les eaux se sont
l’épais, et le léger comme un esprit du corps retirées de la superficie de la terre à ses côtés, et elle
matériel. Cet œuvre a été accompli par l’Esprit du a paru toute sèche et aride, afin qu’elle poussât les
corps lumineux ; car la lumière est un esprit igné plantes et qu’elle logeât les animaux et l’homme ; et
qui, en séparant les hétérogènes, a chassé en bas les ainsi toute la terre et l’eau, dans le troisième jour, se
épaisses ténèbres de la région voisine, et est plus sont arrêtées et terminées à un globe, et la lumière
éminente et plus éclatante ; et amassant la matière première créée a été ramassée dans le globe du soleil
homogène et subtile, est plus approchante de l’Esprit céleste, afin que d’autant plus qu’elle serait resser-
et l’a allumé en lumière immortelle et, comme une rée, elle fût plus efficace pour le bien de la nature,
huile incombustible, devenant le trône de la Divine pour réveiller le feu de tous les êtres de la terre. Et
Majesté, c’est le Ciel empyrée qui est le monde c’est l’ouvrage du quatrième jour. Le cinquième jour,
intelligible et le monde matériel, comme l’horizon et les oiseaux et les poissons ont été tirés des eaux, et le
le définiteur des deux. sixième le tout a été achevé en l’homme, chef
L’Esprit et le grand Architecte du monde a commen- d’œuvre de la Création et miracle de la Nature. Ain-
cé l’ouvrage de la Création par deux principes uni- si le monde a été fait comme une matrice dans la-
versaux, savoir : un formel et l’autre matériel, le ciel quelle les semences du Soleil et de la Lune célestes
et la terre. Par le nom de terre, on entend la masse de étant envoyées, sont corrompues, cuites et digérée
l’abîme des eaux qui n’étaient point encore formées ; pour la génération de toutes choses.
et par le ciel on entend l’empyrée qui, dans l’ordre Des entrailles de la terre philosophique procèdent
de la nature est le principe formel quoique éloigné ; deux grandes opérations : la solution et la coagula-
car l’esprit de Dieu qui est la splendeur de la divini- tion. La première fait l’ouverture du corps et la
té, dans le moment de la création s’étant promené dispose entièrement afin d’en produire tout d’un
sur les eaux, c’est-à-dire s’étant épandu sur la sur- coup la séparation des parties, et qu’après, par leur
face ténébreuse et humide de l’abîme, la lumière a mutuelle mixtion, il se produise un nouveau corps,
paru aussitôt, c’est-à-dire la lumière la plus subtile et ayant tiré, par la dissolution, toute l’impureté qui est
la plus excellente a été formée. Et ainsi le premier toujours plus ou moins dans les corps. Et afin que
jour a été fait, et la partie des ténèbres manquent de cela se fasse, il faut remarquer le centre de la nature
lumière, la nuit, est demeurée en elle. Et ainsi la ma- ou le point central qui est caché dans ledit corps, le-
tière première a été divisée en jour et en nuit. quel point ne se trouve jamais dans les métaux vul-
Le Seigneur commanda à cette lumière de s’épandre gaires, car ils sont morts à cause de l’opération du
sur les ténèbres les plus proches et, les ayant chas- feu externe ; c’est pourquoi il en faut chercher des
sées, enfermées et resserrées en bas devers le centre, vifs, qui aient encore leurs esprits lorsqu’ils sont en-
le second jour apparut, la lumière embrassant aussi- core ensemble dans leurs mines et non lavés ; et les
tôt toute la région supérieure céleste et aérienne ; et ayant trouvés, il leur faut procurer la conversion de
le même esprit, après avoir condensé les ténèbres, leurs corps en eau, de laquelle ils ont été première-
les a jetées et enfoncées dans le centre de l’abîme, et ment faits, savoir en mercure philosophique, qui est
ainsi le dernier espace des cieux, qui s’appelle air ou un élément vif et Esprit universel, d’où on le définit
ciel inférieur, a reçu la lumière ; et c’est le troisième une réduction d’une chose sèche en eau, qui ne se
jour. Ainsi les ténèbres en masse qui couvrent toute fait que par son feu et son sang, que les Philosophes
la masse de l’abîme, ayant été resserrées par l’espace appellent Queue de Dragon ou Eau mercurielle. Car
de trois jours, dans la basse région par la lumière qui tout corps se dissout par l’esprit auquel il est mêlé, et
parut, se sont tellement épaissies, à cause de l’étroit par-là est fait spirituel. La coagulation est procurée
espace et compression du froid, qu’elles se sont par la froideur de l’air qui l’environne et par la soli-
changées en une très grande masse et nature d’eau ; dité de la terre qui l’étreint par une grande quantité
et alors le firmament a été comme balancé au milieu de feu, c’est-à-dire d’esprit universel corporifié, et
par un continuel mouvement, attendu que Le mercure philosophique se sublime par soi-même
n’imbibant que goutte à goutte, il faut toujours et non la terre philosophique, car étant la chaux du
remuer pour qu’elle aille partout, et surtout une corps, elle ne se sublime pas elle-même, mais il faut
longue patience et maturité de temps. qu’elle soit très bien incorporée et unie avec le mer-
La dissolution se fait par la chaleur du soleil céleste, cure pour se pouvoir sublimer ensemble.
par la raréfaction de l’air, la trop grande quantité d’- Après la sublimation vient la fermentation, que les
humidité et le repos, et par un continuel mouve- supérieures exercent dans les natures inférieures.
ment, jusqu’à temps que la nature procédant natu- L’eau toutefois qui ne peut demeurer dans un même
rellement ait elle-même parachevé son ouvrage, et état, s’engrosse aux faveurs du ciel ; car comme l’air
elle se parfait par une solution et coagulation sou- est ouvert à la vapeur qui s’élève, il la reçoit comme
vent réitérée, par lesquelles on fait en sorte que l’eau dans son palais, où auparavant qu’elle aborde, le
et l’air soient purs et sans excrément ni fèces, et alors corps, en quelque façon s’étant converti en esprit, sa
ils lavent facilement, teignent plus et travaillent plus nature humide est dépouillée de son poids, afin
noblement. La nature et l’art écartent de leurs opéra- qu’ayant reçu la légèreté, elle jouisse du privilège de
tions ce qui est externe, impur et superflu. diverse nature. Cependant le soleil et les autres
L’effet de la solution est de rendre les choses corpo- astres, par une continuelle influence, envoient et
relles spirituelles, pourvu que l’esprit, par un trop distillent les esprits vivifiques, et les vapeurs étant
grand feu du soleil céleste, ne s’en aille pas en fumée ramassées en lui comme en une éponge, sucent avec
car le feu doit imiter la nature du soleil céleste dans avidité ce nectar spirituel et s’en remplissent ; et puis
le mois de juillet, afin que l’eau restant s’épaississe après, retombant dans le sein de la terre, elles font
par une douce et lente décoction en terre noire, au des productions infinies, selon la vertu des semences
feu de putréfaction qui se fait au milieu de la terre. et selon la disposition des matrices ; et ainsi par la
La solution rend léger un corps fixe, et la coagula- nature de l’eau les autres éléments sont fermentés.
tion rend un corps léger fixe ; laquelle dissolution se Ce levain est cet Esprit vivifique provenant des na-
divise en deux sortes, savoir : en naturelle et en vio- tures supérieures dans les inférieures, sans les-
lente. La violente épuise l’esprit de la chose que l’on quelles la terre serait derechef stérile et déserte ; c’est
doit dissoudre, et la dissolution naturelle ouvre les la semence de toute vie de laquelle l’homme vit, sa-
pores du corps solaire en eau céleste, sans mouiller voir de l’air fermenté de cet Esprit vivifique descen-
les mains, par laquelle la semence préparée et en- du des astres. Ainsi la fermentation est la multiplica-
voyée en sa matrice, qui est la Lune des philosophes tion d’une moindre vertu en une plus grande. C’est
ou eau aérienne, et se doit gouverner par un feu phi- pourquoi il faut distinguer en l’Élixir trois choses :
losophique d’imbibitions continuelles, pendant 7 l’âme, le corps et l’esprit. L’âme est le ferment ou la
mois, c’est-à-dire 7 imbibitions, et quelquefois 10 jus- forme de l’Élixir, n’étant qu’une moitié de l’esprit vi-
qu’à ce que cette eau consomme trois parties d’elle- vifique, corporifié avec le sujet philosophique que
même et qu’elle en laisse une ; et cela se nourrit au l’on sépare pour dissoudre ; le corps en est sa pâte
double par après, du lait de la moitié de sa terre, ou ou sa matière, et c’est l’autre partie que l’on garde
bien de la graisse qui naît dans les mamelles de sa pour fixer sa partie dissoute ; et l’esprit est le siège,
dite moitié, et se couvre de la putréfaction par la ver- le médiateur et le chariot de l’âme, lequel la doit dis-
tu du sel de la nature, et ainsi se fait la génération de soudre pour servir à nourrir son corps, lequel mé-
la pierre. diateur ou Esprit universel étant ôté, il n’y peut plus
La solution se fait d’un corps crud de terre philoso- avoir d’alliance entre le corps et l’âme, puisque ce
phique, afin qu’elle fasse à la fin une augmentation. sont deux extrêmes.
A la solution se réduisent la sublimation, la dissolu- Cet esprit n’est autre chose que cette liqueur vivi-
tion et la putréfaction. fique qui atténue la forme et la matière, qui est appe-
La sublimation et évaporation postérieure est la lée quelquefois Ciel, Mercure, Dissolvant, Menstrue
conversion d’une nature pesante et humide en une et Quintessence. Et l’âme est l’union de ces deux
légère. La fin et l’utilité en est triple : la première, êtres, esprit et corps, dans leur pure nature, qui
afin que le corps impur soit insensiblement épuré de doivent être altérés également ensemble pour se
ses ordures ; la seconde afin qu’il reçoive plus large- pouvoir unir, et le troisième qui est l’âme est très se-
ment les vertus des supérieures, qui coulent conti- cret ; et c’est l’union de cette première terre avec la
nuellement ; la troisième, afin que par cette sorte d’é- propre eau vivifique. C’est pourquoi lorsque le Lion
vacuation, elle soit déchargée d’une terre superflue a soif, qui est votre autre moitié réservée sèche,
met la terre philosophique en état de pouvoir tra- faites-le boire, de peur que votre corps ne se rompe.
vailler. Au reste, le ferment, qui est l’âme, prépare le corps
En inhumation, l’eau contracte la pesanteur des infé- dur et se convertit en sa nature liquide ; et le ferment
rieures, afin qu’elle demeure en eux ; elle est cepen- n’est autre chose que le Soleil ou la Lune philoso-
dant peu de chose à faire, et fait chose de grande va- phique ; et l’or philosophique qui est un corps, n’est
leur et incorruptible. jamais préparé sinon avec le feu, qui est notre eau
mercurielle ou vivifique, car le levain de l’or est l’or,
FIN
V2.0