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ABROUS, Safia
GUERRERO, David
MARTINEZ, Rafael
18 mars 2004
DEA Transport 2003-04 Université Paris XII
Nés aux Etats-Unis à la fin des années ’60, les conflits NIMBY se nourrissaient d’éléments
cruciaux de la culture américaine, tels le poids des droits individuels et des collectivités locales
face à l’Etat. Ces affrontements se sont néanmoins développés dans tous les pays industrialisés.
A la base, une évidence: les acteurs ont une perception différente du projet. Les promoteurs y
voient un moyen pour leur démarche, les riverains une modification imposée de l’environnement
qu’ils ont choisi et les autorités un événement à prendre en compte parmi d’autres dans leur
action politique. Les analystes donnent ensuite des explications à la fois sociologiques et
psychologiques aux frictions nées de la rencontre de ces points de vue.
Le sentiment de possession du territoire environnant: le phénomène NIMBY est un conflit de
proximité, il est lié, d’une part, à la crainte de voir le cadre de vie se modifier (diminution de la
qualité de vie, de la sécurité, de la valeur de ses biens immobiliers) et, d’autre part, à la défense des
intérêts des particuliers, même si la politique générale du projet est acceptée (ce qui n’est pas une
règle générale). Dans le même temps, la population développe un sentiment de dépossession:
quelque chose se passe sans que l’avis des principaux intéressés ne soit demandé et pris en
compte. La perte de confiance de la population à l’égard des décideurs, politiques ou
économiques et à l’égard des experts scientifiques. La population est inquiète, éprouve un
sentiment de menace. Qu’importe que cette dernière soit réelle ou imaginaire: ce qui se vit
comme réel est réel dans ses conséquences, en l’occurrence un conflit.
On le voit, le conflit NIMBY tient en bonne partie à des perceptions, des sentiments, des
représentations, autant qu’à des réalités concrètes observables par chacun. Il n’est donc pas
étonnant que l’importance croissante du phénomène baigne dans les paradoxes:
Les risques n’ont jamais été autant étudiés et, pour la plupart, connus et maîtrisés ; pourtant la
peur du risque est toujours plus forte et les scientifiques régulièrement contestés;
Le droit à l'information et les procédures réglant la diffusion de ces informations n’a jamais été
aussi importants; toutefois, la population demande toujours plus de transparence… mais la
participation de celle-ci est loin d’être évidente et optimale;
Les lois et règlements n’ont jamais été aussi stricts quant à la protection de l’environnement;
cependant, la demande de protection croît toujours.
Derrière les conflits particuliers, le phénomène NIMBY cache peut-être des enjeux aujourd’hui
décisifs:
L’articulation entre solidarité locale et solidarité globale:les riverains se structurent et luttent
ensemble pour refuser un centre pour demandeurs d’asile; d’autres se mobiliseraient pour
accepter l’installation d’une usine polluante parce qu’ils bénéficierait de nouveaux emplois…
L’articulation entre propriété privée et territoire commun: jusqu’où peut-on empêcher une
initiative privée? A partir de quand celle-ci doit-elle être limitée en raison de ses conséquences sur
l’intérêt général?
[7] http//environnement.wallonie.be/cgi/dgrne/nimby/pheno_nimby.asp