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LES PRINCIPES D U GLAVECIN ‘ Contenant une Explication exagte de tout ce qui concerne la Tablature & le Clavier. Avec des Remarques necefJaires pour Vintelligence de plufieurs difficultés de la Mufique. Le tont divifé par Chapitres felon l’ordre des maticres. Par Monfieur de SAINT LAMBERT. A AMSTERDAM Aux Dépens dESTIENNE ROGER; Marchand Libraire, chez qui lon trouve un afortiment general de toute forte de Mufique, dont on peut avoir chez lui Je Catalogue. . Cor, TEPC joooRo LA CaNSIS K So a PREFACE, SS=G8 NT RE tous les Inftrumens qui fontert ELA ufage aujourd’huy , il n’y ena pointaprés gap SP VOrguc de fi parfait que le Clavecin , puifqu’il a plufieurs -avantages qu’aucun autre n’a tout 4 Ja fois comme lay. Hcontient gene- ralement tous les Tons de la Mufique, quine font diftribuez aux autres Inftrumens que par portions. Il eft propre a jotier toutes les Parties 4 la fois, & peut todjours produire une Harmonie parfaite. Th garde fon accord trés long-temps, Il eft -d’une exe tréme facilité 4 toucher, ne fatiguant point ceux qui en joiient, 8 rexigeant point conime quelynesau- tres une pofture contrainte, qui mémebienfouvent ne convient pas aux perfonnes modeftes, ‘C’eft ce qui Va mis fi fort en regne, que tout'ce qu'il y a de Gens de diéinéion veelent maintenant en icavoir jouer. : t Ce grand nombre de Perfonnes quiaimentle Cla vecin, mia fait fonger a donner au Public une Mes thode, qui erenfeignatles Principes; & jay ée d’au- tant plus porte a le faire, que j'ay viiqu’aucun Male trenes'enétoitencoreavilé, quoyque plufieurs ayent déja compofé des Methodes ou pour-chanter, ow pour joiier des Inftrumens. Le foin que’ je me fuis donné en compofant celle-cy, a éeédefla rendre _ Az. chi PREFACE, claire & intelligible, que vraye dans ce quelle enfei- gneroit. Il m’a femblé qu’un Ouvrage de cette na- ture feroit inutile, s'il y regnoit quelque ob{curité: Car un Auteur ne doit pas croire qu’on’entendraa demi mot comme ils’entend luy-meme, parce qu'il eft plein de ce qu'il {cait. 1 doit fonger que s‘il ne range fes matieres dans ordre qui leur convient , & sil ne les explique fimplement, on ne tirera que tréspeu de fruit de fon travail. Le but que doit fe propofer un homme qui faitun Livre pour enfeigner quelque Science, ou quelque Art, eft que lon puif- fe apprendre cette Science, ou cet Art dans fon Li- vre, fanslefecoursde perfonne; fuppofé qu’ilsfoient dune nature a pouvoir s’apprendre ainfi.. Et quoy- que la Mufique ne fe puifle pas facilement enfeigner par écrit, 2-caufe quece quiregarde l’exécution veut pre{que abfolument étre montré de vive voix, oua Ja main. Néanmoins les Livres qui en traitent doi- vent étre digerez de telle forte, que ce quiconcerne la Théorie s’y puifle apprendre aifement; &un Au- reur qui fe feroit negligé li-deflus, ne pourroit gue- re étre excufable. Pour ne pas tomber’ dans cet inconvenient, jay pris toute.la précaution qui m’a paruneceffaire. J'ay ii. ma Methode a des Perfonnes qui n’avoient nulle teinture de Mufique, pour voir fi favois réiiffi dans Je deflein que jay eu de.me faire entendre 4 ceux ui mont aycune connoiflance de cet Art. Ces Per- Tonnes nYont afluré que de bonne foy, & fans me ‘flatter, elles, comprenoient facilement tous les Prin- cipes qui y font enfeignez. Je n’ay point aenar cela PREFAC E, cela de donner cette Methode au Public, parce que jay une telle confiance aux Perfonnes dont je parle, que je fuis perfuade qu’elles voudroient aufli peu me tromper, qu’elles font peu capables de fe romper elles mémes. Avec tout cela, je ne me flatte pas d’avoir fait une fi bonne Methode, qu’onn’y puiffe t-étre encore trouver a reprendre. Il eft impofii- le qu'il n’echappe toajours quelque chofe, raéme aux foins des plus habiles. Ces Perfonnes que jay confultées n’ayant point de connoiflance de la Mu- fique, n’ont pa que voir fi ce que fay écrit étoit in- telligible, mais non pas fi jay raifonne jufte dans mes preceptes, ou fi j'ay oubli¢ quelque point im- portant: C’eft pourquoy je prie ceux qui font éclai- rez fur ces matieres d’excufer les fautes que jaurois pay laiffer gliffer, en confiderant qu'il n’y a perfon- ne dinfaillible. Mais ils m’obligeroient encore bien plus fenfiblement, s’ils fe vouloient donner la peine de me faire connoitre mes erreurs 4 moi-méme; je me ferois un extréme plaifir de defferer 4 leurs lu- mieres, & de corriger mon Ouvrage fur leursavis, fi Pon en faifoit une {econde Edition. A3 AVIS A V1S Pour les Perfonnes qui veulent apprendre a joiier du Clavecin. EUX qui defrent apprendre a jotier du Clavecin ( ot avoir deux difpofitions principales pour y ré- tiffir. Ces deux difpofitions font TO rerL Le & la Main, L'Oreille conffte a entendre la difference des Sous de la Mu- fquer & la diferente Cadence des Airs dans toute la juftefle amaginable: Et quoyque cela paroiffe d’abord confiderable, il eft uéanmoins certain que cette extréme jufteffe d’Oreille pour EIutonation & pour la Cadence eft un don accorde prefque a tous les hommes, comme la Vié © la Parole. Car il'y en a@ peu qui ne chantent , @& ne danfent naturellement. Si ce niet pas dans toute la delicateffe 0 la propreté quel Art a recherché , ¢eft du moins dans la corettion qu'il preferit, O qui n'a tiré luy-méme que de la Nature. Ceft donc déjaun Grand point pour ceux qui veulent apprendre la Mufiqueou a qotier de quelque Inftrument, que de {eavoir qu’ils ont natu- rellement te difcernement del Oreille; c'eftadire, lapremie- ve & Ia principale de toutes les difpofitions, Mais 8 ils veu- dent sen affurer encore davantage » qu’ils faffent les epreuves que je vas leur enfeigner, Quils voyent fi quand ils entendent une belle Mufiques ils entrent dans tous les mouvemens qu el- Je veut infpirer;, ils s'attendriffent aux endroits tendres, @ Se véveillent aux endroits gays: sils chantent intérieurement ce quils entendent chanter ou joer aux autres: Sil ne leur femble pas que pour peu qu'on leur edt montré, ils en feroient autant fans peine. Car fi la chofe leur parott aifée, ce(t une marque giv ils y réiiffiront; mais fi elle leur parott furprenan- te OF difficile, ils ferout bien d’y renoucer. Owils examinent donc ils govttent bien le Chang¢y Harmonie des Pieces.S tls entreat dans la. Cadences des Airs: Sils fe feitent emportez, coms A V I 8 comme malgré eux a fuivre la mefure. Sls la battent fans y Songer ou de la téte ou autrement. Voila les veritables difpofi- tions qui font le Muficien, © Jans le{quelles ontravailleinu- tilement a le devenir. Al'gard de la difpofition dela Main, il n'y a perfonne qui n'en puiffe avoir, s'il commence de bonne heure a s’exer- cer. Cette difpofition n'etant autre chofe qu'une grande jou~ pleffe dans les nerfs qui laiffe aux doiges la liberté de fe remuer Jubtilement :l enfance eft le temps le plus propre a P'acquerir. C'cft une experience faite, que ceux qui ont commence de jeu- nefje font devenus habiles; ¢y que ceux qui ne s’y font pris que tard n'ont pas réiffi, On ne peut affigner précifement lage ont il n’eft plus temps de commencer » parce que les difpofitions Sone différentes felon les perfonues. Néanmoins on peut dire a Pavantage des Dames qu’a caufe de la delicateffe naturelle de leur fexe, elles ont a trente aus encore plus de di{pofition dans la main que les hommes n’en ont d quinze ou feize; mais” Ja faifon la plus favorable pour les uns ey pour les autres eff Ja grande enfance:c'eft a dire, avant dix ans, ©'méme des cing ou fix. Ceux qui font pourvits de ces deux difpofitions ont encore un foin a fe donner; ceft de choifir un bon Maitre. De ce choix dépend du moins autant que di refte, le fuccésdeletu- de d'un ecolier. Telferoitdevenuhabile, s'il ete été bien mon- tréy qui oft demeuré ignorant parce que fon Maitre Pétoit ©' tel autre au contraire a beaucoup profité» quoyqu'sl tle moins de difpofition, parce que fon Mattre a feu luy faire fai- re un bon ufaze du peu quil en avoit. Un Maitre pour étre bon doit avoir deux qualiten, le Scavorr @ laProzire’; parce que pour faire un lon ccolier, il faut abjolument deux di(pofitions dans le Maitre: Quit ce puisse & quit re VueILee, Par le Scavoir d'un Maitre » il ne f mut pas entendre fim- plement quil foit habile Jotieur de-~Clavecin, © excellent Compofiteur en Mufique: Il faut encore qu'il joigne ad ces deux avantages, le talent de bien montrer, qui eft un que litd fore diftingude de celle de celébre Mufisien. Un Aviés. Un bon Maitre feast connoitre a fond les diferentes difpo- fitions de ceux qui fe mettent entre [es mains, @& 8 accommo- dant a la portée ( dla capacité de chacun, il les inftruit les uns © les autres daus la maniere qui leur convient le micux. Il fe fait autant de methodes diferentes, qu’il a de differens genies aconduire.. Il parle en enfant aux enfans 5 raifoa- nablement aux perfonnes raifounables: aux uns ( aux autres avec intelligence (7 metteté. Il expofe fes principes dans un bou ordre OF les prefente tonjoursfous des idées fimples &y détacheds, Nil embaraffe point la memoire de ceux qu'il inftruit pa des diftinElions hors de faifon. Il enfeigne une regle generale com- ime fi elle ésoit fans exception, attendant quel occafion amene cette exception powr en parler, parce qu'il {gait qu'alors elle fe congoit mieux; C que s'il en eit parlé daboraelle exit em- péché Pimpreffion de la regle generale. Jl donne fa premiere revle comme fi elle étoit la feule dont il dit jamais parler; @& horfqu'il paffe a une feconde, «’eft todjours fans faire aucune mention de celles qui la doivent fuivre. Paffant de la Théorie & la Pratique, le bon Maitre Jeait choifir pour chacun de fes ccoliers les pieces quit conviennent le mitux dla difpofition de leur main. Il en compofe méme ex- pres pour ceux qui en peuvent avoir befoin. ~Mais apres avoir mis entre les mains de fos ecoliers quelques pieces faciles pour les divertiy au commencement, il leur en donne enfuite qut font direEkement oppofées a la difpofition de leur main pour en corrizer le defuut. Le bon Maitre mene loin dans la perfeftion celuy quia beaucoup de facilité pour cet cxercices & plus loin celuy qui en a davantage. il fait joiier mieux que luy-méme les Ecoliers ou Ecolieves qui penveut avoir plus de difpofition que buy. Mais comme il (gait qu'on ne peut profiter il onn'adel'at~ tache a fon cxercices il a encore un fecret particulier pour fas- ve enforte que les Ecolters fe plaifent & apprendre, Ce talent eft wn des plus neceffaives aux Maitres qui out des enfans a enfergnery car Lt legevere naturelle des y-uaes enfans fait bien Sourvert qu’ apres avoir foubsit/ ardemment d'apprendre ajotier . at A V_I eS. / du Clavecins ils en font dégotiter, des la troifieme ou qudwrit= me Legon 4 caufe de la difficulee qu ilsy trouvent :@ leurdé= gout va quelques fois fi loin quun exercige qui s'apelle jens OF qui devroit effetivement s’apprendre ex joiiant n’ef pour eux qu'un objet de trifteffe ¢ de larmes. C’eft donc aux Mai- tres a trouver le moyen de foulager Jes tendres éléves qu'on leur donne,de toutes les difficultés qui les rebutent, @ dagir avec eux de maniére quils sadonnent a leurs petits exercices avec plaifirs ou du moins avec courage & perfeverance. eipres avoir parlé des bonnes qualitez du Maitre deCla- vecin, il faut dire un mot des Ute qu il peut aveir. Laiffane «part Pimprobité de ne pas montrer en confcience ce qu'on feait, lacheré que je ne puis {uppofer en aucun Ma?- tre que ce foit, je ne connois de deffaut confidérable dans un Maitre de Clavecin, que celuy de ne feavoir pas pofer la main de Jes Ecoliers, & de leur faire faire un mauvais ufage de leurs doigts. Les mauvais principes» © les fauffes regles qu il peut enfeigners font des erreurs aifées 4 corriger quandon vient a les reconnoitre 3 mais le deffaut demal employer fes doigts, eff celuy de tous qui fe repare le plus difficilement quand il eft une fois contratté: Il demeure fouvent toute la vie com- me un obftacle érevnel 2 la perfettion du Feu. Or ce deffaut ne nous venant jamais que du Maitre qui nous a commence, il eff important den choifir un qui feache P'éviter. Mass cet inconvenient n’eft guere & craindre pour les per- Sonnes qui apprennent a Paris ow il y a maintenant de fi habi- des Miaitres de Clavecin, que je puis avosier fans les flatter, que ce font eux qui mont fourni idee du Maitre parfait que Jay depeint dans ce difcours. L'Agréement qu'on appelle Harpége > etant marqué diffe» vemment dans les Ouvrages des Maitres de Clavecin » ona crit devoir s'arvéter en cette Methode a le defigner par cette marque 3. comme étant un cara€tere plus connus C plus pro- pre & faire impreffion fur la memoire. On a auffi cheifi cette marque X pour le Pincé comme celle Qui A VIS. qui a éeé employce jufqu'd prefent dans toutes les Methodes de Mufique. Apollon feul, ou plutét la Nature Fait le Poéce & Je Muficien ; Sans elle en vain !’efprit fe donne la torture, On fe tué & !’on n’apprend rien. Pag. 11 ee ee ee aBBx ee See eee Be LES PRINCIPES DU CLAVECIN. =) O us les principes du Clavecin fe réduifent ya Ja connoiffance de deux chofes, 1a T a- 2 2 BLATURE & re CLavisr, - On appelle Cravrer cet affemblage de : Touches, par le moyen defquelles on fait réfonner le Clavecin. La Tasrarurs eft l’amas des figures ou cara&teresy qui fervent 4 écrire la Mufique. Le Clavier n’eft pas difficile 4 connoitre : Il ne faut que {cavoir le nom de chaque Touche en particulier. La Tablature demande plus d’application ; outre les noms des figures, i] faut connoitre encore ce qu’elles fi- gnifient; & c’eft ce qui fait la matiére de ce Traité, Les principales figures de la Tablature, font celles qu’on appelte Nores. Celles-lamarquent le Chant & les Accords des Piéces, & font proprement la Mufique mémé. Les autres font moinseffentielles, & ne défignent que le mouvement des Piéces; les agrémens qu’il y faut aire, ou quelque chofe de femblable. Jenfeignerai premiérement 4 connoitre les Notes; Enfuite j'expliquerai le Clavier; & je parleraidu Mou- vement; des Agrémens, & du refte, CH A- 1% LES PRINCIPES ““CHAPITRE PREMIER. Des Notes @& des Clefs. Es Notes font des cara@eres dont la forme eft re- prefentée dans la démonftration qui fuit Vo Démonftration des Notes. a ‘Ces Notes font affifes fur differens degrez , formez par des lignes tirées parallellement, l'une au deflus de Yautre. Quelques-uns appellent ces lignes fEcuexce de la Mufique. Le nombre des lignes effentielles de ]’échelle eft fixé 4 cing. Voyez les Remarques. Mais on enajotite d’autres petites en de certaines occafions, felon le be- foin qu’on en a, pour monter ou pour defcendre, com- ame il paroit par 1a démonftration cy-devant. Les Notes prennent leurs noms des degrez fur lefque!s elles font pofées, par rapporta une certaine figure qu’on Appelle Crer, laquelle eft toijours marquée au com- mencement des cing lignes effentielles: Mais avant que d’expliquer comment cela fe fait, il faut dire, Qu’il y a trois Clefs dans la Mufique. Voyez les Rem. La clef d’Ur, la clef de Sor, & laclef de Fa, repre- fentées dans la démonftration fuivante. DE- DU 'CLAVECEN, rf] DE’ MONSTRATION DES CLEFS. Crier DUr Crr pi So. Crer pa Fa. Lune de ces trois clefs préfidetoijours au commen- cement des cing lignes de'échelle, & il faut remarquer que, quoique chacume foit d'une grandeur 4 occuper les cing lignes a la fois; une clef cependant n’eft cenfée affife que fur une feule ligne, & c’eft {ur celle des cing qui la coupe dans le milieu.Ce qu’on verra encore mieux par les démonftrations des pages fuivantes. Il faut encorg remarquer que les clefsne font pas toi- jours affifes fur la méme ligne; maisqu’elles font tantét fur une, & tant6t furl’autre. On‘ne les met cependant pas indifferemment fur toutes les libnes; chaque clef a les fiennes affeGées: Celle de Sox ne fe met que fur la premiére, c'eft-d-dire fur la plus baffedescing, oufur la feconde, & jamais fur les autres: Celle de Fa fur la troiGiéme, ou fur Ja.quatriéme , & point ailleurs: Er celled’Ur fur, toutes les lignes, excepté fur la cinguiéme qui eft la plus élevée, Ladémonttration en eft aux pages fuivantes. ae die ws Tel Les noms des Notes font Ur, Re, Mr, Fa, Sor, La, Si, & ceft la clefqui enfeigne quelle, Note s’ap- pelle Ur, quelle Res. quelle M1, ,&c.,.Cequi fe fait de cette forte, j : } : » Pour lackf ’Ur .\,. ptt "Quand c’eft la clef d’U r qui préfide & qu’elle eft pa- {€e fur la premiére, ligne, -c’eltacdire fursla plus baffe, il faut dire U-r.furja premiére ligne: Or comme!’ordre que tiennent les Notes fur échelle eft en montants ce- : qui LES PRINCIPES lui qu’elles ont dans le cercle qui fuit , commengant a celle qu'on voudra, &tournantcontinuellement a droi- te, en repetant toijours lesmémesnoms; &en defcen- dant, ‘celui qu’elles ont dans le mémecercle en tournant continuellement 4 gauche; il eft aifé quand on {ait ob Yon doit dire Ur, de {gavoir le nom de toutes les au- tres Notes, puifqu’elles les ont par rapport a celle-la. Car fi on dit Ur furlapremiéreligne, il fautdireRe fur le degré d’audeflus ; c’eft-a-dire, entre lapremi¢re & la feconde: enfuite M rfur lafeconde, & puis Fa en- tre la feconde & la troifi¢éme, aprés cela Sor fur la troifiéme; & ainfi du refte, comme il eft démontré cy- aprés. ; Quand la clef d’U r eft pofée fur la feconde ligne » toutes les Notes changent de place: I] fautdire Ur fur lafeconde. Re entre deux & trois. Mx fur latroifiémes &c. comme il eft expliqué dans la démonftration cy- aprés. La clef d’Ur état pofée fur la troifiéme ligne, on ‘dit Ux fur Ja troifiéme. R £ entre trois & quatre. Ma ‘ur la quatriéme, &c. {uivant leur ordre- : DU CLAVECIN. as Lorfqu'elle eftfurlaquatriéme, on dit U r furlaqua- triéme, & enfuite le nom des autres Notes fuivant leur ordre. Pour ta clef de Sor. La clef de Sox fait un effet pareil a celui de 1a clef @U r. Lorfqu’elle eft pofée fur la premiére ligne elle lui donne fon nom,&!’on dit Sox fur la premiére. La,en- tre la premiére & lafeconde. S1, furlafeconde, &ainfi des autres, en fuivant ordre qu’ont les Notes dans te petit Cercle cy-devant, , Si elle eft pofée fur la feconde ligne, elle ¢lévetou- tes les Notes de deux degrez, & l’on dit Sox furlafe- conde. La» entre deux & trois, S1, fur la troifi¢me, & Je refte par rapport a lordre. Pour Ja clef de F a. La clef de Fa donne comme Iles deux autres fon nom 4 la ligne fur laquelle elle eft pofée. Quand elle eft fur Ja troifiéme on dit Fa, fur cettetroifiéme. Sor, entre trois & quatre. La, furla quatriéme, & le refte com- me lordre du cercle le demande. Si elle eft fur la quatriéme, c’eft fur la quatriéme quion dit Fa, & dela le-nom des autres Notes parrap- port 4 ordre. : 16 LES PRIN CIPES DEMONSTRATION De toutes les diferentes Pofitions des Clefs, 5 du Change« ment du nom des Notes. La’clef d?Ur far la premiére ligne. a gaat Si a Sal Ut ReMi Fa Sol La Si Ut La clef d’Ut fur la quatriéme ligne. —9-O—Ut Si Le Sol Fa Mi Re Us Ur Re MiFa Sol Le eo DU CLAVECIN, 4 - La clef de Sol fur la premiére ligne. “oy ~ Sol La Si Ut Re Mi Fa Sol La $i Ut oy La clef de Sol fur la feconde ligne. 970-82 so1 Fa MiRe Ue ee - es Sy eee aa Sra Sel La Si Ut Re Mi Fa Sol La Si Ut La clef de Fa fur la troifiéme ligne, gootr Fa Sol La Si Ut Re Mi Fa Sol La clef de Fa fur la quatriéme ligne. : gg 08S einen Si LaSol Fa Mi KeUt SiLaSol %, $ =O 55 ee 27 Some Fa Sol La Si Ut Re Mi 38 LES PRINCIPES Tl faut retenir par coeur les noms de toutes les No- tes, & les mettre fi bien dans fa téte, qu’en voyant de Ja Mufique écrite, on puiffe la lire tout d’un coup, & dire fans héfirer, Ut, Sol, Mi, Fa. Ré, La, Si, Sol, Ut, Ré, Si, Ut, &c. Mais pour faire entrer cette connoiflance avec méthode dans fa mémoire, il ne faut pas embraffer toutes les clefsala fois. Ine faut s’attacher d’abord qu’a une feule, comme par exemple a celle d’Ur pofée fur la premiére ligne; Et quand on connoitra bien les Notes par cette Clef ainfipofée, on les apprendra par la méme clef pofée fur 1a {econde li- ne, & puis fur la troifiéme, & enfin fur la quatnéme. bn obfervera Je méme ordre pour les autres clefs. Il n’eft cependant pas neceffaire de s’attacher 4 connoitre les Notes par toutes les differentes pofitions de chaque clef, a moins qu’on ne veiiille fcavoir la Mufique 4 fond, Car pour cenx qui fe bornent 4 jouér du Clave- cin, il leur fuffit d’apprendre 4 nommer les Notes par les clefs, qui font en ufage dans la Tablature du Clave- cin. On fe fert dans la Tablature du Clavecin de toutes les troisclefs; mais on les fixe chacune fur une feule li- gne. La cur v’Ur fur la premiére; 1a cteF pe Sou fur la feconde, & ta crer ve Fa fur latroifi¢me. On peut donc d’abord fe contenter d’apprendre 4 nommer les Notes par les clefs pofées de cette forte. Maisileftbon dans la fuite de paffer aux autres pofitions; parce que pour le Clavecin méme on ne s’en tient pas tofjours a ces trois-l4 , & qu’on met en de certaines occafions la clef d’Ur fur la troifiéme ligne; celle de Fa fur la qua- triéme, & celle de Sox fur lapremiére. C’eft pourquoi il eft bon de fe familiarifer avec toutes les diferentes pofitions des clefs; mais il {uffitd’abord de commencer par les trois dont j'ai parlé. Cette pluralité de clefs, & ces changemens de places qu’elles font, eft peut-étre ce qu'il y a de plus embaraf- f fant DU CLAVECIN. 19 fant dans la tablature du Clavecin, Voyez’ les Remar- ques, ov il eft propofe d’abolit cet ufage de pluficurs clefs, & de rendre la Tablature iacomparablement plus facile, en réduifant toutes les differentes maniéres de nommer les Notes, a une maniére unique & invaria~ ble. Ordre qu'il faut garder pour apprendre a wommer les No~ tes. Pour imprimer les Notes dans fa mémoire, il fant premiérement retenir les noms de celles qui fontfur les lignes. Comme par exemple, fi on veut apprendre a nommer les Notes par lai clef d’Ue pofée fur la premié- religne, il faut retenir qu’on die Ur fur cette ligne» Mr {ur la feconde Sot fur latroifiéme 5 Sy {ur la qua~ triéme, & Re fur la ciniquiéme. = Ur Mi Sok si Re Il faut fe rompre beaucoup a cela, & les pouvoir di- reen montant Ur, Mi, Sol, Si; Res & en defcen- dant Re, Sr, Sor, Mi, Ur; avec la méme facilité. Et pour voir fi on les fcait , fe queftionner foi-méme 5 ceft-a-dire prendre un Papier ou un Livre de Mufiques & eflayer fi on dira bien rout d’un conpyCette Note eft un Sot, celle-J4 un M1, cette autre un Sy &c. Quand on n’héfitera plus 4 nommer les Notes qui font fur les lignes, on apprendra avec l& méme métho- de cefles qui font dans les efpaces; c’cft-d-dire entre les lignes. Ba Aprés 20 LES PRINCIPES nT] Aprés cela celles qui font par def- us les lignes effentielles en gar- dant leméme ordre. 0-9. Fa Si S -9— ol we . Et enfin celles eee — —— qui font par Solas deffous. Fa La Mi Sol Ti ne faut point apprendre les Notes par la clef de Sol, qu’on ne les connoiffe parfaitement par la clef @Ut; car l’empreflement dans étude fait reculer au lieu d’avancer. Il faut fe rendre fiird’une premiére cho- fe avant que de paffer 4 une {econde;_n’en envifager ja- mais qu'une a la fois, & s’en faire V'idée Ja plus nette quiil fe puiffe, & ceciregarde toute forte d’éeude. Quand on connoitra les Notes auffi-bien par la clef de Sol 5 que par la clefd’Ut, on les apprendra par laclef de Fa. In’importe cep2ndant par laquelle des trois on commen- ce; car il les faut {gavoir tontes trois également bien 5 mais il faut fe fouvenir de n’en apprendre qu’une 4 la fois, & de garder en l’apprenant l'ordre que j'ai enfei- gné. DE MONSTRATION DU CLAVIER. Viyex la Figure ci a cote. CHA- DU CLAVECIN. 2 CHAPITRE II Du Clavier. Pare’s la connoifflance des Notes, doit fuivrena- turellement celle du Clavier, puifque c’eft fur le Ciavier qu’on éxécute les Piéces. Il m’a femblé que la meilleure maniére del’enfeigner étoit d’en faire ici deffiner un tout entier, fur lequelle nom de chaque Touche fir écrit dans fon ordre. Le Clavier eft compofé de deux fortes de Touches, de Noires & de Blanches. Les noms des Noires font comme des Notes Ur, Re, M1, Fa, Sot, La, S1, réiterez plufieurs fois. Les Blanches portent les mémes noms que les Noires, & fe diftinguent de plus par les marques que j'ai mifes defflus, defquelles je parlerai ailleurs. Il fuffit prefente- ment de remarquer, que patmi les Blanches, les trois Touches Ur, Fa, Sor, font caraGerifées par cette marque & , & les deux Touches Sr, M1, par cette autre §. Iln’y a point parmi les Blanches de Ra ny de La. Voyex les Remarqnes; mais voyex auparavant le Cha- pitre XVI. du Bémol. Quelques-uns appellent les Blanches en général, les Feinras. Les Touches blenches font diftribuées par deux & partrois, &cetre diftribution fert a faire reconnoitre les Touches a I’ceil, tant Noires que Blanches; car fans ce different partage tout feroit confondu, & l’cil n'y fe- roit aucune diftin@ion. Pour fe fervir donc du fecours qu’apporte cette maniere delesdiftribuer, il faut remar- quer quecelle des Touches noires qui s’appelle Ur, eft celle qui eft placée au cété gauche des deux blanches. Que le Re eft entre les deux blanches, & le Mi 4 leur cotédroit. LeFa au cété gauche destrois blanches. Le Sox entre lapremiére & la feconde. Le La entre la fe- B3 gon (wa)

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