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Darrell Panethiere

Persistance de la piraterie :
conséquences pour la créativité, la
culture et le développement durable

L’Alliance globale pour la diversité culturelle, UNESCO


Ecrit par Darrell Panethiere
Traduit par les services de traduction de l’UNESCO
Conception graphique par Maro Haas
Photo : IFPI Londres

L’auteur est responsable du choix et de la présentation des faits contenus


dans le texte qu'il signe, ainsi que des opinions qu'il y exprime ; celles-ci ne
correspondent pas nécessairement à celles de l'UNESCO et n'engagent donc
en aucune façon la responsabilité de l'Organisation.

Document UNESCO, CLT/ACE/CEC-05/9

Publié en 2005 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO), 7 place de Fontenoy F-75352 Paris 07 SP

© UNESCO 2005
SOMMAIRE

PRÉFACE 7

1. INTRODUCTION 9
1.1. DÉFINITION DE LA PIRATERIE 10
1.2. LA PIRATERIE SUR L'INTERNET 11

2. L'AMPLEUR DU PROBLÈME 13
2.1. PIRATAGE DES PRODUITS CULTURELS
MATÉRIALISÉS DANS DES SUPPORTS
PHYSIQUES 13
Musique 13
Films 16
Logiciels 17
Édition de livres 18
2.2. RADIODIFFUSION, CABLE, SATELLITE ET
AUTRES FORMES DE PIRATAGE
DE SIGNAUX 19
2.3. INTERNET ET PIRATERIE EN LIGNE 20
La nature de l'Internet 21
Le mythe de l'anonymat de l'Internet 22
La cybercriminalité 24
Nouveaux problèmes de piraterie
concernant d'autres biens culturels 25

3. LES EFFETS DE LA PIRATERIE 26


3.1. EFFETS NÉGATIFS SUR LA CRÉATIVITÉ ET
SUR LE SECTEUR CULTUREL EN GÉNÉRAL 26
3.2. EFFETS SPÉCIFIQUES DANS LES PAYS EN
DÉVELOPPEMENT 26
3.3. EFFETS NÉGATIFS SUR LES INDUSTRIES
CRÉATIVES ET LES ÉCONOMIES LOCALES 28
3.4. EFFETS NEGATIFS SUR LE DEVELOPPEMENT
DURABLE 30
3.5. EFFETS NÉGATIFS SUR LA SOCIÉTÉ 31

4. LUTTE CONTRE LA PIRATERIE 33


4.1. LE CADRE JURIDIQUE INTERNATIONAL 33
4.2. SOLUTIONS NATIONALES ET RÉGIONALES 34
4.3. MOYENS DE FAIRE RESPECTER LE DROIT
D'AUTEUR ET MEILLEURES PRATIQUES DANS
LE DOMAINE DE LA MISE EN ŒUVRE DES
DROITS DE PROPRIETE INTELLECTUELLE 35
Réparations civiles 35
Sanctions pénales 36
Mesures provisoires 37
Droits d'obtenir des informations et
mesures connexes 37
Règles de preuve 38
4.4. FORMATION ET SENSIBILISATION
DU PUBLIC 39
4.5. RÉGLEMENTATION DES FABRICANTS DE
MÉDIAS OPTIQUES 39

5. L'ARGUMENTATION OPPOSÉE À LA MISE EN


ŒUVRE STRICTE DES DROITS DE PROPRIÉTÉ
INTELLECTUELLE 41

6. CONCLUSION 44
PRÉFACE

L’étude sur la piraterie : tendances actuelles et conséquences


pour la créativité et le développement durable, a été préparée
par Darrell Panethiere, à la demande de la Section de
l’entreprise culturelle et du droit d’auteur, comme élément
du programme d’activités contre la piraterie inscrit dans
le cadre des mesures d’accompagnement aux projets de
l’Alliance globale pour la diversité culturelle.

L’Alliance contribue particulièrement à la prévention et à


la lutte contre une piraterie qui, en croissance constante, est
liée pour partie aux potentialités nouvelles dans l’usage des
nouvelles technologies et à leurs conséquences sur la vente
des produits culturels. La piraterie nuit aux auteurs, qui
perdent le produit de leurs oeuvres, et les industries
de l’édition, de la musique, de l’audiovisuel et des logiciels
sont les secteurs les plus sévèrement touchés.

L’Alliance globale lutte contre la piraterie par


le développement de formations comme celles mises en
œuvre dans le cadre du Programme de formation des
formateurs en matière de lutte contre la piraterie
(APTT), qui consiste en une série de séminaires régionaux
et/ou sous-régionaux à l'intention des fonctionnaires chargés
de faire respecter la législation sur le droit d'auteur.

L’originalité de ces séminaires est d'apporter des


connaissances et compétences utiles à la promotion du droit
d'auteur et à la prévention de la piraterie, à un ensemble de
participants, législateurs potentiels et professionnels des
catégories les plus concernées (avocats, fonctionnaires
de police et des douanes, magistrats, etc.) qui prolongent
ensuite ces formations auprès d’autres formateurs dans leurs
pays, élargissant ainsi le cercles des bénéficiaires et acteurs.
PERSISTANCE DE LA PIRATERIE :
CONSÉQUENCES POUR LA CRÉATIVITÉ, LA
CULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE 1

1. INTRODUCTION

I l est, dans le droit de nombreux pays, une maxime


selon laquelle un droit sans réparation n'a en fait rien
d'un droit. Cette maxime trouve de bons exemples dans
le domaine de la propriété intellectuelle où les auteurs et
autres titulaires de droits sont si souvent dans l'impossibilité
de faire respecter les droits que la loi leur accorde. Tel est en
quelques mots le problème de la piraterie. Les droits des
auteurs, artistes interprètes et exécutants, éditeurs,
radiodiffuseurs et de beaucoup d'autres personnes dont les
moyens d'existence dépendent de la reconnaissance des
droits sur la propriété intellectuelle, en particulier le droit
d'auteur, sont trop souvent bafoués par des personnes qui,
intentionnellement, délibérément et systématiquement
cherchent à profiter des créations d'autrui. Dans un domaine
aussi complexe que celui de la propriété intellectuelle, il est
assurément vrai que certaines personnes ne comprennent pas
parfaitement les droits des autres, et qu'elles peuvent ainsi
parfois enfreindre sans le faire exprès le droit d'auteur.
Cependant, la piraterie, telle qu'il faut la comprendre,
résulte entièrement d'une volonté délibérée de ne pas
respecter ces droits.

termes
U n éminent expert en matière de propriété
intellectuelle a commenté ce phénomène dans les
suivants : "pour certaines personnes, le mot
"piraterie" peut avoir une connotation légèrement
romantique, évoquant des images de flibustiers des Caraïbes
hauts en couleur ; mais il n'y a rien de romantique ni de haut
en couleur au sujet des pirates de la propriété intellectuelle.
Ce sont des criminels, opérant généralement à grande échelle
et de façon organisée, qui se livrent au vol des produits
du talent, des compétences et des investissements d'autrui" 2.
Depuis que ces lignes ont été écrites, en 1992, le problème
de la piraterie n'a fait que se développer et a été perçu
comme un phénomène mondial impliquant souvent les formes
les plus sophistiquées du crime organisé. De plus, la piraterie
a révélé, ces dix dernières années, un aspect entièrement
nouveau dans son apparition et sa croissance sans
précédent sur l'Internet.

L e problème de la piraterie a maintes fois retenu


l'attention des décideurs gouvernementaux et des
responsables de l'application des lois. Des traités et accords
internationaux, mis en œuvre dans le droit national, ont tenté
de l'éliminer. L'UNESCO, en particulier, reconnaît depuis
longtemps que les droits des auteurs et des artistes sont mis
en péril par la propagation de la piraterie et qu'il était
essentiel de prendre des mesures pour la prévenir. La raison
en est que "Les industries culturelles - notamment le livre,
l'audiovisuel et le multimédia - sont sources d'emplois,
de profit et de recettes tout en étant un vecteur essentiel
de promotion de la diversité culturelle aux niveaux local et
international" 3 . S'il n'est sans doute pas faisable d'éliminer
complètement la piraterie, il est en tout cas possible de
limiter ou de neutraliser ses effets les plus néfastes.

1.1. DÉFINITION DE LA PIRATERIE

D ans son sens courant, le mot "piraterie" désigne


l'activité consistant à fabriquer des exemplaires non
autorisés ("exemplaires pirates" ) de matériels protégés et à
distribuer et vendre ces exemplaires4. Les droits d'autorisation
enfreints par ceux qui fabriquent des exemplaires pirates et

-10-
en font le commerce concernent le droit à la paternité
généralement protégé par le droit d'auteur, ainsi que
les droits de propriété, en particulier dans le cas des
enregistrements sonores qui sont généralement protégés par
des régimes de droits voisins. Au sens le plus large, celui
qu'utilise souvent la presse populaire, la "piraterie" peut aussi
désigner les actes d'enregistrement non autorisé d'une
représentation en direct et de "contrefaçon" (vente d'œuvres
fabriquées à l'imitation d'un exemplaire authentique, par
exemple en copiant l'étiquetage, l'emballage ou
l'enregistrement lui-même).

1.2. LA PIRATERIE SUR L'INTERNET

L es définitions traditionnelles, en particulier celles


qu'on trouve dans les codes pénaux nationaux,
envisagent généralement la piraterie dans le contexte d'actes
délibérément commis dans le but d'obtenir un avantage
commercial quelconque. Toutefois, les formulations les plus
modernes reconnaissent que la condition essentielle,
sine qua non, de la piraterie, est qu'un dommage notable soit
causé aux intérêts des titulaires de droits dont la protection
est le but des régimes de propriété intellectuelle, ces
dommages étant d'ailleurs de plus en plus fréquemment
imputables à des comportements dépourvus en grande
partie ou totalement de motivations commerciales. Il
est ainsi devenu courant de voir des actes de distribution non
autorisée d'œuvres protégées sur l'Internet, comme cela se
produit à très grande échelle dans le contexte du partage de
fichiers peer-to-peer, qualifié de "piraterie" même en
l'absence de motivation économique de la violation des droits.
Cette qualification est appropriée. Il y a infraction aux droits
de propriété intellectuelle lorsque l'acte prohibé est commis,
qu'il s'agisse de copie, de distribution ou de représentation
publique non autorisées. Les considérations d'intention ou
de gain commercial s'appliquent généralement à la question
des réparations appropriées et sont sans rapport avec

-11-
la responsabilité5. Dès lors, les intérêts des titulaires de droits
sont affectés à tel point que la copie non autorisée sur
l'Internet a déjà porté préjudice aux industries créatives dans
le monde entier, il est sans nul doute approprié de qualifier ce
comportement de "piraterie".

-12-
2. L'AMPLEUR DU PROBLÈME

I l est indéniable que le piratage des biens faisant


l'objet de la propriété intellectuelle est un énorme
problème à l'échelle mondiale. La seule importante divergence
d'opinion entre ceux qui ont étudié la question a trait à
l'ampleur du problème. Mais même à ce sujet, l'accord est
quasi unanime. L'Organisation mondiale des douanes, par
exemple, a constaté dans son enquête la plus récente qu'à
peu près 5 % de tous les échanges mondiaux portent sur des
articles pirates. De même, la Commission européenne a
conclu qu'une proportion de 5 à 7 % du commerce mondial
repose sur la piraterie, soit 200 à 300 milliards d'euros de
préjudice commercial. Enquêtant sur le même terrain, l'OCDE
estime la perte subie par les échanges mondiaux à un peu
plus de 5 % 6 . D'autres organisations internationales,
associations industrielles et organisations non
gouvernementales ont publié des estimations analogues.

O n peut trouver une autre mesure de l'ampleur du


problème dans le nombre d'emplois directement
perdus du fait de la piraterie. Ce nombre a été estimé à
120.000 par an aux États-Unis d'Amérique et à plus de
100.000 dans l'Union européenne (il s'agit des 15 États
membres qui constituaient l'UE avant 2004)7.

2.1. PIRATAGE DES PRODUITS CULTURELS


MATÉRIALISÉS DANS DES SUPPORTS
PHYSIQUES

Musique

CD
L e piratage de la musique enregistrée matérialisée
dans des supports physiques - essentiellement des
mais aussi, dans beaucoup de territoires, des

-13-
cassettes - se poursuit sans relâche. Et malgré toute
l'attention que la presse accorde au phénomène plus récent
de la piraterie sur l'Internet, la piraterie commerciale sous sa
forme traditionnelle reste un problème important et dans
certains territoires un problème croissant. Dans son plus
récent rapport résumant l'ampleur du problème, la Fédération
internationale de l'industrie phonographique (IFPI) estime
qu'en 2003 le piratage commercial des formats matériels a
représenté 4,5 milliards de dollars des États-Unis de ventes
illégales dans le monde. Il convient de comparer ce chiffre à
celui des pertes mondiales estimées pour l'année précédente,
à savoir 4,6 milliards de dollars des États-Unis 8 , après
4,3 milliards de dollars pour 20019. En 2003, plus d'un CD sur
trois vendu dans le monde était un produit piraté. Si l’on
prend en compte les cassettes musicales, le chiffre est encore
plus élevé, puisque l’IFPI estime que la piraterie représente
aujourd'hui 40 % de tous les produits musicaux vendus dans
le monde.

C ependant, pour mesurer tous les effets


économiques du piratage de la musique, il faut
regarder au-delà des pertes subies par les producteurs de
phonogrammes. Parmi les perdants, il y a aussi les
artistes-interprètes du monde entier qui enregistrent, dont
la principale source de revenus est constituée par
les redevances que ces ventes auraient dû produire si elles
avaient été légales. De plus, une part significative de ces
recettes aurait bénéficié aux éditeurs de musique, et
aux paroliers et compositeurs qu'ils représentent, étant
donné que tous ces CD et cassettes illicites contiennent
la reproduction mécanique non autorisée de chansons et
autres compositions protégées par le droit d'auteur. Au-delà
de ces pertes directes, il y a toutes les autres pertes dérivées
qu'entraîne inévitablement la piraterie : perte de possibilités
d'emploi dans les studios d'enregistrement et les magasins
de détail, ainsi que les pertes subies par toutes les autres
activités auxiliaires qui contribuent à l'industrie musicale,

-14-
comme celles des graphistes et des éditeurs de musique, des
auteurs de contributions vidéo et cinématographiques et
les experts en marketing, promotion et publicité. On peut
aussi s'attendre à des répercussions sur les concerts et
les tournées, en particulier dans les territoires où la piraterie
sévit fortement, étant donné que les entreprises
d'enregistrement ont moins de raisons de développer et de
promouvoir les possibilités de tournées lorsqu'elles ne
peuvent pas en attendre d'effets positifs sur les ventes
légales. En fait les investissements de toutes sortes qui
traditionnellement auraient été consacrés au développement
et à la commercialisation de nouvelles musiques et de
nouveaux supports sonores sont paralysés par le spectre de
la piraterie. Le secteur musical est déjà une entreprise assez
risquée dans les conditions les plus normales - mais lorsqu'on
ajoute le spectre de la piraterie à toutes les autres variables, il
n'est pas surprenant que les investisseurs préfèrent se
tourner vers des industries plus sûres.

L es raisons de la persistance d'un niveau aussi élevé


de piratage commercial de la musique, malgré
quelques progrès notables du respect de la loi dans des
territoires clés, sont diverses. Un facteur majeur est
la diffusion rapide des graveurs de CD-R, associée à
l'augmentation constante de la vitesse de copie des
graveurs. Il est aujourd'hui possible, par exemple, de
fabriquer une nouvelle copie d'un disque standard de
74 minutes en un peu plus de trois minutes. Un autre facteur
est la surcapacité croissante de production de disques
légaux à l'échelle mondiale. Si ce facteur a aussi une
incidence sur le piratage des films et des logiciels, c'est
probablement dans le secteur de la musique que son impact
se fait ressentir le plus fortement. L’IFPI estime qu'il y a
actuellement 1.040 usines de disques optiques, dont 300 ont
été créées rien qu'au cours des quatre dernières années,
malgré la régression des marchés légaux pour leurs
produits10.

-15-
Films

I l est estimé que l'industrie cinématographique des


États-Unis perd chaque année plus de 3 milliards de
dollars des États-Unis de recettes potentielles dans le monde
du fait de la piraterie commerciale, sans même tenir
compte des pertes résultant de la piraterie sur l'Internet 11 .
Les pertes subies par les industries cinématographiques de
toutes les autres nations du monde atteignent probablement,
au total, 1 milliard de dollars des États-Unis supplémentaire
chaque année pour les économies locales de pays comme
l'Inde (qui a l'industrie cinématographique la plus importante
dans le monde) ainsi que le Japon, l'Égypte et de nombreux
autres pays qui ont des industries cinématographiques bien
établies.

Quant aux pertes imputables à la piraterie en ligne,


on estime qu'elles ont atteint 850 millions de dollars
des États-Unis pour l'année 200412. Un ménage européen sur
cinq est déjà doté d'une connexion à large bande
suffisamment puissante pour envoyer des fichiers musicaux et
audiovisuels sur les réseaux d'ordinateurs 13 . A mesure que
des capacités à plus larges bandes seront mises au point
pour les consommateurs à travers le monde, les pertes
imputables à la piraterie en ligne connaîtront certainement
une croissance considérable.

D ans le cas de certains pays, les problèmes sont


énormes. La Chine génère déjà 2,3 milliards de
dollars des États-Unis par an en recettes de vidéo (il y a plus
de 100 millions de magnétoscopes et de lecteurs de DVD
dans les foyers chinois), alors que les recettes d'exploitation
des films en salle n'atteignent que 300 millions de dollars des
États-Unis. De plus, selon les sources du secteur
cinématographique, sur ce total de plusieurs milliards,
seulement 400 millions de dollars environ sont dépensés en

-16-
produits légaux 14 . Rien qu'en Russie, l'industrie
cinématographique des États-Unis aurait perdu plus de
500 millions de dollars en 2004 15 . Des chiffres comparables
ont été fournis pour le Brésil. De 1998 à 2002, les pertes
économiques infligées à l'industrie cinématographique des
États-Unis par la piraterie audiovisuelle au Brésil ont été
estimées à 605 millions de dollars16.

C ependant, les pertes subies par l'industrie du film


du fait de la piraterie ne sont pas un problème
seulement pour les grands studios américains. Des milliers de
DVD et de CD de Bollywood sont vendus chaque année au
Royaume-Uni, mais on estime qu'au moins 4 sur 10 (certains
disent 7 sur 10) sont des produits piratés 17 . C'est là au
Royaume-Uni un niveau moyen de piraterie beaucoup plus
élevé que celui constaté pour les films de Hollywood ou autres
DVD occidentaux.

Logiciels

D ans le domaine des logiciels, la valeur des pertes


subies par l'économie des pays développés et en
développement est également énorme, bien plus grande
encore que celle constatée en ce qui concerne la musique et
les films. La Business Software Alliance estime qu'en 2003,
36 % des logiciels installés sur des ordinateurs dans le monde
étaient piratés, soit une perte de près de 29 milliards de
dollars des États-Unis18. Autrement dit, alors que des logiciels
d'une valeur de 80 milliards ont été installés sur des
ordinateurs dans le monde l'an dernier, la valeur de ceux qui
ont été acquis légalement ne s'élevait qu'à 51 milliards de
dollars, soit un taux mondial de piraterie de 36 %. Dans
certaines régions clés du monde, des taux de piraterie
beaucoup plus élevés ont été constatés. Le taux de piraterie
dans la région Asie-Pacifique était de 53 %, avec des pertes
en dollars atteignant plus de 7,5 milliards de dollars. En
Europe orientale, le taux de piratage était de 70 %, avec des

-17-
pertes en dollars dépassant 2,2 milliards de dollars. Le taux
moyen pour les pays d'Amérique latine était de 63 %, avec
des pertes s'élevant au total à plus de 1,2 milliard de dollars.
Dans les pays du Moyen-Orient et d'Afrique, le taux moyen
était de 55 %, avec des pertes se montant à près de
900 millions de dollars.

L es taux de piraterie en Europe occidentale (36 %)


ou aux États-Unis (23 %) sont peut-être inférieurs,
mais le coût en termes de ventes perdues est immense :
7,2 milliards de dollars et 9,6 milliards de dollars,
respectivement, rien que pour 2003.

Édition de livres

L 'industrie culturelle ayant la plus longue histoire en


matière de piraterie est bien entendu l'édition de
livres. La piraterie continue de s'acharner sur les auteurs, en
particulier dans les pays les plus pauvres où le commerce de
livres piratés dépasse souvent le marché légal, mais aussi
dans les marchés développés. Pour 2001, le chiffre d'affaires
de l'industrie légale de l'édition en Amérique latine et en
Espagne a été estimé à 5 milliards de dollars des États-Unis
par an et celui du marché des livres piratés à 8 milliards de
dollars. La perte spécifique des redevances de droit d'auteur
atteignait près de 500 millions de dollars 19 . Au Mexique, en
revanche, seuls 2 sur 10 des livres vendus sont des produits
piratés, mais cette piraterie fait tout de même perdre à
l'industrie mexicaine de l'édition et à ses auteurs 1,25 milliard
de pesos 20 . En Afrique du Sud, pour prendre un autre
exemple, on estime que 40 à 50 % du marché des manuels
scolaires, d'une valeur de 400 millions de rands, est perdu
du fait de la piraterie et de la photocopie illégale21. Enfin,
l'Association of American Publishers estime que les éditeurs
américains ont perdu en 2004 plus de 500 millions de dollars
du fait de la piraterie22 . Celle-ci revêt la forme à la fois de
la photocopie commerciale illégale - ainsi que du piratage

-18-
de matériels imprimés - et du piratage électronique des
livres et autres matériels imprimés sous forme numérique. Un
problème croissant qui préoccupe particulièrement
les éditeurs de livres est celui de l'augmentation du nombre
des téléchargements illégaux de revues en ligne, ainsi que
la numérisation non autorisée de fonds par les bibliothèques,
s'accompagnant d'une forte progression du partage de ces
versions numérisées d'ouvrages.

2.2. RADIODIFFUSION, CABLE, SATELLITE ET


AUTRES FORMES DE PIRATAGE DE SIGNAUX

L e marché des émissions de radiodiffusion et en


particulier des transmissions par satellite est
mondial, de même que le problème croissant du piratage des
signaux. Alors que dans certains marchés développés comme
l'Allemagne et l'Australie le niveau de piratage des signaux ne
dépasse pas 1 %, dans d'autres, comme le Royaume-Uni, ce
niveau est estimé à environ 10 %23.

L es organismes de radiodiffusion et autres


organismes qui transmettent des programmes
commerciaux se plaignent depuis longtemps du problème du
piratage des signaux et considèrent le cadre international
de protection des organismes de radiodiffusion existant 24
comme insuffisant pour assurer une protection adéquate
contre ce genre de vol de services. À l'heure actuelle,
le Comité permanent du droit d'auteur et des droits connexes
de l'OMPI continue, après plusieurs années de délibérations, à
examiner un nouveau projet de Traité pour la protection des
droits des organismes de radiodiffusion. Si le projet de traité
contient des dispositions qui vont au-delà de celles qui sont
simplement nécessaires pour réglementer le piratage des
signaux à l'échelon international, l'exigence la plus
fondamentale serait qu'il établisse (ou, de l'avis de certains,
simplement renforce) une norme internationale protégeant les
organismes de radiodiffusion contre l'enregistrement,

-19-
la retransmission et la reproduction non autorisés de leurs
signaux de radiodiffusion.

P our illustrer le problème auquel sont confrontés


dans ce domaine les organismes régionaux de
radiodiffusion, un représentant des organismes de
radiodiffusion a donné l'exemple suivant : "Si un organisme
de radiodiffusion du Belize, par exemple, a payé le droit de
diffuser les Jeux Olympiques et qu'il obtient ses signaux de
la NBC [organisme de radiodiffusion des États-Unis], il a
besoin de détenir les droits de radiodiffusion pour pouvoir
obtenir une décision de justice contre les autres stations qui
pourraient copier les signaux et les transmettre" 25.

2.3. INTERNET ET PIRATERIE EN LIGNE

L a piraterie en ligne est largement répandue et elle


continue de se développer avec l'accès à l'Internet
haut débit et l'amélioration des formes de la technologie
de la compression. Déjà, par exemple, 58 % des
internautes sud-coréens ont, selon une étude récente,
téléchargé un film commercial sans autorisation 26 . Il a été
estimé que dans le monde près de trois milliards de chansons
protégées par le droit d'auteur sont téléchargées illégalement
chaque mois, soit l'équivalent de 200 millions de disques
compacts volés ou de 85 millions de chansons par jour 27 .
Les conséquences de cette révolution technologique, qui
facilite encore davantage le piratage des biens culturels, sont
évidentes et bien connues. Pourtant, il faut garder à l'esprit
que certains aspects de la piraterie en ligne sont
fondamentalement différents de la piraterie commerciale
traditionnelle :

• souvent la piraterie en ligne n'a pas de fin lucrative


ou autre fin commerciale mais les pertes qu'elle
cause peuvent être catastrophiques ;

-20-
• la piraterie en ligne est, au moins d'un point de vue
technique, plus facile à détecter et les coupables
sont plus faciles à découvrir ;

• la piraterie en ligne ne peut être entièrement


imputable à une entreprise criminelle, comme c'est
toujours le cas de la piraterie traditionnelle, mais
elle requiert la participation active, habituellement à
des fins lucratives, d'entreprises commerciales
légales, soit comme instruments de facilitation de
la piraterie soit comme moyens d'acheminer
les paiements illicites.

La nature de l'Internet

D u point de vue du droit d'auteur, il est important de


noter que l'Internet, sous son principal aspect
public (World Wide Web), est un système destiné
principalement à la distribution d'œuvres et d'informations
sous la forme de copies. Celles-ci peuvent être
distribuées - quoique beaucoup plus lentement et moins
efficacement - sous d'autres formes, comme par des services
de pure transmission qui ne laissent pas de copies.
Cependant, l'Internet est une entreprise entièrement
fondée sur la copie et il implique donc fondamentalement
les régimes du droit d'auteur et des droits voisins. Les copies
d'œuvres de toutes sortes qui peuvent prendre une forme
numérique sont au cœur de l'Internet. Ce recours à des actes
multiples et répétés de copie dans la transmission des
oeuvres est un concept qui est à la base de la structure de
l'Internet ; ce n'est pas un aspect inévitable de la technologie
ni de la fonction de l'Internet en tant que vaste forum public
de discussion. De nombreux autres exemples de copie sur
l'Internet (en particulier les actes de "mise en cache" )
reflètent d'autres décisions conceptuelles visant à faire
réaliser au copieur des économies d'échelle et à le faire
bénéficier des avantages de la vitesse et de la fiabilité.

-21-
I l est important de prendre ces points en
considération à titre d'introduction à la piraterie sur
l'Internet, car la structure de l'Internet est très largement
présentée dans le discours public comme inévitable,
préétablie et essentiellement inaltérable, alors qu'en fait il n'y
a pas de raison impérative pour qu'il en soit ainsi. Du point de
vue de la politique publique, il est possible de
réglementer l'Internet pour qu'il serve les intérêts des
auteurs et de la culture - tout comme sont réglementées
les voies aériennes - et de modifier et limiter certains des
aspects les plus néfastes d'un Internet qu'on a jusqu'ici laissé
se développer de façon essentiellement incontrôlée, dans
l'intérêt des concepteurs de logiciels, des entreprises de
télécommunications et, il faut le dire, des pirates.

Le mythe de l'anonymat de l'Internet

B eaucoup de gens croient, à tort, que les activités


réalisées au moyen de transmissions internet - dont
la plupart sont des actes de piraterie en ligne - ne peuvent
être mesurées ou dépistées. C'est ainsi que l'on dit souvent
que les nouvelles formes de piraterie, en particulier sur
l'Internet, posent des problèmes inédits parce que ces actes
sont souvent indétectables28. Cela n'est pas tout à fait exact.
Aucune transaction ni aucun acte de copie sur l'Internet,
particulièrement sur le World Wide Web, n'est
intrinsèquement indétectable. Au contraire, les transactions
courantes sur l'Internet sont ordinairement détectables, à
moins que ne soient délibérément mis en place des obstacles
à la détection. Et les opérations les plus décentralisées,
comme le partage de fichiers peer-to-peer, peuvent être
conçues de manière à être moins anonymes. C'est le cas,
après tout, des appels téléphoniques traditionnels, qui ne sont
surveillés et enregistrés que parce que des systèmes ont été
conçus et mis en œuvre précisément à cette fin. Il s'agit donc
simplement d'une question de conception des logiciels et
de responsabilité des entreprises.

-22-
D e nombreux actes de copie non autorisée sur
l'Internet sont soigneusement
enregistrés et mesurés par la largeur de bande
détectés,

consommée ainsi que par les tranches de temps écoulé


jusqu'au niveau de la microseconde. Le contraste est net avec
la situation dans le monde physique, où chaque petit
revendeur, brocanteur ou colporteur susceptible de faire
le commerce d'objets piratés jouit d'un anonymat auquel un
pirate en ligne ne peut qu'aspirer. Les raisons pour lesquelles
les pirates en ligne semblent être anonymes, alors qu'en
fait ils ne le sont pas, n'ont rien à voir avec la technologie et
tout à voir avec la politique et la volonté - ou l'absence de
volonté - des gouvernements de s'attaquer au problème de
la piraterie en ligne.

L es préoccupations touchant au respect de la vie


privée doivent être prises en compte, mais
seulement dans les mêmes conditions qu'elles le sont pour
ce qui est des autres aspects de la vie privée. La piraterie sur
l'Internet n'est pas une forme de liberté d'expression ou de
désobéissance civile légitime29. Et on n'est certainement pas
en droit d'attendre plus de protection du caractère privé des
communications sur l'Internet que dans le cas des appels
téléphoniques ou autres communications privées, domaine où
tous les moyens de contrainte prévus par la loi - écoutes
téléphoniques, mandats de perquisition et autres moyens –
sont régulièrement utilisés dans la détection des crimes.

E nfin, et ce n'est pas le facteur le moins important,


un certain défaut de clarté et d'approche
harmonisée de l'application des exceptions et des limitations
à la protection du droit d'auteur à certains actes d'exploitation
des œuvres protégées sur l'Internet (en particulier les actes
de transfert à un serveur et de téléchargement) peut être
considéré comme une autre raison du développement du
phénomène de la piraterie sur l'Internet. Comme le prévoit
la Recommandation de l'UNESCO sur la promotion et l'usage

-23-
du multilinguisme et l'accès universel au cyberespace,
les États membres devraient entreprendre [...] la mise à jour
de la législation nationale relative aux droits d'auteur et son
adaptation au cyberespace, compte pleinement tenu du juste
équilibre entre les intérêts des auteurs, des titulaires de droits
d'auteur et de droits voisins et ceux du public consacrés dans
les conventions internationales relatives aux droits d'auteur et
aux droits voisins 30.

La cybercriminalité

C eux qui se livrent au piratage des objets matériels


fabriquent, distribuent et commercialisent
généralement leurs objets illicites eux-mêmes ou en utilisant
des réseaux clandestins de complices. À aucun stade du
processus criminel, sauf peut-être dans le contexte du
blanchiment des profits, les pirates traditionnels ne sont
contraints d'obtenir l'aide d'entreprises légales. Il en va
différemment de la piraterie en ligne. Aucun pirate en ligne ne
peut porter atteinte aux droits des titulaires de droits en
agissant uniquement via des opérateurs illicites. Les moyens
de transmission sur l'Internet nécessaires pour commettre des
actes de piraterie en ligne sont trop compliqués et coûteux
pour être reproduits par les pirates. Il est au contraire
indispensable aux pirates de recourir à des fournisseurs
légaux de services en ligne et à d'autres intermédiaires
pour fabriquer et distribuer les copies illicites qu'ils distribuent
par millions ; et lorsque la piraterie en ligne est commise à
des fins lucratives, il leur faut utiliser des cartes de crédit et
des services de facturation en ligne légaux pour faciliter ces
infractions. Il y a donc, au moins théoriquement, de
nombreux points où il serait possible de faire cesser
la piraterie en ligne en faisant appel à la coopération et à
l'aide des entreprises31.

-24-
E tant donné ces tendances, il n'est sans doute pas
étonnant que la piraterie en ligne progresse
beaucoup plus rapidement que la piraterie dans le monde
matériel. On ne peut qu'imaginer comment la piraterie des
signaux, par exemple, se développerait facilement et de
manière incontrôlable s'il n'était pas besoin aux pirates de
construire leurs propres installations de transmission mais
qu'ils pouvaient simplement, pour un abonnement mensuel
modique, utiliser les services de transmetteurs commerciaux
légaux pour véhiculer leurs signaux piratés, assurés que
le facilitateur commercial de cette piraterie n'encourrait
aucune responsabilité pour son comportement et prendrait
même des mesures actives pour mettre le pirate à l'abri
de la détection32.

Nouveaux problèmes de piraterie concernant


d'autres biens culturels

L a piraterie en ligne a aussi un champ d'action plus


large. Outre les industries créatives
traditionnellement victimes d'un niveau important de piraterie,
la piraterie en ligne s'étend à des catégories de titulaires de
droits - dont les photographes, les illustrateurs et les
graphistes - dont les œuvres dans le monde matériel étaient
plus rarement piratées en raison des difficultés rencontrées
pour reproduire les images photographiques, les œuvres des
arts graphiques et les livres de qualité par des moyens
traditionnels. Cette évolution défavorise la culture
traditionnelle et le patrimoine régional bien davantage
que ne le faisait la piraterie commerciale traditionnelle, et
la propagation de la copie non autorisée en ligne de ces
œuvres d'auteurs locaux menace le marché secondaire de
toutes ces industries. Un autre aspect de l'élargissement du
champ d'action de la piraterie en ligne est qu'elle a fait son
apparition dans les pays développés, en particulier dans

-25-
les pays nordiques, où la piraterie commerciale a dans une
large mesure été tenue en échec.

3. LES EFFETS DE LA PIRATERIE

3.1. EFFETS NÉGATIFS SUR LA CRÉATIVITÉ ET SUR


LE SECTEUR CULTUREL EN GÉNÉRAL

L es industries culturelles et de l'information


constituent aujourd'hui des composantes
importantes et reconnues du développement économique et
culturel d'un pays. Elles ajoutent considérablement à
la richesse nationale et en conséquence les activités de
piraterie qui affaiblissent ces industries ont un effet négatif
sur la richesse nationale.

E n Australie, par exemple, les industries du droit


d'auteur emploient plus de 200.000 personnes (plus
de 3 % de la population active australienne) ; en Allemagne,
les mêmes industries représentent 800.000 emplois (plus de
3,6 % de la population active de l'Allemagne). Les statistiques
sont similaires au Royaume-Uni, ou un peu moins d'un million
de personnes travaillent dans le secteur du droit d'auteur,
produisant une part du produit national brut britannique qui
dépasse celle de l'industrie automobile comme celle de
l'industrie alimentaire33.

3.2. EFFETS SPÉCIFIQUES DANS LES PAYS EN


DÉVELOPPEMENT

S 'il est possible de résumer les effets négatifs de


la piraterie sur l'économie de tout pays en
développement en termes purement économiques - tant
d'emplois perdus ou tant de dollars d'investissement perdus -
il est important de comprendre aussi les nombreux autres
effets délétères de la piraterie. Et bien que ces effets - tels

-26-
que l'absence présumée d'œuvres d'art qui auraient pu
autrement être créées - soient intrinsèquement difficiles à
mesurer, nul ne doute de leur réalité. Au-delà de la simple
perte économique causée par la piraterie, le manque de
respect des œuvres culturelles et du patrimoine qu'elles
incarnent est la conséquence inévitable de la piraterie, un
effet qui contrarie radicalement les efforts nationaux visant à
promouvoir la culture et l'identité autochtones34.

P our ne prendre que l'exemple de la musique piratée,


il est évident qu'en laissant vendre librement les
produits musicaux piratés sur les marchés locaux, on élimine
effectivement toutes les possibilités de développement d'une
industrie nationale des enregistrements. En effet,
les pirates ne s'intéressent qu'à un échantillon restreint des
artistes internationaux les plus populaires, source sûre de
produits qui sont très recherchés et faciles à vendre.
Les pirates ne se préoccupent nullement de diffuser les
œuvres des artistes locaux ou les œuvres les moins connues.
Et les producteurs indépendants qui dans d'autres
circonstances auraient pu souhaiter investir dans des artistes
locaux se trouvent dans l'impossibilité de concurrencer
les produits illicites.

L es pirates ne versent pas d'avances aux artistes, pas


de redevances sur les ventes, pas de droits de
licence aux compositeurs, aux paroliers et aux éditeurs de
musique, pas de droits de reproduction aux artistes
graphiques et aux photographes et pas de taxes sur leurs
ventes. Ils ne prennent aucun risque et surfent sur la vague
promotionnelle et de marketing des producteurs légaux des
albums musicaux qu'ils reproduisent illicitement. Une
entreprise légale qui supporte la totalité de ces coûts de
production obligatoires ne peut raisonnablement faire
concurrence aux CD pirates.

-27-
locaux
I l découle de multiples effets de cette situation dans
laquelle l'enregistrement des artistes musicaux
et des compositeurs locaux n'est plus
économiquement viable. La musique enregistrée
représente la vie musicale d'une société à un moment donné.
Si les meilleurs artistes d'une nation ne sont pas enregistrés
commercialement, leurs œuvres ne sont pas préservées et
les pertes subies par la culture locale sont incalculables. Un
élément clé de la mémoire historique de la nation est
ainsi perdu. On peut constater des effets similaires en ce qui
concerne toutes les autres œuvres créatives.

U n autre aspect important résulte du fait que


la musique, les films et autres œuvres protégées
par le droit d'auteur représentent un produit clé
d'exportation culturelle grâce auquel les pays, y compris
certains des plus petits et des moins avancés, peuvent faire
entendre leur voix et manifester leur présence sous
d'autres cieux. Les petites îles des Caraïbes sont connues
dans des contrées très lointaines par des gens qui ne
les visiteront jamais, du fait que les enregistrements de leurs
artistes de calypso ou de reggae ont trouvé une audience
internationale. Ce type de familiarité s'accompagne
d'opportunités accrues et d'une demande de tournées des
artistes locaux dans les pays étrangers. Mais si ces artistes ne
sont jamais enregistrés, leurs chansons et la culture qu'ils
représentent ne peuvent avoir d'écho au-delà du petit cercle
de ceux qui peuvent entendre leur voix.

3.3. EFFETS NÉGATIFS SUR LES INDUSTRIES


CRÉATIVES ET LES ÉCONOMIES LOCALES

P artout où la piraterie prospère, il est pratiquement


impossible aux industries locales des logiciels, du
cinéma et de la musique d'être compétitives, de se
développer ou même, dans les économies émergentes, de
prendre leur essor. Toutes ces industries ont besoin

-28-
d'investissements importants, et même en l'absence de
piraterie elles comportent des risques considérables pour
les investisseurs étant donné le haut degré de concurrence
sur les marchés de ces œuvres et la difficulté de prédire
les goûts et les désirs des consommateurs. Lorsque
la piraterie sévit plus ou moins sur un marché particulier,
diminuant encore les chances de succès, il n'est pas
surprenant de voir les investisseurs se tenir à l'écart, avec
la conséquence qu'il n'est pas produit de nouveaux films ou
enregistré de nouveaux CD, et toutes les possibilités d'emploi
et d'échanges qui auraient pu résulter de ces investissements
sont perdues.

L e Mexique, par exemple, a été pendant de


nombreuses années un des dix plus gros marchés
de musique enregistrée. En 2000, ce marché, d'une valeur de
665 millions de dollars des États-Unis, était le huitième dans
le monde. Trois ans plus tard seulement, les ventes au détail
avaient chuté de 50 % et les pertes d'emplois dans toute
l'industrie ont eu pour effet de diminuer de moitié
le nombre de personnes travaillant dans l'industrie musicale.
Les sources d'information de ce secteur attribuent
directement cette régression à l'accroissement de la piraterie
pratiquée dans les rues (on a pu compter 51.000 points de
vente de musique piratée au Mexique)35.

D e récents sondages publiés en Russie rendent


compte d'une opinion qui est sans doute très
largement répandue : ils montrent que les Russes ne sont pas
préoccupés par la piraterie en matière de produits musicaux,
cinématographiques et de logiciels, parce qu'ils pensent que
les seules victimes de ce type de piraterie sont les grands
studios d'enregistrement et de production cinématographique
occidentaux qui, selon eux, n'ont pas besoin des recettes
supplémentaires générées par les ventes en Russie 36 . Ceux
qui pensent ainsi ont la vue courte pour de nombreuses
raisons, mais il suffira ici de faire observer que des artistes

-29-
russes applaudis par la critique comme le chef d'orchestre
Valery Gergiev ou la soprano Anne Netrebko jouissent du
privilège d'être des artistes qui enregistrent exclusivement
pour les sociétés de disques occidentales et sont donc
victimes de la piraterie des CD "occidentaux" tout comme
les Russes dont les moyens d'existence dépendent de la vente
et de la promotion de la musique internationale en Russie
sont perdants lorsque ces mêmes CD sont piratés. On se
trouve là dans un monde interdépendant et
non segmenté en unités nationales.

3.4. EFFETS NÉGATIFS SUR LE DÉVELOPPEMENT


DURABLE

L es investissements dans le secteur culturel de tout


pays peuvent être importants et se maintenir
pendant de nombreuses années si les investisseurs y trouvent
à la fois un système juridique adéquat de protection des
droits de propriété intellectuelle et un respect effectif de ces
droits. Si un des deux éléments de cette formule fait défaut,
l'aptitude d'un pays à attirer ces investissements et à
développer ses propres industries culturelles - ainsi que tous
les avantages supplémentaires représentés par
l'accroissement des possibilités d'emploi, la création de
richesses et les recettes fiscales - disparaît. Les exemples
d'industries de la propriété intellectuelle qui prospèrent dans
des pays à travers le monde sont nombreux. On pourrait citer
par exemple l'industrie indienne des logiciels, qui s'attend à ce
que ses activités mondiales d'externalisation connaissent une
croissance globale de 26 à 28 % en 2005 (38 % à l'échelle
mondiale pour l'externalisation des processus commerciaux de
haut niveau). Le secteur indien des technologies de
l'information a exporté en 2004 des biens et des services
d'une valeur de 10 milliards de dollars des États-Unis et la
prévision est de 21 à 24 milliards de dollars par an d'ici à
200837. Aussi longtemps que son marché ne sera pas affaibli
par le développement de la piraterie.

-30-
3.5. EFFETS NÉGATIFS SUR LA SOCIÉTÉ

N égliger de faire face de manière adéquate au


problème de la piraterie a manifestement des effets
de grande ampleur sur la société. L'étroite relation qui existe
entre le crime organisé et de nombreuses formes de
piraterie est depuis longtemps reconnue et elle a récemment
été décrite de manière convaincante dans le rapport "Proving
the Connection" publié par l'Alliance Against Counterfeiting
and Piracy du Royaume-Uni38. Aux fins de la présente étude,
la définition du "crime organisé" proposée par le National
Crime Intelligence Service du Royaume-Uni a été suivie : "Il
faut entendre par crime organisé toute entreprise ou tout
groupe de personnes engagé dans des activités illégales
ininterrompues ayant pour but principal de générer des
profits, sans tenir compte des frontières nationales".

O n entend moins parler des liens entre


les infractions à la propriété intellectuelle et
le financement du terrorisme international. Interpol a déjà
identifié une telle connexion entre organisations
terroristes et piraterie39. L'implication de ces groupes va
du contrôle ou des investissements dans la fabrication à
la taxation des emplacements des marchés où sont vendus
les articles contrefaits. Étant donné que la piraterie et
la contrefaçon sont plus profitables que le trafic de drogue,
que les peines sont nettement moins lourdes et que toute
l'entreprise risque moins d'attirer l'attention des services de
répression, Interpol a prédit que cette connexion
s'amplifiera presque certainement à l'avenir. Un membre du
parlement du Royaume-Uni qui étudie ce problème l'a résumé
de façon succincte : "Ce qu'il y a peut-être de plus odieux au
sujet du vol des droits des auteurs et de la piraterie est que
le crime organisé s'est rendu compte qu'il s'agit d'un moyen
offrant de grandes marges et peu de risques pour financer
bien d'autres activités - de la drogue et de la pédophilie au
trafic d'armes et au terrorisme" 40.

-31-
U ne autre conséquence de la poursuite du laisser-
faire qui permet à la piraterie de prospérer à
travers le monde est l'effet négatif que cela a sur le respect
fondamental de la loi et des droits de propriété d'autrui. Il
s'est clairement développé, sur l'Internet en particulier, une
mentalité selon laquelle toute activité menée sur l'Internet
est considérée comme permise, sauf et jusqu'à ce qu'une
autorité agisse pour y mettre fin. Bien au-delà du domaine
des infractions au droit d'auteur, il est aujourd'hui courant de
voir des internautes commettre des infractions aux lois locales
réglementant des questions aussi diverses que les jeux de
hasard, les transactions sur les actions, les obligations et les
assurances, ou la vente d'alcool, de produits pharmaceutiques
ou d'autres substances contrôlées. Les lois locales et
nationales qui normalement empêcheraient ces
comportements ne sont apparemment plus jugées applicables
si le comportement prohibé peut être commis par
l'intermédiaire d'un partenaire en ligne, en particulier un
partenaire se trouvant dans un autre pays. Bien que
les données empiriques relatives à ce phénomène
communément constaté soient difficiles à réunir, il est
probable que tout succès notable d'une action visant à briser
le cycle de la piraterie en ligne concernant la propriété
intellectuelle aurait pour avantage supplémentaire de
restaurer le respect de la loi et des droits d'autrui en général.

-32-
4. LUTTE CONTRE LA PIRATERIE

4.1. LE CADRE JURIDIQUE INTERNATIONAL

D epuis son adoption en 1886, la Convention de


Berne pour la protection des œuvres littéraires et
artistiques reconnaît spécifiquement le problème de
la piraterie, puisque son libellé initial stipulait que "Toute
œuvre contrefaite peut être saisie à l'importation dans ceux
des pays de l'Union où l'œuvre originale a droit à la protection
légale" (Article 12). Cependant, la Convention de Berne,
même dans ses versions ultérieures, n'a jamais imposé aux
États membres d'obligations détaillées traitant du problème
de la piraterie. La protection des œuvres et des catégories de
créateurs échappant au champ d'application de la Convention
de Berne a été assurée dans la Convention de Rome de
196141 qui accorde des droits importants aux producteurs de
phonogrammes, aux artistes qui enregistrent et aux
organismes de radiodiffusion et, en ce qui concerne
seulement les enregistrements sonores, dans la Convention
de Genève sur les phonogrammes de 1972.

L es modalités détaillées de mise en oeuvre des droits


prévus par ces conventions ont pour l'essentiel été
laissées aux législations nationales. Cette lacune du cadre
juridique international a en grande partie été comblée par
l'Accord de l'OMC de 1994 sur les aspects des droits de
propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).
Cet accord oblige tous les membres de l'OMC à se conformer
aux dispositions de fond de la Convention de Berne, impose
des obligations reflétant la protection assurée par
la Convention de Rome contre la copie non autorisée des
enregistrements sonores (Article 14) - mais en les appliquant
à un nombre de pays beaucoup plus grand que celui des
parties à la Convention de Rome - et énonce des exigences
détaillées en ce qui concerne la mise en œuvre des droits.

-33-
L'objectif des dispositions de l’Accord ADPIC relatives aux
moyens de faire respecter les droits est de "permettre une
action efficace contre tout acte qui porterait atteinte aux
droits de propriété intellectuelle" couverts par l’Accord ADPIC
(Article 41.1).

L ’Accord ADPIC s'applique aujourd'hui


135 membres de l'OMC, puisqu'il est entré en
vigueur le 1er janvier 2005 pour les pays les moins avancés.
aux

Cela ne fait donc que quelques mois que la plupart des pays
du monde sont tenus en vertu d'un accord international, de
prévoir dans leur droit des dispositions substantielles et
détaillées visant à dissuader et punir efficacement le piratage
des biens intellectuels. Au cas où les États membres de l'OMC
ne prendraient pas les mesures appropriées pour appliquer
les règles minimales de respect des droits imposées par
l’Accord ADPIC - comme les titulaires de droits leur en font
fréquemment grief - l'accord, comme les autres accords
administrés par l'OMC, pourrait en définitive être mis en
œuvre du fait d'un recours déposé par un État membre contre
un autre.

4.2. SOLUTIONS NATIONALES ET RÉGIONALES

C es deux dernières décennies, les accords


commerciaux régionaux et bilatéraux ont eu de plus
en plus tendance à inclure des chapitres sur les droits de
propriété intellectuelle et leur mise en œuvre. On peut citer
comme exemples l'Accord de la Zone de libre-échange des
Amériques (ZLEA) et l'Accord de libre-échange nord-américain
(ALENA). C'est aussi un moyen utile de faire bien comprendre
aux organes législatifs nationaux l'importance de moderniser
le droit national pour rehausser le niveau de la protection, de
façon à encourager le développement des échanges
régionaux et mondiaux dans ce secteur important de
l'économie nationale.

-34-
4.3. MOYENS DE FAIRE RESPECTER LE DROIT
D'AUTEUR ET MEILLEURES PRATIQUES DANS LE
DOMAINE DE LA MISE EN ŒUVRE DES DROITS
DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

C ependant, c'est au niveau national, et en ayant


recours à des systèmes hautement localisés de
douane, de police et de tribunaux qu'il faut en dernière
analyse s'attaquer à la piraterie si on veut l'enrayer avec
succès. Ces dernières années, de nombreux pays se sont
montrés plus disposés à affronter le problème de la piraterie,
ont fait preuve d'une plus grande connaissance de ses
caractéristiques, ont plus fréquemment coopéré avec
les autres pays et ont mis en place des formations de pointe
visant à développer les meilleures pratiques dans ce domaine.
Toutefois, les titulaires de droits font fréquemment état de
problèmes spécifiques de mise en œuvre des droits de
propriété intellectuelle dans les domaines suivants.

Réparations civiles

L es dommages-intérêts qu'il est possible d'obtenir


dans les actions judiciaires au civil doivent être
suffisamment substantiels pour que les pirates potentiels ne
soient pas tentés de courir le risque d'être pris. Si les pirates
savent que le pire qui puisse leur arriver est qu'au final ils
aient à rembourser un titulaire de droits sur la base du
"manque à gagner" ou d'un autre montant symbolique
insignifiant, l'effet dissuasif ne peut être que minime.
Comme l'a fait observer une coalition de titulaires de droits
très handicapés par ces limitations dans un communiqué
conjoint, "l'auteur d'une infraction qui s'attend à payer
le même prix ou même un prix inférieur en dommages-
intérêts que celui qu'il aurait payé s'il avait agi légalement n'a
aucune raison de respecter le droit d'auteur" 42 . Il importe
aussi que les frais de justice engagés pour faire respecter
les droits de propriété intellectuelle fassent partie des frais

-35-
récupérables par les plaignants ayant obtenu gain de cause.
Cela est particulièrement important si l'on veut que
les objectifs de la diversité et du pluralisme culturels soient
promus par un agenda antipiraterie, vu qu'il y a beaucoup
plus de petits titulaires de droits individuels que de grandes
sociétés qui doivent faire face à ce problème. Cependant,
la mise en œuvre des droits de propriété intellectuelle par
le recours à la justice est une perspective irréaliste pour une
petite entreprise ou un particulier à moins que leurs frais de
justice et les honoraires d'avocat ne soient récupérables43.

Sanctions pénales

L a sévérité des sanctions pénales applicables à


la piraterie dans le monde reste très variable. En
Inde, un pirate condamné peut encourir une peine
d'emprisonnement de six mois à quatre ans ; dans la région
administrative spéciale de Hong Kong (Chine), les peines
peuvent aller jusqu'à huit ans d'emprisonnement ; au
Royaume-Uni, des peines d'emprisonnement allant jusqu'à
10 ans peuvent être prononcées 44 . Malheureusement, dans
certains pays, les sanctions pénales sont si légères que cette
catégorie d'infractions échappe à l'application de tout
l'éventail des pouvoirs d'enquête de la police, y compris
la possibilité d'obtenir des mandats de perquisition. Il importe
aussi qu'une peine minimale d'emprisonnement soit prévue
afin d'assurer un réel effet de dissuasion, comme le fait
la loi indienne sur le droit d'auteur mentionnée plus haut.

U ne autre difficulté à laquelle se heurtent


les poursuites pénales contre les actes de piraterie
résulte du fait que dans certains pays, les autorités de police
judiciaire n'ont pas le pouvoir d'enquêter sur
les infractions pénales aux droits de propriété intellectuelle
ni d'engager elles-mêmes des actions pénales si un titulaire
de droits n'a pas au préalable présenté de plainte. L'effet
combiné de la légèreté des sanctions et des restrictions

-36-
apportées aux pouvoirs d'enquête de la police judiciaire est
inévitablement de renforcer dans certains milieux l'opinion
que les infractions à la propriété intellectuelle ne sont guère
prioritaires. Reconnaissant ce problème, le Conseil de l'Europe
a, dans une récente recommandation, souligné l'importance
de permettre des interventions ex officio : "Dans les cas de
piraterie, les États membres devraient prévoir des procédures
et sanctions pénales appropriées. Au-delà des actions fondées
sur une plainte des victimes, les États membres devraient
prévoir la possibilité pour les autorités publiques de diligenter
une action de leur propre initiative" 45.

Mesures provisoires

L es poursuites dans le domaine de la propriété


intellectuelle dépendent de l'existence de preuves
fiables réunies généralement alors qu'en face, des efforts
concertés sont déployés pour les détruire. Il est donc
nécessaire de prendre des mesures provisoires efficaces,
permettant aux titulaires de droits de saisir les preuves des
infractions, ainsi que les pièces probantes en possession des
pirates. La plupart des pays prévoient des mesures provisoires
sous une forme ou une autre, mais ces mesures sont souvent
peu maniables et les autorités chargées de l'application de
la loi dans les poursuites pénales, ainsi que les titulaires de
droits ayant engagé des actions au civil sont fréquemment
dans l'impossibilité d'obtenir l'application de telles mesures
aussi rapidement qu'il le faudrait.

Droits d'obtenir des informations et mesures


connexes

tant donné que la piraterie commerciale implique


Éles actions concertées de nombreux individus,
souvent sur divers territoires, il est essentiel que les tribunaux
aient le pouvoir d'ordonner aux défendeurs de divulguer

-37-
l'identité des autres personnes impliquées dans les activités
constitutives de l'infraction. L'Accord ADPIC reconnaît
l'importance de ce "droit d'information" au sens large46 et des
lois nationales comme la loi allemande sur le droit d'auteur
ont mis en œuvre ce principe dans des termes spécifiques,
stipulant entre autres que les auteurs d'infractions au droit
d'auteur sont tenus de divulguer des informations concernant
l'origine et les canaux de distribution des exemplaires
contrefaits en leur possession47.

Règles de preuve

L es titulaires de droits font aussi fréquemment valoir


qu'ils doivent faire face à des règles de preuve
indûment restrictives quant à la preuve de la titularité et
de l'existence des droits sur des œuvres saisies et
manifestement piratées. Ces règles ont pour effet de
retarder les procédures judiciaires et, dans bien des cas,
de permettre aux pirates d'échapper à la justice, et elles sont
fondamentalement incompatibles avec la Convention de
Berne, l'Accord ADPIC de l'OMC et les lois nationales qui
exigent toutes que la personne dont le nom figure sur le
matériel protégé soit présumée être le titulaire des droits. Il
est courant que les saisies opérées dans les affaires
importantes de piraterie portent littéralement sur des
centaines de milliers de disques optiques différents, de CD,
DVD, CD-ROM et autres œuvres protégées piratées. Exiger
la preuve de la titularité des droits sur chaque disque, voire
sur chaque morceau ou programme de chaque disque,
représente manifestement une dépense injustifiée de
temps et de ressources pour les titulaires de droits ainsi
que pour les tribunaux et la police judiciaire. La possibilité de
faire état de présomptions raisonnables est donc un élément
critique d'une mise en œuvre efficace.

-38-
4.4. FORMATION ET SENSIBILISATION DU PUBLIC

tant donné l'ampleur des opérations de piraterie et


Éla nécessité de déployer un grand nombre de
personnes pour enquêter, réglementer et poursuivre
les infractions dans ce domaine, il faut en permanence et à
l'échelle mondiale mener une action de grande envergure de
formation et d'instruction dans le domaine des meilleures
pratiques. Il est nécessaire de former les responsables et
aussi les formateurs, dans le cadre d'un programme
cohérent d'information et de principes partagés si l'on
veut aboutir à des résultats. Nous ne pouvons pas ici résumer
les programmes d'éducation, d'information du public et de
formation actuellement menés par l'UNESCO, en particulier
dans le cadre de l'Alliance globale pour la diversité
culturelle 48 , par l'OMPI, par l'Union européenne et par
les gouvernements nationaux à travers le monde, mais nous
nous bornerons à noter que ces efforts se concrétisent par
le fait qu'une formation est offerte aux autorités locales
concernées et à leur personnel dans pratiquement tous
les pays du monde. La poursuite de ces programmes de
formation et un appui accru à ces programmes sont
indispensables pour réussir à réellement améliorer la situation
mondiale dans le domaine de la piraterie.

4.5. RÉGLEMENTATION DES FABRICANTS DE MÉDIAS


OPTIQUES

C omme indiqué ci-dessus, un indicateur important du


développement constant de la piraterie à l'échelle
mondiale est la surcapacité mondiale croissante de fabrication
de disques optiques. Un programme de régulation des
usines de fabrication visant à faire en sorte que cette
énorme capacité excédentaire ne soit pas utilisée pour
produire des objets piratés a produit des résultats
impressionnants, mais jusqu'ici uniquement dans un nombre
limité de territoires (Chine, Malaisie, Philippines, Bulgarie,

-39-
Ukraine et Pologne) 49 . Si des instruments législatifs de
régulation des usines de disques optiques sont à l'étude
également en Indonésie, à Singapour et en Thaïlande, l’IFPI
indique que la Russie, l'Inde et le Pakistan sont les pays où
cette régulation est la plus urgente.

-40-
5. L'ARGUMENTATION OPPOSÉE À LA
MISE EN ŒUVRE STRICTE DES DROITS DE
PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE

I l faut reconnaître que certains contestent la nécessité


d'une mise en œuvre stricte des droits de propriété
intellectuelle. Ils fondent généralement leur argumentation
sur deux points principaux : (1) la piraterie, telle qu'il
convient de la comprendre, apporte en fait des avantages
considérables aux titulaires de droits sous la forme d'une
promotion gratuite résultant de la visibilité accrue de leurs
biens culturels ; et (2) les préjudices allégués causés par
la piraterie ne correspondent pas à la réalité si on
considère que les ventes légales perdues équivalent
aux transactions sur les œuvres pirates.

L es deux arguments sont fondamentalement erronés.


Les seuls auteurs et artistes qui, même en théorie,
pourraient bénéficier d'effets promotionnels fortuits résultant
de la circulation des œuvres piratées telles que les CD
seraient dans une large mesure les artistes internationaux
les plus populaires et les plus recherchés. Il paraît douteux
que ces artistes, déjà bien établis, bénéficient ainsi d'une
éventuelle promotion supplémentaire. Un autre point faible de
l'argument est qu'il suppose l'existence d'un marché légal
prospère et dynamique pour que les retombées
promotionnelles se traduisent par des ventes légales. Or,
comme on l'a vu précédemment, la piraterie étouffe
les marchés légaux, en particulier dans les économies en
développement. Les avantages éventuels d'une large
circulation des œuvres pirates ne peuvent donc être
qu'éminemment illusoires dans ce contexte.

I l convient de faire une autre observation à l'encontre


de cet argument. Pour que l'opinion des critiques
selon laquelle la piraterie apporte en fait des avantages

-41-
promotionnels importants soit juste, il faudrait que
pratiquement tous les titulaires de droits affectés - qu'il
s'agisse de la musique, du cinéma, de l'édition, des logiciels
ou d'autres domaines - soient fondamentalement dans l'erreur
quant aux forces économiques qui sous-tendent leurs
industries. En effet, tout éditeur de livres, société
d'enregistrements musicaux ou studio cinématographique est
libre de permettre la circulation de ses œuvres aux seules fins
des retombées promotionnelles supposées qu'elle pourrait
apporter, et cette société pourrait aussi réaliser des
économies substantielles en s'abstenant d'investir dans
la lutte contre la piraterie. Il est certain qu'au moins quelques
titulaires de droits suivraient ce modèle commercial, si,
comme le prétendent les critiques, cela servait effectivement
leur intérêt économique. Mais il est très difficile de trouver
des exemples. De l'avis de l'auteur, il ne peut pas être dû au
hasard, et encore moins à l'ignorance universelle, qu'aucun
titulaire de droits important n'ait accepté l'argument des
avantages promotionnels et conformé son action à cette
considération.

L 'argument selon lequel les pertes dues à la piraterie


ne devraient pas être mesurées en termes
équivalents est apparemment séduisant. Bien sûr, on peut
s'attendre à ce que les œuvres qui peuvent être achetées
nettement moins cher que les produits légaux se vendent
mieux. Pourtant, les œuvres piratées ne sont pas toujours
vendues moins cher que les œuvres légalement acquises50 et
le seul montant des ventes manquées ne donne pas
entièrement la mesure du coût de la piraterie pour les
titulaires de droits. Ne concevoir la piraterie qu'en ces termes,
c'est ignorer sa nature d'acte causant un préjudice civil,
dans tous les cas, et de délit dans de nombreux cas. C'est
précisément parce que l'infraction au droit d'auteur est une
forme de lésion en droit civil, ou de quasi-délit, que
les dommages et intérêts qu'il est possible d'obtenir même
pour un acte unique d'infraction au droit d'auteur sont

-42-
beaucoup plus élevés que la valeur économique des
œuvres piratées. Lorsqu'il est également possible de
poursuivre les infractions au droit d'auteur en tant que délits,
une condamnation au paiement des frais de justice et d'autres
pénalités censées avoir un effet dissuasif s'imposent
également. Dans les pays qui garantissent un montant
minimum de dommages-intérêts légaux, les auteurs
d'infractions ne sont pas simplement contraints de restituer
les profits que leur ont procuré leurs activités illicites, mais il
leur faut aussi, dans la plupart des cas, verser des
dommages-intérêts dépassant de beaucoup le montant des
ventes manquées que le titulaire des droits pourrait réclamer.
Ce sont donc ces principes - et non le seul concept de ventes
manquées - qui rendent compte de l'ampleur réelle de
la perte économique subie par les titulaires de droits dont
les œuvres sont piratées.

M ême si l'on pouvait calculer uniquement en termes


de ventes manquées l'ensemble des pertes
imputables à la piraterie subies par les auteurs et les artistes
interprètes ou exécutants, il n'en resterait pas moins que ne
seraient couvertes que les pertes résultant de l'atteinte aux
droits économiques de l'auteur. Le droit d'auteur reconnaît
que les auteurs jouissent d'autres droits et que les préjudices
causés à leur réputation, à leur honneur et à
leur intégrité peuvent aussi servir de base à l'obtention de
dommages-intérêts 51 . Étant donné cette dimension
supplémentaire, la vue simpliste selon laquelle le montant des
ventes manquées devrait constituer l'unique mesure des
pertes subies par les titulaires de droits doit être considérée
comme incompatible avec les principes fondamentaux sur
lesquels repose la protection de la propriété intellectuelle et
qui manifestent son rôle en tant qu'élément du patrimoine
culturel de chaque pays.

-43-
6. CONCLUSION

S 'il est clair que le problème de la piraterie persiste,


on peut constater des améliorations sur de
nombreux fronts ; de plus, l'élimination effective de
la piraterie reste au premier rang des objectifs stratégiques
des communautés littéraires et artistiques du monde et des
industries qui se sont développées autour d'elles. Comme l’a
fait remarqué M. Koïchiro Matsuura, Directeur général de
l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science
et la culture (UNESCO), ”la prévention de la piraterie et
la lutte contre l’exploitation non autorisée d’œuvres protégées
[est] une condition essentielle pour la créativité, les industries
culturelles et le développement durable.” 52 Mais cet objectif
ne saurait être atteint par un seul moyen, tel que le recours
à la justice - au civil ou au pénal - ou la formation et
l'éducation. Comme l'a fait observer le Directeur général de
l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, M. Kamil
Idris, "une action concertée, une plus grande sensibilisation
du public et la galvanisation de la volonté politique de venir à
bout de ce problème et de ses effets négatifs sur la société"
tout cela est nécessaire53.

-44-
Notes

1
Cette étude a été rédigée à la demande du Secrétariat de l'UNESCO
par M. Darrell Panethiere pour la 13e session du Comité
intergouvernemental du droit d'auteur. Darrell Panethiere est avocat
(membre du Barreau de l'Illinois et du Barreau de la Cour suprême des
États-Unis). Ex Conseiller en chef pour la propriété intellectuelle, Sénat
des États-Unis. Les opinions exprimées dans cette étude ne sont pas
nécessairement celles de l'UNESCO.
2
D. de Freitas, "La piraterie en matière de propriété intellectuelle et les
mesures à prendre pour la réprimer", Bulletin du droit d'auteur de
l'UNESCO, volume XXVI, partie 3 (Paris, 1992), page 7. (Comité
intergouvernemental du droit d'auteur, 10e session, 1995.) Voir :
http://unesdoc.org/images/0010/001014/101440e.pdf.
3
UNESCO, Programme et budget approuvés 2004-2005, par. 04321 et
suiv.
4
J.A.L. Sterling, World Copyright Law, Londres, 1999, Article 13.12.
5
D. Panethiere, "The basis for copyright infringement liability: the law in
common law jurisdictions", [1997], European Intellectual Property
Review, Special Report 15, page 15.
6
K. Idris, Intellectual Property: A Power Tool for Economic Growth,
Genève, 2001, page 301.
7
Idris, supra, page 301.
8
IFPI, Commercial Piracy Report 2003, Londres, 2003.
9
IFPI, Music Piracy Report 2002, Londres, 2002.
10
Id.
11
Source : Motion picture Association of America ; voir http://mpaa.org/anti-piracy/.
12
Voir W. Triplett "Online pic pirates face more lawsuits", Daily Variety,
24 février 2005.
13
Keith Jopling, directeur de la recherche sur les marchés de l’IFPI, cité
dans "Broadband boots music piracy", The Australian, 8 février 2005.
14
Voir D. Groves, "Warners steps up China bid; WB takes on piracy one
market at a time", Daily Variety.

-45-
15
N. Holdsworth, "Piracy Group Urges Action Against Russia", Hollywood
Reporter, 15 février 2005.
16
Source : MPAA : "2003 Brazil Piracy Fact Sheet", Washington, 2003.
17
Voir O. Gibson, "Bollywood claims scalp in fight against bootlegs",
The Guardian, 23 février 2005.
18
Voir O. Gibson, op. cit.
19
L.I. Kuntz, "Les pirates du papier", Courrier de l'UNESCO, mars 2001,
page 41, citant des chiffres fournis par le Groupe interaméricain des
éditeurs.
20
"Mexico: Recording, Video Game and Software Sectors Lose
US $1.5 Billion in 2004", El Economista, 29 mars 2005.
21
B. Wafawarowa, "Legislation, law enforcement and education:
copyright protection in the developing regions", BPN Newsletter, n° 30,
mai 2002.
22
http://www.publishers.org/antipiracy/index.cfm.
23
Mpaa 2003 Full Ten Country Piracy Fact Sheet, page 28 ;
http://www.mpaa.org/
PiracyFactsSheets/PiracyFactsSheetTenCountries.pdf.
24
Convention de Rome, Article 4.1 infra.
25
Commentaires de Ben Ivins, Senior Associate General Counsel de la
National Association of Broadcasters [États-Unis], cité dans
W. Grossman, "Broadcast Treaty Battle Rages On", Wired Magazine
Online, 28 août 2004.
26
B. Fritz, "Pic Piracy Rampant in South Korea", Variety Technology,
8 juillet 2004.
27
Mémoire déposé par 40 conseillers juridiques d'États des États-Unis
dans l'affaire Metro-Goldwin-Mayer-Studios Inc. v. Grokster (Cour
suprême des États-Unis),
http://www.copyright.gov/docs.mgm/StatesAG.pdf, citant L. Grossman,
"It's All Free", Time, 5 mai 2003.
28
Voir par exemple la déclaration de la BSA concernant la piraterie sur
l'Internet à l'adresse http://www.bsa.org/usa/antipiracy/Internet-
Piracy.cfm ; ("L'Internet permet aux produits de passer d'un ordinateur

-46-
à un autre, sans transaction matérielle et avec un faible risque de
détection").
29
"Les dispositions du Premier Amendement relatives à la liberté
d'expression ne protègent pas les infractions au droit d'auteur [...] il
ne s'agit là pas non plus d'un cas où l'anonymat d'un internaute mérite
la protection accordée à la liberté d'expression et à la vie privée".
Recording Industry of America, Inc. c. Verizon Internet Services, Inc.,
257 F. Supp. 2d 244 (D.D.C. 2003).
30
Recommandation sur la promotion et l'usage du multilinguisme et
l'accès universel au cyberespace, paragraphe 23.
31
Les fournisseurs d'accès Internet ont toujours fait valoir que les règles
en vigueur en matière de responsabilité pour infraction directe au droit
d'auteur ne devraient pas s'appliquer à leurs actes de copie et de
distribution de matériels illicites sur les réseaux électroniques, et ils ont
demandé des solutions législatives pour diminuer leur responsabilité.
Des compromis prévoyant une exemption générale de responsabilité
directe pour les FAI, associée à de nouvelles obligations imposées
aux FAI de coopérer à la lutte contre la piraterie en ligne, ont été
adoptés par les organes législatifs tant aux États-Unis (Digital
Millennium Copyright Act de 1998 ; Pub. L. n° 105-304, 112 Stat. 2860
(1998)) que dans l'Union européenne (Directive sur le commerce
électronique ; Directive 2000/31/CE du Parlement européen et du
Conseil du 8 juin 2000 relative à certains aspects juridiques des
services de la société de l'information, et notamment le commerce
électronique, dans le marché intérieur). Malgré ces solutions,
les titulaires de droits ont dû maintes fois encore agir en justice durant
plusieurs années simplement pour que soit engagée la première phase
de toute enquête sur la piraterie, à savoir la divulgation de l'identité
des pirates identifiés. Voir par exemple Recording Industry of America,
Inc. c. Verizon Internet Services, Inc., 351 F.3d 1229 (D.C. Cir. 2003).
32
Voir par exemple Recording industry of America, Inc. c. Verizon
Internet Services, Inc., 351 F.3d 1229 (D.C. Cir. 2003).
33
Voir généralement S. Alikhan, Socio-economic Benefits of Intellectual
Property Protection in Developing countries, Genève, 2000, page 57 et
suivantes.
34
Op.cit, page 57.
35
IFPI, Commercial Piracy Report 2003, Londres, 2003, page 8.

-47-
36
Voir "Piracy Against Progress", remarques d'Alexander Vershbow,
Ambassadeur des États-Unis en Russie, The Moscow Times, 25
novembre 2003.
37
Source : National Association of Software & Service Companies
(Nasscom) [Inde], cité dans J. Kulkami, "Best Practices in IP Protection
When Off Shoring", site Web de la National Outsourcing Association
[Royaume-Uni], www.noa.co.uk.
38
Voir : http://www.aacp.org.uk/Proving-the-Connection.pdf.
39
Voir "The links between intellectual property crime and terrorist
financing", témoignage de Ronald K. Noble, Secrétaire général
d'Interpol, devant la Commission des relations internationales de
la Chambre des représentants des États-Unis, 16 juillet 2003.
40
Dr Vincent Cable MP, membre du parlement, chargé du commerce et
de l'industrie au Parti libéral démocrate, cité dans British Video
Association Yearbook 2002, Londres, 2002, page 23.
41
Convention internationale sur la protection des artistes interprètes ou
exécutants, des producteurs de phonogrammes et des organismes de
radiodiffusion (Convention de Rome, 1961).
42
"Enforcement of Intellectual Property Rights: Existing Shortcomings
and Best Practices", Réponse des industries du droit d'auteur à
la demande d'information de l'OMPI, Genève, 2001.
43
Récemment, la Recording Industry Association of America (RIAA) a
engagé des actions en justice contre les internautes qu'elle considère
comme les pourvoyeurs les plus prolifiques de fichiers musicaux non
autorisés en ligne. Elle a introduit des actions contre environ
9.100 échangeurs de fichiers depuis septembre 2003. Des règlements
ont été conclus dans 1.925 cas. Les poursuites visent généralement
des utilisateurs qui ont transféré à un serveur et pas simplement
téléchargé de la musique et qui ont commis un grand nombre
d'infractions au droit d'auteur. Cela dit, le montant moyen des
règlements dans ces affaires - qui se situerait entre 3.000 et
4.000 dollars des États-Unis - est modeste au regard du montant des
dommages-intérêts légaux qu'il est possible d'obtenir en application du
droit des États-Unis pour ces infractions. Les industries britannique et
française du disque et l'industrie cinématographique des États-Unis ont
aussi récemment entrepris des campagnes similaires d'actions en
justice. Voir W. Triplett, "Online pic pirates face more lawsuits",

-48-
Daily Variety, 24 février 2005 ; L. Jury, "Music Fans Pay £50,000 Fine
for Illegal Filesharing", The Independent, 5 mars 2005.
44
Loi indienne sur le droit d'auteur (section 63) ; ordonnance de
Hong Kong sur le droit d'auteur (section 119) ; Loi du Royaume-Uni
sur le droit d'auteur, les dessins et modèles et les brevets de 1988
(sections 107, 198).
45
Conseil de l'Europe, Rec. (2001) 7.
46
Accord ADPIC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce, Article 47.
47
Loi allemande sur le droit d'auteur, Article 101 (1).
48
Le site http://www.unesco.org/culture/alliance contient une
description détaillée des projets en cours dans ce domaine.
49
IFPI, Commercial Piracy Report 2003, page 17, Londres, 2003.
50
Voir Kuntz, supra, page 41, pour des exemples de livres piratés
vendus plus chers que les œuvres légales originales sur les marchés
d'Amérique latine.
51
Voir Convention de Berne, Article 6bis ; Traité de l'OMPI sur
les interprétations et exécutions et les phonogrammes [1996],
Article 5.
52
Discours de M. Koïchiro Matsuura à l'occasion de l'ouverture de
la 13ème session ordinaire du Comité intergouvernemental du droit
d’auteur (IGC) 22 juin 2005, Siège de l'UNESCO.
53
K. Idris, supra, page 300.

-49-
-50-

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