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Météo - Le magazine
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4
ÉDITO
Carte mondiale et de l’outre-mer
Publication trimestrielle 6 Prévoir le temps hors de la métropole
Numéro 13 - juin 2011
ISSN 1961-9200
Commission paritaire n° : 0911 B 07972
8
12
Antilles-Guyane
Igor, Earl, Tomas et les autres
Directeur de la publication : 16 Une aide à Haïti
François Jacq
Directeur de la rédaction :
Michel Assouline
18
19
Saint-Pierre et Miquelon
Malgré Igor, la correspondance est assurée
22
Rédacteur en chef :
Michel Hontarrède
Adjointe au rédacteur en chef : La Réunion et Mayotte
Nathalie Hirsch 25 La Réunion, centre spécialisé pour les cyclones tropicaux
Ont participé à ce numéro : 28 Un second radar à la Réunion
Frédéric Banc, Laurent Charpentier, 30 La recherche sur les cyclones tropicaux
Lisa Garnier, Gilles Marsauche,
journalistes.
Nouvelle-Calédonie
Patrick Boez, Pascal Taburet,
photographes.
Xavier Aubail, Brigitte Benech,
32
34
et Wallis et Futuna
Les prévisionnistes à l’épreuve de Vania
Guy Boniface, Benoît Broucke, 38 Le « caillou vert » menacé par les feux
Philippe Caroff, Jean-Noël Degrace,
40 La dengue, une épidémie prévisible
42
François Gautier, Marthe Glémin,
Polynésie
Yves Grégoris, Gérard Le Bars,
Anne Leroy, Luc Maitrepierre,
Victoire Laurent, Alexandre Peltier, 44 La Polynésie, un archipel de climats
Matthieu Plu, Témaui Tehei, 48 L’île de la désolation
Gérard Therry, Météo-France.
50 Cyclone Oli, une prévision exemplaire
52
www.be-poles.com
Imprimé sur les presses
de l’imprimerie de Météo-France
Portrait
Victoire Laurent, une femme animée de passions
54
labellisée Imprim’vert®
Impression sur du papier
100 % recyclé Climat
Météo-France S’adapter aux effets du changement climatique
1, quai Branly, 75340 Paris cedex 07
www.meteofrance.com
meteolemagazine@meteo.fr
58 Synergie
Institut Paul-Emile Victor. Logisticiens des pôles
Parce que la mission première de Météo-France est d’assurer la sécurité des personnes
et des biens, d’étudier et de prévoir le meilleur comme le pire. Alors forcément,
quand nous avons demandé aux directions outre-mer de l’établissement quels sujets
elles voulaient voir traités, toutes avaient une histoire d’ouragan à raconter.
Et Victoire Laurent, en poste à Tahiti, qui se confie dans la rubrique « Portrait »,
nous le rappelle : l’approche d’un phénomène aussi violent est un moment
qui compte dans la carrière d’un météo.
Mais rassurons le lecteur. Hors ces quelques moments extrêmes, au cours desquels
la mission de Météo-France prend toute son importance, le charme des îles tropicales
est bien à la hauteur de leur réputation.
La rédaction
Prévoir le temps
hors de la métropole Propos de Gérard Le Bars, directeur délégué pour l’outre-mer,
Recueillis par Lisa Garnier
de continuité territoriale. de prévision du temps, ont permis à développement rapide, sur place,
En Polynésie, plusieurs dizaines des avancées significatives dans ils sont plus difficiles à prévoir.
d’îles sont étalées sur un territoire la qualité de la prévision. Sans Mais les choses évoluent grâce
aussi grand que l’Europe. À Saint- remplacer totalement les radioson- aux nouveaux systèmes techniques
Pierre et Miquelon, dans les années dages depuis le sol, ces satellites d’observation de la Terre :
30, le ministère de l’Air envisage permettent de réduire leur densité. les satellites, dont j’ai déjà parlé,
même d’implanter une station mais aussi les radars d’observation
importante chargée d’assurer Les satellites défilants sont com- météorologiques qui permettent
la protection des lignes aériennes plétés par d’autres dits « géosta- un suivi précis de ces systèmes
Europe /Amérique du nord. Même tionnaires ». Positionnés à environ à fortes précipitations.
dans les îles australes de Crozet, 36 000 km
Amsterdam et Kerguelen, les au dessus
stations de mesures situées ont de l’équateur Il n’y a pas de différence de moyens entre métropole
été installées initialement pour et en position
répondre aux besoins de l’aéro- apparente et outre-mer. On mesure les mêmes paramètres avec
nautique. fixe par les mêmes méthodes, les mêmes instruments.
rapport à
Le métier de météorologiste est-il la planète,
différent outre-mer ? L’observation ils fournissent des informations Les modèles de prévision du temps
du temps notamment utilise-t-elle visuelles tous les quarts d’heure aussi s’améliorent. Les centres
les mêmes moyens qu’en métropole ? pour les dernières générations. Météo-France outre-mer
Il n’y a pas de différence de moyens Grâce à eux, nous visualisons très bénéficient tous maintenant
entre métropole et outre-mer. précisément les phénomènes des prévisions du modèle à maille
On mesure les mêmes paramètres dangereux des régions tropicales fine Aladin.
avec les mêmes méthodes, les et aucun cyclone en formation
mêmes instruments. Ce qui carac- ne peut plus nous échapper. Autant d’outils en constante
térise l’outre-mer, ce sont plutôt amélioration nous permettant
les postes de travail isolés : atolls La prévision du temps est-elle de remplir nos missions au même
du Pacifique, villages au cœur différente en outre-mer ? titre qu’en métropole : surveiller
de la Guyane, missions scientifiques Cela dépend des territoires mais l’état de l’atmosphère, assurer
dans les Terres australes et an- dans les régions tropicales, c’est la sécurité des personnes et
tarctiques françaises. L’exemple généralement plus compliqué des biens, satisfaire les besoins
le plus emblématique est sans qu’aux latitudes tempérées. des autorités, de la défense
doute celui de Tromelin, petit îlot Comme en métropole, une de nos nationale et de l’aéronautique en
au nord de la Réunion, difficile missions de base est de prévoir les matière de météorologie, assurer
d’accès, où quatre météorologistes phénomènes dangereux. On pense des missions de recherche…
se sont relayés, vivant en total immédiatement aux cyclones mais,
isolement. Mais on peut presque paradoxalement, sur les territoires 1. Voir l’article Le service météorologique
parler au passé de cette caractéris- français d’outre-mer, ces derniers colonial, Pierre Duvergé, La météorologie,
tique, car nous avons automatisé occasionnent surtout des dégâts 8e série, numéro spécial, avril 1995.
GÉoGrAPHiE
Guadeloupe et Iles du Nord :
L’archipel guadeloupéen comprend cinq groupes d’îles : par un étroit canal, la Rivière Salée. Elle est dominée par le volcan
Marie-Galante (158 km²), les Saintes (14 km²), la Désirade (22 km²) de la Soufrière.
et la Guadeloupe (1 438 km²). La Guadeloupe, la plus Deux cent cinquante kilomètres plus au nord, se trouvent les îles
grande île des Antilles françaises, est elle-même composée de Saint-Barthélémy (25 km² avec ses îlets) et Saint-Martin
de Basse-Terre à l’ouest et de Grande-Terre à l’est, séparées (86 km² dont 53 km² pour la partie française).
Martinique
Avec une superficie de 1 128 km2, la Martinique est l’un des plus remonte aux années 1930. Elle suivait l’éruption catastrophique
petits départements français. On y trouve deux types de paysages : de 1902 qui détruisit la ville de Saint-Pierre.
d’une part, dans l’est et le sud-est, un relief érodé ne dépassant Les côtes s’étendent sur 350 km en une succession de plages et de
par 500 m d’altitude ; d’autre part, dans le nord-ouest, des sommets falaises. À l’est, la côte est souvent protégée par des récifs coralliens
vigoureux correspondant à une activité volcanique récente avec que l’on ne trouve pas côté Caraïbe. Comme en Guadeloupe,
les Pitons du Carbet (1 196 m) et la Montagne Pelée (1 397 m). la végétation est variée en liaison avec l’exposition et l’hygrométrie :
Cette dernière est un volcan toujours en activité et figure parmi sud de l’île assez sec; forêt tropicale humide au nord et sur les reliefs,
les volcans les plus surveillés au monde. Sa dernière éruption qui sont aussi le lieu de la culture des bananes et des ananas.
CLiMAT
Le climat de ces îles est de type tropical maritime. que la Guadeloupe, et plus encore les Îles du Nord, sont plus
Elles sont situées sur le parcours des vents alizés d’est qui fréquemment affectées que la Martinique.
soufflent régulièrement au sud de la ceinture anticyclonique
QuELQu
ELQ ES PArT
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tropicale. Au cours de son trajet océanique, l’air se charge
d’humidité et de chaleur à partir de l’océan tropical. La proximité Guadeloupe.
de la zone de convergence intertropicale (ZCIT), le passage Le plateau calcaire de la Grande-Terre et les îles connaissent
d’un cyclone, peuvent engendrer des précipitations importantes, régulièrement des épisodes de sécheresse. En Basse-Terre,
localement renforcées par le relief. Le cycle saisonnier le relief, perpendiculaire au flux des alizés, régule le régime
des températures est peu marqué surtout en zone côtière. des pluies. Les sommets de la Soufrière reçoivent des hauteurs
de pluies très importantes, voisines de 10 m en moyenne.
Les îles connaissent :
Une saison sèche, dite « carême », de mi-janvier à mars. Martinique.
Une saison des pluies de juillet à novembre. Sous le vent, protégée par l’effet de foehn, la côte caraïbe connaît
C’est aussi la saison des cyclones. de faibles précipitations. Quant aux parties basses comme l’extrême
Deux saisons intermédiaires aux caractéristiques moins sud de la Martinique, elles sont aussi nettement moins arrosées.
marquées, mais pouvant connaître des épisodes pluvieux Ainsi, la presqu’île de la Caravelle enregistre en moyenne moins
importants, encadrent les précédentes. d’un mètre de pluie par an, contre 5 m sur les reliefs de la Montagne
Le recensement des trajectoires des cyclones passés montre Pelée et des Pitons du Carbet.
MÉTÉo-FrANCE
Les premières mesures météorologiques disponibles sont celles pour leur territoire respectif, la collecte des données,
de Camp Jacob
Jac en 1890 en Guadeloupe et de Saint-Pierre la prévision et les études climatologiques.
(Hôpital de la Marine) en 1830 en Martinique. Au XXe siècle, Le Raizet effectue des radiosondages quotidiens.
le réseau se développe, principalement pour les besoins Les deux services
servic exploitent un radar météorologique
de l’agriculture. En 1929, la création du Service météorologique pour la détection des précipitations.
colonial donne une impulsion à l’activité météorologique. Enfin, la Direction interrégionale est installée à Fort-de-France
Aujourd’hui, le Service régional de Guadeloupe est installé sur le
l Morne Desaix. Elle assure la gestion coordonnée
au Raizet, près
pr de l’aéroport, et celui de Martinique près des services des Antilles et de la Guyane.
de l’aéroport du Lamentin. Les deux services régionaux assurent,
GÉoGrAPHiE
Située entre le Brésil et le Surinam, la Guyane française s’étend à l’est, par le fleuve Oyapock, entre la Guyane et le Brésil ;
sur une surface de 86 504 km2, soit environ un sixième de celle à l’ouest, par le fleuve Maroni, séparant la Guyane du Surinam ;
de la France métropolitaine. Elle comprend une zone côtière au sud, par la frontière avec le Brésil, matérialisée par la ligne
et des plateaux et monts dans l’arrière pays où l’altitude atteint de partage
part des eaux avec le bassin de l’Amazone.
830 mètres.
La Guyane française est limitée : La forêt amazonienne recouvre 90 % de sa surface. La Guyane
au nord, par la côte qui, dans son ensemble, est plate possède 300 km de côtes, 520 km de frontières avec le Surinam
et marécageuse
mar et formée de terrains sédimentaires récents ; et 700 km de frontières avec le Brésil
CLiMAT
La proximité de l’équateur conditionne le climat guyanais. Les limites saisonnières sont ici des moyennes climatologiques
Les températures varient peu, que ce soit entre le jour et la nuit et peuvent varier d’année en année, toujours selon les mouvements
ou au cours de l’année. Cette stabilité est encore renforcée de la ZCIT.
par la présence de l’océan Atlantique. Les minimales moyennes La pluviométrie annuelle moyenne varie de 3 600 mm au nord-est
varient de 21,7 °C à Saint-Georges de l’Oyapock à 23,1 °C à Kourou à moins de 2 400 mm au sud-est.
et les maximales de 29,9 °C à Kourou à 31,8 °C à Maripasoula. La proximité de l’équateur induit également l’absence de cyclones
La zone de convergence intertropicale (ZCIT), zone de forte activité tropicaux (à l’équateur la force de Coriolis, à l’origine des mouve-
convective liée à la convergence des alizés de l’hémisphère nord ments tourbillonnaires, est nulle). Néanmoins la Guyane n’est pas
et de l’hémisphère sud, traverse deux fois par an la Guyane, à l’abri de phénomènes météorologiques et hydrométéorologiques
définissant les saisons des pluies. marquants :
Ainsi, on distingue quatre saisons en fonction de la position fortes pluies qui peuvent provoquer des glissements
de la ZCIT : de terrains et des crues lentes des fleuves guyanais ;
La petite saison des pluies de fin novembre à fin février houles atlantiques de nord qui peuvent provoquer
(la ZCIT traverse la Guyane en descendant vers le Sud). une érosion littorale ;
Le petit été de mars (la ZCIT est au Sud de la Guyane). sécheresses.
La grande saison des pluies d’avril à juin Le régime des pluies est sensible au phénomène El Niño/
(la ZCIT est au voisinage de la Guyane). Oscillation australe du Pacifique central et oriental. Les épisodes
La saison sèche de juillet à mi-novembre (la ZCIT chauds (El Niño) donnent lieu généralement à des années sèches
est sur l’océan Atlantique au Nord de la Guyane française). (et chaudes) et les épisodes froids à des années humides.
MÉTÉo-FrANCE
L’organisation du réseau de mesure en Guyane française s’est faite Des trajets de plusieurs jours en pirogue sont nécessaires
après
près la seconde guerre mondiale. Les premières mesures dispo- pour les visiter.
nibles remontent à mai 1946 à Rochambeau sur le site de l’aéroport. Une station de radiosondage (mesures dans la haute atmosphère)
Rochambeau est toujours aujourd’hui le siège du Service régional est installée à Rochambeau et effectue deux sondages par ballon
es
météorologique de Guyane et effectue l’observation, la collecte
météor par jour
jour.
et l’archivage des données ainsi que la prévision et les études Météo-France collabore également activement avec le Centre
climatologiques. spatial guyanais
guy de Kourou, établissement du CNES :
Neuf stations automatiques temps réel et vingt neuf postes détachement de 3 ingénieurs des travaux, exploitation conjointe
climatologiques constituent le réseau d’observation en Guyane.
climat d’un radar précipitations, mise à disposition d’informations
Certains postes sont isolés car inaccessibles par la route. et de systèmes, radiosondages spécifiques…
Pendant toute cette période, six cyclones Puis Earl s’éloigne, tout en se renforçant
ont affecté d’une manière ou d’une autre l’arc pour atteindre le stade d’ouragan de classe 4.
antillais, des Iles Vierges à Saint-Vincent, donnant Il entraînera la disparition de 5 personnes sur
© NASA/JSC/Michael Carlowicz
des passages pluvieux notables, ou provoquant les côtes américaines (New Jersey, Maine
l’arrivée de trains de fortes houles sur les côtes. et Nouvelle Ecosse), en fin de période.
Igor, sans nul doute le plus puissant spécimen Le développement et la trajectoire de ce système
de la saison, a ainsi généré des vagues atteignant ont été bien anticipés par les modèles de prévision,
8 m de hauteur (Hmax) sur le nord de la Guadeloupe. y compris, pour certains, alors qu’il évoluait
encore sur les terres africaines. Il a bien sûr fallu
Mais, si l’on considère l’impact sur les Petites affiner localement la trajectoire, et ce n’est que
1
Antilles, en 2010, Earl et Tomas ont été les ouragans le jeudi 26 qu’une menace directe des Iles du Nord
les plus remarquables. s’est confirmée. Dès le vendredi 27 août au matin,
1_ L’ouragan Earl, au nord des îles Météo-France a émis des messages annonçant
Vierges, photographié depuis Le premier, Earl, appartient au type « capverdien ». le passage du cyclone au nord des îles du Nord
la station orbitale ISS le 30 août 2010. Le 23 août, une masse nuageuse en provenance pour le dimanche 29. Au plus près du phénomène,
2_ Earl effleurant les côtes de Caroline d’Afrique s’organise et, le 25, le mouvement l’alerte est montée à la vigilance cyclonique maximale
du Nord (USA) le 2 septembre 2010. tourbillonnaire devient tempête tropicale au sud- (violet) sur les îles françaises de Saint-Martin
Il a toutes les caractéristiques ouest des îles du Cap-Vert. Earl est né. et Saint-Barthélemy et à la vigilance orange
d’un ouragan puissant : masse
Le dimanche 29 août, Earl atteint le stade d’ouragan. « Mer et vents forts, orage et forte pluie »
nuageuse importante, prolongée
par des bras spiralés, et un œil Il s’amplifie et entre dans la catégorie 3 en passant sur la Guadeloupe.
bien visible. le matin du 30 au nord des îles du Nord (Saint-
Martin et Saint-Barthélémy). Ce même jour, Tomas présente en revanche un profil et un niveau
le vent souffle à 170 km/h en rafales à Gustavia de prédictibilité bien différents. Il est issu lui aussi
(Saint-Barthélémy), les vagues dépassent 6 m d’une masse nuageuse qui a quitté les côtes
et le port est submergé par la houle. Les deux-tiers africaines le 24 octobre. Mais il fait durer le suspens
de la partie française de Saint-Martin sont privés quant à son évolution. Il lui faut quatre jours pour
d’électricité et la totalité privée d’eau, routes se développer et former une dépression tropicale
et quartiers sont inondés, des toits sont arrachés. (nuit du 28 au 29 octobre). Le phénomène est alors
En Guadeloupe, de violents orages se produisent aux portes sud des Petites Antilles, à 310 milles
le dimanche 29 après-midi et la nuit suivante, avec au sud-est de Barbade, d’où l’appellation
des précipitations comprises entre 100 et 170 mm. de « cyclone barbadien » qu’on lui attribue.
Le 29 à 14 h locale, il est déclaré tempête tropicale. du cyclone. Les précipitations les plus importantes
Au petit matin du samedi 30 octobre, il passe ont été recueillies sur le sud de l’île et sur les
sur le sud de la Barbade. Dans la matinée du 30, hauteurs de Fort-de-France : elles varient entre
à 170 km au sud-est de la Martinique, il s’intensifie 160 et 220 mm en 24 heures.
rapidement et passe au stade d’ouragan Puis Tomas culmine au stade d’ouragan
de catégorie 1. Tomas est un des rares exemples de classe 2, juste après avoir quitté les Petites
de cyclone à avoir atteint le stade d’ouragan Antilles. Les pluies associées feront encore
en à peine plus d’un jour d’existence. 35 morts à Haïti le 5 novembre.
Le samedi 30 en mi-journée, Tomas est à l’est
de Saint-Vincent. Pendant plusieurs heures, il D’un point de vue météorologique, Tomas cumule
1_ Trajectoires des ouragans Earl, ralentit sa progression, comme freiné par le relief. les difficultés. Il se creuse très rapidement, en un
Igor et Tomas, de leur formation Vers 18 h locales, il franchit l’île et reprend jour pas plus, et, en outre, tout près des Antilles.
à leur disparition. sa route vers l’ouest nord-ouest. Aucun modèle de prévision ne l’a vu venir. Il a donc
Earl : du 25 août au 5 septembre 2010 été impossible d’alerter les populations plusieurs
Igor : du 8 au 21 septembre 2010 Durant cette période, la zone de vents forts maxi- jours à l’avance comme nous le faisons fréquemment
Tomas : du 29 octobre 8 novembre 2010
mum intéresse l’île de Sainte-Lucie (rafales 150 maintenant. En fait, la mise en alerte des populations
2_ Ouragan Tomas vu par le satellite
à 200 km/h) qui déplore 8 décès et connait de gros (vigilance jaune puis orange sur la Martinique)
Terra le 30 octobre 2010 en matinée.
On distingue bien l’oeil de l’ouragan dégâts : coulées de boue, nombreux bâtiments a lieu 18 à 24 heures avant la manifestation
entre les îles Barbade et Saint-Vincent. emportés, routes détruites, un secteur agricole des phénomènes liés à cet ouragan.
particulièrement touché. Les cumuls de pluie Fait aggravant, Tomas, dernier cyclone de la saison
relevés sont compris entre 400 et 670 mm. 2010, est le seul cas connu de développement
Barbade et Saint-Vincent sont moins affectées. si tardif sur le sud des petites Antilles. Autant
dire que les populations n’étaient plus vraiment
À ce moment-là, l’ouragan est au plus près préparées à l’accueillir. Ainsi, en Martinique,
de la Martinique, 130 km. Mais l’île française reste le passage en vigilance orange cyclonique n’a pas
en dehors du cercle des vents atteignant la force semblé avoir l’impact que l’on aurait pu attendre.
ouragan (rayon évalué à 65 km). L’île subit des rafales En ce samedi matin précédant la Toussaint,
de l’ordre de 100 à 110 km/h, davantage sur certains beaucoup de gens arpentaient encore les zones
reliefs particulièrement exposés (150/170 km/h commerciales… jusqu’à ce que le vent se renforce
au Morne des Cadets, à 500 m d’altitude). Fait sensiblement en mi-journée et provoque inquiétudes
remarquable, ces vents forts vont persister et questionnements. Une emphase supérieure
de la mi-journée de samedi à la deuxième partie aurait du être donnée à la communication.
de nuit, en liaison avec le lent déplacement La leçon a été tirée.
Ces destructions et la désorganisation de l’État rendent Dans un premier temps, des bureaux ont été installés, meublés
la population encore plus vulnérable que par le passé face et équipés (informatique, bureautique, connexion Internet, secours
aux risques d’inondations et de glissements de terrain engendrés électrique, climatisation) sur le site de l’aéroport de Port-au-Prince
par les fortes pluies et les cyclones tropicaux. Afin que le Centre grâce à la collaboration de l’Office national de l’aviation civile,
national de météorologie d’Haïti (CNM), manquant déjà de moyens au financement du Medef-Martinique, à l’envoi de matériel depuis
avant la catastrophe, puisse assurer au mieux sa mission le Canada ; la coordination était assurée par la Direction interré-
de sécurité des personnes et des biens et l’assistance à la relance gionale Antilles-Guyane (DIRAG) de Météo-France. Météo-France a
de l’économie, l’aide internationale (France, Canada, USA, République également développé un site internet spécifique, à destination des
Dominicaine, …) s’est mobilisée avec le soutien de l’Organisation prévisionnistes haïtiens, leur permettant de visualiser les docu-
météorologique mondiale. ments techniques élaborés au centre de prévision de la Martinique.
1_ Météorologistes haïtiens en formation à l’École nationale de la météorologie, Toulouse. 2_ Bureaux des météorologistes haïtiens installés sur l’aéroport de Port-
au-Prince grâce à l’aide de l’Office national de l’aviation civile, du Medef/Martinique, de Météo-France, d’Environnement Canada, du Programme des Nations
unies pour le développement et de l’Organisation météorologique mondiale.
Mais les deux prévisionnistes du centre d’Haïti étant bien seuls On y trouve les produits graphiques issus de Martinique mais aussi
pour assurer leur mission, un soutien a été organisé depuis Météo- les informations de vigilance et d’alertes, les bulletins de prévisions
France. Le service de prévision de la Martinique accueille dans du Centre national météorologie d’Haïti, les dernières observations
ses locaux, depuis juin 2010, un prévisionniste étranger, détaché ainsi que les images satellites grâce au soutien de la NOAA.
par le service météorologique D’autre part, cinq observa-
canadien ou par le Met Office teurs sont actuellement en
britannique. Se relayant tous Se relayant tous les mois, ces prévisionnistes formation à l’École natio-
les mois, ces prévisionnistes nale de la météorologie,
ont pour tâche d’épauler ont pour tâche d’épauler en temps réel à Toulouse, pour une année,
en temps réel leurs collègues leurs collègues haïtiens. afin d’acquérir les connais-
haïtiens. Ils doivent tout sances de base nécessaires
d’abord se familiariser au travail de prévisionniste.
avec les outils de travail mis à leur disposition (système Ils seront en stage pratique aux Antilles en juillet 2011 et pourraient
de visualisation des données Synergie de Météo-France, système intégrer le programme de rotation des « prévisionnistes visiteurs »
Flash Flood Guidance de la NOAA pour la prévision des crues éclair, dès le mois d’août. La poursuite d’un plan de formation plus complet
modèle local du Caribbean Institute for Meteorology and Hydrology), est actuellement à l’étude.
et parfois même avec la météorologie tropicale bien différente
de ce qu’ils connaissent au quotidien. Le prévisionniste de soutien Pour cette année, l’objectif est de donner à la météorologie haïtienne
produit des prévisions pour Haïti jusqu’à J+5 sous formes de cartes, les premiers éléments d’une autonomie en termes d’observations,
de météogrammes et de bulletins. Il est en relation quotidienne, de prévisions et de production. Cela passe par l’installation
par internet et par téléphone, avec le prévisionniste haïtien qui, de 6 stations météorologiques automatiques à Haïti et par la fourni-
sur place, est mieux à même d’apprécier la situation et la pertinence ture d’outils lui permettant d’assurer la prévision et sa diffusion.
d’une alerte. En attendant, le soutien depuis la Martinique est très apprécié.
Le personnel du service météorologique haïtien ne manque pas
Pour mettre l’information à la disposition du public, Environnement une occasion de manifester sa satisfaction. Le soutien se prolongera
Canada, en coordination avec Météo-France, a développé un site jusqu’en novembre 2011, dans un contexte de saison cyclonique
web public de la météo en Haïti (http://www.meteo-haiti.gouv.ht). prévue à nouveau assez active.
GÉoGrAPHiE
Par 47°N et 56°W, à une vingtaine de kilomètres des côtes Miquelon (110 km2 et 640 habitants), et Langlade, quasiment
de Terre-Neuve, l’archipel compte trois îles principales : inhabitée (91 km2). Miquelon et Langlade sont reliées par
Saint-Pierre, la plus petite et la plus peuplée (26 km² et 5 700 habitants), un isthme de sable.
CLiMAT
Bien qu’à la même latitude que Nantes, le climat saint-pierrais ainsi que par les brouillards particulièrement fréquents en juin
ressemble plus à celui de l’Islande ou de la Norvège. et juillet. Il n’est pas rare, particulièrement en juillet, de rester
La température moyenne mensuelle varie de -3,6 °C en février plusieurs jours de suite sans apercevoir le soleil. Les précipitations
à 15,7 °C en août. Les températures hivernales sont moins basses sont importantes (1312 mm par an) et bien réparties dans l’année,
que sur le continent américain mais la sensation de froid est avec toutefois un maximum en automne. On peut considérer
fortement accentuée par le vent. Balayé par les perturbations qui qu’il y a, en moyenne, un jour de précipitations sur 2. Les quantités
circulent rapidement d’ouest en est, l’archipel connaît 156 jours de neige sont très variables d’une année sur l’autre.
de vent violent par an, principalement d’octobre à avril. L’hiver se L’archipel est également concerné, principalement d’août
prolonge ensuite par un printemps généralement froid et humide. à octobre, par le passage d’ex-cyclones tropicaux. Les plus violents
La durée d’insolation relativement peu importante (1427 heures par de ces dernières années ayant été Igor (21 septembre 2010) et
an) s’explique par la forte nébulosité observée en toutes saisons, Florence (13 septembre 2006).
MÉTÉo-FrANCE
Météo-France est présent à Saint-Pierre depuis 1932, mais le service météorologiques sont particulièrement sollicitées pour :
de climatologie dispose de données remontant à 1915. Aujourd’hui, les liaisons aériennes inter-îles et internationales,
l’antenne locale de Météo-France à Saint-Pierre et Miquelon est fret et passagers, régulières ou non (évacuations sanitaires).
située sur l’aéroport de Saint-Pierre Pointe Blanche. L’équipement les activités maritimes : pêche, desserte passager inter-îles
météorologique se limite à deux stations automatiques de mesures ou vers
v Fortune (un port canadien sur Terre-Neuve),
au sol : l’une à Saint-Pierre, sur l’aéroport au sud de la ville, l’autre ravitaillement en fret de l’archipel…
à Miquelon, sur l’aérodrome au sud du village. la viabilité routière et autres infrastructures.
Les activités sur l’archipel étant très dépendantes des conditions Le bâtiment et les travaux publics, une problématique
météorologiques, Saint-Pierrais et Miquelonnais attendent exacerbée
xacerbée par la rigueur hivernale qui stoppe toute activité
beaucoup de Météo-France. Observations et prévisions extérieure entre janvier et avril.
MALGrÉ iGor,
la correspondance est assurée François gautier. Météo-France.
Depuis plusieurs jours, on l’attendait. L’ouragan Igor était en route. Né comme beaucoup de ses congénères
près des îles du Cap-Vert, il a grandi en faisant cap à l’ouest, menacé un temps les Antilles, puis arrondi
sa route pour suivre, loin au large, la côte des USA.
Ce lundi 20 septembre 2010, c’est donc La pluie « tombe » strictement à l’horizontal! À 13 h, concertation entre le prévisionniste
confirmé : l’ouragan Igor menace directement Le prévisionniste s’accorde une pause café et le pilote d’Air Saint-Pierre chargé du vol
l’archipel. Les premiers bulletins Amphi d’autant plus méritée que c’est son premier de Montréal, lequel assure la correspondance
(Alerte Météorologique aux Phénomènes sérieux coup de tabac à gérer depuis son avec le vol Air France qui arrive de métropole.
Intenses) et Alerte DE sont diffusés arrivée sur l’archipel quelques semaines Prenant en compte nos prévisions d’heure
à destination de la préfecture, de la Direction plus tôt. de fin de pluie et de vitesse du vent, le pilote
de l’Équipement, et de la capitainerie du port décide de décoller à 16 h, avec une heure
de Saint-Pierre. Vents forts, fortes précipita- Vers midi, Igor commence à s’éloigner de retard sur l’horaire théorique.
tions et forte houle sont prévus pour la nuit de l’archipel. Jusqu’à présent, il était classé
et le lendemain. Les bulletins marine sont « cyclone tropical de catégorie 1 » par À l’heure dite, l’ATR42 d’Air Saint-Pierre
suffisamment alarmistes pour dissuader le Centre météorologique régional spécialisé s’envole pour Montréal. Comme prévu,
tout capitaine de prendre la mer et les deux (CMRS) de Miami. C’est seulement là, par la piste est sèche depuis quelques minutes
rotations du navire à passagers assurant 45°N, que Miami le déclasse en dépression et le vent souffle à 55 nœuds de plein travers.
la liaison avec Miquelon sont d’ores et extra-tropicale. Peu de temps après, les journalistes radio
déjà annulées. et télé de SPM 1ère sont là, en reportage
En survolant des eaux de plus en plus froides, pour les infos du soir.
Le lendemain, le prévisionniste est là dès 5 h, l’ouragan s’est affaibli. Il a aussi perdu
en avance ; une journée chargée l’attend. ses caractéristiques « tropicales » (masse Enfin, à 21h 30, le collègue d’astreinte
Les bulletins sont réactualisés. Contact nuageuse circulaire, avec souvent un œil nocturne accueille l’ATR 42. De retour
avec la préfecture. Annulation confirmée de ciel clair au centre) pour se transformer de Montréal, il est pile à l’heure. Malgré
pour les deux vols d’Air Saint-Pierre prévus en une tempête des latitudes tempérées : les conditions météo, la correspondance
sur Miquelon. masse nuageuse plus large, dissymétrique avec Air France a bien eu lieu.
À 8 h 30, la tempête est au plus fort de son (plus étendue vers le sud que vers le nord) ;
intensité et les rafales dépassent les 140 km/h. vent moins violent au centre… Port de Saint-Pierre pendant l’ouragan Igor.
GÉoGrAPHiE
Située dans l’océan Indien, à 800 km à l’est de Madagascar, inaccessible en voiture. Ils sont le résultat de l’effondrement
l’île de la Réunion constitue, avec les îles Maurice et Rodrigues, et de l’érosion des flancs de l’ancien volcan. Au sud-est, le Piton
l’archipel des Mascareignes. Française depuis 1638, la Réunion de la Fournaise culmine à 2 632 m. Il s’agit d’un volcan particulièrement
est devenue département français en 1946. actif, de type hawaïen, qui entre en éruption environ trois fois
par an. L’érosion à la Réunion est une des plus fortes du monde ;
Bordée par 210 km de côtes dont seulement 39 km de plages elle structure les paysages et le relief typique de l’île. La végétation
dans l’ouest, l’île n’offre pratiquement pas d’abri naturel pour la de la Réunion, qui compte de nombreuses espèces endémiques,
navigation, hormis la baie de Saint-Paul. La Réunion est constituée varie en fonction de l’altitude et du climat : forêt tropicale ou savane
de deux ensembles volcaniques. Dans la partie nord-ouest, le Piton sèche, plantations de canne à sucre ou d’arbres fruitiers. Si la forêt
des Neiges (3 070 m) domine les trois cirques de Cilaos, Salazie abrite d’extraordinaires fougères arborescentes, elle est également
et Mafate qui l’enserrent. Ce dernier, où vivent 700 habitants, est riche en oiseaux multicolores.
CLiMAT
Le climat de la Réunion est de type tropical humide, avec une saison à fait exceptionnel à l’échelle mondiale. Les hauts reliefs de l’île
chaude, très humide, de novembre à avril, et une saison « sèche » sont la cause de cette dissymétrie. Qu’elles soient d’origine
de mai à octobre au cours de laquelle les températures sont plus advective (liées à une perturbation tropicale ou extratropicale)
douces. Au sein de la saison chaude, période où se forme la plupart ou d’évolution diurne (développement en journée d’orages locaux),
des dépressions tropicales, on distingue une saison des pluies les précipitations se concentrent sur les régions directement
de janvier à mars. Avril et décembre sont des mois de transition. exposées à l’humidité océane apportée par les alizés de secteur est.
On parle de régions « au vent ». Les foyers de précipitations les plus
Mais le climat de la Réunion se singularise par une grande intenses se rencontrent aux altitudes intermédiaires, entre 1 000 et
dissymétrie de la pluviométrie annuelle entre l’est et l’ouest de l’île. 2 000 m. Même en saison « sèche », il y pleut beaucoup. À l’inverse,
À l’ouest, des précipitations peu abondantes ; à l’est, des cumuls les régions « sous le vent », qui bénéficient de l’abri du relief, sont
annuels de pluie pouvant dépasser 10 mètres par an, ce qui est tout beaucoup plus sèches et les régimes de brise y sont prédominants.
MÉTÉo-FrANCE
À la Réunion, Météo-France compte environ 90 agents stations, tenues par des bénévoles, sont implantées
et 80 observateurs bénévoles répartis dans toute l’île à Saint-Pierre et à la plaine des Cafres. La Direction
qui effectuent les relevés climatologiques. de la Météorologie s’installe peu de temps après
Le service assure toutes les missions de base de la météorologie au Barachois.
(observation, prévision, climatologie) sur un domaine 1936 : les premiers pilots (lâchers de ballon sonde pour
de compétence qui inclut la Réunion, Mayotte et les TAAF. déterminer le vent en altitude) sont effectués. Quatre
dét
Son expertise en matière de surveillance et de prévisions observations sont transmises quotidiennement à Tananarive
cycloniques lui a valu d’être désigné Centre météorologique (Antananarivo) où la France entretient un centre météorologique
régional spécialisé (CMRS) pour les cyclones tropicaux par déjà bien développé.
l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en 1993. 1959 : le Service météorologique, rattaché depuis 10 ans
Le service assure également l’exploitation des stations au Service
Servic météorologique de Madagascar, devient autonome.
météorologiques implantées sur les îles éparses : Tromelin, Fin 1962/début 1963 : le Centre météorologique principal
Europa, Juan de Nova et Glorieuses. du
u Chaudron est implanté sur le site qu’il occupe encore
actuellement.
QuELQu
ELQ ES dATES
ELQu A
ATES :
1993 : Météo-France à la Réunion est désigné Centre
1934 : première station météorologique à la Montagne météorologique régional spécialisé (CMRS) pour les
météor
au lieu dit « La vigie ». Dans le
l même temps, deux autres cyclones tropicaux
GÉoGrAPHiE
Mayotte, surnomée « l’île aux parfums », fait partie de l’archipel L’île principale, Grande-Terre, découpée et pentue, est dominée
des Comores, entre le Mozambique et Madagascar. Mayotte est par le Mont Bénara (660 m). Sa forme particulière lui a valu
elle-même un petit archipel d’origine volcanique, comprenant le surnom « d’île hippocampe ». Ancrée sur la barrière de corail
deux îles, Grande-Terre et Petite-Terre, séparées par un bras à l’est du lagon, Petite-Terre, est reliée au rocher de Dzaoudzi par
de mer de 2 km, et une trentaine de petits îlots parsemés dans une digue artificielle, appelée le Boulevard des Crabes. La colline
l’un des plus vastes lagons coralliens du monde (plus de 1 500 km2), de La Vigie (203 m) y domine un paysage aride et relativement plat.
délimité par une barrière de corail longue de plus de 160 km.
CLiMAT
Le climat de Mayotte est de type tropical maritime. Il se caractérise venant du nord arrose l’île. Les températures sont élevées (27 à
par de faibles variations de températures annuelles et journalières 30 °C) et le taux d’humidité très important. 80 % des précipitations
et des précipitations abondantes : plus de 1500 mm par an surviennent pendant cette période. C’est également la saison des
en moyenne sur l’île. cyclones et des dépressions tropicales, même si Mayotte est peu
Deux saisons ponctuent l’année, l’une chaude et pluvieuse exposée au risque cyclonique.
de décembre à mars, l’autre plus fraîche et sèche de juin Pendant la saison sèche (hiver austral), les vents venant du sud-est
à septembre ; elles sont séparées par deux intersaisons plus rafraîchissent l’atmosphère (20 à 25 °C), le taux d’humidité est
brèves. Durant la saison chaude ou saison des pluies, la mousson moins important, et la pluie se raréfie.
MÉTÉo-FrANCE
Le 3 avril 2010, Mayotte est devenue le 101e département français. de Pamandzi qui dépend de la Direction interrégionale
Ses 200 000 habitants attendaient cet événement depuis de la Réunion. Un chef technicien de la météorologie en assure
les années 50 ; ils l’avaient fermement réaffirmé lors du référendum la direction, avec comme collaborateurs, cinq observateurs/
du 29 mars 2009 avec 95,2 % de suffrages favorables. Mayotte est prévisionnistes et un manœuvre.
également la première collectivité unique ultramarine avec une
même assemblée qui assure les compétences de département Les premières mesures météorologiques remontent à 1949
et de région d’outre-mer. La transformation statutaire ne se sur Petite-Terre. En 1973, un an avant l’indépendance des Comores
traduira cependant pas par des bouleversements économiques et la séparation de Mayotte avec les autres îles de l’archipel,
et sociaux immédiats. Ceux-ci s’étaleront sur plusieurs années, la Direction de la météorologie nationale met en place une station
probablement une vingtaine. En effet, les conditions économiques météorologique pour répondre au développement de l’aérodrome
et sociales locales sont actuellement trop éloignées des conditions de Pamandzi. Jusqu’à la fin des années 90, cette station était
métropolitaines pour permettre un alignement rapide sur les essentiellement à vocation aéronautique. Elle était dirigée
régimes de métropole (pour exemple, le PIB par habitant est par un technicien supérieur de la météorologie, assisté de trois
actuellement cinq fois plus faible qu’en France métropolitaine). observateurs et de deux manœuvres.
La départementalisation n’a pas beaucoup de conséquence pour Au début des années 2000, la station est renforcée, tant en moyens
Météo-France car l’établissement l’a devancée en ce qui concerne humain qu’en moyens techniques, pour assurer la gestion
son organisation locale. des données climatologiques et proposer une représentation
territoriale plus complète avec prévisions locales et réponses
La représentation de Météo-France sur ce département s’appuie commerciales aux clients.
sur un centre météorologique territorial installé sur l’aéroport
Centre sPÉCialisÉ
POUR LES CYCLONES TROPICAUX
Si, pour le commun des mortels, l’océan indien évoque les plages
des Seychelles, les épices de Madagascar et la végétation luxuriante
des montagnes de la réunion, les météorologistes voient les choses
tout autrement. Pour eux, le sud-ouest de l’océan indien concentre
11 % de l’activité cyclonique mondiale. En moyenne, chaque année,
une quinzaine de systèmes dépressionnaires y circulent, dont 9 deviendront
des tempêtes tropicales et, parmi ces dernières, 4 atteindront le stade
de cyclone tropical.
Météo - Le magazine - N°13 - 25 -
tous les services météorologiques des pays en support des activités du CMRS. Bien sûr, il s’agit
riverains surveillent ces phénomènes extrêmement d’une équipe relativement réduite et l’on est encore
dangereux. Mais afin que chacun dispose loin de ce qui peut se faire aux États-Unis, où des
de la meilleure information possible et que tous centaines de chercheurs travaillent sur les cyclones,
parlent d’une seule voix, l’un d’eux a été désigné ou même en Australie, mais c’est déjà un grand
Centre météorologique régional spécialisé (CMRS) progrès. »
pour les cyclones. Dans l’océan Indien sud-ouest, À ces moyens « nationaux », il faut ajouter les efforts
ce rôle est tenu par Météo-France/La Réunion. internationaux consentis pour permettre à l’océan
L’établissement est donc responsable du suivi Indien de rattraper son retard en matière de moyens
cyclonique sur quelque 20 millions de km2, d’observations. Si les réseaux de bouées dérivantes
de l’équateur à 40°S et de 90°E à la côte africaine. (programme IBPIO) ou ancrées (réseau RAMA) ont
Philippe Caroff est responsable de la division mis à niveau le bassin en termes d’observations de
« cyclone » à la Direction interrégionale de La Réunion. surface, Philippe Caroff nourrit toutefois quelques
Il évoque la genèse du CMRS La Réunion. inquiétudes quant à la pérennité de la couverture
© Marine Nationale.
satellitaire de la zone.
« Les cyclones constituent un risque naturel majeur. « Deux grandes familles de satellites sont utilisés
Ils sont responsables à eux seuls de 20 % des dé- en météorologie : les géostationnaires qui, avec des
gâts et de la mortalité mondiale, tous phénomènes images fréquentes (toutes les demi-heures, voire
naturels confondus. C’est pourquoi, l’Organisation plus avec les dernières générations), permettent
météorologique mondiale (OMM) a considéré que de suivre un système dépressionnaire tropical avec
1_ Déploiement d’une bouée la prévention contre ces phénomènes dévastateurs précision, et les défilants. Ces derniers ne survo-
dérivante identique a celles justifiait un traitement particulier. Les différentes lent la même zone géographique que deux fois par
utilisées dans IBPIO. régions du monde où se produisent des cyclones jour en général mais complètent l’information avec
tropicaux se sont toutes dotées de centres spéciali- d’autres types de mesures. La couverture pérenne
sés chargés du suivi et de la prévision des systèmes de la zone océan Indien en géostationnaire remonte
dépressionnaires tropicaux. Six CMRS/cyclones ont seulement à 1998. Et encore, s’agit-il d’un ancien
satellite Meteosat destiné à l’origine à surveiller
l’Atlantique, rendu disponible par la mise en orbite
« Les cyclones constituent un risque naturel d’un successeur. Certains satellites défilants,
cruciaux pour l’observation des cyclones, sont en
majeur. Ils sont responsables à eux seuls de 20 % fin de vie ou ont déjà cessé de fonctionner. Leur
des dégâts et de la mortalité mondiale, remplacement n’a pas été assuré dans les délais
nécessaires pour garantir une continuité. Nous
tous phénomènes naturels confondus. risquons donc une baisse des moyens d’observa-
tion dans les prochaines années. Dans ce contexte
été créés, le plus ancien et le plus connu étant le tendu, de grands espoirs reposent sur le satellite
Centre des ouragans de Miami. Pour le sud-ouest franco-indien Megha-Tropiques, dont le lancement
de l’océan Indien, Météo-France/la Réunion a été est prévu en 2011. Nous attendons beaucoup de
officiellement désigné en 1993. Cependant, nous son imageur micro-onde, en particulier. Ce satellite
avions commencé à travailler comme tel depuis déjà défilant assurera jusqu’à six passages sur la même
plusieurs années afin de démontrer notre capacité à zone par jour. »
cyclOnes exercer cette responsabilité internationale. » La mission première d’un CMRS est donc la détec-
Madagascar, pays de loin le plus concerné par tion, le suivi et la prévision opérationnelle de tous les
et changement le risque cyclonique dans la région, et Maurice, phénomènes amenés à se former ou à évoluer sur
climatique étaient également candidats. Mais il a été reconnu sa zone de responsabilité, de leur naissance jusqu’à
à l’époque que Météo-France était le seul service leur mort.
En l’état actuel des recherches, les météorologique de la zone à avoir les moyens, à la
projections indiquent qu’il n’y aura fois matériels, humains et scientifiques, nécessaires « Dès qu’un système dépressionnaire apparaît sur
pas forcément plus de systèmes à la veille et à la prévision de l’activité cyclonique. notre bassin, reprend Philippe Caroff, il est pris en
dépressionnaires tropicaux. En charge et l’équipe des cinq prévisionnistes cyclone
revanche, ils pourraient être plus « Lorsque Météo-France a présenté sa candidature se relaye 24 heures sur 24. Différents bulletins, à
violents ; les scientifiques prévoient pour la création d’un centre météorologique régio- destination d’usagers variés (maritimes et aéro-
en outre un accroissement signi- nal spécialisé, l’établissement a eu un cahier des nautiques en particulier), sont élaborés et émis
ficatif de la pluviométrie associée
charges à remplir. Cela impliquait un engagement toutes les 6 heures. Ils incluent des analyses et des
aux phénomènes cycloniques tro-
picaux. Mais il faut rester prudent,
fort de doter le centre de la Réunion des moyens prévisions expertisées sur la trajectoire, l’intensité et
les conséquences du changement matériels importants en matière de réception la structure du phénomène.
climatique sur l’évolution de satellitaire, de télécommunications et de modélisa- D’autres bulletins, plus complets, sont destinés
l’activité cyclonique étant encore tion numérique. Météo-France s’est aussi engagé à nos collègues météorologues de la zone. Cette
incertaines. à fournir des moyens humains ad hoc. L’équipe information de référence sert ensuite de base et
opérationnelle a été renforcée par une Cellule de de guide aux services météorologiques nationaux
recherche sur les cyclones (CRC), implantée en 1998 pour élaborer leurs propres prévisions locales et
Située au cœur de l’océan indien, prévues étaient importantes (il s’agissait Denis. Depuis, ce radar s’est montré très
de la diffusion d’avis de fortes pluies). efficace pour cet objectif, mais le relief de l’île
l’île de la réunion est sujette Depuis, celui-ci a évolué pour s’inscrire le rend inopérant pour le suivi hydrologique
à une pluviométrie particulière, dans le cadre de la vigilance météorologique (il ne peut voir les précipitations sur plus
(vigilance fortes pluies). de 70 % de la surface de l’île). Un second radar
liée principalement à son relief. Ce dispositif ne répond cependant pas sera donc installé en septembre 2011
à l’ensemble des besoins de la société, car à la Plaine-des-Cafres (commune du Tampon)
le Piton des neiges, qui culmine à 3 070 m il n’informe pas sur le risque de débordement au lieu-dit « Piton Villers ». Celui-ci émettra
au centre de l’île, secondé par le Piton des cours d’eau, fréquent lors de tels épisodes. sur une longueur d’onde correspondant
de la Fournaise (2 632 m) au sud-est de l’île, Pour exemple, le 6 avril 2009, Le Quotidien à la bande S (environ 10 cm) ; il sera doté
s’opposent aux alizés d’est sud-est. Sous de la Réunion titrait « les averses ont d’un système de traitement de l’information
le vent des montagnes (à l’ouest), la côte occasionné de gros dégâts … à Saint-Joseph Doppler à double polarisation, pour pouvoir
bénéficie d’un effet de foehn. Il y fait relative- et à Petit-Ile. Une cinquantaine de maisons bénéficier des algorithmes d’estimation
ment sec (550 mm de précipitation annuelle inondées dans la première commune, des précipitations les plus récents. Cette
à Saint-Gilles). Tandis qu’au vent, sur la côte une quarantaine dans la seconde. Aux Jacques, double polarisation permet, en effet,
est, les précipitations annuelles atteignent à Saint-Joseph, la ravine en crue est passée de caractériser l’asphéricité des gouttelettes
3 464 mm à Saint-Benoit, toujours au niveau au milieu des habitations ». d’eau nuageuses grâce au déphasage
de la mer. En s’élevant un peu sur les pentes Aussi, pour compléter ce dispositif, le directeur des ondes rétrodiffusées par les gouttelettes,
Est du volcan, les précipitations sont encore général de la Prévention des risques à décidé tant sur le plan horizontal que vertical.
plus fortes : on dépasse rapidement la création d’une Cellule de veille hydrologique Les estimations de la nature du météore
les 10 000 mm de précipitations annuelles (CVH) à la Réunion afin de fournir une exper- (gouttelette d’eau, grêlon, …) et de son taux
(10 986 mm sur les Hauts de Sainte-Rose tise sur le risque de crue et de ruissellement de chute sont alors plus précises et permettent
à 820 m d’altitude). torrentiel. Cette unité a été placée sous la res- une meilleure approximation de l’intensité
ponsabilité de la direction de l’Environnement, des précipitations.
Ces précipitations peuvent être très violentes. de l’Aménagement et du Logement (DEAL). Les informations des deux radars (radar
La Réunion détient tous les records mondiaux Son poste opérationnel est situé au sein du Colorado et radar de Piton Villers),
de précipitations pour des durées de 12 heures de la salle de prévision de Météo-France. Ainsi, complétées par un peu plus d’une quaran-
à 15 jours avec, par exemple : le prévisionniste « hydrologique », chargé taine de postes pluviographiques répartis
de suivre l’état des cours d’eau sensibles sur l’île, permettront un suivi fin des pluies
1 144 mm en 12 heures à Foc-Foc
et de prévoir leurs débordements, dispose sur la quasi totalité de l’île avec de bonnes
(2 200 m) en janvier 1966,
de toutes les informations pluviométriques estimations, en temps réel, des lames d’eau
2 466 mm en 48 heures à Aurère
et de la proximité des collègues de Météo- se déversant sur l’ensemble des bassins
(940m) en avril 1958,
France pour les prévisions météorologiques. versants sensibles.
3 929 mm en 72 heures à Commerson
Une des conditions nécessaires pour l’efficacité
(2 310 m) en février 2007 lors du passage
de cette veille hydrologique est une bonne L’instruction de ce dossier complexe a pu
du cyclone Gamede
couverture radar de l’île, à même de mesurer être menée à bien, grâce a une coopération
6 083 mm en 15 jours à Commerson
l’intensité des précipitations en chaque point. exemplaire entre les services de la DEAL et
lors
ors du passage de Hyacinthe en janvier 1980.
L’île dispose déjà d’un premier radar installé de Météo-France. Les principales difficultés
Avec de telles intensités, les épisodes fin 1992 sur les hauteurs de la ville de Saint- consistaient, d’une part, à trouver un site
pluvieux sont fréquemment accompagnés Denis, au lieu-dit « Colorado ». Son but principal pour installer le nouveau radar, au sein
d’inondations, éboulements, coulées de boues est de surveiller l’approche des cyclones d’un cadre environnemental très protégé
ou glissements de terrains. Les dégâts tropicaux qui arrivent majoritairement par du fait de la proximité du parc national
peuvent être importants. le nord (près de 95 % des systèmes cycloniques de la Réunion et, d’autre part, à trouver
Pour améliorer la sécurité des personnes observés ces trente dernières années sont un financement pour un budget de plus
et des biens, outre le dispositif d’alerte arrivés par les secteurs nord-est, nord de 2,5 M€. Ces difficultés ont été levées fin
cyclonique, la Préfecture et Météo-France ou nord-ouest). Dès janvier 1993, ce radar 2009. La première pierre du bâtiment a été
avaient mis en place, dès 1993, un système a pu montrer son utilité en suivant le cyclone posée en octobre 2010 et le radar devrait
d’avertissement lorsque les précipitations Colina dont l’œil est passé au dessus de Saint- être installé à la fin du 3e trimestre 2011.
Radar du Colorado
© Météo-France/Jean-François Boyer
Matthieu Plu
Responsable de l’équipe de recherche
sur les cyclones tropicaux au LACy
Météo-France/la Réunion
des processus responsables des changements est « forcé » en introduisant des mesures de vent
d’intensité. qui n’existent pas mais qui sont cohérentes avec
La recherche sur les cyclones doit cependant faire la situation réelle. Ces « pseudo-observations »
face à la rareté des observations météorologiques sont déduites de l’analyse faite à l’aide de l’imagerie
sur les océans tropicaux. Les observateurs potentiels satellitaire par les prévisionnistes. 2_ Structure du cyclone tropical
(avions, navires, …) sont plus rares sous les tropiques Les travaux d’amélioration d’Aladin-Réunion se pour- Ivan (2008) avant son
qu’aux latitudes tempérées de l’hémisphère nord. suivent au LACy, en particulier sur les techniques atterrissage sur Madagascar,
De plus, ils évitent de pénétrer dans ces systèmes d’assimilation de données pour les cyclones, la prise vu par (de gauche à droite) :
dépressionnaires aux conditions météorologiques en compte de la température de surface de la mer le modèle global Arpege, maille
80 km, le modèle opérationnel
extrêmes. Seules les stations sur terre et les bouées, et la modélisation des processus physiques.
Aladin-Réunion, maille
dérivantes ou ancrées, font des mesures directes… 10 km, le modèle de recherche
quand les instruments ne sont pas détruits par la force Plus en amont, les questions scientifiques qui animent Meso-NH, maille 4 km.
des vents. Quelques rares pays – États-Unis, Taiwan – l’équipe concernent l’intensification des systèmes L’augmentation de la résolution
envoient des avions autour et dans les cyclones pour tropicaux et la prévision des précipitations associées. s’accompagne d’une représentation
lâcher des sondes et effectuer des mesures radars. Des travaux sont en cours sur la détection des éclairs de plus en plus fine de la structure
Des ballons de basses couches, robustes et capables au cœur des cyclones et sur leur intérêt pour anticiper du cyclone. Des recherches sur
de rester captifs d’un cyclone, sont aussi en cours les phases d’intensification rapide. Le LACy participe la modélisation et l’assimilation
de développement. De tels ballons ont été testés ainsi au développement d’un réseau sol de détection de données sont cependant néces-
avec succès sur deux cas de cyclones dans l’océan des éclairs à longue portée3. Les mécanismes à l’œuvre saires pour que l’augmentation
de résolution s’accompagne
Indien, et le LACy a contribué à l’exploitation lors de l’intensification due à des facteurs environne-
d’un bénéfice maximal pour
des résultats des mesures effectuées. mentaux (tourbillons en altitude, zones chaudes la prévision.
Dans le sud-ouest de l’océan Indien, l’observation océaniques) sont aussi investigués, dans le contexte
des cyclones repose principalement sur les bouées original de l’océan Indien. Ces travaux nécessitent
dérivantes lâchées pendant la saison cyclonique, le développement de modèles à haute résolution,
sur un réseau de bouées ancrées en cours de déploie- qui préparent les futurs modèles opérationnels
ment, intitulé Rama2, et sur les satellites (Meteosat 7 pour la prévision cyclonique à Météo-France.
et les satellites défilants). Dans ce contexte de rareté L’étude des impacts précipitants à la Réunion devrait
des observations directes, l’imagerie satellitaire est aussi aboutir à une amélioration des outils pour
essentielle pour l’observation cyclonique. l’observation et la prévision hydro-météorologique.
Les recherches menées par le LACy sur les cyclones 1. Le LACy (Laboratoire de l’atmosphère et des cyclones) comprend
du sud-ouest de l’océan Indien s’inscrivent dans le trois équipes, 15 chercheurs au total, réparties entre l’Université
cadre de ces problématiques générales. Une version de la Réunion et Météo-France. L’équipe « Cyclones » comprend
du modèle à maille fine Aladin, développé initialement trois chercheurs et un technicien de Météo-France, un chercheur
par Météo-France et plusieurs pays d’Europe pour du CNRS et deux enseignants-chercheurs de l’Université.
la prévision sur la métropole et les pays partenaires, 2. Rama (Research Moored Array for African-AsianAustralian
a été adaptée aux régions tropicales. La version Monsoon Analysis and Prediction) : programme international
Aladin-Réunion est opérationnelle depuis 2006. de 38 bouées ancrées de surface et 8 mouillages en profondeur,
D’une maille de 8 km, son domaine couvre la quasi- en plein océan, ceinturant la zone équatoriale. La contribution
totalité de la zone de responsabilité de la Réunion de Météo-France au programme consiste à installer des capteurs
en matière de prévision cyclonique. de pression sur les 8 bouées les plus proches de la Réunion.
La déclinaison du modèle Aladin en région tropicale Pour plus d’info : http://www.pmel.noaa.gov/tao/global/global.html
a nécessité de nombreuses adaptations. En particulier, 3. Le réseau WWLLN (World Wide Lightning Location Network)
du fait de la rareté des observations capables d’initialiser comprend plusieurs dizaines de capteurs foudre répartis dans
la position et la structure des cyclones tropicaux le monde (dont un à l’Université de la Réunion). Il permet de localiser
dans le modèle, Aladin-Réunion utilise une méthode les impacts de foudre à la surface de la terre. Pour plus d’info :
particulière, appelée « bogus de vent ». Le modèle http://webflash.ess.washington.edu/
GÉoGrAPHiE
Nouvelle-Calédonie Wallis et Futuna
L’archipel de la Nouvelle-Calédonie est constitué d’une île principale Situé à 2 300 km de la Nouvelle-Calédonie, le territoire des îles
longue de 450 km, appelée Grande Terre, des îles Loyautés Wallis et Futuna comprend trois îles principales, Wallis (76 km²),
(Ouvéa, Lifou, Tiga et Maré), de l’île des Pins et de nombreux îlots. Futuna (46 km²) et Alofi (18 km²). Wallis et Futuna comptent 15 000
Une chaîne de massifs montagneux, dont les sommets culminent habitants. Alofi n’a pas d’habitants permanents. Uvéa est le nom
parfois à plus de 1 600 m, traverse la Grande Terre du Nord au Sud. polynésien donné à Wallis par ses habitants. La côte de ces îles
Les îles Loyauté (1 981 km²), d’origine corallienne, ont un relief plat. volcaniques est escarpée et découpée, le relief y est accidenté.
La Nouvelle-Calédonie bénéficie d’un statut unique et original défini
par l’accord de Nouméa du 5 mai 1998.
CLiMAT
Nouvelle-Calédonie Une saison plus sèche de septembre à octobre pendant
Climat tropical avec : laquelle le risque de feu de brousse est important.
Un régime d’alizés de sud-est.
Une saison des pluies de novembre à avril, marquée Wallis et Futuna
par un risque cyclonique important modulé par les oscillations Climat tropical plus humide que la Nouvelle-Calédonie avec risque
australes de type La Niña/El Niño. cyclonique de décembre à avril. La saison sèche d’avril à octobre
Une saison dite fraîche de mai à août durant laquelle les loin- laisse les rivières de l’archipel à sec.
taines perturbations des zones tempérées se font parfois sentir.
MÉTÉo-FrANCE
dES PrÉVi
V SioNS MÉTÉoroLoGiQu
Vi Q ES Ad
Qu AdA
dAPTÉES La Calédonie détient dans son sous-sol la deuxième réserve
Météo-France exerce ses missions sur les deux territoires. mondiale de nickel. Cette industrie est de plus en plus consciente
de son impact environnemental. Dans une région où il tombe
La Nouvelle-Calédonie dispose d’un système d’alerte cyclonique 4 500 mm de pluie par an, le traitement, l’évacuation et le stockage
à quatre couleurs. (voir article Les prévisionnistes à l’épreuve de Vania). des eaux de ruissellement font désormais partie du vaste chantier
Le choix du niveau d’alerte relève de l’autorité administrative, environnemental imposé par la réglementation et renforcé par
conseillée par les prévisionnistes de Météo-France. La menace la nécessité de préserver un lagon classé au patrimoine de l’Unesco.
d’un cyclone entraîne des mesures contraignantes progressives – Les agriculteurs et, au-delà, de plus en plus d’internautes, suivent
fermeture des écoles, des services et des entreprises, interdiction avec
vec intérêt nos prévisions saisonnières. Météo-France rend compte
de circuler… – qui sont décidées par le Haut Commissaire de la en détail des variations des oscillations El Niño/La Niña qui
République qui a rang de Préfet. influencent le déroulement des saisons.
Étant donné les distances entre les îles, le trafic aérien est primordial
L’alerte cyclonique est complétée par un système de « vigilance ». pour la vie économique de l’archipel. La météorologie aéronautique
S’agissant d’une prévision à 24 heures et non d’une prévision immédiate est une composante importante de l’activité de Météo-France.
comme l’alerte cyclonique, la décision du niveau de sévérité de la
vigilance relève exclusivement des prévisionnistes de Météo-France. Wallis et Futuna dispose d’un système d’alerte cyclonique plus simple
À l’image du système métropolitain, la vigilance calédonienne comprend que celui de Nouvelle-Calédonie, ne comprenant que deux niveaux.
quatre couleurs, vert, jaune, orange et rouge, et prévoit la rédaction En 2011, le système de vigilance sera mis en place sur ce territoire.
de bulletins de suivi pour les niveaux orange et rouge. La zone
géographique prise en compte est la « commune » et les phéno- u SiTE iNTErN
uN r ET TrèS Vi
rN V SiTÉ
mènes pris en compte se limitent aux fortes pluies et orages Le site www.meteo.nc est le site internet le plus visité de Nouvelle-
(sans distinction), au vent fort et à la forte houle. Calédonie. Il a été entièrement refondu en décembre 2010. Plus riche,
plus pédagogique, plus efficace en matière d’affichage de la vigilance et
La production de Météo-France en Nouvelle-Calédonie connaît de l’alerte cyclonique, le nouveau site est aussi plus proche des attentes
quelques autres particularités. des usagers. Ainsi, le plus grand – d’aucuns disent le plus beau – lagon
En matière de santé publique, le travail réalisé pour évaluer le risque du monde est particulièrement bien couvert. Pêcheurs, plaisanciers,
d’épidémie de dengue est
es détaillé dans un article de ce numéro. amateurs de planche à voile, de surf et de kite-surf y touveront
Le secteur minier nécessite aussi une surveillance météorologique. des informations adaptées à leur sport sur leurs « spots » favoris.
LES PrÉViSioNNiSTES
à L’éPreuve de vania Benoît Broucke, Luc Maitrepierre. Météo-France/Nouvelle-Calédonie
à l’avance. À 21 h locale, l’alerte cyclonique passe depuis déjà plus de 60 heures. Les possibilités
à l’orange sur les îles Loyauté. de relève du personnel sont très limitées.
Le jeudi 13 janvier, à 5 h locale, Vania se renforce Patrice sait qu’il est parti pour une longue veille
et passe au stade de « dépression tropicale forte ». de 24 heures. Mais il sait aussi pouvoir compter
Elle se trouve alors à environ 140 km dans sur ses collègues : le prévisionniste « aval »,
le nord-est de Lifou, qu’elle menace directement
du fait de sa trajectoire vers le sud-ouest à environ
5 km/h. À 15 h locale, les autorités décident Au cours de la nuit, comme prévu, pluie et vent
de placer les Loyauté en alerte cyclonique rouge.
se renforcent. Les rivières débordent. Au lever
En fin d’après midi, le centre opérationnel du jour, Vania est sur les Loyauté.
de défense du plan Orsec se réunit pour décider
des alertes sur la Grande Terre. Après une longue
discussion, les nombreux participants (Sécurité le pupitreur informatique, la division Communication,
Civile, Météo-France, maires des communes, et le service Infra qui pourvoit à la nourriture
militaires, services du Gouvernement et et aux boissons. Les appels téléphoniques sont
du Haussariat, Gendarmerie, etc…) acceptent incessants. Chaque radio voudrait un direct pendant 2_ Image satellite, composition colorée,
le déclenchement de l’alerte orange à partir les journaux d’information et la chaîne locale du 13 janvier 2011, à 5 h UTC.
du lendemain à 05 h du matin sur la moitié sud de télévision passe faire son reportage quotidien Le centre de la dépression tropicale
de la Grande Terre. La décision est annoncée pour le journal télévisé. forte Vania aborde les îles Loyauté
en soirée par tous les médias. qui sont en alerte rouge.
Durant toute la matinée, « l’œil » de Vania est suivi
Au cours de la nuit, comme prévu, pluie et vent précisément grâce aux deux radars de Nouméa et
se renforcent. Les rivières débordent. Au lever Lifou. En abordant le sud de la Grande Terre à la
du jour, Vania est sur les Loyauté. Le radar mi-journée, l’organisation des bandes pluvieuses
de Lifou permet de la situer avec précision. est perturbée par le relief. La masse nuageuse ne
Elle accélère en direction de la Grande Terre. permet plus de positionner précisément le centre.
Le directeur de la Sécurité Civile est contacté Commence alors un long après-midi de traque.
et l’alerte rouge est déclenchée pour 10 heures On la sait sur le sud de la Grande Terre mais où
sur le Sud. exactement ? Comment va-elle se déplacer ? Tous
Dans la salle de prévision, la tension devient les paramètres disponibles sont interprétés :
palpable. Les trois chefs prévisionnistes, Benoît, la pression qui ne descend plus, le vent qui se
Patrice et Anne, sont sur la brèche, jour et nuit, calme par endroits alors qu’il continue à souffler
à 45 nœuds (rafales 65 nœuds) de sud-est au phare tourne au sud. Surtout, le centre du tourbillon finit
Amédée. Les prévisionnistes attendent le signe par réapparaître sur la côte Est sur l’image du radar
qui leur permettra de confirmer son déplacement. de Lifou. Vania a vicieusement fait une boucle
1_ Trajectoire de la dépression Deux options se dessinent : soit une sortie sur sur le sud de la Grande Terre avant de reprendre
tropicale forte Vania du 9 la côte Ouest accompagnée de la rotation violente une trajectoire proche de celle prévue initialement!
au 16 janvier 2011. des vents au secteur ouest, ou une boucle qui Cette nouvelle est accueillie avec soulagement
la ferait ressortir sur la côte Est. Les échanges et permet de valider une trajectoire qui la fait passer
sont permanents avec l’observateur de l’aéroport au large de l’île des Pins avant de s’évacuer vers le
de la Tontouta resté ouvert malgré l’alerte rouge. sud. C’est le bon choix. Durant la nuit, Vania a le bon
C’est notre seul observateur « humain » en service goût de se conformer aux prévisions.
et il se trouve placé juste où il faut. Samedi matin, l’alerte rouge est levée, l’alerte
grise entre en vigueur. La relève va pouvoir se faire
Il semble à ce moment là que Vania ait tendance normalement et le retour à la maison sera très
à se décaler vers le nord, ce qui amène le Haut apprécié, sauf pour ceux qui trouveront leur foyer
Commissaire à étendre l’alerte cyclonique rouge inondé ! Toutefois, le calme ne revient pas tout de
à quelques communes dans cette direction. suite car le vent d’ouest, très redouté des plaisanciers
En fin d’après-midi, des signes concordants sont à Nouméa, souffle encore assez fort sur les baies.
enregistrés : les vents restent au sud-est à Nouméa, Ce n’est qu’en fin de journée que les éléments
la pression remonte un peu à Tontouta et le vent reprennent un cours normal.
LE « cAILLou vErt »
1
Ces incendies ne sont pas non plus sans DEs scIENtIfIquEs MobILIsés
conséquence sur l’activité humaine, car les forêts En décembre 2005, des pans entiers
calédoniennes constituent des bassins d’alimentation de la Montagne des Sources partent en fumée
en eau potable naturels et gratuits. sans qu’on puisse véritablement estimer
l’ampleur des dégâts environnementaux.
Si l’élément déclencheur est exclusivement Alarmée par ce constat d’échec, la communauté
humain, les facteurs qui influencent la vigueur scientifique se mobilise sous l’impulsion
des feux de brousse sont multiples. Il y a d’abord de l’antenne locale du Word Wildlife Foundation
le type de la végétation, le « combustible » : (WWF). C’est ainsi qu’est monté le projet
des arbres comme le fameux Niaouli de Nouvelle- de recherche pluridisciplinaire Incendie
Calédonie sont réputés pour bruler facilement. et biodiversité en Nouvelle-Calédonie (INC).
Les conditions météorologiques sont également Participent aux recherches, localement, l’IRD,
2
un facteur déterminant : un temps sec et venteux l’Université de Nouvelle-Calédonie, Météo-France,
favorise la propagation et l’intensité d’un incendie. le WWF, la Direction territoriale des systèmes
1_ Carte du risque météorologique La topographie joue également un rôle majeur d’informations, les provinces Sud et Nord,
d’incendie pour la journée puisque le feu est d’autant plus intense et, en métropole, l’Université d’Aix-Marseille,
du 3 octobre 2010. Le risque que le terrain est pentu. l’Institut national de la recherche agronomique,
est extrême sur l’île des Pins le Cemagref et le CNRS.
(station de Moué) située au sud Depuis plus de dix ans, Météo-France Nouvelle-
de la Grande Terre.
Calédonie calcule quotidiennement un indice Financé par l’Agence national de la recherche
2_ Au cœur du brasier de l’île
d’alerte aux feux de brousses. Bien évidemment, (ANR), le projet vise à étudier les interactions
des Pins. 3 octobre 2010.
© Haut Commissariat de la République il ne s’agit pas de prévisions des incendies entre écosystèmes, pratiques humaines, climat
en Nouvelle Calédonie – Service à proprement parler, mais d’une mesure relative, et incendies, et à développer un Système
de la Sécurité Civile.
sous la forme d’une échelle de risque, d’information géographique (SIG) pour suivre
de la difficulté à lutter contre les feux étant simultanément ces composantes dans l’espace
donné les conditions météorologiques et l’état et le temps. Forêts, maquis et savanes sont
de sécheresse du « combustible ». analysés en termes de diversité, structure
et combustibles. Des enquêtes sociologiques
Ces informations, présentées sous forme sont menées pour mieux connaître les pratiques
de cartes, sont capitales pour les acteurs humaines induisant des feux. En croisant
sur le terrain. La sécurité civile notamment des données satellite et les infos des pompiers,
doit optimiser l’utilisation de moyens humains, d’autres scientifiques s’attachent à quantifier
matériels et financiers, par nature limités précisément l’ampleur des incendies passés,
et répartis dans quelques centres de secours. et à établir leur fréquence selon les lieux.
bAptêME Du fEu
Pour sa part, Météo-France Nouvelle-Calédonie Le premier week-end d’octobre 2010,
teste divers modèles de prévision du risque feu un gigantesque incendie ravage l’île des Pins,
de forêts et identifie celui qui est le mieux île paradisiaque chère au cœur des Calédoniens
corroboré tant par les observations des pompiers et très prisées par les touristes. Attisés par 3_ Image dans le canal visible réalisée
sur le terrain que par les images satellite. Il s’agit des vents moyens soutenus, entre 20 à 25 nœuds, le 3 octobre 2010 à 2h55 UTC
en l’occurrence d’un modèle canadien développé et favorisés par des conditions particulièrement par Modis, instrument embarqué
à la fin des années 80. sèches pour la saison, les incendies anéantissent sur le satellite Aqua de la Nasa,
près de 1 800 ha de végétation, soit plus de 10 % avec, en superposition, le produit
« Modis Active Fire ».
Suite à cette étude, Météo-France fait évoluer de la superficie de l’île.
L’image en canal visible met
son outil de prévision baptisé PréviFeu. Chaque Or, depuis plusieurs jours, le risque mis en exergue en évidence le panache de cendres.
jour, le risque maximal d’incendie est déterminé par les prévisionnistes de Météo-France pour l’île Le produit « Modis Active Fire »
pour une vingtaine de stations représentatives des Pins n’avait cessé de croitre pour atteindre matérialise en rouge les zones en train
du Territoire. Son estimation est le résultat un niveau extrême le matin du 3 octobre comme de brûler. C’est un outil précieux
d’un savant mélange entre l’expertise du prévi- l’atteste la figure 1. Cet exemple illustre la fiabilité pour repérer et quantifier les surfaces
sionniste et une combinaison de données prévues du nouveau modèle mis au point par Météo-France. touchées par les feux, afin par exemple
par le modèle de prévision du temps (modèle Alerté par la valeur élevée du risque, la sécurité d’établir des statistiques sur les zones
du Centre européen pour les prévisions météoro- civile avait d’ailleurs positionné des hélicos particulièrement vulnérables.
logique à moyen terme) et de mesures dans le sud afin d’être plus réactif en cas de départ
pluviométriques relevées par les stations de feux...
automatiques en temps réel.
Les informations utilisées sont les suivantes : L’incendie sera finalement maitrisé après deux jours
humidité de l’air prévue en début d’après-midi de lutte acharnée grâce au savoir-faire des sapeurs-
(quand elle
ell est la plus basse) pompiers venus en renfort de la Grande Terre,
température prévue en milieu d’après-midi à la mobilisation courageuse d’une cinquantaine
(quand elle
ell est la plus haute) de volontaires de l’île des Pins et au soutien
vitesse maximale du vent moyen ; logistique de la population qui fournira à tous
précipitations durant 24 heures (de midi à midi). de la nourriture et beaucoup de réconfort.
la dengue, encore appelée « grippe tropicale », et Aedes Polynesiensis), seul Aedes Aegypti est présent
est l’arbovirose (maladie virale transmise à l’homme par l’intermédiaire en Nouvelle-Calédonie. Il faut aussi qu’une ou plusieurs personnes
d’un arthropode1) la plus répandue dans le monde. Elle sévit soient déjà infectées par le virus, qu’une partie importante
surtout dans les pays situés dans la bande intertropicale et plus de la population ne soit pas immunisée (la dengue est présente
particulièrement dans les zones urbaines et périurbaines. Le virus sous quatre formes, appelées sérotypes, et l’immunité est spécifique
est transmis d’homme à homme par la piqûre d’un moustique. à chaque sérotype) et, enfin, que les conditions environnementales
Ses symptômes rappellent ceux de la grippe et certaines formes soient favorables à la transmission du virus.
compliquées peuvent conduire au décès. De nombreuses études scientifiques internationales suggèrent
que le climat influence le développement du moustique
En Nouvelle-Calédonie, la dengue a été identifiée par les autorités et les interactions homme-vecteur-virus.
locales comme un problème majeur de santé publique depuis déjà
de nombreuses années. Les épidémies débutent généralement En Nouvelle-Calédonie, un projet de recherche multidisciplinaire
en janvier-février (saison chaude) et se terminent vers juin-juillet. impliquant les entités locales de l’IRD, de Météo-France, de l’Institut
Le nombre de cas varie beaucoup d’une année à l’autre en raison Pasteur, de l’Université et de la DASS (Direction des affaires
de facteurs multiples épidémiologiques, météorologiques et ento- sanitaires et sociales) a été lancé en 2009. Il a déjà permis
mologiques, difficiles à quantifier, et d’interactions complexes de démontrer l’influence prédominante des températures d’été
entre l’homme, le moustique et le virus. dépassant 32 °C, ainsi que des fortes humidités relatives,
sur le développement de l’épidémie. Des modèles statistiques simples
Plus précisément, pour qu’une épidémie de dengue se développe ont mis en évidence que 75 % des épidémies sont expliquées
en Nouvelle-Calédonie, la conjonction de plusieurs conditions par les conditions climatiques.
est nécessaire. Il faut tout d’abord que les moustiques de type Avant même que le projet ait abouti, les premiers résultats ont pu
Aedes Aegypti soient suffisamment nombreux – des trois espèces être utilisés dès février-mars 2011. Avec les retours de vacances,
de moustiques vecteurs de la dengue (Aedes Aegypti, Aedes Albopictus, parfois de zones infectées, sont apparus quelques cas de dengue
et de chikungunya. Les autorités de santé ont alors consulté Southern Oscillation) : sécheresse par conditions El Niño,
les acteurs du projet pour des éclaircissements sur la situation été chaud et humide quand les conditions inverses (La Niña)
en cours. Avec un été austral chaud et humide, la composante dominent. Or, en matière de prévision saisonnière, la prévision
météorologique du risque d’épidémie de dengue est apparue du phénomène ENSO donne des résultats encourageants.
comme maximale pour les semaines à venir. Cette composante, Les travaux en cours concernant cet aspect laissent espérer
combinée à la présence du virus en Calédonie et d’une population l’amélioration de notre capacité à anticiper plusieurs mois
d’Aedes Aegypti jugée suffisamment importante pour propager à l’avance les épidémies. On pourra alors envisager la mise
le virus, a permis d’annoncer un risque fort d’épidémie de dengue. en opérationnel d’une évaluation du risque météorologique
Le chikungunya, également transmis par l’aedes aegypti, est similaire d’épidémie destinée aux autorités de santé de Nouvelle-Calédonie
à la dengue par certains aspects (des points d’ombre subsistent avec des réévaluations régulières du risque durant la saison chaude.
toutefois sur son comportement potentiel en Nouvelle-Calédonie Le projet de recherche doit également être étendu à d’autres îles
qui n’avait, alors, jamais subi d’épidémie de cette maladie). du Pacifique telles que la Polynésie française.
Ces similitudes ont permis d’estimer que la menace chikungunya
était également à considérer sérieusement. Une prévision qui sera 1. Les arthropodes constituent un large groupe d’espèces dont font notamment
confirmée ou infirmée au moment où paraîtra cet article. partie insectes, arachnides, crustacés, etc.
En Nouvelle-Calédonie, les conditions météorologiques de l’été
sont fortement influencées par le phénomène ENSO (El Niño 2_ Aedes aegypti, moustique vecteur de la fièvre jaune et de la dengue
GÉoGrAPHiE
Environ 118 îles composent la Polynésie française. Ces îles 9 000 habitants se répartissent sur seulement six d’entre-elles.
d’origine volcanique ou corallienne couvrent une superficie D’origine volcanique, les « îles hautes » offrent un paysage accidenté.
émergée de 4 200 km² dispersée sur 2 500 000 km² (équivalent Dans l’île de Hiva-Hoa, le pic Hanaï culmine à 1 260 m. Les terres
à la surface de l’Europe). Cinq archipels composent ce territoire : les plus proches sont les atolls de Puka Puka et Napuka, à 450 km.
L’archipel de la Société est composé des Iles du Vent (Tahiti, Situé sur le tropique du Capricorne, l’archipel des Australes
Moorea et Tetiaroa) et des Iles Sous le Vent (Raiatea, Tahaa, est constitué de cinq îles hautes. C’est le mont Parahu avec
Huahine, Bora Bora et Maupiti). son sommet à 1 450 m qui domine cet archipel.
Parmi les Iles du vent, Tahiti abrite la ville de Papeete, centre
administratif et commercial de la Polynésie française. L’archipel des Tuamotu, composé de nombreux atolls et îlots,
C’est une « île haute » avec son mont Orohena qui culmine se partage entre lagons, récifs et océan.
à 2 241 m d’altitude. Tahiti est l’île la plus habitée du territoire.
L’archipel des Gambier est d’origine volcanique. Moins chaud,
L’archipel des Marquises est composé d’une douzaine d’îles disposant d’eau en abondance, sa végétation est diversifiée
s’étirant du nord au sud sur 350 km. De nos jours, ses quelque et son agriculture prospère.
CLiMAT
Le climat de la Polynésie française est globalement chaud austral, caractérisée par une humidité plus faible. Toutefois,
et humide. De novembre à avril, c’est la saison dite « chaude » du fait de la grande étendue latitudinale de la Polynésie française,
coïncidant à l’été austral. L’humidité est importante. De mai chaque archipel est soumis à des types de temps bien spécifiques
à octobre, c’est la saison dite « fraîche » correspondant à l’hiver (voir article « La Polynésie un archipel de climats variés »).
MÉTÉo-FrANCE
Météo-France est présent sur tous les archipels, du nord au sud 1968 : installation du service météorologique
de la Polynésie française, sous la forme soit d’une simple station dans ses locaux
l actuels
d’observation automatique, soit d’une station avec des observateurs 1990 : création du Service d’État de la météorologie
réalisant des mesures de surface et des sondages d’altitude. en Polynésie
P française, distinct du Service d’État
de l’aviation civile
QuELQu
ELQ ES dATE
ELQu A S
ATE
1994 : la Direction de la météorologie nationale devient
1853 : premières observations météorologiques sur le Territoire l’EPA
’EPA Météo-France ; le Service d’État de la météorologie
1929 : création du Service météorologique des Colonies en Polynésie française devient Direction interrégionale
1935 : première station météorologique, l’Observatoire de Faiere de la Polynésie française (DirPF).
1948 : un incendie détruit l’Observatoire, la station météo
est transférée à Pirae
es À Tahiti, 74 agents assurent les prévisions météorologiques
1949 : le Service Météorologique emménage à Auae à l’entrée et la maintenance pour l’ensemble de la Polynésie. On y trouve
de Papeete
P également cinq stations de mesures et une station de radiosondage.
1957 : premiers radiosondages sur le « Motu Tahiri » Trois autres sites effectuent des radiosondages : aux Marquises
près de l’ancienne aérogare
pr (Hiva-Oa), aux Australes (Rapa) et aux Gambier (Mangareva).
1961 : la piste internationale est ouverte
L a P olynésie
un archipel de climats Si chaleur et humidité caractérisent le climat de la Polynésie
française, les différents archipels, parsemés entre 5° S et 30° S,
présentent quelques nuances.
et l’est du Pacifique, augmentant ainsi le nombre aux Marquises, aux Australes et sur le nord
de cyclones susceptibles de toucher la Polynésie des Tuamotu.
française. Faisant suite à la phase chaude d’ENSO, la phase
froide (La Niña) s’est mise en place dès le mois
En effet, bien que la Polynésie française ne soit de juin 2010 et a atteint sa phase mature au mois
pas la zone la plus exposée au risque cyclonique, de décembre. Elle a eu un impact caractéristique
plusieurs études ont mis en évidence le lien entre sur la Polynésie française : anomalies de tempé-
l’activité cyclonique et les phases El Niño. rature positives aux Australes et négatives 1_ Moorea, île soeur de Tahiti,
Durant les forts épisodes El Niño de 1982-83 aux Marquises, sécheresse bien marquée vue depuis Faaa (Tahiti).
et de 1997-98, respectivement 5 et 3 cyclones sur le centre et le nord de la Polynésie française
puissants ont affecté la Polynésie française, et orages plus fréquents sur l’ensemble du pays.
dont Orama le plus intense observé depuis 1970.
Entre le 20 et le 28 février 1983, la pression L’évolution climatique
atmosphérique au centre d’Orama est descendue L’évolution climatique en Polynésie française
à 870 hPa et le vent a atteint 355 km/h en rafales. se traduit par un net réchauffement sur le centre
Durant la phase froide d’ENSO ou La Niña, et l’est, de l’ordre de 1,5 °C au cours des 50 dernières
la fréquence des alizés croit de manière significative années. Cependant, ce réchauffement semble
sur la Polynésie française. On constate également, moins marqué au niveau des Marquises et peu
de la Société aux Marquises, une activité orageuse significatif aux Australes.
plus importante. Si on s’intéresse au régime des précipitations,
aucune tendance climatique significative n’a été
ENSO 2009-2011 relevée. Il semblerait que les régimes de pluies
Au cours de la saison chaude 2009-2010, présentent des variations sur une période
les indicateurs océaniques et atmosphériques de plusieurs dizaines d’années (l’IPO, Interdecadal
sur l’océan Pacifique ont mis en évidence une Pacific Oscillation), notamment aux Marquises,
configuration type El Niño. Ayant atteint le stade corroborant en cela les us et traditions de l’île.
modéré entre janvier et février 2010, on lui doit En effet, afin de lutter contre une longue période
la persistance d’une zone de grains active sur de sécheresse, la population stockait des réserves
la Société et les Gambier en janvier, le passage sous forme d’une pâte à base de « uru », fruit
du cyclone tropical Oli en février, avec des vents de l’arbre à pain, qu’elle fabriquait pendant
moyens de 185 km/h, et une sécheresse relative les années d’abondance ou de pluie.
« J’étais à la maison, raconte tamatoa, alerte rouge mais les gendarmes ont une île qui vivait en harmonie entre ciel,
habitant de Tubuai, j’entendais le vent dû verbaliser quelques inconscients, notam- terre et mer et j’ai retrouvé une île meurtrie,
souffler, la mer était très agitée et j’avais ment des surfeurs qui, de nuit, voulaient défigurée », constate le président. La ministre,
très peur. Soudain ma maison est partie, profiter de la forte houle. Heureusement, venue en Polynésie pour mettre un coup
le toit s’est envolé. J’ai tout perdu. Dans le cyclone est passé à 300 km des côtes. d’arrêt à l’instabilité politique, s’est retrou-
ma chambre, il n’y a plus que du sable et À ce moment-là, plus de 4 000 personnes vée confrontée à l’instabilité climatique.
de l’eau de mer. » Un peu plus loin, Manuari avaient déjà été évacuées des littoraux. « J’ai senti une angoisse et une souffrance
est resté toute la nuit enfermé dans son Un bilan faisait état d’un blessé grave qui ne s’expriment pas », confie-t-elle.
4x4 avec sa femme. « On a passé une nuit à Bora Bora et de 320 maisons détruites. Mais cette catastrophe naturelle a surtout
blanche, c’était comme un film catastrophe, Le pire restait à venir. En s’intensifiant, Oli révélé «la misère et la précarité qui montent,
ça volait de partout. » Un homme d’une a pris la direction des Australes. Jeudi soir, convient Marie-Luce Penchard. La vie est
quarantaine d’année s’est noyé, emporté il était au large de Rurutu. À 1 heure du matin, dure pour une partie de la population, il y a
par une vague ; 200 maisons ont été « tous les services ont été mobilisés pour une autre Polynésie que celle des lagons et
détruites ; 10 km de route ont été emportés. sécuriser les personnes ou les évacuer des hôtels luxueux, et si on ne règle pas ces
vers les centres d’hébergement, les écoles questions il n’y aura plus de cohésion sociale
Lundi 3 février, Tahiti sortait des paillettes ou les salles paroissiales », explique le maire, et ça pourrait entraîner de vives tensions. »
du 7e Fifo, le Festival international du film Frédéric Riveta. Là aussi, les vents de 110 km/h
documentaire océanien, où avait été primé à 120 km/h sont passés au large. «Face Samedi 8 février, la ministre de l’Outre-mer
un film néo-zélandais sur les changements aux vagues de plus de 6 mètres, la digue repartait vers Paris avec la promesse de
climatiques et la montée des eaux ! nous a protégés, ajoute le maire. Nous débloquer des fonds pour venir en aide aux
Une dépression tropicale forte était an- nous en sommes bien sortis, merci, Seigneur. » sinistrés. Les deux avions Casa de l’armée
noncée par les services de Météo-France. Ici, la foi fait que beaucoup s’en remettent débutaient leurs rotations pour amener
Mercredi, Oli s’est transformée en cyclone à Dieu. des vivres et de l’eau sur les îles ravagées.
et l’alerte rouge a été déclenchée de Bora Deux navires de la flotte polynésienne
Bora à Raiatea. Une cellule de crise a été Et la dépression est arrivée sur Tubuai. prenaient la mer avec des hommes,
mise en place rassemblant l’armée, « Moi qui aime la voile, je n’avais jamais des pelles, des camions, des pelleteuses,
Météo-France, la sécurité civile, l’aviation vu de vents
ents aussi violents, raconte Bruno. des kits de fare MTR (maison locale),
civile et les différents services de l’État Vers 3 h, ça s’est calmé. Durant une heure, des câbles et des poteaux électriques,
et du pays. Les écoles ont été fermées, le silence était inquiétant. Et soudain, des vivres et de l’eau, beaucoup d’eau,
les habitants ont été priés de rester chez le vent a repris avec encore plus de violence pour reconstruire des îles où la température
eux ou de gagner les abris anticycloniques, et les toits se sont envolés. Nous n’avions dépassait à nouveau les 30 °C.
la circulation a été interdite. Un Super Puma plus d’eau ni de courant. »
de l’armée a reçu l’ordre, en pleine nuit, de Dès que les vents se sont calmés, l’avion
faire évacuer les habitants des deux atolls, du Pays a conduit la ministre de l’Outre-mer, 1_ Le 4 février 2010 à 18h50 UTC.
Manuae et Mopelia. La plupart d’entre Marie-Luce Penchard, en visite officielle Image du satellite Metop02. Après être passé
eux ont refusé d’abandonner leur maison. en Polynésie, et le président de la Polynésie à 300 km à l’ouest de Tahiti, le cyclone Oli se situe
Dans la nuit, le phénomène cyclonique s’est française, Gaston Tong Sang, sur les sites à environ 200 km des îles Australes. Les vents près
du centre (pression 950 hPa) atteignent 210 km/h.
intensifié. Tahiti et Moorea ont été placés en dévastés. « J’avais quitté, il y a un mois,
le jour de notre rencontre, Gérard therry Hasard ou exactitude? Pour le directeur interrégional
était plus préoccupé par les rumeurs de nuage de Polynésie française, « la prévision et le cœur
radioactif sur la Polynésie française, venu du dispositif ont bien fonctionné ».
du Japon, que par les prévisions météo. À la tête d’une station de 90 agents répartis
Son téléphone n’arrêtait pas de sonner, sur 4 points d’observation à Rikitea (archipel
et il devait faire non pas de la prévision mais des Gambier), Rapa (Australes), Atuona (Marquises)
de la pédagogie en expliquant que « les échanges et Tahiti, il doit surveiller un pays étendu comme
2
entre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord sont l’Europe avec peu de relief mais des îles hautes
très limités, que majoritairement, à la latitude « dans une zone océanique où la chaleur pro-
1_ Station météorologique du Japon, les vents soufflent d’ouest en est, voque des mouvements verticaux. Comme
de Rikitea (Gambier) et que la Polynésie n’était aucunement sous le Pop Corn, çà bout à un endroit ou à un autre,
2_ Rapa (Australes) leur influence…. » Mais ses explications avaient ce qui complique la prévision. Mais, en gros,
du mal à dissiper les craintes. plus l’eau est chaude, plus les phénomènes
Pourtant, un an plus tôt, à l’occasion du phé- orageux, les grains et les cyclones vont pouvoir
nomène cyclonique Oli, Météo-France avait fait se développer. Or, El Niño est caractérisé
la preuve de sa connaissance des mouvements par le déplacement des eaux chaudes de l’océan
atmosphériques et de son savoir-faire en matière Pacifique intertropicale. Poussées vers l’ouest
de prévision. en temps normal, elles se rapprochent
3_ Station météorologique d’Atuona (Marquises) 4_ La station météo d’Atuona (en blanc sur l’éperon rocheux) 5_ Station météorologique de Rapa
LE NIVEAU
dE RISQUE
de la Polynésie en période El Niño entraînant l’un des cyclones tropicaux les plus intenses, La vigilance météorologique, mise
avec elles, tempêtes tropicales et cyclones. » sur la Polynésie française, de ces trente en place en Polynésie en avril 2011,
Il rappelle que « à peu près le tiers du temps, dernières années. suit les mêmes principes que celle
on est en phase El Niño, puis en phase La Niña de métropole. Quatre couleurs
– vert, jaune, orange et rouge –
et le dernier tiers en phase neutre. On ne bascule Oli est l’exemple même d’un bon fonctionnement
pour qualifier le niveau de risque,
pas d’un état dans l’autre du jour au lendemain ; dans la chaîne prévention, prévision, avertisse-
pour les prochaines 24 heures,
c’est un couplage entre l’atmosphère et l’océan ment, alerte. Les estimations du timing et de la de quatre phénomènes : fortes
et, si la première perd la mémoire au bout trajectoire ont été justes, l’alerte a été déclenchée pluies, orages, vent violents
de 15 jours (le temps qu’il fera dans 15 jours au bon moment. Mais le directeur ne fanfaronne et fortes houles. L’ensemble
ne dépend plus du temps qu’il fait aujourd’hui), pas et précise : « il ne faut pas se laisser abuser. de la Polynésie française est découpé
le second réagit beaucoup plus lentement. J’insiste sur l’erreur de prévision moyenne en 17 zones. La vigilance s’ajoute
C’est cette « mémoire » de l’océan qui permet de la trajectoire d’un cyclone : de l’ordre au système d’alerte cyclonique,
de faire des prévisions saisonnières sur plusieurs de 150 km à 24 heures d’échéance, ce qui peut qui utilise aussi un code de couleur
mois ». Ces prévisions saisonnières n’ont pas changer du tout au tout pour les populations et le découpage en 17 zones.
Pour connaitre l’alerte cyclonique
grand-chose à voir avec les prévisions précises concernées. » Oli est passé au large de Tahiti en
et la vigilance du jour, et en savoir
que l’on connaît pour le lendemain ou les jours phase d’intensification, il a atteint son intensité
plus sur les précautions à prendre,
suivants. Elles se contentent de dire si le trimestre maximum entre Tahiti et l’archipel des Australes consulter le site www.meteo.pf
à venir sera plus chaud ou plus froid que la normale, et abordé Tubuai en débutant sa décroissance.
plus sec ou plus humide, favorable ou non
aux cyclones. Pour Gérard Therry « tous les maillons sont
interconnectés et tous sont concernés par de
Les deux dernières années ont été « une belle nécessaires améliorations », mais la communi-
illustration de ce qui se passe dans la région, cation est une priorité et un dispositif de vigilance
explique Gérard Therry, avec une saison La Niña météorologique pour avertir les populations des
forte en 2011 et une saison qualifiée d’El Niño phénomènes météorologiques dangereux a été
l’année précédente. En 2010, un cyclone n’était mis en place au mois d’avril dernier.
donc pas exclu ». En février 2010, il y eut Oli,
Reçue en 1987 au concours En 2001, elle est nommée sur l’histoire des cyclones
d’aide technicienne chef de la division en Polynésie française.
de Météo-France. climatologie, études et réseau
de Polynésie française.
S ’A D A P T E R A U X E F F E T S
DU CHANGEMENT
C l i m at i q U e
« Le changement climatique est une réalité.
1
Quoi que l’on fasse pour l’atténuer, il aura
1_ En haut : Aérodrome de Tikehau
par temps normal.
En bas : Aérodrome de Tikehau.
des conséquences sur nos sociétés humaines. »
Montée des eaux suite à une houle de
latitudes australes. nicolas Beriot, secrétaire général de lourdes conséquences sur ces territoires,
© Bruno Marty
de l’Observatoire national sur les effets où la gestion des ressources en eau est souvent
du réchauffement climatique (Onerc) est catégorique. délicate. En ce début d’année 2011, l’île de la Réunion
« Il faut dès maintenant s’y préparer, s’y adapter » a subi des pluies diluviennes accompagnées
pour le vivre au mieux. Les recherches scienti- d’éboulements de terrains après avoir vécu
fiques étoffent d’ailleurs chaque année un peu une période de sécheresse importante.
plus les preuves sur le phénomène. En témoignent
deux études publiées au mois de février 2011 Une conséquence majeure du changement
dans la revue internationale Nature ; elles établis- climatique, qui affectera toutes les îles,
sent un lien entre le réchauffement climatique est l’élévation du niveau des océans.
mondial et les inhabituelles pluies diluviennes « Sur l’ensemble du globe, ce niveau s’élève
observées dans l’hémisphère nord ainsi que environ de trois millimètres par an » indique
les risques d’inondations accrus1. Nicolas Beriot. « On suppose que ce phénomène
va continuer au cours de ce siècle ; il est même
Créé il y a tout juste 10 ans, l’Onerc a pour but possible qu’il s’accélère. Le premier effet est
d’informer la population, le Parlement et les collecti- une modification du trait de côte (limite entre
vités territoriales sur les risques liés au changement la mer et la terre définie pour un certain coefficient
climatique ainsi que sur les moyens de s’en prémunir. de marée et par conditions météorologiques
Ces risques portent sur l’ensemble des écosys- « normales »). On considère qu’une hausse
tèmes : forêts, zones urbaines, prairies, zones du niveau de l’océan d’ un centimètre fait
côtières et de montagne, etc. Si l’Onerc se préoccupe en moyenne reculer le trait de côte d’un mètre
d’inondations potentiellement plus fréquentes vers l’intérieur des terres. Dix centimètres d’eau
sur le nord de la France métropolitaine, il s’inquiète de mer en plus, c’est dix mètres de plage
aussi des conséquences d’une possible augmenta- en moins ! Un effet qui est déjà sensible et visible,
tion de l’intensité des cyclones en outre-mer. même en France métropolitaine. »
La modification du régime des pluies aura Les territoires les plus touchés seront les estuaires
et les îles basses telles que les atolls. Les 15 000 « Outre-mer, les grands projets, dans le secteur
habitants de l’archipel des Tuamotu en Polynésie hôtelier notamment, sont le plus souvent localisés
française sont bien placés pour le savoir. sur le littoral. Désormais, il est possible, et c’est
Avec des altitudes maximales de quelques mètres déjà révolutionnaire, d’y inclure un volet d’étude
seulement, ces îles sont très vulnérables. À tel sur l’impact du changement climatique. Cela
point, qu’au début de 2010, Tauira Puarai, ne coûte pas plus cher, par exemple, d’essayer
le maire de l’île de Napuka, située dans le groupe
de terres coralliennes basses nommées «îles
du Désappointement» au nord de l’archipel
des Tuamotu, entamait la démarche historique Une hausse du niveau de l’océan d’un centimètre
d’écrire à ses collègues des îles Marquises fait en moyenne reculer le trait de côte d’un mètre
pour trouver des terres refuges. « À l’avenir,
les phénomènes extrêmes, même incertains, vers l’intérieur des terres. Dix centimètres d’eau
et la hausse du niveau de la mer doivent être de mer en plus, c’est dix mètres de plage en moins !
mieux pris en compte dans la planification
et le développement de toutes infrastructures
situées sur le littoral. Parce que lors de conjonctions de construire en retrait du bord de mer. Désormais,
exceptionnelles, marées de fort coefficient tout investissement, tel que logement, usine de trai- 2_ Atoll de Tikehau.
accompagnées de vents violents par exemple, tement des eaux, route ou équipement portuaire, Montée des eaux et pluies diluviennes
il arrive qu’une vague franchisse les défenses devrait se concevoir en réfléchissant à sa robustesse ont pour conséquence l’inondation
existantes et envahisse une zone que l’on croyait future par rapport à la variabilité et au réchauf- partielle de l’aérodrome.
protégée des inondations. » fement climatiques. Cela accroît la sécurité
et protège le patrimoine sur le long terme. »
Pour aider les collectivités locales à se préparer
aux effets du changement climatique, l’Onerc L’élévation du niveau de l’océan peut aussi polluer
a édité un guide pour faciliter l’adaptation2. des nappes d’eau douce ou compromettre certaines
cultures vivrières proches du rivage. « En prenant « C’est un chantier qui a commencé fin 2009.
1_ Souvent, dans les îles tropicales le temps de réfléchir de manière fine à l’impact À l’issue d’une large concertation, nous avons
bordées d’un lagon, on vit très près des pluies, de la sécheresse, de la chaleur rassemblé près de 200 propositions de recom-
de la mer. Une surélévation sur une activité ou un territoire, on s’ouvre mandations pour l’adaptation de la France
de quelques dizaines de centimètres à une autre façon de voir le monde, plus globale au changement climatique. Le document doit
perturbe gravement la vie économique. et multidimensionnelle. On combine toutes être finalisé pour cet été. »
Or, une faible montée du niveau
les problématiques : logement, transports
moyen de la mer (quelques centimètres)
conduira à une multiplication et réseaux routiers, ressources en eau, énergie, Personne ne pourra dire qu’il n’aura pas
de ces événements. santé, biodiversité, déchets, gestion des espaces été prévenu ...
verts... Surtout dans le cas des îles, où l’espace
est très contraint et où les limites des ressources 1. Anthropogenic greenhouse gas contribution to flood risk
naturelles sont très sensibles. Une retombée in England and Wales in autumn 2000, Pardeep Pall et al., Nature,
de cette réflexion est une plus grande conscience 470, pp. 382–385 ; Human contribution to more-intense
des relations diverses et subtiles entre nos activités precipitation extremes, Seung-Ki Min et al., Nature, 470,
et les milieux naturels, ce qui incite à lutter pp. 378–381, 17 fev 2011.
contre les causes du changement climatique.» 2. Êtes-vous prêts ? Un guide pour l’adaptation à l’attention
des collectivités locales, mars 2004, ONERC, disponible
Pour que personne ne soit pris au dépourvu, sur www.onerc.gouv.fr
l’Onerc coordonne la préparation du premier plan 3. Villes et adaptation au changement climatique, 2010,
national d’adaptation au changement climatique. www.ladocumentationfrancaise.fr
L’Onerc
L’Observatoire national sur les effets concentration d’activités sur le littoral, rareté de des connaissances et des retours d’expérience.
du réchauffement climatique (Onerc) travaille certaines ressources telles que l’espace habitable Cela dit, tout plan d’adaptation nécessite quand
en collaboration avec de nombreux organismes et l’eau, réserve de biodiversité, insularité… même une réflexion locale tenant compte
scientifiques tels que Météo-France ou le CNRS. des spécificités socio-économiques de chaque
Il est le point focal français du Groupe d’experts Plus généralement, les collectivités d’outre-mer territoire.
intergouvernemental sur l’évolution du climat vivent dans une dépendance très forte par rapport
(GIEC). Créé par la loi, il contribue à élaborer aux milieux naturels qui les environnent ; de plus, Comment mobiliser tous les acteurs de la société ?
une politique de prévention et d’adaptation certaines zones sont très densément peuplées, L’adaptation au changement climatique passera
aux effets du changement climatique. Il produit ce qui accentue certains défis. Mais l’exercice par des milliers de décisions d’individus
chaque année un rapport thématique à l’intention imposé qu’est l’adaptation peut devenir créatif, ou d’organisations au long des décennies à venir.
du Premier ministre et du Parlement3. participant au progrès vers un développement Nous sommes encore dans une période de prise
rationnel et durable. de conscience. L’effort actuel de formation et d’in-
formation est intense et je pense qu’il commence
Trois questions à Paul Vergès, L’adaptation ouvre-t-elle un champ à porter ses fruits. Il déclenche une évolution
Président de l’Onerc de coopération régionale ? des esprits et des comportements vers plus
L’outre-mer français voisine principalement avec d’harmonie avec la nature, ce qui se ressentira
En quoi l’adaptation au changement climatique des pays en développement. Or l’adaptation positivement dans de nombreux autres domaines
est-elle particulièrement importante pour est un domaine nouveau, où nous sommes tous que l’adaptation.
les collectivités d’outre-mer ? des apprentis face à l’inconnu. La coopération Mais n’oublions pas que, simultanément à l’adap-
Les collectivités d’outre-mer sont caractérisées régionale en cette matière peut être équilibrée, tation, la lutte contre les causes du changement
par des vulnérabilités et des enjeux spécifiques : réciproque. Elle doit faciliter la circulation rapide climatique reste indispensable et très urgente.
Paul-Emile Victor
l o g i s t i c i e n s d e s p ô l e s
Propos d’Yves Frenot, directeur de l’IPEV, recueillis par Laurent Charpentier
toits convexes, baies vitrées, façades de béton à la tête de l’institut polaire en janvier 2010.
et acier. Construit sur le campus de l’Ifremer, «LL’IPEV est une agence de moyens et de compétences.
à Plouzané (près de Brest), le siège de l’Institut Nous n’avons pas de chercheurs, notre rôle
polaire français Paul Emile Victor (IPEV) n’est pas est de mettre en œuvre des projets provenant
qu’un élégant bâtiment de travail. Un entrepôt, d’organismes de recherche français, publics :
un parking où sont posées des caisses marquées CNRS, CEA, CNES, MNHN1, etc. Les scientifiques
Kerguelen ou Terre Adélie, un Weasel – ancien engin qui souhaitent faire appel à nous doivent répondre
à chenilles – exposé dans le hall d’entrée, révèlent à un appel d’offres annuel. Leur projet est alors
1_ Banquise au Groenland. sa vraie fonction : l’endroit est une base arrière, évalué par un conseil scientifique international,
le point d’appui stratégique et logistique des six stations indépendant, composé de 16 membres,
françaises installées dans les régions polaires. dont 7 étrangers. C’est sur la base de cette évaluation
qu’on étudie la faisabilité logistique et financière
Poignée de main ferme, regard bleu, allure râblée, des projets. » Si, par exemple, un géologue voit
Yves Frenot, 53 ans, directeur de l’IPEV, m’accueille son projet accepté, l’IPEV prend en charge voyage
dans un vaste bureau. Au mur, la carte du continent et matériel, fournissant le marteau pour casser
Antarctique. « J’ai fait toute ma carrière dans ces milieux des cailloux ou la tente pour camper, et s’occupant
polaires ou subpolaires. » D’origine charentaise, même d’expédier les échantillons au laboratoire.
ce biologiste a été directeur de recherches au CNRS,
à l’université de Rennes, pendant plus de vingt ans. Parmi les neuf membres du Groupement d’intérêt
« Mon domaine était l’écologie terrestre et l’impact public qui gère l’Institut polaire (voir encadré),
du changement climatique sur la biodiversité des îles figure Météo-France. L’établissement maintient
subantarctiques : Crozet, Kerguelen et Amsterdam. » toute l’année du personnel sur les bases de Port-
Après 14 mois de service national comme volontaire aux-Français aux îles Kerguelen (trois personnes,
à l’aide technique sur Crozet (en 1982), le chercheur séjours de neuf mois) et de Dumont d’Urville en Terre
a multiplié les missions dans ces territoires hostiles Adélie (trois personnes, séjours de 12 ou 13 mois).
pendant l’été austral, totalisant 37 mois de séjour Ces derniers assurent l’observation (avec un radio-
là-bas. Après avoir été directeur adjoint, il a été nommé sondage quotidien classique et, plusieurs fois par mois,
© IPEV/S. Drapeau
L’IPEV À LA LOUPE
L’IPEV est un Groupement d’intérêt public (GIP)
constitué par neuf organismes publics ou parapu-
Quelques chiffres :
blics. Le ministère de l’Enseignement supérieur
et de la Recherche, qui fournit l’essentiel 50 permanents 1 navire polaire,
du budget, celui des Affaires étrangères et le CNRS dont les deux-tiers viennent du CNRS ; l’Astrolabe ;
(qui met du personnel à disposition) sont les trois
établissements prépondérants. Les autres sont :
Ifremer, CEA, TAAF, Météo-France, CNES 120 contractuels 1 navire
et Expéditions polaires françaises. Le conseil
d’administration de ce GIP est présidé par Eric
recrutés pour les campagnes d’été
et les hivernages ;
océanographique,
le Marion Dufresne (affrété 217 jours par an) ;
Brun, chercheur de Météo-France.
L’IPEV a été créé en 1992 sous le nom d’Institut 40 volontaires 28 millions d’euros
français pour la recherche et la technologie civils à l’aide technique (VCAT) recrutés
de budget annuel ;
polaires (IFRTP) par la fusion de la Mission chaque année pour les hivernages ;
de recherche des Terres australes et antarctiques
françaises (TAAF) et des Expéditions polaires
françaises (EPF). En janvier 2002, il a été prorogé 6 bases scientifiques 65 programmes
pour une durée de douze ans sous le nom une en Arctique, deux en Antarctique scientifiques,
d’Institut polaire français Paul-Émile Victor. et trois dans les îles Australes ; en moyenne, soutenus chaque année.
Barroux (texte et illustrations) les dégâts de la mer sur son île belle comme une carte
mango Jeunesse postale. Il expose les solutions envisagées : construire
2011, 32 pages, 12,50 € un mur protecteur, surélever l’île… avant de se rendre
Pour tous à l’évidence… il va leur falloir abandonner leur île.
Alors il imagine une immense tour pour laisser une trace
« TUVALU, une île en tête » est de leur passage à cet endroit de la mer. Puis, il répond,
un album qui laisse une grande toujours optimiste, à l’invitation chaleureuse d’une terre
part à l’illustration fine et touchante d’accueil, car « Il faut évoluer ou disparaître ». Son île
dessinée par son auteur Barroux. de toute manière survivra dans sa tête, dans son cœur.
Le texte, rythmé par des phrases L’auteur réussit le pari de rendre possible un avenir heureux
courtes comme le ressac de l’océan, ailleurs pour les peuples qui vont devoir partir… encore
est un conte écologique à propos d’une contrée de rêve, faudra-t-il, dans le monde réel, des pays d’accueil
les îles Tuvalu, là-bas dans le Pacifique sud. Le narrateur, bienveillants … mais c’est une autre histoire.
anonyme, raconte comment sa terre, celle de ses ancêtres, À raconter à ses enfants sans modération et à laisser lire aux
se trouve chaque jour plus menacée par l’inexorable plus grands, pour débattre sur les conséquences du change-
montée des eaux. Il décrit avec des mots justes et forts ment climatique et réfléchir au développement durable.
Météo Et cuLturE
LE VENT
LE SOUFFLE D’ÉOLE, UNE SIMPLE DIFFÉRENCE DE PRESSION
« CE n’EsT pas La gIRouETTE quI TouRnE, C’EsT LE vEnT. » [Edgar Faure]
la vitesse du vent
L’anémomètre permet de mesurer la vitesse du vent.
girouette et anémomètre
La vitesse du vent peut aussi être estimée selon ses effets sur la
marche d’un voilier, sur l’état de la mer, sur la fumée des cheminées et
les arbres à terre. La vitesse s’exprime alors selon l’échelle de Beaufort
(voir le tableau en double page).
la direction du vent
En s’orientant dans le lit du vent, la girouette permet de mesurer
la direction du vent.
Elle s’exprime en points cardinaux – vent de nord, d’est… – ou en degrés.
attention ! La direction désigne toujours la direction d’où vient le vent.
Dans une moindre mesure, les habitants des régions montagneuses vent maximal
ont aussi pris l’habitude de nommer les vents. La lombarde, vent d’est lié à une tornade depuis 1996 (source : OMM) : 135 m/s
soufflant sur les Alpes du sud, la burle vent de nord de l’Ardèche, le (486 km/h - 262 nœuds) le 3 mai 1998 lors d’une tornade à Bridge
jordan qui, déboulant du Jura souffle sur le lac Léman, sont des Creek (Etats-Unis – altitude 416 m – 35°14’N, 97°44’W)
appellations bien connues des locaux.
En plaine et sur les côtes atlantiques, la dénomination des vents est record en france métropolitaine
beaucoup plus rare. Dans certaines régions (Bretagne), on emploie sur la période 1981-2009
parfois les termes de nordet, suet, noroît et suroît pour désigner les Avant 1980, les enregistreurs associés aux anémomètres utilisés par
directions nord-est, sud-est, nord-ouest et sud-ouest. Sur la côte des Météo-France étaient limités à 50 m/s (180 km/h). Puis la mesure du
Landes et de Cantabriques, la galerne désigne un vent d’ouest apportant vent par les stations automatiques a été limitée à 60 m/s (216 km/h).
de violents orages après une période de temps chaud et calme. C’est pourquoi, sur la période 1981-2009, on note plusieurs records de
Mais, en l’absence d’une nomenclature officielle – d’un lieu à l’autre, vitesse du vent estimés à au moins 60 m/s (216 km/h) :
un même nom peut désigner deux vents différents et un même vent 16 octobre 1987 à la pointe du Raz (Finistère) et à Granville (Manche)
peut avoir deux noms différents –, ces noms poétiques sont rarement 20 octobre 1986 au cap Sagro (Haute-Corse)
utilisés dans les bulletins météo. 9 décembre 1993 au cap Corse (Haute-Corse)
le 26 décembre 1999 au sommet de la tour Eiffel à Paris
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o n g l e t « d o c u m e n tat i o n »
Le MAGAZINe NUMÉRO 13 - JUIN 11
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© Météo-France, 2011. Dépôt légal juin 2011 - ISSN 1961-9200
Photo de couverture : © Météo-France / Gérard Le Bars
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