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OLIVENNES

Le rapport de la mort qui tue.

1. INTRODUCTION
"Le rapport Olivennes… hmm… oui ! Ce truc injuste qui va autoriser un tueur à gage à nous
descendre si on télécharge le dernier tube de Patrick Sébastien ?".

Mouais, c'est pas tout à fait ça encore. La ministre de la culture, C. Albanel, estime à un
milliard le nombre de fichiers musicaux et vidéos partagés illégalement en France. Olivennes a été
signé le 23 novembre 2007 par 45 entreprises et acteurs du cinéma, musique, Internet et télévision, il
a pour but de freiner le piratage et faciliter l'essor de l'offre légale du téléchargement.

Ce rapport est très mal perçu par l'ensemble des Internautes, mais les réactions sont parfois
trop extrêmes (comme le Parti Pirate Français : "Sarkozy croit pouvoir contrôler le Web comme il
contrôle les médias […] il déclenche une guerre de tranchée dont il n'est pas prêt de se sortir") ou
injustifiées ("vas-y ch'télécharges c'que j'veux, t'vas pas m'empêcher d'prendre ma mule !").

Je vous propose donc de vous résumer les engagements pris par les différents groupes
concernés : l'Etat, les professionnels de l'image1, et les prestataires de moyens de partage. La
signature de ce rapport devait déboucher sur une loi en cours d'élaboration, soumise aux votes au
l'été 2008, et dont de nombreux décrets d'application sont déjà prêts (car il paraît évident au
ministère de la culture que ces propositions seront immédiatement acceptées).

Bonne lecture !

1
Parce que "Industrie de la culture" montre un peu trop mon opinion.
2. ENGAGEMENT DE L'ETAT.
Le but du gouvernement est de proposer une riposte graduée au piratage, en favorisant un
échelonnage progressif en fonction du nombre de vos récidives. La riposte graduée est en quatre
étapes :

• Tout d'abord un message d'avertissement


signé de l'Autorité est envoyé à l'abonné par
le biais du FAI via mail (sachant qu'un mail
n'est pas toujours une preuve parfaite)
• Un second courriel est envoyé en cas de
récidive.
• S'il y a à nouveau récidive dans les six mois,
l'abonnement sera suspendu un mois.
• S'il y a encore récidive dans les six mois,
l'abonnement sera annulé, et le fautif est
inscrit sur une liste noire tenue par la CNIL,
communiquée aux FAI pour l'empêcher de
s'abonner chez un autre FAI.

Le client dont l'abonnement est annulé ou suspendu paie néanmoins son fournisseur. Il est
intéressant d'apprendre que l’Autorité de régulation des mesures techniques peut demander
aux FAI de se faire communiquer l'ensemble des données traitées et conservées par votre FAI.

Bien évidemment, il est extrêmement facile d'utiliser la connexion d'une personne tierce.
Voyez seulement les accès Wifi non sécurisés, ou même une clé WEP récupérée. Et bien le texte
prévoit que l'ensemble des données transitant sur sa Box sont sous la responsabilité de l'abonné.
L'idée est bonne, mais l'utilisateur lambda est rarement capable de savoir que sa connexion est
utilisée, qu'il a sécurisé son réseau Wifi, ou même qu'il a le Wifi !

Ces mesures protègent donc l'abonné du moment qu'il est avéré que le client a utilisé
l'ensemble des sécurités proposées par son FAI. Reste le souci primordial : et si le titulaire de
l'abonnement est con ?

Un point inquiétant concerne l'organisme de gestion juridique des individus concernés,


l'Autorité de régulation des mesures techniques, composée de 6 membres nommés pour 6 ans. Vous
aurez remarqué comme l'industrie du disque (NDRV2 : qui récupère allègrement petit à petit les fonds
de ses tendrement aimés artistes) aime dénoncer que si le dernier album de Lorie ne se vend pas,
c'est bien entendu parce que le piratage de contenu protégé est un fléau qui concerne des milliards
de personnes en France, et pouvant mener à la destruction de la planète (NDE3 : l'auteur exagère

2
Note Du Rédacteur Vénère
3
Note De l'Epicier
parfois, vous le remarquerez par la suite4). Bref, le nombre d'affaires d'abonnés "pirates" devrait être
important, vous en conviendrez. Cet organisme, au centre même de la riposte graduée, aura à gérer
seul des millions d'individus. On peut alors craindre une automatisation des sentences. L'idée que
mon cas soit géré par une machine (humaine ou informatisée, ça reste une machine) me déplait, pas
vous ?

Cet organisme, cette "autorité" sera apte à faire plier les FAI dans la direction des sanctions
qu'elle aura choisie. Si jamais votre FAI souhaite vous protéger ou peu vous pénaliser, il se retrouvera
lui-même pénalisé. De plus, elle pourra demander le filtrage de n'importe quelle page web hébergée
par un des FAI, si son contenu est prohibé. Je ne suis pas sûr de bien saisir l'ampleur des dégâts à
prévoir car le Net a toujours frisé l'illégalité, souvent en parfaite innocence (et oui, quand j'étais plus
jeune j'ai bien hébergé des roms pour Super NES, ainsi qu'un peu de musique, damned ! – NDM5 :
osef ?), ce phénomène étant accentué par la généralisation du Web 2.0 (NDP6 : l'auteur place cette
expression de Web 2.0 juste pour faire joli).

De plus, si votre abonnement est résilié, vous aurez la joie d'avoir la création d'un casier
judiciaire dédié à votre résiliation, surveillé par la CNIL. En somme, on ignore combien de temps vous
serez privez d'un accès à l'Internet, et l'abonnement chez en concurrent devient alors impossible
(NDN7 : au pire, prenez un billet pour l'Australie et on se retrouve tous la bas, dans ce beau pays de
Kangourous et des forfaits haut débit non illimités).

Par ailleurs, l'Etat promet très gentiment de tout mettre en œuvre pour baisser le taux de TVA à 5.5%
pour l'ensemble des biens et services culturels en Union Européenne. Mais pour en parler, je préfère
citer PCINpact, qui résume très bien la chose : " Une promesse de demande, en somme, autant le
dire un chemin de croix quand on voit la difficulté de ce débat en matière de restauration."

4
Vous pourrez lire la suite par la suite
5
Note De Moi
6
Note Du Prof
7
Note de Nate
3. ENGAGEMENTS DES PROFESSIONNELS DE L'IMAGE
Le cinéma et la télévision proposent de distribuer de manière simultanée la VOD et le DVD,
au lieu de décaler les disponibilités sur les deux formes de distribution comme il a toujours été le cas.

Ceci fête aussi la fin des DRM sur les catalogues français, afin de favoriser l'interopérabilité.
8
(NDN8 : Pan, dans tes dents Apple !)

Il est intéresser de voir que le rapport Attali proposait la licence globale, ce qui est
contradictoire au rapport Olivennes, bien entendu puisque la licence globale souhaite autoriser le
téléchargement d'œuvres musicales et vidéos en contrepartie d'une taxe sur les échanges de fichiers
musicaux et vidéos effectués par les clients des différents FAI, à la charge des FAI.

4. ENGAGEMENTS DES PRESTATAIRES TECHNIQUES


1.1 Les FAI.
Les FAI signataires se verront dans l'obligation d'envoyer des messages d'avertissement à leurs
abonnés supposés "pirates" de fichiers mp3 ou DivX (NDL9 : et le reste ?) de manière progressive
jusqu'à résiliation de leur abonnement.

1.2 Les plateformes d'hébergement.


Il faut tout d'abord savoir que ni Dailymotion ni Google (donc Youtube) n'ont accepté de
ratifier les mesures proposées par la mission Olivennes.

Les signataires devront cependant "collaborer de bonne foi avec les ayants droits" et
généraliser l'utilisation du Watermarking.

5. LES DIFFERENTES FORMES DE FILTRAGE


Le filtrage protocolaire est une des méthodes jugées les plus efficaces afin de lutter contre le
piratage, mais la mission Olivennes reconnaît néanmoins le blocage éventuel de l'ensemble des
échanges légaux (si vous voulez installer une distribution de Linux, une démo d'un jeu vidéo, faites
vite alors !), qui est bien entendu hors de question (NDMD10 : enfin j'espère…).

Il existe aussi un filtrage du type de fichier, afin d'empêcher la mise en ligne de données à
priori illégales (mais aussi légales). Ce type de filtrage est déjà utilisé par un certain nombre de
plateformes d'hébergement.

8
Voir note numéro 6 et changer Nate en N8
9
Note Du Lecteur, et si vous ne l'aviez pas remarqué, allez prendre une douche froide
10
Note D'un Mec Désespéré
Le rapport Olivennes propose aussi le filtrage de réseaux. Il consiste, à en croire l'auteur, à
"installer des dispositif permettant de filtrer des contenus de sorte à ne laisser circuler que les œuvres
dont les ayant droit ont autorisé la circulation, ou qui ne nécessitent pas d'autorisation, et de bloquer
les produits circulant illégalement". En gros, on nous propose ici de créer un système bien, qui fasse
en sorte que par magie les fichiers légaux soient partageables, et pas les fichiers illégaux. Oui. Et
sinon ta sœur, ça va ?

Le ou les filtrages retenus peuvent être préventifs (la question de mise en place, possibilité
technique, financière, et de réactions des internautes) ou répressifs. Mais filtrage répressif est bien
entendu hors de question, puisque la population française est loin d'accepter qu'on lui ôte un espace
de liberté tel que l'Internet, lui violer un droit fondamental.

6. CONCLUSION(S)
Là où Nate donne son avis, et qu'il faut pas l'écouter parce qu'il va être pas gentil.

Il ne vous a pas semblé qu'il manquait un participant dans cette histoire ? Si vous avez la
flemme de réfléchir, je vous signale que l'avis du consommateur ou des organisations de défense du
consommateur n'est pas demandé. Mais comme on aime bien gueuler, on va quand même le donner !

En point positif, on remarquera l'effort du gouvernement de vouloir prendre des mesures


raisonnées (progressives) contre le partage de données non libres de droits, qui pénalise
certainement certaines maisons d'édition et artistes.

Néanmoins, il paraît profondément intolérable qu'un individu puisse être privé de ses droits
civiques numériques, ce domaine étant le symbole même de la liberté, de la libre expression, de
l'échange. Être privé d'accès à l'Internet, sans juge (le nombre de défendeur à prévoir est trop élevé)
pour émettre sa décision ? L'idée seule est complètement insensée : n'oublions pas que c'est tout le
foyer et non l'individu qui est pénalisé. C'est pour moi une grave atteinte à nos droits fondamentaux.

N. Sarkozy compare le Web au Far West, un lieu magique regorgeant de richesses mais où
sévissent des hordes de hors la loi sanguinaires, saignant à blanc les industries du disque, qui
trouvent injustes qu'on ose télécharger illégalement un album des Beatles vendu au prix honnête et
inchangé de 30€ depuis quelques décennies (parce que oui, faire la pression d'une galette, c'est très
coûteux).

Si le message envoyé aux Internautes est clair (pas touche connard), il l'est aussi pour les
dictatures de part le monde : si le pays des droits de l'Homme peut jouer avec les filtrages et priver
de droits civiques jusque là intouchés ses citoyens, pourquoi un régime non démocratique s'en
priverait ? C'est pour moi le plus gros reproche à faire au ministère de la culture : comment donner
l'exemple si la France s'aventure dans un domaine aussi controversé, et de manière aussi imprudente
? Pourquoi pénaliser à ce point le piratage alors que de très nombreuses taxes sont
systématiquement ajoutées (une taxe sur l'Iphone est en gestation), cumulées, pour compenser le
piratage ? Le fait de payer contre le piratage, ne nous donne-t-il pas droit d'en profiter ? L'idée de
payer pour une chose censée ne pas exister11 me paraît inadmissible.

Par pitié, rappelez simplement à l'utilisateur que s'ils aiment un album, ils doivent l'acheter
afin d'encourager leur artiste préféré !

Nate

Sources : PCINpact (très très largement), Le Monde, Le Figaro.

11
Attention ! Le premier qui sort une connerie du genre que le travail des fonctionnaires est bien rémunéré
aura affaire à quelqu'un d'autre que moi.

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