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ACM4001- Formation professionnelle et préparation au

stage
Chargées de cours: Ginette Belcourt et Nicole Therrien

Session: hiver 2009, groupes 50-51 et 52

Horaire: vendredi 9h30 à 12h30 –

Guide d'auto- évaluation de son potentiel


professionnel et personnel

L'expérience du stage, avons-nous dit, est une occasion privilégiée pour faire
l'apprentissage d'une intervention professionnelle guidée dans un milieu concret
de travail et pour acquérir, de ce fait, une connaissance concrète inestimable
d'un milieu de travail, de ceux qui y oeuvrent mais aussi, et surtout, de soi-
même comme intervenant agissant dans ce milieu.

Cette connaissance de soi, que le stage permet, s'opère sur deux plans
principaux:
• sur le plan de son potentiel professionnel;
• sur le plan de son potentiel personnel.

1. Les objectifs de ce guide

Ce guide vise donc à rendre possible la connaissance plus serrée par


chacun de son potentiel professionnel en permettant de confronter ses
qualités et faiblesses en tant que futur animateur à ce qu'on pourrait
appeler le profil de l'animateur- idéal1

Il vise aussi à permettre une évaluation par chacun de son potentiel


personnel en questionnant les qualités et faiblesses personnelles de
chacun à la lumière de certaines exigences particulières que l'on peut
formuler, au plan de la personnalité, à l'endroit de l'animateur culturel que
le stage aide à faire ressortir d'une manière ou d'une autre.

Cette réflexion, prenant soi-même pour objet, ne se fait cependant pas


seul dans sa chambre. Elle doit prendre le groupe et la superviseure
comme support actif au processus. En effet, ces dernières ont de chacun

1
Dans ce document, le genre masculin est utilisé sans aucune forme de discrimination et
uniquement dans le but d'alléger le texte.
certaines images, certains points de vue, certains éléments de
connaissance qui peuvent être plus ou moins élaborés, précis, structurés
mais qui risquent de s'avérer précieux pour opérationnaliser cette
réflexion. Aussi parlons-nous, dans ce cas aussi, d'inter-réflexion.

Il est facile de comprendre que le travail réflexif réclamé dans cette


démarche ne peut se limiter à des généralités, à des stéréotypes, à des
vœux pieux ou encore à de bonnes blagues. Il est trop facile de rester
ainsi à l'écart. Au contraire, ce qui est exigé ici, c'est une réflexion
implicante qui tente précisément d'aller au-delà des apparences, du déjà-
vu et déjà-dit.

Par ailleurs, il ne s'agit pas non plus de s'engager dans une approche
psychothérapeutique quelconque (bio-énergie, gestalt, groupe de
rencontres, psycho- drame, etc) qui serait inavouée, honteuse. Non pas
que cette approche est en soi inutile mais nous doutons de sa pertinence
dans le contexte de la démarche de stage. Il s'agit plus simplement
d'admettre que l'on ne peut aller bien loin dans une réflexion sur son
potentiel professionnel, et encore moins sur son potentiel personnel, si l'on
n'ose pas se "mouiller", se "jeter à l'eau", comme on dit.

Pour vous aider à vous "jeter à l'eau" et vous éviter en même temps de
vous "noyer", nous vous proposons le guide de (auto)-réflexion ci
dessous. Il est divisé en deux parties correspondant chacune à l'un des
deux aspects à couvrir dans cette démarche.

2. Réflexion sur le potentiel professionnel

Si on fait un portrait-robot de l'animateur idéal2, on peut supposer qu'il lui faut


acquérir les qualités suivantes:

• qualités d'organisation- gestion:


- aptitude à organiser son temps, à hiérarchiser ses tâches, à définir
ses priorités;
- aptitude à la gestion financière;
- aptitude à la prévision-planification;
- aptitude à utiliser au maximum les ressources d'un milieu
(humaines et matérielles).

• qualités de mise en relation:


- capacité de susciter les implications des membres d'un groupe et
de favoriser leur développement autonome;
- capacité d'encourager l'expression des membres du groupe et la
communication entre eux;

2
Besnard, P. Animateur socioculturel, une profession différente? Paris, ESF, 1980, p.74.

2
- capacité d'établir des contacts entre le groupe et les instances
supérieures (pouvoir);
- capacité de ne pas imposer ses idées, d'écouter, de proposer, de
respecter la personnalité et les idées de chacun.

• qualités d'éducateur et de diffuseur:


- capacité de permettre aux individus de faire un apprentissage
personnel, autonome et rationnel à travers leur implication dans un
projet, une activité quelconques;
- capacité d'accueillir les initiatives et de faire naître l'intérêt et le
désir chez chacun de s'engager dans l'action;
- capacité de faire preuve d'autorité sans écraser, de diriger
effectivement un groupe, de tracer des orientations;
- capacité de donner confiance à un groupe, de lui insuffler un idéal,
un projet d'action.

• qualités de rigueur:
- aptitude à contrôler son action, à prendre du recul par rapport à
elle, par rapport au groupe avec lequel on travaille et par rapport à
soi-même;
- aptitude à utiliser des méthodes rigoureuses dans la conduite des
expériences;
- capacité de distinguer l'essentiel du secondaire dans une action, de
ne pas se laisser submerger par des problèmes sans importance
dans une intervention;
- aptitude à respecter les engagements pris, les tâches et mandats
qui ont été confiés.

• qualités de création:
- ouverture aux valeurs et aux culture des autres pour les transmettre
et éveiller chez chacun le désir de les acquérir et de les vivre;
- capacité de création personnelle;
- capacité d'initiative, de trouver des idées nouvelles, de faire preuve
d'imagination et d'une certaine audace face à un problème ou à
une situation difficile;
- ouverture aux changements permettant de faire avancer une action
ou débloquer une situation.

Une fois défini le portrait de l'animateur idéal, on peut se demander:

1. Quelles sont, parmi toutes ces qualités énumérées, celles que vous
croyez posséder, en totalité ou en partie et qui constituent ce que
l'on pourrait appeler vos "points forts"?

3
2. Quelles sont les qualités, en revanche, que vous ne possédez pas
et qu'il vous faudrait acquérir pour réaliser au mieux votre travail
d'animateur? Dans ce manque, s'indiquent vos "points faibles".

3. Quelles sont les qualités, parmi celles qui sont énumérées, qui vous
semblent les moins nécessaires à la réalisation satisfaisante de
votre future profession?

3. Réflexion sur le potentiel personnel

Un bon moyen pour préciser les contours de son potentiel personnel est
d'identifier ce que l'on pourrait appeler ses barrages personnels3 à la
pleine réalisation de sa profession d'animateur culturel. Tout le monde a
des blocages, des barrages qui sont autant d'obstacles, d'écrans entre soi
et les autres. C'est précisément ce qui nous fait humains, inscrits dans
une culture. L'importance que revêt, vous vous en doutez bien, pour un
animateur la capacité d'identifier ses barrages personnels n'est pas tant
liée à une quête insatiable de la perfection comme à la nécessité de
maîtriser, de neutraliser, dans la mesure du possible, ces obstacles et
barrières de façon à ce qu'ils ne nuisent pas (pas trop) au travail
professionnel.

Ces blocages peuvent être de différents ordres. Ils sont regroupés en


différentes catégories pour plus de clarté. Le texte présente chacun de
ces barrages et tente d'en expliquer les enjeux pour votre futur travail.

La capacité d'utiliser au maximum cette partie du guide ne dépend que de


vous, de votre honnêteté, de votre courage à vous regarder lucidement.
La démarche n'est pas facile mais l'enjeu est de taille. À vous de
l'assumer ou non.

Il s'agit donc de lire et de relire attentivement les lignes qui suivent pour en
comprendre le contenu et vous poser, pour chacun des barrages
identifiés, la question suivante: est-ce que ce barrage me concerne,
m'interpelle et jusqu'où?

3
Fustier, M. Les barrages personnels et les moyens de les surmonter, Paris, Éditions ESF,
EME, Librairies techniques, 1983.

4
Parmi tous les blocages que l'on peut rencontrer dans son rapport aux
autres, il y a:

1. Ceux qui sont liés au contexte socioculturel:

1.1 Les conflits de valeurs et le manque de cadre de référence

Il est particulièrement difficile, pour certains, d'accepter des


valeurs autres que les leurs (celles des jeunes, de personnes
âgées, des immigrants, des assistés sociaux, etc). Par
ailleurs, on sait que les systèmes de valeurs différents sont
multiples dans notre société du fait des nombreuses cultures
et sous-cultures qui la parcourent. Aussi n'est-il pas
surprenant que plus d'un qualifie cette société de
"narcissique". Ne voit-on pas, en effet, chacun aspirer de
plus en plus à être non seulement son propre cadre de
référence, son propre système de valeurs différent à tout prix
de celui des autres, mais qui plus est, à être son propre
étalon, son propre schéma de valeur! Cette situation, qui
mène à un "relativisme culturel" exacerbé, est une source
d'angoisse pour beaucoup de nos contemporains.

Sommes-nous ouverts aux systèmes de valeurs des autres


groupes ou individus qui nous entourent ou avons-nous
tendance à nous opposer aux valeurs autres que les nôtres?
Le fait qu'il n'y ait plus de cadre de référence valable pour
tous, que chacun ait le sien, que chacun soit le sien, est-il
une source d'angoisse pour vous ou un stimulant à vivre
dans une société plus tolérante, plus ouverte, plus en accord
avec les aspirations de chacun?

1.2 Le conditionnement

On vit dans une société libre mais où le conditionnement, par


les média en particulier, est extrêmement fort. Il est très
difficile de garder son originalité et ses caractéristiques
propres dans un tel contexte culturel. Cette situation aboutit
le plus souvent qu'autrement à une sorte de dissolution de la
personnalité de chacun, à la formation d'un esprit grégaire,
d'une mentalité de troupeau où les individus peuvent avoir
tendance à développer des réactions identiques,
stéréotypées évoluant au gré des modes (vestimentaire,
musicale, etc) préfabriquées.

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Avez-vous de la difficulté à résister au conditionnement
actuel, aux effets de mode, avez-vous l'impression d'arriver à
garder votre personnalité, votre originalité?

1.3 Les préjugés

Nous évoluons dans un contexte socioculturel déterminé,


nous sommes tous imprégnés, jusque dans notre
inconscient, de préjugés, d'idées toutes faites (face aux
jeunes, aux étrangers, aux pauvres, aux sans-instruction,
aux gens laids ou infirmes, aux "straights", etc).

Ces préjugés, auxquels on échappe très difficilement, sont


liés à notre origine sociale, à notre éducation, à notre milieu
relationnel actuel, à notre propre système de valeurs.

Vous considérez-vous comme quelqu'un qui a des préjugés?

Quels sont les préjugés qui continuent à agir sur vous?


Certains préjugés sont-ils assez forts pour vous empêcher
d'écouter et de travailler avec certains groupes ou individus?
Hésitez-vous à défendre certaines opinions ou à adopter
certaines attitudes de peur d'avoir à affronter les préjugés de
votre entourage?

1.4 La non-intégration des frustrations

La frustration trouve son origine dans l'impression ou la


conviction d'être victime d'injustices, de tourments, de
vexations causés par les autres sans qu'on ait les moyens
de modifier la situation.

On sait, pour arriver à fonctionner en société, on doit être


capable d'accepter l'idée du compromis (adaptation), ce qui
ne signifie pas pour autant que l'on doive faire des
compromis partout et en tout temps. Accepter le compromis
est frustrant jusqu'à un certain point dans la mesure où cela
signifie abandonner une partie de ses idées pour trouver un
terrain d'entente. Pour ne pas engendrer des réactions
démesurées, les frustrations, issues de compromis, doivent
être assumées, intériorisées, digérées, et dans certains cas,
formulées ouvertement, verbalisées devant les autres.

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Cette non-intégration des frustrations peut entraîner la fuite,
l'agressivité, le transfert de cette frustration sur une autre
personne sans rapport avec la situation, mais enfin bref,
différents phénomènes compensatoires.

Avez-vous de la difficulté à intégrer, à assumer vos


frustrations nées de compromis, inévitables dans le travail
avec les autres? Et quand elles se manifestent, arrivez-vous
à le signaler aux autres, à les verbaliser de façon à ce que
ceux-ci en tiennent compte? Ou avez-vous tendance à tout
garder en dedans de vous-même avec tous les risques que
cette attitude comporte?

2. Les blocages dûs aux peurs endémiques

2.1 La peur de l'affrontement

Si l'affrontement est le plus souvent à éviter par le


compromis (intégration de nos frustrations), il est parfois
souhaitable et nécessaire pour faire avancer une situation
bloquée. Il peut être de beaucoup préférable, dans certaines
conditions, d'admettre clairement les différences, les
antagonismes de la perception ou d'attitude pour arriver à les
dépasser. Ceux qui ont peur de l'affrontement, ont en fait
souvent peur de perdre leur image de marque, de se faire
juger négativement.

En refusant toujours l'affrontement, on refuse parfois le


risque de la lucidité, de la vérité au profit de l'occultation, de
la négation des problèmes, d'une attitude de compromis de
façade qui devient à ce moment-là de la compromission…

Avez-vous peur de l'affrontement, même quand il s'avère


nécessaire ou inévitable? Si oui, comment réagissez-vous
(tendance à concilier, à s'écraser, à se taire, à dévier, à fuir)?

2.2 L'agressivité

À l'origine de cette réaction, il y a presque toujours une


insatisfaction ou une frustration. Si elle n'est pas toujours
négative, l'agressivité n'en demeure pas moins, de façon
générale, un moyen d'engendrer la peur chez l'autre, de le
forcer à céder, à capituler. Ceci ne constitue pas, on s'en
doute, un sentiment très favorable aux attitudes d'écoute et
de compréhension nécessaires au travail d'animateur.

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Avez-vous tendance à être agressif quand les choses ne
tournent pas comme vous le voulez, quand les autres ne
réagissent pas comme vous vous y attendiez? Ou à
l'inverse, avez-vous peur de manifester toute agressivité
même lorsque vous considérez qu'une certaine dose
d'agressivité pourrait vous faire du bien à vous-même et être
utile aux autres pour les sortir de leur léthargie?

2.3 La compétition

Le désir de s'élever, de progresser, inhérent à tout être


humain, est légitime. Malheureusement, dans notre société,
ce désir est souvent lié à celui de dominer, d'évincer l'autre
que l'on considère alors comme un adversaire. L'accès au
leadership est trop souvent teinté de violence exprimée ou
implicite: on prend, on arrache le pouvoir! Le danger est
alors grand de tomber dans l'autoritarisme. Ce qui semble
en apparence une position de force n'est le plus souvent en
réalité qu'un aveu de faiblesse: on entre en compétition, on
cherche à tout prix le pouvoir parce qu'on se sent menacé.
Bien différente de la compétition est l'émulation qui consiste
à accomplir des performances non en se comparant aux
autres mais en donnant le meilleur de soi par rapport à soi-
même dans la réalisation de ses objectifs.

Avez-vous tendance à vous sentir en compétition avec les


autres, particulièrement avec ceux qui sont sur le même pied
que vous et qui partagent les mêmes objectifs? Perdez-vous
toute stimulation performante si vous ne vous trouvez pas en
compétition avec quelqu'un d'autre?

2.4 La résistance au changement

Bien sûr, chacun veut améliorer sa condition et évoluer; cela


est particulièrement vrai à l'heure actuelle, dans le monde
dans lequel on vit, où les cultures et les mentalités sont en
mouvement accéléré. Ceci dit, il n'en demeure pas moins
que beaucoup vivent une contradiction entre le désir de faire
bouger, avancer et améliorer leur situation et celle des autres
d'une part et d'autre part, la peur de perdre ce qu'ils ont déjà,
ce qu'ils ont acquis souvent par un dur labeur ou à travers
des choix drastiques dans leur vie. D'où le sentiment
d'insécurité, de peur face à ce qui pourrait arriver advenant
un changement.

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En général, avez-vous peur du changement? Avez-vous
peur de prendre le risque de perdre ce que vous avez
(objets, statuts, relations) même si vous considérez que le
changement appréhendé vous serait profitable? Vous
sentez-vous insécure face à toute perspective de
changement?

2.5 Le manque de confiance en soi

Tout être humain possède des potentialités uniques mais, la


plupart du temps, ses facultés créatives sont endormies.
Pour pouvoir les développer, il faut avoir minimalement
confiance en soi-même, être motivé et convaincu de son
potentiel. Or, beaucoup craignent de ne pas être à la
hauteur de ce qu'on exige d'eux, ce qui les amène souvent à
douter d'eux, à culpabiliser ou encore à avoir le sentiment
d'être inutile. Est-ce votre cas? Dans quelles situations plus
particulières manquez-vous de confiance en vous? Qu'est-
ce qui, selon vous, est à l'origine de ce manque de confiance
en vous (inexpérience, mauvaises expériences, éducation
castrante, milieu d'origine difficile, etc)?

3. Les blocages liés aux attitudes individualistes

3.1 L'égocentrisme

En bref, l'égocentrisme consiste à tout ramener à soi. Cela


se traduit par une recherche voulue et calculée de
satisfactions personnelles même si cela peut causer du tort à
l'autre. Plus globalement, cela se traduit aussi par une
insensibilité, une indifférence qui conduisent à demeurer
étranger et extérieur aux événements et aux injustices qui
nous entourent. À l'origine de ces comportements, il y a soit
l'ignorance sincère de la situation de l'autre ou la volonté
délibérée d'utiliser l'autre pour servir ses propres intérêts.

Considérez-vous être attentif à ce qui se passe en-dehors de


votre univers (personnel, relationnel, de travail ou d'étude)?
Suivez-vous l'actualité (journaux, TV, radio, etc)? Êtes-vous
informé de ce qui se passe dans le monde, en-dehors de
chez-vous? Êtes-vous préoccupé par les grandes questions
qui agitent l'humanité: la guerre, la faim, l'écologie, le
chômage, les droits fondamentaux, etc? Avez-vous
tendance, dans une démarche collective, à essayer de tirer
votre épingle du jeux à tout prix, de profiter de chaque

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situation pour vous mettre en valeur même si cela risque
d'avoir des effets négatives sur le groupe?

3.2 La méconnaissance de soi

On vit dans une société où chacun a le réflexe presqu'


obsessionnel d'essayer de se connaître. On ne compte plus
les techniques "psy" qui, toutes, nous proposent des
démarches différentes, et plus ou moins convaincantes,
d'introspection des "profondeurs de notre âme". Il ne s'agit
pas de faire un X sur ces techniques. Au contraire, il ne faut
pas craindre de les expérimenter quand nous jugeons
qu'elles pourraient nous être utiles.

L'essentiel à retenir est que toutes ces techniques ne


produisent pas de révélations miraculeuses des "abîmes de
son être": elles ne peuvent qu'être des outils de cette
perpétuelle quête de soi-même. La connaissance de soi
est très difficile à atteindre; d'ailleurs, l'atteint-on jamais? On
ne peut, en fait, que s'en approcher. S'il est une réalité
difficile à objectiver, à cerner correctement, c'est bien soi-
même. En revanche, il est très facile de se leurrer sur soi-
même, de se sous-estimer ou au contraire de se surestimer.

Paradoxalement, cette quête de soi-même passe, le plus


souvent qu'autrement, par les autres: peut arriver, en effet, à
mieux se connaître celui qui est capable de se livrer en
moments opportuns aux autres, de verbaliser, au mieux de
ses moyens, ses conflits intérieurs quand le contexte s'y
prête et surtout d'écouter les autres quand ces derniers
l'interpellent.

Avez-vous tendance à vous surestimer ou à vous sous-


estimer? Pouvez-vous parler facilement de ce qui vous agite
intérieurement? Êtes-vous capable d'écouter les autres vous
dire des choses sur vous-même qui ne sont pas toujours
agréables à entendre mais qui peuvent par ailleurs être
vraies et permettre de vous aider à cheminer?

3.3 L'impression d'incompétence

La conviction d'être inutile, incompétent et incapable est,


sans aucun doute, l'état qui est parmi les plus dépressifs, les
plus dévalorisants et néfastes à la relation égalitaire avec
d'autres personnes. C'est une impression que l'on risque
d'autant plus d'avoir en tant qu'animateur que le statut

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professionnel de l'animation, sa pertinence sont loin d'être
reconnus dans tous les milieux, on le sait. Il ne faut pas
oublier que l'on vit dans une société où la compétence est
évaluée en termes de rendement, d'efficacité, de
productivité, etc, bref en termes quantitatifs alors que
l'animateur travaille sur le relationnel, sur le qualitatif en
produisant des effets transformateurs, dans un milieu,
difficilement mesurables, quantifiables suivant les critères
couramment acceptés.

Avez-vous tendance à questionner continuellement la


pertinence de votre futur statut professionnel et de votre
éventuelle action dans un milieu de travail? Ce
questionnement vous paralyse-t-il dans votre action? Avez-
vous tendance à douter de vous, de vos moyens, de vos
capacités personnelles, de votre formation?

3.4 La subjectivité et l'irréalisme

Beaucoup de gens sont à la merci complète de leurs


sensations, de leurs émotions et perceptions, de leurs
sentiments; ils ne peuvent regarder la réalité qu'à partir
d'eux. Toute la réalité est décomposée-recomposée au
travers de leur prisme personnel avec des colorations
diverses suivant les personnes et les circonstances, bref,
suivant leur humeur du moment. Le danger d'une pareille
attitude est de perdre de vue que toute réalité, toute
personne est un phénomène complexe qui ne se laisse pas
saisir d'un seul coup. D'où l'importance de l'approche
binoculaire-dialectique dans la saisir d'un phénomène,
d'une réalité, d'une personne. Il ne s'agit pas de nier le rôle
de la subjectivité, des sentiments, de la sensibilité dans les
rapports aux autres mais simplement d'en fixer les limites,
car de cette vision trop subjective des choses découle la
tendance à réagir aussi de manière subjective: par des
comportements excessifs qui peuvent rendre les rapports
inutilement difficiles avec les autres (dramatisation superflue,
grossissement des détails, simplification dans ses
jugements, généralisation abusive, etc).

Avez-vous tendance à réagir spontanément à tout propos, à


toute situation? Vous contentez-vous de vos impressions
sensibles et immédiates pour déterminer vos jugements sur
les autres ou pour opérer vos choix d'action? Avez-vous
tendance à considérer la réflexion plus rigoureuse,
synthétique comme un détour inutile pour l'action?

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3.5 La passivité

Apparemment peu d'animateur sont aux prises avec ce


barrage. Car pour être animateur, il faut le plus souvent
qu'autrement un enthousiasme, un dynamisme hors de la
moyenne, et ce d'autant plus que dans bien des cas, c'est
précisément cela qu'il faut inculquer aux groupes avec
lesquels on œuvre. Il n'en demeure pas moins que l'on peut
avoir tendance à manquer de motivation, à se décourager
facilement, à abandonner un projet à la première difficulté, à
tout laisser tomber parce que les choses ne vont pas comme
on le voudrait et à attendre que ça change sans trop se
mouiller, sans rien faire pour que ça change. Être passif,
cela ne signifie pas exclusivement ne rien faire, cela peut
aussi vouloir dire avoir tendance à refuser de relever des
défis, sous prétexte qu'ils sont trop exigeants.

Avez-vous peur d'être confronté à des défis? Avez-vous


tendance à abandonner à la première anicroche, à craindre
de vous impliquer parce que ça risque d'être trop exigeant?
Avez-vous tendance à être attentiste, à attendre que les
autres ne bougent avant de vous impliquer dans une action?

4. Les blocages reliés aux rapports individu/groupe

4.1 Problèmes de communication

Un animateur qui a des difficultés à s'exprimer et à entrer en


relation avec ses semblables, rencontre un lourd handicap.
Si communiquer est un besoin fondamental et irrésistible
chez tout être humain, il n'est pas donnée à tout le monde de
pouvoir communiquer facilement, simplement, clairement,
spontanément avec les autres de manière à favoriser chez
eux, une réponse, à obtenir cette réponse. Cette capacité de
communication est évidemment essentielle à tout individu
dont la profession est précisément de favoriser l'expression,
de mettre en relation, en contact les groupes et les
personnes, bref, de les "brancher". La communication peut
être de différents types (regards, gestes, mimiques, langue,
expression artistique, etc), mais dans tous les cas, elle vise à
mettre en présence un émetteur qui transmet un message
signifiant à un récepteur qui, lui, doit être en mesure de le
comprendre. Ce qui suppose entre les deux (l'émetteur et le
récepteur) l'adhésion à un même code, une même langue.
Sinon, la communication devient insignifiante, n'a plus aucun
sens.

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Il est facile de voir, dans ces conditions, qu'un animateur doit
être un communicateur, c'est-à-dire quelqu'un disposant du
code qui lui permet de se faire comprendre de ceux avec
lesquels il agit.

Avez-vous de la difficulté à vous faire comprendre des gens


avec lesquels vous oeuvrez? Êtes-vous capable d'ajuster
votre "code" au milieu dans lequel vous fonctionnez de façon
à vous faire comprendre facilement, simplement? Vos
propos sont-ils souvent mal interprétés? Êtes-vous souvent
obligés de répéter les mêmes choses? Si oui, peut-être
avez-vous des problèmes de communication…

4.2 La marginalisation

Il s'agit là d'un phénomène contradictoire dans nos sociétés.


Une certaine marginalisation peut être provoquée par une
insatisfaction profonde, des frustrations devant certaines
contraintes, des lois, des normes en provenance d'une
société, d'un groupe ou d'une personne que l'on considère
comme dépassés ou porteurs d'injustices. Cela peut être
aussi, plus positivement, une manière de se singulariser, de
s'affirmer. Dans ces deux sens, la marginalisation peut être
perçue comme un facteur de changement, car la recherche
de singularité, autant que la confrontation à des forces
rétrogrades, engendre souvent des solutions originales et fait
surgir des alternatives valables aux conformismes ambiants
et aux situations bloquées et statiques.

Par contre, la marginalisation peut être néfaste si elle


perdure indéfiniment ou si elle est trop accentuée. Elle
conduit alors au maintien de groupes ou d'individus au ban
de la société, sans effets dynamiques sur elle.

De la même façon, la marginalisation peut mener à


l'ostracisme, au rejet de l'individu qui n'arrive plus à s'intégrer
dans le corps social: le marginal, à ce moment-là, fait peur, il
est "étrange", il n'a plus aucune crédibilité même quand il
affirme des choses sensées, qu'il exerce une activité
créatrice et novatrice, qu'il sème des idées pertinentes: on
se méfie de lui, on ne l'écoute plus.

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En d'autres termes, un animateur doit à la fois ne pas
craindre la marginalisation car celle-ci peut être source de
changement, de créativité et d'innovation et en même temps
doit la limiter car, poussée à bout, elle conduit à la rupture de
la communication avec le milieu.

Vous sentez-vous marginal par rapport à votre milieu? Avez-


vous de la difficulté à vous faire reconnaître pleinement par
le milieu dans lequel vous intervenez? Réussissez-vous
facilement à acquérir une crédibilité en tant qu'animateur
culturel? Avez-vous l'impression que l'on fous fait confiance,
que l'on vous respecte en tant qu'individu et futur
professionnel? Craignez-vous de passer pour un marginal,
une personne "bizarre"?

4.3 Le manque d'authenticité

Il est difficile de vivre et de s'exprimer en conformité avec ce


que l'on ressent et désire réellement. On est souvent forcé
d'agir autrement qu'on ne le voudrait: il y a donc souvent
discordance entre notre échelle de valeurs profonde et celle
que l'on affiche. On a alors l'impression de jouer une sorte
de comédie, d'assumer des rôles mais que, pour des
questions de prestige, de sécurité, de ressources, on
accepte, même à contrecœur. C'est alors la peur qui est à
l'origine d'un comportement somme toute peu authentique.

Et il peut être difficile de s'avouer ce décalage entre notre


image sociale et ce que l'on est réellement. On ne peut y
arriver que par une constante évaluation de soi et en ne
craignant pas de faire appel aux points de vue des autres.
Comme il n'est pas facile, non plus, d'émettre des jugements
sur d'autres qui correspondent vraiment à ce que nous
pensons: la crainte de vexer ou de faire de la peine joue à
ce niveau.

Avez-vous l'impression de dégager une image qui


correspond vraiment à ce que vous êtes profondément?
Avez-vous l'impression de supporter des choses qui ne
correspondent pas à vos aspirations et à vos désirs
profonds? Craignez-vous souvent de dire le fond de votre
pensée, même à des gens qui peuvent être très près de
vous?

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4.4 Les liens de dépendance

Tout animateur digne de ce nom, ne peut faire autrement


que d'encourager le développement de l'autonomie des
membres du groupe avec lequel il travaille. Mais ceci est
plus facile à prôner qu'à vivre réellement. L'accession à cet
état d'autonomie suppose, en effet, une maturité qu'il n'est
pas facile d'atteindre. Par ailleurs, il est évident que
l'autonomie ne peut jamais être totale: on est autonome à
certains moments et dans certains domaines et dans
d'autres, on est plus dépendant. On possède donc des
zones d'autonomie qu'il importe de bien connaître afin de
pouvoir les exploiter au mieux.

L'autonomie pourrait verser dans le "chacun pour soi" si elle


ne supposait pas, parallèlement, la nécessité d'établir avec
les autres des relations sociales positives. Car un être
complètement autonome c'est à la limite un individualiste, un
marginal complet, une personne qui a rompu toutes les
amarres avec la société; en bref, un asocial. Voilà pourquoi
la "dépendance" est, jusqu'à un certain point, non seulement
souhaitable mais nécessaire pour vivre en société.

Arrivez-vous facilement à acquérir de l'autonomie dans votre


travail d'animateur? Quelles sont vos zones d'autonomie et
vos zones de dépendance les plus marquées? Avez-vous
tendance à créer des liens de dépendance à votre égard
avec les groupes et individus que vous animez?

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