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Wakulima ­ La voix des paysans africains

Newsletter de Via Campesina Afrique I • No. 0 •  Décembre 2009 

Editorial L’Assemblée des femmes rurales d’Afrique


australe:
Chers amis de Via Campesina en 
Afrique,
Les gardiennes de la terre, de
la vie et de l’amour
Nous sommes très heureux de 
vous envoyer ce premier numéro 
de “Wakulima”,  une publication 
mensuelle de Via Campesina  (Province de Limpopo, Afrique du Sud, du 28 au 30 Octobre 2009)
Afrique (Région 1). Wakulima 
signifie “paysans” ou 
“agriculteurs”, “les personnes qui 
travaillent la terre” en Kiswahili, 
une langue locale parlée dans 
plusieurs pays de notre région.

Cette publication cherche à faire 
entendre la voix de tous les 
paysans et petits agriculteurs en 
Afrique, et en particulier en 
Afrique australe, en Afrique de 
l’est et centrale.  Elle reflète le 
Photo: Tineke D'haese
quotidien des petits agriculteurs 
familiaux d’Afrique: leurs  Sde  ous le thème de « Gardiennes de la Terre, 
la  Vie  et  de  l’Amour»,  l’Assemblée  des 
 solutions à travers leurs luttes et campagnes 
conjointes. Dans la déclaration finale des 
difficultés, leurs luttes, mais 
également leurs réalisations.  femmes  rurales a rassemblé 250 femmes de  femmes, il est écrit: «Pour nous, la terre 
9  pays  d’Afrique  australe  (Botswana,  signifie la vie. C’est l’expression même de 
C’est en outre, pour nous tous, 
Lesotho,  Malawi,  Mozambique,  Namibie,  notre existence et elle fait partie intégrante 
une façon d’apprendre davantage 
Afrique  du  Sud,  Swaziland  et  Zimbabwe)  des écosystèmes (l’eau, les semences, les 
sur cette partie du monde et de  représentant  des  organisations  paysannes,  plantes et les animaux) dont dépend la survie 
mieux nous connaître. des  petits  agriculteurs,  des  organisations  de  de notre espèce. Notre culture et notre 
femmes  rurales,  des  syndicats  agricoles  et  humanité sont profondément enracinées 
Nous essayerons toujours de  des ONG. Ces femmes se sont réunies dans  dans cette terre et la façon dont nous 
faire traduire la newsletter dans  la province de Limpopo en Afrique du Sud du  l’utilisons. C’est sur cette terre que se bâtira 
les trois « principales » langues  28  au  30  octobre  2009  afin  de  débattre  des  l’avenir de nos enfants et que se reconstruira 
parlées sur le continent: anglais,  problèmes  communs  auxquels  elles  sont    notre dignité et notre espoir». ( cont. p. 2). 
français et portugais. N’hésitez  confrontées  et  de  tenter  d’y  trouver  des
pas à la traduire dans vos 
langues locales respectives si 
vous estimez que ce sera utile et 
Nouvelles de Madagascar International
intéressant pour vos  Copenhagen: La Via 
communautés. L’accaparement des terres 
Nous essayerons d’assumer un  Campesina se joint aux 
est toujours d’actualité (Pag. 2)
rôle de miroir, reflétant les 
principaux défis et l’actualité des 
mobilisations
organisations membres de Via  Les paysans refroidissent 
Campesina, mais aussi les 
évènements liés à notre  la planète! (Pag. 3)
mouvement au niveau 
international et les sujets d’intérêt  Nouvelles du Mozambique
dans d’autres pays de notre  Jatropha! Un écueil socio­
région. Nous espérons que vous  économique pour le 
apprécierez notre newsletter. 
Mozambique (pag. 4)
La Rédaction. 
Nouvelles de la région: Ouganda et Tanzanie (pag. 3)
Wakulima ● Via Campesina Afrique I. Décembre 2009 2
L’Assemblée des femmes rurales d’Afrique australe: Les gardiennes 
de la terre, de la vie et de l’amour(Suite) SADC doivent mettre en œuvre les mesures qui protègent la 
biodiversité, l’atmosphère, l’environnement, les semences locales 
«La  crise  économique  internationale,  la  crise  alimentaire  et  la  crise  et les ressources en eau;  nos gouvernements et la SADC   
énergétique,  particulièrement  le  changement  climatique,  ont  toutes  doivent protéger les marchés locaux du dumping d’aliments à bas 
été enfantées par le mode de vie des riches et des puissants de ce  prix entravant les objectifs de souveraineté alimentaire régionale;  
monde. Toutefois, ce sont les pauvres, et surtout les femmes rurales  nos gouvernements et la SADC doivent prendre les mesures 
qui  cultivent  la  terre  et  sont  les  gardiennes  de  la  vie,  qui  n’ont  sur  nécessaires pour empêcher le dumping de déchets toxiques qui 
leur table que des assiettes vides et vont se coucher le ventre vide.  détruisent la vie de nos sols, rivières et océans; nos 
Tous nos gouvernements  se  sont  engagés à  réduire et éradiquer la  gouvernements et la SADC doivent consacrer davantage de 
faim et la pauvreté d’ici 2015 au titre des OMD. Mais au lieu de cela,  ressources à la lutte contre les maladies évitables liées à la 
le nombre de personnes pauvres et affamées ne cesse d’augmenter  pauvreté (tuberculose, malaria) et mettre en place un plan 
jour après jour. Il est donc ironique que les gouvernements des pays  d’action d’urgence afin de limiter et d’éradiquer la pandémie du 
riches aient  pu trouver en un claquement de doigts des milliards de  SIDA; nos gouvernements et la SADC doivent reconnaître que la 
dollars  destinés  à  renflouer  les  banques  (les  agents  du  capital  polygamie, en tant que pratique culturelle, opprime les femmes, et 
financier) alors que pendant des années ils ont rechigné à trouver les  qu’ils s’engagent par conséquent à décourager cette pratique; nos 
moyens financiers suffisants pour résoudre les problèmes de famine,  gouvernements et la SADC doivent reconnaître que la violence 
de changement climatique, etc.», continuent­elles. conjugale, le viol et la maltraitance détruisent nos sociétés et nos 
«La  souveraineté  alimentaire  dans  la  région,  les  semences  communautés, ce qui nécessite la mise en place d’un programme 
indigènes,  nos  modes  de  productions  locaux  et  traditionnels  sont  commun visant à former et financer la police, les systèmes 
également  menacés  et  les  gouvernements  fournissent  bien  peu  judiciaires, les institutions sociales et culturelles et le système 
d’effort pour protéger l’agriculture locale de l’agro­industrie de masse  d’éducation. 
qui  place  le  profit  bien  avant  les  êtres  humains.»  La  déclaration  Les participantes ont toutes considéré que l’assemblée était très 
mentionne  également  l’avancée  du  SIDA,  étroitement  liée  aux  enrichissante et stimulante car il s’agissait du premier évènement 
pratiques  culturelles  telles  que  la  polygamie.  Dans  la  région,  on  de ce genre dans notre région du monde. Les femmes sont 
retournées chez elle en mini bus, pleines d’espoir et d’énergie 
s’inquiète de plus en plus du fait que ces relations polygames sont la 
nouvelle. Elles se sont déjà fixé rendez­vous en 2010 pour leur 
base de l’oppression et l’exploitation des femmes.
deuxième assemblée, qui aura peut­être lieu au Mozambique.
Après  trois  jours  d’analyses  détaillées  des  problèmes  auxquels  ces 
Note: les organisations qui ont coordonné la réalisation de cette 
femmes  sont  confrontées  dans  leur  vie  quotidienne,  plusieurs 
assemblée sont Women on Farms Project (Afrique du Sud), 
demandes ont été formulées: les gouvernements de la région doivent 
African Institute for Agrarian Studies (Zimbabwe), Eastern and 
honorer  leurs  engagements  au  titre  de  la  déclaration  de  Maputo, 
Southern Small Scale Farmers Forum (Zimbabwe), Land Access 
dans laquelle ils ont promis de consacrer 10% du budget national à 
Movement South Africa (LAMOSA), União Nacional de 
l’agriculture;  de  ces  10%,  au  moins  60%  devraient  être  alloués  aux 
Camponeses, Moçambique (UNAC), Namibia National Farmers 
petites  exploitations  agricoles;  les  gouvernement  doivent  supprimer 
les réformes agraires et politiques de régimes fonciers dirigées par le  Union (NNFU), National Small Holders Farmer’s Association of 
marché, et promouvoir à la place une réforme de propriété des terres  Malawi (NASFAM), Trust for Community Outreach & Education 
 au  profit  du  peuple;   nos gouvernements et la (TCOE), bureau de Via Campesina Afrique 1.

Madagascar: L’accaparement des terres est toujours 
eurs  entreprises  de  droit  malgache,  il  s’avère  qu’elle  a  aussi 
d’actualité des  velléités  dans  le  secteur  de  l’agro­business,  ce  pour  quoi 
Nous avions beaucoup entendu parlé l’an dernier du cas de  elle  a  besoin  d’énormes  quantités  de  terres  fertiles,  déjà 
la  compagnie  Sud­coréenne  Daewoo,  et  du  contrat  occupées  par  des  centaines  de  familles  paysannes.  Pour  la 
supposément  passé  avec  le  gouvernement  malgache  Coalition  des  Paysans  Malgaches  (CPM,  membre  de  la  Via 
autour  du  bail  pour  99  ans  de  1,3  millions  d’hectares  de  Campesina),  il  y  a  donc  un  réel  danger  pour  la  paysans  du 
terres arables dans  le pays, soit la moitié de la totalité  des  pays, et plus particuliérement dans 13 districts de la région de 
terres  cultivables.  Après  moult  protestations,  au  niveau  Sofia,  et  elle  appelle  les  autorités  locales  et  nationales  à  ne 
national  et  international,  et  comme  l’un  des  points  de  pas  signer  d’accord  avec  VARUN.  Elle  en  appelle  aussi  à  la 
discorde  faisant  éclaté la situation politique complexe  dans  solidarité  internationale  pour  les  soutenir  dans  leur  lutte.  Pour 
le  pays,  il  semble  que  l’affaire  Daewoo  ait  été  mise  au  plus d’informations, ou pour adresser un message de solidarité 
rebus, même si la société civile et plus particulièrement les  à  nos  amis  de  Madagascar,  vous  pouvez  écrire  à  l’adresse 
paysans  attendent  encore  une  annonce  officielle  sur  ce  suivante cpm@moov.mg avec copie pour vcafrica@gmail.com* 
sujet de la part du gouvernement actuel.  
Mais il y a maintenant une autre grande préoccupation pour 
les petits  paysans et  les communautés locales de l’île : les 
actuations  du  géant  indien  de  l’acier,  VARUN, 
principalement  dans  les  régions  de  Sofia  et  Atsinanana. 
Cette  compagnie,  qui  est  arrivée  à  Madagascar  en  Mars 
2008,  avait  d’abord  annoncé  qu’elle  mènerait  des  activités 
autour  de  l’exploitation  minière  (uranium,  pétrole,  entre 
autres ressources naturelles), mais après avoir monté plusi­
* Sources: Communiqué de presse par Defense des Terres Malgaches, et La coalition Paysanne Malgache, nº20, 
Sept­Oct 2009
Wakulima ● Via Campesina Afrique I. Décembre 2009 3
Nouvelles de la région
OUGANDA
TANZANIE: La colère publique met 
Après  un  débat  houleux  parmi  les  membres  de  l’Assemblée, 
une nouvelle loi foncière a finalement été adoptée en Ouganda 
un cran d’arrêt à l’offensive des 
le  26  Novembre  dernier.  D’après  le  texte,  qui  doit  encore  être  biocarburants sur les paysans par les 
approuvé par le Président de la République d’Ouganda pour se 
transformer en loi: biocarburants
La  Tanzanie  a  suspendu  les  investissements  de  plusieurs 
●  un propriétaire terrien ne peut expulser un occupant qu’après  millions  de  dollars  après une tempête  de protestations,  suite à 
un ordre du tribunal, et seulement sur les terres pour lesquelles l’expulsion  de  paysans  dans  le  but  de  mettre  en  place  des 
l’occupant n’a pas payé le loyer projets de production de biocarburants. Le pays n’initiera aucun 
●  un  propriétaire  dont  la  terre  est  occupée  ne  peut  entamer  le 
nouveau  projet  d’agro­carburants  avant  que  le  gouvernement 
processus de vente sans le notifier au préalable aux occupants ait revu les critères de sélection de chaque investissement. Le 
●  un  locataire  peut  être  en  possession  d’un  certificat  gouvernement  a  également  stoppé  l’allocation  de  grandes 
d’occupation,  émis  par  le  propriétaire,  mais  ne  peut  l’endosser 
quantités de terres aux investisseurs du biocarburant. Sous les 
ou le céder à quelqu’un d’autre sans le notifier au préalable au  feux  de  défenseurs  de  l’environnement  nationaux  et 
propriétaire, et doit lui donner priorité pour l’achat de la terreinternationaux,  le  gouvernement  a  dit  qu’il  suspendrait  toute 
●  quiconque  essayerait  d’expulser,  expulse  ou  participe  à 
nouvelle  acquisition  de  terre  par  les  investisseurs  en  agro­
l’expulsion d’un locataire légal risque jusqu’à 7 ans de prison. carburants,  tant  qu’il  n’y  aurait  pas  des  politiques  et  des 
procédures  claires  concernant  ces  investissements.  Il  y  a 
Le nouveau texte semble protéger un peu mieux les occupants  actuellement  40  compagnies à  avoir  des projets  de  production 
de terre. Parfois les communautés vivent sur ces terres depuis  d’agro­carburants  dans  le  pays.  Les  400  mille  hectares  de 
des siècles. Cependant, la terre est encore une propriété privée  terres destinés à la production d’agro­carburant dans le bassin 
qui peut être vendue et achetée.  de  Wami  et  qui  déplacerait  des  milliers  de  producteurs  de  riz 
est dénoncé par GRAIN depuis 2007 déjà.
Source: the New Vision online, www.newvision.co.ug Source et article complet (en anglais) :  
http://www.theeastafrican.co.ke/news/­/2558/667648/­/qy9vngz/­/index.html

International
Copenhagen: La Via Campesina se joint aux mobilisations
Les paysans   envisagés par la CCNUCC.
La Via Campesina soutient et participe à 
Nous pensons que ces éléments doivent être 
des actions non violentes de 
refroidissent la planète ! mentionnés à Copenhague. Nous croyons  désobéissance civile lorsqu’elles se 
Les petits paysans, des hommes et des  que les voix des gens des quatre coins du  justifient politiquement afin de créer une 
monde doivent être entendues. L’importance  société plus juste et plus digne. Nous 
femmes du monde entier, se réuniront à  rejetons clairement la violence comme 
de ces questions transparaît dans 
Copenhague en décembre pour défendre 
l’engouement mondial et démocratique pour  moyen d’action, tout comme nous rejetons 
leur proposition pour sortir de la crise  la violence des politiques discutées 
la justice, mené par de plus en plus de 
climatique : l’agriculture durable et la 
mouvements sociaux qui se préparent pour  derrière les portes closes. Les politiques 
production locale d’aliments permettent de  le COP15. permettant aux entreprises de bénéficier 
refroidir la planète. L’agriculture paysanne  Les voix des hommes peuvent être  de crédits carbone pour développer les 
permet au carbone d’être capturé dans les  multiples : elles murmurent ou crient, elles  plantations de monocultures sont des 
sols et utilise moins de machines  chantent ou jouent, elles parlent ou  politiques violentes. Dans les villages 
fonctionnant avec des combustibles  discutent. L’histoire des mouvements sociaux reculés, elles provoquent des expulsions, 
fossiles et de produits chimiques. De plus,  démontre que la protestation peut également la résistance des paysans, des 
en mangeant localement, on utilise moins  prendre différentes formes. Au sein de La  répressions et des catastrophes 
d’énergie pour transporter les aliments  Via Campesina, la désobéissance civile a  environnementales.
autour du globe. Au vu de l’impact  toujours fait partie des stratégies pour 
Nous condamnons fermement les lois 
considérable de l’agriculture industrielle sur  soutenir la souveraineté alimentaire, avec les répressives qui sont votées au Danemark 
les émissions de gaz à effet de serre, une  débats, le travail politique et la promotion de  pour museler les dissidents. Dans la 
conversion massive des monocultures  vraies alternatives dans nos champs. 
course précédant la CCNUCC, nous 
industrielles vers une agriculture durable à  Lorsque des centaines de paysans occupent appelons à la mobilisation et à l’unité au 
petite échelle et le développement de  une parcelle volée par une 
multinationale,lorsque des milliers d’entre  sein de tous les mouvements sociaux, 
marchés locaux permettrait une importante  dans notre grande et riche diversité. Nous 
réduction de tous les gaz à effet de serre. eux se réunissent devant l’OMC pour 
demander la fin de la libéralisation des  croyons qu’une vraie démocratie ne peut 
En y ajoutant un programme sérieux de  être que renforcée en permettant aux 
réduction de la consommation, un tel plan  marchés agricoles, nous défendons notre 
droit de vivre.  citoyens du monde de défendre et 
rendrait inutile toute discussion sur le  d’appliquer la justice climatique, la justice 
commerce du carbone, la bio­ingénierie et  Notre droit de nourrir le monde et nous­
mêmes. Notre droit d’être respectés et de  alimentaire et la justice sociale.
autres solutions technologiques et 
mécanismes commerciaux actuellement vaincre la pauvreté.  
Source: http://www.viacampesina.org/main_en/index.php?option=com_content&task=view&id=811&Itemid=75
Wakulima ● Via Campesina Afrique I. Décembre 2009 4
Nouvelles du Mozambique
Jatropha! Un écueil socio­économique pour le Mozambique
L’UNAC et Justiça Ambiental se sont unies pour réaliser une étude  Mythe  numéro  4 :  le  jatropha  ne  représente  aucun  risque  pour  la 
sur  la  production  du  jatropha  au  Mozambique.  Ci­dessous,  un  sécurité  alimentaire  mais  bien  une  opportunité  de  développement 
résumé  du  document  de  synthèse,  que  vous  pouvez  lire  en  au profit des agriculteurs de subsistance
intégralité  sur  le  lien  Au  Mozambique,  la  jatropha  est  planté  en  tant  que  produit  de 
http://www.viacampesina.net/downloads /PDF/Report­Jatro  (en  remplacement  des  cultures  vivrières  cultivées  par  les  agriculteurs  de 
anglais seulement) subsistance.  Dans  la  mesure  où  environ  87%  des  Mozambicains  sont 
des  agriculteurs  de  subsistance  et  produisent  75%  de  ce  qu’ils 
Le  débat  portant  sur  les  agro­carburants  a  avancé  consomment,  le  projet  consistant  à  encourager  les  agriculteurs  de 
progressivement  ces  cinq  dernières  années,  alimenté  par  la  subsistance à planter de grandes quantités de jatropha est une source 
spéculation  et  la  demande  de  l’industrie,  par  des  promesses  majeure  de  préoccupation.  Des  inquiétudes  d’autant  plus  exacerbées 
grandioses  et  par  des  intérêts  étrangers.  Les  investisseurs  ont  que  les  agriculteurs  de  subsistance  ne  sont  que  très  peu  liés  aux 
cherché  à  obtenir  des  droits  d’exploitation  sur  près  de  5  millions  marchés  et  manquent  de  capacité  de  stockage,  de  communication  et 
d’hectares  au  Mozambique  rien  qu’en  2007,  ce  qui  représente  d’information, amenant à ce qu’il soit difficile de profiter des cultures de 
presqu’un septième des terres définies officiellement comme étant  rente. (…)
« arables », et se pressent de créer des conditions favorables pour 
eux­mêmes,  aux  dépends  des  droits  civils  des  Mozambicains.  Conclusions et recommandations
Cela a par exemple été clairement illustré par la Politique nationale  Le  rapport  conclut  que  les  arguments  dominants  selon  lesquels  le 
et  stratégie  pour  les  biocarburants  financée  par  la  Banque  jatropha  serait  une  culture  destinée  à  la  production  de  carburants  non 
Mondiale,  laquelle  a  intentionnellement  bloqué  la  participation  de dangereuse  pour  la  sécurité  alimentaire,  une  source  de  revenu 
la  société  civile,  a  manqué  de  transparence  et  n’a  été  rendue  complémentaire  pour  les  agriculteurs  et  un  potentiel  moteur  de 
accessible  au  public  qu’une  fois  achevée  et  approuvée  par  le  développement rural sont le résultat de campagnes de désinformation et 
parlement. pourrait  même  représenter  un  danger.  Alors  que  de  nouvelles 
recherches  indépendantes  vont  tenter  d’obtenir  davantage  de  détails, 
En raison de la rareté de l’eau et du vaste étendu de terres  cette  enquête  remet  sérieusement  en  cause  la  jatropha  en  tant  que 
supposément « marginales » en Afrique, l’attention s’est surtout  culture permettant de produire un carburant durable et de contribuer au 
tournée vers le jatropha, en tant que potentielle culture destinée à  développement  du  Mozambique.  Compte  tenu  des  éléments  recueillis 
la production de biocarburants. Cependant, de nombreuses voix  au niveau international tendant à démontrer l’échec du jatropha vis­à­vis 
mettent en question les atouts revendiqués du jatropha et estiment  des résultats escomptés, et que de fait sa culture représente un danger 
que la ruée actuelle vers le développement de la production du  pour  la  souveraineté  alimentaire  et  le  gagne­pain  des  populations  des 
jatropha à large échelle repose sur de faux arguments, n’a pas été  zones  rurales,  ce  rapport  recommande  que  son  développement  au 
suffisamment étudiée et pourrait contribuer a un commerce non  Mozambique soit suspendu le temps d’agir sur des sujets fondamentaux 
durable et incapable de résoudre les problèmes du changement  de  développement  liés  à  l’agriculture  de  subsistance  et  que  les 
climatique, de la sécurité énergétique ou de la pauvreté. Par  communautés rurales obtiennent la souveraineté alimentaire.
conséquent, cette étude évalue la production du jatropha au 
Mozambique et les arguments le plus souvent avancés en faveur  La  société civile et les agriculteurs de subsistance du Mozambique ont 
de cette culture, dans le but de mettre en évidence le décalage  abouti  à  une  conclusion  similaire,  en  2008,  donnant  lieu  à  une 
entre la rhétorique et la réalité. déclaration  indiquant  des  recommandations  spécifiques  à  respecter, 
dont  la  priorité  à  la  production  vivrière  et  un  plus  fort  soutien  aux 
Mythe  numéro  1:  le  jatropha  pousse  bien  sur  les  terres  coopératives, assurant les droits des agriculteurs, respectant les droits à 
marginales  et  permet  d’obtenir  des  rendements  élevés  sur  la terre de la communauté et appuyant la souveraineté alimentaire.
des sols pauvres
Malheureusement, il n’existe aucun exemple dans la littérature ou 
bien au niveau des communautés, et les experts de l’industrie ou  Qui est Via Campesina ?
les individus interviewés n’ont pas été en mesure de citer un seul 
cas attestant de la véracité de cette affirmation au Mozambique. 
Bien au contraire, au Mozambique, presque tout le jatropha a été  Nous  sommes  le  mouvement  international  des  paysans,  petits  et 
planté sur des terres arables, à l’aide d’engrais et de pesticides,  moyens  producteurs,  sans  terre,  femmes  rurales,  peuples  indigènes, 
sans pour autant avoir fait preuve des taux de croissance et des  jeunesse  rurale  et  travailleurs  agricoles.  Nous  défendons  les  valeurs 
rendements prétendus. (…) et  les  principaux  intérêts  de  nos  membres.  Nous  sommes  un 
mouvement autonome, pluraliste et multiculturel, indépendant de toute 
Mythe  numéro  2 :  le  jatropha  ne  requiert  que  de  faibles  appartenance politique, économique ou autre. Nos 148 membres sont 
quantités d’eau et extrêmement peu d’entretien originaires de 69 pays en Asie, Afrique, Europe et dans les Amériques. 
Pour  davantage  d’informations,  merci  de  consulter  la  page  web 
Au  Mozambique,  on  a  constaté  que  l’irrigation  était  nécessaire 
www.viacampesina.org
pendant la première phase de développement, y compris dans des 
zones où le niveau de précipitation s’est situé entre les 800 mm et 
Les membres actuels de la région Afrique 1 sont : UNAC 
les 1400 mm. (…)
(Mozambique), CPM (Madagascar), MVIWATA (Tanzanie), Landless 
Peoples’ Movement (Afrique du Sud), COPACO­PRP (RDC), UNACA 
Mythe  numéro  3 :  le  jatropha  résiste  aux  maladies  et  aux 
(Angola). Le bureau régional de coordination a son siège à Maputo, 
parasites
hébergé par l’UNAC.
Cette  étude  a  permis  de  recueillir  de  nombreuses  preuves  de  la 
vulnérabilité du jatropha aux maladies et à des problèmes liés aux  Pour davantage d’informations vous pouvez 
champignons, aux virus et aux parasites. (…) Ce qui est d’autant  également nous contacter :
plus préoccupant au Mozambique, ce  sont les évidences de plus  vcafrica@gmail.com
en  plus  nombreuses,  observées  par  les  agriculteurs  de  Bureau à Maputo : + 25821327895
subsistance  et  par  les  experts,  de  parasites  du  jatropha  se  http://viacampesina.blogspot.com/
propageant et affectant les cultures vivrières environnantes. (…)

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