Intervention de Madame Sandrine Salerno

Conseillère administratrice de la Ville de Genève

Assemblée générale de l’Association Parage

Mesdames et Messieurs,

Cher-e-s Ami-e-s,

« Partage » est une entreprise sociale que la Ville de Genève connaît

bien et soutient. Notre commune a en effet de multiples partenariats
avec votre association. Je fais ici allusion au travail de collectes de
déchets mais également de distribution de denrées alimentaires et de
produits d’hygiène. Par ailleurs, la Ville de Genève, soutient
financièrement Partage dans le cadre de sa politique de « réinsertion
des personnes sans emploi ».

Pour une Ville de gauche, comme la mienne, ces divers soutiens

pourraient presque paraître naturels, tant votre association semble
incarner (vous m’excuserez de l’audacieux parallèle) une dénonciation
forte et presque implacable système économique que nous connaissons
et pour certain-e-s entre-nous subissons.

Car si Partage existe, c’est que notre système a failli !

La logique économique actuelle pousse aux gaspillages les plus

insensés, à la surproduction, à la surconsommation dans un objectif de
croissance illimitée.
Partage récupère les denrées alimentaires et les produits hygiéniques
périssables et les redistribue.
Partage dépasse ainsi la rationalité économique au nom de la raison
sociale, de la raison humaine.

La logique économique actuelle pousse les employeurs à ne faire

travailler que les plus productifs ; la logique économique marginalise les
moins productifs ; elle exclut sans autre forme de procès les femmes et
les hommes qui, par le hasard de la naissance sont parti-e-s avec un
handicap physique ou social, ou les femmes et les hommes qui, victimes
des aléas de la vie, ont été fragilisé-e-s à certains moments-clés de leur
existence.
Partage redistribue de l’humanité, redonne de l’existence sociale à des
femmes et des hommes que la pauvreté croissante renvoyait à leur
isolement, renfermait dans leur solitude sociale.

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Partage dépasse ainsi la rationalité économique en remplaçant la
logique individualiste par la logique solidaire.

La logique économique génère de la plus-value sous forme de capital,

au profit d’un petit nombre d’individus. La logique sociale et solidaire de
Partage – à l’instar de ce que pratiquent les autres entreprises de
l’économie sociale et solidaire – génère de la plus-value… sociale et de
la plus-value… humaine au profit de la société dans sa totalité, dans ce
qui fait sa cohésion et son intégration.

Mais Partage génère aussi de la plus-value écologique par sa mission

de récupération et de gestion du gaspillage ; Partage nous enseigne
donc non seulement le sens du … partage…, mais nous invite aussi,
indirectement, par la critique sociale qu’elle nous oblige à effectuer, à
repenser notre mode de vie, à nous réapproprier le sens de
l’économique, le sens de ce qui nous amène à produire, à consommer et
à distribuer les fruits du travail.

Indirectement, Partage – comme bien d’autres entreprises que la Ville de

Genève soutient, nous invite à ce qu’une grande figure du socialisme
genevois, Emilio Luisoni, appelait la « frugalité » ou la « simplicité
choisie », une certaine forme de décroissance du gaspillage vers une
croissance de l’humanité en chacun et chacune d’entre nous !

Merci à Partage !
Bonne continuation à toutes et à tous !
Je vous remercie.

Sandrine Salerno
Conseillère administrative

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