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LES ADJECTIFS INTENSIFS ET LA FONCTION ATTRIBUT

Sébastien Marengo
Université Marc Bloch de Strasbourg
EA 1339 LILPA – Scolia
sebastien.marengo@usherbrooke.ca

0. Introduction
Depuis quelque temps, les adjectifs non-attributs retiennent l’attention des chercheurs. En
témoigne la publication d’un numéro de Langue française consacré à la question (no 136,
2002), de même qu’un numéro des Cahiers de lexicologie (no 86, 2005). Il se trouve
justement que la plupart des adjectifs intensifs refusent la fonction attribut (1a-1d), alors que
quelques-uns l’acceptent (2a-2d), ce qui est intrigant.

(1) a. Une peur bleue ~ *Sa peur était bleue.


b. Une imagination débordante ~ *Son imagination est débordante.
c. Une imagination fertile ~ ??Son imagination est fertile. ~ ?Il a l’imagination fertile.
d. Cet appareil a une haute précision. ~ *La précision de cet appareil est haute. (Giry-Schneider
2005 : 172)

(2) a. Un bonheur absolu ~ Son bonheur était absolu. (Grossmann & Tutin 2005 : 194)
b. Une grande joie ~ Ma joie était grande lorsqu’il m’admettait à assister au développement de ses
clichés dans l’ambiance un peu mystérieuse de son cabinet noir (Albert Simonin, dans
Grossmann & Tutin 2005 : 191).
c. Une peine profonde ~ Ma peine est profonde (Verlaine).
d. Son incuriosité devant une bibliothèque était presque totale (Gide, dans Schnedecker 2004 :
83).

Peu d’études ont abordé le problème de front. Celle de Grossmann & Tutin (2005) fait
toutefois exception ; les auteurs concluent que les adjectifs intensifs qui acceptent la fonction
attribut appartiennent à l’une des deux catégories suivantes :
– Les adjectifs intensifs standard, qui n’évoquent pas d’autres dimensions que l’intensité
(3a). Ils marquent donc celle-ci de manière directe (sans calcul sémantique particulier) et
se combinent avec plusieurs noms.
– Les adjectifs intensifs mixtes, qui mêlent la valeur intensive à une ou plusieurs autres
dimensions (3b). Ils nécessitent parfois un calcul interprétatif pour dégager la valeur
intensive et peuvent présenter une combinatoire quelque peu restreinte. Pour Grossmann &
Tutin, la mixité de ces adjectifs pourrait correspondre à une intersection entre intensité et
propriétés.

(3) a. Un grand bonheur ~ Son bonheur était grand, et solide (Sylvie Germain, dans Grossmann &
Tutin 2005 : 190).
b. Une joie totale ~ Sa joie était totale. (Grossmann & Tutin 2005 : 194)

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

Les auteurs distinguent deux autres catégories d’adjectifs intensifs, qui refusent la fonction
attribut :
– Les adjectifs intensifs adéquatifs, qui indiquent l’adéquation de la dénomination (3c). Ils
véhiculent l’intensité de manière indirecte et possèdent une combinatoire libre.
– Les adjectifs intensifs idiosyncrasiques, qui n’évoquent pas d’autres dimensions que
l’intensité (3d). Ils marquent donc celle-ci de manière directe (même s’il y a motivation
métaphorique à l’origine) mais possèdent une combinatoire difficilement prévisible.

c. Une vraie peur ~ *Sa peur était vraie. (Grossmann & Tutin 2005 : 185)
d. Une colère noire ~ *Sa colère était noire. (Grossmann & Tutin 2005 : 185)

L’analyse de Grossmann & Tutin, très détaillée, emporte notre adhésion. Simplement, nous
aimerions aujourd’hui aborder le problème sur des bases plus larges :
1. Grossmann & Tutin se sont concentrés sur les adjectifs intensifs qui accompagnent des
« noms de joie » (joie, gaieté, bonheur, tristesse, chagrin, désespoir, peine). Leur
classification ne rend donc pas compte de tous les adjectifs dits intensifs. Dès lors, une
typologie plus générale s’impose, d’autant que certains auteurs entretiennent une
conception très large de l’intensité et réunissent des adjectifs au fonctionnement assez
différent (par exemple, Romero 2001).
2. Grossmann & Tutin ne font pas ou peu état de certains facteurs généraux susceptibles de
bloquer la fonction attribut. Nous pensons plus spécialement au type de nom que l’adjectif
accompagne, au mécanisme d’incidence de l’adjectif et au statut conceptuel de l’adjectif.
3. Les quatre catégories identifiées par Grossmann & Tutin ne sont pas situées au sein d’une
classification générale des adjectifs. Puisque l’emploi comme attribut reste marginal, le
statut qualificatif semble exclu dans la plupart des cas. Mais on n’a pas affaire non plus à
des adjectifs relationnels.

Nous allons donc proposer une classification des adjectifs dits intensifs qui tentera d’associer
les comportements syntaxiques à des traits sémantiques. Nous commencerons par les
véritables adjectifs intensifs (section 1), puis nous verrons d’autres classes, qui se distinguent
de la classe prototypique par un ou plusieurs critères (sections 2 et 3). Nous conclurons en
situant toutes ces classes au sein d’une typologie générale (section 4).

En somme, nous espérons faire d’une pierre deux coups : expliquer le comportement des
adjectifs dits intensifs face à la fonction attribut tout en mettant un peu d’ordre dans la zone
touffue qu’ils constituent.

1. Les « vrais » adjectifs intensifs

1.1. Zone centrale

Les adjectifs intensifs accompagnent d’abord et avant tout ce qu’il est convenu d’appeler des
noms de propriétés intensifiables. Ces noms ont été étudiés par Flaux & Van de Velde
(2000 : 32-33, 39, 75-96) sous l’étiquette de « noms abstraits intensifs ». Les auteures les
répartissent en noms de qualité, noms d’état et noms d’affect, les noms d’affect se subdivisant

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

eux-mêmes en noms de sentiment et en noms d’émotion. Dans l’ensemble, les noms abstraits
intensifs se démarquent entre autres par les deux caractéristiques suivantes :

1. Ils sont non autonomes référentiellement et attendent au moins un actant sémantique (4a-
4c).

(4) a. Luc a du courage. ~ Luc fait preuve de courage.


b. La peur bleue qui m’habitait quand je montais sur ces manèges (Pierre Jalbert)
c. Le courage de Luc ~ Son courage

2. Les réalités qu’ils dénotent sont en général dépourvues d’extension spatiale et temporelle.
Ils échappent donc pour la plupart aux notions de qualité et de quantité (au sens strict,
c’est-à-dire dénombrement et mesure1) : les modificateurs possibles ont plutôt une valeur
intensive (5a-5e). Les noms d’état font cependant exception quant au dénombrement, dans
la mesure où les états ont un rapport au temps (5f). Les noms de sentiment connaissent
également des emplois dénombrables (5g-5h).

(5) a. Un grand courage ~ *Un petit courage


b. Un courage ~ *Deux courages ~ *Trois courages
c. Beaucoup de courage ~ *Du courage en grand nombre ~ *Du courage en grande quantité
d. Tu ne peux pas savoir {combien de / quel} courage il lui a fallu.
e. Que de courage ! ~ Quel courage !
f. L’enfant avait déjà eu quelques colères qui avaient impressionné sa mère.
g. Combien de passions a-t-il inspirées ! (quantification des sujets)
h. Quelles passions a-t-il inspirées ! (pluralité de sujets + qualité des passions)

Avec de tels noms, l’adjectif intensif présente une incidence normale : il porte sur la totalité
du signifié nominal, ni plus ni moins. Mais au lieu d’évoquer lui-même une propriété,
comme le font les qualificatifs, il module l’intensité de la propriété dénotée par le nom, en
général vers le haut d’une échelle, plus rarement vers le bas (6a-6e). La même valeur est
possible avec des référents qui ne sont pas des propriétés à proprement parler mais qui
possèdent des caractéristiques communes avec ces dernières : présence d’un actant
sémantique, absence d’extension spatiale et temporelle, représentation unidimensionnelle et
continue, impossibilité de mesure (6f).

(6) a. Marie a une indifférence souveraine à l’égard de l’opinion. ~ *L’indifférence de Marie à l’égard
de l’opinion est souveraine.
b. Une fameuse audace ~ ??Son audace est fameuse.
c. Marie est d’une parfaite inconscience. ~ *L’inconscience de Marie est parfaite.
d. Cet appareil a une haute précision. ~ *La précision de cet appareil est haute.
e. Ce monument est d’une rare laideur. ~ *La laideur de ce monument est rare. ~ ??Une laideur
comme celle de ce monument est rare.
f. Léo a un bel appétit. ~ *Son appétit est beau.
(exemples de Giry-Schneider 2005)

Jusqu’à maintenant, on peut supposer que la valeur intensive de l’adjectif suffit à expliquer le
refus de la fonction attribut. Mais des facteurs supplémentaires peuvent entrer en jeu, comme
nous allons le voir à l’instant.

1
D’après Flaux & Van de Velde (2000 : 33), si certaines réalités dépourvues d’extension spatiale et temporelle
paraissent mesurables, c’est qu’en fait on mesure leurs effets. C’est le cas pour la chaleur.

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

1.2. Zones périphériques

Quand l’adjectif accompagne d’autres noms que des noms de propriété, on s’éloigne
progressivement du schéma de base. Trois cas de figure sont envisageables :

1. Le nom désigne un être humain à l’aide d’une propriété (7a-7c). L’adjectif possède
toujours une valeur intensive, mais son mécanisme d’incidence est particulier : il porte
sur une composante du signifié nominal, en l’occurrence la propriété servant à
caractériser l’être humain. Nous parlons alors de visée interne. Ce cas de figure témoigne
en quelque sorte d’un stade postérieur à l’intensification standard, stade où les propriétés
servent de principe organisateur pour délimiter des catégories d’individus.

(7) a. Un gros con (une personne très conne)


b. Un parfait imbécile (une personne d’une grande imbécillité)
c. Un parfait étranger (une personne qui est parfaitement étrangère à une autre)

2. Le nom désigne un être humain à l’aide d’un prédicat autre qu’une propriété (8a).
L’adjectif vise de nouveau le prédicat en question et effectue donc une visée interne.
Cependant, sa valeur sémantique dépend du type de prédicat en cause. Ainsi, avec un
prédicat psychologique, l’adjectif peut conserver une valeur intensive, puisque le référent
se prête à une représentation unidimensionnelle et continue, qu’il est dépourvu d’extension
spatiale et que son extension temporelle reste difficile à apprécier (8a-8b). En revanche,
avec un prédicat de type activité, l’adjectif glisse vers la quantification, puisque les
activités se laissent plus facilement appréhender sous l’angle du temps (fréquence ou
durée) (8c), voire de l’espace (allusion à un participant matériel) (8d).

(8) a. Un grand amateur de jazz (une personne qui aime beaucoup le jazz)
b. Une grande fan d’Elvis Presley (une personne qui aime beaucoup Elvis Presley)
c. Un grand voyageur (une personne qui voyage souvent, durant de longues périodes et sur de
grandes distances)
d. Un gros mangeur (une personne qui mange beaucoup (de nourriture))

3. Les exemples les plus périphériques mettent en jeu des noms variés. C’est que l’adjectif
peut théoriquement porter sur toutes sortes de composantes sémantiques ou de concepts
associés au référent, au point où l’identification de l’élément visé devient parfois difficile.
Néanmoins, la valeur intensive est plausible avec des réalités qui partagent certaines
caractéristiques des propriétés : des sensations (9a-9c) ; des entités à l’extension spatiale
mal définie en raison d’une massification (9d).

(9) a. Une grippe carabinée (intensité des symptômes : douleur, fatigue…)


b. Un solide coup de poing (intensité de la force appliquée ou ressentie)
c. Une pluie diluvienne (quantification de l’eau ou intensité ressentie par un sujet : force, froid…)
d. Une attaque massive (intensifie le nombre d’attaquants et de moyens en jeu, exemple et
analyse de Elnitsky & Mel’čuk 1988 : 74-75)

Pour ces trois cas de figure, le mécanisme d’incidence particulier de l’adjectif fait partie de ce
que Bolinger (1967) appelle la modification de la référence. L’auteur désignait en ces termes
un ensemble de cas où l’adjectif exprime autre chose qu’une propriété du référent nominal. Il
est à peu près sûr que ce phénomène se traduit par le refus de la fonction attribut. Celle-ci se
trouve donc doublement handicapée : par la valeur sémantique de l’adjectif (intensité ou
quantité) et par le mécanisme d’incidence à l’œuvre.

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

1.3. À propos du figement

On aura remarqué que certains des adjectifs traités jusqu’à maintenant sont fortement
sélectionnés par le nom (10a-10c). On pourrait penser que cela suffit à expliquer le refus de la
fonction attribut, ou qu’il conviendrait de ranger les adjectifs en cause dans une classe à part,
comme le font Grossmann & Tutin (2005) pour leurs adjectifs idiosyncrasiques.
?
(10) a. Une colère noire ~ *Une joie noire ~ Une noire tristesse
b. Une peur bleue ~ *Une frousse bleue
??
c. Une grippe carabinée ~ Un rhume carabiné

Dans l’optique de la Théorie Sens-Texte (cf. Mel’čuk et al. 1995 : 46), de tels adjectifs
correspondent à des collocatifs : leur choix ne s’effectue pas librement mais en fonction de
l’unité lexicale qu’ils accompagnent. Or, comme l’ont clairement démontré Alonso Ramos &
Mantha (1996), le statut de collocatif ne se traduit pas nécessairement par le refus de la
fonction attribut (11a-11b).

(11) a. Une peur bleue ~ *Sa peur est bleue.


b. Des cheveux blonds ~ Ses cheveux sont blonds2.

Ce qui importe pour expliquer le blocage de l’attribut, ce n’est donc pas le statut de collocatif,
mais quelque chose de plus spécifique. À ce sujet, il est remarquable de constater qu’en
français, la majorité des adjectifs collocatifs qui refusent la fonction attribut se répartissent
suivant deux valeurs bien précises : classification (12a) et intensité (12b). Une telle tendance
ne saurait relever du hasard. Cela semble confirmer que le refus de la fonction attribut est dû
au statut sémantique de l’adjectif. Par conséquent, les adjectifs intensifs qui sont des
collocatifs peuvent être rangés dans la même catégorie que les adjectifs intensifs libres.

(12) a. Ski alpin ~ Porte cochère ~ Chocolat noir ~ Vin rouge ~ Rose trémière
b. Grippe carabinée ~ Blessé grave ~ Humble espoir ~ Appétit vorace ~ Penchant prononcé

2. Les adjectifs qualificatifs


Une deuxième catégorie d’adjectifs concernée par l’intensité est celle des qualificatifs. Les
sèmes intensifs d’un adjectif peuvent en effet se doubler de sèmes qualitatifs, évoquant des
propriétés, ce qui permet la fonction attribut. Le phénomène est connu (Romero 2005) et sert
à Grossmann & Tutin (2005) de critère définitoire pour leur classe d’adjectifs mixtes (13a-
13b). Il convient cependant de rappeler que l’adjectif, qui accompagne un nom de propriété
intensifiable, possède une incidence normale. Ce n’est que dans de telles conditions qu’il
peut accepter la fonction attribut. On notera en revanche que les adjectifs mixtes de
Grossmann & Tutin (2005) ne permettent pas tous la fonction attribut (13c-13f) ; les raisons
du blocage restent à déterminer mais pourraient avoir un lien avec la polysémie et la nature
des sèmes dits qualitatifs.

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Les adjectifs collocatifs qui acceptent la fonction attribut sont souvent désignés comme des prédicats
exerçant une contrainte de sélection sur leur argument.

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

(13) a. Un bonheur absolu (intense et complet) ~ Son bonheur était absolu.


b. Une joie totale (intense et complète) ~ Sa joie était totale.
c. Un parfait désespoir (intense et complet) ~ *Son désespoir était parfait.

d. Une tristesse indescriptible (intense et qu’on ne saurait décrire) ~ Sa tristesse était
( )
indescriptible telle qu’on ne saurait la décrire .
??
e. Un violent désespoir (intense et se manifestant de manière violente) ~ Son désespoir était
violent.
f. Une affreuse tristesse (intense et faisant l’objet d’un jugement dépréciatif) ~ *Sa tristesse était
affreuse.
(exemples de Grossmann & Tutin 2005)

L’intensité serait en somme susceptible d’être perçue comme une propriété. Il y aurait donc
lieu de distinguer l’intensité en tant que sens grammatical et l’intensité en tant que sens lexical
— autrement dit, l’intensité en action vs l’intensité vue de l’extérieur, comme une partie du
monde extra-linguistique. Cela n’a rien d’étonnant quand on pense que d’autres concepts
associés spontanément au domaine grammatical peuvent être perçus comme des propriétés.
C’est le cas des relations temporelles (14a-14b).

(14) a. L’invention du téléphone est postérieure à celle du télégraphe. ~ L’invention du téléphone a la


caractéristique suivante : elle est postérieure à celle du télégraphe.
b. Ce film est récent. ~ Ce film a la caractéristique suivante : il est récent.

Nous quittons maintenant le domaine de l’intensité appliquée à des réalités extra-linguistiques


pour nous diriger vers des zones distinctes.

3. Les adjectifs de quantification des traits


D’autres adjectifs dits intensifs mesurent la conformité du référent aux traits définitoires
de la catégorie ou aux attentes personnelles (15a-15d). Ils accompagnent des noms dotés
d’un référent, des noms qui renvoient à la réalité extra-linguistique. Vrai se présente comme
le représentant le plus polyvalent de la classe, alors que d’autres adjectifs sélectionnent par
exemple un nom humain. Dans l’ensemble, le mécanisme d’incidence est assez particulier :
ces adjectifs nécessitent la décomposition du signifié nominal. Ils portent sur un
hyperonyme du nom, et le nom lui-même apparaît à l’intérieur de la paraphrase. En somme,
trois facteurs expliquent le refus de la fonction attribut : l’adjectif n’évoque pas une propriété ;
il ne porte pas sur le signifié nominal dans son ensemble ; sa signification n’est pas stable
(elle inclut une référence à la catégorie ontologique délimitée par le nom).

(15) a. Un vrai diamant (une pierre qui répond à tous les traits jugés définitoires de la catégorie
« diamant »)
b. Un musicien accompli (une personne conforme à l’idée qu’on se fait d’un musicien du point de
vue des accomplissements)
c. Un conducteur chevronné (une personne conforme à l’idée qu’on se fait d’un conducteur du
point de vue de l’expérience)
d. Un grand artiste (une personne conforme à l’idée qu’on se fait d’un artiste du point de vue des
accomplissements)

Les opinions divergent quant à la valeur intensive de ces adjectifs :


– Romero (2001 : 26-27) les considèrerait comme intensifs avec tous les noms qu’ils
accompagnent. C’est qu’elle envisage l’intensité sous l’angle de la catégorisation. On sait
en effet qu’une réalité donnée peut être considérée comme appartenant plus ou moins à une

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

catégorie : par exemple, certains diamants sont « plus diamants » que d’autres (cf. Kleiber
& Riegel 1978, Kleiber 1990, Riegel 2005). De ce point de vue, l’analogie avec l’intensité
est frappante : l’appartenance à une catégorie peut être représentée par une échelle
continue, sans rapport au temps ni à l’espace et sans possibilité de mesure, comme pour les
propriétés.
– En revanche, Grossmann & Tutin (2005) ne posent une valeur intensive qu’en présence
d’un nom de propriété (16). Cette valeur est obtenue de manière indirecte, l’adéquation de
la dénomination étant fonction de l’intensité de la propriété.

(16) Une vraie peur (un sentiment qu’on peut vraiment qualifier de peur) (Grossmann & Tutin 2005 :
185)

En somme, les adjectifs de quantification des traits, dans leur valeur de base, ne portent pas
sur des éléments du monde extra-linguistique. Nous préférons donc les distinguer des
véritables adjectifs intensifs. Un argument supplémentaire va dans cette direction : la
quantification des traits peut porter sur une propriété dont le support n’est pas spécifié (17a),
chose plus difficile pour les vrais adjectifs intensifs (17b). (Les exemples (17c) et (17d)
évoquent une propriété dont le support est spécifié.)

(17) a. Le vrai courage, c’est de dénoncer un régime totalitaire.


b. ??Le grand courage, c’est de dénoncer un régime totalitaire.
c. Encore une fois, je me suis référé à mes souvenirs d’enfance et à la peur bleue qui m’habitait
quand je montais sur ces manèges (Pierre Jalbert).
d. Les Communards, piégés par leur inexpérience autant que par la peur bleue des Versaillais, se
vengent en faisant fusiller environ 480 otages, dont l’archevêque Darboy (www.herodote.net).

4. Conclusion

4.1. Aspects classificatoires

Aux trois catégories d’adjectifs dits intensifs que nous avons recensées, nous pourrions en
ajouter deux, que nous abordons brièvement afin de respecter l’espace imparti :

• Les adjectifs de repérage ensembliste situent le référent face aux autres membres de son
ensemble. On les retrouve par exemple avec des noms abstraits non intensifiables (18a) et
des noms concrets (18b). Le nom doit cependant renvoyer à plusieurs dénotés ou permettre
l’appréhension du référent sous différentes facettes, ce qui exclut dans une large mesure les
noms propres (18c) et les noms de substances (18d). L’incidence de l’adjectif est normale :
il porte sur la totalité du signifié nominal (18e). Parmi les représentants de cette catégorie,
principal et suprême sont dits intensifs parce qu’ils témoignent d’une hiérarchisation
(Schuwer 2005 : 94-95). Néanmoins, la notion de repérage nous paraît ici plus importante
que celle de hiérarchie. D’ailleurs, certains adjectifs qui présentent les mêmes
comportements que principal et suprême effectuent le repérage autrement que par
référence au degré (18f). Nous préférons donc poser une classe distincte de celle des
adjectifs intensifs.

(18) a. La raison principale ~ L’autorité suprême ~ L’ultime trahison


b. La porte principale ~ L’ultime appareil photo

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

c. ??La Lucie principale ~ ??La France ultime


d. ??Le pétrole principal ~ ??Le magnésium ultime
e. Le N principal (le N qui dépasse en termes d’importance tous les autres N considérés dans les
circonstances de l’énonciation)
f. Le fils aîné ~ La dernière maison ~ Le problème final

• Les adjectifs affectifs dénotent l’attitude du locuteur à l’égard du référent ou de la situation


(Milner 1978 : 207-213, Gaatone 1988 : 170-171, Giry-Schneider 2005, Schuwer 2005 :
94). On les retrouve avec différents types de noms (19a-19d) et ils portent probablement
sur l’ensemble du signifié nominal, quoique leur statut sémantique les rende difficiles à
paraphraser (19e-19g). Ces adjectifs évoquent bien le haut degré, mais sur le plan de
l’affect. Nous les rangeons donc dans une classe à part des adjectifs intensifs.

(19) a. Une brave fille ~ Ce damné Gontrand ~ Un pauvre garçon ~ Les satanés linguistes
b. Un fichu gadget ~ Une foutue bagnole ~ Un sacré pinard
c. Un sacré colloque ~ Une sale maladie
d. Une fichue veine (Giry-Schneider 2005 : 163) ~ Un sacré courage
e. Une brave fille (une fille à l’égard de laquelle j’éprouve une grande sympathie)
f. Les satanés linguistes (les linguistes, à l’égard desquels j’éprouve une grande antipathie)
g. Un sacré colloque (un colloque à l’égard duquel j’éprouve une impression vive)

Les adjectifs de repérage ensembliste et les adjectifs affectifs refusent la fonction attribut et ne
sont pas mentionnés par Grossmann & Tutin (2005).

On obtient en somme cinq catégories d’adjectifs dits intensifs, dont il convient pour conclure
de préciser la place au sein d’une classification générale. Si les qualificatifs ne posent pas de
problème, les quatre classes restantes nécessitent quelques précisions. En effet, la fonction
attribut étant considérée comme un critère définitoire des qualificatifs, il faut bien déterminer
ce qu’il advient des adjectifs réfractaires. Nous proposons la solution suivante (voir Figure 1,
ci-dessous) :
– Les adjectifs affectifs forment une classe autonome.
– Les « vrais » adjectifs intensifs, les adjectifs de quantification des traits et les adjectifs de
repérage ensembliste s’insèrent dans une classe plus vaste : celle des adjectifs
référentiels. Le terme signifie ici (qui construit la référence du nom). Construire la
référence équivaut à donner la quantité (au sens large) ou les repères. L’intensité et la
quantification des traits correspondent à la première de ces facettes, le repérage
ensembliste à la seconde. Cette analyse est inspirée de Léard (en préparation), qui parle de
noms et de verbes référentiels. En somme, il ne s’agit pas d’une solution ad hoc : elle
s’applique à d’autres adjectifs que les intensifs (20a-20e) et même à d’autres parties du
discours (21).

(20) a. Un double scotch ~ Un seul livre ~ Il y avait un monde fou. (quantification d’entités)
b. Un éventuel visiteur ~ Un marché potentiel (quantification de procès : modalité aléthique)
c. Une ancienne auberge ~ Un futur recteur ~ Un buveur occasionnel (repérage temporel)
d. L’étage supérieur ~ La porte intérieure (repérage ensembliste)
e. Une certaine langue ~ Un adjectif donné ~ Un endroit quelconque (repérage indéfini)

(21) Un litre de lait ~ Un morceau de bois ~ Léa commence à travailler. (Léard en préparation)

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

Figure 1. Situation des adjectifs dits intensifs dans une classification générale

Adjectifs

Attributs Non-attributs

Qualificatifs Référentiels Affectifs …


(joie totale) (sacré courage)

Quantité Repères

Intensité … Ensemble …
(peur bleue) (bonheur suprême)
Quantification des traits
(vrai courage)

4.2. Les intensifs purs en fonction attribut

Suivant la classification proposée, la situation semble relativement simple : il y a intersection


entre les adjectifs intensifs référentiels et les adjectifs intensifs qualificatifs. Les premiers
refusent la fonction attribut, les seconds l’acceptent.

Une telle analyse rencontre cependant une difficulté : certains adjectifs acceptent la fonction
attribut alors que ce sont des intensifs purs, dépourvus de sèmes qualificatifs (22a-22c).
Comme nous l’avons vu en introduction, Grossmann & Tutin (2005) rangent ces adjectifs
dans la catégorie des intensifs standard. Ils en concluent que la catégorie n’apparaît pas
homogène en ce qui concerne les propriétés syntaxiques (p. 191).

(22) a. Ma joie était grande (Albert Simonin, dans Grossmann & Tutin 2005 : 191).
b. Son chagrin est immense.
c. Ma peine est profonde (Verlaine).

Sur ce point, on remarquera d’abord que les exemples en question paraissent plutôt littéraires
et sont moins spontanés que les emplois contenant un sujet humain auquel on associe un
terme de propriété précédé d’un intensifieur (23). On remarquera surtout qu’ils ne
correspondent pas tout à fait à ce qu’on attend d’un attribut : ils refusent la paraphrase avec le
nom caractéristique (24a-24c), proposée par Riegel (1985).

(23) Il a beaucoup de peine. ~ Il a bien de la peine. ~ Il est très triste.

(24) a. Son bonheur était grand.


b. ??Son bonheur avait la caractéristique suivante : il était grand.
c. ??Son bonheur avait la caractéristique d’être grand.

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

L’existence d’attributs à valeur intensive plutôt que qualificative n’a rien d’étonnant quand on
considère que plusieurs tournures apparemment attributives expriment autre chose que des
propriétés (et peuvent contenir autre chose qu’un adjectif). On citera comme exemples :
– Les attributs localisants, identifiés par Riegel (1985 : 59-63). Ils situent le sujet dans le
temps (25a) ou dans l’espace (25b).
– Les attributs quantifiants, étudiés par Gaatone (à paraître) (26a-26b). Ces exemples sont
cependant plus figés que les précédents, dans la mesure où le sujet grammatical doit
nécessairement renvoyer à un être animé. Pour les inanimés, on recourra à la tournure être
au nombre de (26c). D’autres types permettent aussi la quantification d’entités massives
(26d).

(25) a. Nous sommes au 21e siècle.


b. Luc est dans le jardin. ~ Luc se trouve dans le jardin.

(26) a. Nous sommes nombreux à participer à ce colloque.


b. Ils étaient quatre.
c. Les solutions retenues sont au nombre de trois.
d. Luc mange trois kilos de choucroute par jour. C’est beaucoup.

On voit donc qu’il est difficile de postuler un statut qualificatif pour les intensifs purs qui
acceptent la fonction attribut. La question qui se pose dès lors est la suivante : si l’on trouve
des attributs à valeur intensive, pourquoi la plupart des adjectifs intensifs refusent-ils la
fonction attribut ? Une solution possible pourrait concerner la notion d’espace :
– La plupart des adjectifs intensifs purs qui acceptent la fonction attribut possèdent un
correspondant qualificatif qui fait référence à l’espace : grand, gros, immense, profond.
– Les noms en cause sont surtout des noms d’état ou d’émotion, plus que des noms de
qualité ou de sentiment (27a-27b). Or, les états et les émotions sont perçus comme ayant
une étendue spatiale (Van de Velde 1999 : 152 ; Flaux & Van de Velde 2000 : 93-94, 99)
(27c-27d).

(27) a. Sa joie était grande (état/émotion). ~ ??Son courage était grand (qualité).
b. Sa peine était profonde (état/émotion). ~ ??Son indifférence était profonde (sentiment).
c. Vivre dans {la joie / la peine} ~ Nager en plein bonheur ~ Sombrer dans la tristesse (états)
d. Être {envahi / inondé / submergé} par la joie (émotion)

Malheureusement, une telle hypothèse rencontre des contre-exemples, puisqu’on trouve des
noms de qualité et de sentiment qui autorisent l’emploi d’adjectifs intensifs purs en fonction
attribut (27e-27f). Le mystère reste donc entier.

e. Sa générosité était grande. ~ Sa gentillesse était grande. (qualités)


f. Son indifférence était grande. (sentiment)

On retiendra néanmoins qu’en matière d’adjectifs intensifs, la fonction attribut constitue


plutôt l’exception que la règle. Cela montre l’intérêt de nouvelles classes d’adjectifs, non
qualificatifs3.

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Nous tenons à remercier le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) et le Conseil
de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour leur appui financier.

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Les adjectifs intensifs et la fonction attribut

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