SAMEDI ET DIMANCHE 27 et 28 janvier 2018 / Edition Bruxelles / Brabant wallon / Quotidien / No 23 / 2,70 € / 02 225 55 55

BEIGBEDER #METOO
« Jamais Orwell
n’aurait pu croire que Guide de la drague
les humains seraient respectueuse P. 14 & 15
candidats à être
surveillés »
P. 33 à 35

2018
L’ANNÉE HENRI PFR
DEMANDEZ-LE
À VOTRE LIBRAIRE
lesoir.be

Comment
Carrefour
a profité
des intérêts
notionnels
arrefour Finance est une
C sorte de banque interne
du groupe Carrefour.
Entité de droit belge, elle a bé-
néficié, depuis 2013 et jusqu’en
2016, de près de 500 millions
d’intérêts notionnels. Pour
2016, les comptes annuels en
déclarent 120,971 millions d’eu-
ros.
Carrefour Belgium en a-t-il
bénéficié ? « Probablement !, ré-
pond Jérôme Terfve, avocat spé-
cialisé. Elle prête de l’argent aux
autres entités du groupe et se
fait rémunérer pour cela. Elle
en tire un bénéfice, et le débi-
teur, lui, paye des intérêts qui
sont partiellement déductibles. »
Contacté, le service de commu-
nication de Carrefour en France
n’a pas donné suite à nos ques-
tions sur Carrefour Finance. ■
P. 4 À 8 NOTRE DOSSIER
Une loge maçonnique
s’oppose au gouvernement
Autoriser les visites domiciliaires visant les étrangers en situation illégale
n’est pas du goût des maçons du « Droit humain ». Par courrier, ils invitent
leurs frères députés fédéraux à voter contre le projet de loi prévoyant celles-ci.
ar ton engagement maçon-
P nique, tu travailles au
progrès de l’humanité. En
l’occurrence, ce progrès passe par
une défense des principes élémen-
taires de notre démocratie. Nous
espérons que tu auras à cœur de
t’opposer à l’adoption de ce texte
dangereux et d’y sensibiliser les
membres de ta formation poli-
tique. »
Dans le courrier qu’elle adresse
à ses « très chers frères et très
chères sœurs », le Droit humain,
deuxième obédience maçon-
nique en nombre de membres
après le Grand Orient, ne va pas
1er
JOURNAL
À BRUXELLES
par quatre chemins. De manière
explicite, la loge invite les députés
évoluant en son sein à rejeter le
texte actuellement en débat au
Parlement (en commission dans
un premier temps, avant d’atter-
rir en assemblée plénière) qui
prévoit d’autoriser les visites do-
miciliaires d’agents de l’Office des
étrangers chez les personnes qui
hébergent des migrants, afin
d’arrêter celles ou ceux qui se
trouveraient en situation illégale.
Soulignant d’abord le respect
dû à « l’étranger voyageur », le
Droit humain s’inquiète du sort
fait au principe d’inviolabilité du
week-end
domicile : « Bien plus fondamen-
talement, c’est le principe même
de la restriction et de la protection
de l’inviolabilité du domicile qui
nous paraît représenter une me-
nace grave pour les droits et
libertés individuelles qui nous
sont chers et que notre Ordre a
contribué à bâtir au travers de
nombreux combats démocra-
tiques. »
Edouard Delruelle, professeur
de philosophie (ULiège) et ma-
çon, juge, en revanche, que l’in-
tervention est « légitime et lo-
gique », là où d’autres francs-ma-
çons estiment que la démarche va
+
trop loin, risquant « de renforcer
le cliché d’une influence occulte de
la loge ».
Plusieurs députés, que nous
avons contactés, confirment
avoir reçu ce courrier. Des libé-
raux, des socialistes, en l’occur-
rence. Ils ne veulent cependant
pas apparaître. Gageons que,
parmi eux, d’aucuns sont tiraillés
entre leur adhésion personnelle à
la franc-maçonnerie et la solida-
rité gouvernementale. Entre le
leslivres
mot d’ordre du Droit humain et la
défense du projet de loi suédois
au Parlement fédéral, il faudra
choisir… De quoi mettre une
pression supplémentaire sur la
majorité fédérale, et en particu-
lier sur ses parlementaires qui,
par ailleurs, sont membres de la
franc-maçonnerie. Et cela dans
un dossier très controversé. ■
P. 2 & 3
NOS INFORMATIONS

PU_200006846104/ES-B

L’ÉDITO
Béatrice Delvaux
ÉDITORIALISTE EN CHEF
CARREFOUR : GARE
À LA THÉORIE
DU « Y A QU’À »
Lnoir’avenir des « licenciés » de
Carrefour ne serait pas si
: dans une Belgique du
plein-emploi, où les employeurs
ont du mal à trouver les profils
dont ils ont cruellement besoin,
dans une Belgique où la crois-
sance est repartie et où les
offres d’emploi pullulent, la
reconversion des 1.233 employés
menacés serait en fait un faux
problème.
On aimerait croire à cette théo-
rie des vases communicants,
appliquée aux malheurs de la
grande distribution. Il y a évi-
demment des cas qui corro-
borent cette idée. Bekaert est
ainsi souvent cité en exemple,
avec des employés et des ou-
vriers qui ont quasi tous retrou-
vé du travail dans les mois qui
ont suivi la restructuration de
leur entreprise.
Gare cependant à la généralisa-
tion optimiste et à la propaga-
tion du « Y a qu’à » : le nirvana
n’est pas automatiquement
garanti au bout du chèque de
licenciement que toucheront les
licenciés de Carrefour. Pas si
simple en effet. Primo, parce que
cette situation de plein-emploi et
de pénurie de main-d’œuvre est
principalement vraie en Flandre.
Les emplois qui attendent ainsi
désespérément un travailleur
sont souvent plus des « vaca-
tures », pas nécessairement
accessibles aux licenciés de
Belle-Île à Angleur. Secundo, la
qualification exigée pour ces
emplois vacants est moins com-
patible avec les statuts de cais-
sières et réassortisseurs de
Le nirvana n’est pas
garanti par un chèque
de licenciement
rayons des hypermarchés
qu’avec celui des électromécani-
ciens de Caterpillar ou des ou-
vriers qualifiés de Bekaert. Ter-
tio, la possibilité de retrouver du
travail non qualifié dans d’autres
enseignes du secteur de la distri-
bution est une option réelle,
mais qui se fera le plus souvent
avec des statuts plus précaires
et des salaires plus bas. La cais-
sière à recaser risque de se
retrouver en concurrence avec
l’étudiant jobiste ou le pensionné
qui complète sa retraite…
L’idée n’est pas ici d’assumer
une sorte de défaitisme, de
fatalité noire ou de refus de la
mobilité. Mais entre plein-emploi
et chômage structurel, entre
Flandre, Wallonie et Bruxelles,
les disparités régionales du
marché du travail belge sont
réelles. Les solutions doivent
donc être élaborées à la fois de
manière commune mais aussi en
tenant compte des spécificités –
rappelons-nous de la gestion
assez exemplaire du dossier
Caterpillar, faite sur mesure pour
l’endroit et son personnel. Cela
rend le travail en commun des
pouvoirs fédéral et régionaux
d’autant plus indispensable, et
non en pièces détachées comme
ce fut le cas vendredi.

04 MARCHÉS 23 PETITE GAZETTE 56 MÉTÉO 64

RÉGIONS 51 À 53 NÉCROLOGIE 63 LOTERIE 64
TÉLÉVISION 54-55 JEUX 64 BON À DÉCOUPER 64
5 413635 081644
1