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Duchemin Jacqueline. Remarques sur la composition du « Gorgias ».. In: Revue des Études Grecques, tome 56, fascicule
266-268, Juillet-décembre 1943. pp. 265-286;
http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1943_num_56_266_2990
ria de 1933 : Platon et la tragédie, partie d'une étude sur l'Influence de la poésie
et de Vart sur Platon. L'auteur insiste sur les points suivants : Socrate est sans
cesse en scène et les interlocuteurs se meuvent autour de lui ; l'attention est
tenue en suspens au cours de scènes successives disposées en crescendo. Voir
aussi l'article de Rndberg, L'élément dramatique chez Platon, dans les Symbolae
Osloenses de 1939. Nous n'avons pu avoir connaissance de cet article que par
le bref résumé de V Année philologique, qui y relève l'exaœen de la
composition dramatique des dialogues, et en particulier de la question du nombre
des interlocuteurs, envisagé dans ses rapports avec le nombre des acteurs
tragiques.
(1) Voir la précédente note.
(2) Voir notamment le développement qui commence à 456 c.
(3) 448 a, 449 a, 449 c, etc.
(4) II invite même Socrate à parler sans craindre de le choquer (463 a) et lui
demandera plus loin de continuer son exposé, malgré le refus de Galliclès de
poursuivre la discussion (506 a-b).
(5) Voir sa brusque intervention (461 6), ses répliques à l'emporte-pièce (461 d,
462 e etc.), ses sautes d'humeur qui le rendent incapable de suivre un
raisonnement (v. 466 6-e). Sa fougue s'exprime dans un style heurté comme celui de
sa grande phrase d'entrée, remplie d'anacoluthes (461 6-c).
. (6) 461 b, 410 c, 471 e etc.
(7) 468 e, 470 e etc.
REMARQUES SUR LÀ COMPOSITION DU « GORGIAS » 267
(1) 448 c.
(2) \7oir notamment son entrée (48i 6) et tout le fameux discours qui suit.
(3) 484 tf-e, 485 a-c, 490 c-d etc.
(4) Voir en particulier l'intermède introduit à 505 c par le refus boudeur de
Calliclès de continuera répondre à Socrate.
(5) 489 6, 491 <?, 497 b-c, etc.
(6) 492 e, 505 d etc.
(1) 486 α-ό, 511 a etc.
(8) V. 495 a, où il maintient une affirmation insoutenable pour ne pas se
contredire, 499 6, où il prétend avoir fait exprès des concessions pour se jouer de
Socrate, etc.
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§ 2. Le contenu philosophique.
(1) Par exemple, dès 434 b, Platon met dans la bouche de Gorgias l'annonce
d'un thème essentiel, celui du juste et.de l'injuste.
(2) Ainsi à 310 a Socrate, au plus fort d'une discussion sur l'injustice,
réintroduit, sans presque avoir l'air d'y songer, l'idée du pouvoir politique et de la
tyrannie.
(3) On a souvent essayé d'établir la division du Gorgias. Nous citerons notam-
îiient l'ouvrage de Cron, Beitrdf/e ;« Erkldrung des Platonischen Gorgias, Leipzig,
1870; les chapitres consacrés au Gorgias par Bonitz, Platonische Studien, Berlin,
1886; Deuschle : Dispositionen Platonischer Dialoge (cité abondamment par
Cron, op. cit.); Han, Platonstudien, Vienne, 1893; Steinhart, G esc hic hi lie he
Entwickelung der Platonischen Philosophie (largement cité par Bonitz, op. cit.),
et l'introduction au Gorgias dans l'édition d'A. Groiset et L. Bodin (Paris,
Belles-Lettres, 1924, au tome III des Œuvres de Platon, 2me partie).
(4) Op. cit., p. 93 et 107.
(5) Op. cit., réfuté par Gron, op. cit., p. 64.
(6) Op. eît., mentionné par Bonitz, op. cit., p. 35 sqq. Steinhart divise le
dialogue en cinq parties et place ici la coupure entre la quatrième et la cinquième.
La quatrième partie « conduit, écrit-il, à l'idée la plus élevée du dialogue, celle
de l'harmonie qui domine le monde et de l'ordre », tandis que dans la cinquième
« la loi morale est rattachée... à l'ordre moral et éternel du monde, établi par
Dieu ».
(7) Cron, op. cit., p. 64, remarque qu'il n'y a là aucune conclusion, aucun
point tournant de la discussion, et que celle-ci continue après l'intermède comme
si rien ne s'était produit. Les explications de Bonitz, op. cit., p. 31, sont à peu
près identiques. De fait, en se plaçant au point de vue de la suite des idées, on
admet aisément le bien-fondé de ces remarques.
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§ 3. Le sujet du dialogue.
(1) M. Humbert se base pour étayer son opinion sur l'allusion contenue dans
le pamphlet, d'après le témoignage du rhéteur gaulois Favorinus transmis par
Diogène Laërce (II, 5, 18), à la reconstruction des Longs Murs par Gonon, qui
eut lieu six ans après la mort de Socrate. Toutefois l'argument n'est peut-être
pas absolument décisif, car l'allusion a pu être interpolée, ou encore ajoutée
par Polycratès lui-même au cours d'un remaniement postérieur.
(2) M. Humbert, p. 9-10 de son ouvrage, cite Théniistius, le scholiaste d'Iso-
crate et Quintilien. Par ailleurs les Anciens nous ont laissé deux réponses à
l'accusation unique, celle de Xénophon {Mémorables., I, 1), qui désigne
seulement l'accusateur par le mot κατήγορος, celle de Libatiius qui s'adresse
nommément à Anytos. Si nous distinguons Anytos et Polycratès, c'est sur la foi de
Diogène Laërce (loc. cit.) : Άπηνέγκατο μέν ουν την γραφήν δ Μελητος, εΐ~ε δέ την
δίκην Πολύευκτος, ως φησ·. Φαβωρϊνος... συνέγραψε δε τον λόγον Πολυκράτης ό
σοφιστής, ώς φτ,σιν "Ερμιπχος, ή "Ανυτος, ως τίνες. 11 semble pourtant que Diogène
Laërce, qui distingue deux auteurs possibles, connaisse bien une œuvre
unique. La distinction entre l'accusation de 399 et le pamphlet de Polycratès
n'est d'ailleurs pas essentielle à la discussion des rapports entre le Gorgias et
la Κατηγορία. S'il est très probable en effet que le Gorgias a été écrit après
le voyage en Grande Grèce et en Sicile (voir les traces d'orphisme qu'il
contient) et si ce dialogue paraît bien avoir été écrit sous le coup direct d'une
violente indignation, il n'est pas nécessaire de recourir à l'hypothèse d'un pamphlet
différent de la Κατηγορία de 399 : il a pu s'agir de l'édition largement
diffusée d'un discours non encore publié jusque-là,
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(1) Que l'on relise eu particulier la page 521 d-e, où l'on voit le philosophe
comparé à un médecin qui serait jugé par un tribunal d'enfants.
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(1) Dans la première partie, elle suit très exactement les manifestations de la
vanité de Gorgias; elle vient ensuite comme une réponse aux boutades et aux
mouvements d'humeur de Polos, puis aux provocations de Calliclès; les deux
grands exposés ironiques où il montre l'opposition du rhéteur et du politique
(48td-482c et 486 d-488 />) sont appelés l'un par la tumultueuse entrée en
scène de Calliclès, l'autre par sa longue et véhémente profession de foi.
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(1) A peine relevons-nous une allusion isolée aux constructions (435 e),
destinée surtout à indiquer ce qui sera plus loin un thème essentiel.
(2) Πολιτικής μορίου εϊδωλον (463 d). Voir tout le développement 464 6-466 a.
(3) 471 tf-472 c. Polycratès accusait Socrate de servir la tyrannie (cf. p. 278,
n. 1). Platon justifie son maître en lui opposant deux servants de la
tyrannie, Polos, qui veut pour lui le pouvoir tyrannique, Calliclès, qui, lui, veut
savoir flatter le tyran. Un grand nombre d'allusions de détail insistent sur
l'affinité des démagogues avec les tyrans (462 c, 470 d-471 α etc.).
(4) 466 a-467 6, 466 c, 468 e, 469 «, 469 c.
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Jacqueline Duchemin.