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Emanuel Stoica : Ces rassemblements à Paris ont commencé en janvier dernier avec les
premières ordonnances sur la justice. Dès le premier jour où ces informations ont été
rendues publiques, on a organisé un petit flashmob devant l'Ambassade et une centaine
de personnes ont répondu à l'appel. Ensuite, on a commencé à organiser des
manifestations sur le parvis du Trocadéro tous les dimanches, pour suivre les grands
rassemblements de Piata Victoriei à Bucarest. Au plus fort de la mobilisation, début février,
on a réuni environ 1400 personnes au Trocadéro.
Pensez-vous que la diaspora à Paris se sent concernée par les problèmes politiques du
pays ?
Aux moments cruciaux, les gens sont sortis dans la rue. Le déclic a été l'élection
présidentielle de 2014, quand de nombreux Roumains ont fait des queues interminables
aux bureaux de vote parisiens, et beaucoup n'ont même pas pu voté. L'année suivant,
l'incendie au club Colectiv à Bucarest a réveillé la société civile en Roumanie. Depuis, une
partie de la diaspora est prête à se mobiliser elle aussi.
Vous êtes aujourd'hui engagé au sein du parti USR pour la diaspora, comment cela a-t-il
commencé ?
Cette liste USR Diaspora a fait un bon score aux législatives, comment expliquez-vous
cela ?
L'USR a obtenu 50% des voix en France... soit autant que le PSD en Roumanie (rires). Le
parti est arrivé en tête dans de nombreux pays. Les listes que l'on a présentées étaient
faites de gens bien choisis, souvent très diplômés et issus de la société civile, à l'opposé
du carriérisme politique roumain. Ensuite Nicusor Dan est quelqu'un d'intègre, qui a
bonne réputation et qui est souvent connu au sein de la diaspora. J'en avais par exemple
entendu parler depuis longtemps, étant moi-même mathématicien. Et puis il y a la
personnalité originale de Clotilde Armand qui a été pas mal médiatisée, ça nous a aidés
aussi.
Les mobilisations de la société civile de cette année sont inédites quand on regarde
l'histoire de la Roumanie. Pensez-vous que le pays vit un moment historique ?
Il y a plus de gens qui sont sortis dans la rue cette année que lors de la Révolution de '89.
Un million de manifestants à travers le pays, c'est énorme. C'est un véritable tournant
pour la Roumanie : on se rend compte que le pays a un potentiel civique beaucoup plus
important que ce que l'on pensait. Ce qui est impressionnant aussi, c'est que les gens se
sont mobilisés pour quelque chose de relativement abstrait : des réformes de la justice
qui menacent l'Etat de droit. La classe politique est clairement en retard sur la société
civile. C'est une guerre de génération dans la façon de penser : ce n'est pas une question
d'âge, c'est une question de savoir que l'on peut faire bouger les choses et que l'on n'a
pas à baisser les bras.
Vous lisez:
C’est elle qui a été choisie par son parti, les sociaux-démocrates, pour succéder au Premier
ministre démissionnaire.
"Je pense que le président acceptera la proposition du PSD, il n' y a pas de raisons apparentes
pour qu’il ne le fasse pas. En fait, dans la Constitution, il est écrit que le Président doit désigner
la personne qui a été proposée par la coalition ou le parti au pouvoir. Avec la forte majorité que
détiennent les sociaux-démocrates au Parlement, il n'y a aucune raison de convoquer des
élections anticipées. Et si quelqu'un veut transformer artificiellement une telle crise, pour
convoquer des élections, alors ce sera aussi artificiel" a commenté Ioan Mircea Pașcu, vice-
président du Parlement européen.
Scène surréaliste ce mardi à Bucarest : avec la démission du chef du gouvernement roumain, une
rencontre officielle a été annulée avec le Premier ministre japonais. C’est donc le président
roumain qui s’en est chargée, à la dernière minute.
Vous lisez:
C'est un jour de joie pour le Roumain Adrian et l'Américain Claibourn. La justice européenne est
en passe de donner raison à ce couple homosexuel. L'avocat général de la Cour européenne de
justice a estimé ce jeudi que les pays de l'Union doivent accorder un droit de séjour au conjoint
homosexuel.
"Ca a commencé en 2012, raconte Adrian Coman. J'étais sans emploi à Bruxelles après avoir
travaillé au Parlement européen. Clairbourn et moi cherchions à vivre ensemble quelque part et
la Roumanie était une option. Alors j'ai écrit un courrier au gouvernement roumain lui
demandant si on pouvait vivre en Roumanie, comme le prévoit la directive européenne sur la
libre-circulation et on a reçu une réponse négative."
La question en jeu devant la justice européenne, saisie par Bucarest, n'est pas le mariage gay, qui
n'est pas reconnu en Roumanie, mais bien la libre circulation.
Le conjoint homosexuel d'un Européen a le droit de séjour partout dans l'UE, estime
l'avocat général de la CJCE (Cour de justice de l'Union européenne)
Asztalos Casba se bat pour des droits des homosexuel, au sein du Conseil roumain contre la
discrimination : "L'Etat roumain n'a pas d'obligation de reconnaître le mariage gay, mais la
liberté de mouvement est obligatoire pour les couples de même sexe, puisque nous faisons partie
de l'Union européenne. Sinon nous aurons des citoyens européens avec des statuts différents, des
citoyens de seconde zone dans l'UE. "
Mariés depuis 7 ans, Claibourn et Adrian ont toujours eu le soutien de leur famille, même depuis
qu'ils sont sous les projecteurs des médias. Leur combat est en effet une première en Roumanie.
Rendez-vous manqué pour Shinzo Abe
Par Euronews
Dernière MAJ: 16/01/2018
Pas de tapis rouge pour accueillir le Premier ministre japonais à Bucarest. Sur fond de crise
politique en Roumanie, Shinzo Abe a passé de longues heures à attendre un interlocuteur.
Vous lisez:
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, bloqué dans sa chambre d'hôtel à Bucarest, faute
d'interlocuteur. Une scène quelque peu surréaliste pour le premier chef d'un gouvernement
nippon à visiter la Roumanie depuis plus d'un siècle.
Ce mardi, il devait rencontrer son homologue roumain, Mihai Tudose, pour une visite historique.
Mais le membre du Parti social-démocrate (PSD) ayant démissionné lundi soir, Shinzo Abe s'est
retrouvé bien seul à sa descente d'avion.
Pour mettre fin à cette situation diplomatique embarrassante, le Président roumain, Klaus
Iohannis, en personne, a dû bouleverser son agenda afin d'accueillir comme il se doit le Premier
ministre nippon au palais de Cotroceni.
Shinzo Abe a entamé depuis une semaine une tournée en Europe de l'Est pour renforcer ses liens
économiques avec des pays tels que l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie ou la Serbie.
La Roumanie n'a plus de Premier
ministre
Par Euronews
Dernière MAJ: 15/01/2018
Le Premier ministre Mihai Tudose a été acculé à la démission lundi à la suite d'un conflit
avec l'homme fort de son Parti social-démocrate (PSD) Liviu Dragnea, moins de sept
mois après le départ de son prédécesseur.
Une nouvelle crise interne vient de faire chuter le Premier ministre Mihai Tudose, en
poste depuis seulement 7 mois.
En cause : une guerre d'égo et une lutte de pouvoir avec l'homme fort du parti Liviu
Dragnea. Ce dernier ne peut briguer le poste mais entend imposer ses idées. Il a déjà
fait tomber le précédent gouvernement.
Le départ de Mihai Tudose doit encore être entériné par le président Klaus Iohannis.
Les sociaux-démocrates se retrouvent ce mardi pour proposer un nouveau Premier
ministre.
SCAPADES - Guide Michelin: Brașov et
Prejmer
Par Escapades en Roumanie | Publié le 19/01/2018 à 00:00 | Mis à jour le 19/01/2018 à 00:00
Pour bien commencer la nouvelle année, nous vous proposons une escapade
dans un bourg saxon impressionnant, qui garde la trace de son histoire
allemande et représente un carrefour de styles architecturaux et de croyances,
preuve de l’histoire tumultueuse de ce territoire. Direction donc Brasov, "la
ville de la Couronne" et Prejmer, le Village "aux Mille sources".
La ville de Brașov (en allemand Kronstadt, faisant référence à la vieille citadelle Corona)
est une escapade idéale pour les amateurs de cuisine traditionnelle, de festivals et des
randonnées en montagne. La ville est située en bas de la montagne Tâmpa, et vous offre
deux perspectives : la première, industrielle, avec la périphérie et ses bâtiments
modernes, et une autre médiévale, avec le centre historique qui garde encore les traces
de la forteresse d’autrefois. Attestée en 1235, la ville a été reconnue pour la première
fois comme siège des chevaliers de l’Ordre Teutonique qui ont été déployés ici par le roi
d’Hongrie András II, afin de lutter contre les Coumans ; or les découvertes
archéologiques relèvent que le territoire était habité depuis la période néolithique.
Comme point de départ pour l’exploration du centre historique de la ville, nous vous
suggérons la Place du Conseil (Piața Sfatului) [B1-2], place à laquelle vous pourrez
accéder par la rue George Barițiu [A2], et autour de laquelle vous trouverez les
principaux points d’intérêt, ainsi que de belles maisons alignées les unes à côté des
autres. Le bâtiment qui domine la place est la Maison du Conseil (Casa Sfatului) [B2]
bâtie au 13ème siècle et qui abrite aujourd’hui le Musée d’Histoire. À proximité se
trouve l’Eglise Noire (Biserica Neagră) [A2], dont la construction a commencé en 1383.
Initialement, elle appartenait au culte roman-catholique, l’église accueille depuis le
16ème siècle le culte évangélique-luthérien. Elle représente un symbole du style
architectural gothique en Roumanie, mais comprend aussi des éléments baroques,
comme La Grande Orgue Buchholz de 1839, avec ses 3993 tubes. Son nom tire ses
origines du grand incendie de 1689 qui a noirci ses murs. Vis-à-vis de la cathédrale vous
trouverez l’Eglise de la Sainte Trinité [A2] aménagée en 1787 dans une maison de style
baroque, appartenant au culte orthodoxe.
De la Place du Conseil, en prenant la rue Apollonia Hrischer [B2] vous arriverez à
la Maison des Marchands ou à la Maison Hrischer (Casa Negustorilor) [B2] du 16ème
siècle. En suivant la rue, tournez à droite sur la rue Poarta Şchei [AB2], et sur sa partie
gauche vous allez repérer la Rue de la Corde (Strada Sforii) [AB2], l’une des plus étroites
rues d’Europe, qui relie la rue Poarta Şchei avec la rue Cerbului, et qui a été construite
comme rue d’accès pour les pompiers.
Le vieux centre de la ville garde aussi quelques vestiges des remparts et quelques portes
d’accès de la forteresse médiévale. Si vous prenez la rue Derrière les Murs (strada După
Ziduri) [A1-2] vous allez plonger dans l'époque médiévale, vous pourrez longer les murs
de défense et admirer les bastions qui protégeaient ses habitants, aux 15ème et 16ème
siècles, puis monter jusqu'à la Tour Blanche [A1] ou à la Tour Noire [A2] (Turnul Alb et
Turnul Negru). Les murs de défense comptaient autrefois sept bastions réservés
traditionnellement à des guildes d’ouvriers, dont seulement une partie reste encore
visible aux touristes : le Bastion Graft [A1], le Bastion des Forgerons (Bastionul Fierarilor)
et le Bastion des Tisserands (Bastionul Ţesătorilor) [B2].
Dans la partie Sud-Ouest de la ville, en dehors de la ceinture de fortification, vous
pouvez continuer l’exploration de Brașov avec une visite dans le quartier de Șchei [A2].
Le quartier était habité autrefois par des Roumains (la majorité appartenant au culte
orthodoxe ou chrétien de culte slavon), alors que le vieux centre était destiné aux
Saxons (dont la majorité était de culte catholique et protestant). En ce temps, les
Roumains, résidents de ce quartier, avec de petites maisons construites le long de
ruelles étroites, n’avaient pas le droit d’entrer dans la ville qu'à certains intervalles de
temps, et ils devaient payer des taxes pour vendre leurs produits dans le marché central.
L'accès dans le quartier se fait par la Porte de Şchei (Poarta Şchei) [A2] ou par la Porte
Catherine (Poarta Ecaterina) [A2] qui remonte à 1559 et est la seule porte datant de la
période médiévale conservée jusqu’à ce jour.
Le monument le plus important du quartier est l’Eglise « St. Nicholas » [A2] qui s’élève
dans un domaine où existait déjà une église depuis 1292, mais le bâtiment actuel
remonte aux 15ème-16ème siècles. Cette église était d'une importance particulière,
étant considérée comme la cathédrale des Roumains du Pays de Bârsa (Ţara Bârsei:
région historique autrefois située dans la dépression de Brașov). L'église a été soutenue
et financée par les voïvodes de Ţara Românească et même par Elisabeth - impératrice de
la Russie. Sur le côté Sud de l'église se trouve la tombe de Nicolae Titulescu, homme
politique roumain qui a été, entre 1930-1932, le Président de la Société des Nations
(précurseur à l'Organisation des Nations Unies).
Dans la même cour, vous allez trouver le Musée de la Première Ecole en Langue
Roumaine [A2]. Les premiers cours en roumain existaient depuis 1583, mais ce bâtiment
a été construit en 1760. L'exposition comprend des manuscrits et des livres en roumain,
mais aussi une reconstitution d'une salle de classe de la période médiévale.
La visite du quartier Şchei de Brașov peut se poursuivre jusqu'à la Place de l'Union [A2],
au milieu de laquelle trône une statue dédiée au Soldat Inconnu.
Enfin, si vous aimez les longues promenades à pied, vous pouvez aussi vous diriger vers
la ruelle Tiberiu Brediceanu [B2], surnommée aussi la Promenade sous Tâmpa [B2], qui
vous emmènera jusqu'à l’accès au téléphérique.
* Mentions spéciales :
- Le Musée d’Art et d’Ethnographie de Brașov ;
- La Vieille Citadelle de Dealul Cetății ;
- La vue depuis le sommet de Tâmpa ;
- La station Poiana Brașov (surtout pour les amateurs de ski) située à 12 km de la ville ;
- Les concerts d’orgue organisés durant l’été à l’Eglise Noire;
- Le Festival Oktoberfest qui se déroule début automne.
Hôtels : Casa Wagner, Piața Sfatului nr. 5; Casa Cranță, str. Maior Ion Cranță nr 3A; Aro
Palace, b-dul Eroilor nr. 27.
Restaurants : Taverna Sârbului, str. Republicii nr.55; Keller Steak House, str. Apollonia
Hrischer nr. 2; Şura Dacilor, str. Valea Lungă-Poiana Brașov.
Le Village de Prejmer
Le plus ancien bâtiment de Prejmer est l'Eglise de la Sainte Croix que vous pouvez
trouver à l'intérieur de la forteresse (13ème siècle), et dont la construction a été
commencée par les Chevaliers Teutoniques (venus au Pays de Bârsa en 1211). Après
l'exil des chevaliers, la construction a été poursuivie par les moines cisterciens de Cârţa.
En 1461, le clocher est élevé, et au 16ème siècle, le bras Ouest de l’Eglise est érigé dans
le style gothique tardif. L'autel gothique polyptique avec ses deux ailes déplaçables, la
chaire, les bancs et l'orgue (1803), sont des pièces précieuses et remarquables.
Equipe d’édition:
Plus de 30.000 Roumains ont encore manifesté samedi à Bucarest et dans une dizaine
de grandes villes pour dire « non à la corruption ».
Le président de centre droit Klaus Iohannis n’a pas indiqué s’il promulguerait ces textes.
« La Commission invite le parlement roumain à repenser la ligne de conduite proposée,
à ouvrir le débat », a insisté M. Juncker dans son communiqué, mettant « à nouveau en
garde contre les retours en arrière ».
Bruxelles « examinera attentivement les amendements finaux à la loi sur la justice, les
codes pénaux et les lois sur les conflits d’intérêts et la corruption », a-t-il ajouté.
Les deux officiels roumains ont envoyé une lettre ouverte aux deux hauts responsables
européens exprimant leur « inquiétude sur la manière incorrecte dont la Commission
européenne a été informée en ce qui concerne la transparence des débats ».
Ils ont souligné que « les recommandations de la Commission européenne… ont été
prises en compte » durant ce processus, et ont exprimé « l’espoir » que le mécanisme
de surveillance de l’UE sur les progrès de la Roumanie dans le respect de l’État de droit
serait levé « au cours de l’actuel mandat de la Commission européenne ».
L’UE est également en désaccord avec d’autres pays de l’ex-zone d’influence soviétique,
comme la Pologne, la Bulgarie ou la Hongrie, sur des questions d’État de droit, de liberté
des médias ou de traitement des migrants.
La Roumanie a lancé une série de réformes de son système judiciaire, tout comme la
Pologne. Interrogé sur le risque pour la Roumanie de suivre la même voie que la Pologne,
qui pourrait perdre ses droits de vote au Conseil, le président roumain a sobrement
répondu que « ce risque existe ».
« Si vous croyez que les changements des lois sur la justice n’auront pas de
conséquences, vous vous trompez », a poursuivi Klaus Iohannis aux journalistes,
ajoutant que l’ampleur des conséquences dépendra de la forme finale des lois.
Le projet de Bucarest de modifier les lois judiciaires a été critiqué par la Commission
européenne, les États-Unis et les associations de magistrats locaux, et même par Klaus
Iohannis.
Les dirigeants du Parti social-démocrate (PSD), qui fait partie d’une coalition
gouvernementale avec son partenaire junior ALDE (autre que le groupe du Parlement
européen du même nom), ont demandé à plusieurs reprises une révision des trois lois
régissant le système judiciaire.
Des projets de modification de ces lois ont donc rapidement été formulés au cours des
dernières semaines, malgré l’opposition de milliers de magistrats. Deux des projets de loi
sont déjà sur la table du président et un vote final sur le troisième est attendu le
20 décembre.
Les changements proposés ont déclenché des manifestations dans tout le pays, qui est
toujours classé comme l’un des plus corrompus de l’Union européenne. Les opposants
estiment en effet que les nouvelles règles limitent l’indépendance des juges et des
procureurs.
Les partis de l’opposition ont assuré qu’ils avaient l’intention de contester les projets
législatifs devant la Cour constitutionnelle. Le président peut aussi y opposer son veto,
ce qui pourrait retarder significativement leur entrée en vigueur.
Une autre proposition, visant à modifier le code pénal, a aussi déclenché une réaction
sans précédent en Roumanie. Selon ses critiques, ce projet fera dérailler l’ordre public et
rendra la lutte contre la corruption beaucoup plus difficile.
Pour les procureurs, les changements proposés rendront les enquêtes criminelles
beaucoup plus difficiles, voire impossibles. Les débats sur les modifications du code se
poursuivront l’année prochaine.
Les conventions
démocratiques de Macron
démarrent en Roumanie
a Roumanie pourrait devenir le 1er pays à organiser un débat dans l’esprit des
« conventions démocratiques » proposées par Emmanuel Macron, dans le cadre
de sa préparation à la présidence européenne.
Si la France a lancé l’idée, la Roumanie pourrait être le premier pays à organiser ces
débats. Victor Negrescu, secrétaire d’État aux Affaires européennes, a ainsi indiqué
qu’une réflexion s’amorçait sur la présidence roumaine, qui débutera le 1 er janvier 2019,
les priorités de cette présidence et de la stratégie européenne générale du pays,
soulignant qu’un débat dans l’esprit des conventions européennes proposées par
Emmanuel Macron aurait lieu en janvier.
Valeurs et citoyens
En ce qui concerne les citoyens, il est évident qu’un grand nombre des problèmes
auxquels l’UE est confrontée aujourd’hui résultent de la rupture entre les décideurs
politiques, au niveau de l’UE et au niveau national et le grand public, estime le
gouvernement roumain. Et dans le contexte de crises successives, l’« intérêt » semble
prévaloir sur les « valeurs », regrette Bucarest.
Victor Negrescu a donc déclaré que les affaires européennes devaient être
démocratisées, car pour l’instant seule une petite élite en comprend les rouages.
Des événements liés à la présidence internationale se tiendront dans tous les localités
de Roumanie – soit plus de 40 villes. Un projet ambitieux, pour lequel la Roumanie tirera
parti de ses nombreux aéroports assurant des liaisons avec Bruxelles, assure le
représentant.
Pas moins de 60 000 visiteurs étrangers sont en effet attendus en Roumanie pendant la
présidence. La Bulgarie a quant à elle indiqué qu’elle attendait 20 000 visiteurs étrangers
pour sa présidence, qui commence le 1er janvier 2018. Le ministre a déclaré que les
communautés locales étaient enthousiastes à l’idée d’accueillir de tels événements.
« L’UE, c’est aussi pour elles. La présidence ne concerne pas les ministres, ni le
gouvernement, ce sont les citoyens roumains doivent se l’approprier », a-t-il assuré.
Victor Negrescu a également insisté sur la nécessité d’améliorer les compétences des
fonctionnaires roumains, car il faudra remplacer ceux qui ont intégré les institutions
européennes. Il affirme avoir personnellement rencontré les 250 présidents et
coprésidents des groupes de travail qui œuvreront durant la présidence.
La situation politique en Roumanie pose cependant question. De fait, une nouvelle série
de manifestations contre d’une réforme judiciaire, perçue comme une tentative du
gouvernement de faire marche arrière sur les efforts de lutte contre la corruption.
Mobiliser la diaspora
Lors de chacun de ses voyages à l’étranger, il organise ainsi des rencontres avec la
communauté roumaine et essaie d’être en contact avec ses membres le plus directement
possible. Il assure donc être parfaitement conscient de leur volonté légitime de participer
à l’élaboration des priorités de la présidence.
« La consultation que nous allons mener se fera également par l’intermédiaire du ministre
chargé des relations avec la diaspora, notamment grâce à une consultation publique
spécifique », a déclaré Victor Negrescu, ajoutant que le site web de la présidence
roumaine, qui sera en ligne avant Noël, présentera des fonctions spécialement conçues
pour la diaspora.
Il a toutefois admis qu’il était difficile de mettre au point des outils pour atteindre
l’ensemble de la diaspora, et encourage donc les Roumains à l’étranger devraient
également rechercher activement ces canaux. Il a également mentionné des
programmes de recrutement des Roumains vivant à l’étranger, qui pourraient revenir
travailler pour la présidence pendant un an.
Schengen
La Bulgarie et la Roumanie ont été jugées aptes à rejoindre l’espace Schengen sans
frontières depuis 2010. Cependant, l’admission requiert un vote à l’unanimité au Conseil
et des États membres comme la France, l’Allemagne et les Pays-Bas s’opposent toujours
à l’adhésion de ces deux pays à l’espace Schengen.
L’idée d’une adhésion à Schengen en deux étapes n’est pas nouvelle. Durant la première
étape, les voyageurs ne seraient exemptés des contrôles aux frontières que dans les
ports et les aéroports. Si le système fonctionne bien, la prochaine étape consisterait à
supprimer également les contrôles aux frontières terrestres.
Le pays le mieux placé pour organiser ce vote est bien sûr la Bulgarie, dont la présidence
commence dans trois semaines.
« Ce terrain est approprié car sous le communisme, cinq églises se trouvaient dans les
environs. Quand Ceausescu a fait raser le quartier pour construire son bâtiment, trois
ont été détruites et deux déplacées », explique Vasile Banescu, porte-parole du
Patriarcat orthodoxe.
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« C’était une nécessité, poursuit Vasile Banescu. Avec 88 % des Roumains qui se
réclament orthodoxes, le pays avait besoin d’un tel édifice. La cathédrale actuelle de
Bucarest est bien trop petite pour abriter tous les fidèles lors des fêtes religieuses. »
« Les autorités publiques sont irresponsables. Tout cet argent devrait être dépensé
dans les hôpitaux, les maisons de retraite, les écoles. Avant d’investir dans d’aussi
grands projets, le gouvernement devrait consulter la population, car la foi n’a pas
besoin de ces nouveaux murs », argumente Viorel, 57 ans, à la sortie d’un office, non
loin de la future cathédrale.
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Pensée pour « sauver le peuple roumain devant Dieu », cette cathédrale nationale le
divise. « Ce projet est une radiographie du pays et de ses
clivages, assurel’anthropologue Vintila Mihailescu. Si les Roumains se déclarent en
grande majorité orthodoxes, la moitié n’a plus confiance dans l’institution. Ce projet
réaffirme surtout que ni l’Église ni l’État roumains ne veulent de laïcité à
l’occidentale. »
Non content de raser des dizaines de villages afin de les remplacer par des cités-
dortoirs, au nom de l’« homme nouveau », le Conducator – au pouvoir depuis 1965 –
remodèle aussi sa capitale en s’inspirant de ses voyages en Chine et en Corée du
Nord. Alors qu’un tremblement de terre détruit en 1977 plusieurs quartiers de
Bucarest, Ceausescu se saisit de ce prétexte pour anéantir un tiers du centre
historique, de 1982 à 1989. Vingt églises sont détruites et sept autres… déplacées !
C’est cette histoire singulière au milieu d’une entreprise de destruction massive que
documente le photographe Anton Roland Laub, dans « Mobile Churches », un
magnifique petit ouvrage illustré paru aux éditions Kehrer, dont les photos sont
visibles jusqu’au 19 novembre dans l’église de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, dans
le cadre du festival Photo Saint-Germain.
Ou comment un ingénieur a mis au point un procédé visant à déplacer sur des rails,
et sur plusieurs dizaines, voire centaines de mètres, des églises arrachées à leur
emplacement historique afin de les dissimuler derrière de nouveaux immeubles. Le
tout obéissant à l’arbitraire du seul couple présidentiel et au mépris des
recommandations de la Commission des monuments historiques, dûment dissoute
pour l’occasion.
« Églises désorientées »
Samuel Lieven
1
Bun venit, dragi prieteni. Chose promise, chose due - nous revenons
aujourd'hui sur le passé du deuxième verbe très important du roumain: a
avea (avoir) construit avec lui-même comme auxiliaire et avec le participe
passé avut.
Tu ai avut. Tu as eu.
El a avut. Il a eu.
Pour rendre notre petit jeu linguistique plus amusant, nous allons y faire glisser le petit
mot
qui nous aidera à construire de petites phrases en mettant en rapport deux actions.
Alexandra: Eu am avut maşină, (J'ai eu une voiture) dar nu am avut benzină. (mais je n'ai
pas eu d'essence.)
Alexandru: Tu ai avut timp, (Tu as eu du temps) dar nu ai avut bani. (mais tu n'as pas eu
d'argent.)
Valentina: El a avut un mobil, (Il a eu un portable), dar nu a avut numărul tău de
telefon. (mais il n'a pas eu ton numéro de téléphone.)
Alexandra: Noi am avut un tren, (Nous avons eu un train) dar nu am avut bilete. (mais
nous n'avons pas eu de billets.)
Alexandru: Voi aţi avut dreptate, (Vous avez eu raison) dar nu aţi avut argumente. (mais
vous n'avez pas eu d'arguments.)
Valentina: Ei au avut pix şi hârtie, (Ils ont eu un bic et du papier), dar nu au avut
inspiraţie. (mais ils n'ont pas eu d'inspiration.)
Alexandru: Pentru că (parce que) nu am avut timp. Parce que je n'ai pas eu le temps.
Alexandra: Pentru că am avut telefonul închis. Parce que mon portable a été fermé.
La chanson de la leçon revient aujourd'hui sur le petit mot dar: Dar nimeni nu-i ca noi -
Pourtant personne n'est comme nous.
La Roumanie au centre
des débats au
Parlement européen
Par Irène Costelian, Correspondante à Bucarest — 7 février 2018 à 18:42
Au Parlement européen, à Strasbourg, le 16 janvier. Photo Frederick Florin. AFP
Une délégation du pays présentait ce mercredi à
Strasbourg l’évolution de sa réforme du système
judiciaire, accusée de mettre en danger
l'indépendance de la justice.
«La Roumanie se retrouve dans le même cas que la Hongrie ou la Pologne car les
sociaux-démocrates [PSD, ndlr] au pouvoir à Bucarest n’ont de cesse d’affaiblir
l’Etat de droit. C’est pour ça qu’on discute aujourd’hui de ce qui se passe à
Bucarest», affirme l’eurodéputé roumain du Parti populaire européen (PPE)
Cristian Preda. Après avoir été invitée à la Commission européenne la semaine
dernière, la Roumanie est au centre des débats de ce mercredi au Parlement
européen à Strasbourg, qui discute de l’Etat de droit dans le pays et de
l’évolution de sa réforme du système judiciaire, qui met en danger
l'indépendance de la justice.
Si le gouvernement roumain a bien envoyé une délégation pour le représenter
devant les instances européennes, la nouvelle Première ministre PSD et
ancienne eurodéputée, Viorica Dancila, n’a pas fait le voyage en France.
Pourtant, c’est bien elle qui aurait dû défendre les réformes de la justice
chères à son parti. Pour Preda, cette situation est sans précédent et montre
l’amateurisme des sociaux-démocrates. Normalement, parmi les membres
d'un gouvernement, seul un Premier ministre peut prendre la parole au sein
du Parlement européen. «Malheureusement, cette erreur marque un épisode
raté pour la Roumanie», déplore Preda. Viorica Dancila a été eurodéputée, elle
aurait pu venir défendre la réforme devant ses anciens collègues, comme l’ont
fait ses homologues hongrois ou polonais. Cela aurait calmé les esprits, mais son
absence ne fait qu’alimenter la polémique et jeter la suspicion sur les réelles
intentions du PSD.»
«Involution»
Dans les couloirs du Parlement, la délégation roumaine enchaîne les
rencontres depuis trois jours pour tenter de rallier à sa cause le plus grand
nombre. A sa tête, le ministre de la Justice, Tudorel Toader, qui se dit
indépendant et refuse d’être libellé PSD. Pourtant, cet ancien procureur a
survécu aux trois changements de gouvernement effectués par le PSD en un
an. Il est le porte-parole de la réforme de la justice. Pour lui, ce qui se discute
au sein de l’UE en ce moment «est un thème juridique utilisé pour un débat
politique». «La Roumanie n’a rien à voir avec les autres pays qui sont dans le
viseur de l’UE parce que, contrairement à la Pologne, la Roumanie respecte les
décisions du Conseil constitutionnel», explique-t-il à Libération.
Mais Cristian Preda met en garde contre la tentation de prêter l’oreille à ce
chant des sirènes. «La priorité des leaders PSD est de protéger les corrompus en
modifiant les lois, en renforçant des immunités et en nommant dans le
gouvernement des personnes qui font l'objet d'enquêtes pénales». «La Roumanie
subit une involution depuis un an. Ce qui se passe ici est une attaque à l’encontre
de l’Etat de droit et une tentative de faire disparaître les avancées
démocratiques», affirme pour sa part le professeur de sciences politiques à
l’Université de Bucarest Ioan Stanomir. Pour le politologue, le chef du PSD,
Liviu Dragnea, est directement responsable de la situation : «Dragnea
accumule le pouvoir de manière formelle [chef du PSD et président de la
Chambre des députés, ndlr] et informelle [par l’intermédiaire de Premiers
ministres dévoués] et ne veut pas faire de concession car il est en position de
force.»
«Invectives»
Les récentes provocations de Bucarest à l’encontre des instances européennes
inquiètent. Si le PSD a justifié l’absence de drapeau européen sur la photo du
nouveau gouvernement par une erreur interne, pour les observateurs, le geste
n’est pas sans rappeler celui de la Pologne, quand le gouvernement avait
supprimé le drapeau étoilé de ses conférences de presse hebdomadaires,
en 2015. Depuis l’invitation de la Roumanie à la Commission européenne, la
semaine dernière, la tension est montée d’un cran et les leaders PSD se sont
surpassés en invectives à l'encontre des représentants européens. Au sein
même du PSD, certains regrettent ces dérapages qui ne font qu’aggraver la
situation. Mais pour Cristian Preda, «le plus grave, c’est la rhétorique selon
laquelle c’est Bruxelles qui décide de ce qui se passe en Roumanie. C’est une
réaction antieuropéenne qui ne peut pas laisser indifférent».
Tout cela fait planer un possible durcissement des règles européennes et le
conditionnement de l’attribution des fonds européens au respect de l’Etat de
droit, avant une éventuelle activation de l’article 7. Mais l’UE est face à un
dilemme dont la Roumanie joue bien : en cas de sanctions, Bucarest menace
de rejoindre le groupe de Visegrad (un groupe informel réunissant la Hongrie,
la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, qui n'hésite pas à défier
l'autorité de Bruxelles).