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TRIBUNAL ADMI NISTRATIF


DE MONT PE LLIER

N° 0504457
RÉ PUBLIQUE FRANÇAISE

M. François Espuche

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS


Mme Vidard
Magistrat désigné

Le Tribunal administratif de Montpellier


M. Serre
Commissaire du gouvernement Le magistrat désigné,

Audience du 28 septembre 2006


Lecture du 29 décembre 2006

Vu la requête, enreg istrée le 24 août 2005, présentée pour M . François ESPUCHE, élisant
domicile 1 aven ue du Maquis de la Montagne Noire à Castel naudary (\ 1400), par Me Grandjean; il
demande au tribunal :

1°) d'enjoindre au président du conse il général de l'Aude de lui communiquer, sous peine
d'astreinte de 200 euros par jour de retard, la copie du rappo rt original de la société ARCADIS ,
relatif au choix d' un site d'imp lantation d'une décharge, visé dans la délibération du SMED
(Syndicat Mixte d'Etudes pour la mise en œuvre d'un plan dép artemental d'élimination des déchets
ménagers et assimilés de l'Aude) ;

2°) de condamner le conseil général de l'Aude et le Syndicat Mixte d'Etudes pour la mise
en œuvre d'un plan départemental d'élimination des déchets ménagers et ass imilés de l'Aude à lui
verser 1 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative;

Vu les autres pièces du dossier;

Vu la loi n? 78-753 du 17 j uillet 1978 ;

Vu le code de j ustice administrative ;

Vu, en application de l'article R. 222- 13 du code de justice administrative, la décision en


date du 1er septembre 2006 par laquelle le président du tribunal a désigné Mme Brigitte Vidard pour
statuer sur les litiges visés audit art icle ;
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Les parties ayant été régulièrement averties du jour de l'audience publique;

Après avoir entendu au cours de l'audience publique du 28 septembre 2006 :

. le rapport de Mme Brigitte Vidard, vice-présidente,

- les observations de Mme Luciani, directrice du Conseil général, pour le département


de l'Aude;

- et les conclusions de M. Olivier Serre, commissaire du gouvernement;

Sur le litige principal:

Considérant que la requête de M. ESPUCHE tend à la communication « du rapport final de


l'étude sur la recherche de sites potentiels pour l'implantation d'un centre de stockage de déchets
ménagers » établi par le bureau d'études techniques ARCADIS et mentionné dans la délibération du
2 février 2005 par laquelle le comité syndical du SMED (syndicat mixte d'études pour la mise en
œuvre d'un plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés de l'Aude) a, au vu
des conclusions présentées par ce bureau, retenu le site de Lassac à Sallèles Cabardes; qu'à l'appui
de son recours , le requérant fait valoir que la commission d'accès aux documents administratifs a, le
9 juin 2005, rendu un avis favorable sur la demande de communication de ce document, dont il
l'avait saisie le 12 mai 2005 ;

En ce qui concerne la fin de non recevoir:

Considérant que, contrairement à ce qui est soutenu en défense, la requête susvisée de M.


ESPUCHE s'analyse clairement comme une demande d'annulation du refus de communication du
document demandé résultant du silence gardé par le SMED pendant un délai de plus de deux mois
décompté à partir de la saisine de la CADA le 12 mai 2005, assortie d'une demande d'injonction de
communication dudit document; que, par conséquent, la fin de non recevoir tirée de ce que la
requête comporterait exclusivement une demande d'injonction n'entrant pas dans le champ
d'application des articles L. 911-1 et suivants du code de justice administrative doit être écartée ;

En ce qui concerne la légalité du refus de communication attaqué:

Considérant qu'il résulte de l'ensemble des dispositions de la loi du 17 juillet 1978,


modifiée par la loi du Il juillet 1979, que le droit à la communication des documents administratifs
non nominatifs posé à l'article 2 de cette loi ne s'applique qu'à des documents achevés, et non aux
états partiels ou provisoires d'un document tant qu'il est en cours d'élaboration;

Considérant que si, dans son courrier du 4 avril 2005, M. ESPUCHE avait demandé la
communication de la version du rapport final de l'étude de la société ARCADIS, telle que
mentionnée dans la délibération précitée du conseil du SMED du 2 février 2005 , il ressort des pièces
du dossier que le document communiqué au requérant par le conseil général de l'Aude le 7 juin
2005 , daté du mois de mars 2005, ne correspondait pas à la version du rapport soumis à l'examen du
conseil du SMED , le 2 février 2005, dont la communication est seule en litige; que la version du
rapport en cause, bien que constituant un document préparatoire au choix d'un site d'implantation
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d'un centre de stockage, avait, du fait de l'intervention de la délibération du 2 février 2005 ayant, au
vu dudit rapport, retenu le site de Lassac à Sallèles Cabardes, et alors même que cette réalisation
resterait éventuelle, acquis le caractère d'un document auquel s'applique le droit à communication
prévu par les dispositions de la loi du 17juillet 1978 ; qu'ainsi, en refusant la communication de la
version du rapport final de l'étude de la société ARCADIS, telle que mentionnée dans la délibération
du conseil du SMED du 2 février 2005, le président du conseil général de l'Aude a méconnu les
dispositions de la loi du 17 juillet 1978; que M. ESPUCHE est, dés lors , fondé à demander
l'annulation de ce refus;

En ce gui concerne la demande d'injonction:

Considérant que l' exécution de la présente décision imp lique nécessairement la


communication à M. ESPUCHE de la version du rapport définie ci-dessus ; qu 'il ya lieu, dés lors,
d'enjoindre au président du conseil général de l'Aude de procé der à cette communication dans un
délai d'un mois à compter de la notification du présent j ugement, sans qu'il soit besoin d'assortir
cette injonctio n d'une astreinte;

Sur [' application de l' article L. 761-1 du code justice administrative :

Co nsidérant qu'aux termes de l'articl e L. 76 1-1 du code de j usti ce adm inistrative: "Dans
toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à
payer à l'autre parti e la somme qu 'il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les
dépens. Le j uge tient compte de l'équ ité ou de la situation économique de la partie condamnée. Il
peut, même d'office, pour des raison s tirées des mêmes consi dérations, dire qu'il n'y a pas lieu à cette
condamnation." ;

Considérant qu'il y a lieu, dans les circons tances de l'espèce, de mettre à la charge du
Département de l'Aude le paieme nt de la somme de 1 000 euros au titre des frais exposés par
M. ESPUCHE et non compris dans les dépens;

DECIDE :

Article 1cr : La décision imp licite de refus du président du conseil général de l' Aude de
communiquer à M. ESP UCHE la cop ie de la version du rapport final de l'étude de la société
ARCADIS sur la recherche de sites pote ntiels pour l'implantation d'un centre de stockage de déchets
ménagers, telle que mentionnée dans la délibération du conseil du SMED du 2 février 2005, est
annulée.

Article 2 : Le Département de l' Au de versera à M. ESPUCHE la somme de 1 000 euros au titre des
dispositions de l'article L. 76 1- 1 du code de j ustice administrative.
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Article 3 : Le présent j ugement sera notifié à la M. François ESPUCHE, au conseil général de


l'Aude et au Syndicat Mixte d'Etudes pour la mise en œuvre d'un plan départemental d'élimination
des déchets ménagers et assimilés de l'Aude (SMED).

Copie en sera adressée à la commission d'accès aux documents administratifs.

Lu en audience publique le 29 décembre 2006 .

Le magistrat désigné, La greffière,

B. VIDARD
13- E. THIBEAULT

La République mande et ordonne au préfet de l' Aude en ce qui le concerne ou à tous


huissiers de justice à ce requis en ce qui concerne les voies de droit commun, contre les parties
privées, de pourvoir à l'exécution de la présente décision .

Pour expédition conforme,


Montpellier, le 29 décembre 2006,

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