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ARRET N°35 REPUBLIQUE DU SENEGAL

du 13/10/11 AU NOM DU PEUPLE SENEGALAIS


J/341/RG/10 -----------------
29/12/10 COUR SUPREME
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CHAMBRE ADMINISTRATIVE
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M. Alioune TINE, A l’audience publique de vacation du Jeudi treize octobre de l’an
Président de la Rencontre deux mille onze ;
Africaine des Droits de
l’Homme (RADDHO) ENTRE :
(Me Assane Dioma - M. Alioune TINE, Président de la Rencontre Africaine des Droits
NDIAYE) de l’Homme (RADDHO), demeurant à Dakar, quartier Amitié 2,
villa n°4024, faisant élection de domicile en l’étude de Maitre
Contre : Assane Dioma NDIAYE, avocat à la cour, route de l’hôpital en face
-Etat du Sénégal ANCAR à Diourbel ;
(Agent judiciaire de l’Etat) D’UNE PART ;
ET :
- L’Etat du Sénégal pris en la personne de Monsieur l’Agent
PRESENTS : judiciaire de l’Etat, en ses bureaux sis au Ministère de l’Economie et
Fatou Habibatou DIALLO, des Finances, building Peytavin, Avenue de la République x Carde à
Président de Chambre, Dakar ;
Président ; D’AUTRE PART ;
Lassana Diabé SIBY, Vu la requête reçue au greffe central le 29 décembre 2010, par
Abdoulaye NDIAYE, laquelle, Alioune TINE, Président de la Rencontre Africaine des
Amadou BAL, Droits de l’Homme (RADDHO), élisant domicile en l’étude de
Mbacké FALL, Maître Assane Dioma NDIAYE, avocat à la Cour, sollicite
l’annulation de l’arrêté n°3284 du 23 décembre 2010 du Préfet de
Conseillers,
Dakar ;
RAPPORTEUR : Vu la Constitution du Sénégal en ses articles 7-8-9 ;
Fatou Habibatou DIALLO,
Vu la loi organique n°2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;
PARQUET GENERAL:
Souleymane KANE, Vu la loi n°78.02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions ;

GREFFIER : Vu le reçu du 13 février 2011 attestant du paiement de la


Maurice Dioma KAMA; consignation de l’amende ;

AUDIENCE : Vu l’exploit du 21 février 2011 de Maître Malick SEYE FALL,


13 octobre 2011 Huissier de Justice à Dakar portant signification de la requête à l’Etat
du Sénégal ;
MATIERE :
administrative Vu l’arrêté attaqué ;

RECOURS : Vu les autres pièces du dossier ;


Excès de Pouvoir
Ouï Madame Fatou Habibatou DIALLO, Présidente de la Chambre,
en son rapport ;
Ouï Monsieur Souleymane KANE, Avocat général, en ses
conclusions tendant à l’annulation de la décision attaquée ;

LA COUR SUPREME :
Après en avoir délibéré conformément à la loi ;
Considérant que pour interdire le rassemblement pacifique
programmé à Dakar à la place de l’Obélisque le 24 décembre 2010
par la Rencontre Africaine des Droits de l’Homme (RADDHO) en vu
de réclamer le départ du Président Laurent GBAGBO, le Préfet de
Dakar, dans l’arrêté attaqué, s’est fondé sur ce que l’encadrement
sécuritaire de la manifestation serait difficile à assurer en raison de la
mobilisation des forces de sécurité pour la couverture du Festival
Mondial des Arts Nègres (FESMAN) ; Qu’il invitait, ainsi, le
demandeur à se rapprocher de ses services à la fin du Festival pour le
dépôt d’une nouvelle déclaration ;

Considérant que le requérant, à l’appui de sa demande en


annulation, développe un moyen unique tiré du manque de base
légale et de l’erreur manifeste d’appréciation en ce que : 
-d’une part, les libertés publiques garanties par les articles 7 et
suivants de la Constitution et les conventions internationales sont
permanentes et ne sauraient être tributaires d’un évènement ponctuel
qui s’inscrit dans le cadre d’un programme gouvernemental ; qu’il
appartient à l’autorité administrative de prendre toutes les
dispositions pour assurer la protection des activités républicaines tout
en garantissant les libertés fondamentales reconnues aux citoyens ;
que le simple FESMAN ne saurait constituer un évènement
exceptionnel de nature à compromettre l’exercice de telles libertés ;
qu’au surplus, le rassemblement envisagé, circonscrit dans le temps
et dans l’espace (Place de l’Obélisque de 15 à 17 heures), ne
nécessitait pas un encadrement sécuritaire au-dessus des possibilités
des forces de sécurité ;
-d’autre part, en justifiant l’interdiction du rassemblement par la
seule tenue du FESMAN et en n’appréciant pas l’opportunité de
celui-ci par rapport à la réunion des chefs d’Etat, d’où la suggestion
d’une nouvelle demande après la clôture du FESMAN,
l’administration a méconnu le fait que l’évènement ne peut être
différé car étant intrinsèquement lié à ladite réunion tenue le même
jour et à la même heure ;

Considérant que, s’il incombe à l’autorité administrative


compétente, de prendre les mesures qu’exige le maintien de l’ordre,
elle doit concilier l’exercice de ce pouvoir avec le respect de la
liberté de réunion garantie par la Constitution ;

Considérant que la loi n°78-02 du 29 janvier 1978 relative aux


réunions lui permet en son article 14 d’interdire toute réunion
publique, s’il existe une menace réelle de troubles à l’ordre public et
si elle ne dispose pas de forces de sécurité nécessaires pour assurer la
sécurité des citoyens ;
Considérant qu’en l’espèce, le Préfet s’est borné à invoquer la
difficulté de l’encadrement sécuritaire sans même alléguer
l’éventualité de troubles à l’ordre public ;

Considérant qu’en prenant une telle mesure l’autorité


administrative a porté atteinte à la liberté de réunion ;

Qu’en conséquence, sans qu’il y ait lieu de statuer sur le moyen tiré
du défaut de base légale et de l’erreur manifeste d’appréciation, il
échet de dire que le requérant est fondé à soutenir que l’arrêté attaqué
est entaché d’excès de pouvoir ;

PAR CES MOTIFS :


Annule l’arrêté n°3284 du 23 décembre 2010 du Préfet de Dakar
interdisant le rassemblement pacifique prévu le 24 décembre 2010 à
la place de l’Obélisque par la RADDHO ;

Ordonne la restitution de l’amende consignée ;


Ainsi fait, jugé et prononcé par la Cour suprême, Chambre
administrative, en son audience publique de vacation tenue les jour,
mois et an que dessus et où étaient présents:

Fatou Habibatou DIALLO, Président de Chambre, Président ;


Lassana Diabé SIBY,
Abdoulaye NDIAYE,
Amadou BAL,
Mbacké FALL, Conseillers,
Maurice Dioma KAMA, Greffier ;
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le Président de
Chambre, Président, les Conseillers et le Greffier.
Le Président de Chambre, Président :

Fatou Habibatou DIALLO


Les Conseillers :
Lassana Diabé SIBY Abdoulaye NDIAYE

Amadou BAL Mbacké FALL


Le Greffier :

Maurice Dioma KAMA

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