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ARRET N°06 REPUBLIQUE DU SENEGAL

du 31/01/13 AU NOM DU PEUPLE SENEGALAIS


J/345/RG/11 -----------------
29/12/11 COUR SUPREME
Administrative -----------------
------- CHAMBRE ADMINISTRATIVE
- Ndiaga Soumaré -----------------
(Me Mouhamadou Bamba A l’audience publique ordinaire du Jeudi Trente et un janvier de
Cissé) l’an deux mille treize ;

ENTRE :
Contre : Ndiaga Soumaré, demeurant à Hann Maristes à Dakar, mais élisant
-Etat du Sénégal domicile en l’étude de Maître Mouhamadou Bamba Cissé, avocat à
(Agent judiciaire de l’Etat) la cour, 127, Avenue Lamine Guéye x Félix Faure à Dakar;
D’UNE PART ;
ET :
PRESENTS : - L’Etat du Sénégal pris en la personne de Monsieur l’Agent
Fatou Habibatou Diallo, judiciaire de l’Etat, en ses bureaux sis au Ministère de l’Economie et
Président de Chambre, des Finances, building Peytavin, Avenue de la République x Carde à
Président ; Dakar ;
Abdoulaye Ndiaye, D’AUTRE PART ;
Mouhamadou Bachir Séye, Vu l’arrêt n°2/C 2012 du 6 décembre 2012 du Conseil
Abibatou Babou Wade, constitutionnel ayant décidé du renvoi à la Chambre administrative
du dossier de la procédure, objet de l’arrêt n°42 en date du 26 juillet
Seydina Issa Sow,
2012 ;
Conseillers,
Vu l’arrêt n°42 de la chambre administrative du 26 juillet 2012 ;
RAPPORTEUR :
Fatou Habibatou Diallo, Vu la requête reçue au Greffe de la Cour suprême le 29 décembre
2011 par laquelle Ndiaga Soumaré, ayant pour Conseil Maître
PARQUET GENERAL: Bamba Cissé, avocat à la cour, sollicite l’annulation de la décision
Abdourahmane Diouf ; n°701 MEF/DGD/BP du 8 décembre 2011 du Directeur général des
Douanes lui infligeant une punition de trente jours d’arrêt de rigueur
GREFFIER : inscrite sur son dossier ;
Cheikh Diop,
Vu la loi organique n°92-23 du 30 mai 1992 sur le Conseil
AUDIENCE : constitutionnel, modifiée par la loi organique n°99-71 du 17 février
31 Janvier 2013 1999 ;

MATIERE : Vu la loi organique n°2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;


Administrative
Vu la loi n°69-64 du 30 octobre 1969 relative au statut du personnel
RECOURS : des Douanes ;
Excès de pouvoir
Vu le décret n°69-1373 du 10 décembre 1969 fixant les conditions
d’application de la loi précitée ;

Vu l’exploit du 17 janvier 2012 de Maître Emilie Monique Malick


Thiaré, huissier de justice portant signification de la requête;
Vu les mémoires en défense du Directeur des Douanes déposés, le 15
mars 2012 ;

Vu la décision attaquée ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Ouï Madame Fatou Habibatou Diallo, Présidente de la Chambre, en


son rapport ;

Ouï Monsieur Abdourahmane Diouf, Avocat général, en ses


conclusions tendant au sursis à statuer en attente de la décision du
Conseil constitutionnel ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;


Considérant que Ndiaga Soumaré sollicite l’annulation de la
décision du Directeur général des Douanes lui infligeant une
punition de 30 jours d’arrêt de rigueur, inscrite sur son dossier, pour
des faits qualifiés de « participation à une réunion publique en
rapport avec des activités de nature syndicale, et de prise de
position de nature à jeter le discrédit sur les institutions » ;

Considérant qu’il soulève l’exception d’inconstitutionnalité de


l’article 8 de la loi n°69-64 du 30 octobre 1969 relative au statut du
personnel des Douanes, qui sert de fondement à la décision attaquée
en ce qu’il le prive du droit syndical alors que, selon l’article 8 de la
Constitution, la République du Sénégal garantit à tous les citoyens
les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et
sociaux, ainsi que les droits collectifs ; que ce texte qui intègre la
liberté syndicale n’a entendu exclure aucun citoyen de la jouissance
de cette liberté ;

Considérant qu’il résulte de l’article 92 de la Constitution que le


Conseil constitutionnel connaît des exceptions d’inconstitutionnalité
soulevées devant la Cour suprême ;

Considérant qu’aux termes des dispositions de l’article 20 de la loi


organique n°92-23 du 30 mai 1992 sur le Conseil constitutionnel,
modifiée par la loi organique n°99-71 du 17 février 1999 : « Lorsque
la solution d’un litige porté devant le Conseil d’Etat ou la Cour de
cassation [remplacés par la Cour suprême] est subordonnée
à l’appréciation de la conformité des dispositions d’une loi ou des
stipulations d’un accord international à la Constitution, la haute
juridiction saisit obligatoirement le Conseil constitutionnel de
l’exception d’inconstitutionnalité ainsi soulevée et sursoit à statuer
jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel se soit prononcé…» ;

Considérant que par arrêt n°42 du 26 juillet 2012, la Chambre de


céans a renvoyé l’exception d’inconstitutionnalité au Conseil
constitutionnel et sursis à statuer sur le recours de Ndiaga Soumaré ;
Considérant que, par arrêt n°2/C/2012 du 6 décembre 2012, le
Conseil constitutionnel a décidé du renvoi à la Chambre
administrative du dossier de la procédure, objet de l’arrêt n°42 du 26
juillet 2012, au motif que le Juge du fond ne s’est prononcé ni sur sa
compétence, ni sur la recevabilité du recours porté devant lui et que
l’on ne peut le saisir d’une exception d’inconstitutionnalité que
lorsque le Juge aura préalablement purgé la procédure de ces fins de
non recevoir ;

Considérant que cette exigence du Conseil constitutionnel n’a


aucun fondement juridique, d’autant que les arrêts de la Cour
suprême ne peuvent être censurés par aucune autre juridiction ;

Considérant que la loi fondamentale et la loi organique sur le


Conseil constitutionnel ne mettent à la charge de la Cour suprême,
que la seule obligation de saisir le Conseil constitutionnel de
l’exception d’inconstitutionnalité des dispositions d’une loi ou
des stipulations d’un accord international, soulevée par une partie à
l’occasion d’un litige porté devant elle, dont la solution dépend de
l’appréciation de cette exception et de surseoir à statuer jusqu’à ce
que le Conseil constitutionnel se prononce sur l’exception, ce que la
Chambre administrative a fait ;

Considérant qu’en outre, il convient de relever qu’un arrêt rendu


par une juridiction administrative comporte quatre parties :
l’identification de la juridiction qui a rendu la décision, les visas, les
considérants et le dispositif ;

Considérant que dans la procédure administrative contentieuse, les


visas sont des mentions qui font explicitement référence à un acte ou
à une procédure antérieure à l’arrêt et qui sont de deux types, les
visas de dossier qui rappellent l’objet de la requête et la procédure
suivie et les visas de texte qui rappellent les dispositions sur
lesquelles la juridiction s’appuie pour rendre sa décision ;

Considérant que les visas de l’arrêt n°42 du 26 juillet 2012 de la


Chambre administrative renseignent à suffisance sur sa compétence
et sur la recevabilité en la forme du recours de Ndiaga Soumaré qui a
satisfait à toutes les conditions exigées par la loi organique sur la
Cour suprême ;

Considérant que la solution du litige soumis à la Cour est


subordonnée à l’appréciation par le Conseil constitutionnel de la
conformité à la Constitution de l’article 8 de la loi n°69-64 du 30
octobre 1969 relative au statut du personnel des Douanes qui sert de
fondement à la décision attaquée ;
Qu’il y a lieu en conséquence de saisir à nouveau le Conseil
constitutionnel de l’exception d’inconstitutionnalité soulevée et de
surseoir à statuer sur le recours de Ndiaga Soumaré ;
PAR CES MOTIFS :
Saisit à nouveau le Conseil constitutionnel de l’exception
d’inconstitutionnalité de l’article 8 de la loi n°69-64 du 30 octobre
1969 relative au statut du personnel des Douanes ;

Sursoit à statuer sur le recours de Ndiaga Soumaré jusqu’à


l’intervention de la décision du Conseil constitutionnel ;

Ainsi fait, jugé et prononcé par la Cour suprême, Chambre


administrative, en son audience publique ordinaire tenue les jour,
mois et an que dessus et où étaient présents :
Fatou Habibatou Diallo, Président de Chambre, Président ;
Abdoulaye Ndiaye,
Mouhamadou Bachir Séye,
Abibatou Babou Wade,
Seydina Issa Sow,
Conseillers,
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le Président de
Chambre, Président, les Conseillers et le Greffier.
Le Président de Chambre, Président :

Fatou Habibatou Diallo


Les Conseillers :
Abdoulaye Ndiaye Mouhamadou Bachir Séye

Abibatou Babou Wade Seydina Issa Sow

Le Greffier :

Cheikh Diop

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