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II.

La découverte de la super glue


1) Histoire

La super glue ou scientifiquement appelée la colle cyanoacrylate a été


découverte en 1942, mais comprise seulement en 1951 par Harry Coover. A cette
époque, Harry Coover
travaillait au Kodak Research
Laboratories et cherchait
avec son équipe un moyen de
remplacer la
soie d’araignée, utilisée
comme croisillons de filage,
dans la fabrication des
réticules7 de lunettes de visée
des armes militaires. En effet,
ces fils devant être très fins,
ceux de l’araignée ont été
longtemps utilisés. Réticule de lunette de visée

Harry Coover et son équipe examinaient les cyanoacrylates, un matériau utilisé


pendant la Seconde Guerre mondiale comme alternative aux points de suture
sur les coupures et les plaies des victimes. C’est en faisant des essais de filage
avec le 2-cyanoacrylate de méthyle, que Harry Coover constata alors ce matériau
était inemployable comme matière plastique, car même s’il était totalement
transparent, il remarqua qu’il adhérait de façon irréversible avec tous les objets
avec lesquels il était mis en contact. Jugés comme trop collants, les
cyanoacrylates furent d’abord rejetés.

Neuf ans plus tard, en 1951, Harry Coover supervisait les chimistes Kodak qui
étudiaient des polymères résistants à la chaleur, c’est alors que l’échantillon
#910, les cyanoacrylates, furent de nouveau testés par Fred Joyner et se
révélèrent trop collants. Cette fois-ci, cependant, Harry Coover reconnut qu’il
avait découvert un adhésif unique.

L’idée générale sur cette découverte est que Harry Coover a découvert la super
glue en 1942. Ce qui reste vrai dans cette idée est le fait que le chercheur se soit
rendu compte à cette époque de la propriété « ultra collante » de la matière.
Pourtant ce n’est qu’en 1951, neuf années après que Harry Coover, aidé par
l’intuition de ses élèves chimistes et de son collègue Fred Joyner, pris conscience
de l’importance de sa découverte et comprit son intérêt commercial.
« Eastman 910 » fut donc en 1958 la première colle cyanoacrylate à être vendue.
Puis dans les années 1960, Eastman Kodak vendit du cyanoacrylate à Loctite qui
le conditionna et le vendit sous le nom commercial de « Super gue ».

La colle cyanoacrylate chez Loctite : la Super Glue

Le post publicitaire de la Super Glue, « réalisé sans trucage »


2) Fonctionnement

1-Comment la colle, colle ?


*Comment adhèrent deux matériaux ?
Un solide est constitué comme toute matière d'atomes8. Les atomes sont
attachés entre eux par des forces d'origine électrique.
Quand on casse un objet, on casse les liens entre les atomes. On peut donc se
demander si pour recoller les deux parties il faut remettre en contact les deux
parties. Et c'est vrai! Sauf que les liaisons électriques ont une portée très courte,
il faut donc que les deux surfaces soient distantes de moins d'un nm.

Liaison électrique

Atome

Les surfaces des atomes distantes de moins d’un nm

Mais même avec une cassure bien nette, on perd toujours de la matière et ça
devient donc impossible à réaliser. Par exemple, si on met en contact deux
surfaces ont obtient une adhésion faible; deux plaques de verres en contact
adhèrent l'une à l'autre jusqu’à un certain point, car les deux plaques finissent
toujours par se séparer. Mais, on n'obtient pas le même phénomène lorsqu'on
met en contact deux plaques de plexiglass, car, à l'échelle microscopique, le
plexiglass est moins lisse que le verre et il reste donc de l'espace entre les deux
plaques.

Plexiglass

Vide
Le plexiglass : une surface microscopique non lisse
Pour que l'adhésion opère entre les deux plaques on pourrait passer à boucher
l'espace avec de l'eau par exemple et ça fonctionne ! Mais pour que cette
adhésion soit parfaite il faudrait solidifier l'eau, on pourrait donc congeler le
tout, mais une colle qui ne fonctionne qu'à moins de 0°C ce n'est pas pratique !
De plus, l'eau se déforme en gelant en formant de la glace, mais la glace a un
volume plus important que l'eau.

Eau

Plexiglass

L’eau permet l’adhésion de deux plaques de plexiglass

*Le principe de la colle blanche.


La colle blanche est la colle en bâton, qui permet de coller du papier. Quand on
met de cette colle sur du papier, elle vient occuper tout l'espace à la surface du
papier comme l'eau avec le plexiglass. Des liaisons électriques s'établissent alors
entre la colle et le papier qui devient solidaires, puis l'eau contenu dans la colle
s'évapore ; la colle sèche et durcit et adhère don parfaitement au papier.

Vide

Deux feuilles de papiers à l’échelle microscopique : leur surface n’est pas lisse
Colle

Application d’une colle entre deux feuilles de papier

Liaison électrique

Liaisons électriques entre les deux feuilles : elles


deviennent solidaires

Molécules d’eau qui


s’évaporent

Evaporation de l’eau contenue dans la colle

Liaison électrique

Colle sèche

La colle sèche
Les deux feuilles adhèrent à la même colle, c'est pour cela qu'on dit qu'elles sont
collées ensemble. Pourtant, ce mécanisme n'est pas toujours suffisant pour un
collage, car le collage dépend de la façon dont la colle vient épouser la forme des
matériaux et donc de la rugosité des matériaux.

Bois

Colle

Vide

La colle n’épouse pas convenablement le matériau

*Le principe de la cyanoacrylate: la super-glue.


La cyanoacrylate colle plus rapidement et plus de matériaux. Une fois appliquée
elle se polymérise au contact des molécules d'H2O présentes dans l'air ou à la
surface des matériaux. La polymérisation est une réaction chimique qui
transforme les matériaux en polymères qui sont des molécules particulièrement
longues et solides. Les molécules viennent donc s'accrocher à la surface des
matériaux en formant des liaisons solides qui apparaissent dans les deux
matériaux qu'on veut coller. Les chaines moléculaires des polymères relient les
deux surface très solidement. La polymérisation est très rapide et l'adhésion
apparaît au bout de quelques secondes voir dixième de seconde.

Bois

Cyanoacrylate

Polymérisation au contact des molécules d’eau


Polymère

Création de polymères

La résultante de tous ces éléments est qu'il n'existe pas de colle universelle. Pour
chaque matériau il y a une colle associée. La super glue colle autant de matière
car la molécule qui compose la super glue possède la particularité de créer des
liaisons avec les molécules d'eau. Celles-ci sont présentes à peu près partout.

2-Cyanoacrylate de méthyle

Le 2-cyanoacrylate de méthyle est un cyanoacrylate de formule brute9 C5H5NO2.


Ce monomère10 est une des formes de la colle dite « instantanée », plus connue
sous le nom commercial de Super Glue.
Les autres déclinaisons du cyanoacrylate sont :
- 2-cyanoacrylate d’éthyle
- 2- cyanoacrylate d’éthyle
- 2-cyanoacrylate de butyle
- 2-cyanoacrylate d’octyle, utilisé en médecine humaine et vétérinaire, tout
comme pour les premiers soins.

Un monomère du 2-cyanoacrylate de méthyle


Le 2-cyanoacrylate de méthyle polymérise rapidement en présence d’anions11 ;
cette polymérisation anionique démarre généralement grâce à l’humidité
naturelle ou dans d’autres cas grâce à un amorceur anionique comme
l’hydroxyde, les amines ou les alcools, mais cela reste plus rare.
Dans le cas de la super glue, l’humidité suffit à démarrer le processus de
polymérisation, l’intermédiaire réactionnel étant stabilisé par la présence des
groupements carbonyle et cyano en position alpha du carbanion12. Au moment
de la polymérisation, il se crée de longues et solides chaînes polaires.

Principe de la polymérisation du 2-cyanoacrylate de méthyle

Nous voulions fabriquer une colle très résistante, proche de la Super Glue, mais
cela n’a pas été possible par manque de matériel et d’informations sur la
composition exacte : c’est pourquoi nous avons décidé de faire de la colle.

Protocole permettant fabriquer de la colle à partir du lait :


 Extraction de la caséine du lait.
1ère étape : Mesurer le pH du lait avant la manipulation, puis le faire chauffer
dans une casserole.
2ème étape : Quand la température atteint 40°C, couper le chauffage, prélever
100mL de lait puis introduire très doucement à la pipette graduée, et en
agitant avec une baguette en verre, 20mL d’acide éthanoïque à « 5% en
volume ».
3ème étape : Vérifier que le pH avoisine 4,5 : le lait se met à cailler ; si ce n’est
pas le cas, rajouter quelques gouttes d’acide.
4ème étape : Filtrer le lait caillé sur le Büchner.
5ème étape : Laver à l’aide d’environ 10mL d’eau distillée bien froide et
quelques gouttes d’acétone, et filtrer à nouveau si nécessaire.

 Préparation de la colle.
6ème étape : Dans un pot en verre, prélever 50g de caséine. Y ajouter 15g
d’hydroxyde de calcium Ca(OH)2(s) et 7g de carbonate de sodium Na2C03(s).
7ème étape : Ajouter quelques mL d’eau distillée, si nécessaire, jusqu’à
obtention d’une pâte homogène.
8ème étape : Répartir cette mixture, à l’aide d’une spatule, sur une feuille de
papier.
9ème étape : Plier cette feuille, puis appuyer en effectuant des pressions du
centre vers les bords.

Le matériel :
1ère étape :

2ème étape :
3ème étape :

4ème et 5ème étapes :


6ème étape :
7ème et 8ème étapes :

9ème étape :
3) La place du hasard

Comme nous avons pu le constater dans la première partie, Harry Coover avait
découvert la propriété « ultra collante » du cyanoacrylate en 1942, lors de ses
recherches sur une matière capable de remplacer la soie d’araignée, dans la
fabrication d’armes militaires. Pourtant, ce n’est que neuf ans plus tard qu’il
comprit le véritable intérêt de cette colle très forte, dans un environnement civil.

Certaines inventions, comme celle-ci, sont nées dans un contexte qui, à priori,
n’était pas favorable. En effet, alors que Coover cherchait une matière facile
d’utilisation, il découvre le cyanoacrylate, qui, au contraire, rend très difficile la
fabrication et la manipulation des lunettes visées car elle colle à tous les
équipements. Harry Coover rejeta alors cette matière car elle ne correspondait
pas à ce qu’il cherchait. Mais en 1952, aidé par l’intuition d’un autre chimiste,
Fred Joyner, il reconnut, ou plutôt, ils reconnurent l’intérêt d’une telle matière.
Ce sont les inventions de ce type qui donnent un sens à l’expression : « Il n’y a
pas d’erreurs dans la vie, il n’y a que des expériences. », car Coover a su recycler
les mauvaises conditons et les mauvais résultats (le caractère extrêmement
collant du produit), pour en faire un atout.

Si nos interprétations s’avèrent plus proches de la réalité, nous nous


rapprochons alors de la sérendipité de type III, qui se définit par : « le fait de
découvrir par hasard, par accident, par chance ou malchance, une application
imprévue à quelque chose, une autre application que celle à laquelle on pensait,
et de s’en rendre compte ».

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