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MoutonBASARABI MURFATLAR 23 2 9 PDF
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BASARABI – MURFATLAR
ENSEMBLE RUPESTRE
IX-XIème siècle
RAPPORT DE VISITE
II. Des travaux de consolidation et de restauration ont été menés dès 1960, à
la suite de constats de dégradation rapide ; ils ont consisté en :
- Travaux de consolidation et de renforcement, principalement des
ouvrages en partie supérieure de la falaise. Constructions d’armatures en BA (poteaux,
poutres) encastrés dans les parties inférieures de la falaise, et recevant des parements en
pierre de carrière, complétés par les anastyloses des parties éboulées ; injections au
ciment (…) des fractures et fissures de la roche.
- Travaux de construction d’un bâtiment de protection au devant et au
dessus de la falaise, et formant enveloppe d’isolement : la première tranche a intéressé
la partie Sud/Ouest du site ; mais l’opération fut interrompue à la mort de l’architecte
Liana Bilciurescu il y a 10 ans. Pour assurer entretemps la protection du reste du site, un
parapluie en polyester sur charpente en bois a été construit, et remis en état en 2007.
Une tranchée de récolte des eaux de ruissellement a été creusée en tête de falaise pour
détourner les eaux de ruissellement.
Le site est clos et gardé.
L’état sanitaire de ces ouvrages paraît sain à première vue. Dans la chapelle
B4, les relevés ont indiqué 90,5% d’humidité relative, pour une température de 11,8°C
(mesures prises à 15h00).
On constate cependant :
- Des traces d’humidité aléatoires, localisées en voûtes et au pied des
murs : efflorescences révélant un régime de mobilisation et d’évaporation d’humidité,
avec action de sels sur les épidermes de la pierre ; ces efflorescences se doublent de
pulvérulence (poudre au pied des parois) et dégradation de la surface de la pierre.
- Ces altérations sont plus importantes dans certaines parties basses :
exfoliations, voire desquamations par plaques d’épaisseur allant jusqu’à 2cm.
- A proximité des armatures en béton armé, on constate des concentrations
d’humidité dans la pierre, qui révèlent des échanges contrariés au sein de la roche.
IV. Orientations
IV.1. A l’évidence, on se trouve devant un ensemble dont la conservation
dépend d’un grand nombre de paramètres aux relations complexes. La première mesure
est une mise en surveillance des mécanismes d’altération et de leur vitesse d’évolution,
dont les termes pourraient se résumer en :
- Mise en surveillance des phénomènes de migration d’eau.
- Mise en surveillance du développement des altérations sur les parois des
chapelles et les graffitis.
- Parallèlement, mise en surveillance du climat intérieur des deux
enveloppes protectrices (1ère tranche exécutée, parapluie provisoire
actuel).
Pour ces investigations, on ne saurait trop conseiller d’associer aux
travaux des autorités roumaines, l’assistance du LRMH, sections pierre et biologie.
- Une mission de pédologie et climatologie serait à mobiliser
simultanément afin de relier les analyses et observations effectuées sur
les matériaux et épidermes, au contexte climatique et de migration des
eaux de la falaise et du site.
- Enfin, et afin de tenter d’en réduire les effets, une reconnaissance des
structures, armatures et ouvrage béton armé intégrés dans la roche est
nécessaire, s’appuyant à la fois sur les documents de travaux – s’ils
existent encore -, soit sur des observations in-situ (thermographie et
prospection radar).
IV.4. Protections.
Les ouvrages de protection extérieurs paraissent inévitables pour
assurer une conservation correcte des vestiges.
La première enveloppe « lourde » présente deux inconvénients
majeurs : défaut d’éclairage naturel ; appuis structurels appliqués sur les vestiges, et à
déplacer. Ces inconvénients sont à éviter pour les ouvrages suivants.
Les études qui sont entreprises pour la seconde tranche, verrière sur
fermes cintrées tridimensionnelles (Mihai Opreanu/Ion Mincu), sont intéressantes en ce
qu’elles répondent à ces deux inconvénients majeurs. La maîtrise du climat intérieur
restera néanmoins une question à affiner.
Deux questions restent à trancher : la cohabitation de deux architectures
contrastées n’assure pas une présentation apaisée et cohérente du site. Si l’architecture
proposée pour l’achèvement de la protection, qui exprime un parti volontaire et clair de
verrière transparente, est très séduisante, on ne peut cependant contester à l’ouvrage
actuellement en place, un intérêt plastique non négligeable, par le résultat de
l’assemblage de facettes prismatiques qui en animent la paroi extérieure.
Benjamin MOUTON
23 février 2009