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La Bithynie au Moyen Age


édité par Bernard Geyer et Jacques Lefort

RÉALITÉS BYZANTINES

ÉDITIONS P. LETHIELLEUX
7, rue des Canettes, 75006 Paris
AVANT-PROPOS

L'objet du présent livre est d'étudier l'évolution d'une société et du paysage au


Moyen Âge dans une région proche de la capitale byzantine puis ottomane. Il résulte
d'une recherche collective, associant des historiens, des archéologues et des spécialistes
des sciences de la nature. dont voici les noms: J. Argant, M.-F. Auzépy. 1. Beldiceanu-
Steinherr, R. Bondoux. Ch. Châtaigner, J.-Cl. Cheynet, V. François, B. Geyer, Ch. Giros,
J.-P. Grélois, G. Kiourtzian, Y. Koç, V. Kravari, J. Lefort, É. Malamut. F. Plane~ A. Pralong,
G. Willcox. Cette recherche a été menée dans le cadre du séminaire de J. Lefort à l'EPHE,
de 1987 à 1993 et de prospections effectuées par une équipe dirigée par B. Geyer et
J . Lefort entre 1989 et 1994. Mm, M. L. Bonsangue, doctorante à l'université de Paris 1.
a bien voulu dater pour nous les inscriptions d'époque romaine que nous avons rencon-
trées durant nos missions de terrain.
La région étudiée, que nous appelons conventionnellement Bithynie, s'étend du
rivage sud de la mer de Marmara au mont Olympe et du lac d' Apollônias au Sangarios.
En fait. son étendue a été fonction de l'objet d'une recherche qui vise moins à décrire
une province de l'Empire qu'à répondre à une question: quelle a été l'histoire de
l'occupation du sol dans cette région entre le IVe et le XVIe siècle?
Les réponses que nous apportons sont partielles, mais il nous semble que l'apport
des textes, des inscriptions, de l'archéologie, de la géographie et de la paléobotanique
forme une image cohérente.
Nous remercions la Direction Générale des Antiquités et des Musées au Ministère
de la Culture à Ankara qui nous a accordé toutes les autorisations nécessaires. M. Taylan
Sevil, directeur du Musée d'Iznik, nous a libéralement accueillis, a en toutes occasions
facilité notre travail et a autorisé ceux d'entre nous qui en avaient besoin à consulter les
collections du musée. Les ingénieurs des travaux hydrauliques de l'État (D.S.I.) à Bursa
et à Iznik nous ont généreusement communiqué des informations qui nous ont été utiles.
Qu'il nous soit permis de mentionner tout particulièrement notre collègue M"" Sena
Mutlu, du Musée des civilisations anatoliennes à Ankara, qui nous a, à plusieurs reprises.
accompagnés en Bithynie et nous a accordé son aide efficace et chaleureuse.
Les missions en Bithynie ont été financées par la Sous-direction des Sciences
Sociales el Humaines au Ministère des Affaires Étrangères et par les UMR 7572 et 5647.
Elles ont aussi reçu l'aide de l'Institut Français d'Études Anatoliennes à Istanbul.
Nous remercions également MU, Séverine Sanz, MM. Olivier Barge et Yvon
© 2003, Lethielleux, un département de Meta-Éditions Montmessin (Maison de l'Orient et de la Méditerranée) pour la réalisation des figures et
Dépôt légal: 4' trimestre 2003 de la carte hors-texte, et M. Fabien Tessier pour la mise en page de ce livre.
ISBN 2-283-60460-5 On trouvera ci-dessous l'indication des quatre traductions pour lesquelles nous
avons obtenu des éditeurs l'autorisation de reproduire:
ISSN 1147-4963
Georges Pachymère, Relations historiques, éd. et trad. A. Failler. IV. p. 358-368.
Les Belles Lettres, Paris, 1999.
Vie de Théodore de Sykéôn, éd. et trad. A. Festugière, vol. II. p. 137-139. Sociét';
des Bollandistes, Bruxelles, 1970.
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P. C ar e.
l'oWJ('t'IIf'snrabes, éd.
" . . . 1 TIl k T.rih Kurumu nous. accordé l'autorisation
Pour ce qUI estde~ IlIustratlO~, e kIr 1. Bibliothèque de l'Institut de France et la
atm
de reproduire hUIt nlllllamres de d . ç d'Hercule Catenacei.
Réunion des Musées NatIonaux un essln

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voyageurs. - Voir aussi, à la fin de certains anicles. Bibliographie et Ahrévialion, parti culi èn.: ... ,

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DONNÉES GÉOGRAPHIQUES

par Bernard GEYER*

I. L'ORGANISATION DU RELIEF

Le relief de la Bithynie est relativement simple. Il est bien adapté à notre problé-
matique d'étude des paysages et de l'occupation du sol en Méditerranée orientale.

J. Horsts et grabells

L'histoire géologique. longue et complexe', de la région est dominée par le rôle


prépondérant qu'a joué la grande faille nord-anatolienne ou plutôt un faisceau de failles.
qui est à l'origine des grandes lignes du relief (fig. 1)2. Dans cette région de compensation
des forces engendrées par l'affrontement des plaques continentales (ici la plaque analo-
Iienne, repoussée vers l'ouest). phases d'orogenèse et d'érosion se sont succédées. Les
orogénies calédonienne, hercynienne. pyrénéenne ont permis la formation puis le rajeu-
nissement des massifs en soulevant des blocs fracturés (les horsts), en abaissant ceux. qui
ont formé le fond des dépressions (les grabens). Entre ces périodes, lors de longues
phases de planation et d'érosion, les massifs ont été rabotés et entaillés. Ils portent encore
aujourd'hui les traces de ces alternances, sous forme notamment de surfaces étagées à
l'horizontalité approximative, lambeaux de plateaux découpés, vieilles surfaces structu-
rales ou de planation qui. nous le verrons, ont joué un rôle important dans la mise en
valeur de la montagne bithynienne.
Mais c'est surtout lors de l'orogénie alpine (à la fin du Miocène), ainsi qu'à la fin
du Tertiaire et durant le Quaternaire que se mettent en place les éléments actuels du relier
(STOlZ, 1939), dans un contexte d'instabilité tectonique particulièrement marquée qui se
traduit par de violents tremblements de terre. L'Égée et la mer Noire se creusent, les
grands blocs rejouent, l'Vludag est rajeuni, le massif côtier est exhaussé, le réseau
hydrographique, enfin, se met en place. Le cadre orographique est ainsi planté.
Les unités de relief qui en résultent sont relativement simples, bien individualisées:
elles se répètent souvent et sont en tout cas bien marquées. Les montagnes sont «jeunes»
ou du moins rajeunies, les pentes fortes, les vallées encaissées: les dépressions sont
étroites, mal drainées sinon envahies par les eaux. Vn coup d'œil sur la carte (cf. fig. Il
permet de distinguer les grandes lignes d'une organisation où dominent les alignements
est~ouest.

* UMR 5647 - GREMMO, Université Lumière Lyon 2 - CNRS.


1. Pour plus de précisions, on se reportera aux cartes géologiques au t: 500000 d'Istanhul
(TERNEK el al., 1987) et de Zonguldak (TOKAY, 1964), ainsi qu'à leurs notices ex.plicativt:s.
2. Ne sont reportés sur la fig. 1 que les accidents signalés par les documents dt: rdùelh.:(,:
mentionnés dans la légende de la tïgure.
-- 24
BERNARD GEYER
DONNtllS GéOORAPIIIQUIlS 25

2. Une succession de massifs et de dépressions

Du nord au sud se succèdent ainsi de profonds fossés et de vieux blocs soule vés.
Si les traits dominants de leur topographie ont été déterminés par les mou vements
d'ensemble mentionnés ci-dessus. les fonnes du relief sont surtout l'œuvre de l' érosion
(ARDEl, 1943).
Au nord. se place la lourde masse de la péninsule de Kocadi (hors du cadre de notre
étude), pénéplaine d'altitude variant entre 300 et 650 m. limite méridionale de la mer
Noire el première barrière opposée aux influences pontiques (voir t.:i-dc.- sso ll s le paragraphe
consacré au climat).
Puis vient le fossé d ' Izmit. ennayé de sédiments quaternaires iii où il n'e:-.t pas
inondé par la Mannara ou le lac de Sap;.mca. C omme le . . autres fos ~és. il t.':-.1 ~ouvc nt
marécageux car mal drainé. malgré 11:1 présence du lle/iVe Sakarya tl' a n/iquc Sangari os)
qui traverse la dépression, se Jirige~mt ve rs la me r Noire , aprè s :l\,oir tri.l lll' h~ (:n c lu se I~ s
massifs méridionaux ,

1
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Oi
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Plus nu sud s'étend la chaine de s Snlllanh Daglan, [)omÎ1l31l1 la presqu ' He de
Kocaeli de plusieurs cc:nlaincs Je lIl ~tres en moyen n\:.' el (,.:u lminant à 1606 m. d ie constitue
une seconde barrière efl'il'at:f: contr\:.' ks intl ucllL't'''; pontiques. Elle c ~t fo n n ée de roc hes
en majeure partie méliJllllWphi s~~ s cl, surtout. l'n n \:.'men t pli~sée~ : sc hi stes cris ta llins.
...
on marbres. sc hi stes an.!Î!eu:\. !Dais 'llI , :.:. j c alcaires. Des bmholites·\ ont été repérés dans la
~ presqu'î le d ' Armutl~ , dc:-, n)\:.·h ,:s \'okaniqucs sur le flanc nord du massif. Ces éléments,
d' une part une litho lo!,!ie a ~:; o\.·i ;l nl H)ch èS l'a k" i r~s ou siliceuses. n!sistantes ou meubles.
'~" perll1 éah 1e~ ou impa lll~: I Qt ,_·:\ , d';)\Ilfe part une s tllJcture complexe, forte ment plissée e l
f;lillée. se retrouvent diln ~ hl US k s m'L'isifs de la rég ion. Ils sont à l'origine d ' une mosaïque
Iii d~ milieux nat urel s qui c,,[ pour hea uco up dans la richesse de la Bithynie. Les Saman!!
~
..: Dag lan onl clles au ss i suhi les \'j\.' iss itudcs de l'é ros ion. De vieilles surfaces s'étagent sur
ilgo l e ur ~ fl:.tncs. T, Bilgin ( 1967 1 Cil signale deux, l' une vers 150-180 m d'altitude, l' autre.
à 800-900 m, constituanl un \t plateau» supérieur. On peut en ajouter une troi s ième.
'c intermédiaire, vers 300 m. Comp"ct, quelque peu étriqué, le massif est entaillé par de
ci profondes vallées d'orientation grossièrement méridienne, qui l'échancrent asse z rég u-
.2
,.,
= lièrement. Les massifs de la région ont une autre caractéristique, particulièrement ne u e
-5 dans le cas des Samanh Daglan : ils présentent des unités de relief relativement simples,
:s
"il faciles à individualiser 4 : des bassins· versants drainés par des cours d'eau primaires qui
'@ rejoignent les golfes, les lacs ou des collecteurs qui eux-mêmes drainent tant bien que
mal les dépressions est - ouest.
"
."
~ Au sud, s'étend la zone de subsidence de Gemlik - lznik - Pamukova, long fossé
~ compliqué d'accidents transverses, tels les deux blocs soulevés qui limitent à l'est et à
~ l'ouest le graben du lac d'lznik (KAYAN. 1995). Cette dernière dépression offre un cas un
~ peu particulier panni les plaines bithyniennes, du fait de la présence du grand lac, qui a

t~ 3.
~ connu des variations de niveau importantes au Quaternaire. Ainsi des dépôts de type

1
1
iœ lac ustre et fluvio-Iacustre sont-ils plaqués sur les bas de versant qui entourent le lac
(ARDEL, 1954), où ils offrent, entre les retombées abruptes des massifs et les fonds
noyés, quelques-unes des très rares surfaces à pentes faibles, favorables à une mise en
valeur intensive. Des variations de moindre ampleur (moins de 15 m) ont eu lieu à

3, Ensemble de roches magmatiques intrusives tranchant les structures encaÎss'lOtes

l.LMn (GEORGE, 1993).


4. C'est une des raisons du choix de celte région dans la mesure où elle nous o ffr~lÎl Jt.'S
unilés de relier assez raciles à appréhender el dont l'histoire géologique élait purement h.X"uh:.
donc plus aisée à comprendre. Nous avons ainsi considéré, dans un premier temps. ch;KluC b;ISSÎII -
versant comme une unité de base d'occupation du sol, ayant subi une évolution qui lui t'l~\ il pnJp~,
avant de tenter une généralisation.
BERNARD OliYI!R
26 27
lXJNN~ES O&>oRAPHIQUES
J'Holocène (KAVAN, 1995): elles sont parfois directement liées" l'uctivité humaine
(GEVER Cl al.. 2(01) et sont révélatrices de changements IInport"nts dans la mise en 3. Vile instabililé tectonique chronique
valeur régionnle (voir ci-dessous, p. 538). À l'est et à.l'ouest, le lac est bordé d'une plaine
alluvinle, incontestablement pléistocène pour la partie onentale (la plus étendue), et sans Bursa et la Bithynie en général sont situées dans une région de tremblemeni' de
doute de façonnement essentiellement holocène pour la ~artlc ~~Iul'ntale. Cette dernière terre violents, qui couvre la mer de Marmara et l'Égée. En effet, la Turquie corresponu
accueille J'exutoire du lac, qui rejoint le golfe de Gemhk par 1 elnutl' v~lIée du Garsak à une des zones d'activité sismique maximale de la ceinture orogénique alpine (II .HM".
(Golayagl), taillée sans doute par antécédence (PENCK. 1918) dans le SCUll de marbres et 1971). Des magnitudes6 supérieures à 8 peuvent être enregistrées dans Ioule la région
de calcaires durs qui fenne la dépression 11 l'ouest et domme Gcmhk. Le fossé d' Iznik nord-anatolienne. qui est tectonique ment active et qui subit des mouvement" même C! n
se prolonge l'ers l'ouest par le golfe de Gemhk ct, va Isoler preslJu~ totalement la pres- phase de calme, avec des déplacements de quelques centimètres par an (BRI:--IK~f" .".
qu'île du Kapldag par les golfes de Bandlflna et d Erdek (SALO~ t()N-CALVI, 1940). 1976). Le jeu des failles se fait surtout dans un plan horizontal avec des déplacements
La dorsale de l'Al'dan Dag femle cette dépreSSion ail slld : die se prolonge vers latéraux pouvant atteindre plusieurs mètres. Les failles elles-rnêmt!s. nombrcusc~ ct
J'ouest, en bordllre méridionale de la mer de Mannara, par le Karauag. D'altitude moins profondes, sont fréquemment ponctuées par des sources chaude~ ct sont active ... pour
élevée que les Samanh Daglan, ces massifs sont plus étnqués encore. Le Karadag, petite la pl~part. Le n~m~re des séismes, souve nt violents. qu'aurait connu la région depui s il::
chaîne cÔtière qui culmine difficilement à 600 m, dtssymétnque .. large seulement d'une XIe Siècle est estime à 350 (ILHAN, 1971). Les épicentres sont le plus Souvent concentrés
dizaine de kilomètres en moyenne, se présente sous forme de collllles aux fonnes molles aut~ur de la rv.tarma~a : les dégâts occasi()nnés sont à la Illc!\ure des chol..:s qui peuvent
qui tombent à pic dans la mer, ne permettant guère qu'à quelques deltas de développer attemdre des mtensltés de IX (TF.RNEK el 01.. 19&7). Leurs effets sont d 'autant plus
des surfaces planes mais exiguës. Vers l'est, le relief s'élè~e peu" peu pour atteindre destr~cteurs que les foyers de ces trem blements de terre sont à faibk profondeur, ce qui
environ 1000 m dans l'Avdan Dag, formant amsl une trolsrcme bamère aux influences est tres généralement le cas sur les failles transformantes.

pontiques. . . . , 4. Une région aIl relief contrasté


Puis vient la dépreSSion de Bursa - Yem§elur, largement ouverte à 1 ouest où elle
s'évase sur plus de quinze kilomètres. Failles et plissements divers viennent là-aussi
La succession des massifs et des dépressions a pour conséquence un relief très
compliquer la structure et compartimenter le fossé. Ainsi, la plaine des lacs d'Apolyoot
con~I~1sté avec des ~iffére~ces d'altitude souvent marquées, de fortes dénivelées qui
et de Manyas est séparée de celle de Bursa par des basses collines taillées dans le
e~ lr.l1nent une ér?ston efhe3ce, de~ co ~rs d'eau souvent encaissés, au profil tendu ,
Néogène, tandis que celle de Yeni§ehir s'atteint par un seuil préservé dans les schistes et c.l pable.s. d: chamer des charges ~ohdes Importantes. Les surfaces planes, à la mise en
les calcaires penniens et carbonifères (TERNEK el al., 1987). Dalls tous les cas, le fond valeur. a1see, SO?t rares, accro..:hees aux versants (vieilles surfaces structurales ou de
des dépressions est envahi d'alluvions quatemaires que les cours d'eau drainent péni- pl:lnatlOn) ou ~oll1cées entre des pentes. le ~Iu s souvent fortes et des plaines envahies par
blement, laissant subsister nombre de marais insalubres que les tra vaux d'assainissemenl, les eaux (~nara~s , lacsou golfes). Le reltef II1troduit donc une contrainte non négligeable.
entrepris pour certains dès l'époque romaine, ont eu bien du mal à faire disparaître ~n potentiel d IOstablhté élevé dans une région qui a connu une occupation humaine
(dépression de Yeni§ehir)S. Au fossé de Bursa appartient également, au sud-est, la plaine Importante, dynam~sée par la proxII1lIté de Constantinople. Ce danger - un fort potentiel
d'lnegol, de fonne triangulaire, longue de 22 km environ pour une largeur maximale de éroSif - est réel: tl est cependant limité par un climat favorable au couvert végétal
6 km et qui en est isolée par un seuil étroit, là-aussi de marbres et de schistes. Elle est lequel entrave les 1111ssellements et stabilise les versants, '
séparée, au nord, de la plaine de Yeni§ehir par un bas plateau constitué de schistes et de
calcaires en partie métanlOrphisés (ARDEL, 1947). Sur les pentes entourant Inegol, Il. UN CLIMAT TEMPÉRÉ
M. y. Ho§goren (1975) a pu distinguer quatre surfaces de planation (vers 350 m, 600-
700 m, 1100-1300 m, 1550-1650 m) qui s'étagent cependant à des altitudes variables , Sur la Thrqui~ vienne'"! se cO?fronter trois masses d'air: l'air polaire continental
selon les secteurs, du fait d'une néotectonique active. d, ASie du Nord, 1 rur "troplcal contmental du domaine saharien, l'air polaire maritime
Enfin, à la limite méridionale de notre région s'élève le puissant ensemble montagneux d Atlantique N~rd (GuL~ALt, 1979). En hiver, le front polaire glisse loin vers le sud,
de l'Uludag (Olympe de Bithynie), orienté NO-SE et qui culmine à 2543 m, Long de Jusque sur les cot:, méndlonales de la Méditerranée. Mais, même au cœur de l'été, il reste
près de 40 km, d' une largeur variant entre 15 et 27 km, c'est un massif dissymétrique, mstallé sU,r .les ~otes nord de la mer Noire d'où il fait sentir ses effets, sous fonne de
courants d air onentés NO-SE à N-S. Ces vents, généralement secs mais qui se sont quelque
dont la retombée nord est plus douce que celle du sud. Il est fonné d' un noyau de granite
peu chargés en hUm.'dlté l.ors de leur passage sur la mer Noire, sont liés au gradient de
(batholite) et de gneiss, partiellement couvert de roches sédimentaires (schistes, marbres) pres~lOn NO-SE qUI domme de mal à septembre, du fait des masses d'air continental
fortement plissées et métamorphisées (ARDEL, 1944). Là aussi, une longue histoire tropical qUI régissent alors les ty~s de temps. Ce sont ces influences pontiques qui, bien
géologique a pennis le façonnement de gigantesques marches d'escalier, paliers étagés q~ attén~ées ~ar la présence de bamères montagneuses (voir ci-dessus), font l'originalité du
sur les versants et mis à profit par les hommes. Un dernier ressaut, sur lequel s'est c.hl~rat blthymen, notamment en venant tempérer les ardeurs de l'été méditerranéen et en
appuyée la ville de Bursa, est constitué pour l'essentiel de travertins; ceux-ci trouvent hmltant quelques-uns des effets de la continentalité liée au plateau anatolien tout proche.
leur origine dans les puissantes sources, exploitées depuis l'antiquité (bains de Çekirge),
qUt marquent le tracé d'une des failles majeures de la région.
6. La m~gnitude.~st la !nesure de J'énergie libérée au foyer du séisme. L'échelle de refC:I"CllI.:I.'
~itcelle de Richter. L mtenslté, quant à elle. ti~nt compte des dégâts observés à l\~piœntre et au .\
a entou~s, d~nc
à la surface ~~I sol,.ù la verticale du foyer. Elle est exprimée p~\r 1'~,,· h\.'lk· J~
é
M~rcalh qUldva de 1 à XII. L mtensné dépend de la magnitude au fover de 11 dist·Ul":'·1.' t'oYt..'r-
plcentre el U lype de roche. .' • . • .
5. lusqu'au XIX' siècle, les voyageurs signalent un lac à l'ouest de Yeni§ehir; voir ici-mê'"
GRtLoIS, p. 124 et note 83.
DONN~I!S otOORAl'HIQUI!S

1. Une ambiance méditerranéenne atténuée

Certes les fondements mêmes de ce climat restent méditerranéens. grâce notamment


à l'orientation des reliefs. aux couloirs est - ouest largement ouverts aux influences
des masses d'air poussées par les vents dominants de secteur ouest. mais les nuances à
introduire sont d'importance. . .
Ainsi, l'année climatique est bien subdivisée en deux saisons: une saison hU~lde
hivernale, une saison sèche estivale. Les précipitations moyennes annuelles. comprises
entre 500 mm dans les dépressions et 800 mm sur les massifs (sans doute plus sur l,es
hauts sommets et l'Uludag). sont soumises à de fortes variations intcrannucllcs. Iznlk.
dont la dotation moyenne annuelle est de 555 mm, a reçu 98R mm en 1955 et seulement
221 mm en 1934 7 . Mais. alors qu'un climat eu méditerranéen connaît jusqu'à cinq mois
secs 8, la Bithynie ne souffre. quant à elle, que d'une sécheresse de trois mois, parfois
moins (fig. 2). Encore cette sécheresse est-cl le relative puisque, grâce aux intluences
pontiques, l'été reçoit entre Il % (Orhangazi) ct 19 % (Adapazan, de la dotation annuelle.
Et cc pourcentage ne fait qu'augmenter lors des ;)nnées sèches. À Iznik, les précipitations
d'été représentent en moyenne 14.4 % : en 1955. année humide. elles ne représentaient
que 10.2 % mais 17,6 % en 1934, année sèche. Et si l'hiver (avec des pourcentages compris
entre 30 % et 40 C)t) et l'automne (entre 25 r;(1 et ~8 %) restent les saisons les plus arrosées.
le printemps (entre 20 {k ct 15 C;;- .) permet sans difficulté la reprise de la végétation. Il
faut enfin souligner que l'hiver cnnnaÎt de longues périodes de froid sec, générées par le
stationnement sur la ré~ioll d' "lnticvclones sibériens.
C't'st par l'inh.'rn;édiilire des' températures que l'on perçoit l'intervention d'une
troÎsi,-,me composante cliJllatiqu~, la continentalité, qui vient renforcer les effets des
innut:n~cs pontiques, tout particulièrement pendant la saison froide. En effet l'hiver
- partout bien marqué (il gèk' 25 jlan à Adapazan et 34 j/an à Bursa) même si la moyenne
des minimums du mois le plus froid reste supérieure à 0 oC (2 oC en janvier à Adapazan.
1,7 oC en janvier à Bursa) - est frais. et devient rapidement froid lorsque l'on s'éloigne
des influences adoucissantes des mers. Ainsi BiIecik connaît déjà un hiver froid avec une
moyenne des minimums inférieure à 0 oC en janvier (- 0,3 oC) et 54 jours de gel par an,
La résultante est un climat partout sub-humide (fig, 3), mais qui évolue sur des
distances assez courtes, des limites de l'humide au nord, non loin des côtes de la mer
Noire, aux limites du semi-aride à Bilecik, à l'approche du plateau anatolien,

2, VII climat de transi/ioll

La région connaît donc un climat où viennent se mêler des influences diverses.


méditerranéennes, continentales, nordiques, Elle correspond à une sorte d'oasis privilé-
giée, entre une Méditerranée trop sèche et un plateau anatolien trop froid. On peut la
qualifier, dans ce contexte très particulier, de «tempérée», Le climat y est favorable à la
végétation, Mais les nuances locales, induites surtout par l'exposition, l'altitude el la
nature du substrat, sont importantes. La régénération du couvert végétal naturel y est
relativement aisée (sauf dans des secteurs peu favorables, voir ci-dessous, p, 36), grâce
notamment à la modération de la saison sèche, La mise en valeur agricole y est encore
favorisée par des ressources en eau abondantes,

7, Les va1eurs concemantlznik, Orhangazi et Mecidiye sont extmites de Diler (l986), (..'elles
relatives aux slations de Bandmna. Goztepe, Bursa. Bilecik et Adapazan viennent de Alex (19SS).
8. Les mois secs sonl ici définis selon la fonnule de Gaussen, soit P = 2 T, où P I..'orrespond
aux valeurs de précipitalions moyennes mensuelles (en mm) et Taux lempérJ.tures mllyennt:s
mensuelles (en degrés Celsius). Un mois est sec quand le total des précipitations est inr~rieur ~)
deux fois la moyenne thermique.
BERNARD GEYER
30 DONNtES GOOoRAPHIQUES 3\

III. L'OMNIPRÉSENCE DE L'EAU

'" Bien arrosée. ne connaissant pas de périodes de sécheresse. hivernale,s ou ~stivales.


trop marquées. la Bithynie bénéficie d'une alimenlation en eau ,pérenne ù~v~rsl.née . .
La montagne, certes plus humide en ubac qu'en adret du fait des préclpliatiOnS esti-
,,<1 vales de secteur nord et du moindre ensoleillement, offre cependant partout des ressources
pérennes. liées à de petits aquifères9 locaux. Ces derniers. qui sont dus à la grande
/ complexité structurale et lithologique de la région, alimentent de très nombreuses sources .

~/
200
Caplées, aménagées, elles sont utilisées aussi bien pour l'alimentation des hommes et
.... du bétail que pour une petite irrigation d'appoint 1o. Elles alimentent de manière c?otinuc
les écoulements de surf,lce qui, du fait même de la structure d' ensemble du rehef, ont
généralement une orientation méridienne, rejoignant ainsi au plu s court les grandes
IW dépressions est-ouest.
Ces cours d'eau ont souvent fait l"objet d'aménagements. Si l'on considère le hassin-
versant du lac d'lznik (fig. 4). les deux principaux amuents du lac lui apportent 2.4 m.Vs
160 en moyenne pour le Kara Ocre (pour un bassin-versant de 219 km1) et 1.1 m.Vs en
moyenne pour le Kocadere (bassin-versant de 77 km2)1I. Leurs écoulements. naguère
pérennes. peuvent p<lffoi~ être interrompus. à \. automne, du fait des trop forte,:; ponctions
réalisées pour l'irrigation. Avant l'introduction des pompes à moteur. des canaux de déri-
". vation alimentaient des moulins et de petites zones irriguées. Mais les ponctions se
fai saien t alors surtout à partir des nappes phréatiques (fig. 5) contenues dans les allu-
vions plio-quaternaires qui hordenl les rives du lac et dont le niveau d'eau dépend à la
120 fois de rapport de s rivières et du niv~nll du lac, très variable selon les périodes considé-
rée s (voir ici·même. p. 172 et GEY ER el al.. 2001). Ces nappes locales. particulièrement
bien alimentées dans les cônes alluviaux (fig. 5). ont été exploitées dès l'Antiquité par
de s puits dont nou s avons retrouvé les margelles l2 et qui. pour certains, sont toujours en
100
fonction. Des pompes à main, soulignant la proximité de ces nappes, ont été utilisées
e
aeo(hrma jusque dans les années 1950 puis abandonnées suite à J'abaissement volontaire du niveau
du lac. 11 s'agissait là. comme de nos jours, d'une irrigation d'appoint permettant des
W Bursa • cultures maraîchères. pratiquées souvent sous les oliviers. Ainsi ont pu se développer de
véritables «huertas», dont la plus productive est celle implantée sur le vaste cône du Kara
Dere. au nord·ouest d'lznik.
Une autre ressource esl conslÏluée par les sources de piémont et par les sources
60
Biledk •
artésiennes. Les premières, qui sont les plus nombreuses, elles aussi alimentées par des
aquifères locaux, sont souvent karstiques, localisées au contact schistes· marbres. C'est le
cas de celle de Derekôy (fig. 5), à l'est d'Iznik, qui produit plus de 300 VS", et de celles
40 de Nadir (153 Vs) et de Gedelek (67 Vs) près d'Orhangazi. La source d'lhpmar (67 Ils). qui
est située sur une faille et qui a fixé le site néolithique du même nom, est également consi.
dérée comme karstique (KAYAN, 1995). Seule dans le secteur d'Iznik celle d'Ihcapmar est
artésienne; elle produit 67 Ils d'une eau à 22 'C, et elle est utilisée tant pour des bains que
20
pour irriguer. D'autres ont connu une plus grande renommée, telles celles de Yal"va

_.....
(Tennal) ou de Bursa (Çekirge) sur lesquelles ont été construits des bains impériaux.

·s
_...
.5 -4 -3 -2 -,

-
9 1. Il
9. Couche ou massif de roche pennéable componant une zone saturée d'eau. suffisanunent
conductrice pour pennettre l'écoulement d'une nappe souterraine (d'après GEORGE. \99.').
10. Voir ici·même l'exemple d·Adliye. ARGANT. p. 179·\86.
M: l'nO)'eM8 00. maxifrMJms du moisie plus chaUd} en. KeMn (_ 273- Cl II. Tous les chiffres relatifs aux débits des cours d'eau ou des sources sont extraits de De"k,t
m: lY'IO'jtM8 des rnInIn'llll'll du mols le pIos froid
Su (ileri (\974).
12. Voir ici-même PRALONG, Catalogue, no 59 el pl. V.
p : JridpiCltions annueIel
13. les seuls chiffres dont nous disposons ont été relevés en octobre 1971 . Il s StlOt don..: sim-
plement indicatifs. même si les précipitations de l'année climatique 1970-71 ont été très PW~:hl'S
Fig. 3 - Classification des climats (diagramme Emberger) de la moyenne.
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Fig, 4 - Le bassin du lac d'Izni.k

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Fig. 5· Le lac d'lznik el ses rives


BERNARD GEYl:iR
1.,
.14 DONNéES Ol'!.OORAPHIQUP...s

IV. UNE V~GÉTATION PROTECTRICE DES SOLS gra phique méditenanéenl1e ne dépasse guère la presqu'île de Cyzique. La végétation
méditerranéenne se retrouve ce rt es plus li l'~st, mais elle est appauvrie et ne comporte
Du fait de la vigueur des pentes, les sols sont facilemenl allaquables par érosion que peu d'espèces endémiques, ce qui suggère qu'elle y a une origine relativeme nt
linéaire, De plus, l'abondance de l'eau est susceptible de provoquer manUs glissements récente. et qu'elle a envahi la région au fur et à mesure de la destruction de la forêt
de terrain et autres phénomènes de solifluxion, que ce salt sous maqUls (fig, 6) ou sur c1imacique (DAVIS, 1965-88). Sous l'effet de l'exploitation, aux espèces caduques se
des versants terrassés (fig, 7), Enfin, le degré de fertilité de ces sols, le plus souvent sont peu à peu associées des espèces sempervirentes. et notamment des conifère s qui
développés, au moins en montagne, sur des roches siliceuses ou métamorphisée_s, est localement peuvent être dominants, surtout au·dessus de 1100-1200 m (PÙIlIS lligra.
relativement faible, Les zones de collines (région de Yalova, maSSIf du Karadag, par Juniperus exce/sa). Jusqu'à 1700 m environ s'étend généralement le domaine du hêtre
exemple), modelées sur des formations tertiaires meubles, offrent, il est vrai, des potentiels (Fagus orielllalis), auquel succède le sapin (Abies sp.) jusqu'aux alentours de 2000 m.
plus élevés, de même que les fonds des dépressions, sous réserve qu 'ils soient,drainés Dans notre région, seull'Uludag dépasse 2000 m : au-delà de celle altitude on trouve des
(naturellement ou, plus souvent, artificiellement), Mais les condItions seratent relativement alpages qui sont de nos jours encore pâturés.
défavorables si la stabilité du milieu (plus particulièrement les sols et le couvert végétal) La plus grande partie du territoire de la Bithynie se situe toutefois entre 0 et 1000 m
n'était pas bien assurée par une humidité édaphique élevée pour des régions submédi- et correspond donc aux étages planitiaire et collinéen" (supraméditerranéen), Selon les
terranéennes ; cette humidité est entretenue tant par le climat que par les nombreuses sour- conditions écologiques et l'utilisation du milieu par l' homme (défrichement, culture, syl-
ces, et elle est attestée par le très petit nombre de feux de forêts ou de maquis, viculture, etc.), les unités de végétation rencontrées sur les versants varient sensiblement,
d'où la difficulté à définir pour celles-ci un «modèle» unique. Un schéma de répartition-
J, Ulle l'égé/a/ioll mésophite type des groupements végétaux est donné ici-même p. 176 (ARGANT, fig, 2),
Deux exemples d'associations végétales peuplant les versants complètent utilement
Le secteur étudié appartient à la région phytogéographique euro-sibérienne, dans ce tableau succinct de la végétation bithynienne ; cf. Tableau 1 et ici même dans l'artick
laquelle le climat, relativement humide, n'impose que peu de contraintes aux plantes, ce de J, Argant, fig, 8, p. 186,
qui se reflète dans la prédominance d'une végétation mésophile l4 (DAVtS, 1965-88),
Ainsi, la formation végétale la plus caractéristique est ici la forêt de feuillus, celle de
chêne à feuilles caduques (association dite «Queree/IIIII») pour les domaines de basse 15. Un étage de végétation correspond à une unité établie principalement en fonction lk
altitude et celle de hêtre (Fage/um) en moyenne altitude, À l'ouest, la région phytogéo- l'altitude qui définit les gradients climatiques: pression atmosphérique, température, nombre: dt'
jours de gelée, humidité, précipitations, ensoleillement, rayonnement solaire, vitesse des \'l'nl~,
durée de la période de végétation ... (d'uprès Rameau, Ma.nsion ct Dumé, 1993). L' ét~lge planitiain..'
correspond aux plaines et vallées. En théorie, en domaine euro-sibérien .•da limite supàicur~' dl'
l'étage collinéen coïncide avec celle des peuplements de chênes».
J4. Mésophile : dont les besoins en eau et en humidité atmosphérique sont modérés.
UERNARO OEYER
36
DONNtE.~ Oé.OORAPHIQUES 37

Tableau 1 _ Répartition de la végétMÎon sur le versant nord de l'Uludag. dans lI,n conlc"le L'arrière-pays de Yalova (fig. 9) offre un bel exemple de paysage humanisé Sil '
de fone intervention humaine. d'après Ie.~ pllnnel\ux installés par les fQrl'S(ll~rs. collines basses taillées dans du Sarmatien (Miocène) et du Pliocène continental (TE"~I.K
Es C8ractérlstlques el al., 1987). Ces roches, très généralement meubles (marnes, argiles, grès), ont permis une
mise en valeur poussée qui ne laisse guère de place aux fa nnalions naturelles dégradée,
Laurier (Laurus l1ohilis), que sur les faciès plus résistants (conglomérats. calcaires lagunaires) de ces mêmes
Lau,..tum 150-300 m arbre de Judée, cyprès affleurements. La forêt a di sparu , le couvert végétal est di scontinu. cc qui a ouv cn la voie
Châtaignier (CaSlt/l/ell saliva), à l'érosion linéaire et surtout, du faÎI de l'extension des marnes ct argiles, fi la so lîtl ll.x io n
Cas/anetum 300-750 m et aux mouvements de masse. Les plantes an nuell es dominent largt!men t. En de hors de ,>
chêne
ripisi lves où se cotoÎent le peuplier. Je saule, J'auln e. le platane c l le noye r. on ne Irouve
Hêtre (Faglls oriel//atis), que des arbres culti vés (oliviers et autres arbres fruitiers dont le po mmier, Îndi Gu eur dt:
Fagetum 750-1100 m charme (Carpinlls belli/lis) milieu subméditerranéen). ou plantés autour des vi llages et de s I.:illlt: l it.!rc ... (platane ....
c~près. etc.). Mais. lorsque l' on aborde les basses pe nles du ma~ ... if dc·; S ~Hllt1 nll Dagl;'rJ.
Pin noir (PiIJus nigra) . tmllées dans des roches plus résistantes où dominent les produits du volcm isme (ha ... altt: ....
Pinetum 1100-1400 m genévrier (Jllniperus exee/sa) dolérites, andésites, etc.) et du métamorphi sme (mnrbrcs. gncÎ'\s. s\.: hi sk ". par exemple J.
la forê.t repre nd rapi~ement ses droits. Secondaire e l dég radée. cl ic (':-o{ mi xte. compo ... éc
Abietum 1400-2050 m Sapin, tremble, genévrier de .feulll.us et de résmeux ; exposée en ubac:, e lle bénéfic ie ue\ inllucnccs po nli ques. ce
qUl explIque sa prése nce aux basses altitu des .

Alpinetum 2050-2543 m Genévrier nain, espèces alpines


3. L'importaI/ce de "exposition el dl'.\' positiolls d'ub,-;

L'opposi tion en tre adret e l ubtlc es r un des ~ Ié men ts esse nt iels de la mi se en va leur
L'absence de l'association Qllm:elllll! est due ici à l'importance du châtaignier, cultivé régionale. Elle est particuli èrement visible dans la péninsule d 'A rmutlu. Les versants
pour ses fruits, lesquels, «glacés», sont une spécialité de Bursa. Les limi tes a ltitudinales expos.és au nord, pentus, som ho isés e l hu mides. les pentes les plus basses portant un
sont liées à l'exploitation, ainsi qu'à l'exposition nord. m~qUt S ~e~ se . ~es \'e.r.'\i.m t.~ sud. plus. doux, sont plus dégradés mais ont autorisé la plan.
Dès que la pente augmente et que le rocher apparaît, aux cultures !lorissantes de ta~lOn d ohveral~s. L a mbIaIl ~e rel;ttlveme nl plus aride, plus spécifiquement méditerra.
l'étage planitiaire succèdent des zones dégradées, où les terrasses de cultures abandonnées nee nne. est souli gnée par la prés.e nce du pin e t par l'absence du pommier.
laissent place à des pelouses sèches envahies peu à peu par la cistaie à filaire (Phillyrea)
et par les pins (Pinus bmlia). À partir de 500 m d'altitude, s'instaUe la chênaie à Quereus
illfeetaria, qui peu à peu s'enrichit en Pinus I/igra, Querells fraillella e t Querells eerris,
avant de céder la place, vers 800 m, à la chênaie à Qllereus petraea (le chê ne sessile).
Le charme (CarpimlS arien/alis), puis le hêtre (Faglls arienlt/lis) e t le pin silvestre
(Pinus si/l'est ris) apparaissent vers 900 m.

2. Des basses terres mises en valeur

Les basses pentes et les dépressions ne portent plus guère qu'une végétation naturelle
dégradée, quand eUe n' a pas totalement disparu au profit des cultures. Dans ces secteurs
où la mise en valeur est très ancienne (c'est là que se sont implantés les sites néoli-
thiques l6) et surtout très poussée, le rôle des roches à l'affleurement est primordial.
Sur roches cohérentes, siliceuses ou métamorphisées, ne subsistent plus guère, du fait
d'une dégradation de longue durée, que des maquis pauvres et des garrigues, sinon des
phryganes, là où cette dégradation est irréversible. Hormis les espaces cultivés ou plantés,
les arbres sont rares. Il s'agit presque partout d'un paysage ouvert par l'homme, qui a
développé l'exploitation des terres cultivées jusqu'aux extrêmes possibilités offertes par
les affleurements de roches meubles. Il n'est pas rare de voir, de nos jours encore, des
emblavures pratiquées sur des terroirs marginaux (fig. 8), même si la pression anthropique
sur les milieux est incontestablement moins forte qu'au milieu du xx. siècle. Fig. 8· Champ ~nda\'é dans la forê l ;IU nord dïl.nik

16. Cf. FRENCH, 1967, carte p. 51.


BERNARD GEYER
DONNéES G~OGRAPHIQUES :w
38

Fig. 9 - L'arrière-pays de YaJo\'u

La position d'abri. derrière une première ou, mieux. une deuxième bJJTière s'opposant bi~~ynien. te.mpér~. a p~rI.nis parlOut l' établissement d'un nouvel état d'équilibre du
à la trop grande vigueur des influences pontiques, est sans doute encore plus importante, l~l.lh~u. un .~llInax se~o l1daJrc .. souvent artiliciel. Les difficultés naissent plus souvent de
Le fossé d'Izmit _ Sapanca reste mal protégé par la trop basse péninsule de Kocaeli et 1 .lrrd de 1 intervention humaine que de son maintien.
les oliviers, présents sur les plus basses pentes, ont bien du mal" s'accrocher sur les . L~ Bithynie prése~te de Il?Sjours des paysages - mosaïques où s'enchevêtrent des
versants des Samanh Daglan. En revanche, la masse plus imposante de ces mêmes e~p~c~s «naturels». tO~IJOllfS .de,gradés quoique dans une mesure très variable selon les
Samanh Daglan et de la péninsule d'Armutlu, en limitant les influences nordiques sans Suu.ltions, et des terrOirs cultives. Les premiers l'emportent sur les versants des massifs
pour autant les arrêter totalement, déterminent dans le fossé de Gemlik - Iznik une et en haute m~ntagn~. les seconds dans les fossés et sur les piémonts. mais aussi sur les
ambiance tempérée très favorable à l'arboriculture et au maraîchage: même les versants nombreux palIers q~l. adoucissent les pentes de ces massifs. '
exposés au nord portent des oliveraies de très belle venue, Cette richesse de la végétation Substrat, eXpOSItIOn ~t position d'abri jouent un grand rôle sur les potentiels agricoles
est perceptible dans la «huerta» d'Iznik, où les jardins irrigués associent l'olivier et les et done sur la phySIOnomIe des paysages.
arbres fruitiers (pêchers, pruniers, cerisiers, poiriers, figuiers , etc.) à la vigne et à un
maraîchage florissant (tomates, choux, aubergines, haricots, melons, piments, etc.).
BIBLIOGRAPHIE
Un phénomène d'abri semblable peut être observé dans quelques vallées intra-
montagnardes bien protégées, telle celle du Yalakdere qui s' ouvre au nord sur le golfe
ALEX ~ .• 1985, Klilll~datell (lIIsgewiihlter Statiollen des Vorr/eren Orients, Beihefte zorn
d' Izmit. Isolée de ce dernier par un long défilé entaillant profondément la retombée du
T.A,V,D .. Relhe A, nO t4, WIesbaden.
massif, constiruée de roches cohérentes (laves, rufs, calcaires et flyschs), la vallée intérieure
_ ARDEl A .. t943. Marmara bôlgesinin gUneydogu havzalanmn morfolojik karakterleri 7:" k
s'évase largement à la faveur de l' affleurement des roches plus meubles du Pliocène Cografya Vergesi, t-2, p. t60-173 , . 1/1'
continental: marnes, argiles, conglomérats et grès, Encadrée de vieilles surfaces étagées ARDEl A .. 1944, Uludag. Morfolojik etUd, TUrk Cografya Vergesi, 5-6, p. 35-60,
(fig, 10), elle était propice à une mise en valeur intensive et a été, dès l'époque romaine ~:~EL A., 1947, ln~gol Ovasi ve çerçe~e.si, Tiirk Cogr~f)'a Dergesi, 9-10. p. 1-32.
au moins, utilisée comme voie de pénétration vers Iznik, alors l'importante cité de Nicée. EL A., 1954, Izmk depresyonu ve golO, Istanbul Ulllvers;tes; Cografya EnstÎtiisii Dt'1'R; 'j
no 5-6, p. 225-229, . , .\ .
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Y,~O
5
. .
. La végétation cli~acique n'existe plus en Bithynie, Seul peut-être l'Uludag présente- BRINKMANN R., 1976, Ge%gy of ntrkey. Stuttgart: Elsevier.
t-il encore des formations végétales qui peuvent l'évoquer, L'exploitation et la mise en DAVIS P. H., 1965~88. Flora of Turkey amI the East Aegeall Islcmds. Edinbun'h ' Uni\'t~rsit .,
valeur ont transformé les paysages en profondeur, les façonnant mais les dégradant et les Press. 10 volumes. .~ .
appauvnssant en même temps, Cependant, sauf exceptions très localisées, le climat
BERNARD GEYER
40
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...

L'ÉPOQUE PROTOBYZANTINE
À TRAVERS LES MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES

par Georges KIOURTZIAN '

INTRODUCTION

La Bithynie a fourni à ce jour un grand nombre d'in sc ripti ons. B ~ auc()up ~onl
d'époque romaine, mais les inscriptions chrétiennes représenlènt une part nCln négli-
geable de l'ensemble. Depuis quelques années, j'épigraphie bithynienne a fait l'obje t de
nombreuses publications! qui complètent les travaux plus ancien~. Pratiquement toules
les grandes cités de Bithynie sont désormais pourvues d'un recueil d' inscriptions. Le
matériel, important par son volume, mis en valeur par de bonnes éditions. permet une
synthèse régionale, du moins pour r époque protobyzantine. Elle n'a, à ma connaissance,
pas encore été tentée. J'en propose une ébauche dans les pages qui suivent. Le but serait.
dans l'idéal, de dégager la physionomie de l'épigraphie bithynienne à cette époque.
Pour l'atteindre pleinement, il faudrait disposer d'études comparables traitant de cette
province à d'autres époques 2• En leur absence. j'en resterai parfois à la simple descrip-
tion des faits, qui pennet du moins de saisir la diversité des coutumes locales, ou leur
ressemblance d'une cité à l'autre, d'appréhender des structures économiques, politiques.
sociales et culturelles, et d'apprécier l'importance des changements qui ont accompagné
la christianisation de j'Empire,

Les inscriptions chrétiennes de Bithynie. Le choix effectué .. la répartition géo-


graphique et chronologique des inscriptions retenues. Glaner dans un ensemble consi-
dérable d'ouvrages et de périodiques les inscriptions chrétiennes, ou considérées comme
telles, concernant la Bithynie n'est pas une tâche aisée, Il est probable que certains textes
m'ont échappé, Les cités et territoires qui ont été pris en considération sont les suivants,
du nord au sud: Nicomédie'. Pylai4 et Strobiloss, Nicée6 , KiOS7, Apamée (cf. note 4),

• Bibliothèque Byzantine, UMR 7572, Collège de France - CNRS.


1. Voir le Guide de l'épigraphiste, 3e éd .• par F. BÉRARD. D. FEISSEL. P. PFnThIENGIN.
D, ROUSSET et M. SÈVE, Paris, 1989, p, 52, nO 188 : p. 62, nm 255 à 260, et p, 302, n~ 1885 à 1889.
- Ajouter: CavEL, ainsi que les articles sur l'épigraphie bithynienne qui paraissent régulièremenl
depuis 1970 dans Epigraphica A,zatolica ; ils sont analysés dans le Bull. ép.
2. Dans l'introduction des divers corpus épigraphiques consacrés aux cités bithyniennes. un
trouve des études utiles à cet égard, mais elles se limitent généralement au district étudié.
- L. Robert a fannulé de nombreuses observations sur l'histoire, l'archéologie et la société de ceUe
province, qui nous ont été précieuses (cf. la rubrique Bithynie du Bull. ép .. établie en collabora~
lion avec Jeanne Robert, et ROBERT. Études, p. 224-258).
3. DORNER, Nicomedia ; FEISSEL, Nicomédie.
4. CORSTEN, Apameia.
5. Pour des raisons pratiques,j'ai regroupé les inscriptions de cc district sous le IWIll de pylai.
Sans vouloir prendre part à la controverse qui entoure la localismion eX'lCte ou la délimÎlalÜJIl
GEORGES KIOURTZIAN
L'llPOQUE PROTOOYZANTINE À TRAVERS LES MONUMENTS éPIGRAPHIQUES

texte ; elle ne diffère en rien des épitaphes métriques de l'époque i,,:,périale l1 . Un nomhrc
important d'inscriptions funéraires de Nicée l4 et de Cyzlque l5 qUi men~lonnen t I~ ,gen.
tilice Aurelius peuvent dater du début du IVe siècle. L'inscription hononfique dédlce au
c1arissime Faustin du Musée de Bursal6 me semble dater du même siècle. À l'autre
extrémité de l'époque étudiée, j'ai tenté de m'arrêter à la fin du Vt' siècle. Cependant. nos
inscriptions étant en majeure partie datées d'une façon conjecturale à partir ù' éléments
épigraphiques internes, il n'est pas exclu que certaines d'entre elles appartiennent au .x
siècles suivants (cf. l' épitaphe d'Arsakis. frère d'un épiskepri/e.»"-

1. RéPARTtTtON SELON LE CONTENU

1. Les ÎIIscr;pIÎm1S!lIfl éra;res

La première constatation, ce n'est pas une surprise, es t que l e~ épi t~ph c :-. <.:uns tilU ~nt
la majorité de nos textes (les deux tiers environ ). La sc<.:omlc, app;Jrue ;1U fil tle la
recherche, est qu'une évolution du formulaire est sensible entre b période impériale I.!t
l'époque protobyzantine.

o. Le fomlll/llÎre. Malgré quelques variantes. le ronnulaÎre des épitaphes chrc!liennes


est assez stéréotypé , bien que certa ine s différences de r~daç ti o n permettcnt de définir des
séries locales. La formul e la plus commune est: èv8â8z KCltciKf::t'tUt (ici gît) + nom . À
Cyzique 8 et Brousse' (fig. 1). Ce choix a été dicté par le fait que. ces distri~ts sont bie~ Nicomédie et à Apamée, ce ttc formule peUl s'enrichir de l' adjonction o/~ tfiç !lClKe.(p tUç
, poI'nt de vue épigraphique. Sur 250 mscnpllons chrétIennes amsl }lV~J.lllÇ (d'heureuse mémoire). On trouve aussi fréquemment: ÈVSciOE KCltctKEl!Ut ô
documentés d un . ct' . . . . .
repérées, un peu plus de 160 ont été retenues. Les autres sont SOIt .ongme mcertame, SOit ooûÀoç mû 0(eo)û (ci-gît le serv iteur de Dieu) + nom (Nicée). D' autres formules sont
dans un état fragmentaire qui rend leur contenu douteux. Les mscnptlons que .nous. al~ons plus rares; K\J.lE À,E1Vuvov Èv8cioE (ci-gît mon corps) + nom lS ~ i,v ~p~vll ~ 'VUX~ <Jou
examiner appartiennent dans leur majorité à l'époque protoby:anune (130 msc.npli~ns + nom • (Nicomédie) : ~ VllPElQ\, OllXlpÉpOVta (tombe appartenant à) + nom 20 (N icée) :
environ). L'époque médiobyzantine (VII'-XU' s.) n',"st représentee que par une vmgtame '
mémori01121 ou mll èma ?~ + nom (Brousse): thésis2 J, et plus rarement hypomllèma 2 ~
d' inscriptions et celle qui suit 1204 n'en a livré qu un ~u plus de dIX. O~ .trouvera dans + nom (Cyziq ue). Dans la région de Nicomédie, le nom du défunt est souvent suivi du
l'Appendice 1 une courte étude sur ces inscriptions medlévales. Seu.le 1 ~poque proto- qualificatif pis/os (fidèle). alors qu'à Brousse et à Pylai nous avons; 6 nOÀÀ~ç ~vt\~~ç
byzantine, par le nombre des documents qu'elle a fournIS, offre la mallere d une synthèse. èié,lOÇ (digne de beaucoup de mémoire). Dans une série caractéristique de Pylai. au
début et à la fin de l'épitaphe, on lit les formules suivantes: KaÀôç ~À6extE napoôîtE
Les inscriptions protobyzantines, tV'-Vl' siècles. La plus grande partie ~es textes (bienvenue, passants). KaÀôç ànÉÀ6E1€ nexpooîtE25 (bonne route, passants), ou. avec
retenus appartient ou semble appartenir aux V'-VI' SIècles. Cependant, ce~ms d entre eux la nuance d' une certaine mélancolie; XÉp€T€ 'l'lÀU napooîT€ Û ,0 yÀUtcÙ 'l'ôç mû ~Àiou
datent du IV' siècle, voire du DI' , ce qui suggère que l'mstallatlon du chrIstIanIsme dans la pÀÉnon€ç26 (salut amis passants, vous qui voyez la douce lumière du soleil). Deux
région a été précoce; des communautés ~hrétiennes y é~aient proba,bleme~t orgamsées
bien avant l'avènement de Constantin lO• A NIcomédIe, 1 épItaphe d Eumomos Papos.a
été datée par L. Robert du Ill' siècle". Dans la même ville,l'épit~ph~ d; la ?ame ~ydla 13. Ibidem, p. 83, nO 363.
a recours à une formule commune aux Juifs et aux chréllens (l1V llPll v ll11 \jI1l)(l1 aou 14. ~AHtN. IVlik. l, n'" 553,554,555,556, etc.
= paix à ton âme) et se termine par une expression utilisée par les. pàiens (oùô,ç ~e&.Vex1oç 15. GRÉGOtRE, Recueil. nos7. 8, 21 ; H. G. LoLUNG, dans Allrenisclre Milteiltmgell, 9, 1884. p. 42.
16. CORSTEN, Prusa, Il, p. 181, no 1095.
= personne n'est immortel)12. L'épitaphe métrique de Moukapons, touJours à NIComédIe, 11.. CORSTEN, Apameia, p, 134. no 130. - La fonction d'épiskeplilès est surtout connue à partir
n'est considérée comme chrétienne que grâce à l'image d'un poisson gravé à drolle du du tX' Slêcle; cf. BI/II. ép., 1989. nO935 et OtKONOMlD~, Us/es, p. 314.
. 18. L. Robert (BeH, 102, 1978, p. 413) note que celle partie de l'épitaphe est apparemment
métrique.
19. DORNER. Nicomedia. p. 82. nO 357.
détaillée'de ces deux localités (même site, deux sites voisins ?), je renvoie aux travaux suivants: 20. ~AHtN , Imik, 1. p. 273 a, nO 551.
L. ROBERT, Bull. ép .. 1974, nO548 ; Cl. Foss, dans Ana/oliall S/udies, 38, 1988, p. 168 ; D. FEISSEL, 21. CORSTEN, PnlSa. J. p. 229·230. n0 2 16. - Le tenne m!morion est également fréquent en
Bull. ép .. 1989, nO934, et MANao, Héléllopolis, p. 143-158. Macédoine, en Palestine et dans certaines provinces de l'Asie Mineure (Lydie et Phrygie princi-
6. ~AHIN, Imik. palement).
7. CORSTEN, Kios. 22. Ibidem, Il, p. 184, no 1098.
8. SCHWERTHElM, Kyzikos, 1-0. 23 . GR~GOIRE. Recueil. p. 8, nO 12.
9. CORSTEN, Prusa. 24. Ibidem, p, 6, nO7.
10. L'existence de chrétiens en Bithynie au début du Il' siêcle est attestée par la correspon- 25. CORSTEN, Apllmeia, p. 130, nI' 126. - L'acclamation a des parallèles à Const.mtinople (1,:1.
dance eotre Pline le Jeune et Trajan (PUNE LE JEUNE, Lel/res X, nO96 (97)). Bull. ép .. 1989, no 935, et les remarques de D. Feissel d,ms BCH. 118, 19 9~ , p. 28 1<!S~, n. "'27 à .' 1).
Il . L. ROBERT dans BeH. lm, 1978, p. 413-419. 26. CORSTEN, APC lllIt'ill, p. 134·135 , n" 131. - Cf. Bull. (:" .. 1989. n" 936.
12. J)()RNER, Nicomedia, p. 82, nO 357 .
GEORGES KIOUR17.IAN 47
L'ePOQUE PROTOBYZANTINB À TRAVERS LF_Ci MONUMBNTS J':.P1GRAPIIIQtJF}i
46
nt i\ Nicomédie : XaipEtE EV Xpl<rt</i napooÎtC<l " (,ulut dans le
pamllèles se rencoaure, POOÎtE2' (salut, passants). Chrysanthos avait construit pour lui et sa famille tO K01J1Tltt;PlV ... te; 'tD Xflplo8i:v fUll v
Christ. passants) et . XEpEtE na 1tCtpa01tOplv41 (la tombe ... sur le terrain 42 qui nous a été donné).
. L . h vocabulaire désignant le tombeau i\ l'époque
b, Le \'ocabll/~;re !unérmre, lU: nCtitenombre de temles, parml lesquels koim~tèrion e, Symboles. Un grand nombre de dalles portent un ou plusieurs syrnholes. ~l <': f(~Î x
romaine 29 se restremt ,alors à ,UI.l ~1I:
r
:a
Illoins à Nicée. la faveur des chréticn~" Ce terme
semble être le plus uSlt.é et ~'~~ns aïennes.w. mais il revêt à l'époque c h~'etle nne u.ne
est évidemment le plu s courant de tous. On la voit fréquemment au début de 1 In s<..:np-
tion (Nicomédie, Pylai, Nicée, Kios, Cyzique, Brousse). Elle di vise parfois un lex ie
est employé. da~ls le~ I~~cn~~ su pf.'mte entre le IVe et le ve sièc,le l',expresslOn funéraire (Nicomédie. Pylai). Certaines épitaphes fini ssent par une ou plusieurs croix (N i com~dîe.
toute au~re. slgmfica~lOn . et, 1 î.~v àveçoSiaotov32 (tombeau lIlahénabl~): En seconde Pylai, Nicée, Brousse). La croix monogrammatique accompagnée ou non des l!.!!trc<,
car~c.ténstl.que de NIcée . ::~,:~, E(em loyé surtout à Cyzique), et en trOiSIème le mot apocalyptiques A et il est également courante (N icomédie. Nicée. Cyzique. Brnu... ..;c). Le
posItion Vient, le term~ 1 .' p. SOUS l'influence du grec muèmll. a engendré des chrisme constantinien apparaît plu s rarement (Nicée. Brousse).
mémorirm, dénvé du laun mel1~}1ra ~UI, Mémorioll est surtout utilisé à Apamée, à Pylai
fonnes hybrides telles q~e mil m.~;IOIl~nsidérées les termes relatifs auX tombeaux sont 2. Inscriptions lion fiméraires
et à Brousse. Dans les dIverses C~t: l~a thèkè st~lè et le très caractéristique pyélos (écrit
les suiv~ts: 11 NIC?mfdl~, À':)iai ;" é';lOl'ill. À Nicée, koimètèri(o}lI, IIlllèllleioll, taphos, Les in scriptions non funéraires peuvent être classées selon !é ur conte nu dan!'> k . .
catégories sui vantes: bornes (m illiaires ou de propriété). ;:Icclamation'\ fcivik:-i ou
aussI nOI~À.oÇ et ~' oç. À AP;mée airovloç o'\Koç (demeure éternelle) et lIlèmorill.
Tvmbos A Kios mllcmelOlI . ( • ~ é,'( ) t è na religieuses). invocations et inscriptions votives (ex-voto. déd icaces). Les ÎnVOGl tÎlln:-.
 Cyzique. thé; is, I1Il1èma et h.\1)o11lnèma. A Brousse, m mon 0 Il e mil 1 . commencent par: K'ÛptE pO~eEl (écrit ~O~t'1 ~I Nicée-o : Seigneur, vÎen~ en aiùe). LL:S
inscriptions vOli ves sont introd uites par la formule passe- partout : ,J1tÈp EÙX~Ç (pour le
c Les 1'0 riétaires de tombes. Un grand nombre d ' inscriptio~s funéraires de Nicée vœu) ou {mEpt EÙX~Ç (il Nicomédie. Kios et CyZiqllC principalement)++. Parfoi s. nous
. l' l' !ru t' n de tombes du vivant de leur propnetall'e. Presque toutes Lrouvons des formules plus développées, comme : Eùçd~E\' OÇ E\'XapuJtolv tÙ où È. . . 't'Ù)\'
font état de la cons c 10 . d l' d
. àd rticuliers souvent à plusieurs personnes untes par es lens e crOO{V)45 (ayant fai t un vœu - Seigneur - je te remercie en te présentant les biens
appartena.ent ;s pa , ~,,,n.~plOv È"au,ro Kal 'û yÀu1CU,a'\l ~ou <r\lV~lcp ... KCt! ,0Îç
parenté: KatEm<eua<ra '0 • v~., .. , ~ , ' f ). provenant de toi). Il arrive au ss i que les dédicants emploient des citations sc ripturaires
tbCVOlÇJJ (j'ai édifié la tombe pour moi, pour m? douce,fe~me ~t pou ~,mes en ant~ ,on (cf. ci-dessous, à Brousse). La répartition. selon les régions, des inscriptions nOI1
lit ailleurs: EPYOV MaptlVlaVOÛ Kal t iiç vovaç autOU Ba<raç, .a .KatE<rlŒI><l<rav funéraires est la suivante:
ÈautoÎçJ4 (œuvre de Martinianos et de sa tant: ~aternelleJ5, Basa, ~d l ~~6e pour eux), ou
encore: 9É<1lç Ol<X<pÉp[oul<ra Tpu<povoç ... Kat tWV KÀlpOVOj.lOv a~Tou, (tombe appar- a. Nicomédie. Deux acclamations liturgiques. l'une assoc iant la Sainte Trinilé et le
tenant à Tryphôn ... et à ses héritiers). Le ":,onument funéraue ét~'t parf?'S la propnété Christ46 , l' autre le Christ Emmanuel et la Djvinité~7 ~ un certain nombre de dédicaces et
d'une collectivité ; ainsi, on lit sur une tns~npl1on ~e Nlcomedle . aVEvEw<raj.le9a quelques ex-voto.
[tltiv KatMl<p9Î<rav lJj.lÎv nueÀov oi ntWXOl rTlpayagewç37 (nous les pauvres - de
l'hospice _ de Gèragatheus, nouS avons restauré le tombeau légué pour notre usage). b. Pylai. Une borne, provenant de Strobilos, notant la délimitation entre Xa<riou
~tol rtO~IÀou Kat KaÀci80u àno t OÛ ~aKpoû aùXÉvoç Èn' Eù9iaç Ëwç t~ç 1la9iaç
d. DOllations ou achats de tombes. À Nicomédie et sur son territoire seulemen!, la 1CUMooç KàKÎ9EV Ènt t O [T]plxaÀoûv pru~a'8 (Chasion-Strobilos et Kalathos, à panir
fonnule courante pour la rénovation de tombeaux est, dans ces cas, I ~ s~lvante : aVE- du long col tout droit jusqu' à la profonde vallée et de là au ruisseau de Trichaloun) .
vEw<ra~l1v tDV xa pm9î<rav ~011tOI.?Ào~38 (j 'ai rest?uré le t~mbeau qu; m a été donné),
ou : àVEvE<ooa~l1v tO tctiij.la toûtO 0 Kat npow,vll<ra~~v39 (j al resta?r~ cette t~mbe que C. Nicée. Une dizaine de bornes milliaires, retrouvées près de Nicée. La moitié d' entre

j'avais achetée). L' emploi en ce sen~ ,du verbe ava~€Ouj.la~ dans !a reglon deNICOmé?le elles, mises sous le nom de trois des fils de Constantin 1", Constantin II, Constance Il et
est attesté dans les épitaphes de 1 epoque Impénale 40 . A Nlcee, un certatn Aurèhos Constant 1", est datable de 337 à 34(}49 ; l'autre moitié, qui mentionne Valentinien 1" et

41. ~A HIN, IVlik, l, p. 277b, n. 555.


27. FEtSSEL, Nicomédie, p. 431 , n·49. 42: L. Robert (Bull . ép. ,.1~80, no 516, .p. 470) estime que le terme parasporiofl doit d ~signe r
28. Ibidem, p. 429, n·46. . un terram. - Dans une mscnptlOn de Cyzique. un autre terme funéraire est de sens domeu.'\ :
29. J'ai repéré en Bithynie environ seize te;mes différen~s pour l'é~oque romaille. \mO(ml~(tnç (GRtGOlRE, Recl/eil, p. 7, 0. 10: repris parT. CORSTEN, ZPE, 77, 1989. p. 181-1821:
30. Selon L. Robert, ce tenne serait exclUSIvement chrétien (Bull. ep., 1980, n· 513). le premier éditeur, et, après lui, Corsten, pensent qu'il s'agit du socle qui supporte les quatre bas~s
31. DACL, m. 2, s. l '. cimetière, col. 1626. . du sarcophage, les mtElpcu.
32. ~AlIlN, /zllik, l, p. 85 a, n.87 ; p. 91 a, n.99 ; p. 113 a, n. 127 ; p. 121 a, n· 135, etc. - Cf. ausSI 43. ~AH'N. IVlik. Il, 2, p. 263b, n. 1493.
, les remarques de L. Robert dans Hel/ellica, Il, p. 147 et dans BIII/. ép. , 1980, n· 513, surtout p. 469. 44, Selon H. Grégoire (Recueil. p. 4, no 2). celte foone proviendrail d'une conlaminalÎtln
33. ~AH1N,lv,ik, Il l, p. 323 a, n· 559. entre 7t€p\ et imÉp.
34. GRtOOlRE, Recueil, p. 9, o' 16. 45. ~AHIN, IZlIik. l, p. 283b, n· 571.
35. Sur le sens possible du terme 110110, cf. ibidem. 46. DORNER. Nicomedia . p. 84. no 37 J.
36. Ibidem. n· 19. d 47 . Ibidem, o· 369.
37. DORNER, Nicomedia, p. 81, 0.355. - Cf. JANIN, Grallds celltres, p. 87, et D. FEISSEL ans 48. CORSTEN, Apameia, p. 115. nO 112. Cf. D. FEISSEI. dans Bull. él' .. 1989. nI' 935.
BCH. 104, 1980, p. 474-475. 49 . ~AHIN.I",ik, lU. p. 143 a, no 1005: p. 151 b, n" 1010: p. 16 1 b. n" 1018 : <I II. 2. p. .12.1
a. no 1025 et p. 325 a. nO1027. - Ntl.~ correspondants dans FRENC'II. Cmalogm' : ~ ..IQ. :!~.! . ~J ;{. ~ -t~
38. DôRNER, Nicomedia , p. 82, n· 361. et 871.
39. Ibidem. p. 83. n· 366.
40. Cf. BIII/. ép., 1963, n" 263.
GEORGES KIOURTlIAN
4~ L'é:POQUE PROT08YZANTINH À TRAveRS Les MONUMENTS ~PIGRAPtIIQUE!~
364 à :167~o. Quelques invocations sont adressées au
son frère vulens. est datable de il j';rchunge Michels3. L'acclamation ~.-yaÀo­
""11 sont les inscriptions gravées sur des sarcophages ou sur des ~i~pes: J~ n~ co~n aj~ qlJ'lI~l
Seigne\lr·~l. une i\ 1:1 Vlerge~2 el u.ne.. r arr"ôll)~ reste anonyme en raison d'un accident seul exemple d'épitaphe gravée sur un cha~cel, à ~icée6~ : mais Il dOit s a~l,r ~ u~ rcm~ I ~II ;
npEl't'éorotoç èipxrov (magnijicentrs,wmll. pratique qui n'est pas inconnue en Bithynie (à NICée meme, un sarcophage ant~~uc ,I l:tc
survenu il la dalle. récupéré il l'époque chrétienne par un certai n Théodôros""). Un autre type de stcle. plu,
,. ' . 'ptions votives, L'une est due à Zô~imos~ hi~oumène . du original, est en forme de croix. La région de Pylai en a fourni Je pl.us.grand nOl~hr~""7: l"C
d, J:.1O.f . Deux !~lS~n à un certain Dioss6. Deux acclamations liturgiques (tnsa~ qui y suggère l'existence d'un atelier ainsi spécialisé. Les inscn~tiOn s non luncr;urc;-.
mon(lst~re de Katharn.. . 3.U~. 'é à la personne du Christ·n . sont généralement gravées sur des dalles ou sur des éléments an:hltccturaux (colfln nc',
gio/l). dans lesquelles la Dlvnuté est 'SSOCI e .
tailloirs de chapiteaux, architraves),
C,,-' La dédicace d'un Nicéphore, associé,à d'aut,res p;rsonnc~: [ICa\ lt~cr]ôv
_ e. . ••qlle;, _ \) Ka no opo(u)v[nov t]aut['1v t '1V navcrEntlov cro(u) EICÀ1)-
tOV .-aÀ'EPYO(U)\ t OV K(a. tPpri: part _ au financeme nt _ de la décoration et de ceux III. FORMULES CHRONOLOGIQUES
criav" (et de tous ceux qUI on . é '0' (
. éd ft' ,des il ta sainte église). Une borne, qUI S pare ta • ICa pour
q?, ont apport , M~K~O:~:(ou t~Û èvôoç(otcitou) ,,(al) 'AvopÉou tOÛ EÙÀa~(Ecrtcitou)S9 l, Inscriptions datées par J'année de règ m' Oll l'or le cOI/,H/lm

ô••-a •.a) IIEta!;u 1 1" . . /lIIS Makédonios et le très dévot André). Des fragments de
(les biens, entre e 8 01 roSlSSlI . . Pamli les inscriptions examinées, seules les épitaphes contiennent. ,. p()radiq ul: Jll l'nt.
deux autreS bornes"', et quelques invocatIons au Se.gneur. des éléments de datation. Trois d'entre elles seulement donnent la date préci.'it:: du dÙ·0,.
par référence à une année de règne ou ù un consulat; cli cs. sont du VI" sii.: . . lc. La prt:mii:rt:
f. Brousse. Une dédicace fragmentaire sur u.n ~rc en ma~bre avec figures en relief~1 est celle d'une dame Anastasia. dl!cédée le 27 avri l 508f .~ . L.I secflndc. qu i 'lient
(le texte est une citation de Is. 12,3). Une inscnptlon hononfiq~e offerte par une po"s d'Apamée, est celle de Théodôros, morllc dimanche 2fJ janvier 572 /;<) . L.I dernière, Cc Ile
à Faustin. tribun des notaires62. Une inscription commémoratI ve au nom du préfet d'un certain Alexandros, mort ù 58 ans le 10 janvie.r 585 70 . La datt: des autres ép itaph<!..;,
Longin63. Quelques invocations. même lorsqu'clics comportent œ rtains éléments dt: datation, reste imprécise. Aprè:-; le.!
ve rbe ÈtEÂEUt110€V, ÈtEÀE.Hl>eTl. ou tEÎ~E\)t<t . qui est de rigueur ùans un g r~md nomhre
d'inscriptions, vient ('indication du mois.
II . SUPI'ORTS ET FORMES
2. Le mois
Presque toutes nos inscriptions sont gravées sur pierre 64 : L: calcai~e était moins
cher, car plus répandu que le marbre, mais tous deux étalent Utlltses, '~u ss. b.en pour les Le mot mois. presque toujours au daLif (nous avons une seule fois, à Nicomédie.
inscriptions votives que pour les épitaphes. La fonne de ces denll ere~ vane dans le Il11VOÇ toû 0' : neuvième mois)? ! est écrit de diverses manières, IlTJVl, IllV\. IllV~ . ou
détail, mais le fomlat le plus fréquent est celUI de la stèle sImple, plus so~vent r~ctan­ abrégé: IlTJ(vi). Le nom du mois est dans la moitié des cas au génitif, même après ~'1vi.
gulaire que carrée. Assez courantes aussi sont les stèles avec fr?nton. tnangulaIre ou ce qui confimle le lent déclin du datif au profit du génitif72. Les mois qui sont mentionnés
arrondi, qui dérivent de modèles hellénistiques bien attestés en ASIe Mmeure. Plus rares dans nos inscriptions sont les mois romains, mais on constate, à Brousse. la persistance
à l'époque protobyzantine de l'ancien calendrier bithynien 1l .

50. ~AHIN, IVl ik, JI. 1. p. 153 a. nolOll ; p. 155 b. no l013 ; p. 165 a. Il'' 1021 ; et JI, 2, p. 325 3. L'indiction
b. nO1028. et p. 327 a, no 1029. - N~ corres~ndants dans FRENCH, Cmalogue : 250, 227, 222,
262 ; l'auteur signale en outre deux autres militaires: p. 83, nO214 et p. 85, no 218. - VOIr aussI Après le quantième du mois vient en général l'indiction (très souvent en abrégé :
ci-dessous. Appendice II. nO1. INllS), puis le nombre correspondant. Dans ce.rtaines épitaphes, on indique le jour du
51. ~AHIN, IZIIik , l, p. 283 b, n0571 , et Il, 2, p. 263 b. nO1493. décès (couramment à Nicomédie, parfois à Nicée et à Pylai). Dans quelques rares cas.
52. Ibidem. 1. p. 291 b. nO585. l'heure est signalée74 .
53. Ibidem , Il. l, p. 319 b. n0499 (.dd. au t. 1).
54. Ibidem. Il, l, p. 141 b. nO1004.
55. CORS1CN, Kios, p. 168. no117. - Sur le monastère de Kathara. voir JANIN, Grands celllres,
p. 158-160 : J.-C. CIlEYNETel B. FLUStN, dansREB, 48.1990, p. 206 ; et ici même AuzÉPY, p. 432. 65. ~AHIN, IVlik , Il, 2, p. 263 a. nO1492.
66. Ibidem. l, p. 265 b, nO 516.
56. CORSlCN, Kios. p. 164, nO110. 67. CORS'ŒN, Apameia, p. 130, n' 126 : p. 132. nO128 ; p. 133. nO 129 ; p. 134-135. n" J.11.
57. Ibidem. p. 169. no l18 et p. 169-170. no 119. - Cr. D. FEISSEL dans BeH, 118. 1994. p. 282-283. el n. 33-36.
58. GRÉGOIRE. Recueil. p. 13, n039; SCHWERTHEIM, Kyzikos. U. nO 135. 68. CORSTEN. Prusa, Il. p. 183. no 1097.
59. GR~GOIRE. Recueil, p. Il , no 27. 69. CORSTEN. Apa11leia. p. 78, no 59. - Voir, sur la localisation de cette épitaphe, Bult. t'p ..
60. Ibidem. n0 28. p. 12-13, no 38. 1989. no 935.
61. CORSTEN. Prusa. l, p. 227, n0212. . . 70. CORSTEN, Apameia. p. 130. nO126. - D. Feissel (BI/II. ép .• 1989.935) propose le 16 janvia
62 . Ibidem. Il. p. 181. no 1095. - La ville n'est pas identifiée avec certitude mais l'lnscnp- au lieu du 10, en tenant compte du S qui précède le iota.
tion est conservée au Musée de Bursa. - C, Mango, Épigrammes honorifiques, statues et pc;>rtralts 71, DORNER, Nicomedia, p, 81, nI) 353,
à Byzance. dans 'Aq"épcoJla "rov N.l:{Jopwvo. l. Réthymno, 1986, p. 23-35, montre la persIStance 72. J. HUMBERT, La dispariti01I du ([atif ell grt'C du 1fT (/lI ."C' s" Paris, 1930: I D" SY II I(L\"~'
au VIC siècle de cette habitude de gratifier les citoyens méritants. grecqlle. 3' éd .. Paris. 1960. p. 293.
63. CORsrroN. Prusa. Il . p. 181·182, no 1096. . . t 73. Voir ici-même Appendice Il, inscription nO 2.
64. Sauf le cou \'ercle d'un sarcophage de Cyzique, aujourd'hui au Musée de Berlin, qUi es 74. ~AHIN. "',ik. 1. p. 269 a. no 530.
~n t ~rr~ cuite (d. GH.F:.GOIRE, Recueil. p, 9. nu 16),
GEORGES KIOUR121AN
.~o L'~POQUE PROTOBY2ANTINB À TRAveRS LES MONUMENTS t1PIGRAPHIQtJF~~ 51

4. L 'ôge des défllllls Sabbas, Sergios, Stéphanos ('lo'tÉq>avDÇ), Thékla, ThéodÔrètos, Théodôros. Théophyl"kt<":
" .'. ,- d défunt n'est pas générale. L'âge est le plussouvent donné pour Théodoulos. Les noms les plus fréquents sont: Dionysios. lôannès, Stéphanos. Théodoros
L ",d.callon d~ 1 as: ~ulles lus mrement pour les personnes âgées. À Nicomédie, et Trophimos. L'onomastique grecque comporte quelques noms plus rares, tels Euméhfl ....
les enfants ou Ie.< Jeu~,'" a fi ,P,alent. un enfant de 5 ans, un jeune homme de 16 ans Eumoirios. Euposia. Euprak.tos. Kydia. Kyrittia. Myrokallous. On trouve c()~rum~~n~
é 'taphes sur dlx-neu e Slgl .' f ù ' des noms masculins en - lOÇ prononcés -tç, comme Arkadis. et quelques nom , fém inin"
quatre P" • 1 À P 'lai quatre épitaphes sur seize: un en ant e 3 ans, deux
deux adulles. 35 et4 ans. d )58 ~ns. À Nicée, trois épitaphes sur vingt· deux : il s'agit au neutre. par exemple Adolion.
adulles de 20 •ansO' un28autre, A'eCyzique
' . . ne &,ournll• 1"age
aucune épitaphe, sur une vongtalne,
d'adulles entre 2 et a n s . ' 5 d 1 d 24 b. Noms (l'origille taline, La plupart des noms d'origine latine figur\.'nt dan . . de.', in ",-
du' défun;. À Brousse, deux épitaphes sur onze: un enfant de ans, un a u te e ans.
criplions provenanr de Nicée: Gratianos. JtaJa-" Oursè. PauHnos, Rômyloslè. S~ néklan()~ .
Valeria. On y rencontre parfois des noms mixtes. latin-grec. tet Ammianos-Polydm,nio ....
IV. LA SOCIETÉ À Nicomédie. nous trouvons: Antôninos. Gaios. Maximos (t:galcOlent ;,1 Aram~cJ.
Oktimos, Felix, Flavios Maximinos. À Pylai : Dômnos!a. Longin, Simplic:ia . A Cyzique:
1. Dénomination et onomastique Basa, Domètios. Martinianos. Placidia, et à Brousse: Dômna. Komoutfl"'. l.'Jngin d h llhlin.
Seules huit épitaphes à Pylai, quatre à Nicomédie, trois à Nicée, deux à Apamée,
c. Noms d'origine juive, Les noms juifs . et plus partkulièr(~mellt \c :>. n(,m ... blh liqu L' . .
Cyzique et Brousse, présentent!~ nom du ~éfunt SU.VI de celUI du père au gél1ll1f, le plus
utilisés par les chrétiens de Bilhynit! sont: Jean. Jacob. Man:L". Sabathi()~ . SÙ'i~lnn a. SymL'iln.
souvent précédé du substantif UlOÇ ou 9uya'tDP (fils ou filie. de). I,-a maJo\.té des défunts
ou des dédicants (environ 100 personnes) portent le nom umque. A c~tte regle échappent
d. At/Ires 1I0ms, À Nicomédie. nous rencontrons le nom Moukaporis,qui C ~ I n:J1i1 ÎnL'-
à Nicomédie Eumoirios Papos7', Aurèlios Hèraklis76 , F1av.os Max'l11~nosn et F1av.os ment thraces3 • et, à Pylai. dans une épitaphe mutilée. un nom wai .. emblahlement orÎental
Théodoulos78. À Nicée, un nombre assez élevé de clloyens (16 personnes env.ron) portent
(perse ou annènien ?) : [ArJsakisi'.
le gentilice Aurelios + cognomen ; d'autres exemples de ce genullce se rencon.lrent à
Cyzique). Panni les porteurs de duo nomina, signalons aussI Polychromos Ammlano.s79 2. Fm/clions civiles el tÎtlI/ufures
et F1avios ltalas80, également de Nicée. On peut supposer que les porteurs des duo nOIl~na
appartiennent à une aristocratie conservatnce épnse de romantte. SI tel semble b.'en etre Lc!s autorités civiles ~o nt bien représentées dans nos inscriptions. À Nicomédie.
le cas de certains d'entre eux (Ravios Italas, dont la femme et le fils portent respectIvement nous connaissons un Théodore cino {ma't<ov H5 (fonction ou titre), ainsi que Flavios
les noms d'Aurèlia Rômylè et d'Aurèlios Rômylos), il est plus di fficile d'admettre Théodou los. ypaiJiJaTfùç 'l'UÀIÎÇ Maç50 (scribe de la tribu), personnage dont le, fonctions
qu' Aurelios Spoudasis,jardinier$',.et qu' Aurèlios Chrèstos, boulangerS!, aient appartenu pennettent de penser que les institutions municipales survivaient à l'époque prolo-
à l'aristocratie nicéenne ; on pourrrut exphquer ces dénommallons par I~ date relallvement byzantine en Bithynie. A Pylai, Michel, épiskeptitès8', était gérant ou administrateur ùe
précoce des inscriptions. . . , domaines. À Nicée, un flqaÀo,p(ErrÉ(H(l'tDÇ) iip(xwv), vraisemblablement un gouverneur
Une fois exclus les noms de lecture douteuse, Il en reste une bonne centame, qu on de province, reste anonyme88 . À Cyzique, l'épitaphe d'Alexandros suggère, d'après les
peut classer par domaines linguistiques. prédicats qui accompagnent son nom (6 't~ç iJEYaÀorrpE1rE<J't(h~ç Kat tvôoé,o'tci't~ç
iJV~f1DÇ).qu'il s'agit d'un personnage très important89 . Dans cette même vi lle, nous
Q. Noms d'origine grecque. Ils sont partout les plus nombreux. Je signale les plus connaissons un Makédonios endoxotatos90 , un anonyme de rang sénatorial puisqu'il
remarquables des noms grecs; Agapètos, Antiochos, Aphrodisia, Artémisia, Anikos, porte Je titre de lamprolalOs (c1arissillluS)91, ainsi qu'un certain Eupraktos. I(UVJ(-
Chrèsimos, Dionysios, Dios, Diomèdès, Hélène, Hèraklis ('HpaICÂIÇ), Hôraia, Kalèmérios, [E)UciPIDÇ 'taé,Ewç Ka90ÀIKoû92 (huissier appartenant à l'officiul1I du kotholikos.
Makédonios, Mètrodôros, Nikè, Pègasios, Rodinè, Télisphoris, Tryphôn. On devine que c'est-à-dire du rationalis sacrantm targitiomull placé à la tête des finances du diocèse) .
la tendance conservatrice qui consistait à puiser dans l'héritage antique (noms théo- Deux inscriptions conservées au Musée de Bursa mentionnent, l'une un très haut
phores, d'origine historique, mythologique ou géographique) est restée vivante tout au personnage. Longin 6 Èvooço'ta'tOç Ë1tapxoç93, l'autre Faustin 6 MxiJrrpo'ta'tDÇ Kat
long du IV' siècle et au début du Y'. Il n'y a donc pas de rupture brusque avec le passé
païen. Cependant, on constate, à partir du vc siècle, l'ampleur croissante prise par une
onomastique plus spécifiquement «chrétienne», qui devient prépondérante au YI' siècle. 83. Cf. 8ull. Ip .. 1980, no 511.
Les noms plus particulièrement utilisés par les chrétiens sont; Anas tasiosla, Andréas, 84. CORSTEN, Apameia, p. 134, no 130. - D. Feissel, dans 8u/l. ép .. 1989, n0 935, hésil< <nlre
Athanasios, Euthymia, Kônstantinos, Kyrikos, Makarios, Mènas, Nikèphoros, Patrikios, ['Ap]aciKlç et [·I]aciKlç.
85. [)()RNER, Nicome"ia, p. 81, no 356.
86. Ibidem, p. 83, nO366.
87. CORSTEN, Apameia, p, 134. nO 130, - Cf. ci-dessus note 17,
88. $AHIN,/Vlik,lI, l, p. 141 b, n' 1004.
75. L. ROBERT dans 8eH, 102, 1978, p. 413-419. 89. GRÉGOIRE, Recueil. p. 8-9. nO 14. - Cf. PLRE . II. p. 57. Alexander 12 (comes l'f!i prim/Ut').
76. FEISSEL, Nicomédie , p. 429, nO 46. 90. GRËGOIRE, Recueil, p. Il, no 27. - Cf. PLRE . Il, p. 698. Macedonius 6.
77. DORNER, Nicomedia. p. 84, nO 367. 9!, GRÉGOIRE, Reweil, p. 8, nn ll.
78. Ibidem, p. 83, nO 366. 92. Ibidem , no 13. - Cf. HANTON. 1irres. p. 95.
79. $AHIN. IVlik, Il 1. p. 323 a, nO 559. 93. CORSTEN. PruSll, H, p. 181-182. no 1096. - L'origine de l'inscription n'est P"S o:ertainc:.
80. Ibidem. 1. p. 281 a, nO557. D'après 0, Feissel. Bull. Il' .. 1995. nn 735. l'inscription pourmÎt se rapporter :m prdcl 1.1(.'
81. Ibidem. 1. p. 277 b. no554. Constantinople Longin. attesté en 537,539 el 542 (cf. PLRE. III B. p. 795-796. Longi nus ~l.
82. Ibidem. l, p. 275 a, nO 553.
GEORGES KIOURTZIAN
52 L'EPOQUE PR<YfOBYZANTINE À TRAveRS Les MONUMeNTS ~PIGRAPHIQUF.}i :) ,1
, tp\n,u'vrov votaplrov94 (clarissimus el ...pectabili.... ex-tribun des
nEPipÀrntûÇ ànu pu (Pylai)I09; un OO\ûÇ npEcr~UtEpûÇ. Paulinos (Nicée)"O et deux aulres prêtres à Cyzique"'.
notaires9~). Des di:.\cres: un anonyme qUl se dit : èÀcX:X\otoç ÔHXKOVOC:; tCÔV 7tEpu~À..EÔ)V K(}'CJO\t/lV II :?
(le très humble diacre des très illustres KassÎôoi et la diaconesse Eugé ni a l l '
3. FQllct;OIJ.r mi/itairts (Nicomédie), le diacre Kalèmérios (Brousse)I", les diacres Stéphanos el Théodilru,
Le nombre relativement élevé des inscript~ons q~i m~ntionnenl d~s militaire.s en (Pylai)II~. Dans les ordres mineurs nous rangeons: le sous·diacre Longin (Pylai )II(, c l
amison ou inslallés de quelque façon que ce SOlI en B.lhyme enlre k.~ el le v.' s.ècle Maras, unoJk>ÀrI>ç tnç c'tyio:ç tOÛ 0(EO)Û tKXÀllcr lO:Ç (Nicomédie)'" (hypo/mlells dc la
~lOnlre l'imponance accordée à celle province s~mée de v.lles fort.flée,' e'. de forts, sainte église de Dieu) ; Nikomachos. dékanos li R• et Attia. philn.wphi....w ll < '. vr:ti scm·
ultimes bastions face à toute menace venant d~ 1 est contre la caP.ltale. A NicomédIe, blablement une nonne (Nicée). un lecteur t'ic:; étyiaç tOÛ E>EOû )lE)'rI.i..llÇ f.1(J(i.. Tl(ji(J..~
Flavios Maxilninos, crKoutcip\Oç cr.vcitrop, élall peul-être un occ.denlal (le lexIe est (Brousse)120, ainsi qu'un Stratègis.lecteur toû étyiotJ Kat ÈVÔ6Ç01.J apzuv'rJ!)·mJ 1.....It Z(J~).·
bilingue)96 el un cenain Léon crxo(À.)ci[p\Oç]9', officier de la. garde ',mpénale; À Pyl~i, (Pylai)"'. .
l'épilaphe d'un cenain ... ]p.ûÇ I:o:pcltoU, soldat qUi apparlena.1 au ôeu.tepoy ~~voov t1]ç
KovcrtO:"t1V1]O:K(~V98, suggère la prése?ce d'une ~armson dans celle v~lIe. A N.~ée, nous 5. M étiers
avons déjà renconlré Flavios Italas, àlt~ ltpOt1]KtOpcov 99 et on y connau un c~rtam IIIous,
ol Dans une région riche en forêts et en eau. on ne s'étonne pa!'> de trnu\'t'.:r lJ
np\f1\Kip,ûÇ'oo, ~e~l-être U!' milil~ire. A Brousse, on Irouve le komès Théodoros, et un
lllt:nIÎI)fl.
à Nicomédie, d'un xyloglypllOsl22. vraisemblablement un sculpteur sur hoi,. ni c~ lk
cenain Sabbas, o:no tP\pollVrov lO-. d'unjardinier (kèpouros) 123 à Nicée. Dans cette dernière ville, nou:.. c()nn;Ii .'i~o n s '-lu ... si un
~oulang.er ~arlop~lès)I~4. Un o,Y,vmpcipwç (fabricant d'étoffes non f(lulée s)I 2:.~ exe rçait
4. FOllctions ecclésiastiques son méll~r EV ttp E~7topltp LtPOPTlf..oU I26 . Un vétérinaire (hippiarros)127 ct un a(Jolhèkllriu",
(horrearms. préposé à un entrepôt)1 28 sont attestés il Pyl;.li (ce dernÎer renne se retrouve
Nos inscriptions mentionnenl, naturell~ment to~s les ~ra?es ecclésia.stiques. Des à Cyzique)129. Enfin, une inscription de Brousse porte la mention d'un curateur (épi/m-
évêques ' Léontios iepeùç à8o:vo:tou Tp\<XoûÇ Aeov"ûÇ elt,crKOltOÇ (mmlslre de la pos) "o.
Trinilé i';'mortelle.:.) à Nicomédie '03 ; Jean, ntcrtaç 8epcinrov 0(eo)û (fidèle servileur
de Dieu) à Brousse''''. Des higoumènes : Zôsimos, ilYOllf1 eVOÇ f10V~Ç teX Ko:6o:peX
(higoumène du monaslère de Kathara) à Kios'05 ; sur une épilaphe de Cyzique, nous
lisons: Èv9cilie Ko:tci\Clte il bcrio: )l~t1]P il)lôv EÙ<ppOOUVI I06 (ci-gîl noire sainle mère
Euphrosynè), celte sainle femme pouvant être la supérieure d' une communauté monas- 109. ID .. Apameia. p. 134-135, nol3l.
110. ~AHIN.lvlik. Il. 2. p. 263 a. nO1492.
tique. Sur une borne qui provient de la même ville, il esl question d ' "n certain André, III. GREGOIRE, ReClleil. p. 9. nO 15 et p. 12. no 33 bis.
eulabeslalos lO', probablemenl un archimandrite plutôt qu ' un prêtre 011 un simple diacre. 112. DÔRNER. Nicomedia. p. 84. no 368 (restitution douteuse des trois derniers mots)
Des prêtres: Jean, ltpecr~UtepûÇ KO:' K')l,À.,ciPX1]ç (Brousse)I08 ; Hèsychios, presbyléros 113. Ibidem. p. 81. n0355. .
114. CORSTEN. Prusa, II, p. 184. nO1098.
::~: }~,:d~~~~~e~(~l' 114, nO 111, et p. 132. nO128.
94. CORSTEN. Prusa, II, p. 181. nO 1095. 1l7. DORNER, Nieoll/<dia: p. 82. nO361.. - D. Feissel (BCH, 102, 1978. p. 554) précise la
95. G. DACRON· D. FE"SEL, Inscriptions de Cilicie, Paris, 1987, p. 147·148, nO 91. prove~ance de ~a pierre (teITItOire de NIcomédie) et. p. 553. explique le sens du terme h"pohole/lJ
96. DORNER, Nicomedia, p. 84, no 367. - D. Feissel (Nicomédie, p. 435-436, n. 53) admel, (foncuon aSSOCiée aux chantres dans les ordres mineurs). '
après R. Grosse, Romische Militiirgeschichte, 1920, p. 120, n03, que Maximinus faisait partie de 118. ~AHIN, IVlik, l, p. 269b, n' 531.
lafabn'ca scutaria el anllorum de Nicomédie. - Pour sellator, D. Feissel renvoie à Th. Drew-Bear, 119. Ibidem, p. 271 b, no 550.
Glolla, 50. 1972, p. 219·220 ; voir aussi OIKONOMID~ , Listes, p. 331. 120. Voir ici-même Appendice li, inscription nO3.
97. Fassa, Nicomédie, p. 431, nO50. 121. Th. ~orsten (Epigraphico AllolOlico. 17. 1991 . p. 88-90. n0 3) ajoute cette inscription au
98. CORSTEN, Apameia, p. 138-139, nO 136. - Cf. D. FE,ssEL, BIIII. ép., 1989, nO 938 ; ~~~~~~;. ~~~~~~s-Pylal. - Sur la loÇalisacion du sanctuaire de Saint-Michel. cf. D. FEISSEL. BIlll.
C. Zuckennann, dans Tyche, 10, 1995, p. 233·235, identifie ces Constantiniaci à une unité d'in-
fanterie qui est enregistrée par la Notitia dignitGmm et dont la création remonte à Constanllo let. 122. L. Robert (BCH, 102, 1978, p. 413419) donne d'autres exemples. en Bithynie. de métiers
en rapport a.vec le bOIS : x}'/~mporos (marchand de bois) et X)'lergos (menuisier). - On ajoulcra.
L'épilaphe dale de 531. dans une épitaphe non chréuenne. la mention d'un xylokaros (CORSTEN Pnlsa 1 p 176 n \l 149
99. ~AHlN, IZ/lik , I, p. 281 a, nO 557. - N. Oikonomidès (Listes, p. 330) signale que ce corps coupeur de bois). ' . .. • .
de garde. connu du Ille au VIe siècle, semble avoir été incorporé aux scholes ; ses membres avaient 123. ~AH'N,/Vlik, l , p. 277 a, n" 554.
le rang d'officiers suballernes (pone-enseignes). 124. Ibidem, p. 275 a, nO 553.
100. ~AHlN, IZ/lik, l, p. 281 b, nO 558. - Pour np\lllXéplOç, voir HANTON, TItres, p. 119, el 125. CORSTEN, Apameia, p. 130, nO 126.
OIKO"OMID~ , Listes, p. 300. 126. L. R?ben (BCH, 102, 1978, p. 422427) évoque l'importance de Nicomédie dans le
101 . CORSŒN, Prusa,l, p. 233, nO 222. - Cf. PLRE, Il, p. 1093, Theodorus 45. c~)l~merce médtt~rranéen, et Signale (BII."' ép. 1979 .. 548) que le terme emporion indique le statut
102. CORSlEN, Prnsa,l. p. 231, n0218. - Pour les tribuns, voir JONES, LRE, II, p. 640, 643, 675. ~~~~: ~ea~r~r~~IOS. analogue à celUI d autres étabhssements commerciaux sur la côte sud de lu
103. DORNER, Nieomedia, p. 82, no 358.
104. CORSTEN, Pmsa, l, p. 227-228, n0213. 127. CORSTEN, Apameia. p. 137. nO134.
105.10 .. Kios, p. 168, nO 117. 128. Ibidem, p. 133, nO 129.
106. GRÉGOIRE, Recueil, p. 10, n023. 129. GRÉGOIRE, Recueil, p. 7, nO 10.
107. Ibidem, p. Il. nO 26. ~30. CORSTEN. Pmsa. l, p. 232. nu 220. - Cf. les corrections apportées par D. Feisscl Jan:->
108. CORSTEN, Prusa, l, p. 229·230, nO 216. _ Le keimèliarchès élail responsable du trésor de BIII/. <p., 1992, no 616.
l'évêché.
..
GEORGES KIOURTZIAN
54 L'éPOQUE PROTOBYZANTINE À TRAVERS LES MONUMENTS éPIGRAPtlIQUf}.

6. Orig;lJc.f .r~éograp";q"es V. CULTURE ET CROYANCES


. . relllent noUS foumlt des renseignements Sur
. ~n dehors de l'onomastique i~~~ri~~ions apPorte~t à ce s~ljet d'aulre~ éléments. À J. L'lisage du lat;n
J'ong"'. des personnes. quelqu~s 1 t leur origine locale: Nlkaeus el Nlkéeus 131 ; un
Nicée, seules deux P7rsonn.es slg~~Ën tel32. À Pylai. l'agllGl,harios Alexandros se dit Les inscriptions latines et les bilingues latin-grec sont rarcs en Bithynie a J'époque
cer1uin DionysloS ~tat1 on~IIl~~~ ;I~el11ent une localité bithyniennc. sinon il aurait considérée. Elles sont liées. comme partout dans la partie orientale de l'Empire. soit ~l
o
originaire du chôrlOn Kadt3S ',' ...p: à unc autre province, comme le font d'une part l'adminislralion centrale (les milliaires menlionnés ci-dessus, p. 47-48 et Arp· Il. n" 1J.
.
signa lé J' partenance
ap, de ce
é'c IOT/OII ,
(f du chôrioll Tyminon, e
d Ga 1ahe. seconde 134,et soit à J'année (Flavius Maximinus qui. à Nicomédie. dédie une épitaphe ü son fil s
Myrokallous, donl le 'père. laIl na .1 , xop'ou MaÀtvôv tjjç <lJpuyôv LaÀoutaplov Octimus. est un militaireI46). La rareté des inscriptions en latin suggère que. honni,
d' autre part Mén?s, oPIl~ullev::1 t':~n de la province de Phrygie salutaire). Dans une l'administration (jusqu'à la fin du VI~ siècle), et pour quelques occidenl<lux tlahli s en
[È)napx' a çl3S (nallfdu cllOI/OII . ai de 'la même localité, il n'est pas impossible de Bithynie. le latin n'était alors guère en usage dans cette partic de l'Empire. qui était
épitaphe fragmen~m,:" qUI. &";,Ç[t~' ]1J6. À Nicomédie, Aurèlios Hèraklis se dit oi"cJiv hellénisée de longue date. En dehors des inscriptions que nous venons d'évoquer. on ne
~ég~ger u.n nomÀd, O,~gtn~137 ~habila';;; l'emporioll de Kalos Agrosl 38 ) : dans une autre perçoit l'influence du latin qu'à travers l'onomastique (ci-dessus, p. 51), ct par les
EV EJlnopt'l' Ka <p iPC,~himos se dit Kpt~TlvOçIJ9. Toujours à Nicomédie, Eu~oirios emprunts que lui a faits la hmgue grecque 147.
épitaphe, un certatn érot't 'ginaire de la ville phénicienne d'Arados l4o . Les mscnp-
Papos, déjà menu~nn , . tal ~~galement quelques noms d'origine et des toponymes: 2. Inscriptions métriques: i1lscriptions originales
tions de Cyzique o~lsse~, , • ç MtPOUltoÀE[",ç)142 Wpo[9)eo'a 'YÔpÉ",vI43
TpoOOoUVqvOç'4I, xoptOV E~:OU EVopt~ '44 ' PannÎ les inscriptions que nous ",vons e x amin~es . quelques unes sc dislinguelll par
(douleUx sous ceUe forme) et Anou ""'JlTl . l'originalité de leur style. d'autres par celle de leur contenu. Les inscriptions métriques
sont moins nombreuses qu' :\ la période précédente: à Nicée. on relève l'épitaphe
7. us lenlles de parelllé d'Attia 148 et celle de Gerontiôn I4 'J: ~I Nicomédie, deux textes. Funéraires également: celui
de Moukaporis 1SO et l'épitaphe de l'évêque Léontios lSI • qui est. sinon métrique. du moins
La force des structures familiales apparaît à travers les inscriptions dans lesquelles fondée sur un accent rythmique. Ces pièces vantent les qualités morales et les mérites du
les dédicants associent à leurs actions les membres de leur f~mIlle: Elle est encore p.lus défunt, ainsi que la qualité du tombeau où il repose. Les témoignages d'affection.
sensible dans les textes funéraires. Les termes de parenté ut~hsés ev~quent une fanulle quelques considérations sur la vic ou sur la mort ysont de règle, comme dans répigraphie
essentiellement mononucléaire: la grand-mère (JlaJl~Tl), le pere, la mere, la tante mater- funéraire métrique d'époque romaine. L'intérêt de ces inscriptions ne réside ni dans le
nelle (vova),le beau-père, le frère, l'époux, l'~pouse (p;'J1lU les autres termes signalons vocabulaire (stéréotypé malgré ses emprunts à la langue de la poésie), ni dans les qualilés
ÈÀE\l9ÉpaI45), le beau-frère, la belle-mère (K1]ôeotpta), 1 enfant, le fils. la fille, le gendre, du versificateur, qui s'efforce. sans toujours y parvenir, de conserver le mètre. Mais ces
le petit-fils. textes montrent qu'une forme de culture classique se perpétuait et qu'une partie de la
population bilhynienne, qu'on pourrait désigner comme une élite intellectuelle, y restait
sensible.
D'autres inscriptions sont originales par leur contenu. Signalons. pumli les textes
qui nous viennent de Nicée, celui d'un Andréas (seul nom écrit en monogramme dans la
série étudiée) qui a fait t'v Ka9aptOouvtV tîç Èv!kioEQÇ taÛtqç ... nÀqo'ov JlÉvov'" (10
«nettoyage» de cette entrée ... résidant à côté) ; l'inscription est apparemment liée à la
fonification de la ville, mais un doule subsiste. À Nicée encore, l'épilaphe laconique
131. ~AHIN,IVlik, J, p. 275 b, nO 554, et 11,1, p. 323 a, nO 559.
132. Ibidem, J, p. 273 a, nO 551. d'un anonyme comporte une réflexion singulière: tPÉXElÇ, JlÉXPI ltoû ... 15' (lU cours.
133. CORSTEN, Apameia, p. 130, nO 126. jusqu'où ?). À Nicomédie, l'épitaphe bilingue du fils de Flavius Maximinus a posé un
134. Ibidem, p. 134-135, nO 131. - Cf. les références du BIII/. ép., 1989, nO 936, sur Tyména problème d'inlerprétation. Le jeune garçon est dit, en grec tJlTl9\ç Ù1tO iaTpoû ÈJlapTtÎpqof\'.
et sur le mont Tyménaion. .
135. CORSTEN, Apameia. p. 133, nO 129. - Sur le dèmos Malèllôll, VOIf ZGUST:" § 756-4
(Bul/ ép 1989 935) Même nom de village en Galatie dans l'épilaphe de Stralègls et de sa 146. DÔRNER, Nicomedia. p. 84, nO 367. - cr. FEISSEL, Nicomédie, p. 435-436.
ramille; ies défunts s~nl dits àp~o"~evot ano XOPIOU MaÀ[Tlv]ôv ropov tjjç OEUtÉpCXÇ faÀat[aç 147. Cf. ID .. Trois aspeclS de l'innuence du lalin sur le grec lardif. TM. 8. 1981. p. 141-150.
(cf. Th. CORSTEN, dans Epigraphiea Analolica, 17 ,.1991, ~. 88-90, nO 3). . .. 148. ~AH'N , I",ik, I , p. 271b. nO 550.
136. CORSTEN, Apameia. p. 137, nO 134. - VOIr ICI-meme Appendice Il, lDscnpllon no5. 149. Ibidem, p. 289 b, n0577. - L. Roben (BI/II. ép .. 1980, 517) estime que le titre .",~p i,;,,'
137. FEisSEL, Nicomédie, p. 429, nO 46. d'J . t~ç too\I EÙOEj3côv E1<KÀTJO"lUÇ, que le défunl porte, pourrait désigner une secte chrétienne (d6
138. Sur la localisation de Kalos Agros, près de Tuzla sur la côte nord du golfe zmll, Novatiens 1).
cf. ibidem. 150. DÔRNER, Nicomedia, p. 83, n"363.
139. Ibidem, p. 430, nO 48. - Le nom dérive d'un toponyme non identifié. 151. Ibidem, p. 82, no 358.
140. L. ROBERT dans BCH, 102, 1978, p. 413-419. 152. $AHIN, lV/ik, l, p. 283 a. nO 570. - Pour le lenne enbas;s. voir L. ROBERT, Bull. é/1 .. 1964.
141. GlŒGolRE, Recueil. p. 7, nO 8. 0°631. PeUl-être s'agit-il d'une rampe d'accès.
142. HASWCK, Cyucus, p. 290, n. 2 (d'après M. Gédéôn). 153. ~AHIN, IVlik, 1. p. 285 a. 0°572. - Dans une épit:lphe d'Amorion (MOI/ful/(' ltta Asitlt'
143. GlŒGolRE, Recueil. p. Il, nO 28. Milloris Allliqllll, VII, Manchsster, 1956. 284 c). on (rouve une fonnule plus t'Ol1lpl':lè' : Tj>éxL
144. Ibidem, p_ 7, nO 10. tpÉXE. ,..ÉXpt noû ... j.lÉXPt Ô· cOOE. VOÎr D. FEISSEI. dans BeH, 119. 1995. p. :l86- .189.
145. Sur ce lenne, cf. D. FElssEL dans BCH, 107, 1983, p. 615.
GEOftGE.tI;j KIOURTZIAN
L'éPOQUE PROTOBYZANTINE A TRAVERS LBS MONUMENTS éPIGRAPJtlOUF_C\ ~7
56
. . d' l' rltlS erl ad marlvl't,I,\,I54 (il semble avoir été maladroitement
en latmpœclSllsh~me, ,cn '~~~i fi e~trnÎné sa' mort), À Cyzique, je signale l'épitaphe Pour ce qui est des institutions de la cité. on salt qu'à l'époque impériale tout sc
opéré par un C Ill1I rglen, c) d'Arkadis' [e]iç la [~È] p6ôa t[à] <'mÉn crou llaKaplt passe. du moins formellement, comme si le régime démocratique de!; cité!; perdurait . Lc~
Cl ré tienne • ~,
(probablement
• " 'ÙÂn9cXpy[11tEl'~' (panm" les VIOlettes et 1es rOSes. ' - t.es ossements inscriptions de ceUe époque mentionnent toujours le dèmo.'i, la Boulè, la Gérou<;,Îa d'une
'AproUI, aElllvn crTE ~pl ., 1 ît' bliable) et e -II' de St tè" ville, Ces eorps avaient le droit d'accorder des gratifications aux citoye ns qui avaient
bienheureux Arkadis étenlellement mémorab e , mal re mo~ • ct.:: ... ra gis. accompli des actes d'évergétisme ou assumé des charges publiques avec honneur, Au~
de s. femme Kyrilla Laptou et de leurs quatre enfants; Ils ont to~s la meme date de IVe: el ve siècles. un changement est à cet égard perceptible : les corps civiques di.o.;.para i,,·
décèsls6, L'inscliption est d'une même main, Sont·i1s morts vlctllnes d un accident?
sent de nos inscriptions ct les textes honorifiques se font plus rares. Le rclatif sil cnr.:c de '!
~ources épigraphiques ne veut pas dire que les institutions de la cité avaient tJi~parll , mai ..
3, MellQcesjtméraires el pro/eclioll des sépultures •1 suggère qu ' une mutation était en train de s' opérer, Ainsi. dans la dédicae~ de la !'otalll ~
offerte au clarissime Faustin pour les nombreux bienfaits (ÙVtt TtO))d;W ~: ,'j fP'( f G1 (;)\')
À l'époque romaine, diverses fonnules (menaces de châtiments ~ivins et amen~es)
qu'il avait acc~mplisI62. on ne trouve pas, comme t,' cla aurait été Je cas à l'cpoqu e précé ,
interdisaient de porter atteinte au tombeau lS7 , Elles attestent le respec.t ou la cramte d~nte, la menll(~n du dèmos ni de la Boulè. mais seulement celle de la \·ille ln It(i;._t:;J.
qu'inspiraient les mons et rappellent que le pillage,des tomb~s, ~u plus Slmplem."nt leur Différence ~u Importante peul·être. mai s notable, Les trir.u s de l' époq ue romaine :--ont
remploi abusif, était un phénomène de société. L épIgraphIe blthy\1lenne de 1 époque encore mentIOnnées dans nos insc riptions1 tlJ, ce qui montre 1.1 r~ali( ~ de la vic lHunici ·
protobyzantine illustre ces coutumes, mais les témOIgnages sont relatl vement peu n?m- pale à l'époque co nsidérée. Nous avons vu qu'une inscriptio n dl.' Ni c()m~dil.' me nt ionne
!'
breux. Les seuls districts qui ont hvré de telles formules sont. ceux ~e Icomédle, NIcée encore la charge de '(pa).l~ltXtfÙÇ (j)uÀi;ç ~i(lç ( sc rih~ de la trii:nlJ l(;..\ .
et Cyzique. À Nicomédie, une seule épitaphe, ap~ès avO\~ lIIdlq,u~ 1 amel~de en livres ~'épigrap. hi. e atteste égalcm~nt pour cette époq lle l'existence d'un groupe soc ial
d'argent lance à l'éventuel spoliateur la menace sUIvante: 1 tlç 0 av to/"Il~crl, ll e't/"9Û rest~el~t , pl,lItOI conservateur (cl. l'onomastiqu e ro maine), prohahlt! me nt fortuné CL
aù,ov b' 0E6ç158 (si quelqu'un a l'audace - d'ouvrir notre tombe ,- que D,ieu le pour- cultl~:e. vrCII ~emhla~lel1lenl issu. de 1".lI1de nne ari stocratie urh'line que la domination
suive). À Nicée, six épita~h~sl~ pré~en!enl, à que~ques ,dé~3\ls p:-es, la ~n~~e menace rom rll~e aVait favofls ~c. Il est difficile dt:' préciser son ~volulion à l'époque considérée,
contre l'occupant abusif: E'<I t'llIlHa tO Kamte9n v<XI nllaç ... ft Va.! au,o acrt<u/",ov, On VOlt seulement que t:e groupe jouait un rôle impo rtant L1ans les affaires de la c ité,
El IlÉ TlÇ Ëtepoç a~/"ûl60, oooel À.6yov t<li 0e(~ Èv nllÉpc;< Kpia[ewç] (après notre Enfi n. no~ s n,'on s :,ignalé d ~dess u s la fréquence des noms grecs d 'origine antique
déposition, que notre tombe reste inviolable,.si quelqu'un .Ia pr~fane . Il en rendra compte a~ x Iv,," .et V<' Siècles, en l,ollt inui lt! avec J'époque romaine. Dans le courant du v.:: siècle
à Dieu le jour du jugement). Trois de ces épItaphes assocIent a cet avertIssement escha- s. e~t.n~ls~ en pl,ace 1.'ollo11l<lstiquL> plus spécitiquemenl chrétienne qui s'est imposée par
tologique une menace plus pragmatique: Kal oooel '<li tallel'll o11\'cXpla (et il versera 1.1 SUit\;;, A la l1le~le epoque. on constate des changements dans le formulaire funéraÎre et
à la caisse _ du fisc tant de - deniers). À Cyzique, deux épitaphes l"1 présentent les dan s le vocabulaire dê: signant la sépulture.
formules suivantes: Ei lié tlç tOPll~a ' ËtEpOV Kata9éaml Ecr'E etÙ'<li llpOç ,av 0EOV
(quiconque osera déposer ici un autre - corps -, qu' il ait affaire à Dieu), ou encore ... "ç Rupture o~," continuité? Les deux à la fois, ou plutôt une évolution qui s'étale sur
av llO(J\cOIjlIÇ i'atn at'n<li 1tpOç tOV 0EOV (si quelqu'un offense - noIre tombe -, qu'il ait presque deux slecles (IV' CI. ~,), l'épigraphie témoignant à sa façon de l'adaptation des
hommes aux nouvelles réahtes pohuques et reltgieuses,
affaire à Dieu).
N.B. Une étude sur l'épigraphie protobyzantine de la Bithynie n'est pas complète
CONCLUSION sans u,ne analyse de la langue el de l'écrilure. Le cadre défini pour ce travail ne me permel
La rupture la plus claire entre l'époque romaine et l'époque protobyzantine est pas d exammer ces questions: Les quelques extraits d'inscriptions que j'ai présentés
naturellement d'ordre religieux. Au culte des dieux helléniques, sur lequel s'était greffé avec I~ur graphIe donnent une Idée du grec de Bitbynie à l'époque protobyzantine, de ses
confu~lons et de ses mcenuudes. Pour l'écriture, je renvoie aux planches photographiques
celui de quelques divinités asiatiques et romaines, s'est substitué le culte chrétien.
des dIvers corpus mentionnés.
Les invocations les plus nombreuses sont adressées à la Divinité, souvent associée à
la personne du Christ, puis à la Vierge Marie et aux archanges. On constate que dans
ApPENDICE 1 - LES INSCRII'TIONS BYZANTINES
nos inscriptions aucune invocation n'est adressée à un saint. Sans doute le caractère
funéraire, la datation haute de nombreux textes et le hasard des découvertes expliquent- À ce jour, la Bithynie a fourni une bonne trentaine d'inscriptions médiévales (VIII'-
ils en panie ce fait. Xiii' sl~cles). En foncti~n de leur conte~u, elles peuvent être classées en inscriptions
funéraIres, c?mmémoratlves ou dédlcatotre~. Ces textes, bien édités et amplemenl com-
mentés, écl",.rent cenallls événements hlSlonques, parfois les croyances religieuses ou la
154. ()()RNER, Nicomédia, p. 84, n' 367. - Cf. en dernier lieu FEISSEL, Nicomédie, p. 436. structure SOCiale.
155. GREGoIRE, Recueil, p. 7, n09. . Je me borne ici à traduire et à commenter celles d' entre elles qui m' ont parues pani-
156. T. 0:>RSlF.N dans Epigrapltiea AI/a/oliea, 17, 1991, p. 88-90, n03. -Cf. BIIII. ép., 1992,617. cuhèrement Importantes, en les présentant par origine géographique. La bibliographie
. 157~ Cf. S. DANTIs, AREIÀ~ru,ai b"ppa,m; ei; rci; • .u~VIKci; bnruJlf3iou; XP1C1fIav1Kà; esl rédUIte à l'essentiel.
f1rtypa<paç. Atbènes, 1983.
158. FElSSEL, Nicomédie, p. 429, nO 46.
159. ~AHIN,lvlik, I, n"'552, 555, 556. 557, 573; et Il, l, n·559. , 162. CORSTEN, Prusa, Il, p. 18J, no 1095.
I!il. Fo~ule car'!,eléristique de la région de Nicée. - Sur les termes a~uÀ<IV, C!~Àav, 163. ~AHIN, lVlik. l, p. 277 a, n'554, el p. 291 a, n0578.
164. D ÙRNER. Nicomeditl. p. 83. no 366,
C!\C\JM:U€\v, cr\C\JMooIÇ, acr~ÀtoV , qui évoquenlle pillage, cf. BIIII. ép .. 1979, nO 543.
161. GREGOIRE, Recueil. p. 6-7, n0o? el 8.
58 GEORGES KIOUR1'2IAN
L'ltPOQUE PROT08YZANTINe À TRAveRS LES MONUMENTS ~PI(jRAPHIQUI"_'i
NICÉE
(1. U'S ''(''''PaI'tS. Wfl<' -Xliii' siè<:/es. Sur la face intérieUl'c de ln muraille. près de la Après 1. crise iconoclasle (711-843). duranllaquelle les mosaïques de cetle ég li , c
Porte d'Istanbul. o n Ht une belle inscription sur marbre, rchltive à la COl1stnlction d'une furent partiellement détruites. le décor antérieur fut rétabli par un certain Naukralill'.
tour appartemmt aux remparts lM : probablement disciple de Théodore Stoudite (mort en 848). Une inscription c n me,saïquc
ki, m'cc "aidl' di\'ine, Il élé dfs/Wllorél' III téllléritct d('s (·lIIlem;.~. ut nos empereurs commémore "événement 17J :
nimr.t 1111 Christ. Léo" l'l ConslOl1tin. oJl/ res/lIuré l 'JJ la n.'c{)/lslrui.wmt avec fen'l'ur la Naukralios dresse les divines imllges.
,'i/le dl.' Nici(', /1." 0111 éle\'t' celfe 10111' vic/orÎc''''''(' Kemillario(II) ? pm.' les .foills Dans la même église, trois insc riptions, datables d'après leur contenu oU XI I" ~ii.:t.: It: .
t! 'A r1{l\'tl,wl(' le ,,.ësfèlWt'II.\" patrice el clIropalate. font connaître un grand personnage de la cour, le patrice Nice;!phnrc. auquel !'cmpcré O(
Cerre in~criprion métrique. aux fOl11wlali ons parfois obscures . commémore la Constantin VIll (1025-1028) avait confié ('établisse ment. L' in~cripti (lll mélriqllt.: rc l ~LI~lnt
recomamctioll partielle des fortifications de la ville de Nicée par les empereurs Léon lU le don impérial se trouve dans le narthex 174 :
(717-741) ct son fils Constantin V (741-775). co-régnant depuis 720. Il est à peu près Le puissallt basileus et empereur Conslantin. jUMewlt ce nUnlwÛre di.t:.III' dl' ,'if'.\
certain que cette restnumtion est liée à un épisode de la guenoc entre Byzantins el Arabes, soins, en fait don par déci.fion irrévocable li l'iJ}u.}"/re patrice Nin:phon.:.
et plus précisément au siè.ge de Nicée par ces derniers en 727 16<1, La surveillance des Près de cette inscription, une autre, en dodécasyllabt:s, constitue en quelque ~orte la
travaux a été confiée au patrice Artavasdc, à la tête du thème l67 • réponse de Nicéphore 175 :
Au milieu du IX;: siècle. la menace arabe restait préoccupante en Bithynie. Plusieurs Moi, Nicéphore, je te recol/lwi,\' comme la patronne des c{Jll.wruuio/(.\" (//1,\ ',fÎ Meil
des tours de l'enceinte furent restaurées par l'empereur Michel III (842-867). Neuf que l'inspiratrice de mes dédicaces. 1<' t'CI; IClit représenter. Vierge. sOIl\'emil/ t, ('(
maîtresse de celle maison.
inscriptions conservées commémorent cette réfection. Le texte est partout le même. sauf
sur rune d'entre elles. qui luentionne une date\ 68 : Dans le naos, Nicéphore énumère ses titres dans une invocation 17(0, :
TOllr de Michel. gralld I>asilells el clIII>ereur dalls le Chrisl, en l'an 6366 (858 de Seigneur. viens ell aide il 1011 serviteur Nict:phore, pa/rice, prëpo.sile, )'è.w ès el xr(111C1
hérairiarque.
notre ère).
Enfin. dans la partie «amlénienne)) 177 de l'église de la Dormi,ion. étaÎt autrefois
Les murailles ponent également le souvenir du gendre d' Alexis III Ange, Théodore
déposée une daJie sur laquelle on lisair une épitaphe d ' un «prince Manuel))J7~. datée du
Lascaris (1204-1222), fondateur de l'empire de Nicée, qui était alors en compétition 17 juin 1211 :
avec les Grands Comnène. de Trébizonde et avec l'empire latin de Constantinople, et qui
TOllt n'est qu'un rê )'e et qu 'une ombre. rien de plus. Voici le rameau des pn'miers
de ce fait se préoccupa de renforcer les défenses de la ville. On peut lire sur une des
(~e l"iII(~s(re flah.sallce de la lignée royale, le germe des Comnènes issus de la pourpre.
tours t69 :
ElOIgne de sa terre natale. la poussière de la Sicile couvre son corps, renfermé dans
Voici la IOlIr de CllCllallès (sc. de la confusion). qlli bOille l'erse les desseins hosliles
l'obscurité, habitant lUI tombeau. lieu des malédictions. Le prince Manuel, source des
des emremis. Lascar;s (a/ait cette cOli.rlruelioll) étoN/lante. grâces, s'est éteint achevant sa 35': cl1lllée, plame d'oi'tjaillit le bien ...
On lit ailleurs 170 : ,L'identification de ce prince Man uel reste problématique. Il pourrait s'agird'un lils
Tour de Théodore Comnène Lascaris, dans le Christ empereur des Romains. de 1 empereur Isaac Ange ou du pnnce d'Antioche Bohémond 1lI179. Les raisons de la
présence à Nicée de cette épitaphe ne sont pas élucidées.
b. L'église de la DOl7lliliol,fi" du l'IF-Xi" siècle. Plusieurs inscriptions (en mosaïque
et sur pierre), qui se trouvaient dans ]' église de la Donnition, éclairent \' histoire de ce BROUSSE
celèbre établissement. Signalons ici la dédicace sur marbre (aujourd'hui disparue) de Mllrailles de la ville, VII' siècle. Inscription sur un fragment de listel. remployé dans
Hyakinthosl7l , fondateur de l'église (primitivement karholikoll d'un monastère édifié la pone H,s.r kaplsl. Il s'agu d'une invocation en l'honneur d'un Constantin (peut-être
vers la fin du vu< ou au début du VIII' siècle) : Conslantin IV, qui règne de 668 à 685180) ;
Mère de Dieu, viens ell aide à ton serviteut· Hyakililhos. moine, prêtre el higown~ne. Mère de Dieu, assiste Constami", grand ...
Une inscription récemment découvene, sur un linteau de marbre, rappelle elle aussi . Une autre inscription a été copiée par Covel sur la seconde tour à l'est de la pone
le souvenir de ce moine entreprenant 172 : Zmdan kaplSl/", Elle commémore la réparation des murailles de la ville par Théodore
{Reçois, l'église ?J que je t'érige, Vierge. Réjouis 1/101/ âme par Ion el/fantement... 1" Lascaris, en 12 JO :
Déli,'re moi des el/Ilemis. TOI/ Hyakillthos, pasteur de moilles.

173. ~AHIN,lmik, l, p. 257 a, nO 496. - Mango (NOieS. p. 350) retrace brièvement l'histoire
du décor de cene éghse.
174. ~AHIN, IVlik, l, p. 247 b, nO 488.
175. Ibidem, p. 249 a, nO 489.
165. SAKIN, IVlik, l, p. 233 a, nO 450 et MANGO. Nores, p. 352. 176. Ibidem, p. 249 b, nO 490.
166. THEoPHANE, p. 624-625. 177. COVEL, p. 300-301.
167. Voir ici-même CHEYNET, p. 315. 178. $AHIN,lzllik, l, p. 259 b. n0 515.
168. SAHIN, h/lik, l, p. 237 a, nO 460, et les n"461-467 ; ibidem, Il, l, p. 319 a, n0 468. . 17,9. Cf. M. MATHIEU, dans Byza.!/ioll. 23. 1953. p: 132-137. qui ,radui,l. 1. 5 de l'<pi'''phe :
169. Ibidem, \, p. 245 b, nO 481. - Signalons une troisième inscription de Théodore 1" sur une <<i~su. d une terre où règnent des Slclhens». En dernier heu, voir J. l. VAN DIETEI". MoutHel
lour de Nicée. dalée de 1207 -1208 ; voir Cova, p. 272. Pnnklps. Welcher Manuel in welcher Kirche zu Nik'li:l? BZ, 78. 1985, p. 63·91.
170. SAIiIN,lmik, 1. p. 245 a, n0 480. 180. COVEL. p. 166 et Appendice épigraphique p. 373. n" 32.
171. Ibidem, Il, l, p. 321 a, nO 500. 18J.lbldem, p. 164 : Appendice ~ pi gmp h i qu e p. 372', n<!9.
172. MANoo, NOIes, p. 351.
GEORGES K10URTZIAN
60
L'tPOQUE PROTOBYZANTINB À TRAVERS LES MONUMENTS tPlGRAPHIQUES 61
... ql/i est l'artie ... ell cerde ... COIIIII~IIe TlréodtJ{re LaJs{carisJ, et maintella
comme 1111 muet la deuxième , .. li i"scrit so gloire se lolt le psaume. Le 9 juin indiclio~ Quelques constatations en guise d'épilogue: après la fin du VIle siècle. on remarque
13 de I"all 6718 (= 1210). une relative raréfaction des inscriptions. C'est un phénomène général. Les inscriptions
les plus nombreuses sont du IXe siècle. Les régions les mieux pourvues sont celles de
RjjOION DE PYLA( Nicée, Pylai et Apamée.
Ciftlikkliy. VIII' siècle. De ce village, situé près de Yalov., provi~nt une importante Alors qu'à l'époque protobyzantine une grande part des inscriptions sont des épi-
inscription. Il s'agit d ' une borne datable du double règne de Constantin VI et de sa mère taphes (de personnes de condition moyenne), les inscriptions commémoratives ct les
dédicaces sont par la suite les plus nombreuses. Hasard des découvertes. destruction des
Irène 'R ' : monuments, je ne saurais le dire. On constate que l'inscription gravée sur pierre ou e n
Bome du xéuodocheioll de Pylai. Donation flûte plll' l'empereur Constantin et
l'Augusta Ir~"e couronnée par Dieu. mosaïque devient un instrument de prestige à l'usage de l'empereur, de son entourage,
L'inscription date vraisemblablement, soit du début du double règne (780-790) de l'aristocratie et des ecclésiastiques de haut rang. Les préoccupations des commandi-
avant la dégradation des relations entre la mère et le fils. soit de l'époque de leur récon: taires sont mili~aires ou religieuses. Les épitaphes. rédigées dans une langue qui se veut
ciliation (792-797). Ce xéllodoclreioll est connu par d'autres sources l83 • savante et poétique, sont souvent pompeuses.

ApPENDICE 1\ - INSCRIPTIONS IN"OITES


RÉGION O ' APAMÉE 1 MUOANYA
a. Triglia (Tirilye), IX' siècle. Dans l'église Saint-Étienne (aujourd'hui Fatih camii),
Les participants aux ~issions 7ffectuées en Bithynie ont vu, copié et photographié
sur les impostes des colonnes, sont conservés quelques monogrammes datables du IX'
un a~sez grand no~bre d mscnptlons grecques et latines appartenant aux périodes
siècle l84 : romame, ~~tobyz~tme et byzantme. Certaines d'entre elles sont apparemment inédites;
Seigneur \'iens en aide à tOit serviteur le patrice Nicétas (?) no~s les e~ltons CI-dessous (nOS 1 à 4). Nous revenons ensuite sur une inscription déjà
et : édItée, maIs dont le lexte peut selon nous être amélioré (n' 5).
Clarist \,iells ell aide au patrice et al/lètikos (') Miclrel.
La lecture du nom du premier personnage et la titul. ture du second sont incertaines. 1. Sur la r~~'e ,'JIIlI .dl.! foc tJ'lvrik, (lll nord du village de Mamcalar (carte hors·texle,
Hasluck identifie le patrice Nicétas de l'inscription à Nicétas le Confesseur (mort en s30/9). 1/" sleL·le. MIlitaIre en marbre (fig. 2). Mauvaise conservation due à des concrétions
836)185. lacuslres. Hauleur conservée: 170 cm, diamètre: 48 cm (max.). Hauteur des lettres: 4.2 cm.

b. Kur~ulIll/, xw siècle. Du monastère d'Élegmoi, plus tard dédié à saint Aberkios, [lmp(eratori)] C.e(sari), Diui [Traiani]
lR6
provient l'épitaphe d' un archimandrite sur le mont Olympe : [par]thici [fiI(io), Diui]
Mesfrères sl'irituels, Ile m 'oubliez pas dalls vos prières. En regardallt mOIl tombeau
souvenez vous de (notre) communion et priez le Christ aj,n que mon repos soit avec les [Neru]ae nep[oti Tra-]
jI/stes. 11 s'est elldonni le moille Jean, ka/higoum ène de ce monastère et archimandrite 4 [ia]no Had[riano]
surie mOllI Ol)'mpe, le lundi 30 décembre, 15' indiction, en l'an 6705 (1196). [Au]g(usto) pont(ifici) [maximo]
Le début de l'épitaphe reproduit une phrase de l'office funèbre réservé aux moines.
[tri]b(uniciae) pote[st(atis) VI? co(n)s(uli) III? 1
Le monastère que Jean dirigeait est connu par de nombreuses sources 181 •
Du même monastère provient l'épitaphe en vers d'un fils ou neveu du grand-duc P(.tri) P(atriae) Nicae[a mil(ia)--]
er
Andronikos Kontostéphanos qui a été aveuglé sur ordre d'Andronic 1 188 :
Ci-gît le rameau aux gennes de pourpre, issu des Comnènes, l'expression de toutes
les l'ertus, Andronikos Kontosléphanos de noble race, et vers la fill Alltônios parmi les
moines. Petit-fils du Grand duc allx innombrables qI/alités. Porteur de l'empreinte d'une - - - - - - - - - - - -s - --
lignée royale victorieuse dl/ côlé de son père ainsi que de sa mère. Vous qui voyez sa
tombe priez pOl/r le salut de son âme. 1/ est mort la /2 ' indictioll, le 23 février de l'an
67/7 (1209).

182. CORSTEN, Apameia, p. 108, n' 101.


183. Pour les xénodocheia en général, cf. ODB S.v., et sur les xél/odochoi de Bithynie, voir
ici même CHEYNET, p. 323.
184. CoRSTEN, Apameia, p. 66, n'45. L'empereur Trajan Hadriell, fils du divill Trajan le Partlrique, petitfils du dil'ill
185. HASLUCK, Bithynica, p. 289. - Cf. sur ce personnage, Vie du patrice Nieétas. N~rva, Auguste, POlllifex maximal', revêtu de la puissance tribullidellTle po"r [a \'/" (:' J
186. CORSTEN, Apameia, p. 79, n' 60. _ Sur le terme archimandrite, lorsqu'il est employé à fO/s, cOllsl/1 pOlir la lII' (?)fois. De Nicée ... milles.
propos de l'Olympe, voir ici-même AUZÉPY, p. 444-445.
187. Cf. MANGO, Élegmoi, p. 169-176, et ici même Au~py, p. 444-445.
188. CORS1EN, Apameia, p. 80, n'61.
GEORGES KIOURTZIAN
62 L1·:'POQUE PROTOBYZANTINE À TRAVERS LES MONUMENTS ÉPIGRAPHlQUE.'i
Ce milliaire est au nom de l'empereur Hadri,:n (76- \38), sur I,e trÔI~e dep~is 117,
tils ado tif de Trajan (55-117), lui-même fils adoptIf d~ Nerva. Les Ite~s d Hadnen avec 3. Tah/tllt (carte hors-texte, t25/2), VI' siècle. Inscription de sept lignes. gravée SlIr un e
l' Àsie ~ineure et plus particulièrement avec les VIlles de Blthyme sont connusl8' plaque de marbre blanc (fig. 4). Hauteur: 74 cm, largeur: 56 cm. Hauteur de s lettres :
. d 121 à 125 et de 128 il 134 ; plusIeurs nulltulres à son nom ont été découverts 3,5 cm. Même localisation que l' inscription précédente. Très bon état de conserva fl o n.
(séjOUrs e. d:A" )190 Le milliaire ci-dessus est il ma connatssunce le seul attribué
dans la régIon n~arn· . ' S :? h' éd'té . ' . ! 'E)v9aÔE KataKttE 0E-
il cet empereur dans la région de NIcée. SIgnalons que .. lai III a 1 udne II~scnplton
é il Medelli (carte turque, ~35)1'I , maIs e e est au nom e empereur oXiopoç ;, tÎç 9Eûl'lHI.OÛÇ
comparahl e, trou\' e . , blèlne que J'e ne pe t '
Tra' an La datation de la présente inSCriptIon ~se un pr~ .. ux l'alter ici IlV~).l1Ç. èLvayvoattç '(EVrl-
au land. Je restitue cependant le chiffre de la pUlssanc~ tnbunlclenne et cel ut du consulat
1 adèle des milliaires édités pur D. French et d après les remarques de L. Robert. 4 ~ EVoç tÎç ayiaç toÛ 0(EO )Û jlE -
;~rp~;~se donc il titre d'hypothèse la date de 1221123 de notre ère. yal.ljç ;'KÀlataç. TrÀEutrf

2 Tahla" (carte hors-texte. t25/2), ,"-v/'·.siècl~. Inscription de trois lignes, gravée SUr
~lj(v\) NOE~i3P(iq» "" iVÛ(IKttÙlVU;) Wri.v"·
u~e dalle de marbre, conservée dans la matson d un habltantde Tahtalt (fig. 3). Haute.ur: oaç XpOV01.l'; 1<:0'.
35 cm, largeur: 60 cm, épaisseur: 10 cm. Hauteur des lettres. 10 cm. Bonne conservalton.
Fig. 4 • Épitaphe du lecteur Théodore
à Tahtah
[t ] ·EtEÀ.E"t~aEv tO nE-
[15]i(ov) KopvoûtOç "thlV E' Écriture élégunte. qui con viendrait bien ou V I~ siècle. - Lettres remarquable s : A. e el :-. u(tnut
jllj(V\) 6ljjlljtpÉou "ç' N. - Abréviations: SY. sunnonté d' une pt!t ite barre cruciforme. 1. 4: même signe au dess us de
l'abréviation du nom du mois. 1. b : M sunnonté c.!t: H dans ).lT)Vl. 1. 6 : INn. même ligne. est sui vi
du petit trait ondulé habituel. Tous les chiffres sont sumlonlés d' un trail horizontal. - Ligatures :
NHM. 1. J ; ME el Hr dans )lE '(&À~ ,. 1. 4-5.

Ci-gÎt rhéodore (h' piellse mémoire. qui fllt lecteur cl la saillie grande église de
Dieu. Il esl mort le JI 1/o\'('11Ihre dt' la deuxil-me indic/ioll. ayant accompli 24 ans.

Si. par «sainte granùe ég li se de Dieu », on doit comprendre Sainte-Sophie de


Co nstantinople. le jeune Théodore aurait rempli la fonction de lecteur au patriarcat.
L'écrilure est belle. _ Lettres remarquables: M, Y. - L'épitaphe est gravée à l'intérieur d'une L' épithète Ihéophilè.\· n'est pas incompatible avec cette fonction, même si j'on trouve
tabula QI/sala conservée uniquement dans la partie droite. À gauche. la dalle est cassée. À droite plus couramment en ce cas le qualificatif (!ula/)estlltos.
de notre inscription. sur la même pierre, on voit la trace d' une autre tabula Gllsata et le début des
trois lignes d'une autre épitaphe. Cette dernière, presque complète~lent d.isparue, cons~rve à la l. 2 4. Près de Boya/ica (carte hors texte. r3ln), /X' -X' siècle. Inscription rupestre (fig. 5).
les lettres TIPX, à la 1. 3 les lettres HP, et surtout, à la 1. l, une peUle crOIx grecque qUI assure que Conservation médiocre. Hauteur des lettres non relevée.
les deux textes sont chrétiens. - Abréviations: le l, dans 1t€ôi, est suivi d'un petit signe onduJé, l. 2;
H sunnonte le M dans ~'1vi. Même graphie à l'intérieur du nom du mois, 1. 3. ["Opoç]
[ânOKata]ata9iç Ka!t-]
Est décédé l'enfall/ Kamoutos, âgé de 5 ailS, /e 27 du mois de Démètrios. à. au~Pl\llaa\V
Ce qui est remarquable dans cette insc ription est la persistance, à l'époque prolo- t
byzantine, de l' ancien calendrier bithynien . Le mois de Démètrios allait du 23 août au
22 septembre inclus. Dans la graphie du nom du mois, la confusion entre E et \ s'explique
par un fait de prononciation. Sur le calendrier bithynien, voir, outre V. GRUMEL, La
Chron.%gie, Paris, 1958, p. 170-171, E. BUCHNER, Chiroll, 6,1976, p. 329-348 (l'auteur
publie un cadran solaire portatif sur un bronze monétaire de Bithynion-Claudioupolis, Fig. 5 - Inscription rupestre près de Boyahca
daté du 1er siècle après J.-C.) ainsi que D. KNOEPFLER, dans Jal/mal des Savants, 1989-
90, p. 31-32. Le nom Komoutos est attesté dans la région de Brousse (cf. CORSTEN, Plutôt qu'un nOI11 propre à la 1. 2. qui pourrait orienter vers une inscription votive, je p rél~ r~
Prousa, I, n"41 et 53). Cette inscription peut être datée d'après son formulaire du v' ou l'interprétation qui m'a été suggérée par K. Smyrlis. Duns ce cas. nous aurions l'indication d'unt:"
du VI' siècle au plus tard. e
limite entre deux terrains. La forme des lettre s (le avec de fortes apices) orienter.lÏl vers k I X~
ou le xe siècle.
189. ROBEIU, Études, p. 231. - Voir ici-même BONDOUX. Limite rétablie ( ?) IIp''~.'Î conciliation.
190. fRENCH, Roman Roads, n'"86, 89, 91, 94, etc.
191. $AHIN,IUlik, D, l, p. 137 b, nO 1002.
QEORGES KIOURTZIAN
64
5. Srrobilos. VI' siècle. Pnnni les inscriptions connues d7 Stro~i1os, figure u~e épitaphe
très gravement mutilée (aujourd'hui nu Musée archéologique d Istan~III, nod Inv.5231).
Ce texte a été édité pour la première fois ~ar S. ~alllnl92 et presque dix ans plus tard par
Th. Corsten 19), avec une légère amélioration:
[.......... ivaa-] ÉVOCATIONS MÉDIÉVALES
rôle KCI[taKIfE? .. .]
KÀCla[- - - xropi-]
011 BpoÇ[- - -] textes présentés par Vassiliki KRAYARI'
EVI] yuvTt [... 0-]
Il In7tlatp[ou ÈtEÀEI0\91] ].lI]VI '0-]

Kto~piQl royÔOKCIIÔ- Les traductions que nous proposons ci-dessous constituent un t: ho ix , forcémen t
arbitraire 1, Il suggère ce que les lettrés du Moyen Âge pouvaient dire sur un cspacr.::
EKaTTlV. géographique. en J'occurrence la Bithynie. Les auteurs appartenaient à diverses aires
culturelles et leur niveau de culture était lui-même divers. Leur regard l'était également.
Th. Corsten a tenu compte des remarques de L. Robert (Bl/II. ép. 1979, 548) qui a d'autant que les texte s qu'ils ont écrits avaie nt dive rs objets. mai s il dépendait souve nt
suggéré pour les 1. 2-3 de l'édition ~ahin la solution [Xropi]oll BpoÇ. D. ~eiss~l (BI/II. ép., de stéréotypes, de modèles et de sources antérieures. On trouvera sur la fig. 1 l'indication
1989, no 937), en commentant l'éditIOn Corsten, a proposé unecorrectlon différente: il des toponymes mentionnés dans la région étudiée, lorsqu'ils sont localisés.
voit aux 1. 3-4 le nom d'origine du père de la défunte. Il renvOie à ZGUSTA, Orstnamen,
§174 et signal~ que l'ethnique BpoÇl]voç (en rapport avec une cité phryglenne Brouzos
ou B~zos) est connu par les actes du concile de 536 et dans les Notitiae. A partir de ces
suggestions, il me semble qu'une restitution probable pourrait être tentée:

[t t 'Evaa- t t]
rôle KCt[taKltE GÉ-]
KÀCI a[uyatl]p .. ..]
011 BpoÇ[T]vOÛ, yEvo].l-]1
ÉVll YUVTt [oÉ ...... 0-]1
IIlnltlatp[ou. TeM:lltlj ].lT]v·, '0-]
KtO~p(Ql ro[yMU,lvli. Ii-]
EKatllV

Fig. 1 - Carte de local isation


Je suppose pour toutes les lignes un espace de 8 à JO lettres manquantes, certaines lettres en
ligature (OY) ; ].l~(v'l), i vÔ. et peut-être e"Ya~p en abréviation. Le nom féminin TIpoKÀCI pourrait 1. NICOMéDIE AU MILIEU DU IV' SIÈCLE
être substitué à 0ÉKÀCI, mais je le pense improbable pour notre période, c'est-à-dire le VI' siècle,
Le 24 août. 358, Nicomédie rut détruite par un tremblement de terre qui est relat,; par
d'après la forme des lettres (Surlout le 0 et le 8 en «ogive»). La nouvelle lecture des 1. 7-8 m'a été Ammten Marcelin ,(XYIL7). À propos de,cet événement, Libruüos éV"'lue, dans un texte très
suggérée par D. Feisse!. élaboré, la Ville qu Il av~!t connue lorsqu Il avait enseigné à Nicée. PUtS à Nicomédie mc!mc.
de 346 à 351, avant. de s .,"staller à Antioche en 354. - Le texte: MOVQlÔi" i n. Nl<o~~o"Ç<.
Ci-git Thékla, fille de ... (originaire) de Brozos, qui a été l'épouse de ... , éd. R. FOERSTER, LlbQ/~1l Opera, IV, LeipZig, 1908. rélmp. Hildesheim, 1963. no 61. p. 329-
341. - Le passage traduit est aux p. 332-335 de l'édition.
vétérinaire. Elle est morte le 8 du mois d'octobre, JO' indiction.

• UMR 7572. Collège de France - CNRS.


1. Nous reprodui sons les. lraductions publiées I?rsqu'e."es sont satisfaisantes. en indiquant
leur auteur. Les autres traducttons sont de nOliS, à 1 exception du n\' 18 (en colhlbtm.Hioll a\'I;'\,:
192. ID., Bithynische Studien, Bonn, 1978, p. 47, n0 20. R. Bondoux), des nos 1 et 2 (J. Lefort), 12 (J.-M. et B. Martin) et 20 (L Beldi ç~;l1l u).
193. CORSTEN, Apameia, p. 137, nO 134.
V/\SSILlKI KRAVARI
~VOCATIONS Mé.OItVALES
Quelle \'iIIe étail, je ne dirois pas plus gronde, mais plus helle ?~ Quatre la Surpassaient
en étendue'. car elle a\'ait dédaigné de s'étendre nu pOI~t que le pIed de ses h.bitams en En Bilhynie, dans les régions de Tarsia> et de Boa, les arbres qui portenl la vigne
sou /rdl, Mais, pour ce qui est de la beauté, clic dépassaI! certmnes et en égalait d'autres, montent même jusqu'à 16 pieds lO, cela ne lui porte pas tort mais au contraire elle pnKluil
n'étnnt en tout cas vaincue pnr aucune. Reccvnnt I~ Iller dans ~es bras etl~ pénétrant de un vin meilleur, surtout le vin d'Aminaea" (IV!.3).
ses promontoires, clle atteignait le rivage et Il'Ionlatt su.r lu .coillne . EII.c étatt traversée de
part en part par deux doubles po,:,iques4 , EUe resplendls""t de scs édIfices publics et les Nous savons qu'en Bithynie la vigne arbustive. en particulier celle qui csi lardi\i\.: .
maisons des pm1iculiers s'éleVaient contlllûment du b,as vers le sommet, les unes au~ se plait avec le cerisier, mais aussi celle d'Aminaea, ce qui la rend plus prodUl..:t ivc de
dessus des mitres, comme les branches d' un cyprès. L cau des sources la parcourait et fruits et de vin (IV. 1.14).
des jardins J'entouraient. Les bâtim~nlS officicls~ les espaces prévus .pour 1'~loquence.
Ie.~ nombreux temples, les vastes bams. le port bien mncnagé. certes Je les at vus, mais Il arrive que la vigne s' enroule autour du tronc, monte ainsi au so mmet. JV(;t.: k
je ne suis pas capable de les décri'7' Je ne dirai qu'une chose: quand nous y allions temps se comprime. et qu'elle soit de quelque façon serrée et élOuffée p<lr ~() n union av'.,:c
depuis Nicée, pendant que nous f",slOns la ~oUle, nous parhons des arbres et de la terre le tronc. En Bithynie, beaucoup mettent un coin entre la vigne ct l'arnre. Cl. ay<1nt ain",i
qui produit bien. de nos parents et amts, de 1 a~clenne sa~ess~ : n~ms: quand n~us avions séparé la vigne de l'arbre, ils lui ménagent un espace pour qu'cllc se repu>. Il V. I.I 1".
franchi les replis des montagnes, lorsque la VIlle apparaISsaIt (c. ét?" à une d,stance de
cent cinquante stades)' dans toute sa splendeur, le SIlence se Imsmt sur tout le reste et La vigne dite mersitès est meilleure que toules les autres: c'est elle qui. en Bilhynie.
nous ne parlions plus que d'elle. Ne nous retenaient plus ni les jardins d'où jaillissaient produit le vin dit delldrogalèllOll, et, en certains endroits. le vin IÎaremUl : ~l Tin ... en
les arbres, ni l'étendue des champs, ni ceux qui travaillaient en mer. Et pourtant un Paphlagonie 12.le vin l;mlOn, et à Héraclée du Ponti:\, le vin le plus remOlr4uablc : p4.lT10UI
pécheur qui lève la rame, qui jelle le filet ou espère que le poisson morde à l' hameçon où le plant de ce vin serait planté, jJ produirait un fruit bien mciJJcur que 1 0u ~ le~ aU lrt! \ :
auire l'œil du voyageur. Mais la vue de la ville fascinait bien davantage et sa beauté le raisin de ce cépage, très doux à consommer, est semblable à du nectar. au point 4ue
imposait aux yeux de n'a\'oir de regard que pour elle. L'impression était la même sur les abeilles s'en repai ssent. De plus, ce cépage produit beaucoup. au point qUII porte dt::s
grappes sur tout le cep: elles sont de fonne arrondie, les grains sont translucides. si bien
celui qui la \'oyait pour la première foi s et sur celui qui y avait vieilli. L'un pouvait
que les pépins et leur enveloppe se laissent voir clairement: les sarments qui sou tiennent
montrer à son voisin le palais', qui se reflétait dans les eaux du golfe, un autre le théâtre',
la grappe sont le plus souvent durs, ligneux. Il se plaît avec les arbres, aime qUIIs soient
qui resplendissait sur toute la ville, un troisième d'autres étincellements, renvoyés par
hauts et qu'ils aient un feuillage persistant (V2. 10-12).
d'autres édifices. Il était difficile de dire qui d'entre eux l'empol1ail. Ainsi avancions
nous, comme lorsqu' on va \'énérer une statue. Lorsqu'on s'éloignait de la ville en direction
. Fait également un vin "gréable une vigne proche de celle d 'A minaea, qui a de
de Chalcédoine$, on se sentait obligé de se retourner, jusqu 'à ce que la nature dérobe 'la pelltes grappes et des baies serrées, nommée drosallis par les Bithyniens. CertaÎns la
vision au détour du chemin; il semblait que les feux d'une fête s'étaient éteints. vendangent avec la v i ~ne d'Aminaea. Une autre vigne, à raisins blancs, qui a de plus
gro.s~ses grappes, et qUi monte aux arbres dans les endroits secs, produit un vin pani-
cu!lerement bon et abondant: on l'appelle leukothrakia en Bithynie; elle a des grappes
2. LA VITICULTURE AUX V'-Vl' SIÈCLES allongées, des grains égaux en épaisseur, ronds el opulents, qui sont rougeâtres au
mom~nt de la matunté ; elles rameaux eux-mêmes SOnt rouges. Il existe aussi en Bithynie
Sur les douze passages qui, dans les Géoponiqlles, mentionnent la Bithynie, dix sont
relatifs à la viticulture ou à la vinification. Ils souJignent l'importance de la vigne arbustive
'4 ,
une vIgne dite bôlènè qui mûrit particulièrement vite et qui est très précoce; elle porte
une grande grappe de presque un pèchyslS, les grains sont abondants, blancs, limpides et
dans la région; l'auenlion portée aux cépages suggère une forte commercialisation, y compris
ronds: les pédoncules des grappes très longs; et, c'est une particularité qu 'eUe est seule
pour les raisins de table. - Nous proposons une traduction de cinq passages, p. 104, 105, 106,
125·126,141 de l'édition.
à avo~r, elle forme à partir de chaque œil trois rameaux, alors que les autres vignes n'en
fournIssent que deux (V.17.3-5).

3. TRAVAUX PUBLICS AU VI' SttCLE

Vers le milieu du VI' siècle, l'historien Procope de Césarée a publié un ouvrage destiné
2. Sur Nicomédie. voir ici-même BONDOUX, p. 399-402. 11 célébrer les travaux publics réalisés par l'empereur Justinien. - Le texte : De aed., V.2·3.
3. U s'agit peut-être, dans l'empire romain, d' Alexandrie, Rome, Carthage et Antioche, cf.
J. P.C~u, Antioche la Grande: la cohérence des chiffres, Mélanges de l'École française de Rome,
AntlqU/té,.I09/1, 1997, p. 127-169, en particulier p. 129·130.
. 4. Llbamas est le seul à fournir cette infonnation. Peut·être doit·on comprendre que la ville
9. Aujourd'hui Tersiye, 11 7 km 11 l'est d'Adapazan (carte turque, n. 38).
élall IJaversée par une avenue centrale, limitée de part et d'autre par un portique avec double 10. Environ 4,9 m (sur la longueur du pied, cf. SCHll8ACH. Metrologie, p. 20),
rangée de colonnes (cf. RE, XVII, l, s. v. Nikomedeia, c. 491). . Il. Cépage célèbre, provenant d'Aminaea, sur le territoire de Falerne. près de N~ipks. Li
5. Sur la route Nicée-Nicomédie, \'oir ici-même LEFORT, p. 470. Sur le srade, dont la longueur vigne d' Ammaea est aussi mentionnée dans les Géopolliques. JI, 46, 3.
semble mal définie, cf SHlLB":CH, Me/rologie, p. 33, 36. 12. Sur Tios (aujourd'hui Hisaronü), cf. TIB, 9, p. 276·278.
6. le pal,,!s de N,comédie fut construit par Oioclélien : cf. Foss, Nicomedia, p. 2 el n. 9. p. 2081.~I~~r Héraclée du Pont (aujourd'hui Eregli). ~ l'est de la région étudiée. voir ibidt'm.
,. 7. Plus lomdans le même lexte (p. 336·337), Libanios note que le théâtre fut détruit par
1 ~ndlC .qUl SUlvll le séISme, en emportant dans sa chute ceux qui s'y étaient réfugiés. - le 14. Il s'agit peut-être également d'une vigne arbustÎve, cf. GiOpOIlÙ,"t'S, IV. 17 , S.
Ihfâtre étal! SItué au-dessus de la ville (RE, XVII, l, s.•'. Nikomedeia c.492). 15. Environ 47 cm (cf. SCIfILBACH, Melm/o,C:ù'. p. :?O).
8. AUJoul1l'bui KadikOy. '
VASSIUKI KRAVARI

~VOCAnONS M ~ DlëvAI.P_1i
1\ Y a en Bilhynie une ville qui port~ le .n~md'Hélè,ne'~' mère de l'empereur
Con,,"",in, car Hélène, h ce qu' on d'l, élau ~r1g1l101,re d~ ce v. llase auparn,vanl sans route tout à fait impraticable, Les hommes d'outrefois y ava:ent .fait un.po nl . ~Iui ~ a v.cc
imponance 17 . Pour s' acquiller du fail que ce. v.lla~e 1 n~ml ~ourr~e, Co~slnnhn gratifia le temps, n'avait pas pu résister au not du torre"l. f,a ule d aVOIr été çO~ V~~1.I~1~~ ~~ 1
l'endroil du nom el de la dignité de ville, 11111.S .1 n y réalisa nen d 1Illpénnl ni de remnr_ construit; il avait cédé à la pression du courant et avait été emporté p~r IU.I. S.ln ... Idl .... ... cr
qunble, et le village conserva l'apparence qu'il n~ait aupar~v~nt. ,s~ parnnt seulement aucune trace. L'empereur Justinien a installé un autre pont à cct endrOIt. SI ~;llIt c l 1;lrgc
d'être nommé ville et se glorifiant du nom de son rejeton, Hélclle, M.us notre. empereur l8 , que le précédent semblerait n'en avoir été qu' une petite partie ~ s'élevant lrC" au ·uc . . . . I, . .
comme pour s'excuser de l'inconséquence d~ son prédéc~ss,eur: ay ant t?ut d abord cons~ du torrent lorsqu'il gronde. il garantit la sfireté de ceux qui l' cmprunlcnt u .. . ,. '
talé que la ville élail gênée par le manque d ~al~ el souftr"l semble-l-.I duremenl de la À Nicomédie. il a restauré le bain dit Anto nin 27 , dont la plus grcmd c p <.l rt lC .... c lall
soif, conç-ut aussitôt un aqueduc merveill~ux , 1 ~llInent~ en quantll~ mattendue, suffisante écroulée. et dont les dimensions imposantes rendaient improbable la rcçonslnH.: IÎlln . L~
aux gens du lieu non seulenlent pour bOIre. mais aussI pour le. bum, e~ pour to~t ce dont grand fleuve qu ' on appelle aujo urd'hui Sagari s2l!. qui coule avec un t:ouranl irTl pélUt:tn .
se déleclenl ceux qui disposenl d'enu à saliété '·. En Olure, ,1 leur tu un bam public, atteint au milieu une grande profondeur et s'é te nd c n largeur comme la mer. n ';) Vi.111
qui n'existait pas auparavant, et il en restaura un m~tre: qUI .étatt en ma,uvals éta~ et restait jamais été franchi par un ponl depuis qu'il existe des hommes. En arrimant de nO lllhn,: u:'it:'>
à l'abandon du fail de la rarelé de l'eau, comme Je 1 al d.t,. et en rume en raIson de la barques J'une à J'autre et en les Jiant entre clics perpendiculairement. li es bnta ... sin . .
négligence. De plus, il y édifia des églises, un palaIS, des portIques et des logements pOur peuvent se risquer à traverser, comme jadis J'armée perse franchit l'H cllc spn nl , en rai . . lln
les autorités. et il put montrer à tOUS la prospérité de la VIlle. de la crainte qu'elle avait de Xerxès 2Y • Mais ce n'e st pas pour eu x sans d ~lng l.! r : ÎI ~trrj ve
Pre de ceue ville coule un fleuve, que les gens du pays appellent Drakôn20 en en e ffet que le courant emporte toutes les barques avec leurs liens cl c m pê..: hc k s gc n'i
raison d: la forme de son tracé l '. En effet, il fait des détours en s'enroulant d' un côté sur de passer. L' empereur Ju stin ie n a récemment décidé la co nstruction d ' un po nt sur le
l' t d'rigeant ses boucles contre lui, et il avance, tortueux et .mpétueux, en allant neuve: il a déjà commencé l'ouvrage et il lui accorde beaucoup d ·atten tion. Je ... u; .. .; sur
ta~~ô7à ~ite tantôt à gauche. Ceux qui passent par là doive~t de ce fait le franchi~ plus qu ' il l'achèvera dans peu de temps. en me fo ndant sur le fait que Dieu appon e so n con-
de vingt fois. Il est ainsi arrivé à beaucoup de perdre la VIe, lorsque le fleu~e s enfle cours à toutes ses entrepri ses~u , C ' est pourquo i aucun de ses projets n'cst rcs té à ..:e jour
inaccompli, bien qu ' il ail !'.ouvent semblé. au début. entreprendre des choses imposs iblc~ ,
soudain au-delà de ce qui est habituel. De plus, une épatsse foret et le roseau qUI.y pousse
en grand nombre, gênant son écoulement vers la mer, le rendatent encore plus Importu~ Il y a en Bithynie une route qui conduit de là ver~ la terre des Phrygiens, sur laquelle
il arrivait que d'innombrable s personnes et animau x périssent en hiver. En effet. la
au voisinage. Il y a peu. à la suite de pluies abondantes. Il l1l?nda, se gonfl~, se répandIt
région étant extrêmement ten'cuse, elle se transformait en un marais profond ct infran-
sur une grande étendue de terre et provoqua des dommages trrépara~le s ; Il em~orta en chissable, non seulement après des pluies violentes ou après la fonte finale d'une neige
effet un grand nombre de terrains, des vignes avec leurs, rac mes" mcme des, oliViers et
tombée en grande quantité, mais même après d 'éventuelles simples ondées, ce qui
d'innombrables troncs d' autres arbres, ainsi que les maIsons qUI se trouvaIent devant rendait les routes fangeuses, et de ce fait la plupart de ceux qui s'y engageaient se noyaient.
l'enceinte de la ville, et il infligea aux habitants d'autres désastres très importants. Mais lui-même et l'impératrice Théodora, du fait de leur magnanimité, ont également
L'empereur Justinien, compatissant à leur égard, imagina ce q~i suit :. ayant fait neuoyer écarté le danger qui guettait les voyageurs: sur une distance d'une demi-journée de
les forêts et couper tout le roseau. il permIt au fleuve de se fatre un Itbre accès à la mer, marche pour un homme alerte, ils ont couvert la chaussée d'énormes pierres, et ont fait
si bien qu'il n'était plus inévitable qu'il inonde. Et, coupant par le nlllteu des ~ontagnes que ceux qui rempruntent marchent SUr un pavé stable. Ces travaux onl été de œtle
qui s'élèvent dans ceue région, il aménagea une route carrossable en des endrOIts Jusque: façon effectués par l'empereur Justinien.
là abrupts et escarpés; ainsi fit-il qu'il n'est pas nécessatre, le plus souve~t, à ceux qu~ En Bithynie, des sources d'eau naturellement chaudes jaillissent en un endroit que r on
habitent là de franchir le fleuve. Il posa aussI sur le fleuve deux ponts Ires larges22 , SI nomme Pythia3 '. Beaucoup, et avant tout des habitants de Byzance, y trouvent une conso-
bien que désormais tout le monde le traverse sans danger. lation, plus patticulièrement ceux qui souffrent d'une maladie. Là, vrairnen~ il a montré une
Il convient de dire quels bienfaits il a également procurés à Nicée23 , en Bithynie. magnificence digne d'un empereur : il a construit un palais, qui n'existait pas auparavant,
Tout d'abord, en réparant en son entier l'aqueduc, qui était complètement en ruine et ne et il a fait un bain public32, alimenté pnr les eaux chaudes qui y prennenl naissance. El.
satisfaisait plus aux besoins, il a procuré à la ville de l'eau en abondance24 • Ensuite, il ayant dirigé vers cet endroit, par un aqueduc, des sources d'eau potable qui sourdent au
a édifié des églises et des monastères, d'hommes et de femmes; et il s'est auaché à loin, il y a fait disparaître le manque d'eau qui sévissait auparavant. En outre, il a agrandi
rénover complètement le palais, qui était en partie écroulé, ainsi qu' u!, bain dans le lo~e­ et a rendu plus éclatants l'église de l'Archange et l' hospice des malades33 (V.3.1 -20).
ment des courriers de la poste, qui était en ruine depuis longtemps. A l'ouest de la VIlle
et tout près d'elle, un torrent25 a coutume de s' auaquer à tout, rendant à cet endroit la 26, Sur ce pont, voir ici ~même LEFORT, p. 465 et fig. 3.
27 , C ' est ) 'empereur Caracalla qui a édifié les bains de Nicomédie, donllaconstructio n a été
faussement altribuée à Antonin : ces bains onl été restaurés par Dioclétien el par Justinien (cf. RE.
16. Sur Hélénopolis (aujourd'hui Hersek), voir ici-même BONDOUX, p. 390-391. XVII, l, S.I'. Nikomedeia, c. 475).
28. Sur Je Sangarios (Sakarya). voir aussi ci-dessous lexIe no 19,
17. Il est quasiment exclu qu'Hélène ait élé originaire d'Hélénopolis ; ce serait le nom de la 29. Cf. Hérodote, VII. 56.
ville qui aurait donné naissance à ceUe légende: cf. MANGO, Hélénopo/is, p. 146-/50. 30, Sur le pont de Justinien, dit plus tard Pentégéphyra (Be~kôprü), voir ci-dessous nu \9 ct
18. Justinien. ici-même LEFORT, p. 463 et fig. 2 - Selon Théophane (p. 234), les trJ\laux aumient commencê cn
19. Sur cel aqueduc, voir ici-même GRÊLo.s, p. 515-516. 559/560. mais cette date est auj ourd'hui contestée (communication de Denis Feisse1).
20. Sur le Drakôn (Yalakdere), voir ici-même GEYER, p. 156-165. 31 , Aujourd'hui Temlal. près de Yalova.
21. Drakôn : serpenl ou dragon. 32. Sur des \'es(iges du V I~ s iècle provenant des (hennes de! Pythia, c on se f\'~s à Y~llll\" ;l.
22. Sur cetle roUle el sur ces ponts, voir ici,même LEFORT, p. 469-470. cr. MANSEl dans ISICI1Iblll Miiu leT; Nel,iyllti, 13, 1936. p, 53-54.
23. Sur Nicée (Iznik), voir ci-dessous n' 18, el ici-même BONDOUX, p. 396-399. 33. Sur l'église de l'A rchange [Michell à Pylhiil. l!t sur (' hospiœ, qui cn fai s;lÎl pmb;lbk·lIl1.'nt
24. Sur l'aqueduc, cf. l'inscription d'Hadrien, éd. $AHIN,IZ/lik, l, p. 1 a, n' 1. panie. cf. JANI N, Grcll/(/S n ''''res. p. 85.
25. Le Kara Dere.
VASSILIKI KRAVARI
70 71
~VOCAT10NS Me.OJéVALBS
4. LE GOLFE DE NICOMéDIE AU DEBUT DU VII' SI~CLE
beaucoup de barques, par un mouvement de foi, firent la traversée jusqu:à Élai •. .()"and
, é il S kMn en Galatie, mourul cn 613. Fondnteur d'un mo~astère il Dorylée, le thaumaturge eut appris que le filet restait sans effet pour la pêche, Il le hénl !. pu",
Théodore, n ~ r en Galatie il se rendit dans la régIOn de NIcomédIe en 612 ordonna qu'on le jetât dans la mer pour des prises, et. ceci fait, il fut SI débord.ant ~u o n
\1' p.
puis évêqu." ~na~~,~~~~ ::.. Sl'U(,I/: l, 132-133. éd. ct trad. A. Fcstugière, © ~ociété d";
- Le texle. '97~ ~"'l1'e n été iidigée au VII' siècle. Le passage n:tcnu évoque d,ver.; types eul peine à le lirer vers le rivage. Tant il y avait de poissons. que t~ut le sol en, 1~I la t:fll~ .
Bollandostcs, Il :,• . du golfe Nous reproduisons la traductIon (II. p. 137-139). vert. On en remplit un couffin et l'offrit au saint, en remerciant Dieu. Il les ?t:nlt . c~ .rr.l ~
d'activités sur es !.:\.,.,c:\ -,
un et distribua tous les autre!'; aux gens qui se trouvaient là, puis, ayant .hénl cl c4.m g~(lI c
De rnnde-s multitudes accoururent à tuP" au monastère 35 , de tout le haut et bas pays tous les pêcheurs qui l' avaient accompagné avec leurs barques légère s, .11 enl~a . hJl '.I1l:rn..:
ux alel~ou", d'Hélénoupolis et de Pyles J ", et d~s monta~nes, le,s uns. ame~ant des dans l'église du saint martyr Héraclius42, y pria et reprit sa route vers Nlcomedle ( ~ 1)X) .
~,allldes. les autres recevant de lui de l'huile ou du, v.1Il ou ~~ l, e.~\; 'lu. 11 avmt bémts, pour De nouveau, des lieux sur le passage, beaucoup accouraient à sa rencnntn.: ct k
la uérison des hommes et des bêtes, la productovlté des ,ub~.s, vIgnobles, ,~hamps et détournaient vers leurs vignobles et divers endroits pour qu ' il les bénît. d hcuuco up le
'~~ins inféconds, la délivrance des lieux hantés par des espr,,:,.en sorte .qu Il,Y eut là suivaient par derrière pour être gratifiés de sa bénédiction. Comme. fi ~nn e ntrée :\
~ne énonne conlusion de foules qui le rete~atent depUiS le pet" matlll jusqu au SOtr, Nicomédie, une grande foule des habitants était venue à sa rencontre, il se rendit a
durant trois jours. Après cela, ayant béni le sm.'lIlIlonastère et la ~ollllllunauté des frères, Optatianae43 et trouva là une multitude de peuple qui l'altendait. Il congédia alnr.. le.:"
. . d là t umer à Nicomédie: lUI falSmeut escorte ct ceux du monastère et moines qui l'avaient accompagné depui s Saint-Autonomos, puis. assis prè~ Ju platane.
Il pantt e pour re 0 b' d .. il accueillait les gens, résolvant pour chacun son problème (§ 159.1. 1-9).
ceux du port·" qui est là, également aus~i des ha otants es pDrts avo~smants, ave.c
. . Et à mesure que de heu en heu on apprenUlt son arrivée, on allau
Clerges et encensOirs · cession avec des cierges et des encensements, et les uns, Sur le 5. U NE ENFANCE BlTHYNIENNE DA NS LA SECONDE MOITIÉ DU VIII': SIÈCLE
à sa rencontre en p ro . - . 'à 1 38"
chemin, lui demandaient de faire un détour jusqu' eur~ . campagn:s qUI re~ta~ent lôannikios, né dans un milieu iconoclaste, fut tout d'abord soldat, puis moine :-.ur
stériles et leu", celliers qui laissaient se gâter le von, pour qu Il y accordat sa bénédlchon, l' Olympe de la fin du VIII1." au milieu du lXe siècle. Ce qu'on sait du personnage vient de ocu,'(
el d'autres fois, des pêcheurs dont les filets ne prenaIent plus de pOISSO~. les dISposaient Vies, celle par Pierre et celle par Sabas (milieu du IXe siècle), la seconde de ces Vit!s dépend.mt
à l'avance et les élalaient sur le chemin par où Il devau pass~r po~rqu Ille~ foulât aux de la première4.J. Le passage de la Vie par Sabas que nous traduisons donne sur l'enfance
pieds el qu'ils fussent bénis pour de bonnes pnses, et ~u ss uot apres Ils les jetment à la d'Iôannikios des détails qui ne se trouve nt pas dans la Vie par Pierre: certaÎns d' entre cu;'(.
stéréotypés, semblent req ui s par te développement rhétorique. - Le texte : Vie l/'W(lllll ikio!i
mer et sur-le-champ capturaient une grande ma.'se de. pOISsons ~t , en aY,a~t h~é quelques- par SabaJ. - Le passage traduit se trouve p. 333-334.
uns, ils couraient les porter au saint en reme~clant Dieu. Alors Il les bemssmt et les leur
distribuait ainsi qu'à tous ceux qui se trouvment là. _. Il [lôannikios] naquit dans la province des Bithyniens. dans le village ta MarykalOu" .
Q d '1 fut arrivé au bac de Diolkidés J9 , il entra dans la vénerable éghse de la très situé au nord du lac d'Apollônias"". Son père s'appelait Myritzikos, sa mère An"stasô .
. t Thua~ot~os.o à cause de la foule qui le pressait, et lorsqu ' i1 eut célébré la divine selon moi non sans raison 47 • Il s allaient en effet, eux qui vivaient et versaient dans les
sam e . d blè . '1 1
liturgie, il bénit le peuple et donna à chacun la solution e son pro me; pUIS 1 es épines et l'odeur mortifère de l'impiété48, faire pousser une rose florissante et odori-
congédia, pour s'en retoumer et échapper à l'écraseme?t. Or un certam co~erçant féranle, un juste qui, par l'odeur de sa piété, pour parler comme l'Apôtr''''", a invité ceux
pêcheur de là-bas, sumommé Stratélate, eng~gea I~s momes compagnons du ~amt à. le qui le voulaient à passer de la vie chameIle à la vie étemelle et les a tirés des péchés dans
persuader de ne pas faire le tour à pied depUIS ce heu, maIS à navIguer Jusqu à la c~te lesquels ils étaient tombés vers la résurrection, par la connaissance du seigneur Jésus. Ils
d'Élaia en face", sous le prétexte, comme il disait, que le temps étaot plUVieux, en réahté enfantèrent ceUe illustre lumière de l'église du Christ, lôannikios, la quatorzième annee
pour que Théodore montât sur sa barque et la bénîl : on lui avait en ,:ffet jeté un s~rt, elle de la tyrannie impie du fils de Léon l'Isaurien, Constantin le Nestorien'o, le nourissant
lui causait du dommage et de la perte el ses filets manquaIent toujours leur prOl~. Les seulement de choses sensibles, l'élevant corporellement selon son âge, sans instruire son
frères suggérèrent donc au bienheureux d'user plutôl de la route manhme, et, s étant
laissé persuader à cause surtoul de la gêne extrême de la foule, il monta sur la barque
du marinier qui avait fait ceUe supplique, et ainsi la multitude et le plus grand nombre 42. Celte église n' est pas connue par ailleurs.
de gens venus de Saint-Autonomos eurent leur congé et s'en retournèrent. Cependant 43. Optinianai. faubourg de Nicomédie à l'est de la ville (localisation dans la Vit'. p. 128 de réd. ).
44. Sur les différences entre les deux Vies et sur la signification qu 'elles revêtent, cf. M.l,NGO,
DVO lives.
45. Le nom de ce village se retrouve au xe siècle dans la Vie de Paul clu Ultros, p. :! 1. I!l au
34. Théodore de Sykéôn. . XIe siècle dans SKYLITZÈS, p. 429. - La fonne du norn évoque un propriétaire de domaine.
35. Il s'agit du monastère de Saint-Autonome, près de Prainétos. - Sur ce monastère, voor en 46. Aujourd'hui Apolyoat GOIü.
dernier lieu Foss, Saint Alllol/ome, p. 194-198. . .' 47. Ces noms expliquent en effet les mentions faites plus loin de ta rose odoriférallll!
36. Sur Pylai. près de l'actuel Yalova, cf. MANOO, Hélél/ofJolis, p. 150-158. VOIr ausSI CI- (myripnoos) et de la résurrection (mlQstas;s). Le nom du père d'Iôannikios est probablement shm:
dessous teXle n' 16, et ici-même BONDOUX, p. 404-405. . . (cr. OD8, s. v. loannikios).
37. Emporio" : le tenne se réfère à un comptoir, souvent au bord de la mer, quo pouvrut 48. Les parents de lôannikios auraient été iconocla<;tes, conune on le voit plus loin (p . .'37 J~
correspondre à une agglomération; cf. aussi Foss, SaillI Alllonome, p. 192. l'éd.). L'indication ne figure pas dans la Vie par Pierre. - lôannikios devint plus tard moine c:t i\.·\lll·
38, Proasleia : il s'agit de domaines. odoule.
39. Oiolkidés : peut-être Gtilcük, sur la côte sud du golfe de Nicomédie; cf. JANIN, Grands 49. Il Cor. 2, 16.
Ctnlres, cane p. 82. 50. Constantin V. - lôannikios serait donc né en 753/54, selon cette \Ile. dans \;Iqudk k s
40. Cf. ibidem, p. 93. É . indications chronologiques sont à ta fois insistantes et peu sOres; ou plutôt en 762. (OIl1I11\.' il
41. Donc sur la côte nord du golfe de Nicomédie. Janin (Grands cenlres, p. 92) met laoa en résu lte de la Vie par Pierre.
rnpport avec le toponyme actuel Zeitun Burun, cap situé en face de GÔlcUk.
VASSILIKI KRAVARI
72
aVOCATloNS MA.oré,VALe5
7 .1
âme vers tout ce qui conduit à la vertu et à Dieu par les paroles et les lellres divines, Mllis
lui , comme enseigné par Dieu, etl'Esp~t di~in inscrit ~ans le cœur, outre ln simplicité forme un croissant entouré de tous côtés par la forêt et il offre une seule voie tI ·ac<;t: ... (~I.
du maintien. il acquit avec l'âge une fOI flonSsfmtc.. qUi rend parfat.t. pnnclpe et racine Au centre s'étend une très belle plaine, un ruisseau dont l'eau est powble, fraîche ct
de tous les biens. ct cela nouS le montrerons cl.mrement en dé~t\ll à ,ceux qui ne le limpide. il bénéficie de nombreux agréments, sans compter "église de Dieu qui s'y trouve.
sauraient pas. Dans son premier âge. lorsqu'il avmt s:pt ans, le S311l1 étmt envoyé paître Le grand Théodore, avec son oncle Platon et les autres, se rendit à Boskytion cl il
les porcs par ses parents5l , Chaque fois, il les, poussmt à la ~âture selon la c~utume vers l'endroit, voisin, de Sakkoudion ; il adressa de.~ prières à Dieu. ct. réali sa nt la tflChe cn
l'endroit convenable. les signant du signe viVifiant de la crOIx ; les laissant. Il s'en allait la surveillant, il fit alors de l'endroit le splendide établissement monastique que r {Jn voi t
où il voulait pour tout le jour. marc-hant aux alentours et r~stant ~bsent. En son absence, aujourd'hui. Sa mère et une de ses sœurs se firent donner la tonsure dan s un :IUIrC
ceux-ci paissaient sans se disperser. sans dommage, s~ns elre pns ~nr des voleurs ni par monastère, de femmes, où elles menèrent une vie sainte et sublime.
des bêles sanguinaires. jusqu'à ce qu'il revienne le SOIf pour les faire rentrer. Ainsi cela
fut-il fait et dirigé pour lui par la grâce divine pendant tout son second âge, visiblement Lorsque Son oncle Plnton lui demanda d'ériger à Sakkoudion un monastère dédî~ iL
parce qu'il allait soumettre l,:s passions, repo~sser et écarter les démons ennemis saint Jean le Théologien, de nombreux hommes pieux furent heureux. comme il est
de notre vie qui y prennent plaiS", comme des betes sauvages et des voleurs, Au début naturel, de participer aux dépenses. et il se mit à l'œuvre avec une grande fni cf un grand
de son troisième âge, à seize ans52 , la trente et unième année du règne de l'empereur, la zèle, Il fit en sorte que l'église fut grande et belle; non seulement il décora le plafond Cl
première année d'Irène amie du Christ", mariée au Khazar Léon son fils 54 , il était tout les pendentifs aux côtés égaux de tessères variées aux couleurs resplendi ssa ntes. mai:-. il
entier façonné selon son âge et il avait une apparence supéneure, très belle et noble, rendit même le sol éblouissant par la diversité des marbres et l'éclat des pi erres.
Ensuite, dans sa dix-neuvième année, il fut inscrit par le tyran dans 1'3!'~née des ex-
koubitesSS, dans le dix-huitième bandon, lors d' une levée d' hommes réguhère, et il fut 7. L'OLYMPE AU MILIEU DU Xc SIÈCLE
toujours considéré par ses camarades comme un astre resplendIssant. Non seulement il
l'emportait sur tous par la force du corps, la beauté et la taille, mais il se conciliait les En septembre 959, COnSlaTHÎn VII Porphyrogénète, malade et tenu il l'écart. effectua un
voyage à 1 Olympe. au cours duquel il rencontra Théodore de Cyzique61 . L'évocatio n de cc
autres soldats par la supériorité de sa bonté naturelle, servant humblement, et, dans les voyage, qui repose peut-être sur diverses sources. est émaillée de notes érudites. - Le tc . . le :
guerres, par la force du Christ, apportant son aide à ceux qui en avaient besoin, et les THÉOPHANE' CONTINUÉ, p, 463-466,
reprenant à l'ennemi, Mais il persistait avec ses parents dans l'hérésie iconomaque, dans
la haine de Dieu et de l'économie de Jésus-Christ, cette souillure ayant fondu sur l'Église L' e mpereur avait grand désir de se rendre sur le mont Olympe6::!, pour visiter les
saints pères qui y demeurent6.l, bénéficier de leurs précieuses prières et recouvrer la sa nté
par l'invention du père de celui qui tenait le sceptre, Constantin, ou, pour dire vrai, par
grâce au changement de lieu el à la bonne tempérarure de l'air64. Car une maladie tenue
le conseil et avec la coopération du premier iconomaque, Satan leur père,
cachée le consumait6S , pour laquelle il se livrait à la sollicitude des médecins, et en rai son
de laquelle, surtout, il avait besoin de gagner l'Olympe. Pris par ce désir, il monta
6, LA FONDATION DU MONASTÈRE DE SAKKOUDtON À LA FIN DU VIII' SIÈCLE
aussitôt sur son navire et se dirigea vers le pays des Bithyniens, vers Priétos, que les gens
du lieu appellent Prainétos66 et qui a reçu son nom d'un ancien dieu bithynien 67 , De là,
Théodore Stoudite, qui fut higoumène du monastère du Stoudios à Constantinople
(aujourd'hui Irnrahor Camii) appartenait à une famille de fonctionnaire s, iconodoules, de la il gagna Nicée, ville depuis longtemps riche et bien peuplée, Depuis celle-ci. il se rendit
capitale, Lui-même et son oncle Platon ont fondé en 782n83 le monastère de Sakkoudion, dans un monastère situé au pied de la montagne.o, où l'on honorait le manyr Athéna-
pres de la côte sud de la Marmara", - Le texte: Vie C de Théodore Stol/dite, - Les passages génès69. L' higoumène du lieu 1Il0ntra à l'empereur des lettres de son père 70, signées au
traduits sont p, 262 et 263.
À cette époque, les monastères manquaient, en raison de la rage et de la folie des
empereurs57, Or Théodore possédait un domaine dit Boskytion, situé en avant du
.69.La description du site de Pélékètè dans la Vie de Momire de Pélékèrè (p. 145) et œll~ dl:
Médlklon par Psellos (KD, nO 125) développent les mêmes lieux communs.
Katabolos58 ; il le consacra à Dieu et en fit un monastère, car il avait toujours eu à l'esprit 61. Cf, SKYLITZÈS, p. 246-247. - Théodore de Cyzique fut exilé à Nicée après la mort de
et souhaité de prendre l'habit monastique, S'exilant du lieu qui les avait nourris59 , tous Const3nUn VII : cf. DARROUZÈS, Épisloliers, p. 61 ; l'exil est évoqué dans la lettre nO 22 (ibidt'm.
p,335),
les siens gagnèrent l'endroit. n est agréable et tranquille, ombragé par toute sorte d'arbres, 62. Sur l'Olympe (Uludag), voir aussi ci-dessous texte nO Il.
63. Sur les monastères de l'Olympe, cf. JANIN. Grallds ,'ell/Tl'S, p. 131 sq, et ici-mërn~ Al1zÉPY.
p.44I-445,
64. Sur le cl.imat vivifiant de l'Oly~pe, cf. la leure écrite vers 941-944 par Constantin VII :1
Théodore de CY~lque. alors à Olympe: Il est sOr que Théodore se pone bien, grâce à " la situation
51.11 s'agit d'un lieu commun: le jeune Paul du Latros faisait, lui aussi, paître des porcs (Vie avantageuse du heu pour la santé, car y résistent à la chaleur de l'été la fraîcheur de la mOllla"l1e
de Paul du Latros, p, 23), l'abo~dance inépuisabl~ des e~ux de source. très ag~ables et délectable~, la généreus~ fraicheu;
52, En 769nO d'après ce qui précède, des lallues et tout ce. qUI nourrit l~-bas les s.amts momes» (D~RRouz~. EpislOliers. p. 327).
53, L'impératrice Irène a régné de 780 à 802, 65. Selon Skyhtzès, p. 247, Il est pOSSible que Constantin VII ait été empoisonné par S(1I1 fils
54, Léon IV, Romain Il,
66. Sur Prainétos (aujourd'hui Karamürsel), cf. ici même BONDOUX. p. 403-40·.1..
55, Régiment de la garde impériale, 67. Preiétos, dieu guerrier : quatre autels ponant l'inscription SEc!) npnÉ\"(t) 001 él~ tWl1\"~CS en
56, Sur le monastère de Sakkoudion, cf, JANtN, Grands centres, p, 177-181, et ici-même t939 près de Nicomédie (cf, RE, XXII, 2, 5," Preietos, c. IS32, 1834-t835). '
AuzbY, p, 434, 68, L'Olympe,
57, Il s'agit des empereurs iconoclastes, 69. Sur ce monastère, cf. JANIN. Gra"d.'i al/tres. p. 134 .
58, Sur le Ka,lIIOOlos, région située entre Kios et Mudanya, voir ici-même AUZÉPY, p, 447-448, 70. Léon VI.
59, Constanunople,
74
VASSILIKI KRAVARI
tVOCATIONS MéolaVALES
7,
inabre. On dit en etret que lorsque le pieux empereur Lé~n passa il cet endroit ~n s~ ren-
~ t vers les hautcurs de l'Olympe pour demander que lUi SOIt donné ~n fils qUi.lUI suc- 9. LE BIITAIL TRANSITANT À PVLAI À LA FIN DU X' S1~CLE
an .:\. l' 're cclIii qui était alors higoumène du monastèle, Pierre, avnn prédit
cédermt"
'1 dempi
' { un , fils qui lui ' succéderait et qUI. se ren d rait' (11 1'01 ympe,à 1a filn de Sa Léon, métropolite de Synada (aujourd' hui ~uhut . en Phrygi~). né vers 940. csl r.llItèu r c!c
reral nombreuses lettres. qui sont parrois pleines d' humour ou d'irome, - Le lexie : Icllrt! ad~I; "':-'cc
q? 1 enpgen h énète reconnaissant que l'écriture était celle de SOli père, Léon, dit que
vie • Le orp yrog à. l'empereur Basile Il, L~ON SVNADA, Correspondance, éd. cl trad. M . PolI;Jr(J VIIl \ on .
d ,ol'I,e ,éta'lt exacte De ce monast ère, 1'1 sc len . d't1 au pie . d d e 1'01 ympe DE
<..1 "
la pn.'ulcuon u n " . M ' • 1 M' ' Washington, 1985, nO 54 (début 996, cf. p. \37). - Le passage Iraduit eSi p. ~o.
cet 01 mpe que d'anciens écrits disent au~sl des yS lel~s parce que es YSle~s y
. y ,. D là l'empereur gravISsant avec peme des montées excessives Mais voici que, démon ou fortune, je ne saurais dire qui, m' a jalousé - ou hicn ~ I a it ·
résldment autre,OIS. e . ' . d " pè ..' ce en raison de mes nombreux péchés ou d'autre chose, je l'ignore -. ct m' . . < Irrl: t~ ~t
difficiles, sinueuses et escarpées. atteignit les e~l:ltngcs ~.s S~I~ts ~es; Il'Avn le.s
moines, iJ les embrassa et, ayant reçu COI~ll11e ~tatlq\1e ,leUls. pn~~es utiles à.1 ame, 11 Pylai, endroit misérable et à l'écart, que je ne peux pas dire pauvre puisque lUI manquellt
. na Brousse71, ville fondée par un anCIen rOI ?es BlthyJ1Iens -, en, souvemr de ses même l'ordinaire et le nécessaire, qui a pour toute civîlîté et attrait fe fail que \C :-. hnhita nh
~~g'oits et de ses opérations militaires qui surpassaient celle? des I:OIS ~ .lors73 . Non loin y accueillent avec la plus grande soIHcitude porcs, ânes. bœufs. chevau x et moulons.
de~a ville il prit un bain, ayant vu que des eaux c?audes J3llhss",~nt ,dans lesquelles, transportent et expédient le bétail vers la capitale, alors que nous. les humaÎn:-. . ih nou . .
selon les I;,ythes. Héraclès, errant à la recherche d Hylas, se punfta du sang du meurtre retiennent et ne nous reçoivent pas, nous considérant comme des êtres ahominahlc:-,.
's à cause d'Hl"as 75 . L'empereur, ayant appns 1des samts pères souillés d'impuretés, maudits et débauché•.
qu " 1'
1 avait comml .. . .que Sur
les hauteurs de l'Olympe se trouvait dans une grotte un ~énérnb e .seete qUi avmt I.e don
10. LE MONASTÈRE DE MÉDlKION AU MILIEU DU XI!; SI ÊCLE
des signes, eut le désir de se hâter vers lUi. Com,;,.e 1 empereur am.vatt, le vieillard,
é 1 'ré ne lumière divine, quitta sa cellule, s mchna devant lUi et lUi donna sa Michel Psellos, écrivain, fut charisticaire (protecteur et prébendier) de plu sie urs
c 'éld' ~ar uL' empereur lui demanda qui il était, d' où et comment" survenait ainsi. Il
bén Icuon. monastères bithyniens, dont celui de Médikion, qui avait été fondé dans les a nnées 780 prl:s
." l ' t ' t ' L'empe d'
répondit : <~ sachant que ta majesté ven~t à ~nol,je viens p UC~ ~ 01». . feur eVI~a de la côte sud de la Marmara79 . Lorsqu ' il cut acquis des droits sur cc monastè re. Pse llos fut
. '11 d éta't un envoyé de Dieu Il reçut comme vlOtlque ses pnères et appnt désappointé par la mauvaise situation financière de l' établissement et il pria l'empe reur tic
queevlelar
1 l ' . d' • transfére r ce monastère à un aulre dignitaire HO • Par la présente leure, alors qu'il est cncon:
qu' il allait quitter la vie; puis il revint aux errmta?es es samts peres et, ,ayant partagé
responsable de Médikion, il demande au juge de la province. dans une lettre enjouée . de
leur repas, il descendit aussitôt vers la mer. Le fatt qu .11 fût ?,alade étatt Ignore de la plupart, renoncer à son droit d' y héberger sa suite lorsqu ' il est en lournée. - Le texte : MB. S. nO 29.
mais lui-même dépérissait en raison de sa maladie mtesunale et de la fièvre .
À Zômas, juge de l'Opsikion.
8. L'OPULENCE DE NICÉE DANS LA SECONDE MOITIÉ DU xe SIÈCLE Tu supportes sans doute les multiples demandes qu 'on te fait avec moins de peine que
j'en éprouve en sollicitant pour de nombreuses choses les mêmes personnes. el en parti-
Jean le géomètre. ou Kyriotès, poète de la seconde !1'0itié du xe siècle, est l'auteur d'épi· culier des gens comme toi, juge attaché à l'équité. Mais puisque nos pensées s'adaptent
grammes, et en particulier d'hymnes et de dlscours reJIgleux. Sur le personnage, cf. ODB, s. v. aux circonstances, comme on l'a dit, je me plaindrai encore une fois en t'adressant des
John Geometres. - Le texte: PG, 106, c. 951. demandes, et pour ta part montre-toi patient et philosophe.
J'avais besoin d'un monastère, grâce à Dieu ce qui manquait a été acquis. et je
Pour Nicée détiens maintenant Médikion. Médikion est certes un monastère, mais il est obscur. la
Ville d'Athènes, ne te vante pas de tes olives. réalité étant en accord avec le nom SI . Je ne sais s'il dispose de beaucoup de terre. mais
Nicée, par elles et avant tout par les vignes, je sais bien qu'il est couvert de dettes ; beaucoup me persuadent que, si je rembourse les
les prairies, les jardins, les arbres, le bétail et le lac, dettes, achète des bœufs et me procure du bétail, si je plante des vignes, détourne des
victorieuse76 en tout, est bien nommée. rivières et dérive les eaux, si je remue la terre et la mer pour ce bien, j'obtiendrai cent
Trois villes produisent de bonnes olives, médimness2 de blé, plus du double d'orge, et tout ce qu'on veut d'huile.
Nicée, Préneste71 et la ville d ' Érechtheus78• Pour ma part, avanl d'obtenir quoi que ce soit, j'en jure par ta chère âme, j 'ai dépensé
assez d'or; mais, puisqu'ils83 ne savent cien au chapitre de ses ressources, que je suis
seul à connaître, voilà, je t' ai envoyé le moine, une langue animée, et je t'expédie ceUe
lettre inanimée, qui, si tu le veux bien, est eUe aussi vivante. Je te prie plus que jamais
de me répondre et de me faire savoir à temps tes dispositions et sentiments à mon égard.
71. Sur Brousse (Bursa), voir aussi ci-dessous texte nO 21, et ici·même BONDOUX, p. 384-386.
72. Prousias 1" (ca 230-182 av. J.-c.).
73. Prousias 1er gagna plusieurs guerres, en particulier contre Pergame. Troie et Byzance, et
conquit des forteresses situées sur la mer de Marmara et sur la mer Noire.
74. Sur les thermes de Brousse (Çekirge), cf. RE, XXIII, 1. c. 1082-1083. 79. Sur le monastère de Médikion. au sud de Triglia (Tirilye), cr. JANIN. Gnmds Ct'lIfrt' .\'.
75. Héraclès avait tué le père d'Hylas,le roi des Dryopes Theiodamas (voir, sur ce personnage, p. 165-168, et ici·même AuZllpv, p. 433-434.
RE, V A, 2, S.I'. Theiodamas 3, c. 1605-1610). Hylas eSt devenu l'amant d'Héraclès. Enlevé par 80. Cf. KD, nO 202.
une nymphe près de Kios, Hylas aurait péri noyé. - Le texte de Théophane continué nous semble 81. Puisque mèdén signifie «ricn».
à cet endroit mal établi; nous avons traduit selon ce que nous pensons être le sens. 82. Sur le médimne, terme archaïsant pour désigner une unité de volume. peut-être é~llti\"'l k' nl
76. En grec, lIikôsa. au modios, cf. SCHILBACH, Metrologie, p. 97-98. 105.
77. Aujourd'hui Palestrina, près de Rome; cf. RE, XXII, 2, s. v. Praeneste, c. 1550. 83. Les moines du monastère.
78. Athènes.
VASS1LlKl KRAVARI
76 77
aVOCAnONS MéOltVAlES
On me reproche en effet, me dit-on, de t'offrir l'hospital.ité~' ~ne fois par an, et, alors que
je devrais m'en réjouir, je le déplore. Cnr ~' tOI, très ./lne cl Ilès n()~le, lu le prélasses Si les genévriers, les myrtes et les lentisques, dont les fruÎls sont des baies. rcçoi vt: ol url
dans ce pauvre monastère. ilmc sera dltlïclle de pers~nd~r ton succc~seu~ d~ renoncer à passant à leur pied, de quels zéphyrs ne le rafraichissent-ils pas, de quc.l ~ c hallh
cell~ réceplion annuelle. Quanl i\ moi, ce qui me sotlcle. n esl PII~ de 1 offnr 1 hospilalité, d'oiseaux ne le charment-ils pas, lorsque ceux-ci, à midi. parlent la lan gue atllq u~ (bn ,
je sais en effet que tu te fuis servir une ~ahle ph.l1osopI1l~l1e. mais d: vOIr.?la ,renommée les feuillages! Et l'ombrage du gattilier aurait besoin d'un hymne en langue plat(Illicll:nnl'
diminuer de ton fait. loi qui cs un anll et l~n J~lge. Atm qu~ tu ne consldèlcS pas ma Tels sont les aspects matériels de ces monts, encore cn a-t-on omis la plupar!. M a i... quel "
demande comme une petitesse. je te recolllU\lt11.U toute la dette q~le lu voudras: protège. sont leurs aspects spirituels? Des grottes qui y sont naturelles. tranquill c n\l.: nl uc U:-,',:Ç\
moi seulement de ceux qui se trouvent dans ,le monnslère, qu Hucun ,membre ?c ton dans la terre, quelques simples enclos faits de la main de l'humme. ct de;.; Il\(,na"k fl.."·'.
escorte n'y vienne. ceux qui ,le feront ap~s tOi m~ suffiro,!~. alors que Je ne serm peut· certains établis sur les hauteurs, d ' autres splendidement édifiés au creu x de .. n)(I /lT " . f~ Irrn..: nl
être plus dans la capil.le, mais dans la régIon de 1 Olympe·. > > ' •
tous comme des torches, brillantes ou faibles. plantées dans la mo ntagnl.:.. 1.":" .. rhr..: -,
M' l' b'el de ceue nusSlon et de celle leure est-II que tu ne reçOIves nen du fruitiers constituent parfois des vergers. ou bien po ussent avec les arbrr;~ de la IlIr'::l. k ...
als
" Bo. ~n sUr que non! Comment poUlmis-je écarter des domames el des villages uns plantés par la main de l'homme, les autres venu s d 'e ux-mêmc-;.
monasl ère. 1 • , J" .d d b Ainsi en est-il sur les hauteurs de la monulgnc. et bicn d:lvantugt:. (.'(l m mt~ l}/l peul
celui que j'accueillerai avec plaisir dans mon cœur " al HgJ ans eux UIS: pou~ que
tu saches que je suis devenu le maÎlre du monastère: et afin que tu ne le revendIques imaginer dans un état d'allégresse. Mais cc qui form e replat CI paraît à qui ri.!g; IHk cnn-
pas 86 • que tu manifestes ta faveur à l'égard de ses mOllles, et qu~ lU t~sses ce qUI r;lève venable aux chevaux semble un autre monde. opposé au précédcnt. Pré.s et pùtur'lgc.: .;, J
de 1. vraie amitié. Ne prends donc pas mal m. demande, maIS, SOIS content d avoir sont abondants, humides et même arrosés: ils peuve nt nourrir les c h e\' ~lu )l, . . i l'fi n veut.
et conviennent aux bœufs. aux chèvres et aux moulOns. Certains anÎm o:tux y p~ti ...... ent t! n
l'occasion d'être mon bienfaiteur ; car lu ne ~enC?nlreraS pas un: ame mgrate, mrus une
7 troupeau. d ' autres vont chacun leur chemin. comme s' ils étaient insais isç,abl cs : en dic!.
âme et une langue capables, l'une de remerCIer, 1 autre de louer .
personne ne leur lance d e flèche ni ne les chasse, sinon ils seraient effrayé ... cl "c
cacheraient, mais ils vivent avec les hommes el ils ont s' ils le veulent la même nourriturl!.
11. L'OLYMPE DANS LE TROISIÈME QUART DU XI' SIÈCLE Quant à ceux qui s'y abandonnent à l'ascèse divine - car la vic là-bas t:!st vé riw.hltl11t!nt
un abandon -, les uns forment un même chœur et se pénètrent en commun de l'esprit.
Le même Psellos. devenu moine, s'est rendu sur l'Olympe au débul de 1055, et y ~ncontra
lè futur patriarche Jean Xiphilin, qui y pratiquait l'ascèse. ~sellos déCrit en tenne... dIthyram- s'accomplissant sous un coryphée. premier guide vers la vertu: ils ont un seul c hant. une
biques la montagne el la vie des moines de l'Olympe dans 1 élo~e funèbre de Xlphilm (mort le seule table et tout est en commun. D'autres, qui vivent dans un même monastère. mais
2 aont 1075). - Le texte: MB, 4, p. 421-462. - Le passage tradUIt est p. 442-444. chacun à part, se réunissent pour la liturgie sacrée mais ont un régime sé paré. CertôlÎns
enfin, qui se sont à lous égards mis à l'écart des autres, se trouvent au-de ssus de la nature
1\ y a aussi celte montagne que les Hellènes nomment pré céleste, où ils cr~ient ~ue qui est celle d'ici-bas ; eux certes ont gagné l'esprit d'indifférence: ils ne travaillent pa.."
les meilleures âmes résidenl, et qu'ils placent entre le corps des nuages et celUI du cIel, de leurs mains et ils ne font rien d ' autre que se consacrer à Dieu et recueillir les fruits de
comme s'il offrait une variété de plantes dépassant les étoiles. En effet, la variété et la l' union surnaturelle.
diversité de ses paysages sont pleines d'harmonie, et chacune des viles qu'one~ a s.uffit
à procurer un plaisir accompli 88 : ene est partagée entre hauteurs et replats, qUI rivalIsent 12. LES CROISÉS EN BITHYNIE À LA FIN DU XI' SIÈCLE
entre eux; si quelqu'un marche dans la plaine, il condamne la terre montagneuse, alors que
s' il monte sur les collines, il méprise 1. plaine praticable pour les chevaux. Aucune partie Alberl d'Aix, chanoine à Aix la Chapelle, a composé, dans la première moitié du XII'
de la montagne n'est dénudée; l'eau qui sourd de la terre tantôt coule en ruisseaux, siècle. une Histoire de la première croisade. - Les événements relatés se passent en 1096.
- Le texte: ALBERT D' AIX. - Le passage traduit est p. 283-289.
tanlôt fait pousser et arrose les planles ; des platanes, des cyprès el d'autres arbres à la
cime chevelue se dressenl en rangs comme si on le leur avait ordonné, ou se groupent en Xv. Pierre el SOli année sont bien reçllS par l'emperellr. puis passent la mer.
bosquet, mélangeant leurs feuillages et faisant au-dessous comme un autre paradis Pierre'., ~evenu du palais o~ il avait parlé avec l'empereur'lD, qui l'avait bien reçu, ne prit
encore intact. Ici en effet des arbustes poussent d'eux-mêmes, comme certains arbris- que cmq Jours de repos à la campagne au territoire de Constantinople, où Gauthier Sans-
seaux que ne sépare pas un feuillage élancé, mais qui viennent denses et poussent dru. Avoir dressa également ses tentes; à partir de ce momenl ils s'unirent, mettant en commun
Et quelles eaux s'en écoulent! Certaines, fraîches et limpides, courent d'elles-mêmes leurs troupes, leurs armes et lout le nécessaire. Puis, au bout de cinq jours, ils enlevèrent
de tous côtés, d'autres, enfermées comme dans des puits, venues des profondeurs et rem- leurs tenles el, grâce à la flotte el à l'aide de l'empereur, ils passèrent le bras de mer de
plissant l'orifice jusqu' au bord, reSient immobiles, comme sur un ordre de l'empereur. Saint-Georges91 . Enlrant dans le lerriloire de la Cappadoce9 ', ils arrivèrent à lravers la
montagne à Nicomédie, o~ ils passèrent la nuit; ensuite ils établirent leur camp près du
port appelé Civitot93 • Sur ordre de l'empereur, des marchands y conduisaient en nombre
des navires chargés de nourrilure, d'une grande quantité de vin, de blé, d'huile, d'orge
84. Allusion au kat"isma, obligation de mettre à la disposition de l'administration provinci~e et de fromages, vendantlOul aux pèlerins, respeclanll'équité el 1. mesure.
un bâtiment, qui sert de pied-à-terre aux fonctionnaires (cf. OIKONOMIDÈS, Fiscalilé et exempt/OII
fiscale à Byumee (IX<-XI< s.J, Alhènes, 1996, p. 94-95).
85. Psellos est en erret devenu moine sur l'Olympe, cf.ODB, s.v. Psellos, Michael. ,.
86. L'édition porte tà avnxolEîollal tautTlç, ce qui ne fail pas de sens; nous croyons qu Il 89. Pierre l'Ermite.
faut corriger 'ta ~n clVtl7tOlt\a6cXl taut11ç. 90. Alexis 1er Comnène.
87. En fait, le juge a conlinué à importuner le monastère, comme on l'apprend par une autre 91. Le Bosphore.
lenre, que Psellos lui a adressée (KD, nO 140). 92. Le tenne «Cappadoce» désigne ici l'Asie Mineure.
88. Nicétas Magistros, quanl à lui, avail estimé que l'Olympe élail un endroil ~lulÔI 93. Kibôtos, Le Chivetol. près d'Hélénopolis; \loird -dessous [~X.[~ n" 15; cf. Fo.ss. N Ù·('lIlc ·d'cl.
désagtiable, s'il ne s'était honore de la vie conlemplative des moines: L. G. WESTERlNK, Nlciras p. 63, 64. Voir ici-même GIROS. p. 212.
MagiSlros, Lellres d'ull exilé (928-946J, Paris, 1973, p. 103.
VASSll.1KI KRAVARI
78 ~VOCATION S Mt!DI~VALP~~
J')
'1 bé éficiaient ainsi de loui le nécessaire, soignanl leurs corps faligués
. Alors qu 1 s é nde l'~mpereur très chrélien, qui inlerdirenl à Pierre et à l'ensembl~ come et d'os. c'étaient des archers d' une extrême habileté, Les ayant rH ,,~e. mh\é, . (.I.(:l ~ X
amvenl des envoy s . 1 montagnes de la ville de Nicée94, à cause des embuscades et jours après la victoire des Teutons. il revint d' une région éloignée ~e r~ 1... VIII ...: d~· ,~'~ L: ..:.l.:
de ram.ée. la ro~te ~rs eSlant q~e le nombre des chréliens ne serait pas devenu plus avec un contingent très important. Sa douleur et sa colère crurent à l "nntlllCC -1. .· 1 .. ~. I'~' )II
des mcurstO~S es rcds, 1 cela donna son accord aux envoyés cl il h. décision de l'em. des Allemands, de la prise de la forteresse qu'il avait pt:rdut:. du m<.lS'a(: rt! c l d:..: 1 ~~·': I )'I~ ,.I' J n
. ponanl P.erre enlen an •, , •è l' d . de ses hommes. Alors. le troisième jour. au lever du soleil. Soli m wl. qU I .1\ ;ul d; , hl , .... 1111
.m :,. ar j'ensemble de la foule des chréliens. Ils s arrel . rent " eux mOIS, repus,
pereur. sU:i~ ~lla 'oie, donnanl à l'abri de Ioule a\laqu~ ennem.e." , camp hors de Nicée avec sa troupe. marcha sur la forrcrl.!s sc qu('. k .~ Telll '1I1·, :1\, 11 :.:111
f
dans la Ler 'eu;,esfonr du bulin aute,.rUoire de la VIlle de "!,cee et s .e'!II!arellt d Ime prise, Ses porte-enseigne. l'attaquant viol emment sous la protectÎoll d(;~ ~ ....·hcr , P':.(l'.:111
de flèches el épuisent les Teutons qui résish!nl va illamment sur k'''' mu r;ldk , p~Jl \ . nt:
XII. . J. A boul de deux mois, excités et débndés par 1 oISiveté el l'in.
[OI1C,..sse de SoII/lJ~J. u 'ture ils n'écoutèrent pas la voix de Pierre, mais, contre sa pouvant plus résister. ils sont repoussés de l'ellCl!inlC l' l des mur:l ilk .., r;~ r UI "-: \ï IJl: nk
calculable quantité e 1nou~lag~e sur le territoire de la ville de Nicée et du royaume de grêle de flèches et. dépouillés et bouscul~s, t'herchent à ~l! flll.:ttrc a I·ahri ·.k ... tr;nh a
volonté, enlrè~nl~~~~;n~t s'emparèrent de bétail, de bœufs, de moutons, de boucs, de l'intérieur de la forteresse. Les Turcs. voyant qu'il~ av~jL'IH rha, ... 0 k '. r\lklj):l1lJ ., d~ ,
Sohman, duc es , . des Thrcs et les amenèrent à leurs compagnons. Lorsqu'il murs et de l'enceinte. s'apprêtent ü escalader ks Il1LJf'i ct l"t'nl.:cink. r,Lti:-. 10.: ... •\IIt.'lIliLnd ...
tro peaux des Grecs au s e m e e , . '. qui étaient dans la forteresse. voulant à tout prix SJ.lIVC( leur . . . ,~~, rt'pllu ... :-.;liL'fll de leur ...
1 U ut ~Pierre le prit avec tristesse, sachant que leur action ne re~termt pas !mpunie ;
s en .aperç '.. . l ec insistance de cesser de prendre du bUlln, selon 1 ordre de lances ceux qui voulaient entrer: d'autres leur rési:-.taiL'nt dc front avec I.k'i ~ rccs ct dc :-.
ausSi leur enjo.~m~-I av 'n qu'l'l s'adressa à une foule inconsciente et désobéissante doubles haches, jusqu'ü cc qu'ils renOIlCl!l1 t Ü escalader. Ausr..;j Ic~ Turl.: .... ne r~u s" i s~ allt
l' pereur . malS c est en vat . " pas à déloger les Allemands par !..:CUe offensi\'e Cl cette :,;r0k fournie Je tlêchc."i ,
em m~ tout se passait bien et qu'ils ne craignaient plus de raVIr du but.t~, les
entassè rent du bois de toute espèce. à la porte de la forteresse cl y mirent le feu: la portl..!
. Corn. t décidèrent de rassembler une force armée pour SatSIr du
jeunes excités et arrogan s, . é d N' , • 1 d Th brûla. ainsi que plusieurs hiltimcllts qui étaient d~ms la forteresse. si bien que. Ic:-.
butin dans les prés et les pâturages, sous les murs ~e la Clt . e Ieee: a a vue es rcs, flammes et la chaleur augmentant, ccrt..ün s furent brûlés. d'autres sa utèrent de.s murs
d 1 ener. Dans ce but, ayant rassemblé Jusqu à sept nulle fantaSSIns avec seulement dans. l' espoi r de sc sau ver~ Mais les Turcs qui étaien t fi l'extérieur tuaient ~I l' t!pée ceux
et e e ram l' . ssés '11s panirent en élevant leurs étendards dans un grand
trois cents cava leTS cUira • , , qui sortai ent et fu yaient: environ deux cents, jeunes el bien faits de corps c l de visage.
è t des prés de la ville de Nicée sept cents bœufs avec du pellt bétatl et, furem pris el emmenés: tous les autres furent anéantis par l'épée et les flèches.
tumu 1te, ramen rel n d PI'erre Ils firent un festin copieux et gras: et ils vendirent le gros XVIII. L 'amu!e artel/cl Pier,.e pel/e/a'" Jlllit jOllrs : le.,· Turcs décapitent de,\· membr"...
de relour aux len es e ,
du trou au aux Grecs el aux marins sujels de l'empereur. . '" de ('amu:e. Soliman rentra de ceUe dure expédition punitive avec les siens et les
Le~TeuIOns96, voyanl que les affaires marchalenl bIen pour les Romams d ongme Alle mands prisonnil.!rs. et le bruit de ce très cruel carnage de Teutons parvint au camp de
fran ue el qu ' ils revenaienl chaque fois sans encombre avec leur bUIIn, smsts à leur tour Pierre: les esprits et les cœurs dt! tous furent bouleversés de douleur par le massacre de
par lqapasSlon. de 1a rapl'ne , se rassemblenl à lrois mille fanlassIn s et seulement deux .cenis leurs compagnons. Aussi. sous le coup du malheur arrivé aux leurs, ils discutaient sans
cavaliers; ils s'engagèrenl dans le même chemin de monlagne avec leurs e~setgnes arrêt pour savoir s'ils se dresseraient toul de suite pour les venger ou s'ils en parleraient
jaunes et pourpres el arrivèrenl à une forteresse du selgn~ur Soliman; ~~c el pnnce des ft Pierre, Car peu avant Pierre était parti pour Constantinople auprès de l'empereur. pour
Turcs, là où s'arrêtent les monlagnes el la forêt, à trOtS mtlles de N.cee . Ils ~ssatll~nl lui demander de faciliter la vente des denrées nécessaires pour les besoins de son armée,
celle forteresse avec Ioule la puissance de leurs armes el une tureur gue":t~re, s em- Dans un conseil qu'ils tinrent. Gauthier Sans-Avoir s'opposa à ce qu'on parte venger les
parèrent des habilants qu'ils livrèrenl à J'épée, n'épargnant que le: Grecs chrelte~s: 10US frères avant de mieux connaître les circonstances de l'événement et avant le retour de
les autres, qui furenl pris dans la foneresse, furenl. tués ou cha:ses. Après la pns~ de la Pierre, dont l'avis devait guider toutes leurs actions. Cet avis de Gauthier calma pendant
forteresse el l'expulsion de ses habilanls, ils se réJoulfenl de 1 ab~ndance des ahmenls huil jours le peuple qui altendait l'arrivée de Pierre. Mais celui-ci ne pul. dans ce délai,
qu ' ils y trouvèrenl; excilés par celle vicloire, ils se persuadèrenlqu en occupant la fo.rte- obtenir de l'empereur la pennission de revenir.
resse, ils soumeltraienl facilemenlles lerres de Sohman et sa pnnclpaul~, r~pporterru~nl Le huilième jour les Thrcs, hommes belliqueux et brillants dans l'art de la guerre,
se précipilèrent hors de la ville de Nicée, au nombre de cenl, el parcoururenlla région et
de panout butin et nourrilure et vaincraienl sans danger Sohman avant 1 arnvée prOlmse
les villes situées dans les montagnes. voulant savoi r et comprendre ce qu ' étaient devenus
de l' armée des grands princes. le butin et les rapines faites par les Gaulois99 . Ce jour même, on rappone qu'ils auraient
XVII. Le duc Soliman, ayant rassemblé les TIlrcs, s'empare de la forteresse, décapilé plusieurs pèlerins qui erraienl ça el là en dive rs lieux, sail dix, soit quinze. soit
emmenant des captifs et lUantles autres. Mais Soliman, duc el prince des Turcs, ayant davantage. La rumeur étant revenue au camp de Pierre que les Thrcs élaienl là et avaient
appris J'arrivée des chrétiens, leur butin el leurs rapines, convoqua qumze mtlle,de ses décapité ceux des leurs qui erraient, ils refusenl de croire qu ' ils sonl descendus si loin do
Turcs de 10Ute la Romanie el du royaume de Corrizan98 ; expens au combat à 1 arc de Nicée, Mais certains furent d'avis de les rechercher, si on pouvait les trouver dans les
environs,
XIX. Soliman accourt avec Ullt forte troupe pOlir se battre contre les ('hrétit'Ils 'lU;
94. Sur celle route, voir ici-même LEFORT, p. 470. . . ., la 0111 pris les amIes pOlir vel/ger lellrs compagnol/s. Quand la vérité est connue, l' excitatil)l1
95. Depuis 1071, les Seldjoukides onl progressé en ASIe Mmeure jusqu aux .abords de gagne le peuple; tous les fantassins pressenl Renaud de Breis, Gauthier Sans·Avoir.
Propontide Sulayman fils de Qutlumush s'est emparé de Nicée en 1081 et y a élabh son qu";'lier. ainsi que Gaulhier de Breteuil et Foucher d'Orléans, qui étaient les chefs de l'année de
général. Après sa mort en 1085, c'est so~ fils Qilidj Arslan (t 1107) qui lui succède; c'esl lUi qUI Pierre, de se dresser contre l'audace des Turcs pour venger leurs frères, Mais ils refu sent
est ici appelé Soliman (n.d.t.).
96. Dits aussi plus loin «les Allemands». . n
97. Sans doute Xérigordon, cf. ANNE COMNÈ"E, JI, p. 210. Mais celle forteresse esl à env~5 99. Dits aussi plus loi n «les Francs)•.
40 km de Nicée, soit à 23 milles, et non pas à trois. - Sur Xérigordon, voir ici-même GIROS, p. .
98. Sans doute le Khurâsân (n.d.t.).
80 VASSIUKI KRAVARI

de se mettre en marche avanl le relour el sans l'avis de PielTc. Geoffroy Burel h f é.VOCATIONS MéDII~,VAlES
e
fantassins. ayant entendu leur réponse. affimlnit que ces illustres chevnHe~sc é ,des
peureux et ne valaient den au combat. ct l'éprouvait avec véhémence ces honlm talent XXI. Les Tures anéantissent ulJe infinie multitude tle chrétiens. Là. Gall~hic~ San~­
empêchaiclll leurs camarades de poursuivre les Turcs pour venger leurs frères A es. qui Avoir, la cuirasse et la poitrine percées de sept flèches. mourut, Renaud de B,rels. po.U(.:~cr
chefs de la légion, ne pouvalll plus supp0\1er les insullcs et les reproches d; IU~SSI les de Chartres, hommes très renommés dans leur pays, tombèrenl, frappés par 1 ennemi J un
siens. retournés de colère et d'indignation. déclarent qu'ils marcheront COntre les;t des semblable martyre, non toutefois sans un grand massacre de Turcs. Gaul~ier de Brel(,l~JJ.
rces fils de Galeran, el Geoffroy Burel. chef des fantassins, qui ,'élaient enfuIS Jans les hUls-
et Jes I1Jses des n,rcs. devnliclll-iJs mourir au combat. Sans attendre, dès J'aubo
e sons et les vergers. revinrent par un sentier étroit où s' étaient réfugiés tou.s les re~capcs du
quatrième jour, dans les divers camps on ordonne à tous les chevaliers et fanlassin :u
s' nnner et aux enseignes de sonner du cor, et de se rassembler pour la bataille. Seul sie combat. Lorsque leur fuite et leur défaite furent connues, tous prirent la fUlle . .s~ hut;:ml VCf";
innombrables hommes sans nnnes et infirmes sont laissés dans les camps aVe s les Civitat par la route qui les avait amenés et se défendant peu contre les ennemIs.
femmes. Quant aux hommes armés. lOus rassemblés. sail vingt cinq mille fanla~ .es
Aussi les Turcs, réjouis de l'heureuse issue de la victoire. taillaient dans la misérable
troupe des pèlerins. qu'ils poursuivirent en les massacrant tout au long de trois mille~.
et cinq cents chevaliers en cuirasse. ils prennent le chemin de la ville de Nicée SInS
jusqu' aux tentes de Pierre. Puis. entrant dans les tentes, ils tuèrent à l"épée tout cc qu'ih
harceler miIitairemenlle duc Soliman et les Turcs et engager le combat avec eux afi~~r trouvèrent de malades et de faibles, de clercs. de femmes âgées. de moines. d'enfants à
venger.Jeurs compagnons. Pa~·tagés e! c?nstitués en six corps e~ munis d'étendards, iI~ la mamelle et de personnes de tous âges; ils n'emmenèrent que les jeunes filles et les
avançalenl il gauche el il drotle. Ils elatenl parvenus il IrOIS Imlles à peine du port 1
de l'habitaI de Civital, en l'absence de Piene qui ignoraitloul, à travers la forêt el 1: moniales dont le visage et la beauté semblaienl plaiœ à leurs yeux, ainsi que les jeunes
gens imberbes au beau visage; l'argent. les vêtemenl~. les mulets. les chevaux. tout œ
montagnes déjà citées) se vantant et crianl dans des vociférations et un tumulte assour~ qu'il y avait de précieux et même les tentes, ils les emportèrent ~\ Nicée.
disant. El voilà que Soliman . avec toule son insupportable suite, était entré dans la même Il y a au-dessus du rivage de la mer. près de CivÎto!. une forteresse ancienne el aban~
forêt par l'autre côté, descendanl de la ville de Nicée. voulant se précipiler Sur les donnée 100. Trois mille pèlerins s'y enfuirent et entrèrent dans cette forteresse en ruine
Gaulois dans leurs camps en un assaul soudain, les luer el les anéantir tous par l'épée dans l'espoir de s'y abriter. Mais n'y trouvant ni porte ni défense, pressés et privés de
sans qu'ils se doutent de rien, à l'improviste. Entendanl les chrétiens aniver dans cel tout secours, ils utilisèrent les boucliers comme porte, firenl rouler à l'entrée une grande
intense vacanne, il se demandai! ce que signifiait ce lUmulle, car il ignorait tout des quantité de pierres et ne se défendirent contre les ennemis. pour sauver leur vie. qu'avec
inlentions des chrétiens; mais comprenant vite la présence des pèlerins, il s'adressa aux des arcs de bois et en lançant des pierres. Les Turcs, considérant que le massacre des
siens en ces tennes : assiégés ne serait pas rentable, encerclèrent la forteresse, qui n' avait pas de toie. et
«Voici que les Francs. vers lesquels nous marchions, sont ici. Soyez certains qu'ils tirèrent des flèches en l'air pour que, retombant du ciel à la verticale. elles frappent les
viennent nous combattre. Mais quittons au plus yite la forêt et les monlagnes pour rega- corps des assiégés, aient raison de ces malheureux et forcent les autres à se rendre. On
gner la plaine cultivée et ouverte, où nous pounons engager à l'aise la bataille avec eux, dit que beaucoup furent ainsi blessés ou tués ~ mais comme ils craignaient un traitement
encore plus cruel de la part des impies, les armes. el la force ne purent les faire sortir.
et Où ils ne pounonl trouver aucun refuge». Ce que dit Soliman fut fait sans retard, et
dans un grand silence ils sortirent de la forêt et des montagnes. 13. NICEE ET LOPADION AU MILIEU DU XII' SIÈCLE
XX. Les Ti,rcs mènentl/n jl/riel/x combat contre les chrétiens. Les Francs, ignoranl
l'arrivée de Soliman, sortaient de la forêt et des monlagnes avec bruit et de grands cris. Idrisi, géographe. né au Maroc vers la fin du XIe siècle, est l'auteur d'un ouvrage achevé
C'est alors qu'ils virent au milieu des champs les troupes de Soliman qui les attendaienl en 1154, qui doit beaucoup. pour l'Anatolie. aux géographes arabes antérieurs. en particulier
pour le combat. À cette vue, ils se mirent à se réconforter mutuellement au nom du à Ibn Hurdadbeh (IX' siècle). - Nous reproduisons deux passages de la traduction Je la
Géographie d'Idrisi par A. Jauberl, Il, p. 302-303 el 306.
Seigneur et envoient en avant deux corps de troupe qui comprenaient les cinq cenIs
chevaliers. Mais Soliman, à la vue de ces deux troupes, relâche immédiatement le frein Et de Damala lOl à la ville d'el-A'bra I02 , située à 3 milles\03 de Nicée, 100 milles.
de son cheval, et les siens fonl de même; par leur yocifération inouïe et extraordinaire, Nicée est à 1'0rienl d'el-Nbra, place forte et bien peuplée. De là à l'entrée du cana!'''''
ils frappent de stupeur les chevaliers catholiques hébétés. Puis ils lancent une grêle de on compte 24 milles\O'. On transporte des légumes de Nicée à Conslamillople. villes
flèches au milieu des troupes qui, durement affaiblies et mises en pièces, sont séparées séparées l'une de l'autre par une dislance de 30 rnilles lO6 . De Nicée à la mer on comple 3
de la multitude qui les suivait. milles. Nicée est une ville ancienne, ou plutôt anlique. On ignore le nom de son fond,"eu\'.
Entendant le fracas des annes et la sanglante poursuite engagée par les Thrcs voci- Elle est sur les bords d'un lac d'eau douce, de 12 milles de long sur 7 de large, où sont
férants, l'arrière-garde de l'armée, qui n'était pas encore sortie de la forêt, se rassemble trois montagnes. 11 existe une petite porte de communication entre le lac et la ville 10:.
sur rétroit chemin par lequel ils étaient arrivés, pour résister et fermer l'étroit sentier de
montagne; mais les troupes que l'irruption des Turcs avait coupées des leurs, ne pouvanl 100. S'agit-il d'Hélénopolis, en ruine à cette épgque? (cf. DIEST. Landscluifl, p. 153).
revenir vers la forêt et les montagnes, prirent le chemin de Nicée, puis revinrent aussitôt, 101. Dama)js. près de Skou(ariol1 (aujourd'hui Üsküdar) sur le Bosphore, cf, JANIN, Grands
celltres, p. 26.
passant en trombe au milieu des Turcs avec de grands cris; les chevaliers et les fantassins, 102. Peul-être Éribolos (n.d.l., p. 302).
se mettant mutuellement en garde, tuèrent deux cents cavaliers turcs en peu de temps. 103. A. Miquel, Géographie arabe et représelltat;on du monde. Paris-La Haye. 1975. p. 416-
Mais les Turcs, voyant que le courage des chevaliers était la principale cause de la ruine 417, suggère qu'un mille = 1.9 km. - Cenaines des distances indiquées par Idrisi semhlent em)l\~~S,
des leurs, blessent leurs chevaux en leur envoyant des flèches; ils mettent ainsi à pied 104. Le Bosphore.
105. Dislance déjà indiquée dans IBN HURDADSEH. p. 74.
ces athlètes du Christ pleins de courage. 106. Cf. ibidelll.
107. Cf. SCHNE1DER~KJ\RNAPP, p. 27 et plan hors-texte: deux pones cntre le lac Cl hl \"ilk ~
sont signalées, l'une en plein ouest. J'autre au sud·ouest de la Illuraillc.
VASSILlKl KRAVARf
82
Lon;que les habitants sont effmyés par un dunger, ou pressés par une nécessité ÉVOCATIONS Mé.OltVAlES
conque, ils sonent en foule de la place, se Jettent dans ,des barques ct vont cherchi~~I,
refuge dans les montagnes ,:n question "'8, Du ~ste la ~,II~ est grande et belle, De Nic~ ne savaient que faire. Dès lors l'entrée des ennemis dans la ville par les porte, .el
à Camoudia "" on compte 4 Joumées, Cette dem.,ère VIlle e~t très-~ncle,nne ~t très-connue , les échelles dressées contre la muraille fut aisée: pour les habitants de Brousse r'"1.'
c'était autrefois, avant la fondatIon de Constanunople, la c"p,tale de 1 empIre romain. n,; prisonniers, ce fut l'exécution sans pitié, le pillage des biens et raballage du bétail ..pelil
là à Constantinople on compte 160 nulles (p. 302-303). et gros, qu'on avait fait entrer pour nourrir ceux qui étaient à l'mténeur dunmt le siege.
Telles furent les horreurs accomplies à ce moment.
De III [Butransil~J à Lib?dhia IlO : ville considérable, ~v:~ dive.rs édifkes et bazars,
située sur les bords d lI.ne nVlère n~vlg?ble pO,ur d~ g~os .n:lvll~S ~~I y parviennent parle 15. CHÂTEAUX ET BATAILLES AU DÉBUT DU XliiI: SIÈCLE
détroit 1Il, entourée de VIgnobles, de Jardms et d habltatJOns contlgues, 1 Journée (p. 3(6)1\2,
Geoffroy de Villehardouin. maréchal de Champagne puis de ~omanie: mon vers 1211.
a relaté la Ive croisade. à laquelle il a participé. - Nous reprodUisons troIs pas,,~gcs de 1",
14. LE SIÈGE DE BROUSSE EN \184 traduction par E. Faral de l'ouvrage de Villehardouin, UI Conquête de r;(~115I(J)lJlJ/f)pJf' . .lI.
p. 127-129,275-277,301-303, © Les Belles-Lettres. Puris, 1939. - Lercell de la conquele
Nicétas Choniate, mort à Ni~ée en 121~, est en pal'tic~lier l'mH~ur d'une Histoire qui Va de la Bithynie occidentale par les croisés à la fin de 1204 est d'une conCISIon toul~ mlfllalfc :
jusqu'en 1206. Le passage U'adult est reiallf àhl répressIOn, pal' 1 empereur Andronic 1" l'auteur ne mentionne guère que des noms de (châteaux}} (~ 319-320). - Au pnntcmps de
d'une révolte qui affecta Nicée, Brousse et LopadlOn. - Le texte tradmt : CHONtATE, p. 286-288: 1207, menacés par Théodore Lascaris allié au tsar bulgare Kalojan, les croisés restaurèrent
certaines fortifications sur le golfe de Nicomédie (§ 460J. - L'empereur latin. H'~nri Je
Lui-même (Andronic l''J gagna 1", ville de Brou~se aV,ec des co:ps de troupes à sa Hainaut, chevaucha jusqu'à Nicomédie pour secourir les croisés assiégés par Théodore
suite. Il établit un camp retranché du coté sud de la VIlle, ou la muraille semblait acces_ Lascaris, puis il décida de conclure une trêve aVec lui (§ 486-487).
sible, car l'endroit est plan et ne paraît pas juché,. comme le reste de. la ville, Sur une En ce temps là, ceux qui étaient allés à la cité de l' E.spigaI 115 , dont Pierre de
colline escarpée, rocheuse et an'ondle ; le lendemmn Il commença le SIège. Hommes et Bracieux et Païen d'Orléans étaient capitaines, fortifièrent un château qu'on appelle
machines ne restaient pas inactifs, mais agissaient efficacement; Andronic lui-même Palorme ll6 , et ils y mirent garnison de leurs gens, Et puis ils chevauchèrent au delà, pour
qui avait la parole facile, attachait des mots ailés aux ailerons des ~èches et les lançaiÎ conquérir le pays. Toldre l'Ascre l ' ' s'était procuré tous les gens qu'il pouvait avoir. Le
dans la ville. Ces lellfes panées à travers les am falsarent valoll' des promesses de jour de la fête de monseigneur saint Nicolas, qui précède (a Nativité, ils se rencontrèrenl
changement et le pardon des méfaits si les habitants ouvraient les portes et l'accueillaient à dans une plaine, au pjed d'un château qu'on appeJle Pumenienorl18 : et il y eut bataiJle
J'intérieur, s'ils saisissaient et livraient Théodore Ange, le marchand Lachanas et l'insensé à très grand désavantage pOUf nos gens: car les autres avaient tant de gens que c' en était
Synésios l' 3, pour utiliser ses propres expressions, ainsi que leurs partisans. Il fit ceci merveille, et les nôtres n'avaient pas plus de cent quarante chevaliers, sans les sergents à
durant un grand nombre de jours. En effet, la guerre engagée devant Brousse ne fut pas cheval. Et Notre Seigneur donne les aventures ainsi qu'i/lui plaît: par sa grâce et par sa
inférieure à celle qui avait eu lieu devant Nicée, pour ce qui est des prouesses accom- volonté les Francs vainquirent les Grecs et les déconfirent, et ceux-ci subirent grand dom-
plies par les hommes réunis dans les troupes impériales et de la haine portée à Andronic, mage. Dans la semaine, on leur rendit une grande partie de la terre : on leur rendit le
Pumenienor, qui était lin château très fort, et le Lupaire 1l9 , qui était une des meilleures cités
qui était la cause de la guelTe. La ville de Brousse a panou) de belles tours et elle est
du pays, et le Pulinach l1O, qui était assis sur un lac d'eau douce, un des châteaux les plus
entourée d'une forte muraille, qui est doublée du côté sud. A cet endroit de fréquentes
forts et des meilleurs qu'on eût à chercher. Et sachez que les choses toumèrent très bien
sonies avaient lieu chaque jour, les troupes engageaient le combat et nombreux étaient pour ces gens et qu'ils réussirent à leur gré dans le pays par l'aide de Dieu (§ 319-320).
ceux qui tombaient, des deux côtés. Mais puisque le sort voulait que cette ville aussi se Macaire de Sainte-Menehould avait commencé à fortifier un château au Caracas!.!!,
soullÛt à Andronic et que la plupan des habitants, faits prisonniers, subissent un sort qui est assis sur un golfe de mer, à six lieues de Nicomie l22, du côté de Constantinople;
irrémédiable, une partie du mur, sans cesse battu par l'hélépole l14 , s'éboula. En outre,le et Guillaume de Sains commença à en fortifier un autre, le Chivetot 12 3, qui est assis sur
doublage du mur qui dans ce secteur ceinturait l'ancienne muraille s'étant écroulé, il le golfe de Nicomie, de l'autre côté, devers Nikè l24 . Et sachez que l'empereur Henri
sembla à ceux qui étaient à l'intérieur que c'est toute la muraille qui, ébranlée par les avait fon à faire du côté de Constantinople, ainsi que les barons qui étaient dans le pays.
coups que portait J'hélépole, s'était effondrée. Un tumulte confus s'éleva à ce propos et Et Geoffroy de Villehardouin, le maréchal de Romanie et de Champagne, témoigne bien
la peur s'empara de tous les cœurs. De ce fait, sans que les dommages fussent examinés, que jamais à aucun moment gens n'eurent tel fardeau de guerre, parce qu'ils étaient
tous étant comme glacés par la peur au seul bruit des jets de pierres, ceux qui défendaient épars en tant de lieux (§ 460).
les murs les désertèrent, et les rues rassemblèrent ceux qui en descendaient comme s'ils

115. Pègai (aujaunl'hui Big.. à l'O. de la région étudiée) ; cf. RAMSAY,p. 187 el To,",sc"E'. p. 14.
116. Panormos (aujourd'hui Bandlnna) : cf. RE, XVIU, 3, S.I'.. c. 657.
108. Cf. IBN HURDADBEH, p. 77. 117. ThéodoTe Lascaris.
109. Nicomédie. 118. La bataille de Poimanènon, du 6 décembre 1204, est également relatée par ChonÎ'ltc.
110. Lopadion (Uluabat). - Sur cetle ville, voir ici-même BONDOUX, p. 392-394. p. 602. - Sur Poimanènon (aujourd'hui Eski Manyas), voir ici-même BONDOUX. p. 403.
111. Par la mer de Marmara. 119. Lopadian.
112. Voir aussi Idrisi p. 312 : «de Nicée à Abrousia (Brousse), ville célèbre et bien peupl~ 120. Apollônias (Apolyont kôy). - Sur cette ville, voir ici-même BONDOUX, p. 38:2-38.1.
avec bazars et édifices, 1 journée. De là à Libadhi., ville grande et fonifiée, bâtie sur les ho 121. Charax (aujourd'hui Hereke), sur la CÔle nord du golfe de NÎL'ométlil' ; cf. Fo.'>s.
d'un fleuve navigable que les vaisseaux descendent et remontent». Nicomet!;a, p. 59-61.
!13. Allusions ironiques aux noms Lachanas, «marchand de légumes», et Synésios, «sen~i 122. Nicomédie.
- Apres la pnse de la VIlle, Théodore Ange fut aveuglé, Léon Synésios et Manuel Lachanas fure 123. Kibôtos, cf. ci-dessus, p. 77, note 9.3.
pendus (p. 288-289). 124. Nicée.
114. Machine de guerre, tour mobile atteignant la hauteur des l'empans.
VASSILIKI KRAVARI
84 R5
éVOCATIONS M~DtéVALes
E d l'empereur eut pnssé le Bms Saint-George~12S, il ordonna ses corps de
b.raill~'ei,~~nevaucha, par étapes, tant qu'il arriv? à Nlcoml~. Quand les gens de !old", Nous courOmes donc vers Nicée. yjlJe des victoires l34 , nos compagnon s venant
l'Asere et ses freres, qui tenaient la campagne, 1 app,;rent, Ils se ~tlre~nt e~ amère et derrière nous, des gens qui sentaient la beuverie de la veille, montraient des yeux
..,èrent la montagne de l'autre côté, vers Nikè. Etl empereur s élabllt de 1 nutre CÔté ensanglantés, étaient pleins de vin et parlaient de façon incohérente en bégayant. Car les
:;". N' 'c en une tres belle pmirie, sur un fleuve l2", en face de la montagne, et il fit marchands qui passent la nuit sans dormir ont l'habitude, à l'aube, d'avaler du VIO pur.
le:d~C~:1 tenles el pavillons, et il fit ~ourir ses ,gens par le pays - car les. habitants Ils nous assommaient de bavardages s'ils nous voyaient nous incliner un peu vers la
s'étaient soulevés quand ils eurent ouï dire queThlerry de L?s, le .sénéchal de .Romanie, droite ou vers la gauche - en effet. être assis sur le bât en restant droit est très im.:om-
é' . 127 _ et ils prirent beaucoup de bestiaUX et de pnsonnlers. Et ainSI séjourna mode et désagréable - et. bien que nous soyons montés sur des ânes et sur les h5lS en
,tall pns He'nn' pendanl cinq J'ours en la prairie. Et pendant ce séjour TOldre l'Ascre principe pour nous reposer, nous ne nous fatiguions pas moins. el nous avions m.,J aU
I empereur ,. ' t - d
prit des messagers et les lui envoya, disant qu Il accepterait une reve p~ur . eux ~s à ventre et au postérieur. Que croyez-vous que nous disions lorsque les injures de nos
condition que l'empereur lui laissât abattre !"IUlse 128 et la fo.neresse d~ 1 église Samte_ compagnons tombaient sur nous comme une averse. et lorsqu'ils nous menaça ient cn
Sophie l29 et lui-même lui rendrait tous les pnsonlllers qUI aVaient été pns en celte défaite brandissant contre nous leurs bâtons, car ils craignaient que le dos et les vertèbres dc s
et dont il avait beaucoup en sa (erre (§ 486-487). mulets ne soient blessés par nos bnlartcernents incessan[~ ? Lorsque unt!: grêle drue
tombée du cie1 nous frappa comme des pierres et qu'une neige compacte nOlis sauta au
16. VOYAGES DE CONSTANTINOPLE À NicéE AU DéBUT DU XIII' SIÈCLE visage? Que croyez-vous que nous disions lorsque nous grimpions jusqu'au ciel ct
lorsque nous dévalions vers l'abîme. comme des rouleaux lancés avec forc.;c '? Lor~qllc
Nicolas Mésaritès, ancien skeuophylax de Sainte-Sophie el futur métropolite ,d'Éphèse, nous étions comme fouettés par des arbres ombreux et frappés par des arbustes '!
se rendit de Conslantinople à Nicée à l'automne de. 1207 pour faire part à 1 empereur Lorsque nous chevauchions au milieu de nuages sombres comme la fumée '! Lor..:;que
Théodore Lascaris des pourparlers sur l'union des Églises. E~ 1208, I~ entrepnl un second nous faisions des détours par les replis en spirale des montagnes. pleins de lab yrinth~s
voyage à Nicée pour assister à l'installation du patnarche MI 7hei Autorelanos (le 20 mars et de creux impossibles à traverser?
/208) el au couronnement de Théodore Lascans. Il a donné le reclt de ces deux voyages, dans Ayanl ainsi passé la journée. nous arrivâmes au château de Kyr Georges U5 . au
un style recherché, plein d' ironie, nourri d'aristotélisme et d'une culture médicale, mais riChe
aussi de notations concrètes, dans une lettre adressée aux momes du monastère ~onstanti­ moment où les étoiles du soir commençaient à briller. c l nous y lrouvâmes un endroit
nopolilain de l'Évergétis. - Le lexIe: A HElSENBERG, Neu.e Quellen zur. Geschlchte des pour coucher: une maison, du feu, un lit el des couvertures. du pain. du vin, de la viande
lateinischen KaisertUms und der Kirchenumon, Il, Sttzltllgsbenchte der Bayenschen Akademie et des poissons salés. Nous fumes incommodés par une fumée épaisse qui nous faisait
der IVisstl.sclwfren, Munich, 1923, p. 35-46. - Nous en proposons une Iraduction partielle mal aux. yeux: elle montait en s'enroulant sur elle-même sans pouvoir sortir car la maison
(p. 39-43 et 45-46 de l'édition). n'était pas aérée, el elle se répand.lit partout. De ce fait. nos narines se remplissaient de
fumée. le cerveau se troublait, les trois membranes des yeux étaient irritées et piquaient
les organes des sens souffraient elles articulations étaient dérangées. Moi même. allongé
J. Pœmier voyage sur un lit. je restai, du fait de cette incommodité. éveillé tout le cours de la nuit, lui
reprochant d'être si longue el grommelant qu 'eUe traînail trop. Combien de fois pendam
Poussés par un vent favorable, nous entrâmes dans le pon de Pylai. C'est le début la nuit ne me suis-je pas levé pour observer les Pléiades, Arcturus et l'étoile du soir, la
de l'Asie et comme l'entrée de notre paradis planté en Orient l30 , qui vivifie et encourage couronne d'Ariane, Orion, l'étoile du Chien '36 , la ceinture d'Orion, le Serpent lui-même,
les nôtres, et qui nous a été donné d'en Haut comme don parfait par Dieu le Père. C'est l'Autel qui se cachait et Prokyôn qui avançait avec eux? Combien de fois n'ai-je pas
pourquoi, à mon avis, il est appelé Pylai 13l. Cette bourgade, de taille modeste mais bien essayé de faire se lever mon serviteur de sa poussière de paille immonde el
fortifiée, fonne un rempart contre ceux qui convoitent avec arrogance J' intérieur de nauséabonde? Pour que la crainte le réveille et le tienne éveillé, combien de fois n' ai-je
l'Orient l32 et repousse ceux qui s'élancent avec violence contre ces pones l33 . Nous pas frappé des doigts la selle du mulet? Mais lui, vaincu par J'ivresse, restail insensible
accostâmes dans cette bourgade durant la nuit, puis, étant descendus du bateau, nous dor- malgré le nombre des coups de pied qu'il recevait. De temps à autre il prononçait des
mîmes brièvement sur le sable. À l'aube, des commerçants cherchaient à y rencontrer paroles dans son sommeil, ne comprenant rien à ce qu' il disait: c'était le renet de ce qui
qui voudrait se rendre dans la métropole des Nicéens. En effet, ils souhaitaient ne pas s'était passé dans la journée. des semonces aux mulets qui soi·disant glissaient sur unI!
rentrer chez eux sans rétribution, mulets et chargements à vide. Au deuxième chant du pierre ou trébuchaient dans un trou. Sortaient également de sa bouche des sons ineenains.
coq, ils crièrent comme les coqs les plus criards, et, alors que nous étions à peine entrecoupés ou inarticulés, comme se plaît à en proférer à maintes reprises. pendunl la
endormis, ils oous tirèrent du sable et des planches. Ils donnèrent leur accord sur le prix, nuit, J'homme qui, alourdi par le vin et par la fatigue, est accablé aussi bien par l'un que
les mulets étant là, les bâts sur eux, et nous sur les bâts. par l'autre.
Enfin réveillé, après avoir chassé le sommeil de ses yeux, il voulut aussilôt manger
de la viande et engloutir du vin adouci de poivre - il n'y avait pas une minute à perdre.
125. Le Bosphore. Le feu fut aussitôt rallumé à l'aide de brindilles de lin et de petit bois, à partir des braises
126. Le Kilez Dere. cachées dans la cendre, et un vase en terre cuite, plein de vin pur, sinon mélangé. y rut
127. Lors d'une escarmouche devant Nicomédie (VILLEHARDOUIN, Il, § 482-483). installé sur un trépied de fer. De plus, une table fut improvisée pour ce glouton invéléré.
128. ÇyzI<lue. - Sur Cyzique, voir ici-même BONDoux, p. 387-389.
.129. ~ Nlco,!,édle ; cf. la mention, par Villehardouin, de la fortification de l'église Sainte-
SophIe à NIcomédie (il, § 455). - Sur cette église, cf. JANIN, Grands cenlres, p. 10H02. l34. «vlKonoÀlç NiKa,u».
130. L'empire de Nicée. 135, Sur celte localité, voir aus:'iÎ ci-dessous 17. - Sor 5.1 loc.:!lis'Hion ;Ippr(l ... im'Hi\\.'.
13\. Pylai =«les portes. (du paradis).
(CX[c nO
voir ici-même LEFORT. p. 465.
132. Les Thrcs. 136. Sirius.
133. Les Latins.
86 VASSILIKI KRAVARI

Il tenait ln Vin!lde dans ln main.gauche, dnn~ ln m?in droite. une, galette ou le COuteau . ~VOCATJONS MeolllvALES X7
coupait en pellts morceaux la vumde ct le pmn, et Il envoymt ili œsophage une nou . qUI
fucile il digérer. Les incisives vennient en aide au couteau, les cnnines s'entrechoq ~ture et la solidité de ses propos ne me permettaient pas de I~ !éfuter. ~i je.décidais de ~c I<Lir~,;
les mO)<'lÎres mfichnicnl ct broynient ln nourriture. Ainsi des insttlll11cnls artificiel ualent. il devenait alors encore plus arrogant 11 mon égard. SI Je voulaiS lUi co.uper la pM(),lc, <
outil!i\ du corps peuvent-ils contribuer aux fonctionnements naturels. Lui donc d: et le,s vérité m'étouffait et la réflexion me fermait la bouche. Alors, tout Simplement . .le nt;
ainsi avec nvidité ct. sans respirer. avalait le vin pur dans une lasse profonde. Q voral( manifestai d'irritation à aucun sujet, je restais muet, empruntant un air hautain. cl je
moi. gelé pur le froid gladal de toute cette journée et incommodé par la fumée d uant. à continuai la route sans lui répondre, en prononçant les paroles sacrées par Icsqucll~~
je ~lle $cnt,ais l~lUl el j:uvuis du d~goOt pOUl' ln .not~ITitu~c, Mes tC~l1pes battaient fo~~~lr. David, en veille durant la nuit, célébrait le Créateur et l'honorait lorsque le jour :c:",plcm!lt.
VOIC'S resplmtoll''es étment compnmées, la .respLrala~n. ge~é~ par 1 hume,ur qui coulait
passage étroit entre les os du nez, et parrOis un bruit lIldlstlTlct traversHlt mes narin U
:s ainsi que les cantiques de la troisième et de la sixième heure, les uns sur la déCISion prise
contre Emmanuel par ceux qui l'ont crucifié. les autres sur sa montée sur la Croix, qu'il
Toutefois, bien qu'effrayé et souffra!ll le pire, je mis ..lcs vêtements SUr le b:r a abandonnée pour nous.
du Après cette récitation des textes divins, nous vîmes les remparts cl Ic~ tours dt;
mulet. ct je le ~ondUlsls de no~ve:lU. le~ toucttant pour qu ,Ii, franchl~se au plus vite le
Nicée (lacune) ; de loin ils apparaissaient blancs comme neige (p ..N-43).
passage vers NIcée. Lorsqu." .le 1 eus touetté pour .Ia trOlslèn~e fOIS, mon miSérable
compagnon proféra les pires lI11précatlons : «PourquoI donc. dlsatt-Il, aS-lu déjà battu
2. Deuxième voyage
trois fois mon mulet? Pourquoi te hâtes-tu sans motif. toi qui es négligent et pOltroPa~
Le soleil n'est pas encore pas~é au dessus de l'horizon à l'est. n n'a pas encore éCla'!..é Poussés par un vent favorable, nous accostâmes au milieu de la journée au port
I~ sommet des Illon~agnes. I~ 1.1 a pus en~ore franclllles vap~ur,s l~t les eaux de l'océan, il de Ritzion l37 , où nous eûmes grand plaisir à manger. Partis de là. nous passâmes ù
n a pas encore attelllt le nuheu de III Journée, moment ou. a 1 heure du déjeuner les Néakômis l3 l:1, qui est située en face, au bord de la mer, mais ne conserve quïndistinctement
hommes mangent du pain, boivent du vin rouge et dévorent poisson et viandes, Verdure les caractères d'une ville, la plus grande partie, sinon la totalité, ayant été incendiée,
el légumes secs. Mais peut-être es-tu déjà assoiffé et affamé, comme un glouton et u détruite de fond en comble, ensevelie el abattue ~w niveau du soJl39. À NéakômÎs. les
ivrogne, ou bien as-lU oublié que le jour qui commence cst le premier et le principal de~ maisons ne sont pas faites de murs, de pierres et de chaux. elles ne sont pas couvertes dc
jours de la semaine et qu'il est de coutume, en ce jour, de participer dans les églises à la poutres. mais elles sont fabriquées en osier tressé, enduit d'argile, et couvertes de
consécmtion des divines espèces du Christ sur l'aUlel ? Retiens donc la bride, calme le roseaux el de joncs. La neuvième heure du jour, je descendis du bateau. je m' allongeai
mulet et n'avance pas effroméme!1l à loute allure en t'appuyant ainsi Sur lui, en le faisant sur le sable et je rendis grâce à Dieu. qui m'avait enlevé des mains des étrangersl.ll1, Je
~ans cesse broncher, comme le f~nt ceux qui coure~t v.ers lIn festin. Ne vois-tu pas que ne voulus pas prendre de nourriture, bien que les habitants m'y aient invité à plusieurs
Je halète sans cesse, que mes chevIlles sont lourdes, a111S1 que les genoux, les articulations reprises. Vaincu par le sommeil,je restai couché en ronflant jusqu'au soir, appuyé sur le
les pieds et les talons, les nerfs du mollet, les vertèbres elles-mêmes et toute la jam~ coude.
.vec le péroné? N'as-tu pas peur, si le mulet trébuche. d'être jeté à terre et de te broyer Quand je fus réveillé, je pris une part d'un grand et lourd poisson cuit qui ressem-
blait à un thon - car c'était un samedi - et du pain de millet - car chez ces gens le pain
le visage? Si la couronne de tes dents se brise et qu'elles sone nt de leurs alvéoles, si de
de blé était rare - et je m'entretins avec des voyageurs qui emportaient sur des mulets
plus ta langue est blessée par tes molaires, mise en pièces par tes canines, réduite en petits
bâtés de petits poissons salés, entassés dans des corbeilles pour qu'ils ne s'abîment pas
moree.1UX par les incisives qui te restemient, si ton palais également, par sympathie, et non
en se frottant les uns aux autres pendant un transport long de plusieurs heures. Toute la
en mison de la première atteinte d'un mal, te fait souffrir. heurté inopinément par ta nuit, je suivis, sans sommeiller, la route vers Nicée. Mes compagnons de voyage étaient
mâchoire inférieure, si tes lèvres saignent, si tout tOIl visage se trouve réduit en un état bien éveillés et ils oubliaient la fatigue en chantant. Quant à moi, précédé et comme
inutilisable et si, ce n'est pas exclu, tes vêtements, roulés dans la glaise, deviennent un escorté par des gens aussi radieux, j'étais rempli de joie. Mais si je décidais de chanter
bourbier, que se passera-t-il s'il ne se trouve personne pour te tirer de la fange? Si lU à haute voix l'hymne trisagioll, ou à entonner le chant du Seigneur en poussant la voix,
abordes une rivière tourbillonnante, dépourvue de pont, insondable, franchissable seulement on m'injuriait, on se moquait de moi, et j'entendais les pires choses: «Toi, le plus stupide
à condition que se recouvrent d'eau les sabots d'un cheval, ses chevilles, les genoux, et ignorant des hommes, tu veux chanter des paroles et des hymnes divins sur une terre
puis le ventre, le flanc et les vertèbres, si des pierres arrondies charriées par le cours étrangère, dans des montagnes couvertes de forêts et dans des ravins escarpés? Tu
impétueux atteignent le fond avec la même force, et si, naturellement ou par hasard, le ne sais pas qu'ici se cachent des brigands avec leurs chefs, qui attaquent les voyageurs
pied des mulets marche sur ces pierres, ne vont-ils pas aussitôt trébucher et tomber sans par surprise? Que ta voix soit donc rauque et barbare, pousse des cris indistincts et
pouvoir se relever? Que feras-tu, malheureux, assis sur ton animal? Ne pousseras-tu pas inarticulés, remplis l'air d'éructations informes, bats ton cheval sans nécessité. rais
des cris, ne chereheras-tu pas de l'aide? Si tu es renversé et que tu lOmbes à l'eau, siffler violemment ta respiration en la faisant traîner longuement, bredouille n' importe
sur le dos ou sur le ventre, qui va te relever? Veille à ne pas nous créer d'embarras en quoi sans raison, fais tout ce qui effraye celui qui est en embuscade et qui fait se tapir
t'exposant à des dangers. Si tu erres hors du chemin et que tu rencontres un brigand, ne celui qui ne songe qu'à faire du mal>,. Après avoir entendu cela, j'interrompais le chant
du Seigneur et j'exécutais l'ordre avec circonspection, car je ne connaissais pas. el je
te fems-tu pas voler sans t'en rendre compte? Qui te tendra une main secourable, alors
détestais, ce qu'ils chantaient, ne l'ayant jamais appris.
que tu verras la mort devant les yeux? Et qui, quand tu seras mort, te couvrira de terre ?
Fmppe donc le mulet avec modémtion, pour ne pas mourir avant l'heure ni être cueilli
comme une olive pas mûre». 137. Altiourd'hui Danca. sur la côte nord du golfe de Nicomédie, cf. JANIN. Gml/ds eOltres,
. Mo~ compagnon m'ayant chanté cela aux oreilles, je m'étonnai à la fois que cet
p. 94 n. 7. et carle p. 82.
138. Pour Néakômis. sur la côte sud du golfe de Nicomédie, cf. LEFORT, Communicatif/f!.\", p. ~ l~.
Ivrogne fut versé dans les Ecritures et qu'il fût plein de sympathie et de compassion pour 139, Sans doute par les Latins.
les voyageurs qui étaient avec nous. Si je pensais lui apporter des objections, la peninence 140. Les Latins.
, VASSILIKI KRAVARI
88
~VOCAT10NS MÉDI~VAlES
Ayant ainsi parcouru la route (lacune), lorsque l'aub~ pointa, nous nous troUVâmes
au boni du lac, et nous nous approchâmes des tours de NIcée (p. 45-46). tou Baïoullou avec la terre de la plaine tôn Mormènôn qui lui ~ppartien.t d~~uis
longtemps, les biens loués dans le village tès Morrnou el tous les bIens d~ 1 Éghsc .11
17. LES BIENS DU PATRtARCAT DANS LES ANNÉES 70 DU XIII' stËCLE Aèr'''', 11 savoir la partie du village de Saint-Constan"n qUI appartIent 11 1 Éghse. lcs
parèques du village de Kerdônéa, ceux de Dimylia, la terre d' Aèr qUI lUI a élé remISe.
L'empereur Michel VIII COnfil111e par c1u)'sobulle les droits du patriarcat Sur ses biens avec tous les droits el privilèges de tous les biens mentionnés.
et en évoque l' histoire récente. - Le texle : JGR, l, p. 659-666 ' • ' . - Nous lradui,ons u~ Ensuite, il a transporté sa résidence de la demeure impériale vers le royau~e des
passage relatif aux biens situés en Bithynie. p. 661-662. cieux, passant d' une résidence provisoire vers une autre éternelle, et notre séréOlté. par
Aussitôt que l'empereur, le seigneur Jean Doukas l.',. eut so~mis la région des la grâce de Dieu, en vertu de sa miséricorde indicible à notre égard, est montée sur le
Optimalesl.3 au pouvoir romain, il consacra à.!a grande Église de ?,eu ':'" le village dit trône de l' État lsl . Ma majesté a ajouté aux biens dont elle a constaté qu'ils entrent dans
Trimmaia, situé dans ce lhème (c'estla premlere des donaltons qu Il lUI aIt fattes), car la rente de l'ordre liturgique de Dieu l52 , sur l'oliveraie située dans le territoire de Kyr
ce bien faisait jadis partie des biens de l'Église, avec ses dépendances et domaines, à Georges. les cinq parts qui reviennent comme il a été dit plus haut au vestiaire de l'em-
savoir le hameau lès Basgoulas, l'ancien monastère de Salllt-PhotlUs l45 , la foire qui se pereur, et ensuite le village de Bryellion avec son oliveraie et tous ses droits. terrestres
tient à Débôra, et ceux qui avaient quitté le village de Ttimmaia et avaient été installés ou maritimes. De plus, tout le territoire de Borokention. avec so n échelle sur le rivage ct
en Orient, à l'endroit dit Zôriou. Par la suile, l'étendue de sa domonatlon s'étant accrue les villages voisins, tou Toxotou et tou Platanistou. avec tous leurs droits et privilèges
il multiplia ses donations. En premier lieu. il ajoula, parmi les villes et régions qu'il avai; terrestres et maritimes.
pu délivrer par la grâce de Dieu du pouvoir des Latins. tout le territoire d'Hérakleion,
avCC son échelle sur le rivage et ses dépendances l46 , tès Pyrgous, tou Melzotérou, tau 18. NtCÉE À LA FtN DU XIII' SIÈCLE
Koulélè, tou Mélissônos, ainsi que la fortification construite par les habitants d' Héra- Théodore Métochite. lettré au service du palais. a prononcé. probablement en 1290. un
kleion à Mégalophos, les domaines situés sur son territoire et tous ses biens et privilèges, éloge de Nicée à l'intention d'Andronic II. - Le texte : en dernier lieu, Foss. Nicaea. p. 164-
les champs, les moulins, de même que ses droits sur la région de Broulloudion. Ensuile, 195. - Nous proposons une traduction partielle de ce discours d'apparat. p. 168-180 de cette
il ajouta le territoire, situé au bord du lac de Nicée, que l'habitant nomme de Kyr édition.
Georges. avec les domaines et dépendances qui l'environnent. tou Euboulou, tès Ostréas, On peut voir, et il convient d 'essayer de le montrer par le discours. que la ville jouit
une partie du village tès Chalkagkôméôs, le monastère, ancien, de Saint-Clément"J, d' un site propice et qu'ellc est fondée sur une terre favorable. Elle est si favorisée que
d' autres hameaux abandonnés, et trois des parts de l'oliveraie située dans les limites de rien ne manque à sa sécurité ni à sa grâce; elle en est même si bien pourvue qu' on ne
ce territoire, qui fait au total dix parts au moment de la récolte. cinq des parts restantes peut trouver de mots trop élogieux, Elle ne parait guère avoir confiance en la mer, c'est
revenant au vestiaire de l'empereur, une étant attribuée à un soldat de Nicée et une autre pourquoi elle a résolu de n'enLretenir avec elle aucune relation, aucune vie commune;
étant détenue par le monastère impérial de femmes de Saint-Antoine '48 . mais elle s'en écarte juste assez pour pouvoir jouir sans difficulté de tous les biens qui
Par la suite, cet empereur a échangé son royaume momentané pour un autre éternel, en proviennent. Quant aux dangers qui peuvent subrepticement surgir de la mer. elle
et il s'est rendu là où il reçoit la récompense des peines et des fatigues innombrables s'en tient suffisamment à l'écart pour n'avoir rien à en redouter. On ne peut qu'admirer
qu'il a endurées pour sa race. Son fils et empereur,. le seigneur Théodore. Doukas au plus haut point cel agrément et celte originalité, qui font qu'elle ne subit, comme
Lascaris'49, hérita du sceptre et du pouvOIr ; agISsant lUI ausSI pour le bIen et sUIvant par il semblerait inévitable. aucun préjudice de ce genre, mais qu'elle jouit abondamment
amour de Dieu les traces de son père dans la piété, il ajouta aux dons faits par son père et comme elle l'entend des biens que la mer dispense. Car certes cette voisine est
au domaine divin les parêques du village de Kokkeianè, le village tôn Loipôn, le village généreuse, mais les désagréments qu'elle cause sont difficiles à contenir el impossibles
à maÎlriser. Ce ne sonl pas là de simples paroles, car les preuves en sont apportées par
tout le temps passé: combien de nos cités maritimes qui prospéraient à plus ou moins
faible distance de la mer ont vu plus d'une fois leur destin bouleversé et se sont bien mal
141. Le mois et l'indiction n'ont pas été copiés. L'an du monde, 6770~ correspond à 1~61/62.
sorties du pacte qui les liait à la mer. Cette ville en revanche a connu une vie sans vagues
Mais il eS! question, dans le chrysobulle, du patnarche Joseph, qUI occupa le trone de
Constantinople de décembre 1266 à janvier 1275, puis en 1282/83 (cf. PLP nO 9072). Le dernIer et, de plus, a procuré un havre aux cités naufragées l53 . Mais ce sont là des affaire~ du
chiffre de l' an du monde n'a apparemment pas été copié. - Sur ce chrysobulle, cf. DOLGER, temps passé; revenons à l'objet présent de notre discours: la ville, décidant de ne pas
Regesten, nO 1956 ; l'auteur a vu le problème de datation de cet acte, el propose de le dater entre se fier à la mer, en raison des altaques généralement invisibles et dissimulées qui en
1268 et 1271. proviennent, se retire en sOreté au milieu des terres. Comme une personne qui peUl il
142. Jean \JJ Doukas Vatalzès (1222-1254). . volonté satisfaire ses propres désirs, elle possède en la mer une servante à disposition.
143. Région comprise entre Nicomédie et la mer Noire. - La soumission des Optimates dOIt qui lui fournit en abondance ce dont elle a besoin. Et tous les biens de la mer sont là à
dater de 1225, après la seconde bataille de Poimanènon (cf. The Cambridge Medieval HlStory,lV,
l, éd. J. M.,HuSSEY et al., Cambridge, 1966, p. 308-309).
144. A l'époque, il s'agit du patriarcat de Nicée. ..
145. Sur Saint-Photius. cf. JANIN, Grands celllres, p. 103-104. Les toponymes avolSonanlS 150. Un chrysobulle de Jean VI Canlacuzène pour Valopédi. de 1349 (éd. ARK"DlOS
BATOP~DINOS dans BYl.alllinisclJ-Nellgrichische Jahrbiic/,er. 13. 1937, p. 308 ç'. l a'. n'> J:
dans le texte pourraient être aux environs de Nicomédie (ibidem, p. 104).
146. L'échelle (elnporion) d'Hérakleion est mentionnée dans la Vie de Théodore de Syklôn , cf. DÔLGER. Regeslen. no 2956). mentionne une rivière dite Aèr à PyJopythia. - Aèr, sur ln rive- sud
de la Mannara, eS! égalemenl mentionné dans ANNE COMNËNE. III, p. 190.
l, p. 130. 151. Rappelons que Michel VIII a usurpé le trÔne en 1258.
147. L'édition porte KÀ"lUltoç, qu'il faut corriger en KÀ,,~EVtOÇ. Cf. JANIN, Grands cenlres, 152. Le clergé du patriarcal.
p. 114 n. 4. - Sur le monastère de Saint-Clément à Nicée, cf. ibidem, p. 114. 153. Allusion aux villes conquises par les Latins en 1204.
148. Monastère fondé par Jean III à Nicée; cf. ibidem, p. Ill.
149. Théodore Il Lascaris (1254-1258).
VASSltlKI KRAYARJ
90

pn,fllsion pOlir qlle ln ville en jouisse, loul IlUI~"1 que ~cs cilés cÔlières, Et je n' . ÉVOCATIONS Mf!OIÉVALES 'JI
al
encore parlé de ln mer qui conduit hors de III vlllel~'. L cnu cn ~~t limpide qUand Pas
reg"nle, douce Il boire, et en même temps. ellc pc':'l1et I.I~I l'Orp" ct etre .en. b?nne snnt~~ la Offrant avec bienveillance aux hommes son étendue plane. la ville a confi;:mce en ellc cl
ne sais pas s'il existe autre chose sl1sceptl~lc de fournil un bien ~USSI dlVlIl, un tnEd,'Je dans les remparts qui l'entourent, dont elle est si magnifiquement parée q~c c'est a 1<\
ment aussi simple et f:lcile à se procurer. Blcn plus. sa,longueur n est comparable à Ica· fois un plaisir et un sujet d'étonnement que de contempler en euX une mébranl<zhlc
d'aucun autre lac. s'il fnut en croire cellx qui la connmsscn,t avec exactitude. Il cons~~~e prévoyance, une beauté invincible, une noble fenncté. Nécessaire inflexibilité de Ioule la
en nutre une re'Scrvc merveilleuse de toutes sortes de nOtllTltures, les unes pour sal' f . e construction et de l'ajustement des matériaux! Tours qui de proche en proche ,o;c ùre,,, ,,cnl
aux hesoins, les autres au service du goOt du luxe. De plus, des rivières cou~s alte en hauteur, confiantes en leurs fondations. tours dont les bases saillantes s'avancent loin
proximité, de sorte que la ville, mêmc si elle n'aime pas la mer, peut l'avoir auprès ~,nt à de la ligne continue de J'enceinte et qui vont à la rencontre de l'ennemi (;ommc de,\;
et en utiliser sans crainte les produits. Par ailleurs, quel agrément pour les yeux de cil: défenseurs fennes et infatigables! Cette solidarité qui les unit réciproquement, cc d6ir ùe
ne pas s'éloigner les unes des autres pourrait évoquer une ronde harmonieuse ct délicieuo;c,
qui regarde le lac se lancer depuis la ville même, jouir ici des plaines étendues ~e UI
ses depuis l'intérieur de la ville, mais guerrière et menaçante pour l'ennemi qui de l'extérieur
pieds, là êlre cerné par les montagnes et céder le pas, après avoir longtemps défendu
s'en approche. La ville est si libérale pour ce qui est de sa défense. qu'un peu en avant
liberté. Th trouveras aussi que r enu..,lacement avec les montagnes de part et d' sa des murailles elle a dressé une autre enceinte l58 . Ceci aurait peut~êtrc suffi ü d'autres
. qu "1
n'cst pas sans grâces, ni fait au hasard. ma,ls 'd
1 poss,c e une
.é autre
llIut ~t une hannonie et villes, qui auraient pris comme allié quelque obstacle naturel, car c 'est leur habitude de
que le but est que le lac constitue pour la \'11ie.u~le bamère et nne fortl~cation. Je ne ;ais recourir à la ruse, Mais même cette abondance de sécurité n'a pas suffi à cette ville. ~t
pas si le lac a élé donné à la ville pour le platsll' des yeux ou pour qu elle l'utilise à elle n'a pas omis d'innover en ceci: devant l'enceinte, s'étend également un fossé pro-
guise, comme les objets faits de main d'homme, ou bIen comme une image de la m::' fond, rempli de boue, que la ville, habilement, dissimule comme un trésor aux yeux de
En ellet, il s'éloigne, fuyant le regard, suscItant U1.' désll' amoureux. 1\ est fort à redouter ceux qui attaquent inopinément. Mais pourquoi mon discours s'attarde-t-il au dehors de
que la mer voisine, par jalousie. ne lui tende un pIège et ne le capture par la ruse; mais la ville et n'y pénètre-t-il pas? Ce qui d'emblée s'offre à l'admiration de tous. cc sont
il s'avance d'un pas lemle, et parade longueme~t en montrant ses attraits, s'approchant des dimensions qui suffisent aux cîtés de premier rang, mais qui semblent insuffisantes
d'elle au plus près; puis, échappant aux mauvais dessellls de la mer, Il se souvient des pour la suite ininterrompue des édifices magnifiquement décorés qui s'y pressent, dont
engagements qui le lient à la ville et s'en retourne vers elle avec joie. Mais en voilà assez la plupart s' élancent vers le ciel et exhibent dans les hauteurs la richesse de leur cons-
sur ce sujet. Pour ce qui est de la terre ferme , grande en est la grâce; tant de plaines con. truction. Les bains procurent une profusion de plaisirs, et la grâce qui s'y ajoute allie le
vergent de tous côtés vers la ville et se fondent l'une à l'autre ainsi qu'en la ville. Leur luxe à la nécessité. S' y ajoute également tout ce qui favorise une vie meilleure, dont la
fertilité est d'une grande utilité et toute récolte est bonne; en effet, aucune production beauté est grande, mais l'utilité plus grande - je veux dire les hospices publics destinés
ne l'emporte sur l'autre, au conu'aire, il est particulièrement difficile de voir en quel à ceux que la maladie et la pauvreté ont affaiblis. Il ne faut pas admirer la beauté des
bâtiments, mais plutôt respecter qu'on y manifeste de la reconnaissance et de la sympathie
domaine la ville ne serait pas à la hauteur d'elle-même. Les autres villes n'ont pas tout
pour l'infimlité physique, de la miséricorde pour l'un et l'autre sexe, qu'on y procure à
en suffisance, mais quelque chose leur manque; c'est cela la prospérité, ne pas manquer
la maladie le secours de l'art médical et qu'on y apporte de la consolation à la pauvreté.
des choses nécessaires. Ici la terre est une réserve inépuisable. pour que la ville jouisse Cette assistance y est offerte aussi bien à ceux qui, à cause du mal sacré l59 , ont renoncé
à la fois de tout le nécessaire et du luxe dans toute sa variété. C'est presque la seule ville à leur propre vie et ont perdu l'espoir, le seul remède universel contre notre faiblesse ou
qui puisse sans peine jouir du luxe; les récoltes de toutes sortes sont abondantes; et les légéreté naturelle - je ne sais pas comment l'appeler -, qu'à ceux qui, avec eux, souf-
vignes - quelle chose merveilleuse! - on peut voir leur grand nombre et la qualité de frent en outre de l'indigence - et cela concerne autant les étrangers que les gens du pays.
leurs produits. Je n'ai pas encore parlé des fruits: outre leur nombre, la nature révèle en En effet, la miséricorde impériale prodigue sa pitié aussi bien aux uns qu'aux autres et
eux une telle beauté et un tel art, qu'ils voyagent loin de la terre qui les porte, aussi loin triomphe de la pauvreté par sa libéralité; les faveurs dont elle honore la cité renforcenl
qu'ils le peuvent, comme ces prodiges naturels venus d'ailleurs qu'on a l'habitude de le souvenir qu'on en garde et effacent les humiliations matérielles. Quant à ces splen-
faire circuler. Certains ont eu l'idée de faire profiter leur patrie de la bonne qualité des dides statues, sources de beauté, ces stèles superbes témoignant de notre philosophie w'.
fruits d'ici et de la contraindre pour ainsi dire à ce bonheur en l'incitant à produire des les brillantes et magnifiques cérémonies, les saints monastères où s'assemblent ceux qui
fruits semblables à ceux qui poussent ici. Tel est l'ordinaire des biens que l'on peut faire ont choisi de s'écarter de la matière et de se consacrer à Dieu seul, quelle autre ville
entrer depuis \' extérieur dans la ville. Mais la couronne qui lui revient en propre - faut·il pourrait en montrer un si grand nombre ou de telle qualité? Les uns sont des monastères
la citer en premier ou en dernier, je ne sais - c'est la ceinture inébranlable qui garantit sa d'hommes, les autres de femmes, qui ont choisi avec magnanimité la même ardeur, et
qui montrent du zèle pour leur choix et tout ce qui en résulte; c'est la préparation pour
prospérité. Qui, ayant vu ces murailles autour de la ville, ne les aurait pas admirêes ?ISS
les jeunes et ceux qui n'ont pas encore l'âge, l'accomplissement pour ceux qui sont d'tll1
Elles sont tellement confiantes dans leur construction qu'elles annulent chez les
âge avancé. Ceci ajoute à la ville une grande gloire, pcut-être la plus grande de toules.
machines toute volonté d'attaque, car il est vain d'entreprendre l'impossible. La villecst Mais ce n'est pas à moi d'avancer de telles paroles et de passer du temps à ces évocations.
circulaire l56 , c'est la fonne qui contient le plUS 157 . Elle méprise toutes les inégalit~ du Je crains fort de ne pas être à la hauteur du sujet que j'aborde, et de m'exposer aux
relief environnant et tire sa fierté de leur proximité, alors que la plupart des VJlles moqueries de la postérité en essayant, tel que je suis, de m'avancer sur un tel sujet. Mais
s'approprient les lieux escarpés et se procurent ainsi par ruse la défense convenable.

154. le lac de Nicée.


155. Sur les fortifications de Nicée, cf. SCHNEIDER-KARNAPP, p. 9-43, et ici-même GIROS, 158. Surl'avanl-mur, cf. SCHNEIDER-KA.NAPP, p. t6-19.
p.210-211. 159. L'épilepsie.
160. Altusion à la culture de la Grêce antique.
156. Çeei n'est pas très éloigné de la réalité: voir ici-même p. 211, fig. 2.
157. A périmètre égal.
p
VASSILIKI KRAVARI
92
il est sans risque de dire que la ville • pl~s de ~,oines que to~lte ant~e, et même plus
d'établissements où ce noble choix est pratiqué; Il est p.resque IIIlPOSSlbl~ de décrire la Romains. Pour le moment il manifestait sa cruauté en toute sécurité le long du Pontl~ ct
beauté de la plupart d'entre enx, et c'est une grande JOl"ssance de les VOI~ ~e Ses yeux. plus à l'intérieur. au-delà du Sangaris, et il épargnait ces régi <.>os- c,i. ; il é~ait gonné d li,"
Ainsi. grande est l'habileté avec laq~el,le les constructeurs ont assuré la sohdlté des tem_ orgueil encore plus considérable et il méprisait les nôtres, depUIS qu Il aVait tué au comh.tt
les divins et grande est la grâce qUI s y épan,oUlt. Un plafond en haut, magn.'fiquement le fil s du sultan ïzz-al-DinI 67, Mélèk Masour l68 , Celui-ci endura longtemps avec son
p é d'un or éclatant et de Ilellrs peintes, où 1 art se déplOIe d?ns toute ~a varIété ; et ces père J'errance dans le nord, depuis le moment où 'Izz-al-Din fu~ Iibér~ d'Ainosl"""
~~el1lents se poursuivent de chaque côté s~r le~ murs. La pierre. I~mtneuse et Variée, comme nOlis ,'avons dit auparavant l7o : lorsque son père mourut la-has, Il traverse le
rend le relais, s'élançant de tOlite la dlver~lté de ~es COlII~lIrs vers les. beautés Pont~Euxin et accoste à Thymaina 171 : de loin il se gagne par des dons le khan des Tatars,
~upérieures aidée dans son élan par l'art. qUI IOvente 1 ha"no~"e des proportIons. De comme diraient ces gens, Argun l72 : de là il établit son pouvoir sur la région comme sur
. b 1 01 est composé avec la même varIété ; car Il fallait que tOUt le bas un héritage paternel el soumet les chefs des Perses de la région, que ces gens appellent
~,ême, en as , he St Les bas-côtés offrent un changement: confiants dans les colonnes des satrapes, Bon gré mal gré ils furent assujettis, mais Amourios, le père d'Halès. sc
nvahse avec le au. . ,. . d .
ui les soutiennent. chacun cherche à atteindre le chœur, en pr~lmer. pro UlSant ainsi Un gagna les Tatars, reçut d'eux une troupe et s'opposa à Mélèk de toute son ardeur; de plus.
~ffet d' optique. Au centre. des colonnes se dre~se~'t, admirables les unes par leur volume, portant la guerre contre lui, il le mit en fuite, de sorte que. renonçant à tout. Mélèk décida
le< autreS par leur minceur. témoignant aussI bIen de la "chesse de l~ nature que de de passer chez l'empereur 173 avec sa femme et les siens. C'est pourquoi il gagna Héraclée
l'~fficacité de l'art; leurs couronnements et leurs bases offrent de multIples aspects de du Pont et de là il vint à Constantinople: comme l'empereur était parti à Nymphée"". il
l'art de la taille. Et l'or, exploité partout pour sa "chesse et .sa beauté; est ICI aussi laissa là sa femme, tandis que lui-même. après s'être reposé avec les siens pendant
introduit, rendant toute chose radieuse et la rehaussant de son eclat. Je n al pas e~core plusieurs jours des fatigues de la route, prit la route de Nymphée, sous la conduite d' un
é ' é la splendeur des icônes divines, 01 le noble usage qUI y est fmt des pierres guide impérial et sur l'ordre que donna j'empereur à cette annonce.
'réoqu . l' or qui est à nouveau sollicité pour le décor, no les ex-~oto témoins de la Mais arrivé du côté d' Atrammytion l75 , soit qu'il ail appris d'un autre, soit qu'il ail
p cleuses, no, .' d l' , AI' lui-même soupçonné que son arrivée auprès du prince ne tournerait pas en sa faveur, il
'é é ' l récieux objets liturgiques, mies trésors e lyres sacres. a sortIe, on ren-
pl t ,n., ems [diatement un spectacle plein de grâce: ici des prairies qui s'étalent, là des se ravise aussitôt; saisissant l'occasion et détournant l'attention du guide, qui était le
contre lm . ., . b' d'f . prôtohiérakarios Abrampax 176 , il prend aussitôt la fuite de nuit, mais pas à la manière de
arb ouverts de bons et de nombreux fruits, ainSI que certams ar res Impro UCtl s. qUi
qui tend des embûches nocturnes, c'est-à-dire à l'insu de son entourage. mais ouvertement
tou:o~s apportent leur contribution; par exemple, le cyprès neyorte certes pas de fruits, et hardiment. comme prêt, si quelqu'un marchait sur lui, à le poursuivre aussitôt. fi se
mais il se dresse tout droit et s'élance vers le CIel, ~n montrant, a mon avIS, naturellement rend à nouveau chez les Perses et, après avoir réuni une troupe grâce à l'excellence de
aux moines la direction vers laquelle ils dOIvent onenter leur course et leu~, ascens!on, s." sa renommée, il reprend son pouvoir antérieur et lin pouvoir plus fort. Il s'affermit el
débarrassant rapidement, au cours de leur monté~, du superflu de la mallere et s amal- se fortifia tellement qu'Amourios lui-même jugea que la révolte contre Mélèk ne serait
'ssant en vue de cetle ascension. On peut aussI admorer toutes les eaux qUI coulent: plus bénéfique à ses affaires et décida de se rendre auprès de lui comme suppliant, en
~Ies que la terre fournit généreusement, et celles que l'art force la nature à produire, en compagnie de ses sept enfants, et de se satisfaire, après l'avoir amadoué par des dons. de
inventant le moyen de les faire jaillir. rester ensuite à son service. Après avoir pris cette décision et jugé que c'était son intérêt.
il prend ses enfants ainsi qu'une foule de gens et il se réfugie auprès de Mélèk sous les
19. LE SANGARIOS ET LA BATAtLLE DE BAPHEUS EN 1302 traits du suppliant. Mais celui-ci garda sa rancune antérieure et ne renonça nullement à
son ressentiment: il accepta les présents, mais il accrut une souffrance amère l77 . Comme
Georges Pachymère, né à Nicée en 1242, devenu membre du clergé patriarcal, a laissé en en effet, à peine introduit avec ses présents, Amourios se roulait à ses pieds et le suppliait.
particulier des Re/atiolls historiques, qui vont jusqu'en 1307. -:- En m~rs 1302, le c~angement Mélèk mentionna, reprocha et réprouva durement les actions passées; finalement il prit
momentané du cours du Sangarios près d'Adapaz ... affalbht la defense byzantme, tandIS une coupe de vin comme s'il allait boire: il était convenu avec les siens que. lorsqu'il
qu'Osman remportait ses premiers succès en Bithynie. Le récit pa~ Pach~n;ère. de la bataIlle montrerait le signal, qui consistait précisément pour lui à s'étirer en bâillant et en tendant
de Bapheus, du 27 juillet 1302, comporte un long retour en amere qUI e~laore, malgré la les bras, eux ils dénuderaient leur épée pour tuer les suppliants; lorsqu'il eut donné le
complexité de la rédaction, le progrès des émirats turcs aux dépens de 1 empIre. - Nous
reproduisons la traduction, par A. Failler, des Re/atiolls de PACHYMÈRE, IV, p. 358-368, © Les signal, ils s'élancent aussitôt et font un misérable festin de cet homme et de ses enfants.
Belles-Lettres, Paris, 1999.
166. La mer Noire.
En effet, le 27 du mois de juillet, du côté de Bapheus l61 , un endroit qui se trouve 167. Izzeddin Kaikaous 11. sultan seldjoukide (1246-1261), cf. PLP no 328.
près de l'admirable Nicomédie, Osman, accompagné des siens, qui se comptaient en. de 168. Sur Mélèk Massour, cf. PLP nO 17233 ; FAILLER, Émirs, p. 90 no 4 el p. 91-96.
très nombreux milliers, survint subitement, ou plutôt... mais il faut reprendre le récit à 169. En 1264 ou 1265, cf. PACHYM~RE, IV, p. 359 n. 45. - Sur Ainos. en Thrnce, cf. TIB. 6.
p. 170-173.
son début. 170. PACHYM~RE, l, p. 307-309.
En effet Halès Amourios' 62 , avec son frère Nastratiosl63 qui resta en otage chez les 171. Sur Thymaina, ou Teuthrania, sur la côte de 1. Paphlagonie, cf. TlB, 9, p. 274-275.
Romains pendant des années, s'adjoignit les Perses t64 de Kastamôn '6S et mit à malles 172. Sur Argun, ilkhall de Perse (1284- 1291), cf. PLP nO 1237.
173. Andronic D.
174. En 1291 ; cf. PACHYMtRE, IV, p. 360 n. 48. - Nyrnphaion es! à J'esl de Smyrne (cf.
H. AHRWE1LER, L'histoire et 1. géographie de la région de Smyrne .. " TM, 1. 1965. fig. enlre les
161. Sur la localisation approximative de Bapheus, voir ici-même BELDtCEANU, p. 367. p. 178 et 179).
162. Sur cette personne, voir ibidem, p. 360-361. 175. Atrarnmytion (aujourd'hui Edremit), à mi~chemin entre les Dardanelles et Smyme.
163. Sur Nastratios, cf. PLP no 19972 ; FAILLER, Émirs, p. 88 n. 67. 176. Inconnu par ailleurs (cf. PACHYMtRE. IV, p. 360 n. 50).
164. Les Turcs. 177.lIiade, 2, 420.
165. Sur Kastan,ôn (Kastamonu), en Paphlagonie, cf. TIB, 9, p. 228-229.
,.
94 VASSlllKl KRAVARt
r
Cc fUi pour Halès une épreuve et le dernier des malheurs, lui qui était l'enra 1 e.VOCATIONS Méou~VAlES
n
l'homme mis cn morcea ux el qui fut sauvé par quelque intervention providentiell ,d,e
considérait qu 'exercer une vengeance identique primait toute tâche, C'est pourq:: ~I là. du fait qu' ils pouvaient traverser grâce au dépôt d'alluvions. Ce~a arriva,co~lrc lou.te
s 'adjoint des Perses capables 178 et fait des courses comme un brigand, étant clair qU~' JI attente. et on annonça à "empereur que J'intérieur des terres élau rempli d enneml \,
!:lien il sc vengerait ou bien Îltomberait. Comme il dévastait la région par ses incursi Ou
même si Halès Amourios simulait jusque-là la paix et se tenait tranquille pour le
moment. Mais les exploilS accomplis plus tard par Osman'B8, qui courait les e nvirons de
et poussail ~ la riposte, la falalilé excite la bravoure de Mélèk et provoque la guerre e~lns
Nicée, excita aussi cet homme : Halès jugeait qu'it pratiquait envers l'empere ur tin t.:
eux. La guerre ayanl éclalé, le deslin égare Mélèk ; conduil à Ioule bride, son cheval Pl,e
bienveillance suffisante, s'il restait en paix tant que d 'autres ne passaient pas il lïnva:-.;nn :
les palles e l de loul son élan il fait lomber le cavalier li genoux; celui qui eSllom~
mais dans le cas contraire il pillerait de son côté ce qu'un grand nombre emportait.
de vient a ussi tôl la viclime du glaive. Ces faits excilèrenl Halès Amourios à l'orgueil 1 Osman quitta donc la région de Nicée, car te revers subi auparavant par MtHl/.;t1 cin 1.1,;')
désonnais. réunissant de très nombreux soldats. il mettait à nmIla situation des Romain~ le gonflait encore plus d'orgueil: après avoir traversé les gorges de la montagne. il était
Mais ce n'était pas encore vraiment la fin, jusqu'à ce qu'un courroux divin - car corn~ prêt à poursuivre les Halizônesl90. Mais avant qu'il ne passe lui-même à l'in vasion. un
ment rappeler autrement? - souffla contre les Romains. comme on va le dire179. nombre d'ennemis qui s'élevait seulement à cent se trouva rassemblé. ct ils survinrent;\
En effel, demeuranl au-delà du Sangaris, Halès Amourios altaquait énergiquement l'improviste du côté de Télémaia l9 1 sur Mouzalôn et les siens. qui étaient endo rmis:
les forteresses situées sur le fleuve; l'empereur Miche Jl 80 les avait relevées auparavam jls jeuent naturellement un trouble immense parmi ceux-ci. s'emparent de be.IlICOllp
et il avail fo rtifi é l'espace intennédiaire avec des pieux lrès longs tirés d'arbres coupés de choses et des javelots eux-mêmes, piqués sur leurs pointes, et ils s'en retournent.
il la hache, en rendant inli'anchissable jusque sur une largeur de cent pieds'8' l'espace situé Comme, une fois organisés, les Romains poursuivaient leurs attaquants. ct!ux·cj occu-
en-deçà du fleuve , comme nous le disions dans les premiers discours'82, et il y eut dès lors pèrent préalablement la montagne et en tiraient dès lo rs leur séc urité: debout. ils
pour le Perse un solide obstacle à l'invasion; là-dessus, au mois de mars, le fleuve dérive frappaient avec des traÎts et, après les avoir encerclés, ils tirèrent à J'arc; ils furent à cc
soudain et recherche son ancien Iii, sur leq uel se trou vailla Penlégéphyra de Justinienl8.J. point supérieurs à leurs poursuivants qu ' ils sc saisi rent de leur chef en personne, et ils
Plus tard, après que le fleuve eut dérivé , le Sangaris reçul le Mélas, son amuent'84, qui l'auraient enlevé. si un soldHt de la phalange romaine, qui avait un noble courage. ne
n 'était pas si important, ma is néanmoins capable lui aussi, g râce à une profondeur s'était précipité avec rorce, n'avait triomphé de ses ravisseurs et, seul le cheval ayant été
suffisante, d'empécher l'iffilption des e nnemis. Alors donc le Sangaris, qui avait débordé blessé. ne le leur avait arraché. Une fois survenu et connu, le fait excila enCOre plus
à cause des pluies, se transporte à nouveau hors de son lit, qu'il avait occupé autrefois Osm:m. el le b,lrbare faisait le rier. L' armée qui J'enroura;' devint e n effer si nombreuse
après être sorti de son lit. et il regagn a son premier lit ; à l'endroit d 'où il se retira, il qu'il avait d'autres Perses, arrivés des régions du Méandre. comme alliés et auxiliaires
suffisams pou r l'invasion. C'est également ce qui avait excité et persuadé Amourios de
pennettait au premier venu de traverser; à l'endroil _qu ' i! occupa en débordant il ne
violer les traités: il devint alors jaloux de ce que ce dom il s'abstenait lui-même à cause
donnait pas seulement au courant de la profondeur grace a son débordement, maiS, en
de sa bienveillance pour l'empereur, d'autres gens, qui arrivaient de loin pour envahir,
faisant descendre des alluvions des monlagnes de roches rouges et en amenant un gravier
l'obtenaient indûment. Mais les actions de cet homme s'accomplirent un peu plus
considérable, il procurait également un passage il qui voulait traverser. C'est pourquoi tard I91:, même s'il ne s'abstenait pas lui· même d'agir.
ceux qui étaient installés dans les f~rteresses d 'au-de là ' 8s émigrère~'t, lor~qu'i1s virem ce Mais alors survint Osman; il menait les siens et menait beaucoup d'autres liés pur
déplacement insolite et surent qu',ls se tr~uvUlent en da~ger. ~eanmolDs le fleuve, à une alliance, des hommes accourus autrefois des régions de la Paphlagonie par fureur
nouveau, ne garda pas longtemps cette postl,on, maIS, apres aVOIr amassé des allUVIOns belliqueuse; ils étaient prêts il anéantir et il enlever avec une grande audace ce qui
pendant un mois seulement, il s'en revint' 86. O:un côté l'évacuation de son ancien lit'S1 se présenterail; il les regroupa IOUS là. Mouzalôn el les siens, tanl l'élémenl romain
étail la cause manifeste et de la fuite de ceux qUI demeuratent dans les forteresses et de la qu'alain l • J , tant l'élémenl indigène qu'étranger, constiluait à peine deux mille hommes.
traversée des ennemis, du fail que ceux qui le voulaient pouvaient traverser librement ; Cependant le fail de comballre sur leurs lerres leur donnail un grand élan pour oser à peu
d'un autre CÔlé, le nouveau el subit retour en arrière arrangeait aussi ceux qui traversaient conlre un très grand nombre, el il leur serait arrivé de vaincre, s'ils s'étaienl élancés avec
des cœurs généreux, comme beaucoup le disaient, et s'ils avaient soutenu le co mbal.
Mais voilà que, nonchalanls au possible el souffranl de torpeur, pas moins par malveil-
lance que par imprudence, pour avoi r élé dépouillés récemment de leurs chevaux el de
178. Ou bien : «en nombre suffisant». leur argenl à cause de la contribution demandée à IOUS pour les Alains, ils perdirenl kur
179. Allusion à la défaite de Bapheus. élan et s'engagèrent sans beaucoup d ' audace. Cela engendra chez les Perses un grand
180. Michel vm, en 1281. élan, et ils élaient plutôl pleins d'audace, étanllrès nombreux contre peu. Le comba,""
18 1. Environ 31 m. devint ainsi inégal et pour le nombre et pour la conviction; il tombe un bon nombre de
182. PACHYMÈRE,lI, p. 635-637.
183. Sur ce pOnt, voir ici-même LEFORT, p. 463.
184. Le Çark Su, émissaire du lac de Sapanca. . e
185. Pachymère «entend probablement indiquer l'ensemble des forteresses c?nstrUlles surJ J88. Alman dans te texte.
Sangarios, plutôt que les forteresses de la seule rive droite, car IoUles se trouvalent au-delà u 189. Sur Léon Mouzalôn, alors gouverneur de la région. cf. PLP no 19443.
fleuve dès lors que celui-ci avail quitté son lit oriental» (n.d.t., p. 363 n. 56). dé' de 190. Le Lenne, archnïsanr. désigne ici les hllbiw:nrs de 1<1 Mésothynie (enrre Nicomédie t'[ 1:1
186. «Il faut dislinguer deux phases. Dans un premier lemps (mars 1302~, le fl.eu~~ . nv:v", Mer Noire).
son lit oriental (le lit actuel) el vinl couler dans son lit occidental (le hl pnmlllr, qUI com~,de. nta! 191. Sans doule Cnlfe Nicée el Nicomédie (cf. PACHYM~RE,IV, p. 364 n. 63).
le cours ottuel du Mélas el passe sous la Pentégéphyra) ; cela eul deux con~éqences ; le hl one 192. En 1303 ; cf. PACHYMtRE, IV, p. 366 n. 64.
ne constituail plus une fronlière et le lit occidental, en se comblant, offra,t un nouv~au p~s~~:i 193. Une partie des mercenaires alains recrutés en 1301-1302 avait été remi se ù i\·lllu zalùn
Dans un second lemps (avril 1302), un mois plus tard, le fleuve quitta à nouveau le ln occ' e (ibidem, p. 339).
et ,.gagna le lit orienlal. (n.d.t., p. 363 n. 57). 194. La bataille de Bapheus.
187. Le iii oriental (n.d.l., p. 364 n. 58),
VASSILtKI KRAvARI

MéolévALP..s 97
Romains, tandis qlle la. plupart prennent ln fuit~ et se fraient lin chemin, dans le . ~VOCATIONS

Ollverte, pour se préc.plter ensemble et de mamère déshonorante il Nicoméd' u~ fuite


proche. A cette occasion les Alains, qui tombèrent en grand nombre en '~' quo était XVII. Ce chapitre expose comment le gouverneur de Brousse et quelques aU/rf''''
Romain!':. pantrent extrêmement utiles. En etTet ils donnaient à l'infanterie ave~r de.s gouverneurs. celui d'Adranoz. celui de Bednos202. celui de Kestel et celui de. Kile COli-
nombreuse, la raculté de fuil', une fois que la bataille eut penché: encerelant le~ qUI ét~t elurent /llle alliance. Ils se réunirent et dirent: «Marchons contre les Turcs! ÉlOIgnons-les
enne d'ici, afin que nOliS soyons préservés de leur méchanceté !» Ils rassemblèrent une grande
cédan! pied" pied. 1Ul<lqwonl de 1>i;lis ct retardant intentionnellement, ils frappu· l11!S,
année et se mirent en marche. Osman gazi se confia à Dieu. Il partit à leur rencontre. LUI
des traits et transfonnaient en fanlaNsins ceux qui étaient jusque-là des cavalie lent av~c
et les soldats prêts à combattre se rencontrèrent à Koyunhisar20J . En combattant sans
que la nuée des fnntassins romain~, se resserrant et sc faufilant en avant sers~ tand.is
relâche, ils parvinrent à Dinboz204. Les infidèles se placèrent dos à la montagne ct
Plaçant le salut de ces gens avant les dangers qu'ils couraient, les Alain's t ~~aJt. s'arrêtèrent. 11 y eut une grande tuerie. Aydogdu, le fils de Gündüz, qui était lui-même
continûment. Il ne restait plus dès lors aux Perses qu'à vaincre et, une fois diomé a.'ent un fils du frère d'Osman, tomba en martyr. 11 est enterré à Dinboz, sur la route qui conduit
ct C-CI. d c- là~, ;il: couru'
. 1C vOIslIlagc,
.. ss monés
alors que la plupart des biens s'offraient à un '11 à Koyunhisar. Sa tombe est entourée de pierres. Quand dans celte région un cheval a une
facile, cn l'absence de toute opposition. Ce fut donc le commencement de grand pl age inflammation, on le conduit à sa tombe, on lui en fait faire le tour, et Dieu le Très Haut
pour toute la région il une époque où pressnil ln récolte des fruits de la terre . ~emaux lui accorde la guérison. Le gouverneur d' Adranoz205 s'enfuit. Celui de KesteJ206 mourut.
éraient enlevés. les autres égorgés. certains prenaient la fuite, si on arrivait à de~an~e~~s Celui de Brousse rentra dans sa forteresse. Celui de Kite 207 , qui se trouvait face à Osman
malheur et à confier son sorl à quelque forteresse. e gazi, s'enfuit lui aussi. Osman gazi le poursuivit. Ce gouverneur marcha et finalement
On vit alors les gens qui habitaient plus à l'intérieur plier bagage et traverse ô arriva à Ulubat 208 . Osman gazi arriva également et s'établit près de la tête du pont
spectacle lamentable, pour gagner la Ville, puisqu'ils désespéraient désormais de sau~ d'Ulubat209 ; de là il envoya un message: «Donnez-moi celui que j'ai vaincu! Autrement,
leurs biens. el' en partant de la rive du lac. je le contournerai et je détruirai toute votre région h>. Le gou-
verneur d'Ulubat répondit: «Faisons un accord: ni toi ni personne panni tes descendants
20. ÉPISODES DE LA CONQUÊTE OHOMANE AU DÉBUT DU XIV' SIÈCLE ne traversera ce pont: et nous te rendrons alors celui que tu as vaincu». Osman gazi
accepta. Depuis ceUe époque et jusqu'aujourd'hui, la famille d'Osman n'a jamais
A~lkpa~azade, chroniqueur du xv" siècle, a laissé un récit de la conquête ottomane de la franchi le pont d'Ulubat ; elle traverse en barque. Les chrétiens rendirent le prisonnier.
Bithynie qui fait parfois place à la légende l95 . - Le texte : A~IKPA~AZADE, texte, p. 22-23. Ils l'emmenèrent face au château de Kite et le mirent en pièces; ils prirent ensuite le
château, et y installèrent une garnison; ils assurèrent ainsi la défense de la région"o.
XVI. Ce chapilre expose à qui il donna des limars lorsqu'il eul conquis cet/e
21. BROUSSE ET NICÉE EN 1333
région. Il [Osman] donna à son fils Orban beg le sancak de Karacahisar, qu'on appelle
Inonü l96 et en donna la charge de s/lba,1 à son frère GÜndüz. Il donna Yarhisar' 97 à Hasan Ibn Batluta fit rédiger ses Voyages en 1355, à la demande du sultan du Maroc. C'est
Alp, qui était, lui aussi, un brave compagnon. De plus, il était venu avec eux. Il donna vraisemblablement en 1333 qu'il traversa la Bithynie211 . - Nous reproduisons deux passages de
Aynegoi'98 à Turgut Alp. Aujourd'hui encore, on mentionne le nom de ce vénérable per- la plus récente traduction des ~oyages d'IBN BATI\JfA, par P. Charles-Dominique, p. 656 et 658,
sonnage; il existe en effet dans la région d'Aynegol des villages qu'on appelle pays de Bibliothèque de la Pléiade © Editions Gallimard, 1995.
Turgut. À son beau-père Edebali il donna en timar le revenu de Bilecik '99 . Et il installa Puis nous partîmes 212 pour BUfliâ, très grande ville, avec de beaux marchés, de larges
aussi sa femme à Bilecik, aux côtés du père de celle-ci. Lui-même vint à Yeni§ehir2OO. Il rues, entourée de vergers et de cours d'eau. À l'extérieur de la viUe, coule une rivière
y édifia des maisons pour les soldats qui se trouvaient à ses côtés et il s'y installa, Us dont l'eau est très chaude et qui se déverse dans un vaste étang. On a construit à
nommèrent l'endroit Yeni~ehir. Il établit près de lui l'un de ses fils, qu'on appelait proximité deux édifices, l'un pour les hommes, l'autre pour les femmes2' 3 • Les malades
A1aeddin p~a. Souvent, avec son père, Orhan gazi fit des raids dans les quatre directions. se rendent en cllre dans cette station thermale et y viennent de très loin. Il y a là une
Ils allèrent jusqu'à Iznik. À plusieurs reprises ils atteignirent aussi Koprühisar20l , qu'ils zâIViya 214 réservée aux voyageurs qui y logent et y sont nourris durant leur traitement
conquirent plus tard par pillage. Ensuite, il se rendirent jusque dans la région de qui dure trois jours. C'est un roi turcoman qui a édifié cette zâlViya.
Marmara; les infidèles vinrent se soumettre et Osman gazi les maintint à leur place. Ils
revinrent à Yeni~ehir. Les soldats laissèrent leurs chevaux se reposer quelques journ, 202. Bednos était probablement dans la région d'lnegO!, voir BUDICEANU, p. 369 el noIe 137.
ensuite ils flfent un raid dans la région d' Iznik. Ils assiégèrent la ville et combattirent un 203. Carte turque, §30.
bon nombre de jours; ils installèrent des hommes autour de la ville, soumirent la région 204. Dimboz : carte turque, t29.
205. Adranos 1 Orhaneli. - Sur cette ville, voir ici-même BONDOUX, p. 380.
et l'accordèrent à des !imariotes. Quant à eux, ils retournèrent de nouveau à Yeni~ehir, 206. Sur Kestel, voir ici-même GIROS, p. 22l.
207. Sur Kite, voir ibidem, p. 222.
208. Vluabat.
209. Sur ce pont, voir ici-même LEFORT, p. 467 el fig. 6.
210. L'édition d'Ali porte ensuite: (1La date de cette bataille est l'an de l'hégire 702 (= 26
aoOt 1302-14 aaOt 1303] et le nom de cette bataille esl «la bataille de Dinboz»" (n.d.1.).
195. Sur cette chronique et sur ce qu'on sait sur l'installation des Ottomans en Bithynie, voir 211. Cf. YERASIMOS,/mroduclion. p. 20-21 ; In., Les voyageurs dalls "Empiœ OtlOmall (XI\<' ,
ici-même BELDICEANU, p. 351-374. XVI' sièe/esl,Ankara, 1991, p. 97.
196. Sur Inônü, cf. ici-même BELDtCEANU, p. 359. 212. Depuis Balikesir, à l'ouest de la région élUdiée.
197. Voir ibidem, p. 366. 213.11 s'agit des bains de Çekirge.
198. Aujourd'hui InegOl (carte turque, u30) . 2J4. ZlJwiya: «(sorte de grand couvent où se réunissent les derviches et les south ou dc:s étu-
199. Sur Bilecik, voir ici-même FRANÇOIS, p. 296, et BBLDICEANU, p. 359-360.
diants et qui fait également office d'auberge gratuite (.. ,). C'est cn génér.lI une fondation pil'ust.'"
200. «ville nouvelle». (n.d.t .. p. 1402).
201. Sur Koprtihisar (carte turque, ~32), voir ici-même GIROS, p. 217.
VASSIUKI KRAVARI

Le sultan de Bur,;â sc nomlllc Ikhtiyâr nd-din UrkMn Bnk, fils du suit 'u
JOq'" lil1k cn turc veut dire "pctil»). C'est le plus grand roi turcoman et le p~~ . thllldn
hiC'm;. viJJes ct soldats, Il règne sur près de CClll forteresses qu'il ne cesse de v,s,rlche en
, " IS1 ter t
1\ tour. In ~.lupart du temps, séJounl!~nt dans ch~cunc. d'elles ~lusieurs jours pOur 1,'3 OUr
nager ct 1 mspectcr. On raconte qu 11 ne reste JalllUiS un mOlS entier dans une 11 mé-.
comhat les infidèles ct les a.ssiè~~. C'est ~on père .qui prit Bur~â ,aux BYZalltins21~~ Il If' LES MINIATURES DE MATRAKÇI
enterré dans la mosquée qUI étalt une éghse chréttcnne 217 . On dtt qu'il assiégea l,est
de YaznÎk 1 " pendant près de vingt ans et Illounlt avant qu'clle ne fOt tombée S a v~le
Urkhân Bak poursuivi! k siège' pendanl douze ans ct réussit il investir la ville 2;9. ~ ~ls
par Jacques LEFORT'
là que je rencontrai le sultan t.~t qu'il m'envoya une grosse somme d'argent. e Ut
Nous gagnâmc!' Yaznik cn passant la nuit dans le village de Kurla 220• dans la zâ .
Wlya
d'unfnlli akhP11, Puis nous v()yagt~âm('s un jour entier dans un pays arrosé par des c
d'eau sur les rives desquels poussent des grenadiers aux fruits sucrés et acides. Puis ~~rs Nasuh, d'origine bosniaque, était expert au jeu de la matraque, dont il a précisé les
arrivâmes à un lac bordé de mscau.\ il huit milles de YaznÎk. On a accès à ceUe ville pUS règles dans un traité. De là vient son surnom de Matrnkçl. Janissaire au service du sultan,
une seule route qui ressemhle à un pont où ne passe qu'un seul cavalier à la fois. De ~
fait. la vme es! inexpugnable: en outre elle est entourée du lac de tous les côtés212.
ville est en ruine et n'est habitée que par de mres serviteurs du sultan. Y réside l'éPouse
L: devenu mathématicien, historien et historiographe de Soliman le Magnifique, il a accom-
pagné ce dernier dans sa campagne dans les deux Iraq, de 1534 à 1537. Il a rapporté de
cette expédition une Description des étapes suivies par l'armée, ornée de miniatures
du sultan, Bayalûn Khàtûn"·'. qui la gouveme. c'est une femme pieuse et de grand peintes par lui, en général en pleine page. Le manuscrit, conservé à la Bibliothèque de
mérite. l'Université d'Istanbul, compone 109 f°'. Il a été édité et commenté par H. G. Yurdaydm l .
La ville a quatre r~mparts séparés par des fossés remplis d'eau. On y pénètre par Huit de ces miniatures (ci-dessous, pl. 1-VlII) nous offrent les plus anciennes images que
des ponts-levis en beis. A l'intérieur de la cité. on voit des jardins, des maisons, des terres nous ayons de la Bithynie. Deux d'entre elles, qui correspondent aux pl. 1 et Il (f<>' 9b et
et des champs. Chaque habitant possède sa maison, son champ et son jardin, d'un seul 10a), se raccordent à l'endroit de la reliure et fonuent ainsi un vaste tableau 2 .
tenant. L'eau vient de puits proches de la ville. On trouve là toutes sortes de fruits; les Comme les textes qu'on vient de lire 3, ces miniatures. qui ont sans doute été com-
noix et les châtaignes y abondent et sont bon marché. Les Turcs appellent la châtaigne posées d'après des croquis faits sur place, ne nous infonuent sur la région qu'au travers
qas!ana et la noix qûz. On y trouve aussi du raisin 'adhârî comme je n'en ai jamais VU des procédés qu'elles mettent en œuvre. On peut y reconnaître diverses traditions
autre part, très sucré, très gros. de couleur claire, à la peau fine, chaque grain n'ayant picturales, mais elles n'ont pas de modèle précis et Matrnkçl n'a par ailleurs pas eu de
successeur dans ce qui n'est pas devenu un genre. Les miniatures de la Description des
qu'un seul pépin.
étapes, ou du moins cerlaines d'entre elles, ont été commentées à plusieurs reprises•. On
leur a parfois imprudemment reconnu un caractère cartographique. Il est vrai que le
relief, les cours d'eau, la végétation et l'habitat y sont figurés par des signes en partie
conventionnels, mais c'est déjà le cas sur les miniatures byzantines, et celles de Matrakçl
ne tiennent compte ni de l'orientation ni des distances. Plus justement, on a souligné la
précision et l'adéquation des figurations, qu'on peut rapporter tantôt à la richesse de la
symbelique adoptée pour les représentations, tantôt à un réalisme parfois incontestable
- ce qui n'exclut pas la part de la fantaisie.
Les miniatures doivent se lire à partir du haut, qui évoque le trajet suivi depuis l'étape
précédente, vers le bas, qui représente l'étape suivante, certaines d'entre elles retraçant
plusieurs trajets successifs. En décrivant l'itinéraire suivi par le sultan, elles rendent
compte du paysage traversé. Le nom des étapes est ordinairement inscrit près de leur
représentation picturale, qui vise parfois à justifier le toponymes.
Tout d'abord, signalons ce que l'on ne voit pas sur ces miniatures. La route sur
laquelle l'armée cheminait n'est pas représentée. Seuls l'évoquent certains ponls ; liés à
215. Orhan, fils d'Osman.
216. Sur la prise de Bursa en 1326, voir ici-même BELDICEANU, p. 373.
217. Sur le mausolée, voir ici-même PRALONG-GRÉLOIs, p. 141-149. • E.P.R.E. (Section des sciences historiques et philologiques). UMR 7572. Collège ùe
218. Iznik. France - CNRS.
219. Nicée fu! prise par les Turcs en mars 1331 ; voir ici-même BELDICEANU, p. 373. 1. YURDAYDlN, Matrakçr. - L'introduction est traduite en anglais p. 115 à 173.
220. GUrle (carte turque, s28). . 2. Cette disposition se retrouve plus loin dans le manuscrit. par exemple jm 18b et 19u.
221. «Le mot akhi est turc et signifie généreux. Mais, par un glissement étymologlq~e [... 1, 3. Voir ici-même KRAVARI, p. 65-98.
Ibn Baltûta el les aull'eS aUleurs arabes l'assimilent au mot arabe «mon frère». Selon les cucon~­ 4. Les travaux d'A. Gabriel (1928), R. S. Selen (1943), F. Taesohner (1956. 1962). W. B.
tances, les akhis jouent un rôle imponant dans la période située entre l' effondreme~1 du ~2O: Denny (1970) et N. J. Johnson (1971), sont analysés par YURDAYDIN. Mel/rakI". p. 152-166 ùe la
seldjukide el la montée du pouvoir ottoman en Asie Mineure» : YERASIMOS, lnfroducllon, p. - 4 traduction anglaise.
222. Le lexie suggère que le niveau du lac était alors élevé; voir ici-même GSVER, p. !7o-!7~ 5. Par exemple. pl. l, Maltepe «(<la colline du bélail», ou peut-être «du trésor») est rcpresenté
223. L'épouse d'Orhan s'appelait NilUfer. Il est possible que le nom BayalOn SOIt uull par une colline: pl. II et V, les étapes qui ont des noms de pont som figurées par un ponl.
comme titre, cf. YERASlMos,/nfroducfion, p. 181 n. 130.
100 JACQUES LEFORT

des élapes, ils ont tous, par convention, de nombreuses arehes•. On n'y lrou LES MINIATURES DB MATRAKÇI 101
figure humuine. ni - pour la Bithynie du moins - animale. Les cultures. à l'excVe ~ucllne
arbres fmitiers. et l' habitai rural sont absents. ephon des Ces images de la Bithynie au début du XVI' siècle, peintes pour l'agrémenl oU
Ce Que l'on y voit est riche d'infonnations, une fois reconnue la pan de sultan. contiennent des infonnations qui lui étaient peut-être utiles, et qui le sont en tou l
~ c~nven_
IÎOIlS. L'aspect des mont:lgnes. souvent pleines de «replis}} comme l'écrivent cas pour nous, par exempte sur "état des rortifications médiévales à celle époque. ou sur
byzantins, évoque parfois le masque d'un monslre'. De couleur marron, elles s'~s ellrés un certain réaménagement de l'habitat urbain, qui était en cours. Les remarques de
aux collines aux fonnes douces, figurées en ven clair. Les étendues d'e PPOSCnl Bernard Geyer sur les nuances du climat bithynien24 et la distinction (peut-êlre à la foi s
lesquelles les vagues foonent des volutes', et les cours d'eau que l'année a~u: dans géographique et culturelle) proposée par 1. 8eldiceanu 2' entre deux Bithynies, run e
traverser SOnt en ven, ou en bleu foncé. La représen tation de la végétation op au eu à maritime. l'autre déjà continentale, sont illustrées par la représentation du paysage.
étendues aroorées celles qui étaient principalement couvenes de plantes basPos~ aux inégalement boisé selon les secteurs, et par celle des maisons. les toits de tuiles prévalant
dernières montrent d~s toutTes d'herbe é?ayées par des buissons de fleurs, s:I~~ces au nord-ouest, les toits en terrasse au sud-est. Par ailleurs, les miniatures de Matrakç l
reqUIs sur un trajet qUI devmt représenter 1 empire comme une succession de jard' ent suggèrent que les abords du plateau anatolien, pourvus de nombreux édifices publics,
roses. La figuration des arbres, isolés ou en groupe, évoque la plus ou moins II1s de n'étaient pas alors à l'abandon. Sur tous ces points, le \tbyage de Demschwam 26• qui.
densité du cou l'en forestier. Ils sont en Bithynie de divers types: arbres en bo~~nde environ vingt ans plus tard mais à une époque de troubles. décrit le même itinéraire
élancés (des cyprès ?)1o,. conifères à cin~e triangulaire ll ou évoquant un pin paraso~2 °eU jusqu'à Bozüyük, pennet de nombreux recoupements avec ces images. On trouvera sur
arbres fnllllers. reconnmssables à leur Silhouette ou aux fleurs qu'ils ponent. ' 1 la fig. 1 l'itinéraire suivi par le sultan et son armée entre le 14 et le 29 juin 1534, el la
localisation des étapes:!?
À la campagne, les édifices isolés ne sont que rarement représentésl3 Le
PI. l. (fo 9 b), panie droite du tableau constitué par les pl. 1 et Il [14 juin: d'Üsküdar
agglomérations figurées sont des villes rencontrées en cours de route ou correspo~d s à Mallepe, environ 15 km]. Dans la partie supérieure de la miniature, la montagne bordée
à .d~s étapes, Le nombre des maisons suggè~e l'imponance de. l'habitat. La couleur~: d'une colline (toutes deux sont dénudées) est le KaYI§ dag". Elle donne naissance à un
batlments mdlque les maténaux de construcllon : gris pour la pIerre, beige pour la bri cours d'eau:!9, Au centre, une colline. presque dénudée elle aussi. est surmontée de
ou pour un murenduit '4. Les maisons privées ont souven t un étage, parfois deux ls ,:;ue l'inscription (cMaldepe)30; elle est également pourvue d'un cours d'eau ll . Dans les
cenaines sont en rez-de-chaussée '6. Beaucoup sont à l'intérieur d'une cour, figurée;" plaines, les arbres fruitiers suggèrent la mise en valeur de la terrel2 .
un muret 17 • Les bâtil)lents publics et les monuments SOnt rep résentés, de façon conve: PI. Il ( folO al. [15 juin: de Maltepe à Klssahan Koprusü , environ 22 km]. Dans la
tionnelle ou plus ou moins réaliste, par des formes qui caractérisent leur fonction. La panie supérieure, le sommet des collines est boisé de con itères. À droite, figure un édi-
figuration de cenains d'entre eux, édifiés à l'époque de Soliman, pourrait être un hom- fice isolé, muni d'une porte, avec un tOÎt en terrasse lJ . À' proximité. un cours d'eau).!,
mage au sultan. Les mosquées se reconnaissent à leur minaret. Des galeries figurent des bordé d'arbres en boule dans une plaine parsemée d' arbres fruitiers, est franchi par un
bazars, des imaret (cuisines populaires) ou des caravansérails 's. Les édifices sunnontés pont surmonté de l' inscription «Q I ~~al)ân Koprüsü»3S.
d'un clocheton, munis d'une pone et accolés à un bâtiment comportant plusieurs PI. li! «0 12 bl. [16juin: de Klssahan Koprilsil à Oebze, environ 9 km]. La miniature
coupoles parfois percées d'œils-de-bœuf, sont vraisemblablement des hamams '9 . Les représente la ville de Oebze 3•. Le nom figure dans le canouche : «Oegibize». La ville,
toits de tuiles sont en rouge (par ailleurs, leur foone indique l'existence d'une charpente) ouverte, est dans un décor de cyprès et d'arbres fruitiers 37 . Les maisons, souvent dans
et ceux en terrasse, ordinairement couvens de terre, en beige 2o . Les couvertures peintes une cour, sont couvenes de tuiles; celles du bas (parce qu'elles sont plus proches de
en bleu (surtout des coupoles) sont sans doute en plomb 21 . Les enceintes urbaines
héritage du passé byzantin, sont représentées avec des tours et des courtines crénelées : 24. Voir ici·même, p. 27·30.
le nombre des tours suggère l'étendue de l'espace fortifié 22 . Le campement de l'année 25. BELDICEANU, COllqllêle.
est figuré par des tentes, peut-être seulement là où le sultan n'avait pas été mieux logé23. 26. Voir GRÉLOIS, p. 113·138 : traduction partielle du Voyage, citée ci·dessous : Demschwam.
27. Sur la date, le lieu des étapes et la distance qui les sépare d'après diverses sources, voir
YURDAYDIN, MatrakÇl. p. 58-62, - La distance entre les étapes, assez inégale, est en moyenne de
18 km. Les distances indiquées ci-dessous sont approximatives ; en etfet, ni le lieu précis de "étape.
6. PI. U el V. - II en est de même au delà de la Bithynie. ni le tracé des routes ne sont toujours exactement connus.
7. PI. VI el VIII. 28. Le Mont Auxence de l' époque byzantine.
8. PI. IV el VII. 29. Ce cours d'eau est sans doute le Camasl Dere de la carte turque. - Il se raccorde sur 1"
9. PI. l, Il, N, VI à VIII. pl. Il à un cours d'eau qui est selon nous différent du précédent.
\O. PI. III. 30. Près du village actuel de Maltepe, - Sur l'histoire de ce village, cf. COVEl, p, 238 et
II. PI. Il, V, Vlà VIII. n. 653. La colline était autrefois nommée Drakostepe (cf. JANIN, Grands cellIres. p, 51) ; sur la
12. PI. l, U, V, VI, VIII. carte turque (m27) : Orhan Tepe.
13. Pour l'édicule figuré sur la pl. Il, voir ci-dessous. 31, Il s'agit sans doute du Drakos dere de la carte autrichienne = Bahkbayazma sur la carte lurque.
. 14. Cf. les remarques de YURDAYDIN, Matrakç" p. 162-163. _ Les mosquées sont souvent en 32. Demschwam, ici~même p. 116, mentionne vignobles et champs dans ce secteur.
gns : pl. lU, V, VII et VIII. 33. Peut~être le Tuzla hamaml de la cane autrichienne.
15. PI. III, IV, V el VU. 34. Le Kemiklidere (cours d'eau à l'est de Thzla) d'après YURDAYDlN, Malmkçl, p. 59 et 157
16. PI. VU (à Yeni§ehirl. = Umur Dere sur la carte turque. - On a noté plus haut que ce cours d'eau prolonge sur la pl. Ille
17. PI. III, V, VII et VIII. ruisseau représenté sur la pl. 1.
18. PI. lU, V, VII el VIII. 35, Un pont comportant une seule arche pourraillui correspondre, Demschwam. p.. 115, - Le
19. PI. m, V el VII. même pont, ou un autre, comptait deux arches principales et deux plus petites et élau nOlll1n~
Kerner kôprü en 1927 (cf. YU'OAVOIN, Mn"nkçr. p. 59).
20. PI. Il, VU et VIII - Cf. YURDAYDIN, MatrakÇl, p. 162. 163. 36. Le nom de Gebze vient de Dakibyza. fortification byzantine di sp~mlC:, "f. Fl)SS.
21. Cas fréquent pour les mosquées, pl. Ill, V, VU et VIII. Nicomedia. p. 50.
22. PI. IV, V, VII et VIII. 37. Demschwam, cf. p. 116 et note 19, l'nit illlusioll à des arbouskrs.
23. PI. V, VI et VI1I.
102 JACQUES LEFORT

lES MINIATURES DE MATRAKÇI 103

PI. V (fo 13 b). [19 juin: de Çinarh à Sitare Koprü, par Izmit, environ 16 km]. La
partie supérieure d.e la miniature représente la ville d'Izmit, sur":,ontée ~ans un ~artouc.h~
de l'inscription «]znikomid». L'enceinte, vaste et de forme IrrégulIère, était alors à
moitié détruite47 • On devine que la ville tendait à se développer hors les murs. Les
maisons, nombreuses, sont de même type qu'à Gebze. Parmi les monuments. on remarque
quatre mosquées, une en haut à gauche48 , deux au centre, l'autre en bas à dr?it~. da.os un
enclos49 , et un hamam. La ville est entourée d'arbres fruitiers. Dans la partie IOféneure.
entre des collines peu boisées, s'étend une prairie traversée par un cours d'eau so ; il est
franchi par un pont surmonté de l'inscription: «Çisr-i 5itiire» (le pont des étoiles)51.
L'étape est représentée par un groupe de tentes au delà du pont.
PI. VI (fo 14 a). [20 juin: de Sitare K6prü à Kazlkhdere, environ 14 km]. Dans la par-
tie supérieure, figurent des montagnes et des collines boisées". au nord desquelles l'armée
fit étape'3. Sous les montagnes, on lit l'inscription: «Derbend-i Qazlqluo> (défilé de Kazlkh).
[21 juin: de KazIl,hdere à Dikilita!, environ 32 km]. Dans la partie inférieure, un
cours d'eau54 venu des montagnes traverse une plaine parsemée d'arbres fruitiers; il
passe près du monument funéraire de Cassius, qui est représenté avec un certain degré
de réalisme55, et à la base duquel figure l'inscription: «Dikili Tas» (pierre dressée)56.
L'étape est représentée par des tentes, à droite de l'obélisque. Le 22 juin correspondant
à une fête religieuse. le sultan ne fit pas mouvement ce jour là.
PI. VII (fo 14 b). [23 juin: de Dikilita§ à Pamukca, par lznik, environ 15 km]. Dans
la partie supérieure, la miniature montre la ville d'!znik, en dessous de laquelle l'in-
scription se lit : «Qal'a-i iznik». Le vaste rempart, représenté sans réalismeS7 , fonne un
rectangle. Dans la ville, on voit les mêmes types de maisons (souvent dans des cours) et
de monuments (en particulier mosquées, hamams et galeries) qu'à Gebze et à Izmit. Le
Fig. 1- Itinéraire de l'armée ottomane à travers la Bithynie en 1534 caractère schématique de la représentation ne semble guère permettre l'identification de
ces derniers. À droite de l'enceinte, le lac est alimenté par un cours d'eau qui vient d'une
l'observateur ?) sont munies de cheminées. Panni les monuments ou édifices remar- montagne. et il est doté de son émissaire vers le golfe de Gemlik. La ville est entourée
quables, on note deux mosquées, l'une à gauche, l'autre en haut à droite, dans un enclosJ8 d'arbres fruitiers". Plus bas, les montagnes dénudées'. correspondent à l'étape de
et, en bas au centre, une double galerie39 . ' Pamukca60 .
Pl. IV (fo 13 a). [17 juin: de Gebze à Hereke, environ 18 km]. La représentation
rapprochée de la mer à gauche et de la montagne à droite suggère l'étroitesse dela plaine
côtière à cet endroit. Dans la partie supérieure, lin cours d'eau 4o est bordé d'arbres en
boule. Au centre, au pied de la montagne, sur un escarpement rocheux, se dressent les 47. Sur les remparts alors ruinés de Nicomédie, cf. ibidem, p. 118.
remparts, bien conservés, qui entouraient la petite ville de Hereke41 ; représentés avec 48. Cf. ibidem, p. 118 : mosquée dans la ville haute.
~éaJisme42, ils sont surmontés de l'inscription: «Qal'a-i Hereke» (forteresse d'Hereke). 49. Dans la ville basse, trois mosquées sont attribuées li. Sinan (cf. EII, n, p. 603·604, s. v. Izmit).
A l'intérieur des murs, les maisons sont couvertes de tuiles. En contrebas, au bord d'un 50. Le Kiloz çayl (cf. COVEL, p. 259 et n. 717: Kilez Dere).
51. Sur ce pont, ou du moins sur la succession des ponceaux anciennement édifiés sur cette
autre cours d'eau4), deux maisons suggèrent un déplacement partiel de l'habitat44. route construite dans un marécage, cf. Demschwam (p. 120) qui a compté «vingt-cinq bons ponts
[18 juin: de Hereke à Çmarh, environ 18 km]. En bas, une colline dont le sommet de pierre ou de bois» - Selon Matrakçl, le pont de Sitare était effondré en 1548 (cf. YURDAYDIN.
est boisé porte l'inscription: «Çinârlu» (l'endroit du platane)45. La plaine côtière est MaJrakÇl, p. 60), mais il fut réparé avant 1555 : on y avait aménagé un tablier en bois (cf.
parsemée d'arbres fruitiers46. Derschwam, p. (20).
52. Voir la description de la forêt par Demschwam, p. 121 et 136.
53. Sur l'étape de Kazlkh (deresi), village et caravansérail, cf. ibidem, p. 120 et n. 50.
54. Le Kara Dere de la carte turque = le Phannoutios de la Vie de saint Néophyte. éd.
38. Sur ces mosquées, voir ibidem, p. 116. Th. JOANNOU, MV~J1eîa aylOÀoymi, Venise, 1884, p. 246-247.
39. Demschwam, p. 116-117 et 137, mentionne deux caravansérails à Gebze. 55. Toutefois, l'aiguille est sur la miniature munie d'une pointe, alors que les voyageurs
40. Sans doute le ruisseau qui, sur la carte turque, se jette à Tav§ancll iskelesi. mentionnent }'absence de celte pointe, et elle repose sur des plots. comme l'obélisque de Théodose
41. Cf; la description d'Hereke (Charax) par Demschwarn, p. 117. à Constantinople, alors que, sur un dessin de Covel (fig. p. 268), elle pose directement sur le sode
42. Meme aspect sur une photographie prise vers 1910 (A. MÈLlAS, flp01rovrilJa. Athènes, [J.-P.Orélois].
1992, p. 107). 56. Cf. Demschwam, p. 121.
43. Le ruisseau qui sur la carte turque se jette à A§agl Hereke. 57. Cf., en comparaison, le plan des remparts ici· même p. 211, fig. 2
58. Cf. Demschwam, p. 123 (vignobles près du lac) el 136 (énumération de fruils et J('
44. Demschwam. p. 117, mentionne ici «une ou deux maisonnettes»,
45. Cf. le Çinarh Dere de la carte turque. . légumes).
59. Cf. ibidem, p. 123.
46. Demschwam, p. 117-118, indique des vignes autour du château d'Hereke et, plus lOIn, 60. Aujourd'hui Derbent (Pamukca derbent : carte turque. s31).
des arboUSIers et des champs.
104 JACQUES LEfi'ORT

124 juin : de Pamukca:\ Yeni~chir, environ 13 kml. Au centre, en dos sou .


montagnes. dans une plaine6l , une ville ouverte, sous laquelle l'inscription indiq S de ces
Sehir)) (la ville ncuve), estlraversée par un cours d'eouti2, Les maisons de Yen· lI\(~Yetli
des toits en tClTasse. sauf deux. qui sont en rez-de-chaussée dans Llne COur. Une ~~e Ir Ont
un hamam cl des galeries sont représentés.·'. À gauche, l'édifice :\ trois étages ,osqu~,
êlre le couvent derviche de Baba sultan .... Soliman cl l'armée séjournèrent à YenPO~m.1I
25 juin. 'le" le
126 juin: de Yeni~chir il Akb,)',k, environ 14 km). En bas, au dessous d'une
tagne couverte de l'onifèresM , près d'un cours d'eau qui provient d'une mon~on­
isol~CN\ une petite agglomération ouverte est accompagnée de l'inscription «Aqb agne
(mouSlad,c hlanche)·'. Elle est représentée par deux maisons accolées à toit de tuil~y,q»
amère de laqudlc on voit un minaret. D'autres maisons, au toit en terrasse son:' en
J'aulre rive du l..'OlU'S d'ea116K. ' sur
. PI. VIII (1" 15 a). 1?7 juin: d'Akb,)',k il Ermeni derbend, envi:?n 28 km]. Dans la
part,c supéncure. près d un pmts il balanc,er, sous lequel on ht " ZII1gulti Quyu» (le PUis \
il chaîne), et d'un défilé profondément marqué il travers une montagne boisée69 , qui po~
l'inscription : «Derbend-i Ern,eni » (le détïlé des Armé niens)'O, les tentes représentent
campement de r an1,ée. e
t
128juin : d'Enneni derbend il Bozüytik, environ 18 km]. Plus bas, on entre dans une
plaine dégagée" . Au centre, il droite d ' une colline dénudée et couronnée de rocher.;72
une agglomération ouverte, de dimension modeste, comporte des maisons aux toits e~
terrasse toutes situées dans des cours, une mosquée''\' une galerie et. un vaste édifice à
gauche, peut-être un caravansérai(74, surmonté de l'inscription " Boz Uyük» (sans doute:
la colline grise, malgré l'absence d·aspirati on). Un cours d'eau traverse l'agglomérationlS.
Au dessous. une colline porte des arbres fruitiers'6.
129 juin: de Bozüyük à Inonü. environ 16 km]. En bas. en dessous d'une plaine17
parcourue par un cours d'eau's, figure une agglomération ouvel1e, elle aussi modeste, ail
tous les toits sont en lerrasse. Elle est au pied d'une montagne qui est creusée d'une
grotte et entourée d'une fortification, apparemment abandonnée, portant l'inscription:
"infini» (devant la grotte)19. Cette paItie de la miniature suggère le déplacement d'une
ancienne agglomération fortifiée vers l'agglomérati on ouverte située en contrebas.

61. Plaine cultivée en céréales au ,émoignage de Demschwam, p. 123.


62. Le GOksu, di, localement Kocasu, passe immédiatement au sud de Yenilehir (carte turque).
63. Un caravansérail eSl mentionné par Demschwam, p. 124.
64. Cf. YURDAYDlN, Matrakç •• p. 155. - Voir la description du monument par Dernschwarn,
p. 123. - Sur les monumenlS de Yenilehir, cf. TVAEE, IV, p. 595-619.
65. Demschwam. p. 124, mentionne ici «de mauvais bois, avec de petits chênes».
66. Le cours d'eau qui passe par Akb'y,k provient de l'Ahldag' (cane turque).
67. Akbly,k aurait été un compagnon d'Orhan, cf. Demschwam, p. 125.
68. Voir la description d'Akb'y,k, ibidem, p. 125.
69. Cf. ibidem, p. 125.
70. Ce toponyme eSl à rapprocher de celui d'Ermeni Pazarclk (ibidem, p. 125), devenu
Pazaryeri ou Pazarc,k.
71. Plaine en panie cultivée, ailleurs en pâtures, cf. ibidem. p.126.
72. Ceue colline, qui est immédiatement au nord de BozüyUk, est décrite par Demschwam,
p.127.
73.11 s'agit de la Kaslm palacamii ; cf. ibidem, p. 127; TVAEE, II, p. !O5-lll:
74. Cf. Dernschwam, p. 127 (auberges, établissements charitables, caravanséra,l).
75. Le Karasu.
76. Demschwam, p. 13 I. mentionne ici des collines dénudées.
n. Plaine culti vée en céréales, cf. ibidelll, p. 131.
78. Le Sansu Dere de la cane turque.
79. Sur Inonü, cf.TIB. 7, p. 281.
-- •

-1Ipi.......,.,!." • .Mt.
.t,l:.

, >

PI. VI - Matrakçl. itinéraire de Kazlkh à Dikilita! Pl. VII - Malrolkçl, la région d'Iznik ct de Yeni~ehir
p

HANS DERNSCHWAM,
VOYAGE EN ASIE MINEURE (1555)

extraits traduits par Jean-Pierre GRÉLOIS'

Hans Demschwam von Hradiczin, humaniste, exploitant de mines et voyageur en


Orient, né le 23 mars 1494 à Brüx (aujourd'hui Most) en Bohème. mort vers 1568 à
Schattmannsdorf (Casta), près de Tymau (Tmava) en Haute-Hongrie (Slovaquie).
Après des études à Leipzig. Vienne et Rome, il fréquente dans la capitale de l'Autriche
un cercle d'humanistes qui se réunit autour de Balbi (ou Balbus), précepteur des enfants de
la famille royale hongroise à Bude et à Presbourg (Bratislava).
Demschwam entre en relation avec Hans et Georg Thurzo, ainsi qu'avec Iakob Fugger.
Il participe ainsi, dès 1518 probablement, à l'exploitation d'une mine de cuivre des Thurzo à
Neusohl (Banska Bystrica. Slovaquie). Il est envoyé à la Diète de Worms en 1521. Grâce à
son heureuse action lors de l'insurrection de Bude contre le comptoir des Fugger en 1525, il
reçoit, en tant que facteur, la direction des mines de Neusohl affermées aux Fugger par le roi
de Hongrie; il reste en fonction jusqu'à l'expiration de son contrat en 1546. Des missions à
caractère politique et commercial conduisent Dernschwam à parcourir la Hongrie et la
Transylvanie à plusieurs reprises, ce qui lui permet de relever des inscriptions romaines. Il
quitte définitivement le service des Fugger en 1549, mais reste en Haute-Hongrie. C'est alors
qu'il entretient une correspondance et qu'il échange des livres avec des humanistes allemands,
jusqu'en Rhénanie.
Le 22 juin 1553, alors qu'il a 59 ans, Demschwam part de Vienne avec trois chevaux.
un cocher et une bourse bien garnie. De sa propre initiative et à ses frais, il s'est joint à l'am-
bassade que Ferdinand, frère de Charles-Quint, envoyait à Soliman le Magnifique pour lui
porter le tribut annuel. Celle-ci était composée d' Anton Vran~ié (Verantius), évêque de
Fünfkirchen (Pécs, Hongrie) et d'un magnat hongrois, le capitaine général de la flotte du
Danube Zay Ferenc (Franz Zay). Les voyageurs arrivent à Constantinople le 25 août. mais le
sultan ne s'y trouve pas, car il est en Asie Mineure, occupé à faire campagne contre les Persans.
Pendaot son séjour dans la capitale, l'ambassade est rejointe par l'envoyé de Charles-
Quint, Augier Ghislain de Busbecq! qui en prend la direction. Celui-ci décide de partir
rencontrer le sultan à Amasya. Le voyage d'aller dure du 9 mars au 7 avril 1555, le retour du 2
au 23 juin. L'ambassade suit le même itinéraire dans les deux sens: Scutari, Gebze, Nicomédie,
Nicée, Yeni§ehir, Bozüyük, la vallée du Porsuk çayt, Ankara, çorum, Amasya. Revenue à
Constantinople, l'expédition repart aussitôt pour Vienne, où eUe arrive le II août 1555.
Deroschwam laisse à sa mort une bibliothèque de 651 volumes, parmi lesquels le
manuscrit de Zonaras acheté 180 ducats à Péra. L'ensemble fut acquis en 1568 par la
Bibliothèque Impériale de Vienne et se trouve toujours dans les collections de la Bibliothèque
Nationale Autrichienne.
Le Voyage se présente sous la forme de notes au jour le jour. Pour chaque journée,
Demschwam donne d'abord le point de départ et celui d'arrivée, avec la distance estimée en
lieues. Vient ensuite la description de l'itinéraire. Il note les détails significatifs des paysages

• UMR 7572, Collège de France - CNRS.


1. Busbecq est également l'auteur d'un récit en latin de son ambassade. sous fonne de letues.
qui furent longtemps une source fondamentale pour la connaissance de l'empire ottoman (nom-
breuses éditions et traductions aux XVI C et XVIIe siècles; nous utilisons l'édition d'Oxford, 1660).
114
p
mAN· PIERRE ORI1LOIS

HANS OERNSCHWAM. VOYAOe eN ASIE MINBURE OSSS) liS

oU poslérieurs, en particulier celui de R~inhold Lubenau (1588), qui mêle à ses observation.
personnelles des pass,ages empruntés à d autres auteurs (Busbecq par exemple), VOtre purement
et simplement recoplés.
Le texte: BABINGER, Dernschwam ; les passages traduit, sont p. 151-171 et 231-239.
_ Sources utilisées: préface de l'édition, et Neue Deutsche Biographie, 3, Berlin, 1957 (par
K. OBERDORFFER).
On trouvera sur la fig. 1 l'itinéraire suivi par Demschwam en Bithynie.

Le 9 mars, nous fimes la traversée de Constantinople à Scutari 2 , pour y passer la


nuit près d'une mosquée, à côté d'un petit ruisseau où l'on ne pourrait même pas tremper
une chaussure; un petit pont de pierre l'enjambe. Nous y avons logé dans un bâtiment
et dans sa cour d'entrée. RUslem pa~a a fait bâtir là une maison, une mosquée et un cara-
vansérail3. Là devait se trouver Chalcédoine-.

Le 10 mars, de Scutari jusqu'à un village grec situé sur le rivage de la mer.


À l'arrivée,je me suis installé pour la nuit dans un grand caravansérail. Mon brancard
s'était brisé; je l'y ai fait réparer, ce qui m'a coOté deux [illisible]. li y a là un vieux
château en ruine près du caravansérail. Ce village s'appelle Chartophilon en grec, en turc
KartalS, ce qui vaut à dire en hongrois sas, c'est-à-dire vautour. Il se situe à gauche de la
route. Près du caravansérail. une fontaine de pierre avec un bassin en marbre, lui aussi à
gauche.
Nous avons mis 5 heures peur arriver de Scutari à Kanal, ce que j'estime à 3 lieues6.
En sortant de Scutari. nous avons longé un golfe jusqu'à l'étape de Kartal, avec la mer
à droite, et à gauche. toute proche, la montagne. D'abord un pent de pierre sur un petit
ruisseau 7• À nouveau un pont de pierre, plus long, sur un petit ruisseau8 . En chemin,
nous avons rencontré trois fontaines avec des bassins de marbre. En chemin, une église
chrétienne détruite9 . Plus loin en chemin, jusqu'à une fontaine de pierre à gauche; l'eau
s'en déverse de trois côtés, dans des bassins de marbre où l'on abreuve les chevaux. En
contrebas, une banquette de vert gazon où l'on peut s'asseoir et manger. Plus loin, par
un pont de bois sur un cours d'eau qui descend de la montagne lO . Plus loin, jusqu'à une
fontaine de pierre à gauche, avec un abreuvoir de marbre. Plus loin, une grande église
chrétienne ancienne à gauche, détruite; elle paraît avoir été un monastère.
Toute la journée, nous avons parcouru un paysage accidenté, sur un chemin pierreux
Fig. 1 - ltinéraire suivi par Dernschwam en Bithynie (1555)
par un terrain sablonneux et couvert de buissons, par monts et par vaux; peu de champs
qu'il t~~erse : reli~f> cours d'eau. végétation, mais aussi les témoignages actuels et passés cultivés. En descendant de Scutari, nous avons aperçu en mer une assez haute montagne,
des actlVltés. humames (cultures, troupeaux, installations hydrauliques, techniques minières une série d'îles sur les rives desquelles on peut voir des viDages, et où nous avons observé
et ~étallurglques, caravanes, état des routes et des ponts, embarcadères, fontaines, localilés des champs el des vignes ll .
qu'il traverse ou qu'on lui indique, habitées ou désertées). Si l'auteur accorde une certaine
importance aux édifices ottomans (mosquées et autres fondations pieuses, avec une attention
partIculIère aux caravansérails et aux tombeaux), sa formation humaniste l'attire vers les
monu~ents antiques, dont il fait des croquis, et vers les inscriptions grecques et latines, qu'il
2. Üsküdar (carte turque, 126), l'ancienne Cluysopolis (RE, ID, col. 2518 ; JANIN, CB, p.494-495).
3. Büyilk camii, mosquée fondée par Mihrimah (fille de Soliman le Magnifique et épouse du
recopie. C'est ainsi qu'il est le premier à avoir transcrit le texte des Res gestae diui Augusti, vizir ROslem pa~a), œuvre de Sinan, de même que le caravanséraiJ (cf. EII, IV, p. 447, 449).
le célèbre monument d'Ancyre. 4. De fait, Chalcédoine se trouvait quelques kilomètres plus au sud, à Kadikoy (carte turque. 126) ;
L'attachement que Dernschwam porte au christianisme lui fait considérer l'islam avec voir aussi plus bas et note 12.
mépns. De là sans doute ce que l'on pourrait qualifier chez lui de xénophobie à l'égard des 5. Carte turque, m27 = le byzantin Kartalimèn ; les vestiges de l'enceinre fortifiée ont sub-
Turcs, qu'il taxe volontiers de fainéantise, d'ivrognerie, de débauche, etc., et des Thrques, qu'il sisté jusqu'au début du xx' siècle (JANIN, CB, p. 499-500).. .
qualifie régulièrement de catins. Il déplore souvent l'état d'abandon où se trouve l'agriculture 6. Les cartes routières indiquent une distance de 21 km entre Üsküdar et Kartal, ce qUl donne
des p.ays qu'il traverse. S'il se plaint de ne pas trouver de vin à l'étape, il y a presque toujours à la lieue employée par l'auteur une longueur d'environ 7 km.
un vllla~e chréuen à quelque distance d'où l'on en fait venir. En route, il rencontre des 7. Pont sur le Kurbagalldere (R. JANIN, La banlieue asiatique de Constantinople, EO. 2/.
1922, p. 376; ID., CB, p. 244 (lieu-dit Ku~dili); ÇuLPAN, 1T. p. 196-197, pl. 122/4).
compatooles, Allemands, Hongrois, elc., qui onl été caplurés par les Ottomans lors de leurs 8. Bostanclkopru (carte turque, 127), constroit en 1523/4 (ÇULPAN, 1T, p. 134-135. pl. 80/1-2).
campagnes en Hongoe et qui ont été installés en Asie Mineure comme «esclaves» (rab). 9. Il pourrait s'agir des restes du monaslère de Satyros (JANIN, CB, p. 505).
CertaIns se ~Ont convertis à l'islam el ont pris femme(s) dans le pays; d'autres rêvent de ",n~. 10. Cours d'eau au sud-esl de J'acluel Mallepe (voir ici-même LEFORT, p. lOI el pl. 1 de
~ récit de Dernschwam présente un caractère d'authenticité, soit que l'auteur décnve Matrakçl), dit Drakosdere (cf. JANIN, Grands centres, p. 62, carte). ou Baltkhayazma (carte lurque).
c~. qu Il a vu et que l'on peut .comparer à d'autres témoignages, soit qu'il cite ses sour<;es Il. Il s'agit de l'archipel des Iles des Princes (KIZIl adalar).
d mfoffiJauon. En ce sens, son Journal diftère de bien d'autres écrits de voyage contemporautS
If 116 JEAN·PIBRRB ORrtlOlS

Il Y Il de nombreux Grecs à Kartal.


'F
1
1
HANS DERNSCUWAM, VOYAGE EN ASIE MINEURE (ISSS, 117
Nous étions aussi pnssés. en montant de Scutari, par un village grec où n '
repéré un ancien bâtiment en ruine. dont seuls les blocs étaient en partie ViSi~~s aVions N s avons logé dans un autre caravansérail, où l'on ne fournit pa. de commodités
à cet endroit, à commencer par Scutari. puis en tous lieux par où nous étions pa e:. C'est d'~~urie. Il a été fondé pour l'amour de Dieu à l'usage gratuit des voyageurs; mais chacun
doit y avoir eu jadis la fllmeuse cité de Chalcédoine". Mais aujourd'hui, ce n'SS s,qu'il eut acheter son orge. son foin là où il veut.
S p Ledit marché24 de Gebze est peut-être Libyssa2', comme on peut le déduire de ce
pas un village. Elle a dO être un endroit riant, dont dépendaient sans doute tout: \ même
qui lui font face. Quant à III ville même de Chalcédoine, elle devait OCCuper tout 1es es i1es qu'écrit Solin26 au sujet de la Bithynie; c:est là que doit s~. tro~ver le t~mbeau
d'Hannibal. Bien que ce soIt un endrOit nant, Ii ne semble pas qu Il y aIt eu de Ville. On
le long de la mer. En effet, passant ce jour-là par de nombreux lieux, nous avon versant n'y trouve en effet ni bâtiment de pierre. ni même des blocs antiques; ils auront tous été
restes de villages misérables où habitent encore des Grecs. s Vu des
remployés dans la mosquée du lieu.
Le Il mars, de Kartal, par le bord de mer en une demi-journée, jusqu'à Un 11 Le 12 mars, une bonne journée de voyage, soit 6 lieues ou plus, de Gebze à
appelé Gebze, anciennement Viso; 3 lieues, ou un peu plus. VI age Nicomédie, que l'on appelle aujourd'hui en turc Iznikmid.
Nous sommes d'abord passés par un village grec où il doit y avoir de nomb D'abord par un pont de bois sur un ruisseau". Puis par une colUne assez élevée,
pêcheurs". Près dudit village, nous nous sommes rencontrés avec l'ambassade re~x dénudée, rocheuse; là même, sur la hauteur à gauche de la route, quelques petites huttes
F~dncel4 qui chevauch~it avec une escorte montée. Plu~ loin, jusq~'à une fontai~~ d: basses de paysans où l'on peut tout juste se glisser. Du haut, on peut voir à droite la mer,
pierre avec un abreUVOIr de ?,arbre. Plus IOIl~, par un petit pont de pierre sur Un fOSSélS vers où descend aussi un embranchement.
Plus 10111, par un pont de bOIS sur un pellt IlI\SSeaU et un fossél 6 . Plus loin, jusqu'à . Lorsque nous arrivons par la montagne dans la vallée, il y a à gauche, au bord de la
fontaine de pierre avec un bassin de marbre. A nouveau jusqu'à une fontaine de pie..:'en~ route, un grand château grec en ruine, posé sur une petite falaise; il a été bâti juste à l'a-
gau~he; l'eau s'en déverse de trois côtés, dans trois abreuvoirs d: pierre. À côté, un pont ~Iomb de la route. Quelques tours rondes se dressent encore; il doit s'appeler Hereke28 .
de pierre avec une arche 17 . Plus lOIn, sur un pont de bOlS I8 ; à coté à droite, un puits. A côté enfin, près du château. un beau ruisseau qui descend de la montagne; c'est un
Pendant la moitié de la journée, nous avons longé la mer en voyant de nombreus beau pays. En face du château, dans la mer, il y a une montagne allongée, une belle peti-
îles montagneuses, des villages, des vignobles. Ensuite, là où l'on ne peut plus fai~ te île appelée Karamürse[29. On y voit de nombreux villages sur le rivage; il doit y avoir
route le long de la mer, nous sommes passés par des collines. Nous n'avons cessé d'avoir beaucoup de vignes. Autour du château, une petite montagne dénudée; il Ya de la vigne.
sur la gauche des montagnes rocailleuses et dénudées. Il y avait ce jour-là plus de terrain À côté, une ou deux maisonnettes.
cultivé et plus de champs à observer que le jour précédent. Plus loin sur le rivage de la mer, une série de fours à chaux; on y charge les navires
Les environs de Gebze forment un beau pays, d'où l'on peut voir aussi la mer à pour Constantinople. C'est là aussi que l'on rassemble le bois de chauffage, puis qu'on
droite. Ce pays abonde en buissons, et aussi en koca yenliJ, qui donne un fruit rouge l'embarque pour Constantinople; à côté, une balance pour le bois. De là on voit, de l'autre
comme une grosse cerise l9 • Là, nous nous sommes rencontrés avec de nombreux paysan; côté du golfe, à droite, une haute montagne enneigée, avec un autre golfe en contrebasJo•
C'est du même côté que se trouve Brousse, quand on tire plus vers le couchant.
bulgares à cheval, la plupart avec leur fourniment, sans armes à feu. Ils devaient rejoindre
Nous avons continué notre route entre le rivage de la mer et la montagne; c'est un
le camp [du sultan]. Ils sont ce que les /ixœ étaient chez les Romains, les hommes à tout
large chemin où quatre chevaux de coche peuvent aller attelés de front, mais il est pier-
faire du camp, ceux qui soignent les chevaux, font les provisions d'eau, de bois, etc.; ils reux. Ensuite par une colline élevée et rocailleuse; il Y a de petits buissons et aussi de
touchent une solde. 11 n'y a pas de pâturages pour les bœufs, mais seulement des pacages l'arbousier. Plus loin à gauche, une fontaine de pierre avec un abreuvoir de marbre. À
à moutons, que nous vîmes. côté, deux ou trois huttes basses; on appelle cet endroit Ince Iskele, à cause du rétrécis-
C'est là, à Gebze2o, qu'un pacha appelé Polak Mustafa a fait bâtir une belle mosquée sement de la mer". Ensuite, à la traversée d'un petit ru, tout en haut, un village à l'écart
et un caravansérai]21 ; le même a fait construire les ponts sur la Maritza près d'Andrinople. du chemin J2 • Plus loin, par un pont de bois sur un ruisseau qui vient de la montagne33 ;
On distribue, pour l'amour de Dieu, du çorba 22 à tous les voyageurs qui logent dans le sur le chemin, un vieux tombeau à l'abandon. Un embranchement qui descend de la
caravansérail même, mais pas de fourrage. Il y a ~IICOI~ UIl" aulre 1l1OsqUée dans le village23. iTlüîïîagiî~ 'Y"ëï5 !a meT. Il doit y aVüir des viHages par en haut, mais on ne les a pas vus.

12.11 doit donc s'agir ici de Kadikoy (cf. note 4); sur Chalcédoine, voir RE, X, col. 2518,ot
JANIN, CB, p. 493-494. 24. Demschwam emploie le mot Markt, que nous rendons par «marché», à propos de localités
13. Pendik, le byzantin Panteichion (carte turque: m28). relativement importantes. mais non fortifiées.
14. Codignac, qui avait succédé à Gabriel d'Aramon en 1554 comme ambassadeur d'Henri TI 25. Libyssa (RE, XIlI, col. 203) est différent de Dakibyza-Gebze (voir note 20).
auprès de la Porte (cf. BABtNGER, Demsclllvam, p. 288, n. 279). 26. Julius Solinus, compHateur au v' siècle 'p. J.·C. (RE, X, col. 823·838).
27. Le pont de bois sur le Tav~anh Dere (carte turque, 030) fut reconstruit en pierre sous
15. Pavlo koprüsü sur le Büyük Dere (carte autrichienne). Soliman le Magnifique (cf. ÇULPAN, 7T, p. t34, pl. 79). . .
16. Pont sur un affluent de rive droite de l'Umur Dere. 28. Alagl Hereke (carte turque, n31) = Charnx (RE, III, col. 2121); comparercetle descnpnon
17. KIssnhan koprüsü (ici-même, pl. II de Matrakçl), sur l'Umur Dere (carte turque, n28). avec, ici·même, la pl. IV de Matrakçl.
18. Pont sur le Saz deresi (carte turque, n29). 29. KaramUrsel (carte turque. 031), ne se trouve pas sur une Ue, mais sur la rive opposée du
19. Arbutus unedo, l'arbousier commun (cf. BABtNGER, Demscliwam, p. 291, n. 368). golfe de Nicomédie.
20. Gebze (carte turque, n29) = Dakibyzn (RE, IV, col. 2017). La miniature de Matra1<ÇI 30. La montagne est probablement l'Ayv!l§a dagl, qui culmine ver.; 1150 m (carte turque, ô32).
(ici-même, pl. Ill) montre, entre autres constructions, deux mosquées (voir plus bas). .. 31. Littéralement «échelle étroite». L'endroit est nommé aujourd'hui [ncir iskelesi. «échelle
21. Çoban Mustafapaja camii (El', DI, p. 1005) ; le caravansérail peut être l';ma",t (cUlsme des Figues» (carte turque, n32).
pour les pauvres) fondé en annexe par le même personnage. 32. Cf. les ruines d'Eskiyanmca (carte turque, n32).
22. Sorte de soupe. 33. Pont et ruisseau à TUtUnçiftligi (carte turque, 032).
23. Orhan camii (El', III, p. 1005).
1 118 JI!AN·PIERRB ORIlLOIS

Plus loin au bord de la rouie, une fontaine avec un abreuvoir de marbre PI .


petit pollceau de OOis 34 • À nouveau par un pont de bois sur un cours d:e ~~ lom, surun
De Gebze il Nicomédie, nous avons suivi lors de cette étape un ch au ..
HANS oeRNSCHWAM. VOYAGe eN ASie MINeURE (ISSS)

La rand-roule qui longe le rivage passait devant ce palais. 11 y.. une grande place,
119

comme en lfansylvonie, par monts et par vaux; partout des collines d:m~n montueu~ 19 . eUe a été toute pavée de daUes quadrangulaires, que 1 on a aussI enlevée•.
des champs cultivés. Nous avons cheminé tantôt près de la mer, tantÔt p~~ I;es, çà et li :!!~~:n~~f~: ~ont des jardins et des champs4o. On f?uille aussi loutes les fondatIon.:
Les chemins et les grand-routes sont partout pavés, et ils ont aussi la 1 montagne. qu~1 ne sont constituées que de pierres de taille; l' y al vu entre autres une colonne qUI
voitures. Là où le sol n'est pliS femle, il semble qu'on l'ait récemment dé~~ge~r de deu~ gisait encore. . . . . d 1
lorsque le sultan est allé en campagne contre le KlZIlbo~J6 il y a deux ans. ay en Panie, Là " e une toute petite porte condUit dans la colline; on Vient tout Juste e a
découvri~':~ démolissant la muraille. J'y suis enlré aussi; il Y a de p~ el d'autr~ ~e
fortes vaOtes sur des piles. tant que .nous n'avo~s p~s pu tout observer. ç a dO. êtr~ JadiS
Le 13 mars, nous sommes restés i\ Nicomédie37 jusqu'à midi, pour visit
une prison secrète, puisque les palaiS se troUVaient Juste au-dessu~. sur la coltme4 '..
des ruines de la ville, même si nous Il'avons pas pu en voir ou en parcourir ~r un~ Panie
Sur ladite colline de l'acropole. nous avons tro~vé deux balOs datant des Patens.
Ç'a été une belle ville grecque antique, située sur un long versant raide proch e :,lhème. b"'f tout comme ceuX qui sont maintenant à Constanttnople ; on les chauffe par-dessous.
qui descend jusqu'au rivage. Les fortifications ont été bâties depuis le somme~ de la mer, ~o~s n'avons vu que leur emplacement primilif, car les beaux blocs de marbre onl été
jusqu 'au rivage et à la grand-route. u versant t s arrachés et extraits. Il devait y avoir un bam pour les hommes, et un pour les femmes.
La ville a été ~onstruite sur sept collines, comme Constantinople, avec une m . c~~ ils sont l'un à côlé de l'autre42 • Quant à l'endroil d'où venait l' eau, on a~prendra par
tout autour. On vOIl encore, à ses murs Jetés à bas, qu'elle a été ruinée. Il y .U~lIe la suile qu'elle était conduite, depuis des réserVOirs, à travers la VIlle et par 1 acropole au
grands morc~au~ d~ ~uraille qu'on prendrait pour des r~chers naturels, mais ~~aSt, de sommet d'un versant escarpé. .., .
les exanune, li s agIt dune maçonnene de bnques et de pIerres si bien assemblé squ ,on Là même se trouvait un bloc rectangulaire; Il avaIt en bas et en haut une c~mlche
ne peut plus les dissocier. Les grands blocs et les pierres de taille ont été tous ~s qu on sculptée, el il portait une inscription latine. On n'a pas pu la li~ du premie~ coup, Ju~u'à
depuis fort longtemps à Constantinople et ailleurs. Nous en avons pourtant vu qsrx;~ ce que l'on râcle la chaux avec une tuile. Nous avons pu aInsI la hre partIellement" .
extrait des fondations de l'enceinte : ce sont de beaux grands blocs quadran~ul u.e On
des pierres de taille. Et là où était la ville antique, on ne voit plus une maison ri~tres et PERPETVO IMP 0 Perpelu[o) imp. [do n.)
des lieux ruinés, avec çà et là des terrains vagues qui furent jadis des jardins d'~gré n que C. AVR. V. DIOCLETIAN C. Aur. VaL Diocletian[o)
et qui sont parfois ensemencés en céréales. ment, P. AVG. CVIVS PRO P. F. Aug. cuius pr[o)-
VIDENTIAE .. .. TI AM videntia etiam
Là où se dressait jadis l'acropole, on voit encore nettement le mur d'enceinte a
des tours: Elle se trouve sur une colline un peu plus haute que celle de Bude ; tout aut~: LAVACRVM .. TER lavacrum ther-
MARVM ANTONI FVNDI marum Ant[o)ni-
de la collone Il y a des maIsons turques qUI ressemblent à des toits à porcs, avec au mili niarum fundi-
une mosqué~. Auparavant, il y avait là une église chrétienne qui s'effondra, de sorteq~~ tus eversum sua
TVS ..... EVERSVM
les Thrcs bâurent une mosquée nouvelle38• L'aspect de la ville évoque un enchevêtrement pecunia amplifi-
PECVNIA AMPLIFI
de nids d' hirondelles empilés les uns sur les autres. calum p[o]pul[o) suo
CATVM POPVLO SVO
Sur la pente qui relie l'acropole à la mer, il y a eu des palais colossaux. Les murs EXHIBERlIVSSIT exhiberi iussit
ont été construits en pierre de taille, depuis le bas jusqu'à une hauteur égale à celle de la
colline. TI y a au sommet une sorte de couronnement fait de gros blocs de marbre beaux On venait tout jusle d'extraire ce bloc, lorsque nous étions là.; on le découpera et
et artistement sculptés de formes variées ; il fai sait une longueur de quelque ~is ou on le transportera à Constantinople pour omer quelque temple du dIable.
quatre toises, et une toise d'épaisseur, comme une belle corniche d'où l'on apercevait la À ce jour, l'aqueduc achemine encore de l'eau en passant par l'acro~le; eUe descend
mer. TI gît encore beaucoup de ces blocs que l'on est en train d'extraire. À cause de leur la colline, puis lombe sur un moulin. [Celui-ci action~e) deux SCIes [qUI) découpent les
taille, on ne peut pas pour l'instant les charger sur les navires pour les transporter à blocs de marbre que l'on extrait là des palais et des édIfices anttques. Les SCIes n ont ~as
Constantinople; c'est pourquoi il y a à Nicomédie une scie hydraulique qui débite ces de dents affûtées ; elles font trois ou quatre pas de long, un empan ~e large, et un dOl~1
blocs de marbre, selon les commandes des architectes, pour les mosquées et pour les et demi d'épaisseur. On place debout les blocs par-dessous, et 1 on c?uche la sCIe
bâtiments du sultan l9 . par-dessus; celle-ci coulisse dans une rainure, de sorte qu'elle, ne ~ut déVIer. On appwe
dessus jusqu'à ce que la pierre soit complètement tranchée. L ouvner verse dans le tratl
de scie uniquement du sable, tandis que de l'eau tombe goutte-à-goutte par-dessus, et
tout se fait ainsi vite et bien. La prise d'eau de l'aqueduc dOIt se trouver dans une mon-
tagne à une journée et demie de voyage.
34. Sur le Çmarh Dere (cane turque, 033).
35. Emplacemenl de l' actuel Sogucak (cane turque, 033). .
. .36. -Tete Rouge», surnom donné aux chiites, au chah de Perse en particulier. AllUSIon est 40. Sur l'aménagement des espaces publics antiques de Nicomédie. voir FtRATlI, l:mi'. p. 6
fatle ICI à la c~pagne ~ontrele ,éfévide Shàh Tarnàsp lU en 1553 (cf. El', IV, p. 37-38).
37. Sur NIcomédie-izmit (cane turque, n-o 33-34), voir RE, xvn, col. 468-492 ; EI', D, et Pla~ rg~s substnlctions ont été signalées par de nOf!lbreux voyageurs (cf: ibidem et photo p. 8).
p.603-604 ; COVEt., p. 248-262 ; voir aussi ici-même la pl. V de Matrakçl et BONDOUX, p. 399· 42. La description évoque la disposition d'un b~m double ?u?man (çif.~e "am{l~'!') . . ')
402. D'autres détails..,ur Nicomédie plus bas, p. 137. 43 CIL III 324. La colonne de droite reproduit la lf"olnSCnpUon de Dômer. NI< ome(/w. _9.
38. Orhan camu (FiRAru,lvnit, p. 10-11). _ Ces th'enne~ o~t fait l'objet de travaux sous Justinien. voir ici· même KRA\'ARI. texte n'" 3. p. 69
39. Rappelon, que l'édification de la Süleymaniye, œuvre de Sinan, a duré de 1550 à 1558 (Procope).
(cf. BABINGEIl, Demschwam, p. 288, note 285 ; El', IV, col. 873).
1
r
120 JEAN·PŒRRE ORéLOIS

Là où se dressaient jadis dans toute leUl' beauté l'acropole et le palais il ' HANS DERNSCHWAM. VOYAGE EN ASIE MINEURE (lSSS) 121
aujourd'hui. tout autour de la colline, que des tanières bonnes pour les chie~s ~ ~ a Plus
Nous avons voyagé à travers une grande forêt de vieux hêtres, en montant tout au
d·hirondelles. Il semble qu'il y ait eu là des blltiments de pie'Te et des palai: e~ nids
magnifiquement grands, nombreux et colossaux. Seuls de puissants rois ont p a~t1ques, long du chemin jusqu' à 12 heures, pas~ant 25 fois le ruisse~u52. À g~uche, nous av.ons
de façon si merveilleuse, puisque s'y dressaient de beaux blocs de marbre u. es bâtir ncontré un martinet à fer et un moulm à planches. Plus lOin une SClene, ou mouhn à
qu'on ne peut plus aujourd'hui ni les manier ni les soulever, et qu'il faudrait d';; s. gr~nds
r~anches avec un homme d' Innsbruck ~ il Y a un ruisseau assez notables3 .
P' Sur 'l'autre versant, en descendan •. il y avait de grandes forêts de vieux chênes.
d'hommes pour les déplacer. On venait de les briser lorsque nous étions là. centaines
Dans la dernière partie de la descente, nous pouvions voir la mer à droite S4 , et nous avons
aperçu dans une vallée quelques huttes de paysans et des champs. De là. n~~s avons vu,
Le 13 mars encore, nous partîmes à midi de Nicomédie, vers un petit village au . aussi à droite, une bien grande et bien longue montagne avec, Juste au mlheu, un haut
du versant de la montagne. Mais nous avons logé dans le caravansérail qui est . P'ed sommet que l'on juge être l'Olympe; Brousse doit se trouver à son pied. On appelle ...
contrebas, près d'un ruisseau. On appelle le village Kaz.kh"". et le ruisseau Kaz.kls'~Ué e~ la montagne et le mont par où nous sommes passés55 .
On voit il la sortie de Nicomédie sur la gauche un petit village4s • Plus loin o' eres.. Comme nous sortions de la montagne, il nous apparut une belle plaine riante, jusqu'à
sur deux ponts de bois. Plus loin, un ancien pont en pierres appareillées, ~ve~ ~~se une ancienne ville grecque, Nicée. appelée aujourd'hui Iznik en turc. Il y a à côté un lac
arches, toutes deux effondrées au nllheu, réparées avec un tablier de bois46. Il ux d'eau douce, moins large que long. avec du bon poisson. Et depuis la vallée jusqu'à ladite
ruisseau assez notable qui coule il notre rencontre et qui va se jeter dans le golfe 'Yl~ Un ville d'Iznik ou Nicée. il y a une lieue et demie de .errain plat. Vu en chemin des moutons.
s'appeler le Kilez. Une Hongroise nous a aperçus là, qui voulait peut-être s'en all~' ou
nous; les Thrcs en ont déporté un grand nombre près du pont. Il y a près du pan; ec
ou trois forgerons dans une forge.
r
eux
aucun gros bétail.
Dans la plaine, près de la route. nous avons rencontré un obélisque disposé ainsi. Il
y a d'abord sur le sol un piédeSlal quadrangulaire fait de grands blocs, avec une corniche
Tout de suite après Nicomédie se trouve l'extrémité du golfe que nous avions 1 é au sommet; il est haut d'une toise un quart, et large de plus d'une demi-toise. Par-dessus,
les jours précédents. Nous avons coupé droit, comme sur une digue à travers Un étan~ng cinq blocs triangulaires superposés, dont la hauteur et la largeur décroissent proportion-
direction de la montagne enneigée, jusqu'audit village et caravansérail de Kaz.kll. N~en nellement, de sorte qu' ils son. de plus en plus étroits et effilés. Sur une face, il y figure
avons aussi observé en chenùn du bois de chauffage et des moutons que l'on transponeu~ du grec, que l'on peut lire comme suit. Et sur le deuxième bloc il y avait deux trous;
Constantinople. Il y a là aussi, sur le rivage47 , une balance pour le bois. Plus loin, nous avons il Y aura eu quelque plaque coulée en bronze, et une effigie, d'après ce qui est gravé56
rencontré tout d'abord des Hongrois qui gardaient les vaches et les bœufs, mais rien [cl'Oquis de l'obélisque de Cassius].
d'autre, car il n'y a pas de moutons. Tout près, un petit village sur le versant48. Près de la
route, une méchante maison, celle d'un spahi49, qui chez nous ne serait même pas une écurie. o T KALl:Im: <I>IAIL r. KALLIm: <I>IAŒ
+KOIrr KAHIOY AL KOL r. KALLIOY AL
De Nicomédie jusqu'à Kaz.kh, la grand-route, belle et large, est toute pavée. C'est
KAmnOôOTOY lm: KAHTIIOôOTOY YIOL
ainsi que, de Nicomédie jusqu'à l'étape de KaZlkh, nous sommes passés sur 25 bons LHLALETH n T ZHLAL ETH ITf
ponts de pierre ou de bois.
Le caravansérail de Kazdch vient d'être construit; son soubassement est constitué ç' a été une sépulture.
de blocs qui ont été apportés de la ville antique de Nicomédie. Il a à l'intérieur ... épais Nicée" a l'apparence d'une ancienne ville forte grecque; elle est si ruinée qu'il n'y
poteaux de chêne; il fait 93 pas de long et 21 pas de large, et il y a dix chenùnées5o. reste intactes ni murailles, ni tours, ni maisons antiques. On ne voit pas non plus de maisons
C'est ainsi que de Scutari jusqu'à Nicomédie, nous avons voyagé tantôt près de la dans la ville, seulement des rues qui passent entre des murs de terre crue. Les maisons
mer, tantôt par les collines, jusqu'à ce que nous anivions à l'extrémité de ce golfe, une et les jardins des Turcs sont à l'intérieur ; aucune pièce ne donne sur la rue. Il n'y a que
denù-Iieue au-delà de Nicomédie. La mer, ou plutôt le golfe, est large à son extrémité des rues étroites.
comme quatre ou cinq fois le Danube à Presbourg. Les montagnes et les îles que nous Nous avons tous logé, avec douze voitures, dans un caravansérail près d'une mosquée.
avons vues en mer sont aussi bordées par la mer de l'autre côté, là où se trouve Brousse. sur laquelle il y avait un nid de cigognes. Le bâtiment compone à l'intérieur deux escaliers
de pierre, une salle à l'entrée avec les fenêtres haut placées; de part et d'autre. une pièce
Le 14 mars, depuis tôt le matin jusqu'à la nuit noire, soit plus de JO lieues de avec chenùnée aux fenêtres basses. Le tout bâti comme une prison'8.
Hongrie5', de KazIkh deresi jusqu'à Iznik. Jadis, on appelait cette dernière Nicée. Nous
nous y reposâmes une journée.

52. Beyogtu deresi (carte turque).


44. Carte turque, 033 (aujourd'hui Kavakh). 53. Des moulins figurent sur la carte turque (032).
45. Kumla çiftligi (carte turque, 034). 54. Le golfe de Gemlik.
46. Sitare kiipru (voir ici-même pl. V de Matrakç.), sur le Kilez çay. (carte turque, 034). Des 55. Matrakçl (ici-même, pl. VI) nomme ce lieu Derbend-i-Qazlqlu ; ce sont aujourd'hui les
arches en briques et pierre subsistent en divers endroits sur le trajet de la route qui longe le fond Samanh Daglan.
du golfe de Nicomédie (voir ici-même LEFORT, p. 103, note 51). 56. La cotonne de droi.e donne la leçon de C/G. II. 3759 : voir aussi ~AH'N. f::nik. 1. 85 e.
47. Probablement à BlI§ iskelesi (carte turque, 034). CavEL, appendice épigraphique, nO 62. Voir ici-même une image de l'obélisque à ('époque de
48. Yenikiiy (carte turque, 033). Demschwam sur la pl. VI de Ma.rakç. (Dikili.a!).
49. Turc sipahi, soldat servant dans la cavalerie. 57. Sur Nicée-Iznik. cf. RE. XVII. col. 226-243 : El'. tV. p. 304-305 : COVEL. p. 270-308.
50. Ce caravansérail est également mentionné par Busbecq (p. 47). Il a été interprété par les Voir aussi ici-même BONDOUX, p. 396-399. el hl pl. VII de M<ttrakçl. - D'autres détails plus bas,
voyageurs ultérieurs comme une forteresse (PERROT, Explora/ion, p. 9-10 ; DIEST, Landscllaft, p. 134-136. _
p. 189) ; ses ':U1nes subsistent près d'Ihsaniye (carte turque, 033). 58. La description évoque Yakup p;.J~i.l zi.lviycsi (rntEE, IV, p. 2).1-256. J08 . .157. pl. 36),
51. La heue de Hongrie fait 8356 m. D'autres détails sur cette route plus bas, p. 136-137.
r 122 JEAN·PIERRB GR~LOIS

Il Y n là beaucoup de Hongrois, et aussi des AlIemnnds, des Croates etc


vendus. " y avait entre autres un certain Hans Schuler, de Rottenburg-;ur_l~~1 Ont été
un lansquenet. Il avait été capture dans une place-forte avec Christoph Pranke ~:kar",
.

PrnnKer qui s'était jeté il l'cau et qui n'avait pas pu gagner la rive; après avoir:i, est ce
son cheval. il avait voulu fuir il pied, mais il avait été pris avec ledit
conduit enchalnés l'un à l'autre li Andrinople. Lorsque la faiblesse l'empêc
le Grand Turc lui fit trancher lu tête. Ce que Schuler me dit de lui-même conca d
les dédaratiolls de Hans Pymbaum 60, fifre de HallS Preussen. dont le frère a r ~ aVet
andonné
r
1
1
HANS DERNSCHWAM. VOYAGE! EN ASII! MINBURE (lSSS)

De la sauge, du fenouil, de la menthe se trouvent en maints endroits dans les forêts.


NouS avons repéré les traces de beaucoup de ~ibier et de. sangliers:
Il y avait un tombeau dans une petite maIson de bOIs; ce dOIt être la sépulture de
saint Hermolaos68 .
Le 16 mars, nous avons quitté Nicée pour un marché turc appelé Yeni~ehir. Ce nom
signifie Villeneuve, car il ne devait pas y avoir là de ville auparavant. Cela fait 3 lieues.
123

m~rt il Bude. Ce Pranker ne portait plus que ses chausses. USSI était
Bientôt après la sortie de Nicée, sur un petit pont de bois69. Ensuite par un défilé à
Nicée est entouree d'un circuit de murailles· 1 ; eHe est située tout au bord d 1 travers une longue et haute montagne rocailleuse; il n' y a pas de bois, seulement de
lac appelé Askanios et eHe est défendue par une double enceinte. La murailIe intt Ong petits arbustes. De là nous voyions le lac à droite. exactement comme nous l'avions vu
est élevée, avec des tours rondes, dont une sur deux est pleine, et qui Sont distante ~~ure à droite, le 14 précédent, depuis l'autre grande montagne, puisque nous avions dO le
de l'autre de trois piques. La fortificntion extérieure est constituée d'une mUraille sb Une contoumer, en faisant un crochel. Il y avait des vignobles près du lac. Nous avons aussi
avec des tours rondes en chicane, sans fossé par devant 6 '. La ville est située dans la ,"~se, pu voir la ville depuis la montagne. Nicée est située en un lieu assez agréable et riant.
et il n'y a tout autour que des montagnes; eHe a quatre portes bâties dans un bo~ mne, avec tout en suffisance, du poisson, de la viande, du vin, du pain, du bois, etc. C'est là
antique, disposées ainsi [croquis de la Porte d'Is/allbul]. Mais pour franchir CQmplèt style que s'est tenu le concile de Nicée.
.
une porte, il faut passer succesSIvement . voutes
sous troIS • ; e Il es sont bâties de gementd Tout en haut de ce mont à droite. il y a un petit village de Serbes qui ont été déportés
blocs, tandIS c· d' un assem bl age db·
. que les murs s~nt laits e nques et d ·
e pIerres. côtés
Sur leran du Srem 70. Nous nous sommes reposés près de la mosquée; il Ya devant une fontaine.
droit, remployé dans un bastion, un bloc de marbre blanc avec deux bustes de personn Sur ledit mont, au col, une source aménagée comme une fontaine.
tenant un. livre à la main~3. Dev~nt la porte, à p,,:,ximité, dans un jardin à droite delaro~~ Devant ladite ville de Yeni~ehir7l, il y a un bâtiment vide disposé de 1. façon sui-
subsiste mtacte une pet~te é?hse grecque anc~enne64. Au~dessus de la VoUte de ladite vante. C'est une tour quadrangulaire formée de trois pièces superposées. avec au milieu
porte, il y a une longue mscnptton grecque qUI court sur cmq blocs quadrangulaires65 de chaque face une fenêtre. Sur le pourtour de cette tour, il y a de chaque côté quatre
Vue de la montagne, la ville n'est pas aussi grande que Vienne et eBe n'a pas de fa~. hauts piliers qui supp0l1enl des voùtes, de sorte que l'on peut en faire le tour par-dessus
bourg. EHe est toute à l'abandon, si détruite qu'il n'y reste plus une seule maison antique. comme par-dessous" . Orhan doit l'avoir bâtie lorsqu'il guerroyait dans le pays, et c'est
Les Turcs o~t bâti tout au long des rues des mur,' de terre crue, derrière lesquels il n'y a là qu'il devait avoir son camp fortifié.
que des jardms, avec des huttes où Ils peuvent a peme ramper, comme sous des toits à Là, nous n'ayons pas trouvé de vin, mais nous avons envoyé en chercher dans un
village grec voisin" . Ce marché de Yeni~ehir est entoure d'une belle plaine céréalière.
porcs; c'est pourquoi ils n'admettent personne chez eux. d'autant que leurs femmes ne
Nous avons vu de nombreux petits villages dans toutes les directions.
sont que des catins.
Les habitants ne sont que des gens de guerre, qui touchent du sultan une solde quo-
Les Grecs ont une autre petite église dans la ville 66 , mais ils y sont peu nombreux.
tidienne, et qui n·ont par ailleurs d'autre moyen d'existence que des champs et du bétail,
Les captifs chrétiens se voient interdire par les Turcs de fréquenter l'église grecque. Les avec des captifs. Ceux-ci sont obligés de foumir tout le travail pour entretenir les Turcs.
Grecs doivent être une quarantaine. C'est que ces derniers ne s'occupent guère, voire pas du tout, de travailler. Qui a les
Nous nous sommes reposés là une joumée, le 15 mars. Là, on n'emploie pas de ton. moyens d'acheter un rab'., ou captif, est un grand seigneur, et il en est fier. Si un rab
neaux ; on conserve le vin dans de grandes amphores 6'. Avant que les Turcs ne s'emparent s'enfuit de chez son Turc et qu'un autre Turc l'attrape, son maître doit le racheter pour
de cette ville, ils durent la combattre sept ans. Le vin n'était pas cher chez les Grecs; 100 aspres ; mais le fugitif est d'abord confié au juge. Le maître du rab doit donner aussi
chez nous, on n'aurait pas pu en acheter à ce prix. 100 aspres aujuge. S'il ne le rachète pas au juge dans un délai de trois mois, le rob échoit
au juge. Les Turcs obligent par ici un rab à travailler pour eux quelque dix ou quinze

59. Wurtemberg.
60. Ce personnage, rencontré par Demschwam lors de son séjour à Constantinople, lui avail 68. S'agit-il d'une construction légère qui surmontait )'hagiasma souterrain existant encore
raconté quel avail été le sort de Christoph Pranker (BABINGER, Denzsclnvam, p. 142-143). aujourd'hui près de J'église de la Domlüion (Bocek Ayazma: SCHNEIDER, Denkmü/er, p. J7,
fig. 12 ; TVAEE, IV, p. 196,278, 325)? - Le culle du martyr HenuoIaos esl ptulôl localisé à
61. Sur les murailles de Nicée, cf. SCHNEIDER-KARNAPP, Stadtmaller; FOSS-WINFlELD, p. 79· Nicomédie (DHGE. 24, col. It8 ; voir aussi LUBENAU, p. 115).
120,261-281; et ici-même OIROS, p. 210-211. 69. Pont sur le ruisseau qui se jette dans le lac de Nicée (carte turque).
62. Plus bas (p. 135), Dernschwam signale pourtant l'existence du fossé. 70. La région du Srem (le comitat de Somogy pour les Hongrois, cf. BABlNGER. Demsclnmm.
63. Des reliefs ornent les piédroits de la porte de l'avant-mur (SCHNEIDER-KARNAPP, p. 278, n. 36) se trouve aux confins de la Croatie et de la Serbie. entre Save et Danube. Le
Stad/mouer, p. 28-29, pl. 17 l, 52 1 ; SCHNEIDER, Denkmiiler, p. 21, pl. 18.). . témoignage de Demschwam précise dans quelles conditions a été rondé le village de Derbent (cane
64. Il pourrait s'agir de Saint-Tryphon, dont les ruines ont été fouillées à l'intérieur de la VIlle turque, 531) ; ce dernier est resté peuplé de chrétiens jusqu'aux échanges de population.
près de 1. porte d'Istanbul: S. EYlCE, !znik'le bir Bizans kilisesi, Belletell, 13, 1949, p. 39, pl.xvn, 7 L Carle lurque. !31 ; voir ici· même la pl. VII de Matrakçl.
fig. 6; 1. PAPADOPOULOS; 0 èv N1K<xia TIiç B.9uviaç vao. tOÛ àyiou Tpu<provoç, EEBS, 22, 1952, 72. Une construction correspondant à cette description est représentée à gauche de la vue de
p. 110-1\3 ; 1VAEE, IV, p. 229-231, 295, 342. . Yeni~ehirchez Matrakçt (ibidem).Voir ici-même LEFORT, Matrakçt, p. 104. _
n
.65. CIG, 3746, ~AH1N,lvlik, J, 27-28 ; l'inscription, à l'origine en lettres de bronze donl il 73. Un registre fiscal ottoman inédit, de 1487 (TI 23. voir ici-même BELDICEANU. SIgles,
p.374, ra 29), atteste la présence de chrétiens à Karakilise. aujourd'hui Cihadiye (cane turque.
subSIste les traces, esl répétée sur la face extérieure et sur la face intérieure de la porte (ScHNEIDER·
KARNAPP, SradlllUJuer, p. 24,48). s31), village situé à 2 km environ au nord-ouest de Yeni~ehir (l'ommunication d'l. Beldiceanu).
66. Su~ l'église de 1. Donnition, voir plus bas p. 134-135. 74. MOI hongrois désignant un prisonnier (BABlN'GER, Demsc/llmm. p. 280 n. 117).
67. Vou aussi plus bas p. 135.
,- 124 JEAN·PIERRE ORI1LOIS
1
ans, après quoi il sera libre, c'est-il-dire qu'il roumI partir et travailler o~ '1 HANS m!RNSCUWAM. VOYAOe EN ASIE MINEURE (ISSS) 12S
gagner de l'argent et prendre femme, Mais s'il ne se Fait pas circoncire et s"ll VOudra,
pas l\Ire, on ne le lui pennet pas; c'est pourquoi tout un chacun finit pa.' ne se rait On ne se sert pas. comme à Vienne, de hoyaux dans les vignes. mais de fourches
puisque aucun d'eux ne peul plus s'en nHer ni passer la mer. apostasier, ui ont celte forme lcroqu;s tJ'unefourche]84, Le villagell.5 a reçu son nom d'un homme
1 de guerre qui était au service d'Orhan. On l'appelait Akblylk à cause de Sa moustache
Là, un rab allemand est venu à moi. Notif de Donauwèirth", nommé WolffF .
ce hacheur de viande a été capturé à Szolnok 76 . Avec pour maître Un jan' ~ohch, blanche (ak : blanc; b'y,k : moustache). Il est enterré là dans une petite construction en
maçonnerie que j'ai visitée; il Y a un tombeau blanc élevé en maçonnerie, avec à côté
Constantinople, il a ici deux femmes et des champs. Un rab robuste vaut ",lS~~lre de 1
une maisonnette que l'on est en train de bâtir. Il y a à côté une coupole, comme un four
2000 et 2500 aspres. Nous avons rencontré partout des captifs, des hom~ ICI entre
femmes, tant de gens qui ont été déportés de Croatie, de Serbie, de Hongrie et;'s .ft
des
1 à pain. où se trouvait un autre tombeau du même genre. Nous avons rencontré à côté un
Espagnol de Valence; c'est un pèlerin de la Mecque, vêtu d'une peau de mouton comme
Le pays devrait être plantureux, mais il dépérit, car la terre est abandonnée et ~I cUts.
1
un derviche, qui est ici depuis 30 ans.
puisque les Thrcs sont gens fainéants qui ne travaillent pas. IOCUlte,
La montagne enneigée, que nous voyions devant nous, est extrêmement haute, plus
Il y avait aussi dans ledit village un bain de bois. De là, nous avons vu dev haute que ne le sont nos montagnes. Ce doit être l'Olympe; Strabon donne en effet une
nt
la montagne enneigée de Brousse. En sortant, nous avons franchi devant le Vit nous liste de trois Olympes. 11 doit y avoir tout en haut un grand lac; on y extrait de la glace
petit ruisseau 77 où l'on peut abreuver les chevaux. age Un que l'on transporte à Constantinople pour la vendre. On appelle en turc cette montagne
Le pays de Bithynie fait en tout trois joumées de voyage, il s'étend en 10 enneigée Ke~i§, c'est-à-dire ermitage86 .
jusqu'au fleuve Sangarios, et de la mer Noire à la mer Blanche78 en largeur. Brous~~~ur Les maisons des Turcs sont si misérables que l'on ne peut y entrer qu'en rampant,
.~~ m et qu'à peine quatre personnes peuvent s'y mouvoir. On ne conçoit pas d'y loger, à
moins d'être un chien ou un porc; c'est pourquoi ('on a bâti des caravansérails pour les
Le 17 mars de Yeni~ehir jusqu'à un village appelé en turc Akblylk, c'est-à_d' voyageurs. Les villages ne sont ni enclos, ni défendus.
Moustache Blanche, soit pour ce jour-là 2 ou 3 lieues. lIe On n'emploie pas ici de voitures à quatre roues. comme on le fait chez nous, mais
À Yeni~ehir, Rüstem pa~a a bâti récemment un caravansérail, où nous avions mis 1 des chariots à deux roues. Celles-ci n'ont pas de rayons, elles sont constituées d'un seul
chevaux, tandis que nous campâmes devant, sous la tente. C'est un grand caravaaséra7 panneau, ou de trois pièces assemblées, formant un cercle; elles sont garnies sur le pour~
assez vaste pour qu'on puisse y loger à r allemande 200 chevaux. Il y a 29 cheminé~' tour d'un épais bandage de fer. Le disque fait environ un empan d'épaisseur, il a au cent-
trois pièces sur les côtés pourle foin et pour l'orge. Dans l'une d'elles il y a une cheminée: re un trou carré par où passe l'essieu. Ce dernier est lui-même fixé par ses deux extré-
à l'intérieur six piliers quadrangulaires, faits de pierres de taille et de briques assemblées' mités aux roues, de sorte qu'il toume avec elles. Le véhicule est un engin massif, rudi-
soutiennent la toiture qui est couverte en plomb. Au-dessus du portail, une inscription e~ mentaire, que tirent des buftles ou une paire de bœufs87.
lettres dorées 79. fi Y a devant une fontaine, avec en contrebas un bassin de marbre qui est
Le 18 mars, d'Akblylk à un village, Enneni PazafCIk, plus de 3 lieues.
un sarcophage antique.
Nous n' avons parcouru d'Akblylk jusqu'à Ermeni Pazarclk que des forêts, un
La grand-route est pavée en maints endroits, là où c'est nécessaire, jusqu'à un cours
méchant chemin creux, argileux, par monts et par vaux, des forêts de chênes en taillis;
d'eau assez notable, limpide comme la Gran 80 ; dessus, un pont de bois sur des piliers
il Y a pourtant de vieilles futaies. Il y avait beaucoup de gibier, en particulier des sangliers
de pierre, avec des bordures en pierres des deux côtés 81 • La rivière doit s'appeler dont nous avons repéré les traces. Nous avons encore vu à droite la montagne enneigée.
Kalbursu. avec de part et d'autre des montagnes ordinaires. Nous avons eu à mi-chemin un petit
Sur la colline à droite, un village82 avec des vignobles à côté. Nous avons vu à droite ruisseau à droite88 .
un grand étang, ou lac, au pied de la montagne83 . Il y avait à partir de là un beau paysage. En sortant des forêts, nous gagnâmes la plaine par un pont reposant sur des piles de
Des deux côtés, nous avons vu de la montagne et des villages, mais la terre est négligée bois. Plus loin par un ruisseau o~ nous avons abreuvé les chevaux; un pont par-dessus,
et mal travaillée. Tout paraît avoir été jadis bien cultivé. en bois. Nous avons vu des deux côtés, sur les collines dans la forêt, de petits villages,
Nous avons eu ensuite un mauvais chemin, par une montagne rocaiUeuse couverte des huttes basses et peu de maisons. À nouveau sur un petit pont. Plus loin, sur les mon-
de mauvais bois avec de petits chênes, jusqu'au village étape où nous arrivâmes à 12 tagnes de part et d'autre de la route, de petits villages constitués de quelques maisons.
heures. Nous nous sommes rencontrés avec deux personnes assises dans une corbeille Il y a partout un bon sol gras et argileux, qu'il faudrait dessoucher en maints
sur un chameau. endroits pour en faire des champs. Nous avons vu des champs où nous rencontrâmes des
paysans qui labouraient avec deux buftles. Leur charrue n'a ni roulette, ni paire de man-
cherons à l'arrière. Elle n'en a qu'un seul par lequel on maintient l'engin, tandis que l'on
75. En Bavière.
76. Sur la Tisza, à l'ESE de Budapest.
71. Kocasu (carte turque). 84. Ce type de fourche à deux dents, utilisé pour défoncer le sol des vignes, était appelé à
78. C'est-à-dire la mer de Marmara. l'époque byzantine Iisgarioll.
79. On connaît à Yeni~ehir diverses fondations, dont un caravansérail, qui ont été in~titu~ 85. Akblylk (carte turque, 13 t) ; voir ici-même la pt. VII de Malrakçl. Un membre de
au XVI' siècle par Bâlî bey (cf. TVAEE, IV, p. 595-6(0) ; rien ne semble confinner l'attnbullon l'ambassade de Busbecq y a relevé l'inscription CIG, IV, 9260 (épitaphe de Pauikisl.
qu'en fail Demscbwam à Rüstem p"§a. 86. L'Olympe de Bithynie (Uludag) a été aussi appelé Ke~i~ dUgl (<<montagne des moines»).
80. Affluent du Daaube, aujourd'hui la Hron (Slovaquie). 87. Demschwam a bien noré la différence entre la Turquie balkanique et méditerranéenne où
81. Pont à environ 1 km au sud de Yeni~ehir sur le Kocasu (carte turque). l'on utilise des charrettes à quatre roues (araba), et le phueau anatolien. domaine du chariot à deux
82. Ayas koyU (carte lurque, ~31). . . roues pleines (kaglll) ; il précise plus bas la limite géographique entre les deux usnges (p. 137).
83. Un lac temporaire est signalé jusqu'au XIX' siècle dans l'ouest de la plaine de YeRljehu 88. GümU~ deresi (carte turque).
(PROKESCH, p. 103-104).
r 126 J6AN·PlliRRB OR'ALOIS

excite les bum"" avec un long niguillon qu'on tient de l'autre main; elle est . JlANS OBRNSCIIWAM. VOYAGE EN ASSE MINE.URB (USS) 127
~~~~~ ~~
Un tombeau ancien, construit avec de nombreuses bonnes pierres de t '11 Nous nous sommes rencontrés avec de nombreux ânes et chameaux chargés de
fragments de colonnes: on les a apportés de loin. a, e et des céréales, et aussi pendant toute 1: journée avec des chariots anatoHens transponant des
Il y a à Pazarc,k89 une mosquée. Uniquement des Thrcs, aucun Grec. Là rains à Brousse. La route ne chome pas.
g BozUyUk96 est situé aussi dans un endroit riant, dans une vallée entre des cÔteaux
caravansérail à droite de la route. Il a à l'intérieur, au milieu, douze épais ,un grand
90
de vignes. mais ce n'est pas de la haute montagne. Avant d'arriver dans le marché, il y
chêne. qui reposent sur des bases rondes en pierre et qui supportent la tOitur~?~~aux de
a une co1lioe, plus haute que Bude. avec au sommet un rocher dénudé tout autour, qui
cheminées. Chacun est libre de s'y installer. 150 à 200 chevaux peuvent s'y t;n~r y a 20
ressemble vu de loin à un mur d'enceinte.
De la sauge au bord de la route. .
Sur la gauche du chemin, une longue et belle colonne de marbre poli. blanc comme
Il est étonnant que ces gens puissent pourvoir à leur entretien. On ne voit . ~ neige, longue de treize pieds. EHe a été extraite là, à côté d'un puits. On l'a trouvée il y
ni métairie avec des vaches, des bœufs, des moutons. des oies. des poules. Ce no eRne,
a quelque six ans en ce même endroit, et l'on y déterre encore des blocs anciens. Il y a
fainéants que les captifs chrétiens doivent entretenir. et qui vivent comme les ~O~t gens eu auparavant une ville antique; nous avons aussi trouvé une belle fontaine, avec les
Toute la journée. nous nous sommes rencontrés avec des gens qui voyagent~ ~~ues. conduites, mais il n'y avait pas d'eau.
comme au retour, avec de nombreux mulets chargés, des gens de guerre, des ch aller Devant le marché, à gauche du chemin. un grand caravansérail qui a été bâti pour
qui transportent des céréales à Brousse. On peut estimer à cinq ducats la charg:~ea~x offrir aux voyageurs un abri contre les brigands. Nous avons campé dans le marché près
chameaux. Nous nous sommes rencontrés ce même jour avec deux. voitures e SIX. de la mosquée. Il y a là. en face à gauche, un grand caravansérail couvert en plomb,
couvertes, où il devait y avoir des femmes ; et d'autres femmes aussi montant ~u~~s avec ... cheminées, quatre piliers quadrangulaires à l'intérieur, sur lesquels repose la
fourchon. comme c'est l'usage en Thrquie. C ,- toiture; de nombreux chevaux peuvent y trouver place.
Les environs de Pazarc,k forment un beau pays agréable, bordé de montagnes 0 C'est Kas,m pa§a qui a construit, il y a 30 ans, la mosquée et les deux auberges
n'y cultive pas la vigne; à minuit. un Grec nous a apporté du vin de son village n d annexes97 ; l'on y donne aux voyageurs un çorba ou du riz avec un petit morceau de
deux gourdes de p~au. On nous a apporté d'un village grec du raisiné, que l'on nom: viande de mouton. EHes ne désemplissent pas de toute l'année. L'ambassadeu0'J8 a lui
en turc pekmez ; c est un vm bOllllh au m,el"' ; un HongroIS nous a dit comment on 1 aussi reçu du l'orba. du riz et de la viande. Dans les cuisines à côté, on donne deux fois
fabrique. Il nous a dit aussi que l'on donne rarement de la viande aux pauvres captif ~ par jour du çorba et un pe'i' morceau de viande aux habitants du marché. Ces habitants
quand un mouton vient à tomber malade, on l'égorge pour eux. s, ne sont guère que des mendiants, et même de fieffés mendiants qui ne vivent de rien
d'autre. Jadis, il n'y avai, là pas de village à cause du brigandage, jusqu'à ce que Kas,m
Le 19 mars, un mardi, de Pazarc,kjusqu'à Boziiyük, un marché, depuis tôt le matin pa§a eUt bati la mosquée. les établissements charitables et le caravansérail, ce qui attira
jusqu'à Il heures, soit 3 lieues; nous y avons campé pour la nuit. Boz signifie gris et de la population. tous de vains derviches, mendiants et nuisibles brigands.
hüyük colline, soit «rocher gris». Nous sommes allés avant le soir sur la colline citée plus haut. Elle a une certaine
hauteur; ce n'est qu'un rocher friable, gris et rougeâtre, au sommet duquel il y a deux
Tout de suite à la sortie de Pazarc,k, sur un petit pont. Plus loin, par trois petites
profondes excavations carrées, en mauvais état, d'une profondeur supérieure à une longue
sources qui jaillissent de la montagne. Plus loin, un pu its92 à droite de la route; plus loin,
pique et de neuf pas en carré. Elles doivent avoir été des citernes où l'on était obligé de
un petit pont et une petite source qui jaillit de la montagne. monter l'eau à dos d'âne. Bien que nulle trace de bâtiment ne se voie au sommet, ç'adU
Puis la montagne s'est resserrée, formant comme une belle vallée de plus en plus être un repaire de brigands, occupé par des gens séditieux comme les premiers Ouomans
étroite"), par monts et par vaux, point trop ardue, un bon chemin pierreux, un bon sol. ou Thres. car la grand-route passe par là".
Entre-temps, nous avons franchi par deux fois un cours d'eau assez notable94 qui des- Au pied de la même colline, de part et d'autre de la route par où nous étions arrivés
cend de la montagne, puis en suivant le cours d'eau vers l'amont, par un pont de oois. dans ce marché, se trouvait jadis une grande localité, ou plutôt une ville, là où l'on a
Une fontaine à droite, un petit jet, épais comme un doigt. encore dégagé, il y a des années, des fondations et de grands blocs équarris, comme il a
Puis la vallée s'est ouverte et nous avons vu un beau pays, des champs, des buissons, été indiqué plus haut.
des pâturages. Il a là à gauche de la route quinze huttes95 , rien que des mendiants qui ont Un petit ruisseau coule à côté, dans un fossé profond que l'on peut franchir d'un
quelques moutons et des pacages. Il a dû y avoir jadis entre cette vallée et les montagnes saut; il Y avait des crabes-araignées et des goujons. Les Turcs ne savent rien de la péche
un beau pays. Les forêts comptent des chênes, grands et petits, et toutes sortes d'arbres, du et ils n'ont pas d'engins; ils n'en ont pas non plus le droit, car ce sont tous des esclaves.
pin aussi. Ledit ruisseau dans la montagne ne doit pas avoir de truites ni d'autres poissons. Nous avons tenté notre chance et nous prîmes du crabe et du goujon.
Il est vrai que les Turcs ne connaissent rien à la pêche. C'est ainsi que, vue de la colline, cette vallée a été un beau pays, mais aujourd-hui,
il est négligé et fort peu cultivé. Le marché actuel n'est qu'un amas de coupe-gorges et
de tanières pour mendiants, où l'on ne peut entrer qu'en rampant: certaines sont couvertes
en terre, comme les huttes des exploitants de tourbière'oo. Si lesdits mosquée et cara-
89. Pazaryeri (carte turque, ü33) ; la région est appelée Derbend-i-Ermeni par Matrakç'
(pl. VIII). 96. Carte 'urque, v34-35.
90. L'inscription CIG, IV, 8869 (épitaphe du scholaire Jean, relevée par un membre de l'am- 97. La mosquée e' l' imm~/ on' é'é fondés par KaSlm paja (1VAE, Il. p. 105-111). beg/a begi
bassade de Busbecq) se trouvait à proximité de ce caravansérail. d'Ana'olie au débu' du règne de Soliman le Magnifique (EJ'.IV. p. 751).
91. Cf. la meli/i/es, dont la préparation est donnée par Pline, H.N., XIV. 11. 98. Busbecq, ambassadeur de Charles-Quint auprès de SolinuU1 le Magnifique (cf: p. t 1~ 1.
92. Voir ici-même le puits à balancier Zingirlü Quyu sur la pl. VIII de Matrakç'. 99. Cel aménagemenr hydraulique est également décrit par Bt/sbecq (p. 48). VOIr aussI la
93. Karakôy bogaz, (carte turque). pl. VIII de Malrakçl.
94. Le Karasu, affluent du Sangarios (carte turque). 100. Voir ici-même la représenlation de BozUylik par ~'fntrakçl (ihid~'m).
95. Karakôy (carte turque, ü34).
12R J8AN-PlfiRRB ORaLOIS

T
vansérail n'avaient pas été bâtis là pour l'amour de Dieu, il n'y aurait pas d . HANS DERNSCHWAM. VOYAGE EN ASIE MINEURE (15.5.5) 129
n'auraienl pas leur <;0,.00 quotidien ou leur tlumônc. C'est que personne ne e VIllage, el ib
La mosquée est assez bien bâtie, avec ses auberges, ses cellules POur ~eui travailler. Nous nous sommes rencontrés toute la journée avec de nombreux chameaux. et
ses cuisines pour les pauvres, le tout fomlanlun ensemble, Il s'élève auss' e~ derviChe, mulets; entre autres, quatre mulet~ ne portaient qu~ de jeunes poiri~rs, IMplanlés avec
devant la mosquée, une fontaine ronde en marbre, où les Thrcs font leurs ' ans la cOU; 1 s racines et taillés à la longueur d une coudée de Voenne, dont un animai pouvaIt porter
bl
qu'ils veulent aller prier. C'est qu'ils pensent être purs à l'intérieur S'il: Ullons 1",,_ :eux bottes. Ils les transportaient à Brousse. où on les remet en v~ntelOS et où ~n les f~it
l'exlérieur. ' Se SOnt lavé, pousser trois ou quatre ans, avant de les vendre pour Constantmople. au pnx de SI.X
(1 y a devant la mosquée une fontaine ordinaire et un abreuvoir près de 1 aspres ou plus pour un arbre. Il y avait là du pain savoureux, deux pains pour un aspre.
en contrebns un bassin de marbre blanc qui a da être apporté depuis une a route, avec 11 y a là un Allemand qui a aussi été capturé lors de l'expédition contre Vienne, Hans
grecque ancienne. (1 esl d'une fonne quadrangulaire, large de huit emp conStruclion von der Haydtl06, un maréchal-ferrant de Bruck-sur-la-Leitha 'OJ. Encore esclave, c'est un
même. La cuve creusée à l'intérieur est cruciforme, avec dans les quat an~ haut de pauvre employé qui a femme et enfants et qui est au service d'un pacha. U a aussi demandé
degrés qui descendent, assez larges pour qu'une personne puisse s'y asseoi~ 1 ras deu~ des nouvelles de N. qui est à la cour - et nous devons dire qu'il en serait le père!
plat. On ignore quel en était l'usage. Je crois que ç'a été un bain pour une g' elondest
qui pouvait s'y nccroupir ou s'y asseoir dans l'eau chaude comme dans un:~n.e d~l1Ie, Le mercredi 20 mars, nous avons voyagé, depuis tôt le matin jusqu'à 3 heures de
à moins que ce ne fussent des fonts baptismaux, identiques à ceux qui se t algnolte ; l'après-midi, soit 6 lieues, de Bozüyük à un village entièrement turc, Czomschuran ;
Constantinople dans l'avant-cour du palais Iplan du bassin crucifonlle]IOI. y, roulvent.à d'autres l'appellent Çavu!dan.
on nous a aussi apporté du viII d'un village grec, de même que le jour précéders e SO~, Nous avons voyagé toute la journée par une plaine à céréales, avec la montagne de.
Là, un Allemand de Vienne est venu nous trouver, un certain Augustin pen\i deux côtés; au pied de l'un et l'autre versants, de nombreux petits villages constitués de
dont le père, Loc Poschinger, était huilier près du Burgtor. Notre homme a~~c éoger, huttes basses, couvertes en lerre et creusées dans le sol, aussi hautes que ce que peUl
service du seigneur Uizl6 il Bude, et c'est il Bude qu ' il a été capturé après la bau lté au atteindre un homme. On ne trouve pas un seul bâtiment qui soit plus haut ou meilleur
~OMCSI02. Il est mai,ntenamlib"'.. il sert pour u~ salaire annuel de 100 aspres,~:lede chez les Thrcs de par ici. Oes deux côtés une abondance de champs cultivés; nous avons
vu partout des paysans labourer avec deux b~ufs .
nolles et du <;orba. C est un ",dlvldu stupIde qUI salt un peu de turc, célibataire h g~­
Sur la route à gauche, un tombeau turc. A côté. un bassin surélevé en bois, où l'on
aux Thrcs. Même s'il lui venait l'envie de partir, puisqu ' il vient d'être libéré le ' <>stile
apporte avec des ânes de l' eau desti,née aux voyageurs. pour l'amour de Dieu. comme
à trouver une justification pourra le vendre il nouveau. ' prenuer
c'est l'usage fréquent chez les Turcs. A gauche de la route, un village de huttes et de petites
Les Thrcs sont si pauvres qu'ils ne devraient pas pouvoir entretenir une seule é . maisons sur une bUlle"" . A côté. un caravansérail engagé dans la butte dans le sens de
beaucoup pourtant en ont trois, cinq, six, toutes des catins. Ils engloutissent le p~' la longueur, couvert en terre, si bas que l'on pourrait circuler dessus. C'est Kaslm pa~a
aumônes et le çorba de la fondation; ils n'ont pas le droit d 'avoir plus de sept épo~seses qui doit l'avoir fait faire . Il y a en face une tombe turque, sur laquelle nous avons trouvé
Ces infâmes boivent tous du vin en cachette; ils s'en font apporter la nuit des villa . un bloc d'albâtre avec quelques lettres grecques lisibles: nous étions pressés et nous
grecs, ils boivent comme des bêtes, à en crever. On ne trouve pas le moindre vin dans&: n'avons pas pu en copier la moitié. Il y avait en outre sur la tombe un autre bloc d'albâtre
village turc, mais on peut en envoyer chercher et en commander dans des villages grecs sans inscription. mais avec des figures sculptées, intactes et belles. Il est bien brisé par
à une ou deux lieues de la route. ' endroits, car les Turcs transportent depuis tous les sites antiques les meilleurs blocs et
Nous avons rencontré là une Hongroise qui nous parla à travers la clôture. Dory colonnes jusque sur leurs tombes, et là ils plantent une pierre à la tête et l'autre aux pieds.
Mihâl '03 lui a demandé pourquoi les Turcs protégeaient tant leurs femmes. Elle lui Sur ledit bloc, il y a ces figures, dont j'ai dessiné une partie à la hâte. D'abord deux
répondit qu'ils feraient bien mieux de protéger leurs garçons dès que ceux-ci gmndissen, bœufs attelés de front à un joug, avec une charrue derrière, comme on laboure encore
car ils courent d'eux-mêmes après l'infâmie, ainsi qu ' il en allait à Sodome et Gomorrhe. aujourd'hui en Anatolie. Auprès, une serpelle de vigneron, de ceue fonne !croqllis d'Ilne
serpette]. et à côté un hoyau, de cette fonne (croqllis d'lin ho)'oll]. En dessous une étrille
Devant ledit village ou marché, il y a une butte fonnée de débris '04 , verdoyante, en
face de ladite colonne. à chevaux, ainsi (croqllis d'Ilne étrille] . À l'opposé, de l'autre côté un cercle, comme un
miroir, de cette fonne . En dessous un peigne ainsi fait [croquis représentallllllle /on'Ie
circulaire au-dessus d'lm peigne à deux rangées de dents]. En outre deux fuseaux avec
du fil, comme on s'en sert encore dans le pays pour bobiner, un petit et un plus grand
(croqllis desfllseaux]I09. Rencontré le même jour un chargement de foin sur un de leurs
101. L'objet se trouvait, au début du xx' siècle, remployé dans une fontaine d'un jardin de chariots anatoliens, attelé à deux bœufs, dans une corbeille comme celles dont se servent
Topkapl sarayl (1. ÉBERSOLT, Mission archéologique de COllstantillopte, Paris, 1921, p. 24-25). les femmes des Bergstadte llO pour porter le charbon. Le même jour, nous nous sommes
S. Ristow (Frühchristliche Baptisteriell, Münster, 1998, p. 243) localise la cuve baptismale de
Bozüyük en Galatie, bien qu'il cite une partie du témoignage de Oemschwam. Le monument
portait l'inscription byzantine CIG, IV, 8912, relevée par un membre de l'ambassade de Busbe<q.
Pour un monument semblable à Pylai (aujourd'hui Çiftlikkoy) : MANGO, Héténopolis, p. 15I-IS~ 105. Il existe à Brousse un caravansérail spécialisé dans le commerce des jeunes arbres.
fig. 5. Fldall IIalll (GABRIEl.. Brousse, 1. p. 183).
102. Bataille livrée le 29 aoOt 1526, qui vit la défaite et la mort de Louis Il, roi de Hongrie, 106. Il sera à nouveau Question de ce personnage au retour (p. 133).
devant les Ottomans de Soliman (cf. BABtNGER, Demsch",am, p. 294, n. 41). \07. Basse-Autriche, à l'ESE de Vienne.
103. Membre de la suite de l'évêque de Pécs (Fünfkirchen), Anton Vrantié (ibidem, p. 42, \08. Poyrn (carte lurque, v36).
109. Dernschwam donne un croquis de J'ensemble du relief à son retour. le 16 juin (voir plus
294-295, n. 43) ; voir aussi ci-dessus, p. 113. .
104. L'expression de Oernschwam évoque un élément caractéristique du paysage.an.,ob",
le hIJ)'ük, butte fonnée par l'accumulation des matériaux à l'emplacement d'un site anclennem<D'
bas, Pi /g ItnsembJe de localilés
BABINGER. Derme/llmm , p.
minières en HaUle-Hongrie. dont faisait pani~ Neusohl
XX. XXVI-XXVII).
tcf.
habité.
J 1.10

.
de mmsons .b
JEAN· PIERRE ORI1LOIS

rencontres avec de nombreux chameaux et ânes qui transportaientto"


Brousse. Partoutl1llUS voyions de loin des villages, de part et d'autre au ~ des Céréales Po
Sur la route, à droite, une sépullure antique où se trouve un ai~lePled des
de marbre rec/angulaire, de celle forme [cmf/uis "'un aigle de jètce 1~~Ulpté
Devant, une grande et haute bUlle de débris verdoyante: il y a en ~
l'
couver1es en (erre. SI <tsses que on peut marcher dess Il À
vieille tombe à droite du chemin.
alles
ontrebas
. us " Côté, U~
Ce jour-là, nous avons eu un bon chemin plat, par des telTes à cé é 1 .
lag
Ur
r
i
HANS DERNSClIWAM. VOYAGE EN ASIE MINEURE ( ISSS)

ns travailleurs. Ils n'ont rien de bon, pas même leurs maisons qui ne sont que des
geupe-gorges, où ils sont les seuls à pouvoir s'abriter des intempéries et où il n'y a
~~iment rien. Il n'y a nulle part de bois de chauffage: d'ailleurs nous n'avons pas pu en
voir. Le peu dont ils ont besoin pou~ leurs ~aisons. ils doiv~~t le faire venir de fon loin;
nouS avons eu bien du mal à obtentr du bOIS pour notre CUISine.
Nous ayons traversé ce même jour un long vîllage ll9 et nous avons vu à côté beau-
131

les côtés de petites collines dénudées, ainsi qu'une belle petite butte r. a.es .: II y a SUr coup de bétail. Les bœufs et les vaches sont petits, très maigres, car ils ne disposent pas
jadis aménagée en vignoble. Les collines sont complètement dénudé~ul parait aVoir été de bonnes pâtures comme chez nous: tout est ras et grillé, bien qu'il y ait des simples,
avec des broussailles. Nous voyions des troupeaux de moutons de p~' san~ bois, I1lais de 1. sauge, de l'absinthe, de l'aurone.
il n'y a ni pâture, ni herbe haute pour les bœufs et les vaches. Ce pou etd :,Utre,l11ais À côté sur la route, un grand tombeau . Il y a de nombreux beaux blocs de marbre
pays pour les céréales et pour la vigne, s'il était habité par des gens com';U etre un bon antiques, brisés, qui ont été apporlés là depuis des sites grecs détruits, pour bâtir leur
abandonné et détruit du fait de l'Olloman et des paysans révoltés. tents. ToUt est sépulture de chien: les inscriptions et les figures ont été marlelées. À côté un long cara-
vansérail construit dans le sol et couvert en terre.
On vendange en automne. Av.e~ le produit du l'oulage, on fait du misiné et .
à saveur douce obtenue par ébulllllon'12. une boIsson
[conrirl/lotioll du voyage ver,t Ankara et Amasya: sijollr auprès de Soliman à AmaJ)'Q ;
. Dans la. re.gion, un pays.,? s'es/ révol/écontre, les infâmes Ollomans, avec d' relour par Ankara]
sédlt.eux qUI s adonnent au pillage. Il venall de s emparer des hameaux . aulles
dont nous avions vus quelques-uns de part et d'autre sur les collines' de en~lt[Onnanls, Le 15 juin, d' Üyiiz llO jusqu'à Un village appelé Muttalip, situé en rase campagne,
châteaux détnüts. En o?tre une ville à droite, appelée Eski~ehirll3, c'~st_~_~:rees et des depuis tôt le matin jusqu'à 3 heures, SOil 9 lieues.
vlll~». Plus lOIn, un chateau et marché appelé Bllecik ll4 , lui aussi détruit, o~ l'''Vlelll: Près de ce village il y a, sur le grand tombeau habituel au bord de la route, de nom-
fabnquer encore des tISSUS de so.e ; .1 est sllué à ga uche. Plus loin à d . o? don breuses antiquités brisées, ainsi que des épitaphes que les Thrcs ont apportées là : on ne
Egriozm, un château et marché détruit. Plus loin , un Château à d ~!le, JI y ~ peut guère y lire que quelques mots complets, tous en grec.
Karaca§ehir ll6, où doivent habiter des Turcs et des Arméniens; un march/~~ e, :ppele Un mulet chargé. qui faisait panie de notre caravane, était resté en arrière à l'écurie
Dans ce village de. Çavu~danl17, où nous avons campé en plein cham sert pendant un jour et une nuit. et ce même jour on nous l'a ramené l21 . Aucun paysan
tombeau, le caravansérml ne vaut guère mieux qu'une étable à cochons Il yP P è du
rès n'avait de foin dans le village, mais il y avait au dehors deux vieilles meules: chacun y
' pé' . . . a~s. a pris ce dont il avait besoin ct personne n'a payé, à la hongroise.
tom au, là ou nous avons cam , un pUIts profond, alllSI qu'un autre' le to t
be
endroit désolé. Il n'y a dans le village que des puits pas d ' eau courante 'II y u est un Vis-à-vis dudil village, au pied de la colline, on peut voir une ville ancienne : les
. ' . " . . a un Cant- Thrcs l'appellent de différents noms, Eski~ehir ou bien Beylik. Près de cette même ville,
vansérail e?telTé, avec des murs de plelTe, muO! de solives et recouvert de terre en haut
il doit y avoir eu, ou il y a encore, un bain thennaJl 22.
e~ ~ur les cotés: on peut marcher des~us, comme sur toutes les autres maisons, qui sont
balles dans le sol et couvertes de la meme façon. J'y suis monté pour y marcher De plus, nous n'avons pas trouvé de vin sur la route depuis Amasya, pendant ...
fon.t les chiens ';t le bétai.!. Le tombeau est plein de nombreux bons blocs d~::
jours de voyage: il n' y a qu'à Ankara que les Grecs nous en avaient apporté d'un autre
endroit.
anuques: apportes là depUIS des SItes rumés. Une mosquée de bois dans le village avec
des dervIches. '
Le 16 juin, de Muttalip au village de Bozüyük, depuis tôt le matin jusqu'à 2 heures
1/2, soit 8 lieues. Nous y avions campé à l'aller: c'est là qu'il y a deux citernes creusées
. Le 21 mars,. de Çav~~d.an à ,un grand village, appelé Karah, c'est-à·dire «village au sommet de la colline.
nOIl'), 118, depUiS totle matm Jusqu à 4 heures, soit 8 lieues. En chemin sur la route, un bloc d'albâtre sur une tombe turque : dessus, des figures
• Nous avon~ eu toute la journée un chemin plat, sans dénivellations, avec des deux joliment sculptées, reproduites ci-après, et une petite inscription à côté [croqllis dll relief
C?tés des terr:s a céréales. uruquement ; il n'y a pas d ' herbes hautes, seulement des landes sClllpté]. Le même jour, beaucoup de chameaux sans charge nous ont croisés, Et aussi
seches qUI brulent volonllers pendant l' été. Nous avons vu des deux côtés de belles mon- une caravane de nombreux mulets chargés, avec des gens sur des ânes: ce doivent être
~gnes, rc:u élevées et dénudées, et à proximité de belles collines qui ont dû être boisées des marchands qui vont vers Ankara et qui transportent à l'aller comme au retour de la
JadIS, mms qui sont maintenant désolées. Ce pourrait être un beau pays, s'il y avait des came/ote, puisqu ' il y a bien des commerçants malhonnêtes en Turquie.
Nous avons campé dans une prairie au dehors du village, près d' un puits. On a pu
abreuver les chevaux à une fontaine, On a trouvé du foin, de l'orge, de la viande, des
(TrB, ~~~. ~ï~~hisar (carte turque, y37). Des vesliges anliques et byzantins y ont été signalés poulets et du bon pain tout au long de la route, mais pas de vin. Il a fallu ensuite en
::2. Cf. la sapa et le defrutum de Pline, H,N., XIV.II. envoyer chercher à 3 lieues aller-retour, chez les Grecs du pied de la montagne. Si les
éviter d,3. Carte dturqdue,,Y39. Les voyageurs contournent celle ville importante, sans doute pour
y payer es rolls de péage ou de douane. 119. Demschwam donne au retour (voir plus bas) le nom de ce village: MUltalip (cart!!
114. Carte turque,t34.
115. Carte turque, v38. lurque, y39). .
t20. Uyüz hamamkoyü 1 Üyüz,epe (cf. TlB. 7, p. t43). .
116. Carte turque, z38. 121. Covel (p. 76) relate un sembl;lblc incident lors de son voyage vers.Andnnople.
: :~. ~~lie~-dit Çavu§dan çe§mesi (carte turque, y39). 122. Ce bain romano·byzanlin a disparu lors de la guerre gréco-turque (TIB. 7. p. 2~J).
. üyuk (M.druon : T/B, 7, p. 341.342).
, 1.12 JEAN-PIURRB OR~l.OIS

nll"CS doivent donner de J'urgent pour du vin, ils trouvent qu'il .sttro
font une religion de n'en point goOter. Et pOIntant ils en boivent comm~ ~her, car ils se
modération. es bêtes, sans
HANS DERNSCHWAM. VOYAGE EN ASie. MINEURB (lSSS)

onl soif et qu'ils n'ont pas assez d'eau pour en boire tout leur saoul, ils se désaltèrent
133

P..,out sUI' la route depuis Amasya, nous avons quotidiennement renc avec dudit yaourt mêlé d'eau. . .
qui se repliaient par 20. par 50 ou par 100. parce que le Grand Thrc dev ~~tré ~es gens II Ya un Allemand ~ Bozüyük, du nom de Hans von der Haydt, qUI av ..t été maréchal-
paix avec le KlZllba~, ou plutôt, il ce qu'ils disaient, qu'il J'avait SOumis a~ avoir fait la ferrant de Sa Majesté Royale à Bruck-s~r-Ia-Leilha ; il a femme et enfant. Il a. cité les
comme celle de tous les pays qui bordent la Hongrie et qui ont apparten~ eUe retraite, noms de nombreux habitants de Bmck. Lan 1529, comme le Grand Turc marchait contre
la Hongrie. n'est rien d'autre qu'une feinte. Bien que les hommes soient auparavant à Vienne. i1 fut capturé en sortant de Bruck. Lui aussi a dO se soumettre; c'est encore un serf.
chez eux. ils touchent toui :lutant, qu'ils soient dans leurs foyers. ou qu'ils ~~I~S~S rentrer miséreux selon l'usage turc, obligé de servir à perpétuité. Il est à peine vêtu et il habite
il ln guerre. En effet, lorsque le Grand nll"C ne guenuie pas pendant un an ou d OIent loin, dans un troU boueux - je veux dire une maison à moitié enterrée -, comme les bêtes sau·
homme reçoit sa solde quotidienne dans ses foyers, comme s'il était en c eux, chaque vages. Il a indiqué qu'on avait amené dans ce même village de Bozüyük un jeune
sorte que ces troupes pourraient se lenir prêtes, si le Grand Thrc voulait mam~agne ; de homme. puis qu'on l'avait vendu dans une vil1e des environs. C' est un Croate qui sail
la Hongrie ou contre Vienne. arc er COntre l'allemand, qui était au service d'un hussard à Raab l21 ; ils chevauchaient à douze à la
recherche de fourrage, lorsqu' ils tombèrent près de Martinsberg 12 ' sur des Turcs plus
Tous ces gens de guerre nous ont demandé, il nous tous en qui ils reconn' .
nombreux qu'eux. Quatre furent capturés. les huit autres s'en tirèrent; cela a dû arriver
étrangers. s'il y avait par chez nous une guerre du côté de Vienne; ils cherchai:,~sa,en,tdes
renseigner sur l'Allemagne, dont ils ne savent lien, car ils croient qu'il n'y a pt" aussI àse en avril ou en mars.
Ledit Hans von der Haydt m'a indiqué que, selon la rumeur commune parmi tous
au-delà de Vienne. Il est avéré que les Turcs disent tous qu'il n'y a pires gens'::'s personne les gens de guerre qui revenaienl de la campagne de Perse et qui devaient passer par là,
plus méprisables, que les Allemands et les Welches'!J, parmi lesquels ils c guerre, et le Grand Turc allait vraiment marcher dans l'année contre Vienne, que la levée de l'année
aussi les Espagnols, les Français et autres nations; ils les comptent tous pOur ~~prennent avait reçu l'ordre de faire une incursion, et que toute négociation avec lui serait vaine;
Certains disaient que le sultan aurait déjà donné l'ordre à des troupes de 1:' qu'il ne tiendrait pas sa parole et que, si l'on agissait exactement selon sa volonté, à
coups de main, et aussi qu'elles pourraient se retirer si le roi 124 se soumettait sirin~erdes savoir que la Transylvanie et la Hongrie lui soient livrées, ce serait chose vaine. C'est
à sa volonté, e~ Transylvanie et en Hongrie. ~aut le désir du sultan est tou~:~:nt qu'il veut avoir Vienne par tous les moyens, y étendre sa puissance. y guérir ou y mourir.
Yienne. tl ve~t 1 aVQlr à sa merci, et ce pour y gu~nr o~ pour y mourir12S ; c'est pourqu: En conséquence, personne ne doit être en mesure de \ui résister. Et ils tiennent le
Il ne faut croIre en sa parole. De nombreux captIfs, qUI sont eux aussi obligés d'a discours commun chez les Turcs, selon qui il n'y a pires nullités à la guerre que les
pagner amS!,"It a roupe, montrent.de l a camnllseratlOn
". pour I~s chrétiens, parce CCOnt·
qu'ils Allemands et les Welches. Ainsi chaque jour de nombreux soldats se repliaient, chacun
savent ce qu est le Grand Turc, d autant que nous autres chrétIens sommes trop faibl vers son lieu d'origine. en troupes de 25, 50 ou 100, tous à cheval. Ils disent qu'ils sont
vis-à-vis de lui, qu'il va tous nous engloutir et que nous ne sommes pas des gens de gue es
C'est que nous n:avons pas l'habitude de la pauvreté comme eux, les Thrcs, qui
accoutumé de touJours camper dans les champs, qui n' ont pas de maisons comme il y e
:i désormais en paix avec le Klzdba~, que le sultan va maintenant marcher contre Becs.
autrement dit Vienne. Et ils se réjouissent tous d'être conduits de ce misérable et désolé
pays de Perse vers un pays de cocagne, tant qu'à être obligés de toujours répandre la
a chez nous dans le pire des villages. L'hiver en effet, ils se retirent avec leur bétail en guerre et le malheur. C'est que ce peuple asiatique et en partie européen, qui a été dompté
rampant dans leurs ~aisons enterrées, des maisons qui n'ont pas de toiture. De mêm: et humilié, ne connaît rien d'autre que ceci; pour que seul leur padi§all hÜllkâr (ou
plutôt Hellkerl29) soit dieu et maître du ciel et du monde, comme ils disent, il ne doit y
les Thrcs ne se ravltmllent pas comme les chrétiens. ils doivent se contenter d'eau
avoir qu'un dieu au ciel et qu'un maître sur terre.
- encore qu'ils préféreraient certes boire du vin. si seulement il leur était licite, et s'il
était disponible. Le pain constitue leur noumture, de même que ces galettes que l'on Le 17 juin, de Bozüyük vers Akblylk, c'est-à-dire «moustache blanche», du nom,
peut cUIre au four, et du froment bouilli à l'eau que l'on appelle çorba. Et s'ils ont dit-on, d'un serviteur d'Osman 130. Ce jour, nous avons parcouru ce que nous avions fait
l'occasion de rapporter et de voler en route de la viande, ils la font cuire avec de l'orge à l'aller en deuxjoumées, en passant par Pazarclk,là où nous avions campé à l'aller. Au
ou du nz, Ils savent se contenter de la pire nourriture, car ils sont tous des captifs, fils de retour nous avons fait étape à Akblylk, au total 7 lieues, ou plus.
rustres '26 qui ne connaissent rien de mieux. Entre autres, ce qu'ils tiennent pour le
meilleur des mets quotidiens qu'ils puissent recevoir, c'est le lait caillé, que l'on nonune Le 18juin, d'Akblylk vers Nicée, depuis tôt le matin jusqu'au soir, 8 lieues. Nous
yaourt et qui est rebouilli, salé et aigre ; on le prépare dans un sac de lin. Chacun le nous y sommes reposés le 19.
transporte par le pays pendant quelques jours et, lorsqu'il veut manger, il y verse de En chemin, nous nous sommes rencontrés avec un vieux malin à barbe grise. Ce
l'eau, y rompt du pain, et voilà tout. C'est pourquoi, chez les Turcs, tous les gens de doit être un cadi, ou juge, qui siégeait à tel endroit et qui a reçu l'ordre d'aller ailleurs.
service ou de guerre portent à la ceinture une cuiller dans un étui de laine, et pourquoi Il va vers la Mecque ou vers Médine, pour y tenir un office plus imponant ; il Y avait,
ils engloutissent plus de soupe que n'importe quelle autre nation. De même, lorsqu'ils dans une corbeille portée par deux chameaux 13I , deux catins assises en vis~à-vis et bien

.123. Le tenne. désigne les Italiens ainsi que toutes les populations de langue latine du Sainl' 127. Gyor (Hongrie), à mi-chemin de Vienne et de Budapest.
128. Szent Martan. dans le corniral de Gyaf.
EmpIre, en particulier les ComtOls, Lorrains, Wallons. 129. Jeu de mot sur t'un des titres du sultan (turc hiinkcÎr: souverain) el l'allemand Ht'"k.a
124. Le roi de Bohême et de Hongrie, Ferdinand de Habsbourg, frère de Charles-Quint. . (bourreau) .
. 125. La santé de Soliman s'était dégradée depuis la fin des années 1540, ce qui alimentait 130. Demschwam faisait, à l'aner. de ce personnage un membre de "entourage d'Orhan lp. 125).
péll(xbquement des rumeurs annonçant son décès (cf. El', IV, col. 873). 131. Demschw3m décrit le rallllrtlWIII, sorte de litière SOllvent signalée par les voyageurs en
. 126. AllUSIOn au dev§inne, recrutement des futurs janissaires parmi les jeunes garçons de Turquie (cf. COVEL. p. 24 : voir aussi BABINGER. Dernscllll'Clm. p. 299, n. 155).
fanlllles chréuennes.
1.14

entendu c"chées à notre regnrd. " y nvnit dnn~ ln cnrnvnne trois autre r '
limnées. avec le personnel au service des cntins. Et avec eux tous qu sI Ihères I"OUg.
une oscone de quinze fainénnts 1\ cheval. On dirnit une bande de gen~ ene q~es mUlet••:
dc cocagne. eux qui trouvent indigne de trnvailler. comme catins ct Coq~iU te d.'un !>ay,
une tmupe en campagne.

Nous fames le 19 juin duns une église grecque; il Y avail un prêtre'


ns qUI suivenl

I"hllbitmion vaut celle d'un mendiant. Toutes les églises de Nicée se 80lgnOr301, dont
'r
1
1
HANS DERNSCIIWAM, VOYAGE EN ASIE. MINfURE t lSS5t

letlres. Dans ladite église grecqu~, le prêtre no~s a '!'ontré deux livres en latin qui ava.ient
été dérobés en Hongrie. JI y ava.. t à la fin de 1 un d eux quelques ~ers, œuvre de mOInes
éhontés ~ entre autres le (Out dernier qUI dlsau : Omm.f h)'pocnla/tlcJe tenus ut heremllal~3.
On ne trouve d ' antiquités ou d'épitaphes ni sur les lombes des chrétiens, ni ailleurs ;
toUs les grands blocs ont été t",nsportés à Constantinople et ont été découpés à la scie
135

hydraulique. comme nous l'avions tous vu à Nicomédie.


seule cette petite église, ou monastère, dédiée 11 \' Assomption de Marie n'es~t eff~ndrées, 1
1 Sous le porche de l'église, gît une grande amphore de pierre. qui servait jadis il
bie~ qu',IIen'nit plus de .véritable toit et qu'il pleuve il travers les ~oOtes~~S SI ruinée, conserver du vin sous le sol, d' une contenance de douze eimer l44 de Vienne. J'ai vu aussi
avolt été bâtie par un cenam Nicéphore I.n, dont le tombeau est placé dans u b' Elle doit chez un Grec producteur de vin douze grandes amphores de pierre semblables. Elles sont
hU11I dans le mur. Dans un autre bas-côté. il y a l"image peinte de sa mère ~ das,cÔtéll<, toutes marquées à l'extérieur avec des agrafes de fer. pour indiquer quelle sorte de vin il
ou bien de son épouse et de sa fille, en vêlements misérables 1.15. e e sa sœUr, y avait dans chacune: elles datent des anciens Grecs. Quand nous sommes venus boire du
Le prêtre attaché il celle église nous" aussi indiqué que n'en dépende t d
Nicée. que onze chrétiens, car les chrétiens ont été opprimés et exteminés pn '1 ans tOUt
vin, ledit Grec avait dans sa cour une grande jarre de pierre enterrée, du même modèle; il
l'a ouverte pour y puiser du vin avec une [louche] au bout d'un bâton. Elle fait douze
\
Dans la voûte du chœur. qui est bien doree, il y Il le Christ te liant dans ses nt ~s 'l?rcs. eimer. On est obligé de cacher ainsi le vin et autres provisions, en les enterrant, sinon les
de sa mère Marie sur sa poitrinel.16 ; il Y a au-dessus trois allges avec des b~at~:1 âm. éternels gens de guerre les pilleraient ; C'CSl pourquoi il n'y a presque pas de lonneaux.
Le pavage e.st tout entier 1111 assemblage de belles pierres, avec de nombreusnn~resll1. ni de caves, dans toute la Turquie.
comme s' il était peint l38 {croquis d 'ulllabal1lf//J. SlIr le mur, une très grand e~ IgU<eS, Les dons de Dieu ne sont pas d'une mince utilité à ces pauvres gens, qui doivent
teinter tous leurs vins avec du sureall~hièble. Us y mettent aussi de la chaux, qu'ils
buste du Christ, bien peinte, et dorée dalls l'auréole autour de la tête, large d'; Imag~ en
nomment /oprak, c' est-à-d ire une lerre qui ressemble à de la chaux l", pour dégraisser Ic
une peinture bien plus belle ..... L'église est bâtie de sorte que l'on peut en fau,rneltol8e ;
e e btour vin. Et comme les vins blanchissent d'cux -mêmes, que faute de soins appropriés ils ne
par l,·tilté'neur entre 1es murs, comme d lc '
ans un oltre. 1\ y li dans le chœur un pel' pourraient conserver le ur couleur e t qu ' ils tourneraient au fauve. on est obligé de les
creusé en fonne de fonts baptismaux ; dans l'ég li se un siège de pierrel40. Dans l,II loc teinter ainsi en rouge avec du sureau, comme il a été mentionné '46.
de l'église, une I~ngue et large pierr~. tombale par ten'c ; notre compagnon de v:n~~ De même que les paysans ont l'habitude de tenir cachés dans leurs maisons de,
le Dr Wachtelbem 14I , en a copIé 1 \!Iscnptlon grecque [croquis de la pie y g , silos à céréales, de même les Grecs et les Annéniens gardent leur vin dans de grande,
/'él)j/aphe]14Z. Au dehors ,d,? l'église, il y a une placette longue de quatre pas. L;'~n ~~: amphores de pierre el dans des jarres enterrées dans le sol; il Y séjourne ainsi sous la
bnsé, qUI a été apporté d mUeurs, se dresse de sorte que 1" on peut lire encore quelques forme d'un moût qui peU l fermenter de lui-même. C'est pourquoi leurs vins ont un gOÜI
tout différent de ceux de chez nous. Et quand on ouvre une de ces jarres de pierre pleine
de vin, ce dernier est recouvert d' une pellicule blanche, d'un déchet qu' il faul enlever l" .
. 132. Sur l'église de la Domtition de Nicée, dan, la l',,rlie. ,ud·est de la ville, voir Wum Nicée a dû être jadis une belle ville puissante, car elle est située dans un endroit bien
KOIl1JtSIS ; SCHMIT. KomJesls ; UNDERWOOO, Domul/Cm ; M A~GO, J)onnitiolJ; JANIN, Grallds«mT!S'
riant, près d'un lac, au pied de ln montagne, avec tout le nécessaire; ce n'est pas sans
p. 121- 124; CovEl-, p. 298-304 ; Byzallce /"er",",,"". p. 11 8·11 'J . '
133. Ce personnage a fait restaurer l'église après Je, tremblements de terre de 1063.1065 raison que le cOllcile s'y est tenu. Comme je m'y trouvais pour la seconde fois au relOur.
(MANGO, Oonllirioll, p. 248-249 ; JANIN, Grclllds cellrres, p. 12:1· 124). [j'ai pu constater qu' ] elle a été une grande ville, avec une magnifique enceinle de
134. Le tombeau se trouvait dans l'angle sud-ouest de l' aile méridionale de l'église (Wum murailles, précédée d'une fortification extérieure et aussi d'un fossé; sur un côté. elle a
Koimesis, p. 8·9, 183·184). ' le lac qu'on nomme Askanios. Elle a 360 belles et grandes tours, sans compter celles
135. Cetle image ne semble pas atleSlée par ailleurs. de la fortification extérieure l48. Aucune tour n'est ;dentique à sa voisine ; elles onl élé
136. Il, s'a~il en fait d' une .ima!1e en pied de la Vierge il l' Enfant, qui se trouvail dans lec.~ construites sur un soubassement d 'énonnes pierres de laille, avec au-dessus une maçon-
de·four de 1 abSide (WULFF, KOI",esrs, p. 244·300, pl. l, 2 ; SCHMIT. Koimesis, p. 28·35, pl. XX.
nerie de briques rouges, de pierres de taille et de mœllons. Et tandis que l'on y trouve
XXJV ; UNOERWOOD, Donllirioll, p. 236:240, fig. 3·4 ; cf. JANIN, Grallds centres, p. 122-123).
137. Ce témOignage fait quelque difficulté. On connaît quatre (et non ttois) images d'anges des épitaphes en plusieurs endroits, ce sont tel ou tel empereur, ou bien d'autres gmnds
tenant ~hacun un labarum, placées deux à deux dans l'intrados de l'arc triomphal (SCHM\T, personnages, qui ont chacun bâti une tour, si solidement que ces chiens de Turcs n' ont
KOImeS/S. p. 23·28, pl. XII-XIX; UNDERWOOD, Dormirioll, p. 240-242. fig. 5-9; cf. JANIN, Grand! pas encore pu les ruiner. 11 y a quatre portes, parmi lesquelles deux portes colossales pour
cent"s. p. 123) .
. 138. Sur le pavage d'opus secrile, voir WULFF, Koimesis, p. 157-164, pl. VI ; SCHMlf,
KouoeS/s, p. 14-16, pl. IV, X 4, XI 4.
139. Cette description évoque une image du Christ Pantocrator; sans doute est-ce la même 143, «À l'aspect un ermite, au fond un hypocrite»).
que celle. menhon.née en 1779 : «sur les murs de la nef du CÔlé gauche, est peint un Christ aussI 144. Mesure de capacité des pays gennaniques, valant entre 56 el 77 litres.
en mOSOlque, SI gigantesque qu'il fait peur à voin' (SesTINI, Grèce asialique, p. 210). Mais on!", 145. Cf. la terre blanche signalée aux environs de Nicée par Covet (p. 292-194. un:c la
saurrul la confondre avec celle qUI figure dans les mosaïques du nanhex (cf. WULFF, KOI",'''', n. 835). Un usage semblable est auesté dès l'Antiquité: PLINE. HN. XIV.24.
p. 310·314, pl. 111.; SCHMtT, Koi,"esis, p. 49, pl. XXIX). 146. Une liqueur tirée des baÎes de sureau était encore utilisée nu XIX': siècle d~l11s ct!rmill~ s
140. La tradlhon locale faisait de ce siège le «trône de Constantin» (cf. COVE!., p. 300, régions viticoles françaises pour colorer les vins : cf. J.-L. STOlTZ. L"m"llilogropl!it' clt',f l'ir,S
fiIg. d44). d'Alsace, Strasbourg, 1994 (réédition de L'ampilogmpltit' rltéfullte .... Mulhouse. !S)~). p'. 171 ;
147. Pline (HN, XIV.27) décrit celfe façon de consen-'er le vin dans de.", \'a.~<."s de' If:m~ (.' Ilhm~'l·."
141. Guillaume Quacquelben, médecin personnel de Busbecq, mon de la peste en 15611 plus ou moins dans le sol; il précise en ourre qUe! la tleur du vin blanche ~fajl dt: NU'! :1U~ur(" .
Istanbul (A.D; M0IlDT!"ANN, Hist?riscbe Bilder ... , BospoTlls, IV, 1907, p.82). 148. Le nombre total des rours. y compris celle-s de J'avant-mur. t!'sl de :!Il~ Il'I . J. R·\B . . . :\
142. " s agll ~e 1 tpltaphe d un prince Manuel Comnène (C/G, IV, 9262; cf. cova. p. 304, Sevel1lecnlh Cenwry Descriplion of Iznik·Nica("ll. ISIOJJhult'r Mjllt"illll/g~'II. 1:6. 1970. p. ISII.
appendice épIgraphique nO 72).
D6 JEAN-PIERRE GRéLOIS

rentrée et pour la sortie, les deux aulres portes sont ruinées l49. Il y a e
portes, pamli lesquelles s'en trouve une de l'empereur Marc Aurèle ..~ ~utre dix P<1i1<;t
du lac, avec une inscription à son nomlSO. a bâtie du ~
r-
I
,1
HANS DERNSCHWAM, VOYAGE EN ASIE MINEURE (1555) 137

,1 Dans ladite forêt , nous avons vu, parmi d'autres grands arbres comme des hêtres et
Nicée ~ dO êlre jadis un paradis et un endroit riant. li y avait ce jOur-là des chênes. beaucoup d'autres, des châtaigniers, des néfliers et aussi des cyprès en un
de beaux fruits qu~ étalcnt!nco,:" verts, marntes varrétés de cerises, de poires ndroit. On observe qu'il y a eu, à travers toute la forêt. un large chemin pavé ancien:
de nOisettes: de nOIX, de peches Jaunes, de concombres, de citrouilles, de ' ~I a été fait par les Romains. Et il est aujou~d'hui délabré et dég~adé par endroils ls,.
, On _VOit çà el là, sur les tours et sur les murailles, des inscriptions en r . C'est à Nicée que l'on cesse de se servir des chanots anatohens à deux roues, et que
1 Antiquité romarne. Et la construcllon des tours et des murailles est col g CC atOllt(Je l'on utilise à nouveau les voitures à quatre roues jusqu'à Constantinople lS6 .
croire, de même que celle des couloirs et des voûtes qui sont sOus terrel~~sale àne Pas Nous avons aussi campé dans les champs hors du village. dans une prairie sous le!;
d'une tour il l'autre est d'un bon jet de pierre. . La dIStance arbres.
Mais la ville est si ruinée qu'on ne peut même pas la comparer à Un Olé h .
Le 21 juin, depuis Kazlkhjusqu'à Nicomédie, soit 4 Iieues_
On n'y voit pas une seule maison. Chaque petit malin s'est arrogé Un v c ant Vll/agt.
Nous avons campé près. de la mer dans la ville basse, dans les rues panni les maisons
l'intérieur duquel il peut avoir des champs et des jardins_ Du côté de l'ext:~te enclos, à
s'est entouré d'un haut mur de terre, tandis qu'à l'intérieur il n'y a qu'une tne~, chaCUn
en ruines. Les chemins pavés subsistent depuis les Romains et, là où cela s'avère néces-
saire, les Turcs les entretiennent encore. Les ponts et les hautes arches, dOn! les voûtes
\
pour les chiens. Il ne se trouve dans lOute la ville aucune maison visible de ~nl re bonne sont constituées de briques rougc:s. ont aussi été bâtis par les Romains, car aujourd'hui
ainsi que l'on y déambule entre des murs de terre, comme s'il n'y avait p a rue. C'eu les Thrcs ne font pas cuire de briques, mais seulement des tuiles, et aussi des tuyaux à
maison dans toute la ville. JI y a là un caravansérail de pierre qu'a fait bâtir I~s~~e seule
Comme le sultan l'a fait assassiner, le bâtiment n'est pas encore terminé ls2
fontaine.

l,?'p:Ija
' coté, Ulle
cau que l'on emboîte "un dans J'autre. qui ne font même pas une coudée de Vienne LS1 :
ce sont les potiers qui les toufOl!nL
Nicomédie paraît avoir éli jadis une chose incroyablement colossale. avec de
Comme j'avais demandé s ' il y avait à Nicée des monnaies romaines anti grands palais cl de telles piw·., de taille que les sultans en ont bâti presque tous leurs
qu' un renégat croate en avait vu quelques-unes de cuivre en ma possession il me ~Ues et. monuments à Constantinople. Cl qu' ils font débiter, scier et tailler plusieurs morceaux
nous autres chrétiens étions d'astucieuses gens bien renseignés; qu'il vdyait b' Itque dans un seul bloc.
1eur temps vIen. cira'Il à son terme, parce que nous voyagIOns . partout dans leur paylenque
O. À "extérieur de Nicoll\~Ji(:, il y a sur la route de grands bâtiments en ruine ~ on voit
veuille q~'il roIprophèt~.! puisque les Turcs disent e ux-mêmes que leur foi et le~r~ encore qu'il s'agissait d'un monastèrt! el d'une église l58 • où l'empereur Julien fit massacrer
devront s évanoUlf, et qu tls ne .subSlsteront pas longtemps, et aussi que leur sultan pé . 5000 chrétiens. çOlllme on k voit chez Eusèbe 1.59.
quand il chevauchera contre l'Eglise. rua On fllÎt à Nicomédit.:: de beaux ouvnJges de céramique, bien peints et vernissés de
couleurs variées. toutes sortes de plats, de pots. Il y a ici beaucoup de maîtres-artisans.
Un homme de Kuttenberg lS3 , du nom de Hans Byrnpeuttel, est venu vers nous à
et de nombreuses boutiques qui remplissent toute une longue rue ; on transpone ces
Nicée; c'esl un pelletier, son père s'appelle Georg, son frère Bertus, ses deux sœlUS
produits au loin en Turquie. Ou étame en Turquie la vaisselle de cuivre de la façon
Barbara et Katerina. n reçoit son aumône quotidienne, autrement dit du çorba. Il a l'air suivante. On commence par récurer complètement le vase avec du sable. pour le rendre
d'un fou, il n'est pas marié; il va encore tenter de panir, il a déjà pris la route une fois. rude au toucher, et on le pose sur un trépied au~dessus de braises. Puis le maître prend
une barre d'étain qu'il passe sur le vase en le tournant en tous sens avec une pince. il
Le 20 juin de Nicée à Kazlklr, par la grande et longue forêt, une grande journée de saupoudre d' un peu de sel ammoniac pilé. Ille retire du l'eu avec la pince, il le fTlHinlÎ enl
voyage de 9 ou 10 lieues. sur un large bassin ou sur un plat, tout en le frottant avec du coton. pour le rendre ainsi
Nous voulions passer le long du lac Askanios, en suivant le pied de la montagne. bien lisse et étamé régulièrement, comme s'il était argenté. \1 le refroidit un peu sur le
puis traverser un golfe l54 . Mais il y avait tant de gens de guerre qui se repliaient, que sol avec de l'eau, de même que l'on fait pour tremper une pointe de fer.
nous n'aurions pu faire ce trajet en quelques jours avec nos douze voitures, ce qui llOII! Sans cesse nous voyons encore, de jour comme de nUÎt, des gens s'en revenir de
obligea à repasser par la haute et longue forêt. guerre. Ils ne cherchent de renseignements que sur Vienne, et tous disent que le suhan
marchera sOremenl cette année contre Vienne. Certains pourtant sont maintenanl fatigués
de l'état de guerre, et ils préféreraient se repeser chez eux. Un captif hongrois de la maison
de Rüstern pa~a nous a dit aussi qu'avant six mois, plusieurs seraient renvoyés dans leurs
foyers pour réquisitionner du ravitaillement en vue de la future campagne.
149_ Les deux premières portes citées sont celles d'Istanbul et de Lell<e, respectivement ..
nord et à l'est d'Iznik ; les deux autres sont celle de Yeni~ehir (sud) et celle appelée Bohç,blpi
chez Covel (p. 282) et Südliches See/or par les archéologues allemands (sud-ouest)_ .
150. La perte du lac portait une inscription de M. Aurelius Claudius, c'est-à-due Claude U J.55. Il s'agit de la voie romaine Nicée-Nicomédie parcourue par Luben.lU I!n 1588 (p. IIN-
le Gothique (CIG,ll, 3747, ~AHm,lV1ik,I, Il). _ 112), par Perrot en 1861 (EXp/OTtllioll, p. 9-10), puis définitivement reconnue en 1900 par \'t) 1l
151. Il s'agit ici d'une allusion aux ruines du théâtre, dans la partie sud-ouest de la ville. Diest (I-i/lldscilaji, p. 174-175, 189-190).
152. Legrand vizir Ibrahim p~a fut exécuté dans la nuit du 14 au 15 mars 1536suro~de 156. Voir plus haul, p. 125 el nOIe 87.
Soliman le Mag~ifique (BABINGER, Dernschwam, p. 299, n. 159 ; El2, III, p. 1023). npou!"'~ 157. Cf. COVEL, p. 56-58.
aVOlT une confuSion ave<: un autre Ibrahim pa~a, fondateur au xv' siècle d'un ilnarel à Iznik ( . 158. Il pourrait s'agir soil du Illonaslêre de Sainl-Punléléèmôn, Ù l\lUt!sl (FIU.,\lU, /:'1/11, p, 71.
TVAEE, IV, p. 220, 289). soit de la citerne monumentale. dite de Dioclétien. il l'est Obùkm, p. 8).
159. Dcmschwant auribue à Julien "Aposwl 061-.163) la rersécUlÎv/I ordollflà'l'tllllrc It'.'\
153. Kutnil Hora (Bohème). brIl. chrétiens sous Dioclétien cn .10,1. dont fail élal Eusèbe de Cés'lrée (cf RE. XIV. 1..'(\1. ~5~ .l-~:,~ ,n
.154_ On pense à un itinéraire suivant le lac pour gagner Gemlik, et de là par bateau lstarl
ou blen à la route menant à Hersek, sur la rive sud du golfe de Nicomédie.
r
JEAN-PŒ.RRI\ ORI11.01S

Le 22 juin, de Nicomédie 1\ Geble, qui est Libyssa, une gn\Jlùe jou é


de 8 lieues, Nous avons logé dans celle localité au cl\l'nvl\nséruil. rll e ùe vOYage
Pllnni les gens de guerre qui sc replilli.nl, lin jeune homme italien est
il sc nomme Giov"nni Snntn ....'adn, Au service de N, Sforza, il a été capt;,.;~nu à moi,
Snn pt're s'appelle Gimlatllo, un frère M" Lorenzo, médecin auprès du Sfo I>aI4Stl!O:
frère Gianfrnuccsco. Il m'n indiqué que le sultan vu sOrclncnt murcher su ~~. Son aUtre:
croirC' la nuncur qui circule pamli eux tous, ct que chacun devra partir
Son mailre habite Solia,
j':
;~~ne. à en
m Inlement.
LES MONUMENTS BYZANTINS DE
LA VILLE HAUTE DE BROUSSE
Le 2" juin de Geble à Kar1al, où 1I0US avons pris lIlIe collation, puis POUr S '
nous ne nous solluncs pHS tiUardés. car nous sommes passés le même soir à Con t C~tall où
cela fait (; ou 7 lieues, s antlnoPle;
par Annie PRALONG' et Jean-Pierre GRÉlOlS"
\
Le noyau originel de Brousse forme aujourd'hui un quar1ier paniculier, appelé
Hisar (c'est-à-dire le Chàteau). Il cst situé sur une terrasse naturelle de travertin, adossée
au sud aux contrefons de l'Olympe et limitée sur les trois autres côtés par des escarpements
verticaux. Une enceinte fortifiée suit pour la plus grande pan le rebord de la falaise. Le
principal accès depuis la ville ba~se - une rampe raide aménagée en escaliers l - se fait
par la porte orientale. connue à l'époque ottomane sous divers noms (Hisar kaplsl.
Saltanat kaplSl, Tabak kaplSl). Du front nord, on dispose d'une vue panoramique sur la
ville basse et sur la plaine, jusqu'aux collines qui séparent celle-ci de la mer de Marmara.
On y distingue en particulier la crête qui portait l'acropole de Péladarion (Fil.dar). De
par sa situation, le secteur nord du périmètre fonilié de Brousse semble naturellement
destiné à accueillir bâtiments de prestige et fonctions d'autorité.
Trois ensembles Je la ville haute présentent un intérêt pour nous, car ils informent
sur l'époque byzantine et sur les premiers temps de la présence ottomane, Il s'agit des
fortifications elles-mêmes, du palais des premiers sultans (Bey sara)'l) et en lin des
mausolées d'Osman, le fondateur de la dynastie ollomane, et de son Iils Orhan, le
conquérant de Brousse en 1326. L'étude en a été faite par A. Gabriel, à panir de l'état
des monuments, d'archives ottomanes et de témoignages de voyageurs entre le XIV' et le
XIX' siècle', Nous cherchons ici à apporter un complément d'information.

1. LES FORTIFICATIONS

Le tracé de l'enceinte remonte sans doute aux temps hellénistiques, Elle a été remaniée
par les Byzantins et les Ollomans, Les tremblements de terre et l'urbanisation contem-
poraine en ont fait disparaître la majeure panie, Gabriel a pu en restituer l'état ottoman,
grâce à une étude minutieuse des vestiges, à l'utilisation d'un plan dressé en 1862
(fig. 1), le tout combiné avec des récits de voyageurs, Cet auteur décrit une courtine simple,
renforcée de tours, courant le long des fronts est, nord et ouest, Du côté le plus faible, là
où la ville touche aux prenùères pentes de l'Olympe, la muraille avait été très classique-
ment doublée d'un avant-mur3,

* Institut Français d'Études Anatoliennes - Georges Dumezil (Istanbul) FRE 25-t.9 tJ\·IAE -
CNRS),
•• UMR 7572, Collège de France - CNRS.
l. Le lieu est appelé Klrkmerdiven. ~des quarante Olan:ht!s,) : GABRIEL. Brou.Ut', L p. 25.
2. Ibidem, p, 23-30, 43-<14,
3. Ibidem. p. 23-28 ; n. pl. lI. III 1. X. La date de l';;I\'anl-lllur e!il incert<lint.': Gahriel tiNdl'm,
p. 26) évoque une transformation par les Ottoman" (conslruclüm Je .r(}ursJx'nl;J~l;na!e:" il rarrj~ du
XlVI: siècle); d'autres font remonter cet ~l\'ant-mur J l'éptltlue l'lyl~Ullmt' tFoss - \\ I;\HELn. r. l.,l) 1.
160, Aujourd'hui PI~t'ovce (Slovaquie), Voir ici-même KRAVARI. te:xle n" 14. p. 82-8.1.
140 ANNIE PRALONG' JEAN.PlERRE GR~LOIS

Les MONUMENTS BYZANTJNS DE LA VILLE HAUTE DE BROUSSE 14J

Brousse fit l'objet de l'altention des autorités de l'Empire de Nicée9 • La troisième


'nscriplion relevée par Covel, fragmentaire, se trouvait sur un bloc remployé de Hisar
~.PISIIO. Telle qu'elle se présente d'après la copie du voyageur c'est une invocalion à la
Vierge en faveur d'un «Constant~n. grand ... ». On" est tenté ?e rapp~ocher ce fragment
d'un autre qui a été vu au XIXe slècle, près du meme endrOit, et qUi nomme un comte
Théodore ll .

Il. LE PALAIS DES SULTANS

Selon une hypothèse fort vraisemblable, Orhan a dû choisir l'ancien réduit du kmlron
byzantin pour Y établir son palais (Bey sarayl)12. sur le front nord des fortificalions,
immédiatement à l'ouest du complexe des mausolées que nous étudierons ultérieuremenl. \
A. Gabriel savait par divers voyageurs que cet espace était isolé du reste du château
par une enceinte particulière". Covel l'appelle citadelle et lui donne une dimension
de 175 ou 180 pas, soit environ 140 m, ce qui concorde avec la longueur (nord-sud) de
l'ensemble sur le plan de 1862". Le même plan montre en outre que l'enceinte était
garnie de tours semi-circulaires, information que Gabriel a accueillie en exprimant des
doutesls. Pourtant Hamilton décrit en mars 1836 une muraille construite en assises alter-
nées de briques et de pierre. flanquée de plusieurs tours à l'état de ruine '6. Celui-ci avait
auparavant précisé que deux portes d'accès se trouvaient, rune au sud l7, l'autre à l'ouest,
et qu'elles étaient ornées des deux côtés par des bas-reliefs grossiers, des remplois proba-
blement. Quelques mois plus tard, Miss Pardoe fit la même observation, mentionnant de
plus deux fontaines de marbre. dont les bassins mutilés laissaient échapper l'eau". On
N est donc assuré que cette partie du Château, au moins, était alimentée par une conduite.

~m III. LES MAUSOLEES D'OSMAN ET ORHAN

1. Situatioll des delL'( mOIlWlIents

Fig. 1 - Plan de J'acropole de Brousse en 1862 (d'après GABRIEL, Brollsse, 1, fig. 6, p. 25) Quelques dizaines de mètres après avoir franchi Hisar kaplsl en venant de la ville
basse, le visiteur trouve sur sa droite un enclos, aménagé aujourd'hui en jardin public.
Le v?y.age de Covel à I:automne 1675 fournit quelques infonnations supplémentaires.
9.~La date de l'inscription copiée par Covel correspond à un moment partiCUlièrement critique
U~ Cr?q?,S ,~Iustram une breve mention confirme l'existence d'une tour d'angle qui sur. pour l'Etat de Nicée; le sultan seldjoukide de Konya, chez qui s'était réfugié l'ex.-empereur Alexis
vellJanl ac~es à Hlsar kaplsl4, ,la p.orte orientale du Château. De plan circulaire, elle était III, beau-père de Théodore Lascaris, venait de faire alliance avec les Latins (cf. G. OSTROGORSKY,
~nslltuée d une base fonnée d aSSIses de marbre (probablement des remplois), sunnontée Hisloire de l'État byzalllitl, Paris. 1956, p. 451-452).
dune s,,:,cture de bnques. D'autres remplois, en calcaire local, servaient de soubassement 10. COVEL, p. 166, fig. b 21 (appendice épigraphique nO 32, et ici-même KIOURTZIAN. p. 59).
Il. CORSTEN, Prusa, no 222. Théodore, comte de l' opsikioll impérial. participe de novembre
à la partIe de la courtine comprise entre la porte de l'ouest (Kapltca kaplsl) et celle du 680 à mars 681, puis à nouveau en septembre de la même année, à plusieurs sessions du Ive concile
sud-oues~ (Zmdan kaplSl)5. Le même voyageur a relevé trois inscriptions byzantines sur œcuménique (Constantinople II). Ce concile s'est tenu sous le règne de Constantin IV. empereur
les ~~railles. Deux se trouvaient au sud-ouest, dans le secteur de Zindan kaplsl. La que sa titulature officieHe qualifie de grand. Les travaux de fortification seraient donc il meUre en
relation avec les entreprises arabes des années 670-678. Rappelons qu'une datation au;( Vlle-VJII~
prerrnere, au sommet d'une tour, est une invocation au Seigneur en faveur d'un certain siècles a élé proposée pour Hisar kap"t (Foss - WINAELD, p. 139).
lean6 . Malgré des mutilations, la seconde fait état de Théodore le< Lascaris et donne la 12. Ce réduit est appelé «das innere Schloss) (traduction littérale du turc içkale) par von
da!e du 9 juin 6718 (=1210)1. Pococke a relevé une autre inscription, dans laquelle le Hammer (p. 42). . .
meme empereur commémore la construction d'une tour8. On a donc confirmation que 13. GABRlEL, Brousse, I. fig. 5 et 6, p. 28-29; voir aussi S~UTH, p. 432: "the Seraglto. Whh.:h
is waJled round".
14. Cava, p. 150.
15. GABRIEL, Brol/sse, J, p. 29, n. 3.
t 6. HAMILTON, p. 73.
4. COVEL, p. 168, fig. b 23. Le plan de 1862 ne porte ici qu'un tracé circulaire en poinlilll 17. Porte déjà signatée par Cove1 (loc. cil.). ."
( GABRlEL, Brousse, l, p. 24, fig. 5). 18. Les instaJ1ations hydrauliques du pal.lis sonl connues au mOins d~pUl'" le .'\\~~ sl~l·le.
. 5. CoVEL"p. 156, fig. b 14; à rapprocher d'un dessin de la fin du XIX' s. (WALKER, pl. XVII: notamment une pièce d'eau (BERTRANDON, p. 136; LUBE~AU, p. 76). ùes bams .el .des 100~I.Ullt·S
« VJeUX mur à 1 Ouest du Château»). plus ou moins en ruines, mais une conduite encore en ser"H:e (HAMMER, p. 43). L illullcntahlHl r:n
~. joVEL, p. 166, fig. b 19 (appendice épigraphique nO 30). était évidemment assurée par l'aqueduc de Pmarba~I, qui pénètre Jans le I..'h.llr:au par k ~ud
8'
.
t::::::, p. p.164,119fig.(CORSŒN,
/Œ,
b 18 (appendice épigraphique nO 29, et ici-même KIoURTZIAN, p. 59).
Prusa, no 211).
(GABRIEL, Brousse, 1. p. 28. avec la n. 3).
142

faire peu a~rès la conquêle.


ANNIli PRALONO' JBAN·rmRRE ORéLOIS

C'esl là que se dressenl deux monumenls intimemenl liés nux ori .


ollOlnnne (XIV< s.), le fiirbe (mausolée) du héros éponyme Osman gilles de ln dYnas'
1
Orhan. La Imdilion l9 elles lémoignages des vOyllgeurs Illles;enl que e~celui de son fi~e
avaicllI élé ensevelis dllns des constmclions religieuses byzalllines r~s eux personna 1)
' aménagées P<lu~es
La l'Isrle des lieux eSI aujourd'hui plUIÔI décevllnle car les MU
onl élé reconslnrils cn 1868, 'lprès le Iremblemenl de ;e:re d'e i8~~~~"squel'oayYo'
sansdoule différenls de ceux des édifices byzanlins d'origine. Signal~n:elon ~es Pla~
~
r LES MONUMENTS BYZANTINS Of! LA VILLE HAUTe DE RROUSSF.

De plus, on dispose pour le monument de plan centré, devenu mausolée d' Osman.
d'un plan el d'une coupe Iransversale dessinés par R. P. Pullan pour l'archilecle
Ch. Texier. Ce dernier le déclare dédié à sainl Élie el conslnrit par Jean III Valarzès'<J.
À ce propos, il faut faire remarquer que les commentaires de Texier, notamment dans sa
dernière publicalion (t864), confondenl quelque peu ce qui concerne le /ü,b. d' Osman
et ce qui revient à celui d'Orhan 30 ,
143

dernlers avmelll élé fortemenl endommagés pal' un incendie en 180121 0 auSSi que ces Quanl au mausolée d'Orhan, il faill ' objel d'un dessin lrès élaboré. dû au laIe ni du
melll deux bâtimenls isolés, alignés selon un axe esl-ouesl el sépuré . n vOil aCluelie• peintre-voyageur Cas~as. Cene ~ue. ~ui date de 1786, ~ontre le chevet d'un édifice qui
sans fonclion particulière. L'llll, à l'ouesl. de plan centré esl le mSpar un large espace était une église en crOix grecque mscntc 3 !, Un autre deSSin. œuvre de Laborde. représente
l , autre, ce lUl'd'O rhan, a élé ' 'aus
édifié selon un plan quadrangulaire22 o l é1e d'Osman·
Les l'espace occupé en 1826 par les cénolaphes d'Orhan et de ses proches",
byzanlins encore visibles se limilenl à des panneaux fragm~nlai";'s de seu s létnoignag~ Témoignages littéraires. De rares textes byzantins (voir ci-dessus note 25) nous
./ d ' pavemenl
secll e, .s~ns OlUe en place, conservés dans le mnusolée d'Orhan2J. Quelques en 0PlIs
informenl sur le XIII' siècle. Ils fonl allusion à un monaslère" dédié à sainl Jean Baplisle,
donll ' impéralrice Irène, première épouse de Jean III Valalzès, aurail élé la fondatrice"'.
\
de moblher an:hlleclomque en mnrbre sonl remployés dans le monument _ fragmen~ R. Janin a identifié de façon convaincante ce monastère à notre ensemble monumentaps.
piliers de chancel); des chapileaux erranls On! élé rassemblés à Proxim~~~e (mOUlures, Ln majorité des témoignages littéraires remonte, on le sait, à la période ottomane, entre
le XIVe S. et le milieu du XIX\!. Bien que ces témoignages soient relativement tardifs, cenains
2. Documentation slir ['état allô,'" d(~ "ènsemble monumental délails fourni s par les voyageurs plaidenl en faveur d'une édificalion de l'ensemble
monumental à l'époque protobyzantine, puis de remaniements successifs.
_La restilul~on de r élal originel de 1.' ensemble mO~lUmenlal reste difficile, faule d
vaux an:héologlques. De plus. les lémOignages hllérmfes byzantins sont part' liè elr.!. 3. RestitlIIioll architecwrale dC! l 'ensemble mOllumelllal
minces el relativemenllnrdifs2~. Fort heureusement, plusieurs voyageurs no Idcu remem
. , . . 'd' us OMenllles
mlonnallons pertmellles- O, On! A. Gabnel s 'est servi partiellement27 Enfi . L'ensemble était donc composé de deux bâtiments construits selon un axe est-ouest
. '. . ln qualrede
et séparés (ou réunis) par un espace enclos, sans doute un atrium qui a pu, à un moment
ces voyageurs nous onl 1alssé des dessllls qUI complèlenlles descriptions pou
grand profil. ' r nOire plus donné, être partiellement couvert.
Témoignages iconographiqlles. Le plus ancien, el le plus iméressnnt des lém .
graphiques (1675) est dO à la plume de Covel. Cel aUleur a illustré le ré~il de so Olgaages LE MAUSOLÉE D'OSMAN
n
à Brousse de minuscules vigne lies insérées dans le leXIe . L'une d'elles eSI un voya~ a. Description architecllIrale. Le monument occidental se présentait comme un édi-
-.
hallvemelll . é .d 1 CroqUIS fice de plan cenlré. L'élat anlérieur à la reconslruction de 1868 n'eS! connu que par le
esqUIss ,qUi onne e plan de l'ensemble formé par les deux mausolées
les inslallations qui les reliaienl28. et plan cOlé de Pullan, donl on a de bonnes raisons de penser qu'il représente la conslruclion
originelle. De plan circulaire (diamètre extérieur: 12 m environ), il élait précédé d'un
narthex (17,4 m X 7,4 m environ). Celui-ci élait composé de trois compnrtimenls séparés
par des arcs doubleaux. Le compartiment central, de plan carré, communiqua il par un
couloir long el élroil (4 m X 2,6 m environ) avec le monumenl donll'accès élai! encadré
par des colonnes doubles. Ce passage élail aménagé dans l'axe de la porte cenlrale, au
19. A~IKPA~AZADE,lrad., p. 55,161-162. milieu de la façade orienlale. Enfin. le nnrthex était éclairé par deux fenêtres, siluées à
20. MORDThiANN, p. 351.
21. H"!'fME~, p. 49 ;. LABOR?E, p. 23 : la coupole du mausolée d'Orhan s'élail écroulée'l il
fallulla refaire: mfonnaltOn repnse par TExIER, Descrip/ion, p. 61 ; KAND~, Prol/sa, p. 99. 29. TEXIER, Description, p. 61; TEXIER· PuLLAN. p. 156-157.
22. 1VAEE, Ill, p. 278-282. 30. A titre d'exemple, la description de l'ancienne église aménagée en sépulture pour OrhJn
23. EVlcE, Pal'emellls. p. 374-379. (TExIER - PuUAN, p. 157) est accompagnée d 'un renvoi à la planche LVI qui représente le bâtiment
24. Observation faile sur place (1992). de plan centré, c' est-à-dire le tombeau d'Osman. Il serail intéressant de consulter les notes et dl!ssins
25. GRÉGORAS, I, p. 44; EPHREM, vers 7916, 7925-7929 (entre 1222 el 1241) ; PACI!YMW. originaux de Texier, s'ils sont conservés.
m, p. 46-47 (jan~ler 1283), 78·79 (primemps 1284), 100-101 (1285). 31. CASSAS; on peut donc rejeter l'hypothèse qu'avait proposée Eyice, celle d'un plan b'l'iilical
(Pavemellls, p. 376) .
. 26. Nous n avons relenu que les lémoignages de voyageurs qui apportenl des informations 32. LABORDE, pl. IX, 31. Le jugement que porte Gabriel (Brousse . l, p. 43. n. 1) sur ce- dessin
précISes. Ce som. dans l'ordre chronologique: IBN BAlTUTA, p. 658 (1333); GERLACH, p. 259 nous semble excessif, car les témoignages, graphique et écrit, de Laborde ne contredisent nullement
(1576) ; LUBENAU, p. 81-82 (1588) ; EVllVA ÇELEBI, p. 397-398, 417 (1640) ; SMITH, p. 432 (enlte ceux de von Richter el de Miss Pardoe.
1668 el 1670); COVEL, p, 146-148; WHELER. p. 216 (1675); TOURNEFORT, p, 299-300 (1701); 33. EPHREM, vers 7928-7929 (O'CpVEÎOV... povorpOtUlJV... ~:ai À,arpfvrcéh' ~:vp(OIJ); P".C'HY\IÊRL
lucAS. Pll'nl/erl'o.l'age, p. 205-206 (1702) ; POCOCKE, p. 119-120 (1738); NIEBUHR, p. 143 (1761); Ill, p. 79, 101 (motlè). Le souvenir du monastère s'est longtemps conservé pour d~slgl1er tanl
SESTlNI, Grice asiatique, p. 101·102, 105 (1779) ; DALLAWAv, p. 279-280 (1794) ; HAMMER, p,41- l'ensemble monumental (CavEl, p. 146; LUCAS. Premia \'O.Wlgt', p. 205; NIEBlJtlR. p. I·B :
50 (1804); RlclfTER. p. 407-408 (1816) ; FONTAN 1ER. p. 85 (1822) ; PROIŒSCH, p. 89-90 (1825); SESTINI, Grèce asiatique, p. IDS; DAllAWAY, p. 280; RICHTER, p. 407: B liSSIERIŒ, p. 15-l :
~E, p. 23-24, pl. lX, 31 (1826); BUSSIERRE. p. 154 (1827) ; TExIER, Descriplioll, p. 61 ; 1'EXIER, Description, p. 61 ; HAMILTON. p. 72; PAROOE. p. 19:!: BERNARD. p. 70: BEAlI\IU,' I.
194 - PuUJ.N, p. 156-157, pl. LVI (1834); HAMILTON, p. 72-73 (1836); PARDOE, p. 189,191- p. 338), que le quartier où il se trouvait (A~IKPA~AZADE, tmd.. p. 16:! : G..\BRtE L. Bn'usst'. 1. p. -W. n. 11.
(218736); BERNARD, p. 69·70 (1842); BEAUMOtIT, p. 338-339 (avanl 1852). 34. GR~GORAS , l, p. 44: Ep"REM. vers 7927·7928 .
. GABRIEl., Brousse, l, p. 43-44. 35. JANIN, Grands ('ellIres, p. 174·175.
28. COVE1., p. 146-148; voir en particulier la fig. b 4.
144

ses extrémités nord et


ANNIE PRALONG 1 JEAN·PIERRE GR~LOIS

sud 36 •
À l'extérieur, la massivité du monum
r
.
par cinq niches tenninées en cul-de-four (profondeur : 0,7 Ill; large~nt.étall cOIllPen
qui rompaient,'" n~onotonie .du Illur et qui f~isaient pendant à cin . ~,81ll envico':
aménagées à 1 mtérleur du bat,ment. Ces denuères. qui alternaient aq es sept nich)'
colonnes, étaient aveugles, à l'exception de la niche occidentale, per~~~ d~s Paires~:
gémmée. Quant à la coupole, haute de 15,5 m au-dessus du sol, d'un dia, ~ Une fenêl~
r-
i
LES MONUMENTS BYZANTINS DE LA VILLe HAUTE DE BRousse

'ensemble monumental à saint Jean Prodrome" dédicace sa~s doute anc~enne, ~i~n
l 'attestée seulement à partir du XIIIe 5.'0. Les témOignages posténeurs sont mOl~s préciS'".
qu Le uvenir d'Osman n'a cessé d'être attaché au monument4S . On Sail que son
145

. hsose dressait sous la coupole de la salle circulaire et qu ' il élait entouré de


elle était fornlée d' une calotte posée sur un haut tambour percé de lar n~ de 8,3",
doute huit) séparées par des pilastres.
Ir:
ges enelres (sa,,;
cenolap
membresede sa famille 46. Certains auteurs précisent
. que d' autres sépu 1tures avnlcnl
. élé
aménagées dans le narthex4?
b. Histoire du Aucune source byzantine ne désigne ex
m01l1ll1œlll. LE MAUSOLÉE D'ORHAN
monument, que nous ne connaissons que sous sa dénomination oUom presSérnent Ce a. Description architecturale. La ~on)onction des .données iconographiques et, des
K/Ïmbet, «coupole d'argent»)?), qui fait certainement référence à une couane (Ga,n,I§IG témoignages littéraires permet une restitution plus préCIse de ce monument et des diffé-
lique. Ch. Texier a pré)endu, à partir d'arguments non fondés, que ce moverture ~1aI. rentes phases de son histoire. . t. • ' .

été dédié au prophète Elie, en le comparant à l'église triconque de Thessa~Umenl aUrail Dans son dernier état byzanttn48 , 1 édifice se présentait comme une église en ~roiX \
attribution erronée a malheureusement été souvent reprise depuis3'. onlque. Cette recque inscrite, de plan carré49 • beaucoup plus gr..mde que le mausolée reconstruit au
Quelle pouvait être la fonction originelle de cet édifice? Là encore les so ~IXC siècle 5o , et précédée d'un atrium. Ce dernier était-il en forme de carr~. com.me ,'.e
muettes, ce qui nous contraint à recourir à la typologie des plans centrés. Cel~r~es restenl représente le croquis de CavetSl , ou d'un rectangle place transversalement . QU~I qu Il
qu ' ils sont plus fréquents dans des réalisations de J'Antiquité romaine i:~' .Illonltt en soit, cet espace était cloS.52, et il a pu être couvert à un moment donné pour abnter les \
tardive (au palais de Dioclétien à Split; à Rome, dans les églises dédié ~aJe. OU cénolaphes d'Orhan el de ses proches'.\.
L'église propremenl dile étail sunnontée d·.une large coupole . D'après le carré de
Constance et dans la basilique constantinienne de Saint-Pierre) que dans l':s h' s:Unte base visible sur le dessin de Cassas de part et d autre des bras nord et sud de la CroiX,
proprement byzantine. On, ne peut cependant pas ignorer le plan analogue dur~ Il~Clure on peut restituer une coupole sur pendentifs appuyés sur quatre supports. La nature de
de l'église de la Vierge à Ephèse39 , ni celui, bien que de façon plus lointaine daPI~slère ces derniers (colonnes ou pilil~rsl n'apparaît pas clairement dans la documenralion, les
phylakioll de Sainte-Sophie à Constantinople. Quelques siècles plus tard ~e u ( euo· voyageurs n'utilisant pas toujours Uil vocab~laire préci s54 . Cette coup~le frappe par son
~ttesté, au début d~ IX' siède en Lycie dans ~es ann~xes septentrionale et méridi~n:: importance. Elle possédait un tambour relattvement haut, percé de petlles fenetres (sans
1 éghse de Dereagzl.4o, pUIS à la fin du meme siec le ?~ns l'église ronde de Presla., doule 16) qui élaienl Ilanquées de pai res de colonnelles servant de poinl d'appui aux arcs
édIfiée par le tsar. SImeon (8~3-927)41 , et enfin ?ans 1 eghse CIrculaire de Saint-Élie,
constrUIte par BaSIle 1" dans 1 encemte du PalaIS a COllstantll1ople, uniquement con
par les sources écrites42. nue .:13. GRE(;OI~ ,\ S, 1. p. 44. EPHREM. vers 7927.
44. Gerlach (p. 259) parle,d'une ~glise dédic.':e à saint Je3n: suns plus d~ p~cision ..Cuve!
Cinq possibilités s'offrent à nous, salle d'apparat ou chapelle d'un palais, manyrillD1, (p. 146) l'attribue à saint Jean rEvangéhste. san~ doute pllr.c<?nfuslon avec la prinCipale é.~hse d~s
baptistère ou annexe. Les deu x premières hypothèses doivent être exclues, car de lels Grcl.:s dc Brousse à rt!poquc ottomane. dans la Ville bilsse (llndem,.p: 168). Surc~tte dermere. VOlr
aménagements ne se conçoivent que dans le cadre d'une résidence impériale ; Or rien de t.t'yage du Plllrùm.:lu· MactlÎn' d·All/ioc/Il? écrit par son ~Is l'archldmcre Paul.d Alep. tc;'(te umbc
tel n'est ~ttesté de quelque façon à Brousse. L' hypothèse d'un martyrium n'est guère et traduction fmnçaise par B. RAOll. Patrologia oriemafls, XXII. fasc. l, Pans. 1930 l\'o)'II,I,'(' , '1/
/6521. p. 80: «,\NDÉS. Prollsa. p. 143. . . .
plus plauSIble; outre le SIlence des sources, en particulier hagiographiques, la localisation 45. D3ns une rapide mentio!'_ Covel (p. 146) en fau le t~m~eau d ' u~ Bayezlt. tand,ls que ~on
à l'intérieur du périmètre de la ville antique ferait difficulté. compagnon Wheler (p. 216) ne cite que des enfants de Baye~!I, mfo,:"atton que Pococke (p. 1_0)
Reste enfin le baptistère ou l'annexe (bibliothèque, ou skellophylakion). Même ~ reprend de manière dubitative. Seul Hammer (p. 49-50) 3uobue l'édifice de plan centré il Orh ~U1.
m3is l'ince ndie de 1801 aV<tit introduit une certaine confusion (voir aussi plus bas). Les vOy'lgeufS
aucun témoignage archéologique n'étaie pour l'instant ces propositions, quelques indices !oiuivants (Ch. Te:.; icr. Miss Pardoe. le Dr Bernard. A. de Beaumont) mi.lintiennent l'identification
nous font préférer l'hypothèse du baptistère: la proximité des deux bâtiments, donl traditi onnelle.
le second, nous le verrons, conservait des éléments protobyzantins, et la dédicace de 46. LUBENAL!, p. 82 ; SESTINI, Grèce asiatique, p. 105 ; PROKEScfI, p. 89.
47. HAMME'. p. 50; BEAUMO",.. p. 339. .' . . .
48. Nous entendons p.lr celte expression l'élat du monument Ici qu Il aval~ éte trouve k1fS d~
la conquête onomane. el te! qu'il a subsisté jusqu'ù "i":cendie de 1.80 1 ct 3U ~sélsmc de 1855.
. 36. Le mode de I,iais?n du narthex et du monument proprement dit est assez surprenanl, el il 49. Evtiya çelebi (p. 397) lui donne 110 pieds (sOlI 36 JO environ) de cOlé.
resulte certainement d amenagements tardifs. 50. D'après ICl; plans donnés p.tr Eyice (PlIVemenlS, fig. II. p. 376). le monument ,lc tUe! c!st
37. A~IKPA!i~E, trad., p. 55; DALLAWAY, p. 280; TExlER - PUu.AN, p. 157; BEAUMONT, p. 339. un carré de 17 m seulement de côté.
. 38. Dans I~s gUides tounsllques en particulier (WALKER, commentaire à la pl. m; 1i1l'l"'~'
C: ulde Bleu,. P~s, 1958, p. 203, etc.). De plus, le nom de J'église thessalonicienne esl rtcenl; il ~t ~~~:t(;bjtl~;,~i l~g~~I~ionne comme une sorte d'entrepôt et precise qu'illÙl pu le visiter.
s agorall à 1 ongme du monastère d'Akapniou (Th. PAPAZOTOS The Idenlification orthe Chun:hor 53. Voir le dessin de Laborde; nous aurons à revenir sur ce point.. .
"Profitis Elias" in Thessa10niki, DOP, 45, 1991, p. 121-127). ' 54. Les voyageurs de langue anglaise (par ex.emple WHE~ER. p. ~ 16) emplou:nt le.IlK}( d~ f1t1la.~
39. KRAlITHE'MER, Architecture, p. 107, fig. 59. . qui a les deux sens. Covel, qui participait au même voyag~ , fall de meme (p. 148). mais s~n, ~n:~~UlS
suggère plulôt des colonnes, et il fait état de quatre chl1plteaux (dont deux sont reprodll1ts . 11)'!. b
.40. cr. le plan pubhé par W. SALZENBERG, Altchristliche Baudellkmiiler VOII Konstanll/lUptl, 5 et b 6). Texier et Pullan (p. 157) purlent de colonnes. ainsi que le Dr Bemard (,P: 70) et A. (Il'
Berhn, 1854-1855, fig. 6: Kirche bei Cassaba in Lycien; ce plan a été repris el ~él~orépar Beaumont (p. 338~339). Citent expft!ssément.des piliers. von R.k hter (p .. ~08: P.lt'IIt'1'!. ~al~lI:( ~l~
J. MORGANSTERN, The Byzantine Church al Dereacv and ils Decoration, Islanbuler M,uellungen, (p. 23) et Miss Pardoe (p. 193: "six ('! I giganl1c s<luare Pillars 01 Illilsonry.). On.J)(~urr;lI~ l:oll\"~I~~1
Bethert 29, Tübingen, 1983, pl. h.t. 2. ces témoignages contradictoircs en proposant. pour chaque support . 1. ilSSllCI:lt.I~I~ d 'Ill p~I~t:r
41. MANGO, Architecture, p. 173-174, pl. 245. , ponant et d'une colonne à fonction décorat ivc . cornille. à Saint-Andrè de P~n!'ih!r.1 (~·I ·\ N( ,().
. 42. Nicolas Mésaritès précise qu'elle était circulaire et brillante à l'intérieur comme à l ex· Architet"IfI'l', p. 116, pl. 167).
téneur(cf. JANIN, Églises, p. 137). Voir aussi MANGO, Architecture, p. 174.
146

h ' ,.
ANNIB PRALONG 1 Jl3AN·f>IERRI~ ORt:l.OIS

qui marquaient le tambour. La huutéur des bras de la croix par ra


(pmtMsis et diako1liko1l) n'exclut pas l'existence d'une gale?Po.~.aux pièces d'ang1
ouest el sud, Illais la documentation ne pemlet pus de cO.lfi te re lant les bras 1l0 d
mnerceUeh~,
c evet se compo~all dune, abs.de ~I~'gonale il 5 ou 7 pans55, nun uée YPothèse. le
e

correspo.~dant aux p.~ces d angle, alllSl qu 'à des chapelles latérales. ~e d d~ abSIdioles
suggère 1 eXIStence d un parement il décor céramoplastique fouillé t 1 e~slll de Cassas
r
1
1
LES MONUMENTS BYZANTINS DE LA VILLE lft\lfTE DE BROUSSE

l'é oque de Jusl.inien. Le pavement du monument enfin 71 , en partie conse rvé lors de la
c':mstrUction de 186872 , était fait de dalles de marbre et de brèche rose73 , d:ms lesquclb
~imbriquent les enrou~ements d'entrelacs en upus sec/fIe associant brèches verte e t rose
et marbres blanc et nOlr74 •
147

les éghses médiobyznntines. tandis que les fenêtres, distribuées sur; e. q~ en POSSèdent 1
encadrées pl.lr des c~lonnettes semblant supporter des arcs maçonné~~lS niveaux, étaient b. Histoire du monume"t. De la description qui précède, il ressort clairement que ce
Une porte OCCIdentale, murée il l'époque ottomanes. donnait bâtiment a connu , avant sa transformation en mausolée pour Orhan, plusieurs phases de
propremen! dite, église qui était, comme on l'a déjà signalé, 'encadrée :~Cès à l'église construction. Trois au moin s sont repérables d ' après les données di spo nible~ .
latérales. L espace central se prolongeait vers l'est par un sanctuaire Iimi~ des cha~lIes Le sy"throllon conservé au fond de l'absid e et les chapiteaux sculpté s à jour
comportant des colonnettes57 de brèche verteS'. Il se tenninait cont 1 par une cloture conduisent à attribuer une partie au moins du monument à l'époque protobyzantine. "
par un .\:l'1Ithm'!01l constitué de quatre gmdins sumlOntés au cen'rte p~el/Si~lu; de. l'abSide, devait alors s'agir d'une basiliq ue associée arc hitecturale ment par un atrium au bâtiment
Les descnptions que donnent les voyageurs du décor intérieur de l'éifi éPISCopal s9. occidental. c'est-à-dire au baptistère qui devint plus tard la sépulture d·Osman. Aucune
la plupart peu détaillées. Mais leur combinaison pennet d'imagt'ner u b" 1 ICe SOnt POUr information ne permet cependant de restitue r la partie haute de la basilique: toiture en
omé"" Le é ' . • n aI.ment rich charpente. ou bien coupole centraIt:: associée à des voCates.
'. s murs tmentlambnssés de plaques de marbrebl soulignées par d d . entent
Le m~lJf de la C~OIX est attesté en maints endroits, peint6.l. figurant pnnniel~s enhC~leg62. À l'époque médiobyzantine. de profondes transformations modifient le monument.
dans 1 IIltrados ~ un arc transversal et sur la voûte qui précède le cul-de-four d ~osa~ques li adopte alors le plan en croix grecque inscrite et est pourvu d'une coupole sur pendentifs.
'~lc/UstéM ..grave Sur une pierre décorant une paroi66. sculpté en demi-relief a~ 1abSlde61, soutenus par quatre supports. C eSI de la même époque que date le pavement à entrelacs
1 entrée p.nnclpal~67, ornant les chapiteaux des meneaux des trois fenêtres de i~e~s.us de en OpllS seclile.
Le mob.'h~r archuectonique est évoqué par deu x dessins de Covel ui acco a S1de68. Enfin. le dessin de Cassas fournit de précieux rens.eig nements qui témoignent d ' une
la descnpt~on des appuIS qUI soutenaient la coupole; l'un esquisse unqcha ite~pagnent
intervention plus tardi ve. Ai nsi remarque-l-on, su r le chevet du monument. l'abside
centrale au tracé polygonal avcc plusieurs étages de fenêtres ou de niches aveugles, ainsi
à )ou,.o9. 1 autre un chapueau-corbeille avec feu ille médi·tne7o Ces t p dU sculpté
• . ypes atent de qu ' un riche décor cé ramoplas lique. L'ensemble évoque les églises de Constantinople
construites à l'époque des Comnènes (monastère du Pantocrator, 111 8- 1136), et sul10ut à
celle des Paléologues (église sud de Fenarî Isa camU, 1284}75, ainsi que plusieurs édifices
55. CASSAS; le plan de CoveJ est trop imprécis pour pcnncltre de trancher de Thessalonique bâtis duralll cette dernière. période, Sainte-Catherine, Saint-Pantéléèmôn,
56. Cava. p. 148: SESTINI. Gd'ce asiatique. p. 105 ; RICIIITR. p. 407. . et en particulier les SainlS-Apôtres. de 1310-131476 . Le rendu de la coupole, avec un
57. COVEL, fig. b 5 ct p. 148 (quatre el1l re deux plus grand es) . TOURNEFORT P 299 ( tambour aux fenêtres encadrées de colonnettes, l'allongement du bras oriental de la
HAM"ER, p. 48, BERNARD. p. 70, BEAU"ONT. p. 339 (six). . ,. quatre);
croix, sont au tant d'indices confortant les infonnations fournies par les sources byzantines.
~~. ~OVEL. p. 148 (marbre 1'011 l'einé); HA""ER. BERNARD. IlEAU"OtolT, ibidem (vel1 anti u )
: OVE!.. p. 148 el fig. b 7 : \VH,ELER . p. 2 16 (trois sièges superposés dis
cercle) • TOU~NEFORT. p. 299 (u n perron a quatre marches) : SESTINI. Grèce aSiGtiqr:::
sés en J! e..
102 (c'!"-
qui parlent d'une action éd ilitaire entreprise par l'impératrice Irène dans le deuxième
quart du XIIIe siècle77 . Pour cette époque. l'affec tation des lieux à un usage monastique ne
~~s de gradins),; HAMMER, p. 48 (qualre degrés de marbre dans l'hémicycle) . PA'!OOE 19~ fait pas de doute . mai s rien ne pe rmet de se prononcer sur le ou les usages antérieurs'8.
troIS rangs de sIeges de marbre ~Jsposés en amphithéâtre) ; BERNARD, p. 70 B~AUMONT' p. 339
( quatre deg~s de marbre en demI-cercle). "p.
;:t.gt;à Ephrem d'Ainos (l'ers 7926) relevait la \'ariété des marbres employés.
'16' T ERLACH. p. 259, LUBENAU, p. 81 ; CavEL, p 148 (marbre gris et moucheté); WHELER 71. POCOCKE. p. 119 (mosaïque); SESTINI. Grèee nsilll;que. p. 101 (superbe dessin c:n
p. ï19 : SOURNEFO~, p. 299 (marbre ... blanc sale, sombre, el jaspé en quelques endroils); Pococ~
=S) ;
mosaïque) ; DALLAWAY, p. 280 (mosaïque alternant carrés et cercles en porphyre el en jaune
p. ,ESTIN.,Greceaswllqlle,p.101-I02:DALLAWAY p 280'HAMMER P 48( b l' antique) ; H AMILTON. p. 72 (plaques de marbre, mosaïque).
BUSSl.ERRE. p. 15,4 ; l'ExIER, DescripliOIl, p. 61 (m'arbre gri's veiné), iEx:IER _~ ;.~~~ 72. Eyice (Pavements, fig. Il, p. 377, fig. lIl-V, p. 379) donne te dé.ail de cinq p:lnneaux
( 1 re veillé) . HAMILTON. p. 72 ; PARDOE. p. 192, 193; BERNARD p 69-70 (marbres de différentes conservés de façon plus ou moins fragmentaires, qui se présentent sous la fonne de carrés de
cO,u1'urs ) ; BEAUMONT, p. 339 (marbre blanc veiné). Ces témoign~ges font penser à l'emploi de dimens ions variant de 0,7 à 5 m de côté.
m ... ure de ProcOlU1èse. 73. Certainement ta brèche de Bilecik.
62. l'ExŒR, Descriptioll , p. 61 ; l'ExIER - PULLAN p. 157' BEAUMOtolT p 339 74. Des pavements comparables se trouvent à Sainte·Sophie de Nicée (lznik) et. dans \111
63. FOtolTANIER, p. 85. " , . . style moins riche. à Saint-Jean Chrysostome de Koutsovendis (Chypre). Voir l'inventaire génér;tI
64. PAROOE, p. 193. dressé par Eyice (Pavements, p. 378·382) et, pour l'Occident, R. WIHR, Fussbodell, Stein. Mosaïk,
Keramik, Estrieh. Geschichte, Herslelltmg, Munièh, 1985. U. PESCHLOW, Zurn byzantinischen
(pl .65. LAB.oRDE, p. 23-24 (sur un pilier, en marbres de plusieurs couleurs)' BUSStERRE P 154 opus sectile Baden, Bei/riige Zllr Allerlltmskllllde KleÎllas;e,. , Festschrift fùr Kurt Biuel, Mayence.
col~~~~ucrOlX) ; HAMtL';.oN, p. 72-73 (parmi divers motifs) ; BERNARD, p. 70 (en 'mrutre noir:s~une 1986, p. 435·447 et pl. 89-93. donne des exemples géographiquement proches du monument de
pportantla voute) ; BEAUMOtolT, p. 339 (en marbre noir, partout incrustée dans les m",,). Brousse: pavement de l'église du monastère de Kurtkoy, près de Pendik (pl. 92, 1): pavel11c:ot de:
. . ~,LUBENAU, p. 81 (avec une invocation mentionnant un certain Théophile) . il pourrait s'.-
gr ICI . ~ne plaque creusée pour recevoir des incrustations qui auraient disp~ par la suile;
c . aussI MI1ll, p. 432 ; "the figure of a Cross still remaining upon the wa""
l'église cruciforme de Yakaclk (pl. 92, 2) ; église de la Métal110rphôsis à Kalonymos (lmmh atlas l,
pl. 93, 1).
75. MANGO, Architeclllre, p. t34-136, fig. t9t-193. p. 148-t50. fig. 212. pl. XIV.
67. HAMMER, p. 48-49 (entre un griffon et un motif circulaire) ; PROKESCH, p. 89. 76. KRAUTHEIMER, Architeclllre, p. 431, fig. 43 t.
68. 1'ExlER, DescnpllOll, p. 61 ; TEXtER - PULLAN P 157 77. C'est à ce moment que la dédicace du monastère à saint Jean Prodrome est 311I!Sh.'C.
~~. ~<!VEL, p. 148 (imitant la de~te"e), fig. b 5, , . . 78. L'importance de l'église, ainsi que sa situation privilégiée dans le châte.\u, on,l ':lll1~lIil
IrQ' " è . < ideod" fig. b 6 , Il semble, d après le texte, que deux chapiteaux aient été de ce type, un certains voyageurs à y voir l'ancienne métropole (WHELER, p. 216: DALL·\W,w. p. 180.' qUI c.'"xpnme
ISI me 'l;tant e plus sunnonté d'une imposte. des doutes; HAMMER, p. 47 ; P ROKESCH. p. 89 ; BERN,\RO. p. 69: BEAl!MO~"T. p..lJ~O.
148 ANNIE PRAl.ONG J JEAN· PIERRE GR~LOIS

Une dalalion plus nffinée deviendrail conjeclurale, mais on peul néanm'

médiane pellvenl-ils êlre dmés de l'époque de Juslin Il (565-578), comme ce~~ :eu~lIe
connaÎI dans l'ensemble monumenlal des bains de Pylhia (près de Yalova)" Bq el on
.
quelques propositions, au vu de détails connus. Ainsi les chapiteaux-corbeill o~ns f~lre

la présence sur les n~lIrs ou les parties ~.nu~es du monument de croix peintes: sc:~utre.
ou mosaïquées. mentIOnnées avec tant d inSistance par les voyageursso, doit cenai Ptées
relenir l'allenlion. On esl lenlé d'évoquer l'iconoclasme" , c'est-à-dire une é nement
peu anlérieure à la période médiobyzanline. Si Ici élail le cas, on aurait affaj'l~e de
r
1

1
'
servir à un usage

4. COllclllsion
LES MONUMENTS BYZANTINS DE LA VILLE HAUTE DE BRousse

velle mosquée (!iehadel camii)8 •. À la mort du conquérant, on déposa son corps


une nl~éuglise dont la porte occidenlale fut murée, l'atrium pouvant dès lors contmuer de
dans reUgieux 90, avant de se retrouver sans a ffectatlon
. b'len défi'
JOie au x VIl' s.

Il serait sati sfaisant de préciser la date de fondation, les phases de construction. et


149

phase d'aménagemenl inlermédiaire, car le Iype de pavemenl en OpllS seCliie ne ~ ~ne d'aménagement de l'ensemble monume?tal, ainsi quede dé~enniner laquel,l~ de sespartles
placé avanll'an mil". ul Ire élé remployée dans le tiirbe .cluel d Orhan. On almerall savOIr ce qu Il y avall enlre
~es deux mausolées. Il faudrait pratiquer des sondages sous les bâtiments actuels, ou, à
c. CcmplaccmclIl d/l dllolaphe d'Orhall. Les lémoignages anlérieurs à 180/ défaul, dans le jardin public entre c.os bâtiments, ainsi qu' à. l'est de la sé~uhure, d'Orhan.
laissenl pas place au doule : la sépullure d' Orhan avail été aménagée dans l'ancien~: Nous n'avons pu fatre usage d une découverte de dernIère heure. Il s agIt d un dessm
église. On peul supposer avec quelque vraISemblance que le cénol~phe du conquéranl représentant une vue extérieure du complexe des mausolés, exécutée vers 1835 par
rul élé placé à l'aplomb de la coupole, ceux de ses proches élanl diSposés 10UI aU1 Hercule Catenacci el conservée à la Bibliothèque de l'Institut (fig. 2). Signalons seule-
SuÎle à l'incendie, les monumenls connurent une période d'abandon dOnl lémOig ot;r. ment que ce dessin confirme el précise nos interprétations et qu ' il fournit aussi quelques
descriplion c?nfuse de von ~amme",3: Après les travaux de réparai ion, on nous mon:l~ renseignements supplémentaires sur l'insertion du monument dans le tissu urbain.
renolaphes dISposés de la meme mamère, maIS posés sur une sorte de podium qui cach . l'organisation de l'espace à l'extérieur et à l'intérieur du complexe. ainsi que sur l'élé-
partiellemenlle sol mosaïquéS4 • Plusieurs aUieurs précisenl qu'ils se trouvaient dans~1I vation méridionale du monument d'Orhan (la coupole au centre).
«narthex» de l'ancienne église S5 (ce que nous avons nommé plus haut l' atrium), elle
dessin de Laborde monlre une salle au plafond supporté par des piliers assez grêles 86e
Nous supposons que l'espace clos inlermédiaire, longlemps séparé du resle de l'églis'
par une porte murée (cf. slIpra), a élé aménagé en salle funéraire pendanlla premiè~
moitié du XIX' siècle, el que la communicalion avec le corps de l'édifice a élé alors rélablie.
Sur les usages anlérieurs de cel espace, on rappellera le témoignage, assez vague il 1
est vrai, de Covel 87 , On pourrait aussi avancer, en se fondant sur les sources musulmanes
que c'eSi cel espace qui a pu servir de mosquée dans les tout premiers lemps de l~
présence turque à Brousse. Ces sources affirment en effel que les lambeaux se trouvaienl
dans la mosquéeSS , ce qui serail contraire aux préceples de l'islam, qui interdisenlla
i
présence de cadavres dans les lieux de culle. Nous proposons, avec toutes les réserves 1
qui s'imposenl, la reconstitulion suivanle. Immédialemenl après la prise de Brousse,
Orhan transforma en mausolée pour son père le bâlimenl à plan centré. En même lemps,
il fit du monument byzantin le plus éminent, l'église, la première mosquée de la ville.
Peu après. il conslruisit, à proximÎlé de l'ancien monaslère el de son palais (cf. supra),

79. Cf. A. M. MANSEl, Yalol'a l'e cim" / Yalol'a I/I/d Umgebl/I/g, ISianbul, 1936, p. 57. Voir
sunoUl KJw.IER, Kiimpferkapilelle, p. 178-184 et fig. l, 3, 9 el Il ; l'auleur donne la IiSie des
chapiteaux du même type conservés en d'autres lieux.
80. Voir plus haUl, les noies 63 à 68.
81. Rappelons que Th. Smith (p. 432) attribue la construction du COl/I'enl of Religious à
Constantin l'Iconomaque (ConSiantin V). Fig, 2 - Vue du complexe des mausolées vers 1835. par Hercule Catenacci
82. EYICE, Pal'emel/ts, p. 382 ; le même auteur (ibidem, p. 378) compare à jUSIe tilre ce Bibliothèque de l'Instilut, Paris. Pholo © RMN 1 Gérard Blot
pavement à ceux de monuments d'IzDik, Sainte-Sophie. la Dormition et Saint-Tryphon cons(ruÏ(
parThéodore 1/ Lascaris (1254-1258) ; il cile, enlre au Ires, ceux des monastères du Sioudion et du
Pantocralor à Constantinople.
83. HAMMER, p. 49.
84. WORDE. pl. IX, 31; HAMu.TON, p. 73; PARDOE, p. 192. La même disposilion se retrouve
dans le bâtJment aCluel.
85. LABORDE, p. 23 ; TExIER, Descriptiol/, p. 61.
86. LABORDE, pl. IX, 31. 89. GABRIEL, Brousse, 1. p. 45-46: une inscription donne la,dilh! H.n8 = L~~~8-9. L~s.~(.u:<.
coupoles clic minaret de cette mosquée ;,tpparaissent dans la partie ga~che .du. ~.e.ssl.l\?e C.lSsas . .
87. "a magazine of severall Ibings, belonging 10 Ibe Grand Signor and could not be seen" 90. Th. Smith (p. 432), qu elques années avant le pass:.lge de Co\el. ec~~.ut clll,;ore que le!>
(CoVEl., p. 146). '
mausolées étaieOl près d'une mosquée qui él:lit UUp'lr.I\':ml un C{)u\'t"llt de religieux.
88. IBN BAnurA, p. 658 ; EVLIYA ÇEl.EBI, p. 417.

-
L'APPORT DE LA PROSPECTION
DONNÉES PALÉOGÉOGRAPHIQUES

1
i
1
i1
,
LES FORMATIONS ALLUVIALES
ET LACUSTRES

par Bernard GEYER*

La reconstitution des fluctuations qu'ont connues l'occupation du sol et l'environ~


nement fait intervenir des études historiques, des prospections archéologiques et des
recherches géographiques. Le paysage, tel qu'il nous apparaît, est le résultat d'une
évolution longue, complexe, dépendante de contraintes et d'interactions multiples. Des
facteurs permanents (latitude. relief, substrat, etc.) l'ont imposé et façonné dans ses
grandes lignes. Des déterminants dynamiques (climat, hydrographie, activités humaines,
etc.) sont venus interférer avec ces facteurs de manière irréguHère. en introduisant des
contraintes nouvelles ou, au contraire, en limitant le rôle d'autres contraintes, voire en
les annulant. La transformation du paysage se fait en laissant des témoins, des traces :
les campagnes bithyniennes n' ont pas échappé à cette règle.
1
Ces témoins sont de diverses natures; nous nous intéresserons à ceux d'entre eux
qui sont analysables et interprétables. Ainsi, les sédiments qui sont venus s'accumuler
peu à peu dans le fond des dépressions et les alluvions qui ont colmaté le plancher des
vallées témoignent de phases de morphogenèse' sur les versants. À l'inverse, les entailles
i
qui marquent les formations alluviales de ces mêmes vallées y ont été ouvertes par des
cours d'eau agressifs, lors de périodes de stabilité accrue des versants. Enfin, les dépôts
étagés qui nappent les rives du lac d'Iznik témoignent des variations de niveau de ce 1
dernier, mais sans nous renseigner sur leurs causes.
Par eux-mêmes. ces témoins ne nous infonnent que peu sur les grandes phases
d'évolution des paysages qui les ont pourtant générés. Quel en a été le moteur? Quand
se sont-elles produites et combien de temps ont-elles duré? Quelle a été la part respective
,
du climat, des activités humaines, des grandes épidémies ou des guerres? Quelles ont été
les conséquences sur le milieu?
Certes, la disposition des diverses formations les unes par rapport aux autres, qu'il
s'agisse de terrasses alluviales, de sédiments lacustres ou de colluvions' au pied des
versants, autorise l'établissement de chronologies relatives. Mais ces dernières ne
suggèrent que trop rarement des rapprochements avec les événements historiques. Ce
sont les sédiments eux-mêmes qui vont nous permettre de préciser l'histoire du paysage.
Les éléments carbonatés qui y sont inclus sont datables (datations isotopiques), que ce
soient les encroOtements qui accompagnent les fluctuations du lac d'Iznik ou les restes

• UMR 5647 - GREMMO, Université Lumière Lyon 2 - CNRS.


l. Dynamique des formes des terrains qui inclue les processus d'érosion, de trdnsport et de
dépôt des matériaux mobilisés dans les bassins-versants.
2. Dépôt mis en place sur la partie inférieure d'un versant et il son pied, et n'ayant donc subi
qu'un court transport, contrairement aux alluvions (d'apres GEORGE, 1993) .


1~4 BERNARD OEVEl{
LBS FORMATIONS ALLUVIALP~~ ET I.ACUSTRES 155
végétaux piégés dans les alluvions. Ln texture et la structure de ces dépôts nous .
sur leur mode de mise en place. Le pollen et les macrorestes végétaux a' rensClgnent Dans chacun des sites d'observation, des profils ont été observés et relevés, des
précisions sur les associations de plantes et sur l'évolution du Couvert ~~P~"ent des rélèvements ont été effectués à fin d'analyses etlou de datations. Les observations
t
donc l'analyse fine. /ant sur le terrain qu'en laboratoire, des sédiments érodés gtr .\. C'est Pé morphologiques ont été faites par Rémi D.longeville (UMR 5647) et par moi pour
ct déposés lors de l'évolution et de lu transformation des paysages bithynien~ a~sPOl1és f 0 formations lacustres. par moi pour les formations continentales. L'analyse palynolo-
pennis de restituer peu ,\ peu une histoire dans laquelle l'hol11me semble bien qUI ~o.us a e~ue a été réalisée par Jacqueline Argam, celle des macro-restes végétaux par Georges
le rôle principal. aVOIr JOué ~illcox . Les datations isotopiques ("C) ont été confiées à Jacques Evin (UMR 5138)
et effectuées soit dans son laboratoire (Université Claude Bernard - Lyon 1) soit à
Le choix d"Wl' rë8ioll homogène. Reconstituer l'histoire d'un paysage c' l'université d'Oxford (Radiocarbon Aceelerator Unit) après préparation à Lyon. Nous
tout s'assurer que les éléments sur lesquels se fondent hypothèses et raiso~neest aVant nous référons à ces datations en utilisant les codes qu'il nous a fournis.
ments
rapportent bien il la région considérée et qu'il n'y a pas de risques de «pollutio Se
rieure (apports alluviaux exogènes par exemple). L'exercice est encore cOI11Pliq: exté_
fait que les processus d'évolution mis en œuvre sollL complexes. Il eut donc été '1\ par le
au moins dans un premier temps, de chercher à restituer des paysages passés ~ USOlre,
région trop étendue ou sur des ensembles trop disparates. ans une
Le choix de la Bithynie, qui répondait par ailleurs à des interrogations hista .
s'est révélé judicieux. Celle-ci offre en effet, grâce d'une part à la succession rénql~èes,
'r
des ~laSSJ1S et d. es dé pre~sJOns..
. d' autre P?ft aux b assJll~-versants
. gu 1ces
qui échancrent re
masslfs3, des umtés de rehef relauvement SImples et de taIlle modeste, qui se répète
sont faciles à individualiser. II était donc possible de considérer chaque bassin-ve nt et
conIDIe une unité de base du peuplement, de rechercher au sein de chacun d'eu~~nt
témoins des transformations subies au cours des demiers millénaires, et de tenter à terr:;s
des généralisations sur l'ensemble de la région. e
. L'ambiance climatiqu~ partic.ulièr~ a justifié notr,;,. choix. Il est en effet toujoun;
déhcat de fmre la part, dans 1 évolutIOn d un paysage, de 1 mlluence respective des facteurs
Dag
1
i
naturels (le climat est l'un des plus importants en raison de son caractère dynamique) et
des facteurs humains. Or, dans le cadre de la problématique qui a guidé nos recherches
c'est avant tout les aspects liés à l'occupation du sol qui nous intéressaient, plus qu~
l'étude des fluctuations climatiques historiques, dont on sait qu'elles sont une réalité
mais dont on est amené à considérer de plus en plus q~'eJles o~t été de faible ampleur, Fig. 1 - Carte de localisation
au mOlfis dans ceue régIOn (GEYER, 2002). La Bnhyme connan des conditions clima-
tiques relativement peu contraignantes et, surtout, à peu près constantes comparées à
celles des zones de marges arides, qui, en Méditerranée orientale, ne sont jamais très
éloignées. Le plateau anatolien est proche et impose des influences continentales mais
r. LES FORMATIONS ALLUVIALES
Nous avons pu, au cours de nos pérégrinations dans les campagnes bithyniennes,
1
celles-ci sont tempérées par les deux autres composantes du climat bithynien ; la méditer- observer nombre de formations alluviales, colluviales ou lacustres, qui résultent généra-
ranéité et les influences pontiques'. Une ambiance climatique «tempérée» et des unités de lement de phases d'évolution des paysages. Afin de pouvoir tirer profit de ces témoins,
plusieurs conditions doivent être remplies, dont les plus importantes, dans notre cas, sont
J
relief bien individualisées étaient donc des données de base favorables à notre entreprise.
la présence de dateurs et la conservation de fossiles directeurs' permettant de caractériser
Les témoins du passé. La recherche des témoins des tfansfonnations des paysages les environnements passés.
est toujours aléatoire et les résultats parfois surprenants. Les fonnations alluviales (ici, Une première publication (GEYER, 1999) nous a permis de présenter des résultats
celles des vallées du Yalakdere et du Kara Dere, cf. fig. 1), souvent mises à contribution préliminaires concernant quelques formations alluviales d'époque historique. Le cône de
dans ce type de recherche, on! une fois de plus apporté leur lot de renseignements. Les déjection de l'Avdan Dag, près du village de Kaynarca, et les terrasses alluviales du bassin-
collUVIons de bas de versant (Adliye) ou les dépôts lacustres (embouchure du Gôksu, versant de Derbent nous ont offert de premiers éléments pour analyser l'évolution des
milieux. Toutefois, l'absence de pollen et de macrorestes végétaux dans les sédiments
Iznik) se sont également révélés très riches, notamment en pollen. Plus étonnante a été la
d'une part, l'absence de dates fiables d'autre part, ont été un obstacle majeur à une bonne
découverte de témoins de variations du ni veau du lac d' Iznik, sous la fonne, très rarement
compréhension des mécanismes de transformation des paysages. Quelques conclusions et
observée jusqu'alors, d'encroûtements carbonatés et de dalles de beach-rock lacustre
hypothèses ont cependant pu être tirées de ces premières données. Ainsi avons-nous pu
(GEYER el al., 2(01), qui se sont révélés d'un grand intérêt pour la compréhension de affirmer que se trouvaient fréquemment conservés les restes d'au moins trois t'annations
l'histoire régionale.
historiques qui. séparées par des phases de creusement. mettaient en évidence autant de

3. Voir ici-même GEYER, p. 25-26. 5. C'est-à-dire de témoins qui ne som susceptibles que d'une seule ilHcrprt!tation.
4. Voir ici-même GEYER, p. 27-29.
" 156 I1ERNARl) GEYER

1 LES FORMATIONS ALLUVIALES ET LACUSTRES

recharger quelqu~ peu en humid,ité lors de leur passage sur la mer de ",!armara,. pénè-
trent dans le basSl~·ve~ant par 1 ouest qUI est peu élevéyes hgnes de crete culmment à
157

1
environ 350 m) mais YOlent leur progrc~slOn entravée à 1 est par un massif qUI gagne peu
à peu en altitude (jusqu'à 1100 m envlTon). Dans l'ensemble, les roches qui forment la
ceinture montagneuse de la vallée sont relativement peu résistantes (roches magmatiques
et éruptives surtout au sud, flysch et tufs au nord), même si les roches métamorphiques,
et notamment les calcaires cristallins, ne sont pas totalement absents, par exemple à l'est.
Mais ce qui assure plus particulièrement la richesse agricole de la vallée. ce sont les
roches pliocènes et miocènes tendres (marnes, argiles, grès. etc.) qui affleurent en son
centre ainsi que sur les camnes qui la limitent à l'ouest. Ces secteurs aux pentes douces.
basses terres des fonds de vallées. collines aux formes molles, anciennes surfaces
slructurales ou d'aplanissement, ont été souvent mis en valeur du fait de leur potentiel
aoricole élevé et de leur stabilité face à l'érosion. La ceinture montagneuse est certes
e~ploitable eHe-aussi, mais avec des risques notablement plus importants d'instabilité.
liés à la raideur des pentes. Cette instabilité est encore accrue par la faible résistance du
substrat à l'érosion.
Les alluvions qui sont venues à plusieurs reprises ennoyer le fond de la vallée
principale et des vallées affluentes font partie des témoins des phases d'instabilité qui
ont marqué les versants. Leur étude pennet de comprendre l'histoire de l'occupation du
sol dans ce bassin-versant.
Fig. 2: ~ La vallée du Yalakdcrc près de Çl1han Kale. vue vers l'aval
b. Lesformatiolls allln'ia/es historiques. Nous n'avons pris en compte ici que les
périodes de déprise sur les versants. Nous avons également souligné le fait que ces
fonn.ations <"étaient mises en place rapidement, lors. de crises mo~hogénétiques
relativement courtes et brutales. Dans le cadre «tempere)} de la Btthyme. ce fait nous
fonoations alluviales historiques, laissant de côté celles qui, localement, frangent le pied
des versants et témoignent des t1uctuations climatiques du Pléistocène. Les terrasses
historiques, formations alluviales entaillées par le cours d'eau, occupent presque tout le 1
semblait pouvoir être un indice d'artificialisation du milieu. d'une sensibilité exacerbée
aux changements qui peuvent résulter d ' interventions humaines, en particulier dans les
zones à fort potentiel d'instabilité.
Depuis, des observations effectuées en d'autres points de la région, notamment
fond de la vallée (fig, 2). Le plus souvent emboîtées les unes dans les autres (fig, 5,
p, 163), parfois superposées (fig. 3, p, 160-161), elles sont visibles à la faveur d'un méan-
dre du Yalakdere al!, plus souvent, de gravières qui y ont été ouvertes, Quatre fonnations
distinctes ont pu être observées, qui correspondent à autant d'épisodes d'instabilité. Ces
i
fonnations ont été entaillées et individualisées lors d'épisodes de stabilisation des versants
dans les vallées du Yalakdere et du Kara Dere, et sur les rives du lac d'!znik, nous ont qui viennent s'intercaler entre les précédents, Nous allons détailler ces diverses phases,
permis d'affiner ces premières analyses el de progresser dans la compréhension des
processus d'évolution des paysages bithyniens.
de la plus ancienne à la plus récente, après avoir évoqué les quelques infonnations que
nous avons pu glaner sur la vallée antérieurement à la mise en place de ces quatre
fonnations.
1
1. ln vallée du Yalakdere

a. VII colllexre favorable à l'occl/parioll humaille. Exception faite de l'Uludag, les


C. Une mise en valeur dès le début du premier millénaire avalll notre ère. Nos seules
connaissances sur la vallée au début du premier millénaire avant notre ère sont indirectes
J
Samanh Daglan, qui séparent le golfe d'Izmit de la dépression d'!znik, fonnent la chaine puisqu'elles proviennent de matériaux sédimentés au sein d'une fonnation alluviale
de montagnes la plus massive de la région. De grand axe est-ouest et large de plus de postérieure, sans doute d'époque hellénistique (cf. ci-dessous),
vingt kilomètres, de structure complexe, elle a été entaillée par de profondes vallées Une coupe, ouverte dans une des gravières en amont du village d'Ayazmaçukur,
d'orientation grossièrement méridienne. nous a pennis d'observer une lentille sableuse incluse dans l'horizon 1 b (fig, 3 Cl de la
La vallée du Yalakdere, le Dcakôn des Anciens, est une des plus vastes de la région, plus ancienne des terrasses ennoyant le fond de la vallée, De nombreux petits charbons
Son bassin-versant couvre une superficie d'environ 260 km2, Le massif, ici très dissy- de bois ont pu en être extraits par flottation 6. Datés par le l'C, ils ont foumi une
métrique, a offert de larges espaces qui ouvrent, au nord, vers le golfe d'Izmit. L'érosion fourchette chronologique comprise entre 909 et 801 avant J,-c, caU (code Ly-6916),
a su profiter de roches relativement peu résistantes (voir ci-dessous), mais aussi de alors que la formation est incontestablement plus récente. Le fait que tous les charbons
de bois prélevés sont de petite taille et arrondis, donc roulés par les eaux, nous incite à
failles internes au massif pour tailler une vallée intramontagnarde qui s'est révélée très
penser qu'il s'agit de matériaux repris en charge, Ils ont pemlis à G. Willcox de faire les
favorable à la mise en valeur agricole, tant en raison du relief que du substrat.
Au sud, la barrière montagneuse s'élève jusqu'aux environs de 750 m, EUe permet
à la région de bénéficier, notamment en été, d'influences pontiques que les hauteurs du 6. Voir ici~même WILLCOX, p. 202.
7. Toutes les datations sont données en années réelles. avec interyalle calibre après correction
nord - eUes culminent à 500 rn-ne peuvent qu'atténuer, Les vents d'ouest, qui ont pu se dendrochronoJogique sur la base de la courbe de calibration 1993; pour d'éventuelles données
complémentaires, on se reportera au Tableau l, p. 158 .


BERNARD OliVER
158
LP}; fORMATIONS ALLUVIALES ET LACUSTRES 159

que s suivantes. Sur les versants. on trouvait une forêt mésoméditerranéenne. où


~~';;~aitle chêne 11 feuilles caduques: el qui était peu. différente de la forêt actuelle. Le
f 'Ile plus intéressant est sans doute 1 eXlstence de clairs indices de cultures, notamment
c~réalières. Ces observations sont à rapprocher de celles effectuées 11 Adliye, où les di.-
rammes polliniques établis par J. Arg"nt' révèlent égalemenl. e n contexte de moyenne
~ontagne et pour ~ne époque qui pO~lr~ait couvrir toute la seconde moitié du 2e ~il1é­
naire, un milieu déjà largement exploite. notamment sous forme de cultures céréahères.

d. L'épisode hellénistique.- l'rc'miùre ph{/se reconnue de sédimelltalion. Nous savons


donc peu de chose sur l'état de 1" vallée "v"nt l'époque hellénistique, si non qu'elle était déjà
partiellement ~ise en ~ultu~~. A utrè ç er~lt~d ~ : une Impo.rtante pha'ic d'entall~e a précédé
la phase de sédunental10n d epoque hellcOIsl1que (formalton Il, creusant peut etre la vallée
plus profondément. qu'cl1: ~lC t' avait é~ê .auparavant. puisque nulle part on ne trouve la
trace d'une fonnaUon antcneure ellf3C lOec.
C'est donc dans un rond t~ brgi et approfondi que sont venus se mettre en place
des sédiments grossiers. g;;lki'i L'I grav iers emballés dans une matrice sablo-Jirnoneuse.
incluant des lentilles sahleus6 " graveleuses (fig. 3, horizons 1 a des profils A, B et Cl.
Ces sédiments grossier.- S~)!I( coiftës d' un horizon constitué de limons sableux incluant
eux-aussi quelques petites knlilb sab leuses (fig. 3. horizons 1 b), qui correspond à la
phase finale de mise en pla"" ,je la lormation. L'ensemble a été repéré, localement, sur une
épaisseur de plus de 4 III Oï g . .1, prolil BI. L' horizon 1 a inclut des fragments de céramique
non caractérisables.
Cependant, des dataI ions au radiocarbone ont pu être effectuées sur des matériaux
organiques. Une lentille sableuse de l' horizon 1 a (fig. 3. profil Al a fourni des débris
végétaux en grande quantité". qui ont été datés de 176 av. J.-c. à 62 ap. J.-c. cal. (Ly-6324l,
1
avec une très forte prohubilité pour les deux derniers siècles avant notre ère. Des
fragments de bois non carbonisés, prélevés dans l'horizon 1 b (fig. 3, profil Bl, ont donné
un intervalle compris elllre 326 et 21 av. J .-c. cal. (Ly-69 15) avec, une fois encore, une
i
très forte probabilité pour les deux derniers siècles avant notre ère, mais avec, dans ce
cas, une date butoir signi ticative - 21 av. J.-C. - pour la phase finale de mise en place de
la formation. Celle-ci peut donc être considérée, pour l'essentiel. comme pré-romaine'·.
1
En effet, même si le caractère uniforme des sédiments grossiers plaide pour un phéno-
mène d'accumulation rapide, sans interruption notable, il faut évidemment plus d'un
demi-siècle pour qu' une telle masse se mette en place; or les débuts de l'administration
romaine dans la région remontent à 74 av. J.-c. L'élément moteur de l'instabilité pourrait
être lié à la période de troubles et de guerres qui a précédé la mainmise de Rome sur
,
la région , mais l'hypothèse d ' une dégradation consécutive à une mise en valeur par
l'exploitation de la forêt et par l'élevage semble plus probable, comme nous le verrons
ci-dessous.
Les seul s éléme nts d'interprétation dont nous di sposons pour comprendre le phéno-
mène qui est à l'origine de l'instabilité sont les débris végétaux et le pollen extraits des
horizons 1 a (lentille sableuse) et 1 b de la fornmtion alluviale (fig. 3, profil A). Le matériau
de la lentille a fourni, après flottation , une quantité importante de débris végétaux. Les
échantillons prélevés se sonl révé lés relativement pauvres en pollen, mais ils penoettent
malgré tout quelques constatations. J. Argant" déduit de ses observations que l'on avait

8. Voir ici-même ARGANT. p. 179- 186.


9. Pour la caractérisation de ces débris, voir ici-même WILLCOX. p. 202.
10. Rappelons qu'une ;,llltre date ;.\ été obtenue. sur des charbons de bois pris dans une lentille
sableuse de l' horizon 1 b (fig. 3. profil Cl: 909 à 80 1 av. J.. c. cal. (Ly·69 16). Sur celle apparen,e
incohérence. voir plus haut.
1t. Voir ici-même ARGANT. p. 196-200.

R
160 DERNARD GEYER
Les FORMATIONS ALLUVIAlES ET LACUSTRes 161
alors affAire à un milieu ouvert, dans A : vallée du Yalekdera
lequel les arbres étaient peu abondants C . vaKée du Yalakdere
près du village d'Ayazmaçukur B ! vallée du Yalakdete gravtères amonl
et o~ les hcrbitcécs dominaient Les gravIères d'Ayazmaçukur
laxons 12 évoqueraient des espnces
défrichés ct/ou pâtures, en tout cns un
environnement il végétation déjà dégra-
dée, La presence de ciste et d' Éricncées
souligne même la probabilité d'incen-
dies, Du pollen i'Su de coprolithes de
chèvre, extraits de ceUe même lentille,
indique lui-aussi un milieu ou ven : la o • 0 o a
presence de l'animal et les témoins de ~ .0 • o·
son alimentation plaident pour des
aires de pâture riches en Composées,
pauvres en arbres, Le pollen recueilli
dans l'horizon 1 b, qui coïncide on l'a
vu avec la phase finale de mise en 2,5YR5IO

,
place de la formation, indique toujours
un paysage ouvert, avec des taxons ",- "' -
(Cypéracées) carnctéristiques de milieux -;~ ... ~ .0 ,

humides, qui correspondent bien à ce :, ~ 0 : '.J:'!; :' .J.: "0

que l' on peut imaginer d' une phase de o ' o , ' 0

fin. de sédimentation, La présence


d'Ericacées témoigne de défrichements
effectués à cette époque, Quant aux
macrorestes végétaux, ils permettent
de préciser l'image d'une vallée vouée
à l'élevage et à l'exploitation de la forêt.
L'hofIzOtI IbIMl d'~ .......... (ct.O.2,"' :
~~I\~~erode.

i
En effet, les indices d'emblavemellt 10YR3I3:oouIMM''''.... lecodt ........

1
LAsdMM"C&OnICIOtIrIMt
disparaissent (absence de céréales et ..,1n*".... ~(~'9!131
des plantes adventices), alors que les ::::J-d'~
indicateurs de l'activité humaine sub-
Fig. 3 _Les rormations alluviales des phases 1 et II dans la vallée du YaJakdere (p. 160 et 161)
sistent. Le ~ait que no,:"bre de bran hages extraits de cette lentille portent des traces de
7
coupe suggere une acttvlté de débOIsement, ou du moins de défrichementl3,

, e, Une période d e stabilité,' les époques ramaille et protobyzantille, L'épisode Cette période d'incision ne peut avoir que deux origines: on peut y voir la consé- J
sédtmentatre décnt CI-dessus s' interrompt au plus tard au tournant de notre ère, sans quence, soit d'une variation du climat, soit d'une phase de stabilisation des. versants. Or, les
doute un peu plus tôt. La formation (1) subit alors une érosion par concentration du diagrammes palynologiques 15 ne suggèrent aucune évoluuon des condmons climanques
rUIssellement, sous deux formes: a) elle est entaillée par le cours d'eau, ce que révèle le (ce qui n'exclut pas la possibilité de faibles variations). La seconde hypothèse nous semble,
profil observé ~ans, la gravière amont d'Ayazmaçukur, où une seconde formation (II), de de ce fait, la plus probable ; elle implique des changements dans les modes de rruse en
valeur et d'exploitation du sol dans le bassin-versant lui:même. Nous revlenru:ons plus
plus de 6, m d épaisseur et contenant de la céramique d'époque romaine l4 , est venue
loin sur cet épisode de ravinement qu'il nouS est diffiCile de mieux caracténser pour
occuper 1 espace. aupara~ant dévolu à la première (fig. 4) ; b) elle est également érodée
l'instant car, par nature, il n'a laissé que peu de traces d'ordre géomorpho~oglque.
en surface, ce qUI apparatt nettement lorsque l'on compare les trois profils de la fig. 3 ; ils En l'absence de fossiles directeurs, cette période de stabilité ne peut etre datée que
montrent des surfaces de ravinement, inégales, témoins d'une attaque par ruissellement relativement aux phases d'instabilité qui l'encadrent chronologiquement. On peut toutefOIS
concentré, qUI ont ensulte été fossilisées lors de l'épisode de sédimentation ultérieur affirmer qu' elle correspond à l'époque romaine, puisque noUS avons vu qu'elle dé?ute
(formation II). aux alentours du tournant de notre ère. L'histoire de la région nous amène à penser qu elle
a dO se poursuivre durant l'époque protobyzantine l6 .

12. Le~ ~~ani~mes vivants sont classés en unités taxonomiques (ou taxons). 15. Voir ici~même ARGANT. p. 175-200.
13. VOIr ICI-meme WILLCOX, p. 202. 16. Voir ici-même GEYER Cl LEFORT. p. 540.
14. Les datations d'après la céramique ont été établies par V. François.
l
162 BERNARD OaVER
LES FORMATIONS ALLUVIALES ET LACUSTRES 163
am
, ns encore, 11 ce stade de notre analyse, que peu d'.éléments pour dater
Nous, n avo ase de sédimentation: seule la présence de céramique romame penn~t
b ceue deUXième ph ès ceue période. La phase de stabilité des versants évoquée CI-
. r pendant ou apr . b .
de ta situe l'é romaine et sans doute l'époque proto yzantme. nous sommes
desSUS couvrant Péoque de d' instabilité au début de l'époque byzantine (âges obscurs,
tentés de placer cet plSO
Vile_Ville siècles).
secolide phase de stabilité: l'époque médiobyzana?e ? L:entaille de celle
. . . . -"_~-'---'--'-: p: .: : lo:: ~ ~. rmation témoigne d'une nouvelle phase de stabIlité, qUI est moms bIen
La
O:~·~'·~, "'":4'~
o
deUXième fo ar les données géomorphologiques que la précéd~nte. Elle est en tout cas

Il :0 :
o : 0:

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.
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.0 ;0 :0 : :.,0:

:0
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: : 0:
: 0: caracténsée P
d,·lmportance
partout 1
. s comparable à celle-ci pUIsque la vallée s est trouvée alors presque
au mom ' . ., 1 é 1
débarrassée des sédiments qui l'ennoyalent, Jusqu à retrouver at ra ement es
mière formation ces dernIers ayant été le plus souvent eux-mêmes
1

dépôts ~e a pre cours d'eau. Pla~e était ainsi faite à une troisième formation qui nous
réauaqu s par. edessous) de situer la fin de celle deuxième période de stabilisation des
permet (vOIr CI-
versants vers le XIIIe siècle.

1 La troisième /ormatioli alluviale: laftn de l 'époque byzantine. Dans tous les cas
Ù no~s avons pu l'observer, celle formation (III), emboîtée dans les précédentes (fig: 5),
os'enraclO
. e dans le fond de vallée
, (fig.6 et , 7) .De momdre
, ampleur,
. etdsouvent
d rédUIte à.
h'
une portion congrue, elle n' en présente pas moms la meme sUcc:sslOn e ~ux onzons.

1
un horizon inférieur grossier (Ill a), constitué de galets et gravIers. à malnce sableuse à
sablo-limoneuse incluant des passées sableuses, et un hOnlon supéneur hmoneux (III b).

i
~!PIe' ~ vavie>r 0 &.jIbie CI matriec~ilb-~s.e x ; 6<:hanWOns

1
Dm
[J]] ~ ~~§ .'V"' /ZZj ~=~~;o
Fig. 4 - La fonnation alluviale Il dans la vallée du Yalakdere. en amont d'Ayazmaçukur
b 1

fLa secollde Jonna/ioll alluviale: les âges obscurs ? La deuxième phase de sédimen- III
tation qui vient ennoyer la vallée du Yalakdere se distingue de la première dans la mesure
où eUe provoque la fossilisation d'un fond de vallée très incomplètement débarrassé de Î
la formation précédente. La conséquence en est que, dans la plupart des coupes observées,
les nouveaux dépôts viennent se superposer aux précédents (formation II sur formation
J, cf. fig. 5 et fig. 3, profils A à C). Seule une coupe (fig. 4) présente ceUe formation
enracinée dans le fond de la vallée. Dans tous les cas, sa surface culmine à environ 7,5 m
au-dessus du lit mineur l? Comme précédemment, les dépôts sont majoritairement
grossiers, composés de galets et de graviers pris dans une matrice sableuse, incluant des
passées et des lentilles de matériaux plus fms, sableux à graveleux (horizon II a) et sur-
montés de limons de débordement (horizon II b) qui marquent la phase finale de la mise
en place. De nombreux fragments de céramique ont été retrouvés dans l'horizon II a : les
rares tessons caractéristiques datent de l'époque romainel8.
~lIImlneur~

17. Les valeurs d'altitude relative au-dessus du lit mineur sont uniquement indicatives; en
~_ Iill- 0 -
femtllaIOU' .....
III!].... ~ ::::..
f""7Jl1r~d·œydHdelw W~ [i!Jc:oquoIo
§ :::.
~de_t
effet celui-ci a été surereusé du fait de l'exploitation des gravières. . IZZl ~ ~etdelNf9&l'6M
18. Un tronc de chêne (détermination G. Willcox) conservé à la base de ce même ho~on ~ .
Fig. 5 - La fannatio" alluviale m. emboîtée dans les onnaltons
1 et Il près d' AY'lZInaçukur
. '
(fig. 4) a fourni une date comprise entre 385 et 196 av. J.-C. cal. (Ly-6913), qui ne peut s'expliquer
que par une repnse en charge, sans doute à panir de la formation 1.
lM BB~NARO OliYER

Om LBS FORMATIONS ALLUVIALES ET l.ACUSTRES 165

am

. /, b ] Ly-691T
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Fig. 8 - La formation alluviale IV en amont du défilé de Çoban Kate
~4~·
~~ 0
~.Io,.
10
4Q 0;4 9
De la céramique du x' siècle a été retrouvée en place dans l'horizon III a d'une
coupe située près du village d'Ayazma (fig. 6)'9. De la céramique postérieure au xm' siècle
a été ramassée au pied d'une coupe ouverte dans la même fonnation III, près du village
de Tajagll, dans le défilé du Yalakdere. Dans la même coupe (fig. 7), l'horizon III b a
fourni de petits charbons de bois non roulés qui ont pu être datés de 1026 à 1385 ap. J.-c'

5.5 lit mineur


cal. (Ly-5366). La mise en place de cette fonnation semble donc remonter au xnl' ou plutôt
au XlV' siècle. I.: épisode semble toutefois être de moindre importance que les précédents,
sans que l'on puisse savoir si ce fait est dû à une durée plus courte ou à une moindre 1
Fig. 6 - La fonuation alluviale 1IJ près d'Ayazma disponibilité des matériaux dans le bassin-versant.

i. La troisième phase de stabilité: les premiers siècles ottomans. La formation des


XIII'-XIV' siècles a été elle aussi entaillée lors d'une phase de stabilité des versants. Une
i
fois de plus, le dégagement du fond de la vaUée a été important. 1\ n'a laissé subsister
que peu des matériaux qui venaient d'y être déposés.

Om
L'intérêt de cet épisode est qu'il est bien situé dans le temps. 1\ s'est produit après
les Xlii' - XIV' siècles, puisque la fonnation affectée est datable de cette époque, et avant
1
/,
b
les dates uc sont données
en intervaDes calibrés (courbe 1993)

] zone d'échanliJJonna1J8
la mise en place de la fonnation suivante, qui doit être placée dans une fourchene chro-
nologique qui débuterait dès le XVI' siècle (voir ci-dessous).

j. La quatrième et demière formatioll alluviale: l'époque moderne. Embaltée dans


les précédentes, cette quatrième formation est d'ampleur restreinte. du moins dans 1•
i
• /,1& Ly-5366
vallée du Yalakdere. Nous l'avons observée près de Çoban Kale. Peu développée (elle
] "C: 1026 à 1385 ap. J.-C. culmine entre 3 et 3,5 m au-dessus du lit mineur actuel), mal dégagée par une dernière
phase de dissection, eUe est également plus difficile à caractériser. Elle se présente
III a cependant, comme les autres, sous fonne d'un binôme: membre grossier (IV a) avec
galets et graviers incluant des lentilles sableuses à la base, membre fin limoneux (IV b)
au sommet (fig. 8). La date, obtenue sur des fragments de charbon de bois recueillis dans
l'horizon IV b, donc en phase tenninale de dépôt, est «moderne» (Ly-6917). c'est-à-dire
postérieure au XVII' siècle. On ne peut pas préciser davantage.
lit mineur C1est un autre bassin-versant, celui du Kara Dere, qui nous a permis de mieux
caractériser cette dernière phase de dépôt; elle a elle-même été affectée par une ultime
~
incision qui correspond à l'état actuel de la dynamique des cours d'eau de la région.
Fig. 7 - La fonnation alluviale m près de Ta~agll
19. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 295 .


166 BERNARD OEVER
LES FORMAnONS ALLUVIALES ET LACUSTRES 167
2. La vaille dll Kara De,..
FormallonA
Formation B
a. Un bass;1I·verSaIll11l0fltaglleu.\', Comme Om FonnatlOnA'
le Yalakdere. le Kara Dere prend sa source dans
om
les Samanh Dnglan. Son bassin-versanl, environ
240 km2, esl de laille comparable à celui du
Yalakdere. Il eSI cependanl silué sur la façade
méridionale du massif el ouvre sur la dépression Om
d'Iznik ; le cours d'eau se jelle dans le lac. À la
difl"érence du précédenl, il esl taillé dans des Ly-6030
'OC : mTIod.mfll>
roches relalivemenl résisl.nles (conglomérais,
calcaires criSlallins. basa Iles. elc.) el présenle un
caraclère mOlllagneux plus marqué. Si les lignes
Ly-6031
de crele qui le délimilenl ne dépasse nI guère 'OC: umodeme,)
700 III à l'ouesl. elles alleignenl rapidemenl
1000 m au nord el les dépassenl à l'eSl où elles Ly·nu
'OC: '''56.1649 ap. J.-C.
culminenl à 1300 m. Les espaces plans sont peu

,
développés, limités à quelques hautes surfaces et
à de rares fonds de vallées intramonlagnardes. à 200 mètres en aval du pont
L'occupation humaine eSl moins dense que dans Ly-6115
le Yalakdere, el elle eSI regroupée plus souvenl 'OC ; 1480 III 1954 ap. J.-C.

dans des hameaux que dans des villages. C'est


surtoul sur les basses pentes et en lisière du vaSle
les da* ''C sont donn6e$
cône-della (cf. ici même dans mon a"icle eft inMfwIIeI caibr6S (COIIrbe 1993)
face aval du pont
«Données géographiques», fig. 5, p. 33) que le à 400 mètres en ava! du pont

i
sous rarche centrale ::J zont d'6d'lantillOnage
cours d'eau a construit à son débouché sur la
plaine que l'habilal s'esl concentré. Occupé dès Fig. 9 _ Les formalions alluviales du Kara Dcre (p. 166 et 167)
le Néolithique (FRENCH, 1967), ce cône eSl encore aujourd'hui densément mis en valeur.
Vergers et jardins y profitenl d' une iITigation aisée et en couvrent toute la surface, faible pente de celte section aval du cours d'eau, déjà proche de l'embouchure. La
tandis que les pentes environnantes sont davantage vouées à la céréaliculture ou à la
monocullure de l'olivier.

b. LesfomlO/iolls allllviales dll pO/il médiéval du Kara Dere. Le contexte particulier


formation A', relevée 200 m en aval de la formation A, souligne mieux encore celte
diminution de la compétence et l'étalement des écoulements: plUSIeurs honzon~ de
limons viennent en effel s'intercaler dans les sédiments grossiers. Le membre supéneur,
limoneux à limona-sableux, caraclérise la phase finale de rmse ~n place ..
t
du Kara Dere, cours d'eau au profil plus accentué que celui du Yalakdere, enserré dans Malheureusement ces profils n'ont fourni qu'une céramIque atypIque, altestanl
une vallée étroite, n'a guère permis la conservation de terrasses alluviales multiples.
Seules les plus larges des entailles qui marquent le cône de déjection ont préservé des
certes le caractère «his;orique» de la fonnation A, mais ne permeltant pas de rappn;x:he-
ment précis avec l'une ou l'aulre des telTasses du Yalakdere. Seule certItude: pUIsque
Î
lambeaux de formations hiSloriques. Certes, discontinues et plus isolées, elles ne présentent l'on trouve sur le Kara Dere une formation pOSlérieure à la formatIon A (cf. c,-dessous),
pas le même intérêt que celles observées dans les gravières d'Ayazmaçukur, mais elles celle-ci ne peut pas correspondre à la formation IV du Yalakdere - la dern,ère -, maIS
permellent de préciser certains points qui concernent notamment le temps de mise en sans doute à l'une des trois formations antérieures.
place de ces formations. Nous les avons désignées par les lettres A et B, désignations
différentes de celles que nous avons utilisées dans le cas du Yalakdere (1 à IV) ; en effet, d. La forma/ioll 8. Les dépôls de la formation B ont été ob~~rvés à .l'aval iInmédiat
seul un rapprochement entre les formations IV et B peut être proposé, en raison de la de l'arche centrale du pont médiéval du Kara Dere (fig. 10), qu ,Is fosSlhsenl en ~art,e.
mauvaise conservation de la formation A. Du fait des turbulences liées à la présence des piles du pont,la stratigraphie présent e~:
le profil (fig. 9, formation B) ne ressemble guère à celles. déjà décntes : e!le est bea~cd' ~
plus complexe et variée mais ne présenle cependant III surface de ravmemenl. III IS
c. La fonna/iol! A. Emboîtés de moins d'un mètre dans le cône de déjection, les
continuité pouvant altest~r d'un arrêt prolongé de la sédimentation, aUlre que sa~onlll~i
dépôts alluviaux de la formation A présentent des caractères comparables à ceux du
Yalakdere. Comme eux, ils sont constitués de deux membres superposés (fig. 9, fonna- La formation nous intéresse surtout p~e qu'elle ~ fOl~i en q~au;'lio~~t~u~~~~
é
des charbons de bois (fig. 9) qui ont pu etre datés. es. eux C an 'es» c 'esl-à-dire
tian A) : le membre inférieur est grossier, composé de galets et de graviers emballés dans
une matrice sableuse, et il comporte quelques lentilles limoneuses. La granulométrie de (Ly-6030 à ± 0,4 III de profondeur et Ly-603 1 à,,: 0.95 m) s~n: "~::~~e p:.ofondeur. a
postérieurs au XVII' siècle. Le trOISIème échanl1l1on, pm .
ces lentilles, moins grossière que dans les cas décrits précédemment, s'explique par la

~tt_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _" """,


,- IŒRNAND <1EYliR
LES FORMATIONS ALLUVIALES E'r I.ACUSTRF~'i 16'1

En conclusion. les terrasses d,es vallées ?u Yalakdcre et du Kar~ Dere r:ermettcnt ,de
n évidence, de façon certame, au mOins quatre phases de sédimentation. séparces
meure e des autres par autant de phases d'entaille des fonds de vallées. Rappelons que b
les u,ne:ements fournis par la palynologie ne permettent pas de considérer ces phénomènes
ense~e des conséquences de fluctuations climatiques qui auraient modifié la compétence
~omcours d'cau. Il faut y voir plutôt la conséquence d'événements qui sc seraient produits
d:~S les bassins-v7~sants eux-mêmes ?~, notamment, ,de l'alternance ,de périodes de
stabilité et d'instabthté des versants, qu Il nous faut mamtenant caracténser.

Des événements brutaux. Les phases érosives attestées par les formations alluviales
semblent avoir éré violentes. En effet, les matériaux qui les constituent sont très généra-
lement grossiers. pris dans des matrices sableuses. lis proviennent non pa.;; seulement
de l'érosion des sols sur les versants mai.... aussi et surtout d'une attaque vigoureuse du sub-
strat. La transition entre les phases 1 h ct Il a (fig. 3, profils A à C. p. 160-161)
montre bien la brutalité du phénomène de reprise d'érosion, qui se traduit par des dépôts
grossiers venant fossiliser la surface de ravinement qui couronne la formation L Le
déséquilibre qui affecte les zones de départ des sédiments a donc été brutal, ce qui n' est
pas compatible avec ce que nous '),-\\,ons des conséquences des fluctuations climatiques
dans les régions à climat rclati \'em~nl tempéré. Certes les mouvements de masse sont
fréquents dans la région, mai~ ils al"ft:ctent des versants riches en argile et ils ne peuvent
pas expliquer à eux-seuls ni la granulométrie grossière. ni le volume important des
dépôts. Seules les phases tinales (membres supérieurs des formations), à l'approche d'un
équilibre retrouvé des versants. se traduisent par des dépôts plus fins.
Nous nous trouvons donc face à des situations dans lesquelles la réponse du milieu
naturel à la transfom13tion ou ~I l'évolution d'une de ses composantes (l'activité humaine
en faisant partie) a été rapide. ce qui suggère une morphogenèse se produisant sur des
milieux à très fort potentiel d'instabilité. Or ceUe dernière particularité, honnis quelques
cas très spécifiques et localisés, ne se retrouve. dans les bassins-versants considérés.
qu'aux marges des terroirs traditionnellement mis en valeur. là où la raideur des pentes.
ou encore les contraintes édaphiques, fragilisaient le milieu.

Des événements qui se SOllt répétés. Phases de stabilité et d'instabilité se sont


succédé rapidement, puisque l'on ne dénombre pas moins de huit épisodes différents en
un peu plus de deux millénaires, soi! guère plus de 250 ans en moyenne par épisode. Or
Fig. 10 - Les formations alluviales
chacun d'eux implique un changement de dynamique du cours d'eau générateur. ce qui
sous Je pont du Kara Dere
tend à confirmer le caractère soudain des phénomènes morphogénétiques incriminés.
Encore faut-il préciser que les phases d'instabilité semblent avoir été plus courtes
donné u?e dale comprise entre 1456 et 1649 après J.-c. cal. (Ly-5142), avec une forte que les phases de stabilité. L'absence de marque d'interruption dans la sédimentation
probabIlité pour le XVI' siècle et la première moitié du XVIl'. Le dernier échantillon, plaide pour des événements uniques et, une fois encore, de courte durée.
prélevé à ± 1,95 m de profondeur,. a fourni un intervalle de 1480 à 1954 ap. J.-C. cal. CeUe succession très rapide de phénomènes, considérés habituellement comme se
(ly-6115) avec une forte probablhté pour le XVII' siècle. L'ensemble révèle donc une produisant sur de plus longues durées du fait des effets tampons du milieu naturel, doit
,:.e en pl~ rapide, de r ordre d'un siècle ou deux, sans interruption remarquable de la être la marque de l'intervention humaine, laquelle entraîne, généralement. une sensibilité
s Irr;.~::on. la formatIOn B devrait être contemporaine de la phase IV du Yalakdere. accrue des milieux aux changements. Si tel est le cas, des parallèles chronologiques
. yse des m~crorestes végétaux20 (charbons de bois) prélevés dans les quatre devraient pouvoir être établis avec des périodes de plus grande activité économique, ou
honrons datés nous mdiquent 1 r au contraire de récession. C' est ce que nous avons cherché à établir grâce aux témoins
probablement sur les que, sur es _Ieux de leur provenance, en amont, très
te des fluctuations de niveau du lac d'Iznik.
terranéenne semblabl peànl : d:, Samanh Daglan, se développait une forêt mésomédi-
e a ,oret actuelle.

20. Voir ici-même WIUCOX 203 D .


du profil. Us se sont révélés trop' p. . es prélèvemenls ont été effectués en différents pomts
l'environnement au moment du déPa~tvrdes e" ~lIen pour pennettre une quelconque restituûon de
po es séd lments.
IIERNARD OEYER
170
lE.~ H>HMATIONS AI.I.IJV'Atfl.S ...::-r "ACUSTRf.s 171

\
\

Fig. Il - Dalles de beachrod: sur la rive sud du lac d')znik . à Aydllliar


Fig. 12 - Co ncr~tiolJ "" l"arh , )Jlah: l..'~ sur la ri ve sud ou lac d'Iznik. près de Sanbya

Il. LES fORMATIONS LACUSTRES

J. Le lac d'!:Jlik • De fines pellicules ou de petits bourrelets carbonatés. générés par des micro-
organismes (cyanobactéries) qu i sc développent à proximité immédiate du niveau lacustre.
Les rives du lac d'Iznik onl conservé de nombreux lémoins ct" variations imponanles tapissent les parois rodH:uses ou les murs lorsqu 'ils sont baignés par les eaux du lac. Ces
de niveau à l'époque historique. sous fonne de dalles de «beachrock»21 (fig. Il) et de concrétions témoignent de périodes de hautes eaux et notamment. sur le môle lacustre
concrétions carbona.tées (fig. 12), ~ont cert~ines ont pu être datées. Il est rapidement sud de la ville, d' une élévation du niveau jusqu'à une altitude absolue de 87.5 m. soit
apparu que des relatIOns pouvarent etre établres entre ces oscillations du lac et l'histoire 3,5 m plus haut que le niveau de référence choisi 2J (fig. 13). Elles ont pennis de mettre
de l'occupation du sol, la l'ille de Nicée elle-même ayant eu à subir les aléas de ces en évidence quatre phases de hautes eaux bien individualisées.
changements de niveau:!2.
• Les dalles de beachrock, fonnées par la cimentation de sédiments de plage. et
a. 8eacllrocks et cOllcrétiolls carbollatées. Deux types de ci mentations carbonatées inclinées vers le lac, se recouvrent partiellement l'une l'autre, de la plus basse. qui est
ont pu être observées sur les rives du lac. Elles nous renseignent sur les fluctuations aussi la plus ancienne, à la plus récente, qui est surincombante (fig. 14). Chacune de ces
récentes du niveau de ce dernier. dalles correspond à un cycle complexe de sédimentation, cimentation, dégagement et
façonnement, qui suppose une alternance de submersion et d'émersion. Aux lieux-dits
Aydmlar et Çaylrhk (cf. ici même dans mon article «Données géographiques». fig. 5.
p. 33), cinq dalles superposées, échelonnées entre + 2 m et - 0,8 m, ont pu être observées.
21. «Le lNacl!-rock, 9ui pré~en.le Je plus souvenl une disposition en dalles inclinées vers la Si l'on rapproche ces observations de celles réalisées lors d'un carottage effectué
n~~r. est une'Éformauon ~éd:lmenlaJre Indurée sous l'effet d'une cimentation carbonatée réalisée au
n"eau de 1 tage. médl0hlloraL» (DALONGEVILLE et SANLAVlllE, 1984). Bien que le terme de sur les rives du lac à l'embouchure du Gôksu24, qui indiquent une phase de basses eaux
beach.~Jt. ",e ~sl~ne. ~s.la lutérature spécialisée. que des cimentations littorales marines d'un (sinon d'émersion) à près de 1,5 01 de profondeur, le lac aurait connu des variations de
~ypt .partlcu~ler (\'OLf défiRilton ci-dessus), il peut être employé sans équivoque pour caract~riser niveau dans une fourchette de 4,5 01 à 5 m. Beachrocks, concrétions carbonatées et carotte
es c!mraphien~lJons rencontrées sur les rives du lac d'Iznik, tant les morphologies et les organisations du Gtiksu nous révèlent ainsi au moins cinq cycles (montée et descente) qui ont allecl';
sttallg ques sont proches.
le lac au cours des deux derniers millénaires (GEYER et al.. 200 1).
cadre 2;" La ~~he. ponant sur les Ii~toraux lacustres de la Bithynie a été effectuée dans le
une ~ a ratl~n entre la «MI~lon de prospection géo-archéologique en Bithynie» et le
~~~:u~~j~gesJlltorau'v'\~ Méditerranée» dirigé par R. Dalongeville. Les résultats ont élé
Il"" R. Dalongevill:"B ~m (;:"1996. Ils y 001 fait l'objet d'une communication, présentée
Age» Pour lus d . . '.' yer et. fort, ponant sur «Les niveau" du lac de Nicée au Moyen 23. Nous avons adopté comme ni veau de référence 0 du I:'IL' œluÎ observé en aoùt Il.)l)4 :'l
caIio~ corre!poodan e Pt*(Olslons concernant les cimentations carbonatées on se reportera à la publi- 84 m.
e EYER et al., 2001). ' 24. Voir ici-même ARGANT. p. 186-191.
BERNARD GEYER
172 lES FORMATIONS ALLUVIALES ET LACUSTRES t73
b DesfluctllatiOllS I,,'storiqlle.r. Il est difficile de préciser la chronologie de Ces é
nelllel~ts. Toutefois. plusieurs dates 'ole ont pu être obtenues. ,sur .des encroOtementsVé. aftitUdarel8!ive
des pellicules carbonatées qui nappent les môles lacu~tres d IZDlk, Sur des sédime et en mètres

prélevés dans la caroue du Gtiksu et sur un os extr~lt d une dalle de beachrock. nts nord
Malgré les difficultés rencontrées dans la dataUon des carbonates, quatre maximu
de haut niveau des eaux ont pu être situés dans les fourchett~s SUivantes, après corretns ... 3,00
tians>": entre 750 el 940. 1370 et 1580, 1490 et 1670,. posténe~r au XV II' siècle'.. c-
Les bas niveaux sont a(lestés dans la.caroue du Goksu mms ~USSI et surtOUt Par des
vestiges archéologiques situés sur les flves du. lac (cf. ICI me.me dans mon anicle
. Données géographiques», fig. 5, p. 163) en pOSltlO~ de submemon lors des phases de -+ 1.90
hautes eaux évoquées ci-dessus. En rive sud, une vOIe rommne restaurée sous Néro 21
un site de milliaires des IW-I'" siècles au lieu-dit Anbala28, et. une implantation d'ép nu,;
protobyzantine d'après la céramique, au heu-dit Çaylrhk, étalent léchés, en 1994, p:\
vagues du lac pourtant très bas. Un m~des.te SIle pro.che de, Çalorca, Yenikoy, sur la ri~
.1.00
+0,70
nord du lac, a fourni , à environ 1,3 m d altitude relallve, melée à des sédiments de pla e
de la céramique d'époque romaine, du XJJl' s!èCI~, de la fi~ du xv' ou du début du X~I':
Enfin, un site proche de Keramel, à 2-3. m d alt.wde. relat.ve, a foum. de la céramique O."
du XUJ' siècle29• Quant à la caroue du Goksu, elle mdlque deux bas Dlveaux : l'un d'eux 1"'· 1994)

Fig. 14 - Les dalles de beacbreck du lac d'Iznik à Aydmlar.


Légende.O: dalle inférieure (à la fois stratigraphiquement et altitudinalement), la plus ancienne.
A: élévation ouest B : élévation est 1 : dalle de 2' génération. 2 : dalle de 3' génération, la plus épaisse (elle est constituée de deux
épaisseurs de sédiments qui doi ve n i correspondre à deux générations d'apports latéraux. sans
'.00
changement de niveau du lac). 3 : dalle de 4c génération. ponant des traces d'une mise au jour
antérieure. 4 : dalle de se générat ion, la plus en retrait. la plus haute et la plus récente. 5 : dépôt
actuel, fait de sables dans la pat,it! haute el de galets plus bas, piégés par une topographie précé.
demment acquise. 6 : sédime nt ~ actuels fins, souvent argileux.

<.00
serait de très peu antérieur à 600 ap. J.-c. 30, l'autre devant être, d'après le contexte,
3." antérieur aU xv' siècle31 • Une autre carotte, réalisée un peu au sud du môle sud d'Iznik,
2.92 2.90 permet de dater un bas ni veau sans doute des XI'-XII' siècles32 .
Au moins quatre bas niveaux du lac peuvent donc être datés approximativement:
2.00 le premier qui soit allesté aurait duré du 10< au V'-V(O siècle ; le second est attesté dès le
lt6tl99tj
XI'-XU' s., en tout cas au XIII' ; le troisième daterait de la fin du xv' s. ou du début du XV I' ;
le quatrième correspond au bas niveau actuel du lac, établi depuis les années 1950. Les
hauts niveaux évoqués précédemment sont à placer, évidemment, dans les intervalles.

c. Desfluctuations liées à l'activité humaine. Le moteur des fluctuations du niveau


du lac n'est pas unique. Les hautes eaux peuvent s'expliquer aisément : du fait de la
constitution de cordons littoraux qui enserrent le lac, la tendance naturelle est à l'ex-
haussement; les hautes eaux se produisent aux époques durant lesquelles le lac est lais-
sé à lui-même. Les basses eaux quant à elles peuvent être dues à des ruptures du cordon
Fig. 13 - Concrétions carbonatées sur le môle lacustre sud d'Iznik littoral qui bane le lac à l'ouest, mais nous n' en avons observé qu'un seul cas, qui est
d'ampleur limitée. L'hypothèse de fluctuations liées à des variations climatiques est éga-
Iement à évoquer: elle semble cependant peu probable, inadéquate en tout cas pour
. 25. Une première correc!ion des dates ''C a été effectuée, en fonction du rapport isotopique II{; expliquer le grand nombre des fluctuations, les analyses polliniques ne soulignant aucune
(différent pour chaque échantillon), pour tenir compte du fractionnement isotopique des carl",",les évolution du couvert végétal qui pourrait être liée à des oscillations climatiques. Le plus
coDtmenta~. Une second~ COnecbon, correspondant à Un «rajeunissement» des dates de trois siècles. probable est que les basses eaux aient été dues, comme présentement, à une intervention
a ~ appliqu~ ~y~térnat1quement pour tenir compte d'un <.<effet réservoir» des eaux du lac qui
pro'oque ~ vleilhssement factice constant (GEYER el al., 2001, p. 85 et n. 17).
~~. ~o~ CHIeSSUS Tableau l, respectivement Ly-6460, Ly-6866, Ly-6462, Ly-6867. 30. De 544 11600 ap. J.-c. cat. Voir Tableau t - p. 158. Lyon-6210XA.
. OIT ICI-même LEFORT, p. 465-466 et note 28 3 t. Dale anlérieure à 1428- 1623 ap. J.-c. cal. Voir Tableau 1, Lyon-71 /0XA.
28. FRENCH, 1988 ; $AHIN 1979-1987 .
29. VOIT ici-même FRANÇOIS, p. 294, 301 et pl. 3. 32. De 894 à 1218 après J.-C. cal. Voir Tabl<au 1. Ly-6108.
- 174
.
BERNARD GEYER

cordon littoI1lI ouest. À côté de l'exutoire moderne cons .


humaine volonlau'C sur le d bas niveau actuel. se trouvent en effet des bl truu
dans les ann ées 1950 et cause u .' é .
è être que les vesuges d un am nagement anuque de Ce me
oc. de
marbre qui ne peuven\~ ~Ievés sur un de ces blocs - qui a donc séjourné dans l'ea~
exutOIre. Des carbona ctfon (cf. ci-dessus, note 25),. une date remontant à l'époq
ont fouml, après co!""1 d otre ère»)) . cette dataUon est en accord aVec cell Ile
. (
roma~ne 1" ~
UII'Slèce en ' . 'J edu
( f ci-dessus). Pour les époques s,",vantes, 1 est tentant d'attribu
DONNÉES PALYNOLOGIQUES
premier bas mveau c . à d ériodes d'abandon de 1 exutOire, et les bas niveaux à der
les hauts niveaux du I~Cétat e~:l'aménagement, de curage et d'entretien de l'eXUtoi es
pénodes de remise e d .ère hypothèse se révèle, à terme, la plus probable. le.
Nous verrons que celte par Jacqueline ARGANT'
eITlI
\
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1: 500 000, Ankara: M.T.A.
* Membre associé à l'UMR 5647 - GREMMO. Université Lumière-~yoTl 1 - .CN.RS.
1. Rappelons que les l.U1l1lyses palynologiques permettent de d~lermlllcr ks lanullcs cl ks
genres. rarement les espèces.
33. Yoir Tableau l, Ly.6865.
JACQUELINB ARGANT
176 OONNées PALYNOUXHQUFS 177

_ e type ont pu établir les faits suivants: les installations néolithigues proches (en
du ~e~er Ih~onar) ont à peine marqué le paysage ; il faut attendre rAge du Fer pour
par11~~er une déforestation , qui est liée à l'action anthropique. Aucune donnée n'est
~ons ie pour les périodes plus récentes.
oumLors de nOS missions, nous avons entrepris de tester systématiquement le contenu
pollinique de sédiments holocènes, lorsque des vestiges archéologiques ou des charbons
d bois permettaient des datations.
e Les alluvions déposées par les cours d'eau se sont révélées le plus souvent stéri les
u trop pauvres en pollen pour permettre une interprétation. Seuls les prélèvement...
~alisés dans la vallée du Yalakdere ont fourni des résultats utilisables.
Les milieux humides, a priori plus favorables à la conservation du pollen, ont don né \
des résultats positifs dans plusieuf5 secteurs:
Fig. 2 - Répartition type des groupements végétaux dans la région d'Iznik _ dans la vallée intramontagnarde d'Adliye (aIl. 700 m), vouée surtout à l'élevage,
plusieurs carottages nou s on t permis de construire deux diagrammes comportant deux
1- Maquis: ArbwlIs Imedo, A. ondrachne. :~s~acia Icr:billlhllS, 9"~rcIiS infeeloria. Q. coc- datations au I ole.
cif~ro, Craraec"s sp.• Rosa sp.• CO/lltea cf.. c"'C'C~1 . PI"lIy~ea loti/olra. Cercis siUquaslrum _ à l'embouchure du Goksu. sur la rive nord-est du lac d ' Iznik (84 m), au centre
Comus cf alls/ralis. PaHunis oeli/eailiS (ou spma-c1mslt). Lon/cera efruscn, JunipenlS Oxyced . d'une riche zone de vergers. d'oliveraies et de cultures maraîchères, 3 m de sédiments ont
Jasminlls frue/ieatls. Spartium jU1lCCUIIJ, Cisf1l~ crelieus, RUSCIIS oeu/eatus, Asparagus sp., RU~i~ été carottés (un diagramme, deux dates "C).
peregrinllln, B1)'Onica SP, TrifoliuJJI sp., Hypen,clIl1I sp., AS1~racea~ ,(dont Tanaeelum e l Cichoritlln - près des re mparts d ' Izoik . une carotte de 1,7 m a été prélevée dans une zone
intybus en lisière), Sedum, VerbasculIl: ~spiel/llim on~p'erts. Papl/rolloceae. Labiatae. De plus, à marécageuse (un diagramme. une date I~C).
Derbent : Q. cerris. Comus mas, Rohmm pseudacacta.
Des analyses ont égakrn("lll ét~ réa lisées s ur le beachrock du lac d ' Iznik et sur les
2 • Cultures. a : céréales; b: verger, vigne, cultures maraîchères. Plus arbres isolés == Quercus concrétions carbonatées du rC'!ll [lart de la ville et du môle sud2.
cerris, Popu/us nigra. Les résultats obtenus porh:: nt pour l'essentiel sur les deux derniers millénaires, mais
3 - Terrains vagues. cultures abandonnées. bord des routes ou des champs : As/erac les diagrammes établis à Ad li ye re nde nt également compte d 'époques plus anciennes et
(Cichodum ill/yb/l~ abondante, C~rdIlIlS... ), Chellopo~iac~Ge, AfliGceae (Eryngiul1I Sp~~): penneltent ainsi d 'élargir il près de trois mill énai res notre vision de l'évolution de la
Amaranllis sp., Erlgeron conodensls, VerbascIIJJl sp, Smapls !!jJ.. Raphanus sp.. Rumex s végétation dans ceUe vallée. Enfin. une répartition-type des groupements végétaux actuels.
P/antago major; Labioleae (type Slachys), COIII'O/VII/US sp., Morelia sp., Ecbalimn elmeril p., obtenue à partir de rele vés ont.niques (fig. 2), et un transect pollinique de la vallée d' Adliye
Pa/illnls aCliJeallls. Popu/us m'gra. SaUx alba. /ltI, (fig. 4) ont été effectués po ur aider à l'interprétation des diagrammes. Les s ites étudiés se
4 - Fossés: Phragmites sp.. Epiiobiu11I sp.. Rumex sp., Typha domingensis, SaUx sp. trouvent pour la plupart dan s un rayon de 60 km à l'est ou au nord-est d ' Iznik (cf. fig. 1).
entre 0 et 700 III d·altitude .
.5 - .~it des cours d'.eau temp~rai:es : Plal~l1ltS ori~1I1alis. Jugions regia. Pis/aeia lerebintlms,
Cel'Cts slhqll~stnlln, P/~IIl)'rea /alif~lta,. Tama.rtx s~., A~/allllls sp., Pa/iuras aeu/ealus, V/mus sp..
Ru~us sp.• Cwus sp., Dl~sac"s cf Slll'Ol1ca, Ctchonllnl m/ybus. C/ematis jp.• As/eraceae épineuses,
AplQCeae (dont Eryllgllllll sp.), Car)'oplryllaceoe, Cucurbilaceae. Echium sp., Ma/va sp
Chenopodium sp., Mentha sp., Junclis sp., Sedum sp. .,
6 - Ripisilve : :OPlllt~S nigra. Salix albo. A/nus g/ulinosa, Pla/anus orientalis. JugIons regiQ,
Prunus sp., ClemallS cf "ua/ba, Hwnulus l''pulus, Rubus sp., Urt;ca jp., Arum sp.
7 - Anciennes zones humides totalement drainées: JUIlCUS effllsus, Rumex sp., Corduus sp.,
Poaceae .. .
8 - Marais plus ou moins drainés: Phragmites sp. , Typha domingensis, JmlCIIS aC"lfU,
Cyperos longus, Sparganium ereCfwn. Epi/obium sp.• Ranuncu/us sp., Lemna sp., Bulomlls IImbe/.
lotus, Po/ygonum solicifoUllm, cf Meil/ira SP,
9 - Sources: cf. 8.
1? - Haies, buissons: Quercus frainetto, Q. cerris. Acer campestre, P/atanus orientalis, Sa/if
ViliS sp., Vlmu~ g/obra, COI)'/us avellana, Comus songuinea. Sambucus cf ebu/us, Malva sp.,
i,,"
QmllS cf commums, Moros nigra, Prunus domeslica, Pers;ca vu/garis...

Fig. 3 - Pâtures èll:uhure s dan s la "a ll~c d' AJliyc

2. Voir ici-mê me GEYER. p. 170-174.


- 178
JACQUELINE AROANT

DONNéES PAlYNOLOOIQUES 179

p él~veme"'s el méthode de prépara/ion des échantillons. Dans les milieux humides.


é:ments ont été prélevés à l'aide d'une sonde à main de type GIK, et des échan-
I~ s s ~nt été recueillis tous les 10 cm (J 0 à 20 g de sédiment)_ Ils ont été traités selon
;1 O~thode de concentration en liqueur dense. comprenant décarbonatation par l'acide
c~l~rhydrique, double. concentration en liqueur, de.nse (liqueur de Thou let d = 2) après
. age et centrifugatIOn, déslhclficatlOn par 1 aCide fluorhydrique, montage du culot
:;:'1:; la glycérine. Le refus de tamis a été systématiquement observé. Le nombre total des
grains de pollen et des spores forme la somme pollmlque pour laquelle le seuil mmlmum
de 200 grains a pu être généralement aUemt (moyenne de 362 grains par échantillon pour
le site de Giiksu par exemple).
L'étude a porté sur trois milieux différents: une région de moyenne montagne. la \
vallée perchée d'Adliye; une dépression. les rivages du lac d'Iznik; et un bassin-versant,
1. vallée du Yalakdere.

1. LA VALL~E o ' AOUYE

1. Pluie pollillique el végétation aClIIelle dalls la vallée


! 6
• À l'est d ' Iznik, la vallée d ' Adliye se présente comme une zone de pâlUrages et de
cultures (fig. 3). Ces dernières se développent sur les replats situés au pied des versants.
Le fond de la vallée, bien que drainé, est humide, garni de peupliers et de saules. Une
source abondante alimente un ntisseau qui pennet l'irrigation de quelques cultures ainsi
que le maintien d'une végt!lation de Cypéracées et de joncs servant de nourriture aux
troupeaux de vaches et de burnes en même temps. Les versants, plus secs, portent de
maigres pâturages parcourus par les chèvres et les moutons. Les sommets sont boisés.
essentiellement en pin (Pif/liS lIigra. P. silvestris, P. brutia) et en chêne (QlIercllsfra;nt'tto,
Q. cerris, Q. petraea).
Afin de mieux comprendre les diagrammes polliniques obtenus à partir des sédiments
prélevés par carottage, un transect de surface de la vallée a été réalisé, suivant une direc-
tion nord-ouest - sud-est (fig. 4l. Le long du parcours ainsi défini, le COntenu en pollen
de cinq échantillons de mousse, prélevés en divers points, a été étudié et les spectres
obtenus comparés à la végétation locale. Les placeaux3 ont été choisis dans des zones
boisées (échantillon ADL 7 el, des pâturages proches des bois (ADL 7 k), des zones de
cuhure ou de pâture (ADL 7 j et hl, et dans le village (ADL 7 il. Les spectres polliniques
simplifiés correspondants sont représentés sur la figure 4.
Plaeeallx ADL 7 e et k. Ils ont été prélevés tous deux en lisière de forêt (pins et chênes
principalement), respectivement en versant sud-est et nord-ouest. Dans les deux cas, les
spectres polliniques sont pauvres en taxons et dominés par le pin, dont le pourcentage
aueint 93,7 % dans le placeau ADL 7 e. Comme on le constate presque toujours, cet arbre
y est surreprésenté. Il n'en est pas de même pour le chêne: dans le placeau 7 k, le taux
de pollen de cet arbre, qui représente environ 50 % du boisement, ne dépasse pas 2,5 'ib.
n est donc neUement sous-représenté. Pour les autres arbres, la représentation est normale:
peu abondants sur le terrain, ils ne figurent dans les diagrammes que par quelques grains
de pollen. Ce sont le sapin (Abies), le noisetier (COryIIlS), le hêtre (Faglls), le charme
(Carpilllls), l' aulne (AlIIUS), la filaire (Phil/yrea), des Cupressacées (dont Jlllliperus).
Placeau ADL 7 h. Dans la zone de pâturage située au-dessus de la source, une pluie
pollinique comparable aux précédentes est enregistrée, mais, exceptés le charme et le
s.pin, les arbres autres que le pin sont absents.

3. Placeau : échantillon récolté en lIt\ point du tr.\I\s.ect.


JACQUELINE AROANT
180
DONNees PALYNOLOOIQUf!S 181
Ploceou ADL 7 j. Il provienl d'un chemin de~servanl des chumps de céréales
lien de pin y esl loujours abondanl (68 %), mms les herbacées cnraCléristiques}.e
roux de passage sonl plus diversifiée~ : ce sonl sunoulle piailla on (Plomogo, 7,7 % es
'd 'seaux (Poll,nOIllIlIl owelliare) el les Poncées (nu tOlal 9,8 %) Il j,la
renouee es 01, •" b é 259 . faui -----::;:.
souligner qu'un seul grain d~ pollen de céréale, est 0 serv pour grains, malgré 1
l'Oximité d' un champ d ':l\'ollle. rnOls~onl1é. 1ll8lS ,ce f~IC est confonne aux. n!!suhats dea
p 1yses r"
ana nnlll'nl'ques' mainles' fOIs réalosées dans 1 envlronnemenl proche de cha~ ."ps des
céréales (HEIM, 1970; DIOT, 1992), . AOlIYE 8 (AOL 8)
Pl ceau ADL 7 i. Dans le village d'Adhye, le prélèvemenl a élé effeclué dan
til fo.~é drainanl de., MUX usées. Le pin représenle encore 24 % des grains, le saule ~ ~n
I::ais le.. hero.1cées dominenl el pnnm elles sunoulles Poacées (18,8 %),le plan Iain (14 % '
\
la renouée des oiseaux (11,3 %), Iyplque de la végétal Ion de la Zone Piélin/
le long de ce fossé: les céréales, panui lesquels le maïs, sonl présentes,.a~ec 2 % des grain:
-.- 1 5GY4f1'~1
L'aclivilé de celle pelite vallée, où la cullure des céréales VOlsone avec celle d . •
lomale;, des haricols el du loumesol, esl bien ...,présenlée p~r I~s sp~ctres Polliniques 7~ •
elj. Ils renèlelllies aclivilés de Slocka~~, de !rallemenl ou d ullhsallon des récoltes, plus 0,5 • 1 5Y4I"~1
\
que la cullure des planles annuelles. L onlérel de ces analyses eSI de révéler le Conlenu
lrès différent des speclreS selon le poonl de prélèvemenl el de souhgner la forte marque • 5 GY 411
du milieu immédiat. - Le pollen de pm eSi présenl partoul, maiS s~ représenlalion eSI

1
étroitement liée à la diSiance des l'mèdes. Il eSi mInimum dans le VIllage, qui en esll
plus éloigné. En revanche, il oblilère presque tOlalemenl les au Ires laxons dès que 1'0 e 5Y4'1-arg~e . sabler",
se trouve en milieu boisé, même s'il ne constilue pas la 10lalilé du bOisemen~
_] atglleux
L' importance du pourcenlage doil donc êlre relativisée. - Il faui lenir Comple aussi d';
taxons sous-représenlés (Qllerells par exemple), el se souven ir que l'absence d'un laxon 5GY4! 1 :s..1t.1:eu)(.MO

poltinique ne signifie pas obligaloirement celle de la planle correspondanle Sur le lerrain, ADlIYE 415 (ADL 415)

- Les herbacées son! rrès représentées dans les heux ouvens el panlcuhèremenl marqués

par l'activilé humaine: Poacées, Composées, Caryophyllacées, P1antago, Polygonl/m cf •
/ / Sy,,!,
••
argUa· limoneu~ , loumeu1t 1m
ol'iculare, elc. - Enfin, par leur présence, même réduite, les grains de pollen de céréales • !JI!
indiquenll 'exiSience cenaine d'un champ ou d'une activilé liée à leur cullure. Elles SOn! ""...,
1"","ill~
i •
donc des indices précieux d'occupation humaine.
5Y5I1

"/. . .
1,5 •
2. La végétation dans le passé
/ 25Y3/2 - - - - 3 ' ' ' ' ' ' 8'J-C - /%/, 1

Deux caroltages (ADL 4 et ADL 8) onl été réalisés à proximilé de la source déjà 1 • TI! (ut) 05


~
signalée. On trouvera sur la fig. 5 la siluation el les caracléristiques des carOlles ainsi

1
' ·.. - 1 5GY4I1
que les coles de profondeur, mesurées depuis la surface. D'après les observalions strali- --- -.. 2.5Y4f4 àargilewl •
graphiques el les résullalS de l'analyse pollinique, on peut considérer que la section
ADL 8 comprise enrre 0 el 110 cm de profondeur au moins correspond à des sédiments
1 ..•.. ...... .-
poslérieurs à ceux de la caro Ile ADL 4. La partie supérieure de cette dernière, enlre 0 el •
882 • SfS av, J, .c" ........
"' 10YRJ12
90 cm, pourrait correspondre à la partie d'ADL 8 comprise enlIe 1JO et 200 cm. Seize r"'! 1
échanlillons ont élé prélevés dans ADL 4 enlre 4 et 150 cm de profondeur, et dix-sept • 2.5Y6M

échantillons dans ADL 8, enlre 21 et 191 cm de profondeur. On trouvera sur la fig. 6 les
résultaIS de l'analyse d'ADL 8, el, sur la fig. 7, ceux d'AOL 4. • 6chantIUonstrall6s • .....
'//,
312. 6J sv. J.·C,
mati6reorganiquetMO)
dstas "C
1 • .tsabllU$8

Sondage ADL 4. Deux niveaux sont dalés'. - Enlre 43 et 46 cm, 372 à 63 av. J.-C. r",v
cal. (Ly-6322) ; - enlre 93 el 96 cm, 882 à 545 av. J.-c. cal. (Ly-6323) ; cf. Tableau 1.
5 y 411 couleur en humide
(code Munsell)
j 1.5 :
1 'OYRS'

On peUl distinguer trois zones dans celle carotte.


Fig. 5 - Situation el caractéristiques des carottes d'Adliye
de 4. Toutes le~ datations SOnt données en années réelles, avec intervalle calibré après correction
.. nd~ochronologJque sur la base de la courbe de calibration 1993 ; pour les données complémen-
tatres. on se reportera au Tableau 1. p. J 82.
OONN~ES PALYNOLOOIQUE!S 183
JACQUELtN6 AROANT
182
AOL4 a. De 105 à ISO cm, zone la plus ancienne, .ubslérile ou stérile.
=ADL 4 b. De 48 à 105 cm. Le taux de pollen d'arbres se situe entre 20 et 30 %, ce
ui indique un paysage tres ouvert. Les arbres :eprésentés sont surtout le pin - largement
~ominant _,le chêne, ~UtS le sapm ct le ~en~vner. ,Aul~e, boul,eau. nOisetIer. hêt,re. saule .
, (sans doute ta vigne sauvage, Vitrs sllveslrrs) n apparaissent que sporadlquement
~~g:seles spectres, _ En ce ,qui concerne les arbres. la ,ressemblance avec la, compositi,on
d spectres actuels (cf. CI-dessus) est grande, ce qUI suggère une végétatIOn arbustIve
~~litativement peu différente de ce qu'cllc est actuellement. Toutefois. le sapin est plus
~bondant et il est probable qu'il était alors présent sur les pentes, où il n'apparaît plus
aujourd'hui. _ Autre dIfférence, les graIns de pollen des herbacées sont beaucoup \
plus nombreux que de nos Jours ;. Poacées, Cypéracées, Chénopodiacées, Composées,
Ombellifères, Renonculacées, RubIacées, Polygonacées sont l'indice de prairies humides
et d'activités humaines; celles-ci sont .ttestées sans équivoque par la présence de pollen
de céréales. L'i mportance relative dcs activités liées à l'agriculture est illust rée par la
ressemblance du spectre obte nu" 9 1 cm de profondeur avec celui d' ADL 7 i, prélevé
dans le village actuel.
_ ADL 4 c. De 0 à 48 cm, zone la plus récente. Le taux des taxons indicateurs de
prairies augmente : Cypéracées, Poacées, Composées (Cichoriées en particulier), tandis
que les indices de cultures régressent nettement et que le sapin disparaît. La marque de
l'homme paraît toujours aussi importante, mais les moolfications observées dans les
spectres su~gèrent un changement dans les activités, peut-être davantage tournées vers
l'élevage. A la fin de cette phase (fI 4 et 9 cm), une augmentation significative du pin
pourrait indiquer une dépri se des ac tivités de culture et d'élevage.
SOlidage ADL 8. Le di agram me, qui n'est datable que relativement à ADL 4
(cf. fig. 5, p. 181), peut être divisé en troi s zones:
_ APL 8 a. De 161 à 19 1 cm, zone la plus ancienne. Le taux de pollen d'arbres
oscille entre 30,4 % et 44.4 %, ce qui traduit, comme dans ADL 4 b, un milieu ouvert où
le pin domine; puis vient le pollen de sapin (de 0,3 à 2,9 %), dont l'abondance relative
indique, dans les deux cas, la présence probable de l' arbre sur les pentes; l'aulne, le
noyer, le genévrier, l' épicéa et le chêne n'apparaissent que sporadiquement. - Liées à la
zone humide au fond du vallon, les Cypéracées sont prépondérantes parmi les herbacées
et accompagnées de renouée (Polygolll/»1 cf bistorta). Aucun taxon n'indique clairement
des cultures.
_ ADL 8 b. De 91 à 161 cm. Globalement, le taux de pollen d' arbres progresse légè-
rement, mais sa valeur moyenne, située autour de 40 %, ne révèle pas de changement
profond dans l'importance du boisement. - Tandis qu'apparaissent des indices de cultures
à partir du niveau 131 cm (céréales, noyer et des adventices tel le bleuet, Cental/rea
cyall«s), on observe la régression du sapin et la progression du chêne, cette évolution
pouvant être elle-même la conséquence d'une activité humaine accrue.
_ ADL 8 c. De 21 à 91 cm. Zone la plus récente. Elle est marquée par un recul des
indices de cultures _ en particulier des céréales - et par l'augmentation du pin, autre indice.
indirect, du recul des cultures. Le taux global de pollen d'arbres ne changeant pas ùe
façon significative, on peut penser à un changement survenu dans les activités agricoks.
en faveur de l'élevage.
La comparaison des diagrammes ADL 4 et ADL 8 confinne en partie la correspon-
dance suggérée par la stratigraphie entre les zoneS ADL 4 b et 8 a, mais pas totalement :
ceci n'est pas surprenant, la sédimentation pollinique en un point étant tribut.ir< d'une
multitude de facteurs, pamli lesquels les opérations de drainage ont pu jouer un rôk non
négligeable. Cependant, les deux 20nes, marquées loutes deu~ par la presence du s"pin.
pourraient être contemporaines, _ La proximité de la source a sans doute joué un rôlt:'
184 JACQUBLINE AROANT

DONNI1f!S PALYNOlOG IQUE...'i


185

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Fig. 6 - Diagramme pollinique de la carotte ADL 8


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1111111111111111111.111111111111111111111111111111 -::-

imponant dans l'organ isation de l'activité humaine. L'i ndi cation d'un substrat humide
est apponée par l' abondance des Cypéracées, par la présence de plantes hygrophiles tell~
T:\p/w IIl1gl/s/ifolia, MOllli", Filipelldl/la, Thalie/rI/ill et de Renonculacées. Ces plantes, qUi
apparaissent sunOUI dans les zones polliniquesADL4 c (0-50 cm) etADL 8 b (91-161 cm),
pourraient indiquer soit une phase légèrement plus humide, soi t une exploitation moins
in.le~si~e des lieux (moindre piétinement, absence de drain age), laissant se développer la
vegetallon aux abord s du point d 'eau.
186 JA('QtrELINB AROANT
DONNép_~ PALYNOlOGIQUP..s
IH?
Les indielllions données par ces deux diagmmmes sonl cohérenles ; elles
de penser que la vllllée d'Adliye est mise en vnleur depuis rort l(lIlglemps ' lpennellenl b. La végélalioll dalls le passé. Un carollage, de 0 il 300 cm (fig. 9), a élé effeclué
onl vmisemblablemenl été plus élcndues qU'lIeluellemenl el on perçoi! U;,:~ cllhll.I'e' niveau des eaux du lac en aoOI 1993, il quelques mèlre. au sud de l'embouchure d'une
vcn< une économie plus spécinlisée dnns l'élevage. Celle-ci Il rnçonné le pa vollllton ~Iile rivière, le Goksu, dont les berges sont somm.airemcnt aménagées en embarcadère
nous connaissons. une l1lo~~l'~ue de bois. de pmlries cl ,de c~lturc,s. Ces di!~::e qUe à l' usage de quelques barques. Trenle·el-un échanlliions onl élé analysés. Deux niveaux
montrenl aussi la gmnde sl."blIUé du 'p"ysIIse. Aucune modlficahon chmatique im mme, sonl datés. - Enlre 122 el 125 cm, 1428 il 1623 ap. J-c. cal. (Lyon-71/0XA); entre 212
n'csl à. envisllg~r, et le~. rao~les modlficatoons enregIStrées p~rnlSselll direclemen~:le el217 cm, 544 il 660 ap. J-c. cat (Lyon-62/0XA). L'ensemble du diagramme (fig. H»
l',,etovllé humame, qu Il s liS ISse de cullures, de III dlSpanllon de certllins l ' à renseigne d'abord sur la végélatton locale qUI peuple les rives du lac ct donne un écho
particulier le slIpin) ou de leur eXlension (celle du pin ou des Cypéracées pllr eaxons (en de la végélalion régionale. .
, xemple),
Les arbres. Le~r taux OSCIlle cntre :0 ct 60 %. Le pin (Pinus) domine largement.
Il . L ES RIVES 011 LAC O'IZNIK nccompagné de feuillus: surtout le che n~ (Quercu.ç). le noisetier (Coryltls) , l'aulne
(A1I1I1S) el le noyer (JI/gla",,). Plus sporadique men l, on noIe le hêlre (Faglls), le frêne \
1. L 'rmbollclmrr du Gc'ikslI (FraxiIllIS), le saule (Saltx), k pIstachier (PlSIlIChl), des Cupressacées el la vigne ( Vilis) .
Les autres taxons (Ables, Plcea, Cet/rus, CarpfIIU,\', TiUa, U/mus, Pnmlu. Vihurnum,
a. La l'/,~élario" aclll<'lIe. En dehors de la ville d' lznik, les rives du lac ~ Ligllstrum, Frallgu/a. B~tula. Er:hedra) ne sont représentés que par quelques grains. _ Il
\
aelllellemenl guère l'objel d'aménagemenls particuliers ; la végélalion y port ne lonl esl peu probable que Vills appartIenne au genre CUllivé, il s'agil plUlôl de la vigne sauvage
lout l'empreim" des aClivilés humllines. Les roselières SOIll clllrelenues par fa~ : gré (Vilis silves/ris), commune dans les Azonc~ de ripi silves. Si l'aulne pousse très près de
pour pernleure l'accès à l'eau de peliles embarcations de pêcheurs et de ch Cage l'eau. les autres arbres peuvent en cIre dIstants de plusieurs dizaines ou centaines de
surtout sur Ics rives nord el esl ; en facilil"m le dépôt de III vase, les roseaux fo~:sellrs, mètres, le poll~n de pin po~ van l . l~i .. parcourir aisément plusieurs kilomètres et provenir
peu progresser la ligne de rivage. Sur la lerre fernle s' élendem des plamalions 1 !'Cu à d'arbres colOnisant des coll mes aVOIsmantes sur des sols dénudés par l'action anthropique.
peu de place à la végélalion naturelle: peupleraies, oliveraies, vignes, vergers ca;:sanr Les herbacies. Elles SOIl! n "ltement dominées par les hygrophiles (h) el les hydro-
maraîchères. Sur les versants, de ,'asles oliveraies fom place il la garrigue Ou a~ ~ lires phyles (H), 1~ lIes les Cypéracccs (h). PO/ygOIlIlIn amphibium (hIH), Typha!Sparganium
dès que la pente s'accenlue ; les pins (Pillus brulia) el les chênes (Quereus inJe IS :qU (hIH) el Myn ophyllllm (H). Elles Indlquenl une zone d'eau peu profonde (1 m environ au
Q. frainetto ) y sonl les principales essences, quand le pillurage inlensif et les inc~~;!a, maximum), col?nisée par I~ végél;Jtion ct bord~e par des terrains plus ou moins marécageux.
ne les onl pas éliminés, laissanl le lerrain presque dénudé ava m sa reconquête par;es On perçOlI sur la sequenc'c analysée 1 écho de cuhures praliquées à proximilé :
dSIe:' (fig. 8). Il n' a pas élé établi de transecl pollinique dans celle zone. Le seul spec~ noyer, chanvre et céréales accompagnées de leurs adventices (Caryophyllacées, Chéno-
réahsé, oblenu sur le sol aCluel du maqUis au sud du lac, mOllir. l' écrasanle dominaI' podiacées, Composées, elc. ). Après avoir diminué enlre 206 et 86 cm, les indices d'une
du pin dans la pluie pollinique. IOn activité humaine reprennent nettement. En particulier, le rouissage du chanvre, attesté
par le pollen trouvé entre 56 et 96 cm, a élé praliqué dans les eaux du lac pendant une
durée Iimilée.
Haclosman
Pinus s:ilvestris. Fsgus o';el1loll:l, En résumé, ce qui précède permet d'évoquer un paysage ouvert, localemenl com-
0uerr:usp6tnf98,
900m • ____ __ _• ___ ______ ____ ___________ ~_~~_~~~IJ!i~ __ _. __ ,. n _ _ parable au paysage aCluel mais peul-êlre plus humanisé, avec une zone marécageuse au
bord du lac, conslituée de limons dom le dépôl esl favorisé par la présence de la végélation
Ouercus patrus
800m hygrophile, et, à l'arrière plan, des cu liures el des zones boisées donl la composition
- --- - --- ----- --- - ------- ---------- •• -----------_ . Q. petrae",O,cetris,
7SOm 1 ~ PinIl$sJIve$trl$.Pirnnnlgra ne change pratiquemem pas. Mais d' importanles varialions quanlilatives alIcelent les
courbes de la concenlration pollinique el celles de certains laxons : en paniculier Typha!
j'f 1 6~::;~:mo;ercus fralntlfo'j
Sparga~I/III1l, les Cypéracées el PiIllIS. Typha!Spargallium et les Cypéracées sont liées il
/" Erica art>onta
I~ prOXImIté de la nappe phréatique, dom le niveau esl susceplible de varier: un haul
550m chênaies a Outmn 1rtItctoM.
Ci$lus, Philips. PisiQ fherebinttJs ",veau de la nappe est favorable à l'installalion de Typha/Sparganillln, son abaissemenl
provoquanl au con!raire leur régression elle développement des Cypéracées. Ces variations
l6gende : Irès rapides, concernanl des laxons liés il l'eau, peuvent donc être inlerprélées comme
d~s conséquences de variations du niveau du lac qui sonl indépendanles de facleun<
'9'i 'Pli'MM1>Igra,P.
- .... ___ cio maliques.
terrasses abandonnées
pelouses sèches
PirrusbnJtill
CiSlaiesa PhiHyrvs
T Owtws~,*"*,,,,1 lac :
Sur celle base, on peut distinguer quatre phases principales de variation du niveau du

IDOm YCMta4(~-"'1 .- GOK a . À la base, de 266 à 291 cm, abondance de Typha/Spargallilllll. lraduisant
un ",veau d'eau élevé.
85m
exposition au N.O.
? hgwO/Wll'"
- GOK b. De 206 à 266 cm, la régression de Typha!Spargalliollll au prot;t des
Iznlk Ef~- Cypéracées allesle une baisse du niveau. Le pollen monlre des lraces importantes d'oxy-
dation, ce qui laisse supposer une émersion.
Fig. 8 . Répartilion de la végétation entre la plaine d ' Iznik et HaclOsman.
Relevé effeclué en aOûl 199:1 .. 5. Le ni veau 0 du lac en aont 1993 correspond au niveau 0.7 lU en al)ùt Il)Q-l-. '-lu,: nllU."
utilisons comme référence d'altitud~ rdative.
JACQUELINE AROANT
188
DONNées PALYNOlOGlQUBS 189

10YR313

2.5 Y 312
... haut•• NUX?
temnline

phase courte de t'1!Ilalives basses eaux?

.. • 5Y2.SJ2
mon lé. des eaux?

~"~J
fsxwrefiM avec pallef é 0.75 m
' '' i devenant
sableuse VEtfS

• lobas

'~':'
MO + sable grossier bassas aaUle ?

/ ' 1,

0,'
• SY3l1
.. bleu'
rel'Iives basses eaux?
.'''28' .'623t1P. J..c.(caf)

1j
1" '/
111/

j • tOYR 411
• +calcaira très basses eau)(? ....... hors· eau

Il'..2 ' ••
.3
j
~/i rupture de cordon ? li
:{
ï.,
5Y411
• argilo • limoneux hautes eaul. ?
1

L •• 5 GY4f1
arguo. limoneux

+544'+
1
.;J. J...c.(caI) I//, MO bass.seaux?
'.' 'l '
i •

10YR 4Il très basses eaux ~ hors· eau

,e l
2.'
el 5QY4l1
hautes eaux relatives?
arg~eux avec

~ un peu de limon

/ . • ...0
• échantillons lnIités
• / Il matière organique (MOl

•• NGL niveau général du lac

Fig. 9 - Caracléristiques de la carotte du Oaksu Fig. 10 - Diagmf1lmc poll inique de la carotte du G6ksu
190 J.l\.C'QueUNll AROANT
.,
191

_ OOK c. De 146 à 206 cm, une forte pou.sée de Typha/Sparg,mium indique une
lée du niveau. Mais, 11 166 cm, l'ab.ence de pollen (OOK c2) peut indiquer une
re~onbrulnle et momentanée
baisse .
du niveau , ayant entral né une émersion et la disparition du
ollen par oxydatIOn.
p _ OOK d. De 16 à 146 cm, la diminution de TypllII/Spl/rganium, la pré.ence de
brcux grains de pollen altérés, el surtout l'augmentalion Irès nette du pollen d'arbres
~O;rtir de 86 cm, nolamment de ceux liés à la ripisi lve (aulne, frênel, marquent une
uvelle baisse du niveau. un auerrissement prononcé de ce secteur et son évolution vers
~ao siluation actuelle. La figure Il résume l'évolulion vraisemblable du paysage dans ce
secteur.
2. Les marécages au pied lies remparts d'/mik

a. Lo végétatioll acllIelle. Près des remparts d'I znik vers le sud, la zone littorale e.t
en cours de lotissement. Les jardins alternent avec des terrains vagues encore utilisés
pour faire paître quelques vaches. Malgré I~s drainages, une végétation 'palustre à Typha,
Salicaria, Raphallus, Cypéracées cl Joncacees se développe sur ces lerrams plus ou moins
marécageux. La plupart des arbres sonl plantés: noyers, oliviers, mOriers, figuiers, et Pinus
brutia qui ombre la promenade cn front de lac.

b. Lo végétatioll dalls le ,,,,,·s,'. Dans un terrain vague partiellement inondé, à 650 m


au sud du môle sud, un sonda~ c a élé effectué entre 16 et 185 cm (fig. 12). Neuf échan-
tillons ont été analysés entre 49 ct 185 cm, la partie supérieure n'ayant pas élé prise en
considération en raison des risques de perturbation liés au drainage. Un niveau a été daté.
- Entre 73 et 76 cm, 894 à 12 18 "p. J. 'c. cal (Ly-61 08). Le diagramme (fig. 13) peut être
divisé en 5 zones polliniques : IZN a : de 185 à 98 cm au maximum, stérile; IZN b: vers
97 cm ; IZN c : de 96 cm au minimum à 65 cm ; IZN d : de 65 à 53 cm ; IZN e : de 53
1
à 49 cm, stérile. D' une mani"r. gé nérale, le paysage évoqué par les zones polliniques b,
c et d est très ouvert.
Les arbres. Ils représentent moins de 30 % de la somme pollinique 10lale et sont
dominés par le pin.
Les herbacées. Typha/Sparg'/IIiwn et les Cypéracées voisinent ici avec des Chéno-
podiacées très abondantes et des Crucifères. L'environnement semble donc humide. Les
terrains alentour, envahis par des rudérales (Chénopodiacées surtout), sont incultes. Le
bruit de fond enregistré est différent de celui du Oaksu, ce qui peut s'expliquer par la
proximité de la muraille.
Comme à l'embouchure du Oaksu,le taux de pollen de Typha/Spargallillm subit des
variations qui peuvent refléler des fluctuations du niveau lacustre. Ainsi, un niveau élevé
291 du lac est manifeste à une époque qui correspond à la phase OOK c. Dans les deux cas
en effet, un maximum de hautes eaux, enregistré ici à 82 cm (zone c du carottage) et à
l'embouchure du Oaksu à 186-176 cm, précède de peu une brusque descente du niveau
du lac, mise en évidence sur le Oaksu par l'absence de pollen (cf. ci-dessus) el ici par la
stratigraphie (horizon riche en matière organique, témoignant d' une phase de basses

Og • ............
-.
:!"[ll rypha
al
!21
cu'''''es
eutresPNA
...,...
eaux; cf. fig. 12). Le rapprochement est souligné par la ressemblance entre les spectres
polliniques des échantillons IZN 82 cm et OOK 176 cm (fig. 14).

D
ii !;j c......... 121 emplacement du sondage

. . Fig. Il . Él'olution du cou\'ert végélal au débouché du Oaksu .


Straugr.tphle el _dla~r.J.n~mes très simplifiés des principales zones polliniques; représenl3uon
~hematlqu~ du paysage (cau el végéhllion) pour chaque zone
192 JACQUELINB AROANT
.,
DONNéES PALYNOLOOIQUES 193

i'
;88U

..,~
i/l/J très basses eaux?
j ,
li! ] 2.5 Y 310 li 312
argileux, clair
hautes eaux ?

l
g~
e l stérile
..• ] 2.5 Y 410

,
0.5 fibreux, calcaire .
dj brun
basses eaux? maraIs?

f
f
i
c
1
+894 ';+ 1218
8p. J.-C.(esl)
p


II///,
••
l 2.5 Y 3/0
âN41
argileux
hautes eaux?

très basses eaux ?

j p
• N41
'- :~,

P

J
1

J
argile grise
hautes eaux?
i
ONGL-
1994
• • 0 ·U
:'~f
i
1 1 t

Î
e
~
.!!I 1.5 ...'.
...
,
J
]
7.5 YR 510
il
7.5 YR410
argile grise
galets et
graviers
montée des eaux?

basses eaux?
~

g
î
î
i
~
~

*
1

a stérile ~

~
argile hautes eaux?

J 1 1
Fig. 12 - Caractéristiques de 1. carotte d' Iznik

Fig. 13 ~ Diagramme pollinique de la carotte d' Jznik


JACQUELINIl AROANT
194
OONNép.s PAlYNOLOGIQUes t95

'.ment IIOrd, à J,Z m. Peu au-dessous du niveau analysé, à 1 m', un échantillon


d ~ P~~me étant «moderne» (Ly-6458), c'est-à-dire postérieur au XVII' s. (on ne peut
est a~cfserdavantage) .. Le spectre obtenu à 1,2 meS! plus varié que celui du blocage. Le
P?S Ptt ujours majoritaire (plus de 90 %). La dlstnbutlon évoque un paysage comparable
pm es '~est actuellement (les pins plantés sur la rive répandent en abondance leur pollen
5<)-
àcelqul~C). Porté par l'eau, poussé par le vent, ce pollen vient racilement s'accumuler
~~~tr: le môle, dont la paroi p~ésente des aspérités et des cavités ravorables au piégeage
des rains. PalTlli les autres grains. de pollen, on note. en partlcuher ,la ~résence de céréales
60 - et d; noyer, reflet des cultures pratIquées dans le vOISinage ~auJourd hUI encore, on observe
des plantations de noyers à quelques mètres du bord de 1 eau).

4. La plage d'Aydmlar
70 -
De nombreuses plages du lac ont été consolidées, rormant ce que nous appelons des
dalles de beachrock9 . Quatre prélèvements ont été effectués dans les dalles d' Aydlnlar
80 - (d.!, d.2, d.3, d.4). Pour deux d'entre eux (d.3 et 4), des résultats ont été obtenus
(fig. 16). Les spectres sont comparables à ceux d'Iznik, bien que moins diversifiés :
abondance de PÎlIIIS, pourcentage non néghgeable de Crucifères, etc. Le mécanisme
Plnus
d'accumulation du pollen est sans doute le même que celui décrit pour le môle sud.
90- autres PA

100 -
[[)

a
b.l
Typha

Cypéracées

Chénopodiacées
1
110 - 0 autres PNA
~.jJ
0 spores

parement nord à + 1,2 m (A)


:1
Fig. 14 - Correspondance enlre les phases lZN c et GOK c i
LACD'IZNIK
3. Le môle slId d 'Imik

Des analyses ont été tentées sur des concrétions carbonatées, témoins d'anciens
hauts niveaux du lac 6. Les échantillons ont été prélevés sur le môle sud d'Iznik (fig. 15).
Le matériau recueilli en très petite quantité sur le parement du môle à + 2,9 m au dessus
du niveau du lac n'a pas livré de pollen. Deux autres échantillons, prélevés à 1,8 met
1,2 m, ont fourni des spectres.
Le blocage, à 1,8m. Échantillon daté de 228 à 404 ap. J-c. cal. (Ly-6459), <<rajeUlù»de
trois siècles7, donc attribuable aux Vt'-VIlI' siècles. Le spectre est peu diversifié; le pin autres PNA
y domine très largement (plus de 7S %), et, parmi les herbacées, on trouve essentielle·
ment des Crucifères et des Chénopodiacées; ceUe distribution est à rapprocher de celle spores
observée à proximité, dans le sondage d' Iznik. L'environnement proche est semblable. blocage ~ + 1,8 m (B) • chénopodiacées
L'absence de TyphaiSparganillln peut s'expliquer par l'épaisseur de la tranche d'eau.
Fig. 15 - Spectres polliniques révélés par des échantillons prélevés
sur le môle lacustre sud d'Jznik

6. Cf. GEYER et al. (2001) et ici·même GEYER, p. 170. 174. 8. L'échanlillon analysé et l'échantillon daté proviennent de la même !X~licule carbonal~c.
7. Sur les raisons de cette correction appliquée aux carbonates continentaux, cf. GEYER el al. - Sur le mode de mise en place de ces pellicules, voir GEYER el al. (200 1). p. 82.
(2001) p. 8S el n. 17, et ici·même GEYER, p. 172, n. 25. 9. Ibidem, p. 82-85, et ici-même GEYER. p. 170-171.
..,
JACQUOLINB AROANT
196
DONNéES PALYNOLOGIQUES 197

Tllb, 2 . Analyse pollinîque des échantillons prélevés prè!\ d'Ayazmaçukur

"~______-r~'&~-~~'~~'.~~'~~~~~~'~~~~~~~'.~~~~~'~~~~~:':."~'~~~':
_."
l!:chlnll1lo n -Scm" -83cm -53cm .. ......c.m .20c:m.. ..
36 21,1' 5 72 42,11 9 81., 0.10
.....
.Arbr.'
0,59
1.18
0.58
2.92
O...

""""'" t.78 o...

--
"...." 0,59
F..."
O~. 1.17
4,71
Jugl4M
1.18
"...

_...
18 10,59 62 36,26 59 59 0,90
PisfK~
0.59
3 .53 0.58
",,'"''''
r.. 0.59

-------j.IZNIK
LACD'/ZNIK H*fbacHS 117 68.82 69
0.58
....35
0.58
20 20 220 .....
""""
c.,,,.._ DS
0.58
O." 27.80
Cif3Îum 0.59 O." US
2,94
Clchorl6u 0.58 17 7."'-
11 6.47
Asltrac"s
Aplacées • 4,71 1.17
27
,.,.
12,11

Caryophyflac6es ryp. Silana 1.18 ,.,.


~nopadile6es I.I IS 1,75
CiWs tyi» lncMHn 19 11.18 0,90
ConvoMllaotes DS
Crueif".s 10 5.88 0.58
CyJMf'l1Ict.s 7 4,12 16 10,53 11 Il
~ PA D aulresPNA Oip5&cae41u
Ericacées
1,'8
3.sa 5,26
0.90

[II) Crucifères D spores G'l1Inlac'es 0.59


1,18
O."

-
liliacées 1,17
• Chénopodiacées
AYDINLAR - 8RL dA (8) PapiiollaeHs 1,76 1,17 22 9.87
3.sa
Fig. 16 - Spectres polliniques révélés par des échantillons prélevés Poaœes
Polygonacé.s
4.71 1,75 2."
0,59 3.51
dans des dalles de beachrock d'Aydmlar Prlmulac••s 1,16
Ranonculac6., 0,59 1 0,45

-_. ..
Rosace', 1.18 53 23.77
UI. LA vAU.ÉE DU YALAKDERE Valérianlcées

,.
0.58
Indétlrmln6s 9 5.29 16 9,36 17 7.62
17 10,00 17,U O."
À l'occasion de relevés de coupes ouvertes dans les gravières du Yalakdere près du
village d'Ayazmaçukur, des prélèvements ont été effectués dans une formation alluviale
2.94
30
14 8,19
, '0 "'0
Triléles 12 7.06 16 9,36 1 0,45
qui a été datée des me_l" siècles avant J.-C.IO. Les analyses ont porté sur une lentille Toml(S.p.) 170 171 13 '00 m
sableuse (fig. 17, horizon 1 a) contenant des débris végétaux Il et des coprolithes, ainsi Pollen remanié (hon S.P.) 1. 12
que sur un sol enfoui (fig. 17, horizon 1 b). On trouvera sur le Tableau 2, le résullat des Kystes de Sc:hlzoea
Nb de lames
'0, 1

analyses polliniques. 0.5 1.5


Nbdelaxons 30 25 1.
charbons MO charbons
Légende: S.P. :; spores el pollen. MO ::; matière organique.
IO. /bidem. p. 159-160.
Il. Pour )'analyse des macrorestes végétaux, voir ici-même- WILI.COX, p. 201-205.
..,
JACQUELINE AROANT
198
DONN(ms PALYNOlOOIQUES
199
Om
1re est le reflet de ce qui a été consommé par les animaux et de l'environ-
b Ce ~pec lequel ils évoluaient (AROANT, 1990); ils avaienl à leur disposilion de.
nement a~~s doute très pauvres en arbres. Même le pin devait être très rare; par com-
pâtu~ages IS' analyse d'une croUe de chèvre, récoltée dans la vallée d'Adliye où le pin
c::;; .•. , .•. ~ par,"~on, antre la présence de ce pollen en quanlilé non négligeable à côté du pollen des
o .. 0 ~ 0 .. abo~ é
e m consommées. La faiblesse de la représentation arboréenne semble donc liée
.. 0" .. 0 .. 0 her ac eSage ouvert. et non au fait qu'on était en dehors de la saison de floraison. Les
0<11 .. 0 .... 0 .. ~ à. un par:tanl pas consommés par les herbivores (LtEUTAGltI, 1969), ni les Éricacées, ils
c~stes ~aissent pas dans les coprolilhes. Ces remarques expliquenlla différence avec le
o o a n a~~~u en pollen du sable de la lentille, où se sont concentrés, à la suite d'un ruisselle-
o

o ..
,0
o ::0\ intense et bref, les grains tombés au cours de la saison à la surface du sol.
• 0
2. Le sol enfOlIi 12

Deux échanlillons, sur quatre prélevés, se sont révélés assez riches en pollen pour
être analysés.
Échantillon à-53 CIII. C'est l'échantillon le plus riche, et il permet de brosser un
paysage. Il faut toutefois noter qu 'on y observe quelques grains de pollen plus anciens,
sans doute arrachés au substrat par l'érosion; de nombreux grains usés ou déformés,
indéterminables, peuvenl avoir la même origine. Les arbres. Le spectre est dominé par
le pin (36,2 %). Sapin, aulne, charme, noisetier, lierre, chêne et vigne sont également
représenlés. Ensemble, les arbres forment 42 % de la somme pollinique, ce qui traduit
un paysage moins ouvert que colui décrit ci-dessus à partir de la lentille. Les herbacées.
o 0
" 0 4 ,
EUes comprennent surtout des Cypéracées (10,5 %), indice de sols relativement humides,
o' ' ce qui est en accord avec la prés" nce de l'aulne, el à meure en relation avec la proximité du
, cours d'eau. Les Éricacées, relativement abondantes (5,2 %),Iémoignent de défrichements,
6 peut-être mis en culture, puis abandonnés.
Fig, 17 - Formation alluviale de la vallée du Yalakdere,
près du village d'Ayazmaçukur %

.
90

----...- lac
J, La lentille sableuse
--0-- 18eC·S3cml

..
70
- ... - . 18gl·20cml
Le sable. Le sédiment est relativement pauvre en pollen: quatre lames ont été
---0--- ,8 j
nécessaires pour compler 171 grains.
Les arbres. Ils sont peu abondants (21,1 %) : il s'agit surtout de Pinus (10,6 %), de 50

Picea, d'Abies et de quelques feuillus: noisetier (COI)'IIlS), chêne à feuilles caduques


(Quereus), lierre (Hedera) et noyer (Juglans, arbre cultivé).
Les herbacées. Elles dominent largement. Les taxons de plantes rudérales 30
"
(Chénopodiacées, Convolvulacées, Crucifères, Cirsil/IIl, etc.) évoquent des espaces 20
défrichés, et les Graminées, Cemal/rea et Composées diverses, des espaces pâturés. Le
1O~--""'::~...-----
point marquant est la relative abondance des plantes indicatrices d'un milieu dégradé,
semblable à ceux qui se développent après des incendies, Cisll/s type incanus (11,1 %)
et Éricacées (3,5 %). Ces dernières forment plusieurs amas, ce qui indique un transpol1 Plnus autres PA défrichement pMurages iodiceS de lutreS?NA
relativement court. ~ e(spores

Cet ensemble évoque donc, en amont du cours d'eau, un paysage ouvert, comportant Fig. 18 - Analyse comparée des quatre échantillons prélevés près d'Ayazmaçukur
de larges zones incultes vouées à la pâture.
Les coprolithes. Parmi les nombreux débris végélaux extrails de la lenlille sableuse,
se trouvent quelques coprolithes qu'on peUl attribuer à des chèvres. Ils sonl riches CD 12, Les résu ltats concernant les échantillons à -63 cm et à -44 cm ne sont pas com~lc!nlés C~lf
le nombre de grains de pollen est trop faible. Les cotes de profondeur de ce~ éch.uwllons sont
pollen, sunout de Composées, en particulier Cemal/rea. Il n'y a pratiquement pas d'arbres données par rapport à la surface du sol enfoui telle qu'elle a pu être détennmée dans h\ ~t)u~
(excepté 2 grains de pollen de pin sur 223 grains complés). (fig. 17).
JACQUELINE AROANT
200
ichor"illon à -20 CIII. Le spectre obtenu est plus pnuvre, cnr le POU
conservé, moins abondant. moins diversifié que dan~ le. cus précédent, mais I~~:t mal
compnmble : taux élevé de pin ~~ de ,Cy~mcées. L~s mdlces d~ dégrad~lion sonttoufiJ ~t
moins nets. Il semble donc qu Il n y aH pas de dllTérence slglllficmlve enlre ces tefol!
échantillons de sol. deux
Ces échantillons donnent vraisemblablement une image de 1. végéta!'
Ceux de la lentille reflètent plutôt la végétation de l'amont, peu différente '~? .Iocale.
mais o~ les indices de dégradntion sont plus évidents. Ceue comparaison est iU ailleurs, LES MACRORESTES VÉGÉTAUX
la fig. 18, qui résume les résullalS de l'analyse des quatre échamillons PréCé~Slrée Par
grains de pollen les plus caractéristiques y sont regroupés: ceux qui indiquent ents ; les
chement, des pfitumges, ou la dégmdntion de la végé tation. un défri_
par Georges WILLCOX'
BtBLlOGRAPHIE

ARGANT 1.. 1990. Climat el environnement au Quatemairc dans le Bassin du Rhône d'a
les données palynalogiques, Doc. Lab. Géol. Lyon, n' ttl , 29 fig" t8 labl" 11 diag. près L'étude des macrorestes végétaux récoltés en Bithynie a porté sur des fruilS (panni
B011BIA S .. WOLDRING H.. 1995. The prehislOric environment of the lake Iznik are lesquels des grains de céréales), des grai nes et du charbon de bois. Elle apporte des infor-
palynologiesl study. in 1. Roodenberg (éd.), The /lrpmu,. excm'fllùms. /, Fh'e seasons offie/d):~~ mations aussi bien sur l'agriculture dans le passé que sur l'histoire de la végétation. Le
in NlVAna,./ia. 1987-9/, p. 9-16. matériel analys~ provient de ~édime.nts fluviatiles, ce qui signifie qu'il nous renseigne
DIOT M.-F.. 1992, Études palynologiques de blés .. uvages et domestiques issus de cultu non pas sur le heu de trouvaille maiS sur un amont plus ou moins lointain. On notera
expérimentales, in P. Anderson (éd.), Préhistoire de l'agr;culfllre. Monographies du CRA '(JOres qu'aucune recherche de ce type n'a encore été publiée pour ceUe régionl.

1
CNRS <!dit.. Paris, p. 107-111. ' 6, Les échantillons prélevés lors des campagnes de prospection ont été traités sur place
GEYER B.. DALONGEVtU-E R. , LEFORT 1.. 2001, Les niveaux du lac de Nicée au Moyen  par flottation , afin de séparer, en utilisant un tamis de 300 microns, la matière organique
Castrom 7. Zones cÔli~res Ii/torales dQ~'s le monde m~d;terra"ée" au Moyen Âge: défense, p;~ de la matière minémle. Ensuite, les échantillons ont été séchés et examinés par nous. Ces
plement, mise ell l'aleur, éd. leM. Marun, Rome-Madnd. p. 77-93. échantillons sont en petit nomhre (neut) et ils proviennent de six sites différents. Les
HErM l. 1970. Les relations elltre les spectres pollilliques récents el la végétation aCluell macrorestes sont aisément reconnaissables car ils ont été conservés en milieu anaérobie.
Europe occidenlale, Lab. de palynologie el de phylosociologie, Uni\'. de Louvain. een dans la nappe phréatique 2 . Parmi eux, on trouve des insectes, plus rarement des os. des
LŒUTAGHI P., 1969, Le !i,'re des arbres. arbustes el arbrisseaux. 2 vol. bryophytes (mousses, hépatiques, etc.) et du bois non carbonisé. Nous n'avons pas pu
analyser ces matériaux, sauf quatre échantillons de bois provenant de gros Ironcs, qui ont
été identifiés avant d'être envoyés en laboratoire pour être datés au "C. Nous avons donc
principalement étudié les graines, les fruits et les fragments de charbon de bois.
Ces échantillons proviennent de deux bassins-versants, celui du Yalakdere et celui
du Kara Dere (fig. 1).

1. LA VÉGÉTATION ACTUELLE

La région étudiée abrite à la fois des associations de l'étage supmméditerranéen


(Oslrya carpinofolia. Carpinll' oriemalis, Qllerells pubescens. Q. frainerra) et des associa-
tions euxiniennes de l'étage supraméditerranéen prépontique (Abies SI'.. Fagus arien'alis,
Q. cerris et Pinlls lIigra) (QUEZEL et BARBERO, 1985 ; ZoHARY, 1973). Malgré l'imponance
de l'activité humaine, qui peut se traduire par le surpâlUmge et les incendies, la végétation
est capable de se régénérer rapidement dans le contexte climatique «tempéré» de la
région 3. Le couvert végétal est relativement stable comparé à celui des forêts présteppiques
du Proche-Orient ou même à la végétation thennoméditerranéenne .

• UMR 5647 - GREMMO, Universilé Lumière-Lyon 2 - CNRS.


1. Les seules études portant sur des macrorestes végétau~ ont été réalisées dans le c.tJre JI!
la fouille d'ilopmar (ROODENBERG, 1995) par I.-L. M. STUUTS et W. CASPARtE (1995. p. 157- 15~)
et parW. VAN ZEtsT et W. WATERBOLK-VAN ROOYEN (1995. p, 159-166).
~. L'~xploitation des sédiments sous fonne de gravière ou l'amênagement de::; ÇllUrs !-j't'au
Ont. fan bmsser récemment le niveau des nappes. ce qui a pennis d'accéder aux l'oupes et aux
sédiments auparavant noyés.
3. Voir ici-même GEYER, p. 27~29.
OEORGES WILLCOX
202 lES MACRORI!.STES VWttAUX 203
Il . RllSuLTAT DES ANALYSES
Tnb. 1 - Analyse des bois carbonisés et non carbonisés
Les taxons représentés dans trois des échantillons étant en nombre insuffi
derniers ne peuvent pas apporter d'information ~ur le couvert végétal. Les ISnnt, ces sile Aya Olk
92
DI'
92
DI'
92
Olk
92
Aya
94
Aya
94
Ta.
92
an 94
échantillons proviennent de trois fonnations allUVIales. ; deux sont ~i ~uées da R" éChantillon 17 1 14b 16d 1
du Yalakdere, en amont d' Ayazmaçukur et près de ce vIllage; la troISIème se couche lia XVII Il IX XII·1I1 Il Il
le bassin du Kara Dere, près de Dikilit a~. L'étude des macrorestes Contenus dansdans restes carbonisés llOn carbonisés

six échantillons apporte des compléments aux études palé~géographlques Présent ces Quercusf.c 35 13 10 15 11 3 chêne li feuHle caduque
ici-même par J. Argant et par B. Geyer. Les résultats sont décrots sur les tableaux 1 (boées Fsgus 6 7 6 9 27 2 2 hêtre
et 2 (fruits et graines). os)
Plnus
A/nus
• 8 7
2
5 6
3 2
pin
a ulne
CeltlslUlmus 1 1 3 2 mlcocouliet'/onne
J. En amOllI d'AyavlJaçukflr CmyIu s 2 2 nol.."",
JunlpefU s 2 genévner
Fraxinus 1 frêne
Une lentille sableuse, incluse dans l'hooizon 1 b d'une fonnation alluviale a ~ . 0/e8 2 olivier
des macrorestes de petite taille et roulés. attribuables au IX' siècle av. J.-C .•. IIs;u ~un" Quercus f.p 3 1 1 chêne â feuilles persistantes
une forêt mésoméditerranéenne: dans laquelle donüne le chêne à feuilles caduque~~e~nt Salîcaceae 1 saule/peuplier
Tamarix 1
l'on rencontre ~galeme~t le chene à feUIlles perslSta"'.es et le pIStachier térébinthe. ~
lama".

présence de grams de dI verses ~éréales (blé, orge et mIllet), de plantes adventices et de


RhamnusIPhillyre •
Pistaci8
1
1 3
2 1 filaire
térébinthe
graines de raisin provenan t de vIgnes cultivées montre une mISe en valeur précoce de la cf Crataegu s 1 1 1 aubépine
partie amont de cette vallée. Rosacea
Elaeagnus angustifofi8
• 3
3
1 rosacée
chalef
cfFrangula 4 bourdaine
2. Près d'AyaVllaçukur ZiziphusIPaliuru s 1 paliure

Une autre lentilleS, incluse dans l'horizon 1 a d'une fonnation all uviale des IH'-I" 3. Près de Dikilita~
av. J.-c.., a fourni de nombreux macrorestes, parfaitement conservés. Ils indiquent eu~
aussi une forêt mésoméditerranéenne. On constate à la fois l'absence de céréales et des Quatre échantillons ont été prélevés sous le pont médiéval proche de Dikili~, dans
plantes adventices et l'existence de taxons indicateurs d'une forte présence humaine quatre horizons différents, tous postérieurs au xv' s.7. Les macrorestes qu' ils contenaient
Des traces de coupe sur des branchages suggèrent des défrichements ou des déboisements: indiquent un milieu semblable: une forêt mésoméditerranéenne. Le cortège floristique
ne diffère guère de celui décrit en amont d'Ayazmaçukur pour le IX' siècle av. J.-C ..
sinon par la rareté des céréales. Notons l'apparition d'Elaeagnus angustifolia (l'olivier
de Bohème), venu d'Asie Centrale.

CONCLUSION

L'assemblage des douze taxons d'arbres identifiés dans les deux bassins versants
est en accord avec les diverses associations qui y sont présentes actuellement. Le chêne à
feuilles caduques, sans doute dominant à toute époque, le hêtre et le noisetier correspondent
aux associations euxiniennes de l'étage supraméditerranéen prépontique. Le genévrier. le
chêne à feuilles persistantes, l' olivier et RhamnllsIPhillyrea correspondent à un des étages
purement méditerranéens. L'aulne, le frêne, la salicacée et le tamaris appartiennent à la
ripisilve. On constate que durant les trois époques considérées (IX' siècle av. J.-C .. 111'-1"
siècles av. J.-c., après le xv' siècle) les taxons représentés, et leur fréquence, sont peu
différents.
Les céréales sont présentes dans la période la plus ancienne, ensuite seulement trois
grains de blé ont été trouvés pour la dernière période. L'origine autochtone ou allochtone
des graines non carbonisées est difficile à évaluer. Par contre les taxons comme Galeopsis.
Sambucus et Saponaria officinalis proviennent de berges du fleuve. D'autres comme
Rubus, Vitis vinifera, Juglans, Olea, Ficus, FagJls et Querclls pourraient avoir une origine
Fig. 1 - Carte de localisaI ion anthropique, animale ou alluviale.
4.lo.. p.1 57.
5. Ce~te, J~nti~le a également fourni du pollen. voir ici.mêml! ARGANT, p. 196-199. 7. Ibidem, p. 166-168.
6. VOir lCI-meme GEYER, p. 159.
204 GEORGES WILLCOX
20S

Thb. 2 - Analyse des cérenle.~ carboni sées el des gmines el fruils non carbonisés BI BLIoGRAPHIE

jSll8
n· échanlilion
Aya
17
Tur
18)
Dlk Dik Dlk
MILLER N•• 1990. Clearing land for farml and and fuel: archaeobotanical stud ies in the ancient
Near EaSI. il, N. Miller (éd.), Ecollomy uncl seulement in the N eur East. MASCA Research papen
couche Il. XVII Il . ience nnd archaeology. suppl. au vol. 7. p. 7 1~ 78. . . ' .
IX 10 sc EZEL P B AR BERO M.• 1985, Carte lie /tl végélallOn potentIelle de la régIOn médller",.
céréales Tn'ticum monococcum 1 QUF, 'lIe''"o 1: Médilerranée Oriel/ /a le. CNRS Éditions. Paris.
engraln
carbonisées Tn1icum nu
Hordeum saUva
3
1
3
blé nu ntelll~~~'~~BERG J. (éd.), 1995, The Illp lIlar excava/iol/s. ,. Five seasons of fteldwork in NW
Panicum miliaceum 2 orge A alolia 1987-91, lslanbu l.
fruits comestibles Rubussp. 23 63 1 9 3
millel 1/ ST~I1TS I.-L. M. , C AS PARIE W.• 1995, Wood Remains. in J. Roodenberg (éd.), The IIIplllar
Vitis vinifera 13 3 rnOrier ercavaliol/s. 1. Five seaSOIlS ofjie/dwork il' NW AI/molia. / 987-9/ , Istanbul, p. 157-158.
4
Fagus orientafis 12 vigne • VAN ZEIST W., WATERBOLK-VAN ROOYEN \V. , 1995, Floral Remai n s from Lale-Neolithic Ihptnar,
Jug/ans regia 1 hêtre
1 ;'11. Roodenberg (éd.), The Iltplflar excav(l/;Olls. 1. Five seasol/s of fteldwork in NW Anatolio.
O/ea europea 3 nOYer
1 / 987-91, Istanbul, p. 159-166.
Sambucus sp. 5 1 7 olivier
1 4 sureau WILLCOX G .• 1974, A history of defo rcs131Îon as indica ted by charcoa) analysis of four sites
Cory/us 1 1 in eastem Anatolia, Anatolüm Studies, XXIV, p. 117- 133.
Cmlaegus 1 noisetier
aubépine WILLCOX G., 1992, Bilan de s do nnées anthracologiques du Proche-Orient, Bulletin de la
Quercus 6
1 chêne Société Botallique de France. 139. Ac tes du co lloque de Montpellier 1991, p. 539-551.
Ficus cariea 5
figuier WILLCOX G ., 1999. Charcoal annlysis and Holocene vegetation history in southem Syria,
divers paslinaca 11
Ranunculus 7 The late Qualem ary ;', the EaSlern Medilerr(m ean, Special Issue INQUA Symposium Ankara,

1
Hordeum murinum 1 Quatemary Science Reviews, 18, p. 7 11 -7 16.
Hyparicum 8 ZoHARY M., 1973. Geobolallical f m mdalions of Ihe Middle East. 2 vo!., Stultgan-Amstcrdam.
Turgenia 3
Medicago 26
G/aucium 1
Fumaria 3
Tribu/us lerreslre 2
Chenopodium 4 8 7
Slachys 2
Viola 2 3
Adonis 2
Saponarfa officinalis 11
Ga/eopsis 2
Carex 4
Silane 3 "
Daucus carota 1
Boraginaceae 1
Composilae 4
Umbelliferae 3
labialae 2 2
Coprolilhe ovi/cap 8

Même lacunaire, celle élude des macroresles végélaux confirme la slabililé de la


végélation bithynienne pendanlles trois derniers millénaires. Ceci eSI dO à l'importanle
capacilé du couvert végélal à se régénérer, dans un milieu favorable du poinl de vue
climatique el édaphique. Ces conclusions mérilenl d'êlre soulignées ; dans les régions,
moins favorables, du Proche-Orienl, où la végélalion eSI plus fragile, on conslale loujOUl1!
une dégradation du milieu lorsque l'activilé humaine s'accroÎI (WtLLCOX, 1974, 1992,
1999 : M IU ER, 1990).
,

DONNÉES ARCHÉOLOGIQUES

IJ
LES FORTIFICATIONS MÉDIÉVALES

par Christophe GIROS' \

L'historien de Byzance désireux d'étudier les fortifiealions d'une région de l'empire \


est confronté à une difficulté de méthode. Le maintien d'un Élat centralisé et la rédaction de
traités tactiques ont souvent conduit les historiens à admettre l'existence d'une stratégie de
l'État byzantin, au risque d'interpréter toute fortification dans le cadre de cette stratégie'.
Afin d'éviter cet écueil, il convient de replacer l' histoire des réseaux fortifiés dans la
longue durée et de discerner dans la construction ou la restauration d'une forteresse ce
qui relève d' un héritage et ce qui répond à des impératifs stratégiques nouveaux. La
défense de l'empire était en effet principalement fondée sur des enceintes urbaines, dont
la localisation ne peut s'expliquer exclusivement par des raisons militaires. Les textes
médiévaux et des travaux de prospection montrent aussi que des enceintes-refuges
existaient pour les communautés rurales en Asie Mineure2, En Bithynie, la fortification
construite à Mégalophos par les habitants d'Hérakleion (Eregli), sur la côte sud du golfe
de Nicomédie, qui fut concédée par Jean Vatatzès au patriarcat, ne jouait aucun rôle
stratégique3. La prospection a permis de reconnaître une enceinte-refuge près d' Ericik,
au lieu-dit KlZanhktepe (murs en pierres sèches, porte à l'est) ; on y a trouvé un tesson
datable des XIII'-XtV' siècles'.
Les fortifications byzantines avaient évidemment plusieurs fonctions: elles abritaient
les pouvoirs chargés de contrôler la région et ses habitants, et pouvaient jouer un rôle de
refuge pour les populations environnantes. Néanmoins, la Bithynie était un théâtre
d'opérations particulièrement important pour l'arméeS. Au VIII' et au x' siècle, la plaine
d'Atrôa, près du Mont Olympe, était un des lieux de concentration des troupes'.
Malagina, sur le Sangarios, constituait au x' siècle la première étape des armées impé-
riales sur la route menant en Syrie'. Plus tard, au XII' siècle, le rassemblement des troupes

• Université Lumière - Lyon 2, UMR 7572.


J. Cf. en dernier lieu J. HALDON, Warfare, Staff! and Society ;11 (he Byzantùre World 565-
I2 04, Londres, 1999, p. 43-46, où l'auteur remet en cause la notion de stratégie dans le cadre de
" État byzantin.
2. Cf. par exemple, pour le xc siècle. G. DAGRON et H. MIHAESCU. Le lrairé sur la guài/la de
l'e!1tperel" Nicéphore Phocas. Paris. 1986. p. 117-119 et commentaire p. 227 ; sur une enceinte
~Ifiée dans la région d'Izmir, peut-êcre par une communauté rurale. cf. H. BARNES el M. WHrrro\V.
Yilanh Kalesi: preliminary Repon and New Perspectives. A,Jatoli(1IJ Stlldies. 44. 1994. p. ~87-
206. et, plus généralement. M. WHtTTOW. Rural Fortifications in Western Europe and 8yzantlum.
Tenth to Twelfth Century, By,mJtillische Fo/"scllJlI1gen, 21, 1995, p. 57-74.
3. Voir ici-même KRAvARI, p. 88 (Michel VIII). - Cl. Foss (Sailli All/onome, p. 195) idemitk
Még.lophos au site de Tepekoy, près d'Eregli.
4. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 301.
5. Voir ici-même CHEYNET, p. 311-330. . -
6. THl1oPHANE, p. 466; LI'::ON LE DIACRE. p. 177. - Sur l'Atrôa, voir ici-ml!me AllZEP\', p. ~-'.
L'Atrôa pourrait être identifiée à la plaine de Yeni~ehir. vaste zone herbeuse ;\daptée aux chc-vuux.
7. Voir ici-même CHEYNET. p. 316-317.
210
CHRISTOPIIE OIROS

T .
x\l' SIècle
LES FORTIF1CATIONS M~Dlé.VALES

art longeant le lac d'(znik), et au XIII' (in.cription. de Théodore ("


(re:-~ur de Jean Vntntzès)12. Nous nous sommes intére"é plu. particulière-
\,;Iscart s. ava s ouest et sud-ouest de l'enceinte, donlle tracé offre des particularités peu
men~ a,:;,; z~~~ à partir de T. 89 (la tour 89). le mur s'éloigne du rivage du lac. mais
exphca eS " 94 et T. 106 un angle rentrant. Cet affaibli"ement de la défense esl
T
des~lne e;.tr 100 en saillie par rapport aux deux courtines. Ce tracé pourrait s'expliquer
211

palhé p~ ~ce d'une zone inondable dans ce secteur. D'après (bn Hurdadbeh. géographe
par la ~ ~'siècle Nicée possédait une petite porte entre la ville et le lac". L'auteur relie
.rabe u l à u~ souci de défense el d'évacuation éventuelle de la ville: «Lorsque les
tion
cett~ m~;sont effrayés par un danger. Bs se mettent en sûreté sur les montagnes du lac».
~~~t:~ans la même perspective que Georges Pachymère mentionne la porte du lac de
Nicée au XIIIe siècle, en soulignant que les Nlcéens ne p.ouvment tmaglner que la tour
T. 100 pOt être prise par des Tata"". Les sources médIévales mettent donc e.n avant
1" portance stratégique de cette partIe du rempart. Afin de protéger davanlage 1 accès à
llm du lac, deux murs perpendiculaires à l'enceinte relient celle-ci au lac. Le mur
a ~orte
relie le lac à T. 89. Il est constilué de gros blocs de remplois, utilisés en parement,
~~ec un blocage de moellons et mortier. CI. Foss date. d'après sa typologie des parement'.
ce mur de l'époque de Léon \11 16 . Dans la partie est de ce mur, une phase de restauration
est visible. d'époque lascaride (même type de parement que l'avant-mur).

engagées face auX 1ùrcs avait Iie~ àLopadion S. En~n, au XIII' siècle, la Bithynie devint
une zone frontalière. Son rôle rnlhtatre ImposaIt à 1 armée de fatre constrUIre et rénover
régulièrement les fortifications qui en assuraient la défense .. . . . =_=-::""m
Nous nous proposons de décnre le réseau des fortificatIons de Bnhyme, à partir des
résultats de la prospection et des mentions d' enceinte~ dans l~ s te'te~. Selon les époques,
les sources nous informent inégalement sur la répartItIon gcographlque des forteresses
ce qui rend impossible de comparer dans la diachronie le réseau d~s fortifications. Parmi
les sources ottomanes sur la conquête de la Blth~OIe, la chrontq~e d A~lkp~azade, rédigée
à la fin du xv< siècle, révèle une bonne connaIssance de la reglon, malgré le caractère
souvent légendaire du récit". Pour l'étude des remparts, nous sommes largement redeva· Sainte-SophIe
aquedUC
bles aux travaux de CI. Foss sur les remparts de Nicée, sur les forteresses de la vallée du

_....
• bain
Sangarios et sur celles du golfe d'Izmit; l'étude des types de parement et de mortier
renouvè considérablement nos connaissances sur les fortifications de la région lO.
La défense de la Bithynie était fondée sur le réseau des enceintes urbaines, associé
à des fortifications qui gardaient les défilés (fig. 1). La topographie imposait aux Byzantins
de verroui11er par des forteresses les accès des dépressions. olt se situaient les principales
villes.
\~Tl00 11 ~
1. LES ENCEtN1l'.S URBAINES
~~
Le réseau des villes médiévales de Bithynie était exceptionnel à plus d'un titre":
Fig. 2 - Les rempartS de Nicée (d'après Schneider-Kamapp)
la région était sans doute l'une des plus urbartisées de l'empire et comportait deux grandes
vi11es, Nicée et Nicomédie, pourvues de vastes enceintes urbaines (pour Nicée, cf. fig. 2),
dont l'édification date de la seconde moitié du me siècle. 12. FOSS-WtNftELo. p. 113-IIS.
À Nicée, on peut distinguer quatre phases principales de restauration des mUffl : 13. Cr. plan hors-texle de Nicée dans SCHNEIDER-KARNAPP.
vers 730 (inscription de Léon ml, au milieu du IXe siècle (inscriptions de Michel Ill), au 14. IBN HUROADBEH. p. 77-78. L'infonnation est reprise par Idrisi. voir ici-même KRAVARI.
p. 81. -Il doit s' agir de la porte dite Yahkapl. enlre les 10urs T. 84 el T. 85. datée de 269 par une
inscription du consulat de Claude II le Gothique ($AHIN. IVlik. 1. nO 11. p. 7 : cf. COVEL. p. ;~~ I!t
n. 790). plulôt que de la porte dite Bahçekapl. entre les 10urs T. 92 el T. 93 (cf. COVEL. p. -~- el
8. ANNE COMNB<E. III. p. IS8 : CHONIATE, p. 33.
9. Urotrr. Tableau. p. 112-113. Liste et identification des forteresses mentionnées dans la n.797).
chronique, p. \I3-I1S. IS. PACflYM~RE. J. p. 323 .
10. Foss-WINFIELD; Foss, Ma/agina ; ID., Nicomedia. t6. FOSS·WINFIELD. p. J 12.
11. Voir ici-même BONDOUX, p. 377-409.
212 CURISTOPHB orROS
LES FOKTIPICATIONS MtOlflVALES
213
Nicomédie était pourvue d'une enceinte urbaine. remontant nu Ille siècle
ciladelle prolégée nu nord par un IIvanl-mur. L'étude des remparts par Cl. Fos; el d'une auchlia) a été idenlifié av~c Kéramida., pds par les Latins en 1233 32 . Dans les environs
que les principales phases de réfeclion doivenl êlre dalées de l'époque des Co· rnontré (M . la fortification dIte ,<lour de Goultelmos» fut en 1304 le Ihéâtre d'un combat
peut-être du règne de Mnnuel, et des premiers Ollomnns". rnnènes, d' Art~qu~;n'tinS, alliés auX Calai ans, et Turcs".
Le réseau des petites villes, lllrgement hérité des époques romaine et paléochré . ent'"DIns la chaîne du Karadag, à proximité de son plus haut sommet, une fortification
était dense : contrairement aux régions occidentales de l'empire. qui ont vu la dis t~en~e. ?'
(85 X 45 m environ), Çingyan Kale, pourvue une. tour semi-circulaire, pourrait dater de
du réseau paléochrétien des cités IIU VII' siècle. la Bithynie témoigne d.ns l'e So Ullon l'é oque lascaride 34 • Au sud de celle chame Itlloral~, les remparts de Brousse et
d'une continuité urbaine entre le VI' et le Xt' siècle IR. Les remparts de Kios (Ge~~~rnble À
d' ollônias ont été entretenus tout au long du Moyen Age".
ainsi été entre.tenus. a~ Moyen Age l9 : SI la base des murs ~Sl antique (appareil pol ~onl PSituée sur une colline, Brousse élait défendue p.or un double rempart du côté sud,
en marbre gns, à JolnlS VIfs). on peut repérer des réfectIOns protobyzantines (yg .nal facile d'accès, et par un seul mur sur les trOis autres cotés: plus escarpés. L'enceinte était
alternées de moellons et de briques) et plus tardives. aSSIses pourvue de quatre portes36 . CI. Foss propose de dater certams éléments du rempart oriental
Certains rempans urbains semblent pourtant bien déchus nu XIe siècle. et née . des VIIC-VIIIC siècles J1 .
la conslruction de nouvelles enceintes, parfois édifiées sur un autre site. essItent La ville médiévale d' Apollônias était située à l'extrémité occidentale d'un promon-
Attaliate nous mpporte que l'empereur Romain IV partit en 1071 en carn toi", du lac d' Apolyont,. barré par une tour carrée". CI. Foss distingue dans l'enceinte
contre les Thrcs en ,débarquant à Hélénopolis (Hersek), qu'il surnomme Éléei/ag~e une phase des Vlle-VllIc Siècles.
(ville pitoyable)'O. A la fin du XI' siècle, Alexis 1" édifia à proximité Une no opohs Un réseau de villes nouvelles ou réhabilitées par la construction d'une enceinte au
forteresse, Kibôtos, pour lutter contre les Thrcs installés à Nicée et à Nicomédie2~velle XIIe siècle complétè~ent le ~ésea.u paléochrétien, en~retenu aux Vllc-VllIe siècles. En effet,
installa des mercenaires anglais à son service". Par deux lettres de Pierre le Véné' ~~ y à partir de la conquet~ seldjouklde, à la fi,n du XI' SIècle, les empereurs byzantins mirent
r3
nous savons que le même empereur avait concédé au monastère clunisien de La Ch . e, en défense la Blthyme, alors zone fmnllere. Tout au long du Xli' siècle, les Comnènes
sur-Loire une dépendance à Civetot (= Kibôtosj23. Au début du XIII' siècle les L",:.lé- fondèrent de nouvelles forteresse s. Lopadion, qui était seulement une étape sur la route
restaurèrent le rempart 2. , donl des vestiges onl pu être observés par les vdyageu a ms entre Brousse et les Dardanelles au VII1' slècle3., fut sans doute fortifiée au Xt' siècle'"
X1XC sièc1e25. cs au Jean Il reconstruisit la forteres~e de Lop~dion ~u début du XII' siècle'l. Le même empereu;
Cyzique semble aussi une ville déchue au XI' siècle'6. La ville souffrit vraisernbl édIfia e~ 1139 la fortere~se d Ochynu'-, sll~ee sur un affluent du Makestos, tandis que
blement du tremblement de terre de 1063 27, puisqu' elle fut la seu le ville prise facilern a- le site n était encore qu un Village au IXè slècle4J . Les vestiges d'une forteresse située
par les Thrcs, 11 trois reprises, en 1080, 1086 et 1112 28 . Au début du XlIl' SièCI:~t 11 Sultançaylr, à 5 km au sud de Susurluk, dans la vallée du Makestos, ont été datés du
forteresse était en ruines 29, el au xrvc siècle. la ville n'est même plus mentionnée a Xli' siècle.... Manuel Comnène r<construisit en 1144 la forteresse de Mélangeia, et en
Ramon Muntaner. qui rapporte la présence des Catalans dans la presqu'île. Il fait a1~ar 1145 édIfia une place fort; à Pyla l·'. Le chroniqueur Jean Kinnamos précise que les
exclusivement mention de la ville d'Artaqui (Artakè, Hyrtakion, l'actuelleErdek) à l' ~ fortlficaltons avalenl été negltgees aux époques précédentes, et que Manuel entreprit de
de l'ancienne Cyzique30 . Ce site médiéval peut être identifié avec les vestiges de ;'mp: remellre la région systématiquement en défense46.
situés sur la colline dite Seyitgazi tepesi 31 : si aucun parement n'est visible (blocage de Le site de Tophisar, identifié avec Lentiana, occupe une colline peu élevée, dominant
moellons et de mortier à tuileau abondant), plusieurs tours, distantes d' une trentaine de le Kara Dere, un affluent du Sunav çayl (Makestos)47. La maçonnerie (assises de moeUons
mètres les unes des autres, peuvent être repérées. Au nord d'Erdek, un site fortifié et briques, avec quelqu~s traces de cloisonné) a été datée de l'époque lascaride"S. La
céramIque byzantme qu on y trouve date de la fin XlI'-XIV' siècle'•.

17. Foss, Nicomedia, p. 42-43.


18. BRANDES, p. 124-131. .32. ACROPOUTE, p. 47. - Pour l'identification et la description des vestiges, cf. HASLUCK,
19. Voir ici-même BONDOUX, p. 391-392. CYl/CliS,p. 19.
20. ATI"!-lATE. p. 144: SKYLrrzas CONTINUl':, p. 142. Le jeu de mots sur le nom de la ville 33. PACHYM~RE, IV. p. 459.
~ut tra~Ulre 1. état nusérabJe du sne en 1071, ou constituer un signe annonciateur de la défaite de 34. MANGO-SEVeENKO, p. 248-249.
1 année unpénale. - Cf. MANGo, Hélénopolis, p. 143-150. 35. Voir ici-même BONDOUX, p. 382-383 et p. 384-386.
21. ANNE COMN~NE, Il. p. 71. 36. OABRIEL, Brousse, l, p. 23-30 ; voir ici-même PRALONG-OmOIS, p. 139, note 3 et fig. !.
22. 71U! Ecclesiastical HisroryofOrderic Vitalis, lX, 5, éd. M. CHlBNAlL, Oxford, 1968,1. 5, p. 38. 37. FOSS-WINFlELD, p. 138-139.
23. The letters of Peler Ihe Venerable, éd. G. CONSTABLE, l, Cambridge (Mass.), 1967,Iettte 38. Ibidem , p. 139 ; HAsLUCK, C)'ziC/ls, p. 68-72.
75 (à Jean Il), p; 208-209: lettre 76 (au patriarche), p. 209-210. Le prieuré ne comptait plus dt 39. T!ŒoD?RE_ SroUDlTE, LeI/TeS, l, nO 3, p. 14, 1.81 ; Il, nO137, p. 254, 1. 10 (Loupadion).
maIDes latlOs à 1 époque de Jean Il Comnène. 40. VOIr ICI-meme BONDOUX, p. 392-394.
24. Voir ici-même I<RAvARI, p. 83 (Villehardouin). 41. KINNAMOS, p. 38. - Sur le rempart de Lapadian, cf. Foss-WlNFlElD, p. 145-146.
25. Le site est aujourd'hui inclus dans des installations militaires 42. CHONIATE, p. 33. - Sur le rempan, cf. FOSS-WlNFlELO, p. 146.
26. Voir ici-même BONDOUX, p. 387-389. . 43. Vie A de Théodore Sloudile, C. 209 : Acheirnô.
27. ATIAUATE. p. 90. D • 44. Cl. Foss, The Defenses of Asia Minor against the Thrks, Tite Gn:ek Orthodar Theological
neVl..., 27, 2,1982, p. 191-192.
28. ANNE COMN~NE, l, p. 69 ; Il, p. 79-80 : les Byzantins reprirent la ville au premier assaut;
III . p. 165 . le gouverneur byzantm de la Ville s'était enfui. 45. CHONIATE, p. 52; KINNAMOS, p. 63. - C. Mango (Hé/énopolis. p. 155-158) propo,e de
1OCa1Iser Pylal à Karakilise.
29. VILLEHARDOUIN. § 454, p. 268.
46. KINNAMOS, p. 36.
30. Chromque de Ramon Muntaner, § 203, éd. F. SOLDEVILLA, Les Quatre Gralls CrollÎqlltS,
Barcelone. 1971 , p. 849: - Sur Hynakian, voir ici-même BONDOUX, p. 388. 47. HASLUCK. CyziclIs, P 116-119.
48. Foss-WINFlELD, p. 155-156.
31. HASLUCK. C!,~/(,IIS, p. 18-19; COVEL, p. 340 (Palaio Kastro) et n. 1019. 49 . Voir ici·même FRANÇOIS. p. 303-305.
214 ('URIS1lJPIII3 G IRO-~
LP.s FORTIFICATIONS Mf!.mJ5:vAtP.S 21S
Lu forteresse d'Eski Manyns, généralement idcnliliée Ilvec POimnnèno n c
ln plnine au sud du Ine de Manyas (Ku~ GNU), el fUI l'ohjel d'inlenses con'tb onlrôlait . d Ile devanlla citadelle, un avanl-mur devanlle rempart.57 • CI. Fo.. a monlré
Gn.'Cs el Lulins en 1204-1205 cl en 1224"'. Cinq lours carrées sonl signalées par ~s Cnl,. «u ne CI~ ~antinS ont entretenu une sé~ic d~ ~orteress~s sur. les rives du ~olre d' Izmit. La
dont deu x flanquaient "unique l)One d·cnceintc~l . as1UCk, que I~s Yrtnnle d'enlre elles, celle d EsklhlSar, esl Idenllfiée avec Nlkèliala. Elle ••1
Le second programme de mise en défe nse ôe 1.1 region peut être daté d plus ~m~e par des sources byzantines au XIIIe ct XIVe siècle; c'est une vaste enceinte
dernières décennies du XIIIC' siècle. Vers 1280. le Snngnrios constituait la fies d~ux Jt1enuo~~ m) bien conservée. avec réduit défensir, pourvue de onze tours et d' un grand
orientale entre Byzantins cl1\m:s~2. L' empereur Michel VIII cngngen alors Un pro ronCière (1 20 X 1 cen;ral à quatre ni veaux". À l'csl d'Eskihisar, Hereke fUI fortifiée par les
de conSlnlctÎons de forteresses sur les deux rives du neuve et restaura les e~~ ~~Ii~::n 1207. L'enceinle ( 150 X H(! nt.! élail pourvue, ~u côlé de la mer, de lours
exislanlcs~.l. Ln défense de celle fron tière reposait sur les garnisons des forteresseceintes é el circulaires". Sur la n ve mendlonale du golfe d lzmIl, moins défendu&1, la
de fréquentes eX I>édilions mililaircs. dirigées par l'empereur. soucieux de surve~l~t
1
SUr ~~~e~:sse de Saint-Grégoire servi t de lieu de détention au XliiI: siècle"'.
de renforcer le disposilif fortilié. Michel VIII eneclua ainsi Irais séjours SUr le San er CI
il l'él~ 1280, en 1281 el à l'élé 1282", el Cil 1290-1293 cul lieu une grande Iganos, 2. Régioll de Nicée
d' inspection d'Andronic II en Bithynie. qui mena l' empereur à Nicomédie oUrnée
Sangarios et à Nicée5S, sur le 1 La dépression du lac de Nicée étail rrolégée par une série de forteresses . Au nord-
OUlre les villes fortiliées héritées de l'époque paléochrélienne, les villes neuv esl de la ville, la ciladelle de Kyr (ieorges. non loin du lac, servait de lieu d'élape62 ;
réhabilitées du XIII.' siècle. une série de forteresses assuraient le contrôle de l'intériees ~u O~e prolégeail le slalionnemenl de l'année hyzanline63 et jouail un rôle pour la défense
lertiloire el lu défense des fronlières. Ur u :e Nicée et de la rive septentri onalt.:: dl l b t.: M . Une autre forteresse, Çoban Kale, dans 1a
vallée du Yalakdere, permellail de e"'llf'ôler la roule qui reliail Hélénopolis à Nicée"'.
Il. L ES FORlCRESSES CI. Foss a proposé d ' identifier le ..; itc :tvct.: une forteresse mentionnée dans les récits de
la première croisade, XérigonJon/;I,. 1.' ~ncci ntc, située sur une colline calcaire, verrouillait

1
Les forteresses élaienl de deux types. selon qu'elles élaienl en plaine ou au somm la vallée au point où les deu x branche, principales de la rivière se rejoignent. Sept tours
de siles perchés: le Irncé des enceinles dilTère el on peUl leur reconnaÎlre des fonclio el semi-circulaires sont visibles, d Ol )! 1(' parement. excl usivement en pierres. n'est pas datable.
différenles. Les remparts des forteresses localisée~ slIr des sommets escarpés s'adaple~ La céramique ramassée au somnll'I tJe la coJljne esr du XIIIe siècle67.
à la eonfigurollon du rehef; les parties les plus InaccesSibles sonl peu fortifiées. Les À l'exlrémité occidenlale uu 1;,,, uïznik, près de Pazarkoy (Orhangazi), un voyageur a
enceintes situées en plaine ou sur des sites de pié mo nt sont pourvues d ' un fossé ou d'un observé en 1837 des vesliges de Illurailles. au lieu dil Eski Kal.... Au S-O du lac d' lznik, le
avanl-mur, qui conslituenl des obslacles à la progression de l' ennemi S6 . Les fonclions sile de la forteresse de Kroulla (Giirle)r.<l, alteslée au XIve s.1", n' a pas laissé lrace de rempan.
militaires d e ces deux Iypes de fortifieali on ~e sonl pas semblables: les. sites de plaine
sont des Siles de passage, .localIsés au eœ~r d une régi on, landlS que les sites d'acropole,
À 8 km au sud-ouesi d' ILn ik. au bord du lac, le pilon rocheux dil Karacakaya esl
pmlégé, sur ses faces sud el eSl, par un mur médiéval, qui devail êlre celui d'un poste de Î
t
inexpugnables el excenlnques, permellatenl au x unllés byzanli nes de surprendre leur garde sur la roule méridionale uu lac. La céramique byzanline Ir~lUvée au pied du sile
adversaire. Elles représenlaienl en effel un danger conslanl pour l' envahisseur, qui élait dale du débul X'-XI' el du XIII' 71. Enlre les villages de Mü~küre et d'Orencik,la prospection
loujours menacé d'êlre pris à revers. Nous nous proposons d' élUdier successivement le a permis de repérer la forteresse de Kale Tepe, à 835 m d'ahilude, qui permettait de sur-
réseau des forteresses dans les régions de Nicomédie el d·.' Nicée, dans la vallée du veiller les plaines d'Iznik el de Yeni~ehirn. Au milieu d'une végélalion Irès abondanle,
Sangarios et dans la région de Brousse.

~
À pmximilé des grondes villes, les fOfleresses renforç'aie lll la défense.
57. ANNE COMNÈNE, II. p. 206. - Cette forteresse n'est pas localisée. Notons qu'un voyageur
1. Région de Nicomédie a vu en 1896 les vestiges d'une fonific3tion à 2 km à l'est de Yuvaclk. d' où le regard portail
jusqu'à l'extrémité orientale du lac de Sapanca, DIEST. Ttlsitt. p. 12.
58. Foss, Nicomedia, p. 50-58, plan V.
Lu forteresse de Sidèra, cons!rUite par Alexis Comnène près du lac de Baanè 59. Ibidem, p. 59-6 t , l'tan VII.
(Sapanca), dans la région de Nicomédie, constituail, selon le mot d'Anne Comnène, 6O./bidem, p. 61-63.
61. PACHYMÈlE,III, p. 23, t 17, 297. - Sur la localisation de celte forteresse, cf. A. FAllUR,
Chronologie el composition dans t'Histoire de Georges Pachymérès (livres VII-XIII), REB, 48.
50. VII.UIIARIlOUIN, § 319, p. 126-128 ; ACROPOLlTE, p. 11-12, 36. 1990, p. 21-22.
51. HASLUCK. CyZÎclIs. p. 119- 123 ; E. EICKHOFF. Fr;edrich Bar/Jarossa lm Orient, KrtUWlg 62. Voir ici-même KRAVARI. p. 83 (Mésaritès) el, sur la localisation approximalive. lERJRr. p. 465,
und Tod Fri.drichs l , Tübingen, 1977, p. 84-85. 63. ANNE COMNËNE, !II, p. t 88, 190·1 92.
52. PACHYMàŒ. Il, p. 405, 407, 633, 657. 64. EAD.. II, p. 74,111, p. 14-15.
53 . Ibid,m, p. 635, 657 ; GRÉGORAS, l, p. 140. 65, Sur cette route. voir ici-même LEFORT, p. 469-470.
54. A. FAIULR. Chronologie el composilion dans l'Hisloire de Georges Pachymère, REB, 66. Foss, Nicomedia. p. 63-68. Plan p. 66: voir ici-même GRÊlOIS. p. 516, nOIe 86.
39. 1981. p. 242-248. 67. Voir ici-même FRANÇOIS, p, 298.
55. 1. SEvCEs.. : o. Études sur la polémique en/re Théodore MélOchite el Nicéphore Choumnos, 68. Voir ici-même GRÉLOIS. p. 513.
BruxeUes. 1962, p. 138 el n. 6. 69. TOMAsCHEK, p. to.
. 56. Dans un traité anonyme de poliorcétique du x~ 5 .. mis trad itionnellement sous le nom 70. PACHYMÈRE, IV, p. 455.
71. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 299-300. • .
d Hé~on de B)'zan~e. l' ameur distingue les techniques d'assaut contre les remparts des villes, en 72, Le loponyme Mü~küre doit êlre rappn:lChé de Miskour.l, où séjourne en 111 6 1 armlO!l!
f?nCliOn de leu~ sites. perchés ou en lcrr,lÏn plat. Parcmgelmata Po!iorcfticll , éd. D. ~. SUllIVAN. d'A lexis 1er , qui vient de Nicée, cf. ANNE COMNÈNE. III. p. 193. Voir R. KAPlA NoGll'. 0 .,:111(/1111
~lfXt'(·ru~. Two !t'IIt".Ct'mury l"slruc/;mwl Melllual ... by " He'mll of 8)':"(ll1Ii/iIl/". Washtngton D.C. DCl'letÎ 'I1ÎII KJ/ rulll~lI. Orlli.ll1gazi _ Surs.\. 2000. p. 33. _ Nous remercions Kl aus Belke.;) qUI n\lllS
_000. p.. 6 <1 4_. devons cette référence.
CHRISroPHE QIROS LES FORTIFICATIONS M(!DII'WAl.l'n'i 217
216

---
_.
.... ...,. , -. ~

Fig. 4 - Tour est de la forteresse lk :,>rl . .'kr Fig. 5 - Tour ouest de la forteresse de Kuleler
Fig. 3 - Plan de la forteresse de Kuleler
étaît situé près d' un pont, ~llroi s jll l l " ''; d(~ marche de la plaine de Dorylée 19 . Nous proposons
on peUl repérer une petite lour ronde (diamètre intérieur de 1,8 m) et une tour carrée, dont d'identifier Pithèkas avec Kilprlihi'- ar. sur le Gbksu, un affluent du Sakarya. Si aucune
les appareils ne comportent que des pierres, avec des chaînages de bois. Le parement est tmce de rempart n'est aujourd' hui visible, la forteresse de Kbprühisar est mentionnée
comparable à ceux de l'époque laskaride. Le col qui, plus 11 l' Ollest. menait de la rive sud dans les sources ottomanes sur b co nqu ête de la Bithynie, et au XVIe siècle, des gardes
du lac à la plaine de Yenijehir était gardé par une petite butte foniliée (50 X 30 m), Burcun, y étaient stationnés, à Ulle journée de marche d'Iznikso. Nicétas Choniate mentionne
dont subsistent quelques murs ruinés. pour le XII' siècle J'existence de points fortifiés (él)'IIJG/a) dans la région de Pithèkas 8l .
À l'est de Nicée, deux forteresses gardaient la route menant au Sangarios, vers A JO km au sud-est de Koprühisar. le village de Yarhisar, dans la vallée d'un affluent du
Lefke 1Osmaneli. Au nord du village actuel de Kaynarca, à 9 km cl ' Iznik, on observe des Kacasu, est surplombé au sud par lIne butte rocheuse. Sur le flanc nord de cette dernière,
vestiges de murs (moellons et mortier blanc; aucun parement n' cst conservé) au sommet un mur, conservé sur une hallteur de 4 m, large de 1,25 m, constitué de moellons et de
d'une terrasse. À 13 km à l'est de Nicée, le hüyük de Karadin , de l' âge du Bronze73 , a été briques liées au mortier, s'appuie sur deux rochers. Sur le flanc sud, dominant le ruisseau,
réoccupé à l'époque romaine (mu/aria) et byzantine (enceinte fonilïée)14. La céramique on peut observer les vestiges d' un autre mur, très détruit. La céramique byzantine est
trouvée au sol est datée fin Xll' -XllI' s.". On peut suivre, aU sommet, le mur médiéval datée du Xtll' siècle82. A~lkpajazade mentionne la prise de la forteresse de Yarhisar par
(moellons et briques) et observer en contrebas, du côté sud, les wstiges d' un autre mur. Osman, en 1299-130083 .
Le site peut être identifié avec la forteresse de Karatekin. prise par les OUomans au début À l'ouest d' Osmaneli, dans la vallée du Gôksu, la forteresse de Kuleler (fig. 3)84 est
du XIV< s,16. C'est à partir de ce point fort que ceux-ci menèrent leurs anaques contre Nicéen . érigée sur un éperon gréseux, situé à un élargissement de la vallée. Deux tours semi-
Au sud-est de Nicée, la chaîne de montagne dite Avdan Dag assurait une protection circulaires sont bien conservées (opell-gorge /olVers), de petites dimensions (diam.: 3 m
naturelle à la ville. Nous savons que, sur la roule entre Nicée et Arménokastron pour la tour est, fig. 4, et 3,5 m pour la lour ouest, fig. 5). Elles sont construiles en pieores.
(pazaryeri ?), Manuel Comnène érigea la forteresse de Pithèkas, dans une région monta-
gneuse et couverte de bois touffus78 • Par ailleurs, Anne Comnène précise que Pithèkas
79. ANNE COMNËNE, Ill, p. 197-198. L'armée, partie de Nicée. passa par Pithèkas. Armén~
kastron et Leukai (Osmaneli). Si l'on accepte l'identification d' Annénokastron ~vec Pazarye~.
J'itinéraire décrit semble peu vraisemblable puisqu' il suggère qu'à Annénokastron 1 arm~ s~ se,r.lll
73. D. FRENCH, Prehistoric Sites in Northwesr Anatolia, J. TIle Jznik Area. All%Jian SIl/dies, ~~Iournée vers Je nord (Leukai). Mais on peur supposer que des so~dnls venus de LeukaI s élruent
XVll, 1967. p. 49-100. JOlOts aux troupes d'Alexis à Annénokastron, avant de gagner la plame de Dorylée.
74. FRENCH, Pilgrim's Raad, p. 29, 104-105 et carte 3. 80. INALCIK, Osman Gazi. p. 89-90.
75. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 300. 81. CHONlATE, p. 52.
76. Au XVII' siècle, la porte de Lefke s'appelait porte de Karadegin, du nom de la première 82. Voir ici-même FRANÇOIS. p. 305.
bourgade rencontrée sur la route menant au Sangarios ; cf. COVEL. p. 288 et n. 821. '. 83. ASIKPASAZADE. trad .. § 12. p. 37-38. _ Sur les problèmes soulevés par œue date. voir
77. A~lKPA~AZADE, trad .. § 22, p. 50-51. ICI-même BELDICEANU. p. 366-367. .
78. Kl"AMOS. p. 38. 84. Sur cette forteresse, cf. FOSS -WINF1ELD. p. 156 (Ikl KuJe).
• :!18
CHRISTOPHE OIROS

3. l'allée d/l Sang",io..

sur la nve g
LBS FORT1F-1CATION~ Mf!OIÉVALF~~

hé de la route de Nicée vcrs le


A~ débOU!orteresse de Mekece cst situéc
Sangar~OS, ~:che du fleuve, 11 1 km 11 1.' ouest d"
sile de plaineKR. L cnl:Clnlc.
vill~ge. da~: c~~servée, devait mesurer cnvi.rn~
partlelleme Le mur, épais de 2.4 m. est c.:on~t1IUC
219

70 X30 m. ré à un mortier blanc Séln~ tUIle au.


de ntoeIl~ns 1 ~riques. La céramique cst dal0c
aveC que J~e:IVc sièc1e89.
du déR~ km au nord-est de Mckece, lïmp<""nlc
'fication de Pa~alar. en retrait au IUlld d UI1
fortt 1 d . e aU sommet d 'un pit on c.tkairc.
dé:'m o;;~it~de, la vallée ùu Sa~g;lri_o';.'III . Le
à, est naturellement protégé p;u h: Io..·h ...· j au
sltc
nor,aus
d ud-ouest
.
et à J'est. Les dl'U\: "l'"cll.:UrS
, .. '
s lus accessibles, à 1 ouest et .IU ::. ud· ....... 1. ; oot
le p. x défendus (fig
' 6). La ,cllh; "" "Ie d "c-

1
lesmlcu . A . '

ès au sud-ouest, est veutée (hn q l ',' ,) \..' [ large


~ '2 m seulement (fig. 7). Dcu\ ',''':I.:I ...' ur5 se
d~stinguent à l'intérieur de l'en": Cllî l...' Je secteur
st délimité par un escarpc; ~ ll' ll l rocheux ,
:~i~e la partie orientale de rc~·":·', :i; l.lè où l'on Fig. 7 - Porte de la forteresse de Pa~alar
mptc trois citernes. Le mur li : !l ,:I..' lIlte ouest
~~it un tracé en redan, avec de. . ; ' :l:~lil)l1S triangul,aires. Ce mur, conservé sur ~ne ~au.teur
de la m, est constitué de gros hl<h." de remplOiS ~?nt nombre porte~t des mscnptlons Î
ts
d'époque romaine. Il est daté par CI. Foss du Vile sleele, par comparaison av~c les murs
d'Ankara et de Sardes. Le mur ,,, cl-est, constitué de moellons et d'arases de cmq rangées
de briques, est daté du XII' sii:d c. 1\ est protégé par une vaste plate-forme,en saolhe
(\2 x 10 ml, qui était couverte par une coupole sur pendenllfs et pourvue d une large
embrasure du côté sud (tig. 8). CI. Foss considère que ceue plate-forme servall à
disposer une catapulte, maIS 01 nous
Fig. 6 - Plan de la forteresse de Pa~a lar semble plus vraisemblable d'y voir un
site d'observation de la vallée du ;S
}
Sangarios. La base de ceUe plate-
fom,e est constituée de très gros
avec une alternance de moellons (marbre, granit, grès) et de plaques de marbre rose. Des blocs à bossage, peut-être d'époque
chaînages en bois renforcent la cohésion des murs. Les tours étaient divisées en trois hellénistique. La céramique récoltée au
niveaux, séparés par des planchers de bois. Les deux tours, distantes de 60 m, étaient flanc du piton rocheux et à l'intérieur
peut-être retiées par un mur, dont on observe les vestiges du côté nord, et au sud-est, à de l'enceinte est de dive~es époques:
mi-pente de l'éperon. CI. Foss date la fortification de l'époque lascaride, ce qui est en hellénistique, romaine, commune paléo-
accord avec la céramique relevée sur le site85 et avec la datation radiocarbone obtenue à chrétienne (?) et byzantine du Xut'
partir de charbon de bois prélevé dans le mortier de l'une des tours86 . Kuleler pourrait sièc1e91 .
être identifié avec la petite forteresse concédée par Osman à Samsa Çavu~, dans la région
Fig. 8 - Plate-ronne de la forteresse de Pa~ alar
de Letke, à l'entrée d'une vallée, au bord de la rivière de Yeni~ehir87.

85. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 301-302. 88. Foss, Ma/agi"a, p. 168.


89. Voir ici-même FRANÇOI S. p. 302, 140 F
86.1nter\'alle calibré en années réelles, après correction (courbe de 1993) : 104511 1260 . p. 90. Su r cette forteresse. repérée par CI. Foss en 1982, cf. Foss- W1NFIELD. p. - el 055.
J.-c. (dale a\'ec max. de probabilité: 1188) (Ly-5365), UMR 5138. MedagÎlla, p. 170-171.
87. AjIKPAjAZAOE. trad. § 20, p. 47. Le site s'appellait ça\'u~ kayti. 91. Voir ici· même FRANÇOIS. p. J02.
(1fIUS1Œ'IIE lilRt)S J.I!S flORTIFICATIONS M(~D I(~ VAI.J'.~ 221
220

Fig. 9 . La forte resse th,.' SilgiÎlhi

Cl. Foss a identifié Pa~alar. à jusle litre selon nous. arèC la fOl1eresse de Métabolè 4. Régioll de Brousse
attestée au XI" siècle 92 el au XW 9J. et avec celle de Mélangi :l .1 :vlalagina94, recOnstruit~
par Manuel Comnène95 . Conuue J'a bien vu CI. Foss, J'hypothè·..,· '" heurte au témoignage Entre Nicée et Brousse. J tT' i'c. lrtifications sont mentionnées dans la chronique
d'Anne Comnène. qui associe Malaglna / Malagna il l'Ol yu lj1;.: de Btthynie96 , et à la d' Ajlkpajazade tOO : - Koyunhi,:<,. ,'u "ucun vestige de rempart ne subsiste ; la céramique
mention, dans la Partifio RomalJ;e, d'une plVl'illfia Me/m·otis CI d· une provilllia Mal/agi"; est datée du XIIIe siècle el du d~ h ll du XlVI! 101. - Kestel . à treize kilomètres à l'est de
qui semblent distinctes". Quoi qu'il en soit de ces dilficuhé, . l'I dentification de PlI§al'; Brousse. La forteresse de Kesh..'1 c::-.t établie sur un piton. Les vestiges comportenl trois
avec Métabolè n'est contredite par aucune source. La fortere »:,' ,",t appelée Akhisar dans tours semi·circulaires et une IKlrtil! des courtines. Le parement (moellons séparés par une
la chronique d'Ajlkpajazade98 • assise de briques) peut être dat" Je l'époque lascaride (fig. 10).
Au nord de Geyve (Kabaia), plusieurs fortifications ,>Il! ,' 1'; repérées, sur la live À J6 km au nord de Brousse, sur la roule menant à Ku,!unlu, le village de
gauche du Sanganos, lors de la prospection: Çoban Kale et .5,,, a )' dans le défilé près de Gündogdu est surplombé à l' oue,t par une butte fortifiée, dite Çiftekayalar, qui domine
~elifiye, Büyük Kale à la sortie du défilé, et Stigütlü au nord J·Adapazan. Büyük Kale le golfe de Gemlik. Le site, très escarpé sur les côtés sud el nord, est défendu, du CÔlé
est situé sur la bordure d'une terrasse et mesure environ 100 x ~O m. Une porte voOtée est, par un mur large de 2 m, renforcé par une tour semi-circulaire (fig. Il). L'accès se
en briques est visible du côté ouest. Les murs, épais de 2 Ill. sont faits de moellons et faisait du côté ouest. Sur le côté nord, des blocs isodomes, visibles sur trois assises,
mortier blanc sans tuileau. StigütJü est un site de plaine, dont l' enceinte, très bien conser- correspondent peut-être à une phase antique. Le mur, construit en moellons irréguliers et
vée (fig. 9), eS! pourvue de Irais portes étroites et de tours carrées. Toutes ces enceintes mortier, suilles courbes de niveau. Du côté sud, les entailles des rochers laissent deviner
peuvent être datées du XIII' siècle, et mises en relalion avec la défense de la frontière du le tracé du rempart. Une citerne et un silo ont été repérés dans l'ence}nte, de même que,
Sanganos par Michel VIII. Trois autres forteresses sont signalées au nord d'Adapazan au nord de celle-ci, une struclure souterraine, voOtée en briques. A l'est, une source
par CI. Foss". présente des aménagements médiévaux (mur fail de briques et de mortier à tuileau). La
céramique est de diverses époques: hellénistique, byzantine (Xlll' el XIV' siècle) et otto-
mane l02 . Le site est décril par Covel sous le nom de Filadar-Péladanon IOJ• La forteresse
92. DRYENNE, p. 179 : AITAUATE, p. 190. de Péladarion est mentionnée au XtV' siècle"".
93. K1NNAMOS, p. t27.
94. Voir ici-même BONDOUX, p. 394-395.
95. CHONIATE, p. 52; KlNNAMOS, p. 36. - L' identification Mélangia 1Métabolè eS! fondée sur
Kth'NAIo'OS, p. 127.
, . 96. A"'~E COMNÈNE. III, p. 168, 190. - Cl. Foss (Ma/agina, p. 176-177) est conduit à ~Up))(lSer 100. ASIKPASAZADE, Irad. § 17, p. 43.
1~xlstence d un autre toponyme Malagina, au sud.est de Nicée (Avdan Dag), ce qui affalbht son 101. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 301.
raisonnement. 102. Voir ici-même FRANÇOIS. p. 297·298. . . ,' . ' ..
et 21:'7. A. CARlU. Panifio Inrarum imperi; Romallie, Studi Veneziani. 7. Florence, 1965. p. 217 103. CavEL, p. 214. _ Sur l'identification de ÇiftekayaJar avec Césarée de Bilhyme. \Olr h.:1
même BONDOUX, p. 386-387.
98. ASIKPASAZADE. trad .. § 20. p. 47. 104. Da... Re~;sler des Patritm: lulls ,'011 Kom/cmlilfopd. éd. H. H U;\GER et O. KRESTE:'\,
99. Foss. Ma/agitlll. p. 175-176 (Magara. Setiler, Adliyel. Vienne. 1981 , n° {p. 160-162.
Les FORTIPICATIONS MéDIévALES
222 CHRISTOPHE OIROS 223

À 16 km à l'ouest d~ Brousse, 1,:" vestige.s de ~ite sont bien conservés. Au Su


du village, actuellement ÜrünlO, en site de piaille, 1 encelllte présente une fonne i",d-est
Hère, dont le plus long côté (ouest) mesure 135 n~ (fig. 12). Le mur, bien conserv~gU­ _PIIoI.menc~

-
••• "-~"""' ; monier, ~
sud-est (fig. 13), associe moellons et arases de bnques, hés par un monier blanc s au 77"7'-
tuileau (épaisseur moyenne: 2,4 ml· Au début du SIècle, Hasluck y a vu plusieu ans
de fonnes variées (hexagonale. tria~gu~aire. en fer à cheva~. carrée) lOS, aUjo~~.UIl:
difficilement discernables: la tour pnnclpale, hexagonale, doit sans doute être 1 hUI
d' après la photographie publiée par Hasluck lO6, dans l'angle sud-est de l'enP aCée,
H~sluck localise la porte au sud-ouest. La construction, très homogène, est vrais cel~te.
blement d'époque lascaride lO'. La céramique byzantine est datée du début u la-
n
t
siècle lOS. Kite, mentionnée dans la chronique d' A~lkpa~azadel09, a été général Xtv.
identifiée, sans cenitude, avec l'agglomération que Pachymère nomme Katoikiatl~ment
Au piémont de l'Uluda~, à 3 km seulement au sud de. Kite, une autre enc~inte
byzantine est visible dans le VIllage de Tahtah. Cette fonlficatlOn (moellons et aras
quatre rangées d,. briques) c~mpone une sall~ voOtée en briques lll . Le site a ]jvré:'~:
céramique romame et byzantme (XIIIe-XIve slecles)IJ2.

Fig. 12 - Plan de la forteresse de Kite - Ürünlü

La route qui menait de Brousse à Cyzique et au détroit des Dardanelles était jalonnée
de forteresses très rapprochées: à l'ouest de Brousse, Kouboukleia est mentionnée par
Pachymère, et peut être localisée près de KorOkle llJ , à 5 km seulement au nord-ouest de
Kite. Kouboukleia n'était qu'à 15 km d'Apollônias, et à une trentaine de Lopadion. Le
village d'Eski Karaagaç, à 6 km à l'ouest d' Apollônias, abrite les vestiges d'une petite
fonification byzantine"4. Une tour d'angle, ronde (diarn. intérieur: 3,2 m), reliée à une
Fig. Il - Plan de la foneresse de Çiftekayalar counine (largeur: 1,5 m), est accessible par un passage voûté. Le parement externe de
la counine et de la tour est constitué de moellons et d'arases de trois rangées de briques.
Au début du XtV' siècle, le patriarche Athanase mentionne dans une lettre au métro-
polite d'Apamée les places fortifiées de Myrsinè, Sykè, Rodophyllon et Mountania, où
les populations chrétiennes ont trouvé refuge, face aux Turcs"'.

105. HASLUCK, Bithyniea, p. 300.


106./bidem, p. 296, fig. 8. . 113, PACHYMÈRE. IV, p. 635, - L'identification de Kouboukleia est sûre: le tér:n~i~nage
107. FOSS-WINAELD, p. 156. d Hasluck (CYÛC/lS, p. 149) est confinné par la mention du toponyme grec sur la carte mlhtaire d,c
108. Voir ici-même FRANÇOIS, p. 301. l'année grecque d'Asie Mineure (1922). La colline dite Motor Tepe. à l'ouest de Kôrük1e. pourrait
109. A~IKPA~AZADE, trad., § 17, p. 43. correspondre au site de la forteresse (céramique du XIIIe siècle. voir ici-même FRANÇOIS, p. 30~).
.. 1,10. 'pACHYMÈRE, IV, p. 455-457. HASLUCK, Bithyniea, p. 300. Contre cette identific.lÎon, 114. Le nom grec d'Eski Karaagaç était Gaulias, que l'on peut rapprocher du nom d un
vOir ICHneme BELDICEANU, p. 371. ~~~~.tère probablement bithynien, Goulaion. :ltteslé au début du lXC siècle. cf. CaVEt. p. 108 et
III. Sur ce sile, identifié à ton avec Césarée de Bithynie, cf. HASLUCK, Bithyniea, p. 299-300.
112. CommunicatIon de Y. François. 115 . Régestes,IY, no 1744. - Voir ici-même BONDOllX. p. 381.
224 CHRISTOPHE GlROS

À 40 km au sud de Brousse, le site médiéval d'Adranosll 6 est à 2 km


d' Omaneli. Sur une bUlle de 100 X 70 m, on peut repérer une dizaine de tours très au nOrd
Deux tours sont bien conservées, dont l'une, circulaire, sur plus de 8 m de h~ut nH~ées.
intérieur : 2,6 ml. Le mur, fait de moellons et briques liés par un mortier blanc .:u, (dl"",. MATÉRIEL ARCHÉOLOGIQUE ERRANT
comporte des chaînages en bois. Le parement s'apparente Il ceux de l'époque ~~~~~:

Entre le XI' s,iècle .et le début du XtV', la défense de la ~ithynie était fondée
un dense réseau d encemtes urbames el de f0I1eresses. dont 1 efficacité reposait SUr par Annie PRALONG·
présence de garnisons, sans doute constituées, au XIIIe siècle, de paysans-sold ts Sur la
Vatatzès fit ainsi installer des villages auprès des forteresses, afin d'aSsurer le ,: : Jeaa
ment des garnisons. et fit armer les paysans ll7 , Les Turcs menaient rarement un;U8.J.lIe-
de siège et se contentaient de couper les villes fortifiées de leur approvisionnementg~elTt
les années 1305-1310, les petites forteresses sont prises les unes après les autres' ans Au cours des cinq campagnes ~e prospection effectuées en Bithynie, depuis la pres-
u'î1e de Cyzique jusqu'au golfe d Izmll et la rIve gauche du moyen Sakarya, plus de
entraîne J'asphyxie progressive des villes, et leur chute dans les décennies suiva~~~I~~.1
Q60 blocs taillés ou sculptés, appartenant aux époques protobyzantme et byzantine, ont
~té photographiés et décrits. ,Cette collecte résulte de trouvailles fortuites effectuées au
rs des déplacements de 1 éqUIpe. <J UI ont délaIssé les grandes villes au profit de la
~~~pagne et de ses villages. Certai.ns ~L·ctcurs. comme la région de Bursa. le pourtour du
lac d'Iznik, de même que, les b'~ " tn , -vc"a nts du Yalakdere et du Kara Dere, du fait de
leur intérêt pour les enquetes geogr"phlquc et hIstOrIque, ont été prospectés de manière
serrée, tandis que d'autres, comn:" 1" réninsule d'Armutlu (Arganthônios), ont été plus
brièvement visités à cause de dil fH.; U! l l~S de circulatIOn.
Le résultat de cette enquêtc pn',ente donc l'originalité de fou mir des documents
archéologiques généralement isob et privés de tout contexte archéologique qui ont
échappé à la collecte des musées. snit qu' ils remplissent, dans les villages, une nouvelle
fonction noble - fontaine, vasqlle. !liCITe tombale, margelle de puits, pierre à bulgur -, ou
banale - remploi comme moellon, d"ns un mur -, soit que les services archéologiques
les aient négligés en raison de leur moi ndre intérêt muséologique (contrepoids de pressoir).
Les collections du Musée dïznik ont été prises en compte lorsque la provenance des
objets était connue.

1. LE MATÉRIEL ÉTUDIÉ

Sélectionné pour son appartenance à l'époque byzantine, au sens large du terme, le


matériel est ci-dessous classé en un certain nombre de catégories fonctionnelles. Néan-
moins quelques pièces échappent à cette règle, en particulier lorsqu'elles font l'objet de
remploi. Le plus grand nombre des pièces a une vocation architecturale: chapiteaux (42),
colonnes et colonnettes (26), meneaux (25) et leurs bases (4), socles (5), seuil (1), gout-
tières et gargouilles (3), conque monolithique (1).
On a isolé les pièces de mobilier liturgique et funéraire: éléments d'ambon (9),
Fig. J3 - Mur de la forleresse dl! Ki lc table d'autel (1), plaques de chancel et de parapet (10), dés de chancel (16), architrave
(1), sarcophages (14). Le matériel à vocation éconontique comprend des objets conçus
pour cette utilisation (22 contrepoids de pressoir, 9 margelles de puits) et d' autres, parfois
d'époque romaine, réutilisés (par exemple 4 vasques et 5 pierres à bulgur).
Le matériel présenté ici fournit peu d'informations pertinentes sur l'histoire de
l'occupation du sol car il est rarement datable avec précision l et de plus il appartient
principalement à une seule époque, l'époque protobyzantine. La majeure partie de ce
matériel architectural peut être attribuée à des monuments religieux; l'architecture civile

116. Ibidem, p. 380. * Institut Français d'Études An<ltoliennes _ Georges Dumezil (Istanbul) PRE 2549 (MAE -
117. PACHYMÈRE, l, p. 99, 187. CNRS).
118. Sur la conquête ottomane de la Bithynie, voir ici-même BELDICEANU. p. 351-374. 1. Les colonnes et colonnettes ont été exclues du catalogue car elles sont difficilement lkllables.
226 ANNIE PRALONG MATéRieL ARCIIOOLOGIQUr:. P.RRAN'T 227
est notoirement nbsente, peut-être purce qu'elle était de qunlité modeste, En rev 1 J Irs d'Hésiode, copiés entre le milieu du xe siècle et le xve 6 et conservés
le mntériel utilitaire. principalement les Acont~poids de, pressoir, f~u~it des indic:~~he,
précieuse.s sur l'exploitation des terres, ",cille SI les ren~elgnel11ents mllSI recueillis peu"ons
1)'a1'"'' er f:'
1o t~~ques de Paris, Ferrare, Florence et Milan, Si la preuve nous est fournie
dans le,s brb 11 J'époque médiévale, de cc mode de broyage, en revanche la date de
être sujets à caution. faute de lout contexte archéologique. ent de ruuhSa~rO~~stallations oléicoles et/ou vinicoles ne peut être précisée, Fut-elle simul-
l'abandon ~s :emploi, 11 des fins domestiques, d'une partie de cet outillage désormais
Il , MODE DE PRIlsENTATrON ranée a~e~ 1e préparation de J'alimentnlion ""nili.le, dans le cadre d' une production de
cons~cr a lUS que d'échange, ou bicn intervinl-clle plus tard? Une amorce de réponse
DeUx. mode.'\ de présenlation ont été retenus. suivant la nature des pièces l1lSsembl SUbSIS~~~: ~ar le ma~ériel rass~mblé. dont le plus gran~ nombre est c~nst~tué ~ar des
Thutes celles qui appartiennent au monde de J'architecture ont été réparties entre le m t~es, est fo .d de preSSOIr, et panm lesquels on trouve aussI une stèle romame Inscnte, des
architectonique (bases. chapiteaux [corinthiens. composites. corbeilles. pergaméan' el
, ,lI1~poSt~1• arc llItrnv~
' ' lles, seUl'1 s, conque, goUttiè~
rens contr:rr: ~enlaires. des tambours de ~olonnes, soit des pièces dont le premier état n'est
ioniques. ioniques à Impo~t~. et comle autel tégrieur 11 J'époque protobyzallt mc,
et gnrgouilles) et le mobrller IIturgrque el funérarre (ambon, clôture de chancel t bl pas pas
d'autel et sarcophages), Quant au matériel utililaire, qui porte fréquemment la;"~ es Conrrepoids de pressoir (pl. 1 fi III), On a pu étudier 22 contrepoids de pressoir 11
d'un remploi, il a été classé en fonclion de son denti~r élat. Ainsi sont regroupés s~~~ , a, u 11 vis que la morphologie permet de dater de l'époque impériale et de la période
J'éliquette «pierres à bul~ul'>' des contrepOIds de pressoir, une stèle mscnte,des tambours levtero,
rotobyzantine, , mais dont 1'1 es~ b,e:ll1cl~~Jp
. p1us d'ff '1 d défiInlr
1 . l,CI e e
' avec certitude la fonc-
de colonne. des socles, qUI ont connu une phase anténeure, Ce groupe sera trmté en premier.
fïon. Témoignent-ils d'u?c act1vlt~ .Olc lCI.ll.c ou VIticole? Le dév.eloppement récent des
é d S consacrées à l'oléiculture ct <1 la viti culture des temps anciens montre que )'attri-
l, Marérielllli/irail't! b~i~n des inswllations_1I l' une plut[,t qu'II l'autre de ces ~ctivités, dans les régions Où
Iles coexistèrent. dOIt etre fatte ~1""\"l: L: lr~onspectton, car 1 analyse des macrorestes liés
Les pierres à bulgur (mortiers) font Pru:tie ~u pa~sage de la Turquie actuelle, mais leur : ces structures a parfois démontré qu e. l'identification admise était erronée7 , Lorsque les
fréquence dans les villages n'a que peu suscrté 1 mtére,l des chercheurs et malheureusement témoignages conservés se limitent. ÇOllllllC c'est notre cas, à un seul élément fooctionnel,
les études font défaut. En effet ces blocs, pourvus d une cavité centrale hémisphérique le contrepoids, la plus grande prUdt'.IH;C est de rigueur, surtout en ce qui concerne les
qui servent à concasser en particulier les céréales pour la consommation familiale, sont: conclusions qu'il serait tentanllk lif'.!r sur l'activité économique de la région. son volume.
pour le plus grand nombre, des p.erres reconverues, ~I es. probable que la réutilisation son évolution. En effel. les pres=,~)ir:-; à vis centrale qui utilisent le type de contrepoids
de certains blocs archllecturaux en mortiers est un ph~nomene anCien, On salt du moins rencontré en Bithynie sont présonh il la fois dans les installations oléicoles et viticoles.,
que la semoule de blé dur, appelée aussi gruau, fait p~rt ie de )' alime?tati~n depuis très De plus, il ne faut pas oublier que la p",;sente analyse fait l'impasse sur tous les équipements
longtemps2, Une étude récente d'V, Peschlow alleste 1 eXIStence en Brthyme, mais aussi légers, mobiles, ou fabriqués dans des denrées périssables comme le bois, qui étaient liés
en Galatie Phrygie et Carie, de mortrers byzantms yU! dcv .. ent serv.r, dans le cadre à l'activité domestique et qui coexistnient avec les grosses installations d'où proviennent
domestiqu~, à broyer des céréales, dont le blé, el des légumineuses': L'enquête de Peschlow les pièces ici rassemblées,
présente le double intérêt de différencier ces mortiers ~es con(repords de pressoir, pounant Présenrarion dl/matériel, Comme on pouvait pratiquer en Bithynie l'oléiculture et
assez proches par leur forme, et de démontrer qu ris cXlSlarent avant le XIll' SIècle, la viliculture, et que nos 22 conlrepoids sont hors contexte archéologique, nous nous
grdce à la découverte de l'un d'entre eux remplo~é 101" dc la réfection d'une des,tours contenterons de faire une présenlation typologique du matériel, sans chercher à les relier
des remparts d'Iznik à l'époque lascarrde4 , Parallelemen( " ccs données archéologrques, à l'une ou l'autre activité.
quelques manuscrits comport,:nt des ~iniatures ~ep~éseJ1(u nt d~s ,:"ortiers articu~és qui Tous ces contrepoids devaient appanenir à des pressoirs à vis comme en témoignent
allestent l'usage de ces dem.ers à 1 epoque medrevaJe'- Il s ag.t de manuscrits des les encoches en forme de queue d'aronde qui sont creusées sur deux parois opposées
(voir ci-dessous catalogue no 20, pl. 1) ou les évidements avec mortaises de la partie
supérieure qui permettaient le logement de clefs (n'" 25 et 26), Deux d'entre eux (n'" 84
2, Cf, Géoponiques, m, 7 pour la préparation du «choudros» et 8 pour celle du «tragos»;
M ...cl, AMOURElTI, Le pain et l'huile dans la Grèce antiql/(~ , Besançon, 1986, p..123; A. BRYER, et 107) ont été fabriqués dans des blocs déjà travaillés, Leur transformation en pierre à
Byzantine Porridge, dans SlUdies in Medie,'al History pre,\O('"wd fO R. H. C. Davl~, éd. H. !'1ayr- bulgur est attestée par la cavité centrale largement agrandie pour les besoins de leur
Harting et R.1. Moore, Londres, 1985. p. 1-6. repris dans Peoples and Setliemelllltl Anato/laand nouvelle fonction (diamètre compris entre 45 et 55 cm), Nous les regroupons selon leur
,h, Caucasus, Londres, 1988, XlU,
3, PEsCHl.OW, Morsa, L'auteur donne des exemples de mOrlier en Galatie (pl. 53, 1 ot2) el
forme et selon des aménagements complémentaires qui permettent de les rattacher aux
différents types de contrepoids rencontrés en Méditerranée", Contrairement à la majorité
en Carie (pl. 52, 2 el 4) : il reprend, en les identifianr, des spécimens médrobyzan,tll1s fabnq~!s
dans des bases d'autel qui avaient été relevés par F. K, Dômer près de Bolu : Henchl über eme
Reise in Bithynien, Osterreichische Akademie der Wissellscha!ten, Denkschriften, 75, l, 1952,
no 197 à 202, p, 66-67 el pl. 29-30, , . ~. G.. DERENZINI, 1 Disegni nei manoscritti delle opere t! i giorni ?i, Esiod,o: problemi de,lIa
4, PEsCHLOw, Morser, p, 491 el pl. 53, 5,lI s'agit de la partie inférieure de la lour 19,5ltuée tradlzlOne Iconografica et testuale. dans Arre profalla, p. 447-461. Une mtma[ure Illustre un monler
entre les pones de Yeni~ehir et Lefke, au sud-est des fortifications. Elle est fa,lle de remplOIS non ilfticulé, cf. fig, 7, . ' ,"
grossiers sous la partie supérieur: to~t ~n briques 9ui e~t d.~t~e du début du ~lIIe sl~le,. la 7. Voir à ce sujet Productioll du V;II ; R, FRANKEL, Wille alld Oil Pnub,CIIOII m Alllui/Ury ur
5, A. PARI BENI, RaffigurazlOnJ dl strumentl agncoh tn un manoscntto dl ESlOdo oel Israël cmd Otller MeditermlleCIIl COlin/ries, Sheffield. 1999.
biblioleca arioslea di Ferram, dans Arre prof""", p, 411-445, cl plus particulièrement p, 411jl 2 8. BRUN. Oléiculture, p. 63, M. BRUNET, Vin local et .vin de cru. Les ,l!xem~les de Dé~s~[
et n. 9 à Il, p. 421-423, pour la bibliographie des principaux manuscnts; VOIr ~e plus ~g'at et T,has~s" da~s Produc/ioll du l'Ùl. p, 211. à propos de pressoirs de Délos. VOIr aussI J,-P. BRU,_, iJ
fi~. 17. p. 441. montrant des mortiers aniculés dans des mini'lIures des XIve et xvI! Siècles. Sig" ons dlscflmlnuuOIl entre les installations oléicoles et vin icoles. BCH. Suppl, 26, 19?3. P" 511-5,3" . . ,.
les comparaisons judicieuses effectuées, dans cet article, entre les miniatures et les instruments . 9. Cf. CALLOT, Huileries; BRUN, Oléiculture. p. 120 à 136 ; ~ADJISAV~'AS. p'n't'
O~/: - Y~~r/~~,;:I
encore en usage dans certaines régions, en particulier en Anatolie. plUSieurs communications faites au symposium Production du \'111. en panlcuher FRANI\EI.. t' .~ ·0
228 ANNIE PRALONG
MATéRfIltARCJ.léou>GIQue P.RRANT
229
des pays méditerrnnéens 00 les contrepoids sont de fonne cylindrique (Italie Es
Maroc, Syrie. Cyclades), ou quadrangulaire (Algérie, Iles grecques, POnt), I~ Bi~~g~~, t l'époque romaine (n'" 31 et 91); pour la majorité, la datation e" in&!-
fabriqués dura~tre d'époque moderne, faute d'éléments de comparaison sOrement daté,.
partage avec la Prov~nce et Chypre I:OIiginalité de la pré.se~,ce ~imultanée de contre~i 1. terminée, ~ut-
n t fournie pnr une margelle trouvée près d'Elbeyli (no 59) qui, portant sur
des deux fonnes. Signalons toutefoIs qu~ les cont~polds cyllndnques Sont les mOi~
nombreux (5 spécimens), et que sep,t spécnnens cubIques ont été recensés Pllnni les 1s Une excepuo es ix gravée peut être assurément attribuée à l'époque protobyzantine.
ses côtés une cra .
contrepoids quadrangulaires. Nous n avons pas repéré de contrepo'ds de Pressoir à lIeu}
- G/VI/p_ cubiql/e (pl, l, nM 20, 25, 107, 130). La m".Jonté (5 SUr 7) est pou . 2. Mallriel architectonique
d'encoches en fonne de queue d'aronde (n'" 20, 43. 54, 107 et I~O) qui entaillen~ue
pierres sur une hauteur vminnt de 20 à ?O cm. Les 'pn~'OIs pe~vent elre bien dresSées :~ Chllpiteaux (pl. VII.à X). La pro;,pcction a permis d'observer une cinquantaine
porter des traces de pic. L.1 surface des pIerres est sou hsse, sou marquée par des traces de Il. . dont 44 spéCImens ont ctc retenus; Ils sont datables, pour le plus grand
mortaises destinées à fixer les contrepoids (n'" 54 et 107). Deux exemplaires à évidem chapI~a~~époque protobyzantine (v'-VI' siècle), la production médiobyzantine étant
de mb
cylindrique trouvés dans le même village (n"' 25 et 26) ne présentent pas d'enCOches ent no ;:, etrois spécimens seulement (n'" 61, 116 et 120). Leur répartition typologique est
fomle de queue d'aronde. mais la circonfé~ence de .Ieur cav!lé ~entrale présente de~~ att~t r par is représenrative de la réalité architeclurale. En effet les chapiteaux ioniques
pincements qui sont certainement le souvcllIr de gOUjons de fixation rabotés. v~ab :':'e~ les impostes. très util.i ~és da~s l' .~rchitecture religieuse p~otobyza~tine. en parti-
- Gml/pc ql/adral/gulaire (pl. l, nO' 47,51 : pl. n, nO' 55,84, 150). Les 10 Spécimens àl~POd os les galeries des baSilique .. a toiture en charpente, pUIS en mOindre nombre
(n'" 21. 47, 51. 55, 56, 66, 84,109,110 et 150) portent des encoches en forme de queue cuhe~ aéglises à coupole, telles cclb de Tirilye, composent les deux tiers de l'échan-
d'aronde. datS ~~6 chapiteaux ioniques" imp"sle (n'" 13,22,32 à 34, 42, 62, 94 à 96,126,127,
- Grol/pe cylilldrique (pl. Il, nn' 71 , 78, 85: pl. III, nO' 119, 121). Cinq contrepoids u~~,nI48, 151 et 152) et dix im~oSlcs(I':" 4, 14,70,76,86,97, 113, 128, 131 et 153). En
sont en brèche. Quatre d'entre eux sont pourvus d encoches en fomle de queue d'aronde 1 che nous n'avons observe que I fu l S chapiteaux connthlens (nos 81 . 101 et 118), un
(n'" 71, 78, 85,119 et 121); l'un d'eux (no 121,) en porte quatre. ~n seul (no?8) Présente Un ::~sit~ (no 145), deux ioniques in'" 12 et 134, ce dernier d'époque romaine) et trois
autre système de fixation. A noter aussI .que c est à ce ~roupe qu appartIent le seul contre- gaméniens (no, 45, 60 et 92) don· deux de meneau (no, 45 et 60).
poids portant un décor, fait de deux crOIx pattées gravees Sur des faces opposées (no 71). per Le type pergaménien. ,'lui n "~()'''':l(' une couronne de feuille~ d'acanthe à une rangée
de godrons. doit son n~m. a sa prc:-:_':-Ilce dan~ le temple de ~raJa? à Pergame: Atte~té à
b. AUlres /I/Omllllents remployés (pl. III et IV). 0111 égnlem~nt été remployés en pierres l'époque impériale aussI bIen en liai,,'. en Afnque, en DalmatIe qu en GrècelO, ri contlDua
à bulgur une base inscrite (no 67), deux bases d'autel retournees, dont le lit de pose a été d'être produit à l'époque prolObvl.antine à Constantinople", en Asie Mineure et en
creusé d' une cavité circulaire (n'" 1 et 23), trOIS blocs cyl!ndnques (no, 5~, 57 et 72), sans Égypte". On le trouve en Asie M in" ur" ?ans plusieurs b~sili~ues de Milet et Hiérapolis
doute des tambours de colonne façonnés dans de la breche locale, qUI n'ont conservé ainsi qu'à Manis.; en Égypte Il eSl alteste dans le sanctuaIre d Abu Mma '3, et en partIcu-
aucune marque de leur premier usage, ont été repér~s dans t1n~ même zone, à l'ouest de lier dans un bâtiment attribué au patriarche Théophile, ce qui témoigne de la poursuite de
Lelke. De diamètres proches (entre 80 et 95 cm), Ils portent a leur sommet une cavité sa fabrication au début du v' siècle. ainsi que dans la mosquée Ulmas du Caire (remploi)".
circulaire leur donnant l' aspect d'une vasque. Le bord, au relief adouci par l' usure, ne Il existe aussi sous une forme plus simple, avec suppression de la couronne de feuilles
porte aucune trace de fixation. . d'acanthe. C'est le cas d'une imposte trouvée dans la deuxième cour de Topkapl" et d'un
Ont connu le même remploi 4 socles (no, 2, 7, 80 et K91 ct un bloc non identifiable chapiteau inédit de ~uhut 1 Synnada dont l' appartenance à l'époque protobyzantine est
(no 6). assurée par la présence d'une croix latine en relief sur l'une de ses faces, comme sur une
imposte de Saint-Jean-Stoudios à Istanbufl6. C'est le cas aussi d'un chapiteau remployé
c. Cu!'e de pressoir. Nous n'avons rencontré qu 'un se,>! exemplaire (no 75, pl.IV), dans la mosquée d' Ulmas" et d'un spécimen errant trouvé en Bithynie à Bük18. Deux
caractérisé par son fort diamètre, sa faible hauteur et la présence, à la base, d'un trou des quatre exemplaires décrits ci-dessous (n05 60 et 92) posent problème car la partie
d'évacuation. inférieure, cassée ou enterrée, n'a pu être examinée et il est impossible d'en proposer une
restitution exacte: chapiteaux exclusivement décorés de godrons, comme c'est le cas
d. Vasql/es (pl. IV et V). Sur quatre vasques, deu x portent une croix sculptée s~r un
du petit chapiteau de Çiftlik (no 45), ou chapiteaux d'un type plus confonne au modèle
des côtés (nos II et 24), les deux autres sont sans décor (n"' 27 et 73). Elles sont tarllées classique évoqué plus haut. Signalons un spécimen complexe: il s'agit d' un chapiteau
dans de la brèche locale, sont en fonne de tronc de cône plus ou moins prononcé; l'une
d'entre elles (no 24) est proche, malgré sa petite taille, de cuves de décantation ~tilisées 10. Pour une bibliographie sommaire, cf. NIEMEYER, Kapitelle, p. 141, n. 3 et 4, et p. 142,
dans les huileries. Une autre (no 27) a sans doute été utilisée comme réserVOir à eau, n. t à4.
d'après les traces qu'elle porte sur sa paroi interne et les orifices d'évacuation pratiqués 11. Un seul exemplaire semble connu actuellement: il s'agit d'un chapiteau avec co~nne
sur l'un des côtés. d'acanthe épineuse trouvé dans la cour de l'orphelinat près de la mosquée du Sultan Selim:
cf. ZoLLT, Kapitellplastik, no 656, pl. 47 et p. 230.
12. KAUTlSCH, Kapitellsll/diell, p. 2t2-213, chapiteaux nO747-757.
e. Margelles de pl/il (pl. V et VI). Neuf margelles de puits ont été observées durant 13. Ibidem, nO753, pl. 44. _. .
les campagnes de prospection. Il faut signaler la relative concentration de ces trouv~lIes 14. NIEMEYER, Kapitelle, p. 14t-t42 el pl. 33d. Pour la datation du baument annbué à
qui sont localisées dans une zone bien délimitée: autour de Çaklrca, dans la huerra SItUée Théophile, cU.B. WARD-PERKINS, dans ABSA, t 7, 1949, p. 30.
15. TEZCAN, Topkapl, no 452, p. 325.
au nord-est du lac d'Jznik. On distingue plusieurs types de margelles: cubique (nO 59), t6. ZOLLT, Kapitellplas/ik, pl. 48a.
cylindriques avec base quadrangulaire (n'" 28 et 117), polyédriques (n'" 29 à 31 , 82 et 90), t7. N.IEMEYER, Kal,ilelle (n. 26), pl. 33 el p. t41.
tronconique (no 91). Pour certaines, il s'agit d'un second usage de socles certalnement 18. OTÜKEN, F"rsclllmgell , MKP 20g, pl. 28. 5 el p. 175.
ANNlB PRAI.ONG MATÉRIl!LARctl~:.oI .OOIQUP. eRRANT 231
230
console présentant un décor il godrons sur trois faces, la qulltrième race étant cori nt ' 20 Ainsi le type A est illustré par la base n" 114, tandis que la ha"" nO 35
Il est cenainement d'époque romuine tnrdive (n" 44), , h,enne, Jl'lf y, (lIUken ' B' deux autres, n'" 135 ct 158, sont de type C. La base n" 35 e.t de
La pro.<pection n'n livré nucun chApiteau corbe,lIe protobyzantin, Seul appartient nu ty~~ ne;' ' elle est datable de l'époque justinienne et son lype e,t auesté en
décrits les beaux exemplaires de marbre de deux sites côt,iers, Kapllca (Tem'~liont !ci foon' plus reet, ~oits de Bithynie (Valova, Izmit, ~ile, Tirilye ct GÜ1.clyah), et, d'une
sont i/l si/" (4 spécimens sous le n" 102, pl. VI\I) ct TlfIlyc (Zeytinbag,) o~ il o~ 'ls d. nombreu~ e~ dans toute l'Asie Mineure ct dans le bas,in occiden",1 de la M~iter­
remployés dans lA Fatih cnmi; (6 excmplaires s<~us le n" I~ 1), Ils ont déjà été PUb:i:o,nt manière gén : e;, n'" 135 (coupée en deux), 15& ct 159 sont des ba.e, de meneau;
L'absence de sllécimens hors contc~te .m:héologlque peul S exphquer de deux. Il 'è S 9, ranée2~. ~~O~1~~ ln base nO 36, scellée dans une chape de béton, est incenaine parce que
d'une p..1l1 il s'agit de chl.lpirC:'lUX de qualité fubriqués sur commande et pnr c la~1 res: l'idenufi~'ne eul être restitué sur tC!utc sa hauteur et surtout parce qu'elle ne possède pas
peu nombreux et étnmgers il lu production de masse. et, d'mure part, leur qUal~~s. qu.ent son profI dP fixation sur le lit d "lIente, Une des bases de meneau (n" 159) ptt"'nt.
qu ' ils n'nicnt pliS été laissés 1\ rahandol1. Trois spécimens de ce groupe Sont d.~UShr.e de mort",se1 è eommaire qui ne fournil, pas d" In d'ICc Ch l oglque.
rono '
médiohyzAntine (n'" 61. 116 et 120, pl; IX), Ils sont s~ulptés dans un matériau ~ue un profi t~ s:x socles, qu' ils soien, cuhiques (n"' 8, 9S, 122 et 136) ou hexaédrique
marbre gris ou brèche jaunâtre, il la d,llerencc des chap,teaux protobyzantins gé éOCaJ , Qua~ a partiennent à l'époque prolClbyzantine, sauf peut-être le spécimen d'Iznik
ment (aÎls de marbre blanc provenant de l'île de Proconnèsc ({ln note cependant l' n rale- (n~ 46), , s ::rvt dans le cimetière pr"s de la pone de Lefte (no 9S),
de marbre, gns-Jaunfitre,
" n'" SI, pl, VII ct 14 2, p,1 X,et d'c brcc
' 1le, no, 12 et 13 emploi
1 IX qUI est con

Aucun des chapiteaux corbeilles n'est il double zone, ' P , ), d A tre II/atériel architeclo/liqlU' 1pl. XV), Signalons également une corniche (no 146)
Le nombre des spécimens observés n'c!'ôt pas signicatif puisque notre corpus 1 , rel/hitrnve (nO 132) deux gar~Cluilb (n-- 5 et 58) et une gouttière (no 129),
d'importantes séries conservées dans les musées archéologiqu~s d' Iznik et d ' Izmite~c lit et une a •
d'indications de provenance dans les cahiers d'inventaire de ces musées. Si, pour l'é' aute 3. Mo/ériel liturgique et funéraire
protobyzanline. la production de masse des ateliers répondait ,aux. besoins impos~ue
les modèles ha,ilicau~, ~rn~ds cons~mmateurs d~ chaplleaux, 1 époque médiobyzanti:' (l, Ambons (pl. XV-XVI), Le' quelques pièces étudiées sont des parapets (no> 63, 68
en revanche, qui a pnvl~églé les édlfi~~s ~n cr~lx gnxqll~ IIlscnte, dont la COupole n~ 123) des montants d'escalier (Il' " ~X, 87 et 99) et deux plates-formes (n'" 15 et 103)
nécessite que quatn:: ou SIX s~~p~rts, utths~lt T110tn~ de chapl,teall~ et. de toute façon, faute et, appartenaient certainement il lh.: ' ambons à double escalier.
de produclion orgalll,sée, réutlllsatties ~péc,mens eXIStants, C ,'sI ams, que peut S'expliquer qUi Trois parapets. entiers ou fw g1ne nlaires. ont été observé~. D~ux so~t convexes (nos- 68
la présence de chap,teaux datant ~e 1 époque Jusll,~,enne dans les éghses à coupole qui, tl23) un seul est polyédrique (Il" 6.1 ), Leur examen a été d,fficlle car ,Is sont remployés
sur la côte sud de la Propont,de, à 1 est de la presqu ,le de C) nque, ont traversé les siècles :oit da~s un mur, soit dans une fl)ntai ne. Le décor du parapet no 68 est intéressant. car il
Ils ne sont donc pas susceptibles de fournir d' indications sur l'activité architecturale, ' associe la technique de l'emboîtement des volumes, par l'emploi de mouluresconcenttiques
Si l'on exclut les spécimens utilisés comme moellons J'IIIS les réfections médiévales formant un losange au milieu d'un l'ectangle, il celle du décor incisé qui est fréquemment
des rempans d'Iznik et deux chapiteaux transformés en v;"'1ue (un corinthien nO 118, utilisé sur les plaques de chanceL en paniculier en Phrygie,
pl. VII et un ionique nO 12. pl. IX), les autres ne ponent aucune trace de remploi, Deux plates-formes ont été relrouvées : l'une est cireulaire, avec deux prolongements
rectangulaires destinés à être posés sur les suppons de l'escalier (nO,103), la ~onde, de
b, Impostes (pl. XI-XII), Sous ce tilre sont rassemblés '.>l''e objets (nos 4, 14,53, 70, plus petites dimensions, est de plan presque carré (n" 15), La prellllère deva,t porter u~
76,86,97, 113, 128, 131 et 153) parmi lesquels 2 pièces soni J'attribution non assurée: le parapet convexe, tandis que la seconde soutena,t un parapet en forme de polyèdre, ce qUI
no 70, qui présente un profil en doucine el des bandeaux lal",aux étrangers aux modèles est plus rare,
protobyzantins connus, et le nO 76, peut-être il identifier comme angle de corniche plutôt
que comme imposte de pilier, il cause de sa faible hauteur et de son lit de pose carré à la b, Plaques de challcel et de parapet (pl. XVII-XVJII), Dix plaques de chancel et
surface parfaitement lisse, Les autres pièces se répanissent entre des impostes portant sur de parapet ont élé étudiées, dont cenaines, très mutilées, ont été retenues en fonction de
un des petits côtés une croix latine légèrement saillante (n'" 4, 53, 86 et peut-être 97 et leur décor (no, 3 et 37), Deux plaques de parapet ont été trouvées en remploi dans une
153) et des impostes quadrangulaires ou cubiques ponant un décor de feuillage aUlOur fontaine (nos 143 el 144),
d'une croix (no 113), avec certainement un médaillon central détruit (no 128), Un chapiteau Le principe décoratif le plus fréquemment observé est l'emboîtement de carrés ou
imposte de meneau (nO 53), le seul de son espèce, a été classé avec ces impostes, de rectangles (nos 3, 64, 79, 143 et 144), Ces motifs ont élé largement diffusés autour de
la Méditerranée aux V'-VI' siècles (voir à titre d'exemple, ci-dessous. les parallèles
c, 8ases et soc/es (pl. XII à XIV), Ce type de matériel, peu représenté panni les mentionnés pour notre nO 79), Deux fragments présentent l' em~îtement de moulures
objets observés lors de la prospection, se répartit en deux grandes catégories: les bases rectilignes (no 124) ou formant un angle (n" 37) sans que l'on pUIsse en dtre davantage,
simples (6: no< 35,36,114,135,158 et 159) elles socles (5: nO' 8, 46, 98,122 et 136), vu leurs dimensions réduites, Les trois dernières plaques de ceue série ponenl chacune
Les bases sont plutôt mal conservées et ponent les stigmates de remplois successifs, un décor différent: rosace enfennée dans une couronne, se prolongeant par des lemms-
mais leur profil permet cependant d'en classer quatre suivant la typologie proposée ques terminés en feuille de lierre (no 16), croix légèrement pauée au milieu d'un champ
vide (no 147), rosace inscrite dans un losange fornlé de moulures emboîtées (nO 156),

19. Les premiers ont été publiés par A. M. Mansel el reprls par Kramer. Kii",pfe,k~pjle!lt.
p. 178-184 et fig. 10-11 ; les autres ont été publiés pour la première fois par Hasluck, BII")'IIlC~. 20, Ibid,,,,, pl. 24-26 e' p, 152-166, , ' 0
fig, 1 e' 2"p, 286: voir aussi MA,co-SEVCIC'KO, fig , 7, 8, 10 <,1 p, 236-237, Pour Ulle bibliographie 21. C~tte forme est <.\ll~stéc il Thl.\sos. d. SOOl~I, Ahkl ~l. p. 3_. . - 71.)
22. Citons les bilses dt: \' ép,,\'~ de MarLamenli : KAPIT AN. EJ~mt'llIl, hf! . .J. p. .
clla datallon des chapueaux de la Fatih camii à Tirilye, voir OTÜ";'EN, Forsdl/mgell. p. 217,
232
ANNIE PRALONG MATéRIEI.ARCH(l..Ol.ooIQUE ERRANT 233

D'après leur décor et leur qualité, on peut date~ la .plupan de ces plaques de l'é
protobyzantine. Pour les n"" 147 et 156, une fabncatlOn un peu plus tardive, peUt_ê~ue 4. pièces uniques
VII'siècle ou légèrement au-delà, peut être envIsagée. 'U . six pièces architectoniques. de mobilier ou décoratives (pl. XXI-XXlf) :
Sont décntesue monolithique (n" 65), un seuil (n" 10), un stylobate fragmentaire de
c. Dis de challcel c/pilier-m/ollllclle (pl. XVIII-XIX). Seize pièces Ont été observ une énorme t~;~ une table en marbre (table d'autel ou d'offrande?, nO 93) et enfin une
certaines errantes, d'autres. les plus nombreuses, remployées comme borne à l' ées, chancel (nO tat~e fragmentaires (n~ 100 et 139). Deux pièces retiennent paniculière-
d'une maison ou dans le paremenl d'un .n~u~. La. plupart 5011.1 frag?lentaires (o~n~~e icône ~t l~;:ri~n : la conque en m?rbre ~t l'icône" La premièr~. d'époque ~rotobyzantine,
conservé que la panie supérieure ou la mOItié IIlféneure ; parfOIS la PIèce a été sciée ea ment 1 ~cellent état de conservation; c .est eerta.wernent la pièce ~a plus, tntéressante ~ar
deux dans le sens de la hauteur). Cependant les quelques pIèces trouvées pratiq n est en e . en son genre et tout à fait exceptIOnnelle par ses dimenSions et la qualité
intactes fournissent le standard auquel obéissait ce type de matériel: la hauteur varieu~ment elle est ~f'6uepeut supposer qu'ellc était utilisée en couverture d'une absidiole aux fonc-
à 115 cm, la section de 25 à 33 cm. Trois dés font d?ublement e~ceptio,n à la règle: ils s~OO val
~u tro : ~ièrement définies dans un édilice richement décoré. La seconde, d'époque
cylindriques et se terminent par un chaplleau connthlen à feuilles d acanthe' 2 nt lions ~dm1lCUpaléolOgue évoque les œuvres contemporaines conservées dans la capitale
des acanthes molles (no, 40 et 112), le troisième est doté de feuilles d'acanth~ é:onent lascan eaU '
(nO 111 )2..' tandis que les autres se présentent comme des piliers quadrangulaires su~neuse byzantine.
d'un po~meau en fOlme de base de colonne. Un seul pilier appartenait à une CI~nlés
ture CATALOGUE
basse comme en témoigne le pommeau supérieur en forme hémisphérique (no 9) et
pas e~ forme de base de colonne, pommeau ~ur lequel prenait place la colonnette s~ute:~ Le classement est fait par ordre alphabétique des lieux de trouvaille, avec indication
l'architrave supérieure des autres exemplaires étudIés ICI. Le'. profils de ces bases Sont d onyme sur la cane turque. ,ui\' i du numéro qui lui a été attribué dans le présent
rarement complets, mais ils laissent VOir une fabncallon sllnphhée : on a réduit le nomb u lO~e sur la cane hors-texte"'. lie la localisation précise et de l'année d'observation,
des moulures en privilégiant les profils anguleux'·, au heu des profils arrondis observ: ~~~~~ntuellement d' un renvoi all x pl. 1 à XXII. Puis vient la description et la datation.
sur des dés semblables, par exemple à Istanbul". S
Le décor du dé est régulièrement ?omposé de moulures emboîtées encadrant Un 1 ADLlYE, p34, no 3. - À 100 ln a" nord-ouest du village, 1990. - PI. III.
rectangle central légèrement. bombé: L orgamsatlOn des moulures et leur technique . Descr;p';O": base d'autel quadrangulaire avec cavité centrale. Réutilîsé en pierre à
d'exécution pemlet de détemuner trOIS groupes sel?n que les moulures sont simplement bulgur: une cavité hémisphérique a été creusée dans le lit de pose. Marbre? Bien
emboîtées (no, 17 et 18, 77, 88 et 137), que la panle centrale. généralement bombée,se conservé. - Dim.: 91 X 91 X 63 cm de haut. visible. Dim. de la cavité centrale: 50 cm de
termine en demi-cercle (no, 9, 105, 115 et 157) ou qu' elle porte deux ou trois moulures diam. X 30 cm de prof.
simplement incisées, tous les dés présentant une panie supérieure et inférieure concave DalalÎolI : époque romaine.
(n'" 104, 106 et 154). Un seul dé quadrangulaire fall exœptlOn : Il pane sur une face une
croix sur globe (no 155). 2, AHILAR, r34, nO 6. - Près de la fontaine, au nord-ouest du village, 1992_- PI. m.
Descriplio1l : socle quadrangulaire portant, sur sa surface sommitale, une cavité
d. Cuves e/ cOl/verc/es de sarcophages (pl. XX-XXI). Le' matériel étudié compone 14 circulaire. Sur une des faces venicales : croix latine sculptée en réserve (29 cm de haut),
pièces, parmi lesquelles quelques objets dontl'appm1enancc :1 cette série n'est pas assurée. Brèche locale? Très endommagé. Le bloc a presque perdu sa forme originelle. - Dim.:
Quatre couvercles de sarcophage, d'époque romaine Oll antérieure, présentent une 104 x 87,5 x 45 cm de haut. visible. Di.m. de la cavité centrale: 45 cm. - Parallèles: à
double pente, avec imitation d'imbrices sur deux d' entre ClI.\ (no, 38 et 74) ; deux sont rapprocher du support de bassin du Musée archéologique d'Istanbul (inv. 76-17),
remployés comme bassins de fontaine (n'" 19 et41). cf. FtRATLt, SCII/plll!'e, nO 189, p. 102.
Sept pièces sont des cuves ou des fragments de cuves décorées (nos 39, 49, 50, 69, Da/arioll : époque protobyzantine.
133, 138 et 160). Deux sont d' époque romaine, avec décor de guirlandes inachevé (nos 133
et 138) ; deux avec décor d'arcades (nos 39 et 160) ; trois ponent des croix latines (n"49, 3, AKÇAT, 631, nO 2. - Dans le sol d'une ruelle du village, 1989.
50 et 69), dont une avec croix inscrite sur un disque (no 49). Trois sont remployés comme Descrip/ion : très petit fragment d'angle de parapet ponant un décor de carrés
éléments de fontaine (n'" 49, 50 et 133), les autres sont de simples fragments errants. emboîtés qui dessinent un triangle. Le bandeau supérieur est assez haut tandis que le côté
Trois cuves sont sans décor (nOS83, 108 et 161) ; deux d'entre elles sont réutilisées vertical est amaigri par la rainure d'encastrement de la pièce. Marbre blanc. Seul un
comme bassins de fontaine (no, 83 et 108). Une seule est en marbre (no 83), les autres angle est conservé. - Dim. inconnues.
sont en travenin ou en brèche. Da/a/ioll : époque protobyzantine.

4, Entre ALTINOVA et HERSEK, 030, nO 2. - Sur la route, à 1.5 km d' Altmova, 1990.
23. Ce dé pose problème. Sa forme permet de l'identifier à la panie supérieure d'un pilier- -PI. XI.
colonneue, du type de celui d'Argenta (repris par SODlNI, Aliki /J, pl. 14, il, mais, par ses dImenSIOns, Descrip/ion : imposte remployée, dont le lit de pose originel pone la marque d' un
il pourrait tout aussi bien être une colonnette de ciborium (cf. les exemples publiés dans Satono, recreusement correspondant au lit de pose de la colonne qu'elle a dû poner. Les nancs
/. Calalogue de la sculpture architecturale paléochrétienne de Salolle, éd. N. DUVAl, E. MARIN et de l'imposte ne sont pas décorés, 11 l'inverse des petits côtés qui ponent des croIX aux
C. METlGER, Rome-Split, 1994. pl. XX, nOV.c.19, et pl. XXI, nO V.c.15. . .
24. Comparables à ceux de certains piliers-colonnettes de la basilique eufraslenne de por~.
cf. A. l'ERRY, The Sculptures 3tthe Cathedral of Eufrasius in Poreè. DOP, 42, 1988, fig. 88 à 1 .
26. Le carroyage de la carte hors-texte correspond à celui de ];.1 carte turque.
25. PEsCHLOI\'. Tell/plon. fig. 16 à 26.
234 ANNIB PRALONO M"TéRIELARC"~OlOGIQUB ERRANT 235

hras épais et en légère saillie. Marbre blanc. Très endommagé par l' usure, ampUté ' . 1 hémisphérique termine la pièce. Cette pièce a déjà été publiée29.
panic de sa largeur. - DiOl.: haut. inconnue: lit d' aUente : 65 x 30 cm : lit de POse : 2~ ~n. bOuto!1 somm\~ortniSe circulaire sur le so~met. - Dim. inconnues. - Parallèle: pilier
_ Parallèle: il rapprocher du nO14. Ill. /dar bre blanc. d la Campanopetra il Salamme de Chypre30•
Dalation : YC-VI~ siècle. baSlhque e .
de la Daratioll : époque protobyzantme.
S. Pnès d·ALTINOVA. 030. nO 2. - Dans une fontaine. entre Hersek et Altunova, 1990 IN 3 nO 2. - Devant une maison du village, 1989. - PI. XXU.
-PI. XV. . 10. BARÇ. '. § '. large seuil rectangulaire portant un trou de crapaudine et une encoche
Descril'tim. : gargouille parallélépipédique nyant la fonne d'u~e tête de lion. Le De:'CrlPdt/o~'~n des angles. Marbre. Surface supérieure usée ponant un large trou de
mufle abrite un tuyau fixé au ciment. Les ,yeux et les nannes, groSSièrement dessi d fixaUo n an
e udine. _ Dim. inconnues. .
ont situés sur le lit supérieur de la gargOUIlle. Le pelage et les moustaches de l'a .nés, <rapaDatatioll : époque indétermmée.
:ont ;"'ndus par des stries grossièrement exécutées. Marbre. Relief très érodé ~'Illal
supérieur et orifice de la gargouille bouchés au ciment. - Dim.: long. cons.: 33 C~'I anal AYIRKOY, §34, nO 3. - Sur I ~ territoire du village, 1993. - PUV.
28 cm : haut.: 25 cm. - Parallèles: à IstanbuP7: Babasultan près de Bursa". ' arg.: 11. BDescriptioll : petite vasque à 1 épiderme piqueté ponant une crOIX gravée en réserve
Data/ioll : XC_XII" siècle. oi extérieure. Marbre blanc grIS. Très bien conservé. - Dlm.: haut. 43 cm.
surlart;~/iOIJ : époque indéterminée (m oderne ?).
6. BACALI (YALACIK KOY), §24. n~ 3. - Devant une ~"aison du village, 1993. - PI. IV
Descriptioll : cube presque parfaIt po.'tant une caVité centrale cylindrique. On not~ BELENALAN, 533, nO 7. - Dans le village, 1990. - PI. IX.
un trou dans l'un des angles. qUI est peuHtre il rapproc~er de 10gementsAde goujons de 12. Descriptioll: petit chapiteau ionique portant d~s balustres cylindriques marqués par
fixation aménagés sur cen,ons contrepoids du Var. Breche locale Jaunalre. Très b' l'stel médian et tenninés, sur les laces pnnclpales, par des enroulements serrés.
conservé. - Dim.: 75 X 75 x 60 cm (haut. visible). Diam. de la cavité incon~:n ~?é ~ine au profil légèrement saill an. porte un décor d'oves et rais de cœur assez som-
_ Parallèles: Provence: BRUN nO 81 et 82. fig. 60B. p. 123. «contrepoids à éVidemen; ~ e L'abaque se présente sous la lorme d'un épais bandeau rectiligne et sans décor.
cylindrique central>. : Syrie: contrepoids du type Ksegbe (CALLOT, HI/ileries, pl. 49), Dar ~~~h~ locale. Assez bien conso,.I'''_. Quelques éclats. Le lit d'attente a été recreusé en
Qita (ibidem, pl. 53). vasque. - Dim.: lit d'auente : 50 x ) 0 cm : haut.: 24 cm.
Datatioll : époque romaine ou protobyzantine ? Datation: époque protoby zilllltile.
7. BALABANCIK, §24, nO 2. - Dans le jardin de l'école du village, 1993. - PI. IV. 13. BELENALAN, s33, no 7. - Dans le village, 1990. - PI. IX.
Description: socle quadrangulaire creusê d' une large ci.l\'ilé hémisphérique sur sa Descriptioll : chapiteau ionique il imposte, dont la partie ionique présente la parti-
panie supérieure. Il présente un décor varié: au-dessus d'une combinaison de fines cularité d'être dépourvue des deux balustres qui relient habituellement les volutes de
moulures, les quatre parois verticales sont limitées. aux angles. par des palmettes ponc- deux faces opposées. Elle est composée de volutes aux quatre enroulements très serrés,
tuées, et à la base, par une vrille faite de deux brins. L'une des faces n'est pas travaillée, qui sont placées à chaque angle du chapiteau. Elles encadrent une échine en retrait. Les
la suivante ne possède pas d'autre décor que les palmettes d' angle; les deux dernières deux petits côtés de l'imposte sont verticaux et sans décor, tandis qu'au moins un des
ponent respectivement deux mains dressées et deux pieds recouverts de chausseUes grands côtés porte une frise inférieure faite d'un rinceau de feuillettes placées symétri-
disposés de part et d'autre d'un disque central. Noter le large bandeau plat qui souligne quement par rapport à la croix centrale. Celle-ci est gemmée et pattée, et porte un décor
la base des qualre faces. Brèche locale jaunâtre. Bien conse",,;. Traces d'usure sur le lit incisé sur les bras latéraux et la panie supérieure du bras venical. Celui-ci est cantonné
supérieur de la pierre. Le lit inférieur n'est pas visible. - Dim.: 80 X 80 x 30 cm de haut. de deux feuilles de lierre posées en biais, le pédoncule dressé. Ce chapiteau est le résultat
Diam. restitué de la cavité centrale: 54 cm. réussi d' une fabrication locale. en brèche rosâtre, d'un modèle constantinopolitain. Assez
Datation: époque romaine? bien conservé malgré quelques éclats sur l'épidenne. - Dim.: haut.: 27 cm; lit d'attente:
70 X 57 cm ; diam. inf.: inconnu; haut. des volutes: 9 cm. - Parallèles: chapiteaux de la
8. BALABANCIK, §24, nO 2. - Sur la place du village, 1993. - PI. XIII. galerie de Sainte-Sophie et de Saints-Serge-et-Bacchus à Constantinople 31 pour la
Descriptioll: socle quadrangulaire présentant un large bandeau partiellement chan· morphologie de la partie ionique. À noter qu'aucun autre exemplaire n'est actuellement
freiné à ses deux extrémités. Le bandeau supérieur fait office de plinthe pour la base qui connu hors de la capitale.
le prolonge. La base appartient au type C d'btüken. Marbre blanc. Assez bien conservé Datation: Vie siècle.
malgré un gros éclat à la base. - Dim. inconnues. - Parallèle: à rapprocher du n' 135.
DaTation : VI~ siècle.

9. BARÇlN, §31, no 2. - Dans le village, près de la mosquée, 1989. - PI. XVlll. 29./bidem, pl. 5, 3 et p. 69.
Descriptioll : partie supérieure d'un dé de chancel parallélépipédique orné sur la 30. Roux, Su/ami"e, no AR 570 p. 137. et fig. 166 p. 161. . '. 0' 19
face principale de moulures emboîtées encadrant un rectangle central non décoré. Un 31. Pour les chapiteaux de Saints-Serge-et-Sacchus. vOir ZOLlT. Kaplfellplllsllli.. ~ -~'. ~ .
et p. 20-21, avec l'ensemble de la bibliographie; pour les chapiteaux de Sainte-Sophie. /blt t'II::
n~ 27-29, p. 21-22 et pl. 9 et 10. L'auteur donne quelques autres chapiteau~'( conservés ~.R~m~~
Hisar (no 31, p. 23 et pl. la) dans le palais du Boucoléon (nO 32-33. p. 14-_5 el pl. Il ). ainsi \_
:n. ~IRAnl. Sculpture, no 355. p. 175. des exemplaires provenam de S.lnlçh:.uh! (no 30. p. 22-23 el pl. 10), de l'Hebdomon (II') 35. p. -)
28. OroKE."\'. ForsclllmgelJ , SM 27, pl. 43. 3. el pl. Il).
236 ANNIE PRALONO MATéRIEL ARCIIOOLOGIQUE eRRANT 237

14, BELENALAN: s33, no 7, - Devnnt une mnison du village, 1990. - PI. XI lèles: sarcophage architectonique de Modane'6; couvercle d'un .arcophage à
Dl'.fCn/motl : Imposee aux nones à peine évnsés. Les fnces portent une c ' . - Paroi d Konya)1 ; ci-dessous, n" 41.
légè,rement pattée, dont le relief est .bi~n mn~ué. Pierre blanchâtre. Traces d'u~~1X latine Ulflandes
g DataI ion e .è 1

1
: fin IIc-litc SI C C.
ln d anem~ et sur les an'!tes ~e celUI-cI. - Dlln.: haut.: 27 cm ; lit d'attente: 66 Xre SUr 1:
ht de pose: 41 x 34 cn~. - P,lrallèlcs : il Vama" ; il rapprocher des n~' 4 et 86 44 Cln , NU 34 n03. - Dans le village, 1990. - PlI.
Dmalum : ve_Vle siècle. . 20, BE .
: ~ 'O;I contrepoids de pressoir de forme presque cubique dont deux côté.
De~c"~~coci.es en queue d'aronde (haut. 30 cm; larg. sup. 15 cm. inf. 20 cm). La
IS, BELENALAN, s33, n" 7. - Dans la cour d ' une maison, 1990. - PI. XVI. portent espérieure a été profondément recreusée de manière à former une grande cavité
. DC'SCl1pftolJ: plate-fonne presque carrée appartenant à un ambon à double ace surf~ce:: 'que. Marbre. Bien conservé, quelques éraflures sur la surface supérieure.
qUI porte quatre protuhémnccs aux angles et plusieurs moulures sur les deux f ès, hé~"P fi os. 90x 80x40cm. Dimensions de la cavité centrale: 55 cm de diam. x40 cm
driques. La fnce inférieure de 1. platefomle n' e<l pas visible. Brèche ro:~~~ ~ré­ -Dlm~n~l~ar;lIèles : _ à Chypre: HADJISAVVAS. Olive Oi/2c (= protobyzantin), fig. 110,
conservé: gms éclat sur un des angles et traces d'usure sur le lit d' attente. _ Dim.: dia te~ deg;'e~ dessin p. 115 (contrepoid;, d'Exarchos près de Sotira, 115 x 52 x 52 cm); cat.
94 cm : ép. : 26 cm. - Parallèle: ambon de Selçikler en PhrygieJJ . In .. ~~ 18 (contrepoids re~tangul .. rc d Anogyra. 110 X 40 cm de haut.), p. 68·69 et fig . 131 ;
Datation : VI~' siècle. ° 19 (contrepOIds cubIque d Alcthnko. 75 x 75 cm), p. 69 et fig. 132. - En
~v~oce : BRUN type 5, cat. n," XI . 4 (contrepoids de vis à évidement cylindrique flanqué
16, BELENALAN. s33, n" 7. - Dans une grange du village, 1990. - PI. xvn de deuX mortaises en queue d aronde latérale) à La Roquebrussanne, p. 196 et fig. 169.
Descriptim! : plaque de chancel p~rtant. au ~entr~ d'un rectangle formé d~ plusieurs Data/ion: époque protobyzantlnc.
moulures embolté~s. une ros~ce à huit pé!al~s mscr~ le dans une couronne, prOlongée
par ~e longs leml1lsq~es termlllés par lIne teUllle de herre. Marbre. Plaque fracturée en 21 BENU r34, nO 3. - Dans le villa~ e. 1993.
pluSIeurs morceauxjomtlts. - Dm1.: 134 X 76 cm X 15 cm d'ép. - Parallèle: à Stobi é r , Description: contrepoids de pressoir quadrangulaire, remployé en pierre à bulgur
de l'évêque PhilippeJ.!. ' g Ise ar évidement de la cavité ce/llrak . \1 porte sur les deux parois les plus étroites des enco-
Da/ation : époque protobyzantine. ~hes en forme de queue d'aronde. Marbre? - Dim.: 87 X 65 x 46 cm de haut. visible.
Diam. de la cavité centrale: 50 l·nl. - Parallèles: HADJISAVVAS, Olive Oi/2c, fig. 115;
17, BELENALAN, s33, n" 7. - Dans le village, 1990. - PI. XVIII. BRUN type 5. .
Description: dé de chancel en t,mne de parallélépipède dont la surface rectangulaire Datalioll : époque protobyzallune.
est marquée par un rectangle gravé au mili eu du champ. Au sommet du dé: petit
«chapeau» cylindrique haut de 10 cm. marqu é à la base par un fort bourrelet. Marbre. 22, BOYALlCA, r30, no 2. - Dans le jardin de la mosquée, 1989 et 1990. - PI. IX.
Réutilisé comme seuil d' une grange. En deu:\. morceaux jointifs. Traces d'usure SUr l'une Description: chapiteau ionique à imposte. De part et d'autre d'une échine biseautée
des faces. - Dim.: haut. : 87 cm : section: 3 1 X 18 cm. fortement galbée et saillante. prennent place des volutes formant des baudriers rectilignes.
Datation : époque protobyzantine ? Aucune trace de décor n'est visible. En revanche, l'imposte porte sur un de ses petits
côtés une fine croix latine sculptée en relief et légèrement pattée. Marbre gris. Traces de
18, BELENALAN, s33, no 7. - Dans le village. cUlll re Ull mur, 1990. - PI. XVIII. ciseau grain d'orge (chapiteau inachevé). Assez bien conservé, malgré un angle cassé et
Description: partie supérieure d 'u n dé de chancel de forme parallélépipédique qui des traces d'usure. - Dim.: haut.: 30 cm; lit d'attente: 58 x44cm ; diam. du litde pose:
devait prendre place dans l'angle d'une clôture. En elfet, il est décoré sur deux faces 34 cm. - Parallèle: devant le Musée de Samos)8.
contiguës de moulures emboîtées dessinant un rectangle : la troisième face porte une Datation: VIe siècle.
rainure d'encastrement d'une plaque de parapet, tandis que la quatrième est sans décor.
Le sommet du dé porte un bouton saillant haut de 18 cm, marqué par une profonde gorge 23, BOYUNKAYA, r33, nO 6. - À proximité du village, 1990.
à mi-hauteur. Marbre. - Dim.: haut. cons.: 60 cm ; section: 28 X 28 cm ; largo de la Descriptio/l: base d'autel semblable à notre nO l , dont la surface inférieure a été
gorge : 5,5 cm. - Parallèle: à Istanbul, pilier de Yedikule )5. creusée d'une cavité hémisphérique (pierre à bulgur). Marbre gris veiné. Fra.cturé en plu-
Da/ation : époque protobyzantine. sieurs morceaux réunis par du béton. - Dim.: 80 X 80 cm X 62 cm de haut. VISIble. Dlam.
de la cavité centrale: 57 cm.
19, BELENALAN, s33, nO 7. - Dans la cour d'une maison, 1990. Data/io/l ; époque romaine.
Description: couvercle de sarcophage renversé, dont la cavité a été réutilisée
comme bassin de fontaine sans avoir été recreusée. Au milieu d ' un des tympans latéraux : 24, BOYUNKAYA r33 nO 6. - Dans la cour d' une maison du village. 1990. - PI. V.
petit fleuron légèrement saillant. Marbre. Bien conservé; traces d'usure aux angles et Description : ~uve ~n tronc de cône s'approchant. par sa fonne et ses dimensions.
sur les bords du couvercle. Les acrotères sont en partie détruits. - Dim. inconnues. des cuves de décantation utilisées en oléiculture. La présence de la croix pattée sur le

32. BARSAI\TI. L't's/JOrlll::,iolle, fig. 95 . p. 162. 36. H. GABE.L.J..IANN, Die Werksfallgmppe1l der oberitCl/ischell Sd,*opll(lg~, Bonner Yahrbücher.
31 FIRATU . U§ak. fig. 8 el p. 112 . suppl. 34. Bonn 1973 _ Voir KOCH-SIC'HTERM.-\NN, Sarkophagt. nO30). p. _87. . J
34. ULBERT. S'IUJinl, nll 221, pl . 17 et p. 63. d'après R. HODDINorr, Early Byzan/ine 37. F. ISIK: Zu P~oduktion sbeginn und -end\! dc!r kleimlsiatischen Girlantlensarkophage c:r
ClrttrdWJ ill MllC(,dollùJ wuJ SO/uhe'nl Serbi(l, Londres, 1963. p. 16I. pl. 40. c. Hauplgruppe, dans Sarkoplw.~ Corpw', pl. 113. 4. __
35. PES<11l0W. Temphm. cal. Il'' 6 p. 1475. el fig. 18 p. 1466. 38. YE~II, C/wl'itt'{l/lx. Il'' 245b. pl. 69 el p. 17-1 ().:'IO-600).
238 MAT~R1ELARC l{fi.oLOGIQUE ERRANT 239
ANNIE PRALONO

flanc eXlérieur pose le problème de 1. nnlure de ce récipienl : pelile cuve b l' . r drique. Marbre. Très bien conservé. Traces de pic sur les parois exlérieure •.
cuve de décanlalion ? Marbre blanc-gris. Tres bien conservé. _ Dim.: diam.;:' IS~;le Ou une caVIté cy ~es de traction sur la surface interne. - Dim. inconnues. - Parallèle: ci·
haul. 65 cm (prof. 44 cm). Diam. reslilué de la cavilé centrale : 40 cm. _ / . Cm ; Usure par co
dessUS nO29. . é
cuves de décanlalion mises au jour dnns la villa aux mosaïques d' Achille à :allèles : Dowtion : époque indétermm e.
Chypre (HADJJSAVVAS, Olil'" Oil, fig. 69, p. 41). ounon à
Datatioll : époque prolobyzantine. KIRCA r31. nO5. - Sur une place du village, 1989. - PI. VI .
31. ÇA . t l';11 . socle dont la base circulaire est soulignée par plusieurs moulures et
DeserlP . 'd . , .
25. ÇAKIRCA, no 5. - Dans la cour d ' une maison du village, 1990. _ PI. 1. . prolonge par un corps octac n'lue s amenUisant vers le sommet et terminé
Description : contrepoids de pressoir presque cubique aux parois gross"è hslel s, el s~'te plinthe en retrait. Marbre blanc-gris. Bien conservé. Le lit de pose a été
par uneé~o~r pennellre le remploi du socle en margelle de puilS. - Dim. inconnues.
1
dressées présenlanl une surface supérieure aux areles biseaulées. Réulilisé en rement
bulgur. La cavité cenlrale a conservé, après l'élargissement de l'évidement ce~:'f" à recre~alatiOIi : époque romaine.
contrepoids, les extrémités pincées des deux mortaises du premier aménag a du
Marbre. Bien conservé. Traces de pic sur les faces verticales et de gradine :mert. Ç
AKlRCA, r31. nO 5. - Dans le village. 1990. - PI. X.
chanfreins soulignant la face supérieure. - Dim.: 75 x 67 x 62 cm. Diam. de la c~~il:~ 32, D seriptioll: chapiteau ionique à imposle, inachevé. L'échine, légèrement galbée,
39 c m. - Parallèles: BRUN Iype 6: «contrepoids à é videment cylindrique flanqUé de :i :drée par des volutes dont l' cnroul emenl n'a pas élé dessiné. Les baudriers sont
mortaISes pour le logement de clefs» (nO 62, fig. 60B, p. 123), cal. no 46, p. 171, fig. 122 esl enc
rectilignes et non décoré s. L".1~poste ~rese~te.
, sous 1e r1\ d' atte~te • .un 1,arge,b andeau plat.
(Gareoull) ; cal. no 100, p. 216, fig. 199 (Taradeau). Les petilS côtés sont chanfrellles.S ur 1 un d enlre eux, on noIe l ,"dlcatlOn d un ~édatllon
Datation : époque romaine? éd'an peut-être martelé ou sllnpkm.nl esqUIssé. Marbre blanc. Traces d usure el
~ég~dations: le médaillon d'un d::, pelits côlés de l' imposte est ma~elé et un angle a
26, ÇAKlRCA, r31. nO5. - Devanl une maison du village, 1990. d·spam. Une mortaise CIrcul Ulre () c m de dl am.) est creusée au mIlIeu du hl de pose.
. Description ,: contrepoids de pressoir en fonne de c ube presque parfail. Réulitisé en _' Dim.: haul.: 34 cm ; lit d'alle nte : 70 X 50 cm ; lit de pose: 44 cm. - Parallèles: il
pIerre à bulgur. L obJel présente une surface supén e ure dont les arêles ont élé biseaulées Thessalonique, dans l' Ache iropoi èlOS.l9 ; à Philippes, dans la basilique hors-les-murs"' ;
el porte la trace de deux mortaises qui flanquent un évidemenl central dont les bords SODI dans l'île de Thasos à Aliki 41 : " Samos devanlle Musé"'; à ISlanbul, dans le cimelière
peu nels. Marbre. Assez bien conservé. Endommagé à l'un des ang les inférieurs. Traces de l'église de Pègè à Bahkh".
de pic sur au moins une paroi verticale tradu isant un raccourcissement de l'objet. - Dim.: Data/ion: Vie_VIC siècle.
70 X 65 X 65 cm. Diam. de la cavilé centrale : 42 cm. - Parallè le: ci-dessus, nO 6.
Datatioll : époque romaine. 33. ÇAKlRCA, r31, nO 5. - Dans le village, 1989.
Descriptioll : chapileau ionique à imposte, inachevé. Marbre blanc. Très bon élat de
27. ÇAKlRCA, r31, no 5. - Dans le village, 1990. - PI. V. conservation. - Dim. inconnues. - Paral1èle : ci-dessus, no 32.
Description: vasque en tronc de cône profondément creusée. Deux trous ont été Datation: YC_VIC siècle.
ultérieuremenl creusés dans une des parois. Marbre. Quelque, éclals sur le bord de la
vasque. Traces d ' usure sur le bord. - Dim.: diam. ext.: 90 cm: di.m. in!.: 63 cm; haul.: 34. ÇAKIRCA, r31, nO 5. - Dans le village, 1989.
72em. Description: chapiteau ionique à imposte, identique au précédent. Marbre blanc.
Datarion : époque indélenninée. La partie supérieure de l' imposte porte des traces de gradine. - Dim. inconnues.
_ Parallèle: ci-dessus, nO32.
28, ÇAKlRCA, r31, nO5. - Dans le village, 1990. - PI. V. Datalion ; YC_VIC siècle.
Description: margelle de puils circulaire, fixée au sol par un socle quadrangulaire
aux angles bien marquées. Marbre. Large fi ssure verticale. Traces d ' usure sur les parois 35, ÇAKlRCA, r31. nO 5. - Dans le village, 1989. - PI. XlI. ..
inlérieures. - Dim.: haul. visible 60 cm ; diarn. eXl.: 90 cm. - Parallèle: ci-dessous DO 117. Description : base inachevée au pro fil recliligne, apparenlée au Iype B d'OlÜken"'.
Datation : é poque indéte nninée. Marbre blanc-gris. Base très endommagée: les angles onl été rabolés ; nombreux éclats sur
l'épidenne du lit d' attenle. Mortaise cenlrale. Pas de canal de coulée. - Dim. inconnues.
29. ÇAKIRCA, r3 1, nO5. - Dans le village, 1990. - Pl. VI. - Parallèles en Bithynie: base nord-ouest de l' église de la Panagia Pantobasilissa à
Description: margelle de puits octaédrique eXlérieurement el cylindrique inlérieu- Tirilye"; base conservée dans le j ardin d 'un mOlel à GÜzelyah 46•
remenl, au bord supérieur irrégulier. Marbre. Bien conservé. Traces des cordes de traction Datation: VIC siècle.
sur la paroi interne. - Dim.: hau!. visible: 49 cm; diam. ex!.: 78 cm. - Parallèle :
ci-dessous no 30. 39. Ibidem, nO 126, pl. 41 et p. 132 (450-475). .
Dararioll : époque indétenninée. 40. Ibidem, no 198-199, pL 58 et p. 160 (première moitié du VI' slède).
4!. Ibidem, no 224, pl. 65 et p. 168 (fin VI' siècle).
42. Ibidem , nO 245b, pl. 69 el p. 174 (550·600).
30, ÇAKlRCA, r3 1, no 5. - Dans une cour d ' une maison du village, 1989. 43. ;>;OllT, Kapitellplostik, nO38, pl. 12 el p. 26-27 (vers 525).
Description: margelle de puits monolithique, composée d'une partie exlérieuremenl 44. OrOKEN. ForscJlfmgell, définition des types A. B et C. p. \6l.
octaédrique, dressée sur un socle carré. La paroi interne est creusée de façon à conslituer 45. Ibidem, M 29b, p. 158, fig. 35.
46. Ihidem, M 2b, p. 156, fig. 34, p. 157.
240 ANNIE PRALONG MATéRIBLARCuéOLOGIQUE RRRANT 241

36. ÇAKIRCA, r31, no 5. - Dans la cour d'une maison, 1990. _ PI. XII. [FTLlG[, 030, nO 1. - Dans le mur de torchis d'une maison du village,
42. ÇAVU~ ç
Descnptwl! : base machevée ne portant pas de traces de fixation sur le l' d'
La plinthe ~n~érieu,:" e~t invisible car noyée dans le béton. Marbre. Bien con~~rv~tente. 1989. - PI. X,. . chapiteau ionique 11 imposte. De la partie ionique ne subsistent que
sa partIe vIsIble (ht d attente et moulure supérieure). Traces de ciseau g ' , dans DesCrlPt:O~~'la volute droite et J'essentiel de l·échine. galbée mais non saillante.
- Dim.: haul.: 20 cm : lit d',ttente: 33 cm de diam.: diam. de la moulure inféri;~'" d orge. l'enroulemené ente un médaillon central avec double cercle dans lequel est inscrit un
_ Parallèle: 11 Imrah". re . 40 cru. L'imposterf.r l~ base du médaillon partent deux ram~aux de vigne avec une vrille et
Datation: Vie siècle? chns.me . une feuille. Marbre blanc gns. PartIe IOOique presque totalement disparue.
term'"~h~~~ cons.: 24 cm : largo de l'imposte cons.: 40 cm. - Parallèles: pour le chrisme
37. ÇAKlRCA, r31. no 5. - Dans la cour d'une maison, [989. - Dlm· · ~n double cercle: chapiteaux de Néa Anchialos'" et de Saint-Jean d' Éphèse" .
Desc ription: épaisse plaque de parapet présentant sur sa face supérieure d inscnt d ans . 1
Dawtioll : ve-VIC slèc e.
moulures embollées. Seul Ull angle est conservé: Il comporte une petite partie du h es
central. dont le décor n'est pas connu. Marbre blanc. _ DiOl. inconnues. camp [FTLlK, s33, nO4. - Dans le village, 1990. .
Datatiol! : époque protobyzantine. 43. ÇD riptiol! : contrepoids de pressolf de forme cubIque portant sur deux côtés des
esc
h en forme de queue d'aronde (haul. 23 cm: largo sup. Il cm, inf. 13 cm). La
38. ÇAKIRCA, r3, nO5. - Devant une mai SOli du village, 1989. en~oc e:entrale porte une profonde cavité hémisphérique. Marbre. Bien conservé. Quel-
Description: moitié longitudinale d 'un couvercle de sarcophage, portant six renll su a~e lats sur la surface supérieure. - Dim.: 97 X 91 X 34 cm. Dim. de la cavité centrale:
roenrs simulant les imbrices d'un loit. Chacun se termine par un mufle de lion (t~ ~~e:mcde diam. X 46 cm. de prof. -Parall èle : voir ci-dessus, nO 1.
endommagé). Marbre. Les acrotères ont été arrachés. Trous creusés en deux endroits d Datation: époque prolobyzantllle.
la plaque conservée. - Dim. inconnues. - Parallèle: sarcophage de Salerne". e
DaIa/ion: époque romaine. 44. ÇIFTLlK, s33, nO 4. - Près de la mosquée, 1990. - PI. VIII. . .
Description: chapiteau console quadrangulaire. de type pergamémen. tenmné, à
39. ÇAKIRCA, r31, no 5. - Sur la place du village, 1989. - PI. XX. e extrémité, par une console sculptée en chapiteau corinthien tandis que les trois autres
Descript;on : façade de sarcophage fragmentaire, présentant deux niches creusées ~~ces portent un décor linéaire de godrons. ~ quatrième fac~, s~illante et de largeur
sous deux an::ades et séparées par deux piliers accolés. Dans les écoînçons des arcs supé~ réduite par rapport aux autres. a la tonne d un chapiteau connthlen. La couronne de
rieurs, petit motif géométrique. Marbre gris. Fragment amputé de son angle Supérieur feuilles d'acanthe molle est surmontée de feuilles engainantes en éventail, d'où jaillissent
droil. - Dim.: long. cons.: 120 cm : haut.: 76 cm : é p.: 10 cm. les tiges en ruban plat des hélices externes et internes. Celles-ci sont très réduites et
Data/ion: IVe-Ve siècle? terminées par des enroulemeots en spirale. Les trois faces quadrangulaires sont décorées
de godrons occupant les 213 de la hauteur, tand is que la partie supérieure porte trois
40. Près de ÇAKlRCA, r31, nO 5. - À l'angle d'une parcelle de la h/lerta de Çalorca, séries de bandeaux plats, séparés par deux larges gorges. Marbre. Très endommagé, en
[992. - PI. XVIll . particulier la face décorée de feuilles. - Dim.: haut.: 55 cm: long. max.: 63 cm : largo
Description: dé de chancel composé de deux parties hémicylindriques, séparées par max.: 55 cm : largo min.: 25 cm. - Parallèles: le style des feuilles d'acanthe et le rendu
deux bandeaux creusés d' une profonde rainure latérale pemleUant l'encastrement d'une de la partie haute du chapiteau évoquent des spécimens de SaloneS!. Pour la partie avec
plaque de parapet. Le chapiteau composant la partie sommi tale présente deux lobes godrons, voir un chapiteau de pilastre du Musée d'Iznik53 ainsi qu'une imposte provenant
composés chacun de quatre digitations. Aux points de contact des deux feuilles sont dessi. de la Porte Dorée à IstanbuI 5' .
nées des figures géométriques superposées: triangle, pentagone et carré sur la pointe. Datatiol! : époque romaine tardive ?
Au-de5sus des feuilles couvrant la corbeille: hélices externes s'enroulant en spirale.
L' abaque porte deux registres, séparés par une simple incision horizontale. Marbre blanc. 45. ÇfFTLlK, s33, nO 4. - Devant la mosquée, 1990. - PI. VIII. . .
Fragmentaire : seule la partie supérieure est visible et la moitié du dé est conservée. - Dim.: Description: petit chapiteau de type pergaménien, trapu, dont la corbeIlle est uru-
haut. cons.: 94 cm: section: 28 X 31,5 cm cons. Haut. du chapiteau sommital: 31,5 cm. formément décorée de larges godrons venant buter sur un listel supérieur qui en marque
- Parallèles: en Macédoine, pilier de l'église épiscopale de Stobi49 : ci-dessous nO 135. le contour. L'abaque est formé par un épais bloc quadrangulaire. Marbre. Traces d' usure
Datation: lVe_ye siècle. sur la surface du lit d'attente. Mortaise au centre de celui-ci. - Dim.: haut.: 29 cm: ht
d'aUente: 38 X 38 cm. - Parallèles: à Istanbul, chapiteau trouvé dans le parc de
41. ÇAMDffiI, s32, nO 2. - Dans la cour d'une maison du village, 1989. - PI. XX. Gülhane 55 : dans l'enceinte de Topkapl Saray56.
Description: couvercle de sarcophage utilisé comme bassin de fontaine. Bouton Da/ario/l : VC-Yle siècle?
saillant au milieu d ' un des tympans moulurés. Marbre. Bien conservé mais les acrotères
ont disparu. - Dim. inconnues. - Parallèle: ci-dessus, nol9.
50. ZOLLT, Kapitellplastik. p. 51 et no 98, pl. 34 el p. 122 (525·550),
Datatiol! : époque romaine impériale.
51. Ibidem, lig. 39,5, p. 284. t 9 ( U>ée de
52. KAUTZSCH KapitellslUdiell nO 2 pl. 1 et p. 6 (Manastirin), et no 9. pl. et P: I~l ' .
47./bidem, Im19, pl. 25, 3, et p. 154, de type C. ibide,;"
Split) pour le rendu 'des feuilles. et nO 17. pl. 2 el p. 13 pour le rendu des hélices llllemes.
48. Sarcophage de l'atrium de la cathédrale avec représentation du mythe de Méléagre; 53. ZoLLT. KlIpitellplastik, pl. 48b.
cf. F. VAL8RlIZ21. Su alcune officine di sarcophagi in Campania in età romano imperiaJe, dans 54. Ibidem, no 191, pl. 32 el p. 79.
Sarkophag Corpl/s. pl. 63. 3. 55. TEzCAN, T"pka/Jt, n" 473. p. 355.
49. E. KITZINGER. A Sur\'ey orthe Early Christian Town of Stobi, DO?, 3, 1946, fig. 212. 56. Ibidem, no 170, p. 149.
MATéRIEL ARCHéoLOOIQue eRRANT 243
242 ANNIG PRALONG

46, ÇIFrLIKKOy, 028, nO 3. - Sur le rivage de la mer de M"'~nara, 1993. - PI. XIII ALI, s32, nO 1. - À côté de la mosquée, 1989. - PI. 1. . .
Description: socle hexaédrique encadré à chaque extrém.té par un large band' SI, DIRAZ. ,. . bloc antique reta.llé en contrepo.ds de pressOIr quadrangulaire. Le..
plat. La panie supérieure est couronnée par une base de colonne présentant plu . ea~ Descfl P /O;i~n dressées et ponent sur les petits côtés deux encoches grossièrement
è
moulures. Marbre blanc. Un grand fragment de la panie inférieure a disparu _ ~~u", faces so~tr sarais verticales des longs côtés portent des mortaises: deux ~ur l'un et une
haut.: 47 CIl1 : diam. du lit d'attente: 23 cm. - Parallèle: à Meriamhk (Ciliciej". .m.: taillées. s~ rbre Endommagé sur l'lin des petits côtés. - Dim.: 145 X 88 X 58 cm.
Datatiol! : VIC siècle. sur l'autr~. a~ité ~entrale : 34 cm. - Parallèles: HADJISAVVAS, Olive 0i/2c (Anogyra) :
Di.m',de ~c(ca' nO 81, 4, p. 196, fig. 169: La Roquebrussanne).
47, DENIZÇALI, 029, nO 1. - Dans le village. Assez profondément enterré dans le s 1 BRUND~:;;;ion : époque protobyzanune.
1993.-PII. 0,
Descriptioll : contrepoids de pressoir en fornle de parallélépipède rectangle pana t ÜZM~E, s34, nO 3. - Dans le villag.. , 1990. - PI. III ..
sur ses petits côtés, deux encoches en foml e de queue d'aronde. La cavité centrale t~' 52. DDescription : tambour de colonne à 1 ép.derme non poh, creusé ,au sommet d'une
large et profonde, présente un tracé irrégulier approchant du rectangle. On devin~ d S . é destinée à concasser. Brèche locale ? B.en conservé. Traces d usure sur le bord
traces d'outils sur la paroi intérieure. Marbre gris sans doute local. Usé mais bien conserv~S ~~;rieur. - Dim.: haut.: 52 cm, diam. ext.: 80 cm. Dim. de la cavité: 46 cm de diam.
-Dim. inconnues. - Parallèles: HADJISAVVAS, Olil'e OU2c (= protobyzantin): cal. no 18' X 34 cm de prof. . .
p. 68-69, fig. 131 (Anogyra), voir aussi p. 62, fig. 110, le contrepoids d'Exarchos : BRU~ Data/ion: époque mdéternllnée.
type 5 (cat. nO 81, 4, p. 196, fig. 169 = La Roquebrussanne, et cat. nO 96, p. 203, fig. 184
= Six Fours). 53, DÜZME!?E, s34, n~ 3. - Dans la cour d'une ferme, 1990. .
Datation : époque protobyzantine. Description: chap.teau - .mposte de meneau non décoré. Les nancs sont bIen dressés.
Les faces présentent un p.rolil en doucine fonement galbé. Marbre blanc. Très bien
48, DERBENT, s31, nO 12. - Devant une maison, 1989. - PI. XVI. conservé. Mortaise sur le ht. de p",e. - D.m.: haut. : 32 cm; haut. de l'Imposte: 17 cm;
DescripNolI : long parallélépipède appanenant au sommet de l'escalier d'un ambon lit d'auente : 65 X 30 c~ ; ht de pDse : 27 X 18 cm.
à double accès. Il pane sur sa face principale un cadre délimité par un fin listel, au milieu Datalion : époque IOdéterm1llt!c.
duquel prend place une croix sur globe dont les bras ont été rabotés. Le pied de la croix
est très légèrement patté. Marbre blanc-gris. Nombreux petits éclats sur toute la surface 54, EGERCE, s33, nO 3. - Dans lé village, 1989.
de la pièce. Deux monaises carrées (7 x 7 cm) sont creusées " chaque extrémité du Descriptioll : contrepoid, de pressoir de forme cubique ponant des encoches en
plus peut côté. - Dim.: long.: 100 cm; larg.: 32 cm ; ép_: 22 cm. - Parallèles: parapet forme de queue d' aronde sur deus côtés opposés et une profonde cavité hémisphérique
d'ambon de Kemaliye en Bithynie" ; de Saint-Apollinaire le Neuf à Ravenne59 ; de Hobi sur la face supérieure. Malgré la forte dégradation de la surface, on noIe dans deux
en Géorgie'" ; des musées de Berlin6 ' et de Sofia6 '. angles des traces d'encastrement (~eut-être trois petites mortaises '1). Marbre gris ve!né
Datation: VC-Vll: siècle. blanc (local). Paniellement enlerre. Très érodé et fracturé en plUSIeurs panles. - D.m.
inconnues. - Parallèle: voir ci-dessus nO 1.
49, et 50, DERBENT, s31, nO 12. -Remplois dans une fontaine du village, 1989. -PI. XX. Datatioll : époque protobyzantine.
Description des deux pièces. qui Il ' appartiennent pas au même sarcophage. - La
plus petite, un petit côté de sarcophage, pane une croix latine inscrite dans un disque en 55, EGERCE, s33, nO 3. - Devant une maison du village, 1989. - Pl. ll.
légère saillie, au milieu d'un panneau mouluré; seule l'extrémité pattée du montant Descrip/ioll : contrepoids de pressoir quadrangulaire aux angles émoussés portant,
vertical de la croix est visible. - La plus grande, un grand côté de sarcophage, à droite sur les petits côtés, des encoches en forme de queue d'aronde, e~ sur la surface supéneure,
de la précédente, présente trois panneaux, séparés par une moulure verticale, au milieu une cavité hémisphérique. Srèche jaunâtre. Bien conservé, à pan quelques éclats sur le
desquels sont inscrites des croix latines aux extrémités légèrement pattées. Marbre blanc. périmètre supérieur. - Dim. inconnues. - Parallèles: HAonsAvvAs, Olive Oi/2c (Anogyra),
Assez bien conservés. Les croix du grand côté ont été paniellement bOchées. - Dim. de BRUN type 5 (cat. nO 58, p. 177, fig. 137: Méounes).
la petite pièce: long.: 86 cm ; haut. cons.: 40 cm. - Dim. de la plus grande pièce: long.: Da/a/ioll : époque protobyzantine.
230 cm : haut. cons.: 44 cm. - Parallèle: pour la petite pièce: sarcophage du Musée
archéologique d'lstanbul63 . 56, EGERCE, s33, nO 3. - Sur le territoire du village, 1989. . .
Datation: VI' siècle. Descriptioll : contrepoids de pressoir quadrangulaire à large cavité centrale clrCuhure
et encoches en queue d'aronde pratiquée sur les petits côtés. Brèche. Fendu en plUSIeurs
morceaux jointifs. Surface très érodée. - Dim. inconnues. - Parallèle: cf. c.-dessus no 51.
57. Monumenta Asiae Minor;s Allliqua, II , Meriamlik und Kor)'kos, éd. E. HERZFElD el Da/atioll : époque protobyzantine.
F. GUYER, MancheSler Univ. Pre.ss, 1930, fig. 56, p. 56.
58. Dans une maison, cf. OTOKEN, Forsc/lll11gell, pl. 17, l, et fig. 22 p. 113. 57, EGERCE s33 nO 3. - Sur le territoire du village, 1989.
59. A. GRA"AR, SculplUres bYZIlntilles de Constalllillople (4'-/0' siècles), Paris, 1963, pl. 36, 1. Description: iambour de colonne ponant une profonde cavité circulaire 11 son sommet.
60. W. DJOBADZE, Remains of a Byzantine Ambo and Church Fumishings in Hobi (Georgla), Brèche jaunâtre. Profondément enterré mais bien conservé. - Dim.: diam. ext.: 95 cm.
ArclUiologischer AII_eiger, 1984, fig. 5 et 6 p. 631 et fig. 13 p. 635.
61. OrtiKEN,Forsclwngell, pl. 16,3, et p. 110. Data/ioll : époque indéterminée.
62. BARSAI\.'TI, L'el'pOrlaziolle, fig. 155 p. 197.
63. FIRATLI. SculplllTI!. nO92, p. 53.
244 ANNIE PRALONG
• MATéRISLARCHOOLOGIQUE ERRAfIIT 245

58. EGERCE. ,33, no 3. - Dans la cour d'une maison, 1989. - Pl. XV. .. Les petits triangles formés dans le,s angles sont eux aussi saillants. Marbre.
Descriptioll : gargouille sans décor en forme de parallélépipède. Elle t esl vlSlbl~é seulement est conservée. Traces d usure. Un angle est endommagé. - Dim. :
d'un large canal lenniné~ au milieu de la face principale. par un orificee~ir~~~u~e Une mOIti . 1 g visible : 37 cm. - Parallèle: plaque de l'église de la Vierge à Éphèse
haut.: 56 cm . aI . 7
Marbre. Surface érodée. - Dim.: long.: 74 cm ; larg.: 27 cm ; larg. du canal' 8 cm aire. lus complexel" . .
Datation: époque indéterminée. . . (en PDatation: époque protobyzantllle.

59. Environs d·ELBEYLLr3I. nO 3. - Au croisement de la route vers Elbeyli et d EI< s 15. - Dans un jardin. près de la jelée. 1992. - Pl. XXI.
route menant au pont romam, près du putts. 1992. _ Pl. V. e la 65. ERD . '(011 . conque monolilhique à surface extérieure parfaitement lisse et à surface
Descri!,/ion : n~argelle de puits cUbiq,ue, p,ortant sur une de ses faces un décor gravé Descr~~oré~ de 38 godrons. Ceux-ci prennent appui sur deux bandeaux (hauts de
composé d,une CI"?IX l.argemelll pattée Insent: dans un cercle. Marbre. Assez bien inténe~re anl un ressaut, 6 cm au· dessus du lit de pose de la conque. Ils s'amenuisent
conservé à 1 exceptIon d un angle manquant. - DII11.: long. 80 X 75 cm ; haut. cons. 58 9 cml or; de voOte et viennent buter contre un large disque décoré d'une croix pattée
Dotatioll : époque protobyzantine (Iv'-VIC siècle). cm. vet> a c"t saillante. Marbre blanc. Quelques éclats sur le bord et plusieurs fractures
lé~è~emen rlefond de la conque. - Dion.: diam. exl.: 213 cm ; épaisseur à la base: 10 cm;
jmntlVeS su
60. EPS EDE. r34, nO 4. - Devanl la porte de la mosquée, 1990. - Pl. VIII. haut.: 95 cm; prof.: 95?m.
Description: chapiteau de meneau. de type pergaménien. en partie enterré. Au-dess Datation: VC_VIC Siee le.
d'un abaque rectangulaire très épais el sans décor. prend place une corbeille ornée ~s Commentaire: le décor. é\'.oqu ~ les cOI~q.ues d'.époque. antérieure. ornées d'~ne
larges godrons appuyés sur un listel supérieur qui délimite la corbeille. Un large bandea~ coquille mais avec une orgamsatlOn IJl Verse :,IC,1 le pomt de:: dep~ des ,godrons est Situé
lisse sépare le grand côté en deux parties. Marbre gris-blanc. Quelques éclats sur la au sommet de la conque, alors que su r les specimens anténeurs, Il se situe à sa base.
surface et les angles de l'abaque. La partie inférieure du chapiteau n'est pas visible.
- Dim. inconnues. - Parallèle: chapileau de Blik"'. 66. GÔLLÛCE. s31. nO 8. -:- Dan< le village. 1989. . . •
Datation: VI!-Vle siècle? Descriptioll : contrepOIds dt pressoir quadrangulrure portant sur les petIts cotés des
coches en fOrllle de queue d ·aronde. Marbre blanc-jaunâtre. Assez bien conservé mais
61. EPSEDE, r34, nO 4. - Devant la mosquée, 1990. - Pl. IX. :;gles émoussés. Traces de réfeeli,'ns effectuées au pic sur au moins deux faces verticales,
Description: petit chapiteau en tronc de pyramide présentant, sous un épais abaque laissant supposer que l' on a r,ccoun: i l'objet et supprimé une saillie située sur un long
non décoré, une corbeille recouverte d'un décor \'I.!gétal illisible. Marbre gris? Usé. côlé. _ Dim. inconnues. - Parallè les: HADJISAVVAS, Olive Oi/2c (Anogyra) ; BRUN type
Quelques éclats sur l'abaque. - Dim. inconnue.s. 5 (cat. nO 81, 4) ; cf. ci-dessus Il'' 20.
Datation: époque médiobyzantine. Datation: époque protobyzanline.

62. EPSEDE, r34, nO 4. - Dans une grange. 1490. 67. GÔLLÛCE, s31, nO 9. - À 1.5 km à l' est du village, 1989. - Pl. III.
Descriptioll : petit chapiteau ionique il imposte, portanl des baudriers rectilignes Marbre gris. Fortement érodé. Un des petits côtés porte les traces de cassures tardiv~.
non décorés. L'imposte présente des petits CÔlés fortemenl chanfreinés. Marbre gris Description: base de statue portant une inscription métrique en grec à la glOIre
blanc. Chapiteau inachevé bien conservé. Une croix pattée est gravée sur le lit d'attente. d'Héraklès. L'un des petits CÔlés porte les traces d'une transformation de l'objet: de part
- Dim.: haut.: 19 cm; lit d'attente: 50 X 27 cm ; diam. du lit de pose: 22 cm. - Parallèles: et d'autre d'une cavité centrale circulaire évasée prennent place deux séries de mortaises
à rapprocher des spécimens de çakirca (ci-dessus, n"' 32 à 34). alignées dans l'axe longitudinal de la pierre. - Dim.: haut. 118 cm.
Dalation : Ve-Vle sîècle. Datatioll : époque indéterminée.
Commelltaire: cette pièce porte les traces de trois états successifs: stèle commé-
63. EPSEDE, r34. nO 4. - À la base d'un mur d'une maison, 1990. - Pl. XV. morative. contrepoids de pressoir, pierre à bulgur. Son deuxième état est, à ce jour, sans
Descriptioll : fragment de parapet d ' ambon, polyédrique, présentant sur sa face parallèle immédiat.
principale une croix posée sur un globe et sculptée en réserve au milieu d'un champ
délimité par deux larges bandeaux verticaux. La croix n' est visible qu'en négatif, car le 68. GÔLLÛCE, s31, nO 8. _ Remploi dans une fontaine de la partie haute du village,
relief a été arasé. Marbre. En partie enterré. Un grOS éclat à l'angle de l'une des faces. 1989. - Pl. XV.
- Dim.: haut. cons.: 40 cm ; larg. max.: 35 cm. - Parallèles: ambon de la basilique A Descriptioll : fragment supérieur d'un parapet d'ambon convexe présentant des carrés
d'Amphipolis6l ; de Selçikler en Phrygie66 • concentriques posés sur la pointe et inscrits dans un rectangle. Au-dessus et à gauc~e du
Datation: époque protobyzantine. panneau central est gravée une inscription grecque très abîmée, do~t on ne peut déch~r
que quelques lettres (haut. des lettres: 2 cm). Le décor se caracténse par son trrégulanté
64. EPSEDE. r34, no 4. - À l'intérieur d'une maison, 1990. - Pl. XVII. et la diversité des techniques utilisées. Sur le montant gauche, des moulures em~îtées
Description: petite plaque de parapet présentant, entre deux piliers de chancel dessinent un pilier de chancel sur lequel est posé un oiseau incisé: Il marche à droIte et
slylisés, un losange saillant inscrit dans un rectangle central dont une moitié seulement picore sans doute une grappe de raisin. Un rinceau de vigne décore le montant de droIte.

64. OroIŒN. Forsc/Illllgen. MKP20g, pl. 28, 5 et p. 175.


65. JAKOBS. Ambolle, plan hors-texte II. 67. ULBERT. SWdien, no 47, pl. 5 et p. 18, d' après Forsclumgeu ;'1 Epht'sOJ. IV. !. Vienne.
66. FIRATLI. UI"k. fig. 7, p. 127 et p. 112. 1932. fig. 28, p. 33.

d
'f MAT~RIBL ARCllltOLOGIQUE ERRANT
246 ANNIE PRALONG 247

Le ,décor du I~sange cenlral el des écoinçons Iriangul aires esl délérioré, mais On .. "VIRAN (GÜN6REN), ~34, no 2. - Devanll'école du village, 1993.
de\ 10er u,n '~lOuf végélal. Marbre. Épldemle très érodé. - Dim.: long.: 83 cm. _ P peut 74. aU NU . . . trois renflements triangulaires forment les imbrices d' un couvercle de
a mbon d Èhs en Grèce68 : de la basilique de Tile à Gonyn.... arallèles : Desc~~!'~~' t'ermi~ent par un visage féminin . L'acrotère conservé est décoré de plu-
Darlllioll : VII: siècle. s:""ophaF",eues. Sur le pounour du couvercl e. qualre bandeaux décorés s~ superposenl :
sieurs P~e volutes. un rang de perles et de plr~u~U~s. pUIS un rang de denticules, el enfin
69. GÔLLÜCE, 531, n" 8. - Remploi dans une fonlaine de la panie haule du village, UO ",ng d'oves. Marbre. En deux fragme nts JOlOufs. Un des acrotères a élé arraché en
1989. - PI. XXI. un!an~e", s que l'angle. - Dim. : haul. : 27 cm : long. : 94 cm : larg.: 72em. - Parallèle:
. p{!SCripl~'~n : P7tit côté de cuve de sar~ophage portant une croix latine nervuré meme b Pdeau inférieur VOir un couvercle de sarcophage de Konya (VOir no 19. note 37)
pourle an , '. . ' .
inscrite au l1uheu d un panneau rectangulalre mouluré. Marbre. Tiers supérie r d' e, Datation: époque hellé msllquc ou romaine.
petit côté assez bien conservé dans sa panie visible. - Dim.: long. cons.: 107 c.:: h un
cons. Inconnue. • aut. 75 aÜRLE, s28, nO 2. - Environs. ou v.i llage. 1990. - Pl. IV;
Darm;oll : vc-v,c siècle. . D riplion: cuve de presSOir presentant une surface Interne concave, sans trace
. 'bl edscSystème central permeu~lIlla fi xati on de J'aménagement nécessaire à la mobi-
70. GÛLÜMBE, t34. nO 2. - Sur la route. principale. à haUleur du village, 1993. - Pl. Xl
VlSI
. éd eUla meule. Brèche locale" E pl'ù enne pIquet.
. é S urace
f 'Inleme très hsse.
. Quelques
DesCrlpt/oll : .mposle dont le ht d altente esl ceinturé par un large bandeau r.e,; ~II . e s transversales sur le bord supéri eu r de la cuve. Trou d'évacualion aménagé à la
flancs sont bien <ln;ssés. Les ~aces présentent un protil en doucine fonement galbé. onclSlonDim . diam. exl.: 150 cm; Io aul. visible 45 cm : diam. in!. 120 cm.
Marbre blanc. Très bIen conserve. Deux monalses sur le III de pose. - Dim.: haut.: 33 cm' base';;atati~~ : époque indétermin ée.
iiI d'attente : 105 x 70 cm : IiI de pose: 69 X 66 cm. '
Datatioll : époque indéterminée. 76. OÜRLE, s28, nO2. - Dans une "'aison du village, 1990.:- PI. XI.
Description : imposle quadran gulaI re dont la face pnnclpale pone la marque d' un
71. GÛNÛVIRAN (GÜNbREN), ~34, n° 2. - Près de la mosquée, 1993. - Pl. n. médaillon cenlral circulaire qui Il' li pas é lé achevé. Marbre. Bien conservé. - Dim.
Description : contrepoids de pressoir il vis, cyl indrique. porlant deux encoches inconnues.
opposées de pan et d'autre d ' une petite cavilé cenlrJle c irculaire peu profonde. Deux Datation: VC-VIC siècle.
longues croix pattées ont été gravées sur la surface du c)'lindre de pan et d'autre des
deux encoches. Brèche proche de la brèche rose sa um on de Bilecik. Érodé. L'une des 77. aÜRLE, s28, nO 2 . - À l' angle d'une maison du village, 1990. - PI. xvm.
encoches a élé cassée. - Dim.: haul. 86 cm ; diam ,: 66 cm. Dialll. restitué de la cavité Description: panie supérieure d'u n dé de chancel décoré sur une face de moulures
centrale; 22 cm. Dim. des encoches en qu eue d'aronde : 36 cm de prof. X 20 cm de emboîlées et couronné par une base de colonnelte. Marbre blanc. - Dim. inconnues.
large. - Parallèles: HADJISAVVAS, Olive Oi/ 2b (cul. nO 2 1. Ypsonas, p. 69, fig. 134), _ Parallèles: dé remployé dan s une fonlaine d'Onaca en Phrygie10 ; voir aussi un dé de
FRANKEL, Weights, type l, fig. l,l, p. 109. chancel à KaS/m Aga mescidi d'l stanbuJ11 (celui-ci est d'un décor plus complexe).
Datatioll : époque prolobyzantine. Datatiol/ : époque protobyzantine.
Commenta;re: la présence de la croix pose la question de J'origine et de l'utilisation
de l'objet. S'agil-il d'une colonne avec croi x réutilisée co mme contrepoids de pressoir? 78. HAYRIYE, 631, n" 4. - Dans le village, 1989. - PI.I!.
Descriptiol/ : conlrepoids de pressoir à vis en forme de Irone de cône. à l'épiderme
72. GÜNÜVIRAN (GÜNbREN), ~34, nO 2. - Dans le village, 1993. très grossier. portant en son sommet une cavité circulaire inscrite dans un carré en creux
Descrîption: tambour de colonne portant une cavÎté circulaire à son sommet. marqué par des goujons de fi xation aux angles. Brèche du type Bilecik. Assez bien
Brèche locale. Bien conservé. Assez profondé ment enterré. - Dim.: diam.: 95 cm ; hau!. conservé. Un éclat sur la paroi . - DiOl. inconnues. - Parallèles: HADJISAVVAS. OUve Oil
visible : 40 cm. Diam. de la cavité centrale: 60 cm. 2e (cal. nO15, p. 68, fig. 128, ca!. nO22, p. 70, fig. 135 : Yerani) ; BRUN type 8 (cal. no 81,
Datatiol/ : époque indétenninée. fig. 60B. p. 123 : «conlrepoids à évidement cylindrique central>.) : exemples de Syrie :
Ksegbe (CALLOT. HI/i1eries, pl. 49). Dar Qita (ibidem. pl. 53), Sarfid (ibidem. pl. 54).
73. GÜNÜV/RAN (GÜNbREN), §34, nO 2. - À l'angle d ' une maison du village, 1993. Datotioll : époque romaine tardive ou protobyzanline.
-PI. V.
DescriptiOI/ : vasque très légèrement tronconique, ponant sur sa partie supérieure 79. HERSEK, 030, nO 3. - Remploi comme IIII/salla ta§,12 du village, 1990. - PI. XVII.
plusieurs moulures irrégulières. Le rebord présenle, sur la moitié de sa circonférence, un Description: plaque de chancel au décor savamment exécuté formé de moulures
ressaut qui pourrait être la trace d'un aménagement prévu pour adapter un couvercle. La el de cavels dessinant quatre carrés posés sur la pointe et inscrits dans un ~ctangle.
cavité centrale est bien arrondie à la base. Marbre rosâtre de Bilecik. Bien conservé dans Chacun des angles des carrés emboîlés est souligné par un motif cordiforme, VOIre par un
la panie supérieure. La base esl cassée. La surface est piquetée. - Dim.: haut. cons.: fleuron à trois pointes. Les écoinçons ponent un rameau feuillu différemment mlerplété
75 cm : diam. max.: 80 cm ; diarn. in!.: 54 cm. suivant les angles. Marbre blanc. Dim.: 6S x 54 x 8 cm d'ép. - Parallèles: sarcophage
Datatial/ : époque indéterminée.

70. T/B. 7, fig. 93 el p. 352.


68. Voir, pour le rinceau vertical. JAKOBS. Ambone, p1.7d. et p. 247-248. 71. PEsCHLOw, Temploll cal. no 12 p. 1475. ellig. 2S p. 1469. .
69 . Ibidem. pl. I3b. el p. 267-268. 72. Table de pierre sur I;quelle on dépose le corps du défunt avant l'enseveli ssement.

e d
ANNIE PRALONG

Cl plu<ieurs plaques du Musée archéologique d' lsI8nbu"3: plaques de Saint-Dé é .


TIle.<salonique 74 : de l'église de la Kalapoliani à Paros": de la Campanopel.. il ~llriU~ à
de Chypre'.: ci-dessous n'" 143 el 144.
Datntùm : VIt' siècle.
amllle
T
1
MATéRIELARCH f'!OI..OOlQUE eRRANT

De~crtP ; ' bien marquées. Bien conservé malgré quelques écialS sur la surface.
queue d a~nx ~ 00 X 44 cm de hau!. visible. Diam. du trou cenirai : 30 X 15 cm de haul.
249

A 33 nO 1. - Dans la cour d' une maison, près de la mosquée, 1990. - PI. Il.
84.ILYASC I:~' . 'conlrepoids de pressoir quadrangulaire aux encoches latérale. en

- D,m .. 1 he.< en forme de queue d'Monde sonl profondes de 29 cm. - Parallèles :


80. HISARCIK. r34. nO1. - Dans le village, 1990. - PI. IV. Les encOC Olive Oi/2c (Anogyra) ; BRUN Iype 5 (cat. no 81, 4).
}{AOIISAVVtM" . époque protobyzantine .
. ~ DC.'iCli,:tio,, ; s?C l~ quadrn,ngulaire poI1~nl à s~n sommet une profonde cavité circu~ DalO 10' .
l:ure , Un décor est l1lclsé sur 1 une des paroiS verticales: un monogramme cruc'f
1
'~lal conservé. est ~nscrit dans. un cercle gravé. Marbre.. Très endommagé. La nloiti~ ~~e~ 85. ILYASCA, ~33, nO 1. - Deva nl la porle d'une maison, près de la mosquée, 1990.
neure du bloc a d,spam. - Dlln.: 42 x 39 x 36 cm. D,am. de la cavité centrale: 19 pé
Datnthm : époque protobyzantine. cm. - PI . Description:
Il. .
contrepOIds de prcssolf. àVIS,
' cy l'tn d'
nque, portant des encoches
1 en forme de queue d' aronde. Marbre. La surface présenle de nombreuses
81. HISARDERE (KORKULUK). r32. nO 18. - Lieu de cOl"ervation : Musée d'I 'k 1 ~al~r~~:rités et l'une des encoches esi cn partie délmile. - Dim.: diam. exl.: 85 X 60 cm
(Irouvé lors des fouilles d'une église pmlobyzanline du village). 1993. _ PI. VII. zn, IIr; 1 Diam. de la cavilé centrale: 26 xl 0 cm de prof. - Parallèles: Israël, FRANKEL,
Descriptkm : chapiteau corinthien de meneau (fenêtre '1) à une rangée de feuill ~ei;~t; Iype 1 (fig. l, l, p. 109) : Chy~re. HADJISAVVAS, Olive Oil2b (cat. nO20, p. 69
d'acanlhe épineuse aux digilations multiples (allmoins quatre par lobe) et profondém es fi 133: Kouris: ca!. nO 21. p. 69 . hg. 134: Ypsonas): Provence, BRUN Iype 5 (cat.
nervurées. Sous les volutes d'angle, les lobes sommita~x. sont ~ilrliculièrement déveJop;~~ ~~ ~t fig. 60A, p. 122: Syrie. Sm·t'ud ICALLOT, HI/ileries, pl. 47).
Les deux faces les plus larges pOrlent un bandeau medlan qUI est encadré, dans sa Partie Datation: époque protobyzantlllc.
haule. légèremenl plus large. par l'enroulemenl verlical de J eux hélices. Les hélices
externes fonnent des volules enroulées en spirale et dessinent à leur point d'origine u 86. ILYASCA, ~33, nO 1. - Dans la cour d'une maison, 1990.
V m~dia? L'abaque po~e deux registres lisses, ponctués. au milieu des deux faces le~ Description : imposle de meneau aux nancs bien dressés. Une des faces porte une
plus etroltes. par un motif en double macaron. Chaque face présente des variantes dans roix aux exlrémités légèremenl p:lII"es. Marbre blanc. Très bien conservé. - Dim.:
l'exécution des éléments choisis, voire des incompréhensions. Travail local. Marbre gris ~aul.: 19 cm; Iii d'auenle: 67 X 16 cm: lit de pose: 30 x 17 cm. - Parallèle : à rapprocher
(de la région de Cyzique ?). Part'ailemenl conservé malgré quelques éclats Sur un angle. du nO 14.
Une mortaise circulaire est creusée au tiers supérieur de chacun des bandeaux verticaux Datation: YC_YlC siècle.
du chapileau. - Dim.: hau!.: 48,5 cm ; diam. du Iii de pose: 5 1.5 cm ; lit d'attente: 70
X 56 cm ; largo moyenne des bandeaux médians: 15 cm en\'. 87,ILYASCA, ~33, nO 1. - Dans la cour d'une maison, 1990.
Datation: milieu du v(' siècle '1 Description: élément de parapet d'ambon en forme de parallélépipède, décoré de
plusieurs moulures concentriques aulour d' un reclangle central légèrement bombé.
82. HOCAKOY, r32. nO II. - Devanlla mosquée du village. 1989. - PI. VI. Marbre. Bien conservé mais en pm1ie enterré. Longue rainure d'encastrement située sur
Description: margelle de puits octogonal e, ponant une large plinthe et un couron~ un des petits côtés (40 x 7,5 cm). à 30 cm du sommet de la pièce. - Dim.: hau!. : 70 cm:
nemenl d'égale hauleur. Travail de qualité. Marbre blanc. Bien conservé. Traces d'outils larg.: 39 cm ; ép.: 20 cm.
sur la paroi eXierne. Usure sur le bord supérieur. - Dim.: hau!. : 82 cm ; diam. exl.: 90 cm: Datation: époque prolobyzanline.
diam. inl.: 70 cm.
Datation: époque prolobyzantine ? 88. ILYASCA, ~33, nO 1. - Devant une maison du village, 1990. - Pl. xvrn.
Description: dé de chancel scié en deux dans le sens de la longueur. la face esl
83. HOCAKOY, r32, no Il. - Remploi dans une fonlaine du village, 1989. - PI. XXI. décorée de moulures emboîtées. le couronnement est fail d'une base de colonneue.
Description : cuve reclangulaire aux parois lisses, non décorées, présenlant des Marbre. - Dim.: hau!.: 111 cm ; section: 33 cm x ~ - Parallèles: en Bithynie, dé de Betenalan
moulures en chanfrein sur son périmètre inférieur, lesquelles constituent une sorte de (no 18), dé remployé comme pierre lombale de Garipçe Dede à Garipçelekke18 ; en
petit socle. Marbre. Endommagé sur les bords des petils côtés. - Dim. inconnues. Phrygie, dé remployé dans une fonlaine d' Ortaca"; à Istanbul, dé au pommeau plus
- Parallèle: en Bithynie". élaboré conservé à Sainte-Irène8o •
Datation: Il'-111' siècle. Datation: époque protobyzantine.

89.1NIKLI, p32, nO 4. - Dans le village, 1989. - Pl. IV. .


Description: socle en tronc de pyramide dont chaque face porte une CroiX sur globe
73. F'RATLI. Sculpture, sarcophage n" 92 p. 53, plaque nO 336 p. 168. - Voir aussi une plaque incisée. Lors du remploi, le socle a élé relourné el sa base a été creusée d'u?e large cavl!é
conservée à Berlin el provenant de Makrikoy près d'Istanbu1 dans O. WULfF, Altcllristlic!te Bildwe~ke. hémisphérique. Marbre. Fracturé en plusieurs parties jointives dont la cohés,on esl assuree
no 182 p. 62: pour une autre plaque d·lslanbul. cf. ULBERT, Stadien, nO 12a. pl. 35 el p. 90 (prenuère
moitié du Vit siècle).
74./bidem. nO165 el 166. pl. 22 el p. 48.
75 . Ibidem. nO197 . pl. 22 et p. 56. 7&. OT\)KEN, Forsclllmgen, pl . 4, 3 el p. 67.
76. Roux. Salamine. cal. nO7 el 8 p. 271. el fig . 321 el 322 p. 281. 79. T/B. 7. fig. 93 el p. 352.
77. KOCH,S'CHTERMANN. Sark0l'''age, fig. 19. 1. p. 510. 80. PEscHLOw, Templon. caL no 10 p. 1475. el fig. 2.1 p. 1468.

d
250

restitué de la cavité centrale: 65 cm.


Dmntion : époque pmtohyzantine.
ANNIE. PRALONG

pnr un clihle métallique. 'lraces d'usure. - Dim,: 100 x 100 x 50


cm conservé. Dinnt
T tOur 82;;",1
MATrtRIEL ARCHéOLOGIQUE eRRANT

1K r32. - Remploi dans les remparts de la ville du côté du lac (parement de la


96,IZN à' roximité du nO 9~, 1993. . , ..
liO/l : chapitea\llOllIque à Im~ste, dont n est vI"hle que la face principale.
D· Pésente des nancs presque verticaux au-dessus d'une échine au décor végétal
251

L'imposte
é tpre .des enroulements termm . é s en b'll
1 e.
M arbre gns.
. Endommagé sur l'échine
90, INIKU. ,,32, n" 4. - Dans le village, 1989. - PI. VI.
. Dcsc.,.il'thm: margelle de puits octaédrique. exécutée de manière somm' . ma~el ~~t~ (croix détruite ?). - Dim.: haut.: 26 cm : lit d'attente: 45 X 39 cm ; lit de
S4:ullantcs ct boni supérieur irréguliers, Marbre blanc. Très bien conservé. _ Dim a~re . arêtes et ll~~onnu _ Parallèles: chapiteau de Saraçhane à Istanbul": ci-dessous no 152.
Data/ioll : époque indétenninée. . mconnue:~. pOse ~alaliol; : VIC siècle.

91, INIKU, p32, n" 4. - Dcvant la terrasse d'un café, 1989. - PI. VI. 91, [ZNIK, r32. - Rempart lacustre d'Iznik. Dans le parement du mur sud reliant la tour

à sa
D('scriptiOI/ : base en tronc de cône remployée en margelle de puits. Elle est
hus~ de trois rangs d'épaisses moulures qui. à la suite de son remploi se urvue
maintenant au sommet de la margelle. Marbre. Bord supérieur défiguré p~ Une ~u~ent
r 89 et le lac, 1993. " ..
Descriplioll : nanc dune Imposte utlhséc comme élément de parement dont seul le
rofil est visible. Marh,,: blanc-gns. - Dlm. Inconnues. - Parallèle; à rapprocher du no 153.
chape dt: bélon. _ DiOl. inconnues. paisse P Datation: VC_VIC SIècle.
Daftuion : époque romaine.
98. IZNIK. r32. - Dans le cimetière situé p~ès de la porte de Lefke, 1993. - PI. XIV.
\12. INIKU. p32. n" 4. - Dans la cour d'une maison, 1989. Descriplioll ; socle en foml. de paralléleplpède sunnonté par une base au profil sché-
o.t,.\'O.';prioll : chup,iteau de t):pe per?aJnénien présentant un abaque quadrangulaire matique rappelant les base; .in~chevées. Large trou de mortaise sur le lit de pose. La base
ll~") n d('çort~ ~~u-dessu s d une C'~rbe!lle tapIssée de larges et profonds godrons dont la base est apparentée au type B d Otuken. Marbre. BIen conservé,. malgré 9uelques éclats sur le
Il ,' st paS\:lslhlc. Un bandeau lisse sépare verticalement deux côtés opposés du chapiteau lit de pose. -Dim.; haut.: 38 cm; hl de pose ; 22 X 19 cm; dlam. du ht de pose: 22 cm.
~.1~lrb~e gns-ol~n~'. !r~ces d',usure sur,l~ surface. sll~érieure. Quelques fractures superfi~ Datation: époque protobyzJl1l tnC ?
\.te \les. Lapl.1111e mte.neure n est P,lS VISIble, - DII11, Inconnues. - Parallèle: à rapprocher
du Tl" 60 cI-d,'ssus. 99, IZNIK, r32. - Au pied de l' a'. ani-mur devant la tour 47 (au nord de la porte de
Dafo/ùm: \ '<'-\"1" siècle? lofke), [993. - Pl. XVI.
Descriplioll : parapet d ' amhon lrès fragmentaire dont une des extrémités d'accès à
9J. [I\IKLI, ,,32. n".J. - Devant une maison du village, 19 89. - PI. XXII. la plate-fonne est conservée. Celk-ci a l'aspect d'un pilier de chancel, avec, sur chaque
, JJ(".\:{"r/{J~iol1 : table d' offrande rectangulaire présentant un bord en doucine souligné par face, des moulures emboîtées autour d'un rectangle central long et bombé. Lajonction
un li stel Inteneur profondément gravé-. M arbre blanc à fOlies veines grises. Bien conservé entre ce pseudo pilier et le parapet proprement dit est assurée par un long bandeau ver-
mais visihle- seulement sur une 1~lce c,u' scellé dans une chape de béton. - Dhn. inconnues: tical à peine mouluré. Au tiers inférieur on note une mortaise carrée. Marbre blanc. Cassé
Data1ion : I\'C -VI" siècle? sur trois côtés. Décoré sur une face, revers simplement dégrossi. Encoche large de 6 cm,
surie flanc droit, à 16 cm du bas: large mortaise (4 X 5 X 4 cm) surie lit de pose.- Dim.:
9". [n" IK. r3è . - Remploi dan s les remparts de la ville; du côté du lac (parement de la haut. max.: 48 cm ; largo max.: 40 cm ; ép. max.: 15,5 cm.
Ill ur ~ gl . 199.1. Datation: VC-Vle siècle.
Dn cr;priOll : chapiteau ionique à imposte dont n' est visible qu'une face. L'imposte,
aux côtés vertic.lux. porte sur sa face une croix latine en légère saillie. Le chapiteau 100, IZNIK, r32. - Lieu de conservation: dépôt du Musée, 1994. - Pl. XXII.
presenle une échine en galelte. Marhre gris. Bien conservé pour la partie visible. Descriptioll : tête masculine d'une icône mutilée, dont le bord supérieur est arrondi
Chapiteau inachevé. - Dim.; hau t. : 36 cm ; lit d'altente; ? X 47 cm; diam. du lit de pose: et la surface légèrement concave. Seule est conservée la tête, placée devant une auréole
.18 c m ? - Parallèles; epannelage proche du chapiteau provenant de la basilique de en léger relief. Le visage est allongé; le front, large et dégagé, est encadré de petites touf-
Beyazit à Istanbul et conservé au Musée de Sainte-Sophie" ; à rapprocher d'un chapiteau fes de cheveux. Une barbe longue et fournie, se présentant en épaisses mèches ondulées,
de Samos!i2 ~ ci-dessus, n OS 22 e t 32. dissimule le menton et souligne une bouche charnue. La disparition du nez renforce
DaIalion : V\!'-VIC siècle. l'intensité de grands yeux en amande, dont le regard est tourné vers le haut; iris et pupilles
sont bien indiqués. Marbre blanc à grain fin. Acheté en 1981. Inv. nO 4088. Cassé dans
95, IZNlK, r32. - Remploi dans les remparts de la ville du côté du lac (parement de la sa partie inférieure. Éclats sur les bords latéraux et supérieur. Traces de ciseau grain d'orge
tour 82). 1993. suries cheveux et la barbe. - Dim.: haut.: 28 cm; larg.: 40 cm ; ép.: 6à 15 cm. -Parallèles;
Descriplion; chapiteau ionique à imposte, dont n'est visible qu'un petit côté, au Musée d'Istanbul, tête d'un apôtre tenant un livre, provenant d'Odalar camii";
présentant un balustre rectiligne. Marbre gris. Inachevé. - Dim.: haut.: 23 cm; lit de personnages sculptés de l'arc de la Fenari Isa camii'".
pose: 45 cm. - Parallèle; Musée archéologique d'lstanbul'3. Dararioll : XIIt'-début du XIV' siècle.
Dalation : Vie siècle.
84./bidem, n' 48, p. 14 el p. 30.
81. ZoU.T, KapiTellplastik, nO 83, pl. 20 el p. 41 (vers 537). 85. Voir FlRATLI, Sculpture. cat. nO 139 p, 81. . ."
'. 86, Ibidem, cat. nO 414, p. 192-193: à ïJ.pprocher aussi d'un chapiteau de Fcthlye Call1ll.
82. VEMI, ChapiTeaux, no 245, pl. 69 et p. 174.
83. ZoLLT, Kapitellplastik, no 75, pl. 19, p. 39. Ibulem. cat. no 239, p. 125-126.

d
2S2 ANNIE PRALONG

101. KAPLICA (TERMAL), 027, no 2. - DRns les jardins des Ihennes, 1993. _ PI
Dt'Jcl'iprion: chapiteau corinthien composé d'une couronne de quatre fi' yU.
d'acanU,e épineuse, sumlOnlée de quatre feuilles d' angle séparées par des hélices ~ eUlIles
une profonde échancrure incurvée remplie par un motif noml. Les lobes sommitaOnnant
feuilles de la couronne sont très étalés, avec un revers sommital aplati et temliné pux. des
digilalion cenlrale collée à la corbeille. L'échancrure esl caraclérisée par un ruban art ne
T MATéRmL ARCfII!OLOGIQUE. ERRANT

LJCA (TERMAL), 027, n' 2. - Dans le jardin des Ihennes, 1993. - PI. XIX.
104. KAPri tioll : dé de chancell rès bien conservé, portanl. sur lrois faces de< moulures
qesc ~ nt les peties côtés sonl concaves. La quatnème face est incisée d'une
embOllées, 1. °ore d'encastrement (larg.: 6,5 cm). Ce dé prenail certainement place au
profond: 7a :lôlure. Il esl couronné par une base de colonnelle à séries de moulures
centre dé Marbre. _ Dim.: haul. : 119 cm; secllon : 17 x 17 cm. - Parallèles : à
253

la base ondulée. indépendanre de la couronne inférieure. Marbre. Assez endonuJaga~ à superp<Js es. dé conservé à Kalenderhane el un autre à Sainle-Irène" ; à rapprocher du
ISlanbul, un
l'abaque elles angles du chapileau onl disparu, l'épidenne esllres usé. _ Dim . h .
43 cm ; IiI de pose: 33 cm de diarn.; IiI d'allenle : 50 x 50 cm. - Parallèles' trè;; aul.: n' l5j;atatioll : époque médiévale 1
breux exemples sur le pourtour médilerranéen ; quelques exemplaires idenliq'ues o~~~
recensés à ISlanbul, en lIaIie à Ravenne el Venise, el à Aphrodisias el Kumbaba en Thrq 1 KARAAGAÇ, t22, nO 1. - Dans une n~ ai son du village, 1992.
occidentale s7. Ule IDS, D ription: moitié inférieure d'un pllter de chancel portanl, sur une face, une série
Datation: chapiteau caractéristique des production s en série des carrières d e~cres emboîtées soigneusement exécutées. Marbre blanc. - Dim. inconnues.
Proconnèse (à partir du milieu du v' siècle). e ~ep:~I~è~e: à rapprocher du no 9 pour l' exlrémilé en demi·cercle du bandeau cenlral.
Dalation : époque protobyzantlllc.
102, KAPLICA (TERMAL), 027, nO 2. - Dans les jardins des Ihennes, 1989. - PI. Vill
Descriprion; chapiteaux-corbeilles en tronc de pyramide renversé dont les face~ 106, Près de KARADlN, r33, n" 8. - Sur la roule enlre le ltiiyük el le village, 1989.
sont bordées d'une double rangée de feuilles de laurier posées en oblique, qui s'affrontent _pJ.XIX.
de part el d'aulre de l'axe médian de chaque face el dessinenl des figures géométriques Description: dé de chancel .port anL sur une ~e ses faces. des moulures simplement
profondémenl creusées. Au milieu de chaque face. le quadrilalère dessiné esl occupé par incisées et non les moulures hablluclk .. en bas-relief. Une des faces contiguës pone une
une large feuille aux cinq lobes bien nervurés ; elle porte en son centre le monogramme rofonde rainure d'encastremenl (Iarg.: .1 cm). La base de colonne placée au sommet du
crucifonne. inscrit dans un cercle. de l'impératrice Sophie. épouse de l'empereur Justin ~é semble avoir élé sciée. Marbre. T,,,,
bien conservé. - Dim.: haut.: 115 cm; section:
n. Marbre de Proconnèse. Quatre chapileaux sonl bien con' t rvés, J'un est cassé en 30 x 30 cm. - Parallèles: pour le 1.)' P" de déco r simplemenl incisé, à rapprocher de dés
deux". - Parallèles : ISlanbul, quartier de Saraybumu, près de la colonne des GOlhsa, . conservés à Kaplica (Termnl): " B,,\>asullan9' ; dans l' église des Archanges de
Brousse: chapileau remployé dans le lurbe de Mural n~). ' Kumyaka96; dans l'ancien monast<·,o u'Elegmoi à Kur~unlu97.
Datation: 565-578. Datation: époque médiévale (V IIIC,XI' siècle 1)93.

103, KAPLICA (TERMAL), 027, no 2. - Près des Ihcnnes, l '1Y.1. - PI. XVI. 107, KAYNARCA, r33, nO 5. - Sur le lerriloire du village, 1990. - PI. 1.
Description: plale-fonne circulaire appartenanl à un ambon CI Jouble accès, présenlanl Descriptioll : contrepoids de pressoir cubique portant les traces de trois utilisations
sur ses faces principales une tranche décorée de qualre ressallls répartis de part el d'autre successives différenles. Les deux encoches en queue d'aronde -très abîmées - sur deux
d'une moulure centrale en boudin. La face inférieure esl recreusée autour du médaillon faces opposées allestenlla fonclion de cOnlrepoids ; les 3 mortaises en quinconce creusées
central, dans lequel est inscrite une croix en léger relief. Marbre. Une moi lié seulemenl sur l'une des parois verticales el deux autres sur la surface supérieure témoignent de
esl conservée. Gros éclals sur la Iranche de la plaIe-form e. cl sur la face inférieure. l'emploi du bloc comme support (sans doute d' un bassin). Enfin la cavilé centrale
- Dim.: long. cons.: 126 cm (long. lolale resliluée: 173 cm) : diam. de la plale-fonne hémisphérique, Irès abîmée, signale la transfonnation de l'objel en pierre à bulgur.
proprement dite : 110 cm ; haut.: 30 cm. - Parallèles: ambon de l' église des Thennes à Marbre. En partie enterré. Fracturé en plusieurs morceaux juxtaposés. La surface
KOS" ; de la basilique d'Élounda à Kolokylhia'2 ; de Treis Ékklèsiés à Paros'J. supérieure eSllrès érodée. Traces d' oulils sur les parois verlicaJes. - Dim.: 116 x \05
Da/arion: Vic-vue siècle. x 45 cm. - Parallèles: - à Chypre, HADIISAVVAS, Olive Oil 2c (Anogyra, cal. no 18),
p. 68-69 et fig. 131. - En Provence, BRUN type 7, «contrepoids de vis à évidement
central et logemenls de goujons de fixation>' pour la présence de mortaises creusées sur
87. Dans la Iypologie de R. Kaulzsch: type 6 .à lyre .. , cf. KAtrrlSCH, Kapitellstudien, voir
le chapileau de la citerne de la Sphendonè, no 195, pl. 14; dans noIre typologie: Iype IVlc, la surface supérieure: la Vicaire à Rians, cal. nO74, fig. 155, p. 187 ; Roquebrune, lieu-
cf. A . PRALoNG, Recherches sur les chapiteaux corinthiens tardifs en marbre de Proco1mèse, thèse dit la Bouverie, cat. n' 77, fig. 157, p. 188.
de doctorat de J'université de Paris 1 wPanthéonwSorbonne. Paris, 1997, (cité ci-dessous AP: à Datatiol/ : époque protobyzantine.
paraître dans la Bibliolhèque des Cahiers Archéologiques). Cf.. à li Ire d'exemples, les spécimens
conser:-és dans le lapidaire de Sainle-Sophie à ISlanbul (AP 672,674), à Topkapl (AP 681); en
ltal.'e, a Ravenne (AP 729), à Saint·Marc de Venise (AP 738) ; en Turquie, sur la côle de la mer
NOIre, à Kumbaba près de ~ile (AP 774, 775) et à Aphrodisias (AP 763).
88. Pubhés par Barsanli, L'espor/adone, fig. I. p. 94.
89. TEzcAN, Topkapl, no 196, p. 157 el no 480, p. 34l. 94. PESCHLOW, Temp/oll, Kalenderhane : cal. nO II p. 1475, el fig. 24 p. 1468 : Sainle·Irène:
. 90. C. BARSANTI. Materiali bizantini poco nOlÎ 0 inediti della Bitinia. XLII Corso di cullllra cal. n' IOp. 1475, el fig. 23 p. 1468.
sulf.one rQI'e"'lOte e bizantina. Ravenne, 1995, fig . 8, p. 62. _ Voir aussi KRAMER, Kiimpfer w
95. ÜTOKEN, FO/'scJlIlIlgen, pl. l , 2, el p. 59.
kapnelle. p. 181·182 el fig. 10.11. 96. Ibidem, ~1. 3,4, el p. 76.
91 . JAKOBS, Ambone. pl. 12b. et p. 262.263. 97. MANGO- EVCENKO, fig . 120. h 1 vé avec
92 . Ibidem, pl. 13d el p. 270. , 98. Celte datation est suggérée par la ressemblance avec J,e. dé de. c ance trou
93. Ibidem . pl. 21a el p. 294. d autres éléments architectoniques médiévaux dans le monastère d Elegmm.

b d
ANNIE PRALONG MAT~RIEL ARCtl~OLOGIQUE ERRANT 255

1\\1\. KlTl; lÜRÜNLÜ), 125, n" l. - Dans le village, 1990. OPRÛHISAR, ~32, nO 2. - Dans le village. Proviendrait du pont détruit pendant
I.'k.\l'nfuicm : l'uve de fontlline, non décorée. portant un canal de déversement 113. K d'indépendance, 1990. - PI. XI. '.
:\U1' dlul'un des petits l'Ôtés ct saillant seulement d'un côté. Les parois Sont d'une ép ~reusé la guerrecri Jlion : imposte portant sur ses deux faces une cr~,x fleu,rle aux bras légèrement
Ilntnil\' \'t ligulièl'\!. Trnvcl1in. - Dim.: 168 X 83 x 64 cm de haut. alSseur Des décor végétal est formé par des rameaux de femlles d acanthe dont les lobes
J)eftatlm, : époque indétcmlinée. paltés. Le t is digital ions et sont séparés par de larges œIllets ovales. Les deux lobes
présentent r~é~e10ppent le long du montant venical de la croix. Deux brindilles terminées
11111, \\'\11\' K1ZDERBENTei KVRTKOY, p30, nO 2. - À 4 km avanl Kurtkôy SUr la inféneu~ s~lIelte à trois pointes jaillissenl du lobe sommital et occupent l'espace supérieur
Wl\tllll,k KII<1e.1><"III, 1989. rouie par une ~U\zontal de la croix. Marbre blanc. Bien conservé. Quelques concrétions de
Ilr-,,,.,.iplùm : l"tlntrepoids de pressoir quadrangulaire dont la face sans cavité central du bras ~~une des faces. - Dim.: hau\.: 52 cm : IiI d'attente: 80 X 50 cm ; lit de pose :
t'st :.."t'uk visihk', C'uknire. Endommagé sur l'un des petits côtés qui a perdu son p . e bé l'; :~rcm. _ Parallèles: à Cherson : au lapidaire de Sainte-Sophie à Istanbul; aux
\rm\\.'n.\..~t' l'II qUl'Ut' d'amnde. - Dil11.: 150 X 83 X 54 cm. L'encoche en queue d'aroO~t 40 sée rchéologiques de Sumen et Yarna lOl •
",,,,,,'n',,"' ,'sI lm'gc de ~o ~ 30 cm el profonde de 13 à 15 cm. - Parallèle: BRUN Iy~ ~ mu D~:atioll: VC#VIC siècle.
l"~\. Il'' SI. -t, tig. lfi9. p. 196: La Roquebrussanne).
I\."~uit,,, : époque protobyzantine. 14 KOPRÛHISAR, §32, nO 2. - Dans le village, 1990. - PI. XIII:
l 'Description: base quadrangulalfc_ appartenant au type A d'Otüken. Marbre. Très
no. K1Z1LKOY, s.1~, n" 5. - Sur le lerritoire du village. 1989. é dé Un angle a disparu et le prottl esl estompé par l'usure. - Dim. inconnues.
1l.c-"\',iplÙll' : \."t.lntrt-poids de pressoir plutôt quadrangulaire, aux angles très arrondis _r~"';lIèle: à ~ileI02; épave de Marzamemi lO1 •
f'\{1\\1lt \'It.'\I\. l~tK't)('ht'S ~n fonne de queue d'aronde sur les deux petits côtés et un~ Datation: yC_Vle Siècle.
l"'''\''"h~ ~~\'\,~ dt'\'uhüœ au centre. Malgré l'usure, on note t~s traces d'une monaise
"bns r"I\Sl(" supê-ric'lIr dl\lit de la pièce et l'on devine un aménagement simiJaire au-delà 115, KOPRÛHISAR, §32, nO 2. :- R(,I~ploi dans le mur du hammam, 1990. - Pl. XIX.
Je kt \.,,,,,Itt' \.'t'ntmle-, Brè'c he locale jaunàtre. En partie enterré. Très érodé et fracturé en Description: partie haute d un de de chancel portant des moulures sur une face. Le
""m.rs "",,,:,,"u,, - Dim. inconnues. - Par.t1lèles : il rapprocher de BRUN type 5, contre- pelil côté est en demi-lune. Marbre. En partie dissimulé par un décor de maçonnerie
",>ids ~ '1S J'AYn d kdide en Palestine (cat. n" 54, p. 124 J. de BRUN type 6, contrepoids moderne. - Dim.: haut. cons.: 72 cm : sectIOn: 20 X 20 cm ? - Parallèles: dé remployé
~ hWil remployé en ,'ontrepoids à vis de Lorgues ICOL " " 56. p. 176 et fig. \36 dans une fontaine d'Ortaca en Phryg ie\{4; ci-dessous, nO 154.
:: pal6..'il.rWt':lù. de BRl:;\! type 7, contrepoids à évidemem çè)~ tLll et logement de goujons Datation: époque protob)'zantine ?
.k fi,,~fu_.k U R''lUébrus",~nne (cal. nO 81. 3. p. 196. \ï ~ \ (3).
l\t~ui~",: é('llt.J.l)(· rnmaine ou protobyzantine. 116. KORISTAN (ÇIÇEKLI). 1'32. nO 13. - Devant une maison, 1989. - Pl. IX.
Description: chapiteau cubique décoré sur une face d'une croix formée d'un double
Ill, l'.IZlLKlIY, s32, n" 5. -..\ rangle d'une fomaine du \i l!agc . 1989. - Pl. XIX. ruban incisé dont chaque extrémité s'enroule en crochet; elle est posée sur une base
~'ri{tli(lIt ~ prutie supérieure d'un pilier-colonnelle ~lç chancel 99 composé d'un fleurie trailée en léger relief. La pmtie supérieure du chapiteau est soulignée par un bandeau
\.~~ ùlrinthien à quatre feuilles d'acanthe épineus~ su nn o ntant un support cylin- lisse en légère saillie. Marbre local gris. Bien conservé. Vn éclat sur un angle. Large
~~ d\"If\t la h3uteur n'est pas connue. Le sommet dL' la I.'l'Jonnette est marqué par mortaise sur le lit de pose. - Dim. inconnues. - Parallèle: en Grèce, relief muré dans le
~" "".....~ t':>llUan! le haul de la wlonne et le tore du chapiteau. Celui-<:i présente clocher d'Épiskopi (pour le décor du pied de la croix)iOS .
$QI""'~ ~~ un ma.~ue t\'lmlé au contact des extrémités des digitations des feuilles Datation: XC-XIIIe siècle?
pb."«:< ;aQ~ ongl<s. L'ahaque est rectiligne et porte un tin listel médian, formant ainsi
~" ~ ~I","" N:mc. - Oim.: haut. du chapiteau: 11 cm : diam. de la colonnette: 117. KORVKOY, 627, nO 3. - Dans un jardin du village, 1992. - Pl. V.
15 \."tll.. - Psalldoe: An.'eOt3. lt'-\ Description: margelle de puits circulaire, conservée sur une très faible hauteur,
A.c:.t.n", : \~\~ siècle. surmontant un socle quadrangulaire, délimitée par un épais rebord au contour carré dont
les angles font saillie au-dessous du corps proprement dit de la margelle. Marbre, Seule
lU. l'.OKARCA, p30,l\" 3. - Près de 1. mosquée du village, 1989. une moitié est conservée. La margelle a été réduite en hauteur. Surfaces usées. - Dim,:
o.:...riprio.w " f'1I'IÏ<' sup<rieure d'un dé de chancel en forme de colonnette, couronné 71 X 71 cm; haut.: 17 cm; haut. du rebord: 7 cm. - Parallèle: ci-dessus nO 28.
,fUll cturi"'*'- o.,u." "",t....'<Ides rainures entaillent les côtés du dé. Elles sont soulignées Datation: époque indéterminée.
1"" ~" ~x ~..:remenl saillants. Deux deRÙ-chapiteaux corinthiens sont pla.és
~ b rainure:> btér.ib d''''''-..stœment des plaques de chancel. Us ponent chacun
~"re.w.b d'~:3Dthe ",,>lie .. digitatioo$ multiples. Leurs points de contact dessinent
un ~'" """"...[< J'un p<Ill • .:t....." tous .ku." fortement creusés. Au-<lessus : hélices à
~ ri- <t "r<ù=, t,'<mm! b n'lutes d'an21e. Marbre. - Dim.: haut- cons.: 78 cm;
s<,:ti..... : 33 )( _~ _-ru : luu\. du dl:lpiteau : .16 ~m. - P'Jrilllèle : à rdpprocher du n"-IO.
~t!ft:l\'~-\·<: s.iè.:k. 101. BARSANTI, L'esportaûone, fig. 90 à 92 et 95.
102. PESCHLOIV, Morser, n' 34, pl. 116, 3.
103. KAP1TAN, Elememi, fig. 5, p. 80.
104. TIB, 7, fig. 93 el p. 352. . ' . H 44
105. N. J. GIANNOPOULOS Les construclions byzantines de la régIon de Déméln3S. BC. .
1920, fig. 4, p. 187 el lia, p. 202.

d
MATéRJeLARCII(mr..OOIQUE eRRANT 257
ANNIE PRALONG

118. KORUKOY. 027. n" 3. - Jardin d'une maison au bord de la mer, 1992. _ Pl V lYE p32 n° 7. - Remploi dans une fontaine, 1989. - Pl. XVI.
Description: chapiteau corinthien dont la couronne inférieure porte sept i .lt. )13,MECID. '. fra~ment de parapet d'ambon de forme incurvée, portant deux cadres
d'ncanthe épineuse: la couronne supérieure de huit feuilles est surmontée par des ~~I.lles Desc~pl/Onu'lures emboîtées, qui sont tangents à la représentation schématique d'un
incluse.\\ dans une partie haute du chapiteau. fonnant saillie par rapport à l'abaque. C II~e~ composés e ~oÀ l'intérieur des deux champs ainsi délimités s'inscrivent deux croix
porte deux registres, en retrait, et des côtés au tracé plutôt rectiligne. Transfon~~I.cl dé de ch~o~em'êmes entourées d'une fme moulure. Le pied de la croix est trifide. Marbre.
vasque et endommagé: toutes les parties saillantes du chapiteau ont été ca ~n p.uées el es é ur les deux côtés. Traces d'usure sur le décor. - DiOl.: haut. visible: 48 cm;
L'abaque a été martelé. - mm.; hau\.: 60 cm ; diam. du Iii de pose: 56 cm; lit d'at::nt.': parapetca~s6; cm. _ Parallèle: ambon de l'église de la Pantanassa à Philippiasl"'.
I.rg . Datalion
cons.. 'è 1
70 X 70 cm. - Parallèles: spécunens remployés à Istanbul dans la citerne de l'orphe)' . : VJc~Vlle SI ce.
près de la mosquée du sultan Selim ct dans Kalenderhane : dans des églises d' ApOII~~~t
en LibyelO6. a MECIDIYE, p32, nO 7. -Dans laco~r d'une, maison, 1989. - PI. XVII.
Datation: VIC siècle. 124, Description: bord supé;,eur ou .'~feneur d une plaque de chancel très épaisse,
rtant quatre moulures embOltées s~" ch,lque face. Marbre blanc. Cassée sur trOts côtés et
119. KOYUNLU, u37, n" l. - Dans un jardin à la sortie du village, 1992. - Pl.lIl. ~mbreU]{ éclats sur la surface. - DI.m. Inconnues.
Descriptioll : contrepoids de pressoir à vis, cylindrique, à l'épidenne abîmé, porta t Data/ion: époque protobyzanllne.
des encoches en fonne de queue d'aronde dans l'axe de l'évidement central cYlindriq~
lequel est accompagné de logements de goujons de fixation placé sur la face supérieur: 125, ORHANELII ADRANOS. v26. - Dans les ruines de la fortification byzantine,
Marbre blanc jaunâtre. Assez endommagé. Une moitié semble avoir disparu. - Dim: 1990. - Pl. XXIl. .
haut. 58 cm : diam. sup. 94 cm. Diam. de la cavité centrale: 24 cm. - Parallèles : BRU~ Description: stylobate de chancel. Large plaque rectangulaire portant en son milieu
type 6 (Taradeau: cat. n" 62, fig. 60B, p. 123, ca\. n" 100, p. 217 et fig. 199), et large rainure légèrement creusée. sur laquelle devait prendre place une plaque de
HADJISAVVAS, Olive Oil 2b, cal. nO 20. p. 69 et fig. 133 (Kouris), cat. nO 21, p. 69 et ~~~ce1. Marbre. F~acturé ~n trois nWfceaux jointifs. La rainure d'enca:'trement présente
fig. 134 (Ypsonas). un épiderme irréguher. - Dlm.: long.:. 100, Clll ; larg.: 84 cm: largo de la ramure: 28 cm env.
Datation: époque protobyzantine. Datation: époque protobyzanline .

120. KOYUNLU, u37, nO 1. - Au pied d'une maison, 1992. - PI. IX. 126. Entre ORHANGAZI et VEUBEY ÇIFfUK, 1'29, nO 3. - Remploi comme base de
Description: petit chapiteau cubique portant, sur deux faces contiguës, une croix colonne sur la terrasse d'un restaurant au bord du lac d'Iznik, 1993. - Pl. X.
grecque aux bras soulignés par deux lignes incisées, inscrite dans un double cercle, et trois Description: chapiteau ionique à imposte, portant une croix latine en relief, légè-
arcs sunnontés d'un décor ondulé (souvenir du motif à godron ''J. La partie supérieure rement pattée, sur la face principale de l'imposte. L'échine porte deux rameaux feuillus.
du chapiteau a été détruite. Brèche locale jaunâtre? Endommagé dans sa partie supé- Marbre blanc-gris. Bien conservé, un gros éclat à l'un des angles de l'imposte, laquelle
rieure, non conservée. - Dim.: haut.: 40 cm ; diam. inf.: 3~ cm; lit d'attente: non a été badigeonnée à la chaux. - Dim.: haut.: 30 cm ; lit d'attente: 70 X 74 cm; lit de
conservé. pose: 37 cm. - Parallèles: Sainte-Sophie d'Iznik los ; Tirilye tOO ; Musée archéologique
Datation: IXe-xe siècle? d'lstanbuPIO.
Datation: VIe siècle.
121. KULFALAR, p37, nO 4. - Sur un site en ruines au-dessus du village, 1989. - Pl. ID. i,;
Descrip/ion : petit contrepoids de pressoir à vis, cylindrique, présentant quatre enco-
ches en fonne de queue d'aronde de part et d'autre d'une cavité centrale circulaire.
127, Entre ORHANGAZI et VELIBEY ÇlFfLIK. r29, nO 3. - Sur la terrasse du restaurant
mentionné au nO 126,1993.
'~
Brèche locale jaunâtre. Bien conservé. L'épidemle est très rugueux. - Dim. inconnues. Description: chapiteau ionique à imposte, identique au nO 126, à part l'échine qui
- Parallèles: HAoJISAVVAS, Olive Oil 2b (cat. no 20, p. 69 et fig. 133 : Kouns ; cat. nO 21, porte un fleuron à cinq pointes encadré par deuK demi palmettes. Marbre blanc gris. Gros
p. 69 et fig. 134: Ypsonas); f'RANKEL, Weights (fig. 1. l, p. 109). Type très répandu. éclat ayant emporté un angle complet de l'imposte. - Dim.: haut.: 29 cm : lit d'attente:
Datation: époque protobyzantine. 60 X 70 cm; lit de pose: 37 cm. - Parallèles: chapiteau de l'ancien monastère de
Commelltaire : c'est le seul contrepoids de pressoir à vis avec 4 encoches en queue Médikion près de Tirilye lll ; chapiteau du portique nord de l'octogone de Philippesl12.
d'aronde trouvé en Bithynie. Datatioll : VI' siècle.

122. MAAN (KAYABELl), ~35, no 1. - Dans une rue du village, 1990. - Pl. XIV.
Descriptioll: socle dont la partie inférieure n'est pas conservée et qui porte sur sa
partie haute un bandeau chanfreinée surmonté par une base du type C d'Otüken. Brèche.
- Dim. inconnues.
Data/ion: époque indétenninée.
107. p'arapet convexe avec une croix, JAKOBS, Ambolle, pl. 29 a et b el pl. 310-321.
108. ÜTüKEN, ForscllulIgell, pl. 37, 5 el p. 202.
106. Dan~ la typologie de R. Kautzsch: type 7. qualifié généralement de «roofed.capit~h), 109. Ibidem, pl. 38, 5 et p. 204.
comme le chapiteau du Musée archéologique d'Islanbul, inv. 2379 (cf, KAUTZSCH. KapÏfellslud,e", 110. ;::OllT, Kapitellplastik, 0° 75, pl. 19 et p. 39.
n" 198.pl. 15 el p. 61 ~ AP433). Dans nOire Iypologie : chapileau de type IVe (~chapileau à zone Ill. ÜTüKEN, FO/'sc/i1l11gell, pl. 39,1 et p. 205.
des hélices boursouftlée), no 385. 112. VEMI, Chapiteaux, nO 190, pl. 56 et p. 157.

1'1
MATt!RŒI . AflClltoJ,1I.00lQlJf! F.KRAr-rT 2S9
ANNm rRAlON(J

128. Entre ORHANGAZI et VEll BEY ÇIFI'LlK. r29. n" J. - Dnns le jardin du res CIR KÙY. p32, nO 5. - Dans une fontaine du village. 1989. - PI. XX.
mcn(ionné ci-dessus. nl \ 126. 1993 . - PI. XI. taurant 133, TA,criptiO/l : devant de sarc?phage machevé. décoré de guirlandes et portant un
Dr.ft.,.;ptÎo" : imposte quadnmguluirc décorée sur une face et les deux dei ._ Ô De. édinn nnépigraphe. qUI appartIent au type des sarcophages de Proconnèse"6
qui \uÎ ~o,~t contig\l~. U~,e rn"gé~ u'oves el mis de cœur souligne le Ht d'aucn,:lsCu:éS cartouche mé oignent les arcs outrepassés qui indiquent l'emplacement de la gu\rlatuk
fal"C pnnclp..1lc. des fCllllles de vigne dressées et ft la surface surnervurée encad la comme en : ::;, bouton médian. Marbre. Seule la moitié supêrieure est visible. Le bord
n
médaillon central qui était sculpté il jour et n disparu. Le même motif de Feuilles :nt Un et entou: odé _ Dion. inconnues. - Parallèles: sarcophages de Saraylar. de Çanakkale et
suil sur les côtés contigus. Ma~bre bl~nc. Le Iit d'attcllt,e :1
un an~le Sont rOrte:~~~
endolllltlngés. Inachevé sur un coté entier et sur deux denll-cotés. - 0101.: haut.: 27 crn ~
est très r
de GelibO lu .
DaIa/ion:
Il'7

Ile_Ille
.
Siècle.
lit d' attente: 79 x 73 clll ; lit de pose: 46 X 46 cm. - Parallèles: il Tirilye, deux chapit '
ioniques à imposte de J'église de la PantobasilissalL' et imposte près de la Fatih cam~i~~: TAHTALl. t25, nO 2. - Dans le village. 1990.
Datation: VII." siècle. . 134. Descriptioll : demi-balustre de chaptteau IonIque. portant un décor de deux rangs de
feuilles d'acanthe donlles yeux. entre les. lobes, sont s~ulptés à Jour. Le baudrier médian
129. Près d·ORHANIYE. pJ 1. nO 5. - Remploi en pierre tombale dans le cimetière situé orte un décor cordelé. Marb,re hlanc, Tres fragmentaire. - Dlm. non mesurables.
sur la route de Çaklrca. 1992. - PI. XV. p Datation: époque romallle.
Descriptioll : long parallélépipède creusé d'un large canal en son milieu. La pièc
a été réutilisée en seuil de porte puis en pierre tombale. Marbre. Bien conservé. Un lége~ 135. TAHTALI, t25, no 2. - Dans le jardin d'une filature. 1990:. - PI. XIII.
éclat sur J'un des angles. TroIS mortmses sur le ht supéneur prouvant un remploi dans Descriptio/l : base appartenant ccrtalnement au type C d·Otüken. qui pourrait être
une porte à deux vantaux. - Dim.: long. cons.: 155 Clll : larg.: 28,5 cm ; haut.: 14 cm . une base de meneau. Marbre blanc. Une mottlé est conservée. fortement endommagée
dim. du canal: Il.5 x 5 cm. ' r la partie supêrieure. Large morta ISe cn partIe cassée. Un des angles a disparu.
Dotatioll : épÔque indétenninée. ~ombreux éclats. - Dim.: haut.: 22 cl11 ; di".m. du lit d' attente: 29 cm; lit de pose : 40
x40cm. - Parallèles: à Kayapa (Eskl camll)"'; épave de Manamemi"9.
130. SELOZ KOY. u34. nO 2. - Dans le village. 1993. - PI. l. Data/ion : Vie siècle.
Description: contrepoids de pressoir de forme presq ue cubique aux parois bien
dressées portant deux encoches (non mesurées) en forme de queue d'aronde sur deux 136. TAHTALI, t25, nO 2. - Dans lin champ. 1990. - PI. XIV,
faces opposées. Profonde cavité cemrale. Marbre blanc-gris. Assez bien conservé. Gros Description: socle inachevé. encadré par deux bandeaux horizontaux chanfrein~
éclats sur deux angles. - Dim.: 96 x 85 X 45 cm. La cavilé centrale n'a pas été mesuree. et sunnonté d' une base au profil aigu. Marbre. Mutilé sur la partie supêrieure. Large Imu
_ Parallèles: Chypre. HADJtSAVVAS, OIi\'e Oil 2c ; ci-dessus. nO 1. de mortaise sur le lit de pose. - Dim. inconnues. - Parallèle: socle dans le jardin de la
Datatioll : époque protobyzantine. mosquée de Çavu!këy 120.
Datation: époque indéterminée.
131. TACIR KOY. p32, nO 5. - À l'entrée sud du village. 1989. - PI. XII.
Description: imposte portant sur la face principalc des feuilles d'acanthe molle à 137. TAHTALI, t25. nO 2. - Dans les champs, 1990.
peine dessinées. Au-dessus de ce décor végétal prend place un large bandeau creusé en Description: partie supérieure d'un dé de chancel scié en deux dans le sens de la
doucine qui souligne le lit d·attente. Marbre gris. Assez bien conservé. Quelques éclats hauteur. La face visible porte des moulures emboîtées. La base de colonnette couronnant
aux angles du lit de pose. - Dim. inconnues. le dé est mutilée. Marbre. - Dim.: haut.: 95 cm ; section: 20 x 20 cm ? - Parallèles: dé
Datation: Ve-Vlt siècle. remployé dans une fontaine d'Ortaca en Phrygie'" ; à Istanbul, fragment de dé à Mesih
Pa!. SOk. 122 ; ci-dessus. nO 88.
132. TACIR KOY. p32. n° 5. - Pièce fragmentaire remployée dans le parement de la base Dawtion : v e·Vle siède.
du minaret de la mosquée située au sud du village. 1989. - PI. XIV,
Description: architrave d' iconostase ou linteau de porte présentant un ruban formant 138. TAHTALI , t25, no 2. - Dans le village. 1990. - PI. XX.
six enroulements dans lesquels prennent place, tête-bêche. des palmettes dressées à cinq Description: fragment d'un grand côté de sarcophage à guirlandes. du type proconné-
pointes. Entre chaque enroulemem et l' encadrement du rinceau : deux feuillettes verticales. sien, comme le nO 133. Marbre. Très endommagé. Seule la bordure supérieure est en partie
Marbre. Seule une race est visible. Très bien conservé. - Dim. inconnues. - Parallèles: intacte. - Dim.: long. cons.; 67 cm; haut. cons.; 30 cm. - Parallèle: voir ci-dessus. nO 133.
Musée de Smyrne"'. Data/ion : ne~lJIe siècle.
Dato,;olt : Xe-XIIe siècle.
116. ASGARI. Girlandensarkoplrage, p. 329-335. et fig. 52 et 53; KOCH-S'CtmRMAI'N.
Sarkopltage. p. 484-492, et fig. 9 et (2. .
p. >3 lin. ASGARI. Girlal/del/sarkoplrage. fig. 1 p. 330 (Saraylar). fig. 3 (Çanal<kalel et 4 (Gehbolu)
\13. ÔTOKEN. ForscJlI/IIgell. M 27 et 28, pl. 38.2 et 3 et p. 203; MANGO-$EVèENKO. fig. 21
el p. 239. 118. DrOKEN. Forsclll/llgell. B1\\19. pl. 24. 6. et p. 153.
114. lbidrm . fig. 17 et p. 238. repris par GUIGUA GUIOOBAlDl, Reimpiego. p. 609 et fig.3~.
. Il.~ . A. K. ORLANDOS, XplCJllavlKà yÀ:07nà 'toû MOUOE:lo\l !JJUpvTlÇ, Archeioll tôn Byztl~I/II101I
;9.
1 ~PlrAN. Elemellli. fig. 5. p. 80.
1.0. ÜTüKEN. Forscllllllgell. MKP25. fig. 40. p. 164.
MIlt'meulIl.3. 1937. fig, 22. p. 149 et 25. p. 151 pour les architraves: fig. 5. p. 133 pour un hnleau 121. TIR. 7. fig. 93 et p. 352.
de porte. t22. PEscHLOW. Temploll. cat. nO 13 p. 1475. et fig. 16 p. 1469.

d
260 ANNIE PRALONQ MATÉRIEL ARCtlÉOLOGIQUE P.RRANT 261

139, TAHTALI, t25, nO 2. - Dans une grange, 1990. - PI. XXII. TIRlLYE (ZEYTINBAGIJ, s24, no 1. - Dans la cour d'une maison et derrière
Descriptioll : statue acéphale et sans pieds, dont seul le flanc gauche est Co 143 et I~d'une fontaine, 1989. - PI. XVII (n° 144). .
Le bras gauche, plié, porte un manteau posé sur une tunique aux plis serrés. Marb~S~é. 1. bOuch criptiOIl : plaques de P?rapet présentan~ une séne ~e carrés posés sur la pointe
[)e~ é formés par une épaISse moulure, à 1 mténeur d un cadre rectangulaire corn-

tt
endommagé. Statue sciée en deux. Le dos a été bOché. - Dim.: haut.: 73 Cm' 'Ia rès
I
30 cm ; ép.: 15 cn>. - Parallèles: il Istanbul, les statues de personnages officiels ~ rg.: et embOi 'eurs moulures. Le carré central est occupé par un fleuron h quatre pointes.
les magistrats d' Aphrodisiasl~3. omllle posé de U~I S carrés sur la pointe sont ornés d'un neuron à trois pointes alternant avec
Datation : IV~-VC siècle. LeS an~r": ~éolé. Marbre blanc à grain fin . Bien conservés. Orifice circulaire creusé à
un m~\~e ~; plaque. témoignant de son remploi ~n ~uche de font~ine. - ~im. inc~nnue.,:
140. TIRILYE (ZEYTINBAGI). s24, no 1. - TelTain vague le long du mur nord d 1 1. bas lIèles: deux plaques semblahles sont posées devant la Fatlh cam11 130 ; vOIr aussI
Falih camii''', 1989. e a - Para Ilèles fournis plus haut sous le nO79.
Description: chapiteau composite formé de deux couronnes de feuilles d'acanth les P~:taIiOIJ : VIC siècle.
épineuse aux larges œillets médians. La partie haute du chapiteau présente, de part e~
d'autre des enroulements des volutes d'angle, une large collerette décorée d'oves et d 145, À l'ouest d.e TlRlLYE, ruines du monastère de Pélékètè, s23. - Près de l'église du
rais de cœur. L'abaque présente trois registres ,marqués par un fin listel. Les bouton: monastère (cf. OTÜKEN, Forsclltlllg ell • M 34, p. 193 et pl. 35, 4), 1987. - PI. VII.
d'abaque ont perdu leur décor. Marbre blanc-gns. Endommagé sur les parties saillante Description: très beau chapjt~au. c,omposite porta~t deux couronn~s d'acanthe
(abaque, feuilles). Traces d'usure. - Dhn.: haut.: 55 cm ; lit d'attente: 65 cm ; lit d! finement den1elée avec d~uble lob~ tnténeur au-dessus d une astragale frute de petites
pose: 43 cm. - Parallèle: le présent chapiteau évoque un spécimen de la ~eyh ~ 'lIeues inclinées. Le listel supenem est faIt de palmettes à sept polOtes dressées,
Kutbeddin camii d'lznik l2.<. eU;ptées il jour; il est interrompu par quatre volutes d'angle à l'enroulement très serré
Datation : v~ siècle. s~uprofondément creusé, dont \;1 Iranche porte un motif fait de V emboîtés. Marbre de
~onnèse. Très bien conservé. Un h:non de métal est encore fixé dans une mortaise du
141, TIRILYE (ZEYTINBAGI), s24, nO 1. - Chapiteaux remployés dans le POrtique lit de pose. - Dim.: haut.: 50 cm : lit d' allente : 66 cm ; diam. du lit de pose : 45 cm.
devant la mosquée Fatih et dans la salle de prière, 1989. _ Parallèles: de nombreux spécimens du type théodosien, connus à Istanbul par les cha-
Descriptioll six chapiteaux-corbeilles portent huit feuilles d' acanthe épineuse piteaux de la basilique Saint-Jean-$toudios, ont été exportés: en Chersonèse, chapiteaux
sculptées àjour et dressées, au-dessus d'une astragale couverte d'un rinceau composé de de la basilique fouillée par Belov en 1935 131, à Thessalonique, chapiteaux de Saint,
demi-feuilles d'acanthe alternées. L'une des faces portail. au milieu, un médaillon Démétrius132, à Corinthe, dans la basilique Saint-Lé!lnidas du Léchaion133, à Kairouan,
- aujourd'hui détruit - décoré soit d'un monogramme. ,oit d'un chrisme. L'abaque est chapiteaux remployés dans la mosquée Sidi Oqba l34 . A noter qu'un spécimen assez proche
fait d' une rangée de palmetles à sept pointes dressées, placées tête-bêche. Marbre de est conservé en Bithynie, à Yenicc ' 3S .
Proconnèse. Très bien conservés, à part quelques fractures dans la sculpture à jour. - Dim.: Datation: milieu du vc siècle.
haut: 63 cm; lit d'atlente: 85 cm; diam. du lit de pose: 47 cm l'". - Parallèles: chapiteaux
de la basilique B de Philippes l27 ; voir les ressemblances avec les chapiteaux de pilastre 146, À l'ouest de TlRILYE, ruines du monastère de Pélékètè, s23. - Dans un champ voisin
de Sainte-Sophie et, aussi à Istanbul, avec un spécimen du Musée archéologique 128 . de l'église, 1987. - PI. XlV.
Datation: milieu du VI' siècle. Description: corniche présentant une alternance de modillons et de petits caissons
décorés de motifs géométriques et végétaux alternés. Des feuilles d'acanthe molle très
142, TIRILYE (ZEYTlNBAGl), s24, nQ 1. - Remploi dans l'église de la Panagia schématiques ornent les modillons tandis que les caissons, entourés sur trois côtés d'une
Pantobasilissa comme base de la colonne sud-ouest, 1989. - PI. X. rangée de perles et de pirouettes assez frustes, présentent une série de motifs végétaux:
Description: chapiteau ionique à imposte, dont les faces principales sont galbées fleuron à trois pointes, rosaces à quatre et cinq pétales. Sur l'un d'eux: croix inscrite
et décorées d'un chrisme inscrit dans un cercle et encadré par deux demi-feuilles dans un cercle indiquant certainement le milieu de la corniche. Marbre blanc-gris. Deux
d'acanthe fortement nervurées. L'échine est tronconique, les baudriers sont cintrés et fragments non jointifs bien conservés. Traces de pic sur la partie prise dans la maçonnerie.
tenninés par des volutes aux enroulements surcreusés l29 . Marbre blanc-jaune. Bien - Dim. inconnues. - Parallèle : fragment de corniche en place dans l'église du même
conservé, sauf l'échine qui porte des traces d'érosion. - Dim.: haut.: 32 cm ; lit d'aUente: monastère, au~dessus de la colonne sud-est l36 .
63 X 63 cm ; lit de pose: 32 cm. Datation: ve siècle.
Datation: v' siècle.

123. FtRAUI, SClllpture, nO' 12 et 13, p. 10-11. .


124. Sans doute le chapileau publié dans MANGo-SEVCENKo, fig. 18, et improprement quahfié 130. MANGO-SEVCENKO, fig. 15 et 16. Voir aussi OrOKEN, Forschllngell, pl. 14, 1 à 4. et
de chapiteau corinthien, p. 238 ; repris par OroKEN, Forsc/lIl1lgen, M 24 et M 29, p. 192 et pl. 34, pl. 15,2.
4 et 35, 3. 131. A. BORTOLl-KAZANSKI, La répartition du marbre de Proconnèse en Crimée à l'époque
125. Ibidem, Iz 18, pl. 35,1 el p. 190. paléochrétienne, Geogrophica By,mltilla, Paris, 1981, fig. 3 et p. 58-59.
126. Y. Olüken publie, ibidem, le chapiteau nord de la colonnade: M3, p. 216 et pl. 41, 5. 132. KAU1'lSCH, Kapite[[stlldiell, nO 404-405, pl. 25.
127. Cf. KRAUTIŒIMER, ArcititecllIre, fig. 213, p. 254. . . 133.!. PALLAS, dans Praktika lès Arcltaiologikès Étai,..,ias: 1961. p. 15L "
128. H. KAHLER, DIe Haglzia Sophia, Berlin, 1967, fig. 71 ; voir aussi ZoLLT. Kapllellpl,!sllk, ,134. N. HARRAZI, C/zapiteallxde la Gral/de Mosquée de KalTOua", IV. Tums, 1982. chaptltau.
n' Il 9. pl. 27 el p. 55. et GUIGUA GUIDOBALDI. Reimpiego, fig. 40 et p. 611. - Pour le spécImen à feullies d'acanthe dentelée lC, nO250-264, p. 132-135.
du Mu ~ée. inv. 2706, cf TEzCAN, Topkapl, no 477 et p. 337-338. 135. MANGO-SEVCENKO, fig. 141 et p. 272.
1_9. Pub\Jé dans brolŒN. Fonc/II/1lgell. pl. 38, 4 el p. 203-204. 136. Ibidem, fig. 47 et 48.

t1
- ANNIE PRALONG MA-ŒftIELARCHéoLOG IQUE ERRANT 263

147. À l'ouest de TIRILYE. ruines du monastère de Pélékètè. s23. - Dans le pé . .. EGIL, p29, nO L - Dans k village. 1,990. .
dt" l'église. 1989. - PI. XVII. nmètre 152. UR . tioll : chapIteau IOlllque dont 1 Imposte est très SaIllante, avec des petits
Desc""rùm : plaque frngmentaire portant une croix aux extrémités légère DesC!'Pux L'échine est galbée et porte un rameau feuillu. Baudriers rectilignes non
"'lttéeS. Moro,.. hlanc. Cassée sur deux des quatre côtés. - Oim. inconnues. _ Parall~ent côtés vert~~b;' blanc. Endommagé sur l'imposte et le chapiteau proprement dit (une
pl.que de la hasilique A de Philippes\J7 ; plaque de la basilique de la Campanope:"s. décorés. d' paru) _ Oim. inconnues. - Parallèle: à rapprocher du nO 151 .
volute a 15 '.
Salamine de Chypre 1.15. à Datation: VC Siècle.
()(lIatitm : fin \ Jt'_Vle siècle.
53 ÜREGIL, p29, nO L - Devant une maison du village, 1990. - PI. XII.
148. Près de TIRILYE. 524. n" 3. - Dans une femle. l' ancien monastère de Médik' 1 . Description: imposte quadrangulaIre dont le profil est seul connu. Marbre blanc.
1989. _ PI. X. Ion, Les flancs sont dressés. Quelques éclats sur les angles du ht d'aUente. - Oim. inconnues.
lXscriprùm : chapiteau ionique dont l'imposte est rectangulaire et décorée Sur Une d _ Parallèle: à rapprocher du nO 97.
fa,-~ d'une croix lutine. Les flancs sont verticaux et non décorés. Au-dessous d'un can~ DatatiOIl : VC_VIC Siècle.
en retrait. l'echine. légèrement biseautée. porte un décor de palmettes. tandis qu'un feuil_
I.ge tapisse les balustres. Les baudriers sont formés de deux rubans J3". Marbre blanc-gris. 154. üYÜK, ~35, nO 2..- Dans le vill,.?e. emploi comme borne près d'une maison, 1990.
Très hien conser,,". MortaIse rectangulmre sur le ht de pose. - Olm.: haut.: 37 cm . lit Descriptioll : partIe supéneure d un dé de chancel quadrangulaIre, portant, sur une
d'attente: 82 X 5-1 cm : diam. du lit de pose: 36 cm. - Parallèles : ci-dessus n'" 126 et Ù7. d ses faces, trois moulures emboîtées dont le petit côté est concave. Le rectangle
Daratioll : VII!' siècle. ;édian présente un certain relief. Le dé est couronné par une base de colonnette très
ommaire. Marbre ou brèche locale. - Olm.: haut. cons.: 53 cm. Mortaise sommitale de
149. Piémont de rULUDAG. u26-27. - Dans les fondations d' une maison, 1987. - PI. VU. ~ cm de diam. - Parallèles: dé remployé dans une fontaine d'Ortaca en Phrygie 142 ; dé
INscription: chapiteau de type ambigu. car il est composite et relève du groupe des de Sainte-Irène I43 ; à rapprocher des Il''' 106 et 104.
chapiteau.'\-torbeiUes par son volume général. Au ~dessus de deux couronnes faites Datatioll : époque protobyzanlme.
chacune de huit feuilles d' acanthe épineuse. prend place un listel composé d' une rangée
de palmettes dressées. posée sur une corbeille à l'épannelage quadrangulaire. Les volutes 155. YARHISAR, t32, nO 1. - Dans Ull champ, 1990. - PL XIX.
d'angle ont totalement disparu. L'abaque, détrUit. présentait des côtés presque rectilignes. Descriptioll : dé de chancel. quadrangulaire, portant sur une face une croix légère-
Marbre blanc. Très endommagé. La surface a été rabotée et a perdu presque la totalité ment pattée posée sur un globe. don t la traverse a été rabotée. Une base de colonnene la
de son décor. - Dim.: haut.: -10 cm : lit de pose inconnu ; lit d'attente: 45 X 45 cm. prolonge dans sa partie haute. Marbre gris-blanc. - Oim. inconnues. - Parallèles: à
_ Parallèles: pour répannelage en tronc de pyramide. cf. les chapiteaux-corbeilles lznik, piliers de Sainte-Sophie '44.
remployés dans la Fatih camii de Tiril)'el"O ; pour le décor, plus sûrement, les chapiteaux Datatioll : époque protobyzantine.
tardifs de Kariye camii'"I.
Datation: époque lascaride ? 156, YENICEISAGIR, ~35, n" 3. - Dans le sol d'une maison, 1990. - PL xvm.
Description: moitié de plaque de parapet présentant un décor de figures géométriques
150. üREèm., p29. nO L - Dans le village, 1990. - PI. Il . emboîtées: un cercle portant ulle rosace à six branches est inscrit dans un losange très
Description : contrepoids de pressoir parallélépipédique portant deux encoches en allongé formé de trois moulures concentriques, lui-même inscrit dans un rectangle
fonne de queue d'aronde sur deux faces opposées et une cavité hémisphérique au bord dessiné par deux moulures emboîtées. Marbre. Une moitié seulement est conservée. Les
tres érodé. Sans doute en marbre gris. Erodé. Les faces et surtout le lit supérieur sont quatre côtés sont cassés. - Dim.: 92 X 62 cm. - Parallèle: plaque provenant de la
assez endommagés. - Oim.: 90 x 70 X 42 cm. Diam. de la cavité centrale: 54 cm. basilique cémétériale des Sept-Dormants d'Éphèse (décor moins dépouillé)t.'.
- Parallèle : HADJtsAVVAS. OIi,'e Oil 2c (Alethriko). Datation: Vie-Vile siècle ?
Datation: époque protobyzantine.
157, YENICEISAGIR, ~35, nO 3. - Dans la cour d'une maison, 1990. - PL XIX.
151. ÜREGIL, p29, no 1. - Dans une rue du village, 1990. - PI. X. Description: petit pilier-colonnette, quadrangulaire, plus large qu'épais, portant un
Description : chapiteau ionique à imposte, présentant une échine galbée entre des décor sur une seule face: à l'intérieur d'un rectangle incisé, les moulures sont symbolisées
volutes à enroulement lâche. Les baudriers sont rectilignes et sans décor. L'imposte pré- par une simple ligne en demi-cercle placée à chaque extrémité du rectangle. Marbre.
seote une face bombée. Marbre blanc. Très usé et endommagé sur l'échine et l'imposte. - Dim.: haut.: 100 cm ; section: 27 X 35 cm.
- Dim. inconnues. - Parallèle: à rapprocher du nO 152. Datation: Vito-Vitte siècle?
Datation: yt siècle.

137. ULBElIT. Swdien. cat. no 145. pl. 8 el p. 44. d'après P. LEMERLE. Philippes el la
Man!doine orientale. Paris. 1945. p. 408 et pl. 13a.
138. Roux. Salamine. cal. nO1 p. 270. et fig. 315 p. 278. " . . 142. T/B, 7, 1990, fig. 93 et p. 352.
139. Chapileau publié dans M"~GO-SEVCENKO. fig. 152 e' p. 276, repris par 0r01Œo'. 143. P'ESCHLOW, Temploll , cat. nO 10, p. 1475 et fig. 23, p. 1468.
Forsdumgtn. pl. 39. l et p. 205. 144. OrüKEN, Forscll/mgell, Cat. Iz 38 et 39, p. 60-62 et pl. 2, 1 11 4 . . .
\-'"0. M A..'\GO-SE\ '(:f.;'\KO. fi~ . 19. 145',ULBERT, Sllldiell, cal. n O 49. pL 5 et p. '8, d'après ForsdllUigeli HI Eplltso$. Oas
141. 0 . HlORT. The Sculplur of Kan)'e Camii. dans DOP. 33. 1979. p. 199-190: cf. p. 199. Coemelermm der Siebell SeMa/el', IV, 2, Vienne. 1937. fig. 70 p. 63.
- 264 ANNIE PRALONG

158, YENIKÙY, r31 , n" 6. - Dans un pierrier, 1989. - PI. Xlll.


Descn;JI;oll : petile base de meneau présentant un lit d'attente ovale. Par sa
elle appanienl cenainemenl au .'YI'!' C d'ÙWken. Marbre blanc. Base endommag~~':"fil
angle cassé, gros éelal sur le hl d allenle, ép.denne usé. Canal de coulée el pro~ . Un
mortaise centrale. - Dim. inconnues. - Parallèle: ci-dessus, nO 135. onde
T
1
MAT(~RIEI. ARCII(::OUXiI()UE ERRANT
265

Datation: VIt' siècle.

159, YEN[KÙY, r31 , nO6. - Dans une cour du village, 1989. - PI. Xlll.
Description : petite base de meneau présentant un profil assez particulier, avec 1
haule surface chanfreinée en guise de moulure. Marbre gris. Base endommagée' une
moitié seulemenl eSi conservée; éclal sur le Iii d'allenle, épidenne usé. - Dim. incon~~ne
Da/a/ioll : époque indélenmnée. es.

160, YENIKÙY, r3 [, nO 6. - Dans un pierrier du village abandonné, à 3 km au sUd-eSi


de Çaklrca, 1989.
Descrip/ioll : fragmenl de façade de sarcophage décorée de niches séparées par des
piliers ? Marbre. Cassé sur trois CÔlés. Seule la pan ie inférieure du fragmenl n'eSi pas
endommagée. - Dim. inconnues.
Datation : Iye-Ve siècle.

161, YENI~EHIR, ~3 [, nO 4. - Au nord du hoyiik, [989.


Descrip/ioll : cuve aux bords [égèremenl évasés dom l'un des pelils CÔlés préseOle
une paroi convexe. La faible hauleur des CÔlés rend !ïdenlificalion avec une cuve de
sarcophage peu assurée. Brèche rose de Bilecik (?). Eelalé en plusieurs morceaux non
jointifs. - Dim. inconnues.
Da/a/ioll : époque indélerrninée.

130 - SELOZ KüY ; COlllfèpllid s dl' prèssoir 25 · Ç,\KIRC\ : co ntrepoids de pressoir

PI.[

""",
ANNIE I>RALONG
f MATtRIEI. ARCII(~OI.OOl(}UE ERR ANT 267

71 • Gl" ."";ORF\' : contrepoids de pressoir

78 . H AYRIYE : comrepoids de pressoir 121 - K ULPALAR : c on trepoids de pressoir 2 _ AHILAR ; socle <.lvec: croix. remploy~

PI.U Pl.lII
f' MATÉRIEL ARCII(:OL(XiIQlJE ERRANT
268 ANNIE PRALONG 269

24 - BOytrN KAY,\ : \'a sq u~

S9 - en\'. d'ELBEYLI : marge lle dt: pui ts 73 - G ÜNÜV1RAN : \"lsque

Il - BAYIRKOY ; vilsque
117 - KORUKÙV ; margelle de puilS

PI. IV PI. V
MATÉRIEL ARCUÉOLOOIQUE f:R RANT 271
no ANNIE PRALONG

101 . KAPLICA : chilpitcilu corinthien


(Pmlong IV/c)

91 . INIKLl : marg elle de puits


82 - HOCAKÔY; margelle de pui ts

149 . ULUDAG ; chapiteau composite

PI. VI PI. VII


272 ANNIE PRALONG
• MAT~RIEI. ARCJ IÉOLOGIQUE ERRANT 273

(16 _ K OR1STAN/ÇlÇEKLI : dl;lpÎIC:lU 'L'o l h ..: illL'

: ch api ll:'<lU dt: Ill ~ neau pergaménien

~5 • ÇU·T LIt.: ; (,.. hapi t~a ll pergaménien

102 - KM'LlC·v1'I:R~ I "\ l : ,:hapile;lu-c(.lrhcilll· 22 _ BOYAlIC,\ ; chapiteml ionique à imposte

PI. VIII PLIX


1 274
ANNIE PR/\LONG MATÉIUEL ARCII(!OLOGIQUE ERRANT 275

32 . ç.~K1R CA : ch~piteau ionique : chapiteau ionique à imposte


à imposte

70 - GûLüMBE : imposte 128 - entre ORHA:\GAZI et YEUSE"" ÇIfTl.IK :


imposte

: c hapilc.\U ionique Il imposte

42 - ÇAVUS ÇWfI.I(;1 ; chapiteau ionique à impo~lc 113 - KOPRÜHlSAR ; imposte

PI. X PI. Xl

-- ~
MATt!RIEI . AR(,II(~()UX;I{) U E ERRI\N'r
ANNIE l'RALONG 271

tJ 1 - TACIR K ÙY ; imposte

1
.,.

153 - ÜREGll : bas< _~_ _ __ _ ~_ __ ="-~_'---'-"

36 - ÇAKIRC A : base

PI. XII PI. XIIl


+ MAT(~RIELARCI I f:O U)GlQUE t::RRANT
:ns ANNIE PRALONG 279

: ..:.

63 - EpSEDE ; parapet d'ambml

132 - TACIR Kt)y ; architr<l\'c

68 - GÔLLüCE ;
parapet d' ambon 1!C;=~~~~"';'~=~':::"..1~iI*IIII•••
146 - ouest de TIRILYE: archilrave 146 - ouesl de TIRILYE ; archilr<l\'C

PI. XIV PI. XV


MATÉRIEL ARCIIÉ()LOOIQUE I:RRAN'r
ANNIE PRALONG 281
2sn

"".

, . "

IS - BELF..NALAi'\' : plale-fonne d'.unbon _~_ _ __ ~........J!':~~

99 - IZNIK ; le même vu de lroi s-quarts


147 - à l'ouesi de TIOILYE; plaque de 144 - TIRILVE ; plaque de chancel
chancel remployée dans une fontaine
PI. XV I PI. XVII

1
i
l'
1 MAT(.:RIEL ARCH(~OI,OGIQUF. ERRANT 283
ANNIE PRALONG

: :~

155 - YARmS:\R :
d l; d,' I,:hallœ l pilicr-colonneuc de chancel
dé de chancel
111 - KIZILK()Y : dé dc chancel

lJS - KOPRÜIllSAR ; dé de chancel 157 _ YENICEISAGIR : dé de chancel

PI. XVIII PI. XIX


r 284
f Mt\T(~RIEI. Afl.CII(~OI .OGIQUE F.RRANT
285

69 _ GOLLÜCE : petit côté de s;l rl.:(1pha~:l· r,:m p l \)y~ dans L1ne fontaine

" ....

133 - TACIR KOY ; sarcophage à guirlandes


remployé comme fontaine

PI. XX PI. XXI


r ANNIE l'N/\1.0N<1

LA CÉRAMIQUE BYZANTINE ET OTTOMANE

par Véronique FRANÇOIS'

L'utilisation de la céramique comme élément de datation semble une évidence. Sur


les chantiers de fouille, c'est un outil pour interpré~er la st~atigraphie et la chronologie
du site. Dans les pro~pectl?ns. c est u~ des indices qUI per~ettent de déterminer
les périodes d'occupation. SI c~la est vrai pour ~e.s éP?qu~s anCiennes, pour lesquelles
l'étude céramologique relève d unc longue traditIOn, Il n en est pas de même pour Je
Moyen Âge. et notamm~nt dans k t1ol~laine byzantin. En effet, même si les recherches
sur la céramique byzantlllc sont en pic ln développement. nos connaissances ne sont pas
encore suffisantes pour dater l'enc'l! l1l blc des tessons trouvés lors d'une prospection. Une
tentative a pourtant été faite dans ct! s\!ns, il y a quelques années: Pamela Armstrong a
présenté le matériel récolté e n su rface, sur des établissements byzantins situés dans la
partie orientale de la Phoclde l , routefOls, son obJecllf dIfférait du nôtre; il s' agissait
pcur elle, avant tout, d'attester par la seu le collecte de tessons une présence byzantine
dans une région méconnue aux épl:Jljul!S médiévale et ottomane. L'expérience bithynienne
était différente, puisque la céramologie était invitée à collaborer à une histoire de l'occu-
pation du sol au Moyen Âge.
En effet, les fragments de vases découvens sur un site bithynien, du moins sur les
sites que nous avons visités. ne sont en général qu'un des éléments qui témoignent de
l'occupation byzantine ; souve nt celle-ci est également attestée par des sources écrites
ou par d'autres vestiges archéologiques, Il est vrai que l'interprétation topographique des
textes et l' interprétation chronologique des vestiges ne sont pas toujours faciles, De ce
fait, les tessons récoltés sont, au premier chef, des indices qui s'ajoutent à d'autres pour
préciser, selon les cas, des localisations, des superficies ou des époques d'occupation,
Mais ils permeUent aussi d 'é tablir, là où aucune autre infonnation, textuelle ou archéo-
logique, n'existe, qu'un site, plus ou moins vaste, était occupé à une époque donnée ;
et parfois de suggé rer la durée vraisemblable d ' une occupation, dans notre cas entre
l'époque hellénistique et l'époq ue ouomane,
Par ailleurs, la recherche effectuée en Bithynie a apponé de nouvelles indications
sur la circulation des productions médiévale et moderne de céramique - dans un cadre
interrégional, régional ou local - lorsque les centres producteurs peuvent être identifiés
ou supposés, ou même seulement lorsque des fragments peuvent être attribués à des
types très répandus, Cette recherche offre aussi une image de la vaisselle utilisée en
Bithynie aux époques considérées,
On trouvera ci-dessous (fig, 1), la localisation des sites évoqués, p, 288, le catalogue
~es !essons que nous présentons (aux nO, duquel on renvoie ci-dessous), et, à la fin de
1 anlcle, trois planches, auxquelles renvoie éventuellement le catalogue,
t~tc 1lla~culinc auréolée d'icône 139 - TAHTALI : statue acéphale

• FRE 2550 - IFPO - CNRS,


PI. XXII 1. ARMSTRONG, Selliemellts.
1 2R8 V~RONIQUE FRANçoiS LA CéRAMIQUE BYZANTINE. ET orrOMANE 289

ET Llr.,IITES DE L'ENQUm
1. MéTHODE
es résultats présentés sont partiels et p,rovisoires. pour plusieurs raisons. - Le
\, de surface étant souvent très fragmenta~re et mal conservé, il arrive fréquemment
J1l~,én uisse rien tirer des formes . et parfoIs assez peu des décors. - La céramique
qu on n~~ ulièrement difficile à dater dans l'état et dans les conditions dans lesquels
étant pa I~vons on ne peut que très rarement identifier les tessons de céramique corn.
ne1.qui
noUS trepourraient
' ' d ' u?e occupati.on du. 50 1e?tre l a fin de \' époque romaine
témOlgn~r
mu e 'ècle2. _ La prospectIOn n a nulle part été intensive. Sur quelques uns des sites
elle X. s~ que noUS avons visités. dans une vaste région. sites vers lesquels nous avons
byzanU~uits par des textes, des toponymes, les indications des habitants ou des vestiges
été con 'bles nouS avons recueilli les tessons que le temps de la visite permettait La
très VISI • . .
récolte était évidemment plus abondante dans ,une olivette, sur un sol labouré ou même
herbeux que dans le maquIs, sur u~e pent~ erodé~ ou da~s un secteur nouvellement
construit. - Parmi l~s t~ssoos récoltes. u,n tn a enSUIte été fal,t ; seul un échanlillonnage,
supposé représenlUtlf dune techOlque. dune ,producl1on ou d une époque, a été conservé
r le catalogue; les tessons qUI y sont decnts sont déposés au Musée d'Iznik. - Le
:ériel de toutes les époques a été pris en compte" mais celui de l'époque byzantine a
été plus particulièrement étudié atnSl que, dans uoe momdre mesure, celui de l'époque
ttomane , - Enfin, il n'existait aucun lot de référence dans la région. Mais l'étude de la
~éramique conservée dans les dépôts du Musée d ' Iznik, que M, T. Sevi l, directeur du
Musée, a bien voulu me confier, apporte d ' essentiels compléments. En effet, l'examen
de ce matériel m' a permis de mettre en évidence d' une part l'existence à Nicée d'ateliers
de potiers byzantins, eo activité du x' au début du XtV' siècle·, qui fabriquaient des céra·
miques à pâte blanche et à pâte rouge, vaisselle de table destinée à une consommation
locale et régionale' ; et d'autre part de démontrer pour l'époque ottomane le maintien
d'une activité potière de tradition byzantine6, La plupart des fragments examinés ici sont
issus des ateliers byzantins et ottomans de Nicée·Iznik.

Il, LE MATÉRIEL

1. Céramique byzantine7

Céramique à pâte blanche e,.tampéeS• L'étude de la céramique à pâte blanche, part


importante des productions byzanti nes, a été récemment reprise par J. W. Hayes, à partir
des découvertes abondantes faites dans les fouilles de Saraçhane à Istanbul 9, C'est celle
typologie nouvelle qui a été adoptée pour caractériser les tessons à pâte blanche produits

. 2. Quelques tessons de céramique hellénistique, romaÎne et paléochrétienne ont pu être iden-


Il.fiés. Toutefois, il ne nous a pas été possible de datec de fragments byzantins entre le Yle et Je xc
siècle: la céramique commune de ces époques, peu étudiée, est difficilement identifiable el aucun
tesson à glaç~re n'apparaît, sur les sites bithyniens prospectés, avant le xe siècle.
3. Soulignons l'absence de céramique seldjouk.ide.
4. FRANÇOIS, Céramique byzantine.
. 5. Si on admet que les vases li. pâte blanche retrouvés en quantité, associés à des ratés de cUÎsson
el Illustrant les principales catégories de Glazed White Ware ont tous été fabriqués à Nicée entre
le xe e~ l~ début du xme siècle, on se doit de considérer la ville comme un centre de production,
approvlSlonna~t probablement la capitale. Les vases à pâte rouge, datés du XllIe siècle et du début
du XIVe, produits localement, semblent avoir connu une distribution plus limitée.
6. FRANÇOIS, Céramiques ottomOlles. .
b)'l.all~ill~~ur une étude détaillée des types produits à Nicée se reporter à. FRANÇOlS. Céranuqut
8. Le décor en relief est obtenu en appliquant une matrice à estamper sur la pâte fraîche.
9. HAYES, Pottery.
J 2'10 vllRONIQlŒ FRANçoiS LA C~RAMIQUJl. HYZA~nNp. Er (mm.fANF. 291

à Nicée. Deux fragmenls de panse eslnmpés de mOlifs géomélriques ou Végél . ygraffi/O i".lier;/(!. On peut di~tingucr deux sortes d' inscriptions !W:lon la
couverts d'une glnçure plombifère juul1c ou verte tlppliquéc directemcnI sura~x SOnt Cé"IIIl1q ll( yée : _ celles pei nIes sur céramique à pâle blanche. vases ou icônes de
n
(Cnlaloguc. n" ~3 el 56). Il s'agil de Gla:ed IVlrile IIh!>' 1/ de Iype 3. dnlée des x'_x pâle techniQ~C el~~so~mx rcpré~en~ntions qu'clics nomment. saints et peTs.onna~es de l'église ~
Céramlqru>1'";,,te t} l'l·"/?obe. Deux types coexistent. Le premier est vraisentb~t S.10, terre CUite, levées oU mClsées. comme les monogrammes, les lettres 1!K>lées. souvent
menl de fahricalion locale; il s'agi! de fragmenls de panse décorés de cercles enl IOble- _ celles, cha~Pns preuve, comme des marques d'atelier, ou encore des noms propres et
de spir.~es el de poillls (n'" 80. 81. 88). dUlnbles du XIII' siècle Il. Le second Iype est~laeés. inlerprété~S, sa Hgieuses. L'inscription portée sur le fragment découvert à Karadin (no (4)
pltr quelques nords ct IHUHS de panse carénée. ornés à l'extérieur d'une ligne o~dU~tré des for,mu eSa~enir à la seconde catégorie, mais les lettre!' ont été incisées après cUÎs~on ;
pcinle Il l'engobe (n"' ~4. 98 Il 100). généralemenl dalés lin XII'-débul XIII' siècle". li ée pournut aPr 'ne lisibles. et comme tracées rapidement L'écriture. en minuscule, est
Céra",;qu~ ;",·islh~. Un groupe homogène ct très bien représenté correspond b elles sonl~e(q~'un qui avait la pralÎql~c de récrilurcl~. On peut y lire les lettres OtO~o.
blcmCnI à une production locale du XI~IC siècle. Dans les vases de ce groupe, l'i:~~i a· cene de qé r la racine s!omll ct en visager une datatIOn entre la fin du XIIe siècle et la
est associée lill ch:unple\'él.~ afin de réaliser le,s décors. Ces.. tessons, ont d~s Carnctéristiqu: mol ~onn s~lié du XIIIe siècle. Un tour rapide des formules nominales complètes l9 ou
communes: - une p:lle argileuse, orange clU!f ou rouge. flOC et bien cUlte; - Une couche première '!'~~20 n'apporte aucune indication éclairante. Rappelons qu'à Iznik. un calice
d'engobe blanchâlre; - une glaçure plomblr~re, orange, le plus souvenl Irès brillanle frngmental;e~uel les leures sonl gra vées profondémenl. a élé découvert dans la chapelle
(n'" 24. 25. 29. 30. 42. 58, 65. 66. 72. 75. 76. 83. 87: lOI. 105 à 108 el 122) el parfois Inscnt.'urde l'église dégagée all sud du théâtre". Il comporte deux inscriptions. la
jaune pâle (n"' 31. 67 el 78). Les vases. souvenl de peule Iaille. avec des parois très fines runér~re qui est scripturaire22. est . . ur le haut du bord à l'extérieur: Celte coupe eSlla
sont majoritairement des . fo~nes o~ vertes, ~e~ pcutes coupes mo~tées. sur une bas~ prem,//re'al/iOllce ell mOIl S(lng. La sc..:ondc, qui comporte des fautes d'orthographe. est
annulaire évas~e. Une majorllé de pieds se distinguent par le profil Inténeur courbe de nO/nie e J ' M 1
sur la base: MOIl Dieu. sOIl~'elle:', ' I '(m~ ~ ","OIre servtleur ~lnile. . .
la base annulUire (n" 29. 58. 68. 75. 102-103). Les honls sonl dans le prolongemenld Céramique champlevee. Ca r<Il'lèn ~tlquc des productions tardives, la céranllque
la panse. Les panses sonl courbes, celles marquées pm: un point d'inflexion sont rares~ h levée est représenlée en Bithynie par quelques fragmenls byzanlins qu'on peut
L'utilisation de pemettes l4 est attestée par les traces d arrachemen t. Les motifs incisés ~ am~u XIII' siècle ou du début du XI'''' (n'~ 3. 4. 32). Le fond no 69 se rattache à une
peuvenl êlre des cercles concentriques placés au fond dcs vases. des palmelles tracées :,~r de vases au pied carnctériSliquc - haut, largement évasé à la base el au diamètre . ·r
avec soin. des rinceaux de spirales, des volutes ou des lign~s ondulées. Ce peut être aussi :un:rieur réduit23. Les décors d~ ù'~ vases ~ont exé..cutés av~c soin et systématiquement
la représenlation d'un oiseau. comme sur le fragment d' Ur"!!i l (no 121), généralemenl Caussés de pigmenls vens sur IIl1e ~I"çure Jaune pale. La pale esl fine. orange ou rouge.
figuré de profil. tourné indislinClement vers la droite (lU la gauche. Il se distingue des ~e groupe homogène est vraisc",~I"hlemenl issu d'un alelier local en activité au début
nombreuses représentations de volatiles. fréquemes sur les vases byzantins l5, par SOn du XIV' siècle. Le lesson orne (hlll damier eXCISé rempli de neurs à quatre ~tales
gros œil rond. la fonne de son bec el sunoul par la série de gOll" elelles qui s'en échappent (n' 22) appanient à une famille donl o~ lrouve des. repré<enlants d'époque pa~éologue à
Cel oiseau esl placé dans un médaillon cenlral. souven t délimité par deux cercles Constantinople. dans les fOUill es menees enlre Samle-Sophle el Samle-lrène'" ; sur un
concentriques fonnanl un bandeau orné de spirales seules Oll de spirales allernant avec des vase de Kaliakra 25 en Bulgarie. dalé entre 1300 el 1332 ; sur un vase des XIV'-XV< siècle
chevrons ou des bandes venicales champlevées. Un aulre oiseau fragmenlaire, égalemenl importé à Pacuiul-Iui-Soare Cil Roumanie'·. Enfin. le cyprès champlevé sur le. tesson
de fabrication locale. de laille plus imposante. apparaÎl sur un tond de Tophisar (no 102); n'110 rappelle ceu" que l'on trouve sur un vase de Thessalollique. daté du xv' slècle27 •
il allie champlevé el incisions. La qualilé d·exécution. le Iype d'incision et la glaçure
monochrome invitent à dater tous ces vases du XIIIe siècle.
On peut vraisemblablemenl almbuer le fragment de panse nO43 à l'Aegeall Wa",. 18. La lettre minuscule n'apparaît pas avant le IXe siècle. Après le XJVC siècle. le t est gl!né·
ralement écrit différemment.
catégorie mise en évidence par A. H. S. Megaw l•. Si on ignore son lieu de produelion. 19. A. Popov, Texte incantatoire sur une céramique à sgraffito du monastère de la Grande
on conslate que celte céramique. du débul du XIII' siècle. a élé largemenl diffusée en Laure de Veliko Tirnovo. B)':alllillll. 13-2. 1985. p. 863-866. .
Médilerranée orienlale. aussi bien dans les villes qu'à la campagne l1 . 20. R. NAUMANN. H. BELTtNG. Die Euphemia Kirche am Hippodrom zu I,","bul und Ilm:
Fresken. !sfanbuler Forscllllllgen 25. 1966. pl. 18; Oh. <;ANTACUZENIO el ~' . RADUu.s:ru.
Considc:ratii asupra ceramicii descoperite la manastirea Putna ln anul 1971. Swdu s, cerrttan dt
is,orie veche, 25. 1974. p. 527-544 : BARASCH\. CeTamica. fig. 75: U. PEsCHLOW. G. S'$MANOOLU.
et S. ~l$MANoGtU, Byzantinische Kcramik aus Istanbu1. Em Fundkomplex he• .der lre~~he.
10. Ibidem. p. 18-22. /""/lbl//er Milleill/agea. 27-28, 1977-78. p. 402. fig. 12; A. Popov. La céramique anlStlque de
11. FRANÇOIS, Céramique byumlillt. p. 426-428. . Timovgrad, XlII'-XIV' siècle. JOB. 32. 1982, p. 223, Tab. 1.9. 10. .. .
12. S. SAl.AMÉ~SARKJS, Comn'bullfm à l'his/oire de Tripoli et de sa régiolJ à l'époque des Crol- 21. B. YAlMAN.lznik Theatre_A /Ullo/iall S,"dies. 33. 1983. p. 25(}.252. E. A. 1."""".. Supplled
sad.. : problèmes d·hisloi,.. d'arrhirectllre et de céramique, Paris. 1980, p. 169-170. fig. 13. pl. L4. for the joumey 10 heaven": a ma illent of West-East cultural exchange: ceraml~ chalices fn.>m
13. ~ motifs sont réservés à J'aide d'un tranchet ou d'une gouge. Le contraste colo~ entre Byzantine Grnves, BvwmÎlle al/d Modél7l Greek Slltdj~.'i, 24. 2000. p. 152-162. fig. 1 ; Idem. Byzanblle
la pâte nuse à nu el les panies engobées, ainsi que le relief obtenu, caractérisent la techOlque du ceramic chalices: ml addendul11. 8v:am;llf! and Modem Greek Sllldies. 25, 2001. p. 216-220
champlevé. 22.1. Col. 1.25. .
. J4. Trépied de terre cuite qui. placé entre les vases, penne! de les superposer sans qu'ils 23. FRANÇOIS, Céramiqllt by:tmfille, p. 429-430. . .
SOient en COnt<l:ct lors du remplissage du four. 24. F. DIR"ITEKIN Les fouilles faites entre 1946-1947 el en 1958-1960onue S"mlo-Sophl<
15. Sur divers types de représentation d'oiseaux, cf. FRANÇOIS, Céramique byzamille. p. 414 et Sainte-Irène à ISlanb~l. Cahiers IIrrhéologiqlles. 13. 1962. p:179. fig. 23... " a 15
fig. 1 n" 20 el 21. p. 421 fig. 4 n'" 18. 22.23 elc .. p. 419 n. 41. 25. L. BOBCHEVA, Sgraftito keramika Dl Kaliaknl, IS\'I!SIt)tl no lIorodnlju ",u...t) Vam. •
16. A. H. S. MEGAW. An Early Thirtecnth Century Aegean Glazed Ware, Swdies in MemoTY 1979, pl. III. 29.
of Dm'id Ta/bo/·Rke. Edimbourg. 1975. p. 35-45. 26. BARASCHI. Cerwllicll. fig. 87. 2. . des lombes
. br
17. ARt.~sTROt\G. Setllemems, p. 45-46. V. FRANçoiS. Sur la circulation des céramiques zan ' 27. A. VAVYlOPOUlOU-CHARI'lûNIOOU Céramique d'offrande trouvée dans éd)
Imes en M&lIterr.mée orientale el occidentale. vr COllgrèJ il/lt!I7It1liOfUlI sur la céramique médufmlf byzantines tardives de l'Hippodrome de Thessalonique. dans V. DÉROCHE e~ J .-~ SPtESE:" ( .,
l'II Médiferraflel', Aix·efl·Prorl'lIcc, I3-J8I/OI /('mhre J995, Aix-en-Provence, 1997, p. 231-236. R~cherr:"e:.; slIr la céramique by:.alllùle. 8CH Supplément. XVIII. 1989. p. _19-__ 0. fig . - .
• 292 VÊRONIQUE FRANçoiS

Céramique à glaçure m01lochrome. On regroupe sous cette appellation des


de vases à glaçure monochrome mais aussi des tessons dont la taille réduite ne ~gmenls
présager du reste du traitement de surface (n'" 17 à 21, 33 à 36, 44, 62, 90, III à 113sse nen
(1
LA CéRAMIQUE. BYZANTINE ET OTTOMANE

franches, rouge e :alino-plombifère, et datable milieu XVI' S. - début XVII'.


sous une glat re a ceptionnelles en Bithynie, des imitations de céladon chinois ont été
293

/Ige d'/vlik), vert (oxydes de cuivre), bleu de cobalt et noir, appliqué-.

catégorie est par nature la plus difficile à caractériser et à dater. Nous nous bo ). Celte Tout à a; e~isar (n'" 117 à 120). Les céladons chinois, fréquents sur les sites
remarquer que la plupart de ces vases sont tournés dans une pâte fine, recouver;;:ro,ns à retrouvées ~ . o~ à partir du XII' siècle, ont remporté un tel succès qu'ils ont suscité de
couche d'engobe, puis d'une couche de glaçure verte ou jaune; seuls deux exe dune du Moyen· ~le~ta'tions produites. notamment, dans les ateHers syriens et égyptiens
sont de nature plus grossière, avec une glaçure appliquée directement SUr la pâte. mphures nombreuses Im~ouke3S. En Turquie, les céladons sont rares sur les sites36 . Toutefois, les
d'épaque ,~a~keen ont livré quelques fragments ainsi que des tessons qui semblent bien
2. Céramique ollomolle rouilles d ~n\ations37. Peut.on envisager une fabrication locale pour ces vases à panse
en être des Iml bien faut· il penser à un approvisionnement lointain?
Les productions d'époque ottomane apparaissent assez fréquemment sur 1 . godronnée, o~uctions ottomanes tardi ves de Kütahya sont représentées par un fragment
ro
bithyniens. Panni elles, on distingue une série de vases à glaçure plombifère de ~s Sites Les: fé sans anse _ à la mode turque -, vraisemblablement une imitation du XVIII'
assez grossière et de techniques diverses 2' : engobés et ornés de motifs inci;és soactu re de tas : I~acéramique de Meissen en Saxe. (no 10)38.
s .
e
rehaussés de pigments colorés 2" (n"' 38, 115), XV'-XVI' siècles: peints à l'engobe (n!V~~t Siècle . prestigieuse mais toul a USSI renommée. la céramique de Çanakkale
70, 124). XVI' siècle; à glaçure polychrome Marbled Ware (n"' 5 et 6), XVI'-XVI/' siècles: :OI~" s) fabriquée entre le milieu du XVIII' siècle et le début du XX', est rarement
à glaçure monochrome'o (no, 40,84, 114, 125), XVI/'-XIX' sièc les; ou encore, décoré d ' (Dar ane ed~ns noS collectes. Les exemplai res trouvés sont datables de la seconde moitié
enté
rangs de denticules estampés à l'extérieur de la panse (n"' Il.63), XIX' siècle. CeUe c~ ra: représ ~ècle et de la première moitié du XIX' ; ils sont ornés de motifs végétaux stylisés
mique doit constituer une grande part de la production ottoma ne la plus couranteJI M du XVIII< SIbrun de manganèse. en bleu ct rouge sur engobe et sous glaçure plombifère
pelOtS au
paradoxalement, elle est s~uvent ignorée, du fait peut-être des grandes analogies qU'et~ lé èrement jaunâtre (n'" 7 à 9).
entretIent avec les productI~ns byzantines tard"'es: dont eli<' n~ se distingue pas toujours g Enfin, noUS avons trouvé sur certai ns si tes quelques fragments peints à l'e.ngobe (n'" 41
aisément; du fau aussI qu elle entre en compétitIon. sou ' 1 appellation «céramique et 46), provenants des ateliers ottomans de DldymotIque en Thrace (XIX' slècle)39.
ottomanes», avec les plus fameuses d'entre elles. c'est-à- Jire les faïences d'Iznik I~
céramiques de Kütahya et de <;'anakkale, do~t elle ne pallage aucune des caractéristiques. CONCLUSION
Une parne de ce maténel peut elre attnbuée a des atehers ottomans d'lznik qui utilisaient
encore au XVIe siècle les traditions techniques byzantines·'I? n serait présompteux, à porti r Je découvertes de surface, faites da~s les conditio~s
Les autres productions ottomanes d'[znik, peu tréque nt e,. sont représentées par: que nous avons dites, de vouloir dresser u~ tableau de la valssell~ uttlIsée. en Blthyme
- des fragments de céramique dite de Milet, produite dans les ateliers impériaux de à l'époque byzantine et de préciser son ongme, ou de faire le bilan des mfo~attons
la fin du XV' au début du XVI' siècle. Les fouill es menées à Iznik par O. AslanapaJ' onl chronologiques que la collecte effectuée peut apporter. n est cependant poSSible de
montré que les céramiques attribuées à Milet - car décou\'ertes en très grand nombre souligner quelques fai ts. . . . . ..
sur ce site par F. Sarre" - étaient fabriquées à lznik, comme J'attestent les vases rejetés On ne voit pas de relation entre la dlStnbutlOn des types d~ .céramI.que utilisée à
en cours d'élaboration et les ratés de cuisson. Ces vases à pâte argileuse, décOrés l'époque byzantine à partir du x< siècle et la nature des sues ~lSltés : Villes. ~"Iages,
de motifs végétaux et géométriques - inspirés de l'art seldjoukide et des imitations perses forteresses ou sites refuges. Il se confirme qu'à cette époque 1 usage de la v",ssene à
des bleu e/ blanc chinois - peints au bleu de cobalt, au manganèse et en noir sur une glaçure n'était pas lié exclusivement àun ~ontexte urbain; ene était vraisemblablement
couche d'engobe, sont recouverts d'une glaçure plombifère, transparente et généralement utilisée par une élite rurale, momes, mllitaifes ou paysans. .
incolore (n'" 23, 37, 59, 91, 116, 123); L'appartenance de certains fragments à des types connus par ailleurs suggère une
- quelques rares tessons de bleu e/ blanc (no 60) de la fin du XV' siècle, et de Rhodos circulation de la céramique à l'époque byzantine. - Le cas blthyOlen conflt11le q~e
Wall' (n'" 39 et 61 ), céramique caractérisée par une combinaison de pigments de tonalités quelques grands ateliers extérieurs à la région diffusaient leur productton. - ToutefoIS,
une grande partie des fragments de vases découverts en prospectton p~vlent de Nicée.
Si peu d'exemples de céramique à pâte blanche ont été retrouvés sur les SItes, eo re~an~he
.28. Ces types apparaissent dans la publication du matériel de Saraçhane sous l'appellation la céramique incisée et champlevée du XlII' siècle et du début du XIV' de fabncatlon
Turk,sh Coarse Ware, HAYES, POl/ery, p. 273-298 ; mais il me semble délicat de l'associer à la
céranuque commune qui, par définition, n'a pas de glaçure
29. Ibidem , p. 274, Ware D. .
30. Ibidem , p. 273, Ware B.
1 .3 1. Pour un large échantillonnage de c~ type de vase, se reporter à une récente érude qui fait 35. V. FRANÇOIS, L'arrivée de l'Islam en Anatolie. un vecteur de diffusion de la céramique
e .polRt sur les recherches; V. FRANÇOIS, Elémenls pour l'histoire ottomane d'Aphrodisias : la chinoise, Annales islamologiques, 32, 1998. p. 41-47. . li ka 1
v3Jssel~e de terre, Ana/olia Anfiqua, 9, 2001, p. 147-190. 36. Rappelons cependant que la collection impressionnante de céladons du palais de op P
3_. FRANçoIS, Céramiques ottomanes. à Istanbul est une des plus riches du monde.
in An~3. ~. AsLANAP~: Ana~o~~ .!~:k CJfl1 ve Keramik Sanau (Türkische Fliesen und Keramik 37. ASLANAPA, Excavations, p. 179.
Excava~~!I!;), dans Turk KullllrwlU Ara§lmna EIlSlifiisii Yay",'an, Istanbul, 1965; ASLANAPA, 38. Pour un exemplaire très proche, cf. HAYES, POffel)', pl. 44d. . ' . h BAKIRTlIS
39. Sur les ateliers de Didymotique, et sur ce type partlc~her, vOIr. C. 147 153:
C ~. F SA~RE, The Seldjuq and Early Osmanli Pottery of Miletus, Transactiolls of the Oriental
S Didymoteichon: un centre de céramique post.byzantine,. Balka".StlUlles ~l, l, 1989éJ'~uve~e e~
M~rlamM,c~1 tudlt·s. 1930~ 1931 ; ID., Die Keramik der islamischen Zeit \'on Milet. Das islamische V. FRANÇOIS, Byzantine ou ottomane? Une céramique pemte à 1 engobe
1 el. ' el, III . 4. Berlm. 1935, p. 86. Méditerranée orientale, Anatolia Allliqlla. Esk; Anado/li. 3, 1995, p. 203·217.

rtf
r V~RONIQUE FRANÇ'OIS

nicéennc témoigne d'une distribution régionale. - Par ailleurs, de petites un'té T LA céRAMIQUE BYZANTINE ET crrfOMANE

clramiqUf byultuine c1lmnJ)le~ée .


29S

pouvaient répondre à la demande villageoise en fabriquant une céramique 1 5 locales 3 ponne: 01 bord. P1lIC : argileuse. orungc-brun, homog~ne •.fine ct blcn cuile. Surf. inl.: à
notamment pour la vaisselle de cuisine el de stockage, mais nous n'en avons pasc~mmune, • bc blanc. un motif champlevé. bandeau sur le bord. pUIS un cercle concentrique orné
Le même schén~a est, vrni~emblable po~r l'~~que Ollomane jusqu'au XI~P~uve. llilvers. :sg~gnes perpendiculaires; glaçure jaune pâle. Surf. ext.: engobe blanc. deux cercles
- On trouve sur les sites blthymens. en quantité Imlltée. des productions extéri Siècle. 1 de ~~triques champlevés sur le ha~lt du bord ; gl<lçu~e jaunc-verdâtr~. EP=7.
res 4. Forme: 01 fond. Pâte: argileuse. orang~ chur. ~purée. Surf. ml.: à (ravers engobe blanc.
région, provenant, nux XVItI' et XIX' siècles, de Ktltahya, de Çanakkale et de Did;u il la c;oJlC
- Pour les XV", XVIe et XVIIe siècles. on y trouve des vnses fabriqués dans le mOh~ue. motif champlevé. sorte de gros pétales: glaçure Jaune pale, ensemble mal conservé.
d ' lznik. lesquels produh.aien\ des faïences peintes polychromes - vases de luxes d3tel,Iers Clramiquf ol10111l111e marbrée .. .
à la cour - mais aussi une vaisselle argileuse i\ glaçure plombifère de tradition by estmés S. Fonne: 01 fragment de panse. Pate: <lrgllcuse, orange .clalr, assez fine. homogène. Surf.
qui répondait à une demande locale tOll( en étant largement commercialisée. zantme, in!.: marbrures vert clair et brune~ sur engobe ~lanc. ~urf. ext.: Ide~. .
Le~ tessons lrouvé~ au sol penn~tlent d'affi~ller o~ de confirmer l'existence d'une 6. Fonne : 01 fond avec troiS cercles cn 1.l.:ger re.lief ~u fon~. Pate: argileuse, orange vif. fine
occupatIOn prolobyzantme o~ byzantme sur les sites sUIvants: Kuleler, XIIIe et XIVC s . et homogène. Surf. int.: sur engobe hlanc. po mts nOirs dlssémmés et marbrures brunes; glaçure
çaylr Burun, XIII'; Koyunhlsar, XIII' el début XIV'; Çoban Kale, XIII'; Karacaka . , vert clair. .. _
début X(·XIC et XIIIC ; Yarhisar, XIIIC ; Kite, début ~IVC ; Pa~alar, XIllC ; Karadin, fin x~!~ Surf. ext.: glaçure appliquée direc tement sur la pate.
XUI' ; MOlor Tepe, XIII' ; Kaynarca, début XIII' ; Çlftekayalar, XllI' et XIV' ; Bilecik , Céramique ollomlltle de ÇwwHali.'
et débul XIV'; Mekeci, début XIV': Tepecik, Apolyontkoy, XIII' et XIV'; Fugia~:~ 7. PI. 3. Forme: 01 fond. Pflte: argi leuse. orange clair. homogène, épurée. Surf. int: sur
Çaylrhk, Tophlsar, fin XIIe-début XIII', XIII' et XIV' ; Hlsarcl k, début X'-XI' ; Ktzanhkte ' engobe ivoire. motifs floraux peints t!1l bleu azur et en rouge orange; glaçure plombifère, transpa-
XIIIe et Xive; Keramel, XIIIe. pe, rente,légèrement jaunâtre. Deux traces de pemeuc. arrachement jusqu'à la pâte. Surf. ex .. : engobe
Certains sites bithyniens semblent avoir été occupés, de façon continue ou n blanc sur tout le teSson, même sou~ la ba st.: ; so us la base, une croix incisée. DSP=66. DIP:=66.
depuis l'époque romaine au moins jusqu'à l'époque byzantine ou au delà (Yarhi;;' HEP=5, HW=6, EPF=6.
Pa§'llar, Karadin, Cyzique, Çiftekayalar, Tophisar, Hisarclkl ; d'autres aux époques byzan: 8. Fonne: 01 fond. Pâte : argileuse. orange vif. homogène. Surf. in .. : motif végétal styli.~
tme el onomane (Karacakaya, Klte, Motor Tepe, Blleclk, Tepecik, Apolyontkiiy peint au manganèse pourpre sur eng.ob\! ivoire ~ glaçure plombifère. transparente, légèrementjau.
Fuglaclk) ; certains sites semblent être seulement byzant ins (Kuleler, çaylr Burun' nâtre. Une trace de pernette. et lract.: do.; g laçure vert émeraude. cuisson probable avec céramique
Koyunhisar, Çoban Kale, Kaynarca, Mekeci. Çaylfhk, Klzanhktepe, Keramet). ' à glaçure verte ou reste de cette g laçure sur le pied de la pernette. DSP==58, DIP=60, HEP=,.
9. PI. 3. Forme: 01 bord à marli·ll. Pâte: argileuse, orange clair. homogène, fine. Surf. in,,:
CATALOGUE sur engobe ivoire, treillis, caractéristiqu t.: de cette céramique, peint au manganèse sur le marli :
glaçure jaune pâle assez mal conser\'ée. S urf. ext.: engobe et glaçure sur le bord, engobe jusqu' en
Seuls les fragments significatifs sont présenrés dans ce caw logue 40 •Sur certains d'entre eux, haul de la panse, DSUP=280, DNL=272. DPI=238, HT=44, HNL=34, HPI=29.
voir les pl. 1 à TIl. Les sites sont présentés dans l'ordre alphabétique. La référence associée renvoie Céramique ottomane de Kiilahyll
à la cane archéologique hors-texte, qui reproduit le carroyage de la carte turque; Cyzique et 10. Porcelaine, tasse à café sans anse· à la mode turque -, sOrement une imitation de la céra-
Tophisar sont hors des limires de la zone cartographiée. mique de Meissen. PI. 3. Fonne : 0 1 fond. Pâte: kaolin. Surf. int.: motif végétal peint en bleu.
Surf. ext.: jusqu'en bas de la panse. paroi brune, puis de nouveau le blanc de la porcelaine.
Près d 'AKÇAKAYA (carte hors-Iexte, p34, no 6). Céramique romaine, luiles et briques, dans DSP=35, DIP=35, HEP=2.
un champ à proximité d'une grande stèle funérrure romaine. Céramique otlonwne estampée
Céramiqlle probablement d'époqlJe romaine li, PI. 3. FolTIIC : 01 bord. Pâle: argileuse, orange viF, fine et homogène. Surf, inl: sur engobe
J, Forme: 01 bord d'un très grand vase. Pâle: argileuse, orange, lrès grossière, grains de blanc, glaçure monochrome vert émeraude. brillante, mal conservée. Surf. ext.: engobe et glaçure
mica et inclusions noires. DSUP==300, HT=60. sur tout le fragment; sur le haut de la panse un bandeau constitué de carrés estamp6s. DSUP=150.
HT=34, EP=5.
APOLYONTKOY (Apollônias) (t23, no 1), Tessons colleclés sur les rives du lac, en avant du Et trois petits fragments de céramique japonisante, probablement du début du )(XC sib:le.
rempan. Céramique byzantine des XIlle~XlVt siècles, et surtout céramique ottomane du XVlt au XlXt s.
Céramique byza1l1ine illcisée Près d'AYAZMA «;30), vallée du Yalakdere, dans une formation alluviale.
2. Fonne: 01 fond. Pâte: argileuse, saumon, homogène. Surf. int.: sur engobe beige. glaçure 12. Tesson recueilli dans la couche d'alluvions, fragment d'une peùle mannite du xc siècle.
kaki brillante avec quelques picots, trois cercles concentriques incisés dans le fond. Traces de tour~ fonne: F 1 bord. Pâle: argileuse, orange, fine, DSUP=90, DNL=82, HT=25, HNL=17,
nage soulignées par une accumulation de glaçure, ce qui génère des bandes vert foncé.
Surf, exl.: coulures d'engobe jusqu'en bas de la panse. DSP=66, DIP=70, HEP=6. B~IKTA~ (u34, no 1). Sur un plaleau au sud-ouesl de Bilecik, dans une nécropole romaine,
fragments de tuile, de brique et de céramique commune; pas de céramique à glaçure.
Céramique commune probablement romai"e
40. O.::: fonne ouv~rte, F :::: fonne fennée. Toutes les dimensions sont exprimées en m~. 13. PI. 2. Fonne : F 1 bord. Pâle: argileuse. orange avec impuretés blanches et grises. peu
. ;l?SUP.= diamètre supéneur : DNL = diamètre à la naissance de la lèvre: DPI == diamètre au poilU
homogène. DSUP=140, DPI=l24, HT=30, HPI=l4.
d ,.nne~~on : ~T = hauteur totale; HNL == hauteur à la naissance de la lèvre; HPI ;::: hauteur au
point. d Jnnexl~n ; EP == épaisseur de la panse; DSP = diamètre supérieur du pied; DI? = diamètre
lnf~neur du pied; HEP = hauteur extérieure du pied: HIP = hauteur intérieure du pied; EPF ~
épaisseur du fond. 41. Marli: lèvre horizontale , saillante. d'une assiette.

cd
r 296 V~RON1QU6 I~ANçoIS

14. Fomlc : F J Fond plat. PAte: tlrg~leuse. orn~\ge clair avec nombreuses impUretés, cœur
LA ctRAMIQUP. OYI'AN'fINEIIT OTTOMANE
297
gris. cuisson irregulièrc. qualité assez grossière. Surf. 1111.: traces de lounlnge très ncttes. DIP::::130. . byzantille clUlmplevü
Cérllln/QU(ponne: 0 1 fond très frllgmcnlairc. Pâte: argileu:'«:. orange. épuree. Surf. inl.: à
BllECIK (134. nn 1). Tessons sur le piton nx:heux à J'inlérieur ,de l'enceinte. Au pied de la %5. PI. 1. 1 châtre. un motif incisé ct champlevé, au fond, deux cercles concentriques
fortification sur un rcplnl. drills ln ville basse, n~ndllncc de cém1mquc. ~e verre ct nombreux travers engobe! an orné de bandes chô\mplevécs, dans le médamon cenlrai. une fleur inciKe :
blocs. Panni les telôsons d"lnhles. céml11ique byl.llnlme des xlllc·déblU XIVt' siècles ct ottomane, fin forn lilnt un ban .:r:~es de pernette. un pied arrnché.
glaçure orange.
x"t-débui XVlt siècle.
Chamiqll" rmnmunr LlK (529. no l'. Tessons sur les ri ves du lac, à l'ENE de Sôlôz, dan~ un conleXle de
15. Fonnc: F? 1 frnf!.l11ent de panse. Pâte: argileuse: à 90% grise, JO~ orange à l' extérieur. ÇAY~R de structures en partie immcrgées. Aucun tesson à glaçure; matériel protobyzantin.
assez homogène. Sorf. exl.: dans un bandeau incisé. u~e hgnc ondulé,e à peille marquée. Ep=8. lombeS il Clst~ et . mit/tille d'époque romailll~ rardive ou paléochrétienne
16. PI. 2. Fomle : 0 1 boro de pithos ou de gronde J:~I1\!. P:lte : nrg,.lcu5e: ornnge,lrès grossière,
A
c;~
Céramtqlle. 1 fond. Pâte: argileu se. orange clair. très fine. très homogène; clic laisse de.,
nombreuses impuretés - qmlrtz (5 111m) et inclusions nOires -, cœu~ griS, CUISSOn irrégulière. Surf. 26. Fom:o·à une surcuisson ou à un séjuur d~ms l'eau du lac? Surf. in,,: vemls rouge brique
in!.: sone d'engobe rouge brique appliqué sur toute hl surface, d Où un aspect lisse. Surf. ext.:
lr:tce' ;e,,·ce é DSP=49. DIP=56. HEP= Il.
idem. DSU1'=240. DNL=220. HT=44. HNL=26. en partie ~onsen: 1 fond. Pâte : ar~ilcuse. rose, fine. homogène. grains serrés. Surf. inl.: vernis
0
CmlC1lisariml : fragment avec joint en calcaire. •. o~er mal conservé. Surf. ex !. : traces de vernis rouge brique. DSP=44, Orp:=46.
rouge27bnque ès
Cémmiqut! byzamint! à glaçun:' monochrome . ' . HEP=8. HIP=4. EP=6.
17. PI. 2. Fomle: 01 bord. Pâte: argileuse. orange c1.u r, fine. bien cuUe. Surf. int.: SUr engobe
blanc glaçure jaune moutarde appliquée sans doute lo~qu'elJe étai . trop liquide, car d 'épaisseur FfEKAYALAR (Filadar) (s2fi. n" 1J. À proximité de la source. dans les champs alentour
très i~gulière. Surf. exl.: engobe et glaçure sur le bord. l'engobe déborde la glaçure Sur le Sommet et surÇl
les p les du
e piton
n . n(lInbfl:Uy. fragments de brique et de tuile,
rocheux, '1' de verre, et c&amîque
de la panse. DSUP=200. HT=31. d'époques hellénistique: b.yzantlllc (.,111'" et Xllle·Xlve s .) et ottomane (ml leu du xve au XIXe s.).
18. Pl. 2. Forme: 01 bord. Pâle: argileuse. orange clair. homogène, fine, densité moyenne. Céramique hellémsl/qut! _ . .
Surf. eXl.: idem. Ensemble Ires endommagé. DSUP=lSO. HT=3R. 28. Fonne : 0 1 fond. Pâte : iJ rgdè usc. rose clair. Irès fine, très dure, homogène. Surf. Inl.:
19. Pl. 2. Fomle : 01 bord. Pâte : argileuse, rose. assez homogè ne avec quelques inclusions vernis noir. DIP=80. HEP= l3.
blanches. Surf. int.: sur engobe blanchâtre. glaçure vert cl air. trJn sparente, appliquée en couche Céramique byzantille ÎllcÎsh
fine. Surf. exl. : engobe el glaçure sur le bord. la glaçure déborde l'engobe. DSUP=180. HT=36. 29. PI. 2. Forme: 01 fond . Pâlè : argileuse, roug~ clair. fine. Surf. int.: à lTa~ers engobe blan-
20. Forme: 01 bord et haut de panse. Pâte: argileuse. orange clair, relativement homogène châtre, une spirale incisée au fon d : gbçllr~ onmge bnHante. Trace de pernelle, pied arraché. Surf.
avec inclusions blanches. Surf. int.: sur engobe blanc. glaçure vert ~lIleraude. très mal conservée. exl.: coulures d·engobe. DSP=87. DIP=90. HEP=16. HIP=14. EPF=S. .
Surf. exl.: engobe el glaçure sur le bord. DSUP=290. DNL=286. HT=55. HNL=46. 30. PI. 2. Fomle : 01 bord. Pille: argileuse, orange clair. homogène. assez fine. Surf. ml.: sur
21. Pl. 2. Fonne: F? 1 bord et haut de panse. Pâte: argileuse. très grossière, nombreuses le haut du bord et sur le haut de la panse, de ux cercles incisés à travers une couche d'engobe blan-
impuretés de grosse taille. Surf. int.: Sur engobe rose beige. glaçure "ert clair cloquée. pleine de châtre; glaçure jaune d'or brillante. Surf. exl.: engobe et glaçure sur tout le fragment DSUP=210,
cratères. Ensemble de très mauvaise qualité. Surf. ext.: idem. DSUP=1 80, HT=57. DPI=2l6. HT=33. HPI=16.
Céramique byzantine champ/el'ée 31. PI. 2. Fonne : 0 1 bord. P;ile : argileuse. orange ciair. fine malgré quelques grains d.
22. porme : 01 ttès perir fntgmem de panse. Pâte: argileuse, rose pâle, en feuilles. Surf. int.: quartz. Surf. int.: sur le bord. trois cercles incisés à travers une couche d'engobe blanchâtre :
très endommagée. Surf. ext.: damier excisé avec fleurons à quarre pél:lles dans les cases; glaçure glaçure vert très pâle. Surf. ext.: sur le bord, trois cerc les incisés à travers une couche d'engobe
jaune d'or. blanchâtre; glaçure vert pré. DSUP=190. HT=24.
C~ramique oltomone dite de Milet Céramique bYl.omine clwmplew!e .
23. Pl. 2. Forme: 01 fragments de panse. Pâte: argileuse, rouge brique, en feuilles, cuisson 32. Fonne : 01 bord. Pâte: argileuse. grise, homogène. fine, dure, sans doute trop culte. ~urf.
irrégulière; vers l'extérieur la pâle devient beige. Surf. int.: motifs géométriques el végélaux- int.: deux cercles incisés sur le bord. puis bandeau hachuré interrompu par une bande verucaJe
fleuron à trois pétales - peints au manganèse et au bleu de cobalt sur un engobe blanchâtre ~ champlevée sur une couche d'engobe blanchâtre; glaçure jaune, effet kaki sur l~ pâte. Surf. ext:
glaçure plombifère incolore. Surf. ext.: engobe et g laçure vene sur le haut du bord. EP=4. à travers J'engobe, deux cercles incisés, une bande champlevée et une succeSSion de chevrons.
Verre: un fragment de bracelet bleu turquoise ; un fragment de panse bleu turquoise de 3 mm glaçure jaune pâle. effel kaki sur la pâle. EP=4.
d'épaisseur : un fragmenl de panse bleu pâle. fendillé; plusieurs fragmenls de panse incolores. très Céramique byzallli"e à glaçure mOllochrome .
fins (3 mm ou 1/2 mm); un fragment de panse el fond avec décor en relief (ép. 6 mm); un col en 33. Pi. 2. Fonne: 0 1 bord chantourné. Pâle: argileuse. rouge brique. fine. Surf. ml.: sur
verre incolore. (ép. 2 mm) ; fragmenls de plaque de verre incolore. lransparenl (ép. 2 mm). engobe blanchâtre. glaçure vert foncé accumulée sur le haut du bord et ven émeraude sur la ~.
Surf. ext.: engobe sur le haut de la panse et glaçure uniquement sur le haut du bord. DSUP=AO.
ÇAYIR BURUN (s30. no 1). Dans l' o!iveue el au pied du pilon rocheux silué sous MÜjküre. DNL=228. HT=29. HNL=l9. .
céramique byzantine du XIIIe siècle. 34. PI. 2. Fonne : 0 1 fond. pied Ires plal avec une cupule au fond. Pâle: argIleuse. oronge.
Céramique byumtille ù,cisie fine. Surf. int.: sur engobe jaunâtre. g laçure ven clair parsemée de picots noirs. Ens~mble très mal
24. PI. 1. Fonne : 01 fond. Pâte: argileuse, orange clair. Surf. int.: à travers engobe blanc, Conservé. Surf. exl.: quelques goulles d·engobe. DSP=64. 011'=68. HEM. HI1'=8 .EPF=5.
roue à rayons inci sée. dans chaque triangle ain si fomlé, une ligne ondulée: glaçure orange. 35. PI. 2. Forme: 01 bord et haut de la panse. Pâte: argileuse. or.mge chur. un peu granu-
DSP=74. DIP=56. HEP=28. HIP=16. EPF=9. leuse. Surf. in!.: sur engobe blanchâtre. g laçure ven bouteille sur le bord. Surf. e."'t.: ')c_ngobt et
glaçure sur le bord; l'engobe déborde la glaçure. DSUP=SO. DNL=77. HT=.lJ. HNl=_,.

ct1
r 298 V~RONIQUE FRANçoIS

.36. Fanne : F 1 bo~. Pâte .: argileuse. orange cJuir. nssez homogène. Surf. int.: Sur en
LA CeRAMIQUE BYZANTtNE ET OTfOMANE

ctrtltl/ique ot/omlllle p~illte à ': eIl8t>bc cie Didyn.lOlj{IUe


299

glaçure verte en coulures Irrégulières, Surf. ex.t.: engobe et glaçure sur tout Je tesson. DSU gobe, 46. Fonne : 0 1 bord: Pate: argl~eusc. orang~ clair. fine. Surf. int.: coul.ures d'engobe depuis
HT=34. PoUlO. le bOrd et glaçure vert clair. Surf. ext.. coulures d engobe et glaçure vert clair sur le haut du bord.
Céramique olltJJlWlle dite de Milet
. 37. Famle: 0/ frngment de p~nse. Pâte: argileuse. orange clair, u~ peu savonneuse. S ERECEKLER (p34, nO~). À envi ron 2 ~m il l'oues1 de Kemaliye, dans les champs, céramique
ml.: sur engobe blanchâtre. taches pemtes en bleu de cobalt; glaçure plombifère incolore. Eose urt. aine et tuiles. blocs inscnt~, stèle funéral.re.
mal conservé. Surf. eXl. : engobe el glaçure vert pré con.servé-~ sur un angle. rnble rom Céramique du déb!" ~/e J ~p~qlte ro~lI(l/"e . . .
Céramique ottomane illcisée 41 Forme: anse. A 1 extrcmlté de 1 anse, nu point de Joncllon avec le col. un trou profond:
38. Fomle : 01 fragment de panse. Pâle: argileuse, orange clair avec petites inclusions bl arque de doigt. Pâle: argi leuse , or~nge ela.ir. assez fine. Section=29. Le= 13.
Surf. in!.: lfOÎS cercles incisés à travers une couche d 'e ngobe blanchâtre; ils SOnt su anches. m 48. PI. 2. Fonne : 0 / bord. P~te : argileuse. rouge orangé avec cœur gris. peu homogène.
d'une ligne ondulée ; glaçure jaune pâle. Les incisions son l rehaussées de vert puis drrn~ntés Surf. int.: engobe orangé. Surf. ext.: Idem. Tr'lees de tournage très nettes. DSUP=I90, DNl..=177,
. . , e violet
- manganèse 1- fusant. Surf. ext.: engobe et glaçure vert chur. 1 engobe déborde la glaçure. EP-g HTeSI, HNL=42. . .,, '"
Céramique ollomalle d'Iznik, Rhodos Ware - . 49. Fonne: 0/ fragment de panse av\,:c départ de 1 anse. Pate: argileuse. orange clair, fine.
39. Forme: 0/ bord. Pâte: faïence. Sorf. int.: sur engobe blanc, mot if végétal peint en . savonneuse. Surf. in!.: engobe orange vif. genre sigillée. Surf. ext.: idem. EP=2.
glaçure alcalino-pJombifère, vert d'eau, Irésa illée. Surf. ext.: sur engobe blanc, glaçure ven ;':~
trésaillée. Près de HISARC1K (r33. nO3). À 50() m au sud-ouest du village, dans Ie.<; champs sous la crête,
Céramique à glaçure ollomane en amont de tombes à ciste: fragmcnls dc cilnalisalion avec joint en mortier. nombreux tessons de
40. PI. 2. Forme: F / bord. Pâte: argileuse, vieux rose. avec mica et impuretés; traces de t céramique commune, briques et tuites. Ct! ramique il glaçure, début Xe..XIC et probablement début xrve.
Surf. int.: traces de feu; glaçure kaki très grossière appliquée directement sur la pâte. AspeCt: Céramique du déblll de l'ép(}{JlIl' romaine
rustique. DSUP=230. DNL=244. HT=39. HNL=21. 50. Fonne : 0 1 fond et bas de la panse. Pâle: argileuse, orange vif, fine, assez homogène,
Céramique Ollomalle peinte à J'engobe de Didymolique quelques inclusions blanches. Surr. int. : engobe brun en marbrures. Surf. ex .. : idem. DS1>=59.
41. PI. 2. Forme : 0/ bord. Pâle: argileuse, rouge brique. ~IS:;e.Z tine. SuIf. int.: coulures peintes DIPe70. HEP= 12.
j.,
à l'engobe depuis le bord; glaçure jaune canari sur l'engobe, effet brun sur la pâte. Surf. ext.: 51. Fonne : 0 1 fond. ensembk as~cz mol tourné. Pâte : argileuse. beige. assez fine. Surf. e~t.:
engobe et glaçure sur le haut du bord. traînée sur le haut de la panse. DSUP=250. DNL=236. engobe orange sur tout le fragment y compris sous la base. DIP::60. DSP=62, HEP=5, HIP=I. EPF::::7.
HT=2S . HNL=16. Céramique commune paléochréiiclI1Ie 0 11 byz.alllille
52. Forme: F 1/ fragment de pan sc. Pâte: argileuse, orange vif, très grossière, nombreuses
ÇOBAN KALE (030, nO1). Nombreux fragments de cérJmique byzan tine du XIIIe siècle dans impuretés. inclusions blanches et noires. Su rf. int.: traces de tournage assez neues. Surf. ext: série
les broussailles au sommet de la colline. où l'on voit les vest iges d'une fortification. d'incisions tracées au peigne, disti.lllles de 1 mm.
Céramique byzanline incisée Céramique byzalll;lIc cl pâle blal/che estampée
42. Pl. 1. Fonne: 0 1 fond et bas de la panse. Pâte : argileu!;.C. rouge. a.ssez. fine. Surf. int.: à 53. Forme: 0 / fragment de panse. Pâte: argileuse. blanche. Surf. int.: motif géométrique
travers engobe blanc. deux cercles concentriques incisés dans le fond : glaçure orange. Traces de estampé; glaçure vert bouteille appliquée directe ment sur la pâte.
pernelle. un arrachement et un trou. DSP=80. DIP=92. HEP= II. HIP= 18. Céramique byzomille peillle à J'engobe
43. Pl. 1. Forme : 0 / fragment de panse. Pâte: argileuse. orange foncé. Surf. int.: à travers 54. Fonne : 01 bord. Pâte: argi leuse, orange, fine et bien cuite. Surf. int.: sur engobe blanc.
engobe blanc. motif oblong hachuré; glaçure jaune pâle. glaçure jaune, appliquée non unifonnément ~ les accumulations fonnent des taches brunes. Surf.
Céramique à glaçure monochrome ex!.: ligne ondulée peinte à l'engobe; glaçure orange. DSUP=200, DPI= 187, HT=26. HPI=22.
44. PI. 1. Forme: 0 1 fond et bas de la panse. Pâte: argileuse. orange clair, fine. Surf. int.: EP=5.
sur engobe blanc, glaçure jaune d'or. Traces de pernette, arrachement et pied collé. Céramique byzan/Îlle incisée
Surf. exl.: sous le fond. lraces de glaçure sur le pourtour. DSP=25. DIP=46. HEP=22. HIP=6. 55. Pl. 3. Forme: 01 frngment de panse. Pâte: argileuse. orange. Surf. inl.: à uavers engobe
EPF=15. blanchâtre, motifs géométriques incisés; glaçure jaune pâ1e, en partie disparue ; rehauts de pigments
vert bouteille en relation avec le motif. Trace de pernette. Surf. ext.: sur engobe blanc, glaçure
CYZIQUE (carte turque. sI6). À proximitt du rempart de l'isthme. dans les champs. nombreux verte.
fragments romains (sigillée) ; les rares tessons byzantins sont associés à une céramique romaine
majoritaire. KARACAKAYA (s3 1, nO1). Dans l'olivette au bord du lac.1Jès nombreux fragments anes"",t
Céramique byzamille incisée une longue période d' occupation: céramique byz.antine, début xe-Xie siècle et xme siècle ; céramique
45. Forme: 0/ bord. Pâte: argileuse, rouge clair, assez fine. Surf. int.: à travers engobe blan- ottomane, fin du xve-début XVIIe siècle.
châtre assez épais, quatre cercles concentriques incisés profondément sur le bord; glaçure jaune Céramique à pâte blanche estampée
pâle, légèrementlrésaillée avec. sur le haut du bord, des pigments marron. Surf. exl.: engobe et 56. Fonne : 0 / fond. Pâte: argileuse, blanche, grossière. Surf. int.: au fond. une palmette
glaçure sur le haut du bord et engobe sur tout Je fragment estampée; glaçure jaune clair appliquée directement sur la pâte.
Céramique byzOIllÎlle peillle à J'engobe
ENKERE (026). Parmi les vest iges du village grec abandonné, quelques très rares tessons du . 57. Fonne : anse. Pâte: argileuse, rouge foncé. Surf. ext.: coulures d'engobe blanc et glaçure
XIX" siècle. Jaune brun. Section == 13 x 20.

1'"
r 300

Ctm",iqtl~ by:,anlÎIJe champlel'ét


V~RONIQUE FRANÇOIS

T LA C~RAMIQUE BYZANTINE ET OTTOMANE

Cirnmique byzantine incisée


301

58. Pl. 1. Forme: a 1 fond. Plite: argileuse, oronge clair. fine. Surf. int.: à lravers
A • •

7. forme: 0 1 fragment ~e .pansc. Pate : ~rgl1euse. orange,. assez fine. Surf. mt.: à travers
blanchâtre. un motif incisé et champlevé, au fond, deux cercles concentriques formant un hengOhe 6 blançhâtre, urt bandeau mçlsé orné de spirales assez grOSSièrement traçées ; glaçure jaune
orné de bandes champlevées. dans le médaillon central, une fleur incisée; glaçure oran ~au engobe ....ée Surf. exl.: engobe cl ghtçure de la même couleur. EP=6.
pâle mal co nse• • .
de pemene, un pied arraché. Surf. exl.: coulures d'engobe. Sur l'anneau du pied, traces ~~Ia race 1
DSP=4I, DIP=60, HEP=14, HIP=IO, EPF=5, ÇIUe, de KERAMET (p29. nu 4). Sur le cordon littoral du lac d'Yznik, nombreuses anses. et
Cérnmiqlle ottomane dite de Milet Près de céramique commune. Quelques tessons de céramique byzantine incisée à glaçure
. 59. F~mle : 0 1 fond. Pâle: argileuse, orang~. fine: Surf. int.: sur engobe .blanc. ex.trémités fragm:~t~ xmc siècle. A ' • •

de lIges peintes en bleu el ven; la glaçure plombifère, mcolore, a presque entièrement disparu orang . PI. 3. Fonne : 0 J fond. ~alc : '.lrgl.tcuSC. orange clair, fine. Surf. mt.: à travers engobe
68
DSP=91. D1P=100, HEP=13, ' blanc, deux petits cercles concentriques ~~ c l sés ; glaçure orange. Surf. ext.: engobe en coulures
Céramique oUomane dt/mik. bleu et blanc JUSqu'en bas de la panse, DSP=40, DlP=,4, HEP=16, H1P=II, EPF=6,
60. Fonne : 0 1 frngmenl de panse. Pâte: siliceuse. blanche. Surf. in!.: Sur engobe hl
motifs végétaux peints en bleu; glaçure alcalino-plombifère, incolore. Surf. ext.: idem. anc, KITE (125. nO 1). À l'intérieur et il I ~cx t~ricur de la fonific~tion, nombreux fragments de brique,
Céramique oltomalle d'lmik, Rhodos WaIe de céramique commune: tessons byza~U1n ~ du début du XIve Siècle. et ottomans du XVIC siècle.
61. Fornle : 01 fragment de panse. Pâte: siliceuse. blanche. Surf. int.: sur engobe blanc t' Céramique byzantme champlevt'l'
feuillue peinte en bleu et vert; glaçure alcali no-plombifère. incolore. Surf. ext.: idem. • Ige 69. Pl. I. Fonne: 01 fond. Pâl e: argi leuse. rouge clair. assez fine. Surf. int.: à travers engobe
blanchâtre. motif champlevé en ~ro~;... l:n\re les branches: petites spirales incisées; glaçure vert
Prts de RJGLACIK (p31 , no, 1), Au sommel d'une colline, parmi l,CS ruines de l',église SI-GCOIgcs, clair avec une coulure vert sapm . r ra(i! de pernette, pied collé. DSP=54, DIP=68, HEP=22,
tuiles. fragments de bnque. céramique commune et à glaçure byzantine, et céraffilque ottomane du H11'=28, EPF=8,
X'X' siècle, Céramique ottomane peillie li ! ·t'Il .l!,nhe
Clramique byzantine à glaçure monochrome 70. Fonne : 0 1 fragment de p; U I ~ ..... pilloi très épaisse. Pâte: argileuse. rouge brique. Surf.
62. PI. 3. Forme: 0 1 bord avec petit marli. Pâte: argile use . o range. assez homogène. Surf. inl.: cercles entoures de points peint.': ::' l'e ngobe ; glaçure vert foncé. Trace de pernette.
int.: sur engobe blanc. glaçure vert pré peu brillante, taches di ffuses; sur le marli, taches ven
sapin: décor ou effet involontaire par accumulation de glaçun.· '! :-iurf. ext.: engobe et glaçure sur KJZANLIKTEPE (s28, n' 1), À l' eSl d' Ericik, sur une colline fortifiée, fragmenl de œramique
le hau' du bord, puis engobe sur le haul de la panse, DSUP=21(l, l)NL=204, HT=31, HNL=23. byzantine, seconde moitié XIUC-XIV': s i ~c1c .
Céramique ottomane estampée 71. Fonne : 01 fond. Pâte: argil euse. orange. avec petits grains de mica. Surf. int.: à travers
63. Pl. 3. Forme: 0 J bord. Pâte: argileuse. orange "i f. :l < ~(:Z fme. Surf. inl.: sur engobe engobe blanc, bandes incisées au peig ne; glaçure jaune d'or. Ensemble très mal conservé.
blanc. glaçure transparente, brillante, jaune pâle. Surf. ext.: sur : !1 .~. \.lbe blanc, glaçure jaune pâle
et coulures de pigments violines (manganèse) sur trois band r~ i)u ;,; de carrés imprimés en creux. KOVUNHISAR (,30, n' 1), À la sortie du village, dans le champ au-dessus du cimetière,
DSUP=230, HT=61. quelques tessons byzantins à glaçure du "me et du début du XIve siècle.
Céramique byzantine incisée
KARADIN (r33. nO 1). Au sommet du hoyük. sous la cou verture végétale très dense, quelques 72, Foone: 0 1 bord el haul de la panse, Pâle: argileuse, rouge brique, fine, Surf, inl.: à
tessons d'époque préhistorique et rares fragments de céramique à glaçure. Dans les champs au travers engobe blanc, volutes incisées ~ glaçure orange. Surf. ext.: traces d'engobe.
pied du hoyük., fragments d'époques préhistorique et romaine (notamment au sud) et céramique Céramique byzantine champlevée
byzantine, fin XIIC_XillC siècle. 73, Foone : 0 1 fond, Pâle: argileuse, orange clair, Surf, inl.: à travers engobe blanc, un motif
Céramique byzantine sgraffito rayonnant champlevé tracé sans soin ; glaçure kaki. Trace de pernette, un pied arraché. Surf. ext:
64, PI. 1. Forme: 0 1 bord, Pâte: argileuse, rouge clair, Surf, inl.: sur engobe blanchâtre, glaçure entre le bas de la panse elle fond, DSP=85, DIP=90, HEP=25, HIP=17,
glaçures jaune clair et ven clair trésaillées. Surf. ext.: une inscriplion à peine incisée à travers
l' engobe. sans contraste de couleur. Glaçure presque incolore, très légèrement teintée en vert sur KULELER (s33, nO 1), Céramique byzantine du Xln' siècle el des X'Il'-XIV', au pied des deux
le haut du bord et en brun sur le haut de la panse. tours de la fortification et dans le champ en contrebas.
Céramique byzantine incisée Céramique commune
65. Forme: 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, rouge, assez grasse et assez fine. Surf. 74. Forme: 0 1 bord. Pâte: argileuse, rouge-orange, très grossière. nombreuses impuretés.
int.: à travers engobe blanchâtre, à mi-panse. un cercle concenuique incisé et trois lignes ondu1ées; grains blancs de quartz, DSUP=160, HT=20,
glaçure orange peu brillanle, Surf, exl.: une coulure de glaçure, Céramique byzalllÎne incisée
66. Forme: 0 1 fond. Pâte: argileuse, rouge orangé, un peu grasse, fine et bien cuite. Surf. 75, PL l, Foone : 0 1 fond el bas de la panse, Pâle: argileuse, orange, épurée, Surface inlé-
iot.: à travers engobe blanchâtre, deux. cercles concentriques incisés au fond; glaçure orange. rieure: à travers engobe blanchâtre. deux cercles concentriques incisés au fond; glaçure orange.
Trace de perneue, arrachemenl du pied, DSP=58, DlP=66, HEP= 18, DSP=82, DIP=76, HEP=31, HIP=IO, EPF=6,
76. Fonne : 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, orange clair, fine. Surf. int.: à trJ,vers
Près de KAYNARCA (r33, no 7), À moins d' 1 km au nord du village, céramique byzanline engobe blanc, une demi-palmette soigneusement incisée ~ glaçure orange. Surf. ex .. : engobe et
du début du XlllC siècle. glaçure Sur tout le fragment.

o
r 302
V~RONIQUE FRANçoiS

77. Fonne : 01 fmgmenl de panse, Pâle: argileuse. omngc vif. assez homogène. Surf. i . T L.A CÉRAMIQUE BYZANTINE ET OTTOMANE

K ( 26 na 1). À l'emplace ment de l'église. nombreux fragments de verre plus ou


303

travers engobe blanc. succession de lignes incisées. dont une ondulée ; glaçure jaune. SUrf. ~~'t ~ TEPECI ~s (;,endeloques de candélabre à section triangulaire avec attache métallique).
engobe cl glaçure. EPz4. " moins transparent malgamée s. ce qui s'explique pcut·êlre par la chaleur de J'incendie qui a pro-
78. Fom\c : 0 1 bord. Pâte: argileuse, oronge, hom?gène. bien cuite. Surf. int.: à travers pièces tordU~S e~tle bâtiment. Présence de tUllcs ,-,"CC traces de feu. Au nord·est, à l'emplacement
engobe blanc, sur le marl i lrois cercles sgraffito concenlnques. un autre sous le marli; glaçure 1 bablement d ~rul 'en village. céramique ottomane (fin xve·débui XVIe siècle).
jaune pâle. Surf. cxt.: engobe er glaçure su r tout le fragment. probabler:~J;q~:C~om,mme . . '. .
Céramique hyzamine à glaçures polychromes Ci . "nse avec un décor de pollltS Incurvés sur la partie supéneure, et quelques pomts
89. Forme."
79. PI. 1. FomlC : 01 bord ,et haut de la panse avec point d'innexio": Pâte : ~i1euse. Orange
clair. un peu savonneuse. Surf. mt.: sur engobe blanc, restes de glaçure Jaune clair, par endroits
1 sous 1~~:~·argiletlSe. orange clair. cuisson irrégul.ièrc, cœur gri s.
taches \'ert clair. Ensemble lrès mal conservé. Surf. exl.: engobe et glaçure en traînées irrégulières Céramique byzantine à glat;ure ~/01(}cJIfIJII1t' . " . .
sur le bord. tmces de tournage nettes. DSP=180, DPI=I72. HT=5I, HPI=23. 90. Fonne: 0 J fond. Pâte: arg\\e usc . or~mge 'Hf, assez gross\ère, mc\uslons. Surf. mt,: sur
Céramique by:.alJline pei1lte à l 'engobe \, engobe blanc. glaçure vert p~é. DSP~M. DIP=70. HEP=12.
80. Pornle : 0 1 fragment de panse. Pâte: argileu se, orange, fine. Surf. int.: cercles et points Céramique ottomane (Ilte de Mllel ~ . .
alignés peints à l'engobe; glaçure orange. Surf. ex!.: engobe et glaçure orange sur tout le tesson. 91. Fonne : 01 fragment de pa~sc. ~;lte: ar~lleuse , orange. homogène. asse-l fine. Surf. lOt.:
81. Fonne : 0 1 fragment de panse. Pâte: argHeuse, orange, flOe. Surf. Int.: cercles entrelacés obe blanc. un damier constitue de hgncs peantes au bleu de cobalt et au brun de manganèse.
peints à l'engobe; glaçure orange. Surf. ext.: idem. ~~~;;est appliqué sur le brun; glaçure incolore trésaillée. Surf. ext.: engobe et glaçure ven clair;
l'engobe déborde la glaçure. EP=5.
Près de MEKECI (r35, no 1). Au pied de la fortification. quelques fragments de brique et
rares fragments de céramique de type byzantin (début XIVe siècle). TOPHISAR (carte turque. (1 9). Sur le tlanc sud de la colline où s'élève le château. très
Céramique byzallline incisée nombreux fragments de poter~e. Les l'éri?&~s anciennes sont représentées par des tesso~s hellé-
82. Ponne : 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, orange clair. homogène, grise sauf à nistiques et romains, la céramique byz;!flune par des fragments de la fin xue·début xme Siècle, du
l'extérieur, cuisson irrégulière. Surf. int.: à travers engobe blanc. motifs excisés et incisés (résiUe); xn!C et du XIve siècle. la cérami que \l{l o nHIRC par des tesson s du xv e et du XVIe siècle.
glaçure jaune clair avec rehauts de pigments verts. Surf. ext.: engobe. EP=4. Céramîqlle hellénistîque
92. Fonne : FI fragment de panse:. Pâle: argileuse, gris clair, homogène. Surf. int.: vernis
MOTOR TEPE (124, no 1). Tessons byzantins du XIIIe siècle CI ottomans des XVne-XlXe, épars noir. Surf. ext.: vernis noir sur décor moulé en rang d'oves. EP=2.
sur le sommet arasé de la bulte (site possible de Kouboukleia). Tuiles et briques. Céramique de l'époque ronU/ù/('
Céramique bywntine incisée 93. Fonne : F ? 1 fragment de p~lIlse. Pâte: argileuse, très homogène, très bien cuite. Surf.
83. Forme: 01 fond. Pâte: argileuse, rouge brique, assez fi ne. cuisson irrégulière, cœur gris. int.: engobe orange, comme la sigillée. Surf. ex\.: coulures d'un engobe brun. EP:=3.
Surf. int.: à travers engobe grisâtre, une incision très profonde; glaçure orange. Trace d'arrachement 94. Fonne : 01 fond probable de chandelier à manche. Pâte: argileuse, grise, assez fine avec
de la pernette. petits grains de mica. Surf. int.: lin cercle fin en relief, puis un bandeau composé de marques
Céramique à glaçure Ollomane imprimées de ronne triangulaire. DlP= 140, DSP=150.
84. Pl. 1. Ponne: FI fond plat. Pâte: argileuse. rouge brique, a\'ec grosses inclusions et traces 95. Fonne : 0 1 fond plat. Pâte: argileuse. brun clair. cœur gris avec petits grains de mica.
de mica. Surf. Înt.: très mince couche d'engobe appliquée sans soin: glaçure brune appliquée de DlP=80. HT=18.
façon irrégulière. Paroi rugueuse, aspect grossier. Surf. ext.: engobe blanchâtre sur Je sommet du Céramique commune byzalltÎlle
fragment conservé. DlP=140. 96. Pl. 3. Forme: F 1 base el bas de la panse. Pâte: argileuse, orange clair avec inclusions
blanches, cœur gris, cuisson irrégulière. Surf. ext.: longues coulures d'engobe blanc en couche
PA~ALAR (p35, no 1). Tessons au flanc du piton rocheux et, au sommet, dans les ruines de mince. DlP=IIO. HT=56.
la fortification. Fourchette chronologique étendue: céramique hellénistique, romaine, commune 97. Fonne: FI fragment de panse. Pâte: argileuse, orange clair, assez peu épurée. inclusions
paléochrétienne (?), et byzantine du XIII' siècle. blanches. Surf. ex!.: deux coulures d'engobe rouge foncé.
Céramique hellénistique, bol à relief mégarien Ciramique byzallline peinte à l'engobe
85. Fonne : 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, orange, très tine. Surf. ext: sorte de 98. Fonne : 0 1 bord et haut de panse à inflexion. Pâte: argileuse, orange clair, fine, homo-
plumage moulé. gène. Surf. int.: engobe beige et glaçure jaune d' or. Surf. ext.: sur le bord. une ligne ondulée peinte
86. Forme : 01 fragment de panse. Pâte: argileuse, orange, fine. Surf. ext.: entre deux lignes à l'engobe: glaçure jaune d·or. DSUP= 190. DPI=182, HT=25, HPI=22.
de points en reHef et deux cercles concentriques, un bandeau orné d' un animal fantastique et d'un 99. PI. 3. Forme : 0 1 bord et haut de panse à inflexion. Pâte : argileuse, orange clair, fine.
bucrâne. homogène. Surf. int.: engobe beige et glaçure jaune d'or. Surf. ext: sur le bord, une ligne ondulée
Céramique byz.antine incisée peinte Hengobe : glaçure jaune d· or. DSUP=180. DPI=178. HT=24. HPI=19. .
87. Forme: 0 1 fond. Pâte: argil euse. orange clair, fine. Surf. int.: à travers engobe blanc, 100. Forme: 01 bord et haut de panse à inflexion. Pâte: argileuse. orange c1arr. fine. ho~o­
deux cercles concentriques incisés dans le fond; glaçure orange très brillante. Traces de pernette. gène. Surf. inl.: engobe beige et glaçure jaune d'or. Surf. ext.: sur le bord. une ligne ondulée pemte
Céramique byzantine peÎme à "engobe à l'engobe.: glaçure jaune d'or. DSUP=180, DPI= 181. HT=22. HPI=7.
88. Fonne : 01 fragment de panse. Pâte: argileuse, rouge brique, fine. Surf. int.: rinceau de Céramique bvzamille incisée .
spirales peint à l'engobe; glaçu re jaune clair. Surf. ext.: engobe sur tout le fragment. 101. Pl. 3. F~rme : 01 fond. Pâte: argileuse. orange. assez homogène. bien cuite. Surf~ an.l.:
à t!a\'en; engobe. b\anchâ\rc, !l'lOtit' lndsê et sgrntlito. au centre un médaillon inclS(. puis. à la honte

st1
• J04 vltRONIQUE FRANçoiS

en Ire le fond cl le has ~e ln panse, un bandenu orné d'~n motif végétal stylisé; glaçure Ora
Trace de pernelle. un pied nrrnché. Surf. exl.: coulures d engobe ct de glaçure. Traces d
Ile sont JW.~ dues à la cuisson mais il l'écobuage. DSP-64. DIP=70. HEP=14, HIP=19 ;p~~, qui
102. Pl. 3. Famle: 01 fond. PlUe: argileuse, orange clair. homogène. Surf. in;,: à ,-6.
nge.
,
LA Ce.RAM1QUE BYZANTINE ET orrOMANE

en ~e~ do:U;t glaçure verte ; l'engo~ déborde la glaçure. EP=6.


exl .. e g 'ue o/romane dite de Mrlel
305

rehauts de violel (manganèse) sur le!'; spirales, Ensemble a~sez mal conserv~. Surf.

Cé;a;~~me : 01 bord. pûle : argileusc. orange, épuré~. assez fine. Surf. Înt.: sur engobe blan-
engobe blanchâtre. oiseau incisé el cho.mplevé : glaçure orange. Trace de pernette, un pied ravers 11 • 'f éO métrique peint au blcu de cobalt: glaçure mcolore. verte sur le haut du bord. Surf.
(7 x 4 mm). Surf. eXI. lrace' de reu dues au bl1llis. DSP=63. DIP= 70. HEP= Il . attaché châtre, moU k
exl.: sur eng~
beige, glaçure vert pré aSSC7, mal conservée.
tlomatle imital;O" de céladon chinois
103. PI. 3. Fomle: 01 fond. PlUe: argileuse. orange, très homogène, très fine Surf .
!m\'crs engobe rosâlre. spirale incisée. au centre; la glaçure. jaune, a presque cornplète~ent di~nt.: à Céra;,qlle ~ 0 1 fra~ment de panse. Pûte: argileuse. beige, homogène. Surf. int.: couverte
Ensemble lrès mal conservé. DSP=63. DIP=70. HEP=I3. HIP=8. EPF=9. Paru. 117. or::d~n. assez épaisse. Surf. exl.: idem. EP=IO.
104. Fomlc: 01 bord à marli. Pâte: argileuse. orange clair. assez homogène. Surf' . opaque ;e~ cnne : 01 fragment de pali se. Pâte : argileuse, beige. homogène. Surf. int.: couverte
tm\'crs engobe blanchâtre. deux cercles incisés sur le haut du bord; sur le marli, damier). . In~ •• à 11. 0 éladon, assez épai sse. Surf. exL: idem. EP=6.
. . du mar l'l, un ce~ 1e .mCI;)Ç
'-' pUIS
. un ~utre sur 1e haut d lGlaçure
· mailles nn!lQue vert c
vy- 119. Forme: F? 1 fragmen~ ~e pa~ sc.
P -'I b.
ale: argl euse, rouge nque, très é~rée, homogène.
semes ; à la hmlte e a panse. jau
clair à peine colorée. rehauts de pigmen.ts vert bouteille en coulures depuis le bord. Surf. ex~~ Surf. int.: couverte vert céladon 1I'1séc ~ Surf. cxL : godrons sur la panse, engobe belge et rehauts de
engobe en couche fine et glaçure ven clatr. laçure vert céladon très mal conserves. _
lOS. Fomle : 01 fragment de p~nse. Pâte: argileuse. ora~ge foncé, brune à l'intérieur, cuisson g 120. Forme: F ? 1 fragment. ~c ?all~c ..Pate : argileuse. rouge brique. très épurée, homo~ène.
irrégulière, assez homogène. Suri. lOt.: à.travers engobe bcl~e. dan s un ~andeau, une palmette Surf. int.: couverte vert céladon IfISC \!. Surf. ex t.~ godrons très nets sur la panse, engobe belge et
ex~isée et sgraffito; glaçure orange, très bnllante. Surf. ext.: troiS cercles excisés et traces d'engobe rehauts de glaçure vert céladon très m"ll:onservcs. EP=7.
belge. EP=4.
106. Fonne: 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, orange clair, homogène. Surf. int.. ÛRECIL (p29. n' 1).
palmette incisée à travers une couche d'engobe rosé ; glaçure orange tres brillante. Surf. ext.; Céramique byzanti"e sgraffitu
lmecs d·engobe. EP=6. 121. Vase du XIIIe siècle, de pro\ Cll ance inconnue, possédé par un villageois. Fanne: 0 1
107. Fonne: 01 fragment de panse. Pâte: argileuse. orange clair, homogène. Surf. int.: fond. Pâte: argileuse, orange foncé. avec inclusions blanches. Surf. int.: engobe blanc à travers
palmene incisée à travers une couche d'engobe rosé ; glaçur~ o range très brillante. Surf. ext.: lequel un petit oiseau, avec des goutte s partant du bec, est incisé; la glaçure a disparu. DSP=80.
traces d·engobe. EP=4.
108. Pl. 3. Fonne : 01 boret Pâte: argileuse, orange fonc é. hül11ogène, bien cuite. Surf. int.: YARHISAR (t32, nO 1). En contrebas de la fortification byzantine, céramique d' époques
à travers engobe blanchâtre, sur le bord, deux cercles concentriques inc isés et le départ d'une ligne romaine, byzantine du XlUe siècle et ottom ane, fin du xve- XVIe siècle.
venicale ; glaçure orange brillante. Surf. exl.: glaçure j aune-omnge. mouchetée de noir, appliquée Céramique byzalltine inciséf
sur engobe; l'engobe déborde la glaçure. DSUP=90. HT=23. 122. PI. 1. Fonne : 01 fragment de panse. Pâte: argileuse. rouge brique. Surf. int.: à lravers
109. Forme: 01 bord avec marli. Pâte: argileuse, orange. épurée. Surf. int.: bandeau constitué engobe crème, spirales entrelacées incisées; glaçure orange, très brillante. Surf. ext.: engobe et
par deux fois un cercle incisé, orné de deux fois deux lignes vcrticales délimitant des carrés . glaçure.
glaçure vert pré appliquée directement sur la pâte. effet kaki . Surf. ext.: glaçure verte. très mai Céramiqlle ottommle dUe de Milet
conservée, irisée. 123. Fonne : 0 1 fragment de panse. Pâte: argileuse, rosâtre. Surf. int.: sur engobe blanc.
Céramique byzmltine champlevée motifs peints en bleu et vert ; glaçure plombifère. incolore.
110. PI. 3. Fonne : 0 1fragment de panse. Pâle: argileuse. orange clair. fine, homogène. Surf. int: Céramiqfle ottomane peirue ill'ellgobe
à travers engobe beige, une sone de cyprès excisé; glaçure orange. Sun. ext.: trace d'engobe. EP=7. 124. PI. 1. Fonne : 0 1 bord. Pâte: argileuse, rouge brique, fine. Surf. inl.: cercles peints à
Céramique byz.antine à glaçure monochrome l'engobe; glaçure plombifère. incolore. Surf. exl.: glaçure sur le haUI du bord. DSUP=220.
Ill. PI. 3. Forme: 0 1 bord. Pâle: argileuse. rouge brique. homogène. fine. Surf. inl.: sur DNL=220. HT=29. HNL=21.
engobe blanchâtre. glaçure jaune pâle. sauf sur le haul du bord, où la glaçure eSl appliquée direc-
tement sur la pâte (très proche du tesson inscrit nO 32), Surf. ext.: glaçure appliquée directement YEN! OREN (p32. n' 1). À l'ONO de HaCiosman. ruines d'un village sur un ve.....l.
sur la pâle. effet orange. DSUP= 150. HT=29. Céramiqlle à glaçure oltomalle
112. Forme: 01 fragmenl de panse. Pâle: argileuse. gris clair. homogène. Surf. inl.: glaçure 125. PI. 2. Forme: 0 1 fond , tournage peu soigné, travail assez grossier. Pâte: argileuse,
kaki. brillanle. appliquée direclemenl sur la pâle. EP=3. orange avec cœur brun, cuisson irrégulière. Surf. iot.: engobe blanchâtre et glaçure ven émeraude
. 113. Fonne : 01 rragmenl de panse. Pâle: argileuse. orange vir. lrès peu épurée. grosses inclu- lrès irisée. mal conservée. DSP=87. DlP=90. HEP=8. EP=8.
sions blanches, aspect grossier. Surf. int.: glaçure transparente, effet orange foncé sur la pâte, EP=7.
Céramique à glaçure otlomalle YENIKOV (r31 . n' 6). Dans les champs entre Iznik el Çokin:a. près du rivage du lac. nous
114. PI. 3. Fonne : FI fragment de panse. Pâte: argileuse, orange clair, pas très homogène, avons trouvé. pour les périodes les plus anciennes. des anses de céramique commune et des
aspect grossier. Surf. int.: on devine à peine la présence d'engobe et de glaçure vert foncé. rragments de sigillée; pour la période byzantine. quelques fragments de panse engobés. à décor
Ensemble très mal conservé. Surf. eXI.: idem. DSUP=IIO. HT=26. illCisé sous une glaçure jaune pâle, vene ou orange, sans doute du XllfC siècle; pour l'époque
Céramique otton/eUie incisée ottomane, quelques tessons de céramique de Milet, fin xve-début XVIe siècle. et des fragments de
, 115. Fonne : 01 fragment de pan se. Pâte: argileuse, orange clair, épurée, homogène. Surf, faïence d'Iznik du XVIe siècle. Ce matériel, trop fragmentaire, n' est p..'\S catalogué.
int . a travers une couche d'engobe blanchâtre, spirales el lignes sgraffito ; glaçure à peine colorée

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.106 V~RONIQUE FRANçoiS LA CéRAMIQue BYZANTINE. ET anOMANE
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PI. 1 • Céramiques !rouvées à Kuleler (75,79), çaylf Buron (24, 25), Çoban Kale (42 à 44), PI. 2· Céramiques lrOuvées à Çiftekayalar (29 à 31, 33 à 35, 40, 41), Bilecik (16 à 19,2 1,23).
Karacakaya (58), Yarhisar (122. 124), Kite (69), Karadin (64), Motor Tepe (84) Bejiktaj (13), Yeni bren (125). Erecekler (48)
1 J08 V~RONIQUB PRANçolS
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STRUCTURES DE L'ESPACE
1l0&Qo::;lO

C 1 LE CADRE HISTORIQUE

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PL 3 - Céramiques trouvées à Apolyontkoy (7, 9 à Il), Fuglaclk (62, 63), Tophisar (96, 99, 101
à 103, 108, 110, Ill, 114), Hi sarclk (55), Keramet (68)
r r- I

L'ÉPOQUE BYZANTINE

par Jean-C laude CHEYNET*

La fondation d'une capital~ im p~ria l c à Co".stantinople ".e modifia pas immédiatement


la géographie politique de la BIthynIe. La ?rovm~e contenait déjà une capitale politique,
Nicomédie, depuis que DIOclétIen y a V'~lt eUlbh 1 une de ses résIdences pour surveiller la
frontière orientale. MaI~ cette Ville luI d~II~l le par de v.lOlents séismes, dont le plus impor.
t celui de 358, abatut la plupaJ1 ,!os hatlInents. Or, SImultanément, Constance Il donnait
:e'impulsion décisi~e au dé~elopp"lllenl de la ville de Const~tin. La continuité de la
lonté impériale avaIt tranche en".., le> deux nvales : la BtthYnle entraIt dans l'orbite de
~~nstantinople. qui s'imposait désurrrwis comme l'unique capitale de l'Empire d'Orient.
Les communications étaient b cîlcs ct rapides par voie maritime entre Constantinople
et Pylai ou Cyzique. La grande r(lul e terrestre vers Antioche passait par Nicomédie. Les
plaines fournissaient un ravilai)k ll\~ nl complémentaire pour la capitale lorsque ~~I' heureux
transport» apportant le blé égyptien venait à manquer ou se révélait insuffisant. Ainsi. en
545, Pierre Barsimès, comte des Largesses Sacrées, fit procéder à des achats obligatoires
de blé en Bithynie, en Thrace ct "" Phrygie l . La protection de la capitale impliquait le
contrôle de la Bithynie. On le vit hien lorsque Valentinien 1", à peine proclamé empereur en
365, fit face à la rébellion de l' usurpateur Procope, retranché dans les villes bithyniennes,
notamment dans le port de Cyzique, autour duquel se déroulèrent les combats décisifs.

1. L'époQUE PROTOBYZANTtN E (tV'-VI' StÈCLE)


.~
J. Paix et prospérité

Du IV' siècle jusqu' à la fin du Vt', alors que d'autres provinces furent perturbées,
voire dévastées par les invasions, l'existence des Bithyniens fut seulement troubléc par une
série de catastrophes naturelles. Les tremblements de terre frappèrent en effet à de nom-
breuses reprises. Nicomédie en fut la principale victime. Très durement aneinte le 24 août
358, elle fut encore ravagée le 2 décembre 363, alors que les ruines de la catastrophe
précédente n' avaient pas encore été relevées; ce séisme frappa également Nicée2. La terre
trembla à nouveau sous Théodose Il, qui reconstruisit plusieurs bâtiments3, sous Zénon"',
et enfin sous Justinien 1", en 554, pendant quarante jours'. Cyzique fut également affectée

• Université de Paris IV, UMR 7572.


. .1. JONES, LRE. p. 295. - Cela ne signifie pas qu'auparavant ces régions ne fournissaient
Jamal~ Constantinople en blé. mais la nouveauté résidait dans le caractère obligaloire de la vente,
ce qUI a peut·être perturbé le marché local et engendré pénurie et mécontentement. .
2. AMMIEN MARCELLIN, Histoire, tex te établi. lmduit et annoté par G. SABBAH. Pans. 1970.
XVII, 7 ; texte établi, traduit et annoté par 1. FONTAtNE, Paris, t996, XXII, 9 et 13.
1 l MALALAS, p. 283-284. Théodose Il rebâtit des bains publics, les arenes, des colonnades.
es éghses de la ville et le marlvrÎon de Saint.Anthime.
4. Ibidem, p. 385. .
5. PROCOPE, De aecl., V, 3, 7.

t rd
lEAN·CLAUDE CHEYNET L'~POQUE BYZANTINE
3/2 313

par des séismes. en 460 et en 543 6. Nicée. déjà touchée en 363. fut très grnvemen . . t de vue militaire, la province était bien protégée, quoique peu de troupes
en 368 7, On peut se demander si ces mentions de tremblemelllS de teITe, si fré \ atteinte Du p~I;S scholes semblent l'avoir lléfenduc10 . Les scholes constituaient une troupe
rapport aux époques postérieures. sont dues à une activité sismique intense 0 q~entes Par e~ ~eho~u VIC siècle. elles étaient cornpo~ées de sept ~orps dont deux stationnaient à
grande allention à ce phénomène. Cependant il est clair que les deux principa~ u~e plus d éht~~ntinople2l. Selon Théophane, les c',nq autres éta,ent réparties entre Nicomédie,
ln Bithynie, Cyzique ct Nicomédie. ne se nelevènent jamais de ces désastres' es villes de co~: Brousse, Cyzique, Kotymon et D~ryJcc22. Théophane donne StX noms de garnisons,
De plus. la Bithynie connut plusieurs événements climatiques excessifs' U ' Ki 'doute parce qu ' un~ des. schoJes etait répartie ,en tr~ KlOs et ~rousse. Les scholes
sécheresse fit périr hommes et animaux sous Gratien9 . Des pluies dilu~ienne ternble sa nsient installées en Blthyme d~ ,longue date pmsqu un scholaue est mentionné à
Théodose Il, en 444, enlratnèrent ,"effondrement de certaines f0l1eresses 1o Ones. s~us éla édie dès l'époque constantln,enne. cr. ~ lIes demeurèrent probablemenr. longtemps
extraordinairement abondantes sont également notées sous le règne de Léo~ Ittel~ plUies N,corn mêmes villes2J. Au début du V II" Slecle au plus tard, les empereurs installèrent
Enfin, bien qu 'aucune source ne le précise expressément, il est fort probabl . dan~ ce;nt des Goths, qu 'il faut sans do ute identifier aux Gothograeci établis dans la
population bithynienne a été atteinte par ln peste lorsque celle-ci fit son apparit" que la ~;i~~de Cyzique2'. Depuis Dioclétien. Nicomédie abritait une fabrique d'armes.
l'Empire, à partir de 5411542. ton dans
La Bithynie bénéficia de la politique de grands travaux de Justinien en Part' . 2. Le christiallisme en Bithynie
à Nicée et aux environs ; l'empereur ordonna également la constructi~n du /cUher
l2
pont sur le Sangarios. ameu> À la fin du me siècle et aU , déhu~ ~Ll l V~. d: ,nor:nbreux chrétiens connurent le martyre
La région que nous étudions appartenait pour l'essentiel à la Bithynie qui 1 . en Bithynie et notamment à ~ lco nlC.'d. lc. ou resulalcnt des .e~pereurs. lesquels tentèrent
du diocèse du Pont. Le territoire qui s'étendait à l'ou<<t du Ryndakos dépe re ~vau un ultime effort pour enrayer 1 expansIOn de la nouvelle rehglOn". Le paganisme ne céda
l 'HeIlespont. provmce
. - au d·IOCè se d' ASIe.
rattachee . Toutes deux étaient dirigé ndau de pas facilement, même après 325 : des 'cmOlgnages attestent sa résistance au début du '"
des gouverneurs de rang consulaire , Les justiciables contestant les décisions d e~ par
l3 siècle, puisque HYp'atios passmt tlne honne partte de son temps à détruire les idoles"'. À la
tribunaux devaient faire appel au préfet de Constantinople'". L'unité de base r:t eu~ même époque, l'Eglise de Constantinople acqUIt en Bithynie des biens importants:
cité, dont les institutions furent longtemps actives puisqu 'un pClrèr poléôs et des s al! ~ Olympias, riche propriétaire deve l1~,e diaconesse, fit don à Sainte-Sophie d' une grande
sont encore mentionnés au début du vue siècle à Nicomédie l 5. prO/DI partie de ses domames dans les provillees de Thrace, de Galatte, de Cappadoce Première et
. ~ res pn'I'ara J6 disposajt ?'importa.n~s biens ~onciersI1 . regiones, /racilis ou sailliS de Bithynie27 • Elle-même finit sa vie en exil à Nicomédie, en 408.
qUI ét~lent détachés du temtOlre d~s clte~. La Bithyn ie, comme la Cappadoce et la AUK yeux des chrétiens. la Bithynie était associée au premier concile œcuménique,
P~estme, figure au nombre des provtl1ces ou ce type de b,ens abondait paniculièremenl. celui de Nicée. Le choix de cette ville peur. s'expliquer par le dêveloppement du chris-
L angIne de ces posseSSIOns reste, ma! connue. San~ doute s'agit-il d'anciens domaines tianisme en Orient. Les évêques aumient pu choisir Nicomédie, mais ils évitèrent la
royaux, auxquels le~empereurs aJout~rent une pante de la funu ne immobilière confis- vieille capitale impériale, sans doute considérée comme trop liée aux derniers empereurs
q~ée aux. temples patens lS • Deux atelters monétaires sont attestés en Bithynie: ceux de persécuteurs. Bien qu'elle ent abrité le concile. la province ne fut pas épargnée par les
Nicomédie et de Cyzique. La frappe de l'or cessa vers 370. ceJle des monnaies de cuivre querelles christologiques : eJle devi nt un enjeu entre partisans et opposants du credo de
se poursu~vitjusqu 'à la réforme monétaire de 629'9. L'in vasion perse avait cependant Nicée. Sous Valens, les ariens chassèrent leurs adversaires de la cathêtlrale de Nicée,
rendu les emlsstOns mtermlttentes dès le début du VII' siècle. mais une intervention de saint Basile et un miracle la redonnèrent aux «onhodoxes»28.
Plus tard, les monophysites, fort actifs. constituèrent sous l'impulsion de Paul d'Antioche
un réseau de diaconies établies, entre autres, à Chalcédoine, Nicomédie, Cyzique, Prousias
6. Voir ici-même. BONDOUX. p. 387.
7. MALAl.As, p. 265 : Foss, Nienen, p. 10. et Héraclée d' Honoriade29 . r
8. Voir ici-même, BONDOUX, p. 388, 400.
9. GEORGES LE MOINE, p. 561.
1
10. MARCEUIN, p. 81.
Il. ÉVAGRE, U, § 14.
12. Voir ici·même. KRAVARI, texte n' 3, p. 67.69. 20. Une épitaphe découverte à Yalova témoigne de la présence pnssible dans le port de Pylai
. 13. JONES, LRE. n, p. 1457-1458. - Ces gouverneurs siégeaient sans doute respectivement à du second balldon des COllstalll;lIiaci au Vte siècle, Celte unité d'infanterie était rattachée. selon la
Nlcomé<he et à CyzIque. NOJh;a Digllilatum. au second magisJer miliJ/lm praesema/is. Les ConstanriniaC"Î ne sont pas une
14. Ibidem. p. 482. schola. Le bando" de celle unité comptait sans doute tcois cents hommes environ (C. ZUCKERMAN.
:~. Vie de Théodore de SykéôlI. l, § 15.9. . Le OWtEp!>v JlcXvoov KrouaTaVtlV'<XKWV dans une épitaphe de Pylai, Tychè. JO. 1995, p. 233·235).
l'E .' Rappelons que la res pnvata constituait un des plus importants organismes financiers de 21. À cette époque, faute d'activité militaire. les scholes furent temporairement un régiment
S mpu'C. ~ ~o"':te de la res prÏ\'ota administrait les biens du fisc. de la couronne et de "empereur. de parade.
J ur/~tte ILenstl~utl~n. ~f. R.. I?ELMAIRE. Les ÎlJsrituliolls du Bas-EmpÎJ'e romain de COIIstatJ1ÎII Il 22. TH~OPHANE, p. 236.
us m:ell. s mSIIIUflOllS .clvlle~ palatines, Paris, J995, p. 140-1;45. 23. Sur les scholes, voir la thèse inédite de C. ZUCKERl\tAN. Rec1lercl1es sur le s,mut social ,,~S
mémo~'I~~grande propnétépnvée est aussi attestée; cf. le Sylloxnire (p. 436 et 598), qui com- soft/ms SOIiS le Bas-Empire et () l'époque protobyzamÎlle. Université de Paris J. 1993. p. 161-170,
.. . d an YI!' de Tryphama, fille d'un membre de la classe sénatoriale (s)'nkli/ikos) Anastase, 24. Sur ces Goths. cf. en dernier lieu ZUCKERMAN. Gorbio.
ongmaue e c yZlque. . 25. Le Syna:wire. qui commémore de nombreux saints exécutés, témoigne des persécutions.
18. JONES, LRE, p. 713. 26. Vied'HYPa/ios, éd. et trad. G. J. M. BAR1'ELlNK, Sources chrétiennes 177. Paris. 1971. p. 200.
and ;11~j p. ~~N - M. MAYS, Catalogue of LaIe Roman Coins ill Ihe Dumba,.foll Oaks Collee/if»1 2?, Jean Chrysostome, uures à Olympias. Vie olloflyme d'Olympias. int., texle critique.
Wa h" te t'lf~~lOre Collec/io". From Arcadius and HOl/orius /0 the Accessio1l of Anastasius, traduction et notes par A, M. M ALlNGREY, Sources chrétiennes 13bu.. Paris. 1968. p, 4l6.
aus:i ~~t~nHEt.mY' p. 6~ (~~elier de CY7.~q ue), p. 64 (Nicomédie). Pour les dates de frappe. voir
28. ZONARAS p. 76·77. .
· 12' ,p.
SludleJ /If the BrUIII/me MOlleWT1.' Ecol1oml' C' 300-/450 Londres-New York.
29, JEAN D'EpHÈSE. Vie des s,ünts orientaux. Vie de Paul d'Antioche par J~an d'Ephèse.
, bl eaunl.l
1985 ,a 418,' '/." Palrologie Orielilale, 18, 1924, p. 671.676.

""",
lfiAN-CLAUOI3 CIŒYNET
+' L'tPOQUE BYZANTINE
315
.114 1
Les évêques de Nicée s'efforcèrent de capitaliser la place glorieuse de leur 'II t dispersés3', Finalement, le 15 aoOt 718, le. Arabes levèrent le siège de
mont soph Ôn, e
dans l'établissement de l'orthodoxie, en obtenant que la hiér:m:hie de l'Église tînt CO~I ~
de ce rôle. Nicée fut d'nbo~ élevée au rang de ~lét~opole clv~le par.Val~ntinien 1er, rn~is conSL~nti~Op~~ Maslamah ne libéra pas la Bithynie des incursions arabes. La province
n'obùnt pas la même promotion sur le, plan ecclésl3su~ue. ce ,qU,1 CO~S111uatt une anOmalie30 L éc ec ortée aux moments où l'Empire était faible, Nicée fut encore assiégée en
La question ne fut réglée qu'au concile de Chalcédome, qUi Vit Nicée devenir une métro: resta il '~~~~ armées arabes: l'une, commandée par Am~r, comprenait 15 000 soldats et
pole avec trois évêchés suffragants; le nombre des métropoles couvrant la Bithy . 121 par aut direct, l'autre, sous les ordres de Moawlya, à la tête, dU-on, de 85 ()()()
5 'élevait désormais il quatre: Chalcédoillc (sans s~ffraganl): Nicomédie, Nicée, et CYZiq~~~ mena un aSStenant en réserve. pilla l'arrièn>pays. Les murs furent partiellement détruits.
L'encadrement était complété par deux archeveché~ : Kios et Apamée, Nicée étendit hom~~~i:~ait l'église des Saints-Pères, mais la ville ne fut pas prise, Les Arabes repar-
ullérieurement. probablement sous Justinien. sa JUridiction sur troiS autres évêchés, puis I~ oÙ c des prisonniers et du butIT1 Jf,.
sur trois autres au IXC siècle. urent~:un el Rashid, ch,argé, en 781, de mener l'~.pédition an~uelle contre les Byzantins,
Les premiers moines s'installèrent dans la banlieue asiatique de Constantinople dès , de Magida (Nlgde), batllt le comte de 1 OpSlklOn, Nlcétas, rejolgmt le dames,
le ve siècle sur le 1110nt Skopa qui pnt le not~ de Samt-Auxen.ce et, ne cessa plus d'être s. emPdara scholes, qui s'était replié il Nicomédie, et parvint au rivage de la Marmara. Ce
habité jusqu'à l'occupation turque, Sous Justm Il, Narsès, cublculalTe et protospathaire, uque es . b" ,
raid lui pennit de ramener un Im~ort~nl. u.t~n, qUi cOll~prenall un nombr~ux bétail37. En
construisit près de Pythia le couvent de Kath~ra. qUi com~renaJt un xénodocheion, pOur 8. Tabari mentionne u~e ~ffenslv~ Jusqu,a Chalcé~ome : ~ cette occasion. les Arabes,
y accueillir des moines novaliens, donc héréttques, chasses de Cappadoce31 • 79 d 'ts par Abd el Mahk Ibn Sal lh, lancerent plUSieurs raids de cavalerie légère, Un
con UIhernent s'empara de la se Il e 'Imperia
dé .' 1 é' . .
caux cunes de Malagma. et un autre Infligea
U, LA BmtYNIE DANS LA GUERRE (VI!' SIÈCLE - PREMIÈRE MOITIÉ DU IX' SIÈCLE) un~~éfaite au patrice et co~te d~ I ·Ops~kion . .paul: 8: Ensuile, la menace ru:a~ diminua.
o ote encore quelques raids qlll toucherent 1 Opslklon. Avant 869, le paultclen Chryso-
J. Défendre Constalltinople c~i~ aurait atteint, p~r ~ne in,cursjol1 '~lIdacieuse. Nicée et Nicomédie39 . En 860. Amr de
Mélitène mena un raid Jusqu à Malag.ula-tO.
La Bithynie, à la différence de la Thrace, avait quasi échappé aux invasions, Cette La Bithynie ne fut pas seulement ravagée par les ennemis de l'Empire, mais aussi
situation prit brutalement fin lors de l'attaque d'ulle année perse so.us le commandement 10'" de plusieurs guerres civiles, d'autant plus âpres qu'elles avaientpour enjeu le trône
de Shaïn qui, pénétrant profondément en ASie Mmeure, nnt aSSiéger Chalcédoine en impérial. L'Opsikion se révolta contre Phlh?plkos Bardanès en 713 pUIS contre Anastase Il
614-61532, Sous les ordres de Sharbaraz,les Perses avancèren, il nouveau jusqu'aux rives en 715, Finalement, en mars 717, k stratege des Anatohques, Léon, eut le dernier mot
de la Propontide en 626, pour assiéger vainement ConsLantinople. et marcha vers la capitale en passant par Nicomédie4l. En 719. un complot auquel prit
La relève des Perses, finalement vaincus, fut prise par le, Arabes, qui ne mirent que part Isôès, comte de l'Opsikion, fUI étouffé par Léon Ill, qui pour plus de sûreté plaça
quelques décennies pour se présent~r devant la capitale. La Bithynie, lors des ~eux sOn gendre, Artavasde, à la tête du thème.
principales offensives, en 674-678 pUiS en 717-718, leur servll de base amère, Cyzique, En 742, le même Artavasde crut opportun de renverser l'héritier du trône, son jeune
port qui parmt à celte date le plus important au sud de la Propontide, constitua l'un des beau,frere Constantin V, Il ouvrit les hostilités en dispersant l'armée réunie par le jeune
enjeux majeurs de leurs attaques conU'e la capllale. La flotte arabe, commandée par empereur alors que celui-ci traversait l'Opsikion, favorable à Artavasde. La guerre civile
Fadallah bin Ubayad, occupa Cyzique en 670, et durant sep' ans 33 , avec le soutien de qui s'ensuivit eut partiellement pour cadre l'Opsikion, À Sardes, Constantin V fut victo-
renforts, s'efforça d'instaurer le blocus de Constantinople: mais la flotte byzantine, rieux d'Artavasde, qui se réfugia à Cyzique, d'où il rejoignit Constantinople. Le fils
équipée d' une nouvelle arme, le feu grégeois, et parvenue près de la base arabe, d'Artavasde, Nicétas, d'abord vaincu à Modrina, fut de nouveau battu l'année suivante
l'emporta sur ses adversaires - tandis que, par voie de terre, une armée prenait à reve", à Nicomédie, où il fut capturé, Artavasde, obligé de quitter la capitale, retourna à Nicée
les ennemis et les contraignait au repli, En 717, Léon Ill, à peine monté sur le trône, où les renforts espérés ne se manifestèrent pas, gagna la forteresse de Pouzanè et fut à
organisa d'urgence la défense de Constantinople face aux nombreuses troupes arabes son lour emprisonné42.
conduites par Maslamah, qui s'établirent en Thrace, Deux flottes arabes de renfort, En 803, Bardanès le Turc, incapable de prendre Chrysopolis et revenu à Malagina,
venant d'Égypte et d'Afrique, mouillèrent en Bithynie, la première à Kalos Agros, la renonça à poursuivre son action contre Nicéphore 1", En 808, un autre rebelle, Arsahér,
seconde à Satyros, à Bryas et jusqu'à Kartalimèn34, à une dislance de la capitale suppo~ée surpris à comploter, fut tonsuré et exilé en Bithynie43 , Lors d'une révolte d'une tout autre
suffisante pour les protéger du feu grégeois, Cet espoir fUI déçu, car les Byzantms ampleur, celle de Thomas le Slave contre Michel Il, le soutien de l'Opsikion à l'empereur
surprirent l'ennemi et détruisirent les navires. Maslamah, pressé par la disette qui régnait
dans son camp, envoya des troupes fourrager depuis Pylai jusqu'à Nicomédie, Ses
35. Ibidem.
hommes furent attaqués par les troupes impériales embusquées du côté du Libos et du 36. ID" p, 405-406 (a.m, 6208),
37. The History of (l/ Tabari. vol. XXiX. AI MCln$lir and al Mahdi, trad. et noces par
H, KENNEDY, Albany, 1990, p, 220,221, Haroun aumit ramené 5643 prisonniers et aumit massacré
30, ÉVAGRE, Il, § 18. 100 000 têtes de bétail.
31. THÉOPHANE, p, 244 (a,m, 6063); JEAN D'ÉPHEsE, Vies des saints orientaux, éd. et tnld, , 38. T~ÉOPHANE, p. 473. Foss. Ma/agino. p. 161 ; R.-J. LIllE. Die bYl,!",j,ûS~"t Reaklion mif
E. W, BROOKS, Pa/rologie Orientale, 17, fasc. 1, 1923, p, 34 et 82, " . die A/Isbrelllmg der Araber, Munich, 1976, p, 117,178 (l'auteur date le raid de l année 7991,
32. Sur cette offensive, voir en dernier lieu B. FLUSIN, Saint AnosUlse le Perse et III/stolft 39. Pour la datation, cf. P. LEMERLE. L'histoire des Pauliciens d'Asie Mmeure d après les
de la Palestine au débltl du "II'" siècle, II. Paris, 1992. p. 88. . ~t SOurces grecques, TM , 5, 1973, p, 1D3.
33. La durée de l'occupation arabe a fait J'objet de discussions, au Lenne desq~e1les JI apparru, 40, Foss, Mlflaxilla, p. 162.
que le nombre de sepl ans donné. par les sources byzantines el arabes serait li retenu (ZUCKERMAN. 41. TI/EOP""NE, p. 390,
GOIllia, p. 238 et n. 10), 42, NICÉPHORE, p. 134-136 : TIH~OI'II,\NE, p, 420,
34. NICÉPHORE, p, 122 : THÉOPHANE, p, 397, 43, THÉOPHANE, p. 483,
- JEAN-CLAUDE CHBVNET

se révéla décisif. Lors de ces dernières révolles, la Bithynie fut presque totale
L'éPOQue BYZANTINE 317

épargnée par les combats. ment


Pendant plus de deux siècles, I.a Bithynie vit donc passer de nombreuses
mais il ..,t difficile de dresser un bilan de ces désordres. Plus.eurs épiSOdes 1année"
attaques perses les deux longs sièges de Constantinople, celui de Nicée peut' "te., deux
la guerre civile' entre Constantin V et Artavasde, On( pu causer de grav~s de~~re ~ussi
mais Ie.~ autres opérations se limitèrent à des raids provoquant des dommages rap'dctlons,
effacés. car les soldats empruntaient la principale route militaire et épargnaient \ ernent
du territoire. Au total. la majeure p~rtie de la Bi~hynie échappa .a,ux incursions enn:: te
sauf à ~elles qui ~isèrent Consta~tIIlOple ~u NICé~ .. Les condltlO,ns d'une amélioraties,
de la SItuation étalent donc réuOles à partIr du m.heu du VII" SIècle. De fait e 7~n
l'impératrice Irène, incapable de s'assurer le concours de la population et de;: 7,
constantinopolitaines, jugea Nicée suffisamment sn ... pour y réunir le concile qu?rs
blit une première fois le culte des images. • r ta-
Ce redressement militaire fut le fruit d'une vaste réorganisation des armée E
effet, lorsque l'année héritée de Dioclétien et Constantin eut fait la preuve d:' n
incapacité à repousser les Arabes, et lorsque la perte de riches territoires ne penn;t ~on
de financer de manière traditionnelle les contingents de mercenaires, les emperP us
réf~nnèrent le système de ~éfense ~n créant les années thématiques. La Bithynie fut ~~~
entière compnse dans le theme de 1 OpSlkion .... Le nom de ce thème vient, comme cel .
des a~tres thèmes: du corps de troupe ~ui y fut installé, l' ohseqllillm, c'est-à-dire la gar::
.mpénale, les me.lleures troupes de 1 Emp.re45 • Celte pm1.c ulanté explique pourquoi le
thème ne relevait pas d'un stratège, mais d'un comte. Ce militaire de rang très élevé
assumait la défense de la capitale: au moins deux de s pre miers titulaires de ce poste
Théodore, présent au concile de Constantinople e n 680 . et Barasbakourios46, so~
Justinien li, cumulaient celte charge avec celle de stratège de Thrace. Celte force redou-
table à proximité de la capitale représentait un réel dan ger pour l'empereur, comme en fonction défensiveso ; elle était destin ée à préparer les expéditions contre les Arabes.
témoigne la participation du thème à plusieurs rébellions. Une fois passé le gros de la L'existence d'un tel camp, où se conce ntraient les lagmala et l'équipage impérial,
menace arabe et tirée, par Constantin V, la leçon de la ré \' olte d'Artavasde, l'Opsikion suppose une importante capacité de stockage pour le ravitaillement et la possibilité de
fut partagé en trois, le thème qui conserva ce nom étant diminué des territoires attribués réunir des moyens de transports, service fourni par les muletiers des Optimales tout
aux nouveaux thèmes des Optimates et des Bucellaires". Les optimales, régiment jugé proches. De plus, le camp contenait des haras impériaux qui abritaient en pennanence
trop proche de Constantinople en cas de troubles, furent dé sarmés et fournirent les mule- une partie des chevaux sous la responsabilité d'un chartulaire, secondé par des saphramen-
tiers de l'année impériale. Mais la province ne fut pas dé militarisée, car les scholes, larii et quatre comtes. Ces écuries de <d 'extérieur» s'opposaient à celles de «l'intérieUr»,
redevenues une unité d'élite au plus tard sous Constantin V. y étaient toujours stationnées. c'est-à-dire de Constantinople'!. Chaque optimate qui apportait un animal de bât était
La défense reposait sur les places fortifiées, au premier rang desquelles, une fois de enregistré par son nom et son village52 .
plus, Nicée. À plusieurs reprises une partie de la muraille s'écroula, lors du siège de 727 Le système défensif était complété par un dispositif de tours à feux destiné à
on l'a vu, puis lors d'un violent tremblement de terre qui , en 740, jeta bas toutes les églises prévenir des attaques arabes, système dont les derniers éléments étaient en Bithynie:
sauf une, ce qui laisse supposer que les murailles subirent aussi des dégâts". Des restau- l'Olympe, Kyrizos sur l' Arganthonios (près de Kios), Mouk.ilos près de Pylai, el enfin le
rations sont attestées par des inscriptions, sous Léon !II et sous Michel III. La forteresse mont Saint-Auxence53.
de Cyzique paraît avoir joué un rôle similaire pour la défense des côtes de la province.
En 77Sn79, le futur chroniqueur Théophane, alors jeune slralôr impérial, fut chargé par
Léon IV de reconstruire le kastron 49 . La forteresse de Malagina n'avait pas la même
50, Sur cette forteresse, voir ici-même GIROS, p. 219-220. . '
51. O'KONOMtDËS, Lisles, p. 339. _ Constantin Porphyrogénète nous a lrussé un réc.t du
44. La ~ate d~ la création du thème n'est pas connue avec certitude. Certains ont voulu, à tort p~sage de l'empereur en As.ie Mineure lors d'une campagne: (tLorsque l'empe~ur ord~nne
me sem~Je+ll. VOir dans un comte de )' opsarioll mentionné lors du siège de Contantinople en 626. ~ effectuer la traversée par Pylai, il ordonne au comte de la table de transférer le u:am. De m~me.
le prer:llJer des, com.te~ connus; mais ce fonctionnaire était sans doute chargé du ravitaillement de Il,comm~nde au domestique des Optimates d'être présent à Pylai avec tous les opum~tes à rrus~~
la capitale, qUI allait etre attaquée. La première mention sare date de 680. d un optlmate par animal de bât; il envoie en avant deux impériaux. l'un à Pylal pour, qu Il
~: ~~~~N, Praelorialls, p. 142-150. transfère les troupes, puis pour qu'il gagne Leucate conduisant les navires jusqu'à ce. port. 1 auy',:
à ~angaros et Saint-Sabin. Il envoie en avant les impériaux el tout le monde à Pylal pour qu Ils
47. Ibidem. p. 205-227. pUIssent s'avancer vers lui. .. )) (Thret' Tr/?{lfÎSes, p. 114),
48. THÉOPHANE, p. 412 : Chrolliques brèl'es, I, 1/15: ZoNARAS. p. 263-264. . 52. Ibidem , p. 116.
49. Vie de Théophane par Méthode, p. 10-11. Théophane assuma les frais de la reconstruction. 53. Ibidem, p. 132-134.
1

____________________ ~.t~ ______________________ 1


~
JEAN·CLA\JDH CHRYNBT L'epOQUB HYZANTINI.! 319
.118

Une bonne défens~ suppos~ d~ hon~mes nssez nombreux po~r gamir les forte , ., La métropole de Nicomédie s'accrut ver. le nord de J'évêché de Daph·
lorsqu'on en mnnquRlt. on fmsmt vemr de nuuvelles populnhons~4. Justinien re.~scs. d'e,,~ansl?n ~i est peut~être à mettre en rapport avec "installation de nombreux Slaves
responsable de deux grands déplacements, Tom d'abord, ~II populmion de Chy re Il fut
no usw , fmt q .
son archevêque, fut installée en 688 dans la régIon de CyZIque, maIs peu de te p ,avec dans ceue rég~;;ciaires des VIIC-VlIle siècles étaient plus que de simples fonctionnaires
les Chypriotes regagnèrent leur île , Puis J'empereur, qui mena une campagne v~ps ~Près leS corn 'd' 1 " éé . É
és de lever des taxes: .lls enca nl1en~ cs ~lCllVII s con.omlque~ d~ l' tat,h"> 1.ls sonl
contre les SI.ves en 688·689, établit un grand nombre de prisonniers en BÎlh~ctoneUsc chars les sceaux qu Ils ont frappés. Les nouvelles clrconscnptlOns militaires ne
les enrôler contre les Arabes, Le choix de ln région de Cyzique Inisse pense~,e POUr connus par'mmédiatement adoptées par les autres administrations. C' est ainsi que les
te~toirc av~it été r3\'3gé. par les Ara~Jes. lorsque. ~uclques an.n~es nuparavant~Ut Ce furent pa~n:res restèrent longtemps fidèle s aux vieilles provinces: la Bithynie est normn-
avalcnt établi leur busc amère pour aSSiéger COnSl3ntlllople. JUsllIllcn II put lev 18 y comntercl ociée aux Phrygies Salutaire cl Pacaticnne ; la province de Thynie est. selon
les chroniqueurs, 30 000 hommes parmi les Slaves, cc qui est à coup sOr exagé~ sel~n leme. nt assspecimen conserv é ,Jointe
" a' 1<1 VI'11 C d cCh
ac 1 éd'
olne. L'O pSI'k'Ion sert ensuite de
suggère que la population lrnnsféréc était nombreuse. Trahi par ses nouveaux sold t mal~ l'unique. comme l'atteste en 745-746 le sceau des kommerkia de l'Opsikion. À I~ même
désertèrent en masse le champ de bataille de Sébastopolis, "empereur vendit a s, qUI référencecies apothèques étaient étahlie, il Pyla;' Sangaros, Nicéc. Nicomédie présente
esclaves les sun.'ivants élablis à Leucale:i5. Ils furenl répartis dans plusieurs pr~O~lme époque,
une originalité. dans .Ia mesure ou'1 c sl:~au dc.Sc~ge,. qUI'da~e d u. Ville sl~cle.
'
ne comporte
d'Asie Mineure, dont la Bithynie:ifi, où leurs descendants. encore attestés au XC V,I~Cts as la référence habItuelle ilune ~pothcqucprov,"clalc (Buhynoe). maIS à la seule ville,
constituaient une unité particulière de cavaliers.57, En 763. Constantin V auraitS~tCb~: bn n'ose en conclure que Nlcornedlc consllt~l ~ 1t le centre ~e plus actif de la région. Des
208000 SI.ves le long de la rivière Artanas, au nord de la province", Ces ap a 1 xé"odoc/lOi sont attestés d~s la ~~c{)ndc , r~OItlé du Ville slècleM • mais leur importance
ont renforcé une ~pulation qu'une no",:elle é~idémie de peSle, celle de 747-74Ko~i~: 'apparaît pleinement qu aux sll:ck s~1I1Vant s . La pr~sence de ce réseau dense de
allestée à ConSlantonople"', poUmolt avoor affaobloe SOllS Constant on V, En toUl ca 1 ~ommerciaires n'implique pas en e lk. m:l~e l~ne expan~lOn économique, mais souligne
iles contribuèrent alors à repeupler la capitale. s, es l'apport de la province aux ressour:", lie l' Empire, Le poIds de celte province est confirmé
ar le nombre des fonctIOnnaires IlIlarKll.'rs : des dloecètes sont attestés pour la Bithynie,
2. Un relOltr précoce de l'expansion ra Thynie, la région du Ryndakos. C yzique, Nicomédie et pour les Goth,?graikoi.
D'autres indices de prospérott apparaISse nt au début du tX' siècle. A celle époque,
~uelques indices.suggèrent que les effets de la crise se sont allé nués précocement la foire de Nicomédie semble anim':e"'. Dans la même ville, Théophylacte, disciple de
en Buhynoe, Avant meme la fin des raIds arabes et celle du premIer iconoclasme le Tamise, construisit de nombreux hàtil1lcnts et fonda l'église Saint-Côme-et-Damien. à
fondations de monastères furent nombreuses. et elles se multiplièrent après le pre~ie: laquelle furent adjoints des établi ss\! lllcnts de bienfaisance où exerçaient des médecins66.
rétabhssement des m~age~. Le presllge du monachI sme nlthymen, illustré par Platon, N, Oikonomidès s'est interrogé ,ur Je ùegré de monétarisation de l'économie byzantine
1!téodore Stoudtre. '?anmklOs. ~t de cette prov1I1ce ~n l'I.! ntre d'attraction religieux, médiévale et a conclu que, dès la fin ÙU Vllt' siècle, la monnaie jouait un rôle plus impor-
nval. en quelque mamère, du pamarcal. Certaons monastercs. comme celui de Théophane tant qu'on ne le pensait dans les transactions ordinaires. Pour le Ville siècle. une des
le Confesseur, furent fondés sur des biens patrimoniau",. Plusieurs de ces monastères références qu'il donne se rapporte il la Bithynie.7 .
accue~IIirenl de nom,breux moines et furent suffisamment dotés pour survivre longtemps, Les empereurs venaient séjoumer aux eaux de Pythia, reprenant la tradition de
ce qUI les dIfférenCIe de la majeure partie des fondations byzantines, Dès la seconde Théodora, épouse de Justinien 6s. La Bithynie compte de grandes propriétés, ceUes de
moitié du VIII' siècle, l'Olympe de Bithynie s'imposa comme le seul ensemble monastique notables locaux, telle la dame de rang sénatorial établie à Nicée vers 820-83Q69, et surtout
d'importance dans J'Empire. , celles de riches familles de la capitale , La famille de Théophane possédait plusieurs
'
, La métropole de Nicée se développa et trois nouveaux évêchés suffragants appa. propriétés dans la région de Cyzique: le monastère de Polichnion sur le mont Sigrianè,
ralSsent dans des Iostes qu'on peut dater du IX' siècle: Noumérika, Taion ou Tatlaïon, un bien dans l'île de Kalônymos. le domaine de Mégas Agros70• Celle de Platon et de son
et Maximianai ; ils sont situés à l'est de la métropole, ce qui révèle peut-être une zone neveu, Théodore Stoudite, était aussi dotée en Bithynie. Ils fondèrent sur leur propriété
le monastère de Sakkoudion et possédaient en outre le domaine de Boskytion7l , Serge

54. Sur les transferts de population, voir en dernier lieu la mise au point de DIlTEN, Ethnische
\'t-rschi~bung~n. 62, No/i/ia., p, 32 et 44,
55. Sur l'origine de ces Slaves elles conditions de leur installation dans l'Opsikion, cf. ibidem, . 63. Sur leur rôle, cf. OIKONOr..IIDËS. SUk Trade. - Pour les références aux sceaux que nous
p. 216·234. Sur lavenle des Slaves de Bithynie, cf. OIKONOMIDEs, Silk Trade, p, 51·53. citons. voir ci-dessous l'appendice prosopographique.
56. En témOignent plUSieurs sceaux se rapportant à des dépôts provinciaux de ventes de 64. Une inscription mentionne un .linac/ocbos de Pylai il l'époque de J'empereur
Slaves com~e esc.la\'es (cf. ibidem). Le plomb au nom de Georges, apo hypatôIJ, (responsable) d~ Conslantin VI et de sa mère Irène (CORSTEN. Apameia, nO101. p. 108.); surces.tinod(}("heiu, voir
Slaves de BIthynie (ZAcos - VEGLERY, n' 186) dément J'affirmalion de Théophane, selon qUI plus bas, p. 323,
Justinien auraÎt ~ait ~.rir tous les Slaves sous le coup de la colère. 65. Voir ici·même GÉROLYMATOU, p, 487 (emporia),
57. De Cerm.OIll.S, p. 662 (sous Léon VI), p, 666 (en 949). _ Leur contingent, 220 hommes, . ~. Vie de Tlzéopbylacle. AB. 50. 1932, p. 75. - Les bénéficiaires des distributions mensuelle.'i
fut embarqué pour la Crète. Cette.unité spécifique est le signe que les Slaves n'étaient pas encore étalent mscrits sur un registre où étaient nolés leur nom, leur origine familiale. leur \'iIIe d'origine
fondus dans le reste. d~ la population el plaide pour l'importance originelle de la colonie. et Jeur apparence. Cette institution fut conservée par les successeurs de Théoehylact~. .
58. NICÉPIIORE, § 75, p. 149: cf. DITIEN, E/llllisclle Versclrieb'/Ilgell, p. 236-237. p, 67., N. O',KONOMIDÈS, LE 1tOlÔ ~6!Jô ~tCt\' EI\"XPI1~a.t\aJlÉvllll J.lEao~\JÇavtlvll OlKovoJ.I1a,
59. On troUVt: quelqu~s ~oms slaves ou bulgares en Bithynie: lôannikios Boïlas, donl le père o8QJV10'. TIJ.ll1 O"rov M. 1. Ma~'olJcraf\a. éd. Chry!:Sil MALTEZOU. Réthymno, 1994. p. 363·370.
porte le nom sla\:c: de My~tzlkos (ibidem, p. 255). . 68. Voir ici-même MALAMUT. p. 482 .
~. ~ patnarchc: Nicéphore (* 67. p. 138) évoque les du)rai autour de ConstantlOople 69. Vte de Piem! d·Atrôa. p. 169-171 .
70. JA~'N. Gral/ds n'lI1n's. p. 195-196. . .
lUuchecs par J;J peSle . On suppost:ra qu ' il s'agil de la Thmcc ct de la Bithynie.
61 . Sur It's IIIUllai tè-n: s de Bithynie. voir ici -même Al IZt:Py, p.4 ~ 1~458 . 71. Il}/dl'w. p. 177-178. Voir KR . \\',\RI. text~ 0" h. p. T~ - 7J (Ht' C dt' Thelle/VTt' Sr"lItI,,(·).
JEAN·ctAUOIl CIIEYNb'T
320 L'éPOQue BYZANTINE 321
Nikêliatès, maglstre, édifia I~ mo~n~tère qui porte son nom Sur le golfe de N'
866 lorsque le comte de 1Opslklon, Pèganês, se rebella COntre Basil [" .'cOlltédl ~ . ative pour devancer Alexis Comnè~e à Constantinoplex1 . C'est sans doute
En . .' de la province qu'il commandait, brOlalll les Propriétés de Coe , rav. '. une ~alne te~.tl fit frapper les quelques m~nnales82 ou ~ceaux. connus à son nom.
tem 10111" qu'l'l voul.it incIter il chasser Basile 'J . Pèganès s'empara de nns lan à N.lcée quo 1troduisit dans la ville ~ne garnison turque qUI constitua le noyau du futur
,"n uens' d d ' . olnb Méhssènos ~~ kide Soliman . Par mlleurs, les Russes, après leur attaque manquée sur
1 au mouillage, du type, nous It-on, e ceux qUI navIguaient iusq 'il
~,~~phcation des eml'oria, Kalos Ag,?s, Dorkôn:4 , est confirmée par d'~u État du Sel ~0~4l se vengèrent en débarquant sur les côtes de la Propontide". qu'ils
En conclusion. bien que nous ne dls~slons d aucune Information q la capitale~:s u'a'u retour du domestique des ~~holes. Jean Kour~ouas.... .. .
sieurs indices, développement du monacl~lsme, a.ugment3tlOn du nomb ravagè,r~n~~ki~n avait progressivement c~~sé d et~e une g~ande régIOn .~lhtalre, me~e SI
signes d'activité économique. ?onnent une nnpresslOn de dynamisme à p L P h rabes qui utilisent des informations périmées, du milieu du IXC Siècle.
les géograp e~:rs des'effectifs nombreux (6000 hommes). Au Xl' siècle, le conlingent de
S"I en est ainsi le synchrolllsme avec la capllale serail remarquable .
~ suivi
~ir du règne d~ Théophile que la construclion d'édifices civils repren'lp~~;~! c'est i lui accordent l'évolution générale de toutes les troupes thématiques et constituait
ce thème a~.. ation permanenle qui combattail parfois loin de ses bases"". La Bilhynie
à Constantinople. g' lllent un 'a,gma. °;00 de concentration des troupes, car Malagina était encore le premier
res lall une r la roule de l'Orient". C'est en Bithynie que Romain IV Diogène prépara
aplèk~o~1 SU~ampagne de 1071 contre les Turcs el c'est près de Nicée, au monastère
III. LA BITHYNIE ENTRE DEUX INVASIONS (SECONDE MOITIÉ DU IX' S. - FIN DU XI' s.) son u ume uc son général favori, Manuel Comnène, mourut d'une otalgie86.
d'AlypoS, q
J. Loill de la frolltière
2. La banlieue de Constantillople
De la fin du tX' siclele à la fin du Xt', la Bithynie connut une longue période de . Une fois la sOrcté revenue, les e l~lpe reurs macédonie~s multiplièrent les séj?urs ~n
1 troublée seuleme~t pa; q~elques événe~ents ponctuels. quoique la situation seP'U. Bithynie. Léon VI s'étant faÎt c~n s.lrutre un second dromon pour s~ rendre en Blthyme,
aggravée avant meme [ arnvée des Thrcs. A troIS reposes, I~ son d'usurpateurs, ""t posera que ses traversées etaient assez fréquentes 87 . ConstantIn VII, avant sa mort,
depuis l'Anatolte vers Constantinople, se Joua autour de NIcée. En 978 Bard ~bant ono~t~ de l'air pur de la province" . Constanlin V[[[ résidait dans la région de Nicée
fut relenu devant les murailles de Nicée défendues par Manuel Comnène-É~ik èros
989, les armées de Bardas Phocas parurent devant ~hr)'sopolis avant de se faire o~ E.J
r q1u'il fut rappelé par son frère. Basile Il, qui pressentait sa mon prochaine".
ors La bonne sociélé de la capita"'. qui , rappelons-le, avait pu fonder sur ses biens les
par les troupes de Bastie lI. En 1057, les troupes d 'Occldent et celles d'Orient : monastères de Bithynie, continua d 'y ~o$Séder des domai~es. Les!éférences se multi-
fidèles à Michel V[, se réunirent à Nicomédie, puis firem marche vers le mont'sres:.oo plient. Eudocie Balanè; qui épousa Leon VI, élatt onglllalfe de 1 OpSlkion90 • Sous. le
7s
pour allaquer [saac Comnène . Ce dernier, accueilli il Nicée, y déposa ses baga OP
même empereur, un meglstallos, c t'st-à· dire un anstocrate ~u plus haut rang, ongl.naue
son trésor. Près de cell~ ville, à Adès,.lors d'~ne ~alaille sanglante, il vainquit les fo%:: de la capilale, Galoeiktès, établit UII monaslère sur le SangarlOs91 . Au début du x' SIècle,
de so~ advers31re ; pUIS li ga~na Nlco~édle, ou " reçut l'ambassade de Michel VI Samônas, favori de Léon VI, délenail le monastère de Ta Speira à Damatrys92. Les
condune par Psellos'·, avant d entrer, tnomphant. quelques semaines plus tard dan 1 Maléïnoi, une des plus puissanles familles de l'Empire, P?ssédaient d'immenses biens
capitale. Ces épisodes n'ont dû que peu affecter la vie de la province. Vers 1073, Rou~: depuis le Sangarios jusqu'à Ancyre el on peut suggérer qU'lis ont commencé leur ascen-
de B31l1eul se rebella et, venant de Galatie, assujétit les villes du Sangarios71. Il s'établil sion politique et sociale à partir d'une assise foncière située en Bith~nie93. Nic~e fut
dans la fo~eresse de Métabolè, s'associant au césar Jean Doukas. Dans la région du sOrement la patrie d'origine des Nikaeus, qui fournirent des fonctIonnaIres au XI' SIècle.
mO~1 Sophon, li re~contr.a le T~rc Anouch et fut vaincu par la supériorité numérique Le patrice el sébastophore Romain habilait l' Atrôa où, en décembre 975, il reçut l'empereur
de 1 enn~nu. FaIt pnsonmer, pUIS rachelé par son épouse qui était restée à Métabolè, il
poursulvn ses aventur~s dans le thème des Arméniaques78. À la fin de 1077, Nicéphore
Bryenne, qUI songe3lt a prendre la place de Michel Vil et tenait la Thrace voulut encer. 8\. Ibidem, p. 30\. .
cler la capitale et e~voya son frère, Jean, occuper Cyzique; mais ce dernier se fit baltre 82. Cf. P. GRIERSON, Catalogue of Ihe ByzantÎlle Coins in Ihe DUlllbarlon OaJcs Col/eenon
and illlile Wllitlemore Colleclioll. II-III, Washington, 1968-1973, m, 2, p. 839-840. .
par Roussel de B31l1eul: qui était revenu au service de l' empereur79. Au printemps de 83. D'après la Vie de Basile fe Jeune (A. N. VESElOVSKlJ, Razy~kanJJa v oblas~ russkog~
1078, NIcéphore Botamate rallia la garnison de Nicée, élément décisif de son sucœs duchovnogo slÎcha, Sbomik Otclelenija msskogo jazyka . i slOYeS~lOstl J"!peralOrslw) Akademu
80
final , et enfin, en 1081, Nicéphore Mélissènos fit de cetle ville sa base de départ dans nauk,46, 1889-1890, p. 65-68), les Russes pillèrenlla régIon de NIcomédIe. .
84. En 1041, le ragma de l'Opsikion fUI engagé en 1Ia1le, sous les ordres de MIchel
Dokeianos dans un combat malheureux. contre Jes Nonnands à C::mnes (SKYLITlÊS, p. 426).
85. Tilree Treatises, p. 80.
72. S,l'naxaire, col. 777-778. 86. BRYENNE, p. 103.
Swa;~~ ~pPHAN
' ,'E CONllNUÉ, p. 240 ; (les rebelles) mi no1.M1>ç àypol>ç TroV KtlTà riJv lloatÀ,!ia
o1\.11aavlEÇ.
1[
87. DAI, p. 246-248. .
88. Voir ici-même KRAvARI lexIe nO 7 p. 73-74 (Théophane conunué). .
~;. ~ur le golfe de Nicomédie (Syllaxaire, col. 777). 89. Aristakès de Las/Îven, Récit des m~Jhellrs de la nation an~lénienne, trad. et comment~
76' SKYLI1'ZÉS, p. 493 ; AITALIATE P 54 par M. CANARD et H. BERBÉRIAN d'après J'édition et la traduction russe de K. YUZBASHI •
. KYLl1'ZÉS, p. 496. ". Bruxelles, 1973, p. 25.
77. BRYENNE, p. 173. 90. SKYLlTZÉS, p. 180.
i!: ~":::';;~~;t6~~9-193; BRYENNE, p. 173-183; SKYLlTZÈS CONTINUÉ, p. 159·160.
91. SYllaxaire, col. 293, 1. 49.
92. THÉOPHANE CONTlNUf, p. 369.
. ArrALlATE, p. 265-266; BRYENNE, p. 243. 93. HONIGMANN. [tinémire, p. 268 et 270 .
- 322 JEAN-CLAUDE CHEYNET L'~pOQUE BYZANTINE 323

Jean Tzimiskès de retour de Syrie"'. En 1041 ou 1042, Constantin, à la mon d nt fâcheux ne vint troubler durablement le développement de la
Michel IV, fut envoyé en exil pnr l'impératrice Zoé sur ses terres de l'Op .~.son frère Aucun évén~mees séismes. Celui qui, en 989, abattit la coupole de Sainte-Sophie 11
semblablement celles qui avaient été confisquées à un cenain Balanos sa" '~n, Vrai. région, àpart qU~éi~isit de nombreuses maisons à Nicomédie"". Le plus violent, celui
parent de l'épouse de Uon VI'·'. Michel Psellos, dont la famille étalt 0 n.s . O~te Un consl.nunople, 1063 renversa les églises de Sainte·Sophie et des Saints-Pères à Nicée
Nicomédie, intervint en faveur de Michel Choirosphaktès, car les gérants de 7glOalre. de du 23 septembr~. ue e~core debout à Cyzique lO6 •
que ce demier possédait à Pythia avaien: été agr~ssés ~ar ~n voisin iraSCible':' ~~pnélé el un tem.ple an l.q de la capitale invesÜ\ dans \a province. Nous avons vu que PseHos, un
césar Jean. Doukas, frère de Constantm X, dlSpOSatt d un palais au pied d fin, le L'an~tocratte uit plusieurs monastères en charisticariat dont Médikion. qu'il transmit
Sophôn97 • A la limite de notre région. à Dorylée, les Mélissènoi possédaient Un lU mOnt nouveau ?c~e: aC~tre haut fonctionnaire de la capitale. Jean le Géomètre vante la pros-
palais disposant de thennes ainsi qu'un ceI1ain nombre de villages98. UXUeuX. à son ami LI~X.' al de Nicéel07. Indirectement nouS avons des informations sur l'attrait
Quelques personnages furent assignés à résidence en Bithynie, parfois
Sur
1 périté de la glt Bithynie; parmi les juges de l'Opsikion dont le nom de famille nous
propre domaine. En effet, les empereurs n'exilaient leurs adversaires POlitiQue ~ur que consUlUalt ae touS appanienllent aux plus grandes familles de l'Empire; 0 tès Prôtès,
des lieux sOrs, où ils étaient sans possibilité de contact avec les ennemis extérie~ q~ ~n est connu, P~s:mbolitèS, Monomaque (le futur empereur), Rômaios, Choirosphaktès.
les reléguaient ainsi dans les îles ou les enfennaient dans les monastères de Constant'rs . :18 Ab,lantès,z' a s Serblias, Sklèros. Aucun autre thème de l'Empire ne permet de réunir
Aux X' et XI' siècle, ils pouvaient aussi choisir la Bithynie"". Par exemple, en 920 S;no~e. Thylakas'l' om~; J'uges. La charge étail recherchée, probablement parce qu'elle était
précepteur de Constantin VII, et son frère furent exilés dans leurs proasteia de I~ ~, une telle Isle . 108
partiCulièrement lucrative .
ki?n lOO, et l'année s.uivante, Anastase le sacellai~e fut enfe~mé au monastère d'Élegmo;'::'
D autres notables, JadIS proches du pOUVOIr, vmrent y sejourner sans être sous le .
3. La belle provillce
d'une condamnation, tels Michel Psellos ou Jean Xiphilin. Ces hOIl1Il1es, parce q~~~P
étaient installés à proximité immédiate de la capitale, pouvaient se tenir infonnés
espérer retrouver la faveur impériale. e
1: U ~ ft courant commercial était induit par l'approvisionnement de la capitale.
ni °t d'autres produits venaient de Bithynie, ou y transitaient"l9 . Les domaines
Au XIe siècle, les informations sur les monastères se font plus rares, mais les pl Le hé
. pé'tat efournissaient des cer , é al~s liul.etaient
,. stoc k'ees dans des ports b'Ilhymens
. avant
importants d'entre eux paraissent se maintenir. On y copiait des manuscrits 102. D~ lm n.uX la capitale, comme le prou ve l'existence de greniers publics à Saint-Eusèbe,
célébrités s'y firent moines, tel Jean DermokaïtèslOJ. De grandes personnalités, Athanase d~ gagénde:le Kios Panormos et, il peu de distance de la région étudiée, à Pègai. Le vin et
de Lavra, Michel Malélnos, Jean et Tomikios les Ibères. séjoumèrent dans les monastères NlCo]1l
J'h "
'1 de Nicée ,
étaient assez reputc~. pour f ' 1a table de l' empereur 1orsque cel'
OUffiif UI-C..
bithyniens et s'y formèrent. L'élan créateur s'était sans doule essoufflé, mais de nouveaux ~~~ en expédition110. De plus, il Cdlait prévoir des réserves de nou~ture et de fou~ge
couvents furent fondés de la fin du IX' siècle jusqu'" la conquête seldjoukide"". Au
XIe siècle. certains monastères devinrent la proie des charisticaires de la capitale. Psellos
r MaI'gina où venaient les troupes cl" Thrace. et les tagmata quand 1 empereur mobd"rut
pour une campagne en direction de la fronllere synenne, ce qUi adVint fréquemment au
à lui seul, cumula ceux de Médikion, de Mountania, de Kellia et de Kathara. ' xe siècle.
I:importance de la région comme voie de passage est soulignée par la présence à
cette époque de commerciaires des Optimates et de Nicée et sunout par le ~ombre
94. LÉON LE DIACRE, p. 177. - Romain est sans doute à identifier au petit-fils de Romain important de sceaux de.xéllodochoi qUI. nous sont parvenus. TrOIS des xénado:he/Q: ceux
Lécapène qui fut aussi honoré du litre de sébastophorc. alors conféré à un seul bénéficiaire: de Sangaros, Pylai et Nicomédie relevaient du Grand Curateur, cOIl1Il1e les ép/Skept~tQ~Jlt.
SKYllTZÈS, p. 238. Les autres xénodoc1lOi étaient aussi des fonctionnaires et tous les établissements ttrlllent
95./bidem, p. 416. leurs ressources de terres publiques l ". L'épiskepsis de Malagina, dont on peut penser
96. KD, n, n" 243.
97. BRYENNE, p. 173. qu'elle contribuait à ravitailler les étables de ce camp, est attestée au .XI' slècle.JI3 • La
98. KINNAMOS, p. 294-295. présence de nombreux hôrl'eiarioi suggère l'abondance des terres Impénales en Blthyme
99. Ibn Hawqa1 (Configuration de la terre (kitab surat al-ard) introduction et traduction et celle de basilikoi au XI' siècle va dans le même sens. 11 est certain quOaux X' et XI'
par J. H. KRAMERS et G. WŒT J, Paris, 1964, p. 190) fait écho à celte pratique en rappelant que siècles, la Bithynie alimentait de façon importante les diverses caisses publiques.
l'Opsikion et les Thracésiens constituaient deux prisons de J'empereur, classées parmi les plus
douces.
100. 1'HÉQPHANE CONTINUÉ, p. 397.
lOI. SKYUTlÈS, p. 251. 105. Histoire de Ya(rya ibn Sa'jd d'Antioche, Cominuatellr de Sa'id-ibn-Bitriq. éd. et trad.
102. En 1007, Euthyme, moine de Saint-Lazare, copia un manuscrit qui se trouvait encore par 1. I<RATCHOVSKY et A. VASILIEV Il, Patrologie Orientale, 23, 1932, p. 429.
à Brousse en 1453 (REB, 8, 1950, p. 177). Sur les scriptoria bithyniens, voir en dernier lieu 106. Chroniqlles brèves, J, 3, 7 ; A'rTALlATE, p. 91.
1. HUITER, ScriplOria in Bithynia, dans Hinterland, p. 379·396. 107. Voir ici-même KRAVARI, texte nO 8, p. 74. .' eux. des
\03. S)'na:wire, col. 234. 108. Psellos intervint souvent auprès des juges de l'Opsikion ~ ceux.-c\ étalent. avec c
104.1. DARROUZÈS, Le mouvement des fondations monastiques au XIe siècle, TM, 6, 1976, Thracésiens et de la mer Égée, les plus sollicités.
p. 168. Certaines fondations sont richement dotées. Le monastère de la Belle-Source, fondé dans 109. Voir ici-même GÉROLYMATOU, p. 489. . périales
la première moitié du XIe siècle par Nicolas, prédicateur apprécié de Basile II et apparenté au ~I~r 110. Three Treatises, p. 132. _ Ces produits provenaient probablement d~ t~rres lm 1 é '
empereur Constantin Monomaque, fut doté d'une hôtellerie, d'un hospice, d'un hôpital et recu.ellht car ils n'étaient pas fournis par le protonotaire du thème. comme le reste du ravitaillement ev par
quelques-uns des membres les plus en vue de l'élite constantinopolitaine, Jean Xiphilin et M.lchel des réquisitions. .
Psellos (P. GAUTIER, Éloge funèbre de Nicolas de la Belle Source par Michel Psellosmomd III. Des épiskepseis sont également attestées dans le thème des Opura.}e~. é, . k~ptÎlès des
l'Olympe, B.....zamina 6, Thessalonique, 1974, p. 56-65). Une nouvelle fois le lien enlTe l'nnstocraue . !12. C.'esl ce que suggère la combinaison des fonctions de Manuel, à a OIS piS
constantinopolitaine et les monastères bithyniens est souligné, puisqu'il est précisé dans l'Éloge que biens Impénaux et xéllodoc/ws de Nicée.
la plupart des moines étaient d'anciens détenteurs de charges palatines. 1l3. An"L1ATE. p. 124.
- 324
JEAN-CLAUDE CHEYNET

IV. LA BITHYNlE, ZONE-FRONTIÈRE (FIN XI' - XIV' SI~CLE)


l':~POQue BY7..ANTINE

vallée du Méandre. Nicée servit aussi de point d' appui, par exemple
325

défendre 1. h.ut~e Croisade aussi bien pour Conrad Ill, l'empereur germanique. que
1. Historique lors de l~ S~~~~o ou lors de'la campagne de 1176.
pour L?UIS Manue'l lC't Comnène qui paraît ,avoir consolidé ,tes positions byzantines dans
Q. L'nrTÎ\'ée des Turcs: Cette PI?spérité est sou.dainem~nt ~ise en cause par de nou C est 1' 0 sikion rétabli. Jean Il avatt certes construit les forteresses de Lopadion
veaux envahisseurs. DepUIs que Nicéphore Botamate, pUIS Nicéphore Mélissèn - le thème de f21 mais Nicétas Chaniate prétend qu'en 1139 les rives du Sangarios
ont appelés comme mercenaires, les Thrcs ont pénétré en Bithynie. Dès 1080 ils dO~, les et d' AchY~~~;en;e contre les nomades turcs. Manuel co~pléta le réseau des forteress."
être contenus. Les Thrcs établissent un nouvel Etat dont Nicée devient la capitale. ~Ivent étaIent san. t des murailles, notamment à Pylm, à Malag,"a et à Pithèkas 122 • et restaura
les premières années du règne d' Alexis 1", ils progressent, tant que l'empereur ocuranl en constrUl~~ppui comme Nicée 123. Il a protégé le sud de la région en établis.",nt le
sur d'aulreS fronts, ne peut les combattre. Alexis se préoccupa seulement d; Co cUpé des polnt~ème de Néokastra dans une région restée déserte jusqu'à la Seconde Croisade.
Constantinople en tenant Nicomédie, qui tomba un moment aux mains des Turcu~~r nouveau t ulant élargir le glacis protecteur au-delà du Sangarios et en fortifiant Dorylée
renforça les défenses de la ville par la construction, durant l'été 1095, de la forteres s'dt! C'est en vo a la malheureuse expédition de 1176 contre le sultan.
Sidèrall4. Il fit édifier Kibôtos pour protéger la rive sud de la Propontide. Peu a~~: qu'il engage.
ces deux places servire~t de base~ de départ aux Croisés, qui apportèrent les force; b G terres civiles et conquête latille. I:es premiers signes d'instabilité apparurent
nécessaires à la recon~uet~ et permIrent aux Byzantms de reco~vrer to~t le territoire de d' ~urt règne d'Andronic Comnè ne. A l'exception notable de Nicomédie"', les
la Bithynie, y compns Nicée, en 1097. La ~Oreté ne !ut pas Immédiatement rétablie 1~7es ~i~yniennes, Nicée, Brousse, Lopadion. Adranos, se déclarèrent hostiles au nouvel
et Alexis Comnène lutta contre les SeldJoukides Jusqu à la fin de son long règne. En vII r Nicée défendue par Isaac Ange. qui devait succéder à Andronic, et par Théodore
1112, l'émir Monolykos ravagea les environs du lac de Nicée. Brousse et Apollônias. empereu_~ne et 'surtout Brousse subirent de durs sièges el leurs élites furent anéanties l25 .
Établissant leur camp près de ~ette dernière VIlle et y accumulant leur butin, les troupes Cantacu,"" , . h ' d . d déb
En 1185, la flotte sicilienne, ayant cc OUt; ans s~ tentau.ve e arqu.em~nt. se co~u:nta
turques pillèrent LopadlCn et s emparèrent de CyzIque dont le gouverneur s'enfuit, puis d' démonstration navale dans le golfe de NicomédIe. Après aVOir bien accuetlh le
elles poussèrent jusqu'à Poimanènon en passant par Lentiana llS . En 1116, les Turcs atta- un;sseur d'Andronic, Isaac Ange. ks Bithyniens furent plus réservés à l'égard de son
quèrent à nouveau dans la plaine au pied ~es monts . Lentiana et dans le pays de ~~ Alexis Ill, qui dut se déplacer ell personne dans le camp de Malagina pour galvaniser
Kotoiraikia (Gothogrécle) Il 6. Après la reconquete de Nlcee, AlexIS 1" ne paraît pas avoir la résistance à un pseudo-Alexis Comnène. Le même Alexis III s' établit un temps à N!cée
construit d'importantes fortifications supplémentaires. car il s'appuie toujours sur la poUTS 'opposer aux Turcs redevenus plus belllque~x126. Vers 1191-1192, Tarsta fut le Siège
place forte de Kibôtos et sur Nicomédie pour mener ses contre-attaques. de la rébellion de Basile Chotzas. qU I tu t vite répnmée l27.
Les Byzantins ne purent reprendre le plateau anatolien et les Thrcs s'y maintinrent, En 1204, avant même la prise ct., Constantinople par les Latins, Théodore Lascaris,
laissant les tribus turcomanes nomadiser aux limites des territoires turc et byzantin. Ces gendre d' Alexis m, s'était implanté avec les plus grandes difficultés dans la région de
nomades commenaient des dépradations à l'encontre des pay., ans des plaines et, renforcés Nicée128. Après la chute de la capitale, la Bithynie, exposée aux attaques turques, subit
par des troupes régulières, menaient des raids plus imponants lorsque les Seldjoukides de plus l'assaut des Latins, et, k long des côtes de la me~ Noire, la province eut à résister
souhaitaient faire pression sur l'empereur. La Bithynie reslait donc à portée des Thrcs. aux raids de David Comnène, n val de Lascans. Cette SItuallon confuse aboullt dans un
Nous ignorons ce que devinrent les structures administratives de l'Opsikion lors premier temps au partage de la Bithynie entre Lascaris et les Latins, après la campagne
de l'invasion turque. fi est probable que des stratèges ou des ducs dont l'autorité se limitait victorieuse de Henri de Hainaut en 1214 129 . Les Latins tinrent le sud de la Marmara, dont
à une ville furent mis en place, comme dans d'autres provinces. En tout cas, sous Cyzique et Nicomédie, jusqu'à ce que Jean m Vatatzès les chassât progressivement
Alexis Comnène, des ducs de Nicée" 7 sont attestés: Manuel Boutoumitès, peu après 1. d'Asie Mineure, reprenant Nicomédie et le thème des Optimates en 1240, ouvrant une
reconquête de juin 1097, et Eustathe Kamytzès en 1112-1113, qui disposait de cinq cents période de paix jusqu' à la fin des Lascarides.
soldats 1l8. fi n'est pas impossible que les thèmes de l'Opsikion 1l 9 et des Optimates aient
été rétablis, dans la mesure où, au milieu du XII' siècle, le reste de l'Asie Mineure était à
nouveau divisé en grandes circonscriptions: Mylasa-Mélanoudion, Thracésiens, Néakastra.
Deux aplèkta étaient alors opérationnels, celui, traditionnel, de Malagina, et celui,
120. GUILLAUME DE TvR, XVI, 23.
nouveau, de Lopadion. Ils étaient utilisés en fonction de l'objectif de la campagne: les 121. CHONIATE, p. 20, 33.
troupes partaient de Malagina pour attaquer !konion ou la Syrie, et de Lopadion pour 122. KmNAMOS, p. 63, 36, 38. .
123. C'est Alexis Kontostéyhanos qui remi~ en état les m~rail!es de la ~ille a~ant le pnntemps
1176 (K. BARZOS. H ytveaÀoy.a rciiv KOIlV'1VOJv. BuÇavnva KEltlEVŒ Kat "ùita\ 20. Thessa-
114. ANNE COMtŒNe, II, p. 205. lonique, 1984, n, p. 231).
115. Ibidem, III, p. 166-167. 124. CHONtATE, p. 245. ,.
116. Ibidem , p. 189. . . 125. 10, p. 269, 280, 285-6 (cf. KAAVARJ, texte nO 14, p. 82-83); MICHELCHONIATE 1. p. 219-22_.
117. Une difficulté subsiste sur la nature de ce commandement. caf le thème était parfOl,S S. KYRIAKIDÈS. Eustazio di Tessa/onica. Lu espugllal.Ïolle di Tessalonica. Palenne. 1961 . p. 54. 56.
désigné par le nom de sa capitale. On ne peut donc pas affinner qu'un duc de Nicée ne commandall 126. CHONIATE, p. 496.
pas, en fait, le thème de l'Opsikion restauré. 127. ID, p. 423. . . . . .
118. Ibidem. p. 16 et 166. . . 128. N. OIKONOMID~, La décomposilion de l'Empire byzanun à la veIlle de 1204 et les on~llles
119. En 1136, Jean Il donne au Pantocrator le monastère de Bordai, sis dans l'OpSIkion d~ l'Empire de Nicée: à propos de la Partitio Romaniae. ACleS du XV' Congrès mlenultlollol
(P. GA~, Le typikon du Christ Sauveur Pantocralor, REB, 32, 1974, p. 123). Sous Manuel J", d Irfldes byzalltines. 1. Histoire, Athènes. 1976. p. 22-28. . ' ,' ql '}
,
e,n l '.6~. énoria de Katabo'os, où était le monastère d'ÉJegmoi. appartenait au thème de.
1 OpSlkJOn (A. DMITRIEVSIUJ. Opisanie liJurgiéeskilt rukopisej, l, TYl'ika , Kiev, 1895, p. 715).
129. A. GARDNER, The w scorids af Nicaea, Th e Story of an EmplIl' ut E.u'e. Londres. ' - .
p.84·85.
L' t'lpOQue FJVZAN'rlNE
JBAN.CLAUDIl CHBVNBT 327

c. La ft" cfe la Bithynie byzalllillt>. Les empereurs de Nicée n'ont pas é . ./ mlltal ; CO" BiuJlJlÎo, 992·/198. éd. M. Prr/.7...A el O. R."VWNANI, Veni~. 1993.
défense de 1. Bilhynie, mais, une fois les rives sud de ln Proponlide reconqUis~sghgé la A.
S,}/Irct~ :I~~~ CARlU!. Partitio lerra~m impcrii Romanie. Stuc/i Veneziuni. 7. 1965. p. 217 el
consacré leuT8 forces à la reconquête des provinces européennes, ce qui les a ,Ils ~nt p. 131 • Notes : D. Eustalhe de Thessalonl~ue . dans. un~ .de 5e5 lell~e5. rait allusion à un Comnène
en Bithynie. à se contenter de s'appuyer sur un reseau de forteresses . Nicée fut Conduits, 218. - . 1 harge de duc dans celle Ville (Eus/(ttlm melmpolltae Thes.raloniun.fi,f (Jpll.fCula .
car 1. ville él.il placée en première ligne fnce nux Lalins comme aux Thrcs. Larer"foreée, qui excrç;I~,,~L, Francfort. 1832. p. 319). b· CARlU: . Parli!io, p. 217 cI218.· Ces tcrritoirc5 rele.
du Sang.rios el de lu Paphlngonie élail lenue par des akritai. Le coup d,~nbè", bJ· T. L.· ri réservée à l'empereur.
vaient de la p" .
Michel VIII, puis la reprise de Conslanlinople en 1261, n'eurent pas de consé lai de
militaires immédiates. mais le nouvel empereur fut sollicité par les affaÎres d'6u~nces La présence d'épi.,kep.~eis révèle 11 nouveau l' imponance de la région pour la fonune
el la populalion d' Asie Mineure, auachée aux Lascarides qu'elle associail à sa p cCld~nt . pénale, mais on ne peul dtr~ SI clics sont de créatIOn récenle ou SI, hypolhèse plus proba-
• pu se scnlir délaissée par l'aulorilé cenlrale. roSpénlé, un 1 1été fonnées de bIens ImpéTlaUXreconsillués après la reconquêle sur les Turcs.
ble, elSous
es onles LascaCides,
. 1es empercu~s sem b ent l ' ré~a b'Il. des thèmes de vaste
a,vOIr
Après un premier recul, le Sangarios devinl, en 1280, la fronlière entre l'E .
les Thrcs. La région de Thrsia, gouvernée par Michel Paléologue avanl son accmp~re el erficie. Une fois ach~vée la reconq~ctc sur I~s La~ms. la sltuatt?n paraît se présenter
l'Empire, élail lransfonnée en un désen où nomadisaielll quelques Thrcs. Mi ~s~l~n à ~~~si; un lhème des ~pllmateslJ3, un theme de Blthyme d~ntla capItale était Nicée et qui
renforça la fronlière du ~angarios\3o. En 1290, Andronic Il inspecla el resla~ e lU menté des terntOlres repns aux Latins, 13 clrconscnptlOn de Malagina qui fonnait
même ligne de défense. A l'ouest du Sangarios se trouvait encore une populati ra ceUe fut ~u~lement un thème particulier lJ4 . Nic.:éc était sous les ordres d'un prolwthèméno.fl3~
nombreuse panni laquelle un rebelle, en 1294, put recruler des lroupes l3\ . on assez pro m • e d'aulres grandes villes de l'Empire.
Au débul du XIV' siècle, l'effondrement de la défense byzantine s'accélé E
com Après 1204, les f '
onctIOns d ~ C nll s t : lI1~m{)p
. r
1eurent partagées entre plusieurs villes.
1302, le Sangarios quilla son Iii habituel. aUlorisant les Turcs à traverser La vra; . n L.1 capilale politique fUI désormaIS ~ y mp~c~. dans le lhème des Thracésiens, Nicée hérita
d'Os.man il Bapheus, I~ même année, pemlÎl à ce cheflurc d'envisager la c~nquêl~cd~~e du patriarcat, e~, c.onséqu~nce du fait ~rec...cdent, devmt I~ g~and ~entre universitaire136.
province, en dépn de 1 envOI des mercenaires calalans par Andronic 11132. Les QUo mansa De plus il amvall que 1 empereur s y fit couronner, atnSI Théodore 1er Lascaris ou
mirenl une lrenlaine d'années à contrôler les grandes villes el il réduire les foneT Michel VIU Paléologu~, ou qu ' il y c':lébrât scs noces, co~me Jean nI Vatalzès. Nicée
inle~édiaires. comme ~n témoigne, écho plus ou moins défornlé, la chronique d'~: reçut un atelier monétaire qUi ouvnt sans doute en I~05,. mais qUi ne resta en activité que
p~zade. Après la bataIlle de Pélékanon, en 1329, la chute de Nicomédie mil fin à 1 quelques années, car vers 121011 2 11 ou pcu après, 1 alelterfullransféré à Magnésie, plus
présence byzanline en Bithynie. a près de la vallée du Méandre\37. En FIn. Achyraous, Brousse el Malagina devinrenl des
méllOpoles à l'époque nicéenne, ce qui constitue un indice de l'imponance de ces viUesll8.
2. La réorganisation admillistratit1e
3. La prospérité maimellue
Avant la fin du XII' siècle, les lhèmes furent subdiv;,és el la lisle des nouvelles
circonscriptions nous esl conservée par le chrysoblille ""cordé par Alexis III Ange À la fin du XI' siècle, la conquête lurque ne se fil pas panoul par la violence; les
aux Véniliens eI par la Partitio Romallie de 1204. Les JeUX documenls ne sont pas litres furenl installés à Nicée par les Byzanlins eux-mêmes; il ne semble pas que la
comparables, maIS se complèlenl ; en 1198, les provlllCOS ho rdanlla mer Noire ne furenl population ail grandement souffert. sauf lors de combats très localisés J39 • La frontière,
pas ouvenes aux Vénitiens et, en 1204, la Parlilio Romanie ne pril pas en comple le mouvanle jusqu'en \097, constituait une zone susceptible d'être ravagée. Lorsque les
terriloire contrôlé par Théodore Lascaris. Croisés de Pierre l'Hennite el Gaulier Sans-Avoir franchirenll' Arganlhônios, ils firenl
un riche butin de produits agricoles do ni sept cenis bovins dans la plaine de Nicée, qui
Tab. 1 - Divisions administrati ves en 11 98 e l en 1204
i ".' ~

"éparchie de Mésothynie 133. Ce thème esl parfois appelé Mésothynie : Michel Paléologue en fUI le gouverneur sous
provilllia Optimal; Théodore U Lascaris (ACROPOLrJC. p. 135). Pachymère (l, p. 43) précise que Paléologue gouvernait
épiskepsis de Damatrys la ~és~ynie et les Optimates, mais on ne peut dire s'li s'agit de deux thèmes ou si les Optimates
éparchie de Nicomédie' provimia Nicomidie étalent !Relus dans la Mésolhynie, qui s'étendait de la banlieue de Chalcédoine au Sangarios.
épiskepsis de Pylai el Pythia provilltia Pi/ail, Pythioll et Keramon 134. Cf. le sceau de Manuel Lykaïtès. stratopédarque et duc de MaI.gin. (G. SCIU.UMBERGER,
Sceaux byzantins inédits, cinquième série, Re\'IU! lIumismatique. IV, sér. 9, 1905. no 246). - Le lilre
provintia Tharsie, Plusiade et Metabolis de duc suggère que Lykaïtès commandait un thème.
cum Servochoriis et cum omnibus que 135. Mention en 1265 de Nicolas Manuélitès (PACHYMtRE, l, p. 321).
sub ipsis ... 136. Sur Nicée au XIIIe siècle. voir ic i~même SONDOUX, p. 398.
éparchie de l'Opsikion el de l'Égée, avec 1~7. M. HENDY, Catalogue oftlle Byzalllille Coins in the Dumbarton Oaks Coll~t'/joll alld in
I/Ie 1V/lIl/emore Colleclioll,lV, Alexills 1 ro Michael VIII, Washington OC, 1999. l, p. 133-134.
l'épiskepsis de Lopadion el Apollônias 138. Notiliae, lableau p. 164. •
provintia Mal/agini 13,9. L'i.mpact économique de cette occupation turque est difficile à mesu.rer. A la fin du
éparchie d'Achyraos provintia Achirai b ~g~e d ~lexlS 1er, le métropolite de Cyzique avait fait un ntpport sur l'appuuv.nssement d~ son
IJhse .qUI, rappelons~le, était encore au XIe siècle un siêge envié. Le ~étropohte ~e plaç~H p~
bmvas~on turque ~u nombre des causes de la mine de sa métropole, mal~ les maU\·'~~es hablludes
130. PACIlnIERE. Il, p. 633-637. n~zantll1es : locatIOns de longue durée des terres et donations de monasteres à des 1~lcs tReg(.~/(J.
131.10.. 111. p. 211-213. ré I~, daté du.8 dé~embre 1116). Les troubles semblent avoir seulement pronlque une nou\clle
132 . Voir ici-même BEU>JCEANU. p. 367-369. panltlOn des biens lonciers au prolit des laïcs.
·128 JEAN-CLAUDE CHEYNET
L'~POQU E BYZANTINE 329
parail donc exploitée à cetle date. L1 reprise de la ville et la reconquête de la B' .
déroulèrent assez rapidement pour que les dommages n'aient pns été graves ~~hYn.e se .on ontinua d'être parcourue lors des pèlerinages vers la Terre Sainte. avant
y a lieu de supposer que la région s'eSI rapidement relevée, à la différence d~ s I~rs, il La rég. ;;time direcle ne se généralise. La Bithynie rul traversée par les armées
siluées plus au sud 140, sans retrouver cependant son niveau de Prospérité an:éP,rovlnces que 1. vOIe m 'ères croisades. Sans doule l'établissemenl lalin à Civelol joua-I-il le
biens qu'affecte Jean n à son monastère du Pantocrator sont situés en majo _t~:ur. Les des Iro'~IPredm. relais sur la roule de la Terre Sainte que Sainle-Marie-des-Lalins à
Balkans'''', De même, la Bithynie paraît avoir perdu de son importance dans I~ odans ,les même co e e
drinople' S4 •
du blé desliné à la capitale. Lorsque Michel Choniale, alors mélropolite d'At~r Uction
• .
An é nce des empereurs en Blthyme est souvent attestée à l'occasion de leurs
es La pc ~:rs l'Asie Mineure et le duché d' Antioche: mais ils ne se contentaient pas
son apostrophe aux Conslanlinopolilains, leur rappelle qui les nourril en céréat : dans
l'Eubée. la Thessalie et la Thrace. sans mentionner J'Asie Mineurel42, Ce sil es. Il CUe campa1n~~our nécessaire à la mi~e en place de l'armée, il leur arrivait d'y séjourner.
av.oi~ plusieurs explications.. Le mélropolite d'Athènes peut négliger les ;~~ipeul du b~ s ~ ompagnie des impéralrtces' 5~. Des querelles Ihéologiques s'y réglaient"., les
aSlal.ques pour ne pas alourdIr sa rhétonque. La Buhynte a pu aussi s'être spé . ~ces parfOIS en cerçaient leur talentl57. et des con};eils diplomatiques s'y tenaient.
a
dans des productions plus coûteuses' 4J , mais on ne peUl écarter l'hypothèse d,c. '~ée rhéleurs
Les ex . .
troubles qui précédèrent ~t sUIVI~ent
1 2 ne( )para\ssen~
4' .
pas aVOIr gravement
moindre de cette province. La comparaison entre la liste des villes ouvertes aux Vé~~tfOle frecté la région. On ~ lieu ~e crOIre. qUOlqu~.les sources narr~tJves et. docume~taires
dans le chrysobulle de 1082 et celle conlenue dans le chrysobulle de 1198 suggè en~ a nI que la régIOn étatl prospère ' ~'. D .mportanles ram.lles éla.enl élabhes en
un redn:sse~ent de .Ia situatio~ économique de la province en~e ces deux dates. r~.:~~:~ m~quee ~,ais les infonnalions sonl rares. Théodora, épouse de Michel VII!, donna au
lence dune tndusme de la sOIe semble auestée pour la prenuère fois vers 1180'44 B.I yn:è;e de Lips les biens d'un certain Lachanas à Lopadion, qui comprenaient 800
aurail en~ore élé active au te?,ps de l'Empire de Nicéel4~. En 1082, les Vénitiens ne se s~~~ ~~~~i de terres arables et 300 de vignes"9. Lorsqu' en 1294, Théodore Mouzalôn, proto-
pas soucIés de se ~atre ouvnr des ports sur la nve sud de la Propontide, alors qu'en 1198 vesliaire el grand l?gothète: mourul. sa dépou.lle fut déposée. dans un monastère de
ds fonl préc.ser qu .ls pourronl commercer à Pyla!: N.c~méd.e, ApoUônins el Lopadion''': Nicée, donl un Tom.kios élal! le fondaleur ; le prolovesUatre éla.I, par son épouse, appa-
En tout cas les monnslères prospéra.enl en B.thynte au XII' siècle puisque Manuel 1" renIé à cetle famille' 60 . Enfin, selon Cantacuzène, AlexIS Apokaukos élau ongtnatre de
les cÎte panni ceux dont il faut limiler l'accroissement des biens l47 . Certains couvents Bithynie· 6I .
fondés depuis longtemps, furent relevés et oblinrenl un patronage de haul rang comme cel : Le soin apporté à la défense du Sangarios donne la mesure du prix que les empereurs
d'Élegmoi, et furenlliés désormais aux Kontosléphanoi. proches parenls de l'empereur'~' allachaient à la défense de la prov ince. La zone fronlière bénéficiait du syslème mis en
Oes villes sonl promues au rang d' archevêché à la fin du XII' siècle: Lopadion e; place sous le~ Lascarides. Les soldaIS akri,tes reçurenl des exemptions fi'."ales el des
Mélagina' 49 . prol/oioi, privilèges qUi les encoura~erl':nt à s opposer efficacement aux IDCUTSlons t~rques.
Les informations directes sur l'évolulion de la populalion sont rares pour le siècle Michel vrn décida une réfom.c Iiseai. et envoya un recenseur, Chadènos, qUI reçut
des Comnènes. Jean Il établit sur des lerres fertil es. proches de Nicomédie, des Serbes l'ordre de laisser à ces soldaIs 40 hyperpères (de lerre) el de confisquer le surplus, signe
vaincus en 1123 150• Son successeur, Manuel 1", leur adjoignit quelques chrétiens de la que ces paysans-soldats jouissai ent d'une certaine aisance l62 . En 1301, les mercenaires
région de Phllomèlion, qu'il avait libérés des Turcs en 1146.5 •. Les villes paraissenl alains ont encore sous leurs yeux des campagnes qui regorgent de toute sorte de biens l63 .
prospères; rappelons cependant que Brousse fuI frappée par un Iremblement de lerre le À la veille de la conquête turque. les produclions lraditionnelles, vin, huile d'olive el blé
Il novembre 1143' 52 ; la population élait assez nombreuse pour qu'en 1176 Manuel y sonlloujours allestées' 64 .
levât une forte armée' 5J .
La Bilhynie a longtemps été considérée comme une région vilale pour l'Empire.
Celle province, plus que la Thrace, conslilua l'arrière-pays de Conslantinople. Jusqu'à la
140. Adramyttion était encore en ruine au temps de Manuel 1er. fin du XI' siècle les caisses du fisc et les instilutions charilables y disposaient de nombreux
141. P. GAUTIER, Le Iypikon du Chrisl Sauveur Pan.ocralor, RED, 32, 1974, p. 115-125.
142. MICHEL CHON'ATE Il, p. 83.
143. Mention des cerises de Leucate et des Iélraggollfa de Pègai : Poèmes prodromiques en
grec vulgaire, éd. D. C. IlEsSEL'NG el H. PERNOT, AmSierdam, 1910, p. 44 1. 65 bel c. 154. L'élablissement comprenait un ossuaire des croisés tués lors de la Première Croisade el
144. D. Jacoby (Silk crosses the Mediterranean. dans Le vÎe dei Mediterraneo. Idee, uom;n;, dépendait du monaslère de la Charilé-sur-Loire (P. MAODAllNO, 17.. Empire of Manuel 1 Komnenos
oggelli (sccoli XI-XVI) , éd. G. AIRAWI, Gênes, 1997, p. 62), cil.nlle roman de Trislan el Js<ulldQ 1143·1180, Cambridge, 1993, p. 44, n. 57).
au poète nonnand Béroul, mentionne une pièce de soie gris foncé qui provenait de Nicée. 155. Voir ici-même MALAMUT, p. 482.
145./bidem, p. 76. 156. CHONIATE, p. 33l.
146./ trallati con Dizallûo, 992-1198, éd. M. POZZA et G. RAVEGNAN', Venise, 1993, p. l31. 157. En avril 1176, Grégoire Antiochos prononça un discours devant Manuelin" à Lopadi~n.
147. JGR I. p. 381-382 et commentaire dans N. SVORONOS, Les privilèges de l'Église à l'époque que la présence de l'empereur transformait en résidence de la cour (M. LOUKAKI. GrégolTe
des Cornnènes : un rescril inédit de Manuel J" Comnène, TM, l , 1965, p. 375, repris dans EII/dt> Antiochos, Éloge du patriarche Basile Kamatèros. Paris. 1996, p. 128-129).
sur l'organisalioll intérieure, la société et l'économie de "Empire byzantin, Londres, 1973, nO vn. 158. Sur la Bithynie à ceUe époque, cr. LEFORT, Tableau. .
148. JANIN, Grandscelllres, p. 146-147. . , 159. H. DELEHAYE, Deux typika byzalllùls cie /'ipoqlle des Paléol08,"es, Mém~lfes de
149. NOIüiae, no J2, respectivement au 37c et 3Sc rang de la liste des archevêques du manuscnt 1Académie de Belgique, Cl. des leures, Sér. Il, 13/4, 1921, p. 132. Cf. aussI la traduClion dan~
N (Loupadion, Mélangios). Byzant;ne MOllastic Fowulatioll Documellts. A Complele Translation of Ihe SlIrvil'llrg FOlllulers
150. CHONIATE, p. 16. 7ypika al/d TestamelJls. éd. 1. THOMAS el A. CONSTAN1lNlDES HERO, Washington OC, 2000. l. 3. § 47.
151. KtNNAMOS, p. 63. p. 1280. Les Lachanas ont fourni à l'Empire des fonctionnaires civils depuis le XIe siècle.
152. Chrollique de Michelle Syrien, Patriarche Jacobite d'Alltioche (l/66-J/99), éd. J. B. 160. PACHYMÈRE, lll, p. 215.
CHABOT. Paris, 1899-1904: réimp. Bruxelles 1963, p. 259. _ Le séisme causa de nombreux 161. CANTACUZÈNE, Il, p. 89.
dommages aux édifices et entraîna des pertes humaines. 162. PACHYMÈRE, l, p. 33.
153. KtNNAMOS. p. 294. 163. ID. IV, p. 341.
164. Voir ici-même G ÉROI.Y1\-IATOU. p. 491 -492 (céréaks. \·inl.
.1.10 IF.AN·CLAUDE CHEVNET L'éPOQue BY'lANTINe 331

domai nes. La supériorité de la Bithynie sur la n".ce s'explique par l'absence d Tab.2 • L'administration civile et ecclésiastique
menace., extérieures depuis le début du IX' siècle, alors que du côté européen, la e graves
lité, assurée par la chute de l'état bulgare en 1025, a duré peu de temps, car les ::"qUII. CIIICOMSctUI"fION,
petchénègues franchirent le Danube quelques années plus tard. IllOdes dignil~. remarques.
chorg" compliments Dale Réfmnce
À panir du XII' siècle, la Bithynie perdit cet avantage, mais Conserva Nom
ses
atouts, richesse de son sol ef variété des productions. Les circonstances POlitiques aUtres
son rôle dans la première moitié du XIII' siècle. La conquête ottomane renvoya ~crurent ADRANts év. clép. de Nicomédie
évêqlle
en Europe, mais la Bithynie retrouva son rôle naturel, au sein de l'état le plus dyn:~nce 325 FEDALTO, p. 96
de son temps. qUe âvethios Ibidem
Alexandre ? 536 Ibidem
élie 553 Ibidem
Conon 787 lbîdem
ApPENDICE PROSOPOGRAPHIQUE
Jean ? 787 Ibidem
Nicéphore Ibidem
Fonctionnaires et ecclésiastiques byzantins en Bithyniel65 879
Basile Xie/XIIe S. LAURENf, Corpus V, nO389
Andranès
La Bithynie ne recoupe pas exactement les limites des circonscriptions admini Ira ADRANIA
lives mises en place à panir du VII' siècle, limites qui furent modifiées au cours des Si~1 . évêque év. dép. de C.llzique
Pour simplifier, on admettra que la région étudiée coïncidait en gros avec les thèmes ~. David
451 FEDAL10, p. 142
1'0psikion et des Optimates, même si le thème de 1'0psikion comprenait un territo. e Kyrikos 681 Ibidem: PMZ 4200
plus étendu, notamment au début de son existence. On trouvera sur le Tableau 2 d~ Staurakios 69 1 F!OALTO, p.142: PMZ6867
l'ordre alphabétique des toponymes, la liste des fonctionnaires '66 et des ecclésiasiique Sisinnios 787 F!DAL1U, p.142
ayant exercé en Bithyniel67. s Basile 870 Ibidem
Basile 870/879 Ibidem
Jean IXe/XeS. ZAcos U, nO 821
Théophylacte Xe/XleS. DO Seals 3.41.2
Constantin Xe/Xie s. ZAcos U, no 800
Méthode XleS. LAURENT, Corpus V, no 361
Léon x\es. DO Seals 3.4 \.1

APAMÉE
archevêque év. dép. de Nicée, puis archevêché. sauf entre 1066 el /071
165. Abréviations particulières au Tableau 2. - Alhènes: lôanna KOLTSIDA~MAKrŒ quand Apamée devint métropole
BuÇavtlva /loÀuf356jJouÂÀa. EuUoy~ OpqJavi5ry·NIKoÀa"i5ry NO/lI(J/la"rlKOU Mou"eio~ Théophile F!oALm, p. 110
A~ryvaiv, Athèn~s, 1996. - BnF (Zacos): Bibliothèque Nationale de France, fonds Zacos (inédit). Eulysius v e s. Ibidem
- EOERSOLT: J. EBERSOLT, Sceaux byzantins du musée de Constantinople, Revue numismatique IV
l8, 1914,~. 207-243 : 377-409. - Ermitage: V. S. 5ANDROVSKAJA, Pamjatniki vizanlijskoj sfragis. Kallinikos 431 Ibidem
tlki v Ennllafe. vv.
29. 1968. - FEDAlTO : G. FEDAlTO, Hierarc/m ecclesiastica OrientaUs. Series Marc 536 Ibidem
episcoponlm ecc/esianml christianomlll orientalium, 1-11, Padoue, 1988. - IFEB : Collection de Théopempte 692 Ibidem
l'Institut français des études byzantines (inédit). -IRAIK: B. A. PANŒNKO, Katalog molivdovlllov. EuslI(ate, athe) 787 Ibidem; PMZ 1811
Sofia, 1908 (reprint de IRA1K 1903, 1904, 1908). - Istanbul : Collection du musée archéologique Jean règne de PG 116, col. 68
d'Istanbul (partie de la collection inédite). - JORDANOV : I. J ORDANOV, Peèatite ot stratelJ.~ata v
Pœslal', Sofia, 1993. - KONSTANTOPOULOS : K. M. KONSTANTOPOULOS, Bus"vtl",à ~oÂ"1ll>6Jlo" Théophile
"JJ.J:z. tO\) Ev 'A8nvatç 'E9vucoû NO)J1crlHXtlKOÛ MoooEÎou, Athè nes , 1917. - LAURENT, Orghidan : Paul 870 FEoALTO, p. 110
V. LAURENT, Documellls de sigillographie byzantine. La collectioll C. Orghidan, Paris, 1952. Eulampios 843-ca 870 PHonus, Leures"' : PMZ 1672
- LAURENT, Vatican: V. LAURENT, Les sceaux bVZQII/;ns du Médaillier Vatican , Vatican, 1962. Sophrônios 879 F!oALm, p. 110
- SBS: Sludl:es in Byzallli,!e sigil/ography. - Sig.: G. SCHLUMBERGER, Sigillographie de l'Empire Constantin 1032 Ibidem
bYZJmlln, Pans, 1884. - ThIerry: Collection Thierry (France, inédit). _ Vienne MK: Kunstmuseum
(VIenne, inédIt). - ZACOS Il : G. ZACOS, BYZOlllille Lead Seals, Compiled by J. W. NESBm, Berne, Basile xe/XleS. DO Seals 3.43.1
1985. Légende: év. dép. = évéché dépendant d'une métropole. Constantin XleS. DO Seals 3.43.2
166. Le qualificatif «impérial», qui accompagne certaines dignités. n'a pas été n?I~. Théodore XleS. DO Seals 3.43.3
'67. Un ouvage récent propose une liste des fonctionnaires des thèmes de l' OpSlklon et des Georges 1145 Régf J.es. nU lOt9
Opli male.~, m~is ceue.liste est loin d'être systématique: VlYSSIOOU, p. 391-405 el p. 425.~30.
- Lorsqu Il eX iste plUSieurs références à la fonction d'un personnage, notamment par d.es édulOns
d; sceaux, no~~ n·cn.donnons qu'une seule. Quand il s'agit d'un sceau, c'est l'édition la plus
rcCc!nte de la plCce qUi est mentionnée. 168. Leures no' 75, 95,181. 182, 184,210.
JEAN·ct.AUOSOmYNlIT L'éPOQUE b YZA l'fflNE

QwCONSClUP1'lON.
rltn'lle, dlpll6, """'19u", CIRCONSCRIPTION,
charge,
dlgnitt. rtmarqueJ.
Nom compllm.nts Dale Référence compllmenls Dale Rtft,....
Michel xrelxll t s. LAURENT, CfJlPll.f V, no 800169 Nom candidat xe ~. DO Sec'" 3.76.2
I ~anc 1172 R ~Resles, no 1019 Nicéphore 172
métropolite 1310 p. III "gouverneur. 1280 PACHYM~'E, Il. p. 613
N. FEDALTO,
Jean Ange grand primicier 1306 PACIIYM~". IV, p. 681
ArOJ.l.ôNtAS Kassianos
b>lq'" é\'. tflp. de Nicomédie
Man: martyr FEDALTO. p. 97 BROUSSE iv. dép. de Nicomédie. mélmpole sous l.mac 1/ Ange
Gorgonios 325 Ibidem b'êqlle FEOALTO. p. 105
martyr
Eug~ne 431 Ibidem Alexandre Ibidem
martyr
Paul 448 Ibidem Patrikios 325 Ibidem
458 Ibidem Esy(lios. kios)
Cyriaque marlyr Ibidem
681 Ibidem; PMZ 240 Timothée
Anastase 38 1 Ibidem
Vlllt_IXC' s. Eustathe 43 1 Ibidem
Nk61as FCOALTO, p. 97 ; PMZ 5442
691 Pierre 45819 Ibidem
Syméon? FEDALTO. p. 97; PMZ7172
787 Étienne
Théophylacte FEDALTO, p. 97 ; PMZ-8298 de Thiollpoli.\' ve/vl s.
e LAUREi'IT, Corpus V. no 380
879 André
Michel FEDALTO, p. 97 553 FEOALTO. p. 105
Théoktistos
Polychronios 681 Ibidem; PMZ6317
BAStUNOPOULts 787 FEDALTO. p. 105
Théodore
tv/que Iv. dép. Je Nicomédie ca 832 Vie de Pierre d·A,r6a. p. 187-189 ;
Léon
Alexandre 401 FEDALTO. p. 97 PMZ4425
Gérontios 449 Ihidem ca 843 Vie d'IÔDnnikios par Pierre, p. 429 ;
Jean
Cyriaque 518 Ibidem PMZ3238
Sisinnios 681 f'EOALTO, p. 98 ; PMZ 6715 Nicétas 879 FEOALTO. p. 105
Georges 787 FWALTO, p. 98 ; PMZ 2167 Étienne moine xC'/XJe s. DO Seals 3.67.4
Anthime 879 FWALT<>. p. 98 Cosmas Xlt S. DO Seals 3.67.1
Basile II~Îdem
Sisinnios Xles. DO Seals 3.67.3
Michel XIC'S. DO Se"ls 3.75.1 Nicolas XIe s . ZACOS II. nO 617
- Patrikios XIe/XIIC' s. FEOALTO. p. 105 173
BITHYNIE Maxime XIIe s. LAURENT. Corpus V, no 384
cMrtulaire mélropolite
lsidore vne/vlII e s. DO Seals 3.76.1 Léon 1232 FEoALTO p. 106
commerciaire Nicolas 1256 Ibidem
Georges apo hypatôn 694-695 ZACOS-VEGLERY, no 186 170 Néophyte 1285 Ibidem
Théophane patrice, logothète général 727-728 ZACOSMVEGLERY, nO235171 Nicolas 1315 Ibidem
lu kornmerkia imp. de Bilhynie, 730-731 ZACOS-VEGLERY, nO243 Hiérothée 1347 Ibidem
Salutaire. Pacaûenne
les kommerkia imp. de Bithynie. 733-734 ZACOS-VEGLERY. nO 248 CtsAtŒE
Salutaire, Pacatienne. Lydie évêque év. dép. de Nicomédie
di,"ctre Phileas FEoALTO. p. 98
Théodose 1 IXeS. DO Seals 3.76.3 Rufus 325 Ibidem
Paul 518 Ibidem
lean 536 Ibidem
~69. La mention est douLeuse car la lecture du sceau, qui est en état médiocre. n'est pas ass~.
W. Setbt, dans son compte rendu (Bywntilloslavica. 35.1974. p. 80) pense qu 'i1 pourraits'ag~du Théodose 656 Ibidem; PMZ 7795
sceau de Michel Marapas. Théodore 681 FEOALTO. p. 98 ; PMZ 7328
.' ~ 70. Des Slaves fu~nt vendus conune esclaves (andrapoda) après leur révolte avortée contre
Justlmen II. Georges était responsable de ceux qui furent établis en Bithynie. .
. 1.71 . Sw ce ~ceau. Théophane esl commerclaire de l' apothèque de Bithynie el des Phryg1es 172. Il s'agit de fonctionnaires responsables d' une province dont le litre officiel n'esi pas
Salutaire et .Pacauenne. La même année il cumulait les charges de commerciaire de l'apothèque donné par la source. . . ~ . .• . La mention
de Co~sta~lI ~nople (ZA(,~S. VEGLERY, no 234), commerci aire de l'apothèque de J'Hellespont el de 173. Le nom de Patnklos ne paraIt guère convenir à un beque de cette époque.
est douteuse. ~
la L)'dlt~ f. lbult'III. nu 2361. com merciaire de J'apothèque de Thessalonique.
JEAN-CLAUDE CIlBYNBT L'~POQUE BYZANTINE 335
3.14

CtaCONSCRJPl1ON.
cha,.,., digni~ 1fI1nIJ"IU" , COleaNSe• lP11aN • dignité, remarques.
complim,nts Date R~férence chargt. Date Réf~rence
Nom compliments
787 FEOALID, p. 98 ; PMZ 3841 Nont déb. Xllt: s. DO Setll.f 3.53.7
Constantin
Théoklisle 879 FEDALTO, p. 98 Michel 111 6 FEOALID, p.139
Jacque.'\ Xlt'S. ZAcos Il, nO498 constantin 1100-1150 LAURENT, Corpll.f V. no 356
Jean XIe S. ZACOS Il, no 506 N. 1157 FEOALTO, p. 139
Jean 11 66 Ibidem
CYZtQUE Basile 1\77 Ibidem
diQecète Jean 1191 Ibidem
Anthès spathaire vme/lXc S. ZACOS-VEGLERY, no 1719 Georges 1254 Ibidem
prokalh~ménosI7" Georges 1270 Ibidem
1304 PACHYM~RE, IV, p. 459 Thécdore Skoulariôlès
Maroulès grand archonte 1283 Ibidem
Daniel Glykys
métmpolite l7S 129011291 Ibidem
431 FEOALTO, p. 138 Méthode Ibidem
Dalmatios XIIIe S.
449 Ibidem Chalamos
Diogén~s 1300 Ibidem
458 Ibidem Nicé,"' Kappadokès
ilvethios 1303-1310 Ibidem
518 Ibidem Niphon 1315- 1350 Ibidem
Basiliscos
536 Ibidem Athanase
Eu~bios 135 1- 1369 Ibidem
553 Ibitlem Arsène
Eupr<!pios Théodorelos 1370 FEOALTO, p. 140
Étienne 610 Ibidem 1381-1386 Ibidem
550·650 L AURENT, Corpus V, no 1702
Sébastianos
l'ilglise Matthieu Ibidem
Jean VileS. FEOALTO, p. 138 1399-1405 Ibidem
vnes. Théognoste
Théodore Z:\COS-VEGLERY. no 1219: 1409 Ibidem
Macaire ?
PMZ 7377 1437- 1440 Ibidem
MélCOphane
Georges 681-689 FEOALTO, p. 138; PMZ 1980
Germain 705-714 176 FEDA LTO ; p. 138 ; PMZ 2298 év. dép. de Nicomédie
DAPHNOUSIA
Nicolas 787 LAURENT, Corpus V, no 346;
évêqlle
l',HZ 5559 FEOALTO, p. 102
Sabas
ilmilien 814 DO Seals 3.53.1; PMZ 153 870 Ibidem
Léon
Jean 836 r' CDALTO, p. 138 ; PMZ 3216 Antoine 879 Ibidem
Jacques IX' DO Seals 3.53.6 ; PMZ 2636 1'1. 1330 Ibidem
Antoine 859 FEDALTO, p. 138 ; PMZ 566
Amphilochios ap. 859 FCOALTO ; PMZ 223 DASKYLION
Bama~ 870 FEOALTO, p. 139 ; PMZ223 évêque év. dép. de Nicomédie
Gregoire 879 DO Seals 3.53.5 Jean 680 FEOALTO, p. 102; PMZ2712
Daniel rxe/x e s. DO Seals 3.53.2 ; PMZ 1230 Basile topotèrètès de l'évêque 787 PMZ884
Ignace déb. x' s. LAURENT, Corpus V, nO 349 Gtorges 870 FEOALTO, p. 102
Dèmètrios xCs. DO Seals 3.53.3 Germain 879 Ibidem
Théodore 944 Régestes, nO 789d Jean Xe/ Xie s. LAURENT, Corpus V, nO 387
Dèmètrios XIe 5, DO Seals 3.53.6 111 Serge XIe s. DO Seals 3.45.1
Théophane 1054 LAURENT, Corpus V, nO 352
Romain 1050-1100 DO Seals 3.53.8 GORDOSERVA
Syméon 1079 LAURENT, Corpus V, no 354 évêque év. dép. de Nicée
Isidore 691 FEOALTO, p. III ; PMZ 3495
174. Pachymère dil seulemenl que Maroulès élail stralège de celle piace, mais à cette dale Néophyle 787 FEOALTO, p. III ; PMZ 5242
c'est en principe un prokalhèménos qui gouverne les principales places fortes. . , , Étienne 870 FEOALTO, p. III
175. Nous avons supprimé de la liste des sceaux des métropolites de Cyzique, celUI d Éllenne,
édilé par V. Laurenl (Corpus V, nO 357) el dans DO Seals 3.53.9, car un exemplaire p"."ll~le donl
G011'UOGRAIKIA
la frappe eSl très nelte, publié dans ZACOS Il (no 712), indique qu'il s'agit en raIl de 1 tveché de
Lizi, dépendanl d'Héraclée de Thrace. dioecète
176. Il s'agit du futur patriarche de Constantinople. Théodore candidat VIII.:' s. Istanbul. nO232
177. Dèmètrios devint aussi syncelle et économe de la Grande Église.
t'
JEAN-CLAUDE CHEYNET L'~POQUE BYZANTINE 337
336

ClRCONSCRlP11ON.
chaP!lO, digni~ "_"lu", CIRCONSCRIPTION,
c"arge.
dignité. remarques,
Nom complimonrs Dale Référence compliments Dale Référence
HAGrOS EUStOIOS l13
NotTI XIe" s. Corpus V. no 836
LAURENT,
Jtt'rre"ar;os Nicéphore XIe S. DO Seals 3.50.4
ConslMtÎn nOlaire Xe/ Xie 5, DO Seals 3.79. 1 Michel XIe s. LAURENT, Corpus V, no 837
juge XICS. DO Seals 3.79.2 'J'héophylacJe 11 52 FEOAL10, p. 104
Léon
Michel kOllbouklisios XIe s. IFEB, n" 322 Georges 1150-1200 DO Seal.• 3.50.5
Michel 119 1 FEDALTO, p. 104
HtLENOUPOI.IS Jean 1315 Ibidem
Ivêque év. dép. de Nicomédie Grégoire
économe de /' év.
Palladios 400 F'EOALTO. p. 102 680 PMZ 1970
Georges
Alexandre
Léonce
Théodore
536
553
Ibidem
Ibidem
FEOALTO, p. 103
-
LINOt
év. dép. de Nicée
681 évêque
Léonce Ibidem; PMZ 4548 69 1 FODALTO, p. III ; PMZ 247
69 1 Anastase
Jean FEOALTO, p. 102 ; PMZ 2743 787 FEDALTO, p. III ; PMZ 4329
787 Léonce
David FEOALTO, p. 102 ; PMZ 1259 879 FEOALTO, p. III
Basile
Synélos IXCS. DO Seals 3.80. 1 ; PMZ 7222 879 Ibidem
Cyrille
Léon 879 FEOALTO, p. 103
LOPADlON
KAOOsIA archonte
I,'êque b: dép. de Nicomédie .. ou Lophos. Gallos XIe s, DO Seals 3.55.1
Léon
Georges 681 FEOALTO, p. 103; PMZ 1975 commerciaire
Cyrion 787 FEOALTO, p. 103 POlhélos lxe s. DO Seals 3.55.2
Constantin 879 Ibidem hôrreiarios
Ignace 858-867/ Ibidem lean Agas (?) XIe s. BnF (Zacos) nO 58
877-886 xénodochos
Pierre Xe/Xie s. DO Seals 3.782.1 Epiphane cubiculaire vmelixes. Sig., p. 246
Basile protospathaire IX e/x e s. DO Seals 3.53.3
KIOS Georges 800-850 DO Seals 3.55.4
hôrreiarios Théognoste IXeS. DO Seals 3.55.5
Asôtas XJe s. DO Seals 3.50.1 Pantaléon stratôr xe S. ZACOS II, nO266
Élienne Bagôr XICs. SBS 3, p. 116 ChriSlophore cubiculaire xe s. ZAcos JI, n" III
Bardas XIe s. Venle Münz n" 90 (1997), no 1049 évêque Il'., archevêché, mé/ropole ? ou Mélitopolis
archevêque év. dép. de Nicomédie, puis archevêché Gemellos 451 FEoALTO, p. 145
Cyrille 325 FEOALTO, p. 103 Sozomène 458 Ibidem
Théosèbe 431 Ibidem Jean 519 Ibidem
Hedislus 536 Ibidem Jean 68 1 Ibidem; PMZ 2718
Théognios 681 Ibidem ; PMZ 7994 André 691 FEoALTO, p. 145 ; PMZ 365
Jean 691 FEOALTO, p. 103 ; PMZ 2745 Michel 787 FEoALTO, p. 145 ; PMZ 5033
Léon 787 FEOALTO, p. 103 179 ; PMZ 4325 Michel 870 FEoALTO, p. 145
EuSlallle 815-843 ? FEOALTO, p. 104 Damien 870 Ibidem
lean 870-1X' s. DO Seals 3.50.3 ; PMZ 3323 Théophane 879 Ibidem
Epiphane 879-lx' DO Seals 3.50.2 Agapel 1232 Ibidem
Constantin 997 FEOALTO, p. 104 Georges 1294 Ibidem
loannina 13 15 Ibidem
178. Hagios Eusébios est mentionné comme sile d'élape sur le Sangarios lorsqu'en 944 le Hiérolhée \346 Ibidem
malld)'lion d'Edesse fut transféré à Constantinople. Ce grenier est attesté par plusieurs sc~ux.
U..fau.t c.orriger l'int~rprétation du sceau lu par V. Laurent (Orghidan Il): Constantin notalfe et
horrelanos des provIsions de bouche (epsémata) de Kios. . .
. , 179.. V. La~renl (Corpus V/3, nO 1814) publie le sceau de Théodore, évêque de Klos. En fatl
Il s agIl d un éveq ue de Kos (DO Seals 2.49.3 el PMZ 7469).
- .U8 JEAN·CLAU DIi CIIBVNBT L:éPOQu e HYZANTI NE 339
CIItcoNscaIPltON,
cItn'l". dian l~ ,....a"lu... C,"CONSCRll'TlO N, remarques.
dignit~.
Nom compIlm••', Date Rérérence charge. compltments Date RUér••ce
Mt u·MtuNA Nom
('hartllla ;~
commercioire
apo hypatôn 695-697 DO Se"I.• 3.59.3
Léon IXC' s. LAURENT, Corpus n. no 925 Georges Xf: s. KONSTANTOPOULOS. no 122d
Pétf'Ônas sp8lhnire IXt/ Xe s. Athènes. no 77 Léon
dur dlle
1097 ANNE COMNàlE, III. p. 16
Manuel Lykailès stmtopédarque XIIIe s. Manuel BoulOumitês
Schlumbe rger l80 11 12- 11 13 ANNE COMN ~NE . lIl, p. 166
tIC dép. de Nicée
Eumathios philokalès
é\ 'lqll~
Makédonios 553 'parqlle
FEDALTO. p. 112 spalhaire VIII" S. ZACOS·YEGLERY. n<' 3156
Théodore 68 1 Ibidem Nicélas
hypoJog;os
Nicétas 787 Ibidem ; PMZ 54 15 X Ie s. DO Seals 3.59.2
les hyp. de Nicée
Paul 870 FEDALTO. p. 11 2 parap/lylax
Théodore Xlc s. LAURENT. Corpus V, no 397 spathaire IXC:s. DO Seals 3.59.4
nrélropolilt'
Stratègios
candidat xc s. DO Seals 3.59.5
Jean 1256 syméon
FEDALTO, p. 112 prokathèmétlos
Constantin 126 1 Ihidem 1265 PA CHYM~RE, 1. p. 321
Nicolas ManouèJitès
prolOcenfarqut
Mt!sornYlNtE vlllel!xeS. DO Seals 3.59.6\
Grégoire
apogm pheus
tO/ln1larqut
Léon Bardalès 1306 PACHYMÈRE, Il, p. 681 7 16 T!ŒoPHANE, p. 388
N.
xénodochosl 84
Mt!soTHYlNlE ET OP1ThIATES épiskeptitès db bit:ns imp. Ixe/x e S. Sig.• p. 250 et IRAIK, n' I49
Manuel
Uphal< gérokomos e t .\, lxe/x e S. ZAcos II. n<' 263 1"
Nicétas
Michel Paleologue 1256 P.\CHYMÈRE, [. p. 43 moine xes. DO Seals 3.59.7
N.
Léon Mouzalôn grand hétériarque 1302 P.KHYMÈRE. [V, p. 339181 protospathairc. ép i tau xe s. Istanbul, n' 757-921
Michel
Chrysotriklinou
NroctsARtE182 métropolite
évêque I v. dép. de Nicomédie Théognios 325 FEDAlTO, p. 108
Olympios 381 FEDALTO, p. 104 ChreSlOS Ibidem
Cyriaque 518 Ihidem Théognios ariell Ibidem, p. 110
Jean 69 1 Ibidem ; PMZ 2750 Eugène arien 370 Ibidem
Léon 787 FEDALTO, p. 104 ; PMZ 4332 Dnrothée 381 Ibidem. p. 108
Tamise 879 FEDALlO. p. 104 Hypatios arien 389 Ibidem, p. 11 0
Anastase 398 Ibidem. p. 108
NtctE Pierre 458/9 Ibidem
archonte Appio Ibidem
KaJybios hypatikos 717-741 ? Syllaxaire, [00. 28-3 Anastase 51 8 Ibidem
Théophylacte xe s. DARROUZÈS , Épistoliers l83 Étienne 553 Ibidem
Kalkatan ~s Théophile 582 Ibidem
Michel spatharocandidat, notaire XIe s. DO Seal. 3.59.1 Conslantin VileS. DO Seals 3.59.8 ; PMZ 3729
Phôtios 680 fEDAlTO. p. 108 ; PMZ 6246
Georges 692 FEDAlTO. p. 108 ; PMZ 2010
ISO. G. SCHLUM BERGER. Sceaux byzantins inédits (cinquième série), Rel/ue IIII111ismaliqllt , 4 Anaslase
sér. 9, 1905, n' 246. ca 700 fEDAllO, p. 108; PMZ 275
181. Pachymère déclare que Mouzalôn commandait les Halizônes. Par ailleurs. le même Hypatios 787 FEDAlTO, p. 108 ; PMZ 261 5
Pachymère expose q~e ces Halizônes sont les habitants de la Mésothynie (II. p. 403). Paul vmcl!xe s. DO Seals 3.59. 11 ; PMZ 5804
182. On connall des dl oecètes de Néocésarée l'un nommé Constantin (ZACOS-VEGlERY, Inger ca 825 fEDAlTO. p. 108 : PMZ 2682
n 3~1) • .l'autre Michel (G. SCHLUMBERGER, Scea~x byzantins inédi ts (sixième série), Rt~llt
ll

n~mIlS/~lallqu('. Ive sér. 20, 191 6, no 296). Il n'est pas possible de détermi ner s'il s' agit de la Ville
bllhymenne ou de la cité pontique. 184. IGNACE LE DIACRE (Lettre no 6) mentionne un cumteur du xénooochos de Nicée: "
. 183. Théophylacte KaJkatanès, archonte de Nicée. appartenait il la commission chargée de 185. ,II n' est pas certain que les deux fonctions de xénodochos et de g~rokomos .uent ete
Juger Alexandre de Nicée (DARROUZÈS, Épistoliers. p. 85). exercées slIlluhanémenl à Nicée, mai s c'cst fort prob~lble .
340 JEAN·CLAUDE CHEYNST
L'é.POQUE BYZANTINE
341
CntCONSCRll'TlON,
ciro"", digni~, ",morque~,
CIRCONSCRIPTION, dignité. remarques.
Nom compliments Date Référence charge,
complémenls Dale Rtférence
Pierre 800·850 LAURENT, Corpus V, no 391. Nom VIllC !i. DO Seals 3.83.3
PMZ6067 ' Serge VIllC_IXC s. Sig .. p. 246
Théod (ore. ose, ule) IXC S. LAURENT, Corpus V, no 392 Georges Vfl[c/IXC s. ZACOS-VEGLERY, n" 1411A
PMZ7684 Afldro nic ?
Théophane 843 FEOAlTO. p. 108 ; PMZ 8093 dioeûlt
vestÎtôr IXc/X e s. DO Seals 3.83.1
Ignace 845 FEOAlTO. p. 108; PMZ 2665 Kosmas
Nicéphore 848 LAURENT. Corpus V, no 393 duc
N. Komèno-Doukas 1175-1200 Eustathe de Thessaloniquel90
Nikôn 858 PMZ5629
Jean 862 FEOAlTO. p. 108 /lÔrreiarios
notaire xc/xlt: s. DO Seals 3.83.2
Nicéphore bis 867 Ibidem; PMZ 5333 Gregoire
Amphylochios 878 FEOAlTO, p. 108 xélwdochos
899 OIKONOMlDÈS. Ustes, p. 123
Grégoire de Syraclize 878 FEDAlTO, p. 109; PMZ 2480 spathaire 850-900 DO Seals 3.83.4
Nikon 850-900 REB 42, 1984, p. 202 Jacques
Théodore xes. DO Seals 3.59.12 métropolite
Alexandre Prochoros FEDAlTO p. 94
920 FEOAlTO, p. 109
Evandre Ibidem
Ignace 945 DO Seals 3.59.9
Daniel Cyrille Ibidem
FEOAlTO, p. 109
Anthime 303 Ibidem
Théodore 956 Ibidem 186
Eustolus 314 Ibidem
Constantin 1027 Ibidem
Amphion arien 325 Ibidem, p. 96
Cosmas 1025-1050 DO Seals 3.59.10
Eusébe arien 328 Ibidem
Eustrate 1113 FEDAI.TO, p. 109
Kekropios ariel! 351 Ibidem
Nicétas Ibide m
Euphrasius 381 Ibidem , p. 94
Léon 1144 Ihidem
Georges 187 Patrikios Ibidem
1166 Ibidem
Gerontius 401 Ibidem
Nicolas 1177 i hidem
Pansophius Ibidem
Gérasime Ibidem
Théophane Diodore Ibidem
1274 Ibidem
Himerios 431/32 Ibidem
Arsène 1301-1313 ibidem
Eunomios ca 400-450 Ibidem
Pierre 1315 lbùlem Étienne 520 Ibidem
Kallislnltos 1327 Régesles, nO 2135 Thalassios 536 Ibidem
Manassès 1355 FEOAlTO, p. 109 Jean 553 Ibidem
Théophane 1366 Ibidem Joseph Ibidem
Alexis métropolite de Varna 1381 Ibidem 188 Pierre 691 Ibidem
Bessarion 1437 Ibidem Jean ca 730 Ibidem
Constantin FEoAlTO, p. 95 ; PMZ 3782
NlcoMtDIE
Pierre 787 FEOAlTO, p. 95 ; PMZ 5946
apographeus
le proèdre Villes. ZAcos- VEGlERY, n' 2993
Constantin CheÎlas 1280-1300 PLP 30766 Théophylacle 814 FEoAlTO p. 95 ; PMZ 8295
commerciaire Gregoire 815-850 DO Seals 3.83.6 ; PMZ 2501
Aulikalamos 760-770 Vie d'tlienne le jeune, p. 13]1" Ignace Monomachos av. 845/6 FEoAlTO, p. 95 ; PMZ 2669
Jean 858 FEoAlTO, p. 95 ; PMZ 3307
186. V. Laurent avait édité le sceau de Théodore métropolite de Nicée (Corpus V, n' 1712) Georges 879 FEoAlTO, p. 95 ; PMZ 2259
qu'il avait daté du IX' s. N.. Oikonomidès et J. NesbiU ~nt republié ce sceau (DO Seals 3.59.10),e. Gregoire 912 FEoAlTO, p. 95
le datant. à Juste btre, du I1llheu du xe s. et en l'identifiant au métropolite homonyme connu ~n 95,6, la métropole XC/Xlt: s. LAURENT, Corpus. V, nO 375
187. En 1173, le métropolile de Nicée, Grégoire (ou Georges), participa au synode qUI décida de la métropole
du transfen de Michel d' Ancyre (Régestes, nO1126). xt:lxlt: s. DO Seals 3.83.7
Ignace vers 919 LAURENT. Corpus. V, nO 377
. 188. La mention par Fedalto d'un métropolite Georges en 1394 provient d'un document
conSldfré comme faux (Régestes, nO 2959).
189. Aulikalamos est désigné par une périphrase: percepteur (phorologos arclIilélôllôll) d~
g?lfe de Nicomédie. La fonchon de commerciaire semble l'équivalent Je plus appropné. mais 1
n est pas exclu que ce personnage ait été dîoecète. 190. Th. L. F. TAFEL. Eu.u a/hi; 1Ilt'lmpolitclt! Tht'sJe,lo1/;cetlsis ()1'"SCil/(I, Fr.Uldort. 18J.:!, p. JIQ.

1
r .142

ClRcoNSClUPl'lON,
dItJ'8 t •
JEAN-CLAUDB CHBYNIIT

dlgni~ • ..maIVu".
L'~POQtJE HYl.ANTINE
343

compllmtllls CiRCONSCRIPTION, dignité, remarques.


Nom DaI. R6f6rcnce c/large• Date
Étienne syncellc tin XIC s. compléments R6f~r.nc.
DO Seal., 3.83.8 Nom
Antoine Pachès \037 Régcstes, no 842 sputhaire rx e s. DO Seal.' 3.39.2
Basile 1071 Nicolas protospathairc XIe s. LAURENT, Vatican, no un
FEOALTO p. 95
Éliennc 1050-1100 DO Seals 3.83.9 Jean ..
Michel 1082 FEOALTO. p. 95 COlmlle~~lIIdt!s éparchies de l'Opûkirm 745n46 DO Seal.' 3.39.41
les kommer la
Constantin 1095 DO Seals 3.83.5 comte l95
Léon archevêque Xlc/XI1(' s. JORDANOV, nO 701 patrice vers 640 HAlOON. Praetorian..f, p. 358
Valentin
Nicélas FEOALTO. p. 95 (de Colonée) après 665 HAlOON, PrCletorian.f. p. 359
Théodore
Jean 1152 Ibidem ti68 Ibidem
Mizizios
l1t6ophylacte 1157 Ibidem de Colollie 680 ZACOS·YEGlERY, nO3194
Théodore
Michel 1166 Ibidem patrice fin Vile s. HALOON, Praetorians. p. 359
Léonce
Jean 1177 Ibidem protospathaire V ille s. IFEB 783
Théophyl,ete
Jean 1259 Pt\(,"YM~RE, J. p. 161 Constantin patrice Ville S. Ermitage, no 2
Karakallos 1289 FEOALTO. p. 95 Barasbal<ourios patrice 705-711 ZACOS·VEGLERY. nO 3081
Cyrille 1313-1316 Ibidem Georges Bouraphos patrice 713 HALOON, Pratt/orians, p. 359
Maxime 1327 lbichwi Isoès 718 DO Seals 3.39.30
Macaire 1385 Ibidem Artavasdos patrice 718-739 DO Seals 3.39.24
Macaire 1437 Ibidem Nicéphore fils d'Arwwl.w!,' 739-743 SBS 2.10
Denys FEDALTO. p. 96 Marinas «Exarchos) 700-750 DO Seals 3.39.32
Sisinnos 1578 lhidf'm Anthès patrice 750-760 DO Seals 3.39.22
David kala Beser 766 HAlDON, Proelorians. p. 360
NoulIItRlKA Grégoire patrice 777/8 DO Seals 3.39.28
"'ique é" dép. de Nicée MousouJakiou
ChriSlophore IXes. /)0 Seals 3.61.1 ; PMZ 1111 Nicétas nobélissime, 782 Spink. no 270'96
Constantin 870 Fb,' A.LTO, p. 112 frère de Léol/ 1\/
ThéotkJre XIe s. ZAcos Il. no 726 Cosmas patrice Ville S. DO Seals 3.39.31
l'évêché xrcs. L 'üIRENT, Corpus V, nO 395 Artavasdos spathaire 750-800 :lAeos- VEGLE'Y. no 3079
Sisinnios patrice 750-800 vente Münz n' 90 (1997). nO 1047
OPSOOON Pétronas patrice 787 DO Seals 3.39.33
anagraphetls Jean patrice 796 ZAcos· VEGtERY, nO 2039
Léon balnitôr 750-850 ZACOS-VEGLERY. no 2095191 Paul patrice 798 HAtOON. Praetorians. p. 361
Drosos spathaire règne de Pierre patrice 750-800 lichocev. lXXD. 9(197
Vie d'Jôallnikios par Pierre,
Théophile Thomas patrice vlllc/rxe s. Sig. p. 249. no 3
p. 482 ; par Sabas. p. 368
Étienne protospathaire XIe s.
André protospalhaire vmellxes. DO Seals 3.39.21
Thierry. no 93
Nicétas proloproèdre xres. Aetios patrice et monostratège 801/802 THtOPHANE. p. 475
JORDANOyl92
basililws Théophile protospathaire 800-850 DO Seals 3.39.36
Paul prolospathaire. juge Arsavir patrice 800-850 DO Seals 3.39.23
Xlt s. Thierry no 89
Michel protospathaire, curateurl93 XleS. Katakoilas 821-823 THEOPHANE CoNTtNUt. p. 53-54
DO Seals 3.39.1 Pétronas
cluJrtulaire patrice 825-875 DO Seals 3.39.35
Mousèlios spathaire Théodose prolospalhaire IXC s. ZAeos-VEGLERY. no 2474 A
IXes SBS 8'94
Nicéphore spathaire ChriSlophore patrice IXCS. DO Seals 3.39.25
lXe s. SBS 6. p. 137
Mariano, Alexandre patrice 850-875 PHOT1US.l...ett~s n05 47 el 158
spathaire IXes. SBS6. p. 121
195. Une liste des comtes de l'Opsikion jusqu'en 800 est donnée par HALDON, PrrlelorÎans.
191. Ce sceau serait le premier connu d'un anagrapheus. .'
192. I. JORDANO\'. Neizdadeni vizantijski olovni petati ot SilÎstra (l), lzveS/ljQ d.
p. 358-361. . .
196. Vente Spink nO135 (Londres, octobre 1999). La dignité. except~onne e,
.
r" . . . ..
Il de obélissime
NalÏollalmusfwns \urna, J 9 (34), J 983, no JI. pe~et l'identificalion de ce Nicétas. Il s'agit du t!ls de Cons~ant!n Y,. S~: ce ~~ d~I~~~
193. Michel était grand curateur des Manganes. f Chnstophore et Nicéphore avaient été nommés césar il Paques 768, IUI-meme aVal il ~d tT ~r au
. 194. Sceau du musée d'Afyon à paraître dans V. Bulgurlu, Some Seals from the Museum 0 i~médiatement inférieure 'de nobélissinte (THÉOPHAN~. p. 4-14). Il est ~ans doute ~l;l:n lit:
Alyon. Turke)'. SBS 8. Nlcéms qui commandait rOpsikion en 781 ou 782 (~tén:nl~es dans SYl~ SSI~~~: ~l~s~ou. 1l)91.
197. N. P. LICIIr\CEV, Afoli\'clomly Gn>cf'skogo \'osto,(:o. t:d. V. S. .·\;'IODROS .
- 344
JEAN-CLAUDE CHEYNET
L'~POQlJE BYZANTINE 345

CIItCONSCJUP1'IOH t dignit6, remarques,


CIRCONSCRIPTION, ,/large,
cha'8" dignit6. MItUnf/lI~s. compléments Date Rtférence
Nom compliments Date Référence l'lam XIe s . DO Seals 3.39.11200
protospathaire.
Georges Pèganès patrice 866·867 TH~OPHANE COtmNU~, p. 240 Rom nin juge de l'Hippodrome
André le Scythe patrice 874-878 TH~OPHANE CONnNU~ protospathairc. XIe s. DO Seals 3.39.20
P
Léonce patrice xes. Byzan/ion l, 1924,p'
. 173· -176
284 Abaln ntès juge de l'Hippodrome
domcslÎqut? protospathairc, XIe s . DO Sea ls 3.39.9
candidat IXC: s. DO Seals 3.39.3 constantin cntépan des dignités
N.
Jean d. de J' Opsikion el des xe/Xlt s. DO Seals 3.86.17 procospathaire. XleS. Stavrakos2l>J, p. 339
Analoliques Théophylacle
juge de l'Hippodrome
Rôm aios XIe S. ZACOS Il, no 983
drongaiœ hypalos,
Paulin VlIIt-iX e Vienne MK, no 210-211 Jean juge de l'Hippodrome
Étienne .., vmcs KONSTANTOPOULOS. no 192 hypatos. XIe s. DO Seals 3.39.7
après 844 Vie retractata de Pierre d'Ar,ÔQ Basile
Nicétas juge de l'Hippodrome
p.161-163 ' patrice XIe S. DO Seals 3.39.8
Choirosphaktès
duc patrice. XIe s. DO Seals 3.39.14
1050-1070 SBS 6. p. 129 Jean Hexamilitès
Nicéphore magistre juge de l'Hippodrome
Botaneiatès Jean Thylakas patrice. anthypJ 'O~ XIe s. DO Seals 3.39.15
ekprosôpou 1050-1075 MB , V, p. 263 et 283
Xlts DO Seals 3.39.4 Zômas
Jean notaire vestarque 1060-1090 BnF (locos), no 1196
XIe S DO Seals 3.39.5 Sklèros
Théophile Théodore protovestès 1060-1090 SBS 5, p. 22
épop" MakrembolitèS
Léon Taronitès protospathaire. x's DO Seals 3.39.6 magistre juge uu Velum. 1060-1090 DO Seals 3.39.16
Pierre Serblias
anagrapheus Nicéphore praèdre 1070-1100 ZAcos n, nO 639
hôrreiarios kom~s tès kortès
. Serge xe/XIt s Vienne MK, no 217 spathaire IXeS. Acquisition BnF 200214
Gabriel
juge Staurakios spathaire lXC s. DO Seals 3.39.40
Denis protospathaire txc/xe s. DO Seals 3.39.11 stratôr 850-900 ZACOS-VEGLERY, nO 3096
Constantin
Jean protospathaire. asèkrètès Xe/Xlt s. DO Seals 3.39.13 prétellr
Serge protospathaire. x e/XIts. DO Seals 3.39.18 Léon Sklèras magistre 1060-1080 Seibt202 , p. 87
juge de l'Hippodrome Polyeuktos magistre, juge du Velum 1060-1090 DO Seals 3.39.42
Epiphane protospathaire, exaktôr XelXlc s. DO Seals 3.39.12 protonotaire
Romain Argyros protospathaire déb. XI' s. Fîcker l98 , p. 97 Drosos spathaire 829-842 Vie d'/ôollnikios par Sabas, p. 368
Constantin grand chartulaire 1000-1 042 DO Seals 3.39.10 Grégoire spatharocandidat 825-850 IGNACE LE DIACRE. no 1
Monomaque Nicolas spathaire 825-850 IGNACE LE DiACRE, nO 2203
Théoktistos ô tès protospathaire, XleS. DO Seals 3.39.19 Baroas 829-842 Vie retractata de Pierre d'Atrba.
Prôtès juge de l'Hippo,drome p. 125-126
Jean protospathalre, XIe S. ZACOS n, nO 990 Philomatès hypatos 850-900 DO Seals 3.39.45
juge de l'Hippodrome Philothée IXeS. DO Seals 3.39.46
Constantin protospathaire, XIe s. LAURENT, Orghidan, nO 221 Pantoléôn spathaire lXe s. SBS 5, p. 102
juge de l' Hippodrome Euphèmios spathaire lXc/x c s. Istanbul, nO 9601685
Paul protospathaire, basilikos Xle S. Thieny nO 89
Étienne proto'pathaire, XIe S. ZACOS n, no 891 . 200, Le propriétaire du sceau a fait graver son seul prénom sur tout le droit On retrouve cette
augustalios ~~que ~xcepti~n~elle, mais avec les lettres du prénom disposées différemm~nt sur des sceau.,
Jean Makrembolitès protospathaire, XIe s . SBS5,p.II-12 199 ornain Tomlkios. symponos (LAURENT. Corpus Il, nOS 1068 et 1069). L'identité des deux
personnages est possible.
juge de l'Hippodrome d N20I: Ch .. STAVRAKOS. Die byzalllùlÏsclum BJeisiegel mit FamiliellllomelJ aus der Sanu1JJung
d:sPh;;i~~lQflSclle" Museums Atl,e", Wiesbaden. 2000. - Le sceau est dans une collection privée
. 198. G. Fl.C~, Die Phundaçiaçiten. Ein Beitrag ZIIr Ketzergeschichte des byza"'f"is:hen ~~~. W. SEIBT.' Die Skierai. Eine prasopographisch.Sigillographische SlIIdie. Vienne. 1976.
"flllelai/ers. i;"IPZlg, 1908.. - La digmlé ~née par Romain est connue grâce à un sc~au médit de v . hl' La fonction n'c st pas précisée ex.plicitement dans les deux lettres muis se déduit avec
1 Ermitage (n 4454), dont Je doIS la connaissance à V. S. Sandroskaja, que je remercte vIVement. r31se m ance du contexte.
199. H. HUNGER, Ole Makremboliten aufbyzantinischen Bleisiegeln und in sanstigen Belegen,
SBS, 5, 1998, p. 128.
r 346

CtROONSC'RlP110N,

Nom
cM'N" digni~,
compllm.nls
spathnire
JEAN-CLAUDE CIlEYNbï

..morqU'S,
Dat.
xc s.
Réf\!rence
DO Seals 3.39.43
CIRCONSCRIPTION,
charge,
dignit~,
complémenls
L'ÉPOQUg UYZAN"HNP.

remarque."
Date Référence
347

Da\'èth Nom
Théodore Sp..1lhurocandidnt XC/XIe s. Schlumberger204 tollnllarqlle
spathaire IXC s. DO Seals 3.39.51
Nicéphore xclxlcs. British Museum no '7116'2\)3 Théophylac<e 932 TUOOPHANE. CONTINUt:.. p. 421
Michel spnthnroct'lndidat Xe/Xie s. Viellne MK. no 208 Eléphanlinos
Himérios nsèkrètès XICS. Acquisition BnF 2002126
Léon Hexakiônitès XICS. DO s"als 3.39.44 OPTIM,\TES
l'rôto.'lfrolo,. allograpltelts s.
juge et anagrapheus XIe DO Seals 3.71.1
Roufos 713 THÉOPHANE, p. 383 Georges
slmt~g(' Andréioménos
N. protospathaire. VIlleS. BnF (Z.,cos), n" 4201206 basilikos
spatharocandidat XIe g, DO Seals 3.71.2
stratège des Anntoliques Michel
Michel protG.'ipnlhaire IXe/X c S. ZACOS II, n" 850 catépan
XIe s.
proèdrc DO Seals 3.71.27
Uon protospathaire IXe/Xc s. Istanbul, no 502 Uoo Areiaoitès
protoproèdre XIe s. Sig., 245, n" 2
Nicéphore protospathaire xes. IFEB 1226 Léon
protospathaire xes. IFEB 369 charlfllaire
Théophile prolospathairc xe s. DO Seals 3.71.3
ConSlanlin anthypatos, patrice xe s. DO Seals 3.39.47 Nicolas
978 SKYLlTZEs, p. 323207 commerdaire
Pègasios juge xe_Xie s. LAURE"", Orghidan, n" 223
Grégoire anthypalos, patrice xe/Xie s. Seyrig 208, nO 191 Romain
xe/Xie s, DO Seals 3.39.48 domestique
Thomas protospathairt' (XC s. ÉBERSOLT, n" 373
patrice fin xe s, l'\'lontfaucon209, p. 46 Théophane
Theudalos spathaire IXe s. ZACOS-VEGLERY, no 1898
Théodore DaJassènos vestarque XIC s. Cheynet - Vannier,210, p. 90 Euslathe
Théodose IXe S. ZACOS-VEGLERY, nO 2477
Michel, magistre mil.xlcs. Bnl' (Zacos), n" 189 IXeS.
Théodore spathaire DO Seals 3.71.14
fils d'Euthyme protospathaîr~ Ixe s. DO Seals 3.71.15
Théoktistos
simteutès111 Ixe/xe s. DO Seals 3.71.8
kouboukleisios vme/IXC s, Orghidan, nO 218 Jean
Nicétas L\ l iRENT,
protospathairc Ixe/xe s. DO Seals 3.71.7
Eustathe
topotèrètès protospathairc xes. ZACOS II, n" 815
Grègoras
Se,!!e spathaire 750-800 DO Seols 3.39.49 protospathaire xes. DO Seals 3.71.9
Léon
N. spathaire VilleS J)O Seals 3.39.50 xe s. DO Seals 3.71.10
Nicolas protospathairc
Théophane Villes BnF (Zacos), n" 761 protQspathaire xe s. DO Seals 3.71.4 et 5
Christophore
Bardas spathaire vrue/L'\"S. ZACOS-VEGLERY, no 1762 protospathaire et xes. DO Seals 3.71.11
Pierre
catépan des Ibères
Constantin protospathaire xe s. DO Seals 3.71.6
204. G. ScHLUMBERGER, Sceaux byzantins inédits (quatrième série), Revue des éludes grecques. Théodore Chrysélios protospathaire XIe s. DO Seals 3.71.12
13, 1900, n" 150. Théodore protospathaire XleS. DO Seals 3.71.13
205. La lecture et la datation de W. de Gray~Birch (Caralogue ofSeals ill/he British Museum,
Londres. 1898, n<> 17716) sont erronées. Une pièce parallèle est conservée au musée archéologique Makrembolitès (?)
d'Istanbul (1003-65). Jean protospathaire Xles. Vienne, MK, nO 204
206, Ce sceau constitue l'unique trace d'un commandement commun aux deux plus g;ands due
thèmes d'Asie Mineure. Il date probablement de la fin du VIIP~ siècle ou du début du sUIVant. Grégoire Tarônitès magistre, juge et duc XleS. DO Seals 3.71.19
La légende se transcrit ainsi: nprotooo:no:9apÎcp J,lovoatpo:tllYoo 'AVo:tOÀtKOOV Kat tO~ 'Oo/lK(01), ek proSÔPOIl
Le propriélaire du sceau pourrait être identifié à Aétios dont Théophane (p. 745) nous Info,:",e que Nicolas xe s, DO Seals 3.71.20
cet eunuque, très apprécié de j'impératrice Irène, cumulait le commandement des Anat?hques et
de l'Opsikion, pendant que son frère, Léon, était monostratège de Thrace et de Macédome. Nicéphore protospathaire XIe s. DO Seals 3.71.21
207. Pègasios ne fut pas un stratège officiel, car il fut nommé par Bardas Sldèros révolté. Il su~ Michel XIe s. Sig., p. 245, n' 3
céda à Manuel Frotikos-Comnène, que Basile Il avait chargé de défendre Nicée contre Sklèros révol épiskeptitès
mais on ne sait si Manuel était stratège de l'Opsikion ou stratège d'Orient réfugié dans ce~te vdle. , Théophile spatharocandidat xe s. ZAcos II, n" 333
208. J.·Cl, ÛlEYNET, C. MORRISSON, W. SEIBT, Les sceaux byzalllins de la collee/lo1l Henn DO S,ais 3.71.22
Seyrig, Paris, 1991. Michel Nabatènos ép. des O. et Dorylée XlCS.
209, B. M01\1'FAlJCON. Paleographia graeca sive de orlU et Progressu literarnm Graecamm"., juge
Paris. 1708. Léon ostiaire. hebdomarios xe s, Z.'\cos Il. nll 558
21O.J.-C. CIIEYIŒT, J.-F. VANNIER, Études prosapographiques, Paris, 1986. Jean Mitylènaios protospathaire XC/Xie s, DO Se"I" .1. 71.2~
211. Cet officier était chargé de la levée des soldats du thème. Romain hypatos, notaire Xie' s, ZAcos n. 0" 691
1

____. t~
. ______________--__...~
1
JEAN-CLAUD8 CHBVNET l'éPOQue BYZANTINE
348 349

CrRCONSCJUPI10N,
cltDrg., dignil6, temorques, C/RC01'SCJUYf1ON, dignil6. remarques,
Nom compliments Date R6f6rence chors" compltmenfs Dale RM6rence
Nicolas Sp3nopoulo5 prolospalhaire. XIe s. DO Seals 3.71.26 riom 787 FEnALlO. p. 147 ; PMZ 4335
juge de l'Hippodrome LWn 879 FEOALTO, p. 147
Basile vestês. juge du Velum XIe S. DO Seals 3.71.23 Nicéphore XIe: s. DO Seals 3.66.1
Michel XIe S. DO Seals 3.71.25 Philo!Me
Georges anagrapheus et juge XII!: s. DO Seals 3.71.1
Andreioménos PRA'NtrOS év. dép. de Nicomédie
Christophore juge et stratège XIC S. BnF (Zacos), no 283 évêque 553 FEDALTO, p. 105
Ka,aphlôros Sisinnios 681 Ibidem; PMZ 7338
Gregoire Thrônitès duc et juge XICS. DO Seals 3.71.19 Théodore 691 FEOALTO. p. 105 ; PMZ 4073
protonotaire Cosmas 787 FEDALTO, p. 105 ; PMZ 3081
Nicolas candidat IXe/x c S. DO Seals 3.71.29 Jean 879 FEDALTO, p. 105
Nicélas candidat IXc/x c s. DO Seals 3.71.31 Eugène XIe s. DO Seals 3.85.1
Constantin spatharocandidat, !Xe/xe S. DO Seals 3.71.28 Jean XIe s. DO Seals 3.85.2
épi lou vestiariou Léon
exarque 1170-xmc s. LAURE1IT, Corpus V, no 385
Théodore
stratège212
Grégoire Xe/XICS. ÉBERSOLT, no 373
PYLAI
ChriSlophore juge et stratège XICS. BnF (Zaco'), no 283 comme,daire
Ka,aphlôros stratèlatès 679·680 ZACOS-YEGLERY, no 157
Kosmas
Grégoire protospathaire XIe s. Sig., p. 244 ekprosôpoll
Choirosphaktès Gregoire Ixe/X e DO Seals 3.68.1
topOlèrèrès :cénodocllos2lJ
Théodore spathaire IX e S. 1DO Seals 3.71.31 899 O'KONOMID~, listes, p. 123
N.
Grégoire/nlS spatharocandidat 950-1000 ZACOS II, no 161 Jean protospathaire, juge lxe/xe s. SBS 2, p. 173'14
1--
Nicéphore xc s. DARROuzts, Épistoliers, p. 58
1
PANORMOS !
drongaire RVNDAKOS
Théodore spatharocubiculaire XCs. Yienne MK, nO 182 dioecète
hôrre;arios Léon XICS. DO Seals 3.69.1
Nicéphore xes. ZACOS II, nO 634
Nicolas Xe/Xie s. DO Seals 3.62.3 SAGGAROS
Jean XICS. DO Seals 3.62.1 commerr:;a;re
Jean XIe S. DO Seals 3.62.2 Kosmas stratêla'ês 679-680 ZAcas-VEGLERY, nO 57
Nicétas XIe S. ÉSERSOLT, nO399 xénodochos
Théodore koubouk1isios XIe g, Sig., p. 216, nO 9 N. 899 OIKONOMID~, listes, p. 123
Sagopoulos
TAlON
PÈGAI dioecète
hôrre;arios N. év. dép. de Nicée 825-850 IGNACE LE DIACRE, lellre D" 17
Constantin h. du domaine de P. XICS . DO Seals 3.65.1 évêque
Jean XIC s. DO Seals 3.70.1
POI/oIANtNON
évêque év. dép. de Cyzique TH'NIE
Étienne 451 FEDALTO, p. 147 commerciaire
Jean les kommerkia de Chalcédoine et Thynie 738/9 ZACOS-VEGLERY, no 253
458 Ibidem
Mercure 681 Ibidem; PMZ 4972
213. Le xénodocheion est en place dès le VIIlC siècle, comme en témoigne une insc~plion
data~t du règne conjoint d'Irène et Const3ntin VI, mentionnant une borne du xénodochelOn de
212. N. Oikonomidês doutait que le tMme des Optimates ait jamais été commandé par un
Pylal (CORSlCN, AplImeia, p. 108, no la 1).
slrntêge (lisles, p. 339), mais le sceau de Grégoire est très nettement frapp6. En réalité, la ulul.turC
214. Ce sceau il été découvert à Maroneia.
des chefs des thèmes a été uniformisée au cours du XIe siècle.
,- .150
JEAN-CLAUDE CHEYNET

CntCONSCRIPI10N,
cha'll" dignit6, ,..marqu...
Nom compliments Date R~fé",nce

diMÛU candidat
Paul IXe/x e S. ZACOS-VEOLERY. no 316
Nicéphore IX e S. ? Mordtman21S 1 L'INSTALLATION DES OTTOMANS
Michel xC's. Berlin J. no 152216
ex;sôlès césar
Romain Lécapêne 919 PACHYM~RE,lII. § 22217
Andronic Pnl~ologue 1225-1250 PACHYM~RE.lII, § 22 par Irène B ELDICEANU-STEINHERR'

INTRODUCTION
Quiconque a essayé de se pencher sur l'histoire de la Bithynie entre le troisième
art du XIIIe et le milieu du XIVl' sièc le es t dérouté par les récits divergents qui en sont
~~ts. Cela tient en premier lieu aux. s~)urces auxquelles puisent les chercheurs. Elles sont
en effet clairsemées et de valeur 1II ,, ~ale . De plus, leur accès est conditionné par des
connaissances d'ordre linguistique. ~('S uns s' appuient sur les chroniques ottomanes qui
ont été rédigées à la gloire de la l'vl,,,s(),, d' Osman et qui présentent de ce fait un risque
de partialité élevé, les autres puiseni k urs informations dans les chroniques byzantines,
plus ~ables certes, ~urtout en ~e qu i concern~ la.~hronologie, mais ~~i n'ont qu'une
conn3.1ssance lacunrure de ce qUi :;'I.! passe dans 1 aroere-pays de leurs VOISinS musulmans.
Ne pouvant établir un ponl entre ct,;: s deux catégories de sources. certains chercheurs
ont baissé les bras. Ils ont discréLli lé les chroniques ottomanes et rejeté les autres sources
orientales, jugées inutilisables l . Pourtant. en ce qui concerne ces dernières, nous ne sommes
pas aussi mal lotis qu'on voudrail le faire croire. Il faut évidemment ratisser large. À la
poignée de documents ottomans aUIhentiques. on ajoutera les inscriptions, les monnaies, les
copies d'actes de legs pieux. les dédicaces dans les manuscrits, que cette documentation
provienne du milieu ottoman ou d'ailleurs. Joignons à cette documentation les textes
narralifs divers, non seulement les chroniques seldjoukides, mais aussi les récits de
voyages et les textes hagiographiques musulmans. Il faut aussi avoir recours aux registres
ottomans, qui ont été très peu mis à contribution. Même si les plus anciens ne sont pas
antérieurs au deuxième quart du xv' siècle, ils ont conservé des renseignements qui
permettent de remonter dans le temps.
L'exploitation de toutes ces sources, auxquelles on ajoutera celles du monde latin,
n'est certes pas facile. Qu'on songe par exemple à l'identification des toponymes et des
anthroponymes. Il faut toujours tenir compte de la langue dans laquelle les textes ont été
rédigés. Le grec défonne forcément les mots d'origine turque, persane ou arabe, puisqu' il
manque d'équivalent pour certains sons. Quant à l'écriture arabe, elle est inadaptée pour
rendre la phonétique de la langue turque ou persane et à plus forte raison des langues
occidentales. En outre certaines lettres ne se distinguent que par l'ajout de points, soit
sous une dent, soit au-dessus, ce qui entraine souvent des confusions 2. Pour ce qui est
des toponymes, il faut se méfier de rapprochements trop hâtifs, fondés seulement sur une

215. A. D. MORDTMANN. 'E'uijV'KOç o1J'ÀOÀOY'KOç Ltilliyoç KwvO'ravflvovKOÀe"". 7,


1872/1873, p. 298. • EPHE (section histoire et philologie). .
216. P. SPECK, Bywntinische Bleisiegel in Berlin (West). IlOIK'À.a BuÇavtlva 5, Bonn, 1986. 1. C. IMBER, The Ollomml DynaSlic My th, Til/dm, 19, 1987, p. 7-27; la .. The Legend Dt
217. Pachymère rapporte que les ex;sôta; de la région du Scamandre étaient, a~ant ,Michel O~man GazI. dans Ottomall Emirare. p. 67-75 ; ID .. Canon and Apocrypha 10. Early. <?ttoman
History, dans Mélallge.f Millage. p. 117-1 37. _ Ce pessimisme est p;U1<lg~ P<l! Flllller. Enurs.
VCH., de hauts personnages et cite ces deux exemples. L'identification du césar Romam n est pas 2. Pour un exemple, voir BELDICEANU. COI/qI/he. p. 30. n. 80 (Taksly.m = Danslra).
certaine.
352 IRtNE DELOICEANU·STEINIŒRR
L"NSTALlATION DE.~ OTTOMANS 353

phonétique, piège auquel on échappe difficilement'. Quant aux anthro-


ressemblani~ene faut pas oubli~r ~lIe da?s ~e monde musulman, mais aussi chez les
ponyJO~:~. un personnage pouv.ntt etre désl~ne autre~ent que par son prénom. On pouvait
Brzar;:.stituer son nom de raml~le. sa, fon,ct~on. son heu de ~alssa?ce ou de rau.a~h~ment.
lUI sU un sumom. Des consldératiOn~ ~t ordre géog!aphtqu~ s avèrent aussI mdlspen-
ouencore L' harnement avec lequel on ûclcnu ou on s approprie une contrée, l'emprunt
sables'é ae aberrant de prime abord, trouvent leur explication dans l'importance straté-
d.'un ddutour, l' . .• 1"
site et la situation po 1t1~u e u~ cpoque.
,
glque odant, la difficulté ~aJCllr~ il laquelle sc heurte le cher~heur réside dans les
.
ce ~réOlypées que renvOIent les so urces et dont les études qUi en Sont tirées se font
Image\Sl'éChO. La conquête de la Bithynie ~st toujours présentée comme un face à face
souve~ zantins et Turcs, Chaque c,amp s ' cHoree de ~eter l'opprobre sur l'adversaire, Les
entre ~s occupent une à une les lorl L'rc.-;scs byzantines, parce que la garnison est ivreS,
Olldio,ma Uc de son côté Pachymèrc rapp\111c avcc un certain dédain que le sultan seldjoukide
tan sq s'adonnait à la bOIsson
Izzeddin . 6
: \'T'iI. u l1 f<lUX. 1'1"S agit
d' un argument type pour dénigrer
l'ennemi, Selon le ca~p da~s Icql1,l' l 'il' ~rouve le narrateur, les Turcs sont soit des
rédateurs avides de bulln. SOIt dl: ~ Ih: rt l', qUi combattent pour propager la foi musulmane.
f>e plus, on découvre, en compi.l,l'<!1H k ..: sources, que t~ut~ une série d'informations est
assée sous silence, quel que SOit h: c l1np. Dans la maJonté des cas, la raison est facile
~ deviner: elles ne confortent pas !' ill l;,lgC CJ.u'on veut donner au lecteur7.
Face à cette masse de dOCUlli é' nlatlon disparate, souvent contradictoire ou tout sim-
plement tendancieuse, le .cherche ur ",','! pas la tâ.che facile, d'autant moins que certaines
sources ne sont pas explOitées ou r ul",ces avec ngueur. Celle étude a pour but de séparer,
dans la mesure du possible. l'i vraie: du bon grain et de relativiser les choses. On n'y
trouvera pas égrenées une à une k s multiples batailles et les noms des villes tombées aux
mains des nifes. L'histoire événe me ntielle reste enCOre à écrire et dépasserait d'ailleurs
le cadre de celle contribution. El k s'efforcera seulement de montrer dans quels cas les
sources orientales peuvent compléter utilement la documentation byzantine. En exploitant
des sources neutres, c'est-à-dire des textes qui n'ont pas été écrits pour perpétuer la gloire
de la dynastie, elle apportera des informations qui permettent de mieux connaître
l'installation des Turcs sur le sol bithynien (fig. 1). Mais avant d'aborder la question sur
le plan historique, il convient de donner quelques notions sur les divisions administratives
ollomanes qui correspondent à la Bithynie byzantine.

1. BITHYNIE BYZANTINE ET SANCAK OTIOMANS

Dans l'État olloman, on ne connaît pas une entité géographique correspondant à la


Bithynie. Plusieurs circonscriptions administratives, appelées sancak (ou liva) se sont
partagé son territoire. Ces divisions s'expliquent aussi bien par la configuration du terrain

3. En ce qui concerne l'identification de Sogüt avec Sagoudaos, CI, Foss a attiré notre a~ention
sur cette erreur, répétée à l'infini; voir par exemple BELOICEANU, Recherches, p. 60 ; comger par
conséquent ce passage, Personne n' a pris la peine de soumettre le texte d'Anne Comnène (m,
p. 192) à une analyse sérieuse. CI. Fos. a rédigé vers 1984 une élUde très utile. mais non publiée,
intilUl~ «The ~orneland of the Ottomans»), dont quelques chercheurs ont eu le privilège de
recevoir une copie. Qu'il reçoive ici nos remerciements,
4. Voir ci-dessous, p. 366.
5. A~tKPA~AZADE, texte (§ 12, 26), p. 18,33; trad .. p. 37. 59. . ' . . . .
6, PACHYMÈRE, l, p. 234 ; sur la vie dissolue des sultans seidJou~ades, VOlr nussi Ibidem,
p.182etn.1.
, 7, Pour ne citer que deux exemples: les sources byzanlÎnes passent sous silence le tribu,t que
~ empereur ver~ait à l'émir de Genni yan, cf, AL-UMARI. p. 35, Du côté ottoman. les chromques
'gnorcm le manage de Théodora, fille de Jean Cantacuzl!ne. avec Orhan.
,~

.1~4 IRANE 8ELDICliANU-STEINHERR t:INSTAtlATION DES OTfOMANS 355

que paf les événcmcn,ts d'ordre histolique . .D·nilleu~s .. leurs frOl~tièrcs ne Sont a oéNéRALE BN ANATOLIE AU XIII' SIOCLE
slabll's nu cours des siècles, Les .mllcak étmcnt subdivisés en UllItés plus (>Ctit P s restées il, LA SITUATION
"0"".\'(" Si cette division reste encore nssc~ floue sous le règne de Mchmede~i appelées nI qui changea de fond en comble le destin de l'Analolie fut l'invasion
d'où provienne nI les regislres les plus nnclens de la région, elle esl ferme ' éllOque
menl
L'év~~7~43, le sullan seldjou.kide, Giyaseddin KeyhUsrev Il, fuI vaincu par le chef
sous le règne de SUleymnn le Législaleur, De ce fnil, les regislres de SOn rè élablie Olong?I•. B u à Ktlsedag, lIeu-dll entre Su~ehn el Zara en Analolle onenlale". Au
outil précieux pour locnliscr des toponymes disparus de nos cartes. gne Sont lin l11i1italr:s ~Cngols se sont c?nt~nlé.s du ~crscm.ent ~'un tri~ut. En 1246. la mon de
Trois sOIl('(lk se partageaient ln Bithynie. tout en dépassant largement ses f . débul I , Keyhusrev n, qUI lalssml derrière lUI IrolS fils mmeurs, créa une situalion
Hildavendignr, SlIlIanilnil, (anciennemenl SlIlIan(jyUgU) el Kacaeli8, Le plus ronllères: dd
Glyase '::.e notables du pays s'efforcèrent de conserver leur position en prenant chacun
celui de Hildavendigar. c'est-à-dire I~ smJ~·ak. d~1 souverain; Il avait comrn:r~d é~ait nou~ellc, 1 sprince qui leur semblait le rnicux placé dans la course au pouvoir. tout en
Brousse, À l'époque de Mehmed II, Il él"'l IInlllrophe, à 1 ouesl, du sal/cak d ef-heu parti po~r ;'obtenir le ralliement du han mongol au candidat de leur choix l5 , Il s'ensuivit
Sa limile nord s'élendail de Biga (Pègai) à Izmil (Nicomédie)9, À l'esl le e Big" ayant 50:; sanglants entre les divers partis el une immixtion de plus en plus fane de la
HUdavendigar englobail le lerriloire silué entre le Gôynük Sil el le Sakar;a (Ss;.ncak de des h;U :ainqueurs dans les affaires d'État. En 1256, un nouveau facteur intervint. qui
mais la région de Hannankaya, pays aux mains du célèbre Kase Mihal (M~~OS), partrule~ingérence des Mongols. Le grand han, Men~ü (Mongke) confia ,I.'admini!tralion
Glabre) à l'époque d'Osman, élail rauaché à SlIlIan(jn(l sous le règne de Meh IC el le acc artie occidentale de son empire a :'ion Irere Hulagu. avec le titre d Ilhan 1h. A partir
d l
Au sud, la frontière remoillail d'abord le Karasu, amllenl dll Sakarya, pass~~ lIIo, de a P oment le sort de l'Iran, mais au ssi de l'Anatolie. fut lié directement à cette branche
decem ,
BozoyUk el Pazaryeri, conloumail Domaniç par le sud el longeail un tronçon de 1 enlre de la famille, - . . . ,. . .
KUlahya-Balikesir jusqu'à hauleur de la rivière nommée Muslafa Kemalpaja",OUle Izzeddin Keykavus n, un des 1lis J e Glyaseddm Keyhusrev Il, ne put se mamlen ...
Soma, appelé autrefois Tarhala, ainsi que Bergama (Pergame) et Behram faisaient çaYI: le trône el se réfugia auprès de M ichcJ VIII Paléologue", Par la suile, il gagna le pays
partie du smtcak de Hüdavendigar. Plus loin vers l'est. trois régions. à savoir Bey p aUSSI ~~rla Horde d'Or, où il mourutenlr" la linde l'aulomne 1279 elle ~rintemps 12801&: Ses
Sivri~isar et ~ihaliç~ik. ~ui n'avaient pourta~t ?ucu~e frontière commune avec le s:~: fils relournèrent en Anatolie, SlyavII, (lu \"Ivant de son père, pUisqu on possède de lUi des
de Hudavendlgar. lm étalent rattachées administratIvement. Sügüt. qui émerge co lonnaies frappées à Konya enlre fi n 1277 el débul 1278 19 , Seul Mesud réussil à occuper
un îlot au milieu du sancak de Sultanônü, était dans le même casl!, La cause de
mme ~urablemenlle trône, avec toul<foi , IIlle inlerruption entre 1296 el 1302, période pendanl
muaehements, aben'ants a' prenuere
., vue, d"
olt elre c hen.:hee
' dans des événements politiq ces laquelle il fut emprisonné par le han '1Hamadan, en lran 2o.
intervenus SO~S les trois pre~ier~ so~verai~s ott~mans. Q~"1I1t à Sultanônü, il compre:~ En 1288, la mort de Fahreddin Ali, surnommé Sahib Ara (il étail à la fois vizir et
la grande plame au sud d Eskl§ehlr, A 1 est, Il tollchau les régions de Sivrihisar t précepleur princier), apporta d:, n ("i\'cau~ changemenls". Les I1hanides décidère~t de
Mihaliçcik, qui faisaient partie du sal/cak de Hüdavelldigar.Au nord et à l'ouesl, fe confier la gérance des revenus h,cau:< de 1 Anatolie à des admmlstraleurs envoyés dlTec-
sallcak étallimulé par le Sakarya el son affiuenlle Kara slI, qlll le rejoinl près de la viUe ternent d'Iran, ce qui créa un grand mécontentement22 . Le système fiscal seldjouk.ide
d'Osmaneli. appelé autrefois Lefke (Leukai)". subit des modifications, Les IIhanidcs inlroduisirent entre autres des impôts qui leur
Le sallca~ de Kocaeli, le plus petil des trois, étail limilé au nord par le Bosphore el élaient propres23, dont on relrouve les Iraces jusque dans les registres oUomans", En
la mer Noire. A l'est, la frontière passait par la rive gauche du Sakarya pour aboutir par
la rive seplentrionale du lac de Sapanca à la ville d'Izmit. De là jusqu'au Bosphore, c'esl
la côte de la mer de Mannara qui délimilait le s(lI/mk. Les registres du règne de 14. TuRAN, Selç/lklular, p. 433 et n. 50. Pour donner un aperçu de la situation en Anarolie
Süleyman le Législaleur révèlenl que les régions d'Iznik (Nicée) et d'Adapazan furent depuis l'invasion mongole jusqu'à la fonnation des émirats, nous nous sommes servie de cet
ouvrage et de CAHEN, Turquie. Il ne saurait être question. dans ce cadre. de remonter aux soun:es.
détachées du sallcak de Hüdavendigar pour être rattachées à Kocaeli l3, De ce fail, 15. TuRAN, Selçuklular, p, 458 sq, ; CAHEN, 1itrquie, p, 230 sq,
Kacaeli partageait une frontière commune avec le sancak de Bolu, Elle passait enlre 16, l'oRAN, Selçuklular, p, 479; CAfIEN, Turquie, p. 241 ; SPULER, Mongolen_ p, 49, Lanomi-
Hendek el le Sakarya, nation date de 1253. Mais. en 1256. Hülagu n'avait pas encore dépassé Samarkand.
17. PACHYMÈRE, l, p. 182: cf. p. 181 n. 7. - Celte note évoque la première fuile d'lzzeddin
auprès de Théodore 1/ Laskaris en 1257 (ibidem, J, p. 234 el 235 n, 6),
18. CAHEN, Turquie, p. 276. - Puchymère fait à plusieurs reprises allusion aux pérégrinations
d'Izzeddin ; cr, l, p, 300-306 ; IV, p. 654 el n, 75, 76,
8. Pour le découpage des sallcak à "époque de Süleyman Je Législateur, on peut consulter 19. Selçllklulllrm nadir paralarmdall balI/an ve Cimri'nin silleleri. Istanbul. 1972. p. 1~13.
les cartes qui accompagnenll'édilion des registres TT 4381 (Sullananü), TT 43811 (Kocaeli) el Tf trad, p, 15-24, - Les pièces portent les dales 675 (15 juin 1276 - 3 juin 1277) el 676 (4 juin 1277 -24
166 (Hüdavendigar), mai 1278).11 faullenir comple du fail que Siyavu~ (surnommé Cimri) n'a régné que quelques moiS,
.9. Mehmed 1/ fil procéder, peu après la conquêle de Constanlinople, au recensement de la 20. TuRAN, Selç"kl"lar, p, 618,
province de Hüdavendigar. Le registre établi à cette occasion, qui contient les comptes de l'année 21. Ibidem, p. 591-596; CAHEN, T"rquie, p, 281. .
859 (22 décembre 1454 - 10 décembre 1455), nous est parvenu en plusieurs fragmenls donl 22. Fahreddin ' Ali fut remplacé par Fahreddin Kazvini qui arriva en Anatohe avec une n0f!l-
chacun se lTOuve en un endroit différenl: MC 0117/1, MM 16016, OAK 27/34, breuse suite: TuRAN, Selç"klular, p. 592. ~ Sur l'impopularité du personnage: CAMEN. TurqUie.
10. MM 8, fol. 56 vo. - Une partie des fantassins de Harrnankaya élail cependanl rall.chée à p. 283-284; sur le statut des terres et les prélèvements fiscaux, ibidem, p. 312-314.
la nalu)'t de Gol~ qui faisait partie du gouvernorat de Hüdavendigar: cf. ibidem, fol. 69 vo-83.VO. 23. L'ilhan instaure en Anatolie le kobçllr, impôt sur le bétail: SPULER.1Mongolen, ~: 48.
Il, Un registre du règne de Süleyman le Législaleur, TI 453, permel de dresse.' la hste ~ y~e série d'impôts importés par l'administration mongole. sont énuméres par G. r:or;er.
complète des nahiye de la province de Hüdavendigar en 1521. Il recense les legs pieux. non Turkisclre u"d mOllgolische Elemenlt' im Nell{Jersiscirell. I-IV, Wiesbaden. 1963-1975.11. n 7_7.
p, 279, S.l'. badraqa,
rduachés à la couronne.
, 24 .. 1. BELDICEANU-STEINHERR, Fiscalité et fomles de possession de la t~rre ara~le I~a~s
J 2. Livre utile sur la province (même si de nombreuses lectures sont sujettes à caution):
t Anatolie préottomane. Journal of tIlt' EconomÎC al/d Social HislOry of Ihe Onent. 19-~, 7.
DoGRll . Eski~ehir.
p, 233-322 (cf. p. 256),
D. 1T 166, p. 170-171 (lable des malières des dislricls),
IRtiNS 8BLDIC6ANU-SruINHERR
356
L'INSTALLATION DES OTIOMANS 357
outre ils s'approprièrent des terres un peu partout en Anatolie phé
com";encé à une date antérieure>". Cependnnt, ln mesure la plus né[ nomène . voisin des Byzantins. Est-ce lu~ le Lamisès de Pachymère31 ? Pure conjecture!
du pays fut l"instauration du système de fenunge pour la perceptio~s~ POUr l' GeJ11l1yan. 1en tout cas un grand retenll!iserncnt dans les sources de l'époque.
qu'elle ouvrit la porte à des abus. de toutes sortes. À partir de ce monl e1 Sa rév~Jte eU n mongole n'a pas seulement apporté la guerre et la désolation sur le sol
vaSlo
. n elle a provoqué é~al ement un" rn ux d
él 1 emene L'm l atlons,
'
fiscal d'une contrée fut dét~mlln ..e p us souv~nt de façon arbitraire. Les e popu et par conséquent des
une fois sur pla~e •.cons(a.al~nt qu II~ ne pouvaient reJ~trer dans leurs frai an~lohe , ts sur le plan SOCial el culturel qUI ont marqué durablement les mentalités.
des fonds aussI bien aux nches qu aux pauvres. SOit en décrétant d s, challgeme~u XIIIe siècle vit arriver d'abord des tribus de Turcomans fuyant devant les
extraordinaire." soit en recourant à la force. Haïs par la pOPUlation t;S Le dé~~t. Mais ils furent vite rattrapés et durent ~~rsuivre leur~uête d'une terre d'accueil.
notables à I·ilhan. la plu~art d'entre .eux périrentd' une mort violem~•. én Mong 1 bi qui a retracé le sort des B a~", . Illustre parfallement les pérégrinations
les émirs qUI avalent eux-memes administré leurs domaine Elvan ~e ~ripétieS de ces gens déracinés. Etabli s d'abord près de Bayburd en Anatolie
mongole vivaient Illal cette ingérence. Ils devaient. comme d'ailleurs ~ avant l'invasion plelnes eils durent partir à l'arrivée de Bayeu. le vainqueur de Kosedag, pour Merzifon.
l
solliciter de l'ilhan un document d'investiture et faire acte de soumise. sultan lUi-même onenta e, 'appelait à l'époque Ergüme" . Une autre branche arriva par le sud et se heurta à
qu'un élUlr . n"étrut p'!' à. 1"epoque un ch~ f''~ dé pendant coiffant une entité S l'Igno ,
SIon" ·.?U
ns ~dle ~UI;U sultan Giyaseddin Keyhü srev Il ct il ses mercenaires francs, qui leur infligèrent
qu'on donne aUJourd hUI au vocable. Il s agIssaIt alors d'un gouvemeu lPOlitrque, sens 1aM é:ère défaite en 124033 . Ceux qui en réchappèrent continuèrent leur route vers
vait, le cas échéant, être affecté loin de ses allaches familiales et tribal: ':'!
Il~'re qui POu. ~ne St et s'établirent sur le versant oriental de l'Olympe de Bithynie, où on les retrouve
J'effondrement du pouvoir mongol que les émirs purelll se comporter:' e n es~ qu'avec ~ ~~:soque d·Orhan34. D'autres s:inSlallèrent après 1333 dans la boucle du Sakarya, à
Pour faire contrepoids aux Mongols, les émirs. dont bon nombre ~~~uverruns. Go Pük qui se vida de sa populallon chrellenne 3' . Avant que l'Anatolie n'ait pu absorber
milieu tribal, recherchèrent l'alliance des Mamelouks et se révoltèrent a:entl~sus d'un ce ~~oc: elle fut confrontée à un nouvel apport de populations, à savoir les Mongols et
En 1277. les Karamanides. pour légitimer aux yeu x dc la population 1 pus d. une ro~. 36
eurs les Tatars
Toutes• ces populations é'
tment d'oo
" glilc. d e 1angue et de culture différentes et mani-
taires, se servirent de Siyavu!. un des fils d'Izzeddin Key kavus" sum aCllons mili·
est mentionné ci-dessus2B . L'ilhan vint parfois ILli 'Jl1ê~,e en An~tolieommé Cllnri. qui festaient les unes envers les aulrc~ une profonde aversion. Dans les villes, les lentés
rebelles. Entre l'automne 1291 et le printemps 1292 _ on ignore 1 PdOur Châll er les utilisaient le persan comme lan g ll~ <.!t: ..;ullUre ; c'était aussi la langue de l'administration
G h . 'do . .. d' a ate exacte seldjoukide. Leur religion était l'js[;olll. cOl~me. en témoignent le.s magnifiques mosq~ées
ey atu. entrepnt une expe Jtl~n punitIve une tell<- envergure que. selon les te -,
la chrolllque anonyme, aucun OIseau ne survola pe.nJ;lIl t six mois la contré rmes de et medrese à Konya comme 3Jll eurs. BIai S c étaIt un Islam concll13nt et très souvent teinté
et Denizli. C'est à celle occasion que la ville d' Eroiili on Cappadoce fut e entre Konya de mysticisme. Ils avaient des conlac ts amicaux avec les chrétiens et cela au plus haut
·u h f ml'1"Jtarres ~ongo 1s trouverent
Les ces • auss i des raisons pour hissermIse
le d
à sac". niveau. Quant aux Turcomans, i Is é t<.li ~ IH méprisés, fussent-ils lettrés. On leur reprochait
la révolte contre le pouvorr central et contribuèrent " semer la désola!' drapeau de leur anticonformisme vis-à-vis de ~ exigences de la loi islamique: ils ne fréquentaient pas
P .1 1 . S"I' . Ion anslepays la mosquée; ils vivaient en vase cl os protégeant leurs cérémonies religieuses des regards
MIll:' es pus c?nnus "'tO~s u eml~, qUI fut nomm é gouverneur général de l'Anatol"
indiscrets. Panni eux il y avait des tribus chrétiennes, comme le révèlent les registres
et qUI ~e mU ~ rever d mdep~ndance. Alors qu'il était pourchassé, ses déplacements::
ottomans3'. La cohabitation entre la population autochtone et les Turcomans finit par
Anatolre de 1 ~uest en 1298 a la recherche de soulien le menèrent des rives du lac de
provoquer des conflits. L' œuvre d' Eflaki et les chroniques seldjoukides de l'époque sont
Bey~ehrr Jusqu à Ankara. Il fut capturé le 24 receb (\98 (27 avril 1299) à Ak hir
cuté à Tabriz30. Vu la configuration géographique. il ne pouvait passer que P:
le p~y:~;
pleines de propos peu flatteurs à l'égard de ces nouveaux venus. Même à J'époque ottomane,
J'antagonisme entre la population sédentaire et les Turcomans continuait à se manifester
à tous les niveaux, aussi bien sur le plan culturel qu'économique. Une seule chose unissait
MO~CAHEN, ~'''Iuie, p. 313; Letters of Rash~d al· Din Farll Allah, éd. KHAN BAHADUR les deux communautés, la haine contre les Mongols. À l'époque, ces demiers étaient
Gazan H':e~~".:'.:t~~ore, 1947, p. 226-228. - Il s agJl de terres faisant partie des domaines de dans leur grande majorité paIens. mais certains avaient adhéré au bouddhisme avant
d'adopter J'islam. D'autres considéraient le christianisme avec bienveiUance, mais quelle
~~. ru~' ~elçuklular. p. 595-596, 599·602; CAHEN. Turquie, p. 313·314.
KaranbÜk IlItIe} exemple, on peUl évoquer la réunion qui se lint dans le campement d'hiver de
la fonne G~~n~~~)UI çse :ouv~raJt entre S.vas et Erzincan (UZUNÇAR~ILI, Beylikler, p. 156, sous 31. PACHYM~RE , IV. p. 346 el 424.
«Kas . . .0 an, e ~ouvemeur mongol, y reçut entre autres Süleyman Pqa de 32. BELDICEANU, Baba ';, p. III : sur les éditions de l'œuvre d'Elvan Çelebi voir ibid~m.
de K=;.:ye~'r'es ~mlrs de Genruran et les membres de la famille d' AIi~ir, qui habitaient la vilk p. 100 n. 3 et 4. - Un ouvrage en langue française sur les 8aba'i : A.Y. OCAK. La révolle d~ Baba
MÜJâmeret üI~ah~r. o,;e~~sses envlronnan.~es . : Aksarayll Mehmed oglu KerÎmiiddin Mahmud. Resul, o/llafon1laliolJ de l'hétérodoxie musulmalle en Allatolie au XJW si~c1e. Ankara, 1989.
p. 311 ; trad . Sel uki:;Sv ar ZJlmall/n~a Turklye Selçl/kll/lan rarilli, éd. O. ThRAN, Ank.... 1944. 33. BElDICEANU, Baba'i, p. 102. 107-t09.
adt, farsra;' '1 ,ç . e .~e(le~1 tanlll, Aksarayh KerÎmeddill Mahmud'un Miisamerat al·ah)'Or 34. Il s'agit de Geyikli Baba et de ses adeples: A~tKPA~AZADE, teXle (§ 38), p. 4244: tr:Id .•
_ D'a ' an I/nl/l le~/lmesl, éd. N. GENCOSMAN et F. N. UZLUK, Ankara, 1943. p. 342·343. p.72·74.
maisg::s ~~yee s~urce. 1 événement eut lieu après l'ascension au trône d'Abu Sa'id (1316-13351. . 35. 1. BELDICEANU-STEINHERR, GëynUk, ville refuge des communautés Baba'i, dans Res
fait la di:n ti p acer arSSlJu~le avant l'arrivée au pouvoir de ce souverain. On notera que le lexie ortelllales, 6, 1994 (Itinéraires d'Orient, hommage à CI. Cahen). p. 241-255. .
28. Thc on entre a famIlle d' Ali§ir et les émirs de Genniyan. . 36: On trouve leur trace jusque dans les registres ottomans, en particulier dans celUI consacré
frappées PaI~' Selçukilftla~. p. 558 sq. ; CAHEN, Turquie, p. 271-273. 316, 317. - Sur les monn&" à la reglon de çorum, MM 354. Entre les p. 78 et 105. le recenseur énumère les communaulés
29 C e pnnce, c . cl·dessus note 19. mo~goles et tatares qui élevaient un équidé appelé koltm. - ~n ce qui co~ceme les Tatars, .Ies
CAllEN, 'Tt,:'r;::;'
Que anol/yme,,P. 63 (trad.). p. 88 (facsimiJé). Cr. TURAN, Selçuklular. p. 605; registres ne pennettenl pas de faire la différence entre ceux arrivés dans le Sillage des Mongols el
novembre 1~91 . p. 2187d·288 • 1. auteur énumère les étapes de cette campagne. Elle commença en ceUlt venu~ ave~ Timur (Tamerlan) : SO~ŒR, Mogollar. p. 132 sq. : 1. BELDICEANU-STEINHERR:
30 T par a .strucllon d'Eregli et de Larende Terres patnmomales en Anatolie centrale (fm xvc _ début XVIC s.), Revue des "'Dlldes n",slIblt/ms
celle ét~de U~:~i/:~~,;klular. p. 62?·625 ; SPUlER, MOl/g~lel/. p. 97 ; SOMER. Mogollar. p. 87·96; nde la Méditerranée, série histoire, 1997. p. 115-125 (cf. p. 121 et n. 9).
. es Sources d époque. est souvent ignorée. 37 . Quelques exemples, ibidem, p. 121-122 et n. II.

7 t
- IRIDie nEl.I>ICBANU-STnINlmRR
L'INS'rALLATION DF..'i crrroMANs 359
que fIlt la religion .doptre, elle se ré..umnit 1\ un venlis superficiel COUVmnt de
an,.. stmles. Le Mongol étoit associé il l'imase de l'horreur, 1\ ln terre dévasté s ~roYanc., - 1 ou d'Osman comme gouverneur de la région de Silgüt dan, le
de \.'nnscience collective jaillit de celte détresse qui frappait sans discememc, ne crisc ominatiO n d'ErtOg~ il faut tenir compte plutôt du poids politique de, Mongols que du
.t le pouvre, le coupable et l'innocent. Elle se résume dans une phrase: les Ment le riChe ~mai~e de la léi~f~n CdU sultan seldjoukidc. Soulignon, que ,'e, ~~lIage, loca l.i.sable,
le néau que Dieu nous a envoyé pour nous punir de nos péchés. Des voix moonf.0ls ~ont
s'élevèrent J'lmout pour prêcbcr le repentir, la contrition, l'obéissance stricte au~ ISntnc.,
uVOlr de déc .
r ieux de l'émir mongol Caca 4S, à savOir SogUtônU, EgnozU et
~partenant aU le~s à proximité Îmmédhltc du territoire occupé par Osman4/" EgritlzU
Ahncak. se lro~v~e~ est seulement. il vol d' oiseau, à 24 km de SogUl47 et S(igüttinü ct
de l'islam. Notons entre parenthèses que l'arrivée de Tamerlan, un sièCle et !~'Pl"
tard, provoqua la même réaction. CeUe nouvelle mentalité tmverse les sources de ~~~I plus (aujourd'huI Eg~~hZ' Ah~ca) ne sont guère plus loin'''. Quant aux villages non locali,a-
comme lin fil rouge". C'est dans ceUe atmosphère d'instabilité politique, de s f~u, Ahncak. (~U~o~~ Ka~~k sont mentionnés dans un registre ottoman du XVIe: siècle comme
ct de désarroi que l'État oUoman vit le jOllr. ou rance bles, Goçozü l ' onscription d'[nünü 4". Ils sont par con,équenttrè, proche, de SogÜI.
dépenda~t de a ~trC le pays de Sultaniiylil.Üi (Sultanonü) parmi ceux dépendant de la
III. OSMAN ET SFoS VOISINS Al~Umari énum. rCHan Il précise que le territoire ne comptait pas dc ville et nous laisse
Maison de CengtZ ur le' nom de' son gOllvc.:rncur~(J. Avant de chercher refuge en Égypte,
C'est Osman qui a donné son nom il la dynasti,'. mais la première personne ' dans l'ignorance seur de l'Anatolie. cl;lrcpril entre les années 1324 et 1327 de, campagne,
Urt"'
Tilm.. gouvem
~, d l' uest du pays pour (lsst;Olr' so n.autont.é él'tmlnant
. aussI. b'len d
esé mus
'
peut saisir historiquement est son père Ertogrul. Un registre qui contient les comp~u ~n
l'année 859 (22 décembre 1454 - 10 décembre 1455) mentionne un legs pieux à S()~~ e pumtlves ;ns ?litaires mongols:"\ . Ell,lki ne manque pas de souligner qu'il régnait
faveur de l'âme du défunt 3•. On a publié également un" monnaie d'Osman qui men~ en turcs que I~S m~c unc main de fer <.: 1 qu'il prit des mesures pour se faire obéir par les
le nom de son père'". Quant il la traversée de l' Anatolie par la famille et sa fixationl~nne sur l' A~alO ~ aVmarches frontière,". Un extrait d' un 1ivre de comptes daté de 751 (II
la région de Karacahisar'I, ces événements furent habilles de légendes, faute de souve~s popula~~~s_ ~~ février 1351) mel <g" k!n ent en évidence l'emprise des Mongols sur
précis. Les seuls repères chronologiques que donnenl les chroniques Ollomanes poIlS mars 1 r E chiffrant les re ve nu '> dl,; l' Etat ilhanide provenant des marches frontIères,
l'époque de la fondation de l'État. sont la mcnli,)n <lu sac d'Eregli el l'arrivée ~ "Anat~ le. ~rhan parmi les lrihulairc.::-.·~:\, Il n' y a pas de raison de supposer qu'Osman,
il menuonn~ pu échapper à la vigib Kc <lu pouvoir mongol. Quant aux chroniqueurs
son ~re, al
Baymcar. La ville d'Eregli en Cappadoce fUI détruile en novembre 1291 lors de la
campagne punitive de Geyhatu·'. Quant à Bay,"" "r. Il l'nt envoyé par Gazan Han en otlomans, seu 1 Ne'ri
't
mpporte qu'l. ~\. "v"il du . temps
,
d'Osman5-1 des beys à EskijChir et à
Anatolie en compagnie du sultan Alaeddin Kcvkub:l\! 11 1. en 1298. Il devait remplacer 1 .... et qu ' Osman était en con llat iI ':ec certams d entre eux . .
Sülenti~. général cité ci-dessus, mais il finît assas~ ill l:''';;'. Nous sommes donc dans une non~u sud~ouest se trouvait lé pays de Ge~iyan. L'entent~ entre ses habuants et
fourchene assez étroite d'un peu plus de six ans. D,uI> ;," chroniques, Stigüt est présenté Osman était loin d'être cordiale. c(lmn~~ I ~ souhgnent.les chrom~u~s o~t~manes. Durant
comme le berceau de l'État ottoman. d'où Osman l' ~ [ !~ .l!'!i pour mener ses campagnes. la dernière décennie du XIII' siècle. 1 cm tr de Gerrmyan controlaIt d aIlleurs toute la
Il est bon de rappeler que l'Étal seldjoukidc <:I"il depuis 1243 sous domination artie occidentale de l'État seldjoukidc. la ville d'Ankara mcluse, co~e le prouve une
mongole. et que les Byzantins en étaient bien conscieni."; pui squ'ils envoyèrent en mariage rnscription à l'intérieur de la mosquée de KIZil Bey, s!~ée dans celte VIlle; elle est datée
à Hülagu une princesse de naissance illégitime. qui . ..:': 11 raison de la mort du souverain de 699 (28 septembre 1299 - 15 septembre 13(0)55. S! 1 on regarde la carte, on comprend
mongol, devint l'épouse de son successeur, Abak:t" . Si l'on ne veut pas reléguer la pourquoi Osman a dû faire un détour par Blleclk, VIII~ aux mams. de~ Byzanuns, ,pour
accéder aux pâturages de Domamç. La route du sud, Kutahya - Eski§ehir - Ankara 1 étaIt

38. Nous avons exposé cette situation conflictuelle ~n Anatolie dans BELDICEANU, Péchés.
39. MM 160]6, p. J7. Il s'agit d'un legs pieux d'un cara~tère curieux, puisqu'il consiste en 45. Avant d'être nommé gouverneur de Kl~ehir ~uto~r de l'a~mée 1266, l'ém~ Nureddin
trois paysans mécréants de la catégorie des ellici (sur les ('/Uci: BELDICEANU, Population, p. 15-16). Caca était gouverneur de Sultanôyügü (SultanonU = Eskl~ehlC). Il avaat conservé des ble~ dans !a
Il est difficile de savoir comment fonctionnait le legs. n est combiné avec un legs en faveur du cadi région d'Eski~ehir et fit construire dans ceUe ville une mosquée sous le règne du sultan, Gly~ddin
de Sogm composé de deux fermes. la première léguée par Orhan. la deuxième par Murad I~. Keyhüsrev III (1266-1283). L'acte de legs pieux, qui mentionne aussi d'a~tres ~o~bons pieuses
dan, celle ville, est dalé du 10 ~el'l'a1670 (10 mai 1272) : A. l'EMIR. KI'fehlr Emm Caca Oglu Nur
40.1. ARTUK, Osmanh beyliginin kurucusu. Osman gazi'ye ait sikke, dans TiirlciyeninSos)'ol
l" Ekonomik Tarihi. Ankara, 1980. p. 23-33.
eI·Din'i" 1272lariMi Arapça·Mogo/co Vakfiyesi, Ankara. 1959. p. 298-299.
41. La forteresse se trouve sur la rive droite du Porsuk çayl, à J km de la bourgade de 46. Ibidem, p. 61. _ ' ..
Karacal'hir (cane turque, feuille Eskijehir z38) ; TlB, 7, p. 290-291 (corrig~r gauche en droite; 47. Carte turque, feuille Eskijehir v38 (sous la fonne Egnoz).
48. Pour Ahncak, carte turque, feuille Eskijehir, y38 et v38 (sous la forme Alinea).
rectification de l'erreur par lettre du 24 juillet 2000 de la pan de K. Belke). AUJourd'hUI on ne peul 49. 1T 438 l, p. 236 el 240.
plus visiler cette forteresse en raison de la présence d'une station de radar.
42. Voir ci-dessus, note 29. 50. AL-UMARI. p. 32. .' f 1 B CEANU-STEINHERR
51. Chronique anonyme, p. 68 (tmd.) et p. 94 (facslmtlé): c . .' ELOI. d '
43. TuRAN, Selçllklillar, p. 622, 625; SÛMER, Mogollar, p. 67. Notes pour l'histoire d' Ala~ehir (Philadelphie) au XIVe siècle. dans Ph,ladelph,e tl aulns ilu tS.
44. Plusieurs allusions à ce mariage se trouvent chez Pachymère et sont commentées ff
l'éditeur dans les notes: l, p. 186, p. 234 et n. 6 , III, p. 278 n. 94 : IV, p. 656 n. 78, p. 666 ~h '
Paris, 1984, p. 17-37 (cf. p. 23-25).
p. 684. - Marie est représentée sur une mosaïque dans J'église du Saint Sauveur-m- o~ 52. EFLAKI, Il, p. 414-416. . _ M- d _. Wiesbaden
53. W. HINZ, Die Resülii-\'e Falaki\'\'ii des 'AbdoUiih lb,. KI)'Q al- azan a~m, rw:s'
(devenue Karlye Cami), dont elle fut fondatrice. de retour à Constantinople après son ve~vage i 1952, p. 162. - Umur [d'Ayduij étant décédé avant cette date, le ?ocument a su~ltét~~~ ~s~'Êt;l
P. A. UNDERWOOD, Th, Kari)'e Djami, Il, The Mosaics, New- York, 1966, p. 36, 37 pl. b. E e ru. ~I peut simplement s'agir d'un retard dans la mise à j~ur d,:, ,:gls.lre. La désa~ ga 1 i\ u de la
également être identifiée à la «despoina des Mongol s,~, Maria Comnène Palalologma, ~uteurTI ue
poème dédié à la Vierge: N. TETIRIATNIKOV, The Dedication of the Chora Monastery IR theM~a
lihanide et l'affaiblissement des gouverneurs ô'Anatolie qUI S étalent atTranchl~pe~
tutelle de l'État, rendirent la perception de l'impôt bientôt caduque. BElDICEANU, te ~
It.ks p TI
,,-
of Androniko, Il Pataiologos. 8y,alllioll, 66·1, t996, p. t88-207 : G. KRUSTEV. A Poem by tint CI n. 54.
Comnene Palacologina from Manuscripl 110 177 of the Ivan Dujl!ev Centre for Slavo-Byzan 54, N~RI, facsimilé, p. 24-25 : .leXle. p. 75·77. , . .. t974. . JI.
Studit:s. By:.cmt;lIoslul"ica, 58. 1997, p. 71-77 (communication de Th. Ganchou). 55. M. ç. VARUK, Germlyall-l/KUlltlfl «m /ll (UOO-I·L9J, AnkarJ, P

,1
t
360 IRêNE BELDICEANU-STEINHERR L'INSTALLATION or:s QlTOMANS 361

tenue, en effet, par l'émir de Germiyan, Osman use d'ailleurs de cet arg . ées auparavant, sinon plus, on peut avancer que nous avons probable-
demander au gouverneur de Bilecik la pem,ission de déposer ses effets dument PCUr déroulés ~IX ~nn personnage qui descendait d'un certain Umur, ce dernier ayant été
avant de monter aux pâturages'6. ans la viII. nlt~t aff;lre rin~~ seldjoukide, car l'expression turque «al.-i Umur» ve~( dire «la famille
Yenons-en au territoire délimité au sud et à l'ouest par le Sakarya, qui form
parcours une grande boucle. Côté sud, le Ileuve ne présente pas de passage ~e ~ur c.
victime ut ue interprétation est correcte, ct les chroniques byzantines plus tardives.
d'UmUf». 1 ~e e propos «les enfants d'Omu!'» , tendent à la confinner67 , il en résulterait
franchir, même de nos jours. Lorsqu'Osman veut frapper les régions situées s acd.s à qui évoqu~nl :ans le nom du personnage dont le père s'appelait Umur. Le texte de
droite du Ileuve, il emprunte le passage le plus oriental, entre Eski~ehir et SSUr la nv. que noUS Igndonne à penser que ccs informations ont été transmises à By7.ance par
qui pem,et d' aueindre Mudumu. À cet endroit, la vallée s'élargit et permet a:~cakaYa, p hymère a
,~c
. . .
édiaire d'une lettre ou d'un messager qUi ne .connals~alt pas le grec et que le
s'étaler. Nous avons pu déduire le tracé de ceUe route grâce à la confrontation d euve de 1 IOterTll f t mal compris. Ce dcsccmJnnt ùe «Amounos l) avait profité de la crue pour
niques et d' un registre. A~lkpa~azade et Ne~ri rapportent qu'Osman s'était rendu ~~ chrO- ",essa~e u le Sakarya et le Çark Deresi. Plus tard, il demanda à l'empereur la permis-
auprès du cheikh du tekke de B~ta~ pour demander son chemin57 ; or un regi t abord
tre
s:établ::? établir définitivemcnt6s. On peut considérer cette démarche comme une
apprend que ce tekke se trouvait à Eski~ehir58. s re nous Sion dde J'asile face à des voisins musulmans tr?p. puissants. Il f~ut avoir présent à
Sur l'autre rive vivait Kose Mihal (Michel le Glabre), un mécréant. Son t . . ~eman 'à l'époque la famille des Çoban a été éhmmée par la famIlle des Canda"9 .
longeait la rive droite du Sakarya et comprenait le village de Harmankaya où l'onemtorre
ut 1esp~tnq~utre général des «\~rses:, s' a~pelan Amour.ès. Pachymère ne dit pas où il rési-
nos jours encore visiter sa tombe59 • D' après Ne~Ji, il participa avec des beys musur d. . 70 Nous proposons de 1 Idcnllfier a lin certam Omer, dont la fille Malhatun figure
mans
une campagne contre Osman, durant laquelle il fUI fait prisonnier. Osman l'épar à dmt . témoin parmi les proches d'O ' lI1an dans l'acte de legs pieux établi en 1324 par
en fit son compagnon d'armes60. Ce fut le début d'u ne longue collaboration d;~al·t co~me n faveur de la zavi)'l! de Ml~ kr:cl.! : en d'autres mots, nous pensons qu'il s'agit du
chroniques ouomanes telles que celles d' A§lkpa~azade et de Ne§ri se font l'écho n es ~r an e cheikh Ede Bah, qui maria sa Iillc Malhatun à Osman7l .
Plus à l'ouest, on peut franchir le Ileuve près d'lnhisar. mais la traversée est dur.
il lanle~mme voisins d'Osman. nom,. pouvons en~ore citer l'émir Ya~an, de la fa,:"iIIe de
en raison de la configuration du terrain. Il reste le passage de Mekece et celui de Ge" e C dar et son fils Süleyman P,,~a. l'a,, hymère cne en effet deux émirS, le premIer sous
emprunté par Ibn BaUuta. Comme le montre son récit. les deux passages n'étaientyve, laaFonne Amèramanès72 et le SeCl) llti sous la form.~ Solimampax73 . Tou~efois, il n'établit
non plus dépourvus de dangers6l . Quelques années avan t qu'Ibn BaUuta ne traverse:: de lien de parenté entre les deux. Lorsque Suleyman P~a apparalt sur la scène de
là, Geyve était aux mains d'un certain Muradeddin Hamz., qu'on ne connaît pas par ~stoire en 1302, son père étai~ l'eut-être ~écéd~. L'identificatio~ d' Amèrarnanès avec
ailleurs62. La régIOn n'appartenaIt pas, par consequent. "Osman. l'émirYaman ne fait aucunedltllcllltc ct a deJà éte proposée parWluek74 • Son nom appa-
J:
Le désintérêt de Michel yru pour les provinces Asie et une série de mesures qui
avaient provoqué le mécontentement de la populal lOn a 1 est du Sakarya ont rendu celle
raît sur une monnaie de son 1ils75 La famille avait des terreS du côté d'Ellani, à l'ouest
de Kastamonu selon Ali Yazlclzade. à qui nous devons une traduction en turc de la
région ttès vulnérable. Certains habitants choisirenl d" se soumettre aux 'nIrcs tout chronique d'Ibn Bibi augmentée d' ajouts7•. La même source rapporte qu'un membre de
proches, d'autres abandonnèrent leurs terres 6J . En 128 1. Michel VIII essaya d'arrêter la famille de Candar, probablement Süleyman Pa~a, le fils de l'émir Yarnan, mit la main
l'avance des Turcs. Il érigea ou mit en état des pelites rorteresses sur les deux rives du sur Kastamonu et élimina Mahmud. demier représentant de la famille des Çobann . n n'y
Sakarya et fit planter des pieux dans le sol qui étaient reliés par des branchages"'. a pas de raison de rejeter l'idelllilication de Solimarnpax avec Süleyman P~a, de la
La crue exceptionnelle du Sakarya en mars 1301 rend it vains ces efforts65 • C'est à famille des Candar78 . Pachymère raconte lui-même que les Turcs qui razziaient le
Pachymère que nous devons une série de détails sur les adversaires des Byzantins et sur
ce qui s'est alors passé. Au-delà du Sakarya, en d' autres mots sur la rive droite, vivait un
chef nommé «Halès Amourios», qui se vantait d'avoir tué le fils d'Izzeddin Keykavus Il 67./bidem, p. 106 et n. 159. - Une erreur analogue a été commise par certains voyage~~ sur
le nom de la famille d'Osman (al-i Osman). Voici le texte de Laborde à propos de sa VISite à
pour venger son père". Sans vouloir entrer dans le detail d'événements qui se sont SëgUt: «Le sultan Aly Osman, fils de Toghroul, est le chef de la famille actuelle des sult~s,;.»
(LABORDE, Il, p. 46). Le même contresens a été commis par PARDOE, p. 193-194 (communlcauon
de J.-P. Grélois).
56. A§IKPA$AZADE, texte (§ 12), p. 17 ; trad., p. 36. 68. PACHYMOO;, IV, p. 506.
57. MIKPA$AZADE, texte (§ 10), p. 15; trad., p. 33 ; NE$RI, facsimilé, p. 28 ; texte, p. 91. 69. YOcu, Beylikler, p. 58.
58. Kariye-; Keski". labi'-; me,bur, vakf-, zaviye-; Bef Taf fi nefs-i Eski§elrir: 11 438, 1, 70. PACHYM~RE. IY, p. 378 : cr. FAILLER, Émirs, p. 88-89.
p. 144. - Corriger la lecture de Dogru, Eskifehir, p. 212. 71. Voir ci-dessous. _ Un rapprochement avec le texte de Pachy~ère a été proposé à. deux
59. AYVERDI, Osmanh mi'mârîsi, p. 150-152. reprises, mais les auteurs. ont cru qu'AnlOurios el Amoures étalent la même personne:
60. NE$R1, facsimilé, p. 25 ; texte, p. 77. UZUNÇARSIU, Orhan,p. 285 ; BELDICEANU, Recherches, p. 70 n. 36. La distinction a été clairement
6J, Une femme et son serviteur essayent de traverser le Sakarya à la hauteur de Mekece; le élablie par FAILLER, Emirs, p. 88·89. .
serviteur se noie: IBN BATI1.JTA, p. 659. Ibn Battuta emprunte un bac très primitif situé en aval p~s 72. PACHYM~RE, IY, p. 424; cf. FAILLER, Emirs, P.. 81-82.
de Geyve : ibidem. 73. PAÇJJYM~RE, IV, p. 378 et 506: cf. FAILLER, Ëmirs, p.90-91.
62. AL-UMARI, p. 41. - L'auteur insiste sur l'importance de Geyve, la ville étant située à un 74. P. WITŒK, Das Fiirslentllm Mentesclle, lslanbul, 1934, relmp.Amsterdam. 1967, p. 23 et n. 2.
carrefour de plusieurs routes. 75. YOCEL, Beylikler, p. t 44. . . .
76. /biclem, p. 49, 58 ; voir Ali Yazlclzade. Selçukname, Bibliothèque NatIOnale de France,
63. PACHYMÈRE, l, p. 290-292.
64. ID.. IV, p. 362. 260 ronds tllre suppl. 737, fol. 446 l''.
65. Sur la crue du Sangarios, cf. A. FAIllER, Pachymeriana alia, REB, 51, 1993, p. 237- 77. YÛCEL, Beylikler, p. 49. . .
78. Yücel (ibidem, p. 57) mppOl1e, sur la foi du chroniqueur ottoman ,Müneccmlba~a. qu,. ~n
(cf. p. 238-248). . Halès Ouvrage fut dédié à Süleylll<ln Pa~'1 en 709 (II juin 1309 - 30 mai 1310): A ~elle d~t~. Ild~~~~.
66. PACHYMÈRE, IV, p. 358-364. L'identité des personnages nommés Amounos et .. of par conséquent. compter parmi les émirs importallt5. En hiver 1332/33. c étau un \'lclllard .
Amounos a donné lieu à des discussions: E. ZACHARIADOU , Pachymeres on Lh~ «Amou~f~i08, rable : IBN BAITUTA, p. 666.
Kastamonu, Byumtine and Modem Greek Stl/dies, 3, 1977, p. 57-70; FAIUER, Él/llrS, p. 82,
1
362 IRtNF. 8l!lDICEANU·Sn!INIII:RR
L'INSTALLATION oes (1fTOMANS 363
•• ni.oire by,on'in venalen. d. Paphlogoni. e. plu. préci.emem de "K"'amOn."
bicn 1. famille des Çoban que celle de•. Condor fo .. olen' partIe de I·é. a• seld' . AU"i l' t remarqué avant nous : il ne peut être question de la pri!\e de
dev.ien. de ce fai. obéissance ou. IIhanodes. après 12438<'. Le nom de Cand ~Io~kide" beau·père, D'autres h ~~iens aU temps d'Osmanfl 7. La région était sous domination mon-
indique que l'oncêorc de l'émir Yomon avoi. "ppartenu 1\ la ca'égorie d:; t-mêlllt Karacahisarsur lest r année. avanl 1272. dale du legs pieu. de l'émir Nureddin Caca
gole. aU mOl•ns ~u:aiu~~sieurs villagcs~fI. Nc~ri est le seul chroniqueur ancien à avoir
palais· . Avec 1. fomiUe des Çoban •• ceUe des Candor. nous sommes en Pré mIrs du
'
notables qui timient leur subsistance de lerres qui leur étaient allouées et qui sence de qui possédal l là- P le les relations, bonnes ou mauvaises, entre Osman et les beys de
mageaien. des impô's qu ' ils payaiem au. Mon~ols. en dépouillam non se~t dédo",_ menlionné dans sond~~~MO lui élail fa vorahle. celui d'Eski~ehir lui élail hoslile. D'après
population byzantine. mais en meUant aussI la mam sur les biens de leurs vois' Cillent la la région. SI 1:1~1"! le rapl de la belle Malhalun .. laquelle habilait un village no,:"mé h
mans. Ce." ainsi que 1. f.mille des Candar supplanla la f",nille des Çoban. C~s, m~sul_ le réCit qUi r inflige à ses enncmis une d~fmte. II se reph~ ensu~te sur Sôgut, ou
ne sont pas mentionnées ~ans les chroniques ot,romanes une,lcnnes, car celles-ci ~~llIes sum.u, Osman re, meurt peu après lN , Les ~c~lstrcs pro,uvent qu au m?lns les topon~me.s
élal que des pe"onnes qUI onl rehaussé le prcsllge de la MaIson d·Os man . fonl ErlOgrul, son ~ histoire romantique. exploltce à so uhait, ne sont pas Inventés. 11 eXistait
Un au Ire voisin élail le chef lalar Koulzimpax is _ qui. parti du pays de N " cilés dans cell r é ppelée Kelb Burnl (mOl à mol. le nez ou le promontoire du chien)
nord de la mer Noire. échoua il Héraclée du Ponl. Il se fil bapliser el fuI élof~." au en effet une lo~a It a§ehir90. Kefh es t 1'équivalent arabe du mot turc il (chien), mais. le
l'empereur dons la région de Nicomédie. L'empereur lui pennil de donner s: fi\IPar dépendant de ~rac:ec le temps un Sl:IlS péjoratif. on l'évitait dans la mesure du possible.
Solimampa. (Silleyman Pa~a) comme épouse. Il espérall par celle alliance prése ~à
vocable ayanl pros ~Iier que le rcgis,.e en queslion dale de l'époque de Süleyman le
terres byzantines des allaques turques. espoir vite dé\'uJo;!, C'est à ces Tatars, récerver es Il n~ faut Pre~~écits des voyageurs mon trent cep~ndant que la population autochtone
chrislianisés. que les chroniques ollomanes font probablemenl allusion lorsq~~:nl LégJ,sla:eu:~ fait scrupule de const:f\\.~1' le .n,om anclen(}I, ,et Mordtmann, en ~assant par
rapporte nI les premie" fails d'annes d'Orha~ du vi\'an.l de so?, père .. Osman ordon~:: ne s e:nt, ade en 1858. ne manque 1"" J e~o~uer que c eSllà que demeurau Ede Bah
son fils de soumeUre les Tatars de Karalekm Cl de Karaçepu~. qUl San! qualifiés d celle le ~alhatun92. Aujourd' hU I la localo le s .appelle Uludere~J. . .
mécréants·3. Cel événemenl eSl à daler d'avam 13~-l . c'esl-à-dire avanl qU'Orhan e et sa fil ment les conllils qui SI.! sont deroulés à la fronllere onentale du domame
prenne les renes de r Élal. De Malh~ureuse
Iloman n onl pas
en~ore été abordé ... d'une façon sérieuse. La prise en main de cette
- .... . . . d ée
A~.kp~azade el Ne~ri menlionnent aussi les TalaI', do la lignée des Çavdar. Ils hab'- o. ar les Ottomans a dû connaî tre quelques revers. A,Inonu, une l~scnptlOn al.
laient au nord d' Afyon Karahisar, mais ne cessaient dt:.' Ll ire des incursions dans la régi~ réglo~ P5 aoOl 1369 _ 25 juillet 1, 7" >. Jonc après la mort d Orhan. mentl?"ne ~n certain
d ·Eski~ehir'l'. Aucune lribu de ce nom n' a pu êlre l'epàée dans les registres onomans
de 77 (d' fil du sullan Ali. J''''.lU·; présent Il n'a pas été poSSIble d Ident.fier ru le
HocaYa tgar. IS . . d 1 ré '
mais des loponymes alleSlent leur présence dans cellc' région el à l' ouest de KÜ!ahya15: ' 1 pè 94 Par ailleurs. les n," " trcs fonl élat de donallons faues ans a glOn par
fils• nohee Evrencik
re. et Gokçe hlcn. ' donl on .Ignore l''d'1 entllé9_.
'
Dans les registres on lrouve mentionné le village Oyll" ~ "ü Orhan. du vivanl de son père.
leur livra balaille 86. deux L':~bre plane aussi sur Ede Bail . le beau-père d·Osman. A l'origine ni Ede ni Bah
ne sont des noms. Ede signifie frère. mais c:e~l aussi un lenne de respect96 . Qu:mt à Bah.
IV, LA PROGRESSION D' OSMAN le mol signifie grand frère. mais ':galement IOltlé" . Notons que Hasan. neveu d Ede Bab.
rte le litre de Ahi98 • mais ce vocable n' est que la Iraductlon arat>:' du mot ~ ede. ~
J. Le point de départ ~ faut pas en déduire hâtivemenl gUll faisail partie de la corporation desAhis. Le vnu
aom de ce «Révérend Frère» étail Omer: c'eSl ce qUI ressort du doc.ument daté de \32~
émis par Orhan en faveur de la ZlII'iye de Mekece. Malhatun. fille d Omer. figure parm
Si l'on considère la progression d'Osman au Iravers du récil qu'en font les chroniques
oUomanes. on est frappé par quelques incohérences. Elles concernent surtout la présence
d'Osman dans la région d'Eski~ehir el de Karacahisar el la personnalllé d'Ede Bah. son 87. P. WrrreK, Von der byzantinischen l ur türkischen Toponymie, Byzantion, 10, 1935,
p. II-~. ~~ S;:J~il l'acle de legs pieux une fois la consuuction de l'édifoce achev6e. \\:>Ir ci-dessus
79. PACHY"~RE. IY. p. 358. 366. note 45.
80. Voir ci·dessus. 89. NE!jRI. facsimilé. p. 24-25 ; lexIe. p. 75-77. . . . M rull'b u lieu
90. 1T 438. 1. p. 225. DOORU, Eski~ellir. p. 183 (hre Kelb au heu de Gehn. el u "
81. 1. H. UZUNÇAJO)'U, Osnl(ulit dev/eti /e~kiIâr/lla 111"11,,,/. 2' éd .•Ankara. 1970, inde•• s. v. rondor.
82. PACH,. .. ~RE. IY. p. 378. - Sur le personnage. cf. E. ZACHAR'ADOU. Observalions on same de M~lla1iB. 7. p. 278, S.I'. IIkburun. Les auteurs évoquenl aussi des variaoles (Albumu_l.bumu)
Turcica of Pachymeres. REB. 36. 1978, p. 261-267 (cf. p. 262-264). .
83. A$'KPA$AZADE. lexIe (§ 22). p. 26; Irad .. p. 49. Karalekin esl à présenl Karadm: cane et mentionnent le nom actuel: Uludere. .
turque. feuille Kocaeli r33 ; renseignements sur ce si te dans COVEL. p. 288-289 et n. 821. - Quant 92. MORDThIANN. p. 549-550 (communicalion de J.-P. GréIOls). a1ilé fo ure encore
au village de Karaçepü~. il devait se trouver près de l'actuel Pamukova. A§lkpa~azade rapporte en 93, Cane turque. feuille Eski~ehir ~32. - Sur les canes an;lennes,. ~l~toman: de la cane
effet que c'était une forteresse sur les rives du Sakarya et que le tekfur d'Akhisar y. trouva ~ruge sous Il Burum: H. KIEPERT, Allat/olll ~Ul"fllSl,' 1: 1 500 000,130_ (1884 "on'du Prof. H.-G. Majer
de Turquie. Berlin. 1884; un exemplaire de 1 éd. ottomane est en possesSI
(leXIe. § 20, p. 25 ; lrad. p. 47). Une localilé de même nom élail siluée dans le dislnCl (nall/ye) ~
Gennece (emre InegOi el le versant nord-esl de l'Olympe: TI 23. p. 99). Après le règne. de Munich). . ' 1897 ,8 (inscription).
94 C HUART KOII\'ll 1" ville des dentlelles /{)umants, Pans. ' ~. M .' 80 nouv
Bayelid Il , elle fUI incorporée à celui d'Inegbl : BARKAN _ MERIÇLI. p. 91. nO 141. De Karaçepü! 95: A~ REFlK.' FatHi z~mamnda Sultan Ôyugü, Tiirk Toril, EIlciimem Uni" aSl, . .
dépendail Balnaz Alano (le plaleau de Balnaz) : cf. ci-dessous. p. 369.
84. A$'KPA$AZADE. leXIe (~21). p. 25; lrad" p. 48; NE$R'. facsimilé. p. 36; lexIe. p. 123. série. 3. 1340/1924. p. 129-141 (cf. p. 137). . 1 ln famk/ariv/"<lrcm,u
96. XIII. yiizvlidall beri Tiirk;ye ti/I'kçes;yle ya:dmli kttapümlanlOp am .
85. Cane lurque. feuille KÜlahya. Çavdar Alano (id40) ; Çavdarhisar (ie31). , SMi/gii. I-YI. Ankara. 1963-1972 (cf. 111. p. 1384). . . 1 1919-19-17. cf. 1. p. 159. ,.1:
86. A~I"PA~A7.AIlE. lexte (§ 21). p. 25 ; lmd" p. 48 ; NroSRI, facsimilé. p. 36 ; lexIe. p. 123.~) 97, Tiirk.iyede Halk A.~:'I111/ali Sii:.!?e,rleme De,.~,s,. I-llI; IS~~~.'ot I.-MêlikotT le sens dïnÎti~,
lurqu~ . feuill~ KUtahya. ic:40 (Oynu~). La loc~t1 ité figure sur la cane représentant le gou\'emorat (" Bah, (grand frère~~. et Balll11. <~ frère. anll slI\('èrc>}. - Nous de\o~~
d~ Kamhisar-j SaJlib. n' ·ON. l, 98 . A~IKPA~AZADE. textc (§ ~3, 2'». p, 28 . .~4: t(";ld .. p, 5_. 61.
364 IRaNS BELOICBANU-STEINHERR L'INSTAl...LATION DES crrroMANs 365

les témoins aux côtés des fils d'Osman". CeUe liste ne contenant que les proch d B1ecik les relations s'avèrent bonnes, au moins au début, chacun tirant
d'Osman, Malhatun, fille d'Omer, ne peut être que l'épouse d'Osman. Si perso es P~enls Dans le cas ~ h~nges' commerciaux. On sait que les mécréants de BiJecik exportaient
proposer dans des tennes aussi précis cette identification, la raison réside ~e n a OSé bénéfice des . ~ s musulmans des poteries lfJ.4 et qu'Osman et les siens apportaient au
qu'on considérait Ede el Bah comme des noms, et non comme des titres. ans le fait vers leurs Vf'S'~s des produits laitiers et des tapis IU5 . Comme on l'a signalé plus haut.
Les chroniques nous décrivent Ede Balt comme ,un .homme riche, POssédant retour des a P~gitaient la route du sud par crainte de l'émir de Gerrniyan.
de biens, mais aussi comme un cheikh entouré de dlSctples too . On le consulte bea?coup les Otl.oman~ :vec les habitants de la région d'lnegol en revanche était franchement
qu'on décide d'instaurer officiellement 1. prière du vendredi à Karacahissr ~~~St I?rs. L.ente~ e embuscade coûta la vic au neveu d'Osman dans le défilé d' Ermeni Be li
donc la région 101. Toutefois, on ne comprend pas la migration de cet ho~ abuait mauvaIS~. ne eri de nos joursl~. Un autre épisode raconté par les chroniques est plus
influent, bien établi dans la région d'Eski~ehir, vers une petite ville comme :.~c~e et pres du i\a2':7rpréter. Après la perte de Kulaca, petite forteresse près d'lnegti)l", brûlée
faut supposer que des événements politiques l'y aient contraint. 1CClk. Il dIffiCile a~~ les gens de la .rég~on envoient .u~ message au tek/llr de Kara~ahisar ~ur
Soulignons l'absence de toute mention d'une zav;)'e d'Ede Bah à Bilecik d parOS Ol aide. Celui-CI fait appel ausSi a son f,ère Kalanos, et une apre bataille
registres consacrés au gouvernorat de Sultantinü, auquel appartenait cette ville ~s les s?lhclter :o(~Ikizce» qui finit par la victoirc d'Osman et la mort de Kalanos. qu'on enterre
ancien registre de .Ia province de Hüdavendigar, qui contient les comptes de l'a~ é ~Ius s engage ndroit appelé Il E~ini (foss': du chienl. On notera entre parenthèses le jeu de
de l'hégire (145411455), fait état de deux villages détenus par les descendants d'u n e 59 dans ui~ :tant devenu avec le lell1ps u~c insulte. ici à .l'adresse du ~écréant . Kalanosl~.
Ede. fis ont été légués à leur ancêtre par le souverain oUoman Osman mais d~ cell<ùn mots, 11 la suite de l'histoire, le lexte ct Ajlkpajazade diverge de celUi de Nejn. Ce dernier
point de trace. De plus, les revenus sont très faibles et ne cadrent pas ;vec la .. /av!ye Q~~l t de deux prises de Karacahisilr. la première coïncidant avec la nomination de
brillante décrite dans les chroniques IO'. Ce n' est que dans un registre du début d~ ~tlon fatt ta comme gouverneur d'A nalolie en 1298 109 . Quant à A~lkpa~azade, il combine
ar
de Süleyman le Législateur recensant les legs pieux du gouvernorat de Hüdave lne BaYdlOcUx événements tout en lIlail1l~n<lnt l'arrivée d'un chef tatar (Baçu ou Baymcar
que l'on précise que les revenus des deux villages étaient destinés à la zav;ye d~g~ les e d'E ' 1,10
selon le manuscrit) et le sac . ~"'~ 1 '. . ..
Bilecik lO3 . La mention d'un bâtiment comme étant lIne fondation officielle paraît àel Ce récit qui paraît fantal slstc de prune abord, gagne en vraIsemblance à condition
lumière des registres, bien tardive. Nous constatons une fois de plus que les chronlq • d pas con'sidérer le gouvemel!f de Karacahisar et son frère comme des sujets byzantins
ottomanes ont projeté dans le passé les réalités de leur époque. Ues ~ ~e tenir compte des données géographiques. Que les Byzantins aient fait appel à des
Pour résumer, le peu de sources dont nous disposons sur la fin du XIIIe siècle ain ' e u~emeurs seldjoukides ou mongo ls pour contenir des Turcomans trop turbulents n'est
que les chroniques ottomanes - si l'on fait abstract ion de quelques récits -' no:' go étonnant. En ce qui concemc les ,epères géographiques, les deux parties adverses se
montrent Osman évoluer au début de sa carrière entre Esk.i~ehir, Karacahisar, InÔnU e: :contrent dans un endroit 'lui sc silue à la sortie du défilé de Domaniç" 1. Il s'~gitd'un
Sogüt, dans un milieu musulman, mais soumis 11 )" aUIO rilé mongole. L' incursion au-delà axe routier sud·nord qui mène de Domaniç à Inegti!. Par ailleurs, les textes précisent que
du Sakarya en compagnie de Ktise Mihal se présenle co:nme un épisode sans lendemain. la rencontre se fait à «lkizce» près d·1t E~ini où fut enterré Kalanos. Or nous savons par
La conquête de la région allant de Gtilpazarl à Mudumu. en passant par TarakIt Yenicesi les registres qu'Jt E§ini se trou ve sur la route Pazaryeri (Ermeni P~an) - Inegill"'. Elle
ne s'est pas faite d'est en ouest, mais dHns le scns inverse. Elle n'a été réalisée qu'à est donc perpendiculaire à la précédente. Le gouverneur de Karacahlsar venant forcément
partir du moment où les Ottomans se sont installés dans la plaine de Yeni~ehir et 1. par le sud·est et Osman se trouvant sur ses pâturages du côté de Domaniç, les d~ux
vallée d'Akhisar (aujourd'hui Pamukova). Osman se heurtant à l'inimitié de beys plus années n'ont pu se livrer bataille que là où les deux routes se crOisent. La correClion
puissants que lui, son déplacement de la périphérie de la Bithynie vers le centre de 1. d' une erreur de lecture permet d'être plus précis. Il s'agit de l'estivage d'Ahnea"'. Cette
province en compagnie de son beau-père se présenle plulôt comme une quête d'un nouvel
espace vital.
104. A§IKPA§AZADE, lexte (§ 9), p. 15; und., p. 32. . .
105.10., texte (§ 3,9), p. 8·9, 15 ; trad., p. 23·24, 32; NE§RI, facsimilé, p. 25 ,texte, p. 79-81.
2. L'expansion vers le nord 106. A§IKPA~AZADE, lexte (§ 3), p. 9; lrad., p. 23·24; N"'iRI, facSimllé, p. 25; texte, p. 81.
107. Carte lurque, feuille Orhaneli u30. . '
Une fois établi à Sagüt, Osman entreprend des raids en plusieurs directions. Il 108. Les chroniques ottomanes donnent souvent aux. mallre~ des heux ~o~ musul~an~ I~
nom du lieu qu'ils habitaient. Falanas était au XVIe siècle une localité da!,s le dlstnct de Goynil,,".
emprunte d'une part la route qui mène tout droit à Bilecil<, en laissant le Karasu à sa BARKAN . MERIÇU, p. 582, nO833/8 (ce passage nous a été signalé par E. Zachariadou). La lettre
gauche, mais il tente aussi d'atteindre Inegtil en franchissant le Karasu et en parcourant K ne se distinguant de la lettre F que par un point de plus. le rapprochement entre Kalanos
le déftlé d'Ermeni Beli, près de la ville d' Ermeni pazan (aujourd'hui pazaryeri). Cette et Falanas ne pose aucun problème. Le toponyme GÔlfal~oz. mot-à-mot .le FaJanos du lac
progression vers le nord et le nord-ouest le met en contact avec la population byzantine. (A§IKPA§AZADE, texte, (§ 10), p. 16 ; NE§RI, facsimilé, p. 28 ; mats lexte,.p. 93 ,Gill Kalanoz), prouve
que la localité avait appartenu autrefois à la subdivision admmlstratlve adJacenl~, à saVOIr. GôI,
donlle chef·lieu s'appelle aujourd'hui Golpazan (le marché du lac) , cane turque, fcuille KOC~li $36.
99. UZUNÇ~ILI , Orhan, p. 281. Analyse de cet acte: BELOICEANU, Recherches, p. 85·89. 109. NE§RI, facsimilé, p. 22 el 26-27 ; texte, p. 65·67 et 85·87. Pou, Baymcar, VOIT CI' essus
100. A~IKPA~AZADE, texte (§ 4), p. 9-10; traduction, p. 25; N"'iRI, facsimilé, p. 25·26; texle, p. 358 et note 43.
p.81-83. 110. A~IKPA§AZADE, texte (§ 5), p. 11·12; trad., p. 27·28. '., . . cane
101. A~IKPA~AZADE, texte (§ 14), p. 20 ; trad., p. 39 ; N"'iRJ, facsimilé, p. 33 ; texte, p. 109. III. Le défilé de Domaniç s'élend entre Çllkurca et Muzal (dans les res"tres. rl~1)ai) f 't
102. H. INAlCIK, How to read 'Ashlkpasha.Zâde's History, dans Mélollges Méllage, p. t39· lurque, feuille Eskilehi, y32 et ü31 ; cf. BAR KAN . MERIÇL,I, p. .180,n." 274. Muz", '. S~~6. al
cependant partIe de la SUbdiVISion administrative ("alu.w) d Inegol . Ibidem. p. 96. n .
156 ; cf. p. 148·149. _ Les indications portées dans BARKAN - MERIÇU ont induit l'auteu' en e(~
Le registre le plus ancien cité dans cet ouvrage (cf. p. 282, n0471 ; p. 283, nO472) date de ~59MM 112. /bidem, p. 164, nO250. . êrt ' arabes l'SI
décembre 1454 . 10 décembre 1455) et il ne s'agit pas du fragment MC 0 11711 , matS e . . 113. Il ne faut pas lire Ikizcc mais . Ahnea. La connaissance de~ ~~~t'a ,! '0; do~nêt'
IRdlspensable p'0ur, comprendre l' inte~r~ti\tlon. ~rron~c ~u. l~~.h!: Il, faut. ~artl~ c 7. C~rdonnêt's
16016.11 en résulte qu'il faut placer les personnages cités à une époque plus haule. par Je manuscrtl d Uppsala CI par la Vieille édition d A~lkp,l~.lzadc. lexie Ah. p.
103. 11 s'agit de TI 453, fol. 2301'0-2311".
.- IRt:NB OElDiCEANlI·STEINtiERR

\'kl~ire fui pour Osman r,oc~asion d'8~seoir ~on n~torilé s,ur ,une région qui l' .
hostile Auparavant. Il ne s agit pas de 1 annexion d un terntOlre byzantin N Ul avait ~té
L'lNSTALLAlION DFA" OTTOMANS

. haute soulève cependant des réserves, que nous avons exprimées dès
une date a,usSI s'oppose à accepter une date plus tardive. puisqu'il ressort du récit de
3h7

mention du sac d'Eregii (fin 1291) et de l'ntTivée de BIlYlllcnr (1298) ~ otonsqUel. 1967 119 • Rien n~ s Ottomans contournaient dan!'! un premier temps les places fones pour
servir do repêres chronologiques. puisque les chroniqueurs ne les mellent e reuventllas ue
pachymère qd edes régions fon éloignées de leurs bases.
avcc les mêmes événements. les chroniques imputent pnrtiellemenl la %as en l'<IPPOn s'u"enlurer ans
cnmpngne il l'émir de Germiynn. dontl'allitude hostile envers les 01l0m8n ause .de ceU. 'd , 'Osman dtlns /il ré8irm d'/mik (" d ' /vllit et le déhut dll.fiège de Brous.fe
ragé le tek/lIr de Karncahisar. Ceci prouve que la menace venait bien du su~ aV,an encOU. J. Les rOI s (.
de territoires sous domination musulmane. A la date ot. furent écrites les ch . C .est~à·dire , à Pachymère que nous UC VClT1 :-, une série de détails sur les déplacements
victoire sur des coreligionnnires n'aurait pas fnit bonne impression. ronJques, une C est Bithynie à l'aube du XIV" s iècle . Tandis que les Turcs de la rive droite du
Une brouille avcc le Idfll/". c'cst-à-dire le gouverneur chrétien de Bii 'k d'Osm:~:r~ retenus par les fortilications c.:dilié~s. le long du fleuve, Osm~~ court librement
misons sont rapportées seulement dans une version de ln chronique de Ne~~cl bdO~t les Sai<"'>: d'lznik"o. La méthode de compOSitIon de Pachymère. qUI '"terrompt sans
conquêt. de la foneresse. Le !exte 8 le mérite de décrire parfaitement la' ~t OUht à la la région récit pour revenir en arrière. Il l! rt!nd pas l'exploitation de son texte facile. Le seul
Bithynie il 18 tin du XIII' siècle. A la demande du gouverneur de Bilecik. Osma St ~lton en cesse so; tirer au clair l'enchaînement th.!S divers épisodes de ces mids est de partir d' un
fone à ce dernier dans le conflit qui l'oppose au gouverneur de KoPtiihis':'r. temain moyen et dont nous connaissons <lu,",si bien la date que le site approximatif, Il s'agit de la
remercier. le gouverneur de Bilecik organise une tète. Osman est fortement i d" POur le évé~~~~: Bapheus. qui eut lieu It- 27 juillet 1302 «près de l'admirable Nicomédie.lll.
le fait qu'il a dû il ceUe occasion baiser la main du gouverneur. Il déciden Isposé par balai erès de la rive méridionale du golf!.!. d'I zmit. La prochaine étape consistera à situer
d
venger. Son oncle Dilndar essaye de l'en dissuader en fais"nt valoir qu'il était ~nc de se don~ ~ ements selon que Pach ylllt l'c k:~ place avant cette bataille ou après.
de se faire un ennemi de plus quand la famille était menacée aussi bien par les ~nge~ux les ~~ rait doit être retenu : il y ;t dé j ~1 des heurts avec des Turcs avant qu 'Osman ne
que par les mécréants des alent~urs, «Si nous n?us brouillt)Jls avec lui»), dit-il,«i1 n,eo: yan s'engage dans la région côtière,I:~ l'(:tt r <.I 1'front~r Mouzalôn à Bapheus. Soulignons entr~
de place pour nous •. Ce consetl. conclut Ne~n. valut il Diindar un tir de flèche y plus nthèses que Pachymère n c.lahl tl allcun hen enlre ces Turcs et Osman. En ce qUI
.I ln' est,pas é!onnant ~ue ce passa,~e, InCI
. "SIf el sans rloritures,
' monel III.
ait été supprimé P~eme l'accrochage à Télélllô.lIa ~Illr~ Mou7.alôn, surpris dans son sommeil, et un déta-
la sutte',car Il ne s accorda~! pas av~c 1 lI~age nalteusc qu 'on voulait donner du pren::~ ~~~ment de Turcs, il ressort ~u. rl.:(,· il que l'auaque fut menée dans une plaine: En effet.
souveram olloman. On a 1 tmpresslon qu au début les Il)·/.antins ont considéré 0 quand les Byzantins se ressa l s,I ~~~IH p.ou.r con~re-atta~uer. les Turcs se réfugle?t s~r I~
comme leur allié et ne se sont pas méfiés de lui . car (,·\lI1lJl1ent expliquer qu"} s~an montagne et leur infligent de la UIl I~' dcrane cUlsante'·J. On peut se demander sils agit
renforcé la frontière du cours inférieur du Sakarya"". , '11 I"issant sans défense ;.s atent du deuxième revers subi par M"u/.alôn. ou simplement du récit détaillé de la défaite
entre le fleuve et la chaîne de l'Olympe. Pnchymère r"l'l'" rte que les Byzantins noesèPace évoquée sans commentaire à la tïn de ta section l24 • qui finit comme suit: «Toute la
·
des re 1allons 1 . . u rent
avec es Thrcs, «des Perses qu on p~llJrr.l )( appeler des nomades [qui]
refusèrent de se soumettre [aux Mongols] et conserver' ·· .. k ur mdépendance après avoir
occupé nos fone~sses»lI7. To".' en cherchant le conlo('1 ''' éc les Mongols,les Byzantins 119. BELDICEANU, Recherdw'i. p. 76, 88 n. 23, 132 n. 10. Les informations que nous Ilvrent
les sources sont difficiles à cOllcilic.:r. Lt!s chroniques precisent que la fille du gouverneur de
es~ratent ~ servir ~es poP,ulallOns. turqu,es corn,me ,bouc J !~r I:~ntre les nouveaux maîtres Yarhisar s'appelait Nilüfer et qu'clle était la mère de Süleyman et de Murad (le fluur sultan Murad 1«').
de 1 Anato.he. Par rulleurs, tls payatent tnbut à 1 émir de ()ernllyan pour garantir le reste Le mariage ayant été célébré en Il')911300 à la suite de la con~uête de Bileci~, o~ ~'attendrail à
de la fronttère anatohennells. la naissance de Süleyman, puis à ce1le de Murad. dès les premières années qUi SUIVirent cel év~­
Bilecik conquise, la ville voisine de Yarhisar tomhe aussi aux mains d'Osman nement. Or dans l'acte de donation d'Orhan datant de 1324. qui réunit en qualité de témoins ~ous
Lillüfer. (ou ~ilüfer), promise au gouverneur de Bileeik. clevient l'épouse d'Orhan. ~ les membres de la famille d'Osman, petits-fils compris, Süleyman figure en bonne place pannlles
enfants d'Orhan, mais pas Murad. Par conséquent Murad n'était pas encore né ou il ~'était ~
chute d Inegol enfin frut sauter le dernter verrou qui gênait Osman dans sa progression encore majeur, Soulignons que deux chroniques brèves oltomanes (O. TURAN. /slanbul unfrlhrn-
vers le centre de la Bithynie. Quant à la date de ces événements les chroniques les den once yallimif tariltî takvimkr. Ankara, 1954, p. 16·17 et p. 52-53) donnent conune date de
placent en l'année 699 (28 septembre 1299 - 15 septembre 1300). date symbolique naissance de Murad Itf respectivement 726 (8 décembre 1325 . 26 novem~ 1326) et,?27 (27
marquant aux yeux des histonens la nrussance de l'État ottoman. Placer ces conquêtes à novembre 1326· 16 novembre 1327). Ces dates paraissent plus près de la réalilé. car on s .mag.me
mal qu' un vieillard de plus de quatre-vingts ans ail pu se rendre en 1389 s~~ le c~p.de bauulle
de Kosovo, où il périt poignardê. Une inscription atteste d'autre ~ que.NIiUferétaJt.blen ~a mère
de Murad 1er (F. TAEScHNER, Beitriige zur friihosmanischen Eplgraphlk und Archàologle~ C!u
d'A!mca: carte turque, feuille Eski~ehir ü32-33, Sur des canes anciennes figure seulement une Islam, 20,1932, p. 109-186; cf. p. 131. AVVERDI, O.mumll mi 'mar;s;, inscription p, 32?). ~II ~
ch":lne montagneuse nommée Ahnea: KœPERT, Kane von Kleinasien, 1: 400 000. Berlin, 1914, accepte qu'elle étailla fille du gouverneur de Ynrhisar, capturée en 129911300•. cela slgna,fie,rall
fc;udle.Brussn. BA"KAN - MERtçu. p. 165. nO 252.11 s'agit d'un lieu d'estivage situé à proximité qu'elle avait donné naissance au futur sultan Murad Itf à l'âge de quarante ans envlfQn, ce qUI n est
d lt qlm et .IIé sur le même feuillel (33) du registre TI Il 1 daté de 1521. Malheureusement. nouS pas impossible, mais improbable. Étant donné que les chroniques ottomanes se trompent souvent
ne.pos~ons pas la photocopie du registre pour donner plus de précisions. Un récit détaillé de C~I Sur les dates, mais pas sur les faits - elles les placent en général à une époque trop ~haute, c~mn:-e
épisode .. 1. BElOI~EANU-S'ŒlNHERR. Osmanh Devleti'nin Kurulu~unu Incelenmesinde Tahrir le prouvent les chroniques byzantines _, on peut retenir J'hypothèse que les conquetes de ~I~ecl~
Deflerlenn Oneml. XIII. Türk Tarih Kongresi. Ankara. 4-8 ekim 1999. Kongreye Sunul.y et de Yarhisar, suivies immédiatement par celle d'Inegal, sont à placer à une date plus lardl\e, la
BddlVller. Ankara. 2002. p. 1315-1319. date I.imite étant 1309 ou 1310, puisque Siileyman deva~t .être n~ajeur en 1~2~ pour figurer co~.me
114. Carte turque. feuille Kac.eli §32. témOin dans l'acte de donation d'Orhan. On peut toutefOIS envisager aussI d autres hypothèses.
115. NESRI. fa.cSlmllé. p. 28-29: texte. p. 93-95. Cf. C. KAFADAR. 'Osman Beg and his Vncle: 120. PACHYMERE. IV. p. 364.
Murder IR lh~ F~Jly? dans Mélanges Ménage, p. 157-163. 121. Ibidem. p. 358.
116. VOir cl·dessus, p. 360 et note 64. 122. Ibidem. p. 364.
t 17. PACHYMÉRE. 1. p. 184-186. 123. Ibidem.
118. Voi r ci--de!<lsus, nOIe 7. 124. Ibidem, p. 358.
368 IRèNE BIll.DlCEANU-STEINHERR

Mésothynie émigrait après que Mouzalôn, étobli gouverneur de ces régions


échec grave» IlS.
la fuite de la population s'embarquant à Pylopythia 126 pOlir Prinkipô
• eut subi Un
,
dater du printemps 1302, se situe dans le même contexte 127 • C'est la c~n;~e 1 on peUt
l'auaque des régions côtières par des Thrcs, avant qu ' Osman lui-même ne de quenee de
la mer pour affronter Mouzalôn à Bapheus. Si l'on prend en considération qu SCende vers
avait été nommé gouverneur «de ces régions» - à savoir de la Mésothynie ~ Mouzalôn
populations en fuite en étaient les habitants, il paraît peu probable qu'il se" ~t~ue les
r L'INSTALLATION DP..s arroMANs

'0 h légua plus tard des biens pour assurer la traversée m . Étant donné
apprennent qu r an nent les Byzantins, qui s'étaienl embarqués à l'échelle de Dil. à
que les Turcs surpre~ du débarquement. l'embuscade n'a pu être dressée que dans la
Yalakova au m~~~:nYalakdere. Il ressort ù'aille~rs d:une ~ote insér~ dan~ un.regis.lre de
plaine fo~e ~elle la plus à l'ouest du golfe d Izmit qUi desservait Ye",~ehtr était non
1573 que 1 ée . S manh situé à quelqu es kilomètres à l'ouest de Yalova l". l ' échelle
pas "lova
la
d sarnanh te
maISmpruntée
'fu a ,aussi par des voyageurs ocel'dentaux, 1a pl '
us ancienne .
mention
369

jusqu'à rznik sur l'autre versant de la chaîne montagneuse, d'autant plus qOil <lSardé d:tan t de 158213:~ point ne permet pas pour autant d'identifier cet épisode à la bataille
retrouvons peu après sur la côte au moment de la bataille de Bapheus. Ue nous le Cette m~se 27 juillet 1302, tout au plus avec la défaite de Télémaia, car Mouzalôn,
Pour résumer. une série d'affrontements entre Byzantins et Turcs se Sont dé de Bapheus u leur de Mésothynie, sc trouvait déjà sur place au printemps 1302. Souli-
sur la rive méridionale du golfe d ' Izmit, y compris, à notre avis, l'accrOCh raulé, nommé ;~~v: lors de la première attaque des.Turcs. la population en fuite s'embarque
Télémaia. ns sont l'œuvre de Thrcs dont les rapports avec Osman ne sont pas age de gnons a h' q tandis que dans le cas de la bat .. lle de Bapheus, les combattants courent
C'est le succès remporté par ceux-ci qui enhardit Osman à descendre SUr l}r~lSés. à PyloPy~ I~; convient donc de chercher cc champ de bataille plus près de cette ville.
e
menait les siens et menait d'autres liés par une alliance»12s. Pachymère fait doucec: :«11 "e,rs Izm~. hymère Osman quiue la r\~ gion d'Iznik, lraverse les gorges de la montagne
ment la différence entre les lroupes d'Osman e l celles d'aulres chefs qui se SOnt' "le- D aprèsh'talc "Hali~ones" après la daaitc de Mouzalôn à Télémaia par d'autres Turcs.
à lui. De ce point de vue, les chroniques ouomanes ne disent pas aUlre chose qu JOI~les et enva , 1 eslprunter par conséqut:111 que l' anCienne . route romalOe . nommée par 1es
composition des forces au service d'Osman, puis d'Orhan. N'oublions pas non p~nt la Il n a pu ~nId Bey Yolu qui déh,, " chc dans la plaine de Kaztkh non loin d'Izmit 13•.
le Sakarya avait quitté son IiI au mois de mars de la même année pour y revenir a~s q~e O~tom;"S d~ns cette régi~n qu'il rall t chercher Bapheus, puisque le refuge le plus proche
d'avril, catastrophe naturelle qui avail ôlé toute efficacité aux mesures de défense moIS
ses
everses tleque
onc se ruent les eombattaill -: hVlantins en déroute était, selon Pachymère, la ville
i ..-
par Michel VUfl 29. Même si certains chefs sur l'autre rive s' abstenaient dans un p!n de Nicomédie, c'est-à-dire IZ111l1. . . . .
temps d'attaquer ouvertement les Byzantins. des indi vidus, intéressés par le butin n~er H nnoniser le récit des chrnnlquc s ottomanes avec celUI de Paehymère pour la sUite
pas hésité à se joindre à Osman 130. ' Ont a quête lurque est encore plus Jillicile. Pour y voir plus clair, il nous a fallu dresser
de la con
..Si. J'on .se tourne vers les,chroniques ottoma~es , on arri.ve à glaner un bon nombre deux listes, la première comprenant les .é
toponym~s ~It s par A. kpa§3zad e, 1a deuxi'è
§I ~e
de detads qw complètent le réCit de Pachymère. IZllIk étan t sohdement fortifiée et entourée ceux mentionnés par Pachymerc . A~l kpapzade dlStmgue troIS phases. Dans un premier
d 'eau, les Turcs occupent d'abord la campagne environnante el fortifient un défilé pour temps. il relate une campagne organist!e contre Osman par les gouverneurs de pluste.urs
contrôler l'accès à la ville. les habitants, encerclés, e nvoient un messager à ConSlan- forteresses: Brousse, Adranos, Bidnos (ou Batnaz), Kestel et Kite. Toutes les locahtés
tinople pour demander de l'aide l3l . On peut ajouter que l'homme de confiance que sont connues, seul Batnaz ne peut être localisé d'u~e façon précise m .. Un premier
l'empereur avait envoyé par bateau avec des troupes était sûrement Mouzalôn. Mais ffronlement a lieu à Koyunhisar l,., mats la batmlle declslve est hvrée à Dmboz 139 . Ces
pour le reste, une certaine prudence s'impose. Cel1es. les infonnations fournies par l~ :récisiOns géographiques montrent en tout ~as qu'Osman se dirige d' est_ en ouest, en
chroniques ottomanes n'ont pas été inventées de toutes pi~ces, mais doit-on superposer ou d'autres mots, il n'a pas établi so n pOUVOir bien au-delà de Yent~ehlr du coté o.uest..
juxtaposer les infonnations tirées des sources byzantines et ottomanes? 1:
A~lkpa~azade décrit ensuite b~ocus de Brousseet la cons~clton de fortlficauons
Pour répondre à celle question, il faut d'abord en résoudre une autre: dans quelle pour contrôler l'accès à la ville. " egrene enfin une ~éne de conquetes le long de la va,Uée
mesure pouvons-nous interpréter correctement les données géographiques des chroniques du Sakarya: Leblebici Hisar, l efke, Mekece, Akhtsar (dont le gouverneur se réfugte à
ottomanes? Identifier Yalakova avec le Yalova de nos jours semble hasardeux. Le Karaçepü~), Geyve et Tekür Pman. Leblebici Hisar est connu seulem~nt par u". document,
toponyme Yalakova, fomlé de yalak (abreuvoir) et de Ol'a (plaine) ne peut désigner que qui nous infonne qu'il s'agit d'une forteresse en rumes dans le dlSlnct de Gol pazanl40.
la plaine siluée à l'embouchure du Yalakdere (ruisseau de l'abreuvoir)I32.
Cette localisation est justifiée par le rait qu'on traversait le golfe d'Izmit entre une 133. TT 22, p. 42: 7T 438/1. facsimité 792. . , . ,.' .
échelle près de Gebze qui s'appelle encore de nos jours Dil (langue mais aussi presqu'Ue) 134. BARKAN-MERIÇU, p. 223. Le village se trouve aUJourd hUI à 1 mténeur des terres, sur
el la ville de Hersek près de l'embouchure du Yalakdere. Les registres Ollomans nous la côte il ya un phare' cane turque. feuille Bursa 028. . .
135. NEW8ERIE, p. 1419 (sous la fonue Samallech; communication de J.-P. GréIOls). VOir
aussi COVEL, p. 228-232.
125. Ibidem, p. 356-358. 136. Voir ici-même GRÉLOIS, p. 523. _
126. Sur les ports de la rive sud du golfe de Nicomédie: MANGO, Hélénopolis. 137. A~IKPA~AZADE, texte (§ 17), p. 22 ; trad .. p. 43. N~Rt,fac.'imilé, p. 34 (B!. n s}: textr
127. PACHYMÈRE, rv, p. 354-356. Le traité entre l'empereur elles Vénitiens date de septembre p. 115-117.- Deux villages ont porté ce nom. Le premier était Situé dans la région d lne,~.
1302; la floue vénitienne était arrivée devant Constantinople au printemps: ibidem, p. 330 n. 13. BARKAN-MERtÇU, p. 95 nO 154 (Bednos Alant = le plateau de Bednos) ; TT 23, p. 94 , Tf ' h :
p. 340 D. 36. On serait tenté de dater l'événement de 1301. en raison du débul du paragraphe racsimilé p. 19,20; le second dépendait du district de Karagôz, appelé ausSi Akhisar (~J~ ~;
précédent (ibidem, p. 352). C'est la date du traité qui nous fou mit le repère chronologique. Pamukova). Le village est mentionné dans MC 0 117/1, fol. 27vo (B a t n a Z orem - va ï ~ t
Balnaz). Ce village s'insérant mal dans le contexte, car trop loin par mpport aux. autres, 1 au
128. Ibidem, p. 366.
129. Voir ci-dessus, note 65. préférer la première solulÎon.
138. Cane turque, feuille Bursa ~30. . -h z N~RI r<tcsimilé,
130. Cf. aussi PACHYM~RE . IV, p. 424 et 506.
131. Une étude est consacrée à cette campagne: INALCIK, Osmall Gaz;. Elle conuen[ ~ntre
.
'7
139. Carte turque, feuille Bursa t29. On notera les vanantes de ture ~ e b t' ·é Erdogan
p. 34: Cl i Y a Il u z, D n a Il U z): tex.te, p. 114 (Dinanoz). Le \'1 lage tul ft! <.lp IS ~
autres la lr.lducûon en anglais des passages tirés des chroniques aLtornanes et montre que les registres
ottomans corroborent certaines informations relatives à la topographie. (communication de J.-P. Grélois). ... 1 document de 16(7).
140.1. H. U ZUNÇAR$ILI, 0.'1111(11111 1(".,,/,;. 3e éd., 1, Ankar.l. 197_. p. 111 n. (
132. Carte turque. feuille Burs. 030.

________________ ~.S~ ______________. . . 1

~
no IRèNE BELDICEANU·STEINHERR
L'INSTALLATION DES OTTOMANS 371
Elle se trouvait par conséquent sur la rive droite du Sakarya. Quant à 1<
localité est citée dans les registres de recensement"l. Elle dépendait ~kur PlO"", la 1 même section, Pachymère relate l'échec de Sgouros, envoyé par J'empereur
Geyve. Les autres SÎIe.'i sont connus. Cette troisième phase décrial'extens' U distriCt de D~S a ser Ja pression des Turcs. Osman sort vainqueur de la bataille de Katoikia
d'Osman vers le nord-est. L'énumération des toponymes suit un ordre lol~n du POUVOir pour faire ~es forteresse. Sur le chemin du retour (vers Yeni~hir ou vers Sogül 1), il
pas de raison de meUre en doute les infomlations fournies par les chroniq~lqUe; il n'y a et occupe a si de Bèlokômis vidée de ses habitants du fait qu' ils avaient participé à la
Le seul point noir, ~ihabeddin al Umari rapporte que Geyve appartenait ;~llomanes. s'e~par;aU~es ces précisions montrent que Katoikia et Bèlokômis doivent être cherchés
Hamza l42. Soulignons que le seul fait que les chroniques Ollomanes Uradeddin bataille. m~~e secteur, c'est:à.dir.e près de ~r~ulla (Gü~le) o~ tout au moins sur une
Pachymère est rencereJement de Brousse à une date très haute. Pachymè~anagent avec dans le te et qu'une identificatIOn de Kacolkla avec Klte dOit être écartée. La même
ln ville payait tribut aux Thrcsl43. e rapPOneqUe même ro; e;t valable pour Bèlokômis 1 Bilccik et Angélokômis 1 InegOl llO . Il suffit de
Si ,l'on,se tourne v,ers ~~chymère',on constate qu'il a une vision beaucoll ~R1arqU coup d'œil sur la carte de TurqUIe pour constater que Gürle, Kite, 8i1ecik el
de la SItuatIon. Ce qUI lUI Impone n est pas la carrière de tel ou tel ch plus large t
les dégâts qu'ils causent. Voici la liste des localités mises à mal par les ~ turc, mais
Jetero~n e trouvent sur des axes routiers différents, ce qui exclut certaines identifications
Ineg os:es dans le passé. .
(~i1e), Astrabète (ou Astrabikis), Hiéron, Nicomédie, Nicée, Bèlokômis Arcs. ~hèlè prop M ntionnons enfin un événement qUI eut des conséquences graves pour la Bithynie
Anagourdis. Platanéa, Mélangeia l". Les cinq premières sont localisabl ngelokomis, t'~e et dont les chroniques ottomanes ne soufflent mot. C'était en 1307; Osman
es
comme Chèlè (~i1e), Nicomédie (Izmit), Nicée (Iznik) et Hiéron (Yoros . CenalOes byzanu:vant ses raids, Andronic Il envoya en Bithynie sa demi-sœur Marie, <<l'impératrice
Anadolu Kavak sur la rive asiatique du Bosphore) existent encore de no~ aUJourd'hui r.~~ongols» - elle avait été, on J'a vu. mariée à Abaka -, pour établir des contacts avec
gardé leur nom - .adapté toutefoi~ à la phonétique turque - .. La position d' A!~r~~et Ont Osman. Arrivée à Iz?ik, elle le t~aita ~lvec arrogance et le mena~a d~~ fo~d~es. de
AstrablkJs) a pu etre calculée grace à un portulan grec qUI ,"di que les dist te (ou Harbende, le souveram m?ngol qlll avait. succédé à Ga~an Han. Lom d etre '"tlmldé.
divers ports de la mer Noire l45 . Quant à Mélangeia, son emplacement a étéa~~es entre Osman s'acharna sur la régIOn et r~u ssii il s emparer de TnkokkIalsl. Cet éplsode survécut
~ar une recherche minuti~use ~p?sant sur un recoupemen t de diverses sources:~~né dans le récit du janissaire serbe sous la forme d'une allégorie: l'histoire de la veuve
sites se trouvent entre la nve aSIatIque du Bosphore et la vallée de Pamukova .. es noire lS2 ,
ment Akhisar, et comprennent aussi la région d' Izmit et d·lznik. Pachymère ~ "';"Ienne- Pour la période qui se situe entre 1307 et la date de la mort d'Osman, nous ne
ensuite sur le sort de Kroulla et Katoikia parce que la route de Hérakleion (E \~inte possédons malheureusement pas (l'autres informations qui soient datables.
Néakômis l47 vers Iznik était femlée, en d'autres mots. les habitants ne pou~:~ 1 te\de Pour conclure, la comparai:-.on elHre les chroniques ottomanes et l'œuvre de
circuler entre la partie orientale de la côte sud du golfe d· Izmit et le lac de Nicée I~ I~s Pachymère montre que les textes n~ permettent qu'un nombre infime de recoupements,
étant le GUrie de nos jOu;-;I48 - cene identification semble sûre -, Katoikia devait ~ ~ve~ mais ils ne se contredisent pas non ri us, ils se complètent plutôt. L'utilité des chroniques
à proxtmlté pour souffnr de la coupure de la route vers la mer. Pylai et Pythia subissant ottomanes réside dans le fait qu'clles ~lOUS foumissent entre autres des informations sur
ausSI des attaques de l'ennemi, le passage montre 'lu· ap rès la bataille de Bapheus 1 les menaces qui ont pesé sur le jeune Etat de la part de ses voisins musulmans, fait passé
Thrcs c,ontrôlaient l'espace entre la rive nord du lac d· Izni k et la rive méridional~: sous silence par toutes les autres sources. Les dissensions entre les grands émirs. mais
golfe d Iznllt, les paris exceptés. Pour IZlllk encerclée. les secours ne pouvaient venir aussi les exigences des représentants du pouvoir mongol. expliquent en grande partie la
que du port de Kios (Gemlik), la distance à couvrir la plus dangereuse étant celle reliant poussée de nombreux petits chefs. dont Osman, vers les terres byzantines. Il faut certes
le port au lac. Le risque de subir une attaque étai! si grand qu'on ne se lançait sur le élaguer les chroniques d'un certain nombre d'enjolivures et de propos flaUeurs à l'égard
de la Maison d'Osman, qui n'ont de l'intérêt que dans la mesure où ils traduisent l'état
chemm qu'une fois la nuit tombée. La traversée du lac jusqu ' à Iznik se faisait ensuite par
bateau et hors du contrôle turc l49 . d'esprit qui régnait au moment de la rédaction des chroniques. N'oublions pas qu'un bon
nombre d'entre elles ne date que de la fin du xv' ou du début du XVt' siècle. Pour obtenir
une image plus proche de la réalité, nous disposons fort heureusement d'une source
contemporaine, c'est-à-dire de l'œuvre de Pachymère, à laquelle il faut ajouter les
registres de recensement ouomans, plus tardifs certes, mais qui ont été composés pour
141. BARKAN - MERlçu, p. 404, no 652. - Le village s'appel1e aujourd'hui Umurbey: carte J'usage interne et non pour chanter la gloire de la maison régnante.
turque, feuiUe Kacaeli r36. Pachymère montre clairement qu'à l'aube du xtv' siècle les affrontements avec les
142. Voir ci-dessus note 62. Thrcs sont le fait de bandes qui amenaient dans leur sillage une cohorte de calamités. Par
143. PACHYMERE, IV, p. 656. ailleurs, les chroniques Ollomanes se lamentent aussi chaque fois qu'un membre de la
144. Ibidem , p. 452-454 (p. 452 n. 60 : localisation des trois premiers toponymes).
.145. A. DECATIE, Ponu/ans grecs, n, Comp/émems, Liège, t947, p. 26, 27, 45; G. P. MAlEsK.l, famille d'Osman est tué au combat. En revanche, dans les registres ouomans, il n'y a pas
Russlan Travellers to COllstantinople ;" the Fourteelllil and Fifteelllh Centuries, Washington, de place pour les états d'âme. Il n'y a que des listes et des chiffres. Or aucune donation,
1?84, p.90 n. 81, p. 91 1. 7 (consulter aussi la carte en frontispice). MM, n, p. 176 (communication aucune construction n'est allribuée à Osman dans ce que nous appelons la Bithynie mari-
d A. Failler). Le pon est mentionné dans un registre Olloman : Ali Emiri nO 40, fol. 8.. pa time (délimitée par la mer Noire, le Bosphore, la côte méridionale de la mer de Marmara,
présentauon des données est la même que dans MC 0 117/1, mais l'écnture est différente) : ASl111blk.
dépend~l de ~ile. A. REAK. Falih zamarunda Koca EH. Tiirk Tari" Eneümelli Meen/lI'asI, 78,
nouv. séne, 1. 1340/1924, p. 25-36 (cf. p. 33 ; l'éditeur a omis un certain nombre de données,entre . .150 .. CI. Foss, dans son article non publié «The Homeland of the OHomans», réfute les
autres les noms des contribuables). Idenuficalions susdites en se basant sur les lois de la phonétique.
146. Foss. Ma/agilla, p. 161-183. 151. PACHYMERE. IV. p. 700-702.
147. LEFORT, Tableau, p. 112; 10.. Commullications, p. 212. 152. E. ZACHARIADOU, Histoire et légendes des premiers Oltomans, Tun'ka, :!~. 1995: p. 45-
J48. Carte turque, feuille Bursa 528. 8? (cf. p. ~). On lui doit le rapprochemem entre lil légende de la veuve noire ~(tv~.me, dL'rtI,-sOt"ur
149. PACHYMÈRE. IV, p. 454. d Andromc Il . Sur le caractère allégorique de èl!tte légende: BELOICEANlI. Pecht's. p. .3 1.
r-
IRêNE 8ELDICBANU·ST6INIŒRR
l.·INSTALLATION DES onOMANS 373
ln cha~lede l'Olympe, le Gôksu et la rive gauche du Sakarya), si l'on ~ 't . roches d'Osman - il ne peut s'agir que de son épouse - et cne était
d'une donation à Yeni~ehirl~3. ~~cune mention non plu.s à )'i."térieur de ~~ ~:ception de 1324 parmi les P'e II reste à supposer qu'Osman fut frappé à un moment donné
fleuve. Il ne s'Rgit pas de mer ICI 11 Osman tout pouvOIr. étatique, mais les st ucle du donc touj?U~9 e~ ~~~ c'est Orhan qui prit la relève du vivant de son père. La mon
embryonnaires du jeune État semblent se Illlllter 11 la partie nord-ouest du ruCtures d'incapacilé. _ lacée, par conséquent, entre le 8-12 mars 1324, date de cet acte. et
de Sultnn6yUgU (Sult.nônü) et aux lIalli)'e de Yarhi~ar, Ermeni pazan etg~~~ernollll d'O,man dOit erre p 1 6 avril 1326'60.
dépendaient du gouvernorat de Hüdavendlgar. En dépll de la présence d'Osm gUt, qUI la chute de Brousse, e
région d'Iznik et d'Izmit, les registres ottomans n'y relèvent aucune fondali: d~s 1.
aucune donationl~. PieUse, CONCLUSION
Le mérite d'Osman est d'avoir réuni autour de lui d'autres chefs, ce qui a d
certaine assise il sa fonn.tion politique. Il faut attendre le règne d'Orhan pOur d~nné Une
vraies stnlctures étatiques avec la constmction de mosq uées, de medrese (écol celer de
Un peu t lus de trente ans avaient suffi à Osman pour prendre racine en Bithynie et
s modestes un fl ot dc Turcomans à la recherche de nouveaux espaces,
rallier à ses oree ferma les yeux au monde, il devint évident que les Turcs faisaient
rieures), d'ill/ll/'f!1 (soupes populaires) et de hall (bâtiments destinés au comme~:)~upé- LorsqueOs:.n intégrante du paysage bithynien et qu'il ne pouvait plus être question
désormaI~ P le r de leur présence. Toutefois, c'est à Orhan qu'incomba la tâche de
V. LA PASSATION OU POUVOtR À ORHAN ET LA MORT O'OSM,\N
de se d~ f3SS:ntres urbains. Entourés de murs fortifiés, ils avaient mieux résisté à
conquén~ e~ c cs mais, coupés de la campagne environnante, ils furent condamnés tôt
Les circonstances de la mort d'Osman ainsi que la date exacte ne Sont cap l'assaut à es urmber. Brousse (Bursa) capitula le 6 avril 1326 '6' , réduite par la famine.
par aucune source. Elles reposent sur une confrontation de plusieurs textes ~nées ou tard ,s~c~ocales versèrent unc l'one somme aux Turcs pour garantir la vie à ceux qui
nt
depuis fort longtemps, mais qui méritent un examen plus approfondi. À prése o:",us Le, aulO \~er la ville'62. Ulubal (Lop.dion) fut occupé le 13 mai 1327 '63 et Iznik
admet qu'Osman mourut entre le 3-12 septembre ]323 et le 8-12 mars 1324,Ia p~: voul~e~~ i%ars 1331'64.lzmil (Nicomédie),. enlin, tomba aux mains des Turcs en 1337 65.
date étant celle d-un acte de donation en faveur d ' Aspurça hatun, belle-fille d'Osman"s '
(Nlcé ) 0 n avait œuvré pour l' imp iantallon des Turcs en Blthyme, en réulllssant sous
et la seconde, celle d'un acte de legs pieux en faveur de la zaviye de Mekece dé.à S
1 'èresmlaes différents petits chcfs \'cnus razzier le pays, ce fut son fils Orhan qui jeta
mentionné, car il porte la lugra, c:est-à-dire le seing. d·Orha~1S6. Lorsque nou; no~s ~~
les bases d'un État. Il a doté, en effcI . le pays d~ n?mbreuses construcuo?S .. ~ hl
111 Ispensa es
sommes penchée dans le~ années SOLXante sur le~ ac res. en questlO~, nous avions exprimé à son fonctionnement et dont chal.:ulle sy~nboh salt un .aspect du pouvOIr. Les mosquées
des réserves sur le premier, connu par une copie tardi ve. Le regIStre de legs pieux TI' témoignaient de la foi des nouveau:.: maUres et ser:~lent ~ souder .I~ communau~é des
453 prouve que le texte est un amalgame de plusieurs ri"ces, dont l' une doit être poslt- fidèles. Les medrese fourni ssaient (es cadres admlO~stratlfs et relIgIeux et. les .maret
rieure à 1348. Le second est un original, le plus ancien "" cument ottoman connu jusqu'à faisaient fonction d' hostellerie el de so~pe populaire: Toutes ces fondations f~rent
ce jour. Toutefois la lugra qu'il porte ne prouve pas 'lu . Orhan ait été à l'époque Souveraio financées par la mainmise sur les centres econoffilques Situés dans la Blthyrue ~antlme.
puisque les fils pouvaient émettre des documenl' à leur propre nom du vivant de leU: comme le prouvent les registres ottomans recens~nt les revenus fiscau~l66. ~ est so.us
père, et cela au moins jusqu' à la fin du xv' siècle.. II "lUI cependant relever un fait: 1. le règne d'Orhan, avec I~ prise de Brousse, que s opère la transfonnatlOn dune entué
liste des témoins comprend en premier lieu les pruches d' Osman, enfants et autres politique modeste en un Etat solide.
parents, et en second lieu les fils d'Orhan qui ont apposé leur signature en marge du
document sous fonne de Il/gra. Le texte stipule,que personne des enfants du donateur, ni SIGLES PARTICULIERS
les autres héritiers ne pourront contester l'acte. A première vue, il est logique de Supposer
qu'Osman ne vivait plus au moment de la rédaction de l'acte, mais les chroniques otto- N.B.: APC = Istanbul, Archives de la Présidence du Con,eil(B"'lbakaohk "'livi). Les soorces
manes font poindre un doute. Aussi bien A~lkpa~azade que Ne~ri racontent qu'Osman publiées sont indiquées en italique,
était encore en vie au moment de la chute de Brousse, mais qu'il n'avait pas participé.u
siège, un mal ayant atteint ses jambes, la goutte, précise Ne~ri m. Ce dernier ajoule Ali Emiri40 Fragment d'un registre corrélatif à la province de Kocaeli, non daté, du
qu'Ede Bali, le beau-père d' Osman, de même que Malhatun, l'épouse d'Osman, mouru- règne de Mehmed Il, Istanbul, APC, fonds Ali Emiri, no 40.
rent dans l'intervalle d' un mois, du vivant d' Osman, et qu'il les enterra à Bilecil<. Quant MC 011711 Fragment d'un registre relatif aux legs pieux du .gouvernorat de
à Osman, il mourut trois mois plus tard et fut enterré, selon ses vœux, sous la coupole Hüdavendigar, Istanbul, Atatürk Kitaphgil, fonds Mualhm Cevdet, no 0
d'argent du monastère de Brousse"". Or Malhatun figure comme témoin dans le document 117/1 (comptes de l'année 859= 22 décembre 1454 - 10 décembre 14S5).

153. Dans le village KazIk Musa, Osman Fakih jouissait d' une ferme à titre de legs pieux 159. La goutte était à l'époque une maladie très invalidante entrainant souvent la mon par
accordé par Osman beg: MC 0 117/1, fol. 48vo: TI 453,259[0. BARKAN - MERIÇU, p. 257, insuffisance rénale.
n'42712. 160. Chroniques brèves, Il, p. 231.
154. BELDlCEANU, Conquêle, p. 27. L'acte de legs pieux en faveur d'Aspurça, belle-fille 161. Ibidem.
d'Osman, ne nous est parvenu que dans une version tardive et doit être interprété avec précaution, 162. Ajlkpajazade fait état de 30 000 florins. 11 doit s'agir d'hypeljlères: A$IKPA~AZADE.
ce que révèle le registre TI 453, fol. 15v'-17v'. leXIe (§ 23), p. 29 : trad., p. 53.
155. BELDICEANU, Recherches, p. 78-82. 163. Chroniques brèves, II, p, 232-233.
156. Ibidem. p. 85-89. Voir ci-dessus, note 99. le
157. A$IKPA$AZADE, lexte (§ 23), p. 28-30: trad., p. 52-55 : N~RI, facsimilé, p. 38-40: '" , :~: ~~1t~'d!r~ ~~~'déduite d'une série de failS : cf. la note détaillée consacree à ce sujel :
p. 131. CANTACUZËNE, trad., p. 236<237, n. 295.
158. ID.. fac,imilé. p. 42. 166. BELDtCEANU, Ccmqllttle. p. ~8-31.
1
.174 IRêNE BELDICEANU-STEINHERR

MM8 Registre des fantAssins du gouvernorat de Sultnnôyugu. daté d'eva'if "


e/·,,"'e/ 871 (11·20 oclobre 1466), APC, fonds Maliyeden M reb,
defterlen. nO 8. Ude\'ver
MMJ54 Registre du recensement de la région d' Iskilib, çorum el KaraJf
d'e ... hil' ",ab 866 (21-30 avril 1462), par Umur bey, APC m' 'sar, darI
nO 354. ' eme ronds,
MM 16016 Complémenl de MC 0117/1 , APC, même fonds, n. 16016,
OAK 27/34 Complémenl de MC 0 117/1, éd. N. AKTA§ el S.A. KAH""""'"
Blllgaristall'daki Osman/r Evrakl. Ankara. 1994, p. 137-170. ' dans
TI 22 Registre recensant les legs pieux et les biens de pleine Propriété d
vemorat de Kocaeli. daté du 1cr m'/-Mece 929 (Il octobre 1523)
fonds Tapu ve Tahrir defterleri. nO 22.
Ul°U'
' PC,
TI 23 Registre des domaines du sultan et des limars du gouvernorat de H'
vendigar daté d'evasit safer 892 (6·15 février 1487) APC même ~ üda.
nO 23. • . , onds,
TI III Registre détaillé du gouvernorat de ~Udavendigar, daté d' eva'il muharrem
928 (1-10 décembre 1521), APC, morne fonds, no III.
TT 166 166 mmramh mulrâsebe-i ,'ifâyeti Anado/II detferi (93711530), Hiidbvendigâr. L'ORGANISATION DE L'ESPACE
Biga. KaYeS;. Samlrân. Aydm, Menteie, Teke ve Alaiye livblan, Ankara. lm'
TT438/: 438 trumarall mulrâsebe-; vilâyet; AI/at/a/u delter; (93711530), Kütahy ,
Karahisâr-r Sâhib, Sulfan-anii, Handel \'e Ankara livâlan, Ankara. 1993~
TT438 11 438 mmrarah muhâsebe-i vilâyefj Anadolll defteri (937/1530), Bolu
Kasromonll, Kengm ve Koca-ili Uvôlan n, Ankara, 1993, .
TI 453 Registre des legs pieux du gouvemorm de Htidavendigar, sans date, mais
é(abli sous le règne de Süleyman. ArC. même fonds, no 453 (étant de la
même main que TI Ill, ce registre u(\it dater de 1521),

t
LES VILLES

par René BONDOUX'

INTRODUCTION

Le royaume de Bithynie, que le roi Nicomède. III lèg~e à Rome en 74 av. J.-C, était
relativement riche en vlll~SI. ~uatrc..~es w
ande ; ~llles ~UI dominent la région jusqu'à la
fin de notre période ex~statent deJ<l : Nlcon:edte, Nlc~e e~ Brousse, de même que
Cyzique, qui faisait partle du royaume attalIde, et qUi était passée sous domination
romaine en même temps que ce dei ma royaume, dès 133 av. l-C2. On peut citer pour
cette époque quatre autres villes moins importantes: Apollônias, Daskyleion. Kios 1
Prusias ad mare, et Myrleia 1 Apamêc.
Toutefois, parmi les villes susdites. il convient de distinguer la strate des anciennes
cités grecques de celle des créations royales d'époque hellénistique, qui sont peu nom-
breuses. Kios et Cyzique, colonies cie Milet', et Myrleia, colonie de Colophon', sont des
cités grecques, villes côtières qui pouvaient entretenir avec leur métropole des relations
aisées par voie de mer. Kios ct Myrleia, détruites au cours des guerres contre les
Aualides, furent refondées, la première par Prousias 1", la seconde par Nicomède II, sous
le nom d'Apamée. Il existait alors deux autres colonies grecques, villes côtières situées
au fond du golfe d'Izmit, OIbia ct Astakos ; c'est à l'emplacement de la première que
Nicomède 1" fonda en 264 av. J.-c. la ville de Nicomédie, qu'il peupla en déplaçant les
habitants de la secondes. Le réseau des villes de Bithynie trouve donc essentiellement
son origine dans le modèle politique, social et économique de la Grèce des cités. La ville
de Nicée serait également d'origine grecque, puisqu'elle aurait été fondée par Antigonos
Monophthalmos (fin du Ill' siècle av. J.-C.)6 et peuplée de Macédoniens déplacés, mais
eUe correspond à un modèle hellénistique, moins fondamentalement orienté vers la mer.
I! est significatif que la seule création royale bithynienne attestée dans la région étudiée,
Brousse, soit une viIle située bien en retrait des côtes, au pied d'une baute montagne;
encore, selon certaines sources, son fondateur, Prousias l'=r, n'aurait-il pris cette initiative
que sur les conseils du carthaginois HannibaJ7.

* UMR 7572, Collège de France - CNRS.


JONES, Cilies, p. 153.
cf. Ri:\. ifi~l(~~;I~outefois bénéficié du statut de ville libre jusqu'au règne de Tibère (25 ap. J.-C);

3. JONES, Cilies, p. 36 et 148.


4. Cf. CORS~N, Apameia, p. 7. . . '
5. Le Souvenir de la cité d'Astakos persistait au xe siècle. pUisque cette cué ~st menuonnée
dans le De thematibus (p. 70, 1. 16) comme rUile des cinq villes du thème des Opumates.
6. RE, XVII. \. 229-230.
7. RE. XXIll.\. 1077-1078 ; JONES. Cilies. p. 15\.
]78 REN~ DONDOUX tES VILLP.s 379

Ce bref tableau du réseau des villes en Bithynie ;\ l'orée de la périod . 'pales difficultés que l'on rencontre s i l'on veut suivre l'évolution du
suggérer que ceUe région ne rassemblait pas alors les conditions dée romaine !>eUt Une des proncl Bithynie à l'époque byr,antino est la raréfaction progressive des sour-
culturelles et politiques, nécessaires nu développement d'agglomérati mographiqUes ,tse.udes VIUes e~t littéraires, et la discutable fi abilité de celles dont nous disposons. Le
dans l'iluérieur du pays. Les villes, surtout côtières, étaient principalemons Impol18nt'; ces éPlgraPhIJ~~éroklèS, sorte de guide de voyago ~édigé au début du règne de Justinien
grecques dont le territoire pemlcllait sans doute une autarcie, mais en~nt des colonies S)'I,ekdèmos t. "'tre une réalité de la première mOItié du vc slècle lS , présente, selon un
vastes zones demeuraient vierges de toute agglomération importa~te ~e celles,ci. de et reflétant pe~. ~e les villes de chaque province de l'Empire. Le De tiiematiblls. rédigé
vaut en particulier pour la vallée du Sangarios et son hinterland Orie~taleue remarque p
oJdre géog[a ~re 'des listes du même type, mais il est souvent difficile de ,avoir ,i
moindre mesure, pour la région située au nord ct au nord-ouest du lac ci e~.dans Une aU x e s~èc e, 0 pondent à une réalité contemporaine ou si elles ne sont qu'une simple
e
régions sans cités ont pu correspondre. comme le propose A. H. M. Jonesg à Icée. Ce, celleS~CI .corr;s Synekdèmos. Les listes d'évêchés fournies par les Notitiae constituent
directement gérées par l'administration royale. ' des terre, compilation ue importante. mais les données qu 'elles fournissent sont difficiles à dater
Il n'en va pas de même pour la partie occidentale de notre région do . une .autre s~ur~ elles ne sont exploitables qu'entre le Vile et le xllc siècle l6 . Elles constituent
ville de Cyzique: outre la presqu'île montagneuse, la cité possédait u~ va S~,"ée Par 1. et à l~teT e~ie trace dont nous disposions, à des époques peu documentées, pour
s'étendant sur la rive sud de la Propontide jusqu 'aux lacs d'Apollônias et ~ t~rntolre, parfOIS ~,s:istence d'une ville. Les listes conciliaires et les sceaux sont beaucoup plus
Les cités d'Apamée, d'Apollônias et de Milétopolis. certes moins import e anyas. suppos~: p:C ailleurs, on soupçonne les bouleversements consécutifs aux séismes, aux
réparties régulièrement aux confins des terres de Cyzique, possédaient chantes mai, fia~:~i~S et aux invasions, sans pouvoir aisément en mesurer l'influence sur l'impor-
temtoire. Plus au sud, dans les vallées moyennes du Ryndakos et du Mak acune leur ép' . sur l'existence des villes. Entin. sc pose le problème de la transformation du
connaît, dans les limites de la région étudiée, aucune autre ville _ car on ne ~s~os, On ne tance vOire
le nom de ville à Poimanènon, qui est désigné comme un chô r;on de Cyziqli ;CCOrder conc~t ~~ ~~:~;es privilégier pou r \a délï nition d' une ville byzantine? F. DOlger consi-
auendre les créations de l'empereur Hadrien pour voir s'y développer un m~~ ' dIl fa?t u~on ne peut se fonder uniqw..' l11c l1t sur le stalut juridique, le rôle économique
urbain. e e VIe dè~ ~~nction administrative pour allribuer de manière décisive Je titre de ville à une
Le passage de tous ces temtoires sous administmtion romaine n' a d'abord oU t mération. mais qu'il convkn t (:r~nvisager une sorte de «figure» (A spekt) prenant
influence sur le nombre, la taille et la répartition des villes. La Rome réPUbIiCai:ud~~une :~gc~mpte à la fois l'allure de. \' a1'.glon~"ration (p~és~nce de ~urailles, d'~ne citadelle,
à l'administration municipale locale. réorganisée selon le mode romain la c~'- gue etc.) et un ensemble de traits s l gn ~lI l: allt s ,c~:)J1~me 1 :x~stence d une ~pulahon allogène,
e
collecter l'impôt et de battre monnaie. Plus tard , l'occupation romaine ;e trad'u-.6't de . si que la multiplicité des foncl1"lls l lmhtmre. relIgieuse, commerCiale), aucun de ces
que1ques modL'fi' ,.
lcatlons et creations. C·esar .IInp 1anta une colonie romaine à AISI par ée ~I\S n'ayant priorité sur l'autrt,Hi, Il convient de garder en mémoire cette définition
Sous Auguste apparaissent deux nouvelles vi lles, Césarée / GerrnanikètO et JUliopolr:~ . ~\ant critères architecturaux et sociaux. bien qu'elle ne soit pas d'un grand se.cours à ~ne
de la. région étudiée" , toutes deux fondées à l'emplacement de localités déjà exis~:'" époque où la fonction militaire tend il prendre le ~as ~ur les autres, ou lorsque l'informabon
Hadrien en fonda trois autres, Hadriani", Hadrianolltherae" et Hadrianeial'. ce s esj se limite à une simple mentIon dans une hste d évechés.
apparemment de véritables créations, témoignant de l'implantation du modèÎe Urb~ On peut estimer qu'une ville fortiliée à l'époque romaine a pu être considérée en
parrn\ des populations mysiennes qui fomlaient ju'qu'alors des communautés rurales n des temps troublés comme le refu ge d' une vie urbaine. On peut penser que la plupart de
A l? fin ~u fil' siècle, le réseau des villes de la rég ion étudiée se présente donc ain~i: ces villes figurent, avec des transformations et peut-être sous des dénominati?ns ct,iverses,
quatre vdles Importantes, Brousse, Cyzique, Nicée et Nicomédie, la dernière bénéficiant parmi les sites fortifiés ou vraisemblablement fortIfiés au Xtll' SIècle en Blthyme, dont
du ntre de capitale; et six villes de moindre importance, Apamée, Apollônias, Césarée 1 J. Lefort a dressé la carte l9 • Mais ce raisonnement n'est pas valable pour l'époque
Gerrnarukè, Daskyleion, Kios et Milétopolis. protobyzantine (IV'-VIJ' siècle). au cours de laquelle la Bithynie a été relativement épar-
gnée par les guerres. C'est précisément l'époque où apparaissent les noms de nouveaux

15. Synekdèmos, p. 1-4.


8. Ibidem , p. 154. 16. Ces notices. publiées et commentées par J. Darrouzès, ont pour notre élude une valeur
9. Ibidem , p. 86-87 (ÉTIENNE DE ByZANCE, p. 530). inégale. Certaines ne comportent que les noms des métropoles et ne concernent donc. dans
. 10. Sans doute fondée par August~ puis refondée par Gennanicus en un lieu nommé Helgas notre région, que Nicomédie, Nicée et Cyzique (Notiti.e, n" 5, 6, 8. Il , 12, 14 à 19). Seules les
d après PuNE, H. N" V, 143, cf. JONES, Cilies, p. 163-164. - Sur Césarée, voir ci-dessous p. 386-387. notices nI)!; 1 à 4 7 9 10 et 13 donnent la liste des évêchés suffragants de chaque métropole, mrus
aucune de celles:ci' n,'est postérieure au XIlC siècle: ultérieurement, l'existence d' unévêch~ ne peut
II. Juliopolis, à l'origine Gordioukômè, était située sur le haut cours du Sangarios (cf. RE, être attestée que par les signatures conciliaires, les sceaux ou ~'autres s~rces ponctuelles.
X, l , 102). Elle fut élevée au rang de cité sur les instances de l'aventurier Cléon, cf. JONES, Cilits. administratives ou privées. La notice no 21, datée de la fin du XIVC Siècle. menUonne certes encore
p. 164 et n. 32. D'après Pline le Jeune, ceUe ville était petite mais bien située, sur la route principale les suffragants mais reflète une situation précaire. postérieure à la conquête turque: seules sonl
~enant de la BlthY~le vers le centre de l'Asie Mineure. S. ~abin UVlik, II, 3, carte hors texte) la
citées Nicomédie, son suffragant Apollônias. Nicée et Cyzique. . . .. ~ .
sUue à 175 ~ envIron à l'est de Nicée, sur la rive nord d' un lac de barrage (Gokçekaya b~rajl~. 17. Sur la prosopographie relative à l'administration de l'Etat et de l'Église, vOIr ICI-meme
12. Hadnanl = Adranos, cf. JONES, Cities, p. 89 et n. 10. - Voir ci-dessous l'entrée Adr(I)anoll
Orhaneli, p. 380. CHEYNET, p. 33t-350. . . '. 1 v'-Vl/l
18. Cf. F. DOLGER, Die !riihb)'zontill;sclle /I1ul byzt",tlllIscIJ ~ee",j1Uj~lt! StOl~, : , n~
13. Hadrianoutherae, appelée plus tard Achyraous, fut fondée par l'empereur Hadrien pour J(jhrlllllldel1, dans napaufCopa, Ettai, 1962. p. 109. Pour une présentat~on des dlt!ére~tes OPI~~ ~
comm~mo~r une chas~e à l'ours, cf. JONES, Cilies, p. 89. Elle a été identifiée à la fort~res~ s~r le problème posé par la définition de la ville by zantine et le d~ventr de ~es vllI~s .lUX VII al~~
byzantine d Hoc~alesl près de Pamukcu, à une quinzaine de kilomètres au sud de ~ahk~slr, slècl~s, cf. BRANDES, p. 9-43 . et J.- M. SPIESER, L'évolution de la Ville byz.tntme de 1époque p
cf. HASLUCK, CYZICIIS. p. 88-94, ROBERT, Villes, p. 385, et ici-même GIROS, p. 213. Cette VIlle n est Chrétienne à l'iconoclasme, Hommel' el richt'sses J, p.97-106.
pas mcluse dans la région étudiée. t9. LEFORT, Tablearr. p. 117.
14. Hadrianeia ; entre Je Makestos et Je Ryndakos, mais non localisée: cf. JONES, Cilies, p. 89.

$
1- 380 REN~ 80NDOUX
I.ES VILLES 381
évêchés, dont on peut se demander s'ils témoignent d'un développem
IImain ou simplement de l'élévation au mng de centre administratif relent du Phénol1lè MÉE 1 MUDANYA .
A'~cienne cité grecque connue S,DUS le ~om de Myrl~la, refo~dée sous le nom
n'acquémnt pas pour aut:mtles caractères d'une ville. Le devenir de ce '~e~x de loeali~
L 16 uis transformée en colOnie romaine, appartenait au 1er Siècle à la province
autocéphales et les autres suffmgants de Nicée, de Nicomédie ou de ~ V~chés, cen.i
d'Apamée ' ~e nom de Colonia Julia Concordia Apamea. Apamée entretenait des liens
culièrement intéressant pour notre propos puisqu'ils constituent le ré YZlque, est pOn~s
du ~ont. SOU~rousse, au point que ses citoyens pouvaient se targuer d'une double appar-
le plus récent, et donc peut-être le plus sensible aux changements seau adlllinist1lU';
étrOits a~ecC lien étroit est une composante essentielle de la ville. qui a toujours servi
hiérarchie des agglomémtions au cours de l'histoire. survenus dans;
tenance à' 1 ecité de l'Olympe. Elle était siluée un peu à l' intérieur des terres d'après
C'est en fonction de ces remarques, et des incertitudes qu'e lle a
de. p"'~ EI~e fut érigée en évêché de bonne heure.: le premier évêque connu est
fi.
nous proposons ci-dessous une liste des villes de Bithynie au Moyen comPOnent, que
ge(fig.I). Phne hl au plus tôt en 381 29 . Sa SltU"ltlOn en fai Sait une CIté de transit. Ainsi, Jean
ThéO;o;t~;"e en 40 l, se ~endant de. Constantinople. à Éphèse" débarqua à ApaméeJO . Le
ChI)' 'était pas abrité: c étalt plutot lIne rade foralDe, dont 1 usage étaIt rendu difficile
port: vents souvent contraires31 ,
par ~ amée figure dans le Sy/lekdelllo" d'Hiéroklès32 . D'abord évêché suffragant de
. m~die le siège accède au rang cl' archevêché, peut-être dès 536 et plus certainement
d~~MOJJ.
N il est possible que le site anliqlle ait été abandonné au profit d'un autre, à un
kil mètre environ plus au nord-oucsi q.
o Au tx'siècle, l'empereur Théophile y confi a Théodore Oraptos à la garde de l'évêque
Jean 35 ' EuJampios, ami de Photius. y exerçait la même charge dans le troisième quan
du IX' ;iècle. L'Église fut probable""'''t élevée au rang de métropole avant 1081 36. Mais
!
les listes épiscopales sont mu: tlcs ,'prè' 158. Ap~ée ne semble jouer aucun rôle
significatif au XIIe nI au X~ I~e s.teck : eI.le n est pas Citée da~s les sources, alors que de
nombreuses campagnes militatres !'>f:: dèroulent dans les environs. Le port n'avait aucun
intérêt stratégique, comparé à ce'"i lie Lopadion, d'Apollônias ou de Kios. De plus,
aucun sceau de fonctionnaire qui ;.ll1f;1i t été en poste à Apamée n'a été retrouvé.
Apamée était encore aux m~tin s des Byzantins au temps du second patriarcat
d'Athanase (1303-1309), pUiSqll\lll sait que celui-ci avait exhoné le métropolite à
rejoindre ses ouailles, encore il l'abri de places fonifiées, Myrsinè, SykèlSigi 31 ,
Rodophyllon et MountaniaJB (= Apamée J9). Le titre de métropole d'Apamée est men-
tionné en 1318, à l'occasion du passage de ce siège sous l'autorité du métropolite de
Brousse4o. Le rôle de Mudany. comme pon de Brousse est attesté au xy' siècle4 ' .
1. LtSTE DES YILLES

ADR(I)ANOI IORHANELI 26. Sur Apamée, cf. RE, 1, 2, 2664 ; JANIN, Grands centres, p. 136-139; CORS'IDI, Apameia,
p. 1. 19; Der Neue Pauly, Enz)'klopiidie der Antike. éd. H. CANCIK et H. SCHNEIDER 1. Stuttgan·
A.doanoi 1 Adranos, aujourd'hui Orhaneli, eSl, comm e son nom l'indique un Weimar, 1996, 1095.
fondat~on romaine du lI'sièc~e20. La ville figure dan s le Syllekdèmos d'Hiéroklès21. C'es~ 27. Dion Chrysostome (Il, n' 23 el 24), appelé aussi Dion de Prose, se réclame de cette double
un é~eché suffragant de NICo~éd!e attesté à panir du Iye siècle par les signatures appartenance et ses discours visent plusieurs fois à apaiser les querelles qui lui étaient liées.
conclhatres22: Le Site b~z:mttn, situe à quelques kilomètres au nord-ouest du site romain 28. PLINE, H. N" V. 143, 145. - En 1861. Perrot (Souvenirs, p. 60-61) localise les restes de
la ville antique à 1 km environ au sud-est de Mudanya; cf. aussi ID .• Exploration, p. 12-14.
et paléochrélten, se presente comme une petite ville fonifiée de 100 m X 70 m2J. Les 29. LAURENT, Corpus, V, l, p. 616. - Sur Apamée à l'époque byzantine, cf. IANlN, Grands
sources écntes, trè~ rares, sont.muettes après le XII' siècie 24 , mais le parement des tou.. centres, p. 136-139.
conservées sur le site poUrratt etre daté du XIII' siècle2S. 30. PALLADIUS. Dia/ogus historicus. PO. 47. c. 50,
31. JANIN. Grands celllres, p, 137 et n. 1.
32. Synekdèmos, p. 33.
33, Janin (Grands centres. p. 137) lui attribue ce rang dès 536. mais celle attribution est
discutée par V. Laurent, Corpus. V, 1. p. 616.
34. PERROT, Exploration, p. 13.
35. Cf. JANIN, Grands celltres, p. 137 et n. 6. _ Théodore meurt à Apamée sans doute en 839,
cf. W. TREAOOOLD, Tile Byzalltine Revi ..al 780·842, Stanford, 1988, p. 31 1.
'11 20. !!E, VI, 2 c. 2173, s. v. Hadrianoi pros OIympum : le pluriel reflèterait un groupement de
VI ages. ,Olf ausSI ROBERT, Villes, p. 97, 372.
36. LAURENT, Corpus, V, l, p. 637.
37. Sur Sykè, cf. HASLUCK, Cyûcus, p. 62-63.
21. Synekdèmos, p. 34. 38. Régestes, IV, no 1744.
22. VOir aussi Notitiae, nM 2, 3, 4, 7, 9, 10, 13. 3~, L'actuelle Mudanya. On ne peut assurer son identification au monast~re de ~o~lania.
23. LEFORT, Tableau, p. 113. possessl(~n de Psellos au XIe siècle (Iellre 78, MB, V. p. 456-457), mais dans la Clfconscnptlon du
d 1 24. Dernière mention en 1183 : l'évêque d' Adrianoi est aveuglé par Andronic Comnène lors métropohte de Cyzique,
e a pose de LopadlOn (SKOUTARlÔrts, p. 341). 40. Régestes, V, nO 2086.
25. VOir ICI·même GIROS, p. 224. 41. Voir ici-même GÉROLYMATOU. p. 497 .
• 382

APOLLONIAS 1APOLYONT KOY


REN~ SONDOUX

Celte cité était située sur une presqu'i1e de I~ rive nord-ouest du lac d'A
La plus ancienne mention du toponyme est du 1" Siècle av. J.-c, Son nom est réJlOl/ônl""'.
. .
LES VILL ES

aît des listes épiscopales postérieures au XIIe siècle58 ; et le~ liste~


Le siège dlSpar ent renseignées depuis 325. restent muettes après 879 ; par ailleurs.
nciliaires, réguhè~~un sceau d'évêque d' Apollônias. Cet effacement est probablement
3K3

lié à celui du neuve Ryndakos. qui traverse le lac. Citée par Strabon panni d &IIhère""'nt
«dont la plupart appartiennent à Cyzique»'\ la bourgade conserve aUjourd ' he~ tellltoi,... :us ne possédons: avec la construction, par ~ean Il, d.c la fo~eresse de Lopadlon, qUi
muraille, qui est datable de la fin de l'époque romaine et qui fut remanié:~~?coresa meure en rappo t le rôle de verrou qu Apollô",as avait tenu auparavant.
à mplit plus efficacemen bandonné, puisque des fragments de céramique byzantine des
byzantine .... La colline Saint-Geo~es, située. sur la nve nord du lac, au delà de 1'~Poqu,
mOJ1lre les restes d'un th~ât~ ~t d un stade am~! q~e de nombreuses ruines qui rsth""" re Le site ~e fut pas é~é recueillis sur les ri ves du lac au pied des remparts59. Le nom
Xllltei xlyt Siècles on~t sur une liste d'évêchés postérieure au XIVe siècle60 et un voyageur
que la cité antique ne s~ hmltalt pas à la presqu Ile t?rtlfiée. Celte colline était elfe~uvent
protégée par une encemte encore évoquée au XII' s,,!cle par Anne Comnène4s ~êrne d'Apollônias réapparru n 'elle correspond seulement à cette époque au titre d'un métro-
du XVI' siècle témOèlg e q~le est décrite par les voyageurs comme une petite ville de 300
l'absence d'une étude archéologique, il est impossible de savoir quand ni d' maIS, en . 61 Au XIX e SI C le, e 62
mesure la ville byzantine a occupé celte colline. ans qUel/, po\Jte '. h b'tée majoritairement par des Grecs .
à 500 maisons. a 1
Élevée au rang d'évêché sous le nom de Théotokiana46 , Apollônias dépend'
métropole de Nicomédie47. Le premier de ses évêques connus, Marc, fut m ail de 1. OPOLlS 1 ÇELTlKÇI (?) ' . "
325. Apollônias est mentionnée dans le S)'lIekdi!mos d'Hiéroklès entre une
Daskyleion 48 .
ci r, ,v'n!
saree et
BAS/.LlN 'l' polis63 n'est pas localisé de mamère cerla,"e. Léveché est attesté
Le SIte de ~aSl m; Synésios de Cyrène'" qui mentionne son évêque, Alexandre de
en 401 par une ettre ~'Ie de Chalcédoine, l'archevêque de Nicomédie et celui de Nicée
Quelques mentions permettent de suivre, du VlII' au Xlll~ siècle, l'histoire de celle viII
Cyrène. En 451, au c~n ~é ce siège. On apprend à cette occasion que la ville aurait été
dont la permanence a reposé sur sa positIOn défenSive. T,bere Il, chassé par Justin' ne
ont toUS deux reven Iq r loulianos()S ou quelque autre avant luh) et que celui·ci l'aurait
s'y réfugia en 70549 • Le patrice Damien fUI exilé dans ce kas/roll par l'impératrice'~ , ar un empereu . . . é . d' bo d
pendant l'hiver 789-790'". Les combats entre les Turcs, menés par l'archisatra ne fon dé e« P é 1 t des habitan h de Nicée ; c'est amsi que «ce qUI tait a r
peuplée ef' d pdaçannu une ville (nu), l ç )>> .... Le S)'lJekdèmos d' Hiéroklès (V'-VI' siècle)
• EYEOlV est eve
Elchanès, et l'empereur Alexis 1" Comnène, l'ers 1086. montrent l'importance de lapl po
Le Ryndakos étant navigable dans son cours inférieur", Apollônias était consi~ une ~ ce (0 onyme entre Nicée t: t KioS67 . . . . .. .
mentIOnne 'hPé d Nicomédie l'a emporté sur celUI de NIcée pUIsque Basthnopohs
comme une cité côtiè~e (pa~alios)52. avec les ava~lt ages et les inconvénients que cela L'archevec e 1 l' d'é' hé d
'è t comme un d t: st:s évêchés suffragants dans es Istes vec s u
figure réguh~e~e:ù
comporte : elle poUVait servIr de refuge à des man ns menacés sur la Propontide par 1
e elle est presque invariablement citée en quatrième place après
vue au xu s~ céte, et Hélénopoli shs. Les listes conciliaires témoignent de l' existence de
tempête et le vent", mais elle était exposée à des aHaques venues de la mer; ainsi u'
général d' Alexis 1" assiègea-t-il la ville tenue par b Turcs grâce à des machines ~ Brousse Pram os . l'é' M' h 1
siège transportées par bateau". Livrée aux Byzalllins par Elchanès, qui se convenit" cet évec - 'hé'J u'en sq uet, au XI" si~d e encore, un
879 . sceau menttonne
'11 veque le e.
Apollônias fut à nouveau prise et pillée en 1112 par les Turcs de Monolykos56. Mais I~ L tfes sources sont étrangement muettes au sUjet de cette VI e. ..
es a~ M Ramsay suivi par d'autres historiens6", a suggéré une localisatIon près
ville se releva au cours du XII' siècle puisque VillehorJouin, qui la désigne sous le nom
d'O h . g';'i viII: q~i ne présente "ucune trace de remparts mais qui, d'après G. PouJoulat,
de Le Pulinach, la décrit comme un important château situé sur un lac d'eau douce".
r anée non , 1 . d'une fortification appelée Eskl Kale7o, et aux alentours de laquelle
Toutefois nous ne possédons aucune infomlation précise sur l'état et l'importance est situ OIn . . . ation
d'Apollônias au XIil' siècle. ont été trouvés un certain nombre de témotgnages éplgraphtques. attestant un!, occup
assez dense. S. !?ahin, qui refuse la localisation à Orhanga~I7I, reconnalt ceP!'ndant
l'existence d'habitats antiques au sud-ouest de cette l'Ille, à 1 empl~ceme~t de 1 ~~tue~
villa e de Çeltikçi (carte turque, r28), au piémont est des Samanh D~glan:'l1nst q~ .. pe
de dTstance au nord-est de la même ville, entre les VIllages de. CJhankoy, YenikOY,:t
Sugëren 1Çengiler. Dans ce dernier village, une mscnptl~n mentIonne une tt'tPQlCO)lId~
42. Sur Apollônias, HASLUCK. CYÛCIIS, p. 68-73 : JANIN, Grands centres, p. 78-80, 139.
43. STRABON, XII. 8, 10. c'est-à-dire une communauté de quatre villages, dont 1 exIStence est assurée par
44. WIECANO, p. 310.
45. ANNE COMNÈNE, D, p. 79 : tàv Ëç"'S,v mû Kaatpou '-UKÀoV avnEp Èçw.oÀov i) ""~Ia
vûv KC.lÀ.Eiv tlW9EV. Voir aussi THÉOPHANE, p. 720. 58. Apollônias est mentionné dans les Notiliae. nOS 1 à. 4, 7, 9, 10, 13.
46. LE QUIEN, l, 613, § Il, VI, VII. Un évêque Gorgonius figure dans la liste des pères de 59. Voir ici-même Fl<ANÇOIS, p. 294.
Nicée. Le nom de Théotokiana 1Apollônias apparaît au sixième concile et au concile quinisexre. 60. Notitiae. no 21.
47. JANIN, Grands cenlres, p. 139. 61. GERLACH, p. 257. S . P 86
48. Synekdèmos, p. 34. 62. DALLAWAY, p. 290-292: HAMILTON. 2, p. 87; PERRor. Ollvemrs,. .
49. GEORGES LE MOINE, p. 732. 63. Sur Basilinopolis, cf. RE, Ill. \, 99. 122
50. THÉOPHANE, p. 465. . 64. SYNtsIOS, Epist. 67. éd. A.Garzy~, Rome .. 1979. p: 121- :e municipale en rendant aux
51. Cf. POCOCKE, p. 117-118: en aoOt 1740, R. Pococke se rend par bateau d'ApollônJasà 65. Julien, empereur de 361 à 363. s est SOUCié de rammer 1a VI. avaient désertés,
Istanbul; cf. aussi ROBERT, Asie Minellre, p. 89-90. cités leur indépendance et en repeuplant les sénats. locaux que .lesLcun.ales \1 01 1 3 p. 59 (418),
52. ANNE COMNÈNE, II, p. 79-80. 9 66. E. SCHWARTZ, Acta cOllciliorum oecumt'l/lcorul1l, Berhn· eipzig. ,v . , ,
12; leXie cité par ~AHIN, IVlik, Il, l, p. 4 n. 3.
53. TH~OPHYLACTE D'OCHRID, LeI/l'es, éd. P. GAUTIER, Thessalonique, 1986, n' 4, p. 13 . 67. Syllekdèmos, p. 33.
54. ANNE COMNÈNE, II, p. 79-80.
55. Ibidem, p. 81. 68. Notiliae, n" 1 à 4, 7, 9, 10.
56. EAO .. Ill. p. 165-/66. 69. Cf. ~AHIN, IVlik, Il. l, p. 4 n. 1. rd d'O h gazi
70. POUJOULAT, 1. p. 176·178 : 1\ une d:mi.h.l!ure au no r an .
57. VILLEHARDOUIN, n, § 320; voir ici-même KRAVARI , texte no 15, p. 83-84. 71. SAIIIN,/z.nik II, 1, p. 4 (argumentallOn discutable).

t
1 384 REN~ BONDOUX
Les VILLES 385
lémoignages épigraphiques depuis l'époque hellénislique jusqu'à l'ép raît dans les sources lorsque Irène et Constantin VI vont y prendre
Si l'on suppose la lransfonnnlion de celle communaUlé de villages e;(~~ bYZantine" Brousse réap~~e impériale, en 796". À la même époque, la ville est mentionnée en
siège épiscopal el prolégée par une fortificalion-refuge, on relrouve 1elt , dOlée d'u~ les eauX avec la J~l loppement du monachisme sur l'Olympe; ainsi le monastère des
minimaux que nous avons retenus pour la définition d'une ville. Il con~ . liaison avec ~ à ~fnze slades de la ville, possédait un méloque près de la citadelle de
ces lémoignages les fragmenls archilecluraux chréliens repérés SUr 1 le. Agaures. SI~Uest d~crite comme une «petite ville».R9., Brous~ était cependant suffisam.ment
d' Iznik, au débouché de la roule venanl d' Orhangazi ). En lenanl corn ~ ~vage du lac
1 Brousse, qUi oir la suite des empereurs, qUI s y rendirent assez souvent au xe Siècle,
élémenls, on ~UI se demander si Basilinopolis n' aurail pas occupé le ~I= de ces dive" équipé~ pou;t:tc:~ns doute fortifiéef)(I. On constate toutefois qu'aucun sceau ni nom
Orhangozl esl un nom moderne. Haci Halfa, en 1648, y mentio e ÇeltlkÇi. e~ la ~II~e rateur civil ne nous est parvenu pour cette époque. " .
hebdomadaire et l'appelle Pazark6y'4, nom sous lequel l'agglomération :~~ Un matohé d adml,nt S1 XIIe siècle que Brousse connut un réel essor, Peut·etre ses murailles
les voyage urs jusqu'à la fin du xlx'siècle. N'ayantj_mais été fortifiée el: éstgnéepa, C esl ~u as été suffisanles en 1112 pour résisler à l'assaut des Turcs conduits par
une fondation ottomane. • e est peUt~tre n'avalent·e 9~Slnsuite, la ville bénélïcia sans doute de la politique de renforcement des
s
Monolyko 'de Bithynie développée par Jean Il, puisque, lorsque Andronic 1" mit le
BROUSSE 1 BURSA p.laces forte: 1 ville en 1183, celle-ci se mble avoir élé bien fortifiéen . Adoptant la fonne
De la ville antique, mentionnée par Strabon comme une «ville sur 1'01 Slègedev:nd a600 m de côté aux angles arrondis93 • l'enceinte occupe une colline du
Mysie»7', nous ne savons pas grand chose. Fondée par Prousias selon cet Ympe de d:un carrd l~Olympe, qui offre au nord un décrochement abrupt et rocheux. et qui est
Hannibal selon Pline'6, à une date controversée, elle eSI surtout connue com au\eur, pa, plém;:~ I~est et à l'ouest par deu x l'allons encaissés. Le côté.sud, qui n'est pas naturel-
de Dion de Pruse", qui sollicita Nerva puis Trajan pour embellir sa cité .~~ 1a pairie bord défendu était protégé par '"1 avanl-mur"4. En dépit de ce renforcement, ce
comme petile et inégalement peuplée au cours de l' an née's, ce qui fait;~ a décnl leme.nt "té rest~it le point faible. \,.',11' le terrain. à cet endroit plan. favorisait l'emploi de
sylloikisl/loS plutôt qu'une ville sur le modèle helléniSlique ou romain. C'est ~glDer Un dem~~rcode siège par l'assiégeant. 1..;, ville fuI donc prise par Andronic 1", et un certain
d'après Pline, l'une des douze municipalités de la province de Bithynie _ Po ~ulefOts, mac btn~'habitants furent massacr~'~, cn rcprésailles95 .
frappe monnaie19. La ville a parfois été confondue avec la cilé de Prousias (ou ~l et elle nom ~e mme Nicée. la ville sel11 hl,- s'être rel~vée assez rapidement de cette épreuve.
sur l'Hypios (dans le thème des Bucellaires el la province d'Honorias, l'acluelle ÜO~~) C'esl ;ut-êue Isaac (( Ange qui '·"il l:':"'.à l' Eglise locale le titre de métropol~96.Elle
voire avec celle de Kios, appelée un temps Prusias ad mareso. s ), devint temporairement cap:talc J e 1 lont ptre lorsque Théodore Lascans, qUi. S .étalt ~u
Brouss~ est mentionnée comme évêché dès le 1\'" siècleSI . La ville eSl citée f er l'enuée de Nicée, s ,"stalb il ll rousse, en 1204, et y exerça le pouvOIr Impénal
siècle par Etienne de Byzance (noÀIS J.ItKpà Bie",,!as)S2 et dans le Syn kd~u V< ~I~~lace de son beau-pèr~ Alexi" III"'. Les murailles étaient alors en bon état, puisque
d'Hiéroklèss3 . En ~I: Brou~se - npoûoa ~tOI (lwurroÀ tS- apparaît comm: éVê~~; les croisés, qui prirent poSitIOn devant le ~ur sud e~ décembre 1204, ne parvmrent pas
suffragant de Nlco~edIC, en tet~ de hSle, comm~ Cl' I. ~ sera régulièrement le cas jusqu'à ?
à les franchir et durent se retirer il la sulle une sortie des ass~égés9S. Théod~r~ Lascans
ce que ce Siège deVienne autocephale, au XII' Slecl e'·- . Il est difficile de savoir à quell renforça cependant les murailles. l'("nme 1 atteste une mscnptlOndatée du 9 Jum 121099.
époque Brousse a porté le nom de Théoupolis~'. qui lui est accolé de manière no~ Reconnue comme faisant part.e du temtOire mcéen par Henn de Hamaut en 1214,
systématique dans les notices épiscopales jusqu'au x 1l' siècle s6, Face à la pénurie des Brousse est citée par Pachymère, avec Nicée et Philadelphie, comme yune ~e~ trOiS
sources, il est intéressant de mentionner une inscription qui pourrait dater du règne de villes auxquelles se réduisail vers 1207 l'empire de Nicée loo . Des fondatIOns rebgleuses
Constantin IV (668-685) et être mise en relation a'iec l' occupation, pendant plusieurs accompagnent cet épanouissement, en particulier I~ monastère ?u Prodrom~ fon~é p.ar la
années, de la région de Cyzique par les Arabess1. première épouse de Jean Vatatzès, Irène lo " étabhssement qUi servit de beu d eXil au
rebelle Kotanilzès et au patriarche Jean BekkoslO2.
72. Ibidem, nO726 el p. 3-4.
73. Voir ici-même PRALoNG, p. 257-258 (Catalogue, n'" 126- 128). 88.1Htot>HANE. p. 471. - Les themleS sonl situés à 2 km au N-Ode la ville, dans l'~rueUe Çekirge,
74. HAa HALFA, p. 722, 727, 736. 89. Vie d'Ellstrate des Agallres, § 13 (le métoque), 4, 15 (Brousse: pollChn~), 24, 34
75, S1lWJON, XlI.4.3. - Sur Brousse, cf. F .K. DORNER, s.v. Prusias ad OlympumdansRE, (Brousse: asty), - Sur le monastère. voi r ici-même AUZÉPY. p. 446. , ,
xxm, l, c. 1071-1086. 90, Les murailles de Brousse n'ont pas fait l'objet d'une étude arcbéologlqU;' ~:us on peut
76, l'uNE, H.N., v'148. se fonder sur les remarques d'A, Gabriel (Brousse, 1. p. 23-25) pour reconnaître t ongme antique
77. Dit aussi Dion Chrysostome (env. 40 ap. J.-C. - après 112 ap. J.-C.), orateur et philosophe, des assises de certaines parties de la muraille.
78. DION CHRYSOSTOME, IV, nO 44. 91. ANNE COMN~NE , m, p. 165.
79. RE, XXI/I, l, c. 1080. 92. Voir ici·même KRAvARI, texte nO14, p. 82-83 (Choniate),
80. Cf. JANIN, Grands centres, p. 176-177, et ROBERT, Asie Mineure, p. 77. . 93. Voir ici-même PRAlONG-GRËLOIS, p. t40, f i g . ! . , , ' - mU'
81. LE QUIEN, l, 615, § III : un évêque Georges de "Prusias ad Olympum montem. esl c'I/ 94. SKOOTARIOrts, p. 339-340: nEpitElXov. CHONtATE, p. 287: ~ .OÀ1Ç ~ np'o~a , t:
dans l'index latin des pères de Nicée. 1t~pyoç clncxacx Kat è;(upov 1tEptpepÀrUJÉvll1t€p{I3oÀov Kat toûtOV àllql\5ullOV Kala tO KÀ\J.lŒ tO
82. ÉTIENNE DE BYZANCE, s. v. npoûao:. vonov . - Voir ici~même PRALONO·GRÉLOlS, fig. 1.
83. Synekdèmos, p. 34 : npoûoo:. 95. Voir ici·même KRAVARI, texte no 14.
_ 84. Brousse apparaÎI dans la notice la plus ancienne, dalée de 641 (cf. Notitiae, p. 172). Un 96. LAURENT, Corpus, V, I. p. 273.
éveque, André, est connu par un sceau du Vie-VUe: siècle (LAURENT, Corpus, V, l, nO 380). 97. ACROPOlI1E, p. 10.
85. Cf. LAURENT, Corpl/S, V, l, no 380. . 98. CHONIATE, p. 602-603.
,86. No.titif!e, n'" _1,4,7,9, 10, 13. - D'après le De thclllatibl/s, III, p. 280-282, la v.lle, 99. Voir ici·même KIOURTZIAN. p. 59.
SWU1tOÀ1Ç " V\.lV npouoa, aurait changé de nom après Ju stinien. . 100. PACHYMERE, l, p. 25. 1

87. CL COVEl, Appendice épigraphique, n" 32, p. 373-374. Cette in ~criplion pourra:t CO~: 101. GRÉGORAS, l, p. 44: EPHREM, p. 280-281. vers 7916, 7925-79_9:
mél1lorer des travaux de renforcement des défenses de la VIll e. _ VOir ICI-meme KIOURTZ1AN . p.
102. PACHYMERE, lll, p. 46, 101 pour Je"n 8ekkos: p. 78 pour KOlamlzès.

s
1- 386 RENé BONDOUX LES VILLP.s 387
Au cours de 1. période troublée qui suivit la bataille de Bapheus la . u'au xe-Xie siècle!l6. Deux sceaw( d'évêques sont datés du XIe siècle.
pas immédiate. mais Ja campagne n'était plus sOre IOJ • La ville, soulagé~ un~enace ne fUI dixième place, Jusi est désignée comme un polisma lorsque les Latins, poursuivis par la
Catalans. acheta «une ombre d~ paix» en v~rsant un tribut aux Ouomansl04.~~s Parles par la suite. Césarde Brousse. subissent. sans doute en contreba~ du site, une défaite san-
les soldats d'Orhan prirent la v,llIe le ~ avnl l3261O~, après ~n long siège, les ~lement, garniSOn grecqu'~7 esans doute est-ce à Césarée/Pél adarion que se réfugia, en 1306, le
payèrent un tribut de 30000 pIèces d or")6 pour éVIter le pIllage, Orhan, . abUan~ glante en 1204 " . que la petite troupe organisée avec laquelle il résista aux Turcs 'IR.
succéder 11 son père, fit de Brousse la capItale de son État. Il y mstalla le rn rnoine Hlla~;; ~m~~ considérer Césarée comme un site urbain actif. en dépit de son titre
père et il y fut lui-même enseveli: ce qui confém à la ville une gloire qui 0 II est dl ICI e osition fortifiée. Perchée sur son nid d'aigle, eHe ne pouvait avoir la
plus. En 1402, la ville fut prise, pIllée et oncendlée par les Mongols, mais 1 d'évêché et de sa 1aie de ses voisines maritimes. et elle a été concurrencée dans son rôle
fut de courte duree '07. En 1404, Brousse fut un enjeu entre les fil s de Bayezid 1" d . fonclio.n comm~~usse. Césarée a pu conserver un rôle de refuge. C' est ce que pourrait
d' accéder au trône: Mehmed 1" en chassa soo frère Isâ, puis en fut lui-rnê ' é",."" stratégIque par ne tradition locale recueillie par J. Covel en 1675: «(le] vieux château
par Süleyman, son autre frère. Mehmed 1" échoua en 1407-1408 dans sa t~e e~pulSé laisser pe?,er:'hui Filadar (... ] était jadis une position si fone qu'elle tint, dit-on, six
reprendre la ville, mais y reussit en 141 3 après la Illort de Süleyman. Brouss nt~ttve de appelé nUJour ore après la prise de Brousse»119, «(Voire dix ou douze»I20, c'est-à-dire
dès lors bien au delà de l'enceinte fortifiée et s'enrichit de nombreux mon~ s étendu OU sept a~~;;cou 1333 voire jusqu'en 1336 ou 1338. Peu après la conquête turque, le
Bien que Mehmed Il ait fait d'Istanbul sa nouvelle capitale, les voyageurs consid:entsl08. jusqu end Fladar est mentionné dans l'acte d' un legs pieux d'Orhan daté de 1360 121 •
jours Brousse comme la plus importante ville des Turcs. Tout en conservant l' rent to., voIlage e 1
. de sa p1"
de sa situation .défenslVe, al~e lertl'1e e t de~ ressources ,~restières
' avantage
de l'O! m
la ville bénéfiCIa en effet au xv' s. d une modIficatIOn des It",éralTes coromercia
ux
Y,.!" CyztQUE . 'è 1 J CC '
C I ' de Milet dont la fondation remonte au V ille SI ce av. ,- " yZlque JOUit
..
d'un développement de la production de la soie "0, à laquelle s'ajouta bientôt la 1 et , ~ton~~on exceptionnelle sur la ri ve sud de la mer de Marmara l22 . D'après Strabon,
et la transformation du coton, qui firent pour longtemps sa célébrité jusqu'en Oc~~:~~ d u~~:: ~?un périmètre de 5,00 stad~~. était sur .une île , r.eli~e au cont,inent par de~x
l2J
la S deux ports pou varent [Inne!:,. 200 navires. Le lerrltOJre de CyzIque englobrut,
CÉSARÉE 1 ÇJFTEKAYALAR pon;s. e;tinent les cités de Daskl'leion, Apollônias et Milétopolis l24 .
La localisation de cette cité, connue depuis l'Antiquité comme située dans le vo' . sur e~ source~ d'époque protobyzailline relatives à cette ville ne sont guère abondantes.
nage de Brousse, a longtemps posé problème. Dion Chrysostome dit qu'elle est voi ISI- 11 abritait une manufacture impériale qui occupait au Ive siècle de nombreux
de sa cité natale, Brousse III. Le Syllekdèmos d' ~liéroklès la situe entre Brouss~,n~ La v~:dsI2,.les séismes qui l'affectèrent sont les événements marquants: celui de 460,
Apollônias 112. Sa localisation a été établte par L. Roben d'après un témoignage: tl~:battit une panie de ses mur;lil b 126 , et sunout celui de septembre 543, qui provoq~a
P. Menthon ll3 . n s'agit du site fortifié de Çiftekayalar, le byzantin Péladarion, le Fidal; f é ulement de la moitié de la \'1 Ile 127. MaIS CyzIque reste achve: les facuons s y
des voyageurs, à l'ouest du village actuel de GÜndogdu l " . Vne Vie de Niellas de ffC~tent en 561 '28 ; une panie du régiment des scholes y est établie '29 . On devine une
Médikioll , qui était natif de Césarée, mentionne les fortific.ations de la ville"'. ~: d'influence au bénéfice de Nicée, devenue chef-lieu du thème ~e l'Opsi~on dans
Les seules attestations relatives à cette ville au Moyen Age sont d'ordre eccJésiatiq.e. la seconde moitié du vtt' siècle. La VIlle conserve toutefOIS un mtéret stratégIque pour
Les listes conciliaires permettent d'établir la permanence de cet évêché de 325 à 879. qui veut s'emparer de Constantinople. .
Césarée est mentionnée comme évêché suffragant de Nicomédie, à la neuvième ou à la En 668, l'émir Phardalas (Fadala b. 'Vbaid) choisit la presq~'î1e comme heu
d'hivernage pour sa flotte '30. Ensuite, le pon servit de base aux raods arabes CO?tre
Constantinople jusqu'en 678. La région avait apparemment. souffen de .cette occupation,
103. PACHYhŒRE, IV, p. 369. ou, en tout cas, offrait suffisamment de terres à cultiver, pUIsque Justmten il y ~sféra,
104. Ibidem, p. 656. en 690-691, des habitants de l'île de Chypre l". Artavasde, fuyant Constantin V, s y réfu-
105. Chroniques brèves, Il, p. 231. gia temporairement en 743 avant de gagner par mer Con,tantinople 132 • La VIlle garde un
106. A~IKPA~AZAOE, lexte, p. 29 ; trad., p. 53. -la ville a été réduite par la faim: GRtooRAS,
l, p. 384 ; CANTACUZÈNE, l, 45, p. 220; CHALKOKONDYLE, p. 15,17.
107. La ville aurait échappé à une destruction totale à la suite d'une ambassade envoyée 116. Notitiae, nO' 2, 4, 7, 9, 10.
auprès de Tamerlan par Emir Sultan, gendre de Bayezid 1" ; cf. SÙLCH, p. 297 n. 4 ; A~IKPA$AZADE. 117. CHONIATE, p. 602-603.
trad .. p. 292. 118. PACHYMÈRE, IV, p. 657 ; cf, MANGO, Élegmoi, p. 169, n. 2 et p. 176.
108. Orhan élève hors des murailles une mosquée, un imaret, un bain et un caravanstrail eu 119. COVEL, p. 145.
1339-1340; Murad 1", une mosquée, près de laquelle il est enterré; Bayezid 1", la mosquée de 120. Ibidem, p. 215.
ytldonm près de laquelle se dresse son IÜrbe ; Mehmed lU termine l' Ulu Cami et élève la YOlt! 121. Cf. BELDICEANU, COllquête, p. 29.
Cami ; cf. SOLCH, p. 296-299 ; GABRIEL, Brousse. t22. Sur Cyzique, cf. HASLUCK, CyziCIIS, p. 1-15. .
109. Voir ici-même G~ROLYMATOU, p. 497. 123. L'acluelle presqu'île a-t-elle d'abord été une île? Le problème a été longuement débanu,
110. SÙLCH, p. 304 et n. 1. cf. HASLUCK, Cyûcus, p. 2-4.
Ill. DION CHRYSOSTOME, IV, nO 47, p. 237. 124. STRABON, XII, 8, 10-11.
112. Synekdèmos, p. 34. É . 125. JONES, LRE, Il, p. 836.
113. ROBERT, Villes, p. 190, 198 n. 3. Voir aussi JANIN, Grands celllres, p. 186; MANGO, legmol, t26. MARCELLIN, p. 87.
p. /69 n. 2 et 179; lEFORT, Tableau, p. Il n. 82, et 112 n. 104. S 127. MALALAS, p. 408 : Chl'011Îqlles brèves. J, l, II.
114. Voir ici-même GIROS, p. 221 et fig. 1. L'enceinte mesurant 200 m (E-O) sur40,m(N. ) 128. MALALAS, p. 424.
comporte un mur antique à blocs isodomes ainsi que les traces d'une porte à J'ouest e~ d. ~ne ~~ 129. Voir ici·même CHEYNET, p. 313.
à l'est. Ce périmètre a fourni des tessons hellénistiques, byzantins et ouomans, ~OIr ICI-~ 130. THÉOPHANE, p. 354.
FRA~ÇOIS , p. 297-298. Des monnaies antiques Yont été trouvées, cf. HASLUCK, Cyv ells , p. . 131. Ibidem, p. 365.
115. Vie de Niellas de Médikioll ; cf. HASLUCK, CYZicllS, p. 66 Il. 3. 132. Ibidem, p. 417.

____ ~b . .______________. . . .__ 1


1 .188 RENA DONL>OUX
LES VII .LI:"Ci .1WJ
n'Ile administratif, puisqu'un di(}ik~t~,' y réside, mais elle ne retrouve
N7J·875, Photius décrit III métropole comme pauvre ct son métro p~~ sn Prospérit6 . es Turcs qui, en 1304, assiégcai~nt Cy,;ique .. Ils passèrent l'hiver à «Artaqui ..
ami de Photius, est endettél.l.I. po Ile AmphilOCh: en ravanc~: Selon pachymère, «Ils demeurarent à .' mténeur des remparts, prélevaient de
Le séisme de 1063 abattit une gmnde partie du temple d'H d . la" (r;tdek) 11 ' nt les bIens, harcelaIent les femmes .. 149. Selon la chromque de Muntaner au
troubles de 1. lin du XI' siècle, Cyzique redevint un enjeu, mais les 8 nenlJ<, Avec 1 l'arge~t, P: a~ehevaliers catalans payèrent largcmcnlle gîte elle couvert et en particulier le
Il 1. presqu 'ile, et non Il la ville. Bryennios, en révolte contre Mic~o~~~s font '"u'i:' COlliOure, les roduction étai. abondante l5o. Quoi qu'il en soit, les Irois !reules métropoles
par une flOUe irnpérinlcll~ ; les 1\u"Cs s'y installèrent temporairel11en~ 1. y fut Vainc n vin, do~t i~: capables d'aider financièrc~cnt le patriu.rcat en 1324 ~nt Proconnèse,
l'orchisatrape Elchonès s'en empam en 1086 ct pilla la région l3J . ~n 1080..108113< ~ de la get Lopadionl". En 1328, Andronle '" sc rendit encore à CyZIque pour signer
envoyé par Alexis 1", reprit la ville la même année avec une troupe d~ 3~nSlantin 6i>Os: Cyzli~:rnir de Germiy~~ un traité. de sauvegarde ~es ter:ntOlres byzantins l52 . On peut
en 1112 le Thrc Monolykos y pénétra sans rencontrer de résistancelJ9. La hom llles"8, et avec que la presqu Ile de CyZIque ct Ic pan d Artaklon passèrent sous le conlrôle
10111 de constituer une place sOre. Pourtant, un rempart barrant l'isth d VI lie est alors supposer ans lors de la prise de confrôle de l'émirat de Karesi 0374/5)1lJ.
des ottom
romame mais fonemenl remanié à l'époque byzantine (parement cl .mc, e construction
visible 140. oISon né), est toujours DASKYLEION / E~KEL •. , . . ...
Un siècle plus tard, en 1206, la situarion semble la même puis . Il faut reconnaître à Th. Cor~te,n le mente d ~vOlr fait I? dls.tl,netlOn entre Dalitkyleion,
décril «Equise» (Cyzique) comme une «forteresse de murs de t que VIllehardouin ièg d'une satrapie perse, locahs.c sur un~ coll me près d ~rglh, s~r le ~rd sud-est du
e Manyasl54, et l'agglomérati on l.ll1 .lTI cme nom, fondatIOn antique pUIS évêché suf-
étaient presque en ruines»I"I, Les croisés. sous le COI1lIl1'lIldem~nt deo~.rs, de fossés qui s de
commencèrent alors à relever les murs et «à faire deux cil1teaux à d lerre de Bracieux ~c ant de Nicomédie, correspond',"1 " l "ctuel E~kel, à 18 km à l'ouest de Mudanya lS5 .
lancèrent un certain nombre de raids sur les territoires pius <au ~ud e~x entrées» 142, pui~ (;!t cette dernière que nous prcfil"" "n compte. SItuée à 2 km de la côte, elle disposait
Lascaris. ' nus par Théod~ d'un port qui est l'actuel Ejkel Ln"",!. .~". baIe, protégée par le cap du même nom, cons·
La ville antique, située sur les collines Îmmédiaten1cIlt au nord d'" h litue un mouillage. pr?tégé qUI a conl~, h" c" la pérenmté du toponyme. La cité faisait autre·
plus défendable, l'habitat s'était sans doute déplacé à l'ouest e I~t me, n'étant fois partie du temtolre de CyZIque 1.".
d'Hynakion (ou Artakion, Artakè, l'actuel Erdek), 'l l1i "l'paraît d;n;~rs e Sile côtier Au vc siècle, Étienne de By'l.:mn!' évoque une petite ville portant ce nom : J..ltlcpOv
Vt' siècle l4J. Ce site était défendu dans sa partie slId par IIne forteresse es sources dès le rtO).,lollCl-tW V A{X(JI(ÛÂ.lOV IS1 . LI:' même toponyme figure dans le Synekdèmos

~té du cap de Sai~t.Syméonl44. La presqu'île de C)'l igue ne constit:cufu~nt l'exlre. d'HiérokJèsIS8. La seule mention lJlt ~ r Îeure. au xe siècle lS9 , ne concerne, à propos de la
d Importanc~ à panlr du moment où, au XII' siècle L"padion, mieux fortllié Un enjeu délimitation du thème de l'Opsiki" n. quc le golfe de Daskyleion, ce qui laisse quelques
ment acceSSIble par mer, remplit le rôle de verrou q'I<' Cyzique n'assurait PIU;I;: égale. doutes sur l'importance de la ville .
Cet évêché est pourtant régulière ment cité dans les notices épiscopales jusqu'au XII'
. Par la ~ulle, les réfé.rences à ,CYZIque sont presquc l, ,,,jours en rappon avec les ~é
sièciel60, au sixième rang des sul rragants de Nicomédie, parfois après parfois avant
polltes du heu, qUI devatent plutot réSIder à Constantlno"le. En 1302 Cy . IrQ.
d . . b' '. . .' . ,Zlque est encore Apollônias. Ces mentions sont recoupées par quatre témoignages des listes conciliaires
sous ~nunabon yzanune l•46• 'l!aJS MIchel IX, 1 atll1l.\: ~U1vante. venant d'Adram '00
(de 681 à 879) et par l'existence de deux sceaux d'évêques datés du x'·XJCet du XJCsièele.
(Edre~t) avec ses forces, n Y séjourna pas longtemps, Je crainte d'une attaque tu :':41
ce qUI prouve que la place n'est pas sûre. Les Catalans rurent les derniers à ~e;
148. The Chronicle of MIIIII"n e,., frad. Lady GOODENOUGH, Londres, 1921, Il, chap. 203.
133. PHonus, Lettres, nO 240. Venus du continent, les Turcs ne purent franchir le long mur qui barre J'isthme. ce qui prouve que
134. SKYLITZÈS co,"nNull, p. 116; ATIAlIA1E P 90 ce mur était encore en assez bon état. Les Catalans. venus par mer. débarquèrent sans que les Turcs
135./bidell/, p. 268. .. . s'en apercoivent.
136. ANNE COMNENE, l, p. 69. 149. PACHYM~RE, IV, p. 437-439. - L'expression Ev'tOç tOÛ t€.llOuç ne pennet pas de savoir
137. EAn., Il, p. 79. s'il s'agit des murailles d'Artakion - au cas Oll il yen aurait eu - ou, plus probablement. du mur
138. /bidem , p. 80. qui barre l'isthme, comme le suggère. quelques lignes plus loin, "expression tep ICCltÙ K\X;uC'OY
139. 10., U1, p. 165. npOO'Ka9nllEVOl 'tEllEl.
ISO. Mal/llelis Philae COn/IiI/a, éd. E. MILLER, l, Paris, 1855, p. 435-436.
140. Pococke(p . .1'4·116) puis Texier (Descriplioli , p. 165.173) décrivent ces murailles qui 151. Régesles, V, nO 2119.
companent en paruculler deux grandes tours octogonales à l'ouest. 152. CANTACUZÈNE, l , p. 339.
141. VII.I..EHAROOUIN, Il, § 454. 153. D'après Grégoras (II, p. 214·215), c'est Alman qui occupe l'Olympe et la Bithynie.
142, Ibi~em. :- Sans doute faut-il comprendre qu'ils érigent deux bastions autour de deux Hasluck (Cyzicus, p. 21 et n. 6) rapporte une tradition orale locale selon laqueUe la P"I"!labo~,
JXutes des fortlficatlons. Les deux châteaux sont démantelés J'année suivante à la suite d'une trêve cI~rgé ~n tête, se serait rendue à Orhan qui , en retour, aurah non seulement éparg~ la vl~e malS
conclue avec Théodore Lascaris. Cf. ibidem, § 489. ' lUI aurait ~ar finnan accordé des privilèges spéciaux (npovOIl\a) qu'une bandelette rappelait sur le
'u 143. Procope (Bell. Pers., l, XXV, 31) en parle comme d'un npoootelov tijç Kul;IKOU K<XÀUPPIl\lXlOV du clergé local. Voir aussi A~IKPA~AZADE, trad., p. 71.
KO CI>Ç. Vou aussI MALALAS, p. 377 (Pnscos, comte des Excoubites interné à Cyzique s'évade 154. Cf. E. AKURGAL, Recherches failes à Cyzique et à Ergili, Al/olOlia, 1. 1956, p. 15·24.
~118af,~e .:"'rt,): 406 (Jean de Cappadoce, interné à Cyzique, eSI o;donné diacre à Artakè). En ,. 155: Th; CORS1EN, Oaskyleion am Meer, Epigraphica anatoliea, 12, 1988, p.53·77.
V. ' d~eqAue tienne de Cyzique apporte à Héraclius la couronne conservée dans l'église de la - L Idenllficallon a déjà été proposée par Hasluck, C,dC//s, p. 55·58.
lerge rtakè, THlloPHANE, p. 299. 156. STRABON, Xiii, 1. 3.
H . 144. Il s'ag it d'un éperon barré par une fortification . Ce château en ruines est décrit par 157. ÉTIENNE DE BYZANCE, ..... v. BpuÀÀlov.
t
anu\I~~, 98·103. Sur Anakion, voir aussi HASLUCK, Cyûms, p. 16·21 et ici·même GIROS p. 212.
. f. H. AHRWEllER, BYlllllce et la mer 1966. Paris p. 167 et n 4
.
158. SYllekdèmos, p. 34. Daskyleion est mentionné entre Apollônias et Néocésarée,
Néocésarée n'est pas localisé jusqu'à preselll (voir ci-dessous. p. 396).
nlalS
.

146. PACHYM~JŒ, IV, p. 369. ' , . . 159. De th.m"tiblls, I, 4, p. 68 et 1, 17, p. 83.


147. lbide1ll, p. 427. 160. Notjt;ae, no:. 1 à 4. 7.9. ID. U.
.- J90 RENe nONDOUX

Mais Daskyleion disparait définitivement des listes postérieures. On peut' .


le site a été abandonné ou réduit à une si faible importance que l'évêché I;aglner qllt
Au XIVe siècle. les portulans italiens mentionnent Diaschilo entre Tri~' Ispa,ru.
LES VILLES

lui de l'évêque Synétos. L'évêché disparaît des listes conciliaires


eul sceau connu, c~'s figure encore dans le De Ihemlltibus comme rune des cinq villes
~près 879. Héléno[JO ~tesI80. Elle fait l'objet d'une mention péjorative lorsque Romain
391

Lupato (Lopadion)161. Si un portulan grec précise que ,à tllaOKEÀO eva la <,Tnglia),t du thème des Op~:c son armée en 1071" 1.
'"Ql €xEI Ëva v~(J1 ~KpOç 'ou, il ne désigne en fait sous le.te?"e porto qU~u~OPto ka),<, Diogène y pass~ f. ations ne permettent pas de connaître les causes de la déchéance
abrité, le seul qUI eXIste sur les VIngt kIlomètres de côte qUI s étendent plu à I~ou'''.ge C~s rares ~n o:agements du port. sur une côte marécageuse. étaient difficiles à
Boucicaut y voit en 1399 «un gros villaige qui sied sur le goulphe de Ni~ ouesl"'. dt la Ville. Les ~m est-ce la raison de son déclin et de l'essor de Pylai. La ville,
deux lieues Joing de la marine» avec de «beaux manoirs et un riche pala'som~dle bien entretenir. peuti·e~e io" par Anne Comnène lK2 , a-t-elle bénéficié temporairement de la
Bajazet)I6J. Le site n'a faÎt "objet d'aucune prospection. 1 qUI estoit à
;c
qualifiée de ~o ~~resse conslruite par Alexis 1" en 1085 à Kibôtos18 3 ? Ou bien est elle
proxim' Ié de a a forteresse abandonnée sur le littoral, près de Kibôtos, où se réfugienl
H~ulNOPOLlS 1 HERSEK simplement~el~'erre l'Ermite poursuivis par les Turcs de Nicée l"? La localité esl
L'empereur Constantin fonda ceUe ville en 327 164 , à l'emplacement d'u 1 . les c~OIsés e ~e évêché jusqu'au XII' siècle '85, sans que l'on sache à quelle réalité ce
appelée Drépanon l.' ou Souga l66, en l'honneur de sailli Loukianos, martyrisé à ~~ OC.lué menllOnné~ COt~ue correspond. Par la suite. Hélénopolis disparaît à la fois des notices
sous Dioclétien l.'. Il donna à la ville le nom de sa mère, Hélène, car elle se ~cornédIe 'tre eccléSlas Iq
u. 1es et des sources profanes.
ce lieu '.8. Il lui conféra le statut de cité et lui auribua un territoire bénéfic~u n~ en éplScopa
ant
exemption fiscale lw. La fondation de ceUe ville est liée à la création de Iiaison dune
Bithynie el la nouvelle capitale de l'empire, Constantinople. Située à l'endro~t ~nlre 1. KloS 1 GEMLIK
. é
.
fond du golfe auquel clle a donné son nom, au p.ed des pentes abruptes
resserré du golfe de Nicomédie, face à l'actuel Kara Burun l7o, elle devint Un e plus ,SIIU et~~niOS (les actuels Duman Dag et Samanh Daglan), à proximité de l'em-
passage obligé pour tout voyageur se rendant à Nicée et en particulier pour le polOt de de 1 ~rgande ~'émissaire du lac dï znik. Kios est présentée dans les sources antiques
impérial. La ville est citée dans le S)'llekdèmos d' Hiéroklès l7l , entre Chalcédc~um" bouc ure colonie de Milet, vraisemblablement fondée en 626-625 av. J.-c.'''. La cité
. . -~
Prainétos. Endommagée par u~ tremblement de terre sous Zénon (474-475)172, elle fuI comn;e udnée sous le nom de Prusias a el mare par le roi de Bithynie Prousias 1er, petit·fils
restaurée et embellie par Justinien et dispoSait. sous cet empereur, d'une enceint 11l fut re,on e . . , f' d l ' d
de Nicomède, auquel Philippe V de Macedome edn aVaIt mt on poudr eKremerclelr eèson
d'un aqueduc 174 , de deux bains, de plusieurs églises 17 5, d' un palais, de portiques ~ ~ alliance contre Attale de Pergamc lS1 . Elle repren son anCien nom e lOS sous e r gne
logements pour les fonctionnaires en déplacement176. e
de Claude lBB . , .._
Le premier évêque connu, Palladios, apparaît dans les sources en 400. Les mentio Les mentions de Kios sonl rares il 1 époque protobyzantme. La cite figure, confor-
de ceue ville, évêché suffragant de Nicomédie 177 • ne sont guère nombreuses au cours d~S mément à sa position géographique, entre BaSlhnoP?~ls et Apamée dans le Syn~kdèmos
siècles suivants. Vers 610, le passage de Théodore de Sykéôn suscite la venue d'un! d'H'é k1ès IB9. Une scholè y tenall ganllson, avant d etre déplacée en Thrace à 1 époque
grande foule depuis les villages alentour 178 . Vers 845. Ignace de Nicée nous apprend que d ;u~~nien en même temps que celles stationnées à Nicomédie et à Brousse l90. La
l'évêché d'Hélénopolis exploite des salines l79 . C'est également du IX' siècle que date le ~ade"e ét~t sur une colline au piémont sud de l'Arganthonios. Ses murs reposent sur
~~ blocs en grand appareil, que Ch. Texier, au XIX' siècle, décrit comme «pélasgique»'91.
L'amère-pays, montagneux au nord et au nord-ouest, était peu peuplé, et l'itinéraire
161. Cf. TOMASCHEK, p. ". côtier ne dessert aujourd'hui que quelques VIllages ou échelles bloqués le long des côtes
162. DELATIE, Portulans grecs, p. 63. par les flancs abrupts du massif montagneux, les villages les plus importants étant Kaurli,
163. Cf. HASLUCK, Cyzieus, p. 55 n. 4. sur le rivage nord de la presqu'île de l'Arganthônios, et Arrnutlu près de son exlrénuté l92 .
164. Sur Hélénopolis, cf. MANGo. Hélérwpolis.
165. PROCOPE, De Aed., V, 2, 1-5.
166. Cf. en particulier MALALAS, p. 248.
167. Cf. P. KARuN·HAYTER, A Note on bishops and saints, dans Hinterland, p. 402. 180. De IhemO/ibus, V, p. 70, 1. 16. " 1 dans
168. Pour une discussion de celte assertion de Procope, voir MANGO, Hélénopolis, p. 146-150. 181. AITALIAIT, p. 144: jeu de mol sui EÀtvO\J.oÂ..ç 1 ÈÂ.EElVonOÂ.IÇ. I:empereur y age
169. Chronieon Pase"ale, p. 527. une .enle. - Peu apres, Élienne de Blois la décril comme urhs desola!a, cf. D~, Imufschaft, p. If3.
170. L'identification d'Hélénopolis à Hemk a élé depuis longtemps proposée, cf.lEAKE. p. 200. 182. ANNE COMrŒNE, Il, p. 210. L'expression utilisée (ttç tl JtOÀlXVlOV EÀ€VOUKO \V
171. Synekdèmos, p. 33. oVO).laCOp.Evov) ne suggère pas que la localité ait été très connue.
172. MALALAs, p. 308.
173. PHll..OSTORGIUS, Kirschengeschichle. Mü dem Lebel! des Lucian von Antiochen und dtn :~~: ~~1:~~i.r:;,l~~ KRAVAR', lexIe nO 12, p. 77·81 (Albert d'Aix). - Cf. aussi GUIBE'" DE
Fragmenten eines arianischen Historiographen, éd. J. BIDEZ et F. WINKELMAN, Berlin, 1972, NOGENT, p. 145·146 el GUILLAUME DE TYR, p. 153.
p. 201 (ttÎXoç DEJ)JÉiJakV KaptEpOv). - Evliya Çelebi, en 1648, parle d'un «kale» (EVUYA ~I. 185. NOliliae, nOO 2 à 4,7,9, 10. 13. . 2249
Il, p. 755). Fellows (p. 106-108) Yvoil en 1838 des traces de lours el de murailles sur un demI mille. 186. Cf. le dossier de sources rassemblé par Th. CORSTEN, Kws, p. . ON XII 4 3'
174. Voir ici·même G~LOIS, p. 515. 187. La cilé avait élé délmile par Philippe V au cours de la guerre, cf. STRAB. . .,
175. Panni les églises il faut peut-être compter le monastère Saint-Lucien dont l'higoumène POLYBE, XV, 21-23: TITE LIVE. XXXII, 33-34 el XXXJlI, 30.
Basile siège au concile de Nicée en 787 ; cf. JANIN, Grands centres, p. 97 et n. 7, 98. 188. ROBERT, Asie Mineure. p. 83.
176. Voir ici-même KRAVARI, lexIe nO 3, p. 67·69 (Procope). . . 189. Synekdèmos. p. 33.
177. La .premlère ~?tice épisc~pale où Hélénopolis apparaît comm~ suffragant. de N~co~édu: 190. THËOPHANE, p. 236. - Voir ici· même CHEYNEt, p. 313.
date du ,Ville. Siècle (Notl1lae. nO 2). L absence d'Hélénopolis dans la première des noUces d évechés, 191. l'EXIER. Description. p. 39. Voir ici·mên.le GIROS. p. 21.2. d appareil de\'rJ.ÎI
datée d envlr?n. 6:41 ,. .semble un oubli, cf. Notitiae, p. J7. 192. L'existence à Anllutlu d'un pont à troiS arches de pierre. en. g~ boutissa~t:'10 cap
178. VOIr ,c'·meme KRAVARI, texle no 4, p. 70·71 (Vie de Tiléodore de Sykéôn). po,unant correspondre à un itinémire rel.nivemenl fréqlle~té. partant de.Klo~~9;) .
179. IGNACE LE DIACRE. lellre 13. Tnton 1 Poseidônion 1 Boz Bumu (MAKRi:S. Katirli. p. 14; vu par nous en -.
1 ~92
RENI1 DONOOUX tES VILl .P~~ 393

Kios esl un cul-de-sac fncile li bloquer en lemps de guerre, el Apclchnsèm (Ab . ortante. Dès le IXe siècle, la ville était administrée par un archonte.
qui gouvemail NicéeenlreI086CII092.s.cnrendilcomPleenI085:pouctIQ..im) PP"remmenl Imp dion esl en effelle poinl de passage obligé (ponl2m ou bac selon les
double nssau!. lerreslre elmnrilime, des lroUpeS impériales, il préféra aban; r sCSICr à u; ~omme Nicée. Lopaonstances) du trafic terrestre provenant, à 1'est, de la région de
ct inslallcr ses troupes - et surtout ses archers - dans une position plus ava~~ner la ville époques el ,les c;'~e la région de Cyzique cl, au sud-ouesl, de la Phrygie. À cela il faut
nlentours. «cn un lieu appelé par les uns Hnlykns. par les Ulltl'~S Kypnrissios~11~~use aux Brousse, à 1 oue~;rilime, puisque le Ryndakos cl l'émissaire du lac d' Apollônias élaienl
Kios est nvmlt tout un bon port. le meilleur dans ln région, ni Apamé : . ajOuter le trafic ur des bateaux oC mer de moyen tonnage208 .
n'offralll un abri sOr, C'esl ce qui f.ill'importance de la ville el qui lui pen: nI logli. navigables, même r.;padion élail forlilié aux VIII'-X I' siècles. Le géographe arabe Idrisi,
mercialiser en par1iculicl' les produit~ de la ~g.Îon de BI'~msse. ~rois sceaux d'/~rde.co.rn: on,ne sast SI l'importance commerciale de la ville, qu ' il décrit comme fortifiée2rJf).
datés du XIe siècle. nueSlcnt qll~ I~ vl~le abrlta:t un gre~lIcr p\lbl~c. Les chantiers ~~ano,. aU XII' Slè~le, ~Ol:s sOre: elle fuI pi liée par les Turcs en 11122"'. Or son inlérêl stralégique
élaienl aClifs. Apelchasèm, qUI ~ élatl empare de.la vlHe, savaII qu'il pouvail y Iro· lsy Ln pla~e n ét~, p.j en 1086, en tenant t:e poste. les Turcs ont-ils réussi à vaincre une
des artisans capables de const~lT'C la flotte dOI~t l~rav~l~ beSOin pour maîtriser les c~ver est éy~~ent. I~t~me byzantine qui s'élaÎl inlïltrée dans le lac pour attaquer Apollônias
elles iles de la Proponlide l.... L empereur AlexIS 1 ullhsa sans doule celle m' les expédl lton mart ~ Elchanès2l 1. En 111 6, Alexi s 1" s' y inslalla avec son armée pendanl
d'œuvre en 1097 pour conslt1lire les embarcalions qu'il fillransporter par chari~~e maIn, alo~ dét~~~: ~ais la construction Lks muraines actuelles revient, nous l'avons vu, à
lac d'Iznikl.,. Jusqu'au IrolS mOl~ 'lace a la forme d'un reclangle de 475 m par 150 m, le CÔlé nord longeanl
Kios est un évêché au moins depuis 325 1%, et un archevêché au moin d . f
Jean. II '. a lac2 13 • L'organisation , par \cs Comnènes, d' un réseau de défense contre les
536197 La métropole de Kios apparaÎI régulièremenl dans les Iisles épiscopales s ·PUIS
XIV" slècle l9S el de nombreux prélals sont connus, soil par les aCles conciIJU~qu"u
à
l'émlSS31refé U Lopadio n, l'un dc:-: poi nts clefs de ce réseau, une prospérité accrue.
Turcs .conélr~t avec Malagina, rUIl cli.;o.; Jeux camps à panir desquels les expéditions
. " 1 fi d ., 1 L . latres et Lopadlo1n Turcs
01, .• C" ;.: :-; 1 tan toI
- une po /.IS, tantot
• un po /.ISlnQ pour N'leétat;
synodaux soit par des sceaux. Jusqu " a 10 li XJIl' siee c~ a Ville semble avoir été' h étaient orgamsees.
en églises et en monastè~es. n;ais seules des .sources tardi ves voire modemes le sune è~ canO: ~s 1 squ' iI évoque les séjour ... qu 'y fit Jean 11 214 . Manuell~r Comnène y campa lui
renl l99. La demière menlton d un prélat de Klos est de 1.115. La dale de la prise de M Cho?lat s or armée en 1145215. On comprend qu' une lelle place ait élé convoilée par les
n
par les Ollomans n'es~ pas conn~e200. Entre 1315 el 1317, une sé?e d'acles relalifs à~! aus~1 ave~~upaire (Lopadionl. qui 0tait une des meilleurs cités du pays», comme l'écrit
siège201 suggère peul-elre que Klos élall encore byzantll1e, n~alS c eSI à ceUe époque que Lal;n~. ~ in se livra à Pierre de Brac ieux en décembre 1204216, puis fuI évacué par les
les Ollom.ns commencenlle siège de Brousse . En 1J47 l' Eglise de Kios élail déle ViI.e or o~..; 1205 217 • En 1214. l' empereur lolin Henri de Hainaull reconnul à Théodore
par HiéroÛlée, métropolile de Brousse'"'. TOUl lien avec Conslantinople n'élail: Launs enla possession du lerriloire , '':tendanl de Nicée à Lopadion el à Brousse"'.
rompu à la fin du XIV' siècle, puisque le patriarche An loine IV fil droit à une plainle d Lasc~~st égalemenl au XII' siècle q~e Lopadion reçulle litre d'arche~êché ~t de mélr<:
monaslère de la Rômaniôtissa à Kios conlre le mdr"!,,,lile de Nicée203 • u le, prenanlla place, dans les !tstes .eplscopales, du SIège de Mllélopolts dO?t Il dé~ndatt
~ou auquel il étail associé - au mOI ns depUIS le VII' ~lècle2l9. Lopadlon n appw:att dans
LoPADlON 1 UWABAT ancune liste épiscopale postérieure. mais nous connalss~ns. Peu: l.es hstes conc~halfes. le
Siluée à l' extrémilé nord-ouesl du lac d'Apollô n;",. à proximilé immédiale du ponl nom de plusieurs prélals au XIII' siècle et dans la premlere mOlllé du XIV', qUI aUestenl
qui franchill'émissaire du lac, la ville de Lopadion"" dresse encore ses hauts murs, aux au moins de la pérennilé du siège.
pierres légèrement verdâlres. La dale de la fondation, qu i n'esl pas anlique, est inconnue.
Les fortifications dalenl de Jean Il, pour leur plus grande part 205 , mais la ville existail
déjà au rx r siècle206• Plusieurs sceaux de xéllodochoi des IX e et x e, un sceau de commer-
ciaire du lXe siècle et le sceau d'un ltôrreÎar;os au XII! attestent une activité commerciale
207. Sur ce pont, voir ici·même LEFORT, p. 467 et fig. 6. . ' ,
208. Voir ci-dessus, note 51. - Dès le début de l'époque ottomane, au XlV' SI~d.. la prulCIp8Ie
193. ANNE COMlIDlE, Il, p. 69. - Le toponyme Halykas évoquanl des salines (Iun: luz/a), on marchandise qui transitait par Lopadion 1 Uluab.at était l'alu.n provenant des mmes de ,saphane.
peut proposer d'identifier cette position défensive avec le cap Tuzla, à l'ouest de Gemlik. situées au sud, à quatre jours de marche, entre Slmav et Gedlz. Transféré sur de ~sses barques.
194. ANNE COMNM, Il, p. 69. - Rappelons que gemlik signifie chamier naval. 1',Iun élaillnlnSporté d'Uluabal à Triglia 1 Tirilye, oil il était chargé sur d~s n.vues de plu~ ~
195. EAo., III, p. II. tonnage, à destination de l'Occident médilerranéen ; cf. ROBERT, Alle MlRturr, p. 92. Vou ICI-
196. Yoir ici-même OIEYNET, p. 336. même GÉROLYMATOU, p. 492.
197. JANIN, Grands relll"'S, p. 77 n. 1. 209. IDRISI, p. 312. Yoir ici-même KRAVARI, p. 82.
198. NOliliae, nœ 1 à 5, 7, 8, 10, 12, 14 à 16, 18. 210. ANNE COMNÈNE, III, p. 165.
199. Cf. JANIN, Grands rellfTeS , p. 152 el 162-163. 211. EAO .. n, p. 80.
200. Selon J. Stilch, p. 295 n. 5, IGos passe aux mains des Ouomans en 1333. Brousse él~1 212. EAO.,III, p. 190.
prise en 1326, Lopadion en 1327, Nicée en 1331 el Nicomédie en 1337, il serait élonnanlque Kios 213. Cf. HASLUCK, Cylirlls, p. 80 et fig. 5.
soit resté un îlot byzantin dans cette région, 214. CHONIATE, p. 33, 37.
201. MM, l, nO 3-34. 215. KINNAMOS, p. 38. . dB ' i vien' de
202. Rigesles, Y, nO 2289. 216. CHONIATE, p, 602. La population s'avance au devant de Pierre e mCleux, qu
203. Rigesles, YI. nO2987. .' ê Pègai, en brandissant des croix. Elle est épargnée.
204. Sur Lopadion. cf. HASLUCK, CyZÎcus, p, 78-83, JANIN. Grtmds centres, p. 79 etlcl·m me 217. YILLEI"'RDOUIN, Il , § 320 et 341.
GIROS. p. 213. 218. ACROPOLITE, p. 28. . 1 1'3' el figure parmi
205. KINNAMOS, p. 38. 1 '011 219. Cf. Notitiae, p, 167 (Lopadion semble aVOir nmg de R1étro~,~.~n à i - adion en 118~
2?6. En 809. Théodore Stoudite est passé à Lopadion, où il mentionne le xéllodOC ~' , les archevêchés jusqu'nu XIve siècle) et p. 169 n. 1. - Le prelat reSI .ut op
cf. OIEYNn-FLL'StN, Ka/hom. p. 193-211 , el plus particulièrement p. 1981. 27, p. 209 el n.. (cf. CHONIATE, p. 289).

__________________ ~.t~ ________________. . ~


les VilLES 395
RENé DONOOUX
394
, 't pas nécessairement d'une ville. Au XI' siècle, Malagina était une
Au début du XIV' siècle, Lop.dion esl une pince encore asse 0 232
défendue contre les Ollomans s re pOUr pulalion, i! ne.'>~f:e u~ ressort fiscal directement géré ~~r l'empereur .
. 0 par une garnison de soixante Cat aZIans2l0 0 Pou"'0"1
.
rrisktPS/S, c. es~ à Ux Seldjoukides. Manuel 1" YconstruIsIt en 1144-1145 une polichn~
une chronique brève que les lIomans se sonl emparés de la viii 1 1 . n apPlt Irt
demain d'un gmnd séism~221. La forteresse joua encore son rôle ~t~ti
.mai 1327 Ild Par pour fal~st:~I: ~ne garnison2)3. Kinnamos indiqu~ que l'empereur, en 1154, séjourna
ro~ifiée et y '" lè à Malagina (voir note 227). Par rulleurs, NIcéphore Bryenne mentionne,
intestines sous Orhan qUI, pour pUlllr le gouverneur de la place d glque
démanteler les llIumilles 222 . Par la suite, le pays étant unifié s e sa prèS de Métabo ' al ais du césar situé près du fort de Métabolè234 , si bien qu'on peut se
Vluabat perdit sa fonction militaire et périclita au profit de Mi~u~. une même aut . eo I072>107;::n fomération n' était pas distincte de la forteresse. En 1195, les «habitants
uelques kilomètres plus à l'ouest. a IÇ 1 Karacabey, 0~1é,
SlIUé demander s~ ~glagina» acceptèrent, à sa demande, de reconnaître Alexis III, au moment
q du polisma eé é~ait contestée par un prétendant au trône23 ', ce qui montre l'importance
MALAGINA 1 PA§ALAR OÙ SOIl autofl~r a~cordait à cette ville.
La première référence à Malagina 223 dans les sources est t d" n que l'e~pe~ tte époque que Malagina apparaît dans les listes épiscopales, directement
237
sembie-t-il à lort, datée de 674-678224 . La fom,e fluctuante du t ra Itlo nellemenl C est c;'archévêché236 qu'elle conserve dans la seconde moitié du XIV' siècle .
Mélagina, Malagina, Malagna) a contribué à alimenter une importa ~p~nYme (Mélagg~'" avec le ra~tgdeux noms d'évêques de Mal.gina du milieu du XIII' siècle, et l'évêché est
à préciser son identification et sa localisation, les propositions di n e tltérature CQn~ On connal
sur un fait: Malagina se trouvait près du cours du l1Ioyen' S:erg~ntes, étant fOndées
tion né en 140]238. . ' .
men Sous les Lascarides,.1'lmp?rtance de la VIlle se confinue : elle est le stège d'un gou>
proposé une localisation convaincante m , en signalant, dès l'abo~anos. CI. Foss en veilleur, Lykaïtès, qUI umt les tItres de dOl/X et de stratopédarque. Mats, ~près la vlctorre
sans conteste l'identification Malagina 1 Mélaggeia12 •. S'appuy ,que Zonaras établi~ rtée par Osman à Bapheus, la pOSlllon de Malagma devmt difficile puisque
Kinnamos, d'événements qui se sont déroulés entre 1072 et"~to~~ la relation,]laI ~;::'re>pays était couru par les Turcs. En 1306, d' aprè~ Pachymère, la ville 240 était désertée
Métabolè, situé à Malaginam , l'auteur identifie Malagina 1 Mét b lè au château de ses habitants2)-. A~tkpa~azade menllonne la pnse d AkhISar par Osman , forteresse
imposantes d'une forteresse située immédiatement au-dessus du ~il~ avec les ruines ~ pourrait correspondre à Malagina'41. Ibn Batlüta, qui parcourt la vallée du Sangarios
nord-ouest de Pamukova228. age de Pajalar, au qn 1333, ne mentionne pas la forteresse. Le SIte semble toutefOIS occupé sous les premiers
Le rôle militaire de la place est primordial quand en septemb 78 . ~ltomans: Orhan Y a une résidence estivale"', et Murad 1" y reçoit une ambassade
Irène y retint l'armée impériale, sous prétexte d'une c;mpagne co ~e 1 6, l'Impératrice génoise en 138724). Mais Malagina (Mélaina) n'est plus qu'un village en 1421 quand
que ses forces iconodoules prenaient le contrôle de la capitale t n e es Arabes, tandis 244
Murad Il Ypasse, en allant d'Amasya à Brousse .
tes"9. Jusqu'au lX' siècle, divers épisodes liés à ce loponym enue par les Iconoclas·
. . MI' d" e ne mOdIfient p
Im~g:, Slno.n que a agma eSlgne à cette époque - pills précisément dan as cett, MILÈTOpOLiS 1 MELDE
mOItIé du SIècle _ une régIOn (chôra) appartenant ail thème d 1'0 'ki s la deUXIème Cette cité antique24' est connue uniquement par son titre d'évêché à l'époque byzan-
site, siège des écuries impériales, lesquelles subissent à cet~ é pSI on a~tant qu'un tine. Elle a été longtemps identifiée à Mihaliç 1 Karacabey. On s' accorde maintenant à la
arabes230. Les écuries et le train étaient situés à quelque di stanc: d,poque ~Iusleurs raids localiser à l'emplacement de l'actuel Melde,.6, appelé souvent Hamamlt par les voyageurs
. ~ne sta!to~ de la poSie
247
appelée Maladjina par Ibn Hûrdadbeh231. Même si Malag'n du XIX' siècle, qui y ont observé divers vestiges antiques, dont ceux de murailles .
qu~lonctatltIOn,la réSidence
chartulaire au IX' siècle et au x', pouvait abriter, en raison Id:' sa d'un
une abondante
232. ArrAlIATE, p. 124.
, ~33. KlNNAMOS, p. 36 (tOtt B' ~uv ~yv~ no~(xvnv Èv tO)Ç oütro M0a1'fe(OI~ ~uIl,ÉVO\Ç
~'","pa\).; CHONIATE, p. 52 (npoç BE tnç trov MEÀa1'fElrov q>UÀaKTlÇ tE KU\ uv a"""",,,,
220. PACHYMÈRE, IV, p. 635. ,~\~EÀne"ç). _ CI. Foss (Malagina, p. 171), qui a reconnu sur le site de P~alar des murailles du
221. Chroniques brèves, J, 8, 17. Vllt Siècle, suppose une reconstruction.
~;32. Csf. HMASILUCK, CYfziCUS, p. 83 et n. 2; A$IKPA$AZADE trad P 44 71 234. BRYENNE.y. 179 (ïvaJu:p 'to I.ppoUp\OV ïôputIX\ 'to à,noû HO\) lWV paG\M:lWV tOÛ
_. ~ a agma. c . Foss, Ma/ogina. . '.. . . Kaloapoç av - MetajklÀn 'to l.ppouptOV 'to ovoj.la). .
éd .. ... ~!,5. C~ONIA':", p. ~62 ('Aq>\Ké~EVoç ouv Kutà tO no1-\(:s~u tà MeÀ<i1'ft\a npi>ç t<ilv ÈlCtîC:SE
mention de Malagina résulte d'un~ int~rp'~I'~s, . A. Lo~os, MelSsenhelm, 1976, p. 120. Ceue
224. Dre Apocal)pse des Ps -M Il d'
tMGlMuç au'tOKpatrop cxvcxyopeUetUl).
du rxe ; cf. W. BRANDES Byzanf .. . a :;:" qUI peut elre datée du Ville siècle, voire du début
different histories?, dan~ G p ~~~ltles ln e seventh and eighth centuries - Different sources,
.,>,p6. Nolitiae. nO 12, datée par J. Darrouzès (p. 134) «de l'époque des Comnènes», p. 352 (tO
beMeen lAIe Anliquily and Il;e En /oltJ.J~IBAWARD-PERKINS, The Idea and Ideal of Ihe rOll>
, ""'yyUlS).
paniculier p. 49-53. r y 1 e ges. Leyde-Boston-Cologne, 1999, p. 25·57, en 237. Ibidem, nO 18, p. 408 (0 MEÀay(vrov).
238. MM, Il, p. 561-562.
225. CI.
la mention de Foss, par Ap. 176
Malagina
Malagina c -177" reconnalt> que cette localisation ne s'accorde pas avec 239. PACHYM~RE, IV, p. 455.
conlre les Turcs en direction d~ne omnene (III, p. 168) à propos d'une expédition d'Alexis 1" 240. Voir ici-même BELDICEANU, p. 369.
(ibidem, III, p. 190: Malagna) Akrokos en 1112, puis d'un mouvement de ses troupes en 1116 ~!~. Cf. Foss, Malagilla, p. 172 n. 47.
.. n. 21. . Cf. A. PHILtPPIDIS-BRAAT, La captivité de Palamas chez les Turcs, TM. 7, 1979. p. 146
226. ZoNARAS, III, p. 398.
227. KmNAMoS
MEtallo1-" 'n~
oVOlla. , p. 127'. BUltP\""Vtl , MtÀaYYE(OIÇ tq; !la<nÀEl nep( ma xiit;ov ~
EV 243. Foss, Malagilla, p. 165 et n. 26.
~!1' DoUCAS. p. 129.
228. Sur cette forteress
230. En 798 . Thfu
... >
229. THÉOPHANE P 46~"v~1J' ICI-meme GIROS, p. 219-220 et fig. 6 à 8.
,EORGES LE MOINE, p. 769.
t
246' Cf. RE, XV,. 2, c. 1583-1585; ROBERT, Villes. p. 192; SCHWERTIIEIM, K...zikos. Il.
Lop'dio . elde ç.fthk, à 15 km au sud de Mihaliç 1 Kamcahey et au sud·ouest d'Vluabal 1
24; ~arte turque, u20) ; cf. HASLUCK, CyziC/ls, p. 74 ; ROBERT. Villes. p. 192. .'
p. 143. . PIlANE, p. 473; vers 870 : lHÉOPHANE coNTINUÉ, p. 284-286; SKY1J17$S,
l, Pt/en,,' M.~!O~. p. 81-82 ; A. PHlLIPPSON. Reisen und Forschungen im we!\!hchen Klemaslc:n
231. IBN HURDADBEH, p. 74 et 86. anllS 1/I<1II/11gell Erg .• 167, 1910, \II, p. 45 ; WIEGAND. p. 303-307.
LES VILLes
J96 R.EN~ DONDOUX

un nouveau et violent tremblement de terre endommage. 1.. murai Il .. et


Milètopolis (ou Mélitopolis) - dont le nom est tronqué en M6~IÇ dans le S . lIud, en 740, élise debout Us .
d'Hiéroklès'48 - figure régulièrement dans les listes épiscopales comme éVêchlnekdbnos I,i'sa une seule t~nsformé le statut de la ville, devenue le centre de commandement de
de Cyzique, jusqu'au XIIe siècle'''. L'union de Lopadion et de Mélitopolis t~uffmgant La gue~e a 'k' n qui barrait la route terrestre vers la capitale. Les Arabes ne purent
une liste synodale de 1232, suggère que ce dernier siège avait disparu2S0. O~· estée par ra"née de 1 ops~ I~n~ l'hiver 717-718, alors qu'ils assiégeaient Constantinople, ni lors
que ce toponyme ait jamais correspondu à une ville à l'époque byzantine. peUt douter s'en emparer n;2~ dirigée contre Nicée'66. Les murailles, endommagées à celte occa.,ion
de l'attaque de bl ~ent de terre de 740, furent soigneusement reconstruites, comme en
N~OCÉSAR~E
oU lors du tre,:, eription'61. Les remparts furent à nouveau restaurés par Michel III en
Ceue cité, d'époque romaine25I , figure dans le Syllekdèmos d'Hiéroklè 25'
Daskyleion et Hadrianoi, ce qui peut suggérer une localisation à l'est du lac d' AS l!ôe~tre témoigne u~: ~~~eurait une solide place forte, qui résista aux assau~ de B~rdas Sklèros
Des évêques y sont auestés de 381 à 879. Le siège est cité régulièrement Comme r
nias.
de Nicomédie dans les notices épiscopales jusqu'au XII' siècle. Par la SUite le t uffmgant
858'68. NI~269 Le rôle militaire de Nicée est soulIgné par la présence d un pr%ken/archos
en 976-97 'è' le et par celle d'un partlphylax aux IX' et x' siècles.
n'est nulle part mentionné253. • OponYme aU VIII'-tX~I~1 ; t'un enjeu dans la lUlle entre Constantin V et son beau-frère Artavasde,
. La VI ~ ude l'Opsikion, qui avait pris le pouvoir à Constantinople. En 743,
NICÉE 1 JZNJK ancien ~om efuite réussit à Y enrôler des soldats210 . L'existence d'un entrepôt (apothèkè)
Nicée254, d'abord connue sous le nom d'Hélikorè (<<riche en sarments»)2S' Arta.va, e, ~~stée par un sceau de 695, est peut-être à mettre en relation avec ceUe
refondée sous le nom d'Antigoneia par Antigonos Monophthalmos, sur le plan hip , fut à Nicée, alitaire s'il est vrai qu'à celle époque les commerciaires étaient chargés de
fonction m l . 271
mique qui la caractérise aujourd'hui encore. Lysimaque, après la mort d' Antigonos~;­ vitailler et d'équiper les soldats . : . . . .
av. J.-C.), la fonda à nouveau et lui donna le nom de son épouse, fille d'Antipallos 1 ra Nicée abritait aussi uneadmmlstratlon CIVile. Un .épar~ue y est menuonnéau vme
Nikaia256. . . 1 272 . sa fonction reste mconnue, mais elle suggere 1 Importance de la vIile. Un
Dans la Bithynie romaine (la région est devenue une province en 74 av J -C ) . y
Slèc~ te est également auesté, peut-être dès le VIII' siècle. Nicée était probablement la
protobyzantine, Nicée n' a cessé d'opposer à Nicomédie, capitale adminis~ti~epuls :ide~ce du juge de l'Opsikion et du di~ikèlès de Bithynie, ceue fonction étant également
renommée artistique et culturelle"'. Auguste, Trajan, Hadrien et Commode la Parè;"'s~ citée dans d' autres villes, dont Nlcom~dle et Cyzique. Enfin, à P~lf du tX~ Siècle, la
de mo~uments258. Pou,r le concile d~ ~25, Constantin y fit aménager un grand oikos dan~ dignité pertée par le xénodoc/lOs de Nlcee, ou les autres foncuons qu Ii exerçaIt, altestent
le palais Impénal 259 . L enceInte fortlfiee, qUi a garanll pendant près de miUe ans sa SOreté l'impertance de la charge. . . .. .,.
fut construite à la suite du saccage et de l'incendie de la ville par les Goths en 257: Nicée restait une métropole presugleuse, ce qUI exphque, en partie, qu elle rut été
258"0. Commencée sous Gallien (253-268), elle fut achevée par Claude le Gothique choisie comme siège du concile de 787 . Entre le tX' siècle et le xn', les métropolites
(268-270) ; d'une longueur de 5 km et d'une hauteur moyenne de 9 m, les muraiUes furent souvent des lettrés réputés et parfois des hommes d'influence. Par exemple, en
étaient flanquées de tours de 13 m de haut et d'un fossé161. 812, le métropolite participa au conseil réuni par l'empereur Michel 1" Rangabé pour
Les monuments nous sont surtout connus par la mention de restaurations nécessitées délibérer sur la conduite à tenir face aux Bulgares 213 . On peut également citer, parmi les
par les séismes qui affectèrent la région'62. On meSure le lustre de la ville à la sollicitude titulaires les plus prestigieux, Théophane, Grégoire Asbestas, Théodore, Eustrate.
que déployèrent les empereurs pour réparer les dommages causés. D'importantes restau- La ville semble prospère dès le IX' siècle, au témoignage de son métropolite Ignace
rations furent entreprises par Justinien'.3. Mais aucune réparation n'est attestée à la suite (le Diacre). Elle abritait un quartier juif214, signe d'activité commercialem . Un commer-
du séisme de 557 qui occasionna des destructions considérables2o. . Deux siècles plus ciaire y est aUesté au x' siècle, époque à laquelle ce fonctionnaire est principalement
chargé de lever l'impôt sur les transactions216 . Tous ces éléments tendent à confirmer la
pertinence des qualificatifs apXClI67t~o\)toç (riche depuis longtemps) et 7tO~Ucxv6poç
248. Synekdèmos, p. 23. (bien peuplée) attribués à Nicée au milieu du x' siècle211 •
249. NOli/iae, n'" 1 à 4, 7, 9,10, 13.
250. Cf. ibidem, p. 169 n. 1.
251. RE, XVI, 2, c. 2409. 265. 1'\ŒoPHANE, p. 412; Chrolliques brèves, I. l, 15.
252. S)'nekdèmos, p. 34. 266. Voir ici-même CHEYNET, p. 315.
253. NOli/iae, 0'" 1 à 3, 7, 9 10, J3 et ici-même AuZÉPY, p. 446. 267. Voir ici-même KtOURTZtAN, p. 58.
254. Sur Nic~e, cf. en demier lieu Foss, Nikaia et ici-même GIROS, p. 210-211. 268. Ibidem.
255. R. MERKELBACH, Nikaia die Rankenreiche (EAlKllPH), dans Epigraphiea AnalOliea, 5, 269. ZONARAS, III, p. 543-544.
1988, p. 1 sq. 270. NICÉPHORE, § 66.
256. STRABON, XII, 4, 7. .271. Cf. J. HALDON, Military service, military lands and the status of soldiers: cunenl problems
257. La correspondance de Libanios laisse entrevoir une aristocratie locale aisée et lettrée. and mterpretations, DOP, 47, 1993, p. 15-17. .
258. Cllronieon Pase/wle, p. 475. 272. . En dehors de l'éparque de Constantinople, on connaît à celle époque ~el~1 de
259. GEORGES LE MOINE, p. 503. ThessalOnique, successeur de l'éparque pour l'l!Iyricum (cf. A. KONSTA~AKOPOULOU, L ép"':'!ue
260. ZoSIME, HisloiTe nom'elle, J-VI, éd. et trad. F. Paschoud, Paris, 1989-2000 (1,35). de Thessalomque, les origines d'une institution adminislrnlive {vme-lxe slècJes), CommlUucallOns
261. Cf. SCHNEIDER - KARNAPP; Foss - WINFIELD; Foss, Nieaea, p. 5. . grecques préselllées ail Vl' Congrès JlIIernatio1lal d'tllldes slld~est européellnes. BelgTCIdt /984,
262. En 32 'p. J.-c. (Chronique de Saint Jérôme, éd. R. HELM, Ellsebills Werke, VU, Berlm, Athènes, 1985, p. 157-162.
1956, p. 198: 4' année de la 224' olympiade), en 120 (Chronieon Pasehale, p. 475), en 362 273. TH~OPHANE, p. 498.
(AMMIEN MARCELLIN, XXII, 13), en 368 (Chronicon Pasehal., p. 557). 274. Vie de COI/Slamin le Jllif, § 51.
263. Voir ici:même KRAVARJ, texte nO 3, p. 68-69 (procope). 275. Foss, Nieata, p. 29.
264. Vie anCienne de S. Syméon Stylile le jeune, 1-1I, éd., trad. et comm. par P. VAN DEN VEN, 276. ODB, s. v. kommerkion .
Bruxelles, 1962,1, ch.p. 106. 277. T"~OPHANE CONTINU~, p. 464.
....
LBS VILLP.,S 399
RENIl SONDOUX
.198
. , ccrut des territoires repris aux Latins; un "rol({(th~ménlJS y était établi293.
Dans la seconde moilié du XI' siècle, la ville troversa de nouvelles viciss't d . hynie. qUI sad Constantinople, en 1261, condUiSit de nombreux foncuonnalre. et
conjuguèrent il nouveau les deux plus grands flé.ux qu'elle ait connus. Les !rel ~Ies; S'y BIt La reconquête. e ria viile. Celle que Nicéphore Grégor... nomme la principale ville
de lerre de 1063-1065 abattirent églises el pans de murailles"", puis, il pan~ d: ll1enls lésiastiques à q~lt~rectement les conséquences de la défaite de Bapheus: dès lors,
les alliance., SUCCesSIVes de Nicéphore Bot.mate et de Nicéphore Mélissèno 1078, :cllithynie""SU~lt ~ut coupée avec le pays environnant'9'. La volonté de ruiner les
tribus turques aboutirent à faire de Nicée le siège d'un sultanat turc. La viii s ~vec des ule commUniCatIOn r le réduire à merci est manifeste: assiégeant Trikokkia, forteresse
place sOre. puisque Apelchasèm puis Poulchasès y résistèrent pendant dou; tau une ~ources du 'pa~s !::'usud.est, Osman arracha les vignes et détruisit les moissons'''''.
1085 il 1097) aux attaques de leurs rivaux, puis il celle de~ croisés"". Une fo~s ~s (de protégeant Nlcé 'è e de deux ans, Nicée dut se rendre à Orhan en mars 1331 297 . Peu
reprise, Alexis 1" y installa un duc, Eustathe Kamytzès, qll1 dISposait de cinq Ville Affamée par un SI d~crit une viile en ruines, habitée par un petit nombre d'hommes du
dats'80. L. prospérité de la ville ne semble pas avoir été atteinte par ces éVéne~ents Sol· apltS, Ibn ~alluta bâti devait se concentrer dans la moitié orientale, tandis que la panie
1096, lorsque les croisés de Pierre l'Ermite et de Gauthier sans Avoir franch."nts. En suitan2". L esFac~asse et plus humide en raison du niveau de la nappe phréatique, était
massif des Samanh Daglan, ils font un riche butin de produits agricoles dans IlSseftle
de Nicée1S1. À plusieurs reprises. la ville vit passer des croisés282. a paine occid~ntal~v~I~~ à' des cultures 299 . En tout cns ~crtain.s in,dices mO,ntrent qu'au XIe ~iècle.
peul·et~ d e i surface enclose par les munulles n était pas entièrement constrUiteJOO ,
En 1182, s'ouvre une nouvelle période d'insécurité: le domestique des h 1 . . qu au XIII . 1c d' ~n sallc:,k
, aNicée 1 Iznik la cap~ta ' M~ hmet II .l' .
d'Orient, Jean Doukas, refusa de soutenir Andronic Comnène. Ce dernier, devenu e~c 0 es ainSI fit de . ma~s UI retira cette
vint assiéger la ville au début de 1184. Il réussit il s'en emparer. Les Thrcs de la g~:eur, Orhan fit de sa vieille rivale NicomédIe Ilzmlt)(lI. SI, à NiCée, la hste des métro-
furent empalés"). lSon roncuo a~u;r~'~n 1394, il s' agit désormais d'une métropole in partibus infidelium 302. Par
n
Par contraste, cette ville meurtrie, mais devenue après 1204 capitale de fait de l' polltes v~J oitomans n'ont pas ménagé leurs effons pcur restaurer la ville: dans les 70 ans
alll eu,:' es prise vingt monuments publics, dont la mosquée verte (Ye~il cami), ont été
pire de Nicée. ~onnut au XtlI' siècle ~n vif éclat. T~éodore Lascaris y fut couronné e~~:
reur par le patnarche Michel AutoreJanos e~ 1208- 84 • NIcée, qUI resta siège du patriarcat q~' su~~n~:~erlan' s'empara d'[znik .11 la lin de l'été 1402304 et la pilla. La ville, en dépit
jusqu'en 1261, fut le centre culturel et rehgleuxdu nouvel. Êtat. Avant d'y enseigner, én gés 1 pement des ateliers prodUIsant ses fameuses céramIques, ne retrouvera pas la
éve op
du dpérité .et, . .au. . 1 1 d d' 'è
Nicépbore Blemmydès y étudia la poéSIe, la rhétonque, la logique, la physique, l'arithmé. de la Nicée byzanllne Jusqu XIX~ Slec e, ne comptera pas p us u IXI .me

riqu~285, et Théodore Il Lasea?s, qUi fut so~ élève, y fonda une école de rhétorique, de ::20000 ou 30 000 habit~ts que c,elle-cl aurall comptés305: En mstallant leur pcuvOlr à
poéSIe et de gromntrure, dans 1 égltse restauree de Salllt-Tryphon 286 . Réunions synodales llrousse, les OUomans ont pnvé Nlcee de ses lonctlons tradItIonnelles.
visites de légations papales, réceptions d'ambassadeurs, cérémonies impériales sUscitaien;
une intense activité. Cet apcgée trouva son chantre en Théodore Métochite, qui prononça NtCOMéDIE 1 IZMtT
en 1290 un éloge de la vWe, à Nicée même, devant l'empereur Andrcnic Ilm. Fondée en 264 avant J.-c. par Nicomède 1", qui la peupla en déplaçant la pcpulation
Les premières monnaies des Lascarides y furent frappées. avant le transfert de l'atelier d'une cité voisine nommée Astakos, Nicomédie"J6 a connu son apogée sous Dioclétien,
monétaire et du Trésor à Magnésie"8. Les ateliers de tissage de luxe y étaient renom. quand l'empereur Y établit la tétrarchie et en fit sa résidence pour mieux surveiller la
289
més . On y produisait un type identifiable de céranlique 290 • La ville s'enrichit alors frontière orientale de l'Empire; il Y éleva un palais, un cirque, un atelier de frappe moné-
d'édifices religieux291 et renforça ses murailles29l . Nicée était le chef-lieu du thème de tnire307, une manufacture d'armes 30s et des résidences pour sa femme et ses filles; il fit

278. AlTAl.tA1C, p. 91 ; SKYLITœ; CONTINUÉ, p. 657 sq. 293. PACHYMÈRE, I. p. 321.


279. ANNE COMN8<E,IlI, p. 7. 9, 10, Il. 294. GRfGORAS, I. p. 433.
280. EAD., Il, p. 166. 295. PACHYMÈRE, IV, p. 453-455.
281. Voir ici·même KRAVARI, texte nO 12, p. 78 (Alben d' Aix). 296. Ibidem, p. 701-703 ; voir ici· même BELDICEANU. p. 371.
282. Parfois pour le plus grand profit des habitants, comme en 1147. lorsqu'ils vendent à des prix 297. Chroniques brèves, l, 7, 7 et 8, 24 ; GRfGORAS,1. p. 458; JANIN. Grands centres, p. 106.
exorbitants des vivres aux chevaliers allemands de la Deuxième Croisade (ODON DE DEUn.. p. 97). 298. Voir ici-même KRAVARI. lexte nO21. p. 98.
283. CHONlA'Œ, p. 281-286. 299. Sur le haut niveau de la nappe phréatique à celle époque, voir ici-même GEYER, p. 172.
284. ACROPOLI1C, p. II. -Rappelons qu'on ne trouve aucun monument médiéval ou ottoman dans la parue occidentale de
285. Autobiographie de Blemmydès. éd. A. HEISENBERG. Nicephori Blemmydae curriculum la,ille.
vitae et carmina. Leipzig. 1896. p. 6. 300. Cf. Foss. Nicaea, p. 38, 85 et 180.
286. nleodori Ducae Lascaris Epistolae CCXVII, éd. N. FESTA, Florence, 1898, nO 217; 301. Cf. SOlCH, p. 320.
SKOlffARI6Tts. p. 512. - Sur cette église. cf. JANIN, Grallds celUres, p. 121 et ici-même GRB.OIS. 302. MM, Il, p. 25 : Théophane, attesté en octobre 1364 comme métropclite élu. ne réside
p. 122 nOIe 64 (Dernschwam). pas, sur place et se contente d'exhorter par lettres ses fidèles à supporter avec constance la doml~
287. Voir ici·même une traduction panielle de cet éloge. KRAvARl, texte nO 18. p. 89-92. . nalton turque (Theophanis Metropolitae Nicaeni Epistolae. PG. 150, c. 288-350).
2~8. M. HENDY, Catalogue of Ihe Byzomille Coins ;11 the DumbarlOll Oaks Collection and ln 303. Pour une étude d'Iznik après la conquête turque, cf. ATASOY-RABY.
the Wluttemore Collection, IV,I, Washington, 1999, p. 133.134. 304. Chrolliques brèves, l, 12, lia; DOUCAS, p. 72.
289. Foss, Nikaia, p. 190·193 (éloge de Nicée par Théodore Métochite). 305. Cf. ATASOY-RABY, p. 20. . '
290. Cf. FRANÇOIS. Céramique byzantine. 306. Sur la ville et son histoire voir Foss Nicomedia and Constantmople, dans H'nt~rlalld.
291. Cf. JANIN, Grands celllres, p. 111-125; Foss. Nicaea, p. 108-110. p. 181·~90; I~., NicomediD;. _ Voir a~ssi P. BOULHOL, L'appo,l1 de l'hagiographie à Ia,conn~~~;e
292. Théodore Lascaris a réparé les murailles; voir ici.même KlOURTZIAN, p. 58. - Jean DI de la NIcomédie paléochréoenne Mélanges de l'École jranralse de Rome. 106, 1994... p. 9_1 9__ .
Vatatzès a ~hauss~ l,es murailles de 2.5 m et les a doublées d'un avant-mur, plus bas et moinsépats 307. Cet alelierfonctionnaj~squ'au règne d'Héraclius; cf. Ph, GRJERSON et M. MAys. Gl~(llvg/lt'
que l~ muraille ongmelle mais flanqué du même nombre de tours; il a creusé un nouveau fossé. o/Lale roman CO;IIS illlire Dumbm1011 Oaks Colleclioll and in Whillemoll! Collectiolls. Wa.'\hinglon.
Un diSCOUrs de Théodore II Lascaris, prononcé à Nicée devant son père Jean Vatatzès. indique que 1992, p. 64.
ces tfil\'aux sont dus à son père; cf. Foss, Nicaea, p. 71. 94-95 el p. 145. texte, § Il. 308. La manufacture est encore citée dans la Vie de Thiodoll! dt! Sykt>tm. p. 156-160.
-- 400 RENa BONDOUX T LBS VILLBS 401

également construire une nouveJle ellceinte J09. Érigée au rang de cap't 1 •


. _ du golfe de Nicomédie vers 750-760323 , quelques sceaux de
Nicomédie gagna encore en renommée lorsque Constantin y célèbra se; ~ ~ d Empire, ",epteur des Impotl~_IX' siècles, la construction par l'évêque Théophylacte entre 800
335, avant de les célébrer une seconde fois en 336 dans la Nouvelle Rome3~ce"flalia en pe mmereiaires des V~édiée aux saints Cosme et Damien et d'un hôpita)324, ainsi que
y reçut le baptême avant d'y mourir3l1 , Un relief de bronze, déCouvert en C ,etlorsqu'il c~ 815 d'une ,éghs~ docheioll, l'apparition, enfin, au IX' siècle de nouveaux évêchés
de 351, re~résente !"icomédie ~ ran,g égal avec Constantinople, encadrant ~~~,e et daté ~a présence d un: "0si. Éristè et peut-être Kadosia)325, contrastent de manière éton-
sous les traits de Mlilerve3". C est 1 époque où Llbrullos pouvait écrire que 1 ") e figurée suffragants (Dap no.u tio'n de Nicomédie comme «ville maintenant en ruines» qu'en
était un MOllseioll"'. Les séismes de 358 et de 363 314 accélérèrent la déché.':t vile enltère nanle avec I~r~:~:b vers 845 326 . Il est difficile de ?écider si l~ géog~aphe arabe ne
de Nicomédie, déjà programmée par la fondation de Constantinople. ce PDhltque donne Ibn H. d s sources anciennes et pénmées, tem01gnant d une situation corres-
Confrontée à ce déclin, la cité dut sa survie au rôle économique et mirt . fait qu'eXpIOlt~r enes du séisme de 740; ou si, comme le suggère CI. Foss327, ceUe
ue
procurait sa situation géographique, au fond d'un golfe profond, point de p; aue que .lui pondan~ aux s 9 par des sources postérieures 328 , traduit un état de la ville - zones non
des routes menant aux frontières orientales de l'Empire. C'est pourquoi ~:~ obhgé expresSlO~, rep~sedu port et sur les pentes de la colline, mais habitat concentré autour de
Zénon, puis Justinien 3 1.'i eurent à cœUf de relever les monuments et les édifice . ose U, reconstruiteS pr t:ant ainsi en relief la différence entre la polis d'extension hellénistique
par les séismes qui affectèrent à nouveau la cité sous leurs règnes316. s miS à ma] racro~le - ~e rtalité plus modeste d'un kastroll byzantin.
Avec Valens, prenant appui sur Nicomédie contre l'usurpateur Procope et romrun:e:~ ~e siècles se caractérisent par une situation de paix relative qui. à l'exception
dans ~icée 'peu aprè~ 365 31 :_ cornm~nce une ,longue suite de confrontations r:::ché ,.Les . dévastatrice des Russes en 944 J29 , a pu permettre le retour à une certaine
deux cités nvales. NIcomédie verrOUille la VOle vers Constantinople, mais la les de l ,"c.71~nlle_ci ne peut guère être inférée que par une allusion à la campagne voisine,
Nicée constitue une menace pour la sûreté de ce verrou. lnversement, qui tie:~~ de prospént. ;uits d'élevage étaient appréciés dans la capitale330 , et par la mention d'un
dont les pro
gouverne aisément les routes vers l'Anatolie et l'Ionie mais est constamment e I~ée
une attaque venue de Constantinople et se développant à partir du golfe de Nic~P~~. à greni~ p~bl~~·les de la fin du Xl' siècle mirent de nouveau en relief la position stratégique
Les exemples de ces situations sont nombreux durant l'époque étudiée. mie. N. s é~ie. La ville demeurait une place solide; les Turcs n'y pénétrèrent en 1078
Cette rivalité se répercutait dans le domaine ecclésiastique3l8 : toute une séanc d de ICO~e qu'ils constituaient une partie (l'essentiel) des troupes de Nicéphore
concile de c;halcédo.ine en 451 ~ut co~sacrée, on'y'" fait allusion p. 383, au diffé~n~ ~ue ~~e Mais dans les années qui suivirent, Nicomédie resta le principal bastion
concernant 1 attnbutIOn de Baslhnopohs comme eveché suffragant. Nicomédie en t b ota~?n: perdu en 1085 331 , il fut reconquis en 1089-1090332 . Ce rôle ne fit que se
que métropol~ offi~iel!e, l'emportasur Nicée, do~t le titr~ d~ métropole n'était qU'ho:~ Ji YZ;U;;e;au XII' siècle: port de ravitaillement des croisés m , Nicomédie fut la base de
nfique 319. Meme 1 élevaMn de Kios au rang d archeveche, depuis au moins 536 n 1 ren c~ntration et d'entraînement des troupes d'Alexis J" en 111633-1, puis de Manuel 1" en
réduisit pas l'influence de Nicomédie sur ses autres évêchés suffragants situés plu; a~ ~~~93J5. La forteresse byzantine se limite alors à l'acropole. Elle adopte grossièrement la
sud3'o. l, fonne d'un rectangle, orienté est-ouest, de 200 ou 300 m de long et de 150 m de large336 ;
Les sources font presque totalement défaut pour le VlI' et le VIll' siècle. Il est difficile son tracé suit presque exactement celui de la forteresse hellénistique. Les murailles sont
d'apprécier les effets de l'invasion perse, des guerres civiles e.t, des incursions arabes qui datables de l'époque des Comnènes, et vraisemblablement de Manuel J" 337.
Jalonnent ceUe pénode ; le tremblement de terre de 740, déJa mentionné, ainsi que la En 1204 cependant, la forteresse était suffisamment peu sûre pour que les croisés,
peste de 747 321 n'ont pu qu'affaiblir la cité. Il est difficile de se faire une idée de l'état occupant la ville après le retrait des Byzantins, entreprennent de la réparer: en 1206,
du système défensif de la ville à cette époque"'. Pourtant, Nicomédie fut une base Thierry de Loos, à qui Nicomédie était échue, préféra, pour plus de sûreté et peut-être
militaire convoitée tant par Artavasde et Constantin V en 743 que par Bardanès en 803, à cause du faible nombre de chevaliers dont il disposait, fortifier et munir de hourds
ou par le paulicien Chrysocheir en 869. Quelques indices, comme la présence d'un l'église de Sainte-Sophie. Le démantèlement de cette dernière fortification accompagna

. 3<?9. L'enceinte hellénistique n'incluait que la citadelle de l'acropole. L'enceinte de


DIOclétien, beaucoup plus vaste, englobait un périmètre de plus de 6 km et s'étendait jusqu'à la 323. Vie d'Étiellne le jelllle, p. 175.
mer, avec sans doute un front de mer fortifié; cf. Foss, Nicomedia, p. 42. 324. A. VOGT, St Théophylacle de Nicomédie, AB, 50, 1932, p. 67-82.
310. DAGRON, Naissance, p. 20 et n. 6. 325. Sur ce point, cf. JANIN, Gra1lds centres, p. 78 : à confronter à Nolitiae. p. 24, 32 et 44.
311. MALAl.AS, p.249 : Chronicoll Paschale, p. 532 ; GEORGES LE MOINE, p. 525. 326. [BN HUROAOBEH, p. 77, 106 et 113.
312. DAGRON, Natssance, p. 56·57 ; Foss, Nicomedia, p. 7. 327. Foss, Nicomedia, p. 18 et 22.
. .313. _Cf. ibidem, p. 6 n. 35. - Libanios évoque ailleurs la ville, à propos du séisme de 358 : 328. En 1147, Odon de Deuil (p. 88) évoque une cité couverte de buissons et de ronces,
VOlf ICI-meme I<RAVARI, texte no 1, p. 65-66. anestant de sa gloire antique par ses abords en ruines.
314. AMMIEN MARCEWN, XVII. 7.1-8, et XXlJ. 13.5. 329. Voir ici-même CHEYNET, p. 321 et note 83.
315. MALALAS, respectivement p. 248, 308 et 416. 330. Uvre de l'éparque, 15.3, p. 124.
316. Toutefois, les murailles de Dioclétien auraient pu être abandonnées dès le milieu du {yt 331. ANNE COMNÈNE, II, p. 71. .. _
siècle; elles l'étaient probablement au Vile ; cf. Foss, Nicomedia, p. 42. . 332. Ibidem, p. 110, 135. _ La ville, en dépit de son rôle clef, donnatt touJou" la meme
317. AMMIEN MARCELLIN, XXVI, 4. 2 et 8.2. Imp.resslOn de désolation au voyageur étranger: «urbem desolatam a ThrchlS» écot Etienne de
318. Cf. L. ROBERT, La titulalure de Nicée et de Nicomédie: la gloire el la haine, Hon·.rd BloLS en 1097 (RHC, Historiens occidentaux, III, Paris, [866, p. 886).
Studles, 81. 1977, p. 1-39. 333. ALBERT D'AIX, p. 566.
319. JANIN, Grands centres, p. 77, 105. 334. ANNE COMNÈNE, III, p. 193.
320. Ad~anoi,. ~pollônias, Brousse, Césarée, Daskyleion, Néocésarée. 335. CHONIATE, p. 197.
3;1. AnllIThellCI de Nicéphore, PG, 100, c. 496b; GEORGES LE MOINE, p. 754. 336. Cr. Foss, Nicomedia, p. 32.
3.2. Cf. Foss, Nicomedia, p. 42. 337. Ibidem, p. 42.
Le5VILLBS 403
402 REN~ BONDOUX

la trêve conclue entre Henri de Hainaut et Théodore Lascaris"'. La ré . POlMANa<~:348, qui figure dans le Syne~dèmos d'Hiéroklès349 , est caractérisé par
Nicomédie de Nicée était suffisamment riche pour que les croisés y prennent ~<I:' séparant
bestlaux».'39. ucoup de po"nan~ zance, au v' slède, à la fOlS comme polis et comme phrourion 3lO .
Étienne de 'O~ avec l'actuel Eskl Manyas, 10 ~ au sud du la~ d~ Manyas, est généra-
Au XnI' siècle, ~a ville semble assez p,?spère, malgré celle longue période
L'idenuficar: Le site fortifié, encore ImpressIonnant aUJourd hUI, s'étend au sommet
bles : Jean Vatatzès 1 utilise comme base arrière. après en avoir chassé les Lat' de trou~
lement admise. arpée sur un espace ovale dont le grand axe mesure plus de 300 m. À
de la reconquête de Constantinople340. C'esl l'époque où Georges Karbôn~ns, en VUe
éloge certes gonflé d'hyperboles rhéloriques, peut enCOre désigner Nicoméd.' dans Un d'une coll me e~~le cette place, définie alors comme un polichnion très puissamment
«le ~ni~1'» accordé à ~ons!antinople par le TOUI-puissanl, el la cilé qui «prés;';ecomme 1. fin du XI' SI rôl~ décisif dans les opérations qui opposent Alexis 1" Comnène el son
la Blthyme el collecle 1 Impol pour la capltale»341. Elle bénéficie encore de liai à IOUle fortifié,Joue un tin Ôpos auX Turcs seldjoukides 3'1. A partir de 1204 la place forte
avec Constantinople. sons sOres général co~st..~ fois de mains dans la luite qui oppose les Lascaris au~ croisés. Ils ne
Mais la conquête d'Os~an inaugu,:" une nouvelle période difficile: apres la b . ch~ge pluSle~ ment d'un fortin mais d' un lieu habité, fortifié, qui comporte au moins
de Bapheus, les Ollomans pillent la région el la population fuit vers Constantin ~ta"le s'ag ll P?S :~: ~'esl un évêché régulièrement mentionné jusqu'au XII' siècle dans les
oP e .
Nicomédie est de plus en plus isolée34'. Écril sans doute peu auparavanl, le dem ~i car un~ éghs é' opales et les listes concl'1 laITeS,
" dont 1e té mOlgnage
. est confirmé par le sceau
de la ville se réfère exclusivement à la gloire passée d'une mégalopolis capl;r oge nol/ces tS~ du Xl' siède. Les sources sont muettes à partir du Xlll' sièclem . Mais un
l
martyrs à l'époque de Dioclétien 343 . Après un premier siège en 1333, puis 'un S~c~~ddes d'~n éV q~oimanènon apparaît encore en 1380 dans un acte du patriarcat""'. La présence,
d
1334. durant lesquels ses murailles «très fortes»344 assurent encore une p t . en év/que e ellement proche de la fortification, d' un tiirbe et d' une mosquée datables de
efficace, elle est vaincue par la famine en 1337. Toulefois la ville semble avoir ~ <Chon sur
Muradun ens
1" montre que. 1e Sl~~
., n a pas toul de SUl'te été ab an donné après que sa 'lonction
un rôle important au temps d'Orhan et jusqu 'à la fin du XIV' siècle : en 1399 el~nservé défensive n'eul plus heu d elre.
une place solide, capable de résister au maréchal Boucicaut et à ses 1200 homm~s ae resle
à la gu~rre de siège345 . Pillée par. Tamerlan ~n 1402, ~omme Nicée, eUe COnli:;:::~ i'RAlNÉTOS / KARAMÜRSEL
bénéfiCier, au contraire de ~~tte Ville, de sa slluallOn geographique favorable au trafic Cilé antique qui serait une fondalion phénicienne, Prainétos, aujourd'hui
commercial, terrestre et mantlme346, tout en subissant, comme précédemment les C é Karam ürsel , sur la côte sud du golfe de,Nico~édie3SS, est mentionnée à l'occasion d'un
quences des séismes qui toujours menacent cette région 347 . • ons - oyage de Jean Chrysostome sous le regn. d ArcadIUS (395-408) ; le samt s'y réfugia
~ors de son premier exil 3S6 . Le. Sy/J ekelèl/ws d'Hiéroklès 357 mentionne la ville, entre
Nicomédie et Hélénopohs. Pra mélos est surtout connue par le monastère de Saint-
Aulonome, Silué à 5 ou 6 km plus il l· esI3,., où l'empereur Maurice fUI détenu avec sa
famille en novembre 602, avant d' être tué à Chalcédoine sur les ordres de Phocas359 •
Nicolas Stoudite séjourne dans un monastère de Prainétos (Saint-Autonome ?) entre 858
el 867360. La ville est un évêché, qui occupe régulièremenl, comme suffragant de
Nicomédie, une place plus honorifique que celle d'Hélénopolis 361 et dont nous pouvons
suivre la permanence grâce aux listes conciliaires jusqu'en 879 et grâce à deux sceaux
dOlés du Xl'siècle. Par la suite, le siège disparaît des listes et l' on ne possède qu'un sceau
d'exarque, dont la datation s'inscrit dans une large fourchette (II 70-Xlll' siècle).
338~ Vrw;"AROOUIN, Il, § 455 el 487. Cf. aussi JANIN, Grallds celltres, p. 101 et n. 7. ~ On Prainétos fut touchée par le tremblement de terre de 740362. La ville est mentionnée
ne connalt pas J emplacement de cette église. au IX' siècle et au x' comme un lieu de passage. C'est en effet l'aboutissement sur la côte
339. VD.LEHAROOUIN, Il, § 486. du golfe d'une route venant de Nicée et permettant de rejoindre l'autre grande cité,
340. ACROPOLI1E, p. 37-38 (avant 1240, Jean Valalzès quille Nicomédie à la tête d'une
flolte) et p; 48 (en 1247, le césar Jean Gabalas se trouve auprès de l'empereur Jean ValalZès
à Nlcomé<he).
341. E. F'ENSTER, Laudes Constantinopoliranae, Munich, 1968, p. 349 sq. Texle traduil par 348. Sur Poimanènon, cf. HASLUCK, CYZÎc"s, p. 115-123.
Foss. Ntcomedia. p. 44. 349. S'>'IIekdèmos, p. 23.
342. PACHYMÈRE, IV, p. 453. 350. ETIENNE DE BYZANCE, S. v. nOl~~v ; les habilanls sont appelés nOl~ÉVIOI.
343. Vie de Diomède, par Michel Planude, lui-même né à Nicomédie vers 1250 : 351. ANNE COMIŒNE, Il, p. 80, el III, p. 165-167.
L. 2WQ9EST'ERLlNK, Trois lextes inédils sur sainl Diomède, AB, 84, p. 161-227, el plus particulièremenl 352. ACROPOUTE, p. 34-35 : église de l' archange Michel.
p. sq. 353. DernIère mention, ibidem: en 1224, Jean Vatatzès s'empare de Poimanènon.
. 3~. CANTACUZÈNE, l, p. 459-460: mx6iv te KaprepOltCltrov REPI!loÀÛ Kal tli alln ,oû 354. MM, n, p. 18-20.
tOnou qluaE~ EUqlUroç 1tpOc; OxupotTlta ÈxouCJU. ?rai ]55. Sur Prainélos, cf. RE, XXII, 2, c. 1832-1834, s.v. Preietos. - Sur l'identification de
, 345. LIvre des fais du bon messire Jean le Maingre, di, Bouc:iquaut, Marlschal de France et n los à KaramUrsel, cf. JANIN, Gral/ds cel/tres, p. 86-87.
gOillemeurde Jennes, éd. J. F. MICHA~D eIJ. 1. F. POUJOULAT, Paris, 1837, p. 141. 356. GEORGES LE MOINE P 598
. 346: En 1452, pour la construction de Rumeli Hisar, les Turcs font venir des poutres de 357. SYI/ekdèmos. p. 33." .
NIcomédle ; cf. DoUCAS, p. 241. 358. Le monaslère de Sainl-Autonome est localisé à Tepekoy 1 Ereglibala par CI. Foss (Sainl
AU'Ollome, p. 187).
d . 347. En 1509. un séisme détruit une grande partie de la cité y compris les murailles proches
à ul·~~:ge : d. A. OzroRK, h.m~1 Tarihi,lstanbul, 1981, p. 98 sq. Ll citadelle, triangulaire, ~onsU\lite 359. Chrol/ic~1/ Pascllale, p. 694.
. de la forter~sse et aunbuable à des architectes turcs. peut être aussi bien anténeure que 360. Vie de N.colas StOl/dite, c. 908 .
posténeure à ce séisme ; cf. Foss, Nicomedia, p. 43. 361. Notlliae no' 1 à 4 7 9 10 13
362. THÉOPH~NE, p. 412;' ci.rol;iql/~s brèves, l, l, 15 .
404 RE~BONDOUX

Nicomédie·l ' .'. La ville (osly) accueille les soldats de Nicéphore Botaniate en 107
futur empereur lui-même y passe alors une nuit avant de se rendre à COnstanf 8, et le
La dernière mention que nous arons de la ville, pres de laquelle se déroule e~n~Ple ....
bataille entre Tauk,os, général d AlexIs 1", et Ap';lchasèm36': coïncide avec son ~85 la
ment dans le dom aIDe eccléslasllque. Pas plus qu Hélénopohs, Prainétos n'a ja ~ace_
être une grande ville, en dépit de so~ siège épiscopal. Il est peu probable qU~I~1S dQ
1 LES VILLES

hitecturaux Yévoquent des bâtiments imposantsJ'9. E. Mamboury


",bltUX fragme~!s arc e distance d'à peu près 220 m de la mer et parallèle avec celle-ci
nonoté en 1947 qu It:é qui semble cacher l'ancien mur défensif de la ville»38o.
~rt un talus très~ °uel 1" Comnène fit édifier à Pylai, en 1145, une foneresse (phrou-
On salt qu: ~~s hommes qu'il avait délivrés à Philomèlion et qu' il voulait établir
riOfl)pIlur prot gerd l'empereur Y passa à nouveau durant l'hiver 1159, au retour d'une
405

en ce lieU)8I · Qua~ s Turcs et qu'il y reçut une ambassade du sultan, Pylai est qualifiée
fortifiée. Elle ne semble Jouer aucun role au moment des croIsades. Des villes dIe ~t "pédition contr~ eville»).': En 1207, Mésaritès, qui y débarqua, décrit Pylai comme un
sud du golfe de Nicomédie, seule Pylai, située sur un itinéraire plus fréquentée a Cote depo/icl"'~ (~it: ~ais fortifié, qui protège l'entrée de rempi.re de Nicée' •' .
capitale et Nicée, conserva une importance significative jusqu'à la conquête ott entre la
omane. pollch~"oll;~ion «Pylopythia», pour déslg~er le dlstnct q~1 comprend à la fois la ville
L exp thermales apparaît semble-HI pour la premIère fOIS dans un chrysobulle
PYLAt 1 KARAKILtSE
et les sour~~! est attesté~ jusqu'au XIV'. siècle ' .... L~ prise de Pylai par les Ottomans n'a
Le to~onyme Pylai 366 est mentionné par Malalasp?ur l'année 476-477: Zénon
revenant d Isaune, y fit embarquer son année pour reJolDdre Constantinoplel., Il '
é
de 1198 de trace dans les sources, maIs on salt qu au pnntemps de 1302, de nombreux
pas.lalsS d Pylopythia s'enfuirent pour échapper aux Turcs et se réfugièrent dans l'1le
s'agit pas seulement d'une échelle sur la côte sud du golfe de Nicomédie, mai~ d' ne
emporioll doublé d' une agglomération, sans doute située un peu plus au sud su ~n h.blt~t~ ': (Büyükada), où ils furent massacrés par des pirates à la solde des
collines, et désignée sous le nom d'Anô Pylai en 612 : une grande foule, en pro'ven~n~! de pnn rs;
VéOIuens .
En 1307, «aucun point du territoire autour de Nicée et de Pythia jusqu'à la
. . d'O ,"6
«du haut et du bas Pyla;'>, marche alors à la rencontre de Théodore de Sykéônl68 Le III<P> n'échappait à la dorrunatlon sman .
desservait également les thenoes de Pythia3' 9 , à une q~inzaine de kilomètres' au :d~
ouest. Ces thenoes étalent fréquentés par la cour Impénale : Constantin puis Justin' TARStA 1TERSIYE
s'y rendirentJ7o. Théodora, qui allait y prendre les eaux, débarqua en 528 à Pylai acco~~ Les sources, très rares, permettent de si tuer cette petite ville, si ene en est une
pagnée de 4000 personnes l7l . U 'est jamais citée comme telle)38'. l'eg/O SItuée dans}e thème des Optlmates, sur la
En 622, Héraclius y rassembla l'armée pour sa campagne contre les Persesm . Pylai (e e "reliant Nicomédie à la Paphlagonie J8 ' . Un martyr, Eleuthérios, y fut décapité sous
remplit désonnais cette fonction à maintes reprises; le transport de l' annéejusqu'àPylai ;?"I~reur Maximien (fin m' -début tV' siècle). Il est désigné, dans son martyrologe,
fait l'objet, au X" siècle, d'un reglement m . Le lieu était fon fréquenté, tant par les e:::me le patron de Tarsia, «son fossé et son rempart»l.9, seule allusion à une éventueUe
voyageurs que par les commerçants: des bâtiments de stockage officiels y sont men- ~rtification. Les sources confirment son existence à la fin du Xli' siècle'90. Mais nous
tionnés374; porcs et ânes. bœufs, chevaux et moutons y transitaient vers n'avons trouvé aucun témoignage postérieur dans les sources byzantines. Cl. Foss
Constantinoplel'S. Le sceau d'un commerciaire de la tin du VII' siècle, la mention d'un localise Tacsia à l'est d' Adapazan, rive droite du Sangarios, sur une colline fortifiée dont
xénodocheioll en 780-782 376 et celle d'un juge et xélloJocilOs (fin !X'-début X" siècle) le nom actuel, Terzi Yeri / Tersiye (carte turque, nl038), conserve le souvenir du toponyme
attestent également le rôle de Pylai dans le commerce et les communications. ancien.
Au )(J"siècle, Pylai est désignée par Attaliate sous le ternIe d'osly; l'empereur y avait
une résidenceJ77 • La ville avait acquis, au IX'-X' siècle, une importance suffisante pour
héberger un ek prosôpou. C. Mango a proposé de localiser Pylai près de Çifdikkoy, à
4,5 km à l'est de Yalova, à Karakilise378 • Un quai, un môle, un aqueduc, un baptistère et de

363. Voir ici-même LEFORT, p. 470.


364. ATTALIATE, p. 268 et 272-273.
365. ANNE COMNÈNE, Il, p. 68.
366. Sur Pylai, cf. CORSTEN, Apameia ; MANGO, Hé/énopolis, p. 150-158.
367. MALALAS, p. 303. 379. C. Mango conjecture, à partir de la dimension des chapiteaux retrouvt8, l'existence
368. Vie de Théodore de Sykéôn, p. 158. d'une église à plan basilical: ibidem, p. 153.
369. Sur les travaux effectués par Justinien à Pythia, voir ici-même KRAVARI, texte n' 3, p. 69 380. Ibidem, p. 152.
(Procope). 381. KJNNAMos, p. 63.
370. Pour Constantin: ZoNARAS, p. 24. Pour Justinien : PROCOPE, De aed., V. 3; Vie de 382. Ibidem, p. 194.
Constantin /e Juif, § 54. 381 Voir ici-même KRAVARI, texte n' 16, p. 84. .
371. MAlALAs, p. 368. V. 384. TT, l, p. 270 (thème de Pylopythia) ; cf, aussi la Partilio Romaniae, éd. A. C~, Stadl
372. nœoPHANE, p. 303. ,nel/am, 7,Florence, 1965, p. 241 ; MM, IV, p. 304 (acte patriarcal de 1236).l1lopythia est éga-
373. De cerimoniis, p. 114. lement mentIOnnée en 1349 dans un chrysobulle de Jean VI Cantacuzène (voir ICI-même KRAVARI,
374. Voir ici-même Gt!ROLYMATOU, p. 487. p. 89, note 150).
375. Voir ici-même KRAVARI, texte n' 9, p. 75 (Uon de Synada). . ~8856' PpACHYMÈRE, IV, p. 355 ; voir ici-même BELDlCBANU, p. 368.
376. S. ~AHIN, Bitlrynisc/re Stadiell, Bonn, 1978, p. 37-39, n' 4. Cf. aussi MANGO, Hélénopoils, . ACHYMtoRE, IV, p. 707.
p. 155 et n. 68. - On retrouve mention de ce xénodocheiolJ dans la lettre nO 6 d'Ignace le diacre. ~87. Sur Tarsia, cf. Foss, Mo/agino, p. 180-182.
vers 830, puis en 899 dans le traité de Philothée: OIKONOMIDÈS, Listes, p. 122-123. 88. C[ JANIN, Grallds celllres, p. 79 et n. 5.
377. ATTALIATE, p. 144, 268. 389. IbIdem, p. 90.
378. MANGO, HéU,wpolis, p. 158. 390. CHONtATE, p. 245 el 423.
- 406 RENÊ BONDOUX
LES VILLES

relais. Ailleurs, ~n peut mentionner Koubouldeôa,. à l'ouest de


407

Il. ENTRE VILLE ET VILLAGE d'élape ou de. 409 Dans les envIrons du lac de Manyas, le phrourron ou asly de
rôle, """"et KnlOl~J3é4l;' était suffisamment important pour qu'en 1214 Henri de
À la lisle précédenle il convienl d'ajouter un certain nombre de topony 8to~ian., non IOC. ~duis~ ceue place par la soif4ll. Sur la rive droite du Sangarios,
gnont des évêchés ou des forteresses, qui sont pour la plupart non localisés m":,es, dési_ ~~naut assiège et ~llVflriO/1 du même type, situé près de l'actuel Geyve. Au sud de la
pu appartenir à la région étudiée, et dont on ne sait s'ils correspondaient à d':IS.~Ul Ont Kabaia'" étaIt un p mentionnons Pithèkas413 .
Il s'agit en premier lieu d'évêchés suffragants. non localisés, de Ni VI es,. légion étudiée, en~n, ompte des nombreux toponymes désignés sous le nom de klJmo-
Aristè / Éristè.'.I, Gallos 3• 2/ Kadosia 39.'/ Lophoi J94 ; et de Nicée: GordoserbaJ.s c~médle : Il reste à ren re cnt difficiles à localiser, ces gros villages permettent de compléter
MaximianajJ9', Taïon / Tallaion)98. L'existence de plusieurs de ces évêchés '(I~:::'"
polis oU ,. -mt Souvet se faire du peup 1ement d' une ré glon
,0: '. qUI, tout en é
tant '
nche en
Gordoserba, Linoè, Taïon), dont certains pourraient être anciens, est attestée du VII' SJa, l'iIflage que l?n pe~seau d'agglomérations intermédiaires que les sources distinguent,
siècle par des signatures conciliaires ou par des sceaux. Ces créations. et celles qu au XJt
l'iIles, possédaIt ~n r les époques et le niveau du langage, du cMrion, petit village. En
n'avons pas citées car elles sont à l'est de la région étudiée (Daphnousia, M~~US
piuS OU moins se 10~abétique certainement incomplète, accompagnée de la date des
Noumérika), correspondent sans doute à des changements survenus dans la répartitio d è, " unehsteap .
population, surtout sensibles à l'est du Sangarios. Il peut s'agir de bourgades rur~ e la VOICI t' os dont nous disposons:
de groupements de villages, et leurs évêques font penser à des chorévêques399 . es ou quelques mendO 414 (XIII' siècle), Aggélokô mis41S (idem), Bèlokômis416 (XIII' et XIV' siè-
Si l'on abandonne le critère du titre ecclésiastique, on peut mentionner encore An.go~r Y~J7 (kômè, IX' siècle), Chalkagkômis418 (XIII' siècle), ÉIOS419 (kômè, x'
dizaine d'autres toponymes dont la désignation (kas/ellioll, polichllioll ou phrou ~n~ cles), Bltzl~t"a nlOs420 (idem), Kaloukômè 421 (idem), Kastoulos422 (idem), Leukai42)
évoque autre chose qu'un village. Ainsi Kyr Georges, près de. la rive du lac d'~~~, siècle), H~ XI~~~II' siècles), Marykatou· 2• (kôm è, IX' et x' siècles), Néakômis425 (xl'et
quelques kilomètres au nord-ouest de NIcée, et déSIgné succeSSIvement, dans un mê (depUIS Ile ) Pègadia426 (kômè, IXe-x, siècles), Platanéa427 (XIII' siècle), Probaton428
xnre slèc es ,
lexte, par les trois tennes susdits4OO• comportait certes une enceinte mais aussi des p~
as/eia et des agridia""1 qui suggèrent plus qu 'une forteresse. Nicée était défendue:
S Kouboukleia. voir ici-même GutOs. p. 223.
d'autres places fortes qui devaient être de petites bourgades servant d'étape ou de relais: ~. ~~HYM~RE. IV, 455-456. Ce phmu.ritm,. susc~ptibl~ d'abrite.r de~ '!lil~.iers (nÀij9ot;
Pouzanès au VUI' siècle4O' et Karatekin (toponyme ottoman!,03. Nicomédie était Protégée .4) de refugiés traqués par 5 ()()() Turcs. avaH é~é .denlJfié à 1 actuel Kilel Ü,!ûnlu (cf. LEFORT,
à l'est, du côté du lac de Sapanca, pa! Sidèra, qui était au XI' siècle une forteresse ~;g;:;", p. 112 n. 97), mais celte IdcntlficnllOn n est pas assurée; vou ICI-meme BELDICEANU.
(pyrgion) mais aussi un polichnioll 404 . A l'ouest, le polie/lIlioll de Kibôtos (sur la côte 370 el GIROS, p. 222. . . fi '
p. 410. Hasluck (Cyzicus, p. 118-1 t9) suggère une ldentl Icalion avec lophlsar (carte turque.
T'

sud du golfe d' Izmit)40', le château de Xérigordon4f>6 (dans la vallée du Yalakdere), et au


119). _ Sur Tophisar, voir ici-même FRANÇOIS, p. 303-305.
nord le polichnioll de Philokrènè40' (sur la côte nord du m';me golfe) jouaient le même 41 1. ACROPOLITE, p. 16, 46.
412. PACHYMERE, JI, p. 535.
413 ANNE COMNENE, lII, p. 197-198; KINNAMOS, p. 38 ; CHONIATE, p. 52; SKOUTARIOrts .
391. Notitiae. n OS 3. 4, 7. 9,10.13. - Cf. JANIN , Grands CCII/n'.\'. p. 79 n. 4 (équivalence avec . 421. - S. ~ahin (Iv,ik, JI, l, p. 34-35) propose de localiser Pithèkas vers Balkoy, d:,'lS la vallée
Néocésarée; voir ici-même AvZÉPY, p. 446, note 158). ~u Karasu, à 30 km au sud d'Osmaneh et à 15 km au nord-est de Pazaryen ; mais Ch. GlTOS
392. No/i/iae, n" 1 à 4, 7, 10, 13. J'identifie à Koprühisar, ici même p. 217.
393. Notitiae, nOS 1, 2. 414. PACHYMERE, IV, p. 453 et 454 n. 64. Localisation inconnue. .
394. NOliliae, n OS l, 3,4,7,9, 10, 13. - Cf. JANIN. Gmnds ('elllres, p. 79-81 : Gallos, Kadosia 415./bidem. - L'identification d'Aggélokômis avec l'actuel InegOl, reprise par A. Fmller,
et Lophoi, qui sont réunis en un seul siège nommé Gallos 1 Lophoi à partir du milieu du lXe siècle, semble inacceptable (voir ici-même BELDICEANU, p. 371). .
semblent avoir été à l'est de la région étudiée (cf. ibidem, can e p. 108). 416. Ibidem. CANTACUZÈNE, m, p. 114. - L'identification de Bèlokômis avec l'actuel Bilecik,
395. No/i/iae, nœ 1 à 4, 7, 9, 10, 13. reprise par A. Failler, n'est pas mieux assurée (voir ici-même BELDICEANU. p. 371). Sur la Ville
396. No/i,iae, n" 1 à 4, 7, 9, JO, 13. byzantine de BiJecik, voir ici-même FRANÇOIS. p. 296. . . .
397. No/i,iae, n" 4, 7, 9, JO, 13. 417. Vie d'Eustrate des Agaures. § 3. Dans la réglOn de Tarsla, entre le Sanganos et le
398. No,i,iae, n" 4, 7, 9, 10, 13. - S. ~ahin (IVlik, U, 3. p . 14-15) identifie Taïon à la regio Mudurnu su.
Tataion (Synekdémos,' Pey€tŒtaloç) et localise Taïon à Gol pazan ; cf. aussi IGNACE LE DiACRE, 418. Voir ici-même KRAVARI, lexIe nO17, p. 88-89 (chrysobulle de Michel V1m. Près de Kyr
p.56-58, 171. Celle bourgade élaitle ressort d'un dioikè/ès dans la première moitié du IX' siède Georges, au nord-ouest de Nicée.
(ibidem, lellre no 17). 419. Vie d'lôOIlllikios par Pierre, § 62 ; Vie par Sabas, § 50. . ..
399. Cf. G. DAGRON, Entre village et cité: la bourgade rurale des IVe-Vile siècles en Orient, 420. Vie d'lôOIlllikios par Sabas, § 10. - À Pandèmos, à l'ouest de Brousse; voU' ICI-même
Koinônia. 3, 1979, p. 29-52, en particulier p. 44-46. Avz!n. p. 446.
400. AI<NE COMNÈNE, li, p. 12 (kas/ellioll), 14 (polie/Illioll), 188, 190, 192 (pllroflrion). Pour 421. Vie d'Iôanllikios par Sabas, § 44. _ Non localisé, au pied de l'Olympe. .
la localisation approximative, voir ici-même LEFORT, p. 465 ; cf. aussi JANrN, Grands centres, p. 114. . 422. Ibidem, § 8. - Dans la région de l'Alrôa, qui correspond probablement à la plame de
401. Voir ici-même KRAVARI, texte nO 17, p. 88 (chrysobulle de Michel Vli). ., Yem~ehir ; voir ici-même AuZÉPY. p. 445.
. 402. NICÉPHORE, § 66 ; THÉOPHANE, p. 420 : kas/ron / pllrof/rioll non loin de Nicée. Localisauon . 423. ANNE COMNENE, III, p. 18, 197-198. _ Actuellement Letke / Osmaneli. Aucune trace de
mconnue. fOnlficahons n'est visible; cf. LEFORT, Tableau, p. 114. _
403. Voir ici-même GIROS, p. 216. 424. Vie d'Iôallllikios pllr Pierre, § 4; Vie par Sabas, § 2, 6; Vie de Paul du La/ms, § 21.
404. ANNE COMNENE, U, p. 206. - Voir ici-même GIROS, p. 216. - Au nord du lac d'Apollônias.
405. ANNE COMNENE, II, p. 71; ALBERT D'AIX, p. 283, 287-288, 321. 323, 561. 566, 575; 425. ArrALlATE, p. 144 (Néôn Kômè). Nicolas Mésaritès: voir ici-mê!"e KRAVARI, teXle
GUILLAUME DE TvR, p. 149, 153; GUIBERT DE NOGENT, p. 145-146. 159; VILLEHARDOUIN, Il, § ~ 16, p.87. PACHYMERE, IV, p. 455 (éd.: Néankômis). _ Sur la côte méridIOnale du golfe de
460. 465, 467-468,471. - Voir ici-même GIROS, p. 212. NIComédie, non loin d'Hélénopolis (ibidem, p. 454 n. 66; LEFORT, Commullica/lOns, p. 212).
406.ldenlJfié par Cl. Foss à Çoban Kale ; voir ici-même GIROS, p. 215. 426. Vie de Pierre d'A/rôa, § 61. _ Au pied de l'Olympe.
407. GRÈGORAS, l, p. 434-435. - Sur Philokrènè et les forte/esses de la cÔle nord du golfe 427. PACHYMËRE, IV p. 453 el 454 n. 64. _ Localisation inconnue.
d' Izmit, cf. Foss. Nicomeclia. p. 46-61.
428. Vie de Pierre d'A/rôa, § 45 (kôm~) ; THMPHANE, p. 492 (kas/IVII).

F
- 40S RnN~ SONDOUX
LES VILI.H'" 409

. s de Bithynie qui constituèrent au déb~t du XIV' siècle un attrait et


(Mme. ka.,11.,,/I. IX' siècle), Sagoudnoi m (kômopo!i.\·, XII' siècle), Sophôn4J o (ka Ce sont ces VIlle. 1I0mans. Le pays ne leur a pas vraIment appartenu tant que le.
cS
siècle.). l'riglia"" (depuis le IX' siècle), Tzoullou 4J2 (kômi!, IX' siècle). À celt ;~Iè, lX' un en)
,ôeu pour le, TUI'l °éSI' slèrent assez longtemps : Brousse e.t prise en 1326. Lopadion
t et e cs r '
CllllVicnl d'njouter celle, dressée par V. Fmnçois (ici-même, p. 294-305), des Site ISle, il ,ll<srésislèren, 31 et Nicomédie en 1337. . . ..
été trouvés des tessons nuestanl une occupation à l'époque byzantine. es Ol) Ont \~ 1327, NIcée en :~ ollomane modifia la hIérarchIe des VIlles alOSI que leur fonction.
t La souveraln~é . ,tique passa bien entendu à l'arrière plan. Les places fortes
CONCLUSION La hiérarchie eC~m~;atif5 économiques el poliliques l'emportèrenl : Nicée Ilznik se
<Jé<;hurenl, el les 'II ge au milieu de murailles beaucoup lrop vastes. Brousse en revan-
Dans ce qui précède. nous avons lâché de faire la part de ce qui semble ac . réduisil à ~n gros VII: des Gllomans. bénéficia d'un programme architectural admirable
celle des incertiludes. qui restent nombreuses. qUIS, et che, premIère C:Plt; ppement économique fondé sur le travail de la soie. Nicomédie 1
La densilé du réseau urbain des V'-VI' siècles. dOnl témoigne le SYI/ekdè el enlama U? ~ ve 0 âce à sa position de relais sur la route de l'Anatolie. Lopadion 1
d'Hiéroklès. est sans. . doute un facteur important de la persistance du modèle urbai~n:~ Izmil se mal?U~~ng;ôle aU profit de Mihal iç. Malaginn 1 Akhisar ne fut plus qu'une
Bithynie au Moyen Age. Vluabat pe;dl~ d ultan. pylai fut concurrencée par le déplacement du transit à Hersek,
Les villes ~o~ld~e~" aux ép~ques classique. helléni~tique et romaine n'ont pas toutes résidence, d él us Hélénopolis4J4. Apamée 1 Mudanya et Kios 1 Gemlik restèrent les
survécu. aux ~IClssltU?es. mais seules Ie~ plus petl~es Ont app~re~ment disparu: préS de 1anclenn~ de sa plaine agricole, ct Triglial Tirilye s'enrichit du trafic de l'alun.
Daskylelon. MllélOpohs, Néocésarée. Certames ont subI une délocahsatlOn : Adranos et ports de Brousse ~ourgades _ certaines prenant peut-être la place de villes ou de kômai
Cyzique. Mais la pennanence. sous une forme plus ou mOins active, de neuf S't D'autres grosses ous n'avons pas pu identifier, comme Inegtil ou Bilecik - pourraient
antiques (Apamée. Apollônias, Brousse, Césarée. Kios. Nicée, Nicomédie, Poimanèn'ones byzanuneslquée ~au des villes byzantines dans la région étudiée.
Pminétos) est remarquable: par comparaison avec d'autres provinces de l'Empire4lJ. , compléter ers
Après la peste du VI' SIècle et les tIlvaSlons du VII', qUI modIfièrent fortement le son
des villes. la région acquit un rôle de plus en plus impol1ant pour l'approvisionnement
de Constantinople (produits de l'agriculture et de l'él,evage); La nouvelle Prospérité qui
en résulta, lentement retrouvée au cours des VIII':-XO: sleeles. s appuya sur un réseau d'une
quinzaine de villes. On notera que nous connaissons également à cette époque un cenain
nombre de gros villages.
Les créations du Bas Empire (Hélénopolis, Basilinopolis) ont été moins durables.
Elles connaÎssent le même sort que les petlles cités d' origine antique. qui ne survivent
pas aux bouleversements de la fin du XII' siècle. II en est do même pour les évêchés créés
au Vile siècle.
Les villes créées ou développées au XII' siècle (Malagina, Lopadion, Pylai), qui
remplissent un rôle essentiellement stratégique, semblent prendre le relais: elles ne
témoignent pas du déclin mais d'une moditication du modèle urbain. Ces places fortes
constituent un nouveau type de ville, dont le modèle redonne une fonction à d'anciennes
cités éclipsées, comme Poimanènon. En effet, la brève occupation des Seldjoukides et
. les guerres qu 'elle a provoquées ne paraissent pas avoir durablement affecté la Bithynie:
les villes restent actives et les roUles d'Asie Mineure n'onl pas été coupées par l'existence
de l'État rival, l'État seldjoukide. À la différence de Cyzique, qui ne s'est jamais relevée,
Brousse acquil une nouvelle importance, aux côtés de Nicée et Nicomédie. Son élévation
au rang d'archevêché, celle d' Aparnée, de Lopadion et de Malagina, témoignent même
d'une expansion urbaine.
La Quatrième croisade, elle non plus, n' a pas durablement touché le réseau des
villes bilhyniennes. L' installation de l'empire lascaride a introduit une période extrême-
ment faste. en particulier pour Nicée, qui connut un apogée culturel et politique jusqu'à
la prise de Constantinople par Michel VIII.

429. ANNE COMNÈNE, III, p. 192. - Entre Nicée el Hélénopolis.


430. Vit dt Pierre d·Alrôa. § 76. - Près du lac d·Apollônias.
431 . Sur Triglia. aujourd'hui Tirilye 1 Zeytinbagl. voir MANGO-SEVCENKO, CI/IIrelles, p.237-
248 : la bourga,de comptait plusieurs églises importantes, dont une fondée avant la fin ~u ~~ Siècle.
et ,un pon aeuf à la fin du XIIIe siècle, d'où on exportait du vin et de l'alun (vOIr ICI-même
GEROLYMATOU, p. 491. 492). - Cene agglomération ne semble pas avoir été fortifiée.
432. VIe d'!Ô(mnikios par Sabas, § 29. - Au dessus de PraÎnétos. p. 72i.~j3Cf. EVLlYA ÇELEBI, U, p. 755-756 (mention de deux caravansérails) et HAcl HALfA.
433. Cf. BRA'DF.s. p. 4-1-80. 120-124.

E
LES VILLAGES ET L'OCCUPATION DU SOL
AU DÉBUT DE L'ÉPOQUE MODERNE

ar Bernard GEYER', Yunus Koç", Jac3ues LEFORT'"


P et Christine CHÂTAIGNER" ,

archives byzantines relatives à la Bithynie ayant pour l'essentiel disparu, les


~s informations précises que nous ayons sur le peuplement et sur la mise en
prentl : ' la région sont fournies par des registres fiscaux ottomans. La présente étude
valer d:e sur l'analyse publiée en 1988 dans BARKAN-MERtçu (Hüdavendigdr) de
,;t .onrs registres qui sont datés de 1454-55 et surtout de 1487 (A), de 1523 (B) et de
r;;;~;4 (C). Cette publication porte sur une partie s~ule~ent de la Bithynie: les données
1 tives aux secteurs de Blleclk, Izmk . Izmit (lVllkm,d dans les regIstres), Adapazan
~:a) et sur la région qui s'étend à l'ouest de Brousse n'y figurent pas l . Bien que partielle,
la d~umentation ainsi rassemblée est d' une grande richesse, même si pour certains
villages des indications manquent parfois.
Nous avons retenu ici les informati ons qui, dans le registre C (le plus tardif mais le
plus complet) se rapportent,. directement ou après interprétation, à c~rtain7s réalités liées
à1'occupation du sol: locahsatoon des vIllages, populatIOn, superfic..s mIses en culture,
production et rendement des cultures de plein champ. On trouvera en appendice la
justification des équivalences métrologiques que nous avons retenues et les hypothèses
que nous avons dO faire pour interpréter en termes démographiques et économiques des
données qui sont de nature fiscale. Les diffic ultés restent nombreuses. Les particularités de
la conception et de la rédaction des registres, les incertitudes métrologiques qui subsistent
et notre ignorance de nombreux facteurs qui interviennent dans l'économie rurale de
celle région à cette époque font que notre interprétation est pour une part hypothétique.
nans l'ensemble, on le verra. ces informations inspirent confiance, si l'on en juge
par la vraisemblance des conclusions auxquelles elles conduisent. Pour ce qui est des
dîmes ('osr) qui étaient prélevées sur la production des paysans (raïasi, les données sont
en général d'autant plus crédibles que les recenseurs ottomans prenaient en compte trois
années de récolte pour établir la redevance - qui est de ce fait relativement indépendante
des variations inter-annuelles2. Par ailleurs, les données sont suffisamment nombreuses
pour que nous ayons pu légitimement utiliser des moyennes et calculer des pourcentages :
elles portent en effet, dans certains cas, sur 752 villages.

:,UUMR 5~7 - GREMMO, Université Lumière Lyon 2 - CNRS .


••• mversné d'.Hacettepe, Ankara .
. CNRS. EPHE (sectIOn des sciences historiques el philologiques). UMR 7572. Collège de Fr.."ce
;.~. UMR 5647 - GREMMO. Universilé Lumière Lyon 2 - CNRS.
2' C~s ~onnées deva,ent être réunies dans le vol. Il. qui n'est pas paru.
. . ElDICEANU, Règlement, p. 19 ; BARKAN-MERIÇU. p. 397 et 420 n. 6.

F
- 412 BERNARD GEYER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHÂTAIGNER LES VILl.J\Oes ET
L'OCCUPATION DU SOL AU DéBUT De L' éPoQUE MODERNE 413

" (; rm ation était moins précise, ces constatations nous ont permis
pans les cas OÙ 1 '~ ~ont seulement vraisemblables: le long du Karasu entre les
( B""")' ser des lra~és q~~i Pazafl ; le long du Mudumu çayl, entre les kazas d'Akyazl
de Pro:: sogill el d Elr~ ng des lignes de crêtes entre les kazas d'Inegol, Ermeni Pazafl
'\ .,!JIS" .ce rarakll; e a
el de lent.
l ,
./' \ .. ,
\.[ el pom,nlç.
é. né humaine el économique
.

,- 1. kala comme ra i
2. Lt . é diée les kazas nous semblent correspondre le plus souvent à des
Dans la région tu ité; qui font en moyenne 800 km 2 et associent divers milieux
pays», à de peules uneptions sont manifestes: aucune raison géographique n'explique
;éographiques. D~S e:cza de Yenice Tarakh, dépassant une ligne de crête importante,
par exemple que e ~ nord du Karadag et dans la plaine d' Akyazl. Les kazas étaient
s'élende sur le trsa;s par le nom du chef-lieu, qui en était le plus souvent l'agglomé-
généraleme~t dl S;g~a plupart des chefs-lieux n'étaient guère plus peuplés que les
ralion pnnclpa e . ts à l'exception de Bursa (Brousse)·.
"illages enVironna" .
II. LA OISTRIBU110N DES VILLAGES

sur le Tableau l, pour les neuf kazas que nous avons pu délimiter, la
On trouver;:.. le nombre des villages au xx' siècle, aux XV'-XVI' sièclesS, et enfin,
com~araiSdon ene~ le nombre de ceux qui s0l11 localisés. La plupart des localisations ont
~nnl ces eml '"
1""·'-10 sées dans Hüdavelldigâr; quelques unes ont ,t
é é éta bl'les par nous. Presque
_ •• llmll• .pproxrna~dekllUl
élé p po IDealisations sont fondées sur la permanence d un toponyme.
-0 Chef~"" de kaz3 toutes ces
<) Chef.lituda~
Umittd'exIenslorI4es f>gure$2i111
Tab. 1 - Nombre des villages dans neuf des kazas étudiés
Fig. 1 - Limites approximatives des b zas étud iés
~:;. au XXe s.

Les résultats présentés ci-dessous, souvent pour la première fois, contribuent à Akhisar 59
préciser l'image de la campagne bithynienne à un moment de son histoire. Ils visent à Bursa 92 75 52
prolonger les recherches faites jusqu'ici, en particulier par O. L. Barkan (dans son intro-
Domaniç 56 48 29
duction à Hüdavendigâr). Ils annoncent aussi une étude plus ample que nous avons en
projet: un atlas sur l'occupation du sol et la mise en valeur de la Bithynie aux xv' et XVI' Geyve 82 92 36
siècles, d'après l'ensemble de la documentation aujourd ' hui disponible. Gôl 97 87 36
Inegôl 85 78 46
1. LA GéOGRAPHIE DES ICAZAS AU XVI' SIÈCLE
Sôgül 74 38 21
Dans les registres analysés par Barkan et Meriçli, les villages (karye) , qui ne sont Yarhisar 30 34 15
parfois que de simples hameaux, les terres (mezra) qui en dépendaient et les domaines 66 85 38
(hassa çiftlik) sont groupés par circonscriptions administratives appelées kaza. Parmi les
quatorze kazas présentés dans l'ouvrage qu'ils ont publié, douze, qui correspondent à la
To,., 641 592 301
région étudiée, ont été retenus.
Sources. xxe S. : carte turque. XVC-XVIC siècles : BARKAN - MERIÇU
J. Limites administratives des kazas

En nous fondant principalement sur les villages localisés qui sont proches les uns
des autres et qui appartenaient à des kazas différents, nous avons pu établir approxima- 3. Sur pazaryeri, chef-lieu probable du kOla d'AkyOll, cf. BA.KAN - MERlÇLl, p. ~15 n. 2.
tivement les limites de neuf kazas, comme on le voit sur la fig. 1. Les limites d'un kaza .4. Brousse comptait près de 50 000 habilants en 1574. Parmi les autres chefs-heux, seuls
suivaient fréquemment un cours d' eau (par exemple le Sakarya, entre les kazas de Sogiil YenljChll el Yarhisar dépassaienl alors 1 000 habilants. .
. 5. D'opres les regislres A, B el C. _ Entre le milieu du xv' siècle el la fin du XVI', certams
et de Gôl, de Geyve et d'Akhisar; le Goynük Dere, entre les kazas de GO! et de Geyve), ~,lIages onl disparu el d'aulres sont apparus, tous les villages n'ayanl pas élé conlempora;~s.
ou une ligne de crête (par exemple, au nord du kaza de Yeni~ehir et au sud du kaza de Le~ans le ,registre C, un certain nombre de ltIeZfQ sont devenus des kar)'e. souvent peu peup s.
rs habllanls provenaient en général des envlrons.

a
- 414 BERNARD GEYER J YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHATAIONER
LES VILLAGES ET
L'OCCUPATION

36
ou SOL AU oé.SlTT DE L'~POQue MODERNe

37
415

Comme on le vOil, le nombre des villages aUestés au début de l'é


dont beaucoup ont conservé leur ?om, est ~omparable à celui des village~~~ mOderne,
pem1et de penser que la dlSUlbutlon des vIllages (smon leur localisation pré els, ce qui
général guère changé depui s lors. On ne note de différences sensibles dans 1 ~~e)n'aen
des villages que dans des cas particuliers: par exemple en montagne, mil~euIStJi?ution
davantage occupé à la fin du XIX' siècle, et dans certains secteurs de plaine qUI a été
d'Akyazl et de Brousse), où le drainage des zones les plus humides est à l'o' (réglons
création, après le XVI' siècle, de certains des villages actuels. ngIne de 1.
Parmi les villages auestés au début de J'époque moderne qui SOnt menti
le Tableau l, plus de la moitié (301 : 592, soit 51 % pour 9 kazas) SOnt loc ~.~és SUr
échaotillon nous a semblé suffisant pour que nous a vançions des remarques Sur ~e1 s. Cet
de localisation des villages dans l'ensemble de la région à cette époque. On tro système
les fig. 2 et 3, outre la localisation des villages actuels, celle des villages des x~~era sur
siècles lorsqu'elle est connue. et XVIe

J. Une distribution dans l 'ensemble régulière

. Sauf daos les zones humides restées longtemps marécageuses, les villages él .
assez régulièrement distribués, aussi bien dans les plaines et les collines qu'en mo alenl
montagne. Daos quatre secteurs de plaine bien documentés faisant chacun 100 ~~nn~
le nombre des villages des xv' et XVI' siècles qui sont localisés est comparable à celui'';:
vIllages actuels, et où ces vIllages constltuatent sans doute l'ensemble de ceux existant
àcene époque (cf. fig. 2 et 3, .carrés ~26, u30, §30 el r35), on trouvait une dizaine de
vIllages, SOIt un tous les trOIS kilomètres.

Fig. 3 - Les agglomérations, région du Sakarya

2. Des localisatiolls privilégiées

. Le piémollt et la proximité des cours d'eall. Dans les plaines, on observe des types
~nvtlég~és de localisation. _ L'alignement des villages au piémont nord et nord-est de
1Uluda~ est particulièrement net; on constate le même phénomène au piémont sud du
Karadag, au sud-est du bassin de Yeni~ehir, de part et d'autre de la plaine de Parnuko~a
Fig. 2 - Les agglomérations, région de Brousse
(Aklt,sar) et au sud de la plaine d'Akyazl. _ De nombreux villages étaient à proXImIté
des COurs d'eau. Ainsi, le long du Kocadere dans les plaines d'Inegôl et de Yeni§ehir, le

E
'OCCUPATION DU SOLAU D~BUT DE L'~UB MODBRNE 417
t.ES VILI)\OES ET L
416 BERNARD GEYER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINe CHÂTAIGNER
29
long du Sakarya au nord de SogÜl et dans la plaine d'Akhisar, ou le long du N'
la plaine de Brousse. - Seule une étude archéologique pennettrait de dire . tlUfe, dans
bien situés, disposant d'eau en abondance et d'un territoire aux POSSibi~~~es vi~lages
variées. correspondent souvent, comme il est vraisemblable, à d' anciens ét~bl' agncoles
Issements.
III. LA POPULATION

Les tableaux publiés dans BARKAN - MERIÇL! recensent, pour chaque ka .


habités sur lesquels nous avons des înfonnations fiscales: en particulier le la, les Sites
unités fiscales et le montant des redevances. À partir du nombre des unités ;omlbre des
condition de faire une hypothèse sur le nombre moyen de personnes par foye:~: es, et à
sible d'évaluer la population (à l'exception toutefois des éleveurs nomades). NI est pus·
estimé à 4 le nombre de personnes par halle (célibataires non compris), coe;'us avons
nous semble vraisemblable (voir Appendice 1). IClem qUt

J. Densité moyellne de la population

On peut évaluer graphiquement la superficie des neuf kazas dont nous a


établir approximativement les limites. Par ailleurs (en retenant le coefficient d;ons pu
personnes par
. halle), nous avons estimé le nombre des habitants dans chacu ~quadire~
agglomératIons de ces kazas. On peut donc calculer pour ces circonscriptions la de . é
de la population vers 1573-74. Elle serait en moyenne d'environ 20 habitants par:~
comme on le voit sur le Tableau 2 (19 hablkm 2). Ce n'est là, bien sfir, qu'un ordre d~
grandeur.
C Ile densilé moyenne traduit mal. cda ne surprend pas, certaines réalités. - Ainsi,
Tab. 2 - Population des kaza, étudiés ( 1573-74)
dans leekaza de Bursa, la densilé aurait été de 71 hablkm 2, mais les habita~ts de la ville
~. (cf. note 4) représentaient 79 % des habIlanlS de la ~trconscnptlOn. La VIlle exclue, la
Dltsl~~
Densité Musulrnan.r;
NJ!~!f
Sup.·.pp. Nbbab. NOD
'( Iîia') (habllun'J MusuImaDs . . ,. ~.... .
densité de la population rurale dans ce kaza ne seratt que de 14 hablkm2 et, pour les
Akhisar 535 55 7270 14 692 1 349 26 5228 neufs kazas dont nous avons estimé la superficie, de 9,5 hablkm2. - On note des dif-
Akyw ? 116 9144 9144 0 16 3220 férences sensibles de densité enlre les kazas. Parce qu'elles sont indépendanles de tout
Bursa 870 71 61681 71 55 545 6136 48 57948 coefficienl (le nombre de personnes par foyer), ces différences peuvent être commenlées
Domaniç 895 40 4528 5 4 528 0 27 3500 assez sOrement.
Enneni P. ? 14 1778 1754 24 5 1263
2. Colllrasles régionaux
Geyve 600 77 7302 12 7302 0 32 3828
Gol 1200 87 7071 6 7071 0 33 4124 Dans les pays de moyenne montagne, Domaniç, GOI et Stigüt, la densité étail de
Inegol 925 63 8539 9 8486 53 45 7198 l'ordre de 5 à 6 hablkm2. - La densité était proche du double dans les zones de collines:
Sôgüt 1180 38 7311 6 7227 84 20 2492 9 hablkm2 dans le kaza d'lnegOl, Il hablkm2 dans celui de Yarhisar. - Enfm, les kazas
Yarhisar 335 29 3795 Il 3733 62 14 3129 bénéficiant de larges secteurs de plaine étaient encore plus peuplés: la densité serail de 12
dans le kaza de Geyve, de 14 dans celui d'Akhisar (comme pour la population rurale du
Tarakh ? 95 7756 7756 0 34 4415
kaza de Bursa), de 16 dans celui de Yeni§ehir. Aux plaines cultivables correspondaient
Yenitehir 695 67 10961 16 8953 2008 38 6935
les zones les plus peuplées, COmme on le voit sur les fig. 4 et 5, qui représenlent la
Total 752 137136 128420 8716 338 103280 dislribution de la population en 1573-74, d'après le registre C. Dans les qualre se~teurs
Moyenne 804 /9 de plaine évoqués ci-dessus (carrés §26, u30, §30 et r35), nous avons pu calculer, d après
% 94 6 45 75 les données fournies dans BARKAN-MERIÇLl, que la densité élait d'environ 20 hablkm2.
Source: pour les totaux par kaza, les tableaux de BARKAN-MERIÇU. Si la distribution des villages élait plus ou moins régulière, la population, eUe, se
N.B.: aggl.= agglomération; sup, app. = superficie approximative C?ocenlrait dans les plaines et les vallées. Ce contraste est évidemment lié à la latlle très
dtve~e des villages, qui comptaient parfois moins de 10 habilanls et parfois ~lus de 900:
Ce fau est avéré dans tous les registres mais particulièrement dans le reglSlre C, qUi
mentionne un grand nombre de nouveau~ villages souvent très peu peuplés (cf. note 5).

F
ET L.'OCCUPATION DU SOL AU DéBUT De L'éPOQUE MOORRNE 419
f.,SV)lJ.,AGF.5
418 BERNARD GEYER 1 YUNUS Koç 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHÂTAIGNER L ~

34 35 36
population
RegistreC

3. MIlSlIlmmlS et liOlI-musulmans
On trouve aussi sur le Tableau 2, d'après le registre C, la répartition de la population
entre musulmans (pour l'essentiel sans doute des turcophones) et non-musulmans
(sulloutdes hellénophones), dans les douze kazas étudiés. La population no~ musulmane
ne représentait en 1573-74 que 6 % du total; deux kazas, celuI de Bursa pnnclpalement
el celui de Yeni§ehir regroupaient à eux seuls 93 % des non-musulmans de la région.
Nous ne commenterons pas ici cette distinction fiscale et religieuse, qui a principalement
affaire à l'histoire du peuplement, plus qu'à celle de l'occupation du sol6. On a noté
aiIleu" que les non-musulmans étaient absents des kazas situés à l'est du Sakarya, et
qu'ils étaient peu nombreux hors des plaines'.

IV. LES SUPERFICIES MISES EN CULTURE

Délerminer d'après les données fournies par les registres quelles étaient les superfi-
cies mises en cultureS comporte aussi une part d'hypothèse (cf. Appendice 2). Les fig. 6
et7 montrent à l'échelle, d'après le registre C, quelle était la superficie oose en culture,
po~r les villages localisés. On voit que, même dans les plaines, les cultures occupaient
Vraisemblablement, en 1573-74, un espace restreint. En général, il faut imaginer une
~Ise en culture souvent discontinue, au ooHeu de vastes espaces qui demeuraient,
s,".on arborés, du moins pâturés. Mais on devine des différences régionales et locales,
Fig. 5 - La population, région du Sakarya qUI semblent Hées à la diversité des milieux et aux types afférents d'occupation du sol.

~. Sur les chrétiens de Bithynie à cette époque, cf. BEWICEANU, Population, et EAD., Conquête.
S· L~ORT, Tableau, p. 107-109. .
ctu, d;~:!t-à:dlre, da~s ~n village, la terre mise en culture par les paysans de ce vlUage ou par
s Villages, amSi que la terre de statut domam.l (hass).
L'OCCUP,.\T10N DU SOL AU oé.BUT DE L.'~POQUE MODERNE 42\
420 BERNARD 06YER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT' CHRISTINE CHÂTAIGNER LJlS VILcAGES ET
J. Dell.\" situations caractéristiques

Ln l'laine CI la moyen"e montaglle. C'est seulement dans quelques secteu d .


probablement très favorables que l'on devine l'existence de lerroirs agricolesrs e pl".e
fonllanl de vastes ensembles céréaliers, par exemple dans la plaine de B~XIaP<>sés
moyenne monlagne en revanche, l'élroilesse particulière des espaces cultivés su us:,' En
exploitalions orientées vers l'élevage et n'accordant à la céréaliculture guère 199 re des
qui élail nécessaire à la subsistance, comme on le voit par exemple dans le Kru:d~~ ~~ te
et au sud·est de Geyve), dans la région de Domaniç et dans celle de Yenice TaraJ 1est
Cette opposition entre la plaine et la moyenne montagne peut être iIIus:~
manière plus précise. Dans la plaine de Bursa (carré ~26), la superficie cultivé ~ de
relativement importante: elle serait de 1349 ha pour une population de 1183 perse tau
En revanche, en moyenne montagne dans la région de Yenice Tarakll (carré r38) poonnes.
population comparable, 1073 personnes, la superficie cultivée serait trois fois' mo~r:e
393,9 ha. - Dans le secteur de plaine ~26, nous avons affaire à une économie qui dn .'
être principalement fondée sur les cultures; à raison de 1,14 ha mis en cultu':Vatt
personne (1349 ha ; /183 hab), la taille de \' exploitalion moyenne serait dans ce sect~ar
de 4,6 ha par feu (soit un peu plus d'un demi çift), ce qui est comparable à ce qu'on c;';
savoir pour J'époque byzantine9 . - Dans le secteur montagneux r38, nous avons affai~
à une économie principalement pastorale, la superficie mise en culture n'étant que de
0,36 ha par personne.

2. Situa/iolls intermédiaires el particulières

D 'autreS situations, certaines d'entre elles intermédiaires entre ces types d'occupation
du sol bien caractérisés, peuvent être décelées. - Dan., la zone de glacis autour d'Inegël
(carré u30), a priori moins favorable que la plaine de Burs., mais plus fertile que la
moyenne montagne, la superficie cultivée par personne au rait été de 0,88 ha. Dans Jes
collines au sud de Domaniç (carré z3 l, hors cane), elle ne serait que de 0,64 ha. - Au
centre mal drainé d'une dépression sans doute presque uniquement consacrée à l'élevage,
au nord de Pazaryeri (carrés n39-40 et 038-39), la superficie consacrée aux cultures
n'était, d'après nos calculs, que de 0,16 ha par personne.

V. LA PRODUCTION DES CULTURES DE PLEIN CHAMP

L'évaluation que nous avons faite de la production des cultures de plein champ (tout
ce qui n'est pas jardin, vigne, verger, châtaigneraie, ri zière, etc.) se déduit de la mention
des dîmes dans les registres, mais repose aussi sur les règles fiscales indiquées dans les
codes ottomans et sur des équivalences métroJogiques (cf. Appendice 3). Les plantes
cultivées en plein champ étaient principalement des céréales: le blé (buday), l'orge (arpaJ,
le méteil (mélange de blé et d'orge, mahlut), J'avoine (yulaf) destinée aux chevaux, le
millet (dan, glivers, e'len), et une légumineuse principale, la vesce (burçak), sans doute
traitée en culture dérobée. D'autres légumineuses sont occasionnellement mentionnées,
notamment le pois-chiche (nohut).
Les tableaux 3 et 4 sont relatifs aux villages localisés. Le Tableau 3 montre, d'après
le registre C, la production dans chacun des douze kazas étudiés. Ce tableau est la source
du suivant, qui montre, pour chaque culture, sa répartition en pourcentage par kala Fig. 7 - Les superficies cultivées, région du Sakarya
lorsque la superficie d'un kaza (neuf cas, cf. ci-dessus) a pu être estimée.

9. L'exploitation moyenne (qui correspond à celle des boitiatoi) aurait compté de 4 à 5 ha;
cf. LEFORT. Rural economy. p.241-242.
L'OCCUPATION DU SOLAU D~B\TT De L't::POQue MODERNe 423
LES VILLAGES El'
422 BERNARD GEYER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHÂTAIGNER

Iles géllérales
1. Rf,II"fII . et en second , comme 1'1 est attendu.
aient partout en premier
Lt blé et l'org~ ~:n e production. Parmi les productions de moindre importance,
'ne était la troé"l '~'emportait sur la vesce, et celle·ci sur le millet (Tableau 4). On
Thh. 3 - Volume en quintaux de la production des cultures de plein champ (1573-74) L'avoiue partOut le rn 8tel .,
à 13 la répartitIOn de ces cu lt ures.
•I ~ M~ " AVoine V. .- presq sur les fig .
'1tua, ' ~,.' ""1iiie MIllei .A\lIii. " ....verot
l\ICaI
Akhisar 2860 2410 33 1 24 1 48 320 17 {Isles régionaUX
6929
Akyazl 429 391 236 363 109 74 2 CO""
0 1602 . fè aux villages localisés, les kaz"s les plus producteurs étaient ceux de
Bursa 4967 2770 57 2742 412 210 44 Si l'on se ré :: suivis par Akhisar (cf. Tableau 3). Les figures 10, 12 et 13 révèlent
11202
Domaniç 1738 1 142 250 429 0 52 76 3687
BUfS'I et de Yeruj~ t~e certaines productions: le méteil, autour de Yenijehir; le millet,
EnneniP. 115 110 18 68 0 7 17 IÏrnpOrtanc~ loca etaie de la plaine de Bursa, au piémont nord·est de l'Uludag en amont
Gey\'c 1594 1 197 110 904 0 440 0
335
dans la parue on~n Yarhisar ; la vesce, aulOur d'Akhisar, de Geyve et de Yenice Tarakh.
4245
1596 337 973 0 179
d'ln,gol et près e comparer pour l'ensemble des villages, la production des Irois prin-
Oôl 2154 64 5303 ,1 us pouvons ' . . é de sur face d ans 1es neu f kazas dont nous
2276 258 1707 157 149
.,0 ales (blé, orge, avome) par unit
lnegôl 2 719 35 7301 eipales céré . r la superficie (cf. tableaux 5 et 6).
Sôgüt 1089 752 282 663 0 110 54 2950 avonS pu estime ,
Yarhisar 975 769 72 498 65 19 18 2416
tuakI. 910 636 38 1 383 14 282 24 2630 Tab. 5 _ Production des prindpales céréales e n quintaux , d'après l'ensemble des données
Ye-ni~hir 3693 2861 1 134 2175 12 206 34 10115
Kaza 81é Orge Avoine Total
r_1 13243 16910 3168 12/46 8/7 2048 383 587/5
Akhisar 4593 3660 2133 10387
Source: BARKAN-MERJÇU. - N.B.: autre = autres légumineuses. Les données Sont relatives aux 8ursa 5667 3284 3526 12477
seuls villages localisés. Les nombres sont arrondis à l' unité. 1418 557 4198
Domaniç 2223
Geyve 3439 :1 464 1 849 7751
Goi 4036 3 153 1 8 t4 9004
Inegal 4395 }l64 2326 10085
Sogüt 1473 1041 914 3427

._.
.. .
Tab. 4 - Répartition en % des cultures de plein champ par kaza (1573-74)

·BIE Oqe Méteil AvolJJe Millet V"",,, Aùtto·"' ,.~~


Yarhisar
Yeni~hir
1228
7862
816
6267
524
3824
2567
17953

Akhisar 41 35 0 18 1 5 0 100 Source: BARKAN-MERJÇLI. - Les valeurs de production des céréales sont arrondies à l'unité.
AIcyu. 27 24 15 23 7 5 0 100
8ursa 44 25 1 24 4 2 0 100
Domaniç 47 31 7 12 0 1 2 100 Tab. 6 - Imponance relative de la production des principales céréales par kaza
ErmertiP. 34 33 5 20 0 2 5 100
0 10 0 100 Kua Superflcle (lOD') Total ...... (~,~ :
Geyve 38 28 3 21
Oôl 41 30 6 18 0 3 1 100 Akhisar 535 19

lneg61 37 31 4 23 2 2 0 100 Bursa 870 14

Sôgill 37 25 10 22 0 4 2 100 Domaniç 895 5

YarbisaJ 40 32 3 21 3 1 1 100 Geyve 600 13

Tarakh 35 24 14 15 1 Il 1 100 Gijl 1200 8


Yeni~hir 37 28 Il 22 0 2 0 100 Inegijl 925 Il
Sijgüt 1 t80 3
N.B.: Les pourcenlages sont arrondis à (' unité.
Yarhisar 335
Yeni~ehir 695 26
ET L'OCCUPATION DU SOL AU DéBUT De t:éPOQue MODERNE 425
424 BERNARD GEYER 1 YllNUS Kaç 1 JACQUES LBFORT (CHRISTINE CHÂTAIGNER
LES VILLAGES

Le Tableau 6 pern.et de montrer la relation entre le caractère plu .


rohlc du milieu et rimponance de la production des principnles céréales s_O~OInS favo_ Tab 7 _ Rendement des cullures de plein champ (1573-74)
nnllu-elles sont paniculièrement fnvorables il la céréaliculture dans le; kazas C?nditions
et de Yeni~ehir : plus que d'autres en effet, ils incluent de grondes supem s d Akhisar
cultivables. Or on constate que ce sont eux qui avaÎent, à superficie éga:c1el de plaines .-~~.
J'lbd• .m....
t...;&l/!_u
~.lIlIotIIo
... GoIn.....
~aIIItr"
~ .. riooill
........ .,
· · · -·
1

production de blé, d'orge et d'avoine. Le kaz" de Burs., pourtant riChe e e, .plus fone
!'icmhle constituer un eus particulier: l'importance moins grande des
t
Cé~é~aines, nous ~
6
7
t 137
863
171
89
6,6
9,7
s'expliquer par le développement des cultures de haute valeur et des cultu es poUrrait AkyilZ L 28 8796 1870 4,7
proximité de la ville. - Un deuxième grou~e est formé de moins bons pay:~~~gUée~ à 8ursa 3020 578 5.2
t6
Inegol et Yarhlsar, où glaCIS et collmes 1 emponent sur les plaines et su 1 yve, Gal, DoI11 L1ni Ç
montagne. Par unité de surface, 1." production des trois céréales qu'on vient ~ a m07enne 1 299 67 4.4
Ef11lCniP.
y élait nettement moins forte. - A Domaniç et à Sogül, où la moyenne montae menho~ner 15 3445 523 6.6
les conditions étaient encore moins favombles à la culture et on constate que I~ne domine, Gcyve
16 4035 856 4.7
de ces céréales y était encore plus faible. produChon Gôl
24 6648 t453 4,6
I",ôt 1 967 364
6 5,4
VI. LE RENDEMENT DES CULTURES DE PLEtN CHAMP SôgOI
10 2263 466 4.9
YarbÎsar 1 1(61
Il n'est pas dans notre propos d'examiner les systèmes de culture que su è 21 387 4,8
mention des plantes cultivées ici ou là, les quantités produites, et les autres in~ gg rent 1. TaJ>i<"
18 9065 1471 6,2
nombreuses, qui sont fournies par les registres. Nous avons admis la pratiqu~rmauons, Yeni~hir
168 43399 8297 S,2
cultures de plein champ, d'une jachère biennale et de cultures dérobées et no' pour les roIDI
. en compte l"eXistence d' au Ires cu 1tures au sem
pns . d 'uS
cs exploitalions paysa avons ( Source: BARKAN·MERIÇU. - Sauf pour les rendements, les nombres sont arrondis à l'unité.
Appendice 4). noes cf.
Nous nous bornons il présenter ici quelques re marques sur le rendement moy d
cultures de plein champ, considérées globalement 1o. Nous disposons en effet d en es
'bld ,ansun En moyenne, le rendement régional aurait alors été d'un peu plus de 5 quintaux à
e e cas, d · Ç
nombre .appré.Cta es ml0?,UallOns ~é~essUln.~: pour évaluer le rendemenl: les
• •

l'hectare, ce qui correspond à ce qu' on admet aujourd'hui pour l'époque byzantine l3 .


SUperfiCies mISes en culture et, par Imtermédla"e des dunes, la production. Noton
les dîmes ~emblent avoir été levées non seulement sur les terres cultivées par les ~:i~
tants du Village (elles figurent sur les tableaux de BARK,\N-MERlÇLl) mais aussi, assez CONCLUSION
souvent, sur celles qUI étalent nuses en culture par les hnbitants d'autres villages (les
données figurent en ce cas dans l'analyse des registres)". Les terres domaniales (hass) Nous avons partout souligné le fait que les résultats présentés étaient seulement
relèvent d'un autre type de fiscalité '2. vraisemblables, et nous tentons ci-dessous dans l'Appendice de justifier les hypothèses
Pour établir le Tableau 7, qui présent~ le~ rendemc~1S probables en 1573-74 pour que nous avons dû faire. Ces résultats, on a pu le voir, ne sont pas surprenants: les plus
I~s cultures d~ plelO champ, nous avons ullhse les donnees du registre C relatives aux
généraux sont conformes à ce qu'on devine de l'économie rurale traditionnelle (y com-
Villages localISés pour lesquels nous connaissons à la fois la superficie mise en culture pris à l'époque byzantine) en milieu méditerranéen, et d'autres peuvent être expliqués
et les aunes, soit au total 206 villages. Toutefois, pour évaluer les rendements moyens par la diversité des milieux géographiques en Bithynie, ou par un certain degré de
par kaza nous avons éliminé 38 villages pour lesquels le rendement calculé nous a paru spécialisation.
IDvrrusemblable - quelle qu'en soit la raison (cf. Appendice 5). Restent ainsi 168 villages. Celle constatation conduit à deux remarques : a) On doit souligner, sauf dans des
cas paniculiers, la valeur des données fiscales rassemblées par Barkan et Meriçli (dans
Hüdavelldigâr). Ces données, augmentées de celles qui résultent de publications nouveUes,
méntent un examen plus complet que celui auquel nous nous sommes ici livres.
b) Mê,~e si certains de nos résultats ne sont que vraisemblables ou provisoires, ils pennet-
tent d ajouter aux évocations littéraires ou picturales réunies plus haut dans cet ouvrage
une Image plus concrète du peuplement et de l'occupation du sol dans une grande partie
la. En réalité, les rendements propres à ces plantes diffèrent sensiblement de ~a région étudiée; grâce en particulier aux cartes qui ont été établies, elle est la plus
11 11. Par exc:mple à Keslel, plus de dix tenures étaient exploitées par 33 cultivateurs venant des anc;enne des images précises que l'on puisse avoir de la Bithynie. Cette image pourra êrre
~~,ages de SUSlgrrh" et d'Ada (B!,RKAN-MERlÇLI, p. 10). La dîme était perçue par l'autorité ~lima­ ~p a:ée, en Particulier grâce aux données fournies par les regisrres A et B, dans une
co~~u~:'. waqf) dont dépendait la terre cultivée et non par celle dont relevait Je paysan Insent ISlo".. de l'occupation des sols.

ro,.bu·d,eot
A

eme,
12,.!.:e s terres domaniales étaient cultivées au bénéfice des détenteurs de timar. par eux-
(Ibidem,p. 384) ou par leur.; gens
leslt8ellTes eOn
(ibidem, p. 180), ou encore par des paysans auxquels ils
contrepartie d'une redevance forfailaire, ordinairement prélevée en aspres
( J l'III,p. n. I).
13. Cf. en dernier lieu LEFORT, RI/raI economy, p. 254.
L.'OCCUPATION DU SOL AU O~BUT DE l ' éPOQUE MODERNE 427
Lf.S VILLAGES ET
426 BERNARD GEYER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHÂTAIGNER

(
Mer de MarmBra

~I j
( :/
l;lC d"lzn i k

Fig. 8 - La production dt.: hl !.!

Mer de Marmara
Mer de Marmara

Lac d'Iznlk
f L. ac d'Iznlk

\
.I
J~
. ,
Fig. 9 - La production de méleil Fig. Il - La production de millel
L:OCCUPATION DU SOL AU Oe.8trr DE L'é.POQUE MODERNE 429
LES VIIJ.A OES ET
428 BERNARD GeYER 'YUNUS KOC 1 JACQUES LEFORT 1 CHRISTINE CHÂTAIGNER

pPElIDICll •
A 1 pulation. Pour décompter les unttés fiscales, les registres fiscaux
Mer de Marmara
1 1. É.·aluatiOIl::t ~~eux (hane) et les célibataires (mücerred), et ils opposent pour
en verlU de raisons fiscales, musulmans et non-musulmans. - Nous
j ane comptait quatre personnes auxquelles s'aJoutent les célibataires
ceS D'après les données publiées dans BARKAN-MERlÇLI, le foyer com~
'sant dénomb . en moyenne 4,8 personnes (un ha/le plus 0,8 célibataire). Sur la
q,:
I~'
à la campag~e'ers voir N. GOyONÇ, Hane Deyimi Hakkmda, Istanbul Oniversitesi
.' n des .oy, .. 979 , p. 331 -348',zoEGER,
0"
Laç d'l,nit ",,,,poSlUO "Itesi Tari" Del'glSt, 32, 1 Bursa Terekeleri,
[J/tbiyat Fak/: célibataires, cf. BARKAN, Katl/lIllar, en particulier p. 2 et 10. Dans la
es
p, 41.59. Sur tine, le nombre de personnes par feu était comp"s entre quatre et cinq au
Macéd<>!Oe by~an dernier lieu, LEFORT, Rural Eco/lomy, p. 238.
xIV' siècle, VOIr en
Évaluatioll des slIperficies mises ell clIltllre. Sur I~s tableaux publiés dans
2. M LI les superfiCies mISes en culture sont expnmées en çifts et en nims
.ft) ,pour la terre dé tenue par 1es ek'lin 1"
BARJ(!J<- •ERIÇ Il, paysans man'é s possédant moins
(= un demi ç;t ~ous avons admis qu'elle était de 1/4 de çift. - Dans l'Empire, la super-
d·und:m:rrlv.:riait, en fonction de la qualité de la terre, de 70 à 150 doniims (BARKAN,
r~.e d, ç 2) un donüm raisant 916.4 m2 (I NALCIK, Ot/oma/l Metrology, p. 349). Pour
Kon/ll~ ar'ePt~diée nous avons admis qu ' un çift équivalait à 90 donüms, soit 8,25 ha.
l,région '
. nalons, par exemple, qu , à D ' un cava l'ter reçoit
omamç . une terre de 105 dônüms
s~~ _MERIÇLl, p. 182). Dans. un autre cas. les agents du recensement ont mesuré
__ . .!.I ~ux lenures faisant en tout 164 donums (.bulem, p. 229).
Fig. 12 - La production d ' ;J\'(lin ~
3. Évaluation de la prodl/ction. Dans la province de Brousse, la dîme correspondait
à 118 de la récolte pour les céréales (blé, orge, méteil, avoine, millet) et pour la vesce, et
à 1110 de la récolte pour les pois-chiches e l d' autres légumineuses 14 . Dans les registres,
les dîmes sont exprimées en kile, soit 1120 de miid. Le müd de Brousse correspondant
Mer de Marmara semble-t-il à 87,209 kg '5, dans cette région le kile devait équivaloir à 4,36 kg.

4. Àpropos des sysrèmes de cl/llttre. Nous avons considéré que partout (mais la réalité
locale était diverse) 90 % de la superficie mise en culture était consacrée aux cultures de
plein champ'6, que la jachère était biennale, et enfin que chaque année 1/8 de la jachère
liait \raité en cultures dérobées, c'est-à-dire que les 5/8 de la superficie affectée aux
cultures de plein champ étaient cultivés. Cette hypothèse est fondée sur les remarques de
.- '-- - ' N. Kondov pour la Macédoine (Weizenerrrag, p. 101).

5. Évaluatioll dl/ re/ldemelll. Sur 206 données disponibles, nous en avons éliminé
l8,estimant qu'elles aboutissaient à un résultat qui n' était pas acceptable (un rendement
très faible ou très élevé). Nous avons admis que le résultat du calcul: production totale
des plantes de plein champ (sur une moyenne de trois ans), divisée par la superficie
cultivée par les paysans, était invraisemblable dans deux cas: a) Si le rendement calculé

cinqult c~ BA"MN: Kall/mlar, p. 3. Le taux de la dîme pouvait varier selon les régions de un
me un qUInz.ème; voir BELDlCIlANU Cod. fol. 27 v<>.
1 soru 15. ~INZ, Islamiseh. Masse, p. 4647. Koç,v: Ziraitarih araliurmalannda ôlçU-tartl birimleri
"i ~ O,m"U i Dursa .mUdU omegi, UII/slararasl KI/rulu§unun 700. Y/ldOlliimünde BillülI Yonlmyle
·~6' Àer.'ett KOllgresi. 7-9 Nisan 1999, Bildiriler, Konya, 2000, p. 541-547.
Fig. 13 - La production de vesce ~pr/se~l" époque byzantine également, les jardins, vignes et vergers détenus par les paysans
.ent sans doute en moyenne 10 % des terres qu'ils mettaient en culture.
430 BERNARD GEYER 1 YUNUS KQÇ 1 JACQUES LEFORT' CHRISTINE CHÂTAIGNER

était égal ou supérieur à 20. quintaux à l'ha (3 villages), cc: qui paraît suspect" ,.
égal ou IOféneur à 2 (35 vIllages). Pour Jusllfier ce dernIer seuil, qui élimin~ b) S "élait
assez élevé de données, on peut alléguer le calcul suivant: un foyer de qu IreUn nOmb",
exploitant un çifl consommait annuellement environ 8 quintaux de c~ré rrson nes 18 LES MONASTÈRES
semences pour J'année suivante représentaient environ 3,5 quintaux l9 p a es : les
ploitation céréalière ne soit pas déficitaire, il faut admettre que la prod~ct?ur q.ue l'ex_
13,1 quintaux, les dîmes sur les céréales (118 de la production) étant de 1 6 10~ ail été de
production correspond à un rendement de 2,8 quintaux à l'ha. ' qUintal. Celle par Marie-France AuzÉPY·

tères forment une part originale du peuplement et de la mise en valeur


Le.s m~~a~yzantine. Leur présence dans cette région s'explique aisément car, pour
de la Bdh~ ir moine ou, mieux encore, fonder un monastère, l'attrait de la province
qui déSIre ~e~ithynie associait en effet d~s montagnes boisées et sauvages, comme
esl grand. t auvent au sud du lac de Nlcce, et surtout comme l'Olympe qui domine
celles qUI se ~ de sa hauteur (2500 m) toute la région, à des plaines fertiles, comme le
de sa m:,s~e~i!ehir ou celui de Brousse; elle comportait aussi des villes brillantes,
~In B sse et Kios par exemple: enfin. clle est bordée au nord par une côte qui
NI~d :he de Constanti~ople., La sauvagerie des «déserts boisés. dont parlent les
la te hP iographiques n'a nen d un artl!ice huéralre: Théodore Stoudite, lors d'une
textes
catéchèse,ag apprend aux momes
. d u Stau d'IDS que d t~OJs
eux ou ' pant hè res, qUI. 5 , attaquent
h mmes sont apparues en B'thyme ' , CId y a, de nos JOurs encore, des ours dans les
:'t:gnes q~i bordent le sud d~ lac de Nicée, et sur l'Olympe. C'est cet ensemble qui
Itait allirant pour qui ~oulUlt fmre son s~ lll\ : ~n Blt~yme, on p~ut vlv~e en ermJ\e dans
l'Olympe, tirer des plaIDes les revenus necessalfes à 1 entrellen d un kot1lob/OlI (couvent)
urbain ou campagnard, sans rompre totalement avec le monde, celui qui compte, c'est-
à-dire celui de la capitale. Si la sauvagerie cst réelle, la proximité de Constantinople ne
l'est pas moins: Théodore Stoudite reproche à ses moines leur indiscrétion après s'être
ape"u que ce qu'il disait en catéchèse était aussi tôt connu non seulement dans la ville,
mais jusqu'à Brousse 2• Coquetterie de pasteur. bien sûr, mais qui est significative de la
.. Iation entre les monastères bithyniens et constantinopolitains.
L'étude des monastères bithyniens est facilitée par l'existence du répertoire de
R.Janin (Grallds cell/res), qu'il ne s'agit pas ici de reproduire; notre objectif est
d'examiner, SUrlout à partir des sources hagiographiques, l'inscription du peuplement
monastique dans le temps et dans l'espace, avant de décrire le phénomène monastique
bithynien en lui-même et en tant qu' il est au centre d'un système de relations.

1. L'AGE D'ORDU MONACHISME BtTHYNIEN

. S'i) y a toujours eu des monastères en Bithynie, l'occupation monastique a cependant


vanédans le temps: les IXe et xe siècles sont les siècles d'or du monachisme bithynien.
Une anecdote rapportée par la Vie de COlls/amin le JI/if le montre: la princesse Anne,
, 17. En Grèce en 1921, aucun rendement moyen par région pour le blé, l'orge et l'avoine sœur de l'empereur Léon VI, soumet aux «pères de l'Olympe» une énigme que seul
n étall supéneur à 12,3 quinlaux à l'ha; cf. JARDÉ, Céréales, p. 20.3-20.8. Conslantin arrive à résoudre3. Cette anecdote sert de toute évidence le propos de
. 18. On admet qu'une personne consommait environ 200 kg de céréales par an. Cf. en dernier
lieu LEFo",:, Rural Economy, p. 295 et n. 425 (15,5 modioi thalassioi par personne).
.. 19. D après le code général ottoman, un raïa possédant un çift dojt ensemencer chaque année ; Unive"ité de Paris VIII ; UMR 7572, Collège de France - CNRS .
4 mud de semence, le lllüd étant celui de Brousse; cf. BaolCEANu, Code, fo. 48v. 4 müd de Paris i991'tŒ3ODORE STOUOrrE, Petites Catéchèses trad. A. M. MOHR, intr. M.-H. CONGOURDEAU,
Brousse fonl 349 kg. - A l'épo<lue byzantine l'ensemencement élait en principe de 12,8 kg par , ,§ 117,p.251 '
modlOs (cf. LEFORT, Géométrres, p. 216, n. 16), soit environ 370. kg par çifJ. ~.Ibid,m, p. 252. .
. v" de Constallli" le J/lif, § 70..
LP..s MONAsttRes 433
432 MARIE-FRANCE AUZÉPY
douze ans après la mort de Constantin V, 132 moines sont
reuve en est ~~eé Il (787) ; dix d'entre eux sont sOrement bithyniens: ce sont
l'hagiographe, mais elle montre que la communauté «des pères de l'OIYm é'
sidérée comme une entité, qui à elle seule condensait la sainteté de l'empi:>> taIt COn_ L" Pu concile de IC ~res d' Hérakleion à Kios, de Sakkoudion, de ta Hyakinthou
Le monachisme ne semble pas être une caractéristique de la prov: prlsea":mènes des mon;Snt_Autonome, de Hiéragalhè, des Agaures, de Médikion, de
l'Antiquité tardive. Depuis I~ v' siècl~, le Mont Skopa, ou S~-Auxence (actuell~~e 1dU"':'t les hl~ de Kath ara: ~e ~; de symboloi 18 ; trois le sont probablement: les higoumènes
qUi est en face de Constantmople, a Joué pour la ville le role de sainte mont y ~ da~), 1 NiC ~Orges àP~lnu:~~o; et de Kellia l9 , et dix peut-être20 . Cett~ forte représentati~n
qu'il garde avec éclat sous Constantin vs, plus discrètement mais sans interru;3n.., role , d Aue la province est devenue, a~x VII' et VIIt' Siècles, donc en partl~
suite6 , Mais Je Mont St-Auxence, non plus que la, côte asiatique fa~e à Consta::~:ar la tee isauriens. une région mona~lIque. e~ une réglOn monastique ~UI
où les mo~astères sont n.ombre~x. ",e sont, en raison d~ leur proxImité de la ca ~Ple. es . rs è es bithyniens, Joseph d HéraklelOn et Platon du Sakkoudlon
représentatifs du monachisme blthynlen. Dans le répertOIre de Janin, On ne trou Pale, SOUSpte: deuX hlgoUm .:~ dans la liste des moines signataires des actes importants du
ml
au sud de Nicomédie que deux monastères antérÎeurs au Vile siècle. Kathara v~ gUè~e CO~panni les diX
son
t:re
. peut-etre s
i Chènolakkos est un monastère bithynien 21 . D'autre part, la
h' d' é' d
été fondé au VI' siècle par Narsès', et le monastère-hospice de Pythia8. Au d';b~~ldauraIl concile,. UOIS 1 liste suggère que ce monac .lSme. est en passe a~qu rtr es caractères
siècle, la We de Théodore de Sykéôll fournit quelques noms de monastères9. Pe u VII' onIPoSilIon de a d' monastères sûrement blthymens en effet, troIS seulement sont des
breux, ils se trouvent sur la côte méridionale du golfe de Nicomédie ou à pro~' no~_ cou,eaux. Sur les (~érakleion à Kios, ta Hyakinthou à Nicée, Saint-Georges à Prainétos),
Pythia est à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Pylai 10; Kathara est pr~~It~ ~nastères urblUn~ comme le sont Saint-Autonome et Kathara, proches l'un du bourg
Pythia et de Pylai" : plus à l'est, Saint-Autonome est proche d'Hérakleion 1 EeT 1ementanClens,
E - 1' carte turque, 031), 1'autre
de PI' y aI, tan d'lS que troIS
. sont àl"
Probab a .OIS
(cf. nole 9). C~s Jocal~sations ~onl peu étonnantes ~ar les em!)(}ria de cette côte, et no:!~ -"elon ( reg
d'Hér..... à 1 l,campagne (Sakkou d'Ion, 1es Agaures, Sym b0 1QI')•
ment ceux qUi sont Situés à 1 ouest, comme Pylm et Strobllos, font administrativem Ié<ents et Situés ~ des fondations monastiques, pour la plupart rurales, s'amplifie au
partie de la cité de Constantinople, comme Yalova fait aujourd'hui partie de la cireoen~ Le mouvemen n témoigne Théostèriktos. l' auteur de la We de Nicétas de Médikion.
cription d'Istanbul" : Pylai et Pythia sont des prolongements agrestes de la ville et on ~s t LX'siècle,com~~lefait le récit de la fondation de Médikion par Nicéphore, il ajoute
les considérer comme une sorte de banlieue de la capitale. U
Au mome~~ O~~arque personnelle: «les monastères dans ce temps-là n'étaient pas
Ensuite, durant le VII' siècle et jusque vers 780. aucune fondation de monastère en dret ub ue maintenant»22. Or on peut dater «ce temps-là» des années 78023 ,
n' est mentionnée B . Il y a sans doute deux raisons il ccla. l'une événementielle, l'autre auSS~ nom reu~.; années 83024, et, de fait, l'hagiographie fournit quelques exemples de
tenant à la qualité des sources de cette période. Du milieu du VII' siècle au milieu du .maIntenaIt' tte époque: sous Irène, Isaac 1 Théophane installe un koinobion à Agros,
VI/I', la Bithynie a en effet été, plus encore que le reste de l'Asie Mineure en raison de
rondauons Aceros au pied du Monl Signanè sur la côte méridionale de la Marmara
sa proximité avec la capitale. une région peu sûre parce que fréquemment soumise à des
raids arabes, voire au passage ou à l'installation d'armé,', arabes 14. Par ailleu .. , il est
ou Mér s
gs n~te 163). Nicéphore fonde successivement, un peu plus à l'est sur la
(cf. Cl- ~StSeOude' ux monastères très proches, dont l'un est Médikion25, Théodore et sa
exclu que les sources de cette période, toutes icollodoulc, ct présentant les lsauriens même co ,
comme des «monachomaques». mentionnent des fond~li()ns de monastères sous leurs
règnes, bien qu'il y en ait eu". La persécution antimonastique sous Constantin V n'a en
effet touché ni tous les monastères ni tous les moines l6 , 17. Proinélos est cité au concile sous la forme Petiet (Priétos dans une traduction latine):
)"'111, Gmnds cell/res, p. 88 et 435. .
18. Ces higoumènes occupent respecllvement les n~ 6, 8, 12, 16,32,41,48,51,63 et 124
4. JANIN. Grclflds centres, p. 43-45 : M.-Fr. AuZÉPY. Les Vie s d' Auxence et le ... monachisme de la liste des moines présents à Nicée Il, éiablie par Janll1 ~Grands CetIlreS, p. 427-441) à partu'
auxenlien», REB, 53, 1995, p. 205-235. des signatures contenues dans le~ Actes du concile: sur ces hstes. cf. M.-Fr. AuZÉPY. La place des
5. Vied'Éliemle le jeune, §12-21 et 30-42 : cf. ibidem, p. 10-19. moines à Nicée Il (787), BYZlm//OIl, 58,1988, p. 5-21. . '
6. JANlN. Grands cenlres. p. 43-50. 19. Ces higoumènes occupent respectivement les n'" 7, 24, 45 de la liste de Janll1. .
7. Ibidem, p. 159-160 : STIERNON, Ka/ham, p. 116-117 repris par CHEYNET-FLUSlN, Ka/haro, 20. Les higoumènes de Bistilos (no 30), MOllagros (no 35), An!" (no 36), The~a (~O 38), SaInt-
p. 205-206. La fondation ancienne du monastère est assurée grâce à une inscription de son André (ll' 43), Saint-Thyrse (no 44), Lakkoi (no 46), Leukon Hydor (nO 47), Penstéréôn (00 62) et
higoumène Zosime; elle ne serait pas antérieure au VII(' siècle (voir ici·même KIOURTZlAN. p. 48). Saint·C1ément (no 128).
8. JANIN. Grands centres, p. 85 ; Foss. Strobilos. p. 90. 21. L'higoumène de Chènolakkos signe en septième position (JANIN, Grands centres, p. 430).
9. Monastère de Saint·Christophe (JANIN, Grands centres. p. 104). Monastère de Saint· 22. Vie de Niel/as de Médikion , § 6.
Autonome (ibidem, p. 86-87), localisé par Clive Fo" à Tepekôy, au SSO d'Hérakleion 1 fugli, 23. On a vu que Médikion est représenté (par son higoumène Nicéphore) au concile de
port de la côte méridionale du golfe de Nicomédie (F055. Sailli Autonome). Nic/en en 787 : JANIN, Grands cell/res, p. 434. . .
10. A~rès l'article de C. Mango identifiant Pylai avec Strobilos, à 3 km à l'est de Yalova . 24. Théostèriktos écrivait après la mort du patriarche Nicéphore, qUi eut heu e~ 828 (Vie de
(Hélénopol.s , p. 158), CI. Fo" (Strobilos) a maintenu l'identification de Pylai avec Yalova. NIC"a, de Médikion, § 24) et avant le rétablissement des images en 842, auq~el " ne fall pas
Il. CHEYNET-FLUStN, Ka/ham, p. 205-207 ; Foss, S/robi/os, p. 90. Voir ci-dessous, p. 448-449. allusl~n.l.es années 828-829 paraissent les dates les plus probables pour la rédactIon de la Vie qUi,
12. Foss, S/robilos, p. 87. ID r.uson de la virulence de son iconodoulie, peut difficilement aVOIr été rédigée sous Théophile
13. Il faut peul.ëtre faire exception pour le monastère de Chènolakkos, qui aurait été fondé Icf. t SEVŒNKO, Hagiography of the !conoclast Period' dans rconoc/asm, éd. A. BRYER et 1. HERRIN,
sous I~ p~uiarcat ~e G~rmain entre 717 et 730 par le Palestinien Étienne (S)'llaxaire, c. 392) et qui BlIllllngham, 1977, p. 113-131, en particulier p. 118, n. 42 ; repr. dans ID., Ide%gy LeI/ers and
pourrait elfe en BlIhyme selon JANIN (Grands celJlres. p. 189-190). Cu//u" ln ,ile BYlllnlille Wor/d, V, Londres, 1982. AUZÉPY, L'hagiographlt, p. 197). ..
" 14. Pour le ".111(' siècle jusqu'en 780. citons la présence d'années arabes en Bithynie en 718 25. La chronologie de Nicéphore a été établie par Halkin (Vie de Nicéphore de MédlklOn,
(Siège de ConSiantInople : ThÉOPHANE, p. 396) et en 727 (siège de Nicée par une armée de 100000
hommes: Ibidem, p. 405-406).
fi 400) à ~anlf des indications chronologiques contenues dans la Wt à propos d~ la mort du slUnt
N. IS). NICéphore serait devenu moine en 780 : on sait par ailleurs qu'" a partICipé au conCile de
15. Le monastère de Saim-Auxence a été fondé par Étienne le jeune sur le Mont Saint-Auxence 4~cleJl en tant qu'higoumène de Saint-Serge de Médikion. Cf. JANIN, Grands ct~lrts, p. 16~ e:
enIfe 745 et 756 (AuZÉPY, L'hagiographie, p. 53).
16. \'lf' d'Érieflllt'/e jeulle. p. 34-39.
..de Ml 5280. - Les deux monastères qu'il a successivement fondés étaIent dIStants de . S
'et demi, soit environ 1300 m (Wt de Nicéphore de Médikioll, § la). Le second, celUI e
LBS MONAST~RES 435
434 MARlE·FRANCE AUZÉPY .. nnaire du Trésor; ils fondent sur le domaine familial de
Photin, fon~ I~oudion, dont Platon, oncle de Théodore, lui,même ancien
famille élablissenl un koinobion à Sakkoudion, mainlen.nllocalisé dans l'Arg 111" onas tère de Mjà engagé dans la vie monastique, devient l'higoumène.J3.
Ensuite. des fondations faites par des moines bithyniens sont mentionnées dans~ Olllos16, du Trésor etMédikion dans les mêmes années34 , est lui aussi un jeune
hagiographjques et, paradoxalement. elles sont particulièrement nombreuses es sources
. delS qui quitte le monde à 25 ans l6 • donc quand il est déjà inséré
V. mais elles ne sont pas localisées en Bithynie 27 ; sous les empereurs suivants ~~s Léon bOnoe fam,!I~ 'on départ n'est pas décrit comme brutal et il passe par un
venl êlre le fail ~e Bilhyniens .exilés qui s'inslallenl su~.leur lieu d'exil, ou
qui ne peuvent
ct:
":l~peu,
ni revemr à la tete de leur monastère ni S Installer à COnstantino 1 2SgUés
active ; ma'~l s'on à Kios avanl de fonder un premier monastère, puis celui
celui d'Béra el '
ailleurs, une Vie de sainl au moins fail élal du développemenl rapide d'un m: e . Par
lAédikion (cf. note 25). de vocations concernent des hommes installés dans la vie
Médikion, petit établissement quand Nicétas y anive, accueille ensuite une cen~~tère :
rnoines 29 , Enfin. les sources hagiographiques de cette époque fournissent un grand :tn\de de (Je même, beal~COUPonlre le gré de son père le logothésion et va au monastère
de noms de monastères bithyniens. répertoriés par Janin. et dont on ne sait qu o~ ,re rive: Atho nase qu;~~ ~ qui semble spéctahsé dans l'accueil des fonctionnaires des
furent fondés. an Ils ~,."",en de sym~o ssi là que Platon avatt commencé sa carrière monastique -.
L'expansion du monachisme en Bithynie aux Ville et (xe siècles a été remarqué fiblu')'~
ances putsq. ue c, estMédikion,
au dont Il devtendra l'écon ornel7 . l'oanm'k'lOS, pour sa part,
tous. Elle est génér~lement mise en :elarj?n avec l'iconocl~sm~ el interprétée com;/u~ aanl d'êue appele à b'le qui fuit l'armée après le désastre de Markellai en 792f79338
mouvemenl de reph hors de la capitale. ,mpulé à la persecullOn antimonaslique. C 1 ,VI un soldai. uo excboubl~~enl une trentame d'années 39 • De même, Euthyme (le jeune)
inlerprélation est à nuancer, el il faut dislinguer deux aspects: la cause des fond.lio e le
esalo", qu "1lal'atl
' proda 18 ans nommé Nicetas, "
"1" qUitte préClpltammen
. . t 1a s/ra/ela
"qu']1
des vocations monastiques en Bithynie d'une pan. l'altilude des moines bilhyniens~~el eslen 841 un so~dat e jeune femme et sa ftlle, pour se réfugier dans les solitudes de
du second iconoclasme d'aulre pan. l1i "nail de soO pehre. sa'onctionnaires, un peu plus âgés, abandonnent aussi leur fonction:
En ce qui concerne les fondations, à l'exceplion de celle, antérieure à 813 d
• ..w De auts l' . ,
('Olym",,· . N' étas quitte son poste. qUi est peut,etre encore ce UI e strat ge e
1.d è d
Saint-Zacharie au pied de l'Olympe par l'ermile Paul, maître de Pierre d'AlrôalO' 1: en 8I1, le pamce B ~~ynie4I, avant de fonder un monastère sur la mer Noire. En 825,
fondateurs ne sont pas moines de longue date; ce ne sonl pas non plus des membre's d~ Ste,re, el part en 1itte son poste d'ek pn",Îpoll des Cibyrrhéotes et va incognito sur
«familles monastiques», qui, eux, enlrent dans un monaslère familial déjà fondé". Ce Anloine le J~.~e qUaussi sous Théophile, les cas de deux moines qui avaient été, l'un
sont des jeunes gens de bonne famille qui changenl bnnalcmcnt de vie, passant de la vie 1'0Iym~~ d!U~n:lfatèg~, et l'autre spalhalfc·'. Ces conversions monastiques, brutales,
active au «désert» ou au monastère. Une première vagu..: a lieu à l'avènement du petit prolonot é' 'tées et clandestines, contrastent avec les tranqUIlles entrées au monastère
s,
Constanlin VI et de sa mère Irène: en 780/781. le jeune rmor Isaac 1Théophane quitte souvenl pr ~,pl t décidé dès leur jeunesse cl embrasser la carrière monastique, comme
sa fonction et sa femme pour prendre l'habil puis fonder le monastère d'Agrosl'; au de c~~ d~u~~~ikion, Macaire de Pélékèlè ou Eustrate des Agaures. Notons enfm qu~ les
même moment, Théodore quitte Constantinople avec tou s les hommes de sa famille, Nlcé h . raphiques sont à peu près muets sur les monastères de femmes blthyruens,
lexies aglog

Médikion, est identifié (MANGO·SEVCENKO, Churches. p. 240, cl Jes vestiges sont actuellement 33 Description du site dans les Vies de Théodore Stoudite : arbres, eau, bon air (Vie A, § 6);
visibles dans une grosse ferme à la sortie de Tirilye vers J'OUL'<,t. lue su'-Ie ciel et ,ur la mer (Vie H, §. 51,: voir ici-même KRAVARI, texte n 6, p. 72,73 (Vie Cl.
0
26. Cf. lM'IN, Grands centres, p. 177·178 ; CHEY:-JET-Fu ISI;'\. KatlUlra, p. 207~209, _Sur la localisalion du monaslère, VOIf cl,dessous, p. 448. Sur la chronologIe, cf. JANIN, Grands
27. Sous Léon V, fondation par Iôannikios Je troh nwnastères sur le mont Alsos (\lit' "" p 177 el CHEYNET,FLUSIN, Ka/ham. p. 194,196. Dale du dépan de Constantmople (781)
d'/ôannikios par Pierre, § 19·23), identifié par C. Mango avec le mont Lissos en Lydie (MANGO,
711'O Lives, p. 402) ; sous le même empereur. fondation par Pierre lf Atrôa de deux monastêres, l'un
I~bli;~ Fatouros (THÉODORE STOUDITE. Lellres, p. S*). Date de l'hig.ouménal de Plalon à
à Hippos en Asie (Vie de Pierre d'Atrôa. § 17·19), l'autre ~I KaJonoros en Lydie (ibidem, § 22). Salloudion (783): oblenue à panir de la dale de mon de Platon. ét~bhe par PargOIre en se
28. On peut citer le cas de Macaire de PéJékètè. qui fonde un monastère à Aphousia, île située
fondanl sur les nolices nécrologiques ppnées en 835 par le scnbe Sl?udlle N,colas au fo 3,44 du
à l'ouest de la presqu'île de Cyzique, où il est em'oye en exil sous TIléophîle (Vie de Mllcaire dt
Ttuaévangile Uspenskij (J. PARGOtRE, A queUe dale 1 hl.goumène SalOl Plalon est'll mon .. EO.
Pélékè/è. § 15-18; PMZ 4672), el celui de Nicélas de Médikion. qui passe la fin de sa vie. sous 4.1900-1901, p. 164,170l, el à panir de la récapltulallOn de la camère de Plalon donnée par
Michel II, dans un petit métoque qu'il a acheté sur la côte asiatique en face de Constantinople (Vil' Th/odore Sioudite dans l'Eloge funèbre de son oncle (Lallda/IO Pla/OIlls, § 41).
de Nieélas de Médikion, § 47 ; PMZ 5443). De même. Nicéphore de Sébazè. moine tonuré et exilé 34. Nicéphore devient moine en 7S0 et fonde ses deux mona~tères avanl 787, dale à laqueUe
sous Léon V. fonde sous Michel II un monastère près d'Anthimaurai (Vie de Nicéphore de Sébazè. ileslaltesté comme higoumène de Sainl,Serge de Médikion (cf. noie 25).
§ 8) qui dépendrail, selon Halkin, de Prainétos (ibidem. p. 27, n. 4, PMZ 5307). 35. Vie de Nicéphore de Médikion. § 5.
29. Vie de Nkéfns de Métljkion. § 8 ~ après que Nicétas a reçu la prêtrise des mains .de 36.11 meun à 58 ans après 33 ans de vie monastique (ibidem, § 18).
Tamise, donc avant 806, le monastère accueille, du fait de la renommée de Nicétas. une centame 37. Sur Alhanase, cf. la Vie de Nichas de Médikioll, §,ll el 23 ; PMZ 673. - Sut le monaslère
de moines (ibidem, § 10). Cet accroissement a lieu avant que Nicétas succède à Nicéphore à la têle "'Symboloi, voir JANIN, Grallds cell/res, p. 181,183 el ci,dessous. .
de Médikion, en 813 (chronologie établie par Halkin, Vie de NicipllOre de Médikioll. p. 400) .. 38. Sur lôannikios, cf. en dernier lieu PMZ 3389 ; dépan de l'armée après Markell81: l'le
30, Sur la carrière monastique de Paul: Vie de Pierre d'A,rôa. § 5. Sur la fondation de Samt· d'Iôannikios par Pierre, § 5, par Sabas, § 7 ; Markellai : T!ŒoPHANE, p. 467468 ; ~G?'!'rorr,
Zacharie: ibidem. § 9; elle esi anlérieure à l'al'ènemenl de Léon V : ibidem. § 12. . ~~~hanes, p. 643. - Sur son enfance, voir ici,même KRAVARJ, lexie nO 5 (Vie d Mallntklos par
31. C'esile cas de Nicétas de Médikion, d'Euslrate des Agaures (PMZ 1824) et de GrégOIre """",).
le Décapohle (PMZ 2486). - Sur les familles monastiques à celte époque, cf. É. PA11.AGEAN,
Samteté et pOUVOIr, The Byzantine Sailli. éd. S. HACKEL. Londres, 198 J, p, 88~ 105. en panJ~u~J(~r
n,,:9. Chronologie élablie par C. Mango (Ylvo Lives, p. 395) à partir de la l'le d'/Donnikios par
p. 99·101 . et V. DÉROCHE, L'autorité des moines à Byzance du VIUC au xc siècle, Rel'ue Bé"édlCllIlt, 40. Vie d'E",hyme le jellne, § 3,5,6. Cf. PMZ 1851.
103, 1993. p. 241,254, en paniculier p. 244,246. 41. Vie da patrice Nicé/as, § 4 ; sur la dale, voir ibidem, p. 313. Cf. PMZ 5424. . l'le
32. Démo~Slrat..ion convaincante de cette datation par Efthymiadis (Panégyrique de Théopllal/e. dit 42. Vie dAruaine le jelllle, éd. PAPADOPOULOs,KÉRAMEUS, § 21,25; sut la dale.
p. 264). La camère de Théophane avant la fondation d'Agros est décrite un peu différemment par ",~~eJ.eje~me. éd. HALKlN, p. 197-198. Cf. PMZ 534.
Théodore SloudilC (ibidem. § 6) et par Mélhode (Vie de Théophal/e par Mé/hode. § 21·23). . re d 16amllklOs par P,erre, § 64 el 65.
Les MONASTMes 437

436 MARIE.FRANCEAuzépy . que lui a consacré Théodore Stoudite50, parait aussi peu
le pa~égY~lqu~rutale hors de la capItale de tous les hommes d' une grande
bien qu'il en ail existé44 • et que. souvent. les femmes - épouses, mères Ou sœ l'énugrat~o;,, Trésorst. Ainsi voit-on, après la révolte de Thomas le Slave,
hommes quillant brutalement le ~i~~le pour le «désen» bithynien préfèrent, u:fl; des lionn•.,re d'Atrôa qui a sans doute soutenu Thom.s52 , arriver en bloc
retirer dans des monastères plus CIVlhsés, à Constantmople ou Sur les iles des p' s. se e Plerr~ de Pi~rre , Saint-Zacharie, et prendre l' habitS). Il parait donc
Telles qu'elles viennent d'être décrites, aucune de ces fondations ni de ces ynnc...,. t""t'l' ~onas blthY~leenment comme on l'a souvent faIt, l'expansIon monastique en
ne peut être mise sur le compte de l' iconodoulie persécutée. les dates des déocauons cJaIIs e ''' . utomauqu '
montrent : seuls Antoine le jeune et Euthyme le j~une, dont les dépans se situent~~ :e ffi i1e de 10er a lie militante
dl " ie et l'lconodou t ertaon que la BIthynie a fourni en 81 S, puis dans la suite du
règne d'empereurs lco~oclastes. pourraient y pret~ndre .. maIS leur histOire montre biee
que la raison de le~r fUlt~ au désen fut autre. AntOIne fUll pour échapper aux poursuit:
Blth~n revanche, ,'I es ~el des hIgoumènes résistant à la nouvelle politique et refusant
engagées contre lUI par 1 empereur en raIson de la gestion de sa charge d'ek prosô as de Léon Y. 1 essen 'les lettreS de Théodore Stoudite sont en la matière une source
des Cibyrr~éotes après la révolte de Thomas le Slav.,.o6. quant à Euthyme, le ~a~ oèg~out à J'iconocl~~mede saonts, même si celleS-CI les corroborent souvent. Théodore
qu'lôanniklos, devant qUI Il se présente à son arnvée sur 1 Olympe, l'appelle ~= fiable que les lese lettre à Ignace de Milet. datée de la fin de 816 ou du début de
réprouver, «meunrieo> et J'oblige à se meUre des fers aux pieds47 , laisse penser . po~r ~one en effet, dans:noumènes qUI restent fermes malgré les poursuites et les cbâti-
fuite précipitée hors du domicile familial de ce jeune. père de 18 ans et l'abandon~": s: 817.1. liste de ~'~nt~; eux, Jean de K~thara". Athanase de Pa~lopé~rion56, Théophane
strateio avalent des ral so~s trè,s préc~s~s, à savOl~ q~ Euthyme f~yalt les conséquences ""nlS": quatre de Pélékètè57 dongent des monastères bllhynoens. Deux autres
d'un meurtre. La .conv~rsl?n d I0',lIlmkJOs po,urralt ~Ien elle ~USSI avoir des causes plus d'AgtOS et M~caore s celUI de Phlouboutè'S et Nicétas de Médikion59 , après un
concrètes qu' une IlIumonatlOn subIte: elle a Ioeu apres la défalle de Markellai, où la fi ~goumènes blt~ynle~i~matisé par Théodore Stoudite, ont eux aussi rallié la réSIstance.
fleur des généraux de Constantin V fut décimée. et qui fut suivie par une révolte ~e moment de fatb ~ssele cas de l'économe de SymbolOl, félicité par Théodore pour son
l'année en faveur du césar Nicéphore, fil s de Constantin V. la révolte fut réprimée et i~ On peut a-~. C ont ces moines, parmI lesq uels Théophane, Macalfe . de Pélékètè et
est difficile de penser que la désertion" d' Iôannikios soit sans lien avec ceUe répression s
,onartyre»60· édeki on sont les plus connus, qu i ont donné au monachisme bithynien une
Ceci ne place pas Iôannikios du côté de l'iconodoulie militante, ce que conftnne sa Vi; N'dtas de M 1
1 . n d' iconodoulie militante.
écrite par Pierre, qui semble être, d' après l' anal yse qu 'en a faite C. Mango (TlVo Uves) ,éputaUO f ce il Y a ceux que Théodore "ppelle dans une lettre «la vieille garde»61
la plus ancienne et la plus véridique: dans cette \qr. lôannikios ne s' occupe pas d~ M.,se~r~ l,iconoclasme dès 815 : outrc Joseph, ex-higoumène de Kathara, cause
justifier la représentation de la divinité et ne défend la prosternation devant les icônes et qUI ontm d' schisme mœchien sous Nicephore, sept higoumènes sont nommés, dont
que lorsque son attachement aux i~ônes est mis en doute. Pierre met alors dans la boucbe de 1. repnse u
d'Iôannikios un passage de l'Apologétique du patriarch e Nicéphore49 qui convainc ses
auditeurs, mais qui ne plaide pas en faveur de l' au the nticité de l'iconodoulie
d'Iôannikios. Dans ces divers cas, la Bithynie et le ",on't'tère jouent bien le rôle de 50 Panégvrique de Théoploane, § 7-8 ; voir aussi les remarques de C. Mango (MAN<JO.
refuge, mais la cause de la fuite n'est pas la persécuti oll ç[J nlre les partisans des images: srorr Theoplo;nes, p. Ii). .. , . d .. d Thé h
c' est une faute personneBe (Euthyme), professic,"ne ll c (Antoine) ou politique
51. Par ailleurs, aussi étonnant que cela paraisse à VOir 1 atlttu e cntlque e op ane
",rsThéodore Stoudite (p. 481 et 498 ; cf. M"N~O·SCOTI, Tloeaphanes, p. 661 et 682). les ~eux
(Iôaronikios). On peut d' ailleurs supposer que la c'ol'IVcrsi "n monastique d'Isaac 1 , ens semblent avoir été liés par des Ioens d amItIé, pUIsque Théophane a été le panatn de
Théophane et plus encore celle de la famille de Théodore ~;tnlldite à l'avènement d'Irène
ont des causes autres que religieuses: la fuile au déscn du slra/ûr jeune marié et bon
;e:.: ~ Théodore et que Théodore a prononcé l' éloge funèbre de Théophane lors de la uansla-
IioRdes reliques de ce dernier à Agros en 822 (PanégyYlql/e de Théoploane, p. 259-260; MANoo
.sam, Tloeophanes. p. l-Ii). . . '
52. Le neveu de Pierre d'Atrôa fait partie de l'armée de Tho,,!as qUI asslè~e Constanuoople
(lied, Pierre d'A/rôa, § 39) ; Pierre délivre miraculeusement de pnson un notaIre lydIen partIsan
deTh~r~·~~~~'~u monastère de Saint-Zacharie de
44. On ne peUl guère citer que le monastère de Périslc:rai t"t<des colombes») qui doit êue
proche des Agaures, et donc de Brousse, puisque deux de ses moniales sont guéries au tombeau la famille de Pierre (sa sœur, le mari de
d'Eustntte (Vie d'Eus/raIe des Agllllres, § 59 ; JANlN, Grund:.. cel/Ires, p, 172), Une autre moniale "I~<i et leurs enfants, quatre garçons et deux filles) se silue dans le récit (ibidem , § 44) peu de
a bénéficié d'un miracle posthume d'Eustrate mais son monastère n'es. pas mentionné (loit umps .pres les allusions à la révolte de Thomas (§ 36, 39 et 41). les hommes sont agrégés au
d'Euslrale des Agaures, § 53), Mention en 818 d'un monastère de femmes, probablement proche """"'tère de Saint-Zacharie (§ 44).
de Brousse, dans une lettre de Théodore Stoudite, qui reproche à EutIépianos d'être devenu curateur 54. THroOORE SroUDlTE, Leures, nO 267 ; sur la date cf. ibidem, p. 311*.
d'un monastère de femmes (THtODORE SrouDITE, Letlres, nù 329). - Le monastère de femmes 55. Sur Jean de Kathara. cf. STIERNON, Ka/lllIra ; PMZ 3139.
fondé par Pierre d'Atrôa se trouve en Lydie (Vie de Pierre d'Airon, § 41). 56. Athanase (PMZ 678) est un correspondant de Théodore Stoudite (Lettres, n" 169, 231 ~t
45. La mère et la sœur de Théodore Sloudite se retirent à Constantinople (THtIDOORE 321), qui l'encourage dans l'épreuve. - Paulopétrion est sur la rive nord du golfe de NIcomédie
STOUDrrE. Éloge funèbre de sa mère. § 8, PG, 99, col. 892-893 ; Vie B de Théodore S/oudi/e, § 5 : (JANIN, Grands WI/res, p. 53). . . .
CHEYNET·fLuslN, Ka/lmra, p. 195). La femme d' Isaac 1Théophane va dans un monaslère de l'ile de 57. Macaire (PMZ 4672) est lui aussi un correspondant de Théodore Stoudlte, qUI le souuent
Prinkipô (Panégyrique de Théophane, § 5 : JANIN, Grands celllres, p. 69). - Dans le cadre de l'cm' durant son exil (Lellres, n'" 159, 230, 294, 362 et 371). .
pore de Nicée, le monastère de Sainl-Antoine, fondé dans la capitale d'alors par Jean ru Vatatz~ 58. On ne connaît pas le nom de l'higoumène de Phlouboutè. 1\ est mention~é dans plUSIeurs
et confirmé dans ses privilèges par Michel VIII, était un monaslère de femmes (JGR, l, p. 661). /.tll'" de Théodore Stoudite, qui fait sur lui un commentaire peu flatteur quand " ~once à so~
46. Vie d'Allloine le jeune, éd. PAPADOPOULOS· I<ÉRAMEUS, § 24-25 et § 31-33. . foire Joseph sa d~fection (no 222) ; un peu plus tard, Théodore se réjouit que cet higou.mne soli
. 47. Vie d'Eulhyme Je jeune, § 7. Ce n'est d'ailleurs pas lôannikios qui donne l'habit monas- :.~u sur le,drolt chemin, comme celui de Médikion (nu 197). -le monastère de Phlouboutè se
tique à Euthyme (ibidem. § 8).
48. C'est C. Mango qui a le premier employé ce terme (Two Uves, p. 401), repris par
cdans 1 Atrôa (Vie de Coroslarorin le JI/if, § 9 et 10). .
l/.t 59. La Vie de Nieélas de Médikion (§ 41-42) corrobore le témoignage de Théodore Stoudite
D. S~LLIVAN, Llfe of St loannikios, dans BYZlll/lille Defenders of Images, éd. A.-M. TALBoT,
Washonglon, 1998, p. 243 et n. 6. lire,. n".I77, 197,222) qui annonce la défection de Nicétas, pUIS son revIrement.
49. Vie d'/ôallllikioJ par Pierre, § 55. 6O.lb~dem, no 306. Théodore le déculpabilise ensuite, quand il est relâcM (D° 354).
61.Ibulem, no 222, 1. 7 (~ naÀat Kou",roô'a).
LES MONASTèRP_t; 439
438 MARlE·FRANCE AU:ŒPY
ékè/è suggère que le changement de ligne pouvait entralner un
Macaire de pél L" conaclasme officiel permet bien sOr des accommodements :
Janin considère qu'ils sont sQrement bithyniens62 • mais seuls ceux d'Hérakl .
lIt de ent de règle". h 1 pour iconodoulie, comme Paul de Plousias?> et Jacque,
Goulaion64, de Médikion et de Phlouboutè le sont à coup sOr, et les deux de e~on6J, de
revenus plus lard sur leur décision. comme nous venons de le voi~s. Il y ml ers ~ont "",,8,01 ues déc uSBithynie une vie d'ermite - qui, dans le cas de Paul, paraît
moines qui ont profité de la crise pour s'emparer de l'higouménat : Théodo~ ~USSI les mène~t enonastères dont ils dépendent plus ou moins. Après le triomphe
cite le cas de PélékètèM, eIil exhale SOn ~ssentiment contre Léontios qui s'est ~OUdlte d~:rsité idéologi~ue es.t occultée grâce à ~ne ~bondante production
de SalckoudlOn et du StoudlOs.'. Or. tandIS que les hIgoumènes résistants sont mparé . rt/todOXI , ceue t les saints momes blthyntens de la pérIode teonoclaste, martyrs,
hors de Bithynie sous Léon Vet ne sont pas autorisés à reprendre la tête de leur menvoyés ~élé~ran rrnites, et à l'inscription de ceux-ci dans le Synaxaire14, de sorte
sous Michel U, ces nouveaux higoumènes, dans la ligne du pouvoir, continuen~~~tère slmd~ es eodoulie de la province est établie pour l'avenir.
vivre et fonctionner les monastères bithyniens. La reprise de la persécutio a aIre n ' Ic~~iècle, les fondations continuent: outre celle du monastère de Saint-
Théophile, semble peu les toucher: on connaît un seul exemple de communauté n, sous , e!:u:ans la seconde moitié du tX' siècle", et celle de S~ilakia sur l' Olympe
rique dispersée par l'évêque, celle de St-Zacharie dont Pierre d' Alrôa était higou ~nas­ Andrédalls 1 Arro l' fameuse est, au x' SIècle, cellc de la laure de Mtchel Malêinos sur le
Un autre exemple célèbre, celui d'Eustrate des Agaures, est moins clair que les n....
agl~
"1 'u~. sièdeJO,lal us. devient alors la seconde sainte montagne de Bithynie1&. L'Olympe
graphes ne veulent le faire croire69. Mont Kynun~7 .' ~U~tatut de sainte montagne acquis au IX' siècle: les aspirants à la vie
La Bithynie paraît ainsi avoir été durant ce. qu ' il es! convenu d'appeler l'icono- ,,,.Je quant à .UI et de s'y retirer19, sans pour autant y faire obligatoirement toute leur
clasme une régIOn monasllque partIculièrement vIvante. d autant plus vivante qu' 11 , '1'Ique contlfluen
ange '1 te une référence essenhe . que 1es empereurs
. Il e du monac h'ISme byzantm,
attiré des jeunes gens insérés dans la vic active, qui ont fait profiter le monac;' e a caniè"so, etl ':e telleS!. Un certain nombre de sceaux ou de colophons de manuscrits
bithynien de leur dynamisme et de leurs compétences. Elle n'a pas seulementt~me ,'OI\Sidè,.~t ~~;urs la pérennité de certains monastères, fondés aux vme-Ix' siècles ou dont
n?toriété de l'ic?nodoulie de cert~ins de ses moin~s, mais ~ussi du nombre et de ~: ~testent d a "t à cette époque. Les colophons offrent un tableau des monastères bithy-
dIversité, msmutlOnnelle et IdéologIque, des monaSleres qUI S y trouvaient, la résistan
k nom aPP"""an'é que les sceaux, concentrés sur trois monastères82 dont ils confIrment
à la politique religieuse impériale de quelques champions étant compensée par l'adhési ce nienS plus v
à cette même politique de la majorité des higoumènes. CeUe adhésion ne va en géné;;:;
pas plus loin qu'une communion officielle avec le patriarche'/); mais un passage de la DanS son nouveau monastère de la PrcJptlJl liôe, Macaire E:fPÉOEroÇ €ttt'fUXMV tOÙc; nriÂa\
• 11. ~ ov~ EV lOUlO\(; ÈVEOÛPYfl (Vie t l(' Macaire de Pélékèlè, § 12).
tII"~/~:'s tf.éophile, paul_ (PMZ 5853) est <xilé avec l:higoumène Clément non l?in du
62. Outre les quatre higoumènes d~ ":,o.naslèrcs bîthynit: I.l:- a~ ... urés. ceux de Phôteinoudion ê' de Saint-Cyrique, pres duquel se trou,"\? Jacques d Anchtalos (Vie de P,erre d Atrôa,
(JANlN, Grands centreJ, p. 189), de MyJal (IbIdem , p. 169) ct d l'I ~ pnlyc hnion (ibidem, p. 189) f7,~~~; il traite Antoine le jeune régu liè,.crn~nt à sa table (Vie d'Antoine le jeune, éd.
63. Le monastère d'Hérakleion (JANIN. Gral/ds cenln..',{, p. ! :;2· 153) se trouve à Kios au ~rd P I\IlOfOULOS-KÉRAMEUS, § 41-43).
de la mer (THtOPHANE, p. 479, 1. 26-28). Les Hèrakldôtai quI.: Th~(..Idore Stoudite rencontre à " 13. Sous Michel Il, Jacques d'A,nchialos (PMZ 2630) pratique l'anachorèse près du
Lampsaque sur le chemin de J'exil (THÉODORE STOUDITE, u:I/ln'. Il ' 3) ne sont pas des moines du nastêre des Eunuques (qui poum:nt elre Identique au monastère de Samt-Cynque: JANIN,
monasrère. mais peut-être des marins de la ville d'Héraklei;/ ,1.- Tnnu:c (CHEYNET-Fl.uslN. Ka/hara. Grandscentf(S, p. 162), où il apprend .Ie c.:-mon de )'hèsychin à Antoine Je jeune (Vie d'Antoine Je
p.205). . unt éd. PAPAOOPDULos-KÉRAMEUS, § 28).
64. Goulaion (JANLN, Grands celllres, p. 141) pourr;lit i: lrc: Identifié à Karaagaç sur la rive Jl 74. Sur ce point, voir A. Luzzi. Note sulla recensione del Sinassario di Costantinopoli patta-
nord du lac d'Apollônias, cf. COVEL p. 208-209 el n. 56~. cinata da Costantino VII Porfirogeneto. Rivista di Sil/di bizanrini e Ifeoellellici. n. s., 26. 1989,
65. Dans les années 824/826. l'higoumène de Goula.ioll ..: .. { peut-être dans Je même cas à p. 1l9-186, et ID., S//ldi s/ll Sillassal'io di Cos/tlll/iIiOpoli, Rome, 1995, p. 13-65.
moins qu'il n'ait été remplacé: Théodore mentionne à cc TllllIllCnt·!ü la luUe de l'higOUmène de 15. \>le de COlis/ali/in le Juif, § 50.
Gaulaion, qui a maintenu son monastère dans le droit chemin (THÉODORE SroUDfTE. UItTts. 16. Smilakia : fondation de Nicolas Chrysobergès avant son patriarcat (JANIN, Gmnds centres,
n' 495 : datation: ibidem. p. 451*). p. ISI).
66. TlŒoOORE SroUDlTE, Leures, n' 362 et5l2,1. 20-2 1 (cf. MANGO-SEVCENKO, CIJ/lrchts, 11. Sceau d'un higoumène du monastère, Grégoire (x'lxl' siècle, DO Seals, 3, 56.1).
p. 245-246). 18. Romain Lécapène envoie un nomisl1I(I aux moines du Kyminas. cf. ci-dessous note 81.
67. MOOORE SroUDlTE, Leures, no 333. 79. Les sources hagiographiques mentionnent le cas de Paul le jeune qui va à la laure de
.68. Dispersion de la communauté de Saint-Zacharie par J'évêque de Brousse, Uon, la Saint·Élie (H. DELEHAYE, Vita S. Pauli Junioris, AB, Il , 1892, p. 22), celui de Luc le Stylite (We
quarnème année de règne de Théophile (833): \>le de Pierre d ·Alrôa. § 63. - Mais Pierre n'est pas dt Uo' le Styli/e, § 19), et celui d'un fils de Marie la jeune (Vie de Marie la jelllle, § 24: AASS.
menacé et continue à vaquer à ses occupations dans ses deux autres monastères, Saint-Porphyre
sur le Ryndakos, et Kalonoros en Lydie. Nov. IV, p. 701). Les chroniqueurs citent le nom de Constantin Boïlas, qui s'enfuit sur l'Olympe
69. La Vie d'Eus/rate des Agaures accorde moins d'anenlion à la vie du saint avant 842 (§ 1 ~I"ter des ennuis et y est tonsuré (TftËOPHANE CONTtNUË, p. 411 ; Symeonis Magistri Annales,
ijid.m, p. 739).
à 12) qu'à ses miracles (§ 13-61). D'après ce texte, Eustrate, devenu higoumène des Agaures avant
l'avènement de Léon V (§ 7-8), a quitté son monastère en 815 (§ 10) et a vaticiné avec lôannikios 80. Le patriarche Euthyme aurait commencé sa carrière comme moine à l'Olympe (P. Karlin-
(§ 11) Jusqu'.au rétablissement des images (842), lorsqu'il retrouve son monastère et sa charge H'!1trdans \>led'Em"yme le pa/riarc"e, p. 31), où Constantin-Cyrille et son frère Méthode fureor
(§ 12) :. m... il semble être higoumène de son monastère quand il prévoit la chute d'Amonon (§ 21) moines dans leur jeunesse (\>le de C011s/amill, § 7 ; Vie de Mé/hode, § 3). .
qUI a heu ~n 838. p~ ailleurs, la Vie d'Jôannikios par Pierre semble indiquer qu'Eustrate .est l'Ath SI. RomaIO Lécapène ordonne que les moines de l'Olympe, ainsi que ceux du Kym,"as, de
de~e~u tarchvement higoumène des Agaures. probablement sous Théophile. puisque son accession l' ?' ct du LlUro" reçOIvent un lIomisma ('fHËOPHANE CONTINUÉ, p. 430) ; Il envOIe deux ken-
à 1 higouménat esl racontée assez tard dan, le récit (§ 59) peu avant l'évocation de la chute t,na '.ux mOI~~ de l'Olympe afin qu'ils prient pour le salut de son âme (ibidem, p. 440) ;
d'Amonon (§ 62). ' ,,~'Jan~n Vil vls~te les pères de l'Olympe (ibidem, p. 463-466; voir ici-même KRAVARI, texte
. 7~. Certains higoumènes font preuve d'une «économie» à toute épreuve: celui .de l'<!~' .3-74); NICéphore Phocas demande que les moines de l'Olympe prient au moment de
Maxlmm..ou à Constantinople a dit accepter de participer (~EtaÂ.a~tîv), mais non de commumer srW n de Calabre (DARROUZÈS, tpis/oliers, p. 149). .
(ICOlvro vlloal), .avec Je palliarche; Théodore Stoudire (lLllœs, n(452) n'accepte pas la manœuvre ""<coi. eXISte ~USSI des sceaux d'higoumènes de la côte asiatique en face de Co~stanu~ople ou
:~:I~~r~tà8~tét.s de Médikion de l'avoir fait; la lettre est datée par Fatouros (ibidem, p. 420*) I~ pli septentnonale du golfe de Nicomédie (Chrysopolis, Saint-Auxence, NosstOl). N ont pas
"empl,nKco,~pte les sceaux de monastères dont 1. localisation en Bithynie n'est pas assurée (par
e, o"","ob'phos).
- MARIE·FRANCE ,\ UZÉPY
,
LES MONASTÈRES 441

malgré quelques fondations 9t , la Bithynie a perdu le rôle


XI' et XII,' ~Iêcl~~ns le développement du monachisme durant les trois siècles
AUx, e avaIt J?U; des principaux monastères du Mont Athos à la fin du x' siècle
a fondall~ siècle montren! que le monachisme acco~pagne le mouvement
n aU XI, ur sa partIe européenne9 ', Le témOIgnage de Psellos sur
e J'el~pl~e.: que au XII' siècle, Élegmoi soit en ruines au moment où
t
ikio~93,. e rétabiit et lui donne son typikon, sont autant de preuves du
loprtétatre. e e dans la région. Ce déclin est cependant relatif, comme le
vie jl1onast~qu manuscrits CItés plus haut et la descriptIon lyrique des pentes
coloph~~~ :e moines, cénobItes, lav~iotes ou ermites, fai te par Psellos,
, peuP 'ne à l'Olympe94 , dans l'Eloge funèbre de son ami et défunt
11< mps mOI
IUI.aime un te Xi hWn95. . ,
triarche Jean p 'ècle les monastères btthyntens dépendent étrOItement de l' histOire
P" ÀpartlfdUXI~':'r un 'champ de bataIlle entre Byzantlfls et Turcs, pour ne rien dire
11< 13 province, '\~:i:", et ils ne constituent plus un ensemble cohérent dont on puisse
11< J'OCCUpatIOn , tant soit peu générale Tout au plus peut-on constater l'essor du
,.uacer une hl~OI~ du temps de l'empire du même nom (voir ct-dessous note 197), et
e
""""",htSm à "n certrun nombre de monastères blthyniens à devenir des métoques de
la telldanee popéur U à Constantinople, ou de monastères des environs de la capItale
rontJl1tlons lm nales
Fig. 1 - L'égli se du Ill ona :-. tere J'f~!l'g:I11(lj (l~~ note 189),
ll. LA GÉOGRAPHtE MONASTIQUE
l'importance: Médikion 8J, Agros, fondé par Théopllanc" ct Héliou Bômoi / Élaiobômo'
1 Élegmoi 85 , rénové au XI~C' siècle (fi g. 1). comme en témoigne le typikon établi par so~ Situer les monastères sur une carte (cL fig , 2) est dan,S la plupart des cas une
«refondateUf»86, En ce qUI concerne les colophons. 1. Huttt"f a recen sé quinze manuscrits . désespérée pour qui ne se satISfaIt pas des Ifltulllons et des méthodes du
écrits en Bithynie ou ayant une relation avec ceHe rég ion. pour la plupart datés du xae .n~n~96. La prospection archéologique me née en Bithynie n' a pas, dans J'ensemble,
siècle: quatre d 'entre eux viennent de grands m onas lêr(:~ de la ri ve asiatique face à p. ~ de préciser des locali saüo~s ; si un important matériel d' église a été relevé,
Constantinople ou de la côte septentrionale du golfe de :'iicomédie87 , trois fournissent ::ment des plaques et des pllters de chancel, tl est le plus souvent paléochrétIen
les noms de monastères bithyniens où l'on copiait des manuscrils: le monaslère de t comme il est généralement remployé, il a pu être transporté sur une assez grande
Sainte-Anne dans le diocèse de Kios, qui n' est pas autrement connu 88 , la laure d'Anémas :i;taJtce91 , La localisation précise des ~onustères .n'est pas seule,à poser probl~me.;
et peut-être le monastère de Kalamôn 89 , le monastère de l'A ,èkrètis près de Pythia90. celle d'un certain nombre de régIOns est egalement dlffictle, La descnpllon tentée tel dOIt
donc être considérée comme un essai et elle est obligatoirement partielle,
83, DO Seals, 3, 57,1. La géographie monastique de la région s' organise autour de l'Olympe, qui domine
84. Plusieurs sceaux d'higoumènes d' Agros aux x.: el XJ ~ siècles : Christophore (xe s., k pays et qui est omniprésent dans les textes se rapportant aux moines. L'expression «les
LAUREm', Corpl/S, V, 3, 1938; DO Seals, 3,42.1) el Léon (XI' siècle, ibitlem, 3, 42. 2), auxquels il plttsde l'Olympe», employée dans les textes hagiographiques98 , montre bien le statut par-
faut peut-être ajouter les sceaux de Clément. higoumène du monasthe de Saint-Théophane (xe/x~ S.,
LAUREN<, Corpus, V, 2, 1289, 1290; DO Seals, 3, 42.3), si le lllonaSlère a porté le nom de son ti<ulierde l'Olympe; c'est une sainte monlagne, appelée parfois tout simplement, tant eUe
fondateur. Ce monastère est toujours attesté au début du XIve siècle (JANIN, Grands centres, p. 198). esteonnue, «la montagne» , tO opoç99, ou <<la célèbre montagne», tO 1!Eptl36'ltOV OpoçtOO,
85. Sceaux de Clément, higoumène d'Hèli ou Bômgi (X"!XIC siècle, LA URENT, Corpus, V, 2. Dans les sources, le terme Olympe désigne la montagne elle-même, ses sommets sou-
1250 ; DO Seals, 3, 46.1 ), de Théodore, du Illonastère d'EJegmoi (X'/XI' siècle, LAURENT, Corpus,
V, 2, 1249; DO Seals, 3, 46.2) et d'Étienne, higoumène d'Elaiobômoi (première moitié du IX' s.,
sceau passé en vente [Baldwin, j uin 1991 ]). - Je remercie Jean-Claude Cheynel de m'avoir com-
muniqué cette dernière menlÎon.
. 86. Typikon, daté de 1162, du myslikos Nicéphore, qui aurail acquis le monastère à l'étal de , 91. En 1034, un ami de Constantin Dalassène, soupçonné de convoiter le pouvoir, se réfugie
rullle !JANIN, Grands eenlres, p. 144-146) ; éd. A. DtMmuEVsKu, Opisanie liturgilcheskij rukopisej, II00ympe et est tonsure dans le monastère qu'il y avait fondé (SKYLfT1.ÈS, p, 396), ,
113, Kiev, }895, p. 715-769 : trad. dans Byzantine nrollustic fOlilldatiolls Doclimellls. éd. J. THOMAS .92. relie est la conclusion de J. DARROUZÈS, Le mouvement des fondations monasbques au
et A. CONsTANTINIDES HERO, Washington OC, 2000, t. 3, doc. 33, p. 1042 s. Xl'SI!cle, TM, 6, p. 159-176, notamment p, 168,
87. Le monastère de Saint-Élie à Monokastanos (HUTIER, Scriplori", p, 386), celui de la 93. Voirici-mêmeKRAVARt, texte no 10, p, 75-76,
Théotokos dI! Pélékanos (ibidem, p. 383 ; JANtN, Grands cen/res, p. 94-95) et celui de aalakrènai 94. P~II~s fut mome à Hôraia Pègè (PSELLOS, Éloge de Nicolas, p, 19-20)" .
(HlJTŒR, Scriploria, p. 387).
, 88, Le manuscrit est le célèbre Météores, Mét.morphôsis 591, de 862/63, deuxième témoin . 95. you ICI-même KRAVARt, texte nO1l, p, 76-77, _ Le patriarche Xiphilin aV81t lw-même été
mollle à 1Olympe: ArrAltATE, p, 92,
de 1écnrure en mmuscu.le. Su: ce manuscrit, cf. HIJTTER, ScriplOri(l, p. 381 et n. 10. .
. 89. Le Prophètologlon Samt-Péten;bourg, aPB gr. 217, a été écrit en 1054 par un certam Selie, ~.~..MENTH?N, L'Olympe de Bilhynie, Paris, 1935,
mome de la laure d'Anémas de l'Olympe, au monastère de la Théotokos de KaI.môn (ibidem , 9B' V/If ICI·merne PRALONG, p, 225-264.
p. 386-387), qUl .est connu se,ulemenl par un autre colophon (JANIN, Grands celllrr!S, p. 154-155). '1)' Vi' d~ COII~/an/1I1Ie JI/if, § 70 ; Vie d'EI/lhyme le jeune, § 7,
. 90 .. Un scnbe du XIe slecle, TZoulzounas. a été moine du monastère de l'AsèkrèUs (HI.1TfER. 100 "d All/ome le jellne, éd. HALlON, § 3 ; Vie d 'Euthyme le palriarche, § U, p, 9, 1. 5,
SerlplOrta, p. 393-394). . Vie de LlIe le Stylile, § 18, p. 209, 1. 2,
LES MONASrtRIlS 443

442 MARlE-FRANCE AUZÉPY

vent cilés lOl , ses pentes et le piémont, mais n'excède pas, en général, cette défi' .
Channant pour les moines, l'Olympe est décrié par les esprits chagrins lo2 mIOlhon,
spécialités, comme la laitue (sauvage ?). sont estimées jusqu'à la CourlO3• aiS ses
L'Olympe n'abrite pas seulement des emlites vaticinant sur les pentes ou les 50
comme pourraient le laisser croire les Vies d'Iôannikios et d'Eustrale des Agaure~ets.
variété de la végétation répond la diversité des genres de vie monastiques, co~ , à la
montre bien la description déjà mentionnée de Psellos. On est bien empêché cepe~ le
de mettre un nom sur les monastères qu'il décrit. surplombant les versants ou cach~ anl
creux des pentes: les monastères connus de nous dont l'emplacement SUr l'Olympes au
assuré sont très peu nombreux. C'est le cas du monastère de Pissadinoi, dit êtr est
l'Olympe sans autre précision"),', de celui d'Hôraia Pègè, longuement décrit ~ sur
l'Éloge de son fondateur, le moine Nicolas, par Psell~s qui y fut moine: l'église é:~:
décorée de plaques de marbre et de fresques; le mon.stere comprenait hospice, hôtell .
et infirmerie 105. Psellos possédait d'autre part à titre de charistic.ire la laure de Kelli:::
ou Mégala Kellia, qui était dans la région de J'OIympe lO7 , et dont l'higoumène était peut-
être présent au concile de Nicée I~i08. ~e monastère d,e Mon.okast.nos, où se réfugia le
patrice et mys/i/ws Jean en 925, etaIt egalement SItue sur 1 Olympe lO9 , où se trouvait
aussi Smilakia (cf. p. 439 et note 76). La localisatIOn de ces monastères est inconnue.
Quelques monastères du piémont peuvent être considérés comme faisant panie de
l'Olympe: Saint-Zacharie et les Agaures, et peut-être Antidion et Baléos. 115 eut-être au pied de la petite chaîne de montagne qui prolonge
Saint-Zacharie, toujours mentionné dans la Vie de Pierre d'Alrôa comme l'OI~ni~ l' ~laine de Yeni~ehirllf, ; il dépendait de l'évêque de Brousse" 7,
à l'est de
«monastère de l'OIympe>>1I0, se trouvait au piémont ill . Proche des villages de Kakalosll2 1'01y~pe du cot en:à la province ecciésia>ti4ue de Nicomédie llS .
et de Kalouménè ll3 , il était à deux jours de marche de Nicéc ll ", ce qui invite à le placer cetévechéappre~a aures est moins difficile. puisque le biographe d'Eustrate, l'un des
LocahS~ eS ngastère est très précis: le couvent est situé au lieu-dit Kalymnos, à
101. G. MAKRls,/gnarios Diakollos und die \1ra des HP Grr'garios Dekapoliles, Stuttgart. higoumènesd u root moins 'de trois kilomètres, de Brousse, au pied du Mont Trichalix
Leipzig, 1997, § 53 ; Vte d'EllIhyme le jeune. § 7 ; Vie d'EustrtJrt' des Agallres, § Il. uinze sta es, SOI d' 1 A
q 1 )119 non loin d'un ruisseau l20 : C. Mungo propose e Sltuer es gaures, par
102. Nicétas Magistre compare J'Olympe à !'Hermôtos. qui J'emporte en tout sur son riva1.
sauf en ce qui concerne les moines, L. G. WESTERINK. Nicitas . VlIgisfrt)S. Lenres d'un exilé (928- (~chevedué» 't' mme un monastère proche de l'Olympe l21 , à l'ouest de Brousse l22 . Ce
..lieurs cnco . dé"
946), Paris 1973, no 20, p. 100-103. monastère était important, comme en témOigne le nombre e ses m to~ues, son Imp.or.
103. Théodore de Cyzique envoie à deux reprises à COflSl<.t1J[in VU des laitues de t'Olympe tanCe eSI sans doute en partie due à sa sltuatlOn, proche de Brousse maIS hors de la vtlle
(tàç oÂ.1.JJ.l7ttaKcXç 9piôaKa.ç) que celui-ci a appréciées (DARROl'ZES. Épistoliers, p. 324-328 el et au pied de l'Olympe, situation qui le mettait en contact avec la v!lle, la montagne et
329), - Par ailleurs. le patriarche Photius (Leutes, nO 25 : cf. GRU,\ŒL, Régestes, nO 49Oa) remertie
un hésychaste nommé Zosime de ses dons de châtaignes cl de champignons, qualifiés de ~~~n& .é .
«montagnards», mais l'on ne sait pas si Zosime habitait sur ,'Olympe, Quant à Antidion, monastère où lôannikios a com~encé e~ te~~ sa v,te ~onas-
104, VIe d'Eulhyme le jeune, § 9; cf. JANIN, Grands centres, p. 172-174. - Sabas, higoumène tique, il se trouvait sur la route qui, des Agaures montait vers 1 Atroa t•3, mars lOin des
de Pissadinoi. est mentionné par Photius (Lettres. no t5: cf. GRUMEL. Régestes, no 479), qui te
réprimaode. ,
105. Sur la décoration de l'église: PSELLOS, Eloge de Nicol"s, 1. 705-715 et 760-781 ; menlion 115. Cette localisation de Saint·Zacharie contredit celle proposée par ,v.Laurent (!'le d.
de j'hospice. de l'hôtellerie et de l'infirmerie, dont le personnel monastique est formé par des gens Pi,md'A/r6a, p. 37-38) à la suite de B. Menthon. Elle n'interdit pas une 10cahsaMn daos 1 Atrôa
qui ont occupé des offices palatins: ibidem, 1. 895-897. ,que Laurent, forçant un peu le texte, considère comme fournie par le SyllCIXalre, c. 42. . sur
106. PSELLOS, Lettres, éd. KD, nO 273 = MB, nO 36. 116. Les sommets de cette chaîne, orientée nord-ouest 1 sud-est, culnunent à 700 mètres, .
107, PSELLOS, Lettres, éd. KD, nO 108 (1\ 'ID" M<'(ti/-oo" K./-/-(oov ""UPo.). 1. cane turque (t29), ils ponent les noms de Dede Tepe, Tuzlahk Tepe el Mustafa Tepe ; ce dermer
108. Il Y avait à Nicée II les higoumènes de deux monastères de KeJlia aux vocable.s sommet domine au nord un "illage qui pane le nom d'Ayazma.
différents, mais le nom «(les cellules») est si fréquent qu'on ne peut savoir si l'un des deux étail 117. Vie de Pierre d'A/rôn, § 63,
higoumène du monastère dont Psellos fut plus tard charisticaire (JANIN, Grands centres, p. 160-161). 118. Miracles de Pierre d'A/rôn, § 103.
109. Ce monastère devint au xne s, une dépendance du monastère impérial du Pantocrator à 119. Vie d'Eus/rate des Agallres, § 4.
Constantinople; son typikon est mentionné à cette occasion (P. GAunER, Le Typikon du monastère 120. Ibidem, § 24. » ,
du Pantocrator à Constantinople, REB, 32,1974, p. 71-73): cf. JANIN, Grands centres, p. 168-169. . 12I.Vied'/ôanllikios par Pierre, § 7 (,~v npàç tO ,(Xp<XI,d~€vov 'O..u~nlO" opaç ~oVT1v, tirv
110. Cf. entre autres: VIe de Pierre d'A/rôn, § 50, 51, 54, 55 ; même localisation daos la Vit
de Luc le Stylite, dans laquelle le monastère est appelé laure (§ 18 et 19). "ov"".Ço~ivqv'Ayo.upoov). éd
J Il. Pierre d' Atrôa, alors près du fleuve Halys, reçut de l'Esprit saint l'ordre de retourner~n 122. CeUe localisation est fondée sur l'argument suivant: le corps d'Eustrate est rameo 52)
~hrygie et de s'arrêter, en faisaot le tour du pied de l'Olympe (n.p,"/-aow ,oû 'O/-,,~no~ ~" ~"~I!a1e aux A&aures en passant par les thermes de Brousse \Vie d'Eus/rate ~es Agallres~usse:
u'~Elo."), à une chapelle dédiée au prophète Zacharie (VIe de Pierre d'Atrôn, § 9: volt ausSi, Ibi- qullmphquerau, SI l'on est sOr que le groupe ramenant la rehque est passé d abord p~ B . d
dem, p. 37). Le monastère était «aux pieds du Mont Olympe» (VIe d'Iôannikios par Snbns, § 44). ~ue le monastère se situe au-delà des thermes quand on vient de Brousse, donc en direcuon e
112. Miracles de Pierre d'A/rôn, § 105. ouest OGNACE LE DtACRE, p. 188). Il d
113. Vie d'Iôannikios par Sabas, § 44.
114. Miracles de Pierre d'A/rôn, § 103.
l'A 12l.Vie d'IIJa?nikios par Pierre, § 8. - La localisation d' ~ntidion dépend donc
ntrôa. Si cette région correspond à la plaine de Yenijehir (cf. CI-dessous, p. 445), Ant
::0":':rai~
est de Bru.sse.
MARIE-f-"'RANC'E Auzf':ry !.l'.s Mf lNA S·1f ~ kEt.;
444
A~;Hlrc~l~". duns la montagncH."i; le manuslère étnil surplombé pur un sommet d' . dresse une leure l'I un arc~imancJritc de ."()Iym'pel.\~ et lIne inscription du XII<" 'dcd c
Komkos Képl,.al,è (âlêre de COroc:l~U»)12f1. Il ~'est pus dit que ~e monustère était s~~ ~~ccl11mcJ1t retrouvée, l~lentlOnne un ~m..:hllmtndrllc sur J'Olympe1.\'J qui était un m()in~
l'Olympe. mais Il est probable qu Il se trouvait sur le versnnl onentnl de la manlag d' Élegmoi . monastère ~Itué sur la côte, au sud.().uc!i~ ÛC Kic>s 1 Gcmlik. Psellos lai.'i\c par
lônnnikios, qui (UI cnten'é à Antidion, est en tnut C.lS .souvent mentionné comme ~o~e. lilleurs entendre que 1 Olympe a ~n st~l~t partIculier, qui le met à r ahri des interve n.
de l'OI)'n~pcl2'. ~ rail qu·.lgnac~.dc ~icé~ écli,,: à !:hig~lIlllène pour lui reproc~:~ tions des instances du t~ème (de 1 <?~slkIOn)'41). .Enfln. il semble que l'Olympe ail eu
d'avoir lAIssé pnnlr un,novlce qu Il, hll avait cont,lé.n tlllphque pas qu'Antidion était sinon une règle, du moms une traditIon. monastique. pr?pre puisque. ~u monastère d~
Silué dans le ress0I1 de 1 évêque de Nl~é.e (dont les lllllltes s~nt I\:al ~onnues). cnr Ignace, psamathia fondé p~ Euthyrne à C~nstanunople, on SUIVait «la t~aditjon de la montagne .. ,
dans ceue leure. semble reg 1er une anmre personnelle plutot qu agir ès qualité'''. n 1tcxpdÔ0 01 ç ~o~ opouç •.en c~ .qu,1 co~(;eme les mesures de VIIl servies aux moine:'iI~I.
Le monastère de Baléos. Balaios ou Bolion. " ne pas confondre avec celui d Ces indices, SI minces sOIent-Ils, suggcrcn~ que ,les .monastères de l'Olympe. sans ~voir
Balaioi"'. n'était probablement pas loin d'Antidion : une chapelle de Saint-Nicolas. a~ une organisation commune de type athonJte, n étalent pas sans liens entre eux el for~
dessus du monastère de BaJéos. est Je lieu d'une rc!llcontre entre lôannikios, alors SUr maient une sorte de com~una~t~. .
l'Olympe. Cl Pierre d' Alroa. ql~i Hvait voulu le voir avan.t de ,01?urir I30. Cette chapelle, L'Atrôa est u~e plmne v~.}lslne de 1 Olympel42 où étaient situés un cenain nombre
o~ est mort Pierre d'Atroa, étaU en hauteur ''. proche d AnlldlOn'Jl et elle n'était pas de monastères: Samt-Zacharl~ (cf; no~e 115). Phlouboutè l4J • Saint-André' ..... Si la dis-
'
trop éloignée de Saint-Zncharie 'J·\. Les monastères de Saint-Zacharie. d'Antidion et de cussion sur la IDealisatIOn de 1 Atroa n esl pas cJose l45 , la localisation longtemp
Baléos seraient donc sur le versant oriental de l'Olympe. proches de la plaine de l'Atrôa. tée. la haute vallée du Nilüfe; à l'oueS! d: Brousse l46 . n'est pas convaincante. ~~~;:
Avant de quiller l'Olympe, on pellt s'interroger sur le type d'organisation des fondée sur deux argu~ents : 1 u~ estttré d u~ passage de la Vie de Pierre d'Alrôa relatif
moines de la sainte montagne: Janin pense qu ' il n'y en :lVaÎt aucune 134 . Cependant, li à Saint-Zacharle l47 , 1 autre, de 1 eX lStcnce d un Village nommé de nos jours M· 'ka il
semble bien que tous ces moines, cénobites, lavriotcs ou enlliles, fonnaient un ensemble l'ouest de Brousse. qui serait il identifier avcc le village de Mésôn. situé on v~s; ~' 11 .
qui avait en tant que tel une existence (voir ci-dess us) : les moines de l'Olympe se dans )'Atrôa d'après la Vie de CO/ls/all/iule Juif. Aucun de ces arguments n'em en °1
rassemblent aulOur de Théodore Stoudite pour bénéficier de scs pnroles avant son dépan conviction. La Vie de COIISIOlllill 1" JI/if fait plutôt penser que l'Atrô. ét.it pr:'h e da
de Brousse pour Chalcédoine, peu avant s3 mortD:'i ; l'empereur Basile Icc réunit «pour Nicée: Constantin, venant du suci (de Synadal. s'arrête. avant d'arriver à Nicée da e e
148 . • l' . ns un
une certaine affaire» les higoumènes de 1'01ympe1J6. Par ailleurs. il existait un ou des village nomm é AthrDa ,CC qu , suggere. que Alrôa était au sud de Nicée. Plus tard.
archimandrites de l'Olympe: Platon du Sakkoudion pOl1e le titre d' archimandrite au après son retour de Chypre. ConSlanttn s ms talle au Village de Mésôn. dans l'Alrôa'4.
concile de Nicée Il, sans que l'on sache au juste à quoi " " Tes pond ce titre 137 • Psellos et la ville proche. celle où il va vni r des amis'so el qui est le théâtre de ses succès";
conune de ses échecs '52 , est Nicée. Nicée est visiblement la capitale régionale de l'Atrôa
124. VIt d '/ômmikios par Pierre. § 9. ce qui exclut une localisation il l' ouest de Brousse. Nous proposons donc de situe;
125. \Ilt d'/ôamrikios par Sabas. § 8 ; celte Vie précise (ihidem ) qu e, en venant des Agaures, l'Alrôa dans la plaine de Yenijehir. ce qui convient à la localisation de Saint-Zacharie et
lôannikios s'est arrêté au village de Kastoulos. près duquel !\e trou\'e k monastère de Télaos. La à celle d'Antidion, envisagées plus haut. p. 443-444, el n'est pas en désaccord avec les
localisation dans la montagne est confimlée par la Vie dl.! Con.wO/lfin ft' Juif. § 61. mentions d~ l'Atrôa d~ns les sources '53 . La localisation de l'Otroia de Strabon (=AIrÔ3 1)
126. \ie d'/ôanllikios par Sabas. § 9. - Sur la locali $<ltion d' Antidion, voir l'analyse de dans la plame de Yem§ehlf est lin argument supplémentairelS4.
C. Mango (IGNACE LE DIACRE. p. 188).
127. W. REGEL. Narrationes de Theophilo imperatore constl ntinopolitlno et Theodora impe-
ratrice sub restitutione sanctarum imaginum, Allalt'cta Byzarlfi llo.RlIssica, Petrograd, 1891, p. 30-
31 : We de Michelle Srncelle. § 26: éd. M. B. CUNNINGHAM. The Lift of Michaellhe Sy"kellos, 138. PSELLOS. Lel/res: ,',lB. nO185 = KD. no 112.
Belfast. 199\. . 139. TUNAY, Aberkios. p. 67-68 ; MANGO. Élegmoi. p. 175 n. 43. - Voir ici-même. p. 60.
128. IGNACE LE DIACRE. lettre 33 et p. 188. 140. PSELLOS, Lettres: W. nO108. p. 137. 1. 13.
129. Le monaslère de Balruoi, ou de Balentia, qui appartC!nait à Pierre d'Alrôa, se trouvait 141. Deux mesures le matin. une le soir (We d'Euth)'rne le parriarr:he. § lX. p. 55.1. t4l.
non loin de Kalonoros en Lydie (We retractata de Pierre d'Alrôa , § 49-50: cf. ibidem, p. 44-45). 142. UON LE DIACRE. p. 177 : «la plaine (pMias) de l'Atrôa située il côté de l'Olympe».
130. We de Pierre d·Alrôa. § 80: la We dïôa"nikios par Sabas (§ 44. p. 270 B) est un auIre 143. Vie de Consra"lill le Juif. § 9-10.
témoin: dans la phras,e Èv tq; ùR~vro t~ç Jlov~ç J}a01ÀtlOU va<!i fOÛ àyio\} N1KOMXOU, il faut en 144. Ibidem. § 50.
effet corriger )3aG1M10U en BaÀ.a.lou, leçon du manuscrit 3. 145. Les données sont consignées avec une grande clané par C. Mango (IGNACE LE DIACRE.
131. Depuis Saint-Zacharie. il fanait monter pour parvenir à ce kellion (Miracles de Pierre p. 188).
d·AIr60. § 89). . !46. Celle localisation, proposée par B. Menthon. a été acceptk parV. Laurenl (Vie de PiaT<
132. Cette proximité se déduit du fait qu' lôannikios était à Antidion lorsque Pierre voulut le dAtro., p. 37·38) et par R. Janin (Gra"ds celllres. cf. carte p. t30).
rencontrer (références: note 130); elle est confirmée par une anecdote rapportée dans la Vie 147. ~f. n. 1II. - Laurent s'appuie sur le fait que. venant de l'Halys (Kmhtmak). le sainl
d'Iôannikios par Sobas (§ 51 : cf. JANIN. Grallds centres. p. 140-141) : le moine Étienne, de son COntourne 1 ?Iympe pour trouver Saint-Zacharie. pour placer ce monastère à l'ouest de l'Olympe :
kimon situé à Kochlia au...<Jessus du monastère de Baléos, surveillait les allées et venues autour du cette déduction est trop aléatoire pour fonder la localisation du monastère.
ktllion d'Iôannikios au~dessus d'Antidion, 148. We de COllstallli" le JI/if. § 9.
133. Voir le miracle effectué par la dépouille de Pierre d' AlrÔa à Saint-Nicolas pour un moine 149. Ibidem, § 46.
de Saint-Zacharie qui, bien que très malade, avait pu monter jusque-là (Miracles de PI~rre 150. Ibidem, § 52.
d·Alrôa. § 89) ; par ailleu.... le ré<:it de la Iranslatio de la relique de Pierre de Saint-Nicolas àSalOt- 151. Miracle du gros poisson pêché dans le vivarium près de Nicée (ibidem): int<rvenlion
Zacharie laisse penser que les deux établissements n'étaient pas très éloignés puisque ammne étape auprès de deux moines du monastère tou Hyakinthou il Nick (ibidem. § 55).
n'estllOlk (ibidelll. § 97). 'li 152. Constantin ne parvient à convertir que quelques membres de la communauté juive de la
134. JANIN. Grands centres. p. 128-129. VI • et manque se faire tuer (ibidem. § 51).
135. Vie A de 171lodoreSloudite,§ 115. c. 217-219 ; WeB, §58,c.316. é153. Cette localisation a déjà été envisagk par É. Malamut (Route. p. 33l et eUe est prudemm<nl
136. Vie d'Hilarion. p. 134. sugg rée par C. Mango (IGNACE LE DIACRE. p. 188). . . .
137. JANIN. Grands cenlres, p. 430. 154. Otro,. est localisé dans la plaine de YenijChir. pres de Hayriye. en raison d'une tns<:np<IOt1
,.
$
MARIE· FRANCE AUZt!Py I.ES MONAS1"i:JtES
446

Autre région monastique proche de l'Olympe, celle de Pandèmos. Sur la rout


montagneuse et difficile. des Agaures à Pandèmos se trouvait le monastère d ' Eunouch e~
(<<des eunuques»)"'. À Pandèmos, il y avait aussi un monastère appelé Éristè, ~~
lôannikios reçut l'habit m~nastique sous l'empereur Nicéphore; c'était un des plus
importants monastères de Blthyme l56 . Cette régIOn 157 semble bien localisée par Janin, au
sud-ouest de Brousse l58 •
Vers l'ouest, on rencontrait, dans la région du lac d'Apollônias, plusieurs
monastères: outre Goulaion, localisé près d'Apollônias l59 , un monastère se trouvait
dans une île du lac appelée Thasios l60, qu'Iôannikios. grâce à sa dynamis, débarrassa
d'un grand dragon et de multiples serpents, hôtes de ces lieux; un autre, Saint-porphyre,
rénové par Pierre d'Atroa, se trouv.. t sur le Ryndakos, entre Lopadlon et la merl61 , pro-
bablement sur la rive gauche, en Hellespont l62 .
Vers le nord, on trouvait des monastères situés sur le rivage de la Mannasa, ou à
proximité. À l'ouest du Ryndakos, Agros ou Mégas Agros. monastère de Théophane au
pied du Mont Sigrianè l63, dont l'importance est marquée notamment par le nombre des
sceaux de ses higoumènes (cf. note 84), était proche d'un autre monastère appartenant à
la famille de Théophane. Polichnion l.... D' ouest en est à partir de l'embouchure du
Ryndakos se trouvaient les monastères de Pélékètè l6' (fig. 3 ). de Médikion l66, et de
L ·~·,gli,,~ du monastère de Péléli.èlè

(Barringlon Atlas 0/ ,he Greek and Roman World, Princelo n. :?OOO. ca rl ~ 52, F'4). - Par ailleurs,
Mésôn pourrait éventuellement être rapproché de MesenÎ s. vill age q UI se trouve à l'ouest de Trigleia, dont les b~timents on., 1.~lé décrit s par ~. Mango et I. Sevéenkol67. On ut
Yeni~ehir (carte turque, 130), non loin d'Ayazma. cité plys haUi n (~.l r.! 11 6. ajouter à ces. monasteres d.e I..~ L.f\t'~ k s mo nas tère s Insulaires nés de la persécution ic:o-
155. Vie d'Antoine le jeune. éd. PAPADOPOULOS-KERAMEl 'S. ~ 27-28. - Le monastère portait c1aste. ca~ Ils ont parfOIS t:!,lC .h1ndés. ~ar des higoumènes bithyniens exilés : l'ile
peut-être le vocable de Saint-Cyrique (voir ci-dessus notes 72 e l 7 J \ d'Aphousta (Av~ar adaSl) a alll S! acc uellh sous Théophile Macaire de Pélékètè, qui y a
156. Vie d'Iôml/likios par Sabas, § 13.
157. L'expression ~ Èvopia toi) nav5~llou est employée. dan\ b \'ic dïôanllikios par Sabas, fondé un mona~tère et qUI y Cst I.~"'nl(>s, et Jean de Kathara l." Signalons aussi que, dès
la fin du Viti' Slecle, eXIstait slIr 1 !le de Kalonymos (lmrah), en face de l'embouchure du
§ lO'158. JANlN, Grands centres, p. 148-149 et carte p. 130. - J,. p, G~éloÎs song~ à une identifi- Ryndakos, un monastère Ol! l"lac / Théophane a séjoumé l7O, et que l'île abritait toujours
cation de J'évêché Néocésarée-Éristè (cf. Notitiae, index. p. 490) 3 V~C r"htah, qUI se trouve entre des monastères au XVIIe siècle 1Î 1.
Brousse et Apollônias sur la route romaine, et où été trouvé un illl ro ni.l.n~ matériel épigraphique Si l'on continue à suivre la côte vers l'est, on arrive dans la plaine côtière de Kios
romain et paléochrétien. Au sud de Tahtah se trouve une montagne. Jppt:1ee Manastlr Tepe (carte
turque, u24). / Gemli~, q~i portait à l'époque médiobyzantine le nom de Katabolos. Cette région
159. Cf. CÎ-dessus, notes 64 et 65. - Le choix de J'higoumène de Goulaion comme ambas- aUetgn.alt à 1 ~uest :",pamée / Mlldanya. pUISque le premier monastère de Nicéphore de
sadeur de l'empereur Nicéphore auprès du calife Haroun al R.\shid est peut-être un signe de Médlkion, qUI était proche de MédlklOn (cf. noIe 25), se trouvait "à l'ouest du
l'importance du monastère (JANLN, Grands centres, p. 141-142), Sur la côte méridionale. du lac se Katabolos» 172. En p~ofon?~~r. les limites de ~eue région sont moins nettes: s'agit-il
trouvait un lieu-dit Métôpa où était une forteresse, lieu de détention de Théodore Stoudl~e (Vte C
de Théodore SlOudite, p. 284; Vte de Nico/as S/olldite. c. 881 c -884 a), et où, au XIIIe Siècle, est seulement de la plame cotlere. ou de toute 1 étendue, plaines el collines, qui sépare
mentionné un métoque de la Vierge (ACles de Philo/hée, éd. W. REGEL e/ a/., Saint-Pétersbourg, Brousse de la mer l13 ? La première hypothèse semble plausible : le monastère des
1913, réimp. Amsterdam, 1975, no 3, J. 75.). . Agaures, qui possédait plusieurs métoques autour de Brousse, avait un métoque dans le
160. Vie d '/ôannikios par Pierre, § 37. - Un monastère est l:nenllonné 'par I~s voyageurs à Katabolos, qui a été visité par l'higoumène 17', et les attelages des Agaures allaient dans
l'époque moderne sur l'île en face d' Apolyont (COVEL, p. 2(8). qUI peut être ldenufiée avec celle
de Thasios, et sur laquelle il reste des ruines d'une église (C. MANGO, The Monastery of
St. Constantine on Lake Apolyont, DOP, 33, 1979, p. 329-333). . 167. Cf. JANIN. Grands ce"tres, p. 185-187; MANOO-SEVCENKO, ClllIrehes, p. 235-248.
161. Vie de Pierre d'Arrôa, § 47 et 64 (situation sur le Ryndakos), § 66 et 76 (non lOIn du lac 168. Vie de MaCaire de Pélékèrè, § 15-17. La relique de Macaire est restée dans ce monaslère.
d'Apollônias). o~ elle opère des ~iracles (ibidem, § 18). _ L'île a une pointe appelée Manasur (carte turque. rI3).
162. Ibidem, § 65 ; JANIN, Grands centres, p. 209. 169. Synaxarre, c: 634 ; cf. STIERNON, Katlmm, p. 125. _ Autres exilés à Aphousia, qui ne
163. Panégyrique de Théophane, § 6; Vie de Théophane par Méthode, § 23-24; JANIN, Sont pas blthymens : Hllanon de Dalmatos, les frères Graptoi et Syméon de Lesbos, qui y fonde
Grands centres, p. 195. - La localisation de Mégas Agros proposée par Mango-Sevéenko (Churches, ~n :on~stère (Actes de David, Syméon et Georges de Lesbos, AB, 18, 1899. p. 209-259: exil ù
p. 253-267), près de KU"junlu, peut être acceptée. On trouve sur la carte turque (s20) un Pana- p OUSIa, § 23 ; monastère à Aphousia. § 24) ; cf. JANIN, Grands celll",s, p. 200-201.
ylrdere non loin de la côte, à peu de distance à l'ouest du Ryndakos.
164. Polichnion, sur le Mont Sigrianè, où Théophane devint moine (Vie de Théophane par
re 170.. Il Y aurait reçu la tonsure (Panégyrique cIe Théophane, § 6); il Yserait resté si.' ans
ap s fvolf reçu la tonsure à Polichnion (Viede Tlréophan, par Méthode, § 23).
Méthode, § 21), se trouvait à six milles d'Agros (cf. JANIN, Grands centres, p. 207-208). 71. COVEL, p. 186-187; MANOO-SEVCENKO, Churehes, p. 242.
165. Vie de Macaire de Pélékètè, § 3-9; JANIN, Grands centres, p. 170-172; MANGO- Ka ~72. Le premier monastère fondé par Nicéphore était SUI un proasteion familial .4 l'ouest du
SEVCENKO, ChuTehes, p. 242-248. . ta los» (Vie de NrcépIrore de Mldikioll, § 6) ; cf. MANoo-SEVCENKO, Ch.rehes, p. 242 et n. 45.
166. Vie de Nicéphore de Médikion, § JO; PSELLOS, Lettres: MB, nO 29 = KD, no 125 (vOIr 173. Jamn, (Grands cell/res, p. 131) songe à un triangle Kios - Brousse: Apamée. .
ici-même KRAvARJ, texte no JO, p. 75-76); JANIN, Grands centres, p. 170-172 ; MANOO-SEVCENKO, 1 1~4. Vie d Eustrate des Agaures § 14 _ Les habitants du Katabolos aUaIent aux Agaures sur
Chutches, p. 240 ; voit ci-dessus note 25, ci-dessous note 207. e tom au d'Eustrate dans l'espoir d:etre guéris : ibidem, § 56 et 58.
448

teKalabolos 17·\
MARIE-FRANcr:: AUZ~P Y

qui semble. à lire la Vie d'Eus/rate des Agoures, être Une régio
• LES MONASTt!RF_Ci

ud_ouesl de Yalova, le bourg ~e PYlhi~. ~ont les thermes, construÎls par Justinien ':-oOn\
449

proche du monastère. mais non contiguë. Le monastère Je plus connu du Katab ~ cenes s 'ours en fonclion. a bénéfic,é de la v'~lIe fréquenle des empereurs"', CI posséd· ~ .d .
sur la côte. celui d' Hèliou Bômoi Élegmoi (fig. 1)'76, localisé par Pargoire 0 os eSI. ~O~~ses el un hôpitnt lS9 . À Pylal se trouvait un xéllodoclleion dont le directeur é~ ' l ~lt c.~
Mango à K~~llnl.ul17. où l'église subsisle, et a été récemmenl fouillée"8. Au IX' ~~I:~r S~lles listes de digni~ésl90. Kathara f~isajt p~ie de cet en~mble. qui paraît être un ~~~n~~~1t
élaH en étroite liaison avec le monastère des Agaures. pUisque son higoumène N" )' Il . périaJl91. Les notices de manuscnt~ tém01gnent aussI de l'existence au XIe 'è 1 Pd" C
élail le frère d·Eustrate. higoumène des Agaures l7•. ,\u XII' siècle, son refondat'CO ~s: ,01 1ère de l'Asèkrètis près de Pylhia (voir note 90). , S I ce. un
donne un typikoll copié sur celui de Saint-Mamas lso• A Kîos même, ou à proxim:~ UI O1on~ur la côle méridionale du golfe de Nicomédie, à l'esl de Yalova 1
le livage. se trouvait le monastère d'Hémkleion (cf. note 63). qui est .Ilesté par di~ SUr araissent avoir été plus souvenl urbains que dans le reste de la Bithyni~ .es monastère;,
sources depuis les années 780 jusqu'à celles suivanlle rélablisse ment de l'onhodox:~8~s PHélénopolisl92, Prainélos'93 el Nicomédie'.'. Cependant il existail auss', d' on en connall
à . 1 è . es monaslères
et donl l'higoumène ponaille titre d·archimandrile'''. l , rauX dans la régIOn: oulre e tr s ancIen monaslère de Saint-Aulonome (f 9
Au nord-ouesl. le massif de l'Arganthônios domine la côte septentrionale du golf ~ monastère de Nicéphore de Sébazè près de PrainétosI9', el celui de pasc~. ~ole 1.
de Kios el l'extrémilé orientale de la côte méridionale du gol fc de Nicomédie; dans ceu e e pachymère
se lon < .'
dominail la mer

el surplombait le
.
fleuve Drako'n l96 •
Pl aslOS qUI.
us au sud les
région qui va, en gros, de Kios à Pylai. se trouvaient un certain nombre de monastères,si monastères étalent nombreux ~ N\cée et o~ en connaît quelques·uns aux alentoursl9; Le
dont les plus connus sont Sakkoudion et Kalhara. Sakkoudion a élé récemment localisé plus ancien monastère de la VIlle ."',1 celu, de la Hyakinthou, ou de la Dormition; ii eSI
dans l'Arganlhônios l8'. Un des sommels du massif, aU lIord-ouest, est appelé Manasl célèbre pour le décor ,conoclasle. a 1 ahSlde, Iransformé après le triomphe d l' nhod .
Tepel85 ; t'endroit pourrail convenir !lux descriptions de Sakkoudion dans les Vies d; qui a disparu au début du siècleI9'. e 0 OXIe,
Théodore Stoudite,s6. Selon Jean d'Ephèse, le monaslère de Kathara était proche des
lhemles de Pythia"7. ACluellement appelé Termal el silué à une dizaine de kilomètres au

188. EnlIe autres, Théodora (MAl.A..,\S. p. 368), Michel nt (liie d. Nicolas S'oud' 909
115. l/>idem, § 29. Léon VI sont venus à Pythm. D · apr~.'lo k Dt! (ldministrando imperio Léon VI avait fai~,e. c. . il) et
l76. Le monastère est dans le Kalabolos (Vit! d'Eus/ra il: dt'( A ~W llres. § 23), - Sur ce dromôn JXlur qu~ la cou~ pu~sse l·a~\:omp."\gner à N;c,o~é?ie. à. Pythia ou sur l'Olympe (rut§~I~n
monastère. voir JANIN, GralJds cell1res, p. 142-148. 189. MentiOn de 1 église de l ,".l;d wnge et de 1 hop.ltal, embellis par Justinien; voir ici-mè~e
177. J. PARGOIRE, Epitaphe d'un archimandrile du Monl Olylllp ~. EO,4. 1900-1901, p. 351- KRAVARI, texle nO 3 (Proc0!'C)' p. 67 ..(») .• ~ Lors de ~on séJOur, Théodora fil des donalions aux églises
359; MANCO, tlegmoi, p. 169. - Ce Ku~unlo eSI ft di:-.(in~uC'r de ç(" lui mentionné note 163. (MALALAS, p, 441), À partir du X I~l< s.lcclc. la locall!é est appelée Pylopythia, et deult monasll!res
178. 1\JNAY. Aberkios. La fouille a pennis de. pr~( i:\cr IJ dmll\ologie (l'église actuelle y sonl aueslés, le métoque de «1 alTon" (ou Pméron), dépendance de Sainl-Oémélriu ~ dé à
qui date des Xlt-xUe siècles, a été précédée par une petite basiliqlle des \" -·VIC siècles), et de retrouve; Constanti~ople par Michel VIlJ. ct c..:.dlJi de Zigritz~ qUi,.so,us Jean III Vatatzès. devint u; m~~ue
deux inscriptions relevées au XIXC siècle et perdues depuis. \I~l!H ..:d lc d'un archimandrite de ~)~oufimanes, en face de COnSlJ.ntllH1ple sur la cote aSiatIque (JANlN. Grands celUres, p. 99-101 ,
l'Olympe (voir plus haut. p. 444-445) : un reliquaire en pierre t.'n fO llllC J;; sarcophage a été découven,
179. Vie d'ElIs'rate des Agaures. § 3S et 51-52. . 190: Dans le Klètorologioll J ~ Philothée, les xéllodochoi de Sangaros. de Pylai et de
180. Typikon de la Vierge È.lio~ Bômôn ou Élegmoi, cf. ~j·lks.s u ~, note 86. - Le typikon NIComéd,e dépend~nt du grand curakur (O'KONOMlDès. Listes, p. 123). - Une inscription de 1. fin
confirme dans le prologue la locallsallon dans le Katabolos \SOUS la ronne Kalabolion}, du Ville slèc!e menuonn.ant le xe/~(J(loclr eum de Pylal a été retrouvée (MANGO. Hélénopolis. p. 155 ;
181. L'importance du monastère se déduit de divers indices: la plaœ de l'higoumène dans Foss, Strob.los, p. 94), une lelUe de Oaphnopalès est envoyée au .réllodochos de Pylae (n' 31).
la liste des moines signataires à Nicée n et son litre d'archim:mdritc (JANIN, Grands celllres. 191. Rappelons .que Pylal est un des lieux de rassemblement des troupes quand l'année part
p. 430); le fait que Bardanès Tourkos s'y réfugie en 803 ct qu ' un navire impérial vienne l'y en camp~gn: en Onent (T!t~t~e Treatise..... p. t~4~. Sur l'importance de Pylai, voir LEfORT,
chercher (TtŒOPHANE. p, 479). - Les sources citant ce monaslère so nt. dans l'ordre chrono- COm!"WIlCallolls~ p, 211. Par aJlle~,rs . le ch?IX de 1 higoumène de Katham parConstanrin VI et par
logique: la Vie de Nképhore de MédikiolJ, § 6 (ne pas tenir compte de la n. 3 de l'édition, p. 408, Tar~lIse pour bénir le second manage de 1 empereur (TH~oPHANE, p. 410) implique que Kathara
où est affinnée l'existence de trois monastères ~(d' Hérakleion» : rerreur a été corrigée par Janin, ét3U un gran~ monastère dépend:'lOl soil de "empereur soil du patriarcat.
Grands centres. n. 6 p. 152), les Actes du concile de Nicée Il, la Chronique de Théophane, la VIe 192. Samt-Lucien (JANIN, Grallds centres , p. 91-98).
d'/ôannikios par Sabas, § 43 et la Vie d 'Antoine le jeune, éd. HAL KIN , § 4, 193. SalOl:Georges, représenlé il Nicée Il (cf. ci·dessus. p. 433 el noIe 11).
182, L'higoumène Joseph qui reçoit, au début de sa canière mOn<lstique, le jeune Nicéphore
à Hérakleion (Vie de Nicéphore de Médikion, § 6), signe à Nicée Il avec le titre d'archimandrile,
\94. La y,Ue po~stdail plus!eu~ institutions de bienfais.ance, dont cenaines ont pu corres-
pondre à des. mo~asteres: le ploc!lelOlt de Géragathè, mentionné d3l1s la Vie dt' Théodore de
au sixième rang des moines signataires (cf. ci-dessus, p. 433 et note 18) et propose au concile la ~yk{ôll, eSI ,de~ufié par Janin (Grallds cell'res, p. 87) au monaslère de Hiéragathè, donl
lecture d'un passage de la Vie de Syméon Stylile le jeune (J. D, MANSI, Sacromm Conciliornm 1h'goumène élart présent à Nicée II ; à l'hôpital des Saints-Anargyres. fondé par l'évèque
nova el omplissima collec/io, Aorence-Venise, 1759 sq .• réimp. Graz. 1960-1962, XIll, c. 73). . Théophylacte, fidèle du palnarche Taraise, élail peul-être associé un monaslère (cr. JANIN. Grallds
183. A la fin du XIX' s., MAKiŒs, Katirli, p. 44-45 (cf. JAN'N, Grands cClllres, p. 96-91) a frul centres, p. 97).
J'inventaire des vestiges byzantins et des localités avec hagi<wlIa dans (' Arganthônios ; il signale
notamment, à deux heures de Kaurh, les cuines d'un monastère dédié au Prophète Élie, et, à une B' h 195. Sous Michel n, Nicéphore fonde un monastère «dans une des monlagnes du pays des
It ~DJens! à pas. plus d'un stade de la kiJm~ Anthimaurai, où Jean Chrysostome avait eU son
heure d' Amavutkoy, un monastère byz.antin avec des murs hauts de six mètres, appelé St-Georges.
~~m,~~ exli, au heu-dil Sébazè» (Vie de Nicéphore de Sébazè, § 8); d'apres Halkin. le village
184. Cf. CHEYNET-F'LuSlN, Kathara, p. 208-209.
185. Carte turque, p25. Deux ruisseaux. proches portent respectivement les noms d'Ayazma
Oere et de Manasur Oere. - Th. Corsten (Apameia, p. 159-160) mentionne une église au-dessus
bolSnél(,~aura, dépendail de Prainétos (ibidem, p. 21 n. 4). Le sainl défriche l'endroit. qui élai!
'hlllem, § 8).
de Ka11fl1 et pubbe un fragment d' inscription byzantine en provenant. 196. PACH~, U, p. 159 ; il pourrait se trouver ill'aclUellieu-dilAyazma (carte tlUt\ue, ij30).
12 197. À N,cée el aux environs : monnstère du Christ de Kôphos (JANIN. Grclllds ,·ellt"'S.
186. Monastère d'où l'on voilla mer elle ciel (cf. n. 33). - Au XIX' s., A. Grisebach (p. 90-91),
men~onne les rum~s d'un monastère sur un sommet conique dominant le plateau de l'Algan- p~ J)' monas.lère de Saint-Anloine (cf. ci·dessus nOIe 45); monastère d'Agalll1ll ou Agalmalès.
~r:.'; la muraille (PACHYMêRE, II, p. 159 el p. 158 n. 2); monaslère du ChriSI de Bolènos (JAN":
thômas, sommet qUl est environ à une heure de Kaurh et qui peut être identifié avec Manasllf Tepe,
181. JEAN D'ÉPHÈSE, Histoire ecclésiastique, Ill, 39, commenlé par STIERNON, Kath.ra, s c~ntres:~. (25), qui était un méloque du monastère patriarcal d' An61akkos, peul-ètre sllue
p. 1.16-111,. et par CHEYNET-Fws'N, Ka/hara, p. 206-201. La localisation de Kalhara pres de ~!e N,cée (lbldem, p. III). _ Non loin de Nicée, se trouvail, pres de Kyr GeoJges, le monaslère
Basllwopohs a été en dernier lieu proposée par Fos, (Strobilos , p. 94). Inl.Clé.m~nt (JANIN, Grallds "ellires, p. 114).
98. B'bhographie dans JANIN, Grallds wlIres, p. 122 n. 6, et p. 123 n. 1 .,5.
c
LP..s MONAST~RES
450 MARIE-t'ltANCE AU2ÉPV

~ tour d~ la, Bithynie, monasliqu7 ne semi~ pas complet sans un arrêt SUr le Mo , éressants, car ils suggèr~nt que certains aspects d,e I~ I~gjslation maCédonienne éta't!nI
Kymmas. CelUI-CI est considéré à panu du x~ siècle comme une sainte monta ~l lOI, en v;gueur en Bithynie dès la ~n du Ville s, AIOSI, 1 achat par Théophane à un ~ien
est sunout fameux pour avoir accueilli la laure fondée par Michel Maléïnos ~ne'l et Il déJ''.. de la terre d' Agros pour le prox très élevé de deux livres et demi est-il un exem le
Nicéphore PhOC,,: où Athana~e. futur fondateur de La~ra à 1:Athos. fit ses d';bu~~ ~a~~ VOJ~~e du droit de préemptton encre VOI,SInS206. Et Nicéphore, pour la rondation Pde
la carnère monastlque t99 . Mms la locahsatlOn du Kymmns n est pas assurée: c' t . P~dikion, se conduit comme un , des «(pulss~nts» déno,ncés par les novellcs macédo.
une série de déductions qu'il est possible. sans cenitude. de le situer non loin du co~~ par M
nIennes,
. 1'1 achète aux paysans qUI le possédaoent collectivement un terrain (ci,"
' " d S' M '
,
. OrI OIl) SUr
du Goksu et du Sangarios2OO, sur la rive droite du Gtiksu oll se trouve une petite ch u~nt le uel se tfouvait une églose en ruine e alnt- Ichel; après avoir rénové l'église. il
de montagne qui surplombe à l'ouest Leukai 1 Osmaneli et qui précède au sud un ~lOe '~ablit «librement». «ne faisant aucu n cas de ceux qUI s engraissent aux. dépens du peu~
plateau assez accidenté où se trouvent de nombreux remplois byzantins201 • aUI 1le. c'est-à-dire des rapaces du Trésor»,o7. Je comprends. de cette phrase qui n'est pas
Il resson de ce tour d'horizon qu'il y avait en Bithynie des monastères à peu p ès ~bsolument claire. que NIcéphore a acheté le terraon de Médikion. alors occupé par une
panout. tant dans les plaines que sur I·Olympe. en moyenne montagne comme sU:l é lise en ruine. aux c?nt~'buables. responsables collectlvem.. nt de l' impôt de la terre aban-
côte. en ville aussi bien que dans les bois. Sauf peut-être sur J'Olympe. il ne semble p~ d~nnée où se troUVait 1 ~~llSe. ; Il a ens~lle re.t'ré le terram. et lui-même. de la collecti-
qu'il y ait eu d' organisation régionale des monastères. Les regroupements. quand ils . é esponsable devant 1 lOupot (le terraon deVIent alors «Iobre»). malgré les réclamation
existent, sont fondés sur d'autres bases et tiennenl en génénl l à la personnalité du fonda~ ~~ts ~onctiOnnaires locaux du Trésor. La Vie de NicépltOr~ donnerait ainsi un exempt:
leur. Les monastères faisaient en tout cas panic du paysage bithynien et il impone de les précoce de démembrement d,: la communauté ~scal~ du VIllage au profit d'un puissant.
décrire dans leur diversilé, pour tenter de comprendre comment il s intervenaient dans la L'organisation des étabhss.e~nen~s est aussl..,vanée, que le montre la description du
vie de la région. Mont Olympe par Psellos. Les km",,/)w sont plutot urbaons. bien qu'i1 existe des koillobia
ruraux: Médikion. Sakkoudlon. P",admol et Anltdlon en sont les meilleurs exemples208.
III. CARACTÉRISTIQUES DES MONASTERES BITHY1<IENS Mais partout les komobw c?ex lS~ent avec I~s la.ures qUI. sur le modèle de la Laure de
Sabas dans le désen de Judee, molent l'le CenOblltque dans un monastère ceint de murs
Les monastères bithyniens peuvent être délini s. Comllle tous les monastères. par où se trouvent)' église. les cellules et les bâtiments à usage commun comme le réfectoire
leur mode de fondation. leur type d'organisation, Icur S!;iIUI. cl par le fait que la plupan le cas échéant la bibliothèque, k cimetière souvent hor~ de )'enclos 209 • et. pour les plu~
d'entre eux étaient des entreprises économiques. aguerris des moones •. vIe crem'I~que dans des kel/w (ermitages) à proximité du
En ce qui concerne le mode de fondation. il eSI rare qu'il soit précisé. la fondation ononastère. QuelquefOl~. Je mOIl"stere est appelé laure dans les textes: c'est le cas pour
paraissant le plus souvent être la simple conséquence de \' ~lg,r~gùtio n de disciples autour celui de MlcheJ Malémos. et pOlir SaInt-ZacharIe (VOir note 110); pour ce dernier
d'un saint homme202 . Quand une précision est donnée. deus d"marches sont citées: soit monaslère. on voit en effet PieIT" J' AtrÔa. qui en fut longtemps l'higoumène. vivre dans
la transfornlation d'un bien familial en monastère. soit l'achat d'un terrain dans l'intention une grotte à CÔlé du monastère'''', Mais. le plus souvent. le monastère est appelé simple-
d'y fonder un établissement. Sakkoudion est ainsi fondé sur le domaine familial (o.yp6v ment I/Iollè. 011 phrol/tistèriolJ. cl sa qualité de laure se déduit du contexte: ainsi les
~lVa t@V Ob,e(OlV) de Boskytion2<l3 ; Nicéphore de Médikion fonde ,on premier monastère Agaures sont-ils probablemeni IIlle laure. puisque l'higoumène envoie l'impétrant
à l'instigation de Joseph, higoumène du monastère d' Hérakleil1n it Kios. sur un prousteion lôannikios faire ses classes d"n, un koi/lobioI/ 211 • D·ailleurs. après deux ans passés il
familial. mais la rédaction du texte qui nous infomle ne penne! pas de comprendre s'il
s'agit d'un bien appanenant à la famille de Joseph ou il celle de Nicéphore. cette dernière
hypothèse paraissant néanmoins plus vraisemblable 204 . Trois cas d'achat sont connus : 206, Vie de Théophane par Alichoc/e, § 24, - Le texte doit sans doute être corrigé en fonction
Nicétas de Médikion qui. sous Michel II. cesse d'être poursuivi mais ne peut réintégrer de la proposition faite par A. A1exalUs (A ninrn-century attestation of the neighbor's right of
p"'·emption in Byzantine Bilh)·nia. Ery,heia. 16. 1995. p. 73-79. voir p. 76; et ID.• Addendum '0
son monastère à la tête duquel il a été remplacé. achète un métoque en face de Constan- Iloe article "A ninlh-cenlury.... EI)"heia ". 17. 1996, p. 41-42) ; àVtEltlKtt\<1toÇ corrigé en a"TmV
tinople, où il passe le peu de temps qui lui reste à vivre 2os • Les deux autres cas sont plus miatlÇ; sur cet exemple de préemption, voi r aussi M, KAPLAN. Ln leTre elles hommej du W' au
XI'sitc/e.Paris.1992.p. 411-412.
207, <j)nvl xwpîov tO tr]vI,!ci3€ nOopà to'iç h:€la€ ci>vtîtat Y€(I)p)'oÎç €lOI:aÀal roûla KtKtl1;
199, Sur ce monastère, cf, JANIN, Grands centres, p. 115~118 , piyol" Sil;" va", IlÉYIOT~ i}v h.î". toil aylou à~xartiÀou M\XIl~À ~ù1l)livo<; .a,
200. On sait que la laure fondée par Michel Maléïnos en Bithynie (Vie de sain' Mie/te/ 6ltpproyoiç. ToilTov tOI' "'Ilci"lllOV 1'0.01' " e.", ... ôla toil ... Nml<pOpoU .4ue'PI<llÇ .a\
Ma/linos. éd. L. l'rnT. Revue del'Orie,,' cloré'iell, 7. 1902. p. 543-568. § 15) se trouve surie Mont Kal\'oKpE1t<ÔÇ lttrta:y{ro"'EV, ,,' 't'oÙ<; Ôl'UIOP<)pOuç t\'touv \a~E\Otprot.."taç ,,' €KttOOOV ltolllO'âJltvoç.
Kyminas grâce à la Vie d'Athanase l'Athonite (Wlae duae tllltiquae satlclÎ AtllOlwsii AI/tonilae, éd, We de NicéphOl~ de Médikioll. § 10.
J. NORET. TurnhoUI - Louvain. 1982. Vie A. p. Il). Les indications données sur la localisation du 208. Médikion (Vie de NieélO" de Médikioll. § 8. 23); Pissadinoi (Vied'Eu'hym, lejellile. § 9):
Kymmas dans la Vie de Michel MaléÎlJOs sont les suivantes: sur la route de la capitale vers Antidi~n (Vie d'lôollilikios par Pierre. § 8). Agros et Pélékètè sont très probablement des koinobill.
l'O~ent. le mont est proche du fleuve Gallos sur lequel se trouve le pont dit tou Monokamarou ; qUOIqu aucun texte n'emploie ce tenne à leur propos, ,
au pIed du mont se trouve la kômè de Kersinè (§ 6). La route de l'Orient empruntant la vallée du ,2.09, L'usage était un cimetière commun: on apprend en effet dans la Yt,e de, Nl~éla:J dt
Sangano, (LEFORT. Communie,,'ions. p. 216. 218 et cane p. 208) et le Gallos étant souvent iden- Médlkl.on (§ 23) que Médikion ne suivait pas l'usage des autres monastères. quo élatt d enteOTtr
ufié au Gôksu (JANiN, Grands cenlres, p, 106), le ponl tou Monokamarou pourrait être identifié au collectivement les moines, ,
~~koprii, dont les ~ines ~nt,lQujours en place (LEFORT, Com"um;ccltiolls, p, 218), Le Goksu est . 210. Le kellion de Pierre est à un mille du monastère; y résident aussi les «hésychastos qUI
1amuenl du Sanganos qUllmgue la plaine de Yenilehir. idenlifiée par nous à I·Atrôa. lUI s?nt soumis» (Vie de Pierre d·A/rôa. § 42) : le kellioll est dédié à la Vierge (§ 43) ; les reloqu<s
201. Observations faites sur place en 1990. de Plen: ont été déposées dans la chapelle troglodyte de la Vierge. creusée à .cet effet à côté de la
202. C'eSl le cas des nombreuses fondations de Pierre d'Atrôa et d·lôannikios. grotle ou Il avau vécu. et qu 'il avait creusée lui-même (Mirades de PIerre!' Atréa. § 97).,
203. Vie A de Théodore Stol/di'e. § 6. c. 12!. t 211. L'higoumène nporpÉnetal exurov Ëv ttVl tWV KOIVOJ3irov à,lIroJ1EVO~ taltE~vDqlpoVQ
204. Vie de Nicéphore de Médikion. § 6. l·\lfIv~09ijval • •10' OÙT<IlÇ ~p", tO à9~À~TI.rov (miôlov TÎjÇ ~""xlaç .. \50uva\ (\lie
205. Vi. d. Nieétas de Médikion. § 47. /ôanmklOs par Pierre. § 8).
452 MARn·:·I~NCE MJi'..ÊI'Y

Antidion. lôannikios s'inst~l~e en ennite .au-de~s\ls des ~gaures ct, devient un ennile
dépendant des Agam.. s: 1 higoumène lm envoie deux Jeunes IllOIlles qui l'aide t à
construire son enl"litage el vivent treize ans avec \Ui 212 , Le monastère des Eunu n c
fonclionne de ln même façon. puisque les moines construisent pour Antoine le jeu~le~
son arrivée. un J.:("II~{m à cinq ~tade~ d~ n'lol.·ms~èrc2l~. N~ann~o~ns. les distinctions n'~nt
r lES MONA ~Tt!R P_~

Si chaque monastère pouvait. grâc<; à ~es dépendances. former à lui ~eul un résc'IU
!.
d . regroupements de monastè,res e~lsta.lCnt ,auss L'un d'cux est l'enscmhl '
es .tères qui ont pu être sous 1 autonté d un 1 archimandrite de l'Olympe .
utre' '.
de l'Olympe (cf',",-dessus, p. -
ue, mona.'tères
). n autre cas est patent dans la première moitié
·t5\

d.
e , es
~onda~archirn'tndrite aurait correspondu à une fonction effective de contrôlc .1' ,au ca1i ou le
444 445 U
pas la ligueur que 1 on poumui crolre- 14 : 3JI1SI, alors qu AntldlOll est qualifié de koino_ du IXe siècle : c est le .r~groupemcnt de monastères, bythiniens ou non. aUlour d'un
!n'on par les tex l,es. JÔanniki.os ~nit sa vic dans un h:lJioll au-dess~~ du monastère21s ; de homme. Deux pères spI~tuels .ont la stature de fondateurs de congrégation : Théodore
même SymbolOI, appelé kOlIIo/J/o/l dans la W,' de NlellCls de MMlkIO/I (§ Il) est-il décrit SlOudite d·abord,. qUI dIrIgea Il avant 815 un ensc?,ble monastique comprenant le
comme une 1aure par TIléodore Stoudite~lb.
Stoudios, qui jou~'t le rÔle de ?,alS.?n mère, Sakko~dlOn, Kathara, Tripyliana et proba-
Le système de la laure implique une appropriation de l 'cs pace plus large que celle du blement symbolOl 222 ; P,erre d Atroa est quant à lUI à la tête d'un monastère b'th .
kninobimr. Quand le monastère est au piémont, comme les AgallT"es. son influence, par le
biais des kellia des ennites. touche les pentes boisées de la montagne. Mais même les
5al'nt_Zacharie,. desd'Ho
monastères de Salllt-Porphyre sur le Ryndakos de K i ' yOlen,
. A' d' ' a onoros et de
Balaioi en Lydie, Ipp~S en ,,~ ,e et un monastère de femmes en Lydie; il a fondé
koinobia pouvaient avoir un relais en montagne, grâce à une chapelle: ainsi Hilarion le aU moins Kalonoros et HIPPOS--", D. SlIemon, qUi a le premier aUiré l'auention sur ce
Géorgien et ses compagnons s'installent-ils sur l'Olympe près d'une chapelle inoccupée, phénomène, pense àJuste titre que 1 o~ a affaIre ICI à un embryon d'ordre monastique, dont
qui dépendait d' un monastère d'où, chaque samedi, un mOllie montaIt allumer la lampe2l1. l'unité est assurée par la personna"t~ du fondateur, et peut-être par une communauté de
De même, le monastère de Baléos était sunnonté par la chapelle de ~aint-Nicolas, où se ,ègle, quoique ce ?emler pOlOt , en 1 absence de t?ut typikon, soit conjectural"'. Même
rencontrèrent Jôannikios et Pierre d'Atrôa, et par le kelliol/ du moine Etienne (voir p. 444 si le phénomène n a pas survécu aIl Inomphe de 1 orthodoxie, la Bithynie a bénéficié au
et note 132). Les monastères établissaient ainsi, dans le paysage et dans la vie sociale, un IX' siècle des relations des étabhsse m~nts de cette province avec ceux de Lydie et de
lien vertical entre la montagne et le piémont. Le lien entre le munastère et ses dépendances ConstanlIllople.
était parfois géographiquement plus étendu, comme le mon\re l'exemple des Agaures au La diversité des m?n~stères ~itI1y."ien, ne tient pa.' seulement au mode d'organisation
temps d'Eustrate, au milieu du tX' siècle. Le monastère avait en effet plusieurs métoques : des établissements maIS egal,e menl a leur statut, meme St, pour les VIl'-X' siècles, ce
l'un, proche des thennes de Brousse"', était le relais du ",o/l.stère près de la ville; statut n'est pas connu avec precISlOn. AInSI, Kathara, Héraklion à Kios et tou Hyaki th
quatre étaient dans la plaine de Brousse2 19 : Je monastère avait de plus un proasleion A Nicée sont-ils probablement des monastères impériaux21S, Sakkoudion l'élant d n ou
dans le Katabolos 22o, où le monastère de Bômoi e Ul . un temps:. un higoumène qui était aU début du IX' siècle 226• Ces monastères échappaient de fait aux évêques bithy=::
le frère de celui des Agaures (voir ci-dessus, p. 448). Les Agall res couvraient ainsi, par
comm~ les monastères patnarcaux. au nombre desquels devaient être Pélékètè et
une série de relais et dépendances, tout l'espace entre les pen les Je l'Olympe et la mer;
M~(hkiOn227. En revanc,he,.Samt-Zachane, ~UI ne bénéficiait pas de ces hauts patronages,
ce réseau monastique. qui est aussi un réseau économique. hu t.:t:rtainement un élément
élall sous la tutelle de 1 éveque. de Brousse-: 8 . Le. st~tut des monastères est important: la
essentiel de la vie économique et sociale de Brousse el des. envjrons~2J .
présence de monastères tmpenaux en Blthyme Implique l'interconnexion de ceUe
provmce avec la capitale, InterconneXIOn qui est particulièrement neUe en matière
212. Vie d'/ôamJikios par Pierre, § 10. - Quand Jôannikios ém igTe sur Je mont Trichalix. codicologique, les scribes bithyniens appartenant à ce type de monastères étant en ce
}'higoumène des Agaures monte le voir et lui donne à nouveau les deux mêmes frères pour
construire son ennilagc et être à son service (ibidem. § Il). La dépendance CSI bien marquée par
un épioode plus tardif. quand l'higoumène des Agaures convoque lôannikios dru1S un métoque de
ce monastère (ibidem, § 59).
213. Vie d'Antoine le jeune. éd. PAPADOPOULOS-KÉRAMEUS, § 28. 222. SurTripyliana,cf. JANIN, Gral/ds cel/Ires, p. 187-188. Stiemon, Kalhara, p. 121-122, ne
214. Sur ce point, voir D. PAPACHRYSSANTHOU. La vie monastique dans les campagnes byzan- mentionne pas Symbolm, m::us ce monastère, dont Platon avait été higoumène. est dit par
tines du vme au XIe siècle. B)'l.QlIIioll, 43, 1973. p. 158·180. Théodore être «son» monastère. ce qui n'est peut-être pas aussi «plalonique» que Janin le pense
215. Vie d'/ôanl/ikios par Pierre, § 49 ; par SI/bas, § 35. (Grallds CeI!tres, p. 182) : cf. THEODORE STOut>ITE, ut"es, l1" 306.
216. lHËoDORE SroUOITE, ulIIdalio Plalonis, § JI : cf. JANIN, Grands centres, p. 181. .. 223. PIerre, higoumène de Saint-Zacharie, Vie de Pierre d'Atrôa, § Il ; fondateur d'Hippos:
211. Yie d'Hi/arioll, p. 127-128. ,b,de/~', § 17-19, de K~lonoros, § 22 : le monastère de femmes, § 41: le monastère du Ryndakos,
218. Vie d'/ôannikios par Pierre, § 31. Ce métoque est appelé pmas/eio" de Saint-Agapios § ~7 , celUI de B~lalO~ 1 Balenlla, § 49, et We retroCIata de Pierre d'Atrôo, p. 123. _ Rappelons
dans la Vie d'Euslrate des Agoures. § l8; ce pourrait être le métoque proche de la citadelle de qu lôannlklOs avait lUI aussI fondé lrols monastères en Lydie (cf. ci-dessus note 27).
Brousse où Eustrale donne son mameau à un mendiant (ibidem , § 13). 1 224. Pour la «congrégation» stoudite, Stiemon (Kathara, p. 121 et n. 71), se fondant sur les
. 219. Ce sont: 1) un métoque, en plaine, dans lequel se trouve une église de Saint-Élie, et o~ a ~ttres de Théodore, est formel. Pour Pierre d'Atma, un indice: le monastère de fenuncs de Pierre
lieu une rencontre entre lôannildos et les Stoudites (Vie d'16allllikios par Pierre, § 36) : 2) le métoque : Atrila en LydJe ~st dit vivre Kat' ÈVto!..~v tOÛ natpOç ~~Jijv nétpou (Vie de Pier,. d'Atrôo, §
de Leukas, à 15 sIades des Agaures (ibidem, § 54), dans la plaine puisque, de là, on remonte aux 1), toute la question étant le sens à donner au mot elllu/è.
Agaures (Vied'Euslratedes Agaur:es, § 31) : 3) un métoque dans lequel se trouve une église de C~me l'h' 22S. Le monastère de Kathara devait être impérial pour deux raisons: 1) à cause du choix de
-et-Damien (W~ d'lôallllikios par Pierre, § 55), qui est égaJement dans la plaine puisqu'il est VISIble 1 Igoumène Joseph par Constantin VI pour célébrer son deuxième mariage: 2) parce que. selon
de la roule qUI remonte de Leukas aux Agaures (il a subi un incendie du temps d'Eustrate: Vie snSynaxm"" c. 634, le choix de l' higoumène, sous Nicéphore 1", est un privilège impérial: cf.
d'Euslrale des Agau",s, § 31) ; il est donc, comme Leukas, proche des Agaures : 4) un métoque o~ UNON, Ka/hara, p. Ils et n. 70. Pour Hérakleion de 1G0s, c'est J'affaire de BanJanès Tourkos
se trouve une église de Saint-Georges et où se rencontrent lôannikios et l'higoumène des Agaures ~~' s~ggère ~on statut impérial (cf. ci-dessus note 18l), et, pour ta Hyakinthou, la convocation du
(Vie d'/ôanni/Uos par Pierre, § 59): ce pourrait être le martyrion de Saint-Georges, o~ Jôannikios et nCI e de Nicée il dans ses murs.
Eustrate ont une vision des parents d'EusIrllte (Vie d'Eustrate des Aga",..s, § Il). ~26. Voir le témoi!lnage d'Anastase le Bibliothécaire, cité par SnERNON. ibid~m.
220. V'" d 'Eustrale des Agaures, § 14. . ma ~7. Ma~alre reçOit en effet l'ordination de diacre et la confinnation de son hlgoumenal des
221. La nchesse foncière du monastère peut se mesurer au chiffre de son impôt qUJ. souS m~ns dU patriarche Taraise (Vie de Macaire de Pélék~I~, § 7), et Nicétas reçoit la prêtrise des
Théodora et Michel rn, était de 100 nomism.ta (We d'Euslrate des Aga",...s, § 15). n~2FViaralse (Vie de Nicétas de Médikioll, § 10).
• le de Pierre d'Atr~a, § 63 ; cf. n. 68.
454 MARlE-FRANCE Auzéry

domaine au même niveau que leurs collègues constantinopolilains 229. Le statut d


monastère impérial explique aussi la docilité des higoumènes de ces grands monastèr e
obligés de suivre la ligne du pouvoir.
Tous ces établissement~ av.aient pour, ~arac(érislique d'être des entreprises
économiques. Théodore Sloud.le s en piaUlI d arlleurs amèrement en 814, d.ns l'Élog
es,
r
1
LES MONASTtRES

cessaires il l'exploitation ~es t~rres du monastère240. u~ autre est chargé de hl diaconic


nés bêles de somme"". À 1 rntérreur du monastère, la d.aconie de boulanger esl cilée à
~édikion2", où se Irouva.l. égalemenl un forgeron 243 , celle de cellérier à Sai nl-
h ·e''''· Conslantrn le JUIf, au monastère de Phlouboulè lannailles pe
Zac ahrrUSsU~s aux moines 245 , Le tableau le plus complet de~ diacon.'es
des e n , 1 .
f "
aux ~t al saH
mOnasllques est
funèbre de son oncle PI.ton : il y fait une diatribe conlre les higoumènes «d'aujour~ donné dans la Vie. d Eltlhym.' ~ jelllle à propos du monastère de Pissadinoi ; sonl cilé~s
d'hui», à qui l'higouménat a élé conféré non pas en raISon de leur vertu mais de leurS dans l'ordre' la d.acome des beles de somme, celles de C~'~rn!er, de cellérier, de bouvier
capacités de gestionnaire. après qu'ils se sont construit des églises et des monastères conduisant un attelage; cet or~re semble c~rre$~ondre à 1 ltmeraire du novice depuis son
I:!:ardant et gérant leurs biens, s'entourant de serviteurs et de biens matériels230. ~ enlrée aU monast~re246. Le système des dltlCOmes. par lequel les moines assurent leurs
~lOnastère engendre une activité économique dès sa création: le défrichement est men- besoins et exp.IOltent leur terre, suppose de grands monastères où les moines sont
tionné dans un cas, celui du monastère de Nicéphore de Sébazè près de Prainétos (voir nombreux; maiS les données ~~nt r~res., tout au plu~ peut-on a.v~ncer le chiffre minimal
note 195) ~ la remise en état de bâtiments en ruines dans deux'!)t. La construction du de trente mOl"':S au~ Agaures- et celu, de cent mOllles à Méd.klOn (cf. note 29). Enfin,
monastère ou de l'église est souvent citée, mais les conditions de la construction (par des un autre Iype d act.v.té eXIStait au ~onaSlère, dont ,on ne. sail s'il était praliqué en autarcie
ouvriers ou par les moines ?) sont rarement mentionnées2)2 ; ta Vie de Pierre d'Alrôa oU si une partie de l~ produ~tron ela.1 vendue à 1 exténeur: il s'agit de la calligraphie,
fournit un exemple d' agrandissement de l'église exéCUlé par les moines de St-Zacharie, donl nous savons qu elle élarl pral.quée par Théophane au monaslère d'Agro 248
coupant le bois et gâchant 1. chaux"'. Platon à Symboloi249, et donl on " conservé quelques témoins25o• s ,el par
Le monaslère doil avoir un économe, selon les canons du concile de Nicée Il (787), Ce lableau, qui est en gros celui du monachisme bithynien au IX' siècle, parail assez
et l'on voit en effet l'économe à l'œuvre dans certaines Vies de saints bithyniens: celui brillant. Les monastè~es éta.enl nOnlbreux, actIfs, et semblent avoir été dans l'ensemble
de Sainl-Zacharie voyage souvenl en raison de sa fonclion CI loge chez l'habitant234, assez riches, ne serrul-ce que parce que nombre de jeunes gens de bonne famille
celui de Médikion, Athanase, mel sa science de fonclionnaire du Trésor au service du consacraient leur fortune. En re vanche. le tableau est plus noir au XI' siècle, tel du mOi:'
monastère2Js. Le monastère peut être une fenne en exploitation dîrecte : on voit les qu'il est tracé par Psellos dans ':' leUres. Psellos exagère sans doule l'état misérable
moines de Baléos 1 Bolion, probablemenl dans l'Alrôa, faire !Ou mer les bœufs sur l'aire dans lequel,I1 a trouvé les monaSlc: " b.th~OIens qUI lui furent dévolus, mais le fait que
au moment de la moisson 236, un moine acheter un bœuf de lapour pour son monastère237. beaucoup d .entre eux SOlenltombes dans 1 es~arcelle de.ce charisticaire est le signe que
Les Agaures paraissent être une entreprise particulièrement prospère: le monastère ces monasteres ne. se portment pas b.en. s II est vraI qu'ils pouvaient, quand des
possède une vigne en exploitation directe, non Join du ll1 on ~ls t è rt 2 JS ; le mouvement des inveslissements étatent fatts, redeven.r prospères25l.
bêtes et des frères autour du monastère ou entre les mèlOqu cs el le monastère est Tels qu'ils viennent d'être décrils • .ces monastères n'étaient pas repliés sur eux-
incessant, et le monastère exporte probablement sa produclion vers Constantinople239. ~êmes ; Il est a~ contraire frapP,anl de vOIr comme ces lieux où est en principe pratiquée
L'exploitation agricole et les aClivités propres à la vie ct à renlrelien du monastère l'ImmobIlité étalent au centre d Ull système de relations.
sont organisées selon le système des diaconies (services) : (lUX Agaures, un moine est
chargé de la diaconie des attelages de bœufs et le monaslère a le nombre de bœufs IV. LES MONASTÈRES BITHYNIENS AU CENTRE D'UN SYSTÈME DE RELATION

229. HUTTER, Scriptoria, p. 383-384. Les monastères jouent un rôle, au niveau local, dans lequel ils s'insèrent par toule
230. T110000RE STOUDITE, Lal/datio Platollis, § 9. une séne de pratIques qUI t.ennent a leur statut d'établissement religieux. La charité est
231. Outre Médildon (cf. noIe 207), le monaslère fondé par Macaire de Pélékèlè sur l'île la première d'entre eUes: eUe peut s'exercer au monastère - ainsi voit-on à Saint-
d'Aphousia est construit sur des ruines, retapées par les gens qui se trouvaient là (Vie de Macaire
de Pélékètè, § 15).
232. Deux mentions en Lydie: sur le Monl Alsos 1 Lissos. construction. par des ouvriers 240. Ibidem, § 13.
(technilar). d'un kellion pour lôannikios (Vie d'/ôannik;os par Pierre, § 41) : à KaJonoros, Pierre . 241. Ibidem, § 28. - De même, à Saint-Porphyre, un moine a la di.conie des mulets (Vi. de
envoie des moines avec des haches couper du bois pour construire des cellules. autour de la P.erre d'Alrôa, § 76).
chapelle (Vie de Pierre d'Atrôa, § 22). . 242. Vie deNicél?/rore de Médikioll, § 22 (à ceUe occasion, il eS! précisé qu'à Médikion, sous
233. Vie de Pierre d'Atrôa. § 46. - Pour la construction d'une chapelle, le monastère NI~éphore, le pam était fait deul( fOlS par semaine dans deux pétrins de 24 modioi, et que la farine
d'Antidion a besoin de chaux que le moine Paul va chercher, mais on ne sait pas si les moines él:"1 gardée dans une trlel/rothèkè). Menlion de la boulangerie de Sainl-Zacharie (Miracles de
construisent eux~mêmes la chapelle (Vie d'/ôannikios par Pierre, § 50). On ne sait pas non plus si Prerre d'Alrôa, § 95).
l'énorme plaque qu'Eustrate des Agaures demande aux moines d'exhumer et de déplacer et qui se 243. Vie de Nicéphore de Médikioll, § 21.
troUve «maintenant» dans la cour du monastère peut être considérée comme un élément de 244. Vie de Lite le Stylite, § 19. - Le cellérier a la clé du vin (Miracles de Pierre d'Atroa, § 96).
conSb1Jction (Vie d'Elis/rate des Agallres. § 20). 245. We de C~nSll1l11iJl le Juif. § 17. - Cela prouve que Constantin, quoique conveni, faisait
234. Vie de Pierre d'Atrôa, § 43 et 59. :u monasl~re le mél.er de lanneur, réservé aux juifs (cf. G. DAGRON, Le trailé de Grégoire de Nicée
235. Vie de Nicétas de Médikion, § 11-12 el 23.
236. Vie de Constonlin le Juif, § 60. t ~ bapleme des Ju.fs, TM, Il, 1991, p. 313-357, voir p. 351). Une anecdole de la Vi. d'EI/strat.
es ~:6re.r (§28) montre que les manchettes et les chaussures de cuir étaient des biens préc:ieu;t.
237. Miracles de Pierre d'Atrôa, § 101. . Vie d'EI/thyme le jelllle, § 10.
238. Vie d'EI/srrate des Agaures, § 27.
239. Ceci se déduit du fait que vingl moines du monaslère conduisenl des charreues de blé ~7. Trente moines essayenl d'exhumer une plaque enterrée (Yie d'Eustmle dt< AgIII/"'S, § 20).
e~ d'a.utres d~n~s dans le Kalllbolos (Vie d'Eustrate'des Agaures, § 29); comme le mon~slère 24 8. Panégynql/e de Théophatle, § 7.
~ aVait là qu un proalreion (cf. note 220), le contenu des charrettes devait excéder seS besOlns et 25~' ~OOORE STOUOITE, Lalldalio PlalOllis, § \6.
elle envoyé ve!"5 la c~pita1e; par ailleurs, deux miracles d'Eustrate concernent des nauclères 2 . '! plus haul, p. 440 el HtTITER, Scriptoria.
(palrons de navrres) fa/sanl roule vers Constantinople (ibidem, § 32,36). V !<AAS!. VOir par exemple la leltre de Psellos à propos de Médikion, traduile ici-même par
. ~ARI, leXIe 10, p. 75-76.
456 MARIE·FRANCB AUZt,Py ~ 1 ="~...." 457

Z'lcharic. au jour anniversaire de la mort du saint. les moines et J'higoumène distribu . rrête toujours chez un nommé C?nstt ntin qu~m~ il va de Kalonoros en Lydie à Saint-
des vivres aux néce.~siteux252 - ou à l'extérieur253 , L'espoir du miracle met aussi ~r ~ ~hyre sur le Ryndakos 265 , Les ~:ac ~s. accomphs à l'oc~asion de ces séjours profitent
monastère en relation avec la population locale. qui vient en foule au monastère a: ~rfojS directement ~u ~ona~tère ': Slgn,alons, enfin, ~u litre des relations locale~. les
moment de la mort du saint 254 , et plus lard en pèlerinage sur son tombeau255. Parfois Péunions entre ecc1~sJasuques et momes .btthymens, qUI semblent avoir été fréquentes à
l'affiucnce est telle qu'UI~ moine fi la diaconie de l:ac~lIeil des pèlerins: c'est le cas pou; ~'époque du se~~nd Iconoclasme : SOUs,~lc~e~ Il, une rencontre de ce type est mentionnée,
le tombe.u de Consl.nlln le Juif à Baléos 1 BolIon.~6. AUlre Iype d'enracinement du à laquelle partlclpèrenl, au méloque Salllt· Ile des Agau.res, Jean de Chalcédoine, Pierre
monastère d.ns la vie locale: des enfanls y sonl parfOIs Imssés, comme cet enfant para. de Nicée et les hIgoumènes Clément. Théodore Sloudlle et Joseph, ex·higoumène de
lytique remis un certain temps par sail père au monastère de Pélékètè, où il est gUéri257. Kathara267. . . . .
11 Y a des cas plus énigmatiques, C01nme celui du cheval enfermé trente jours au Par ailleurs, les m?nast~re~ b(~hyntens entretenalent des relations de tous ordres
monastère par un prêtre qui avait accepté de garder l'animal pour rendre service à Un de avec la capitale. Des liens mstlt,utlOnnels !out d'abord, puisque certains monastères
ses amis, un scholaire parti pour son service dans la capilale'''. Enfin, grâce aux reliques bilhyniens avaienl des méloques a Constanllllople : Hérakleion de Kios possédail dans
indirecles (eau, myroll) recueillies au lambeau du sainl homme, le champ d'influence de I.capilale le méloque de Tou~-Ies-Salllls, proche du mur lerreslre au nord de la ville268.
celui-ci pouvait dépasser le monastère 2.W, voire la province: l'eau du tombeau de Pierre les Agaures avaient eux aussI dans I~ Ville un métoque, où Eustrate est mort269, et le~
d'Atrôa à Saint·Zacharie de l'Olympe guéril des troupeaux en Lydie260 . La question des moines et higoumènes de ce monasle~e sonl fréquemment montrés en chemin vers la
visites faites au saint homme, à l'e~l1tage dtlq~el I~ontent m.issi les grands de ce monde, capitale27o. Des I~ens ~con~mlques ensu~te; pUJsqu~ l'or de la capitale irrigue et enrichit les
quand le malheur les atteint ou q~'lls ont besom d un c,onsell. est abordée plus loin2.1. établissementsblthymens a toule: les cpoques: 1 or des fondaleurs aux VIII'·/X' siècles,
Ces exemples souhgnentle role altrae"! des monasleres sur la populallon locale. Mais celui des ehanstlealfes au XI' slCele. Les hens polIllques ne sont pas moins forts du
le monaslère a aussi sur elle une influence plus élendue: les Ir'JJels des moines entre le moins au IX' siècle, duranllequel eenallls ermlles bilhyniens ont joué le rôle d'oracles:
monastère et ses métoques, ses chapelles ou enmtages, les n~ettent en relation avec la ainsi les «irnpénahsables» ou leurs prwoches mon.tent-t1s consulter lôannikios. qui prévoit
population el sonll'occasion de miracles2.', ou de gesles chanlables ; parfois même, un la mort de Nicéphore el celle de son hls Slavrakios271 , qui prédit l'avènement de Uon V
higoumène prend en mrun les intérêts d~ ,la
région" par exemple en organisant ?ne el la persécution menée, sous son règne172 et qui, enf:n, impose Méthode comme patriarche
processIOn en vU,e de frure to~ber la pIUle·63 . Les deplacemenls mcessanls d~s S~I1IS en 842 273 . Aulre lIen d ordre PO"IIY~le : le~ monasl~res bilhyniens 0111 servi de prison, et
hommes ont le meme effel : Ils sIllonnent 1. provlIlee, ou, dans les cas de PIerre d Atro. el l'on peul penser que les monast.res .IIlSI utlhsés par les empereurs étaient d
d'Iôannikios, une rure plus ~asle, puisque ces moines loumenl entre la Lydie et la Bilhynie. monastères impériaux, car 011 v~it mal l' em~ereur enfermer un suspect ou un condarn~~
Ils rencontrenl à celte occaSIOn des gens dIvers, el prennenlleu" habItudes chez les uns et dans un monaslère appartenanl a un partIculIer; mais peu de memions som précises e
chez les autres: Pierre d'Atrôa séjourne parfois dans la résidence (oikos) d'un sénateur qui dehors du cas d'Élegmoi 1 Bômoi au x' siècle214 • ' n
lui a conslruil une cellule (kellion) sur son domaine après qu'il a guéri sa femme 264 , et il Dans le domaine de la culture. la capilale a influencé les monaslères bilhyniens. Les
manuscrils donl on sait qu'ils sonl bithyniens son! en effel pour beaucoup d'une tenue
252. Miracles de Pierre d'Alrôa, § 96. qui les ferait prendre pour des manuscrils de la capitale, si le scribe n'avait indiqué son
253. Eustrate des Agaures donne, on l'a vu (note 218). son manteau li un mendiant, sur le appartenance à un monaslère de la région 275 . Il est clair que la Bilhynie participail à la
chemin entre Brousse et les Agaures ; il donne aussi son cheval à un stratiote et deux bœufs à vie cullurelle de la capItale, que les leltrés et les manuscrils cireul.ient entre Brousse,
un voisin du monastère (Vie d'Eus/rate des Agaures, § 13); il donne enfin cent nomismata aux
pauvres de Brousse pour les aider à payer leurs impôts (§ 15).
254. C'est particulièrement vrai pour Eustrate des Agaures (ibidem, § 51-53). 265. Conslanlin habile la kômè de Pègadia dans la région de PélZika (Vie de Pierre d'Atrôa,
255. La liste des gens qui viennent au tombeau de Pierre d'Alrôa est impressionnante § 6\), s!tuée probablement au sud du lac d' Apollônias.
(Miracles de Pierre d'A/rôa, § 98-105, 109). Constantin le Juif envoie un homme en pèlerinage au
tombeau d'lôannikios à Antidion (Vie de COIlSlatttirt le Juif, § 72-73). où il est allé lui-même aupa- 266. L' oikètôr chez qui loge Paul, économe de Sainl·Zacharie el frère de Pierre d'Atrôa, au
ravanl (ibidem, § 61). lôannikios se rend en pèlerinage sur le tombeau de Théophane à Agros (Vie cours de ses tournées, demande. à Paul d'intercéder auprès de son frère pour que Dieu lui donne
d'/ôannikios par Pierre, § 37). u~ enfant. La demande, transmise, est accordée. et l'enfant devient moine au monaslère (\-fe de
Pierre d'AtrJa, § 59).
256. Vie de Constantin le Juif, § 84. 267. Vie d'Mmmikios par Pierre, § 36.
257. L'enfanl suilles offices (Vie de Macaire de Pélékètè, § 8). -Aulre exemple, lydien, tiré
de la Vie de Pierre d'Atrôa, un père laisse son enfant possédé au monastère de Kalonoros ; après 268: Vie d'AnlOine Jejellne, éd. HALKIN, § 5. - La localisation a élé proposée par 1. Gouillard
un long lemps, il eS! guéri el intègre la communaulé (§ 60). (Un quartier d'émigrés palestiniens à Byzance au JXC siècle. Rel'llt des Études Sild-Est Européennes.
7,1969, p. 73·76, cf. p. 75).
258. Miracles de Pierre d'AtrJa, § 110.
259. Un enfant d'un "iJlage voisin du monastère est guéri par l'huile du tombeau du saint 269. Vie d'Ellstrate des Agallres, § 39.
(ibidem. § 105). 270. Ibidem, § 32 el 36 : Vie d'/ôannikios par Pierre, § 59. - Constantin le Juif va lui aussi
260./bidem, § 106. On pourrail ciler d'aulres cas. fréquemmenl à Conslantinople, sans que l'on sache pour quelle raison (Vie de Constantin le Juif,
§ 61,69).
261. lôannikios est champion dans cette catégorie. _ Voir ici-même, sur ce sujet, MALAMUT,
p.478-479. . 271. La consullalion esl demandée par les beaux.frères de Nicéphore (Vie d'/ôannikios par
Pterre, § 14-15).
262. On peUl citer l'exemple d'EuSlrale des Agaures débloquanl le train d'allelage de 70
bœufs liront une grume remontée du Katabolos, qui devait servir à la construction du proaslelOIJ d 272. La consullalion esl demandée par Bryennès IiIs de Tourkos ami d'Iôannooos el cousin
d'un ami d'Euslrate dans les environs de Brousse (Vie d'Elis/rate des Agallres, § 19). Héon V (ibidem, § 16-17). "
263. Vie de Macaire de Pélékètè, § 9. 273. Ibidem, § 70.
264. Vie de Pierre d'Arrôa, §34. La localisalion de l'oikos n'est pas précisée, mais on pe~t ell 274. V?ir JANIN, Grands celllres, p. 145 (à propos d'Élegmoi) el J. LEFoRT, Conslantinople
supposer,. du fall que le sénateur suilla messe à Salnl-Porphyre (Vie de Pierre d'AtrJa, § 64), qu Il  a BUhyme, Ou les fonelions d'un hinterland, Mélanges de l'tcole français< de Rom•. MOI'''I
se trou\'all entre le Ryndakos et la mer. ge, ~08, 1996, p. 366.369.
75. Cf. HlI1TER, Scriptoria, p. 383.392.
". ...~-".-
Nicée et Constantinople, et que les monastères bithyniens constituaient une réserv d
~ 1
manu.s~rils. ~i~lSi: de manière assez parnd,oxale. c:est ~ Agr~s que Constan,tin VII t~uv:
des trmtés 1111htan'es remontant aux Isatlrlens, qUI aVaient disparu du palms impérial276
c,c qui sug~ère q~'lsaac 1 Théophane n'uvait quitté. ~n pr~nanll'hab~t. ni son intérêt pou;
1 amlée. m peut-etre son aUachement aux empereurs ,s•.\Unens. On VOlt aussi. au IXe siècl
les deux frères Constantin et Méthode occuper leur séjour sur l'Olympe à la lecture27~'
et au xe siècle. EuthYllle. fils ~e j~an l'l~ère, CO,l11mencer ~sa carrière monastique su;
l'Olympe en faisant des. traducuons ..78. , Ma1s le trmt le plus trappant de l'étroite relation
entre Constantinop.le el les m~nastèn:s bithyniens sur le plan cuhurel est le fait que le
deuxième manuscnt connu éCrit en nunuscule, des homélies de Jean Chrysostome, a été
copié en 862/63 par un moine bithynien (voir p. 440 et note 88).
Enfin, l'Olympe avait une renommée internationale. dont bénéficiaient les
monastères bithyniens. Ainsi, au IX'" s iècle ~ le géorgien Hilarion. qui fit le tour des lieux
saints. s'arrêta-t-îl sur t'Olympe avec ses disciples279 . Les Agaures reçurent aussi un
moine venu d'Orient, à dire vrai peu recommandable 280 . On VOil donc que les
monastères bithyniens - même si certains de leurs membres pratiquent l'ascèse, même LA CIRCULATION
si. en principe. les moines ne doivent pas quitter leur monastère - , n'étaient pas à l'écart,
mais participaient au contraire à un vaste réseau de relations. La proximité de la capitale
explique ce fait, mais en partie seulement: la diversi té géograph ique de la province est
sans doute pour beaucoup dans l'attrait qu 'elle exerçait.

Cetle pemléabilité des monastères bithyniens a perduré. puisque Covel écrit à propos
de Pélékètè où il passa en 167628 \ : «II y avait là plusieurs jeunes gens que l'on y envoie
aussi pour apprendre à lire. Je vis en outre de vieilles femm es. des nonnes qui, bien
qu'elles n'appartiennent pas à l'institution, viennent y accomplir nombre de tâches et
d' obligations. J' aperçus une belle jeune femme élégamment vêtue, mais tout en noir,
causant de près dans un coin avec un jeune moine bien bâti ; à notre arrivée, ils dis-
parurent tous les deux. Je demandai qui elle était, on me répondit: une jeune veuve qui
est venue à confesse».

276. Three Trealises, p. 302. .


. 277. Après s'être rendu au Mont Olympe auprès de son frère Méthode, Constantin se mtt à
pner Dieu sans cesse, «n'entrant en conversatÎon qu'avec les livres» : Vie de Constantm, § 7; cf.
Vie de Mélhode, § 3.
278. B. MAImN-HISARD, La Vie de Jeall el Eulhyme et le statut du monastère des Ibères sur
\' Athos, REB, 49, 1991 , p. 67-142, p. 103.
279. Vit d'Hilarion, § (18)-(21).
280. Vie d'Euslrale des Agaures, § 26.
281. COVEL, p. 221.
LES GRANDES ROUTES MÉDIÉVALES

par Jacques LEFORT'

Le réseau que formaient au Moyen Âge les grandes ro~tes de Bithynie a été pour
l'essentiel mis en place. aux époques ~omame et protobyzantm~. De façon schématique,
on peut dire que l'empire romallla legué à la ~lthyme des VOles carrossables principa-
lement orientées oues,t-e~t. (depUis des ports hés par mer à Rome vers l'intérieur de
l'Asie mineure), etqu à 1 epoque protobyzantme d autres halsons, surtout nord-sud, ont
facilité les communications entre la nouvelle capitale, Constantinople, et le plateau
anatolienl. Autant qu'on puisse en juger (les incertitudes restent nombreuses), le réseau
orthogonal ainsi constitué e~ t~na~t co~p:e des sugge~tions du relief, et formé de larges
chaussées souvent e~plerrees-. n. a eu a etre que partiellement réaménagé par la suite,
peur les besoins de l'Et~t ou e~ r:uson de contrat~tes naturelles. Cependant, la promotion
de Brousse (Bursa)', qUI est hee a la creation de 1 État ottoman en Bithynie au XIve siècle
et qui s'est effectuée aux dépens Je Nicée (lznik)4, a provoqué une réorganisation du trafic.
Le tracé des grandes route.s devait tenir compte d'une topographie souvent contrai-
gnante et d'un relief compartimenté'. Les routes empruntaient les seuils les moins élevés
et elles évitaient, au centre des dépressions, les marais et les zones fréquemment
inondables. Les liaisons ouest-est. qui utilisaient les passages naturels entre les axes
principaux du relief, étaient les plus aisées. Là où eIles devaient franchir des bourrelets
montagneux, les liaisons nord-sud étaient souvent plus difficiles à mettre en place et à
entretenir; eIles ont été moins stables que les précédentes et, en partie de ce fait, les
itinéraires qu'eIles empruntaient sont souvent moins bien connus.
Pour Jes raisons qui suivent. on ne peut proposer qu'une reconstitution, parfois
hypethétique, de ce réseau (fig. 1). Les textes médiévaux ne donnant que peu d'informa-
tions sur les trajets suivis, on est souvent amené à en supposer le détail. Faute de pros-
pections suffisantes, le repérage des routes anciennes, là où elles sont visibles, est loin
d'être exhaustif. À certains endroits, r existence de ponts de pierre suggère des itinéraires
importants. mais la datation de ces ouvrages, parfois mal conservés ou refaits, n'est
pas toujours facile, et ceux qui sont mentionnés dans les sources ne sont pas toujours
localisables. À proximité de la jonction des grands axes de circulation, des bret~IIes
empruntant une diagonale qui évitait un détour existaient sans doute au Moyen Age,
mais elles ne sont le plus souvent attestées que par les voyageurs de l'époque moderne
(en raison de l'écheIle, eIles ne sont pas représentées sur la fig. 1). Enfin, en plus d'un

• EPHE (Section des sciences historiques et philologiques). UMR 7572. . .


1. Sur les liaisons maritimes entre Constantinople et la Bithynie. cf. I..EroRT, Commun/canons.
p.209-215.
2. D. H. FRENCH A Road Problem' Roman or Byzantine? Istanbuler Milleilungen. 43. 1993,
p.445-454.' . ,
3. Sur Brousse, voir ici-même BoNDOux, p. 384-386.
4. Su~ ~icée. ibidem, p. 396-399.
5. VOir Ici-même GEYER, p. 23-27.
462 JACQUES LEFORT

1

LES GRANDES ROUTES MtDl~W.LF's

. a.ire. certains itinéraires ont été valori.sés à ce~aj~es époques. d'autres étant
463

é et les sources ne per~euent pas toujours de distInguer clairement entre mute


d1én
m
décIa~s
princra:
r t itinéraire seconda ore. - Sur la fig. l, nous avons distingué les itinéraire.
eMoyen Âge (certains d'entre eux correspondant à de «grandes routes") d~
t
.tles ui sont seulement pla~sibles à cette époque. Dans les notes, les références aux
ceu~ q t été réduites au mInimum.
sources on
1. LES LIAISONS OUEST-EST

L grandes routes ouest-est empruntaient trois dépressions, la plus septentrionale


es ndant au golfe d'Izmit et au lac de Sapanca, la seconde au golfe de Gemlik et
correspo é 'd' 1 1 d'A 1 b'
aU lac d'Iznik,la plus m n IOna e au ac po yOnl, aux assms de Brousse et d'lnegôl.

J. Les liaisons nord

L'existence du golfe d'Izmit, qui s'e~gage p.rofondément à l'intérieur des terres. a


lus que tout contribué à détennm"r la geographle de la circulation en Bithynie. Elle a
favorisé les relations m.arJllmes avec l,a ~:apl!ale et elle a suggéré. sur la rive nord du
golfe. J'établissement d une ~OJe de penetratIOn vers le plateau anatolien. utilisable en
oute saison depUIS la nve aSJUtlljUe du Bosphore.
1 Q. De Chalcédoine à Pelllég é,.lnTlI. envIron 130 km 6 (itinéraire AI surla fig. 1). Au
départ de Chalcédoine (Kadikoy). la route, qui est attestée à toute époque depuis le 1"
siècle, longeait la rive nord du golk en passant par Dakibyza7 et aueignait Nicomédie
(Izmit)'. De Nicomédie à Pentég" phy~a (Be~koprü), le tracé de la voie romaine n'est
qu'en partie connu9 ; elle passaIt peut-etre par la nve nord du lac de Sapanca (à 34 m),
itinéraire le plus court. mais une route au sud du lac est également attestéelD. La voie
romaine allait franchir le Sangarios sur un pont de bateaux avant que. sous Justinien,
on ne construise le pont de pielTe dit plus tard Pentégéphyra (fig. 2)11 . Le fleuve. qui
avait au X' siècle un cours double ", a changé de IiI principal à cet endroit. au profit d'un
cours plus oriental. et il avait cessé en temps ordinaire. au début du XIve siècle. de
passer sous ce pontIl. Au delà du Sangarios. la route conduisait. par TaISia (Tersiye)14, à

6. Les dislances indiquées onl été évaluées d'après la carte au 1: 800 000 publiée par Harila
Umum Müdürlügü, 1936.
7. Sur Dakibyza. cf. Foss. Nicollledia. p. 50.
8. Celte route, qui figure sur la Table de Peutinger (MILLER, p. 655-656), est décrite dans
"Itinéraire AlltOIl;/l (ibidem, p, LVIII) el dans l'ltilléraire de Bort/ealu à Jérusa/em (ibidem.
p. LXIX). - C' est la première section de la voie que Ramsay a nommé «the Pilgrim's road. ; cf.
FRE.'IICH, Pilgrim's roael, p. 13; LEFORT, Comullmicatiol1S, p. 21S. Sur Nicomédie, voir ici-même
BONOOUX, p. 399-402.
9. Celte voie figure sur la Table de Peutinger ; cf. MIllER, c. 669-670. Entre Nicomédie et le
lac de Sapanca. Moustier, p. 6, mentionne une route pavée de 4 m de large.
. 10. Sur l'itinéraire nord, représenlé sur la fig. l, cf. DIEST, Pergaman, p.94-95; les. canes de
Miller, p. 634. de $ahin dans EpigraplJica Alla/olica, 7, 1986, p. 162. et de Foss, Malaglna. fig. 2
p. 169. - Route au sud du lac: DIEST. PeTgamoll, p. 95 ; RAMSAY. carte entre les p. 178 el 179;
TlB, 9, cane hors texte. Cette route conduisait plus directement à Kabaia .
. II. ,Voir ici-même KRAVARI, texle nO 3, p. 67-69 (Procope). - Sur ce pont, cf:, M. WHrrav,
JuslIntan s Bndge over Ihe Sangarius .... Jal/mal ofHellenicSllldies, lOS, 1985, p. 1_9-14~:
'. 12. Cf, JANIN, Grallds cell/res, p. 103 n. 1. _ Le toponyme byzantin Mésonèsos, .1 tle du
nu),eu~: et le toponyme lurc Adapazan (carte turque. n38), «le marché de J'île», qui évoquent une
presqu tle ou Une île, pourraient avoir un rapport avec cette situation; cf. Foss, M~Mgl~a, p.178-179.
13. Sur le retour provisoire du Sangarios dans son ancien lit en 1302, VOlr lCl~meme KRAVARI.
leXIe no 19. p. 92-96 (Pachymère). . 3 d
OOll'l,14.p.Mentton
392.
de la voie romaine au sud du kal. de Küçilk Tern'ye (cane turque, fi 8) ans
JAcQUES LEFORT
• LES GRANDES ROUTE.S Mé.OJé.VALES

. e DeuX itinéraires empruntant ce passage sont attestés jusqu'à Nicée. À l'est du


465

",alaiSé. tes pennettaient de rejOindre la vallée du Sangarios, en franchi ..ant des se '1
Igc, deuX rou . .. UI!;.

a De Kios à Nicée, par la rive nord du. la~, environ 56 km (A2). De Kios à
n' azi20, l'existence d'un~ ~ole.romalOe est Indirectement aUestée21 . D'Orhangazi,la
Orh' g . longeait le lac, se dlTlge.. t veC' Kyr Georges, château qu'on peut localiser aux
route, nqUlde Boyahea (carte turque, r30)22, el de là à Nicée. À 5 km environ à l'o~est de
env!fO : route traversail le Kara Dere par un ponl qui a été reconstruit deux fois avant
NIcée, a moderne, en des endroits différenls en raison du régime torrentiel du cours d'eau
J'époque changemenlS de lit sur son cône de déjection: une première fois sous Justinien
el de ses ç" IC è' "
(fig. 3)23, el une seconde ,OlS, peut-otre sous es omn nes d après le parement (fig. 4)24.

1 De Trigleia à Nicée, par la rive sud du lac, environ 86 km (A3). - La route de


T · le',:.2' (Tirilye 1Zeytinbagll à Apamée'" (Mudanya) est indirectement attestée au x,v'
si~~e27. - Une inscription rupeslre aujourd ' hui disparue, au sud du lac d'Iznik (à

Claudioupolis (Bolu)15. - Sur le cours oriental du Oeu ve. il .j km environ au sud~est de


cet ouvrage, un pont apparement plus tardif, dont les "e'lI ges s ~b~lStenl (au heu-du
Geçit, «gué»)16 pourrait être lié à une route en directi on cio Modrene (Mudumu). Plus
tard, le déplacement d'un méandre a rendu ce pont lUI ausSi cadllc.

b. De Pl'Iai à Nicomédie. Sur la rive sud du golfe, l'existence d'une route côtière,
peut-être de Pylai à Prainétos, en tout cas de Prainétos à Nicomédie, ,:st attestée à partir
du Vile siècle l '; il n'est pas sûr qu'il s'agisse d'un grand axe de Circulation, dans la
mesure où les liaisons entre les agglomérations de cette côte s'effectuaient aussi par
cabotagelS. À l'ouest de Pylai, une route permettait de gagner Pythia (Termal),

2. Les liaisons cel/traies

Le golfe de /Gos (Gemlik) jouait, à un moindre degré, le même rôle que celui de
Nicomédie dans la géographie de la circulation. Le port de KlOSI9, protég.é des vents,
était un appui maritime. La liaison enlre /Gos et le lac de NIcée (à 85 m) étaIt sans doute
20. Omangazi esl peut-être il proximité de Basilinopolis, voir ibidem, p. 383-384. .
21. La Table de PeUlinger fi gure une voie de Pylai il Cio (cf. MILLER, c. 631-632, 694). qUI
15. Ceue route a été utilisée par les armées de Jean Il Comnène (KlNNAMOS, p. 13,14; cf, passau ~obablement près d'Orhangazi. - C'est par ceUe route Qu'Alexis let fit en 1097 transporter
CHONIATÈS, p. 19-20) et de Manuel Comnène (ibidem, p. 197); VOir. M. HENDY, StudJes ln the par chanOIS des bateaux depuis Kios jusqu'au lac de Nicée (ANNE COMNENE, III, p. 11-12)..
Byzantine monetary Economy, c. 300-1450, Cambridge University Press, 1985, carte 27,. p: III. 22, Le châleau de Kyr Georges n'a pas été retrouvé. Sur les textes qUl pennettent de locabser
16. Cf.l.EJ:oRT, Communications, p. 216; voir aussi S. $AH1N, Wasserbauten Jus~mlans am approxlmattvement cette fortification, cf. LEFORT, Coml1lllllÎCarions, p. 212 n. 31. et, pour J'un
unleren Sangarios in Bilhynien, XI. Congresso internazionale ~i e/~igrafia greca e lalma, Roma d'eux (Mésaritès), voir ici-même KRAVARt, texte nO 16, p. 85, Cette section de 1. route n'est appa-
18-24 set/embre 1997, Alti, li, Rome, 1999, p. 643-658, en partlculrer fig. 4, p. 658. - La date et remment pas attestée avant le Moyen Âge (MANGO, Hélll/opolis, p. 144, 157), époque durant
la fonction de ce pont ne semblent pas définitivement établies. laquelle elle est régulièrement mentionnée.
17. Voir ici-même KRAvARt, texte nO 4, p. 70-71 (Vie de Tlléodore de Sykéôn) ..- En 1096, 23. Voir ici-même KRAVAR', teXle n. 3, p. 69 (Procope).
Pierre l'Ennite a utilisé cette route, en sens inverse, entre Nicomédie et le Chlvetot (près 24. LEfORT, Communicatiolls, p. 214.215. _ Cet itinéraire est attesté PB! un mouvem~n. de
d'Hélénopolis): voir ibidem, texte nO 12, p. 77-81 (Albert d'Aix). - Sur cette route, cf. M~, troupes au début du XIt' siècle: Alexis 1", venant de Lop.dion, gagne (par Kios) le ph"",no" de
Hillnopolis, p. 144-145. Sur Pylai et Prainétos, voir ici-même BONDOl!X,!?, 404-405 et 4O~ot n; Kyr Georges aVant de se rendre il Nicée (ANNE COMNENE, III, p. 188).
18. Voir, pour J'époque moderne, les remarques de GReLOtS, ICI-meme p. 511. - a te 2~. Sur Trigleia, voir ici-même SONDOUX, p. 408, n. 431.
cependant, pour l'époque romaine, qu'un milliaire a été signalé à l'est de KaramUrsel, sans dou
~s d'Esk.igonca (carte turque, 032 ; cf. l'RENO!, Catalogue, l, p. 208 nO 579).
2 . Sur Apamée, voir ibidem, p. 381. . ée
27. CANI'ACIIZÈNE, l, p, 220: en 1327, Andronic III veut porter seœurs il Brousse a5Slég
19. Sur Kios, voir ici-même BONDOUX, p. 391-392. par les Ottomans en partant de Triglei •.
466 JACQUES LEFORT
• LES GRANDES ROUTE,S M ~DI~VAlES
467

Sankaya). mentionne la restauratio~l au Icr siècle de la voi.e romaine d' Apan:ée à Nicée 28 ,
La route passait pM Kios", pUIS, par KrouUa J O (GU rie), eUe gagnait Nicée". _
L'itinéraire entre Kios et Nicée par le nord du lac (A2) a peut-être été privilégié au
Moyen Âge parce que la voie romaine qui longeait la rive sud du lac, là où elle passait
en position basse, était panais submergée 3:!,

c. De Nicée à Kabaia, environ 54 km (A4). - De Nicée en direction de l'est, la route


gagnait Karadin JJ : puis, en passant à 400 m d'allilUde, elle rejoignait, a~n!s Une fone
descente. la vallée du Sangarios (à moins de 100 m) à Mekece" : elle passait à proximité
du chilteau byzantin de Métabolè, ou de Malagina (Pa~alar)" ; puis eUe allait franchir le
Sangarios. vers le xc siècle par un pont proche d~ K~baÎa36 •.s~r un bac au XIve siècle31,
plus tard par le pont d ' Alifuatpa~aJS, et eUe aUeJgnaIl KabaIa,· (Geyve). - La route se
dirigeait ensuite vers Tarakh et Goynük.

Fig . .) - Le 1)' 'nI dit T:.I~kôprü près <.le Lefke

d. De Nicée à GO/l'ozan. Cil ', :"' " S9 km (A4 puis AS). - La route empruntait l' iti-
néraire A4 jusqu'à Karadin. - Ap,'." avoir franchi un seuil (300 m d' altitude), la route
des pèlerins allait traverser le Giif, ·,1, affluent du Sangarios, par un pont romain ou proto-
byzantin dit aujourd'hui Ta~ kii Jl rli , l 'l~. 5)'0 et gagnait l:"ukai (Lefke 1 Osmaneli). Elle
travef$ait ensuIte le Sanganos. ['c ul-etre par un gué pres de Sakarya Istasyonu (carte
turque, s35), et atteignait, en passant à 550 m d'altitude, GOIpazan41 • - Plus loin, la route
penneuait de rejoindre Ankara.

3. La liaison méridionale

Une série continue de bassins séparés par des dénivellations relativement faibles a
favorisé, au sud de la Bithynie, l'établissement d ' une liaison entre la merde Mannaraet
Fig. 4 - Le pont byzantin sur le Kara Der~
la Phrygie.
De Cyzique à Dorylée, l'itinéraire fait environ 247 km (A6). - Depuis Cyzique42,
28. ~AHIN, IVlik, 1, nO13. - Plusieurs milliaires On! été retrouvés dans Je même secteur; voir la route, qui passait par Panormos (Bandtrtna) et Michalikion43 (Mihaliç 1 Karacabey),
id-même K10URlZIAN, p. 47-48. . , gagnait Lopadion44 (U1uabat) par un pont édifié sur le Ryndakos, dont les vestiges subsis-
29. La route suivie par les voyageurs à J'époque moderne depUIS ~u~unlu, à 1.3 km à ',est
de Mudanya (cane turque, s26) passait par EngürUcük (s27), au sud de Kws, el gagn"'t plus à 1est tent (fig. 6)'5. - De là, en longeant la rive nord du lac d'Apollônias (2 m d'altitude) et en
Umurbey (r21) : cf. par exemple COVEL, p. 226. passant par Tahtah (carte turque, (25)46, eUe alteignait Brousse47• - À l'est de Brousse. la
30. Sur Kroulla. cf. PACHYMÈRE IV, p. 454-455.
31. Voir ici-même KRAVARI. texte no 21, p. 98 : Ibn Battuta, venant de Brousse. a emprunté
cette section de la route en 1333, en s'arrêtant à KurIa. 40. Sur ce pont, cf. FRENCH, Pi/grim's rood, p. 27.
32. Sur les périodes de hautes eaux du lac, voir ici-même GEYER, p. 172. 41. Ibidem, p. 16.
33. Schin.. au IV' siècle; cf. FRENCH, Pilgrim's road, p. 29. 42. Sur Cyzique, voir ici· même BONDOUX, p. 387-389.
34. Mekeci sur la cane turque (r35). La bourgade est mentionnée (Makiijâ) par lbn Balluta, 43. Laonici ChalaJcandy/a. Hisrorianml demollstrationes, éd. E. DARI<6, U, Budapes~ 1923,
p.659. p.5 (en 1422, Murad II, depuis Lopadion, dévaste la region de Michahkion). .
35. Voir Foss, Ma/agina, et ici-même GIROS, p. 220, BONDOUX, p. 394-395. 44. Sur Lopadion, v.oir id-même BONDOUX, .p. 392:394. - Sur l'lmpon~ce de Lopaditn
36. Cf. HONIGMANN, Itinéraire, p. 27()"271. dans la géographIe de la clrculauon en Blthyme, vOIr aussI LEFORT, CommWlIeatlOns, p. 209--2 O.
31. IBN BA11VfA, p. 659: entre Mal<ajâ (Mekece) et Kâwiyâ (Geyve). . 45. Sur ce pont, cf. ANNE COMNÈNE, II, p. 80; III, p. 189; voir aussi HASLUCK, 0<.eus,
. 38. Suree pont, cf. ÇULPAN, rr, p. 116-119. _ Un pont est mentionné à cet endroIt dans un p. 78. - Cette route a été empruntée par Théodore Stoudit. en 797 jusqu'à Abydos, cf. OIEYNET-
regIStre ottoman de 1523 (BA"KAN - MERlÇU, p. 473, no 726: KoprU ba~I). FtUSlN, Kathara, p. 198 et 209. 1
39. Fontanier, p. 3 J7. mentionne une route en chaussée dans la plaine entre Geyve et le pont G 46. Cet itinémire est mentionné par les voyageurs depuis le XVI' siècle: cf. par .xen,p e
sur le Sangarios.
ERLACH, p. 258: COVEL. p. 208-210.
468 JM'QtlF.s lEI-"ORT
• Les GRANVES ROtrTE.') MéOléVALE./i

pYLA! À NIC~B. Tout ce,qu'on ~ait sur cel itinéraire, pounanl l' un des plus
469

DE Moyen Age, est qu Il passaIt par Kyr Georges (ci·dessus, p. 465).


fréquenlés au
Il est possible qu'il ait emprunté des roules déjà mentionnées, B2 de Pylai à
a. . is A2 d'Orhangaz1 à N,cée (en tout 62 km).
Orhangazl, pu
L'existence d'une roule plus directe, passant par Çoban Kale'" et empruntant
. b.. B3 de Validekôprü à Kyr Georges, est vraIsemblable" .
l'iunéralte
D'H~LéNOPOL1S À NICËE, en.viron 47. km (B3 puis A2), La route qui, panant
'Hélénopolisl6 (Hersek), remontait le Drakon (Ya.lakdere) est attestée dès le IV' siècle".
1us u'à Validek~prü, le tracé co~stantlmen, qUI SUtvatt à cenams endroits la rivière, peut
êtreqlocalisé, grace à nos observations, par des tatlles dans le rocher, par les vestiges de
onts et par un ponceau édtfié sur un torrent~8. II passatt à proximité de Çoban
~~x ~arce que cetle route était dangereuse en temps de crue, Justinien fit construire
au~'la remplacer, une route d' alt!tude (elle passe à 300 ml, que nous avons repérée prè~
r.Ayazma, à 2 km à l'est de la precédente (fig. 7). Sur cetle route, Justinien fit également
Fig. 6 - Le pont d'Uluabat

route est mal aUestée au Moyen Âge's. Par Kestel". après anlir fra nchi un seuil à 500 m,
eUe aueignaitlnegol, puis eUe montait jusqu' à 800 m, à Annéno b stron (Ermeni pazan 1
Pazarclk), passait par Bozüyük50 et elle gagnait Dorylée, et. à l'époque ottomane, Eski~hir.

11. LES LIAISONS NORD-SUD

Les routes nord-sud étaient souvent malaisées, sauf il l' ollest, où les altitudes sont
faibles, et à l'est de la Bithynie, où la vallée du Sangarios el ce lle de son affluent le
Karasu constituaient un passage naturel.

D'APAMÉE À BROUSSE, environ 28 km (BI). La route passail à plus de 250 m d'al-


titude, puis elle franchissait le Nilüfer à 5 km de Brousse, en particulier par le pont
d'Abdalmurat (carte turque, t26)51.

DE PYLA! À BROUSSE, environ 70 km (B2, A2, B2). - Le tracé de la voie romaine


de Pylai à Kios n'est pas exactement connu 52 ; elle franchissait un seuil à plus de 300 m
d'altitude, rejoignait probablement Orhangazi, puis gagnait Kios par l'itinéraire A2.
- De Kios à Brousse, le détail du trajet médiéval n'est pas mieux connu S3 .

47. Cette roule a été empruntée au début du xne siècle par Alexis 1er et son armée: ANNE
COMNÈNE, III, p. 188 : trajets J(jbôtos - Lopadion el, en sens inverse, Lopadion - Kyr Georges (par Fig. 7 • Les routes d'Hélénopalis et de Nicomédie à Nicée
Brousse) ; voir également IDRISI, p. 312 (route Brousse - Libadhia = Lop.dion).
48. Mention du trajet Arménok.stron - Dorylte dans ANNE COMNtNE, m, p. 198.
49. Sur Kestel, voir ici·même GIROS, p. 221.
50. Sur Bozüyük, voir LEFORT, p. 104 (M.trakçt), et GRÉLOIS, p. 127, 131 (Dernschwam). 54. Sur la forteresse de Çoban Kale, voir ici· même GIROS, p. 215.
51. Cette route, qui ne figure pas sur 1. Table de Poutinger, serait attestée à l'époque romaIDe : 55 ..M~NGo, HéléllOpolis, fig. 1 p. 159; LEFORT, Communications, p. 212. - Une autre (?)
cf., sans justification particulière, D. MAGIE, Romall Rule in Asia Minor, n, Princelon, 1950, p. 1188. IOUle, q~, n esl. pas représentée sur la fig. l, eSI mentionnée par Pachy~re (IV, p. 4~-455) entre
Sur le pant d' Abdalmurat, voir ÇULPAN, TT. p. 174. _ Le trajel Triglia • Brousse est a!.testé a~ XIV" Néakonus et NICée. Sur la localisation de Néakômis, à une dizaine de kilom~trts à 1est de ?yI...
SIècle (cf. nOIe 27). L'tmporumce commerciale de la route Mudanya _Brousse au XV" SIècle, hée 'U cf. MANGO, HéléllOpolis, p. 156 ; LEFORT, Communicatiolls, p. 212. .
développement de cette dernière viIJe, est manifeste; voir ici.même GéROLYMATOU, p. 497. . 56. Sur Hélénopalis, voir ici-même BONDOUX. p. 390-391. _ Sur 1. déchn probable ~ la
52. Celte voie figure sur la Table de Peutinger, cf. MILLER, p. 694. - Sur la fig. l, l'itinérarre IOUle. du Dtakôn au haut Moyen Âge et sur sa réhabilitation après la constrUCtion ~n 1085 du château
entre ?yI.. el Orhangazi suit la route moderne. de Kibôtos près d'Hélénopolis (Le Chivelot des Croisés), cf. LEFoRT, CommunlCatlOlIS, p. 213.
53. li est fait allusion à cette route dans de nombreux textes médiévaux, du Ville au xve s., par 57. AMMIEN MARCELLIN, XXVI.8.1.
exemple dans THtloPHANE, p. 471. 58. LEFORT, Communications, p. 214.
470 JACQUES lEFORT

édifier deux larges ponts enjambant le Drakôn, dont l'un p~urrait être situé à
Validekoprti (le pont actuel semble succéder à un pont plus ancien)'•. - Au sud de
Validekoprti, après avoir franchi le défilé de KlZderbent et un col (à environ 250 m), la
route descendait vers le lac de Nicée en passant par Kokarca ; la chaussée, à cet endroit
T
\
une des rives U ,
LES GRANDES ROlTTES MéDIéVAles

NICÉE À BROUSSE. U!, ou deux itinéraires plus courts que ceux qui passaient par
DE . d lac et par Klos sont plaus.bles :

De uis Nicée, un~ r~ute gagnait en effet par une forte montée le village de
a. / km), à 500 m d altltude60 ; elle passait pr~bablement par Koyunhisar69 et ar
()erbtnt ( Il rejoignait l'.tlnéralre A6 (en tout, environ 72 km). P
471

entrecoupée de marches, est dite localement Kukmerdiven 60 . Elle rejoignait, sans doute
près du château de Kyr Georges, l'itinéraire A2, qui conduisait à Nicée61 •
J(es tel , o~ e e
Au moins dès I~ déb~t de l'époque olto,;"ane, depuis Derbent, une route passait
DE PRAtNÉTOS À NICÉE. La voie romaine de Prainétos à Nicée, qui figure Sur la 1 pat t~ni~ehir70
et rejOIgnait probablement 1 Itméralre précédent aux environs de
Table de Peutinger6', est sans doute plus ancienne que celle d'Hélénopolis à Nicée, qui
n'y figure pas. Son tracé n'est pas connu. Koyunh lSar.
DE NICÉE À DORYLÉE, un seul itinéraire est attesté au Moyen Âge, mais deux autres
a. Il est possible qu'elle soit passée par Vaiidekëprti 6J , avant de gagner Nicée par 1 le sont par la suite:
l'itiné-raire B3-A2.

b. Nous avons également fait l'hypothèse, peut-être moins plausible, d'une route
plus directe, qui aurait rejo;nt l'itinéraire B4 à Senaiye (carte turque. (31)64. .
1
'us :àUne route ancienne (A4, A5. B5, ~6, environ 151 km) suivait les itinéraires A4
Karadin, puis A5 jusqu'à Leuk.i. A 11 km au sud de cette localité, abandonnant
Ja!Uée du Sangarios, elle remont",t celle du Kara,su. en passant par Bilecik7l . De là, elle
l 't Arffiénokastron et reJOIgnm t Dorylée par 1 Itlnéra.re A672 .
gagna.
DE NICOMÉDIE À NICÉE, environ 60 km (B4). Le tracé de la voie romaine est main-
tenant assez bien connu 65 (fig. 7). - Depuis Nicomédie, après avoir franchi un ruisseau
b. Au début de .l'époque ottomane, la route ~.e. Nicée à Eski~ehir passait, après
et une étendue marécageuse par plusieurs ponceaux, dont cenai ns (lnt été retrouvés. eUe
()erbent, par Yeni~ehlr e! Akb'ylk : ~lIe reJOIgnait 1 Itméralre A6, probablement à 6 km
gagnait Éribolos66 (près d'lhsaniye). - Elle gravissait la montagne jusqu'à la mansio de
environ à l'ouest d'Arroenokastron'· .
Libum, près de Senaiye, en passant à plus de 550 m d' altitude ; cn,ui te, après avoir passé
par Osmaniye et Sanagtl, elle obliquait d'après nos observations vers le sud-est, joignait
c. Des environs de Bilecik à Eski~eh ir, un autre itinéraire ottoman, par Sôgilt, est
la mu/alÎo de Liada, à 5 km au sud-est de Sanag.1 (carte turque. p., I ). traversait le Kara
Dere (le pont actuel est ottoman), passait au sud-est du monumen t Funéraire de Cassius également attesté'·.
(Dikilita~) et atteignait Nicée par l'itinéraire A2 6'.
DE SMÜTLÜ À AUFUATPA§A KÙPRÜSÜ (B6), environ 48 km. Il est probable qu'une
route remontait la rive gauche du Sangarios dans son cours inférieur, depuis la mer
Noire7l . Du château byzantin de Siigütlli'6, elle rejoignait Pentégéphyra, puis, traversant
le défilé du Sangarios, elle atteignait les abords du pont d' Alifuatpa~a. De là, on pouvait
gagner Kabaia, ou Mekece.

DE NICOMÉDIE À DORYLÉE. la route principale était au départ doublée par un


raccourci.

59. Voir ici-même KRAVARl, texte n' 3, p. 68 (Procope) ; cf. DIEST, lA,wscliaft, p. 113 ; LERlRr, a. L' itinéraire le plus aisé (environ 209 km) passait probablement à proximité de
Communications. p. 214. Penlégéphyra (par AI), puis par le pont d ' Alifuatpa~a (par B6). Il empruntait ensuite
6O. /bidem .
61 . Cet itinéraire esf attesté aux Xle-Xlle siècles: cf. par exemple ANNE COMNàlE. Il. p. 211.
III, p. 37, 165-168.
62. Cf. MlLLER, c. 687. - En 959, Constantin VII débarque à Prainétos pour aller à Nicée
(THÉOPHANE CONTINU~, p. 464). 68. Nous avons repéré un tronçon de ceue route au pied du versant qui monte vers Derbent.
63. Cf. MANGo, Hélénopolis, p. 145. . 69. Des tessons du XIII' siècle et du début du XIV' y ont été récoltés; voir ici-même FRANÇOIS,
64. LEFoRT. Communications, p. 215. - La route Prainélos - Nicée pourrait être identique à p. 301. - Koyunhisar est mentionné par A~lkpa~azade, voir ici-même BELDICEANU, p. 369.
celle qui est mentionnée par Pachymère (IV, p. 454-455) entre Hérakleion (Eregli, carte turque, 70. Voir ici-même LEFORT, p. 104 (Matrakç.), GRÉLOIS, p. 123 (Demschwarn). . .
031, à 4 km à l'est de Karamürsel) et Nicée. Un autre itinéraire, par Merdigoz, Fuglac.k et 71. Nousavons observé des vestiges de cette voie près de Gülümbe, au nord de B.leclk.
Yürükler est anesté à l'époque moderne; voir ici-même GRÊLO'S, p. 520. . III 72. Ment.on de l'itinéraire Nicée _ Leukai - Annénokastron - Dorylée dans ANNE CQMNWE,
65. Cene voie figure sur la Table de Peutinger (MIllER, c. 656-657) et elle est décnte en ,p. 197-198.
particulier dans l'Itinéraire de Bordeallx (ibidem, p. LXIX). Cf. en dernier lieu LEFORT, Corn· 73. Voir ici-même LEFORT (Matrakç.) p. 104, GR~LotS (Demschwam), p. 124, 133.
munications, p. 216-217. 74. F. TAESCHNER. Das Ana/olische Wegelle/z lIach osmanischell Quellen, leipZig, 1924, p. 104.
66. Sur Éribolos, qui figure sur la table de Peutinger (MILLER, c. 631-632), cf, DIEST, (k 75. CI. Foss, Malagilla, fig. 2 p. 169, admet l'existence de ceue. route, entre ~dapazan et
IAndscltaft, p. 189 ; FRENCH, Pilgrim's road, p. 29 el n. 103; S. aOUT-POLAT et S. ~AHIN, dans cf. yve. - Les voyageurs o~t vu divers éléments anciens sur cet ibnénure, au ~ord d Adapazan ,
Epigraphica Anatolica, 5,1985, p. 104. par exemple DIEST mSIl p 67 (ancienne route pavée eotre Kèimürlük et Süleym:mbey, carte
67. Cette route aurait été réparée par les Croisés à la fin du XI' siècle (cf. DIEST,lAnd.cltaft, turque, 038). " .
p. 153). Elle restait en usage au XVI' siècle; voir ici-même LEFORT, p, 103, et GRÉLOIS, p. 120. 76. Sur ce château, voir ici-même GIROS, p. 220.
472 JACQUES LEFORT

l'itinéraire A4 (en passant près de Métabolè) jusqu'à Mekece, puis une route, qui e t
attestée, entre Mekece et Leukai". De là, les itinéraires B5 et A6 conduisaient à Dorylé~.

b. Une route plus coune, qui est ancienn~ mais ~ui est peu attestée el qui passait à
950 m d'altitude, conduisait directement de Nicomédie à Métabolè". LES VOYAGEURS À L'ÉPOQUE MÉDIÉVALE
L'Olympe formait une barrière vers le sud. À l'ouest, où les altitudes sont moins
élevées. la seule 1iaison importante conduisait vers le sud-ouest. en passant vraisembla_
blement par Susurluk 79 . par Élisabeth MALAMUT*

1. LES SERVITEURS DE L'ÉTAT

J. La poste
Les routes terr~stres ven~nt d'Orient devaient travers~r la Bithynie pour joindre
Constantinople. Le role de relaIS et de carrefour de. la Blthyme est sans doute sa caracté-
ristique essentielle. li suffit I~I de mentIOnner, parmi les voyage~rs de la poste, l'empereur
Julien qui, en 362, se rendit de ConstantInople à Antioche (Il passa par Chalcédoine
Libyssa, Nicomédie, Nicé~ et An,cyre) 1 ; ou la pèlerine Égérie qui revint d' Antioche ve~
400 pOUf aller à Constantmople-. Le service de la poste suggère des relais, dont nous
avons quelques témOignages; Le premier est, en 333, celui du Pèlerin de Bordeaux3, qui
mentionne les mallSlOlIes (etapes) et les mlllatlOlles (relais) le long de la route de
Bordeaux à Jérusalem, et en panicul ier de Constantinople au Sangarios, par Nicomédie et
Nicée'. Étapes et relais se succèdaient à une moyenne de sept milles, c'est-à-dire environ
tous les dix kilomètres.
Rappelons ce que dit Procope de la poste avant le règne de Justinien; «Sur le
parcours journalier d'un homme alel1e, ils établirent des stations, parfois huit, parfois
moins, mais le plus souvent pas moins de cinq»s. Aux relais, on pouvait changer de
cheval6, ce qui permettait aux informations de parcourir, en cas de nécessité, peut-être
350 kilomètres par jour. Ce service visait en effet à acheminer les nouvelles provenant
des frontières de l'empire à la capitale et vice-versa 7, ou encore à accélérer les rentrees
de l'impôt. Un personnel nombreux, disponible et efficace était pour ce faire au service
de l'États .

• UMR 7572, Collège de France - CNRS.


1. AMIEN MARCEUIN, XXII, 9, 1-9.
~ M2. Éo~RŒ, JOl/mal de voyage (Itinéraire), introduction, éd, trad., notes, index et cartes par
. ARAVAL, Pans, 1982, p. 187.
3. Récits des premiers pèlerins chrétiens au Proche-Orient (IVt-VW si~c1e). textes choisis,
/lféstmés et annotés par P. MARAVAL, Paris, 1996, p. 14-30.
4. LEFORT, Communicatiolls, p. 216.
U S. PROCOPE, Histoire secrète, p. 140. - Sur le cursus publicus à haute époque, voir. P. MARAvAt,
~u.r s,omts el pèlerinages d'Orient. Histoire el géographie. Des origines à la conquilt arabe.
s, 985, p. 172 et n' 62.
écu e6. Ibi~ellJ : {(~es chevaux se trou vaient dans chaque slation, au nombre de quarance. et des
77. Cf. OoLTZ, p. 122 (trace de voie romaine sur la rive gauche du Sangarios).
78. BRYENNE, p. 173-174 (on pouvait joindre en une nuit Nicomédie depuis Métabolè);
i
y ét~lent aSSignés à toutes les stations». .
de dix ..lbldem: «Ceux à qui était confié ce travail arrivaient à l'occasion à faire en un jour le tmjet
cf. Fos<, Malagina, p. 171 et fig. 2, p. 169. SYkéô<!~3ées». En 610, la nouvelle de l'assassinat de Phocas, survenue le 5 octobre, pamnt 11
79. Sur les voies romaines dans cette région, cf. HASLUCK, Cyzicus. 8 'PR 50 km de la. capitale, le 7 octobre: Vie de Théodore de Sykédn, § 152, p. 127.
. OCOPE, HIS/olre secrète, p. 140.
......
LES VOYAOEURS À L'~pOQue M~OI~VALE
B.ISABETH MALAMUT
474
1 lac de Sapanca et Nicomédie, empruntait souvent, à partir de cette ville
Du IVe au VIC 5., une liaison maritime foncti~nna entre Dakibyza et Hélénopolis9 que la reute.~ar eThéophylacle d' Achrida, à la fin du XI' siècle, embarqua à Nicoméd' '
urne .
plus rapide que la voie empruntée par le PèlerIn de Bordeaux pour gagner Nicée: la VO l stantinople, mais 1~ ve~ t d un.,
'e rnart ord souftl an.t depUls
. Pantelc
. hion, le rabattait vers
le
désormais carrefour des roules menant en Onent. Justlmen suppnma la pOste SUr 1 poorCo~ans ces cas, on balss .. t la VOIle et on allaIt à la ramen . L'essor de Lopadion,
trajet Chalcédoine - Dakibyza et obligea le,s courriers, ~ontre leur gré, à embarquer ~ le sud ~vial à partir duquel .les ;oyageurs venant du sud-ou~st embarquaient paur
Constantinople pour gagner Hélénopolis lO. A NIcée, Jusume,n a resta~ré l'hôtellerie des n
pan tino le témoigne ausSI de 1 Importance des 1I~lSons manhmes avec la capitalel4.
courriers de la poste ll . Cinquante ans plus tard, la présence d un slraror Impérial à Pylai, Cons lan lre';"ait sur la roule de la poste. dans les localités les plus importantes, des hôtel-
o~ embarque Théodore de Sykéôn pour la capItale. témOlgn~ que la route passe alors par . O~'Élal ou d'Église, les x~nodochet((2S. Il semble que certains ports équipés pour la
Pylai, qui remplace probablement Hélénopollsl2. Malgré le role de plus en plus important lenes;ion des voyageurs se sOient m~mtenus longtemps. À Pylai, Manuel 1" Comn~ne
de Pylai, d'autres ports continuaient d'être utilisés pour le passage de la posle, comme récep une ambassade du suilan d IconJum, preuve que la roule publique venant
celui de Sangaros, que l'on idenlifie à Angaros près d'Hélénopolis J3 : cette rouIe de la ~UI atol ie Y aboutissait encore au XII' SJècle~•. En revanche, en 1~08, quand Nicolas
poste, dans le sens Nicée - Sangaros - Conslantinople. élail selon les géographes arabes d A':r;lèS doit Y dO~1f sur. la pla~e avec d autre.s v?yageurs27 , Il n'y a certes plus
utilisée dans la première moitié du xc sièclel~. Més, Il 'e mais Pylm conhnue à elre le port prIvilégIé de débarquement en Bithynie
Il est probable que la roule emprunlée par Théodore de Sykéôn. lorsqu'il rejoignit d'hôle en ,
uis la capilale2S . .
son monastère après son séjour dans la région de Nicomédie en 612, élait, avec celle dep La posle n'élail pas ~cce.sslble à tout un cha~un. ~lIe élait théoriquement réservée
passant par Nicée, l'aulre grande roule pour gagner Ancyre (Ankara). En lémoignent les ux ernpereurs et à la famIlle It~pénale , aux fonctlOnn .. res 2• el a~x évêques qui accom-
élapes à la sortie de Nicomédie, d' abord la localité dlle Hebdomon. qUI comportait une \ssaienl des voyages profeSSIOnnels,. accompagnés de leur sUitelO • Des passe-droits
auberge et une église dédiée à Saint-Denis" : on peut supposer que celte localité était à p uvaient être distribués aux prIVIlégIes, m.. s bea~coup de gens du commun devaient
7 milles de Nicomédie. Théodore passe par une aulre localilé. dite Dékaton, où il y avait po er à leurs frais, les plus nécesslleux à pIed, d autres à dos de mulet pour les longs
égalemenl une auberge, et qui devait êlre située à 10 milles de Nicomédie l•. n arrive
esuite à Synai, où il loge. Puis il atteint le lieu dil Gallos". On ne sait où sont situés
:I~~, et les plus riches à chevaP'. Lors des périodes de troubles, la poste était désorga-
Synai el Gallos, mais cette route au nord de la Bilhynie, qui longe le lac de Sapanca, est nisée. voire mexlstante.
idenlifiée ls. Elle fuI partiellemenl emprunlée par un voyageu r arabe du milieu du x'
siècle. qui se rendil à Constanlinople par le service de la po, te impériale l9 . Depuis
2. L'armée: la Bithynie, lieu de ra.uemblemenr et de passage
Ancyre, à dix jours de marche de Conslantinople, il passe, semble-t-il, par le lac de
Sapanca, qu 'il franchil en baleau, avanl d'arriver au boul d'une journée à dos de monture La Bithynie, porte de Constantinople sur l'Asie Mineure, était un lieu de rassemble-
jusqu'à Nicomédie. Il embarque alors pour Chalcédoine. d'où , après une nuit de repos, menl et de passage obligé pour les armées. Les routes suivies par les soldats ne
il traverse pour Constantinople2o. On noIe une vilesse moyenne de 45 km par jour. correspondaient pas exactemenl à celles de la poste. Plus nombreuses, eUes dépendaient
Ainsi,les deux grandes roules de la posle depuis ConslrIl1Iinnple vers l'Orient, bien des lieux de concentration des Iroupes el de la destination des armées. La Bithynie était
atteslées du IV' au VI' siècle, fonclionnent loujours à l'époque médiévule : en 1057 encore, quadrillée par des roules stratégiques donl les grands nœuds étaient Nicomédie32, Nicée31,
quand Kékauménos, après avoir quitlé Conslantinople pour rcnlrer chez lui, se trouve à
Nicomédie, il croise la posle qui se dirige vers la capitale 21. Les itinéraires semblent 1180, le patriarche Jean Bekkos, qui désirait se rendre à Nicée depuis le mont Saint-Auxence,
avoir été peu modifiés, si ce n'esl que, depuis Nicée vers la capitale, la roule gagnait l'un lrav",e le golfe de Nicomédie et débarque au Chivetol. Il emprunte vraisemblablement 1. vallée
ou l'autre des emporia de la côle sud du golfe de Nicomédie (Hélénopolis 22 , Pylai, etc.) el du Drakôn et, en tout cas, s'arrête au lieu~dit Ennaton, vraisemblablement au milliaire 9 de Nicœ.
Renonçant à se rendre à Nicée parce qu'il n'avait pas les moyens financiers de faire son entRe
dans 1. ville, il gagne Pylopythia. pour débarquer à Constantinople le 13 septembre,
9. Ibidem ; LEFORT, Communications, p. 213. cr. PACHYM~RE, Il, p. 623. - Sur Hélénopolis, voi r ici-même BONDOUX, p. 390-391.
1O. lbidem. 23. T1t~OPHYLACTE 0' ACHRIDA, Lettres, Introduction, texte, traduction et nOIes par P. Gautier,
Il . Voir ici-même KRAVARI, texte 3, p. 68 (Procope). Thessalonique, 1986, nO4,1. 19-27.
12. Vie de Théodore de Sykéôn, § 131 , p. 104 ; LEFORT. Coml1l1mications. p. 213 ; KAPlAN. 14.lEFoRT, Communications, p. 209-210. - Sur Lopadion, cf ici-même BONDOUX, p. 392-394.
Routes, p. 89-91. 25. Sur ces établissements, voir ici-même G~ROLYMATOU , p. 485.
13. LEFORT, Communicariol/s, p. 211 n. 20. - Angaras 1 Enkere est localisé à l'ouest de 16. KINNAMOS, p. 194. - Sur le xénodocheion et le palais impérial de Pylai, cf. LEfoRT,
Yalova (TOMASCHEK, p. 9-10: RE, S l, 1903, col. 83). Communicarions, p. 211 ; KAPLAN, Routes, p. 9 1 el n. 33 p. 98.
14. Ibn Rosteh, trad. G. WIET, Les arours précieux, Le Caire, 1955, cité dans A. A. VASILIEV, 27. Voir ici-même KRAvARl, lexte n' 16, p. 84 (Mésaritès).
Byzance el les Arabes, Il, La Dynastie macédonienne (867-959), éd. H. GRÉGOIRE et M. CANARD, 18. Foss, Nicaea, p. 62.
2i' partie, Extraits des sources arabes traduits pllr M. Canard, BruxelJes. 1950. p. 383. 29. D. GORCE, Les Voyages, l'Hospiralité er le Parr des Lettres dans le monde chrétien des
15. Vie de Théodore de Sykéôn, § 160, p. 137: KAPLAN, Roures, p. 87. /yt tl vr siècles, Paris, 1925.
16. Ibidem. On voit que sur la route de Nicomédie à Ancyre, au moins jusqu'au lac, de 30. Nov. J., 6.2.3.
Sapanca, les étapes sonl très rapprochées: Théodore a passé la nui! dans l'église de Saint-DeOlS à 31. Même la poste utilisait la mule sur des réseaux non stratégiques, cf. PROCOPE, Histoire
Hebdomon, mais il n'esl pas resté à Dékaton, qui n'était, il est vrai, qu'à 5 km d'Hebdomon. . secrèle, p. 141 ; Corpus luris Civilis Il Code< Justinialllrs éd. P. KRUEGER, Berlin, 1877,1. 4.. 18 :
17. Vie de Théodore de Sykéôl/, § 160, p. 138. - Pour l'identification Gallos 1 LophOlI Nov. J., 30. 7. 3. " . ,
Kadôsia, cf. JANIN, Grands cefl/res, p. 78-80.
18. Voir ici-même LEFORT, p. 463.
19.1sN HAwQAL, p. 190.
r 31: Voir à lilre d'exemple les passages des armées conduites par Thtikios depuis"Basileia
ur reJ~mdre Constantinople en 1092 (ANNE COMNÈNE, Il, p. 68) et par Manuel 1 depUIS
onSlantmople pour rejoindre Claudiopolis en 1179 (CHONIATE, p. 197). .
20. Ibidem , p. 190-191. 33. les généraux félons venant d' Anatolie avaient bien compris l'imponanc~ de NICée
21. ~KYLITZÈS. p. 490. ~~f.lace slratégique sur la route menant à Constantinople: trois fois leur sort se JOua autour
22. A Hélénopolis succède Kibôtos Ile Chivetol, fort construit au XI' siècle. Ainsi, en août
LES VOYAGEURS À L'éPOQue MéDtévALE
477
rtUSABëTH MALAMlff
476
hilosophes, elie proposa à Isaac d'être ad?pté par l'~mpereur et de recevoir
les extrémités de l'Olympe dites Basiliques34 , et Malagina: qU!,était au x' siècle le premier cO~sul dOSersar. Sur s~n refus, elie retourna à Constantinople, et bIentôt ~ne autre ambas-
aplèktoll sur la route de l'Orient". Les empereur.; AlexIS 1 et Manuel 1" Comnèn le utre deenvoyée, qUI re~contra IS,aac au vlliage de Réa, sans doute SItué non loin de
concentrèrent leurs troupesJO. Les ports du golfe de .Nicomédie37 servirent a~ transPOrt ~ sade fut ie" D' autreS fOIS enfin: 1 empereur dema~dalt ~ s~s envoyés de rendre visite il
troupes ver.; l'Orient, d'abord contre les Ambes, pU.1S contre les Turcs (Pylal, Hélénopolis, l'IiCOméd 'l'tés connues, dont" voulatt le conseIl ou 1 aide: on vit, sous le règne d
le Kalabolos38 el Lopadion"), et aux Croisés (Ctvelot). Contrairement aux vOyageurs des pe /Sonna
. l 1 ' eurs fonctlonnrures
. ' (
un protovesl"latre, un grand kDura/ôr) venir interroger
e
ordinaires. qui empruntaient concurremme~t la Y?le. mantlme o~ .Ia ~oute terrestte 'Jltéoplù~' ~:~~ikios, qui résidait alors à Antidion48 . De même, à l'avènement de
par Nicomédie, les armées, accompagnées d un train Important, pnvliéglaient la roUie le mO~ra (842), un spath aire du palais, ~cco~pag~é de deux envoyés du synode, vint au
maritime par les ports de la Marmara. 1béod des Agaures consulter le meme 10anmklOs, alors dans la <<laure. de Saint-
monastèrel hoix du futur patriarche·9 •
3. Les voyages de fOllctioll Élie. sur e c
O. LES SERVtTEURS DE DIEU
Les fonctionnaires de l'empire devaient eux aussi voyager en Bithynie pour aCCom_
plir leurs tâches administratives: Il faut d'abo~? mentionner les agents. du fisc, dont nous _1 de l'Olympe et des mOllastère.l· de Bithynie
avons la trace à Brousse au nllheu du rx e sleele"m, et les gestionnaires des domaines 1. Le ro e
impériaux. qui durent, eux aussi, être fort nomb~eux. mê ~e si nous n'en avons guère La Bithynie, siège de centres monastiques aux VIIl'-X' siècles, fut un espace privi-
mention, si ce n'est, entre 823 et 829, le kourato/' Eust.thlos. chargé de la gestion de 'é ur les voyages de ceux que l'on appellaitles saints moines.
l
domaines en Bithynie". Dans un monde où, par ailieurs, on pourrait rapprocher la fuite lég :.fAillite. Le,premi~r voyage. celui de la rup~ur7 in~tiale, qui mène au désert les
des reliques de nos fuites de capitaux, le transfert des dites reliques s'apparentait à un hommes de Dieu, s assllrule de f~lt à une fuite. Il s ~glSsa~t pour ces hommes en quête
transfert de fonds. C'est ainsi que le kouratô/' de l'impératrice Prokopia, femme de d' un «désert», aspirant il la vIe éreml~lque avant de s ~tabhr dans un. monastère ou dans
Michel 1" Rangabé, se rendit à Pandèmos, au monastère des Eunuques, pour rapporter mUtage voisin, de se soustratre a un ensemble d oblIgatIOns m,litaires, familiales
les reliques de Jacques, ancien évêque d' Anchialos et hésychaste· ' . ~~~es et économiques, parfois religieuses (qu~d ils fuyaie~t l' hérésie). Tous ces homm';
Le voyage menait certains fonctionnaires de Constantinople à leur poste militaire, ints. ne venaient pas de lom. certallls habltatent un VIllage de Bithynie et avaient
comme, vers 778-780, Isaac, le futur Théophane le Confesseur, stratôr personnel de :~endu parler de l'Olympe dans leur famille: ils allaient rejoindre un père, un fière, ou
Léon IV, affecté au service du kastrol! de Cyzique· 3 . Il en avait mené d'autres à leur un oncleso• Néanmoins, quelques exemples de recrutement plus lointain ou marquant un
poste d'enseignement, comme en 349 Libanios, qui ""ait fondé une école à destin plus extraordinaire sont à relever dans l'ensemble foisonnant des Vies des saints
Constantinople et dut la transférer à Nicomédie".
Outre ces fonctionnaires ordinaires, des envoyés impériaux parcoururent eux aussi
moines de Bithynie.
Ainsi, nous rencontrons sur les routes de Bithynie des déserteurs de l'année,
la Bithynie. Tantôt leur mission était de poursuivre des compl oteurs·5 ou d'espionner
comme lôannikios, qui, en 792. se réfugia sur l'Olympe5l, ou Anloine le jeune, ek
aux frontières 46. Tantôt il leur faliait négocier avec les puissants révoltés qui se servaient
prosôpO/l du thème des Kibyrréotes, qui s'enfuit de Syliaion (près d'Attalia) en 825
de la Bithynie comme base arrière. Il faut mentionner ici l' ambassade envoyée par
Michel VI à Nicomédie à la suite de la défaite de l'amlée impériale, infligée par Isaac pour Nicée52 , où il passa neuf mois avant de rejoindre le monastère des Eunuques.
Comnène. Composée de Constantin Leichoudès, de Léon Alôpos et de Michel Psellos, D'autres ont fui le mariage, comme Christophore, le futur Makarios de Pélékètè, issu de
Constantinople53 , ou Constantin le Juif. qui s'enfuit de Synada en Phrygie et se dirigea
VeN Nicée54. D'auttes encore ont rui leur foyer et leurs obligations fiscales: Euthyme le

34. Passage du corps des excoubites en 790 (Vie d'lôalUtikios par Sabas. § 5) et camp jeune, né vers 823 dans le village d' Opsô, près d'Ancyre en Galatie, fut à la fois un
d' Alexis 1" Comnène sur les «Basiliques» (ANNE COMNèlE. 1/1, p. 168). déserteur, car c'était un soldat inscrit sur le rôle stratiotique, et un fugueur, dans la mesure
35. De Cerimoniis, p. 444-445, 476. - Sur Malagina, voir C1lEYNET. p. 321 et GIROS, p. 220. <Ml il abandonna femme et enfant le jour où, âgé d' environ dix-huit ans, il alla se réfugier
36. Alexis 1er , en "13 et '116. utUisa Malagina également comme Heu de concentration c\ suri'Olympe, n'ayant pas reçu la tonsure et portant des habits laïcs s5 • Et que dire de ceux
de campement de son armée, cf. ANNE COMN~NE, UI. p. 168 et 190 : en 1147, l'armée de
Conrad UI passe par Malagina, cf. K1NNAMOS, p. 81 : Manuel 1" eSl à Malagina en 1173 : il y lève qui ne se contentaient pas d' une carrière ecclésiastique pourtant bien tracée? Ver.; 926,
une grande armée dans tous les villages de Bithynie el du Ryndakos pour sa campagne de Dorylée,
cf. ibidem, p. 294.
37. LEFORT, Communications, p. 209-213. - On embarquait à Leucate, mais aussi à AigiaJoi
(ANNE COMNèlE. III, p. 168) ou à Philokrènè (GRÉGORAS. l, p. 434). . 47. SKYlrrzts, p. 497.
38. Le Katabolos est mentionné comme lieu de débarquement de l'armée de ThéophIle, 48. Vie d'Iôallllikios par Sabas. § 45.
cf. Vie du pa/riee Nieélas, § 4. Pour Trigleia. qui devait servir au débarquement des vivres et des .49. Vie de Michel le Syl!celle, éd. TH. N. SCHMrr, hvestija Rllsskago ArheologiéeskiJgo
troupes en 1324, cf. CANTAcuzèlE, 1. p. 220. 1"'"ll/a v KOllstalltillopole. 11, 1906, p. 249. - Cf. JANIN, Grands œil/TeS, p. 152. .
39. Pour l'oplèkton de Lopadion sous les Comnènes voir ici-même CHEYNET. p. 325. 50. En 81l, Eustrate, âgé de vingt anS et issu du village de Biztiniana de la chôm de Tarsla
40. Vie d'Ellslrate des Agaures, § 15. . e~ Bithynie, s'enfuit au monastère des Agaures (Olympe) où se trouvaient déjà ses oncles, cf. Vie
41. Vie de Pierre d'Atrôa, § 57. d Eustrate des Agaures, § 3-4. .
42. Vie d'Antoill' lejellne, § 37 (apres 836-837, date de la mort de Jacques). d'I SL Vie d'Iôam.ikios par Sabas, § 8: par Pierre, § 7. - Pour l'interpré.tation de la fUIte
43. Vie de Théophalle, § 15. Oanmklos et les deux versions de son départ de l'armée, voir MANGO, 1\"0 U"es, p. 398-40 \.
44. Ubanii Opera, IV, éd. R. Fom,srnR, Leipzig, 1908, p. 329.341. 52. Vie d'Antoille le jellne, § 24-27. . .' .'
. 45. Vie C de Théodore Stalldite, p. 268: pendant le schisme moechien, le stratège de , 53. Vie de Macaire de Pélék~tè § 2-3 . né entre 780 et 802 fils d'un foncnonn3lre Impénal, Il
1OpSlkion fut envoyé au monastère de Sakkoudion par Constantin VI, pour infliger une correction 'enfuit pour quelque lieu d'Orient et'gagne ie monastère de Pélékttè, où il reçoit l'habit monastique.
aux momes, dont le père spirituel était Théodore Stoudite. 54. Vie d~ Constantil! le Juif, § 9.
46. PROCOPE. Histoire secrète, p. 140. 55. Vie d EI/thyme le jetllle, § 4-9.
Les VOYAGeURS À L'éPOQue MéDiéVAle
éUSA8ETI1 MALAMtTT 479
478
os dans le monastère d'Éristè où il fut enfin tonsuré a è d
Luc le Stylite, originaire d'Attikômè, aux confins de la Phrygie et de la Pisidie ét . 'tàpandèm ' 07)M~ ' 1 S ,prs ouze
t iI,.vln vie érémitique (en 8 . oUJours.se on abas, il se dirigea ensuite vers le
de
revenu de l'amlée oil il avait servi pendant plus de trente ans, quand il feignit d'ê: années lé Mètata, près du ~euve ~orgytès: pUIS en Lydle66 • Trois ans plus tard (en 810)
intéressé par l'évêché de Sébastè, accepta de son père les cent pièces d'or qu'il fall e lieO 3f~e nouveau à A?tidlon. pUIS dArevient a~x Agau~es, Sur le mont Trichalix où ii
pour poser sa candidature, mais les distribua aux pauvres et parut pour l'Olympes<;. ail le v011 're un errmtage 67 . Après etre reparti en Lydie (en 815)68 parc "1' .
Tous se sont réfugiés sur l'Olympe ou dans un autre centre monastique situé SUr 1 se 1al't construl 1 d d" , e qu 1 .uya"
. de Léon V contre es a orateurs Images, lôannikios revint ( vers 820
rives de 1a Marmara. ou encore au voisinage de Nicée. À partir du milieu du xc siècle e~ laperséC~:,oAnlors qu'il y résidait, il rendit visite à Théophane le Confe,se .)à
la vie monastique se perpétue en Bithynie. comme )a fondation de nouveaux couve~~ lin'chahx
. .monastère de S'Ignan . è (K ur~un 1u )70 . Avant 83 7, accompagné de. son
ur,d'qUt. se
1
l'atteste jusqu'à la conquête seldjoukide: nous n'avons guère d'exemple de fugitifs sur trO
OValt al"Aannikio s quitta définitivement Trichalix pour gagner le monastère d'A ISCd' P e
les routesS7, cenes faute de sources, mais aussI parce que ce fut désormais l'Athos et Eustrllte, 0 . kA è' '1 d t d d 1 h ' ntl Ion,
assant par Ménlo u 001 ,1 S ~r~n ema~ er eur c emm à des bergers qui leur
non plus l'Olympe, qui exerça dans l'empire la plus grande attraction spirituelle. '
.nl "èrentla route vers Trapéza, d ou Il s ga?~erent finalement Antidion1t : lôannikios
ln Iq t en 846. Cet aperçu des voyages d loanmklos à partir des deux or.
b. Les déplacements des moines. Nous évoquerons ici l'errance de deux moines y mou'" . . 1 1 l ' ré .leS montre
u'iI Ya des contradictIOns sur a c 1r~no agie, 1 es san.s doute à des raisons politiques
célèbres qui choisirent la Bithynie. et ses ~égions limitrophes dans leur vi~ érémitique:
«le grand» lôannikios et Constantm le JUIf, qUI comptent parmi les pnnclpales figures :t ,.ligieuseSn ; m3l~. le can.evas est Idenhque, aussI b~en pour l'origine et la carrière
d'lôannikios avant qu Il ne SOIt appelé par Dteu à gagner 1 Olympe, pour les pérégrinations
monastiques des Ville et IXe sièc1es.
d aint en Asie Mineure que pour ses choIX blthymens, qui se résument principalem t
lôannikios naquit en 754 ou en 76258 dans le village de Marykatou, situé au nord
du lac d'Apollônias. À 19 ans, il est engagé dans le corps des excoubites, chargés de la aox
o SAgaures et à Antidion. Jôannikios est en effet allé d'un monastère à l'autre
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1enÔ
garde du palais dans la capitale. C'est bien plus tard (après vingt-quatre ans passés au d'one montagne à 1 autre, car 1 m?ntatt touJollrs s ta IIr au-dessus des monastères pour
service de l'année selon Sabas, douze selon Pierre). en revenant de Markellai, où les ne pas être importuné. Sa célébr,'te se propageant à chacun de ses séj?urs, il devait soit
Byzantins furent défaits par les Bulgares en 792, que sa vocation lui fut révélée'". Le monter encore plus haut, S~'t. s ent~ncer dans un «désert proche». A la fin de sa vie
déserteur voulut d'abord se réfugier au monastère des Agaures. mais il y fut éconduit lôanni)ùOs s'est établi à AnhdlOn, ou Il est devenu une personnalité célèbre.
car il ne connaissait pas les bases de la vie ascétique. Il se rendit alors dans le village d~ Constanti~ le JUI~ naqUit vers ~40 à Synada en Phrygie" ; il quitta ceUe ville pendant
Kastoulos près de l'Atrôa, à une journée de marche des Agaures. Il y dormit chez ses noces et pnt la fUite, av~c le desIT de se fatre bapttser. Une nuée céleste le conduisit
l'habitant. Le lendemain matin, on le conduisit au monastère de Télaos, où il resta au monastère dePhlouboute, atixenV~r~,lS de ~lcée74 . Il y passa un temps, y reçut le
quelques jours. Estimant qu'il y avait là trop de bruit, il gagl," le monastère d'Antidion, baplême et l'habit monashque, pUIS, des~retlx d el~brasser la vie érémitique, il quitta ce
qui se trouvait sur la montagne, au-dessus de Télaos60 . Dellx ans plus t~d, il quitta monastère pour l'OIympe 75 . Sa renomm~e s'étendit au point d'inquiéter l'higoumène de
Antidion et arriva au mont Trichalix, au-dessus du monastère de.' Agaures. A cet endroit Phlouboutè, qUI le fit poursUivre comme fugthf. Il est alors ramené au monastère où il
du récit, les deux versions divergent61 : d'après la Vie d'/ôa""i!:i"" par Pierre6', il y resta est mis aux fers. Quelques années plus tard, il part à Chypre en pèlerinage, en p~ant
treize ans (jusqu'en 807) et, à part un court voyage dans le thème des Thracésiens.', il par Myra et Aualela, et en reVient avec une relique de saint Palamôn, qu'jJ dépose au
ne commença son errance qu'en 815. D'après la Vie d'/ôa""ikiOJ par Sabas, après son monastère de HY,akmtho~ à .Nlcée 76 . Il ne ~eut y rester, car il y a là trop d'agitation, et, à
séjour à Antidion, lôannikios ne fit que passer sur le mont Trichalix. et s'établit ensuite la recherche de 1 M.ye/lIa, Il repart pour 1 Olympe. Ordonné prêtre, il quitte le «désert»
sur une montagne située derrière Hellespontos de Pandèmos. uù il resta trois ans, se .tgagne l'Atrôa, où se trouve le village de Mésôn. Il y mène une vie d'ascète pendant
nourrissant de ce que lui apportait un chevrier, un peu de pain et de l'eau, jusqu'à ce qu'il
fût reconnu par un compagnon d'annes. Il partit alors pour la Lycie, aux environs de
Myra64 . Après avoir erré en Asie Mineure (à Ephèse, en Cilicie où il serait resté sept ans), 65. Vie par Sahas, § 12-13: OtM ITROUKAS, 1. p. 379.
~. Vie par Sabas, § 13-14 : celle Vie situe les voyages mentionnés dans les aonées 807-811 ;
ces memes voyages sont rapportés aux années 825-828 dans la Vie par Pierre, § 39-46 : le saint
56. Vie de Lucie Stylite, § 17-18. passt par Ktèmata, Gorgytès, Alsos, Chelidôn ; cf. OtMITROUKAS, J, p. 379-380.
57. Chrislodule. fondateur du monastère de Patmos. est néanmoins un bel exemple au XJe siècle . 67. Vie par Sabas, § 14; la Vie par Pierre ne mentionne pendant cetle période qu'un court
de la continuité de ce mouvement et de celte tradition, lui qui, né près de Nicée. s'enfuir Je jour de siJOOrdans le thème des Thracésiens (§ 10).
son mariage pour l'Olympe, où un ermite. auprès duquel il vécut trois ans,lui donna l'habit, cf. Vie 68. Dans la Vie par Pierre (§ 19), c'est le premier voyage du saint à Alsos en Lydie.
~e Çhristodllle pa~ Jean de... Rhodes, § 3-6, dans 'AKoÀ.ou9ia iq:>à ,[OÛ ÔO(OU )Ccii. 8eoqx)pou 7tatpOç 69. Vie par Sabas, § 24 : cf. Vie par Pierre , § 30.
~~.,v Xpu>toôouÀou "OU 8"u~,,"oupyoû .... éd. K. BOIN~, Athènes. 1884, p. 109-133 Éloge 70. Vie pa~ Sabas, § 31 ; par Pierre, § 37. - C'est à cette époque que, seloo Pierre, l, saint
d'Allranase, § 3, ibidem, p. 134-162; Eloge de Théodose, § 3-4, ibidem, p. 163-208. voyagea en Lydie et dans le thème des Thracési,ns ; ibidem, § 10.
58. Vie d'/ôannikios par Sabas (754) ; par Pierre (762). _ O'après Mango (nvo Lives,
p. 393-404), la Vie d'/ôannikios par Pierre est plus fiable que celle écrite par Sabas. Voir aussi ÉpIt! 71. Vie p~r Sabas, § 34, 35 ; par Pierre, § 60. _ Selon Pierre, lôannikios ena en Lydie, à
SULLIVAN, p. 243-250. mon ~' .~. Lyc .. à celle époque. En tout cas, il est 11 Antidion en 837, date à laquelle il prédit la
59. Sur J'interprétation de la désertion d'Iôannikios, voir ici même AuZÉPY. p. 436. Thlop:'1 lerrfeVid'Atrôa.(Vie par Sabas, § 46), et on le retrouve encore là après le regne de
1 e, c. le par Pierre, § 62.
. ~. y,~ ~'lôafUl;kio~ par Sabas, § 8; par Pierre, § 8: seul le voyage depuis les Agaures
Jusqu à Antldlon est mentIonné, sans les détails de l'itinéraire fournis par Sabas. 72. SULLIVAN, p. 243-250.
61. Les pérégrinations du saint après 792 dans la Vie par Saba,)' sont reçues avec scepticisme Chro/?' ':le de COllslamin le Juif. § 2. - La date de naissance n'est pas donnée et les indications
par Mango, TlVo Li ..es, p. 403. Const~~.glqules Sont vagues. Mais le § 69 fournit une indication importante: le saint est allé à
62. Cf. la traduction de la Vie par Pierre dans SULLIVAN, p. 255-351. aies.w..:~op e en 886, peu avant l'avènement de Léon VI. Cetle indication, et celles qui sont four-
63. Vie par Pierre, § 10. 74 I:::amgraphes précédents, permetlent de supposer la date approximative de sa naissance.
64. Vie J'ar Saba" § 10. - La Vie par Pierre mentionne ces pérégrinations entre 825 et 837. 75' Vi' ;111, § 9-10: cf. DtMtTROUKAS, l, p. 385.
Pour ce pèlennage à Myra, cf. OIMITROUKAS, J, p. 378-379. 76' S~r 1e Constall/in le Juif, § 22-23.
. e monastère de Hyakinthos, cf. JANtN, Grallds contres, p. 121-124.
ÉLISABETH MALAMUT
481
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Olympe était célèbre par la renommée des sainls qui y avaient rés' dé .
huil ans el se rend fréquemmenl à.Nicée" - ce qui suggère que l'Atrôa élai! SilUée non sitele. le m~;~iné les Vies d'Iôannikios el de Conslanlin le Juif; nous avons menti~nné
loin de la ville'8. On ne peut préciser davanlage ses déplacemenls, sauf pour noter noUS ~vons'eune, Christophore ~e Pélé,kèlè.e t EÉulhyme le jeune. 1\ faudrait évoquer aussi
Conslanlin se rendil égalemenl a~~ Ihermes de Pylhia. Après hUil,ans passés à Mésô:!,ui~ Mlolne le ~ines célèbres. le!s Ple.rre d Atr~a, tienne le Confesseur, Théodore Stoudile
semble qu'il se sail rellré défimtlvemenl dans le «désert» de 1 Olympe"', hOnnis un d'auu," ml enom de la Blthyme monasuqueS3. Enfin, rappelons un pèlerinage asse:;;
voyage à ConSianlinople. . '. . qui fi",n t el r elui de l'empereur Constanlon VII à la veille de sa mort en 95984
En considéranlles voyages accomphs par Constanun le JUif. clnquanle ans enviro ,xc<puonne , c .
après ceux d'Iôannikios, on constale qu'après la ruplure avec le monde laïc, les mOliv ~ MALHEURS D'UNE TERRE DE PASSAGE
lions des voyages furenl assez différenl~s dans les deux ca~. Pour lôannikios, on seDl ~ Ill. lIEURS éI'
poids de la perséculion sous le second Iconoclasme: qUI 1 ob!,gea à fUIr dans d'autres Dans ce qui précède, on a. accordé une altentian particulière à certains voyageurs,
régions d'Asie Mineure, circonslances qUI av~ enl dISparu à 1 époque de ConslaDlin le . s de l'Élat, les moones el les fidèle s en procession et en pèlerinage N
Juif. On voit en revanche que les préoccupallons de ConSlanlm sont hées à œlles de les serVlle~~ menlionné les voyageurs, importants eux aussi, qu'étaient les co~:s
Basile 1", quand ce dernier lenle d'~en.er auchriSlianism~ les Juifs de Nicée: le Voyage n"vo~s Pais qui sont mal représentés dans les sources byzantines, hormis au travers ;-
des sainlS moines, au delà de la quele mdlvlduelle de Dieu, élall soumis au cours des çanlS ,m,émoignages relatifs à Pylai et à Lopadian, d'où l'on embarquait po e
événemenlS politiques. quelques'nople les vivres nécessaires au ravilaillement de la capilale. ur
cons lanu ..' .
La Bithynie attifait ausSI par ses paysag~s, ses. ba~ns, ses belles villes, ses biblio-
2. Processions el pèlerinages
lbèqueS, et l'élite social~ ou mtellectuelle qUI y réSld~,t. Mais c'était aussi une région
Les processions el les pèlerinages étaienl une aulre fornle de voyage spiriouel. Il donl l'importance strateglq~e étmt grande, et qUI n a cessé d'être sillonnée par les
s' agissail souvenl de déplacemenls réglés, organisés. Il n'eSl guère élonnanl de voir se armées impériales ou ennenues.
multiplier les processions dans les temps de troubles. comme sous le règne de Phocas
(602-610) el au débui du règne d' Héraclius. La Bilhynie, pourtant éloignée des dangers 1. La Bi/Jo)'lIie, celllre de vi/légialllre
qui frappaienlles provinces limitrophes de l'empire perse. ne fil pas exception. Quand
Théodore de Sykéôn, natif de la province d'Ancyre, résida en 6 12 11 Optatianai, domaine o. La beallté du paysage. Au lémoignage des contemporains, la Bithynie était une
proche de Nicomédie, ses qualités de saint «étranger» el «polilique» ont suscité une conuée idyllique, où les villes étaient disposées comme des joyaux. Les lettrés (Libanios
mullioude de pèlerinages collectifs, dans un cadre local so . Dans J'atmosphère de ferveur au milieu du IV' siècle, Théodore Métochite à la fin du xme), les empereurs écrivains
qui baigna son séjour à Optatianai, les processions qu'il conduis"il élaienl journalières (Théodore Il Lascaris au milieu du XIII') ne manquent pas de rappeler ce qu' il y avait
el menaienl d'église en église le long des emporia de la rive sud du golfe de Nicomédie: d'exceptionnel da.ns la beauté des paysages de la Bithynie. Le tableau magnifique, dO
d'Optatianai à Éribolos (martyrium de Saint-Théodore), Lalomion (église de Sainl- à Libanios, de Nlcomédoe avant le tremblement de terre de 358 évoque un paysage
Georges), Myriokopon (église de la Vierge) jusqu'au monaSlère de Saint-Aulonome à resplendissant de lumière et de douceur vu de la route de Nicée à Nicomédie, et le
Hérakleion, où un cortège vinl depuis le port rejoindre le sainl : ce fut alors une grande sentimenl des voyageurs qui s'éloignaient de la ville en direclion de Chalcédoine86• Au
procession jusqu'au monastère, avec cierges, encensoirs el chaniS". Le saint homme XIII' siècle, les murs de Nicée étaient éblouissants de blancheur, écrit Nicolas Mésantès87,
devait intercéder auprès de Dieu pour les nombreuses demandes qu'exprimaient hommes el l'empereur Théodore II Lascaris était attaché à cette ville plus qu'à aucune autre: «Je
et femmes venus de toute la région. Il y avait des malades. mais aussi tous ceux qui courrai à travers tout le monde et je reviendrai à Nicée, car il n'existe pas de ville plus
espéraienl, grâce à l'huile, au vin ou à l'eau qu'il avail bénis, guérir leur bétail, rendre la belle ... Une abondante végétation enloure la ville et les arbres avec leur feuillage, et les
fertilité à leurs champs et vergers, se débarrasser des démons. Le saint homme semble fieull> avec leurs parfums font croire à celui qui les regarde de loin que c'est un bocage
avoir été alors la seule autorité capable de remédier aux angoisses du peupleS2 • plulÔI qu'une ville»8B.
Le pèlerin~ge, indivudel ou collectif, pouvait être de proximité, ou impliquer de
longs voyages. A cet égard, Jérusalem elles lieux sainlS de Palestine, ou Conslanlinople. b. Les résidellces impériales pOlir la COllr en déplacement. Quand l'empereur parlail
onl aniré des milliers de visiteurs, qui allaienl se recueillir dans les lieux marqués par la en expédilion, non seulemenl il arrivait qu'il séjournât en Bithynie, mais la cour eUe-même
présence du Christ ou dans des églises abritant des reliques de sainlS. Au milieu du x' se déplaçait, au moins en partie, car la province était parsemée de résidences impériales
où, malgré les incursions ennemies, il faisait parfois bon vivre .
77. \Ile d. Constantin 1. Juif, § 46, 51 à 56. . Un exemple est fourni par l'Alexiade à propos de la campagne d'Alexis let en 1116,
78. Sur l'Alrô., voir ici-même AuZÉ'Y, p. 445. qUI se déroula pour l'essentiel en Bithynie. Passons sur les combats autour de Poirnanènoo,
79. \Ile de Constantin le Juif, § 57 à 78. - Ce «désert de l'Olympe» doil êlre silué non du côlé el retrouvons Alexis 1er à Aèr89. L'impératrice Irène Doukaina quitte alors Prinkipos, où
des A~aurc:s. rnlUS très vrrusemblablement sur le versant est, au pied duquel se trouve, selon nouS,
la plame d Alrôa avec Mésôn.
80. Sur ce Iype de pèlerinage, cf. P. MARAVAL, Pèlerins orienlaux dans l'Orienl byzanlin,
dans Voyages et voyageurs à Byzance et en Occident du VIe au XIe siècle, éd. A. DlERJŒNS et 83. Cf: M~MUT, ROllte, p. 1JO. 1Il.
J.-M. SANSTERRE, Genève. 2000, p. 275. ~. VOir ICI-même KRAVARI, lexie nO7, p. 73-74 (Théophane continué).
l, p. 3~~.~e8de Théodore de SykéôlI, § 157, p. 131-132. - Pour la roule suivie, cf. DlMmWUKAS, 86' ~o~rle commerce en Bilhynie, voir ici-même G~ROLYMATOU, p. 485-498.
• 0.1r ICI-même KRAVARI, texte no l , p. 65-66.
. 82. Pour le cJimat de violence et d'angoisse aux Vt:-vne siècles, qui a favorisé l'émergen~e du ~. Ibtden~, leXie nO 16, p. 87 ; Foss, Nicaea, p. 60. •
samt homrn:. cf. P. BROWN, «Le saint homme, son essor et sa fonction dans l'Antiquité tardJve», dans Fa' 9t~u l10uKa TOÛ A<iCJKap, èyKOÎIlIov ei, Tilv I1EYcxM.OÀIV NUC1llav, § 9, 10,
dans Lo SOCIété et le sacré dans l'Antiquité tardive, Paris, 1985, p. 72-73, 85-87. 8 sS,Ntcaea, p. 143-145.
9. Sur Aèr, voir ici-même KRAVARI, p. 89 noie 150.
LES vOYAOeURS À t: épOQue MéDtévALe
483
~LlSABE1lf MALAMUT
482 . u'à ln perte de la province : nOus savons qu'en 1200 l'empereur Alexis fil
elle étair venu prendre des nouvelles de son époux, qui était à Lopadion ; elle embarq ua sansdoU!e)us; auX thermes de p~thta (au. retour de sa campagne contre Michel Ange
pour Aèr sur une monère impériale envoyée par Alexi.' 1". Alors que les époux avaie AOge sé)Oum Mylassa), avant d aller séjourner au bord du golfe de Nicomédie' 02
{)Ouk"" due de .
passé trois jours de félicité, voilà qu'un prem.er cou mer annonce que les Tures Sonl ni
chmeau de Kyr Georges. Il fallut un deuxième, puis un troisième courrier, en Sang a~ Ire de rayoltlle",e"" Au cours de son histoire, Nicée eut une fonctio n
.alonné par les Turcs, pour q~e l'empo;reur se décide à congédier son épouse. Elle pre:d d. Nicée, celtment le rôle dévolu à une métropole. Rappelons que la ville fut deu
alors la monère réservée aux .mpératnces el longe la côle de la B.thyme. Surprise par 1 qui dép.ssae large
de conciles œcumémques,. 1a prem.'ère f'
OIS en 325 (N.cée
. 1), la seconde enx
lempêle, elle aborde à Hélénopolis, pendanl que l'empereur repart en campagne e~ rois le s.è~ O)'OJ. En celle demlère ~caSlon" les prélats et le~ higoumènes de grands
direclion de Nicée90 . L'empereur occupe Kyr Georges, pUIS gagne Hélénopolis Où il 181 (l'l.cé vinrent de taules les provlllee. de 1 empire, y eom~ns la Bithynie; parmi les
rejoint une fois encore l'impératrice. avant de reprendre la route vers Nicée91 , Ensuite ntOnaslères li urent l'oncle de Théodore Stoud.te, Platon, mvesti de la direction d
onnus·g C' . . S" e
n'élanl pas parvenu à lancer une offensive contre un ennemi qui s'était replié, Alexis l'; piuS C ion,()I el Théophane. le onlesseur, qUI qUltla Igna~è pour assister à ce coneile'os.
s'installe à Nicomédie, et, tandis que son armée reprend des forces et que les chevaux el Sakkoud 1 remière moitIé du XIII' s.ècle, NIcée fut le SIège du patriarcat de l'empire
les bêles de somme se ravitaillent dans la campagne, il fait à nouveau venir l'impêratrice Dans ~ P s ceuX qui devaient recevoir une charge ou une dignité du patriarche
en extl, · é:polites ou higoumènes des monastères de l'empire devaient donc se ren~
06
Irène Doukaina. qui seconda son époux et s'informa des rumeurs qui circulaient su;
son compte'2 . Ainsi, Aèr, Hélénopolis et Nicomédie offraient aux membres de la famille évêques, m ès du patriarche. Les empereurs eux-mêmes, qui résidaient à Nymphée
impériale les conditions d'un séjour prolongé'J . à N.cée .au~riale depuis le règne de Jean Vatatzès, 07 , devaient gagner Nicée pour leu;
m
Ces séjours en Bithynie du couple impérial ou de l' impératrice, venue à la rencontre cap.lale • nt: ainsi firent Théodore Il Lascaris et Michel VIII Paléologue. Enfin On
de son époux, se répélèrenl sous les successeurs d'Alexis, entrecoupant les longues couJ1mne~~r à Nicée des délégations auprès du patriarche. Dans ce cadre, on peut ~iter
campagnes des empereurs, qui les menaient au cœur de l'Asie Mineure et jusqu'au voy"" amr voyage de Nicolas Mésaritès, en automne 1207, comme représentant des
duché d'Antioche. Ainsi, c'est en Bithynie que mourul Irène. épouse de Jean 1Io. . Plus le pre~'~es moines grecs de Constantinople, venu prier Théodore Lascaris de faire élire
tard, Manuel 1" revenait d' une expédition quand il passa par Pylai, puis il rejoignit son ,~",s~archeJ08, ainsi que son seco?d voyage, en mars 120~, à l'occasion duquel le
épouse, qui séjournait à Rirzion (près de Leucate)". u :arche l'investil de la charge de refere.ndatre de la Grande Eglise lO9 . Les ambassades
pa lus remarquables fure~t celles des legats du pape en 1214 et en 1234, venus pour
c. Les loisirs : la chasse, la pêche, les thenlles. On s' adonnail volontiers en Bithynie ~,:uler de la réunion des E,glise s ;.1" dernière fut particulière,:"ent faslUeuse llO.
à la chasse et à la pêche%; ces activités y étaient si usuelles qu'on ne les mentionne qu'à L'effort de Jean Vatatzes en Blthyllle fut conSIdérable''': II fonda des bibliothèques
propos d'un événement valant la peine d'être rapporté97 . publiques el, à Nicée même, il institua une école supé~eure de ph~losophie, en transférant
Les thermes de Bithynie constituaient une attraclion pour l' empereur, la cour, les la charge de consul des phtlosophes qUI ex.sta.t anténeurement a Constantinople. C'est
fonctionnaires, mais pour bien d'autres aussi. y compri ~ des müines98 , Le séjour des ainsi que l'élite intellectuelle de COllstalltlllople ~fflua progresstvement à Nicée et que
empereurs aux bains chauds de Brousse99 et de Pythia lU" requérait une importante la ville forma bientôt des professeurs Il 2. Parmt les figures les plus illustres, citons
organisation. Basile 1" avait comme ses prédécesseurs l'habitude, quand il se rendait
Nicéphore Blemmydès ll3 et Georges Acropolite son élève, qui l'un et l'autre exercèrent
dans ses résidences d'été à Hiéria ou à J'Hebdomon, d' embarquer dans une barque
une grande influence sur le jeune empereur Théodore II Laskaris: tous les deux étaient
(agrarios) rouge; pour aller aux bains de Brousse, il prenait le grand navire impérial, le
dromônion . Un autre navire suivait, avec le reste de la cour. Léon VI étendit cet usage
d'un dromôn réservé à l'aristocratie pour d' autres destinations, comme Nicomédie,
l'Olympe, Pythia' OI . L' habitude de la cour de se rendre aux thermes de Bithynie dura 102. CHONtATIl, p. 529.
103. Pour le concile de 787, cf. TII~O PHANE , p. 462-463 ; Foss, Nicaea, p. 7-8, 19-22.
lM. Épilaphios de Plaloll par Théodore Stoudite : PG, 99, c. 824, 828. - Pour les moines de
90. ANNE COMNÈNE, III, p. 190-192. BiÛlynie ayant assisté au concile de Nicée. voir ici même AUZÉPY, p. 433.
91. Ibidem, p. t92-193. lOS. VIe de Théophalle, § 27 . Le biographe insiste sur le fait que Théophane n. s'est pas
92. Ibidem, p. 194-197. ..000 à Nicée en grande pompe comme il con ven ail à sa fonction et à sa naissance, mais juché sur
93. Sous Manuel l~, Lopadion a également été une résidence impériale duranl plusieurs mois. lIlIt ânesse, comme un pauvre.
94. Cf. P. GAUTIER dans REB, 27,1969, p. 247. 106. Foss, Nicaea, p. 57 -64.
95. KIN!'IAMOS, p. 194; JANIN, Grallds celltres, p. 84. 107. Foss, Nieaea, p. 65 : c'est à Nicée néanmoins que Jean Vatarzès célébm ses nOCes avec
96. DAPHNOPATÈS, n.37. Conslance, la fille de Frédéric Il.
97. Voir à titre d'exemple la mention d'un évêque iconoclaste de Nicomédie s'adonnant à la . 108..A. HEISENBERO, Neue Quellen zur Geschichte des lateinischen Kaiserrums und der
chasse à l'ours, cf. Vies de Cosmas el Jean Damascène. dans ' AvaÀE:lCta h:POOOÀUJ!lt\Ki}ç Kirthenumon,lI, SilZl/lIgsberichle der Bayerisc"", Akademie der Wissenschafttll, Munich, 1923,
"~<lX\)()Â.<ry(<lç, éd. A. PAPADOPOUI-OS-KÉRAMEus, Bru~elles, 1963, p. 287-288 (enlre 761 et 787), et p. 36sq. R.IANIN, Au lendemain de la conquête de Constantinople, EO, 32, 1933, p. 5-21.
l'IDformauon selon laquelle en 1071 le césar Jean Doukas, qui avait été exilé en Bithynie par RomalD 109. Foss, Nicoea, p. 59.
DIogène, étan en lrain de chasser quand il apprille désastre de Mantzikert, cf. BRYENNE, p. 118. 110. Ibidem, p. 62, 66.
98. Ainsi Nicéphore de Médikion très malade se rendil-il en cure au métochion dit Tôn Ill. Ibidem, p. 65-73.
Palrôn à Pythia, cf. Vie de Nicéphore de Médikioll, § i6; voir aussi MALAMIff, ROUIe, p. 135-136. G 112. Sur le consul des philosophes voir M ANGOLD A Byzalltille Govemment ill Exile.
. 99. En 786, l'empereur Constanûn VI se rend aux. thennes de Brousse et il compte sur ce ~.'e~..enl and Society ,mder the Lasca;ids of Ni~aea /204-/261, Oxford, 1975, p. 179-180. Au
séjour pour renconlrer Théodore Stoudite (Vie C de Théodore StOl/dite, p. 268). M~ la nouvelle élite issue de Nicée, cilons Michel Sénachérim, futur mlsazôn de M.chel
100. Pour la fréquentation de la cour de Justinien et de Théodora, à Pythia, voir ici-même 1<oit1?8Ue,OU encore Andronic Phrangopoulos ; ils furent nommés professeurs dan~ la. nouv~lIe
SONDOUX. p. 404. p~u après l'avènement de Photius, l'empereur Michellll et le césar se rendent lIIiré .mpénale fondée par Théodore Il Lascaris, landis que Georges de Chypre qWll8l1 son .Ie,
aux Ihernles de Pylrua, cf. Vie de Nicolas StOl/dite, PG, 105, col. 909.
101. DAI. chap. 51 , p. 247-248. m lalb~dnouvelle Athènes» ; cf. Foss, Nicaea, p. 69-70.
. '<In, p. 68-69.
- 484 ~LlSABETH MALAMlIT

venus de Conslantinople encore jeunes, ellous les deux contribuèrent à la fonnation de


l'élile nicéenne" 4 .

2. Une lerre souvent meurtrie


LE COMMERCE, Vue-XVe SIÈCLE
La Bithynie ayant élé le lieu de passage ~~s a~ées allanl combattre ~n Orient les
Per.;es elles Arabes, puis ayanl élé soum.se à 1 mvas.on des Turcs seldJoukides liS el des
Ollomans, les soldais y onl souvenl élé les voyag~ur.; les plus marquanls. De plus, la pro-
ximilé de Conslantinople faisait de ses villes les Jalons nécessaires à la conquêle du pou- par Maria GÉROLYMATOU'
voir par les révollés" •.
Mentionnons ici quelques lémoignages du passage des soldats en Bithynie, ennemis
ou parfois étranger.; alliés de Byzance. En raison des pillages el des massacres, cenaines
b'aver.;ées de la Bithynie onllaissé de lerribles souvenirs. On peut évoquer ici le cas des
Russes en 941, qui, ayanl échoué à prendre Constantinople, envoyèrent un contingent en L'accès facile au marché de Con~tanti.nople a ét~ le ~ri~cipal facteur du développe-
d l' ctivité commerc.ale en B.thyme. CeUe-ct éta.t hée d'une part au transit de
Bithynie pour se procurer des vivres: «des prisonniers qu.'ils ~aisaient. ~I s crucifiaient les
ment. e aarchandises entre l'Orient et la capitale, d'autre part aux ressources lOCales
uns, les autres. ils les clouaient contre terre, des autres Ils s en servaient comme cible
pour leur.; traits. Les gens d'Église qu' ils b'ouvaient, ils attachaient leur.; mains derrière, certa1n~ ml'er agricoles, qui jouaient un rôle imponant dans l'approvisionnement de la'
en parUeu •
ils leur plantaient des clous en fer en pleine lête. Ils livrèrent au feu de nombreuses égli- viIle'.Les données donl on d'!Spo.se avant l 'è 1
ses"lI7. En 1096, l'expédition de Pierre l' Ermile, pani combattre les infidèles, se solda e. XIII' SI cene pe,:",e.ttent pas de saisir le détail
par l'anéantissement des croisés: venu de France, Pierre lraversa le Bosphore et établit de l'aelivité commercmle, ma.s eUes ,laissent s~pposer ,1 ex.stence en Bithynie d'un
son camp près d'Hélénopolis. Il étail accompagné d'une multitude de gens, des . Celtes"
avec armes et chevaux, de femmes et d'enfants " '. Les Normands, qui s'étaient séparés
du gros de l'armée, pillèrenl la région de Nicée, en fai sant acte. nous dit-on, de la plus
=a) t d'échanges entre la cap.tale et d autres rég.ons de 1 Empire. Les hôtelleries (xéno-
inslallées en Bithyn~e, n~tamment sur le,s voies de communication conduisant
à1 capitale, faisaient partie dune mfrastructure d accuet! des voyageurs, parmi lesquels
grande cruauté Il 9. Ensuite l'armée toute entière, .Celtes» et Normands, se précipita sur
Nicée. En passanl par la route du Drakôn, elle fut massacrée par les Turcs, et on ne vit
plus désormais, écrit encore Anne Comnène, qu'un tumulus de cadavres: «une haute
:x :rouvaient sans doute des marchands. Ces hôtelleries, qui sont pour la plupart attestées
IJ('-X' siècles, suggèrent l'importance de la Bithynie dans le commerce de transit à
celte époque. EUes étaient peut-être ,situées à Lopadion2, à PylaP, à Sangaros4 (sans
montagne d'une superficie considérable, tant était grand l' amoncellement des osse- doute près d'Hélénopohs)S, à N.comed.e· et à Nlcée7 (cf. fig. 1). Il s'agissait dans tous
ments" .20. Un souvenir aussi horrible a été laissé par les Catalans. appelés par Byzance les cas de nœuds sur les axes de communication. Lopadion était situé près du Ryndakos,
pour combattre les Turcs en 1303-1304, quand ils se trouvaient" Cyzique et à Anakèl21 : fleuve navigable dans son cours inférieur, sur lequel on transportait des marchandises
les habitants, qui avaient ouvert leur.; portes au grand duc Roger de Fior, ont été maltraités ; vers la capitale 8• Nicomédie était facilement accessible depuis Constantinople, par voie
les femmes et les jeunes filles violées, les enfants assassinés. Tous avaient été dépouillés de terre ou par voie de mer, et les routes venant de Nicée et du Sangarios y aboutissaient9.
de leur.; biens. Michel IX ne pardonna pas aux Catalans 122 . Les dernières années de la Nicée, centre administratif du thème de l'Opsikion, était alors le carrefour des routes de
Bithynie byzantine furent elles aussi terribles. La conquête ottomane amena sur les roules
l'Asie Mineure lo. Le xénodocheion le plus important était sans doute celui de Pylai, situé
une partie de la population, qui partait en exil l2J. Les habilanls d' Angelokômè, Anagourdis,
Plalanéa et Malagina s'enfuirenI 12'. Ceux qui restèrent furent souvent massacrées lors de sur le trajet le plus fréquenté entre la capitale et Nicée. Tous les sites mentionnés ci-
la prise des forteresses. 2s . dessus correspondent aux ressorts des kommerkiarioi, qui étaient peut-être chargés de la
perception des droits sur le commerce 11. Nous les trouvons en effet à Lopadion, à Pylai,
114. Voir ici même BONDOUX, p. 398.
115. C'est le règne d'Alexis lU qui inaugure les intenrunables campagnes de Bithynie contre
les Turc§: dès 1086, Alexis Itr envoie Constantin Ôpos pour porter secours à Alexandre Euphor·
bènos. Opos occupe Cyzique, Poimanènon, Apollônias, cf. ANNE COMNÈNE, Il, p. 80. • Institouto Byzantinôn Érevnôn, Ethniko Idryma Érevnôn, Athènes.
116. Dès 365, la Bithynie avec les villes de Nicée, Nicomédie, mais aussi le lac SophOn, fUI 1. Pour l'époque byzantine, cf. J. TEALL, The Grain Supply of the Byzantin. Empire, DOP,
le théâlre des révolles, cf. AMMIEN MARCELLIN, XXVI, 7, 14-17: 8, 1-3. Mais c'est à la fin du 3
119,1959, p. 125 ; A. HARVEY, Economie Expansion in the BYUlntine Empire 900-1200, Cambridge,
xe siècle et au cours du XIe que la Bithynie fut un réel champ d'opérations pour les révoltés. 89, p. 208-209.
117. ThWPHANE CONTINUIl, p. 424. 2. Sur le rôle commercial de Lopadion, voir ici-même C1mYNET, p. 328.
118. ANNE COMIŒNE, Il, p. 207-210. 3. Voir ibidem, p. 349 ; OIKONOMID~, Us/es, p. 123.
119. Ibidem, p. 210. 4. Ibidem.
120. Ibidem, p. 211. ~. LEFolIT, Communications, p. 211 n. 20.
121. PACHYMÈRE, IV, p. 436, 444 ; M. ZIMMERMANN, Orient el Occident. La Chronique de . OIKONOMID~, Us/es, p. 123.
R. Muntaner à propos de l'expédition de Romanie, Le Moyen Âge, 94, 1988, nO 2, p. 214 ~t 229:230. 7. VOIr ici-même CHEYNET, p. 323.
.122. Il fit assassiner quelque lemps plus tard Roger de FIor dans le palais Impénal à 8. LE!'O~, Communications, p. 209 .
Andrinople, cf. PACHYMÈRE, IV, p. 574.
123. Ibidem, p. 358, 366, 368.
~OVo" Ic.-même L~RT. p. 461-411. . •
124. Ibidem, p. 454. OUest d . ~ur .Ies ,,?ules rehant les villes bithyniennes au plateau anatolien et aux villes de la cOle
125. Ainsi pour Katoikia et Bèlokômis en 1304, cf. ibidem, p. 454-456 ; Kouboukleia, en I~ IHA"e Mmeure, cf. TIB, 7, p. 141 sq. , _
1308, esl hvrée par les Catalans aux Thrcs, cf. ibidem, p. 634-636. ~,,*, . ANTQNtAD~-BIBtCoU, Recherches sur les doua"es à Byzance. L «oc/ava», le dom
Ion» tlles commerciaires. Paris, 1963, p. 164.
-- 486 MARIA G~ROLYMATOU
LE COMMERce. VII'·XV' S1~CLE
487

ES VII,-x lll' SI~CLes


1. L eree des produits agricoles. L'importance de 1. Bithynie dans le ravitaille-
Le com~:tantinople ne se fit pas senttr avant le. VII' SIècle. Jusqu'alors la capitale
""nt de. CO ur son approvision.nement en blé essenuellement de l'Égypte et, en cas de
dépendaIt po Thrace et des régIOns du nord de la mer Notre 17 • Les apports bithynien
beSoin, de la à cette époque, devinrent par la suite la règle l8 • À l'époque byzantine ~'
",ceptio~ne.ls t' n des produits agricoles bithyniens était assurée par un réseau de ;.~
co",merelUltS' rIO"lI) dotés de structures appropriées, par exemple un embalas c'est-à~dl·lre
marchés(empO .' . '
dé de portiques. Les emporta avatent un statut partIculier, qui les distingua't
une ruebore a lomérations atnSl . ' que.des marc hé s s~'téàl"é' 1
u S lOt r~eur des villes l9 . Ils étaient
d'autreS g~es villes, pour des ratsons de sécunté, et sur le httoral, afin de faciliter les
situés horsLe emporia de Bithynie étaient concentrés sur les rivages du golfe de Nicomédie'
é<:hang:<· srd' Dakibyza20, Kalos Agros21 et Dorkôn 22 ; peut-être tôn Amaréôn (près d '
sur la cêdiote ~~. s:.cla côte sud: Kalléon près de St-Autonome24 , Éribolos25 Hérakleion26 ' eet
N'com e" , l' é "
1 S à l'ouest, pylaj27. Ces p~rts n ont ~I~S ,en lant que places de commerce, que peu
plu dans les sources de 1 époque medtobyzantme, sans que cela signifie qu'ils aient
de ua~es fonction. Nous retrouvons plus lard certains d'entre eux, par exemple Hérakleion :
pe,du. eur e Jean III Vatatzès accorda à la Grande Église l'échelle d'Héraldeion2a dont
~-~
les revenus consist~ient san,s doute en ct rotts" perçus sur 1 embarquement et le débarque- '
1 des marchandlSes 29 • L échelle la plus Importante était Pylm. Les céréales produites
à Sangaros, à Nicomédie et à Nicée l2 • Au IX' siècle, l'existence d'une communauté juive ;:, la région y étaient stockées:~, puIS achetées par des marchands, ou transportées
à Nicée, qui est déjà attestée dans la première moitié du VII' siècle". peut suggérer que le compte de l'État. Au IX' Slecle. des armateurs de bateaux céréaliers (IrMîa (1tTr/-
la ville avait une activité commerciale l4 . L'existence d'un courant commercial entre ~~vro) naviguant dans la !~er de Ma~·mara étaient obligés ,de transporter une fois par an
Nicée et la capitale, par Pylai, est également attestée au début du Xiii' siècle: Nicolas du blé pour le Trésor tmpenaPI ; Il s agit probablement d une sorte de corvée. D'autres
Mésaritès, voyageant en 1206 à destination de Nicée, débarqua à Pylai, où il rencontra
des marchands qui étaient venus de Nicée et se préparaient il y fClüumer. Ils cherchaient
des voyageurs à destination de cette ville afin de ne pas faire il vide le voyage de retour". 17. DAGRON, Naissance, p. 530-532.
Au XIIIe sièc1e. certaines des vmes bithyniennes mentionnées furent intégrées au 18. M. HENDY, Studies on the bywmine II/onetary Economy, Cambridge, 1986, p. 562.
réseau du commerce de la mer Noire. En témoigne le chf)'sohulle d'Andronic Il en 19.1:empereur Alexis 1" Comnène accorde en 1102 par chrysobulle au monastère de Lavra au
Mont Athos une exemption tota1e de tOU(1! taxe pour quatre bateaux. Cette exemption est valable
faveur des Monemvasiotes de Monemvasie et de Pègai (à l'ouest de la région étudiée)16. dans 10us les ports, qu'il s'agisse de kaslra, d'emporia ou d'autres lieux; cf. P. LEMERLE,
Il semble que les Monemvasiotes installés à Pègai s'adonnèrent aux affaires, à l'exemple A. GUIllOu, N. SVORONOS et D. PAPACHRYSSANTHOU, Actes de Lavra, l, Paris, 1970, nO 55, 1. 59-
de leurs compatriotes de la métropole. Le chrysobulle les exemptait du kOl/lmerkion dans 61.-Cf. L. ROBERT, dans Hellenica, 2, 1946, p. 135.
plusieurs villes, dont Nicomédie, d'autres étant situées sur le rivage ouest de la mer 20. Pour le IV' siècle, cf. SKOUTARIÔTÈS, p. 60; De cerimoniis, l, p. 401 : «Dakidyza», pres
Noire, Sozôpolis et Viçina. Le fait que Nicomédie figure au même rang que ces villes, de Chalcédoine. - Dakibyza est aussi mentionné dans les portulans italiens: KRETscHMER,
Porto/ane, p. 518.
surtout connues comme ports d'exportation des céréales, suggère son importance dans 21. 1)ŒoPHANE, p. 396 ; NICÉPHORE. p. 54 ; Syllaxaire, c. 777. - Sur Kalos Agros, probablement
les réseaux commerciaux du XIIJ' siècle. Néanmoins, même à cette époque, le commerce Tuzla, cf. RE, X, c. 1759.
bithynien ne dépassait pas le cadre d'un commerce régional, tout au plus interrégional. 22. Synaxaire, c. 777. - Cf. JANIN, Grands celllres, p. 95 n. 1.
C'est plus tard seulement que la Bithynie fut intégrée dans les réseaux du grand commerce. 23. Vie de Théodore de Sykéôn, § 156, p. 128.
Nous examinerons tout d'abord le profil commercial de la Bithynie jusqu'au XIII' siè- 24.lbidem, § 156, p. 126.
cle, puis le commerce bithynien au début de la période ottomane. 25. Ibidem, § 157, p. 130. - Sur Éribolos, voir ici-même LEFORT, p. 470 ; Vie du patrice Nidtas,
1S,~. 327; JANIN, Grands centres, p. 87,92,93. TI est possible qU'Éribolos corresponde à a1-GabhIa,
menuonn.é par lbn Ht1rdadbeh au IX' s., et à el-A'bra dans Idrisi. Ibn Ht1rdadbeh note que d'a1-Gabhra
onexpédJaIl des légumes vers Constantinople; cf. LEFORT, Commwlications, p. 216-217.
26. Vi: de Théodore de Sykéôn, § 157, p. 130.
27.1b'dem!§ 129,p.I03-I04et§ 131,p.I04.
~8. VOIf~c'-même KRAvARI, texte no 17, p. 88 (chrysobulle de Michel VIII).
12. Voir ici-même CHEYNET, p. 331-350. matir 9. ParmI les taxes pesant sur le commerce figure le skatiatikon ; cf. G. RoulU.ARD, Les taxes
13. Vie de Théodore de Sykéôn, § 156 a, p. 128-129. . Iffies et commerciales d'après les actes de Patmos et de Lavra, Mélanges Charles Diehl, l,
Pans,
14. Vie de COllstamin le Juif, § 51, p. 642.
15. Voir ici-même KRAvARl, texte nO 16, p. 84.
16. MM V, p. 167: l.:authenticilé du chrysobulle a été contestée, mais l'étude la plus récen,le

SODt
l930, p. 282.
DAPHNOPATÈS, nO 37, p. 209-211 (lettre adressée au xénodochos de Pylai. dans laquelle
qui envéoq~ées les ressources des environs). La lettre mentionne des dépôts de blé et les mtendants
(Ch. KAwOAS, Byu/Iltme MonemvaslO. The sourees Monemvasie 1990 p 117-119) admet qu " truent responsables
s'agit de la copie d'un acte authentique datant de ca' 1300 (cf. p. 1i 1). ' . 1'î1oI!~ IGNAŒ LE DIACRE, no 21, p. 179-180. La lettre mentionne des nauclères (armateurs) de
drôtè, meonnu par ailleurs (cf. ibidem, p. 179-180) ; cf. KAzHDAN, Iglwtios, p. 201.
Le COMMeRce. VII'·Xv e SIÈCLE!.
489
MARIA G~ROLYMATOU
488
x besoins culinaires du métropolite et. du clergé de l'Église de Nicée comme
villes participèrent au commerce des céréales à l'époque médiobyzantine. Panorm olentent au . plutôt à saler des prodUIts desttnés à la Commercialisation" peut êt
st nsé'" ntats , - re
Kios et Nicomédie servaient auX ~c et XI' slèdes de débouchés à la production Céréali~~ (lI\ l'a pe du lac de Nicée. . . .
des domaines impériaux de la réglon32 . Au mlheu du XI' sIècle, des voyageurs en pro les poisson~ttterce dtt bétail. La Blthy~,e étaIt une terre. de. production ou de transit pour
nance d'Éphèse rencontrèrent à Lopadion un nauclère qui s'y était rendu pour affaires~;: Le COl~x expédiés vers Con~tanttnople. On condulSall les troupeaux à Pylai, point
ce renseignement est à rapprocher de celui d' Idrisi. qui indique que de gros navires abo : les (l'Oupe:ement du bétail à destmatlon de .la capuale. En témoignent au x' siècle les
daient à Lopadion~, a.insi que de l'existence à Lopadion du xénod?cheion déjà cité. ~s d'entbatll 'un évêque qui, attendant à Pylal un transport pour Constantinople, a dO
portulans grecs et lIahens menllonnent également Lopadlon, conSldérée, au même titre
qu'Apollônias, comme ville «côtjère»3~.. .... .
plainl es d résence de toute sorte de bestiaux". Le commerce du bétail était sou .
supporter la. p Le Livre dtl Préfet interdit aux bouchers de Constantinople d'ach Imls
i
En ce qui concerne les autres prodUItS agncoles, le vm etl hUIle pnnclpalement, nou entaUon. . 1 Il" ,. e er d u
règ 1em Nicomédie ou dans la caplta e e e-meme, et n autortse les transactions qu'au-
ne disposons que de renseignements indirects. Au X' siècle. l'empereur Partant en cam~ bélal l à (voir CI-dessus), pour éVIter le surcoOt que constituait la rétribution des
pagne s'approvisionnait à Nicée.en huile et en vin 36 , mais o~ ne sait rien ?'une éventuelle 4S
commercialisation de ces prodUIts à cene époque. Plus tardIvement, le vm figurait Parmi p~dttits commercialisés. Parmi les biens immeubles situés à Constantinopl
les produits bithyniens commercialisés; aucune allusion n'est faite au commerce de l'huile Atttres aux Génois à la fin du XII' siècle figure une église dont la partie ouest éta~t
Le potentiel économique et commercial que représentait la Bithynie est pourtan;
manifeste dans le chrysobulle qu'Alexis III Ange accorda aux Vénitiens en 119837
orée de «taI/stria IIik
etreconnus ' l ' 49 L' expression
omet ew»..
. utl'l'é
IS ~ suggère que les carreaux de
t
déc. polychrome auxquels Il est apparemment faIt allusion, qui sont connus à
Celui-ci comprend une liste de villes et de régions dans lesquelles les Vénitien; céntntlque . B' h ' . d . '.
pouvaient commercer librement sans payer de taxes: «pIVl'Încia MesotIJinie 38 ; episkeps;s constantinople, en BulgarIe et en It yOle, provlen raIent de Blthyme, mais rien n'est
Damatrios39 ; provillcia Nicomidie : episkepsis Pi/arum el PithiOlz 40 ; provincia Opsikioll "r En Bithynie, de tels .carreau~ sont attestés à Nicée, à Brousse, à Nicomédie et à
et Egell Cl/In episkepsi Lopadiu el Apollon;ade». On reconnaît dans cette liste plusieurs ~usias (à l'est de la régIon étudléel' o.
des toponymes bithyniens déjà cités. La mention de domaines impériaux (épiskepseis)41
suggère que les Vénitiens ont pu servir d' intenoédiaires pour l'écoulement de leur produc- La Bithynie byzantine ne comportait pas de grand marché, en dehors de ceux
tion ; mais les actes commerciaux vénitiens connus ne confinoent pas cette hypothèse4'. qu'impliquait le ravi.taillem~nt de l'année. n~ai s la proxi~ité de la capitale en faisait son
Peut-être la Bithynie n'avait-elle pas d'importance particulière pour les Vénitiens, fournisseur prtvlléglé. Nlcee, centre_ admu.lIstratlf e~. mlhtalre, aV3lt une activité arti-
intéressés plutôt par le marché constantinopolitain, où ils pouvaient trouver en particulier sanale et commerciale dont tl est d~ftlctle d esumer 1 ~mportance. Le rôle de Nicom&lie
les produits venus de Bithynie. sentble avoir été surtout hé à sa SItuatIon entre la Blthyme et Constantinople, COmme
Le sel. Le COmmerce du sel, indispensable à la con serv~tion de produits tels que la eelui de Lopadion entre la capitale et l'Asie Mineure occidentale. La Bithynie était avant
viande, le poisson et le fromage, est attesté en Bithynie. L' Egli se d'Hélénopolis43 était toul un /rinter/and de Constantinople. De ce fait, le commerce y était dispersé; il formait
propriétaire de salines; au IX' siècle, le métropolite de Nicée. Ignace, commanda du sel un dense réseau de petits marchés desservant la capitale. La situation est entièrement
à l'évêque du lieu, peut-être pour douze pièces d'or"'. Ce sel ne servait peut-être pas différente au XIV' siècle et dans la première moitié du xv', lorsque Brousse (qui ne paraît
pas avoir eu un rôle commercial important à l'époque byzantine) devint à la fois capitale
ottontane et marché international.

32. Sur les hôrreiarioi (responsables des greniers impériaux) aueslés en Bithynie. voir ici- Il. LE COMMERCE EN BITHYNIE AUX XIV' ET XV' SIÈCLES
même CHEYNEr, p. 323. Cf. aussi S. G. MERCATI,'OpUX P'O<; - Homarius. Aeg'>Pllls. 30, 1950, p. 8-13;
J.IIAt.ooN, Cornes Horreorum-Komes tes Lamias. BMGS, 10, 1986. p. 203-209.
33. VIe de Lazare le Galésiote, § 94, p. 537. La conquête de la Bithynie par les Ottomans au début du XlV' siècleS l modifia le
34. IDRJSI, n, p. 306. conlexte économique et le rôle commercial de la région. Grâce à une documentation qui
35. DELATrE, Portulans grecs, p. 241; KRETSCHMER, Portolane. p. 518. - Apollônias était devient alors plus riche, nous pouvons nous représenter de façon plus précise la narure
pour la même raison vue comme une ville «côtière» (ANNE COMN~E. Il , p. 79); cf. ROBERT, Asie
Mineure, p. 93 et 97. des échanges à cette époque.
36. Three Treatises, p. 132. D'anciens centres commerciaux ont décliné, alors que le rôle d'autres s'est accru.
37. M. POZZA et G. RAVEGNANI (éd.),I/rat/ati COli Bisanzio. 992-1198, Venise, 1993, n'Il, le caractère même du commerce a changé. n a dépassé le cadre d'un COmmerce régional
p. 131. - Sur la division administrative de la Bithynie telle qu'elle apparaît dans ce chrysobulle,
cf. ZAKYTJŒNos, Mélétai, p. 3-7.
38. Presqu'ile entre la mer Noire, le Bosphore et le golfe de Nicomédie.
39. À proximité de Chrysoupolis ; cf. ZAKYTHÈNOS, Mélétai, p. 3-4 ; TI, l, p. 270 n. J. 45. KAzHDAN,lgrra/ios, p. 198-199.
40. Sur Pythia, proche de Pylai, voir ici-même BONDOUX, p. 404 et MALAMUT, p. 482-483. 46. N. ?IKONOMIOÈS, Le marchand byzantin des provinces (IX'-XI' siècle), dans Mereari ,
. 41. Sur Je lenne épiskepsis, cf. F. DÔLGER. BeüI'èige tur Geschichte der byl.Ql1tinis~lJen mtrc~~, "e/~ o.'t~ medioevo,' l'OI-ea euroasiatica e l'area mediterranea, Spolète, 1993. p. 646.
Fmanzverwaltullg besonders des /O. IInd Il. Jh., Leipzig-Berlin, 1927, p. 151-152 (rélmp. Ile 'IVo" ICI-même KRAVARI, texte nO 9 (Léon de Synada). - Sur les conflits entre petits
Hildesheim, 1960). ve~8 l':daux et marchands de bétail en gros, cf. Uvre de l'éparqlle, 15.4, p. 124.
42. Ce décalage entre les actes officiels et les actes privés n'est pas unique. - D'autreS villes 49' l 'Ill, 15.3, p. 124. . .
byzantines qui figurent dans les ehrysobulles octroyés à Venise en 1082 et en 1198 ne semblenl du l't' . MM, DI, ~. 55, traduction grecque d'un acte latin dressé en 1192. Le tenne tanstrla vIent
pas aVOlT sttIfé les marchan~ vénitiens. Le contraire est également vrai: des villes qui ne figurent Dictio~n tesltS, déSIgnant tout objet fabriqué en teITe cuite; cf. P. G. W. GLARE, Oxford Latm
pas dans les chrysobulles étalent fréquentées par les Vénitiens. Nico~Z:, OxfOrd, 1.982, p. 1931 ; R. B. MASON et M. MUNDELL MANGO, Glazed 'Tlles of
43. Sur Hélénopolis, voir ici-même BONDOUX, p. 390-391. ,n
50 lb'd BUhyma, Constantinople, and elsewhere, dans Himerland, p. 322.
44. IGNACE I.E DIACRE, n' 13, p. 50-52. - Le prix indiqué n'est pas sOr ; cf. ibidem, p. 174. 51' S 1 em, p. 315, 320-321.
. Ur la conquête onomane, voir ici-même BELDICEANU, p. 351-374.
LECOMMBRCB. vue·XV· SlttLE
491
490 MARIA G6ROLYMATOU
diait à BrOUsse surt?ut des m.arch~ndises italiennes et en recevait surtOUI des
orienté vers Constantinople et s'est intégré à des réseaux plus larges. Sans que la Sa<Joerex.pé tauX. Ses transacuons en B~thyn.le ne rep~ésentent pas un chiffre d'affaires
mercialis3tion des produits locaux ail été moins importante qu 'auparavant. la Bit~O~~ ~uitS o.n~ail lui-même un homme d affalfes relaUvement modeste61 . Toutefois, le
joua alors un rôle plus visible dans le commerce de transit des produits orientaux %nl e /it,é, et Ji est précieux pour notre étude.
le cadre d'une économie qui s'internationalisait. Par exemple, en 1437, le Uv; ~ns /J,Tt du comptes
comples de Giacomo Badoer. homme d'affaires vénitien installé à Constantinop~ ~s . locales 011 en transit, exportées de Bithynie vers Constantinople
1436 à 1440, indique qu'un compte commercial, portant sur une valeur minime i~ e ,. MorthandIses ou vers
vrai, a été envoyé de Constantinople à Trébizonde via Brousse 52 . On constate égalem est l'Occident •
une circulation des hommes entre la Bithynie et d'autres centres de commerce: en 14el~ Le commerce des céréa~es. A parti~ du XIIJ' siècle, lorsque de nouvelles terres
trente personnes originaires d~ Brousse s'embarquèrent à Caffa (en Crimée orientale)53 a: aU nord de la mer. Notre approvlslo~nèrent plus réguhèrement Constantinople,
à destination de Sinope (?)54. A ceUe époque la Bithynie auirait des marchands étrang ,"~Ièresla Bithynie se hmlta à celUI de gre~ler de réserve, auquel on avait recours en
qui cherchaient à acheter des produits orientaux. ers le role de . Du blé bitbymen a pu approVISionner la capItale en 1342, lors de la guerr
Les Génois furent parmi les premiers Occidenlaux à fréquenter en nombre 1 casd~i'"~~I~~it qu'il en fut ainsi en 1343; lorsque les Tatars expulsèrent les Vénitiens e~
Bithynie55. Leurs tentatives pour s'assurer Je monopole du commerce dans la mer Noi a CIvile '. de la Tana, port sur la mer d Azov, et aSSIégèrent Caffa. Le commerce d
se heurtaient, au milieu du XIV' siècle, aux ambitions des Vénitiens et à la politique ~e 1es GénoIS é l' . .
es en mer Noire et par cons quent app~ovlSlOnnement de Constantinople étant
es
Jean VI Cantacuzène. Pendant la guerre (1351-1352) qui opposa les Génois à la COali~ céréal -;son perturbés, les autorotés byzantmes eurenl recours au blé bithynien63
tion Byzance· Venise - Aragon 56 , Gênes s'allia au su ltan Orhan et se servit des POrts ,...- On
- -ne -sait pas grand chose sur 1e commerce.des céréales après la réouverture des .
bithyniens comme base pour ses escadres. Un premier traité enlre les Génois et les
hés de la côte ~o~d d,: la "!er Noore et la re~rtse du commerce céréalier. Certes, en
Ottomans, dont le texte n'est pas conservé et dont la date n'esl pas exactement connue
": les Vénitiens etruent-Ils prets à payer un deml-hyperpère de taxe pour chaque modios
fut conclu à ceue occasion57 : il Y était sans doute fail allusion dans le traité passé entr~
les deux puissances en 138758. Le sultan Murad confIrma alors tous les traités conclus ~ b~ exporté des domaines ottomans64 , Ils doublèrent leu~ offre en 1390 et acceptèrent
par lui et par son père Orhan avec les Génois. Ceux-ci exemptaient les sujets du sultan de yer un hyperpère de taxe par lIIod/Os en 140365 . Par aIlleurs, en 1387, le Commerce
du kommerkion sur les marchandises importées à Péra ou exportées depuis ceUe place: des~réales fut une des questions abordées dans le traité conclu entre les Ottomans et
ils devaient seulement s'acquitter du droit de courtage (ccl/saria). de 0,37%. De son les Génois : il prévoyatt que les bateallx génOIS, ou affrétés par des Génois, pouvaient
côté, le sultan accordait un sauf~conduit aux: sujets g.énois qui voulaient commercer SUr cbalger des céréales (les a~he~er) e~ payan~ pour ~haque modios de Romanie66 la même
ses terres, à condition qu'ils s'acquiltent du kommerkiol/. lei quïl était spécifié dans les JaXe que les marchands qUI benéfklalelll d un tartf préférentIel (qui n'est pas précisé)!>7.
anciens Iraités59 , ce qui montre que les Génois faisaienl depuis un certain temps des Toulerois, ces accords ne concernaIent probablement pas le blé de Bithynie, mais plutôt
affaires en Bithynie. Le 26 octobre 1389, l'ambassadeur de la commune génoise de Pélll celui de Thrace, dont la conquête par les Ottomans fut achevée vers 1376-137768, et où se
passa un traité avec le successeur de Murad, Bayezid 1"'. par lequel Gênes jurait de ltOuvaient quelques-uns de plus imporlanls marchés de céréales à cette époque&.'.
respecter les traités conclus avec Orhan et Murad 1" 60.
Les Vénitiens ne participèrent au commerce bithynien qu'au xv' siècle. La Bilhynie b. Le viII. Bien que le vin de Cyzique ait été apprécié à Constantinople7o, il y étail
n'avait pas pour eux la même importance que Modon et Coron dans le Péloponnèse, semble·t-i1 peu commercialisé. Les premières allusions à la commercialisation du vin
l'Eubée, la Crète, la Syrie et l'Egypte. La présence des Vénitiens sur les marchés biIhynien datent du XIIJC siècle, notamment de 128471 , et elles concernent le vin de
bithyniens, notamment à Brousse dans la première moi lié du xv' siècle, pourrait être Trigleia. Celui-ci était exporté par les Génois à Caffa. Nous ne savons pas si Triglei. était
liée aux difficultés que connaissait alors leur commerce dans l'État mamelouk (voir
ci-dessus, p. 493-494). Le Livre des comptes de Badoer montre ce que pouvaient être
les activités commerciales des Vénitiens en Bithynie. Badoer ne s'y est jamais rendu 61. T. BERrnLè, Il Giro d'affari di Giacomo Badoer : Precisa2Îoni e deduzioni Actes du Xl'
en personne, mais il avait un correspondant à Brousse, Christofal Bonifazio, auquel il ,""g't,international d'étlldes byzalllilles (Munich 1958), Munich, 1960, p. 48-57. Voir J. l.EFORr,
expédiait des marchandises pour qu'il les vende, et de qui il en demandait d'aulres. Badoelttla Bithynie, TM 14, p. 373-384.
62. Cf. J. CHRYSOSTOMIDES, Venetian commercial privileges under the Paleologi, Studi
Vtnt/lam, 12, 1970, no 2, p. 331: allusion à l' approvisionnement de Constantinople avec du blé
52. BADGER, p. 146, 1. 38-40. provenanl. d~ partIes de l'empire occupées par les Turcs (1. Bithynie ou les émirats de la cÔle
53. Les Génois fondèrenl une colonie à Caffa probablemenl entre 1270 et 1275 ; cf. BALARD, IlUeSl de 1ASIe Moneure) ; cf. ZACHARIADOU, Prix, p. 299.
Romanie, l , p. 118.
54. IORGA, Notes, p. 48. p. 29;!i ~9~RAS, Il, p. 686-687. - Cf. HEYD, COII/merr:e, 2, p. 187-188; ZACIlARIADOU, Prix,
55. Sur les relations privilégiées entre OUomans et Génois, voir FLEE1", Trade, p. 10 sq. 64. THOMAS, Diplomatariwn, nO 116, p. 194.
56. Sur les motifs économiques de ceUe guerre, cf. BALARD, Bosphore, p. 431.
~7: GRtOORAS, Ill, p. 84,91. Cf. HEYD, Commerr:e, 2, p. 258. - Les Génois reconnaissaienl ~. Référenc~s dans ZA~HARIADOU, P~ix, p. 3~; FLEEf, Trade, p. 7l-72. .
qu.e. 1 aide fourme par les Ottomans avaient été imponante: «quantum favorem, qua.nlant 1307 51~~apaclté du mod/Os de Romame est estImée par SCHILBACH, Metrolog .., p. 103-105,
u/l/rtate"} el qUQlIlllm bonum et gratiam habuimus a domino Orellana amiralo Turc/Ile ad 67 ~~adou, Prix, p. 301-302, opte pour 322, 3 1.
deslruc/tonem et m~l1em lam l'etletiorum quam grecorum (empare guerre lIostre» (Jeure d~tée du 68' 1 ' reaty, p. 15 (trad. p. 17). .
21~ mars 1356, publiée dans L. T. BELGRANO, Document; riguardanti la colonia geno\'ese dl Pera. ln ~e' BELDICEANU-STEINHERR, La conqu~te d'Andrinople par les Turcs : la pénétratIon turque
Genes, 18&&, no XVIll). lb Fet la valeur des chroniques ottomanes, TM l, 1965, p. 439-461. .
58. FLEET, Treaty. p. 752, 75Sl'HIRœr, La Romallie véllitie",.. ail Moyen Age, Paris, 1975, p. 327 ; BALARD, Ramaille. 2,
59. Ibidem, p. 14-15 (trad. p. 16-17).
60. Italiens à Byzance, nO 66. l~:~' i/~ae Cannilla. éd. E. MIU.ER, l, Paris, 1855, p. 435-436 (réimp. Amsterdam. 1967>;'
'. RATIANU, Actes des notaires géllois de nra el de Calfo, Bucarest. 1927, p. 17•.
LE COMMERCE. VU'·Xv· SlklE.
493
MARIA (IéROLYMATOU
492 ices. L'importance Bc'!..uise par Brousse a.u xv' si~cl; est due au fait que la
t. ~s Ip eue époque un entrepot du .commer~e onental, ou 1 on pouvait se procurer
déjà passée sous contrôle oltoman en 1332 72 , lorsque deux ~ctes notariaux génois alteste ville devint à c la soie. DeuX sources viennent Illustrer ce fait : le récit de voyage de
l'exportation du vin de Trigl~ia, ."ia P~ra, vers Ca!fa.et Vlçona73. Dans la première moit~ des épices e~ed;:" Broquière et le Livre des COlllpl~S de Badoer.
du XlV' siècle, le vin de Trigle .. étan commerc.. hsé à la Tana'·, ce qUi peut être u
indice de la présence vénitienne en Bithynie. Outre du vin, on ex portait de Bithynie de~ Se(U3l1don B rtrandon de La BroqUlère, dés"ant se rendre de Damas à Brous
En 1432, e caravane rentrant à Brousse après avoir effectué le pèlerinage desel ,
raisins secs: en 1436, des z,bibi de Nicomédie, obtenus par troc", furent expédiés via . à Alep une d h dé' a
Constantinople vers des ports de la mer NOire, Amlsos et Trébizonde' •. rejoignit À son arrivée, il. rencontra es marc an s g ~01S venus de Péra pour acheter
pJee<Ju~. ue transportait la caravane". Brousse ét~lt donc déjà à cette époque un
c. Les produit.t de l'élevage. La Bithynie continua sans doute à fournir du bétail à la des éplCe!s~pices, donl une bonne part élalt réexpédiée à Con'tantinople et de là en
capilale. Pour le début de l'époque ottomane, nous disposons surtout de renseignements marché d don décrit de façon succ mCle les étapes de la route. L'itinéraire qu'em-
sur le commerce de produits dérivés de l'élevage. Dans les années trente du xv' siècle occident. Be:V~:e passait par Adana: Konya (Ikonion), Ak~ehir (Philomèlion), Afyon et
Badoer fit acheter à Brousse une pièce de camelot" et des peaux de mouton (mo/llo: pOInta la c; cion), avant d'aboutlf à Brousse88 .
lIille)18, qu'il réexpédia à Venise pour son compte et pour celui de son frère Jeronimo'9. Kütahya ( , ot~: Badoer permet également ùe se fai~e une idée de l'importance de Brousse
re
La vente de la laine et de ses dérivés était une des sources principales de revenu pour les LeW erce des épices à cette époque. Le pOivre est la principale marchandise que
nomades turcomans de l'Asie Mineure80. Les renseignements donnés par Badoer peuvent dans le com;vénitien achetait à Brousse. Suite à une commande, Christofal Bonifazio
être rapprochés de ceux contenus dans les r~gistres tenus par les cadis de Brousse dans le marc~an dernier, en novembre 1436. di x charges (polldi) de poivre pesant net 24 71
la seconde moitié du xv' siècle: on pouvait trouver des mohairs à Brousse 81 • Notons env:,.."À ce moment, le prix du poi vre était à l'achat de 785 aspres par cantar'JO. 'En
enfin que dans la première moitié du xv' siècle on allait chercher de la laine aux marchés can b 1437 au plus tard, Bomfaz!<, expédia de Brousse à Badoer une charge de
de Lopadion et de Mihaliç'2. no~em tnt le poids net était de 2,59 cantars"l . Le prix d'achat était alors de 665 aspres
po.vre t~. La baisse du prix, de l'ordre de 15 % en un an, de même que les difficultés
d. L'alun. Le développement de l'artisanat textile en Occidenl à celte époque a ~ can ncontrait parfois à acheter des ';plce, à Brousse peuvent être interprétées comme
augmenté les besoins en alun, substance nécessaire à la fi Xai ion des couleurs. Vers la ql'u :nt~es fluctuations de l'offre el de la demande: en été 1437, le Vénitien Zuan
troisième décennie du XIV' siècle, sur les marchés de Constantlllople et de Péra, On eue
(hontarini n'a apparemment pas pu IrOuver de potvre . à B. rousse; maiS
. la somme que
pouvait choisir entre plusieurs types d'alun, dont quelques lins provenaient de Bithynie ; Badocr lui avait envoyé~, 5100 aspres. revenue à Constanunople, semt à payer, partiel-
ces derniers n'étaient pas particulièrement appréciés. L'alun de Lnpadion figurait à l'avant- lement, une charge de vI,ngt cantars de pOIvre, à 60 hyp~rpres le cantar92 ; fin 1439 au
dernière place dans une liste des prix des diverses qualités d'alun commercialisées à Péra
lus tôt Badoer a envoye à Brousse \' lngl-neuf sacs destmés à recevOIr du poivre qu'on
et à Constantinople, celui de Cyzique et de Ghiaghillo'" occupanl la dernière placeM .
L'alun de Lopadion, exporté par le port de Trigleia, coûtail se lon Pegolotti de 3 à 4 carats
:chèter~it pour lui, mais la démarche n' aboutit pas93 .
Le rôle de Brousse dans le commel'ce des épices s'est accru dans le deuxième quart
le cantar, soit de 0,12 à 0,16 hyperpère; le prix de celui de Cyl i""c el de Ghiaghillo,les
pires de ceux «di Romania 0 di Turc"io» n'est pas indiqué'5. lin demi-siècle plus tard, du xv' siècle en raison de la politique des Mamelouks: le sultan du Caire voulait
en 1384, le doge Antonio Venier notifiait à son ambassadeur auprès du sultan Murad 1" s'assurer le monopole de l'achat du poivre et obliger les marchands occidentaux 11
de présenter à ce dernier une demande concernant l'exponalion d'alun de Bithynie et
d'essayer d'obtenir de lui le meilleur prix possible' •.
quatre carats que mentionne Pegololti. selon qui la meilleure qualité d'alun valait de douze à
n. Selon Mango-Sevœnko, p. 236, Trigleia aurait été occupée par les Ouomans peu ap~ quinze caralS le cantar (p. 43). Il est vrai qu'il s'agissait de lumine roche, c'est-à-diœ de la
ou peu avant la prise de Nicomédie en 1337. meilleure qualité d'alun (cf. BALARD. ROlllallie, 2, p. 772). Sur les interprétations proposées pour
73. Ilaliens /J Byzance, no 35 el 37 ; cf. IORGA, NOIes, p. 39 (acle de 1382). - Parmi les expliquer celte hausse de prix, voir FLEET, Tratle, p. 92-93.
cadea"" offens par l'ambassade génoise à Orhan lors du conml pour le contrôle des DélroilS 87. BEImWlOON, p. 135-136.
figurail du vin de Trigleia (BALARD, Bosphore, p. 457). 88. Ibidem, p. 94 sq. - La route décrite traversait le territoire des Karamanides, dynastie
74. PEGol.0111, p. 24. turque dominant alors l'Asie Mineure centrale. En se fondant sur le fait que celte route n'ttait pas
75. Sur J'importance persistante du troc au Xye siècle, voir HOSHINO-FENNELL MAZZAOUJ, àl',bri d, tout danger, puisque les relalions enIre les Karamanides et les Oltomans étaient tendues,
Orrolnan Markefs, p. 23. lnaIt1ka soutenu que les épices arrivaient à Brousse au tenne d'un autre itinéraire: d'Alexandrie.
76. BAOOE', p. 86, 1. 2-3 ; p. 87,1. 2-4. elles auraient été transportées par voie de mer jusqu'à Attaleia (Antalya), puis acheminées à
77./bidem, p. 457,1. 17-19 (zonbelolo: tissu en poil de chameau ou de chèvre). BroulSO.n évitant la région de Karamall (INALCIK, B'lrsa, p. 143 et n. 6; cf. ~., The Ottoman
78./bidem, p. 457, 1. 8-10. EconomlC Mmd: Aspects of Ihe Ottoman Economy, dans Sludies in Ihe Econom,e HISIOry oflht
79. /bidem, p. 535, 1. 2-13. M,ddl, &\SI, éd. M. A. COOK, Londres, 1970, p. 209-210, repris dans H. INALCIK, The ~/loman
80. Economic and Social Hislory, 1, p. 38-39.
8I.INALCIK, Bursa, p. 133-135 el p. 135 n. 1. !:P''': Conquest, Organization and Economy, Londres, 1978, nO X). Cepen~ant, !ateosloD ~nlR:
82. BAOOER, p. 126,1.43-46; cf. p. 97,1. 35. Karn~a",des et les Ottomans n'implique pas que les premiers aient mt~rtbt le tranSIt de
83. Evans suggère qu' il pourrait s'agir de Daskylion (PEGOLOITI, p. 401). ~lJthandlses vers Brousse, qui pouvait leur être profitable. Par ailleurs, la cnse qu~. ttaversa 1.
84 ..PEGOLOlTI, p. 43. - Sur le marché de Bruges, l'alun de Lopadion était vendu plus cher
de'r,rce à Alexandrie dans le deuxième quart du xv' siècle a sans doute augmenté Ilffipollance
que celUI de Cyzique (PEooLOrn, p. 243). Sur l'alun de Lopadion el de Cyzique, cf. BALARD, 'route terrestre (cf. INALCIK, Bursa, p. 144-145).
Romanie, 2, p. 774. 89. BADOER, p. 66, 1. 5-6.
85. PEOOl.0111, p. 369. 90. Ibidem, 1. 6.
, 86. Le doge infonn.il son ambassadeur que Murad demandait quatre hyperpères par c~tar 91. Ibidem, p. 270, 1. 25.
d alun (THOMAS, D'plomalanum, no 116, p. 194), prix exhorbitant si on le compare aux troIS ou 92. Ibidem, p. 187, 1.6-8
93. Ibidem, p. 778, 1. 30-32.
LE COMMBRCE. VII'_XV' SIOCLB
495
MARIA OeROLYMATOU onnait pas la provenance de la sec/a lezibente qu'il a acquise""
494
b·tondeIO). On n~ ~vai pour laquelle il échange des draps, au plus tard en févrie;
s' approvisionner auprès de lui, et à des prix fixés par lui94. En 1436, les Vénitiens T~ lue de la ~edo SI rment que ce dernier terme désigne la soie d'Asterabad, ville située
tentèrent une conciliation; le Sénat donna l'ordre à son ambassadeur, au cas où le suit nI440105;
ce on salt seU
C e ienne et que ceUe SOie . étm't à 1a fi10 du xv' SIècle
. l'article principal
Barsbay se montrerait intransigeant, d'avertir ce dernier que les Vénitiens pouvaie~ 1 noJd de la mer aS:Ciale florentine faisait acheter au marché de BrousselO6.
acheter des épices à Constantinople, à Trébizonde ou à Brousse. Le sultan ayant refusé a~'une finne comme
de satisfaire aux demandes qui lui étaient sounùses9S , les marchands vénitiens se q ades. Bertrandon de La Broquière indique qu'il y avait à Brousse deux
tournèrent vers d'autres marchés. C'est sans doute dans ce comexte que le Sénat adressa g. Les cOlO/in tait en vente des cotonnades"l1 .
en octobre 1436 une lettre au sultan Murad Il, dans laquelle JI lUI recommandait, entre bOzars o~ l'on met .
autres les marchands vénitiens installés à Brousse, à Andnnople et à Thessalonique"
ubstanees tilletoriales.yn. autre artlcie d~ gra~d comme~ce oriental qu'on
Badoe~ a participé au commerce du poivre à Brousse à l'époque de la crise entre Veni"; II. LeS S à Brollsse étatt l ",dlgo, substance unctonale prodUIte essentiellement
pouvait se ~:~~~ nom), mais aussi dans le Kerman (au sud-est de la Perse) et en
et les Mamelouks. Celle crise dura un certain temps. En 1449, le Sénat essaya d'Obtenir
du sultan mamelouk des conditions favorables pour les marchands vénitiens, qui s'étaient
en Inde (d" 1 fin de son séjour il ConstantlOople, Badoer échangea avec Christofal
réfugiés à Brousse et dans les émirats turcs de l' Asie Mineure, en I~i faisant valoir que, , te lOS
faute d'un accord, ils devraient quitter définitivement la Syne et 1 Égypte et transférer cgYP .' .ersd aps contre de l" 10 d'tgo, parvenu sans d oute à Brousse par la même voie
Bonifazlo des ra
leurs activités dans les territoires occupés par les Turcs9? C'est donc le contexte politico- que les épices .
lO9
économique. le fait que Brousse se trouvai~ sur une d~s routes ~u commerce oriental et
que la ville était facilement accessible depuIS Constant~nople qUI ont donné à celle place . laves. Brousse passe pour avoir été dans la première moitié du xv' siècle
1. Leséeds~ sclaves chrétiens llo . Un acte génois daté de 1410 et rédigé à Caffa fait
un rôle relativement important dans le commerce des eplces.
n
U •march e
à esc]ave de Brousse t voyage' an a bord d' un navire
', . en directIOn
genOis " de
f. La soie. Vers l'an 1400, Brousse était déjà un des centres inlemationaux du com- aUuslonli uLne renseignement suggère l'existence d'échanges entfe Brousse et la côte
Smopel . .
merce de la soie; la sériciculture ne s'y développa que plus lard. " panir du XVII' siècle. noJd de la mer Notre.
À l'époque que nous étudions, Brousse dépendait essentiellement de la soie iranienne9s.
Au XIV' siècle, le grand marché de la soie en Asie était Tabriz. De là, la soie iranienne z. Marc/randises importées ell Bithynie, ir destination locale 01/ orientale
était transportée vers les centres commerciaux de ]' Asie Mineure en passant par
Eczurum ; les caravanes pouvaient ensuite gagner Trébizonde. un lh', principaux débouchés a. uS draps. Brousse était un. impOl~am marché pour la vente des draps occidentaux 112.
de la soie iranienne, ou Brousse, en passant par Tokat99 . La politique ottomane d'expan- Les Vénitiens pratiquaient en Médltel'ranee onemale, au mOins deputs le xm' s., le commeœe
sion vers l'esl, engagée au temps de Bayezid 1", fut probablement dictée par le désir de des draps. Les émirats d'AydlO et de Ment"}e faisaient venir d'importantes quantités de
s'assurer Je contrôle de la roule de la soie iranienne 100. Les premi f' rs renseignements sur dtapstB. Badocr a tenté de prendre une part à ce commerce. En septembre 1436. il vendit
l'existence d'un marché de la soie à Brousse datent du débul du xv' siècle, mais celte deux draps de Mantoue lt4 à Cat~lan Amidei, habituédu voyage de Broussell~ . n ~'agissait
denrée y était probablement déjà commercialisée au milieu du XIV' siècie lOl . D'après de draps de luxe, puisque le pnx Ullllmre se montaIt à 160 hyperpères. En JanvIer 1437,
Bernandon de La Broquière, la soie occupait, en 1432, la première place parmi les Badoer vendit à Constantinople deux palli loesti" 6 à un marchand turc de Nicomédie,
marchandises mises en vente dans cette ville l02 . Toutefois. ricn n' indique que la soie Ahmet, en échange des raisins secs déjà mentionnés. Mais les draps de Aorence tt1
acquise par Badoer à celte époque provenait de Brousse. En 1437. il s'approvisionnait à
-deux turquoise et un vert valant en tout 450 hyperpères - et le drap grenat (panade gl'CI1lll)
qu'il envoya à Bonifazio, à Brousse, au plus tard en mai 1437 pour qu'il les y vende ll !,
94. HEYD, Commerce, 2, p. 475-477 : ASHTOR, uvalll Trade, p. 288 sq. : ID., Le monopole
de Barsbay d'après des sources vénitiennes, AI/Ilario dos estudios medie1'ales. 9, 1974·1979,
p. 551-572 el notamment p. 551-559 (repris dans E. ASHTOR, Easl-lVesl Trade in Ihe Medieval 103. BAOOER, p. 166,1. 36-40.
Medilerraneall, Londres, 1986, n' VII). 104. Ibidem, p. 754, 1. 24-25.
95. Cf. ASHTOR, uvanl Trad., p. 298-299. lOS. Ibidem, p. 769, 1. 23-24.
96. THtRœr, Régesles, lIl, n' 2429. 106. HOSHINO - FENNELL MAZZAOUI, Ollomall Marke/S, p. 21.
97. Ibidem, n' 2793 : ASHTOR, uvam Trade, p. 307. 107. BERTRANDON, p. 134-135.
98. Cf. El', l, p. 1375. .. . 108. HEYD, Commerce, 2 , p. 626-629.
99. En 1473, Mehmet II a imposé que les caravanes transportanl à Brousse de la soIe lIamenne 109. BADOER, p. 746,1. 23-24. .
paient un droit de douane non seulement à Brousse. mais aussi à Tokal ; cf. Economie and SOCIal 110. BERTRANDON, p. 135. _ C. Verlinden (L'esclavage dans l'Europe médIévale! D, Gand,
Hisrory, p. 196. . 1977, p. 992) fait allusion au marché d'esclaves de Brousse, sans fournir d'autre renseIgnement.
100. Ibidem, p. 219-223. - La conquête de Sivas (Sébasteia) par Tamerlan en 1400 ouvnt aux III. IORGA, NOieS, p. 48 ; cf. BALARD, Romanie, 2, p. 828 n. 100.
Mongols les portes de l'Asie Mineure et mit en danger l'État ottoman. Le commerce fut sans doute 112. FlEET, Trade, p. 102-103. .
profondément perturbé. Sur l'attitude adoptée par Byzance, soulenir les Mongols contre les . 113. E. ZACHARIADOU, Trade alld CrI/sade. Venetian Crere and tlle Enllrates of Menteshe and
Ollomans en espérant se souslraire de ceUe façon au blocus imposé par Bayezid depuis 1394 à Aydm(/300-1415J, Venise, 1983, p. 169-170.
Constantinople, cf. KI.-P. MATSCHKE, Die Schlaehr bei Ankara und dos Sehieksal \'011 Byzanl- 114. Sur les draps de Mantoue, cf. ASHTOR, Exportation, p. 320.
Srudien Vtr SpiilbYUlnJinisclze1l Geschil;hte zw;schell 1402 und J422, Weimar. 1981. p. 11~12. 115. B~tlOER, p. 19, 1. 2-4 ; p. 6, 1. 23. .
101. Economie and Social HislOry, p. 218 sq. _ Le Koza hanl (caravansérail des cocons) a l' . 116.lbrdem, p. 84, 1. 14-15. - Les pmli loesti étaient des étoffe:' grossIères, man~ract"ts :
élé bâti sur l'ordre de Bayezid fi (1491): cf. GABRIEL, Brousse, l, p. 185-188. L'lpek hanl (cara- ~n. en Angleterre, d'où ils étaient exportés par des marchands Il.hens ; par la sUlte, 00 es
vansérail de la soie) aurail été fondé pour fournir des revenus à la Mosquée Vene (ibidem, p. 190) : en Itahe ; cf. ASHTOR, Exportation, p. 348-349.
celle mosquée n'était pas achevée à la mort de son fondaleur Mehmet 1" en 1421 (ibidem, p. 81).
102. BERTRANDON, p. 134. ' ti'
t ~ur les draps florentins, cf. ibidem, p. 312-313.
. AtlOER, p. 29,1. 12-13: p. 109,1. 17-19.
LB COMMF.RCf~. VU··XV· SI~CU!
497
MARIA G~ROLYMATOU
496 , ue considérée, BrOUsse fut de I?in le plu. im~ortant marché bithynien. Vers
À1époCJ lUta note l'importance. de la VIlle, et y mentIonne des bazars133. Un siècle
reslèrenl invendus el ils furenl réexpédiés à Conslantinople avant octobre 1438 11 9. Bad
réussilmieux en env?yant en)uin 1437 à Bonifazio douze casseues de voiles de crêpe ('::t; l333 '
Ibn Bat d n décrit une l'Ille f10nssante ct commerçante dotée de m hé
Bertran 0 d ." .'
ploS lard, ont un était affecté aU commerce. es SOlertes, de. pierres précieuse. et de.
arc •
crespi). que ce dernIer vendu à Brousse au plus tard en aoOt 1438 pour 7355 aspresl2o.
uverts, d l'aulre au commerce des tISSUS de coton et du "von blancl34 Le
~ssos de cotOn, 1" el Mehmet \1 Y lirent construire des caravansérailsl3S M'h r S
b. Alltres pmdllits. - Le fa Les gisel~lenl~ de rer é~am néglige~bles en Méditerranée
orien laie. il y avait un Irafic de fer enlre 1 Occident ell Onent médHerranéen, auquel les
~ouans Mehme~ ia lJ6 et Nicomédie élaient alors des places principaleme,'t li~e a IÇ,u
Génois participaienl l". Par ailleurs, l'exportation de fer venu de Caffa vers la Côte sud LOpadio n, Trtg eaduits locaux, tels l'alun. la laine ct les raisins. Nicée ne joue aucu S ôal
merce des pr nr e
de la mer Noire esl auestée au moins depuis 1358 122. ~n 1439, Badoer envoya à deux coOl . 1à cene époque. .
reprises à Brousse du fil de fer revenu de Caffa. pour qu Il y sOHvendu : 110 mazi à son commerclansfert vers Brousse du centre de graVIté du commerce bithynien eUI pour Con-
correspondant Bonifazio 123 , puis 95 m~zi à.Plero Palave~lIl. qUi ne sero~t qu'en Partie Lelra le point d'embarquement et de débarquement des marchandises circula t
vendusl24, - Le cavim: Dans le premier tiers du XV~ siècle, on vendait du caviar à séquence quet'Inopie et la région se déplaça de Pylai à Mudanya. Mudanya ét~it alors n
te Constan .. '(/") un
BrousseI2.'; il esl probable qu'il était importé par. les marchands. génois ou vénitiens ent e péage pour les drOIts a percevOIr c wmerc 110 sur les marchandises circulant
depuis leurs colonies sur la cÔle nord de la mer NOIre; maIS on smt que des marchands poste ~onstantinoPle et Brouss~l31. Un acte datant du règne de t.:'ehmet Il fait état de la
russes fréquentaient la Bithynie vers la fin du xy' siècle I2l•. - Le mastic. Le mastic de enU:. d ultan d'affermer 1 échelle de Mudanya 11 deux partIculiers et ordonne q
Chio se vendait 11 Brousse 11 la fin du xv' siècle l21 . et peut-être plus tôt, puisque l'on trouve déclslo.nd u ~rousseI38, son délégué (l/C1in)IJ" et le fonctionnaire responsable pour ~e
à Chio au début du siècle des marchands originaires de Brousse"8. le cadJ e de la ville (ketlriida)140 leur prêtent assistance. conformément à ce qui e
onunerce M d lII41 . se
:"",it sous le règne de son père . ura • ce qU.1 conli~e que Mudanya avait déjà
3. Marchands etmarclrés .....-: rtante fonction commerctale d."" la premIère mOItIé du xv' siècle. Outre les
unelmpo
droits de douanes à Mudanya.. un drol~· d e peage.
' étaIt
' perçu pour entrer dans Broussel4l.
On vient de voir que les marchands génois. florentins el vénitiens étaient présents Oe plus. une gratificallon étatt.accordee aU foncuonnatre qUI pesaIt les marchandises"3.
à Brousse à l'époque considérée. Outre Christofal Bonifazio. Pierre Palavecin et Catelan Li e de Badoer donne des mformat 10 l1S sur le coût du transport entre Constantinople
Amidei. le Livre des comptes mentionne Carlo Zen, qui se rendit à Brousse en octobre le B~~sse : 4 carats pour trois pièces de drapsl44; 12 caraLs (portefaix et fret) pour
1436129. La même source montre que la capitale des Ouomans était également fréquentée
par des marchands grecs de Constantinople - c'est le cas de Michali Sofa, habitué du
~tenvoi de Brousse à Constantinople de quatre pièces de drapl45 ; 17,5 hyperpères pour
le ftet de dix sacs de pOlyre (25,79 cantars) de Mudanya à Constantinople l46.
voyage de Brousse lJO -, et que des commerçants turcs se rendaient depuis la Bithynie à
Constantinoplel)l. Les Turcs de Bithynie étaient actifs dans d'autres régions: ainsi,
Mustafa, originaire de Brousse, se rendit en 1403 à Chio. où il acheta, nous y ayons fait
allusion, à un juif de l'île 32 centenaria de mastic pour l'exporter à Pergame ou, près de
là, à Ayasma l32 .

119. Ibidem. p. 123.1. 10-12. 133. Voir ici-même KRAVARI. texte n" 21. p. 97 (marchés).
120. Ibidem. p. 123, 1. 2-5. 134. BERTRANDON, p. 134- 135.
121. BAUWJ. RamOllie. 2. p. 784 et 840-841 ; TONTOLO, Notai. nO147. p. 198 (vente de fer 135. EJl. l, p. 1375. - Ce fut égalemenlle cas de Murat 1" (GABRIEL, Brousse. J, p. 183) el
de Gênes à Chio). - Sur le rôle du fer dans le grand commerce au X IV(' siècle et au début du Xye, dt Bayezid 1" (ibidem, p. 190).
cf. 1. SCHNEIDER, Fer et sidél1lrgie dans l'économie européenne du XIe au XVIIe siècle, Annales de 136. L'alun de Lopadion était transporté 11 Trigleia où il élait chargé sur les bateaux
l'Est, 16, 1956, p. 112-116 et 127-128. (PEGoLom. p. 369); cf. R. GONZALES DE CLAVUO. Itinéraire de l'amba.rsade ..pagnol. à
122. P. SCHRElNER, Texle lur Spiilb)'zantinischen Finanz und Wirtschaftsgeschiclue ;11 Samarcande en 1403-1406. éd., trad. russe el notes par 1. Sreznevski, Saint-Pétersbourg, 1881.
Hand.chriften der Biblioteca Vaticana, Vatican. 1991, p. 33-35. nO 16 (nolices 17, 55,56,61,62). p.49 (reimp.• Tire Spalli./r Embas.y ta SlIIlIarkalld. 1403-1406, Londres. 1971).
123. BADOER. p. 653, 1. 2-4; Badoer espère vendre le fer au prix d'un hype'l'ère le ma,o. 137. BAIlOER, par exemple p. 123. 1. 6. Cf. K.-P. MATSCHKE. Commerce. Trade, Markets and
124. BADOER. p. 653, 1. 9-12. Money: Thirteenth-Fifteenth Centuries. dans EHB, p. 784.
125. BERTRANDON. p. 135. 138. Sur ce fonctionnaire, voir N. BELDJCEANU. Recherr:he slIr la ville ottomane au XV' si'rI•.
126. INAl.CJK. BllrsO, p. 140. tJulles"actes. Paris, 1973, p. 115-118.
127. Ibidem. p. 135. n. 1. - Sur le mastic, cf. BALARD, Romanie, 2, p. 742-749. 139. Ibidem. p. 112-113.
128. TONIOtO, Notai. nos 52 et 53, p. 105 el 106. 140. Ibidem, p. 109-111.
129. BADOER. p. 10. 1. 5-6. l . I~l. N. BELDI~EANU, Les actes des premiers sultans conselVés dans les manuscrits IUfC's.dt
130. Ibidem, p. 74. 1. 21-24. - Toutefois. les Byzantins ne semblent pas avoir été Irès actifs J~Slblrothèqlle NatIOnale à Paris, J, Actes de Mehmet Il et de Bavezid Il dll ms. fonds lUit' anclt"
dans le grand commerce avec l'Orient; cf. A. LAtou, The byzanline Economy in the Mediterranean . Pans - La Haye, 1960, nO 44, p. 132. '
Trade System, DOP. 34-35. 1981, p. 195,196 et 202. 1 42 . BAOOER, p. 123,1. 4-5.
131. Voir ci-dessus.~. 495. - La présence oltomane à Constantinople est altestée à la fin du "Itan 43. Cf. ibidem, par exemple p. 66, 1. II. _ Nous savons par des actes datant du ~gne. du
XIV' SIècle déjà. fi,!,S la .cnse que Iraver~a l'Étal oltoman après la bataille d'Ankara semble aVOIr lM M~ehmet fi que. les balances des grandes villes étaient données à fenne à des partlcWiers
pernos aux Byzantllls d adopter une atutude plus reSlrictive à l'égard des marchands otlOmans.
Ce n'est probablement qu'après le Irailé conclu entre Murad Il et Byzance qu'i1s purent revenir 39 '1971 EFEBVRE, Qumze fumans du sultan Mehtned le Conquél'llllt, RevU<! de. études Jslal.,que••
à Coastanunople ; leur COmmerce était en essor dans le deuxième quart du xv' s. (cf. N. NECJPOGLU, 6~ 1 ru' p. 150. n~ 2). Mehmet Il accorda une somme provenant de la balance de Broasse à son
Oltoman Merchants rn Constantrnople during the Firsl Half of Ihe Fineenth Century, BMGS, 16, , ~44tuBr Bayezld fi (ibidem, p. 159, nO 8).
1992, p. 158-169, en particulier p. 167-169). . AIlOER, p. 28 1 8
132. TONIOI..O, NOJai, p. 105. 106. 145. Ibidem, P.482: 1: 13-15.
146. IbJdem, p. 36, 1. 5-6.
-- 498 MARIA 01'1ROLYMATOU

Une infrastructure commerciale était donc en place ~n Bithynie: à MUdan a


(douaniers), sur la route qui reliait Brousse à Mudanya (mulel1e.rs) 14;.et à Brousse mê~e
(caravansérails, fonctionnaires, parm' lesquels peseurs et court,ers) 8.
LA CIRCULATION MONÉTAIRE,
La Bithynie byzantine n'avait guère été qu:un fournisseur de Constantinople, quel
qu'ait été le rôle de Nicée dans les ~ommun.'catlOn~ et le commerc~. La conquête de la ÉTUDE DES MONNAIES BYZANTINES
région par les Ottomans et l'int~rnat~onahsat,on de 1 économ,e entramèrent ens~ite, POur
un temps, l'intégration de la B,thyme dans les réseaux dugrand commerce et 1 essor de DU MUSÉE D'IZNIK
nouveaux marchés, au premier rang desquels figuralt la v,lIe de Brousse.

par François PLANET'

é nte étude sur la circulation monétaire au Moyen Âge dans la région d'Iznik
Lapr NS~cée vise à dresser un tableau général du numéraire en usage dans les vilIe~
l'anCIenne, ..
gnes. Le fonds numlsmat'que ct u Musee
' d' 1zm,'k composé de 5298 exem-
,tlescam~~ dépouillé en 1990 et 1991. Une dernière mission, en 1994, a permis le
~aJI'S, a t de 445 nouvelles acquisitions. Les conservateurs du Musée ayant souvent
c1assedmenchats, enregistré dans 1"
es mvenHllres la provenance du matériel l, une recherche'
lors es :rigine géographique a été effectuée . Toutes les monnaies conservées au Musée
sur sOU
d'Iznik .
ne sont pas anllques 'd" 1
o~ me leva es et pe~
d' e?tre elles sont utilisables pour
l'établissement d'une carte de dIspersIOn des trOUVailles Isolées. Deu~ types de matériel
oot finalement été retenus: les monna,es de pro~enance connue, assocIées aux rares mon-
naies rencontrées en prospecllon (cf. Tableau 2, mfine), et des monnaIes sans provenance
precise mais que l'on peut raisonnablement considérer comme de provenance locale.
Nous savons qu'il existe un lien entre circulation des monnaies de faible valeur,
production locale et peuplement d'une région. Ce principe est reconnu et L. Robert a
démontré son bien-fondé2 , puis a régulièrement rappelé son intérêt. QueUe est la silUatioD
en Bithynie au Moyen Âge? N'existe-t-il pas des fluctuations en fonction des époques?
Si les réponses à ces questions sont difticiles à apporter, nous pouvons cependant tenter
de discemer les phases successives d'une évolution, puis d'en rechercher les causes,
qu'eHes soient politiques, économiques ou monétaires.
331 monnaies byzantines conservées au Musée d'Iznik peuvent être considérées
comme un matériel de provenance locale. Les trésors monétaires et les monnaies issues
des fouilles archéologiques (fours et théâtre d' Iznik) n'ont pas été prises en compte pour
l'élaboration du Tableau 1 ; leurs apports sont cependant exploités dans l'analyse
génémle du matériel conservé au Musée ou rencontré en prospection. TIs s'insèrent dans
celle étude de la circulation des monnaies divisionnaires à l'époque byzantineJ.

• Musée des Beaux-Arts, Lyon. .


_ ' LDepUIS 1990, la provenance des nouvelles acquisitions a été systémauquement relevée.
147. Ibidem, p. 123,1. 4. . tanllclÙ accue,l reçu au Musée d'Iznik a déjà été relevé dans ce volume et dOIt à nouveau être
148. Cf. ibidem, p. 482, J. 17 (sansaria, courtage: sur le terme senser, courtier. vOir lignai; ICI.
G. ~OERJO, Dizionario dei dioleuo veneziano, 3, Venise, 1867, p. 644). _ Le terme ilalien sensal. 2. ROBOO, Vil/es.
dénve de .t'arabe Simsar et du persan siipsar, qui signifient «intermédiaire» (N. ZlN~, l" ~. Nous avons adopté la datation des émissions monétaires établie par J. Raeder, Die byzan-
Vocabolano della lingua itoliana, réimp. Milan, 1970, p. 1621). Les transaclions s'effoctuaJent en Mue • Münzen im Kestner-Museul1I Hanovre 1987 qui reprend les propositions de W. Hahn,
pn~clpe par )'lnte':l11édiaire de courtiers officiels, au moins pour les transactions concer:nant les
s,.~tto lmperii BYulIItini, Vienne, 1973-1981. pour la' période 491-717, et celles de M. F. Hendy,
articles de valeur lmponante, pour éviter les fraudes. Le courtier mettait les marchandises auX
enchères pour détenniner un prix raisonnable: cf. Economie and Social Hislary, 1. p. 202-203. I:l;'t,î~he .BYlO~"ine Monetary ECOIIOI1lY C. 300-1450, Cambridge, 1985, pour les années 7~~­
CQlai mlficallOn des monnaies byzantines conservées à Iznik repose sur C. MORRlSS ,
ogue des monnaies bYUlntines de /a Bibliothèque Na/iona/e, Paris, 1980.
LA CIRCULATION MON~AIRE
~Ol
FRANçoIS PLANET
soo
Thb. 1 . Composition par règne et par atelier du fonds byzantin conservé au Musée d'Iznik

lltmN 1"' 1 $ l o-.~27' ft'lIS"rI.'iIf)f J* (S21·S6,S1


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l.lIoNVI « COts$1AA'T1NVll t9Ol-912)

Fig. 1 - Monnaies byzanlines du Musée d' Iznik : répartition par règne

--~'~M~I~I·~~;~
U ~:::~~~:~(:~:~:~~~,:~--~~--~--~r----I---·- ----~--~~~
MK'tŒl Vlt (IOlL- I01&)

MM1IEL I"'cow..tNE (1143- IISO)

o'\1JlXUIII AHclE Hl9S-I20)

"
J2

1.'

_..
T. ... JJJ

U gcnde : CP = Constanlinople ; Thes.: lbessalonique ; Nic.= Nicormdie ; CYl.= Cyzique: : Am.= Antioche 491 -578 578 ·610 610 - 668 668 - 886 686 - 969 969 - 1143 1143 -1204 1204 - 1261

Nous avons recherché les ateliers monétaires jusqu' au règne d'Héraclius (610-641). La Fig. 2 . Monnaies byzantines du Musée d' Iznik : répartition par période
suprématie de Constantinople est attendue : la proximité de la capitale joue pleinement son
rôle. Nicomédie et Cyzique sont les centres régionaux de production mais, contrairement
aux périodes précédentes (exception faite de la première moitié du III' siècle), Cyzique
perd en importance au profit de Nicomédie. La sur-représentation d' Antioche est manifeste;
elle confirme l'importance de l'atelier syrien pour l'Asie Mineure, au delà du Taurus.
L'existence de frappes de Thessalonique témoigne d'échanges avec la Grèce. La présence
de monnaies émises dans des provinces lointaines peut cependant être liée à des épisodes
militaires sans rapport direct avec la Bithynie eUe-même, les mouvements de troupes
étant fréquents dans la région tout au long de la période.
La répartition par règne du matériel byzantin conservé à Iznik (fig. 1) révèle des
fluctuations considérables. La répartition par périodes (fig. 2) montre des fluctuatio~s
plus limitées. La représentation des moyennes annueUes par périodes (fig. 3) tradUIt
., 578610 886 969 1204 1281

mieux l'évolution de la circulation monétaire. Ces données peuvent être comparées à pOriodes

Fig. 3. Monnaies byzantines du Musée d'Iznik : répartiùon par période (moyennes annueUes)
lA CIRCULATION MONéTAIRE
503
fRANçolS PLANET
502 élées par les fouilles'. L'évolution est .comparable à celle des masses
sont rév dans l'empire tout au long de la péroode byzantine telle qu'elle eot
cd1,S qui n usage
. e MoJ1'isson (fig.
4)5
. " .
' .
C.mo rt de Théodose et la promulgatIOn de 1 édit d'avril 395 qui mod'fi
la nature du numéraire . autoros 'éà'
: CIrCU 1er d an'.I'Empire, en interdisantIle
la
f""dément la . rillae d'époque constanumenne6 , la qualité et la quantité du bronze
~ulation des mO/oé de décliner en Orient. La grande réforme monétaire d'Anastase en
C ' n.t cessAsie Mineure des folles lourds qui, malgré d'incessantes dévalua;ion
en avec l'or «appréCI'é » par tous.
n ratio 8 Le
,ann.s ée 491-578 voient la quantité s,
~se en circulation d~ns la.réglOn progresser con.stdérablement. Ce phénomène
demonnal sur l'ensemble des Sltesd ASIe M~neure, à Antioche et Priène en particulier,
"'"'tro~tv~onstantinople. pour expl~querce fat t, la présence d~ troupes peut être évoquée,
~nSl qu à b es lourds frappés a Antioche et à Thessalomque ont été trouvés en Asie
puisque des ron~ssance de la population explique également la sur-représentation des
Mineure. La cro~tions indiquant une large dispersion géographique du matériel numis-
folles,le~ pro~':les régions éloignées et d'accès difficile n'ont pas livré de monnaies de
mauque , seu e
CORINTHE
ceue périod:. 'eI datant des années 578-610 est moins abondant dans la région de Nicée
Le ml at '~es de Constantinople (église de Saint-Polyeucte), Sardes et Priène. Cette
PRIENE

ue sur es SI . , T' . d'Hé r .


q onétarisation de la Bithyme s ac,ce e ,~e a partir rac lUS, pUIsque les années 610-668
dlm alement sous-représentees. Seule Constantmople connaît, dans une moindre
sont anonu affaiblissement comparable de la masse monétaire en circulation; les autres
tn<Sure, un . . d . è' B,
_,1):)oI101111~'2<M . d'Asie Mineure connatssent au contraire es piCS tr s Importants. Les attaques perses
:~14-615 et 626 sont certainement en rapport avec ce déclin régional9. On constate, en
toot cas, qu'à celte ép~que, le mveau du lac de Nicée se relève brutalement suite à
l'abandon de son exuto,tre : une partl ~. de la ville est al?r~ ,"salubre'o. Ces indices de
moindre prospérité sont ,a mettr~ en .'elat") '~ avec la forte.~lrrunulLon de la masse monétaire
enciltulation dans la reglon d Izmk au d~but du vtt< Slecle.
Au contraire, la période 668-886 est mieux représentée en Bithynie qu'ailleurs
CONSTANTINOPLE (Sainl- PCltyeucte) (Sardes, Priène et Éphèse). La crise monétaire du VIII' siècle touche moins Iznik que
ANTIOCHE d'autres villes d'Asie Mineure. Le nombre d'exemplaires relevés est, dans une certaine
mesure, comparable à ceux d'Antioche ou de Constantinople, les deux «capitales»
orientales de l'Empire. Les incursions répétées des Arabes à partir de 674 n'ont pas eu
kmême impact que celles des Perses: les villes sont mieux protégées et peuvent main-
~nant assurer la sécurité des populations rurales ou urbaines comme le montre l'échec
l'~l du siège de Nicée par les troupes d'Amer et de Moawiya en 727". De plus, les transferts
de population en Bithynie, consécutifs à la campagne victorieuse de Justinien n contre
,~

les Slaves en 688-689 12 , ont eu des conséquences favorables sur le peuplement de la


region, ce qui pourrait expliquer l'accroissement de la masse monétaire en circulation.

. 4. Nous avons adopté un découpage chronologique qui permet de comparer les données
chiJlréts recueillies à Iznik avec celles rassemblés par C. Morrisson (cf. note suivante).
EPHESE
5. Cf. MORRrssON, MOlllla;e el prix: EAD., MOlllla;e el finances.
Coll 6.Cf. P. GRIERSON et M. MAYS, Cataloglle of LaIe Roman Coins ill Ihe Dlllnberion Oales
"',on. a/ld Ihe Whillemore Col/eclioll, Washington, 1992, p. 39-44 et 118-124. Pour un
~nt .. re de la 10' de 395, voir déjà M. F. HENDY, Sll/d;es ;11 Ille Byzant;ne Monelary Economy
.i 1450, Cambridge, 1985, p. 474-475.
gr.
8' MORRISSON, MOllnaie el prix, p. 243-244. .
9' YI : M~RC~lLIN, MGH, M, XI, 2 : «placibilem plebi commutatlonem».
Fig. 4 - Trouvailles monétaires sur quelques sites byzantins (moyennes annuelles), l' o,~ '~'-meTe CHEYNET, p. 314.
d'après C. MOlTisson, Monnaie elfinallces, p. 302-303 l~' Vo!r !cl-m~me GEYER, p. 172.
12' Vorr ,el-meme CHEYNET, p. 315.
. IbIdem, p. 318.
LA CIRCULATION MONÉTAIRE
505
FRANçoIS PLANET uX les bronzes r?yaux des Prusias, les sesterces romains ou les meilleures
504
_mOle ."an t e. ci.les du tt1' SIècle. .. .
Si le nombre d'exemplaires relevés sur le tenain ou au Musée d'Iznikpour 1. périOd CU"~aies pra"'" sur le Tableau 21n caracténsa~lOn.et la dalaUon des monnaies rencontrées
886-969 est limité (12), la moyenne annuelle confimle la légère progressIon de la mas e vera
"'" On uou non . s et de celles du Musée d IZDlk dont la provenance est aSSurée
raspec . .
monétaire en circulation relevée p~édemnlent. lâ~uelle. atlei~t un nouveau pic au Sièc~: J<>ISdes P .
suivant. Folles anonymes du XI' SIècle et produclrons Impénales de cette époque SOnt mlÎes rencontrées lors des prospections et de provenance connue
abondants, comme dans le reste de l'Asie Mineure, à l'exception notable de Sainl_ b 2 Mon
11a·
,
Polyeucte, qui ne peut être pns comme représentalrf de tout Constantmople. Dans la région
d' lznik, la dispersion du numérai re est alors remarquable. La présence d'exemplaires Sur
- '.~
~=.reJCte
n38. nO 1
Monnaies
bllUnlsUq....
3 v. 1 r.9 p
~ ::= 1I!!!rl j
/3
le terrain est générale: d'après les inventaires comme d'après nos prospections, on trouve {,.,A~ p34. nO 1 1n
,o\I:~,ya
/
des monnaies dans les plaines côtières, lacustres ou fluviales, dans les villes, le long des r33. n09 1 fa (xe·Xle s.) /
~8nat
axes rouliers principaux et secondaires. ou encore dans les vallées reculées. s33. nO 5 \ f(xe-Xle s.) J
La fin de l'époque byzantine (XII' et XIII' siècles) est elle aussi bien représentée: les Md8n hors carte 2v li 1 fa (xe_Xie S.)
Balikesir 5
tétartèra et les trachéa des Comnènes et des Lascarides sont nombreu x; l'or l'est égaie- t f.(Xt' s.)
ment, sous fonne d'exemplaires isolés ou d' un petit trésor monétaire '3 . Cependant, la hors carte. t 40 1 (?) /
B8yiOdir s33, nog 1n !,
diffusion du numéraire n'est plus générale: les sites refuges, les axes routiers principaux J
Bertket r30, n02 Ir
et les villes sont les lieux de provenance privilégiés du matériel. Les campagnes livrent 1 f (Romain ltr) 7
Boyahca
peu de monnaies à panir du second quan du XIII' siècle. Cette démonét.risation panielle 1 f(UonVI)
de l'espace bithynien suggère l'absence d'échanges monnayés en dehors des centres 1 (JeanJ")
urbains. Des trésors de monnaies byzantines tardives (lascarides) ont été trouvés à Iznik 1 fa (xe_XIe S.)
même (fouilles du théâtre romain, paniellement réutilisé à l'époque) . lis reflètent sans
doute l'inquiétude de la population, qui se traduit par l'enfoui "cment de petits lots de çinlik
s33, nO 4 2p 3r
2f,(XI's.)
1 f (Justinien) 6
"
030, na 1 1 trachy (XIII's.)
monnaies de bronze. Çob8llkale - " /
lB,
La conquête ottomane (prise de Nicée en 1333) ne provoqua pas de rupture dans la - Decekôy
r33, nO 4 1 f (Phocas) 2
circulation monétaire urbaine comme ce fut le cas à Athènes en 580 o u à Sardes en 61614 1 f(UonVI)
Le trésor d'argent ottoman (aspres de Bayezid 1" - 1354-1403). dégagé lors des travau~ l)u1IZaIi s32. nO1 1 fa (X'-XI's.) J
Etbcyli r32, nO 7 1 r, 2n t f (Basile n) 7
d'aménagement de la poste en 1984, montre. par son imponancc numérique (430 exem-
plaires), l' existence (voire la reprise ?) d'une économie monelaire locale immédiatement 1 f (Romain IV)
1 f.(X'-Xt's.)
après l'époque byzantine. Un second dépôt monétaire de cetle époque est conservé au
t f.(Xt' s.)
Musée; il est composé de 323 monnaies similaires et il contïrme la pérennité des
Hisarcik r34. nO 1 1P 2r t f(Léon VI) 5
échanges urbains.
1 f (Romain l'~
Hisardere 5 r32, na 18 1n J
Les fluctuations de la masse monétaire en circulation en Bith)'nie sont nombreuses. s31, nO1 li
Karacakaya /
Elles reflètent des situations contrastées: guerres, déplacements de population et épidémies r33, nO 8 Ir 1 f(?)
K8l1din 2
ou au contraire expansions démographiques des villes et des campagnes, cantonnements KaramO",1 031, nO 1 1P 1
ou passages d'armées, changements structuraux survenus dans l'économie monétaire Klnlkily 532, nO 5 Ir 1 f( 1) 3
1P
ou réfonnes fiscales, besoins nouveaux des États. Elles complètent notre vision des Orhangazi r2B, nO 4 Ir J
phénomènes monétaires en Asie Mineure au Moyen Âge. Osmaneli s34. nO 2 1 p, 1 v ln 1 (Tibèrem 5
Deux pics se détachent nettement: les folles de la première moitié du VI' siècle et 1 fa (XI's.)
les folles anonymes du XI'. Dans les deux cas, il s'agit de lourdes monnaies de bronze. Susurluk hors carte 1 fa (X'-Xl's.) 1
Leur présence et leur nombre relèvent d'un même phénomène. Leur production est abon- $ecefiye 037, na 1 2f(Phocas) 2
dante et pennet le renouvellement d' un stock monétaire obsolète o u quasi-inexistant, TacirKüy p32, na 5 1 n, 2 i t f (Justinien) 5
tout en rétablissant un ratio orlbronze correct et même favorable aux paniculiers lS . De 1 f(Uoo VI)
plus, leur utilisation dépasse leurs époques respectives de mise en circulation. Ces TaIJ"h t25,002 1 f (Anastase) 3
bronzes de poids élevé constituent dès leur apparition une masse monétaire de référence, 1 f (Héraclius)
recherchée et appréciée des populations, et fréquemment thésaurisée en raison de leur 1 fa (X'-Xl' s.)
fane valeur intrinsèque l6. Ces deux séries defolles ont certainement circulé longtemps, Yenj~hir j31, n0 4 1
1p

~g~i-~ollnaieShe/~énistiqUes. v : villes d'Asie Mineure; p : roy~um~ de Bithynie, ~g~


13. Un aspron traclly d'électrum et trois hyperpèTes en or d'Andronic lt:f Comnène acquis en r:Im . as 1 et de PrOUSias II; r: autres royaumes. _ MOllnaies rolll(/lIIes. 1: frappées à N,~,
1975 par le Musée et provenant d'Iznil<.
14. C. MORRISSON, Byzance au VIII' siècle : le témoignage de 1. numismatique, dans Bywnce. IllOn:. mll13ln ; n : frappées à Nicomédie. _ Monnaies de bronze byzantines. f : foUis; f. : foUis
Hommage à André N. Slrolos, Athènes, 1986, p. 149-163.
15. MORRISSON, Monnaie el prix, p. 244-257.
16. VOir sur ce point, ibidem, p. 241 n. 15.
LE PAYSAGE

.
V GOLFE DE NICOMÉDIE AU LAC DE NICÉE
DORT DES VOYAGEURS (xve_XXe SIÈCLE)
L';\'PP

par Jean-Pierre GRÉLOIS'

B,
nteste plus, depuis les travaux de Louis Robert, que le témoignage des
Nul ne co 'tue un apport décisif à la connaissance du monde anatolien ancienl. TI
eulS consU . é .
\~yag dant de rappeler succmctement ce que ce 1 mOlgnage peut - ou ne peut
l
OlIIvien cepen 'ourd'hui à des lecteurs familiers des cartes et abreuvés d' images. Pour
pas- fournIr. au)déplaçaient en bateau, a- chcva 1 ou à' d l' espace se réduisait à une
pie,
deS gens qUi ~n plus ou moins large, de pm1 et d'autre de leur route; il ne faut donc
i)I!lde de letrnudre des vues d'ensemble. De plus. chacun d'eux a rédigé son récil selon sa
.Jreenalen 'd 1 P lB,
I-.
osité, sa culture, ses buts, 1 attente e ses .eeteurs, etc. ourtant, la c?mbinai.son de
cun
t/IIlOIgnag es ponctuels dans le temps et dan:, 1 espace nous permet parfOIS d'attemdre à
certaineS réalités.
Dans celle brève étude, nous ne. p~éte lldons pas présenter l',intégralité des inforrna-
IiooSQUe les voyageurs ont p~ recueIllir Sur la ~llhyme durant 1 époque moderne (xv'-
d/bU1 du XX' siêcle). De ce fatt, nous aVOns operé une sélectIOn que nous avons voulue
~gnificatiYe. . . ". .
C'est ainsi qu'a été choIS! un domame msent dans le quadnlatère dont les angles
amspondent approximativement à Yalova, Izmit, Iznik et à l'exutoire du lac de Nicée
(fig. 1). Celte région, en effet, faisait partie à l'époque byzantine de l'hinterland de
Coostantinople. Elle présente en outre l'avantage d'avoir été traversée et plus ou moins
d/aite pendant toute la période ottomane, ce qui devrait permettre d'en reconstituer
l'lvolution2• Enfin, la partie géographique de cet ouvrage lui est largement consacrée.

lUs Ill1ŒRAIRES

On a YU que, dès l'époque byzantine, la circulation des hommes et des marchandises


s'étail établie selon les axes nord-sud reliant la région à Constantinople). L'installation
des OtlomruJs dans leur nouvelle capitale ne devait rien changer à cet état de fai!.
Cauineshalsons à plus longue distance continuèrent de traverser notre région. TI s'agit
"'pa!ÜCUher de la route des campagnes militaires de Soliman le Magnifique, via Izmit",

;. UMR 7572, Collège de France _CNRS. . .


~~.98Voir par exemple, à propos du lac d'Apollônias et du Ryndakos, ROBEIrr, Aslt Mmeure,
2. On atuait pu h '. , . .
~N"ICOnKd' C OISlr d autres ensembles bien documentés, comme la dépreSSion compnse
do 8mosse et lit et le Sangarios, la côte sud de la mer de Marmara de Gernlik à Cyzique, 1. plame
J. Voir' e Y~rsant nord de l'Olympe, etc.
4. Voir:~:-meme LEFORT, p. 468-471.
-même 10., p. /01-104, et GRÉLOIS, p. 113-138 (Derschwam).
JEAN·PIERRE GR~lOJS DU GOLFE DE NICOMÉDIE AU LAC DB NICÉE
510 511
1 ements selon une direction est-ouest, il ne semble pas qu'ils aient
Quan l auX dé~ oc d' autre fonction que la desserte locale7 • C'est ainsi qu'aucun
ell d
anS noIrenoUS
rég.onlaissé de description continue concernant la côte comprise entre
a . 1 l'
vOyageur ne ova; ce que nous en connaI"??s n .est que a mISe bout à bout de sections
J(az.Id' et Yal 1 u tel voyageur qUI se dmgeatt vers le sud ou qUI en venait". On est
",.:ouru es par. t~ ':né pour les routes qui, longeant le lac d'Iznik, reliaient cette localité
";j,eu mieux '" o~k et à Brousse, soit sur la rive nord, par Boyaltca et Pazarkoy'
~u golfe d~ Oe:;, I ) soit sur la rive sud, par Solüzlo.
(aujOurd'hUI Or an gazi ,
J. Les itilléraires flordpsud
. ·ent aujourd' hui d' Istanbul, le principal point de débarquement sur la côte
P?Uf qUI vl itue à Yalova; d' autres possibilités se présentent à l'éehelle de Topcular
bithy",enn~;~6Y immédiatement à l'ouest de la presqu'île de Hersek) et à KaramÜrsel.
(près de JI 1 t pa:. cette dernière localité que passe le trafic terrestre venant d'Izmit. Pour
C'est ég :e~ssion du lac de Nicée, on a actuellement le choix entre les deux routes
gag~er la . ~versent les Samanlt Daglan. La plus importante est celle qui, partant de
,"velUes:chit le col de Çengiler' 1 (340 m) et se dirige vers Orhangazi pour continuer
Yalova, mηk el Brousse. Une route plus difficile part de Karamürsel, gravit une première
\:e~e c~llines jusqu' à 400 m, descend ve~s le bassin sUpt!rieur .du Yalakdere, passe par
0;.
hg oné du même nom (ancIennement Gavurkoy, Yerukoy, pUIS Merdtgoz), emprunte
la:: 1pont ottoman de Validekiiprü (vers 80 m), remonte la vallée d'un affluent par
~zd::bentjusqu'à un ensellement situé vers 250 ~, pou.r déboucher dans la plaine du lac
aux environs de Boyallca et en SUIvre la nve Jusqu à Izmk. .
pour les temps que documentent les voyageurs, nous avons connaISsance de quatre
·u éraires, ayant respectivement pour pomt de départ Yalova ou ses environs immédiats,
:. npresqu'île de Hersek, Karamürsel el Izmit. Les trois derniers aboutissaient tous à
Iznik. Une telle multiplicité s'explique par le recours quasi universel aux animaux de
selle ou de bât, moyen de transport qui par définition se passe d'infrastructures lourdes.
Le choix de l'itinéraire dépendait avant tout de l'existence de liaisons maritimes à travers
le golfe de Nicomédie 12 , ou bien avec Istanbul, soit directement D , soit avec une escale

7. La rocade reliant l'est anatolien aux Dardanelles via Ankara, Eskijehir et Bozüyük passait
au sud de notre domaine d'étude, par Inegol, Brousse et Mihaliç: voir ici-même GRé.oIS
(Demschwam), p. 126, 127, 129 ; cf. aussi LUBENAU, p. 79, 94; flAcI HAlFA, p. 735, 736.
8. Kaz.kh-Karamürsel: DAllAWAY. p. 261-263 ; V. ANONYME, p. 266; GARDANNE, p. 5;
AUCHER-ÉLOY, p. 63. - Hersek - Karamürsel : KEpPEL, p. 143-146 (qui indique que le détour par
KaramUrsel pour aller vers Nicée est dû à une erreur de son guide) ; POUJOULAT, p. 187 (en sens
inverse). - Du débouché du Yalakdere à Yalova : SESTINI, Grèce asiatique, p. 228-229. _ Hersek-
Çiftlikkoy - Yalova : ORISEBACH, p. 48-51.
9. POCOCKE, p. 123-124 ; SESTINI, Grèce asiatique , p. 205-208 (en sens inverse) ; POUJOUlAT,
p. 174-178 (en sens inverse) ; PERROT, Exploration , p. 54-56.
lO. flAMMER, p. 95·98 ; TEx 1ER, Rapport; ID. , Description, p. 33, 51 ; 10., AM, p. 1I(),1I1.
1J. Le col conserve le nom du village arménien (ètHACEV, p. 24 ; DIEST, Landschaft, p. 190),
ou de ceUe via Hersek' .. . devenu depuis Sugoren (ZENGlN, Yalova , p. 230).
l,autre passaIent
' . par Iznik.
' que SUIVaIent entre autres les pélenns de la Mecque6. L'une et 12. Multiples sont les mentions de traversée entre Danca ou Di! iskelesi (sur la côte nord du
~olre de Nicomédie) et la presqu'île de Hersek. Les voyageurs qui vonl par bateau d'Izmit à
aramUrsel (par exemple: LUBENAU, p. 116; COVEL, p. 262-264 ; LUCAS, De/Lfième voyage,
5. OLIVIER, p. 506 .• CeUe ro 1 rè fréq , p. 79·80; SESTlNl, Constantinople à Bassora, p. 7-8 ; BRoWNE, p. 107 ; DupRÉ, p. 6; MARCEllUS,
par terre de Brousse à' . u e est t S uentée : c'est la seule qu'on prend lorsqu on va
de Koniéh d'Erecli d ~o~Slant,"oPle; c'est aussi celle de Kutayéh, d'Eski-Shéer, de Cara-Hissar,
~f·85) sont plus nombreux que ceux qui empruntent la rive sud du golfe (DAlLAWAY, p. 261-
de 1; v.ANON~ p. 266 ; GARDANNE, p. 5 ; AucllER-ÉLOY, p. 63). On 0 même un exemple d'usage
la rOUle d:une demi~j~u~~n~ e~de Ch~pre. à moins qu'on ne passe par Nicomédie; ce qui aJlonge • 13
vo,. mant.me pour aller de Kaz.kh à Izmit (LUBENAU, p. 112). ,
6. MEHMET ED'B, p. 86~8'8~ servat.on semblable chez LEAIŒ, p. 198. (1893 . DepuIS Samanh ou Yalova : NEWBERIE, p. 1419; Cova, p. 232-234; OOl.~ p. 3_
iA.~ p. Il (1895). - À destination de la presqu'île de Hersek: AtNSWORTIl, p. 43. DIEST,
hait, p. 150. DepuIS KaramUrsel : LUBENAU, p. 116-117.
DU GOLFE De NfcoMéOIB AU LAC De Nicée
512 JEAN-PIERRE GRélOIS 513
ê e vaUon que la route actuelle29, l'itinéraire ancien arrivait au
dans l'une ou l'autre des îles des Princes , ainsi qu~ des possibilités de ravitaillelllent
14
R montant le ~O m ) par le défilé de Balaba ndere. Ce plateau, assez large, portait
en cours de route (point d'eau, pâturage, caravansérail).
: sommital (3. ms De là le voyageur qui s'arrêtait au café entouré de platanes
plate~réales et des Vlg:~;na su; le lac et ses rives, avant de descendre vers PazarkoylO.
desf,tait d'un !arg~ ~:ncette localité, on a noté près des rives du lac l'existence de très
a. Des environs de Yalova à l'extrémité occidentale du lac de Nicée. Ce qui const"
pro AUX ~nvl~~n La plaine portait des cultures vané~s,. céréale.n , oBviers)), vigne.,
auôourd'hui une section de l'anère maîtresse Istanbul - Brousse a, semble-t-il été nue
parcouru par les voyageurs 15 ; .M'em~ 51.. des am é nageme~ t s y sont 51gnal~
, .
dès' le XVII'
peu
siècle, nous considèrerons qu Il ne S ~g lSsall alors que d UII chemm muleller accessible ronds chenes. d Pazarkoy lut a valu des appréCiations plutôt positives de la pan
g oriersJ.!· L'aspect "y trouvaient e n outre maintes commodités36. Le marché hebdo-
aux caravanes l6. En effet. la co~s~ctlon de la route carrossable commençait à peine en
1893". Nous suivrons la descnptlon la plus complète que nous ayons de cet itinéraire
~, Voyageurs)';
"""
qdulnné son nom au lie u)7 était e n grande partie animé par la vente de
. avait 0 ' . h
ceUe du naturaliste Grisebach au printemps 1 839 1 ~. Yalm:a. où il ~rriva depuis Hersek: madaire qu~unée à Brousse et à Istanbu(3~. A u~e deml- eure sur une pente, un lieu-dit
ne semble attestée qu'assez tard, en tant que localité habllée l9: D abord simple viUage la soie des 't des vestiges de murat Ues Jl.
turc, où l'on trouve des barques à louer pour Istanbu(2o. eUe devIOt une petlle ville, même eski Kal e ~onser~~'orde l'extrémité occidentale du lac de Nicée est peu propice à un bon
si son caravansérail a pu être qualifié de misérable21. La plame qUI 1'0 La route l'évite d'ailleurs en restant sur le bas des versants4l. Les
La fonction d'étape à proximité du golfe devait revenir antérieurement à Samanh22 écoulement nature tr~tenaient un air malsain jusqu' aux abords de PazarkOy42. Le terrain
au milieu de vignes et de jardins, malgré un air malsain. Un kale en ruine au bord de I~ eaux stagnant~s cnmis à profit pour l'aménagement de rizières43 dont le nom d'une looa-
mer23 conservait Je souvenir d'une occupation plus ancienne. L'importance du Heu était avait été lOute o;sÇeltikçi «<riziculteur»), garde le souvenir. Ce village, qui a fourni des
loin d'être négligeable 2'. Un caravansérai(25, construit par Rüstem p a~a, vizir de Soliman lité de ~Iedmo~'ques fut pourtant un lieu d'étape d'une certaine importance44. Sur les
le Magnifique, a fait l'objet d'une minutieuse étude de la part de Covel26. inscnpuons an ~u ba~ des collines, se trouvaient des champs d'orge et de blé barbu45
Un manteau unifonne de buissons recouvrait de bas en ha U! les pentes des collines sols ~Ius se~~irons de Oedelek. '
qui séparent le golfe de Nicomédie de la cuvette du lac de Nicée, et ce sur les deux jusqu aUX le s fournit un témoignage intéressant sur l'émissaire du lac de Nicée (Oôl
versants. Grisebach y a relevé la présence de chênes à feuilles caduques et à feuilles Cove nou . d b h 46 ' fi' . "
. E 1676 le lac se déversall par e ux ranc es qUI Intssatent par se reJorndre
persistantes, celle plus massive encore de la bruyère arborescente (Erica arborea L), le ayagl)d' n boucher le défilé me nant vers l' ouest. On est en droit de considérer que la
tout entremêlé de lauriers (Daphne pontica L), de noyers, de hêtres (Faglls silvatica L), avaa\ e~ridionale correspond sensible ment au tracé de l'émissaire actuel, tandis que
etc. Les ruisseaux étaient bordés d'aulnes (AlI/liS gill/iI/osa L) et de siI"les (Salix pl/rpl/rea ~raac e ':ant d' un point situé plus au no rd, résultait de la rupture du cordon littoral que
L). L'absence signalée de futaie 27 évoque un maquis exploi té en tai llis, ce que conftrme 1autre, pns repérée (cf. ici-même p. 33, fig. 5). Environ un siècle et demi plus tard. les
nous ~nvso déclaraient que <<le fleuve qui sort du lac (... ) ne coule qu' à certaines époques,
une infonnation plus ancienne28,
nveral . h 1 rf
environ six mois de ['année, quand les plUies ont ex aussé a su ace du lac»47.
14. Depuis Yalova: SESTlNl, Grèce asiatique, p. 229-234.
. 15. Dans le sens sud-nord: NEWBERIE, p. 1419: COVEL, p. 226-228 ; élHAtEv, p. 6. En sens
Inverse: GRlSEBACH. p. 48-53.
16. COVEL, p. 228: là partir des collines qui dominent Pazarkoy] «jusqu'à Samanh, il y a une 29. L'ancienne route passait un peu plus à l'est q~e la route actuelle. E~ sui~ant.le food du
chaussée de pierre ininterrompue; elle n'esi pas assez large pour laisser le passage à deux mules_. vallon jusqu'à Esadiye, elle gagnaI! le sommet à p~xlmlté d~ yengller (auJourd tiUl Sugo",o),
17. CUINEr, ntrquie, p. 89 (10 km achevés à partir de Gemlik en direction de Yalova). avant de descendre en laissant sur la drolle Ortakoy et Yenikoy (cf. KAl'ANooLU, OrilDngaZJ,
. 18. ORISEBACH, p. 49-53. Sur]a valeur que J'on doit accorder au témoignage de cel auteur. p. 108, III). Nous avons repéré l'ancien tracé en amont d'Esadiye.
VOlT P. BELLIER ~r a!., Paysages de Macédoine, Paris, 1986, p. 53, 59, 91. 30. GRISEBACH, p. 52-53. '" .
J9. VOIT lCI-meme BELDICEANU. p. 369. 31. COVEL, p. 228 ; l'ERROT, Exploration, p. 55 (grands et vieux chenes dans un ctmenè", turc).
20. SESTlNl, Grèce asiatique, p. 228-229. 32. COVEl, p. 228 (plaine labourée très fertile, semailles d'orge).
21. GRtSEBACH, p. SI. 33. PoUJOULAT, p. 178.
. 22. Échelle : NEWBERIE, p. 1419 ; J. BORDIER, Ambassade en Turquie de Jean de Gontaut 34. SESTtNl, Grèce asiatique, p. 205 ; POUJOULAT, p. 178. .
BI/un, baron de ~altgl/ac. 1605-J6~O. voyage à Constantinople, séjour en Thrquie. relation inédite 35. BERTRANDON, p. t38 (sans nommer l'endroit) : «je ne sçais quantes m3lSOos» ; Cova..,
précédée de la VIe du baron de Sahgnac par le comte Théodore de GOm'AIJT BIRON Paris-Auch, p. 228 (très beau et très grand village) ; SESTINI, Grèce asiatique, p. 205 (200 feux) ; BROWNE,
1888, p. 126, 130 ; COVEL, p. 232. L' importance passée de la localité explique peut.être pourquoi p. 108 (localité assez étendue aux maisons dispersées).
la ch .. ne de collines qUI sépare la rive sud du golfe de la dépression du lac de Nicée s'appelle 36. BERTRANDON, p. 138 (fabrication de tapis); HACt HALFA, p. 722 (eaux abond!'f'tes,
tO~Jours ,les Sa~.anh paglan. On note~ qu ' un pon, de Samanh (différent donc du village actuel lIIOl<]uées, bains publics, légumes) ; GRtSEBACH, p. 53-54 (beUe fontaine sous un magnifique
qUI est ~ttué à 1 ~nténeur des terres) eXIste de nos JOu rs un mille nautique à l'ouest de YaJova : platane, caravansérail).
IItSlmClIolIs 1101~llques, Grèce ~rquie (côtes des mers Égée et de Mannarn), Service hydrographique
el oCéanographIque de la MarlOe, Brest, 1981, p. 403. 37. HACt HALFA, p. 722 ; SESTtNl, Grèce asiatique, p. 205.
23. EVLlYA ÇElEBI U, p. 440 (1648). 38. Ibidem.
39. POUJOULAT, p, 176-177.
( 24é HAcl HALFA, p. 728 (150 maisons, mosquée, bain public); EVLlYA ÇELEBI Il, p. 440 40. Voir ici même GEYER, p. 31 ,
mo'qu e, troIS mesç", bouuques) ; COVEL, p. 228 (grande localilé)
25. HAcl HALFA, p. 728. . 41. GRISEBACH, p. 54 (la route coupe au plus court en franchissant trois ou quatre contrefortS
26. COVEL, p. 228-232. du mont Samanh).
sama~i.i GC~~:~CH, fin Antérieure":ent, NEW~ERIE, p. 1419 (lauriers entre le lac de Nicée et 42. SESTlNI, Grèce asiatique, p. 205.
28. 'HACl t-i:~A maqu~s au meme ~ndron). . . 43. BERlltANDON, p. 138 ; voir aussi HAMMER, p. 95. .
d'Istanbul). ' p. 727728 (le bOIS des montagnes de Samanh al,mente les b.. n, 44, COVEl, p. 226·228 ; voir aussi NEWBERIB, p. 1419 (caravanséT31I).
45. BROWNE, p. 108.
46, COVE!., p. 226.
47. 1ÈXIER, AM, p. III.
mAN· PIERRE OR~LOIS DU GOLFE DE NICOMéDIE AU LAC DE NICéE
514 SIS
Là oille cours d'eau pénètre dans le défilé qu'il suivra jusqu'au I~ .' lIuviale du terrain l8 . Des aménagements liés aux nécessités du trafic
notre itinéraire vient à se confondre avec la voie qui, depuis l'AntiqUité;~ e de Gell1lik, . i que l'ongl~e ~e plus notable est la chaussée pavée, construite en 61évation depuis
de Nicée à Kios par la rive sud du lac. mal ne, cOnduil ",nlsélé signalésl. Vers les marais60 , pour assurer aux usagers un accès sOr à l'~helle
on e à tra • • d'II' .
lerte fe,",. d Hersek se situe au vOlSmage une co me, à gauche de la route lorsque
b. De /a presqll'Ue de Hersek 011 Il!c de Nicée el li /ZIIik. Le passage le la LaloCahté e 1 sud. Ce fut à l' origine un lieu fonifié61 • Evliya çelebi nous donne
'rige vers e ,. d' d ' fi ' 62
entre les rives nord et sud du golfe de NIcomédIe se Irouve à hauteur de 1 plus coun l'on se d'.. u du XVII' siècle 1 Image un en rOlt onssant ,avec ses fondations pieuses
Hersek48 Une lelle particularité n' a pas manqué d 'ètre mise il profit pou a r'e~u'île de pOUr le Il,,he d Ahmet pa~a6J (mosquée64 , medrese, école, lekke, cuisine pour les pau-
des hom~,es et des biens49• Des caravanes, complant parfois Plusieu~ a e"~ulalion dues à Hers
ekza
:urs maison de prière), deux caravansérailsos , sans compter cinq autres
chameaux 50, suivaient cet itinéraire. On ne s'étonnera donc pas que cet .~ental.nes de vres et les vDyag n b'ain, 75 boutiques. Mais l'auteur note aussi des indices inquiétants
celui pour lequel nous disposons du plus grand nombre de témoignages ~ lOémtoo soit truell on , u dl" 1 fiè 1 . .
en cons la lourdeur de l'eau et e ~", es 1 vres, e temt Jaune des habitants. Le déclin
,
Beaucoup l'ont parcouru de bout en bout SI ; d ' aulres, venus de Ka: v~Yageurs. co",01e. . les voyageurs des SIècles SUI vants montrent Hersek comme un endroit
Merdigiiz (voir plus bas), le rejoignaient au pont de Validektiprüs2. amursel par devaIt sUIvre, auvre village66 dont la population décline6', même si le passageJ'ustifie
Malgré les difficultés de la route, la vallée du Yalakdere, que l'on remo t 'érableunp " ' d' 680
"''' l'~xistenee de quelqu~s a~lIvltes e servIces . n peut supposer qu'un moyen
direction méridienne, forme une voie de pénétration dans les Samanh Da~le selon une encore impaludée étatt d emprunter une autre échelle proche de Hersek. Il s'agit
hauteur du pont de Validekiiprü. De là on continue par Kllderbent en s ltrI Jusqu'à d'évlt~~ ~:~~:ak69, située su~ la terre ferme immédiatement à l'~st de la presqu'île.
l'anlont le cours d ,un affl uent d ' gaue h
e nve e, 'JusqU"
" l' cnsellement qui,ulVant
marq 1 vers . de cel s vestiges de fonlficatlOn, Hersek conserve les témOIgnages d'une occupa-
euloùnant de l'itinéraire. Une descente assez raide mène jusqu'aux abords d u~ e polRl . Oulre s~ienne. Les paysans du lieu ont raconté à von Diest qu'ils y avaient trouvé
là ail l'on entre dans la plaine, qu'on parcoun jusqu' à Iznik. e oyahca, lion plus an L' - d ,. .
",osaïqueS polychromes. ul-meme a vu es matenaux ~n~,ques remployés dans la
Beruandon d.e la Broquièr~, qui emprunta cet itinéraire en 1432 pour aller du lac desl uée (blocs de marb~e, ta~b?urs de colonne~, IIlsc~ptlon grecque servant de
golfe, nous en a Imssé une desenptlon succmcte, mms qui résume l'ensemble des
traversés; «Item (... ), trouvay arriere pays de montaignes el vallées el pays d' sages
au
P2 n:i~70. Le voyageur décnt ausSI 1 aqueduc" qUI ahmentalt Hersek depuis une SOurce
s< é dans le village d' Ayazma. La condUIte, constituée par des tuyaux de terre cuite de
Et trouvay une forest de haulte fustoye tresmal aysiée à passer à cheval Car san e "'deges. capt e
. . . 1 h . 1 l ' , Sgul à
r:'me y sçaurolt on temr e c errun, eque. est lant parfond que. à grant peine, les chevau'",
s en peuvenltlrer hors (... ). Celle nUlct, J~ logay oultre la rorest en ung villaige, environ 58. OUVIER, p. 506 ; KEpPEL. p. 144 : GRISEBACH, p. 50 ; AINSWORTH, p. 43 (ancien delta du
quatre li~ues au dessoubz de Nlchomed .. (... ) et y a ung havre qui part du goulfe de Yalakdere); DIEST, LAndsc/wft, p. 150 (les hauts fonds empêchent un petit vapeur d'accoster à la
Constanunoble que on appelle le Lenguo lequel (... ) a environ ung traiet d'arc de 1
Et est tout celluy pays mal aysié à passer»53. arge. poinl~9. Caravansérail; CHESNEAU, ~. 150; EVLlYA ÇELEBI, Il, p. 439 (164.0) ; COVE!., p. 308. Le
, C'esl à la pointe d.e la presqu'île de Hersek que débarquaient les voyageurs venant bâtiment a connu par la sUite des vlclss Jtud~ s : MEHMET EDIB. p. 87 (en rume), GRJSEBACH, p. 48
d Istanbul, à quelque dIstance de la locahté du même nom. Ils désignaient la presqu'île (existanl); MORDTMANN, p. 76 (1852 : seul l'emplacement est reconnaissable). Café; RICtm:R,
p. 380 (récent). Poste de douane; PROKESCH. p. 132. Phare; DIEST, LAndschaft, p. 172.
par divers .noms qUI tous SI~llIfient ,dangue», grec G/ôssa54, turc Di/55, Iingua franca 60. MEHMET EDlB, p. 87 ; Au BEY, p. 320; RICHTER, p. 380 (étroite, mais bien empierrée);
l6
Lel/gllO, Lmglla . Le caractere marécageux et insalubre du pays a été souvent nolél ', PROKESCH, p. 130, 132 (en bon état jusqu' à Hersek, puis réduite à des restes jusqu'à l'échelle);
AINSWORTH, p. 44; DIEST, LAI/dschafl. p. 172 (mauvais pavage ancien).
61. EVLIYA ÇELEBI, Il, p. 755 (1648 ; kale) ; FELLOws, p. 107 (murs munis de 10urs sur un
48. Yoir MANGO, Héléllopolis p. 143-144 demi·mille); DIEST, LA/ldschafl, p. 172 (les ouvrages de maçonnerie ne sont plus visibles). - Le
49. Yoir ici même LEFORT, p. 469-470. . mérile d'avoir placé Hélénoupolis, l'amique Drépanon (RE V, col. 1697), aux environs de Hersek
~~ LCEAKE , p. 197·198 ; RICHTER, p. 380 ; KEpPEL, p. 162-163. ",vienl à Leake (p. 2(0) ; sur Kibôlos, voir ici même GIROS, p. 212. Deoùer point sur la question;
. HESNEAU, p. 149·150 (en sens invers ). M . MANGO, Héfénopolis, p. 143-150.
EVUYA ÇEi.EBI, 1/, p. 755.756 (1648) IX e, ONCONYS, p. 382-383 (en sens mverse); 62. EVUYAÇELEBI, Il, p. 755-756.
p. 505·509 (en sens inverse . L e t , p. 7-8 (1671) ; MEHMET EDlB, p. 86·88; OUVIEl!,
p. 319·320 (en sens inverse» Knm~' P4~~7200; BROWNE, p. 147 (en sens inverse); Au 8EY, 63.lmponanl personnage d'origine bosniaque, au service de Mehmet Il, puis vizir de Bayezit
p. 123·132 (en sens inverse) : FEu.o ,p. 106; RlCHlE<, p. 379-380 (en sens inverse); PROKESOl, " .. de Selim 1" (E/'III, 1975, p. 351-352).
0852, en sens inverse)' DIBT LA ~s, t. ·110; AINSWORTH, p. 43-46; MORDTMANN, p. 74-76
52. DALLAWAY. P.'263.265' Il sc I~JI, p. 172-174.
64. Voir aussi BROWNE, p. 147 ; PROKESCH, p. 131 (avec le tombeau du fondateur). AINSWORllt,
p. 43. et MORDThfANN, p. 76 (1852) indiquent que le minaret menace de s'effondrer. DieSI.
p. 64 ; POUIOULAT, p. 185 (en sen; i~~:'~)YME, p. 266·269; GARDANNE, p. 5 ; AUCHER-ÉLOY, LmuJsch"jt, p. 172 constate que le bâtiment est désormais à ciel ouven et n'est plus fréquenté que par
~s cIgognes.
53. BERTRJ.NOON P 138-139' M . 65. BROWNE, p. 147.
les mOllfagnes & bois' . ,onconys (p. 383) chemina treize heures depuis Nicée par
~~ ECOVEL. p. 308 ; OUVIER, p. 506. G 66. Ibidem; Au BEY, p. 320; RICHTER, p. 380; PROKESCH. p. 131; KEPPEL, p. 145;
RISEBACH, p. 49 ; AINSWORTH, p. 43 ; MORDTMANN, p. 76 (1852).
. VUYAÇEUBI, 1/. p.439 (640)'
p. 48; DIEST, ul/Idschajl, p. 172. ,COVE!., p. 308; LEAKE, p. 197; KEPPEI., p. 143; GRlSI!BACIf, . 67. OUVlER, p. 506 (petite ville); BROWNE, p. 147 (25 maisons); PROKESCH, p. 131 (quelques
56. BERTRANOON 139 . C m~sons); FELLOwS, p. 106 (petit village) ; AINSWORTH, p. 43 (environ 10 maisons). . .
57. OUVIER, p. 5ol;' (rose~u HES~EAU, p. 150; COVEL, p. 308. . 68. Café; BROWNE, p. 147; KEpPEL, p. 144. Relais de la poste aux chevaux; Ibidem;
sépare la localité de Hersek de la ~e~ Joncs) ; RICHlER, p. 380 ; PROKESCH, p. 127 (marécage qUI F!u.ows, p. 106 ; AINSWORTH, p. 44.
Rliselis aell/eallis el d'une 'é / fe!"'e); FEl.LOWS, p. 106-107 (présence du fragon épineux ~""bes69.(MONCONYS, p. 383 ; OLIVIER, p. 506 (môle) ; DIEST, LA/ldschaft, p. 173; cf. Kavakmuhafaza-
f~'1:;:ACH, P'.49 (dunes avec ~:~a~é g~mpame d'asperge épineuse, Asparaglls aCl/lijolills); .wu 1 030).
,u . . ; pralnes d'herbacées trèf] es !3Cmes traçantes; prairies marécageuses. joncs. planl~ anliq:~DIEST, LAndschaft, p. 172. Fellows, p. 107, signale également des monuments funéraires
malsam) ; MORDTMANN. p. 76 (l8~i B':{'S/a); AINSWORlli, p. 43-44 (lagunes qui rendent l'endroll
. unes). DIEST, LAndschaft, p. 172. Ains 71. DhlEST, LA/ldschaft p. 172. L'aqueduc est déjà mentionné par Fellows, p. 107. et
won, p. 43. '
DU Got.FE DE NICOMÉDŒ AU LAC DB NICÉB
JEAN-PIERRE GRé:LOIS SI7
516
nt la vallée se réduit à un verrou qUe le cours d'eau franchit entre
20 cm de di.mètre, était portée à travers la plaine pal' une construction de ma 0 lus en amo , 88
'esl que, P l'eu-dit Kaplkaya .. . ,
large de 8 pieds et élevée de ~uelques pied~ au-dessus du sol. Dans la Partie a~~~erie C f laises aU 1 ge montrait des sIgnes plus nombreux d occupation humaine'
l'ouvrage, les tuyaux étaient .dlsposés en plusl~urs endroIts .s~1' d,"ux niveaux. ConSidét de des ~u.delà, le pay~aes d'un pont byzantin 90 . Le pont de pierre de Validekopru qui
ue la maçonnerie était d'ongone byzantllle, 1 auteur Identlfoa 1 aqueduc à celui do ~t 89
lin à eau , veSUgn un endroit qui est resté inhabité jusqu'à la fin du XIX' siècle (' voir
qt
éa t Procope panni les travaux exécutés par Justlmen". Un système hydrauli
, . . 71 é . . 1 .
nt.~"'t
que,utihSé
onou y lakdere e .. é . 91" l'
t nchitle a l''mportance de cet ItIn raire . vers amont, la vallée s'élargit en une
à l'époque ottomane pour éVIter les surpressIOns -, qUlpalt a condUIte, ce quO
au moins une réfection ultérieure. 1 suggère
~s bas), pr~uvel'a~gle
slIlà
sud-est duquel se trouve Klzderbent. Là aussi les aménagements
P
so~e
debasl'Ies:moulll l' àeau.' , ponts. 3, • .
L'itinéraire, passant près de beaux platanes 7., remonte ensuite la vallé élaient mU up d I<Izderbent est celle d une réUSSIte. Le mot de derbent (<<défilé») se
Yalakdere qu'un pont franchissait à son débouché dans 1. plaine 7'. C'est Le k e du lOtre
L'his de s le nom de villages établis pour surveiller un passage obligé Sur une
remarquant le grand nombre de fois qu'il était nécessaire de traverser le cours d~ e qUI,
trouve souv~nt ?nn à mi-chemin entre le golfe de Nicomédie et le lac de Nicée en fai-
souvint du passage où Procope fait la même observation à propos de la r e~u, se .. Sa sllUaUo , . 1 é . . '
Hélénoupolis à Nicée 7•. Cette partie de la vallée n'était guère mise en valeurnou e_ de route·. rivilégié pour un relaIS, avec. es qUlpements nécessalres9s • Au XIX- siècle,
sait un h~U: énérale que don.nUlt la I?caht~ etall celle de la Prospérité et du bien-être96•
si l'on signale çà et là des troupeaux ~ur 1es ve~sants et des ~hamps cultivés dans ' meme
les sSlO
rinlpre . g e se contentmt pas dune economle de subSIstance (céréales, fruits)97
parties basses 78 . Les nves du cours d eau portale~t une \'ég~tatlon d'aspect forestier
);l popu.lauon nussi des activités spécuiatives9B , en particulier la sériciculture99. Sur l~
(ripisilve)19, tandis que les grands :rbres propres • la fourniture de bois d' œuvre Se rauquatt a . • d . 1 'è 1
faisaient rares sur les versants. C est pourquOI les partIes abruptes de ces dem' el 1e P tte population a cru epuls e xvne St ce, avec un premier sommet entre
montraient les traces d'une érosion active (glissements de terrain)80. La végéta:"rs long tem~O~(150 maisons), suivi d'un certain fléchissement dans la troisième décennie
verdoyante a frappé plus d'un observateurS 1, en particulier celui qui, circulant en hi~on 1779 et l'è 1 puis d'une remarquable reprise (jusqu'à 450 familles) au début du xx-too.
se croyait au printernps82. er, du xtX' SI Cd~it_on mettre cette évolution en rapport avec celle du trafic.
Sans doute
La fortification byzantine de Çoban KaIe83, sur une colline boisée presque entièrement
enveloppée par un méandre du Yalakdere. est fréquemment signalée 84, voire décrite" 88 Décrit par PROKESCH, p. 125; AINSWORTH, p. 44; MORDTMANN, p. 75 (1852); nommé
Ainsworth utilise une remarque de Leake pour mettre cette ruine en rapport avec u~ DœSr Landsclz"ft, p. 172. .
épisode de la Première croisade, l'embuscade tendue par les Turcs à la troupe de Pierre par 89 DIEST, Lalldschaft, p. 172 (moulin de.Kaplkaya).
l'Ennite, près de Xérigordon 86. La valeur stratégique de l'endroit devait se retrouver plus 90: Au quatrième gué en aval de Valldekopru (P1<OKESCH, p. 125).
tard, puisqu'on établit sur le chemin un poste de garde destiné à contrôler le brigandageS? 91 Mentionné par Au BEY, p. 319 (superbe pont) ,P1<OKESCH, p. 125 (3 arches); MORD'l'MANN,
75 (1852: construit l'année précédente? ) : RICf~R, p. 380 ; AlNs\vORTH, ~.45 ;pœsr, Landschajl,
p. 173 (ouvrage remarquablement conserve. dernIer reste de la vOIe romame Nlcée-Hélénoupohs-
bnétos, dont l'appareil évoque celUI du pont qUI franchIt le Gallos près de Lefl<e).
72. PROCOPE, Deaed. V.2, p. 152; voir ici même KRAVARI. texte no 3, p. 68. 92 Une demi-heure en aval de Klzderbent : PROKESCH, p. 124-125.
. .73. II s'agit ~u. su lerazi, suite de piliers c.reux é.1evés à inten'alles réguliers le long de Jacana- 93: Quatre ponts de pierre en aval de Klzderbe~t (ibidem), MORDTMANN, p. 75 (1852).
hsatlOn; chaque Plher porte au sommet un petit baSSin à ciel ouvert où "eau arrive par une colonne Vestiges d'un pont médl~val 2 kil! en amont de Vahdekopru : DIEST, Lalldschaft, p. 173.
~~ntante et s'en écoule par une conduite descendante, les deux étant incluses dans la masse du 94. Cf. SESTlNI, Greee listaI/que, p. 224.
pIlIer (cf. K. O. DALMAN, Der Valens-Aquiidukt in Kons/autÎI/ope!. mit Beitragem von Paul 95. EVUYA ÇELEBI, Il, p. 756 ( 1648) ot IX, p. 8 (1671 : deux caravansérails) ; SESTINJ, Grèce
WITTEK, Istanbuler Forschungen, 3, Bamberg, 1933, p. 20).
74. PROKESCH, p. 127; DIEST, Landschaft, p. 172. asiatique, p. 224 (un grand caravansérail pour les chevaux) ; MORDTMANN, p. 74 (l85~: un~­
75. RICHTER, p. 380. ,ansérail, un café, un bazar) ; KABAUÉROS-MARKOUtzOS, p. 146 (un grand caravansératl de pIerre,
fondé au xV' siècle par un certain Tekkeli Mehmet).
, 76. Voir ici même KRAVARI, texte no 3, p. 68 (Procope). Voir aussi LEAKE, p. 197,200. 96. LEAIŒ, p. 198 (impression de confort) ; V. ANONYME, p. 267 ; MORDTMANN, p. 74 (1852) ;
D autres voyageurs relèvent J'un des noms turcs du cours d'eau, Kukgeçit (<<quarante gués»):
DIEST, Landschaft, p. 173. - Le fait que quelques voyageurs se plaignent de difficultés pour
EVLIYA ÇELEBI, II, p. 756 (1648), RICHTER, p. 380, PROKESCH, p. 127, POUJOULAT, p. 185,
MOR~TMANN. p. 75 (!852)" DtEST, Landschaft, p. 172. se ravitailler, en particulier au moment de la soudure. est peut-être aussi un indice de l'activité
7~' EESTINI. Greee aS/al/que, p. 227 (vallons stériles et campagnes désertes). commerciale du village: OUVIER, p. 506 ; BROWNE, p. 147. . .
d .. EAlŒ, p. 197 (ovms el capnns, paysans à la charrue); RICHTER, p. 380 (troupeaux de 97. SESTINI, Grèce asiatique, p. 226-227 (fruits; blé, orge, avoine sur les colhnes environ-
Doma7~s), FEuows, p. 109 (cultur~s rares sur une distance de 20 milles). nantes); OUVIER, p. 506 (pommes sauvages) ; ANONYME, p. 267 (fruits, lait); RICHTER, p. 380
109 . aKI"""'R, p. 46 (vallon bOisé) ; RICHTER, p. 380 (rives couvertes de forêt); FEuows, (nombreux moulins à eau) ; AINSWORTH, p. 45 (jardins) ; MORDTMANN, p. 74 (1852: élevage de
porcs).
p. 80(P. FELLOWS,
ysage sauvage,
p. 109.peu cuillvé malgré la qualilé du sol) ." AINSWORTH P. 44 (vaIlée boisée). 98. SESTINI, Grèce asiatique, p. 226-227 (produits laitiers, vignes sur le~ collines); OLIVIER,
~~. PALLAWAY, p. 263 (<<la plus belle verdure se soutient dans toutes les saisons»). p. 505-506 (vIgnes, production de raisiné et d'eau-de-vie); LEAKE p. 198 (vIgnes sur les pentes.
83 .' "EAKE, p. -' 97 (VIOlettes, crocus, jacinthes en fleurs).
YOlr ICI meme GIROS, p. 215.
qUI donnent un vin acceptable) ; BROWNE, p. 147 (vin) ; GARDANNE, p. 5 (commerce du chanvre);
RIClITER, p. 380 (utilisation de grandes charrettes à quatre roues). . .
(ruine~~';:~~~e~~':';ielI) PÎv!756 (Baltkâbâd [sic: lire Yalakâbâd] kalesi) ; RICHTER, p. 380 ,99. SESTlNI, Grèce asiatique, p. 226-227 (éducation des vers à SOIe, dé~ldage des cocons,
mûnets sur les collines); LEAKE, p. 198 (vaste plantation de mûriers, SOle desunée aux manufac-
85 LEAKE 197 . n , • ORDTMANN, p. 75-76 (1852 : ruines).
drées r~liées p;" u (vIeux Charau byzantin, plusieurs tours) ; PROKESCH, p. 126 (7 tours effon- turesdeB~usse) ; GARDANNE, p. 5 (commerce de la soie) ; PROKESCH, p. 124 (~Oriers) ; FEuows,
AINSWORTH, p. 45 (n~~ra~~~rt~ne ; FELLOWS, p. 108 (muraille avec 8 ou 10 tours rondes); p. 109 (mOners, soie destinée à Brousse) . AINSWORTIi p 45 (plantations de mOriers) ; MORDTMANN.
p.74 (1852). " .
avec 3 tours en assez bon état::;:'I~elr~~':[' Lalldschaft, p. 172 (ruines d'un château médIéval,
86. AINSWORTH, p. 45 : cf. LEAKE 20li G 100: EVLIYA ÇElEBl, II, p. 756 (1648: 100 maisons) ; IX, p. 8 (1671 : 60 maisons); SESTINI,
87. MORDTMANN p 75 (1852) .' p. . m~~aS/?lIque, p. 224 (150 maisons) ; DAlLAWAY, p. 263 (grand vill~e); ~ONYME, p. 21~:~
précédente, et qui fut ~uribué h'bc!te un coup de main dont la poste avait fait les frais J'année (une ns) ,.GARDANNE, p. 5 (150 maisons) ; P1<OKESCH, p. 124 (100 mrusons), KEPPEL, p. 'h
aux a Itants de Klzderbent. p.l7fntame de maisons); MORDTMANN, p. 74 (1852 : assez çrand village); DIEST, Lamlse afI,
(400 feux) ; KABAlIÉROS-MARKOUtzOS, p. 146 (450 farmlles).
DU GOLFE DE NICOMéDIE AU LAC oe NIC~E
JEAN-PIERRE GRtLOIS 519
518
. re décennie du XIX~ siède . Qu~~t au v.illage de Boyallca, la route le
'18
Evliya çelebi mentionne Klzderbent COIIII~: une localité jadi~ peuplée par des i u' de la d~rnl~,ent à J'écart Il9 • la Jonction avec .1 Itméralfe longeant la rive nord du lac
dèles qui depuis seraient devenus n~usulmans. '. Mais d~s chrétiens y Sont sig 1nfi- q. saitsenslbl~ kilomètres à l'est de III locahté. Un pont de pierrel20 Sur le Kayah
pif
°'
art de 1682 ' pour en être les umques habuants Jusqu aux échanges de po 1 aés à
·
' . . . 'dBI' - d
n
PUallon
JaiS . pIUSI~Urs tiquement à l'entrée dans la plaine. Une dépression à fond plat ••
uval! pra ".,.
Les voyageurs quahfia.lent, ceu~-~I tantol e u gares. tanlot . e. «Grecs», selon ,.S. d'eau en été '21 . .
tenaient leur spécificité hngUlstlque ou leur appanenance rellgleUSel03. La p qu Ils de la montagne. les voyageurs ne pou~~,ent qu'éprouver une fane impression
~ur ~mlit de se doter 11 panir du milieu du XIX' siècle d'une église et d'une é:~ls~""nté Y~nan!t de richesse en ent~ant dans la plame _2. Les vlgnes 123 , les arbres fruitiers l24
La route gagnait la crête en continuant de remonter la vallée 105 , ici étroitelOt;e . de fertilité S 0liviers l2S retenaient leur attentl?n. La partie de la plaine mise en valeur
un sol argileux qui la rendait périlleuse par temps de pluie lo,. Là encore On voy •. :~ec el su~out le du lac par une bande au ~aract~re nettement marécageux lU,. Le calibre
mûrierslO8. qui semblent avoir fait place à la fin du XIX' siècle 11 d'autres Cultures ~' .~s élail sépoUée nstituant les plages étmt van able ; hmon et sable là où les itinéraires
lin)jusqu'à une centaine de mètres au-dessus du talweg'O'). Sur les panies non cult~:~; des D1aténa::r:~ouchaient au bord du lac l2'. gravier et cailloux plus loinl28. Comme
des versants, la v~géta~ion naturelle conslstrut en u~ l.naqulS. dont les espèces au feuilla e venant du . d roselières masquaient localement la surface des eaux 129.
persistant retenaient 1 attenuon des voyageurs, 1 ~,vel' en par~,cuherllo. Plus haut. ~e . d'hUI es é' l '
aUJour[,a route• co upait au plus court, VI tant e vieuxc
'11
VI age de Çalurcal30 mais P••••
couvert végétal se raréfiait. po~r s~ rédUIre à des chenes rabougns III. Au col, connu sous lturc
" _ .Rt
cimetière. Avec son beau bouquet e cyprès. le heu constituait un repère:
le nom d'[stanbul çaym «<prame d Istanbul»). subSlStau. bien conservée avec une larg le long de so~ chemin venant de Karamlirsel via Merdigoz et Fuglaclk (voir plus bas)
de 5 pas. une section de la route «médiévale»"'. C'est de Iii que l'on découvre la cuv~~; c'es que t~e itinéraire '31 . De ce point. une chaussée revêtue et surélevée pennettait
llà
du lac de Nicée" 3. Oignait no . .. cl . • . .
C'est une pente escarpée ' " qui mène alors vers les ri vages du lac. Le nom d'un pas- tel traverser les bas terrains l31 qUI s .c: ten ent Jusqu au ,vmsmage d'[znik. Alors que la
de é ' toujours bordée de clmetle res. un chemm s en détachait sur la droite pour
sage particulier (Klfkmerdiven, les «quarante-marches») '" s' applique à un aménagement
qui a été repéré sur le trajet ancien de la voie" 6 • Une association de chênes verts et d'autres
rou~ . Ial~u village côtier de Yenikoy".l. Sur leur gauche à quelque 2 km. les voyageurs
con Ulrel au milieu d'une plaine dégagée. l' obélisque de C. Cassius Philiscus (B.....
arbustes à feuillage persistant. mêlée à des chênes. formait la végétation naturelle ll7 voy..en . .... .... .
Une seule localité. Kokarca (Mamuriye), est signalée sur cette section de la route: Dikilila§)I34.
Encore sa fondation. nécessitée par l'installation de réfugiés bosniaques, ne date-t-elle I!,

118. DIEST,lAlldschaft, p. 173.


101. EVLIYA ÇELEBI. IX. p. 8 (1671 : une mosquée); voir aussi Il. p. 756 (1648). 119 V ANONYME. p. 268; PROKESCH. p. 124; DIEST. Landschaft. p. 173.
102. MEHMET EDiB. p. 87. 120: PROKESCH. p. 124; DIEST. LlIlldsc//{/Ji. p. 173 (ouvrage médiéval).
103. SESTINI. Grèce asiatiql/e. p. 224 (Bulgares) ; DALLAWAY. p. 263 (Grecs et Arméniens 121. KEpPEl, p. 163.
[sic]) ; OUVIER. p. 505 (village grec) ; LEAKE. p. 198 (Grecs) ; BROWNE. p. 147 (Grecs) ; V. ANONYME. 122. LEAKE. p. 198 (sur dix milles le long du lac) ; RlCH'ŒR, p. 379; FEuows. p. 109;
p. 267 (Bulgares); GARDANNE, p. 5 (Bulgares) ; RICHTER. p. 379 (Bulgares) ; PROKESCH. p. 124 AL'SWORTII. p. 45-46; DIEST. Ltmdschaft. p. 173 (prairies et plantations).
(~S!. KEpPEL, p. 160-161 (Bulgares); MORDTMANN. p. 74-75 (1852: Bulgares qui appartiennent 123. LEAKE. p. 199 ; KEPPEl. p. 164.
à 1 Éghse grecque) ; DIEST, ùlIIdsehaft. p. 173 (Grecs parlanl un dialecle turc mâtiné de mots slaves 124. LEAKE. p. 199 (amandiers. mûriers).
et grecs).
125. MONCONYS. p. 383 (à deux lieues de Nicée, près du lac) ; LEAKE. p. 199; V. ANONYME,
104. MORDThfANN. p. 74 (1852; église); KABALlËROS-MARKOUIZOS. p. 146 (église Sainte- p. 268; RICHTER. p. 379 ; PROKESCH, p. 124: KEPPEL, p. 164; AINSWORTH. p. 46; MORD'rMANN.
Paraskeuè. école pnm..re). p. 74 (1852). l'ERRDT. Exploratioll. p. 54 (mal soignés).
105. LEAKE. p. 198; PRoKESCH. p. 124; AINSWORTH. p. 45 ; DIEST. Landschaft. p. 173. 126. DALLAIVAY. p. 264 (joncs) : v. ANONYME, p. 268 : PROKESCH. p. 123 ; AINSwOlmI. p. 45.
106. l'ROKESCH. p. 124; KEpPEL. p. 162 (gorge). l'wOT. Explorat;on, p. 54.
107. ALI BEY. p. 319.
108. AINSWORTH. p. 45. 127. DAlLAWAY, p. 265 ; AINSWORTH. p. 46 (dunes accumulées par les tempêtes); DIEST.
i.onJJschaft. p. 174 (le revêtement de la route antique a dil disparaitre sous le limon accurnul6 par
109. DIEST
oconol1llque ?. • lAndsehaft. p. 173. Serait-<:e là l'indice d'un changement démographique ou Ies boulT3S<Jues d·ouest).
Nicée~ I~ EVUVA ÇEŒBI. n. p. 756(1648 : montagne et forêt depuis KlZderbent jusqu'au lac de . 128. ALI BEY, p. 318 (menu gravier) ; RICH'ŒR. p. 379 (rivage de gravier) ; KiNNEIR, p. 47
(CaJUoux).
nain la~ri~;';~N~ p.266 91°11 boiS) ; !<EPPEL, p. 162; FEUOWS. p. 109 (laurier commun. laurier 129. SESTINI. Grèce asiatique. p. 223 (massettes. iris des marais. joncs) ; V. ANONYME, p. 268:
. III B~~WE uSler utt lS~ comme combustible) : AINSWORTH , p. 45.
bois); RI~KTER :t 147 (boiS peu ~Ievés); ALI BEY, p. 319 (montagnes couvertes de v<:lils
DIEST.lAlldsch~~· p8~i~(,ssons de chenes à nOIx de galle); KEPPEL, p. 162 (chênes rabougns);
AINSWORTH. p. 45 (roseaux et joncs. oiseaux aquatiques) .
130. COVEl. p. 306 ; PROKESCH. p. 124 ; DIEST. Landschaft. p. 174. .'
ln 131. ~OKESCH, p. 124 (tombeau d' un derviche): DIEST. Landschaft. p. 175 (bifurcation):
112. DIEST. &'~dscha;,~~."?~s3~algrement boisés). .. Itmerame"e Aufl/ahme (marbres antiques).
III LEAKE, p. 198 (le 1 bo . _ . . 132. R!CKTER. p. 379 ; DIEST. Lal/dschaft, p. 175, [D •• ftil/emrisehe Aufnahme.. .
V. ANONYME P 268' A ac est rdé sur troiS cotés par des pelltes escarpées et bOIsées) •
p. f'
AINSWORTH. 45 (1; la~'e~;Y' 3~9d; PROKESCH. p. 124; KEpPEl. p. 163; FELLOWS, p. 109-110; les 133. L~BENAU, p. 98 (village signalé. mais non ~ommé) ; .PROKESCH. p. 12~ (diSSimulé d~
114. V. ANONYME e~ ou e montagnes bOisées). po~Ux) '. DŒST. Landschaft. p. 174 (village arméruen). Ce village est aUJourd hUI abandonnée •
pour 300 m de trajeJ).' p. 268 , POUJOULAT, p. 185 ; DIEST, Landschaft. p. 173 (dénivelée de 120 m 13locahsahon. voir ici même cane hors-texte, carré r31/6. .
115. KEPPEL p. 163 Ce M.uca1' LUBENAU. p. 98 ; COVEl. p. 270; SESTtNI. Grèce asiatique. p. 222 ; LEA~. p..1.99.
désigner un passage esc . .' nom est aSsez fréquemment utilisé dans la toponymie turqu~ pour dev~1 mUs. p. 93; PRoKESCH. p. 123; KEPPEL, p. 164 ; DtEST. Landschaft•• p. IN: lobéllS'lU:
du quartier du Châleau f\t~ Il sert p~ ~".emple pour la rampe qui donne acc~s à la pone onentale Hé~ ",,!uer la bifurcation de la voie romaine Nicée-Nicomédie avec 1 IUnérwre menan
116. Voir ici même L~~e (V~~~CI même PRALONG-GRtlOIS. p. 139, note 1). XIX< ~hs ; 10., ftil/erarische Auftwhme. Une photographie de Berggren. datable de la.~
117. LEAKE. p. 198. ' p. . (~ montre .Ie monument dans un paysage presque complètement dépourvu d.
Iv.ik 1 l ' Denkmi/ler. pl 2) ' à comparer avec une vue récente du même monument. yAIItN •
• ·Panche IX. '.
DU GOLFE De NICOMEDIe AU LAC De Nicile
JEAN·PIERRE GRÉLOIS 521
520
149 La localité, qui tire son nom d' un compagnon d'Orhanl50, n'a
U t pennettait de franchir le principal cours d'eau de cette plaine le 1<
6;,pon signale un ouvrage de bois l3S, tandis que les témoignages u'lIé . ara De",. abOndance 'é armi ses hab.tants pennanents que des musulmans"l . Quelques
En 1 t' on conslfUclion de pierres 136. Un kilomèlre environ plus loin un aUnleurs Illen- ,n tempS campi PI menlionnés : mosquées, bazar coUvert lS2 . Ce n'est qu'au début du
IlOnnen une
.
, aré 137 Cd '
en;ambail un peOI cours d eau m cageux . e emler POUrrait être 1
' re POnl de Jo:~ces publicS ~~~na menlion d'activilés de Iransfonnation: travail de la soie, une
pIerre, . , 13" e POnl éd siècle que 1. e pour le coton et la lame sur le bord de mer, à l'est I5)
construit sous Justinien · . . . x.X' de IIssag l' d'éch 154 .
:"onufacl Ure murse.. 1élail avanl loul un leu anges. Ayant probablement succédé
Dans ce secleur, on connaÎl deux, noms, de Village. Le; prenuer, Hespekii, S'esl mai . Kara . . dl' é. .
tenu pour désigner des sourc.es ,donl.1 ea~ s écoule Jusqu au lac 139. L' autre, conservé
aussi, esl celui de Mera, qUI ~ apphquaol à un VIllage abandonné au XIX' siècle l40. ~
t n-'
MaIS PrainélOS, c'étall, pour ceue partIe .e a nv.e. m ndlonale du golfe, la
! rancienne Il 155 En effel, elle étall en relatIOn manltme, non seulement avec
dernier lieu habilé avanl Iz~,~, Kumba§I, aVaIl élé fondé récemment par des Tatan po'ncipale é~he e. a'vec Izmit. Toutes sortes de denrées transitaient par ce port produits
immigrésl41 ; il a aujourd'hUi disparu.. . . Islanbul , maIS auss~s depuis l'intérieur I56 . Le principal trafic semble avoir été 'celui des
locauX au achenun'onnait régulièremenl le marché d'lstanbuJl57. En ce point de ruprure
[TIIits, qUJ3ppro~~~vait un lieu d'élape el de ravitaillementlS8. Enfin. des monrures
Si le voyageur avait rencontré peu de VIllages depuIS les envlfons de çakuca142 1
Sliges d'une occupalion plus ancienne ne manquaielll pas, devenant plus nombr ' eàs
ve d'I 'k143 D ....
mesure qu' il se rapprochail ZOI .' a~s une prame qUI servait de lieu d'élape, On
eux de charge, ~nff 'ent en plus ou moins grand nombre au voyageur qui voulait gagner
de louage s a raI
pouvait encore vOIr en 1588 les vestiges dune fortlficallon, avec des tranchées et des
murailles assez élevées l44 . l'inlérieUrl;'jJ laissail le bord de mer, le chemi~ étroit gravissait le versant esc~ et
La plupart des voyageurs entraienl dans la ville par la Porte d'Istanbul. Un aUIre Dès~ d Samanh Daglarl, couvert de maqUlsl61. Sur tout le lraJet menant au bassin
accès possible pennettail, au prix d'un détour par la fomaine Hüseyinçe§me et ses beaux J1lCheUXlon ~! rencontrait, au XVI' siècle, pas le moindre lieu habité, ce qui favorisait
érables, d'atteindre une porte secondaJre l4S . Jardms el vergers luxunams se pressaient ::\~~;"enlle brigandage l62.
jusqu'aux murailles de Nicée l46.

e, De Karamürsel à Ivlik par Merdigoz el FlIglaClk. L'ilinéraire qui conduil vers . [renl un coup d'œil agréable) ; DUPRE, p. 6 (village lrès considérable) ; GARDANNE,
Nicée à partir de Karamürsel 147 présenle à première vue plus d' inconvénienls que le pré- ""U; ~aisons); KEPPEL, p. 146 (300 maisons environ) ; POUJOULAT, p. 186 (bourg entouré de E,
cédent Au lieu d'un profil simple en dos-d'âne, il ex ige lotll d'abord de gravir jusque p.H ',rdins)' KASALIEROS-MARKOUIZOS, p. 14-15 (5000 habllants).
vers 400 m le versanl raide qui domine la rive du golfe de Nicomédie, puis de descendre ''''"''1~9ISLuBENAU p. 96 (poires, pêches. prunes, elc.) ; HACI HALFA, p. 728 (grenades); Cova,
à 250 m à la hauleur de Merdigoz, dans le haul bassin du Yalakdere, avant de monter à '64' BROWNE, p. 107: V. ANONYME, p. 266 (melons, g'7nades, cognassiers, figuiers, arbres
~ iû,~) ' DUPRÉ, p. 6; GARDANNE, p. 5 (melons, cognasSIers) ; MARCELLUS, p. 94 ijardins) ;
nouveau à 450 m (ensellement proche de Fuglaclk), pour gagner enfin la cuvette du lac. ~OIER-ÈLOY, p. 63 (beaux vergers) : KAIlALlÉROS-MARKOUIZOS, p. 14 (fruits, olives).
Si un nombre non négligeable de voyageurs l' a pourlam emprumé, c'est que son point 150. POUJOULAT, p. 187. . . .
de départ offrail des avanlages appréciables. 151. COVEL, p. 264; V. ANONYME, p. 266 ; GARDANNE, p. 5 (01 Grecs, 01 Annéruens);
A la différence du cas de Hersek, aucun témoignage ne fait élat de fièvres sur ceUe MARCEllUS, p. 85 ; KEpPEL, p. 146 ; POUJOULAT, p. 187 ; KABALIÉRos-MARKOUIZOS, p. 14 (beau
partie du liuoral. En revanche, tous s'accordent pour en vanter les avantages el les ,imtûère musulman).
commodilés. Karaonücsel faisait quelque impression par la beau lé de son site el par son 152. COVEL, p. 264 (deux mosquées).; BROIVNE, p'.1 07 (do:ux mosquées de taille modeste);
I4 V.ANONYME, p. 266 (une mosquée el un mll13rel construlls en pIerre ; un bazar couvert).
Importance ". Les nombreux et beaux vergers des environs produisaient des fruils variés 153. KABALIÉROS-MARKOUIZOS, p. 14-15.
154. On a un écho de ceUe fonclion dans l'histoire ~9ministrative de Karamürsel. Au milieu
135. COVEL, p. 308. du XVII' siècle, le bourg dépendail de la circonscriplion d'Usküdar (HACI HALFA, p. 728) ; au début
du XIX', son mlÏlesel/im élail nommé par le derebey Hacl Osman qui résidait à Iznik (DuPRÉ, p. 6).
136. PROIŒSCI!, p. 124; KEPPEL, p. 164 (beau pont, mais ruiné) ; DIEST, Itinerariseh.
Aufnalllne (pont de pierre tur~ ; v~e. dégagée vers le no(d~esl. tandis que le lac es' invisible. C''''.ujourd'hui le chef lieu d'un i1ce du l'ilayel d'Izmit.
PR 137. COVEL, p. 270 (peIlle "vlère) el p. 308-309 (ponl à une arche sur un pelil marécage) ; 155. LUBENAU, p. 96; HACI HALFA, p. 727 ; COVEL, p. 264, 308-309 (douane) ; LUCAS,
. °F"A!fi' P,' 124 ; DIEST, Landsc/raft, p. 174 (Gâvurkôprü probablemenl antique) : ID., Irinera- Dt.,ilrn, voyage, p. 79-80 ; BROIVNE, p. 107 ; DUPRÉ, p. 6 (relalions quotidiennes avec Istanbul) ;
TISe e /1 la Ime !sur l'Azmak, probablemenl seldjoukide).' MARŒll.US, p. 85; BARTH, p. 101 (escale du vapeur pour Istanbul) ; KABALlÉROS-MARKOUIZOS, p. 14.
t~~· ~~r ICI même KRAvARI, I~xle n' 3, p. 69 (Procope) el LEFORT, p. 465. . . 156. Cava, p. 264 (Calan, un peu de soie) ; LUCAS, Deuxième voyage, p. 80 (transport de
.fnlll> venanl de Nicée) ; DUPRÉ, p. 6 (bcis el charbon),
fi 1. VEL, p. 270 , VOIr ausSI HAMMER, p 126 (bouquel de Irès hauls cyprès el de mag",-
Iqucsl~al:c':s au bord du ruisseau): La carte lurque porte HespekJi suyu. 157. LUBENAU, p. 96 ; BROWNE, p. 107 ; V. ANONYME, p. 266 ; DupRÉ, p. 6 ; GARDANNE, p. 5.
141' DI 'PEL, p. 164. Au heu-du Mera çiflligi subsistent les vesliges d'un hamam. 158. LUBENAU, p. 97 ; LUCAS, DetLrième voyage, p. 80 (bazars) ; DALLAWAY, p. 261 : DuPRÉ,
142: M~T~ndsc/uifl, p. 174; ID.,/rinerarische Allfnahme (à 45 mn de marche d'Iznik). p. 6 (quelques boutiques de denrées el de comestibles); KEPPEL, p. 146: BARTH, p. 101,
143 Ibidem tN,~. 74 (1852); DIEST, Lalldschaft, p. 174. KABAl.lâos-MARKOUIZOS, p.15 (marché).
les cimelières lurc~)~ndallOns, blocs de marbres, lambours de colonne, en partie transportés dans 8 159. LUBENAU, p. 96-97; COVEL, p. 264, 308-309; LUCAS, Dellxi~me \'o)'age, p. 80;
ROWNE, p. 107; DUPRÉ, p. 6 ; MARCELLUS, p. 85 ; KASALlÉRos-MARKOUIZOS, p. 14. .
t~: ~U=A);/d 109-110 (à une demi-lieue d'Allemagne de Nicée, SOi13,7 km), • " 160. LUBENAU, p. 96 ; LUCAS, Deuxième voyage, p. 80 ; BROWNE, p. 107 (roule étIt,,!e d~
Delil< (COVEl, p.' 272). sellaft, p. 175; ID., billerarisehe Allfllahme. La porte s'appelail Cembl 8 raVm); DUPRE, p. 6; KEPPEL, p. 147 (route qui a été pavée, mais n'a pas élé entrelenue) ,
DIEST~~~~~~s;J;a~;,;~4 (arbres fruiliers, donl des grenadiers, vignes) ; AINSWORTH, p. 46,
p.m, p. 100-101 (chemin à peine praticable par temps de neige) ; KABALlÉRos-MARKOUlZOS,
roUie carrossable en construction). . '
147. Sureet ilÎnérair ' .. m!~161. COVEL, p. 264-266 (fourrés de thuya) . DALLAWAY, p. 262 (chênes nalDs el ~USlOrs
148. LUBENAU 9J' VOIT IC. même LEFORT, p. 470. ~de .'Iuelques grands Châtaigniers) ' BRowNÈ, p. 107-108 (maquis au feuillage luxunanl, de
IWFA, p. 728 (bourg bien (bel\~)locahlé allongée au pied de la monlagne sur le rivage~ ; H~~ P· 141 t:~ de ~êlres, châlaigniers, noyers, eIC., avec çà el là de la vigoe eo abondance) ; KEPPE!.,
a~ableme", Siluée au Pi;~P , Cêt°VEL, p. 264 (grande localilé) ; BROWNE, p. 107 (peUle VII 162 Le, chene vert, arbousier, houx, lierre, etc.). , bord du
une cr e); V. ANONYME, p. 266 (bourg de 500 maisons donl es chemin.h" UBENAU, p. 97 (cadavres de brigands empalés el exposés pour 1exemple au
s 1. montagne),
DU GOLFE DE NtCOM~OtE AU LAC DE NtCÉE S23
522 JEAN-PIERRE GRÉLOIS
'k À la fin du XIX' siècle, l'itinéraire reliant Izmit à lznik était encore
d V'lv ui / à IVII . rc d'eski bey yollll78 (ancienne route du sultan), C'est celui que
Cette dernière circonstance a sans doute motivé par la suite la création de villa 'sous son ~o~ltrUs de ses campagnes l79 . Les quelques voyageurs occidentaux qui
~
Dès le XVII' siècle, on connait OIuklu, au-dessus de Karamürsel. et sunOut le :es. l',,,,n aval't~O .
1 xvt' siècle en avalent reconnu l' angIne
· · antlque
· t80.11 s'agit en effet
nom".'é Gâvu~kôy (<<village des mécréants»), ou Yenik~y (<<nouveau village») - plus t~~ ~o •pruntèrent dès eNicomédie-Nicée"', dont les caractéristiques techniques ont fait
Merdtgoz, aUJourd'hUI Yalakdere -, dans le haut bassin du Yalakdere. Le premier ét . l ''''la voie romawed remarques parfois précises; celles-ci seront regroupées après la
habité par des Turcs'.', le second par des Arméniens· .... La mise en valeur du bassin"'t de art l'objet e .
dO se faire en tenant compte, non seulement des avantages du sap." mais aussi da de l'ur P l'itinératre. ' . .
passage, qui incitait aux productions spéculatives' 66• De là, en suivant le COUrs d~ deScripUon de mmençait par une étape de plame, de NIcomédie aux environs de
Yalakdere, on pouvait rejoindre l'itinéraire précédent au pont de Validekoprü (voir plu La route cam rtie du fond du golfe est la zone humide t83 où le Kilez çayl
haut). Le chemin direct franchissait le ruisseau, pour monter à nouveau jusqu 'au VOisi~ Kaz.kh' .'-. Celleb pachure. Toutes les con d'Ilions . .
se trouvatent donc réunies pour qu'y
nage du gros village grec de Fuglaclk'·7. Au commencement du xx' siècle, malgré la ,herche son e~ vr0~SI 84. On comprend dès lors qu'il n'y ait guère eu de lieux habités
médiocrité des voies de communication, l'agriculture vivrière y cédait le pas aux sévissent les fi b d de mer\85. Outre les marais salants situés immédialement au sud
activités commerciales'.s. Un kilomètre environ à l'ouest de la loca lité, se dressait sur permanents en oronnait que des établissements assurant les fonctions indispensables
une colline le monastère de Saint-Georges'.9. De la crete située sur la ligne de panage d'(z",it'~, on n~ ~ge près du pont sur le Kilez çayt lS7 , sans doute pour le ferrage des
des eaux, on pouvait apercevoir d'un côté Istanbul, les iles des Pri nces et le golfe de au tranSI! : u;: . ~es balances pour la pesée du bois de chauffe tS8 ; des hangars ouverts
Nicomédie, de l'autre Nicée, son lac et sa plaine l7o. Sur le versan •• nu mé vers le sud anil1\auxde t"t 'voyageurs ou les marchandises sur le rivage de Kaztkh t89 . C'est que
Covel a vu du pin sylvestre et de l'ellébore noir'7I. L'itinéraire continu.it vers le sud-es; pour abn ter es ticipaient au ravitaillement d'Istanbul: outre le bois déjà cité, on a
par un terrain inégal, mais le chemin avait fait l'objet d'aménagements: fontaine dite du ces échelles P:'un trafic de bétail sur pied 190, de fromages el de yaoun l91 , de céréales
Pope (Papazçe~me) sur un ensellement, restes de pavage turc. Des euvi rons du village connaISsance sacs des villages environnants' 92 , de farine élaborée dans les moulins
ancien (c 'est-à-dire antérieur à l'arrivée des réfugiés) de yürükler. un plateau en pente apPOrt~:~. e~n doit penser que la plupart de ces produits prove,naie.nl de la région
douce couven de buissons bas s'étendait sur 1,5 km jusqu'au rebord abrupt dominant de I~aux d c qu' il y avait des Villages de cultivateurs. On connatt, disposés d'est en
225 m la plaine d'Iznik. Des lacets permellaient de racheter la déni ve llation, jusqu'à ce mel1\e, lonn une ligne sur les premières pentes, Yuvaclk l94 , Dongel t95 , Bahçecikt96,
que l'onarrive à une pente douce qui annonçait la plaine. n . L'élevage du petit bétail se ouest se 0
panagealt le sol avec les labours 173 . Des plantes au caractère nellement méditerranéen
faisaient leur apparition' 74 . Peu après avoir traversé le lit de J'Ak Dere, une fontaine
attend~1t le voy~geurl75. Les villages situés à l'est du chemin, comme Akkoy (aujourd'hui 178. DIEST, LandscilUft, p. 175; lo ... llil/erariscl!e Alifnalll~e. Le n?m se reuouve, .au prix
Orharuye), avruent été fondés pour accueillir les réfugiés musulmans des Balkans et de d'un, confusion homophonique, dans celu. du cours d eau Beyoglu deres. (<<torrent. du pnnc••)..
RUSSie après 1878. La mise en valeur agricole commençait à peine au début du xx' siè- 179. Voir ici même LEFORT, p. 103. En 1588 encore, Lubenau (p. 110) crOIse un convOt
c1eI76. C~ntinuant en terrain plat, le chemin rejoignait l'itinéraire précédent à la bifurcation mililaire de fantassins et de cavalIers. avec une caravane de chameaux portan~ les bagages ..
du c.mehère de çaJarca177. 180 Voir ici-même GRÉLOIS, p. 137 (Demschwam) ; LUBENAU, p. 110: Dlestr Wegk. .. '" Mr-
lichbrtidlllnd sc/lOn ... mehrentheil III!! s~·hollen: breillell. grosen. sclJwartzen Steinen gepflasten...
wital/ch zweischen Rom und Neapohs V/{l AppUI.
181. Voir ici-même LEFORT, p. 470, .
163. CavE!., p. 266 (pelit village). 182. Voir ici-même GRÉlOtS, p. 120 (Demschwam); AUCHER-ÉLoY, p. 63; l'ERRcrr, Exploration,
L 164. CavE!., p. 266, 308 (Gâvurkoy avec un prêtre: autres villages arméniens aux alentou,,)' p. 4647; DIEST, Landscha!t, p. 189. ..
maisons ; p ,ème voyage, p. 80 ; DUPRÉ, p. 6 ; MARCELLUS, p. 85 . KEpPEL p 160 (village de ni
UCAS, D)eux
OUJOULAT. p. 185. • • .
183. Voir GRÉLOtS, p. 120 (Dernschwarn); V. ANONYME, p. 266 (prames marécageuses);
AUCHER-ÉI.OY, p. 63 (plaine couvene de marais) ; DtEST, LAI/dschaft, p. 189.
1O~65. Cava, p. 266 (campagne découverte) : DAllAWAY, p. 263 (belle verdure) . BROWNE 184.COVEL, p. 262; MORDTMANN, p. 282 (1856). .
~sée(sol fU~vé en) part.e, maIS qUI semble .adapté aux céréales) : KEppE!., p. 159 (l';'8e plain~ 185. Voir ici-même GRÉLOtS, p. 120 : Dernschwam ne mentionne qu'une «méchante matson,
par e raco. MARCELLUS. p. 85 (prame. deux ruisseaux) ",Ile d'un spahi, qui chez nous ne serait même pas une écurie».
166. CavE!., p. 270 (filalure de crin de chan de r .
KEPP'Ti,.J" 160 (mOrie" et élevage de v;rs à sOi.";',;ur la'~~~la~~~:~ br~~;s':îds vignobles); 186. EVllYA ÇELEBtll, p. 31 (1640) ; CavEl, p. 258 ; POCOCKE, p. 96; AUCIIER-ÉLOY, p. 63;
l'ERlOT, Exp/oralion, p. 46.
LandsclJaft~~W5 rjri7~~~~~)\~~:~,,, v!:j'age, p. 80-81 (église); DUPRÉ, 6-7; D.EST, p. 187. Voir ici-même GRÉLOIS, p. 120 (Dernschwarn). .'
pays bien cultivé). ,ROS- ARKOUIZOS, p. 16 (1600 habitants, église, écoles; 188. Ibidem, p. 120: probablement à l'emplacement de l'actuel B~ ~kelesl; LUBENAU,
168. KABAlt~ROS-MARKOU'ZOS p 16 ( éréaJ p. 111-112 (fagolS apponés des montagnes environnantes à Kaz.kll, source d Imponanrs revenus
~Ievage de vers à soie, nUsins produits d'éJ C ~s pour la c~nsommation locale: mOriers el pour l, sultan).
169. DAllAWAY, p. 263 ;' D'EST,LAnds~~~}:"; ~~on de bOIS, commerce). 189. LUBENAU, p. III.
170'I<:'BAlŒROS-MARKOUIZOS, p. 16. . 190. Voir ici-même GRÉLOIS, p. 120 (Demschwam: vaches et bœufs); CaVEt., p. 258
171. L auteur remarque une similitude e 1re J I " ('aches, veaux).
environs de Belgral. près d'Istanbul (p. 270). fi es pantes qu Il voit à cet endroit el celles des
172. H p 175' ID l'
DIEST, Landscha'J'.. . h
191. COYEL, p. 258.
173 v . . . .
. ""BAl~ROS-MARKOUIZOS P 20 " , tmera"sc e Atifnahme
. 192. LUBENAU, p. III (à Kaz.kll).
174. AUCHER-ÉLOY P 64 (G /' ;h . r 193. CaVEt., p. 262 (à KaZlklt), . siècle
175. LUBENAU. p. 98 (près d'~:;ro~Sto ,ca;l~sDArbUlus andrachne. Daphne oleifo/ia). 194. DALlAWAY, p. 262; HAMMER, p. 156-157; connu comme village arméruen auXlJ« 191)
176. DŒST.llinerariscJre Allfiwhme ( h yer. lEST, LalJdschaft. p. 175. (KttoNYMos - PAPADOPOULOS, Bithynika, p. 77 ; DIEST, msil, p. Il ; 10.. Landschoft, p. 19G- .
MARKoUIZOS, p. 20 (villages rêcents). c atnps épars, beaucoup de terre inculte) ; KABAlIÉROS- 195. Village arménien (KU!ONYMOS-PAPADOPOULOS, Bithynikn, p. 77). . la ré ion
177. DIEST, Lal/dscltalt, p. 175; 1o.,IIÙterarisclte Aufnahme. au x~,96è!lahÇecik (HAMMER, p. 128) était devenu le centre du peuple~~~~(\.:: .
rurqui SI 3e04:KLÉONYMOS - PAPADOPOULOS, Bilhynika, p- 77; GoLTZ, Pif! ' -19G-191 '
euk,
" p. ,311,367-368; DIEST, msil, p. 7-11, 73 ; Io .. LAndscl/D ,p, .
DU GOLfE DE NICOMÉDIE AU LAC DE NICÉE
JEAN·PIERRE GRaOIS 525
524
d estacades de bois alimentaient des turbines hydrauliques2lo. Là
Yeniko 1 Néochôri 197. Mais les voyag~urs les ont longtemps ignOrés, car ils se . es pOrtées parI' ese à une forme d'économie commerciale.
hors d:la zone impaludée et, de ce faIt, assez lom au sud de la route.
'.8
Là o~ la vallée du Beyoglu deresi avec ses noyers débouche sur la plain r
troUVent condUIt on se trOUve ;c n 1588 les traces d'une occupation antérieure. «De nombreux
encor~benau .a re~r'a:is dans cetle forêt, au temps des chrétiens, parce que c'est une
non loin de Tatarkoy (l'actuel Ihsaniye), le caravansérail de Kazlkh marquai~ I~t~~e, . es ont séJournneJ mplie d'eaux courantes excellentes et fraîche.•. Près d'un ruisseau
(Inl l ntag , re é 1 .
l'é pe C'était une constructIOn récente lorsque Demschwam y passa en 1555199 Éd' de , ifique mO
t~n ~oubassement de blocs apportés des ruines de Nicomédie, il formait un . lfié
tagnes nous avons trou v une groUe que e çavU§, qUI connaissait
""gnoule entre les mon. elle s: enfonce profondément dans la montagne, à la façon d'une
~ur93 pas sur 2/. Sa disposition était celle des hall ottomans: une charpente .~cétangle qUI c Us montra. . à' . l' d .
l'endroit, nO hambre. 11 y avait aUSSI, vOIr un pellt aute . qUI se res~aJl dans un angle.
e
reposant sur des poteaux de cene, h' d'IX c hemm. éeS200. ~n; banquette haute de
JO neure
qualr ""Ile grande c vent agitait le feUIllage devant la groUe, qUI se trouve d aIlleurs en un lieu
pieds201 pour que les voyageurs y l~stallent leur couchage-o-. us ouvertures se ijmitaien~ pour l'heure le é rt à l'écart du chemm,,2II.
au suict nécessaire: un grand portaIl, ménagé dans la façade.onentale et flanqué de deux co",plètement d se 'ntl'ensellement (plus de 550 m) qui marque la ligne de partage des
COlpS de garde en fonne de tours carrées, deux grandes ~e~etres voOtées regardant ve~ Aptès aVOIr att~;u deresi et le Yalakdere, la route descendait quelque peU212 pour
l'est et velS l'ouest, trois archères dans chacun des petitS cotes nord et sud20J. u bâtiment eau' cnue le BeYOgrincipale de ce dernier cours d'eau . L'endroit accueillait en 1861 un
devait sombrer ensuite dans un tel abandon que les voyageurs du XIX' siècle prirent aneindre la sou~e Prs formé de quelques huttes rondes de clayonnage et de chaume, avec
ruines pour ~elles d'une forteresse 2o.. Son sort a éVIdemment suivi celui de l'itiné~~ l-ampem de rg~~s de palissades. Des vergers 2l ) annonçaient peut-être un embryon
ent
pour lequel" avaIt été conçu.
des bergenes en:anente. Peu après, des Géorgiens musulmans vinrent des environs de
dïnstallatlonsfz pour y fonder le village de Ba~klraz 1 Senalye (vers 450 ml. La présence
De là, la route entreprenait de gravir la montagne par une pente douce, en remontant
Batoum en ~ ues a suggéré à von Dies: de voir ici l' e~placeme~t de la mansi~ Libum214.
la vallée20l du Beyoglu deresJ. Cette partIe de la montagne tournée vers le golfe d
Nicomédie est décrite en 1555 comme une grande forêt de vieux hêtres206. Quelque~
endroits, plus dégagés sans doute, permettaIent aux voyageurs de faire halte et aux debl~sanuq le chemin s'éleVait, a travers la foret 2!5. Il lUI fallaIt franchir, aux prix
montures de pâturer207 . Trois siècles plus tard, la forêt suosi"ait sur les SOmmets, tandis A nouve~~~ents qui dévalent le flanc ouest du Ba~l(Jfaz dagl 1 Ayv~a dagl ; des
que des labours, en particulier pour le maïs, occupaient le t(md de la vallée 2os. de lacets, le~braient sa surface. Un tumulus marquait le point culminant (750 m)216. Là,
Au XVI' siècle, il n'y avait guère que le bruit des moulins" eau pour animer la vallée: ebouhsenc~ isé n'opposait plus d'obstacle à la vuem . Une section en faible déclivité
le couvert 0 km) conduisait, en passant par la fontaine Smaph Çe§me, au pied du lE,
un martinet à fer, deux scieries débitant des planches'(j<). On reconnaît là les activités (32 m pour 3 '". c d ' '18
forestières habituelles, liées à des débouchés extérieurs. Le dernier quart du XIX' siècle . à la caractenstlque .onne e cone- .
devait voir l'installation de réfugiés venus de Russie: Tatars à Ihsaniye, Circassiens à Pilav~elSant tourné v~rs le lac de Nicée portait une forêt de chênes219 dont il est
Hasankoy 1 Selimiye, Géorgiens musulmans à Bulgurlu 1 Lütfiye (250 m), Sofular, etc. 'ffi '1 de préciser la Iimlle mféneure. La route descendaIt selon une pente modérée par
TIrant parti de la richesse en eau de la région, les colons devaient mettre intensivement ~' IC~ ~ (ver.; 520 m)220, puis par des collines escarpées221 , couvertes de broussaiUes
ceu~ dernière en valeur. u fond comme les versants portaient désormais de façon é ~ag~es222 avant d'aueindre la cuveue du lac de Nicée22J . Pour ceUe dernière, les
pmeu '11
, confirment et completent
contmue des champs de maïs, de lin et de tabac, ainsi que des plantations de mûriers. Des infonnations ce es que l' on conn~tt
• dé'à
J p~ 1" é .
~ IUn nures
décrits précédemment. Dernschwa~l y a vu d~s. mou~ons, tandIS que la RIISSlon de Permt
passa par des jardins et des plantallons de muners bien arrosés, avec çà et là des landes
197. Peu!":être évoqu~ ~ar Demschwam (voir ici· même GillOIS, p. 120: petil village sur le
v.c"anl), Ycmkoy 1 Néochon es! auesté comme village grec il panir de 1781 (SESTINI, ConSlan. matécageuses, foyers de fièvres 224 . Lubenau signale dans la plaine l'existence ~'un
tmople ~ Bassora, p. 8 ; MARCELLUS, p. 84 ; KLÉÔNYMOS-PAPADOPOULOS, BithYllika, p. 77 : Grecs hameau qu'il appelle Nasockli 225 , nom que l'on est tenté de rapprocher de celw de
venus d ÉpIre e! du Péloponnèse au XVIII' siècle' DIEST Lalldschaft p. 189 . KABALIÉROS-
MARKOUIZOS, p. 141). " , '
198. l'ERROT, Exploration p. 47
et sa s~~' Ici.mepè"me ~RàOIS (Demsehwam), p. 120. Urau! remarquer qu'au relour l'ambassadeur
210. DIEST, Landschaft. p. 189 ; des moulins sont indiqués en amont de Sorular (carte tUJque).
211. LUBENAU, p. III.
' e• cJam
200 ' rent ors de Kazlkh, dans une prairie sous les arbres.
b1dem, p. 120. 212. LUBENAU, p. 110 (halte sous les arbres).
201. DIEST, LandSc/laft, p. 189. 213. PERROT, Exp/oralion, p. 48-49. . ...
en 16~~2(p'V~~r23u2r unf bâl!iment semblable à Saman", la description détaillée qu'en donne Covel 214. DIEST, Landschafl, p. 175, 189 ; ID., ltillerarische Allfnahme (30 feux). - V?Jf aus~, ICI-
. . ,c. p us haut, p. 512). mime LEFoRT, p. 470. Nous avons vu des blocs au bord de 1. route non loin de là, maJS sur 1autre
203. DIEST, Landscha'! p 189 ,·,""'t, près de la SOurce du Beyoglu deresi. . . '
2~l'ERR ~'"
l'an miU;'ire ::ri.;rPlo~~lton, p. 47-48 (<<une sone de blockhaus rectangulaire, où /'on reconnaît. .. .215. l'ERROT, Exploralion, p. 49-50 (épais taillis de charmes qUI se melent progressIvement
SUpe"IIUClures médié~I::)~ns des Grecs») ; DIEST, Landschaft, p. 18 (soubassement anuque, de ooJres) ; DIEST, Landschaft, p. 175 (futaie de hêtres).
205.1ci·même GRâ.OIS (D h . 216. DIEST, Landschaft, p. 175 ; ID., /tillerarische AlIfnahme.
p. 47; DIEST,. La~schaft, p. 18;msc warn), p. 121 ; LUBENAU, p. 110.111 ; PERRar, Exp/oralton, 217. PERROT, E:rp/oration, p. 50 ; DIEST, Landschaft, p. 175.
206. Icl·meme GRâ.OI (D 2lS.lbidem, p. 175 ; ID., /tinerarische AlIftwhme. O. DIEST
châtaignie" des néfli.,. 1 J ernschwam), p. 121; l'auteur mentionne aussi (p. 136) des
montagne; LUBEJ<AU, p. 1~O. ~1 c(gy~rès en un endroit, mais sans préciser sur quel vetsant de la
219. DERNSCHIVAM P 121 (grandes forets de vieux chênes); LUBENAU, p. Il,
IANûcharft ' .
....... "p. 175; IO.,/tinerarische
l'
. qUI. bouc he la vue vers e
AuftlOhme (riche couvert foresuer
207. Jbldem p Il 1 . DIES ands arbres). ~.etlollest).
aval dc Hasonkoy 1Selm{'y ) T, Landschaft, p. 189 (orme magnifique, eau de source à 2,5 km en 220.luBENAU, p. 110; DIEST, Lalldschaft, p. 175 ; ID., llillerarisch, Alifnahme.
. 208. PERROT, Ex lo:at~" .' . ~~1. LUBENAU, p. 110.
boIS lUXuriants). P n, p. 48 , VOir ausSI DIEST, Landscllaft, p. 189 (hauteurs cou venes de 2. PJ:AAOT, Exp/oration, p. 50. .
209. lei·même Go" A·S (De h m·lbldem, p. 50-51; DtEST, Landschaft, p. 175; lD .. ltillerarlScheAufnahmt.
"""'" mse Warn), p. 121.
225' lu
DERNscHWAM, p. 121 ; l'ERROT, E.tp/oration, p. 50-51.
. BENAU, p. 1/0.
4 DU GOLFE DB NICOM~DŒ AU LAC DB NICÉB 527

JEAN.PIERRE GRtlOIS
1 un itinéraire. Ce n'est que par cQmmQdité que nous enchalnerons ici
526 ~prernent par er ue des VQyageurs .ont été amenés à décrire240 .
~espekli (voir plus haut, p. 520). Si l'identification était assurée, la localité aurait été . es qtion menmt
à povétapes partiell ' . à Karam Urse. 1P eu nQm reux b sont ceux'
qUI la parcou-
l's j;l prerntère secavantage~sement cQncu,,:encée par 1e trajet
le était . mafltlme
.. direct depuis
Située sur la vOIe l'Omal ne.
Il en va de même pour le monument funéraire de C. Cassius Philis.cus qui a servi ,.,.nl, car el nombre de tém?tgnages, en pa~lCuher sur l~s Villages, .ont été recueillis de
dans ce ~aysage longt~mp~ découvert22., de repère a~x voyageurs"', SQlt qu'ils passen; IZ/l1it2;\. Bon, t que la VOle de terre se revélatt d.fficllement pratIcable à l'Quest de
à proximlté228, SOlt.qU Ils 1 obse,:"ent de lOIn, soIt qu Ils fassent ~n ~étQur230 .ou qu'ils ~tte façon. C ~s maints endroits, l'espace au pied des rQchers était si réduit que les
viennent en excursion depUIS Nlcée231 . De là, la route rejoignait 1 ItInéraire venant d~ " . endere 'ent
J)eglf111 . en marcher dans 1a merN'-.
Hersek au pont du Kara Dere232 . montures deval dQnnait une impressiQn de luxuriance 243 , en particulier par la présence
La voie romaine avait été conçue pour être carrossable; on y signale au XVI' siècle Le pays~ge ergers245 , de vignQbles sur les pentes246 , ainsi que de jardins247 . Le gros
des voitures à quatre roues 233 (araba). Sa largeur était compnse, selon les secteurs entre d'oliVlers24-1, . e vravitaillaitle marché d'lstanbuj24'. Des moulins à eau transformaient les
6 et 8 m234. De gros blocs de pierre formant parement en marquaient les bordu~es23S de 1a P,reducno
C mme
n '
aujQurd "hm, les VI'11 ages, a1ors en b.on ne pante
. peuplés de Grecs250
Certaines sections avaient reçu un revêtement constitué de dallesB 6 . Les ouvrages d'~ céféales_49.. .0 t d'est en .ouest avec une certaine régularité. Après Degirmendere25I '
ne manquaient pas. Une chaussée en forme de digue, avec des ponlS au passage des cours s'échelon."'l1de~ant l'échelle de Hahdere, dQnt le village éponyme se trouvait dan~
d'eau, permettait de franchir la zone marécageuse au fond du golfe de Nicomédie237 • On on pa~sal~2 eForte de cinquante maisQns, la localité grecque de Gonca 1EskigQnca était
doit mentiQnner particulièrement le pont sur le Kilez çaYI"'. CDnnu chez Matrakçl (vQir rtnlén~~~s l~ protectiQn de s~int Grégoire de Né~césarée2.5J .. Ula~h ne fait l'objet que de
ici-même, p. 103) SQUS le nom de Sitare Kaprü. Même si I"Qn n 1 )'3il la route encQmbrée placée ntions254 , sans qu Il SOIt toujours pOSSIble de dIstInguer entre le village établi
d'ébQulis dans la ~Qntée sur le flanc .ouest du Ba~klfaz dagl 1 Ay \ ap dagl, les .ouvrages SI/l1pl~ ~:rieur (Yukan Ula§h) et l'échelle (A§agl Ula§h). On est en revanche assuré
de maçQnnene enjambant les gQrges 239 taillées par les afflue" lS de rive gauche du
dan~ Intence d'un véritable dédoubleme nt de l'habitat avec le cas d'Eregli. Il existait
Yalakdere restaient bien recQnnaissables. de 1eXIS anciennement Hérakleion. une localité assez impQrtante située sur la côte
nom
sous celée d~ musulmans255 ; de la mer on apercevait, plus haut dans la montagne, le
2. Les itinéraires es/-ouest
:~Iia~: grec de Gâvureregli 1 Tepekoy' 5(,. Une. heure avant d'~tteindre K.ara~ürsel, E.
257
a. La côte méridionale du golfe de Nicomédie. CQmme .on I"a déj'I nQté, le chemine- la fenne de Çelebiçlfthk attIfaIt le regard par sa nchesse et la fertlhté de ses Jardms .
ment qui suit la côte sud du gQlfe de Nicomédie, entre KaZlkh et Yalova ne cQnstituait pas

. 226. CQVEL, p. 270.; SEST1NI, Grèce asi.tiglle, p. 222 (isolé dans un champ); LEAKE, p. 199 240. Voir les références plus haut, p. 511, nQte 8.
(lsolé au mIlieu de la plame). 241. Voir les références plus haut, p. 511. nQte 12.
227. IùCI HA,!A, p. 734 ; voir ici-même LEfORT, p. 103. 242. DALLAWAY, p. 262 ; V. ANONYME, p. 266 ; AUCHER-ÉLOY, p. 63 (route affreuse).
228. VOir ICI-meme GIŒLoIS, p. 121 (Demschwarn) ; POCOCKE, p. 123; SE'ITlNI. Grèce asiatique, 243. DALLAWAY, p. 262 (quelques bouquels de grands bois).
p. 222 ; HAMMER, p. 126; MARCEllUS, p. 94. 244. COVEL, p. 264 (.olives nQires en saumure el huile à GQnca).
229. LEAIŒ, p. 199; DuPRt. p. 7-8; PRQKESCH, p. 123; KEPPa. p. 164 ; DII'ST, L(/m/schaft, p. 174. 245. Ibidem, p. 264 (châtaignes; grenadiers à Eregli) ; DALLAWAY, p. 262 (cognassie,,);
230. LUBENAU, p. 98 ; CQVEL, p. 270. AUQŒR-ÉLOY, p. 63.
231. LABQRDE, p. 44; TEXIER, AM, p. 109-110; GOLTZ, p. 433,445-446 (1891); DELSEUF, 246. COVEL, p. 264 (excelleOls vins rouge et blanc à GQnca) ; DAU.AWAY, p. 262.
p. 266-268 ; KABALlËRQS-MARKQUIZOS, p. 122. 247. V. ANONYME, p. 266 (melons et fruits délicieux à Çelebiçiftlik).
232. DIEST, Larrdschaft, p. 174, 175; ID .. Itinemrische Au/na/mu! 248. COVEL, p. 264 ; en particulier à Gonca el à Eregli.
233. Voir ici-même GRÉLQIS, p. 137 (Demschwam). . 249. Ibidem, p. 262 (deux .ou lrois mQulins à l'échelle de Hahdere) ; voir aussi plus loin le
B ?(4ct DII'ST, Lalldschoft. p. 175, 189; ID., ltillerariscl.. Aufl/ohme (6 m dans la vallée du
e)'og u ~resl; 10 pas, soit environ 8 m, pour la section comprise entre Ba~klraz 1 Senaiye et le nom de Degirmendere (<<ruisseau du mQulin»),
im;u~uJm3nan,). En ~861. Perrot ~!!xpl{)rat;oll, p. 50) n'avait relevé en ce dernier endroit qu'une 250. V. ANONYME, p. 266; AUCHER-ÉLOY, p. 63.
I~ d e born• peut·etre parce qu Il a confondu la ligne de blocs marquant l'axe de la voie avec 251. DAU.AWAY, p. 262.
M~~:iIU';,'gen.'~r~s9~~~·pD44~~t~~r A Raad Problem; Roman or Byzantine?, lstol/buler 252. COVEL, p. 262.
253. COVEL, p. 264 (église .ou mQnastère de Saint-Grégoire) ; LUCAS, Dell.rilme voyage, p. 79
235. PERROT, Explora/ioll, p. 50. (?n'gono). Au XIX' siècle, .on mQntrail sur une colline proche du village les ruines d'un mur
236.à Voir
de Nicée ici-même
Kazlkh le hGRËLOIS
' é"p 120 137 (Demsc hwam); de NlcQmédle
. . à KazIl,h ; p. 137; d,nœlnte, d'une chapelle el de cilemes, qui auraienl représenté les vestiges du, monastère
DIEST, Lal/dschai Clr"~ pav est dégradé par endroits ; LUBENAu, p. 110 (dans la montagne) ; (KltONvMQS _ PAPADOPOULOS, Bithynika, p. 91 ; KABALlÉROS-MARKOUIZOS, p. 144). L endroit est
Beyll'kd '1,' p; 5, 89 , 10.. Illl/erorlSclle Aufl/ahme (restes de pavage à la traversée du "'lUellement occupé par une base navale.
Marmara ere Service
- 1 S agit du Batak
hydrogra h' Ocre d l~auttque
e a carte ' (Ports el mouillages de la mer de 254. COVEL, p. 264 ; GOLTZ, p, 378 (1890). .
sulfureux' de Bah ecik et If ~~~e et océan~gr~phlque de la Marine, 7245j -, entre les bains ~ 255. Cava, p. 264 ; LUCAS, Dellxième voyage, p. 80; DAU.AWAY, p. 262 ; MARCELLUS, p. 84:
sommitale entre le pied de l' A se~u .de H1sru:t"; d,allage de basalte conservé SUI la section
Ç \~IŒSCH,.p. 134; KLÉÔNYMOS _ PAPAOOPOULQS, BithytIika, p. 92; GOLTZ. p. 377-378 (I8~4'
237. Voir ici-même GJ~~~a agi el celUI du PIJavlepe). ges ,"Oques sur la côte; blocs tmnsformés en mQrtiers à bulgur) ; KAsALŒROS-MAAKotnzOS, p. .
Nicomédie et Kazlkh) . DALLAw" p. 12.0 (Demsohwam : 25 ponts de pierre ou de bois entre 93 ( 256. DALLAWAY, p, 262 ; MARCELLUS, p. 84; KLEôNYMOS-PAPADOPOULOS, B/thYl/lka, p. 92-
remployée); Dmsr, La,;dscllOft pA\'8Ç/62 ~petlt pont avec une. inscription funéraire grecque ruines de murailles et de citernes); GOLTZ, p. 377 (1890; église); KASALIÉROS-MARKQUIZ~,
238. Voir ici-même GlliOls' 12 nom ceux pOnts anc!ens bien conservés). ~~~, 144,145 (traditiQn d'une église dédiée à Saint Georges). - On met en doute le qualIfi~auf
deux arches effondrées, réparées ~p. bo.o i~mschwarn ; :Olclen pont de pierres appareillées, avec l'Oir prque. q~e Covel (p. 264) dQnne en 1677 àceue localité qu'il appelle KonaklI. Sur la régIOn,
HAMME', p. 128; l'ERROT Explora~i IS '46U(CAS, De/IX/ème voyage, p. 61-62 (pont fort beau); oSS,SalIIt-Autonome, p, 187-198 . e
239. DIEST, Lal/dscll~ft, p. 175 ~ïo~·ltil/e:;;~::/~:Ïn~j,me. gl~~~' V' ANONYME, p. 266. L'end"';it est peut-être identique à la belle fenne mentionnée un
n plus tard; AUCHER-ÉLOY, p. 63.
528
lEAN·P'ERREGRÉLO'S ~ DU GOLFE DE N'COMÉDIE AU LAC DE NICÉE

d lauriers-roses et de gattiliers, Le ruisseau qui s'en échappait action-


't environnée ebl' sur le rivage27'. C'est à Pazarkôy que cet itinéraire reJ'oignait cel'
529

Les renseignemenrs concernant la partie du trajet comprise entre Karamü", 1 1 1'" ulin éta • u.
de la presqu'île de Hersek se réduisent prati~uem.ent à néa.nt : on sait que certain: v~tla base .ait un mOde Yalova.
l'ont empruntée, mais aucun ne Juge utile d en falle la momdre description258, A -d ~ageu" • \"e n311
Yalova, nouS avons un peu plus d'infonnation. Un gros noyer, deux heures av'::t;' à, ~e" QUI • a,'/lede Nicée à Kios. Pour aller d'Iznik à Gemlik, l'itinéraire qui su't
La 'Olt rO'"
au but de l'étape, pennettait de se rafraîchir et de prendre quelque repos259. On ch arnv~r c. .
Idionale du lac de N.cée est p1,us court que la route dé~nt~précédemment.
' 1
Ce
sans rencontrer de lieux habités, par un paysage de prairies marécageuses flevauchan, la rive mén as un hasard s. les Romams 1 ava.ent aménagé, au pnx d Importants travaux,
nivéoles d'été (LeucojulII aestil'ulII L), limitées du côté de la mer par des duneu~ de ,,,tdonc ~anchée creusée da~s le rocher de ~anka~a, que commémorait l'inscription
paliure et autres plantes croissaient en grand nombre sur la plage'6'. Des bues , le conune la t é du règne de Neron et aUJourd hUI dlsparue276. Pourtant rares sont les
chênes-kennès couvraient les ve",anrs, tandis que l'ombre des bois humides s,~~son~ de bilingue dat u~ empruntent ce trajet: on ne connaît guère que les témoignages de von
violettes, de renoncules et de Dorol/i,;wn, Le long,du chemin, Gris~bach observa d:::'~~~: ,oyageurs ~04) et de Texier (1834)277. Leur lecture faIt comprendre pourquoi la voie
d'antiquités (colonnes, murs). Un baument deVait retemr part.cuhèrement son alt . HaJI1m~ré\~it alors peu utilisée278. . , . . .
il décrit un édifice en fonne. de tour élev,ée su~ d,"ux étages, construit en assises a~~:::; f\ln13.nomme de nos jours, on sorta.t ct lzmk par la P?rte ménd.onale, celle dite de
de pierres de taille et de bnques262 . n s ag.t a 1 éVIdence du monument byzantin . C . '79 Pendant une heure de marche, notre Itméralre se confondait avec la grande
localement sous le nom de Karakilise, à Çiftlikkoy, la Pylai des Byzantins263. connu Yen.jeh•.r- 'no;t vers la ville du même nom. Le chemin suivait la rive sableuse laissant
"qu.me~ . ' h' '
f\lII :trais à l'est280. Un grand chap.teau co;,"t .~n renver~é à terre.et un poste de péage
b. De Boyailca à PazarkOy. Un embranchement conduit en quelques kilomètr d un m . tla bifurcation2s " Le paysage presentmt une vanété certaine. Si peu de plantes
la route Hersek - Iznik à Boyahca, localité située sur la rive nord du lac de Nicée ~ e marq~aten poussaient au bord du lac, les collines se revêtaient d'un maquis méditerranéen
connaissance, vers le milieu du XVII' siècle, d'un village situé dans ces parages et ~p ni; aquauques . T) P d ' .
luxuriant (arbousier, myrte, laun~r, ga~tJ .er .. ar en rOlts, on passaIt par des plantations
Sülün, avec 100 maisons, au milieu de vignes, de jardins et de cyprès2"'. Le no";de
'ers et d'oliviers282 , tand.s qu appara.ssa.t dans un vallon une haute futaie de
Boyahca est par la su.te attesté de façon constante265, pour désigner une agglomérat' Û
turque' ,:" relativement i~portante26'. Une heure environ à l'ouest. Sestini a relevé ~~~ châtaigniers et de platanes 283 '. « "(:ous ces l'leux n ' 0 ffrent .qu ' u~e solitude profonde. On
dem"
m~c~plJon grecque m,.nt.onnant le lac.268 . C~ document pourrait être une borne de déli-
voyage à l'ombre d'arbres v.eux comme le temps, qUI crOissent jusqu'au bord des
lE,
trutauon entre les temtotres de deux c.tés, N.cée et Kios. eaux.J84 . Deux grands rochers aux formes pyramIdales, Karacakaya et Sankaya,
. Jusqu'à Pazarkoy 1 O:"angazi, le paysage montrait, sur les collines comme dans la 'élevaient au bord du lac 285 . C'est pour franchir l'obstacle que représentait le demier
plaIn: ~acustre. les signes ~ une mise en valeur: cultures269• oliviers 270, vignes. grenadiers Sue les ingénieurs romai ns avaient effectué les travaux évoqués plus haut. Les villages
et muners271, autour des v.llages"'. Comme de nos jours, ceux·ci s'alignaient le long du ~happaient au regard, se dissimulant à mi-pente, à l'écart de la route 286. Un seul est
plémon~ à 1 écart dela route. Sont nommés Keramet, Yenikoym et, plus à l'intérieur, mentionné, sous le nom de Çatalkôy2S7. aujourd' hui Mü~küre .
Ortai<0y. ~~e ~pulauon armémenne habitait les deux premie", ci tés, et probablement le C'est entre ce village et Muslimsolüz que se trouvait le passage le plus difficile de
trols.ème . S.tuée non loin. du lac près de Keramet, une source d'eau minérale, aux l'itinéraire. Sur une première section du chemin, les flots du lac touchaient de si près le
propnétés légèrement purgat.ves, attirait ceux qui souffraient de maladies de peau; elle pied du versant escarpé que les montures se voyaient obligées de faire un détour pour
rester au sec288 . Il est donc évident que le niveau du lac était alors plus haut que celui de
258. KEpPEL, p. 146; C'HACEV, p. 6. 24.
259. SEST'N', Grèce asiatique, p. 227.
260. GR'SEBACH, p. 50.
275. SESTIN., Grèce asiatique, p. 206 ; voir aussi CUlNET, nlrquie, p. 190 (ruines de thennes
arislof~heSESTINI. Grèce asial!'que. P', 228·229 (clématite orientale. asclépiade. serpentaire. ~ns).
262, G~~~~~~e. A~';;~f~1a '~JQflllma. Tragus, pavot comiculé, Oringillm maritimllm). 276. TEXIER, Descriptiol/, p. 33, 51; ID., AM, p. III ; ClG, n, 3743 (58 ap. l-C.) = ~AHIN,
263 Sur c ' p. , VOlf KLMNYMOS-PAPAOOPOULOS, Bi/hmika, p. 93 (église ruinée). "nik, l, Il
VID. Ue;. peu._~::;'O:~:fu~~i'fi~; baptistère, voir MANGO, Hélénopolis, p. 150-153, pl. n·IIl, VI- 277. Le récit d'un trajet de Gemlik à Iznik en 1836 est si succinct qu'il est impossible de
appelé Kara Yalva (EVLlYA Ç~ul;ale :~ rume, construit jadis par un prince chrétien (tekfitr) e. dlcider si l'auteur est passé par la rive nord ou par la rive sud du lac (H. VON MOLTKE, Unter dem
pone à cet endroit la mention " 'l...
9). Une carte manuscnle, dressée par Truguet en t 785.
plans, SH ponefeuille 98 divi~"ne2 .~se. Grecque (Bibliothèque nationale de France, Canes et
Halbmolld, Er/ebllisse ill der a/tell Tiirkei, /835-/839, Bâle-Tübingen, 1979, p. III), Au tournant
du X'X' SIècle, un voilier assurait un service hebdomadaire entre Iznik et les abords de Pazarkliy
264. EVLlYAÇELEB. 'II, p. ~~6 (i~8)e 23). (DIfSr,l.andschaft, p. 174; KASALŒROS-MARKOUIZOS, p. 184-185). .
265. CavEt p 270' SESTINJ G'
GARDANNE, p. 5: PROKESC'" .' rece asiatique, p. 208, 224; V. ANONYME, p. 268; ~ 278. Selo~ le ~omte Carlo Vidua, l'inscription de Sankaya avait échappé aux voyageurs qUi
IXI él'illent, part.cuhèrement en automne la voie passant par le nord du lac (notice de 1819 repnse
266. SESTIN., Grèce as/%ti:,;;' P~~OT, Exploration, p. 54; D.EST, Landschaft, p. 173-174. dans CIG, Il, 3743). '
267. COVEt P 270 (bea .j p. , PERRoT, explora/IOn, p. 54.
(grand village): P"-ROT Explo~ ~.Iage) ;5 V, ANON:ME, p. 268 (petite ville); PROKESCH, p. 124 ~!~. TExIER, Description, p. 51 .
268 SESTJN G" ' . a ,on, p. 4 (60 mwsons). ou. l'ROKESCH, p. 106
269' SESnNi'G ~ece aSIO/'que, p. 207-208 : CIG Il 3753 281. HAMMER, p. 97 . .
fertile et~n parti"curti~~)~a~;J' 206 (e~mence~n~ sur 1';' collines) ; GRJSEBACH, p. 54 (plaine les cotl~~' En 1740, Pococke (p. 123), qui voyageait par la rive nord, observait que sur celle du sud
270. POUIOULAT P 178' PE";' Exp'Eatwn, p. 55 (le long du lac, pays en général bien cultivé). 283es éta.ent bIen mises en valeur.
271. POUlOULAT: p: 178.' OT, plora/ion, p. 55. 284' ~:r,AM, p. llO-III,
272. BROWNE, p. 108 : Pou 285' D " app.ort, , 173
273. POCOCKE, p. 123 ' S 10ULAT, p, 178; GRISEBACH, p. 54. 286' ~ (qu.les s.gnale depuis une colline située au-dessus de BoyaItea), Landschaft, p. .
274. Cf.KAPANOOLU, àr:;;::"g~'uGrèc5e4aslOt,que, p. 206; DIEST, Landschaft, p. 173. 28i u. ER,AM, p, 111.
,p. .
. nAMMER p. 97
p.
288. Ibidem, 97-98.
4 DU GOLFE DE NICOMéDie AU LAC DE NiCéE S31

JEAN.PIERRE GRÉLOIS modification de la nature. des ~~ux ? Des moIlu.sques sont souvent
530 . e d'une d oquilles dans le gravier utilisé pour un mortier des fortifications
l'Antiquité. puisque la voie romaine n'était plus praticable à cet endroit'"'. Au-delà,la li r il l'état e C ble de la plage près de la ville305 • ou bien vivant dans l'eau306
Ir et'dans dé'à
le sa signalés fournlssatent
. . d' ab d
on antes ressources '
aux oiseaux
plaine au sol de sable fin s'élargissalt, mais avec un caraclère nelteme~t marécageux.
tandis que les eaux, moins profondes. étalent couvertes de plantes aquatIques, en Parti- de le marécages J x stagnantes ne manquaient pas de favoriser chez les hommes les
SI les )07 leurs eau
culier de joncs. Après avoir traversé quelques lorrents amu:nts du lac290: on arrivait au uaÜques . aludéennes30'. .' . . .
grand village turc de S61üz 1 Muslims61üz où l'on trOuvmt a passer la nUlt 2• ,. ~ de fièvres du lac. on le sait. est 1 objet de vanatlOn~. Certallles ont été mises en
La route continuait vers J'ouest, en traversant des lus de torrent descendant vers Le nIVeau s crues d·automne 309 . Nous rappellerons d autre part que la période qui
le lac2" . Balayant le versant, l'œil passait des forêts de pins et de sapins COUVrant 1. Uon avec le rres pond dans son ensemble il une phase haute3l o. À ce propos, un texte
montagne aux vignobles. puis aux rizières du bord du lac. Un chapelet de villages ~ la me onstitu
co é' d' d' . .
nouseonce e le premier t mOlgnage u~e tra. Illon qUI. sous des dehors légen-
distribués à intervalles réguliers s'alignait sur le piémont. il l'écart de la route au sud: c d 'nformations tntéressantes : «L on dit aussI comme une chose assurée
Akharem, Gürle, Gemiç, Karsak2' 3 . Peu après avoir traversé un affl uent de l'émissaire dai/de 1568
daiftS, ap porte . ~eSiS trouve aujourd' hU\. l e iacé tatent
' . ées deux villes. L'une
. d'IS SItU
Ja
du lac294,I. voie romaine faisait sa jonction avec la route venanl de Yalova par Pazarktiy
(voir plus haut, p. 514). juste avant de pénétrer dans le d,étïlé conduisant à .Ia mer. Bien
..,'à l'endroit °c
,- . 'appeler
\ara.ll
ra
y avait entre les deux villes, dit-on. une source d'où a jailli
d " Il . pas tout le pays;
deVait s l' a dO l'obstruer il gran -peille. pour qu e e ne nOIe
que l'information sorte quelque peu de notre cadre geographlque. on Signalera que I3IIld' eau que ::mment l'objet de négligence, elle a fait éruption, elle a noyé les deux
l'ancien itinéraire menant vers Brousse bifurquait vers le sud " haUleur d'Umurbey et mais elle a faIt a ~. et ledit lac s'est formé. Il y a peu d'années, un Juif s'est avisé de faire
passait par Muratoba, ce qui lui évitail de descendre jusqu' à Gemlik'"s.
~\lesavec.~e p rement pour le lac et Il en est partIellement venu à bout, de sorte qu'un
unfosséd :o~ écoulé et que le lac a quelque peu reculé. mais l'entreprise n'a pas pu
III. LE LAC DE NICÉE

peu d'eau e~ s TUrcs comme les Grecs, ceux qui habitent dans la ville au bord du lac.
Il est évident que la présence du lac conditionne dans une Iar~e mesure l'existence ~Ierau-de . ~é comme authentique que. lorsqu' il fait beau et que l' on navigue sur le
des populations riveraines et. partant. la physionomie des paysages. L. navigation ne nous ont ~i~ir encore les pointes d~ que lque~ tou~s, car l'eau est bi~n ~impid~»3lI.
semble guère y apparaître avant le commencemenl du xx' siècle. el encore à une échelle \aC'~hl"'t 're de la ville engloutie n a .:crtes nen d excepltonnel. matS 1 exécution d'un
fort modeste: un pelil voilier assurail une liaison hebdomadaire entre Iznik et osséLd'éIS 01ulement fait évidemment re. t'é rence à une tentatlve . de curage de l'é' .
rmSS81re,
Pazark6y296. Dès le XVI' siècle. on vante la quantité et la qualité des prises que l'on y ~ c~rue exceptionnelle. Par la suite, la présence de bâtiments noyés312 fut mise au
pêche2.,. ainsi que la variété des espèces: de petits poissons que l'on !"aisait sécher pour après:n~'un tremblement de terre31J . On sait d'autre part que le fronl occidental des
les vendre à Istanbul"'. des carpes2". des brochetslOO, des silures' '''. Même si certains =~es de Nicée avait été complété p.~r des instal.lations portuaires: Entre 1798.et 1826.
mentionnent encore au XIXC siècle le caractère poissonneux du lac - peut-être sous . u~ voyageurs signalent deux Jetees construites perpendlculrurement au nvagel l4•
l'influence de leurs lectures 302 - . il semble que la pêche ait alors connu une éclipse. r.:~e au nord alignée sur la tour 78, l'autre au sud sur la tour 89315 . P~us tard•. en 1838,
Plusieurs témoins en effet en ont alors remarqué la rareté. voire l'absence303 ; aurait-on I<s vesliges du port. des fondations. se lalssatent apercevotr à travers 1 eau clalfe3t6.

289. Yoir ici-même GEYER, p. 172.


290. HAMMER, p. 97 (air empeslé) : TEXIER, AM, p. III (eaux slagnanleS).
291. HAMMER, p. 96. Plus haut dans la montagne se trouvait le village annénien l04. Cova. p. 274.
d'Enneni.solüz. fondé au XVIIe siècle par des émigrés de Van et de HarpUl pour échapper à lOS. Ibidem. p. 306.
l'oppression des Kurdes (CUINET, Turquie. p. 146), aujourd'hui Yenisolüz. 306. TExIER. AM. p. 100 ; CUiNET. TIlrquie. p. 74 ; DELBEUF. p. 266, note.
292. HAMMER. p. 96 (à sec en élé) ; TEXIER. AM, p. III. 307. TExIER.AM, p. 100 (1834: hérons, cigognes. pélicans. avocettes. spatules); R. NAUMANN,
293. HAMME~, p.95. - Gürle, la byzanline Kroulla (voir ici-même BElDiCEANU, p. 370). a I!imGo/dellell Horn zu den Quel/en des Etlp/lrat. Munich - Leipzig, 1893. p. 38 (1890 : hérons,
conservé une certaine Importance durant la période ottomane: lieu d'étape. avec une ZiH'iye. en plli<ans, cigognes).
1333 lors du passage d'Ibn BallOla (voir ici-même KRAVARI. lexte nO21. p. 98). siège d'un cadi lOB. MEHMET EDIB. p. 88 ; SESTINI. Grèce asiatique, p. 205 ; J.-B. LECHEVALIER. Voyage dans
(HAcl HAlFA. p. 727). La population arménienne qui y a vécu jusqu' aux échanges de populalions ~ Propolllide er le Pont-EtlXin. 1. Paris. an VlII, p. 36 (1786) ; HAMMER. p. 111 ; V. ANONYME.
(KAPANOÙlU, OrhangaZl. p. 54) peUl aVOIr élé à l'origine de la localilé jumelle de YenigUrle. p.2Jl;TI!xlER.AM. p, 100; HOMMAIRE DE HELL. p. 296; PERROT, Exploration,.p. 51 ; M~U5rlER.
294. TExIER. AM. p. III. !. 16 ; H,-H. Graf VON SCHWEINITZ. ln Kleinasiell. ein Reirausflug durch das mneTt KlemaS/ens
295. SESTINI. Grèce asiCllique. p. 201-202; HAMMER, p. 90. - L'ilinéraire aCluel a élé aJIIénagé /1ft/ah" 1905. Berlin. 1906, p. 5.
enlre 1865 el 1893 (CUINET, Turquie, p. 85-86. 89).
296. DIES':.l.a"..dschajt, p. 174; KABAlIÉROS-MARKOUIZOS. p. 183-185. 309. Comte Carlo Vidua (1819). cité dans C/G. II, 3743 ; TExIER. AM. p. 100.
297. Yo" ICI-meme GIŒLOIS, p. 123 (DemschwaJII); LUBENAU. p. 99; HACI HALFA. p. 731 ; llO. Yoir ici-même GEYER. p. 172. . . .'
LUf~3s. Dyeuxlème voyage, p. 87: POCOCKE, p. 121; SESTINI, Grèce asiatique. p. 207 : HAMMER. 311. L. VON RAUTER. cité dans J. RABV. A Seventeenth Century Descnpllon of Iznik-Nlcaea.
p. ; . ANONYME. p. 273. /J/oiibu/er Milleilungen. 26, 1976. p. 186-188.
298. LUBENAU. p. 103; HAcl HAlFA. p. 731; MEIlMET EDIB. p. 88 (1682); Y. ANONYME. p. 273. 312. DALlAWAY, p. 274 ; KLÉt'lNYMOS - PAPADOPOULOS, Birilynika, p. 40. À ue les
299. LU BENAU, p. 103 ; LUCAS. Deuxième voyage, p. 87' SESTJNI Grèce asiatique p 207; lieu> 311.LUCAS. Deuxième voyage, p. 87 ; HAMMER. p. III ; LABORDE. p. 4\. - noter q
OELBEUF, p. 266, note. . . . .
t~,~rn témOignages font référence à une tradition ottomane. 41
300. LUSENAU. p. 103 ; SESTINI. Grèce asiatique p 207 315' lIVIER. p. 504; LEAKE. p, 200; PROKESCH, p. 111-112; ~A80RD~, p, '1 ent sous
301. LUCAS. Deuxième voyage. p. 87 el figure h:1 . . 1·... : VOir le plan de SCHNEIDER _ KARNAPP. Sur ces constlljctlOns. qUI se p~ong 6tièrts
302. CuINET. Turquie. p. 73-74; DEl.BEUF. p. 266."note.
littor~~~'~GEYER er al.• Les niveaux du lac de Nic~e au Moyen Age. Castmm!. enn~~/~tlr.~.
p. 16 ~~~~c~%it~~()~4de barques); TExtER.AM. p. 100 (poissons peu pêchés); MousnER, J.'M. M~s le monde méditerranéen atl Moyen Age: défense. peuplement. mtse
316 "..:.~OOI. p. 77-93,
. 'CLLOWS. p. 117.
4 DU GOLFE DE NICOMËOIB AU LAC DE NleËE 533

JEAN.PIERRE GRÉLOIS , catégorie Tepektiy 1 Gâvureregli, village chrétien 327 dominant dans
532
rdans la me me Hérakleion devenu musulman sous le nom d'Eregli. L'installation
PlaCe l'anCien ., 1 é . éd' une route à 1, époque ottomane
Plusieurs témoignages notent le contact direct des eaux du lac avec le front occi-
la ré
pupon dre aU SOUCI d assurer a s cunt
dental des murailles de Nicée 317 . La section comprise entre l' angle nord-ouest et la Porte a ont le cas est bien documenté (c f l h aut,_p, 517-518), en est un bon.
. pus
du Lac en a été particulièrement dégradée3t8 : courtine et tours se sont effondrées. À d urrait suggérer une situatIOn .semblable à Fuglaclk.' sur l'ancien itinéraire
partir du XIX' siècle, le passage devint possible enlre la fortificalion et l'eau 3J " . Comme po 1 ·k328. Enfin, nouS connmssons de véntables VIllages de colonisation
l'espace ainsi dégagé restait marécageux, des travaux de dramage furent envisagés en .el.à. zntd'un grand propn·é·taire d ans 1e cad re d u çiJtlik, comme Çavu~'
1863320 et probablement réalisés. On sait en effet que vers 1909, la distance entre la cttés à l'inttta:l~tiy 1 Karakilise33o, Hac lmehmetler 1 Hagios Charalampos331 et
muraille et le bord du lac était de 80 à 150 m321. çiftligj329, ~I~t 1 noms de Yeniktiy 1 Néochôri, au sud-ouest d'Izmit, évoquent une
C'est en 1834 qu'on a la première mention d'un conglomérat sur la rive sud du lac: safranJ32 . SI ~hs.IO il se peut que celle-ci remonte au XVIe siècle, voire auparavant (cf.
ce dernier .paraît encaissé dans un bassin de poudingue dont les couches, peu inclinées, . n ex III l , . d .. d'E
fondauO 524). Enfin, nous ne savons nen es ongtnes Imaltk, ni de celles de
plongent sous les eaux»322. En 1891 , alors que le mveau du lac avatt baissé, von der plus haut, p. 'est qu'ils était peuplés de Grecsm . On remarquera que ces villages sont
Goltz put faire une observation précise du phénomène, à hauteur de la Porte du Lac, KadikOY, s~ ce n le golfe de Nicomédie, certains étant relativement proches de la côte
à Iznik. «Nous cheminons maintenant vers le lac. Là, Il nous semblera marcher Sur un
touS wurnesÇve~l çiftlig i , Yeniktiy), d'aUlres dans les vallées (Haclmehmetler, Kadikoy
quai de béton au revêtement lisse, en pente douce vers les eaux . Mehmet çavu~, qui (Çifthkkôy, av '
s'apercevait de mon étonnement. expliqua: «G61 yapap>, «Le lac fait cela)} , De fait. nous afra Elmahk). , .
avions devant nous le curieux poudingue, une sorte de béton naturel qui se forme à S ~'Ia suite des guerres qui opposerent au XVte Siècle les Ottomans aux. Séfévides, de
partir des galets grossiers du lac: ils sont tout simplement liés par Je, précipités de l'eau A Artnéniens cherchèrent reluge auprès du sultan. Nous connatssons par les
qui finissent par les enrober complètement»323, On aura reconnu ici la fornuuion du beach- nombreux elques constellations de localités arméniennes dans notre région, dans les
rock324 . voy?geurs q~ud d' lzmit334, dans le haut bassin du Yalakdere33S , dans la plaine de
colhn~~ auu nord 337 et au sud-ouest du lac d'Iznik338.
IV. LE PEUPLEMENT RURAL reflux de la puissance ottomane ct an:.1es B aIk ans, al~sl
NiCéeLe ,a . . que l' expansIOn
. russ.e
le Caucase, devait amener dans notre reglOn des populatlon~ mus~lmanes à partir
En général, les voyageurs ne s'intéressent aux villages que dans la mesure où ils les ~ ·er quart du XIX' siècle339. On Signalera les cas Isolés de CtrcasSiens à Karadere,
traversent et, plus rarement, s'ils s'y arrêtent. De fait. ils ne nous informent que sur les :~:~~a1lée d'un affluent de rive gauche du Yalakdere, et de Tatars aux abords d'Iznik
localités situées sur un itinéraire, et nous savons qu-elles sont plutôt rares. Les témoignages
sont donc d'une faible valeur pour qui tenterait d'étudier l'occupation ùu sol.
Des échelles attestées à J'époque ottomane ont succédé à des localités portuaires
plus anciennes: Hélénoupolis 1 Kiootos est devenue Hersek, Prainétos Karamürsel, etc.
n est vrai que les possibilités d'accostage n'avaient guère eu J'occasion de changer. 327. DAlLAWAY, p. 262; MARCELLUS, p. 84, 87 ; KLMNYMOS-PAPADOPOULOS, Bithynilca,
On peut parfois inférer la date de création, ou de repeuplement, d' un village, lorsque 92-93· KASAlIÉROS-MARKOUIZOS, p. 14, 144-145.
nous pouvons connaître à quel millel (nationalité) appartenaient ses habitants. Pour ce p. 328. COVEL, p. 270; LUCAS, De/nième voyage, p. 80-81 ; KLÉÔNYMOS-PAPADOPOULOS,
qui concerne les villages grecs, la question de J'origine reste souvent sans réponse assu- Bilhynika, p. 93; DIEST, Lalldschaft, p. 175 ; KABALIÉROS-MARKOUIZOS, p. 14, 143-144.
née : s'agit-il de localités byzantines qui auraient perduré, ou de fondations d'époque 329. KLEÔNYMOS-PAPADOPOULOS, Bith)'nika, p. 93.
ottomane? On sait qu'avant les réformes du XIX' siècle il était difficile aux chrétiens de 330. KABALIÉRos-MARKOUIZOS, p. 147-148 (Grecs venus d'Étolo-Acamanie).
331. KLE6NYMOS-PAPADOPOULOS, BitltYlIika, p. 94; DIEST, Landschajt, p. 175; KABAt.ŒRos-
reconstruire et à plus forte raison de bâtir des églises325 . La présence d'un sanctuaire
MARKOOIZOS, p. 147; cf. ZENGtN, Yalova, p. 182 (Grecs des îles).
dédié à saint Grégoire de Néocésarée à Gonca326 autorise à voir dans ce cas la persistance 332. KABALtÉROS-MARKOUIZOS, p. 146- 147 (Grecs venus de Thessalie).
d'un habitat remontant à J'époque byzantine. Avec quelques précautions, on pourrait 333. KLEÔNYMOS-PAPADOPOULOS, Bitltynika, p. 93-94 ; KABALtÉRos-MARKQUtZOS, p. 146;
voiraussi ZENGIN, Yalo"a, p. 163, 190.
334. Baitçecik : HAMMER, p. 128 ; KLËÔNYMOS-PAPADOPOULOS, Bitll)'lIilca, p. 77 ; GoLTl, p. 35,
378-379; CUINEr, Turquie, p. 304, 367-368 ; DIEST, TIlsit, p. 7-11, 73 ; ID., Landschajt,~, 190-191.
IJOOgel : K1i6NYMOS-PAPADOPOULOS, BithYllika, p. 77; Yuvaclk: DALLAWAY, p. 262, HAMMER,
317. Cava, p. 280; SESTINI, Grèce asiatique, p. 213; HAMME\!, p. 123; V. ANONYME, p. 273; p. 156-157; KLEÔNYMOS-PAPADOPOULOS, Bitltynika, p. 77; Dœsr, 7ilm, p. 11; ID., lAndschajt,
KlNNEIR, p. 55; LABORDE, p. 40-41 ; KEPPEL, p. 164; TEXlER, AM, p. 110; POUJOULAT, p. 181.
p. I90-191. 8 .
• ...235. Merdigoz: Cava, p. 266; LUCAS, Detltième voyage, ~. 80;. ~CELL;g' ~gn~~
318. LUBENAU, p. 101 ; Cava, p. 280, 290, 306 (fig. d 50)· POUJOULAT p 179· KABALIÉRos-
MARKOUIZOS, p. 103-104. " . ,
319. QUVIER, p. 505; PRolŒSCH, p. 112; HOMMAIRE DE HaL, p. 299; KŒONYMOS- """'-, p. 160; AueHER-ÉLOY, p. 64 ; DIEST, Lalldscltaft, p. 173 ; VOlt aussI 1 Ermen ys
PAPADOPOULOS, Bithynika, p. 145-146; GOLTl, p. 442-443 (1891) sans plus de précision en 1677 (Cova, p. 270). . . é en 1588
320. MOUSTIER, p. 16, n. 1. . 336. Yenikoy: PROKESCH, p. 124; DIEST, Lalldschajt, p. 174, peut-être déjà Clt
.321·dI;UBAUËROS-MARKOUIZOS, p. 103 ; voir aussi plus bas le témoignage de von der Gollz, (LUBENAU, p. 98). 123 .
an téneur une vmgtame d' années. ~37. Çengiler:. CIHACEV, p. 24; DtEST, Lalldscltajt, p. 190. Kemmet: pocri~O~OY ~
322. 1'ExIER, AM, p. Il 1.
323. GOLTl, p. 442-443. SfSrlNI, grèee aSl.all.que, p. 206 ; CUINET, Turquie, p. 190 ; Dœs:, La~I~e~; PGrèc~ asiatique,
p 206 1, rèee aS/Otlque, p, 206 ; DIEST, Landsclwjt, p. 173. Yenikoy. ES ,
324. Voir ici-même GEYER, p. 171. . ; GRISEBACH, p. 53 ; CtHACEV, p. 24 ; CUINET, Turquie, p. 146. i Urie.
325. Cf. Ef2 Il, p. 235.
~~8. YemsoIUz.: CUtNET, Turquie , p. 146; voir ausSi plus haut le cas dei ~~rs~ bien d'autreS
p. 91-~~; ~~;s~; ~~OASU' DeUXième voyage, p. 79; Kù6NYMOS-PAPADOPOUUlS, Bilhynika, viUage 9. Nous ne Signalons ici que les cas documentés par des voyageurs. 1 articulier dans les
..""", IZOS, p.l 4 ,143-144.
cirto s ~uJ.ourd'hui peuplés de descendants de réfugiés musulmans, en P Or/wtlgazi).
IIS<!npUons de Yalova (cf. ZENGtN, Yalova) et d'Orhangazi (cf, KAPANoOLU,
JEAN·PIERRE GRéLOlS
534
à Kumba§I340. Des Bosniaques s'installèrent à Validekôpril et à Kokarca 1 Mam .
°
c'est-à-dire sur la route de Karamürsel à Iznik. D'autres réfugiés fondèrent ~"yeJ.",
Akkôy342, dans la plaine d'Iznik. Le fond de la vallée du Beyoglu deresi34l a' r .anlye 1
versant de rive droite344 , devinrent le domaine des Caucasiens et des Tat~ 10" qUe le
en valeur de façon exemplaire un pays désert depuis des siècles. ' qUI nurent L'ÉVOLUTION DE L'OCCUPATION
DU SOL ET DU PAYSAGE

par Bernard GEYER* et Jacques LEFORT"

E,
1:
NouS avons voulu étu~ier, dans. cas, de la Bithynie,. les interactions entre le
développement historique d une. socl~.te et 1 évo~utto~ du rrulteu naturel. Nous avons
hé à comprendre quel a pu etre 1 Impact de 1 enVironnement et de ses changements
chef.h·stoire de cetle société, à examiner dans quelle mesure les hommes ont été capables
: ~fief (parfois involontairement) le ~lilieu ,dans lequel ils vivaient ou d'en atténuer
les contraintes. Ces recherches ont rep (~se sur 1 ~tude conJotnte des différentes compo-
santes du milieu. nat~rel (état actuel, hemages, evolutlOn), des vestiges archéologiques
lB,
el des données hlStonques.
Ce que nouS savons sur l'évoluli on du paysage en Bithynie au Moyen Âge résulte
d'enquêtes qui ont été vastes. On regrettera l'absence dans le présent livre de certaines
études qui auraient utilement complété le lableau : un inventaire des monuments médiévaux
conservés, des notes sur les thermes et sur le popt de Justinien à Be§kôpru, une mise au
point sur les tremblements de terre au Moyen Age, mais il est fait plus haut allusion à
ces sujets, et la bibliographie est considérable. Au demeurant, notre recherche sur la
Bithynie médiévale a visé non pas à être exhaustive, mais à préciser el à éclairer l'lùstoire
de cette région.

1. LA DOCUMENTATION UTILISÉE

On évoque ci-dessous la documentation qui a été utilisée, et ses limites, pour sou-
ligner que les conclusions auxquelles nous parvenons sont provisoires. Nous soubaitons
qu'elles ouvrent la voie à d'autres recherches, plus précises.

1. Les données géographiques et paléogéographiques

. Le paysage, tel qu'il nous apparaît, est le résultat d'une évolution longue, complexe,
qUi dépend de contraintes et d'interactions multiples. Sa transformation se fait en laissant
des témo~ns, des traces. Afin de mieux comprendre ce que sont les paysages bithynie~s et
~ieUV~Ir appréhender !eur histoire, donc leur évolution, nous avo~s effectué des RUSSlons
rram qUi ont aSSOCIé études géomorphologiques et paléoenvlronnementales.
~4041'. DlbŒJl" londschaft, p. 175-176 "1 Une grande partie du travail a consisté à observer attentivement les paysages tels
luem, p. 173. . qu 1s se présentent de nos jours cette observation permettant seule de comprendre leurs
342.lbide'!'. cane; voir aussi KAs caractères . N 'à distinguer quel est le poids du passé dans 1e pay sage ,
ous avons cherché
H 343. Semuye 1 B3§k1raz Sofular ~OS-MARKOUIZOS, p. 20 (villages récemment fondés).
asankôy (Clteassiens) ; Ihs';';ye l '" ~Ifiye 1 Bulgurlu (Géorgiens musulmans) ; Selimiye 1
344. ÇaIaltaj, Hamidiye (Géorga oy: DIEST, londschajt, p. 189.
lens musulmans) : ibidem . :.UIi~ 5647 - GREMMO, Université Lumière Lyon 2- C.N.R.S. d France
•CNRs. (sectIOn des sciences hisloriques el philologiques), UMR 7572, Collège e
536
BERNARD GEYER 1JACQUES LEFORT

afin de pouvoir reconstituer, tant que faire se ~eut, sa physionomie à certaines époques
et d'avoir ainsi une idée de son évolullon. MaIS cette observallon, malgré Son caractère
détenninant pour l'analyse du paysage, ne peut à elle seule suffire à \a compréhension
l' 'S8 US
,.,a' liée à la SI
.
L'éVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL ET DU PAYSAGe

si en latlO. e
0 français, en catalan: en arabe et enture. Cette richesse est directe-

'tuaUoo,

heUreUnt de non>breus
proche de la capitale, de la région que J.-C1. Chey net nomme
Ile province» (p. 323) . Nam bre d e ces. textes, .au rang desquels
""nt sement "la be vies de saints, ont été lus par nous et Ils conshtuent, du point de
es
la plus importante, Y compris dans certains cas pour l'histoire
537

des mécanismes complexes qUI mtervlennent dans les processus d évolution. AUssi figureh'storique, la sourcedébut de l'époque ma derne, l' apport à l'hoIstOlre
. du paysage des
avons nouS mis à contribution un certam nomb~ de marqueurs: . ",e ~sage. pour le kCI a orné son récit sur la campagne de Soliman le Magnifique
a) Les encroOtements et dépôts carbonatés, étudiés ave;" R: Dalongevllle (GEYER, p. 17(). d~r.tures doot M:~~é étudié (LEFORT, p. 99-112). Enfin, pour les époques moderne et
171) qui témoignent de phases de hautes eaux du lac d lzmk. Un long travail de rénexion \Ill 5 les deuX Iraq ageurs, occidentaux surtout, ont beaucoup apporté à l'ensemble
et d'analyse nouS a permis, en collaboration étrOite avec J. EVin (UMR 5138), d'Obtenir dan
"",temporal, 'ne les voy "1 f't d 1 ho . à l' archéologie,
râce aux remarques qu 1 s ont al es, e a tamque
des datations ''C, corrigées, ~ur c:rrbonates. '. .. celle recherche, gb rvations sur la vie quotidienne (GRÉLOIS, p. 113-138 et p. 509-534).
b) Les fonnations alluviales histonques (GEYER, p. 157), qUI ennment les fonds de vallées ; passant par des 0 se
et nouS renseignent sur les phases de .dépnse (ou de défnchements) ou, au contraire, de NTS DE L'ÉVOLUTtON DU PAYSAGE
stabilité sur les versants des vallées blthymennes. U.LES FAITS MARQUA
c) Les pollens (ARGANT, p. 175-200) et les macro-restes végétaux (WILLCOX, p. 201 -
. uants de l'évolution du paysage qui ressortissent à la géographie 'Il,
205), qui ont été mis à contribution pour restituer le,' environnements passés. Plusieurs
carottages ont été effectués sur le gourtour du lac d Izmk.et dans une. vallée intramon_
LeS faits m"i,ondent pas toujours il ceux qui relèvent de la géographie humaine.
pbysique ne corres donc successivement, bien que tout soit lié.
..
tagnarde. Des échantillons de mallere orgamque carbomsee (haiS. grames, etc.) ont été NoUS les évoquons
prélevés dans les formations alluviales.
1. Géogmphie physique
2. Les données archéologiques
La sl/ccession des forma/ioll s alluvi(des . . .
Lors de nos prospections, de nombreux sites ont été vi sités, villages, fortifications a. 1 es et les datations des fommuons allUViales nous ont amenés à dlstmguer,
et routes anciennes, en particulier dans la région d' Iznik. TOlites nos observations sont Les;na Y~s historiques, quatre grandes phases de sédimentation (fig. 1), c'est-à-dire
représentées sur la carte hors-texte. Le matériel nouveau est rassemblé dans certaines poorles~~'instabilité du milieu. La première s'est probablement produite durant
des études qui précèdent: quatre inscriptions jusqu'ici inédites sont publiées à la suite ~ pé" :sllénistique la seconde semble contemporaine des débuts de la période
de l'étude sur l'époque protobyzantine, qui tient compte de l'ensemble de la documen- 1epoq~e ela troisièm~ correspond à peu près au XIV' siècle, la dernière enfin est
tation épigraphique (KtOURTZtAN, p. 43·64). Plus de 160 blocs architecturaux, surtout byzanllRe,
é' re au XVI' siècle. Les troIs .dermeres
., au moms' sont sé parées par des phoses
protobyzantins, observés sur 70 sites, ont été étudiés (PRALONG. p. 225-286). Un cata- r.:~~~~ des formations, qui attestent de périodes de faible charge des cours d'eau et de
logue de 125 n"' décrit la céramique, byzantine et ottomane, trouvée sur 30 sites, les plus grande stabilité des versants.
tessons ayant été déposés au Musée d' Iznik (FRANÇOIS, p. 287-308). Le plan de quatre
forteresses byzanlines, qui a été relevé pour la première fois , est publié dans l'étude sur
les fortifications médiévales (GIROS, p. 209-224). Plusieurs tronçons de voies romaines
ont été reconnus, en particulier entre Nicomédie et Nicée, et ces informations sont
...... VUI" •.
intégrées dans l'étude sur les grandes routes médiévales (LEFORT, p. 461-471). Les ip. J..(;.
quelques monnaies rencontrées lors des prospections sont prises en compte dans l'étude
sur la circulation monétaire au Moyen Âge byzantin d'après les monnaies du Musée
d'Iznik (PLANEr, p. 499-505). Aucun sceau n' a été rencontré lors de nos prospections, \.

~.. s t.ous les ~ceaux connus relatifs à la Bithynie ont été mis à contribution dans l'étude
hlStonque qUi porte sur l'époque byzantine (CHEYNET, p. 311-350). Ajoutons que les
remparts, le palais des sultans et le mausolée d'Osman et d'Orhan à Brousse font l'objet
d'une étude particulière (PRALONG-GRÉLOIS, p. 139-149). ....l' •.
Irr.J•.c.
3. Les données /ex/uelles
xm'·xlV"s.
ap. J ..c.
d h Peu, de docu~ents d'archives byzantins relatifs à la Bithynie sont conservés, en
de I?rs da~tes patriarcaux et des listes de présence aux conciles, qui éclairent l'histoire
Be d administration ecclésiastique. Les archives italiennes et le Libro dei cOl/li de Giacomo
a
OCr .ont été mis à profit dans l'étude sur le commerce (GÉROLYMATOU p. 485-498),
Des regIStres fiscaux ottomans t '
du sol au déb d l'
. .' ,
on pemus une étude précise sur les villages et 1 occupauon
Les textes rt~~ e époq~e moderne (GEYER, Koç, LEFORT, CHATAIGNIER, p. 411-430).
traductio (~ratres médiévaux évoquant la Bithynie dont un choix est proposé en
.: -"
°oQc:)

-
........-
les chlffres romains désignent les fonnations alluviales décriles ici même dans «Les fonna
llI'viales .1 IacuSlres», p. 153.174.
tioos

n VAR!, p. 65-98), sont nombreux et divers'. Ils sont en grec pour la plupart,
Fig. 1 - Schéma des formations alluviales du Yalakdere
538
BERNARD GEYER 1 JACQUES LEFORT

b Les challgements de niveall dll lac de Nicée


Desphases de hautes eaux, d'autreS de basses eau~ (fig. 2). ces dernières attestées par
-,- 1
L'~VOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL ET DU PAYSAGE

de mise en va . dès l'époque hellémstique, l' exploitation intensive du bois et


suite décilnern; à l'intérieur des maSSIfs. Ensuite, la mise en valeur semble
se dév~IOP:~toriques, qui semblent à cet égard plus importantes que les oscil-
539
leur agricole à l'inténeur des massIfs. Celte production céréalière

l'archéologie ou l'observation de c~ttag~s, peuvent ~tre mIses en relatIOn les premières re e pénpéues ~s diagrammes polliOlques, établIs à partir de carottages effectués
avec des périodes de mise en valeur mtensl~e de la régIOn, les secondes avec une Pression s:;;n s cllInaUqu~. '~ehir (BOTfEMA et WOLDRING, 1995) d'une part, dans le lac d'Iznik
anthropique moindre. Ainsi peut-on soulIgner la conco~dance entre phases de basses 1 slaplainedeé ednl Yalakdere d'autre part, confirment cette dernière hypothèse
eaux (artificiellement provoquées) et pé~odes économIquement fastes, aux époques u
d3fIdans 1a vall e euent pas de déce 1er d' autres vanatlons
. du couvert végétal que celles'
romaine et protobyzantine, sous les Lascandes et sous les Ouomans, à la fin du Xv< siècle et ISIlu'lls ne perm VI tés humaines, du moms pour ce qUI concerne les trois derniers mil-
et dans la première moitié du XVI'. E~tre temps, de~ phases de hautes eaux semblent pU. par les acU
indUItes
anester des périodes de moindre dynanusme dans la nuse en valeur de la région.
~naiJe5·

--
~-
1. Géographie humaille
. 'è les (Ive-XVie), dans un contexte économique et culturel qui a changé,
En Ifelze ~I~aient les villes et les divers types d'habitat rural s'est évidemment
~ Iéseau quNe uOs sommes inégalement informés et d'apparentes continuités peuvent être
., _'sformé.documentatIOn
"~.
,jueSà une
0 . 'msu ffiIsan te .

-.-
/!""'.::-.- - ...
L'évolutioll du rés~au urbain . . . .•
a. r ée à une aussI longue dure.: . 1a nollon de VIlle dOIt etre large. Il suffit ICI de
. ApP ;quville médiévale se signal ait de loin par ses remparts, parfois d'origine
dire que ~i abritaient une population C'(msidérée à l'époque comme relativement nom-
. .

,,
~·t.>H""'''
, , ,.,;r'l ' . <!k'uIXYl' • . romameO'q connaît le nom byzantin de presque toutes les villes de la région étudiée, plus

--...-
o --- - --.,..-. . ____ . . -- - ------~--- - - - - - - bItuse.
, n
'ngtaine (mais pas celUI. de B'I" "1) Le p1us souvent, ces VI'11es sont
1 e.... ";. 01. d' Inego.

.-~
"'-;ac_u. ~C."" =~. Leur répartition est évidemment dépendant~ des contrain~es liées au relief. Le
réseau qu'elles formaient a été dense durant toute 1 époq~e ~onsldérée, en, moyenne

• niveau maximum du lac


d'apc6s)as vestiges 8rdu\ologiques
... IlOO 1000 1200 1. 00 1600 1Il00
niveau m&ldmum dl.llac d'après ln encrnutements
carbonatés (Ue. après .raJeunissement_ de 300 ans)
2000
- probablement une ville tous les 30 km. Les mdlces de contInUIté ,sont. dans 1 ensemble
daÎlS; on constate du moins, presque partout, la pe~anence de 1 ha~ltat entre le VI' et
leXF, ce qui est remarquable. La ralSün d~ cette contIn~Jté est pe~t.etre que les slèclc:s
dits obscurs (VII' et VIII' ) ont été ma ms dIffiCIles en Blthyme qu rulleurs, vu en parti-
CIIlier la proximité de la capitale. Le nombre des petites villes s'est légèrement accru
·e· niveau minimum du lac
d'après les catottes ('''C) période de fone probabilité jusqu'au XI' siècle, surtout à l'intérieur des terres, où des localités avaient été aupara,vant
'''0· nivNu du lac d'aprb ros de ta dalle 3 (14e) période de probabilité moindre érigées en évêchés. Pour faire face aux menaces arabes, pUIS t.!'rqu~s, le~ e?cem~es
Pour les failS représenlés sur celte figure. voir ici même (,Les fonnatiolL'i alluviales el lacustres», p. 153-174. IIlbaines furent constamment entretenues ou restaurées au Moyen Age, Jusqu à 1 établIs-
sement de la paix ottomane, sous laquelle elles furent démantelées lorsqu'elles étaient
Fig. 2 - Les niveaux du lac d'Iznik
gênantes, ou laissées à la ruine. Ajoutons que ce réseau urbain est dans l'ensemble resté
slablejusqu'à l'époque contemporaine. C'est surtüut la hiérarchie du réseau q~i a c~~gé
c. Les modificatiolls de la cOllverture végétale àl'époque considérée, en fonction essentiellement de la localisation du poUVOIr pohtlque
En. nulieu méditerranéen, il est généralement admis que le couvert forestier n'a subi d de nécessités stratégiques; Nicomédie romaine, Nicée byzantine puis Brousse on0n.!ane
de modIficatIOns décisives qu'à partir de l'âge du Bronze (TREUIL et al., 1989). Dans le ont été successivement les plus grandes villes de la Bithynie. Durant tout le Moyen ~ge,
bassID onental ~e.la Méditerranée, la transformation morphogénique des versants con- de nombreux monuments, civils et religieux, dont plusieurs subsistent, ont été é.ngés
séc~l1v~ aux actIVItés humames pourrait avoir été déclenchée, au moins localement, dès dans ces villes. Pour le XVIe siècle les miniatures de Matrakcl montrent que les mrusons
le 7 nuUé~aue(BousQUET et P~CHOUX, 1980). wbaines de la «Bithynie maritim~», selon l'expression d'1. Beldiceanu (p. 371), étaient
d boEn Bllhyru:: région qui connaît un climat méditerranéen «tempéré» et qui profite différemment couvertes et sans doute différemment construites que celles de la BlthyOle
de nnes condItIOns de stabilité des milieux, ces modifications semblent avoir mis plus mténeure (LEFORT, p. JO 1).
d: ~mp~ à m~quer.le paysage. Nos travaux montrent que les paysages n'ont guère subi
déb t ~ o;ahons I~putables aux activités humaines avant la fin du 2' millénaire ou le
u b. L'évolution du réseau des communications d d t
de I~ ré . nul:é?aIre avant notre ère. Sur les pentes d'un des bassins-versants majeurs
la L:a géographie facilitait une circulation ouest-est, qui était adaptée à un mon e o~
ranéenn~lon& c~ UI .de .Ia v~lIée du Yalakdere, on trouvait alors une forêt mésoméditer-
MocaPIl~le avait été Rome. Les voies romaines ont été le plus souvent entrete~ues 1
actuelle. D~s le ~~~~:Il déi~ I~ chêne à feuilles caduques, peu différente de la forêt
du 1 nullénalre avant notre ère, des cultures de céréales attestent lOij~n Age et au début de l'époque ottomane. Mais, depuis l' époque protoby~tlne'd ~
et les itinéraires maritimes principaux .ont été orientés nord-sud, en raIson e
L'evOLl!flONDE I:OCCUPATION DU SOL ET DU PAYSAGE
541
BERNARD GEYER 1 JACQUES LEFORT
540 ine et au début de l'époque ot!OI~ane, ~e gra~ds domaines sont attestés,
liaisons nécessaires avec la nouvelle capitale, Cons~antinople. Au cours du Moyen ' 'épO'lue byzant . nement séparés des temtOlres VIllageOIS ou pris sur eux. Durant
rt ains itinéraires ouest-est (autour du lac de NIcée) et nord-sud (entre 1 Age, Il'iIS aient été :~::;ée, la céréaliculwre, la vig~e et le.s oliviers ont occupé l' essentiel
ce ' d~
Marmara et Nicée) ont vané, u 81t' dh
u c ang~ment de ~Iveau
' amerd
du lac de Nicée dans e qot l'époque e. é ui dans cette région pour 1 essentIel montagneuse, a touJ' ours été
premier cas, ou du cheminement touJours dIfficIle et JamaIs assuré dans les régions m le
IOiIle à celui de l' espace .mcu Ite, 1eque1 était. consacré à l'élevage et au
l'espace culUvé ,q,
tagneuses (GRaOIS, p. 113-138 et p. 509-534 ; LEFORT, p. 461-471). on· d< utinl , compar
~ch<ronnage. .
c. L'évolutio1l de J'habitat rural d /'1 iSlOire économlql/e et cl/tIl/relie
Nous savons peu sur l'habitat rural aux époques romaine et protobyzantine, mais il ,. Le rôle / n~mique a contribué à modifier le paysage, si l'on songe aux effets
est vraisemblable que .la plus grande partIe de I.~ populatIon de,:'all alors résider, comme L'histol~e .cos
n de la demande venue de Constantinople, ou à la localisation des édi-
par la suite, dans des vIllages. Pour les IX'-XJV' slecles, on conn aIt seulement le nom d' surleSe,'ploltaUo
ciaux (empona, . xeno
' doc hela,' .hans, caravansé'l raI s), qUI' dépend des flux
trentaine de villa~es, et a~cun d'entre eu.x n'est sOremenl localisé. <?râce aux archi~: fi à une époque donnée. La p~rtlclpatlOn de la rég~on .au grand commerce,
ottomanes, notre Inf~rmatlOn change radIcalement ~ part:r du xv' slecle, si bien qu'au ., accrue à partir du XIe Siècle, a egalement Joué un role Im~rtant. L'histoire
XVI' siècle on conn8lt: dans une partIe de cette meme r< glon. le nom de plus de 750 qUI s est hri'stianisatlOn de la Blthyme au IV' SIècle et son Islamisation au xrv' a
elac "1ement dans ses aspects '
villages el, dans la mOlllé des cas, leur locahsatlOn (GEYER . Knç, LEFORT, CHÂTAICNIE ~ ''eus
lIgl .' . '
ué le paysage et mtervlent dans son h"!StOlre, vlslb
p. 411430). Des indices indirects, la toponymie grecque conservée (cf. LEFORT, Table R, tUe~USSI marq on pense à la ruine des temples paiens, à la construction des églises puis
p. 106-109) el parfois la présence de chrétiens dans les vill ages à l' époque ottomane, ~:~ aJCli1tecdtu!11U~"quées ; mais il faut nuanœr, certaines mosquées étant d'anciennes églises
vestiges archéologIques déjà menllon~és (blocs archllecturau \ l'l tessons), suggèrenl que Icelle es m
le réseau des VIllages blthymens que 1 on découvre au XVI' """k. dont la plupan portent byzantines réaménagées.
al?Ili un no~ lurc, élai,t déjà, pour l'ess~nliel , constitué <l U :\I oyen Âge et qu' il peut
meme parfOIS dénver d un habllat rural d époque romaIne. Cc ; vIllages étaient distants mlIS FAcrEURS MARQUANTS DE L'ÉVOLl.''i ION
au XVI' siècle comme à l'époque contemporaine d'environ .' km. Regroupés, ils for-
maient, à l'époque byzantine déjà, des "pays», associant de, Iniliellx géographiques dif- I.usfactellrs natllrels
férents et désignés par un toponyme (par exemple, l'Atrôa, ,,(testée depuis le VIII' s.). Ces
pays, de quelque 20 km de côté en moyenne, correspondaient souvent au XVI' siècle à Le premier trait à souligner. se r.apporte a~ relief. Celui-ci se caractéris~ par la jux-
des circonscriptions administratives. On peut penser qu'apre, le VI' siècle, la notion de œposition d'unités simples et bien mdlVldualIsées. Les montagnes sont "Jeunes», les
pays, conç~e comme ensemble de villages, s'est peu à peu subsituée à celle du territoire ptIItes fortes, les vallées encaissées; les dépressions sont étroites et souvent mal drainées.
de la cité. A partir du VUl~ siècle, les monastères ruraux devinrent un élément du paysage ~ noro au sud se succèdent des fossés profonds et des blocs soulevés. La contiguïté des
blthyruen. Ils se multlpherent aux IX' et x' siècles, en particulier sur le rivage de la mer massifs et des dépressions se traduit par un relief contrasté et de fortes dénivelées, qui
de Marmara et sur le mont Olympe. Une quarantaine au moins, petits ou grands, sont favorisent l'érosion. Les surfaces planes, où la mise en valeur est aisée, sont rares, Le
connus. Ces monastères étaient de maintes façons liés à la société urbaine, en particulier œüef(composante statique du paysage) introduit donc des contraintes non négligeables et
~ celle de la capItale, et leur rôle économique local n'a pas été négligeable. Le déclin de un potentiel d'instabilité élevé, Si l'inconvénient est réel, il est toutefois contrebalancé par
1.olympe comme m?ntagne monastique après le XI' siècle, qui est peut-être dO à la pro- III climat propice au développement du couvert végétal, lequel entrave les ruisseUements,
XlIllJté des Seldjoukides, est en tout cas parallèle à l'essor du Mont Athos en Occident !Iabilise les velliants et assure une réelle richesse à la région. Les traits fondamentaux du
(Au~PY, p. 44!). Enfin, la campagne était parsemée de forteresses , qui correspondaient climat sont méditerranéens, mais d 'autres facteurs interfèrent. En effet, des influences
parfOIS à de petites agglomérations. On en connaît environ une quarantaine par les textes pontiques font l'originalité du climat bithynien, notamment parce qu'elles tempèrent les
~u parce que des vestiges subsistent. La plupart d'entre elles, situées dans des défilés ou lldews de l'été et limitent quelques-uns des effets de la continentalité liée à la proximité
d~rlde grandes routes, ont été édIfiées entre le XI' siècle et le XIII', pour aider à la défense du plateau anatolien. La résultante est un climat sub-humide, qui connaît certes des
a régIon contre les Seldjoukides, puis contre les Ottomans (GIROS, p. 209-224).
nuances importantes du nord (aux limites de l'humide) au sud (aux limites .du semi-
d. L'évolution de l'occupation du sot aride), mais qui est dans l'ensemble favorable à la végétation et à sa régénération. La
Ce sont les données géog h' '" . IfI1se en valeur agricole y est en outre favorisée par des ressources en eau abon~antes,
phases contrastées dan l" . rap I~ues qUI .Indlquent le plus nettement l'exIstence de
haut). Dans les texte: ?iStOIf~ d~ 1 OCcupauon du sol et dans ceUe du paysage (cf. plus
On en conclut qu'en l'absence d'interventions humaines, les grandes lignes du
l'époq b . ' dIvers IndIces suggèrent aussi que la prospérité manifeste de paysage et, surtout, son évolution sont ici imposées par les composantes statiques: le
ue proto yzantme a été suive d' pé '0<1 ècl :hef, l'exposition, le substrat, mais aussi le climat, qui peut être considéré comme
et qu'à partir du IX' siècl' 1 une . n e moins favorable, aux VII' et VIO' si e,
suite, marquée par 1 e 1;ssor écononuque a été continu jusqu'à la fin du XIII'. La IatlVement peu variable dans le temps.
1347 est moins c a conquete ottomane (BELDICEANU, p, 351-374) et par la peste de
,
cie suggère à l'état précis des rleux qu ' on peut dresser pour le XVI' SI'è-
alolli uonnue ' maIs fi Le rôle de~ flUCluations climaliques ." n-
SOuligner des pen:;::tour la Prospérité. La documentation écrite permet également de sid/Jéeest néce~s8lre de relativiser l' impact des fluctuations chmallques à 1 époque co
s
ottoman, et à la géogra"n: ~tructurelles, du.es à la continuité de l'État, byzantin puis kl' : Pour diverses régions les études se multiplient qui tendent à démontrer que
privées, distincts du tePt: ~ grands domames appartenant à l'État ou à des personnes ~ UI-<:I a san d ' • 'l' considérés et
~ SOute été limité en tout cas très variable selon les rru leux '
mOIre es CItés, existaient à l'époque protobyzantine. De même, IIlent dépendant des pratiques agricoles.
L'éVOLUTION DE L'OCCUPATION DU SOL lIT DU PAYSAGE
543
SERI/ARD GEYER 1JACQUES LEFORT
542 , 1 ble que la crise des Vile-VIII' siècles s'explique avant tout par la
, '1 est vralsemb a. èren! la peste de 541/42 et ses retours jusqu'en 747, On sa'lt du
Un impact faible semble évide~1 da~s l'exemple avancé p,ar M" MOrineau (cité par ]11lIs l 'entram ' 'é
Biraben, 1989), Étudiant la p~ucllon d un c~rtaon nombre d étabh~sements agricoles
n q'ffets de la peste furent, à proxlmlt ,graves ,à Co?stantinople où, sinon la
en France, du XVI' au. XVIII' sl~!e, Il a montr':' que la producllo~ à 1 hectare n'a gUère in' les e une proportion Importante de la populatIOn dlsp~rut: Et, au VII' siècle
varié du fait du Petit Age Glacl3lfe, pourtant ngoure~x , Les ,enseIgnements tirés de nos """üé (Oolns l" stallation par les empereurs, dans un but mlhtatre, de nombreux
travaux en Bithynie vont dans le même sens, pUIsque 1 évolutIon des paysages et de l'oc- ""'1 ~ aU vIII', 1; ion suggère qu'elle n'avait pas été épargnée et qu'elle était alors
cupation du sol s'avère y avoir été ontluencée essentlellem:nt par les aCllvItés hUmaines, ~ dans cette r '~rien non plus de la peste de 1347 en Bithynie, sinon qu'elle-même
Les travaux réalisés par M, Gmgo (1979) sur la d!,na~l1Ique des eaux COurantes dans saI u Ile, Onne sa~à la fin du siècle ont atteint Contantinople et les régions voisines
Jusqu 1 é 'd' , ,
l'Apennin septentrional ont montré que le potenttel eroslf des plUIes de fin d'été et d'au_ h' ue qui suit de tel es pl emles est en grande partie naturel et il est
tomne, qui livrent aux cours d'eau une charge sohde Impo,rtante, est plus élevé que celui l~ que la sécurité règne longtemps, Ceci a été le cas en Bithynie
des pluies d'hiver et de printemps, Ces constatatIOns souhgnent non se~lement l'impor_ d'autant plus .marq~le
sem avoir été bien peuplée au XIIIe siècle, comme dans la Bithynie
tance que peuvent revêtir d~ p~IIIS chan~ements dans le régIme des plUIes, très difficiles byzat'un,'equlXVI' ' éed
siècle, où la denSl! al l ta'Ion pourraIt
popu ' .etre de 20 habitants par
à percevoir, mais aussI le role Joué par,l homme qUI, par ses actIvités, et notamment Ses o!1om~e d~ 416),
pratiques agricoles, peut rendre le, ":Iheu plusou mOInS senSIble aux eff~ts érosifs des lJ!!2 (icJ-me(Oe, p,
précipitations, I.:impact d'une vanatlO~ chmattqu,eseralt donc tonclt~nd une fragilisa_ rôle du pouvoir politique " ,
tion plus ou moins poussée des géosystemes, fraglhsallon Ilee aux actIVItés humaines et b"~écUrité désorganise la produclton agncole, et, lorsqu elle se prolonge, Ses
variable dans l'espace comme dans le temps, En bref, l'Impau , eralt dépendant d'un seuil LJO d' nt dans le paysage plus dIrectement que la guerre par le nombre des
d'équilibre, d'un point limite à partir duquel se déclenche l ,'105ion, seuil évidemment tfft~ seu~l:l;~t (sur ce dernier point. MALAMUT, p, 484), Ç'est pourquoi" si l'on
directement dépendant de l'état du milieu,
JI n'y a pas une réponse unifonne du milieu naturel "Ii' ,;hangements du climat
morts qà liquer l'histOlre du paysage bllhymen au Moyen Age, 11 faul soultgner le
....n;heexp , ottoman, qUI' a sou venté ~
'~ l'E't 1 byzantin pUIS a len ad"
r USSI"b' rrumstrer, C ,est ce 1
mais des réponses multiples, qui sont fonction des réalités "':g ionales, sinon locales, ro~ de a, , '
témo i nent les sources ecntes" , . '" ,
oonl Ce so;t probablement les au~ontes locales qU!, a plus~eurs repnses, ont pris la déci-
ainsi que, dans une mesure certes variable mais toujours im r",nante, des interventions
humaines,
, d' baisser le niveau du lac d Izmk, translormant amsl conSidérablement le paysage
b, Le rôle des tremblements de terre SJOIIffr!t de nouvelles terres à la mise en l'aleur, D'après les données archéologiques et
La région souffre d'une sismicité importante, liée notoll1ment à la faille nord- d~géographiques, cette décision a été pri~e ~ l'époque ~OI~aine, entre le IX' e~ le x~
anatolienne, Les tremblements de terre sont fréquents et souvent violents; constituant ~de, et à nouveau vers la fin du XV", C~S l?dlcatlOns com~ldent avec ~e ,que l,on srut
une menace toujours grave pour les populations, ils sont aussi un agent efficace de de l'histoire de la région, Ajoutons qu au milieu du XVte slecle, on eSpeT31t ab31sser le
morphogenèse, L'organisation sociale est affaiblie du fait des destructions du bâti, de la nÎI'<audu lac en curant l'exutoire (ici-même p, 531),
désorganisation des communications, des séquelles sanitaires, des menaces qu'ils font
peser sur l'organisation politique, Les systèmes écologiques sont affectés, en raison des L'évolution du paysage et de l'occupation du sol, telle qu'elle est révélée par nos
glissements de terrains ou des éboulisations, de la fragilisation durable des versants ainsi enquêtes, s'avère donc avoir été essentiellement, mais non exclusivement, influencée par
que du couvert végétal, des variations du trait de côte, Nous avons évoqué l'éventualité les activités humaines: la mise en cOlTélation des données historiques, géographiques et
que localement, en Bithynie, des matériaux très grossiers, très peu triés, soient attribu- paIiobotaniques souligne un lien étroit entre les événements historiques majeurs (par ex,
ables à un glissement de terrain provoqué, en secteur sensible, par un tremblement de les grandes pestes ou au contraire les périodes de fort développement écononùque) et les
terre (GEYER, 1999), L'idée d'un rôle important des tremblements de terre dans l'histoire ~ marquantes de la transformation du paysage (voir fig, 3),
du paysage ne peut donc être rejetée a priori , Mais ce type de phénomène ne peut avoir
eu ~ue des effels physiques très localisés, Honnis lorsqu'il se produit à la suite d'une Si l'homme peut être considéré comme l'un des principaux responsables d'une évo-
pénode ,gravement perturbée par une autre catastrophe naturelle ou par une dépression
lution préjudiciable à ses activités parce qu'elle touche des milieux intrinsèquement
écono,mlque, le tremblement de terre peut être considéré comme ayant un coOt social et
maté,:"el supportable, Au niveau régional, et surtout lorsque l'événement a un caractère fia~les, ses conséquences n'acquièrent, dans la plupart des cas, une dimension draina-
répétlllf, Il entraîne fréquemment une réaction d'adaptation, voire de socialisation Ilcjue que lorsqu'interviennent simultanément des processus qui, pris in~vidue!le~ent,
(DUFAuRE, 1984), Sans vouloir minimiser leur importance, on peut estimer que les ~taJent,peu ~gressifs, Ainsi, alors qu'une épidémie de peste se propageru~ au s~m d,une
sél,~mes, marq~ent les esprits du fait de leur caractère singulier et de leur violence, plus Ikl\IUlatlOn bllhynienne nombreuse, il aurait suffi qu'interfère une fluctuatJo~ ~hmatique
qu Ils n ont d mfluence réelle sur l'évolution du paysage, llUneure pour que puisse se produise, dans une région préalablement fragIlisée par le
pouls d:s facteurs anthropiques, une dégradation irréversible du couvert v,égét~ et des
2, Les facteurs historiques ~~ Meme cette remarque doit être nuancée: il faut tenir compte de la d.iverslt~ de la
~ nque nous avons étudiée, L'éloignement des grands centres et des axes routiers au
a, Les fluct~ations démographiques II10mentdesé
JIOIti pl'dé'
rrues, 1, agressivité plus ou moins marquée du c l'Imat regl
' 'onallapro-
,
l'hiS~:~~cI~uatiolL'l ~émographiques ont joué un grand rôle, peut-être le principal, dans ~ :es terrains en pente dans la topographie sont autant de facte?" qui modulent le
XVt' aucu ' o;:cupatlOn du sol et du paysage en Bithynie Nous n'avons certes avant le !Jlndes ~ l,e sens des dynamiques évolutives, Il n'en reste pas mOllis que l~ rôle des
ne ID onuation directe Sur le volume de la pop~lation, ni sur son évolution, Cltastro tdémies est encore sous-estimé alors que l'on a tendance à altnbuer aux
P es natUrelles (les séismes notamrr:ent) un rôle qui est certainement exagéré, La
~'ÉVO~UTION DE L'OCCUPATION DU SOL ET DU PAYSAGE
545
BERNARD GEYER 1 JACQUES LEFORT oir 'oué un rôle particulièrement important. Si les ravages qu'elle occa.
544
" semble aV villes sont bien documentés, ses c~nséquences su~ les campagnes SOnt
Il" les rcevo ir. L'insécurité 7t la désorganlsallon co?sécutlves aggravent l'effet
à pc térieures. Une famme, une guerre pouvaIent ajouter leurs dégâts à
~us s p~s de sorte que le taux de mortalité pouvait dépasser 20 % sinon 30 'li
"':, déro~;RABEN, 1989). De telles hécato~be~ on~ nécessairement eu des répe;'
:I,p:>pulall~~é~ables sur le peuplemen~ et do~c limIté 1 occupation du sol. Les terres
(lISSions co~s rates des marges. des terrOIrs agricoles sont naturellement les premières à
&i/iciles et l~~es lors d'une Crise démographlqu. e . lnstables, elles se trouvent livrées à
'(!t abando? t plus fortement en cas de cOlOcldence avec une dégradation clima.
tr~lO . n, d autan 't être l'orlgme
. ' des deux crises. morp hogé' niques repérées en Bithynie
tiqUe. Telle Pourr~blent correspondre aux deux épidémies les plus graves qu'ait connue
3) qUI se
(cf. fi19.. née orientale.
la/olé<llterra
de cette étude, le lecteur peut constater que les informations recueillies
Au te~el'stes de disciplines très diverses convergent. Elles restituent une histoire
des SpeCI. 1
par roble vraisemblable.
qui nouSse

BœUOGRAPHIE
EN ].·N., 1989, La peste du VI' siècle dans l'Empire byzantin, Hommes et richesses
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11lJlDeS.
INDEX DES TOPONYMES

Abdalmurat Koprü (pont) : p. 468. Alypos (monastère) : p. 321.


Abrousia : voir Brousse. Amaréôn (emporion): p. 487 .
Acheiraô : voir Ochyrai. Anagourdis (village): p. 370.407.484.
Achyraous (ville): p. 327, Hadrianoutherae: Anbala (lieu-dit) : p. 172.
p.378 Anémas (monastère) : p. 440.
Ada (village) : p. 424. Andrôtè (île): p. 487.
Adopazan (ville) : p. 29. 354. 463. 505. Angaros : voir Sangaros.
Adliye (forteresse) : p. 220. Angélokômè (village): p. 370. 371 . 484.
AdJiye (village): p. 154. 177. 179, 180, 186,233. Anô Pylai : voir Pylai.
Adranès (évêché) : p. 331. Anôlakkos (monastère) : p. 449.
Adrania (évêché): p. 331. Anthimaurai (village) : p. 434. 449.
AdranOS (ville) : p. 224, 257,369.408. Adranoz : Antidion (monastère): p. 442-445. 451. 452.
p. 97, Adrianoi : p. 380, 400. Hadriani : p. 378. 454.456.477-479.
Hadrianoi pros Olympum : p. 380. Orhaneli : Antigoneia : voir Nicée.
p. 224, 257. Apamée. Apameia (ville) : p. 43. 45. 46. 49. 50.
Aèr(cours d'eau) : p. 89,481,482. 3 14.331 -332.377.378.38 1,408.409. 447,
Agalma (monastère, Nicée), Agalmatès : p. 449. 465. 468. Colonia Julia Concordia Apamea :
Agaures (monastère) : p. 385, 433,438.442-444, p. 381. Mudanya: p. 381.409.447.465.
446-448,451, 452, 454. 455, 457, 458. 468. 497. 498. Myrlei. : p. 377. - (forteresse,
477-479. monastère) Montania. Mountania: p. 322.
Aggé10kômis (village) : p. 407. 381.
Agros : voir Mégas Agros. Aphousia (île): p. 434. 447. 454. Av§ar adosl:
Ahilar (village) : p. 233. p.447.
Ahldogl (montagne) : p. 104. Apollônias (ville): p. 213. 324. 328. 332. 377.
Aigia10i (port) : p. 476. 378.382-383.387,393, 400.408.484.488.
Ak Dere (cours d'eau) : p. 522. Apolyontkoy : p. 83. 294. Pulinach : p. 83.
Akblylk (village): p. 104, 124. 125, 133.471, 382-383. Théotokiana: p. 382. - (lac)
Aqblylq : p. 104. Apollônias : p. 71. 378. Apolyont Golü : p. 26.
Akçakaya (village) : p. 294. 505. 213,463.
Akçapmar (village) : p. 505. Aqblylq : voir Akblylk.
Akçat (village) : p. 233. Archange (église. Pythia) : p. 449.
Akharem (village) : p. 530. Archange Michel (église. Poimanènon): p. 352.
Akhisar (forteresse): voir Métabo1è. - (circon- Archanges (église. Kumyak.): p. 253.
scription): p. 412, 413, 416. 417, 422-425. Arganthônios (péninsule) : p. 317. 327. 391. 434.
- (ville) : p. 362. 369, 370, Karag<iz : p. 369, 448. presqu'île d' Armutlu : p. 25.
Pamukova : p. 362, 364. 394. Aristè : voir Éristè.
Akkoy (village): p. 522, 534, Orhaniye : p. 258. Arita (monastère) : p. 433.
522.534. Arménok.stron (ville): p. 216. 217.468.473.
Akyazl (circonscription): p. 413, 416. 422, 425. Ermeni Pazarclk : p. 104. 125. Ermeni
AI-Gabhro : voir Éribolos. pazan : p. 364. 365. 372. 468. Pazaryeri :
Ali Emiri (port) : p. 370. p. 104. 126. 354. 413. Pazarctk : p. 133. 468.
Alifuatpa§a (pont) : p. 466. 471. ArmuUu (village): p. 391, 392. - (presqu'île):
Ahnc. (village) : p. 359, 365-366, Ahncak : p. 359. voir Arganthônios.
Ahmova, Ahunova (village) : p. 233, 234. Arn.vutkoy (viUage) : p. 448.
INDEX DSS TOPONYMES INDEX Des TOPONYMes 549
543

Artakè. Artaldon : voir Hyrtakion. Bnsilinopolis (ville): p. 332, 383, 384 Broullaudion (région) : p. 88. 324,327, 334,335,377,378,384, 387-389.
Artanas (cours d'eau): p. 318. 408,449,465, Çeltikçi : p. 383 384' 400, Brousse, Bursa, Bur$tI (ville) : p. 29, 44 -50, 52, 397, 408, 467, 476, 484, 491. 492, 500,
Anaqui : voir Hynakion. Ba! iskelesi (lieu-dit): p. 120,523: ,513. 53.74,82,83,97,98. 120, 121, 124, 126, Equise : p. 84, 388. - (presqu'lie) : p. 35.
Asèkrèlis (monastère) : p. 440, 449. B""ktraz (village) : p. 525, 526, Senaiye . 47 127,129,130, 139-149, 213,313, 322, 324, Czomschuran : voir Çavu~dan .
Ask.nios (lac): p. 122, 136,lznik : p. 25. 153, 525, 526. . P·O, 327,328, 333, 354, 369, 370, 372, 373, 377, ÇaklCca (village): p. 172.228,238-240,244,
154. 156. 169. 170. 177, 179, 186,392, Ba!klraz dagl (montagne) : p. 525, 526. 378,381,384-387,391-393,399,400.408, 519, 520, 522.
463, 536, 543. Ba!koy (village) : p. 407. 409,413,444,447,452,453,456,461,465, Çamdibi (village) : p. 240.
ASlakos (ville): p. 377, 399. Batak Dere : voir Beylikdere. 467,468,470,476,482,489-498,511, 522, Çark Deresi, Çark Su: (cour.! d'eau) : voir Mélas.
Astrabète, Astrabik, Astrabikis (port) : p. 370. Batnaz : voir Bidnos. 539, Abrausia : p. 82, Théoupolis : p. 384. Çatalkôy : voir Mu!küre.
A~gl Hereke : voir Charax. Batnaz Alanl (lieu-dit) : p. 362. Bryas (port) : p. 314. Çatalta! (village): p. 534.
A!agl Ula!h : voir UI.!h. Batnaz oreni (village) : p. 369. Bryellion (village) : p. 89. çavuj çiftligi (village): p. 241. 533.
Atbumu : voir Kelb Buml. Baymdlr (village) : p. 505. Bulgurlu (village) : p. 524, LUtfiye : p. 524. çavujdan (village): p. 129, 130, Czamschuran:
Athroa (village) : p. 445. BaYlrkoy (village) : p. 235. Burcun (village) : p. 216. p.129.
Attou (village) : p. 54. Bednas (ville) : p. 97. Bursa (ville) : voir Brousse. - (circonscription) : çavujdan çejmesi (lieu-dit) : p. 130.
Atroa (plaine) : p. 209, 321, 407, 443, 445, Bednos Alanl (village) : p. 369. p. 413, 416, 417, 419, 420, 422-425. çavu! koyü, Çavujkoy (village) : p. 218. 259.
478-480, 540. Belenalan (village) : p. 235-237, 249. _ (plaine) : p. 26. çaylC Burun (lieu-dit) : p. 294, 296-297.
Aulètos (monaSlère) : p. 433. Belheris, Boyunkaya (village) : p. 237-238. Bük (village) : p. 244. ÇaylChk (lieu-dit): p. 171, 172,294,297.
Avdan (village) : p. 505. Bèlakômis (village): p. 370, 371, 407, 484. Büyük ada, voir Prinkipô: Çekirge (thermes): p. 26, 31 , 74, 97, 385.
Avdan Dag (montagne): p. 26, 155,216,220. Benli (village) : p. 237. Büyük camii (mosquée, Üsküdar) : p. 115. Çelebiçiftlik (ferme) : p. 527.
Av§ar adasl. voir Aphousia. Bereket (village) : p. 505. Büyük Dere (cours d'eau) : p. 116. Çeltikçi : voir Basilinapolis.
Ayas koyü (village) : p. 124. Be!ikta! (lieu-dit) : p. 295-296. Büyük Kale (forteresse) : p. 220. Çengiler (village): p.383, 511, 513. 533.
Ayazma (village, Yalakdere) : p. 165, 295,449, Be!koprü : voir Pentégéphyra. Camasl Dere (cours d'eau) : p. 101. Sugoren : p. 383, 511. 513.
469,515. Be!ta! (teUe, Eskijehir) : p. 360. Camoudia : voir Nicomédie. Çiçekli : voir Koristan.
Ayazma (village, Olympe) : p. 443, 446. Be!ta! (manumenl funéraire) : voir Dikilitaj. Caracas: voir Charax. Çiftekayalar : voir Péladarion.
Ayazma Dere (cours d'eau): p 448. Bey sarayl (palais, Brousse): p. 141. Cembî Delik (porte, Nicée) : p. 520. Çiftlik (village): p. 229, 241 , 505.
Ayazmaçukur (village): p. 157, 160,202, 203. Beylik : voir Eski!ehir. Césarée: voir Péladarian. Çiftlikkôy : voir Pylai.
Aydmlar(lieu-dit}: p.171, 195. Beylikdere (cours d'eau) : p. 526, Batak Dere: Chalanès (tour, Nicée) : p. 58. Çinàrlu (colline) : p. 102.
AynegOi (ville) : p. 96. lnegOl : p. 96, 362, 364- p.526. Chalcédoine(ville):p.115,116,313-315,319, Çingyan Kale (forteresse): p. 213.
367, 371,407,409,468,511. - (circons- Beyoglu deresi (cours d'eau): p. 121,523-526, 327, 400, 403, 444, 463, 473, 474, 481, Çisr-i Sitâre : voir Sitare Kôprü.
cription): p. 417, 423. 534. Kadikoy: p. 66, 463. Çmarh (village): p. 102.
Ayv,!" dagl (montagne): p. 117, 525,526. Bidnos (forteresse) : p. 369, Batnaz : p. 369. Chalkagkômis (village) : p. 88, 407. Çlnarh Dere (cours d'eau) : p. 102, 103, 118.
Baanè (lac): p. 214, Sapanca.: p. 25, 215, 354, Bileeik (ville): p. 29, 96, 130, 147,246,264, Charax (forteresse) : p. 83, 102, 117, Aja8J Çaban KaJe (forteresse, Yalakdere): p. 165,215,
463,474,475, Sophôn : p. 484. 294,296,359,360,364-367,371,372,407, Hereke: p. 102, 117, Caracas : p. 83, Hereke: 294, 298, 406, 469, 505, 516, YaJakâbâd
Baba sultan (couvent derviche, Yenijehir) . p. 104. 409, 471. p. 83, 102, 117,215, QaJ'a-i Hereke : p. 102. kaJesi, p. 516.
Babasultan (village): p. 234, 253. Bistilas (monastère) : p. 433. Chactaphilan : voir Kartalimèn. Çoban Kale (forteresse, Sakarya) : p. 220.
Bacab : voir Yalaclk koy.
Bithynie (circonscription) : p. 327,332-333,397, Chasian (lieu-dit): p. 47. Çaban Mustafap""a camii (mosquée, Gebze) :
Babçecik (village) : p. 523, 526. 399. Chèlè (ville) : p. 370, ~ile : p. 370. p. 116.
Babçekapl (porte. Nicée): p. 136.
Billiniana (village) : p. 407, 477. Chènalakkas (monastère) : p. 432, 433. Çukurca (village) : p. 365.
Baïoullou (village) : p. 89.
Boa (lieu-dit) : p. 67. Chivetat : voir Kibôtos. Çukurhisar (village): p. 130.
Balabanclk (village) : p. 234.
BOcek Ayazma (source, Nicée) : p. 123. Christ de Balènas (monastère) : p. 449. Dakibyza (ville): p. lOI, 116, 117, 463.474,487,
Balabandere (défilé): p. 513.
Bolion : voir Balaios. Christ de Kôphos (monastère) : p. 449. Gegibize, Gebze: p. lOI, 102, 103, 116,
Balaios, Baléos, Bolion (monastère) : p. 442,
Bômoi : voir Élegmoi. Chrysapolis (ville) : p. 115,315,320, Scutari, 117, 137, 138, Viso: p. 116.
444,452,454,456.
Bordai (monastère) : p. 324 Skautarian: p. 81, ilS, 116, 120, 138,439, Damai. (village) : p. 81, Damalis : p. 81.
Ballkhayazma : voir Drakos dere.
Borokentian (village): p. 89. Üsküdar: p. 101. Damattys (lieu-dit) : p. 321.
Baruhrma (ville) : voir Panormos. - (golfe) : p. 26.
Baskytian (domaine) : p. 72, 73, 319, 435, 450. Cio: voir Kias. Daphnausia (évêché): p. 319, 335, 401, 406.
Bapheus (lieu-dit): p. 92, 94, 326, 367-370
386, 395, 399,402. ' Bostanctkoprü (pont): p. 115. Cihadiye : voir Karakilise. Danca : voir Ritzion.
Barçin (village) : p. 234-235. Bayahca (village) : p. 63,237,465,505,511, Cihankôy (village) : p. 383. Daskylion, Daskyleian (ville): p. 335, 3n. 378,
Basgoulas (barneau) : p. 88. 514,519,528. Civetat, Civitat : voir Kibôtas. 387, 389-390, 400, 408. 492, Diaschila :
Basileia (lieu-dit) : p. 475. Bayunkaya : voir Belheris. Calani. Julia Cancardia Apamea : voir Apamée. p. 390, Ejkel : p. 389, Ghiaghillo : p. 492.
Basiliques (lieu-dit) : p. 476. Boz Bumu : voir Posidonion. Côme et Damien (église) : p. 452. Débôra (village) : p. 88.
Bozüyük (village): p. 104, 127, 133,354,468, Dede Tepe (montagne) : p. 443.
Cyzique (ville): p. 44-48, 51, 52-54, 56, 84,
511 , Boz Üyük: p. 104. Deginnendere (village): p. 527.
212, 248,294,298,311-316, 318-320,323,
INDEX DES TOPONYMES INDex DES TOPONYMes
550 551

Dékaton (village): p. 474. Broek (ville) : voir Hyrtnkion. - (gOlfe) . Gftvurkôy (villoge): p. 511, 522, Merdigilz: Hagio. Charalampo. (village): p. 533,
Denilc.h (village) : p. 242. Erdognn : voir Dinboz, . p. 26. p. 470, 511, 514, 519, 520, 522, Ynlakdcre : Hnclmehmetlcr : p. 533.
Dement: voir pamukca derbcnt. Erecekler (lieu-dit) : p. 299. p. 511. 522. Yenikôy: p. 511, 522. Hagios Eu!tébios (circonscription): p. 336
Derbend-i Enneni : voir Enncni derbend, Eregibnla : voir Tepekoy. Gebze : voir Dakibyza. Hahdere (échelle): p. 527.
Derbend-i Qallqlu (défilé) : p. 103, 121 Eregli : voir Hérnkleion. Geçit (lieu-dit) : p. 464. Halykas (lieu-dit) : p. 392, Kyparissios : p. 392.
Derek6y (souree) : p. 31. Ergili (village) : p. 389. Gegfblze : voir Dakibyza. Hamarnh : voir Milètopolîs.
Derek6y (village) : p. 505. Éribolos (emporion): p. SI, 470, 480, 487, ,0.1- Dedelek (village) : p. 31, 513. Hamidiye (village): p. 534.
Diaschilo : voir Daskylion. Gnbhra, EI-A'bm: p. 81,487. Gemiç (village) : p. 530. Harmankaya, Harman Kily (village): p. 354. 360.
Dikili(n~. Dikili Ta~ (monument funéraire): Ericik (village) : p. 209, 301. Gemlik (ville) : voir Kios. - (fossé) : p. 25, 38. Hasankoy (village) : p. 524, Selimiye: p. 524.
p. 103,203,470,519, Be!t.!: p. 519. Éristè (évêché) : p. 401, 406, 446, Aristé: p. 406 _ (golfe) : p. 26, 103. Hayriye (village) : p. 247, 445.
Dil iskelesi (échelle) : p.368, 369. 511 . Éristè (monastère): p. 446,479. . Gèragatheus (hospice de) : p. 449. Hcbdomon (village) : p. 474, 482.
Dimylia (village) : p. 89. Ermeni Beli (défilé) : p. 364, 365. Germanikè : voir Péladarion. Hélénopolis (ville): p.68 70. 81. 212. 215.
Dinboz, Dimbo" Dinanoz (vill.ge) : p. 97, 369, Ermeni derbent (village): p. 104, Derbend_i Germece (circonscription) : p. 362. 390-391.408,449.469,474,476.482,484.
Eroogan : p. 369. Ernleni : p. 126. Geyve (ville) : voir Kabaia. - (ciconscription) : 488, Drépanon: p. 390. 514, Hersek : p. 212.
Diolkidés (échelle): p.70. Ermeni Pazarclk : voir Annénokastron. 412,413,416,417,422-425. 233,247-248,336,368.390,409,469,510.
Dlrazali (village) : p. 243, 505. Enneni Pazan (ville): voir Arménokastron. Ghiaghillo : voir Daskylion. 511,514,526,532, Souga : p. 390.
Domaniç(ville): p. 354, 359.-(cin:onscription): - (circonscription) : 413, 416, 422, 425. Gonca (village): p.527, 532, Eskigonca: Helgas (lieu-dit) : p. 378.
p. 413, 416, 417, 420, 422-425. - (défilé): Ennenikoy (village) : p. 533. p. 464, 527. Hélikorè : voir Nicée.
p.365. Ennenisolüz : voir YenisolUz. Gorooserba (évêché) : p. 335, 406. Hèliou BômoÎ : voir Élegmoi.
D6ngel (village) : p. 523. Esadiye (village) : p. 513. Gouhograiko (cireonscription) : p. 335 Hellespontos (village) : p. 407, 478.
Dorkôn (emporion) : p. 320, 487. Eski Bey Yolu (route) : p. 369. Goulielmos (tour) : p. 2 \3. Hendek (ville) : p. 354.
Donnition (église, Nicée): p. 58, 122, 134, 148. Eski Kale (foneresse, près de Nicée) : p. 215. Goulaion (monastère) : p. 438, 446. Hérnkleion (emporion): p. 88, 209. 370. 470.
DoI)'Iée (ville): p. 313, 322, 467, 468, 471, 476. Eski Kale (forteresse, près de Pazarkôy) : p. 383, Goulios, Goulion (forteresse): p.223, Eski 480, 487, 527, Eregli : p. 209,470. 527.
- (plaine): p. 217. 513. Karaagaç : p. 223. Hérnkleion (monastère, Kios) : p. 433. 435, 438.
Drakôn, Draco (cours d'eau): p. 68, 156,449, Eski Karaagaç : voir Goulios. G6çôzU (village) : p. 359. 448,450,453,457.
469,484,522, Kll'kgeçit: p. 516, Yalakdere: Eski Manyas : voir Poimanènon. Goksu (cours d'eau, 0 de Nicée) : p. 154, 171, Hereke : voir Charax.
p.38, 154, 156, 157, 162, 165-169, 196,201 , Eskigonca : voir Ganea. 172, 177, 186, 191. Hersek : voir Hélénopolis.
202,215,368, 369,469, 515, 522, 538, 539. Eskihisar : voir Nikètiata. Ooksu : voir Gallos. Hespekli (village): p. 520, 526.
Drakos Dere (cours d'eau) : p.lOl, 115, Eski!ehir (ville): p. 130, 131 , 354,359,360, Gôl (ville), Golpazan : p. 364, 365, 406, 467. Hespekli suyu (source) : p, 520.
Ballldlayazma: p. 101, 115. 362-364, 468, 471, 511, Beylik: p.131, - (circonscription) : p. 354, 365, 369, 412, Hiéragathè (monastère. Nicomédie) : p. 433, 449.
Drakostepe (colline): p. 101, Màldepe: p. 101, Sultanoyügü : p. 354, 359, 372, SultanonU : 413,416,417,422-425. Hiéria (résidence impériale) : p. 482.
Orhan Tepe : p. 10 1. p. 354, 372. GOlayagl (cours d'eau) : p. 26, 513, Garsak : p. 26. Hiéron (village): p. 370, Yoros (Anadolu
Drépanon : voir Hélén~polis. Eskiyaflmca (village) : p. 117. GôlcUk (village) : p. 70. Kavak) : p. 370.
Duman Dag (montagne): p. 391. Ejkel : voir Daskylion. Golfalanoz (village) : p. 365, F.I.nos : p. 365. Hisar (quartier. Brousse): p. 139.
Düzmeje (village) : p. 243. E!kel Liman (port) : p. 389. GôllUce (village) : p. 245-246. Hisar kaptS1 (pone, Brousse): p. 139-141,
Egerce (village) : p. 243-244. Euboulou (village) : p. 88. Gmpazan : voir Gol. Saltanat kaplS1: p. 139, Tabai< kap1Sl : p. 139.
Egrio" Egriozü (forteresse, village) : p. 130,359. Eunuques (monastère), Eunouchoi : p. 439, 446,
El-A'bra: voir Éribolos. GoynUk (village) : p. 357, 365. Hisarcik (village) : p. 248, 294, 299, 505.
452, 476, 477. G6ynUk Dcre (cours d'eau) : p. 412, GoynOk
Élaia (~iIlage) : p. 70, 71, Zeitun Burun: p. 70. Falanos : voir GOlfalanoz.
Hisardere, Korkuluk (village): p. 24S, 505.
ÉI81obômOI : voir Élegmoi. Su (cours d'eau) : p. 354. Hisarin (cou~ d'eau) : p. 526.
Fatih camii : voir Saint-Étienne. Goztepe (village) : p. 29. Hocakoy (village) : p. 248.
Elbeyli (village) : p. 244, 505.
Fldan ha", (caravansérail) : p. 129. GUlUmbe (village) : p. 246. Hôrai. Pègè (monastère): p. 441, 442.
Élegmoi (monastère) : p. 60, 253, 322, 328, 440,
Filadar: voir Péladarion. Gilmü! deresi (cours d'eau) : p. 125.
~l, 445, 457, Bômoi: p. 452, 457, Élaio- Hüdavendigar (circonscription): p. 354, 364.
Fuglaclk (village) : p. 294, 300, 470, 519, 520, GUmU!IU KUmbet : voir Osman tUrbesi. HUseyinç"'lme (fontaine) : p. 520.
bômOi : p. 440, Hèliou Bômoi : p. 440, 447 522,533.
Élos (village) : p. 407. . GUndogdu (village) : p. 221, 386. Hyakinthou (monastère, Nicée) : p. 433, 445,
Elmahk (village) : p. 533. Galakrènai (monastère) : p. 440. GUnilren (village), Günüviran : p. 246-247. 449, 453, 479.
EngUrüclik (village) : p. 466. Gallos (cours d'eau): p. 450. Goksu : p. 104,217, GUrle : voir Kroulla. Hypolychnion (monastère) : p. 438.
Enkere (village) : p. 298-299. 450,467, Kocasu: p. 104, 124,217. Güzelyah (village) : p. 239.
Gallos: voir Kadôsia. Hyrtakion (ville) : p. 212, 388, Artakè, Artakion.
Enkere : voir Sangaros. HaclmehmeUer : voir Hagios Charalampos. Artaqui: p. 213,388, 389, 484, ErdeI:. : p. 212-
Ennato. (lieU-dit) : p. 475. Garipçetekke (village) : p. 249.
Hactosman (village) : p. 305. 245,388, Seytgazi tepesi, p. 212.
Epsede (village) : p. 244-245. Gmak : voir Gmayagl.
Hadreianeia (ville) : p. 378. Ihsaniye : voir T.tarkoy.
Equlse : voir Cyzique. Gâvureregli : voir Mégalophos.
Gâvurkoprü (pont) : p. 520. Hadriani, Hadrianoi pros Olympum : voir Adranos. Iki Kule : voir Kuleler.
Hadrianoutherne, voir Achyraous. !kizce (viUage): p. 365.
552 INDEX DES TOPONYMES INDEX DES TOPONYMES 553

IIlc.pmar (source) : p. 31. Knracnjehir (forteresse): p. 130. Kerner kôprU : voir Kissahan KôprUsU.
Kôprübru;1 (village) : p. 466.
lltpmar (source) : p. 31. Karnçepuj (village) : p. 362, 369. Kemiklidere (cours d'eau): p. lOI, Vmur Dere: KôprUhisar : voir Pithèkas.
IIkburun : voir Kelb Bunll. Knrndng (montagne): p. 26,34,213 415 Karistan (village) : p. 255, Çiçekli : p. 255.
p. lOI, 116.
lIyasca (village) : p. 249. Karndegin (porte,lznik): p. 216, Le",e. p'4 20. KôrUkle : voir Kouboukleia.
Kentinarion (tour, Nicée) : p. 58.
Irnrah : voir Kalonymos. 251 . . . 2 1, Kerarnel (village): p. 172,294,301, 528, 533. Kraulla (forteresse): p. 215. 370. 371. 466.
Ince lskele. Incir iskelesi (village) : p. 117. Karadere (village) : p. 533. Kéram idas (forteresse): p. 213, Mouchlta: p. 213. KurIa: p. 98, 466, GUr1e : p. 98. 215_ 247.
InegOl (ville) : voir Aynegol. - (circonscription) : Karadin : voir Karatekin. Kerdônéa (village) : p. 89. 466,530.
p. 413, 416, 422. 424, 425. - (plaine): p. 26. Karagoz : voir Akhisar. Kersinè (village) : p. 450. KüçUk Tersiye (village): p. 463.
Inhisar (village) : p. 360. KarahilyOk : voir Midaïon .. Kestel (ville): p. 97, 221, 369, 424, 468, 470. Kulaca (forteresse) : p. 365.
Inikli (village) : p. 249-250. Karakilise (village) : p. 123, Cihadiye: p. 123. Ke~i~ dagl : voir Olympe.
Kuleler (forteresse) : p. 217-218. 294, 301-302.
Inonil, inëfii : p. 104,359,363. Karaklltse (bapllstère, Pylai): p. 213, 528. Kibôtos (forteresse): p. 77, 212, 324, 391, 406, Iki Kule : p.217.
lpek ha", (caravansérail, Brousse): p. 494 (vIlle) : VOir Pylai. 468, 469, 474, Civetot, Civitat, Chivetot: Kulfalar (village) : p. 256.
Istanbul çaym (lieu-dit): p. 518. Karakoy (village): p. 126. p. 77, 80, 81, 83, 212, 329, 464, 469, 474-476. Kumbajl (village) : p. 520, 534.
lt Sumu, Il Burum, Itbumu : voir Kelb Burm. Karakoy bogazl (vallée) : p. 126. KilezDere, Kilezçayl (cours d'eau) : p. 84,103. Kumla çiftligi (village' : p. 120.
il ~ini (lieu-dit) : p. 365. 366. Karah : voir Midaïon . 120,523,526. Kumyaka (village) : p. 253.
Izmit (ville) : voir Nicomédie. - (fossé) : p. 25. 38. Karamürsel : voir Prainétos. Kios (ville): p. 43, 47, 48, 212, 313, 314, 323, Kurbagahdere (cours d'eau): p. 115.
Iznik (ville) : voir Nicée. - (fossé) : p. 25, 26, 38. Karasu (cours d'eau): p. 31,104,126,354 364 336_337,370,377,378,384,391-392,400, KurIa: voir Kroulla.
- (lac) : voir Askanios. 413. ' , 408, 409, 448, 464-466, 468, 488, 529, Ku,,!unlu (village. à l'est du Ryndakos): p. 60.
Iznikmid. iznikomfd : voir Nicomédie. Karatekin (forteresse): p. 216, 362, 406, Karadin: Cio: p. 465, Prusias ad mare: p. 377, 384, 253,448.466.
Kabaia (ville): p. 220,407,463,466, Geyve: p.216, 253, 294, 300. 466, 471, 505, Schinae: 391, Gemlik: p. 120,212,391,409. KUl'junlu (village. à 1'0 du Ryndakos) : p. 446, 479.
p. 220, 360, 369, 370, 407, Kâwiyâ : p. 466. p.466. Kite (forteresse): p.97, 222, 254, 294, 301, Kurtkoy (village) : p. 147.254.
Kadias (village) : p.54. Karsak (village) : p. 530. 369,371,407, DrünlU: p. 222, 254, 407. Ku, Golü : voir Manya< (lac).
Kadikoy (village) : p. 533. Kartalimèn (ville): p. 115.314, Chartophilon: Ktrkgeçit : voir Drakôn. KUjdili (lieu-dit) : IlS.
Kadikoy (ville) : voir Chalcédoine. p. IlS, Kartal: p. 115, 116, 138. Ktrkmerdiven (rampe, Brousse) : p. 139. Kyminas (montagne) : p. 439, 450.
Kadôsia (évêché): p. 336, 401, 406, Gallos: Kaslm paja camii (mosquée, Bozüyük): p. 104. Ktrkmerdiven (route) : p. 470, 518. Kypanssios : voir Halykas.
p. 406, 474, Lophoi, Lophos : p. 406, 474. Kastoulos (village) : p. 407, 444, 478. Ktssahan Koprüsü, QIssabl\n Koprüsü (pont) : Kyr Georges (forteresse): p. 85, 88, 89 215,
Kakalos (village) : p. 442. Katabolos (région), Kalabolion : p. 72, 447, 448, 406, 407, 449, 465, 468-470, 482.
p. 10 l, Il 6, Kerner koprü : p. 10 1.
Kalarnôn (monastère) : p. 440. 452,454,456,476. Ktzanltktepe (forteresse): p. 209, 294, 301. Kyrizos (lieu-dit): p. 317.
Kalathos (lieu-dit): p. 47.
Kathara (monastère): p. 48, 52, 314, 322, 432, Klzderbent (village): p.254, 470, Sil, 514, Lakkoi (monastère) : p. 433.
Kalbursu (cours d'eau) : p. 124. 433,437,448,449,453. 516-518,533. Latomion (emporion) : p. 480.
Kale Tepe (forteresse): p. 215. Kattrlt (village): p. 391, 448. Ktzdkoy (village) : p. 254, 50S. Leblebici Hisar (forteresse) : p. 369.
Kalléon (emporion) : p. 487.
Katoikia (village) : p. 222, 370, 371,407,484. Kocadere (cours d'eau): p. 31, 415. Lefke (ville) : voir Leukai.
Kalonymos(île): p. 147,319,447, Imrail: p. 147, Kavak (échelle): p. 515.
240,447. Kocaeli: (circonscription) : p. 354. Lefke (porte, lznik) : voir Karadegin.
Kavak (village), KavakmuhafazakuJübesi : p. 359. Kocasu : voir Gallos. Lentiana (forteresse): p. 213, 324. 407, Tophisar:
Kalos Agros (emporion): p. 54, 314, 320,487, Kavakll : voir Kazlkhdere.
Tuzla : p. 487. Kochlia (lieu-dit) : p. 444. p. 213, 290, 293, 294. 303-305, 407.
Kavakmuhafazakulübesi : voir Kavak. Kokarca (village): p.254, 470, 518, 534, Lentiana (montagne) : p. 324.
Kaloukômè (village): p. 407.
Kâwijâ : voir Kabaia. Mamuriye: p. 518, 534.
Kalouménè (village): p. 442. Leucate (port): p. 318. 328, 476.
Kayabeli : voir Maan. Kokkeianè (village) : p. 88.
Kalymnos (lieu-dit) : p. 443. Leukai (ville): p. 217_ 407. 450, 467, 471.
Kayalt Dere (cours d'eau): p. 519. Kokkinobaphos (monastère) : p. 439.
Kapldag (montagne): p. 26, 413. Lefke: p. 228, 369, 407. 467. Osmaneli:
Kayapa (village) : p. 259.
Kaptkaya (lieu-dit): p. 517. Konaklt : voir Mégalophos. p. 217, 354, 407, 450, 467, 505.
Kapltca : voir Pythia. Kayl§ dag : voir Mont Auxence.
Korakos Képhalè (montagne) : p. 444. Leukas (métoque) : p. 452.
Kap~ca kaplSl (porte, Brousse) : p. 140. Kaynarca (village): p. 155,216,253,294,300-1. Korkuluk : voir Hisardere. Leukon Hydôr (monastère) : p. 433.
Kara Buron (cap): p. 390. Kazlk Musa (village) : p. 372.
Korukoy (village) : p. 255-256. Liada (étape) : p.470.
Kazddldere, Kazlklt (village) : p. 103, 120, 136,
KaraDere(coursd'eau,af1I.du Makestos) op. 213. Kotoiraikia (région) : p. 324. Libadhia : voir Lopadion.
Kara Dere : vorr Phannoutios. 137,369,523,524,526, Kavakll : p. 120.
Kouboukleia (forteresse): p. 302, 407, 484, Libos (montagne): p. 314.
Kara Yalva (forteresse) : p. 528. Kazlklt deresi (cours d'eau) : p. 120.
Motor Tepe : p. 294, 302, Korükle : p. 223. Libum (étape) : p. 470, 525.
Karaagaç (village) : p. 253, 438. KeJb Buml (village): p. 363, Atbumu : p. 363, It
Koulélè (village) : p. 88. Libyssa (étape): p. 117, 137,472.
Karacabey : voir Michalik.ion. Bumu,lt Burum, Itbumu : p. 363, lIkburun :
p. 363, Vludere : p. 363. Koyunhisar (forteresse): p. 97, 221, 294, 301, Linoè (évêché) : p. 337, 406.
Karacahisar (ville) : p. 96, 358, 362-366. 369,470,471.
Kellia (monastère) : p. 322, 433, 442, Mégala Loipôn (village) : p. 88.
Karacakaya (lieU-dit) : p. 215 294 299-300 Koyunlu (village) : p. 256.
505,529. " , Kellia : p. 442. Lopadion (ville): p. 82_ 83, 210, 213, 324, 328.
Kemaliye (village) : p. 242, 299. Koza ham (caravansérail, Brousse) : p. 494. 329,337,373,383,388,389,390.392-394,
KomilrlUk (village) : p. 471. 396, 408, 409, 467, 468, 475, 476, 481,
fNDEX DES roPONYMES
., INDEX DES TOPONYMES 555
554

482, 485, 488, 489, 492, 497, Loupadin, Mésôn (village): p. 445, 446, 479, 480 Opsikion (circonscription): p. 75. 315. 316.
Mylai (monastère) : p. 438.
Loupadion: p. 328, Libadhia: p. 82, Mésonèsos (région) : p. 463. . 318_324,330,342-347,387,389,394.397,
Myriokopon (emporion) : p. 480.
Lupaire : p. 393, Lùpato : p. 390, Uluabat, Mésothynie (circonscription): p. 327 338 3 445, 476. 485.
Myrleia : voir Apamée.
Ulubat: p. 97, 392. 467. 369. ' ,68. Optatianai : voir Optinianai.
Myrsinè (forteresse) : p. 381.
Lophoi, Lophos : voir Kadôsia. Métabolè (forteresse) : p. 220, 320, 394 39 Optimates (circonscription): p. 88, 316. 317. 322,
Nadidsource) : p. 31.
471, Akhisar: p. 220, 395, 409.' 46~'
Loupadin, Loupadion, Lupaire, Lupato: voir 324,327,330.338,347-348.377.391,405.
Nasockli (village): p. 525. _
Lopadion. Néakômis (village) : p. 87, 370,407,469, Néon Optinianai (faubourg. Nicomédie): p. 71.
Malagma, Malagna, Melàdjina, Mélagina:
Lütfiye : voir Bulgurlu. MélangeIa, MélalOa, Mélangia, Mélangios' Kômè : p. 407. Optatianai : p. 71, 480.
Maan (village) : p. 256, Kayabeli : p. 256. p. 209, 213, 220, 315, 316, 321, 323 327' Néocésarée (ville) : p. 338, 396, 400, 406. 408, 446. Orhan camii (mosquée, Gebze) : p. 116.
Magara (forteresse) : p. 220. 328,370,394-395,408,409,466,476,484' NéoChôri (village) : p. 524, 533, Yenikoy : p. 524, Orhan camii (mosquée, Nicomédie): p. 118.
Makâjâ : voir Mekece. Méla, Mélina : p. 338, Pajalar : p. 220 294' Orhan Tepe : voir Drakostepe.
533.
Makestos (cours d'eau): p. 213, 378, Simav 302, 394, 395, 466. ' , Nicée, Nikaia, Nikè (ville) : p. 43, 45-47, 49- Orhan türbesi (mausolée. Brousse): p. 141-43,
çayl : p. 213. Métôpa (lieu-dit) : p. 446. 55, 56, 58, 61, 65, 68, 73, 74, 78-92, 98, 145-149.
Malàdjina, Malagina, Malagna : voir Métabolè. Michalikion (ville) : p. 467, Mihaliç: p. 394 120-123,133-137,170,210, 2Il, 214, 215, Orhaneli : voir Adranos.
Mâldepe : voir Drakostepe. 395.409,467,492,497. 511, Karacabey; 289, 31I-313, 315, 316, 318-321, 323, 324, Orhangazi : voir pazarkoy.
Maltepe (village): p. 99, 101, 115. p. 394, 395, 467. 326_329,338_340,370,373,377,378,383, Orhaniye : voir Akkoy.
Mamcalar (village): p. 61. MidaIon (village): p. 130, Karah, p. 130, 385.387,390,392,393,396-400,403,408, Ortakoy (village) : p. 513. 528, 533.
Mamuriye : voir Kokarca. Karahüyük, p. 130. 409,441,445,449,461,465-467,469-471. Osman türbesi (mausolée, Brousse) : p. 141-145,
Manasur (cap) : p. 447. Mihaliç : voir Michalikion. 473-475,477. 478, 480-486, 488, 489, 499. 147. Gümüjlü Kümbet: p. 144.
Manastir Dere (cours d'eau): p. 448. Mihaliçcik (région) : p. 354. 503, 520, 526, 529, 531. 532, 539, 540, Osmaneli : voir Leukai.
ManastIr Tepe (montagne, Olympe) : p. 446. Milètopolis. Mélitopolis (ville): p. 378, 387, Antigoneia : p. 396, Hélikorè : p. 396, lznik : Osmaniye (village): p. 470.
ManasnrTepe (montagne,Arganthônios): p. 448. 393,395-396.408. Hamamh: p. 395, Melde, p. 29, 38, 96, 98, 103, 120, 121. 166, 172. Ostreas (village) : p. 88.
Manyas (lac): p. 26, 214, 378, KUj Gtilü: p. 214. Melde çifltik : p. 395. 177, 191, 194,230,250-251,292-293,354, Otroia (région) : p. 445.
Marykatou (village): p. 71, 407, 478. Misikoy (village) : p.445. 367,368,370,371,399,504,510, 5Il. 514, Orencik (village): p. 215.
Maximianai (évêché) : p. 318, 406. Miskoura (lieu-dit) : p. 215. PaJorme : voir Panormos.
521,523, 529, 530, Qal'a-i iznik: p. 103.
Mecidiye (village) : p. 29, 257. Mizal : voir Muza!. Yaznîk : p. 98. - (lac) : voir Askanios. Pamukca derbent (village): p. 103, Derbent:
Medetli (village) : p. 62. Modrènè, Modrina (ville): p. 315, 406, 464, Nicomédie (ville): p. 43-47, 49-57, 65, 66, 70, p. 103, 104,242,470,471.
Médikion (monastère) : p. 72, 75, 257, 262, 322, Mudumu : p. 360. 364. 464. 71,77. 82-84, 92 , 96, 103, Il7-120, 135, Parnukova (ville) : voir Akhisar. - (fossé): p. 25.
323,433-435,437,438,440,441,446,451, Monagros (monastère) : p. 433.
453-455. 137,212,214, 3Il-315, 319-324, 326, 328, Panagia Pantobasilissa (église, Triglia): p. 239,
Monokamarou (pont) : p. 450. 340-342, 362, 370, 373, 377, 378, 383, 258,260.
Mégala Kellia : voir Kellia. Monokastanos (lieu-dit) : p. 440, 442.
Mégalophos (forteresse): p. 88, 209, Gàvureregli : 390-392, 396, 397, 399-402, 404, 405, 408, Panayrrdere (cours d'eau) : p. 446.
Mont Auxonce: p. lOI, Kaylj dag : p. 101,432, 409,449,463,464,470,471,473-476,481, Pandèmos (région) : p. 407, 446, 476, 478. 479.
p. 527, 533, Konakh: p.527, Tepekoy:
Saint-Auxence: p.314, 317, 432, 475, 482, 485, 486, 488, 489, 492, 495, 497, Panormos (ville): p.323, 348, 467, 488,
p. 527, 533.
Skopa: p. 314,432. 500,509,524,526,539, Carnoudia: p. 82, Palorme : p. 83, Bandrrma : p. 29, 83, 467.
Mégas Agros (monastère): p. 319, 433, 446,
Mont Olympe: voir Olympe.
Agros: p. 433, 434, 437, 440, 446, 451, Montania : voir Apamée. Izmit: p. 103,354,369,399, 5Il, 52!. 523, Panteichion (village): p. Il6.475, Pendik: p. 116,
455, 456, 458. Izniknùd, Ïznikomid : p. 103, 1I7, Nicomie : 147.
Mormènôn (plaine) : p. 89.
Meizotérou (village) : p. 88. p. 83, 84.-(golfe): p. 70, 367, 368,401,463. Papazçejme (fontaine) : p. 522.
Mormou (village) : p. 89.
Mekece, Mekeci (forteresse): p. 294, 302, 360 Nikaia, Nikè: voir Nicée. Paschasios (monastère): p. 449.
MOlar Tepe : voir Kouboukleia.
361,363,369,372,466,471, Makâjâ: p. 466: Nikètiata (forteresse): p. 215, Eskihisar: p. 215. POjaiar : voir Métabolè.
Mouchlia : voir Kéramidas.
Méla, Mélagina, Mélaina, Mélangeia, Mélangia : Nilüfer (cours d'eau) : p. 416, 445. 468. Patrôn, Patérôn (métoque, Pythia) : p. 449. 482.
VOIr Métabolè.
Moukilos (montagne): p. 317.
Nossioi (monastère) : p. 439. Paulopétrion (monastère) : p. 437.
Mountania. Mudanya : voir Apamée.
Mélas (cours d'eau) : p. 94, Çark Deresi, Çark Noumérika (évêché) : p. 318, 342, 406. Pavlo koprlisü (pont): p. 116.
Su: p. 94, 361. Mudumu : voir Modrènè.
Mudumu çayl (cours d'eau): p. 413. Ochyrai (forteresse): p. 213,Acheiraô: p. 213. PazarcIk : voir Annénokastron.
Melde (ville) : voir Milètopolis. OIbia (ville) : p. 377. pazarkoy (ville): p. 215, 384, 511. 513, 528-
Mélina : voir Métabolè. Muratoba (village) : p. 530.
Mustafa KemalpOja çayl (cours d'eau): p. 354. Oluklu (village): p. 522. 530, Orhangazi : p. 29. 215, 257-258, 383,
Méliss6nos (village): p. 88.
Mustafa Tepe (montagne) : p. 443. Olympe, Olympe de Bithynie, Olympe de 384, 465, 468, 469, 505, 511.
Mélitopolis : voir Milètopolis.
Muttalip (village) : p. 131. Mysie, Mont Olympe (montagne): p. 60, Pazaryeri : voir Annénokastron.
Mera, Mera Çiftlik (village) : p. 520.
Me~igoz : voir Gâvurkoy. M~~I (village) : p. 365, Mizal : p. 365. 73,74, 76, 121, 125, 139, 220, 317, 318, Pègadia (village): p. 407. 457.
Mushmsolliz (village) : p. 529, SelOz : p. 529. 357, 384-386, 431, 432, 435, 436, 439, Péladarion (forteresse): p. 139,221. Césarée:
Ménloukômè (village) : p. 479.
Mesenis (village) : p. 446. Mü~küre (village): p. 215, 296, 529, Çatalkoy: 441-445, 448, 451-453, 458, 477-482, p. 333-334, 378. 386-387. 400, 408. çifte-
p.529. Kejij dagJ : p. 125, Uludag : p. 26, 35, 38, kayalar: p. 221, 294, 297-298. 386, Filadar:
125, 156,262,415,423. p. 139,221,387, Germanikè: p. 378.
-
556

Pélékanon (village) : p. 326.


Pélékanos : voir Théolokos.
INDEX DBS TOPONYMBS
1
Pylai, Pylae, Pyles (ville) : p. 43, 45-47,49_54
60, 70, 75, 84, 128, 213, 311, 313, 314'
1
INDEX DES TOPONYMES

Saint.Georges (monastère, Arganthônios).: p. 448.


Saint-Georges (monastère, près de Fuglaclk) :
p.522.
Saz deresi (cours d'eau): p. 116.
Schinae : voir Karatekin.
557

Satyros (monastère): p. 115. - (port): p. 314.

Pélékètè (monastère): p. n. 261-262, 437, 438, 319,323,328,349,370,391,404_405 408' Saint-Grégoire (église ou monastère. Gonca): Scutari: volr ChrysopoHs.
446,451,453,456,458,477. 409,432,448,449,464,468,469,474476' Sébazè (monastère) : p. 449, 454.
481,48:,485-487,489, Anô Pylai : p. 404: p.527.
Pendik : voir Panteichion. Saint-Grégoire (forteresse) : p. 215. Sefiler (forteresse): p. 220.
Pentégéphyra (pont): p. 94. 463, 471, B~kopril: Çlfthkkoy : p. 60, 128, 242, 404, 511 533
Saint-Lazare (monastère) : p. 322 .
Selimiye : voir Hasankoy.
p.463. KarakiIise, 404, 533. ' , Seloz koy (village) : p. 258.
Saint-Lucien (monastère, Hélénopohs) : p. 390.
Péristérai (monastère) : p. 436. Pylopythia (circonscription) : p. 368, 369 405 Selôz : vOÎr Müslims6lüz.
449,475. ' , Saint-Michel (église) : p. 451.
Peristéréôn (monastère) : p. 433. Senaiye: voir Ba~klraz.
Saint-Michel (sanctuaire) : p. 53.
Petiet : voir Prainétos. Pyrgous (village) : p. 88. Seyitgazi tepesi : voir Hyrtakion.
Saint-Nicolas (chapelle) : p. 444, 452.
Pétzika (région) : p. 457. Pythia (thermes): p. 148,314,319,322,370, Sidèra (forteresse): p. 214. 324. 406.
Saint-Pantéléèmôn (monastère): p. 137.
Pharmoutios (cours d'eau): p. 103, Kara Dere: 404, 405, 432, 448, 449, 464, 480, 482, Slgl : voir Sykè.
Saint-Photius (monastère) : p. 88.
p.3I,68,103, 154, 156, 165-169,201,202, 483, Kaphca: p. 230, 252, 253, TermaI : Sigrianè (montagne) : p. 3 \9. 433. 446. 479. 483.
Saint-Porphyre (monastère): p. 438, 446, 453,
465, 470. 520, 526. p. 3 l, 230, 252, 253, 448, 464. Simav çayl : voir Makcstos.
Qal'a-i Hereke ; voir Charax. 455-457.
Philokrènè (port) : p. 406, 476. Saint-Serge (monastère, Médikion) : p. 433. Smaph çejme (fontaine) : p. 525.
Philomèlion (région) : p. 328,405. Qal'a-i iznik: voir Nicée. Sitare Koprü (pont) : p. 103. 120. 526. Çisr-i
Saint-Syméon (cap) : p. 388.
Phlouboutè (monastère): p. 437. 438, 445, 455, QIss~iin Kôprilsü : voir KIssahan Koprllsü.
Saint-Théodore (martyrium, Éribolos) : p. 480. Sitâre : p. 103.
479. Réa (village) : p. 477.
Saint-Théophane (monastère) : p. 440. Skopa : voir Saint-Auxt:nce.
Phôteinoudion (monastère) : p. 438. Ritzion (port): p. 87,482, Danca: p. 87, 51 1.
Saint-Thyrse (monastère) : p. 433. Skoutarion : voir Chrysopolis.
Pilavtepe (montagne) : p. 525, 526. Rodophyllon (forteresse) : p. 381
Saint-Tryphon (église, Nicée): p. 122, 148.398. SmiJakia (monastère) : p. 439. 442.
Pissadinoi (monastère): p. 442, 451, 455. Rômaniôtissa (monastère. Kios) : p. 392.
Saint-Zacharie (monastère) : p. 434, 437, 438, Sofular (village) : p. 524, 525.
Pithèkas (forteresse): p. 216, 217, 407, Ryndakos (cours d'eau): p. 312, 319, 378, 382,
442-445,451,453-457. Sogucak (cours d'eau) : p. 118
Koprilhisar: p. 96, 217,255,366,407. 393,446. - (circonscription) : p. 349, 476.
Sainte-Anne (monastère) : p. 440. Sophôn (lac): voir Boanè. - (montagne): p. 315,
Pmarba!1 (aqueduc): p. 141. Safran (village) : p. 533.
Platanéa (village): p. 370, 407, 484. Sainte-Paraskeuè (église, KIzderbent) : p. 518. 320, 322. - (village) : 408.
Sagaris : voir Sangarios.
Platanistou (village): p. 89. Sagoudaos (village) : p. 353, 408. Sainte-Sophie (église, Nicée): p. 147, 148, 263, Souga : voir Hélénopolis.
Poimanènon. Poimanenum (foneresse) : p. 83. Saint-Agapios (métoque) : p. 452. 323. Sogüt (ville) : p. 353. 354,358,359.361,363,
214, 324, 349, 378. 403, 408, 481, 484, Saint-André (monastère) : p. 433, 439, 445. Sainte-Sophie (église, Nicomédie) : p. 84, 402. 364.372,471. - (circonscription): p. 412,
Purnenienor: p. 83, Eski Manyas : p. 83. Saint-Anthime (église, Nicomédie): p. 311. Sainte-Théotocos (église, Diolkidés) : p. 70. 413.416.417.422-425.
214,403. Saint-Antoine (monastère. Nicée) : p. 88, 436, Saints-Anargyres (hôpital, Nicomédie) : p. 449. SogÜllü (forteresse): p. 220,471.
Policbnion (monastère): p. 319, 446, 447. 449. Saints-Pères (église, Nicée) : p. 323. Sogülônü (village) : p. 359.
Porsuk çayl (cours d'eau) : p. 358. Saint-Autonome (monastère, Prainétos) : p. 70, Sakarya: voir Sangarios. SolOz, Solüz (village) : p. 297, 511.
Porte d'Istanbul (Nicée) : 58, 122,520. 7 l, 403, 432, 433, 449, 480. Sakarya Istasyonu (gare) : p. 467. Speira (monastère. Damatrys) : p. 321.
Porte du lac (Nicée) : voir Yahkapl. Saint-Auxence (monastère) : p. 432, 439. Sakkoudion (monastère): p. 72, 73, 319, 433- Strobilos (emporion) : p. 43, 47, 64,432.
Posidonion (cap) : p. 392, Triton: p. 392, Boz Saint-Christophe (monastère) : p. 432. 435,438,448,450,451,453,476,484. Sugoren : voir Çengiler.
Bumu : p. 392. Saint-Clément (monastère) : p. 88,433,449. SaItanat kaplSl : voir Hisar kapts!. Süleymanbey (village) : p. 471
Pouzanè (forteresse): p. 315, 406. Saint-Constantin (village) : p. 89. Sarnanh (échelle): p. 369, SU, 512, 524, Sultançaytr (forteresse): p. 213.
Poyra (village) : p. 129. Saint-Côme et Damien (église, Nicomédie): Samallech : p. 369. Sultanonü, Sultanoyügü (ville) : voir Eski§ehir.
Prainétos (ville): p. 73, 349, 403-404, 408, p. 319, 401. Samanh Daglan (montagne) : p. 25, 38, 121, Sülün (village) : p. 528.
449,464,470,532, Petiet : p. 433, Priétos : Saim-Cyrique (monastère) : p. 439, 446. 156,166,168,383,391,398, 511-514, 521. SUSlglthk (village) : p. 424.
p. 73, 433, Karamürsel : p. 117,403,464, Saint-Denis (église, Hebdomon) : p. 474. Sangarios, Sagaris, Sangaris (cours d'eau): Susurluk (village): p. 213,471,505.
505,511,514,519-521,527. Saint-Élie (laure) : p. 439. p.92-94, 124,214,312,326,327,329,394, Sykè (forteresse): p. 223, 381, Stgl: p. 381.
Prinkipô (Ile): p. 368, 405, 436, 481, Büyük Saint-Élie (monastère, Monokastanos) : p. 440.
ada: p. 405. 463, 466, 467, 471, Sakarya: p. 354, 360, Symboloi (monaslère) : p. 433, 435, 437,452,
Saint-Élie des Agaures (métoque) : p. 452, 457. 361,362,366,368-370,412,416.
Probaton (village): p. 407. 453,455.
Saint-Étienne (église, Triglia): p.60, Fatih
Proconnèse (Ile) : p. 230, 389. Sangaros (port): p. 319, 323, 349, 449, 474, Synai (village) : p. 474.
camii (mosquée): p. 60, 230, 258, 261, 262.
Prodrome (monastère, Brousse) : p. 385. 485,489, Angaros: p. 474, Enkere : p. 474. ~aphane (mines) : p. 393
Saint-Eusèbe (monastère) : p. 323.
Prophète Élie (monastère) : p. 448. Sapanea (lac) : voir Baanè. - (fossé) : p. 38. ~ehadel camii (mosquée, Brousse) : p. 148.
Saint-Georges (colline, Apollônias): p. 382
PruSias ad mare: voir K.Ïos. Saray (forteresse) : p. 220. ~erefiye (village) : p. 220,505.
Saint-Georges (église, Latomion) : p. 480.
Pulinach : voir Apollônias. Sanag" (village) : p. 470, 525. ~eyh Kutbeddin canili (mosquée, Jznik) : p. 260.
Saint-Georges (église, Olympe) : p. 452.
Pumenienor : voir Poimanènon. Saneakaya (lieu-dit) : p. 360. ~iIe : voir Chèlè.
Srunt-Georges (monastère, Prainétos) : p. 433,
449. Sankaya (lieu-dit) : p. 466, 529. Tabak kaplSl : voir Hisar kaplSl.
Sansu Dere (cours d'eau) : p. 104. Tocir Koy (village) : p. 258, 259, 505.
558 INDEX DES TOPONYMES
INDEX DES TOPONYMES 559
-
. h' Ye~i Sehir (ville): p. 96, 104, 123,
Tahtah (vill.ge) : p. 62, 63, 222, 259, 260, 446, Tuzlnhk Tepe (montngne) : p. 443. Yenl!e "i64 369 372 413,471,505. - (cir-
467,505. Tzoullou (village) : p. 408. 124, . t:on).'p 4i2 413,416,417,419,
conscrtp 1 ." 216
Taion : voir Tattaron. Vlalh, Alagl Vla!h, Yuka" Vla!h (village): 422-425. - (plaine) : p. 26, 124, 215. ,
Tarakh Yenicesi (ville) : p, 364, Tamkh, Yenice p.527. 364,407,445,539.
Tamkh : p. 466. - (circonscription) : p. 413, Vlu Cami (mosquée, Brousse) : p. 386. Y, ni!ohir (porte, Nicée) : p. 529.
416,420,422,423,425. Vluabat, Vlubat : voir Lopadion. e '1 C mi (mosquée, Brousse) : p. 386.
Tarsia (ville), Tersiye: p. 67, 326, 405, 407, Vludog : voir Olympe. Ye!, a . 399
Yelil Cami (mosquée, NIcée : p. .
463,477, Terzi Yeri : p. 405. Uludere : voir Kelb Buml. Yildirim (mosquée, Brousse) : p. 386.
Talagll (village): p. 165. Umurbey : voir TekUr Pmun.
Yoros : voir Hiéron.
Tal Kôprü (pont) : p. 450, 467. Umur Dere (cours d'eau) : voir Kemiklidere. Yukan Vla!h : voir Vlallt.
Tatarkôy (village): p. 524, Ihsaniye: p. 120, Üregil (village) : p. 262-263, 305. Yuvaclk (village): p. 215, 523.
524. Orünlü : voir Kite. YUrükler (village) : p. 470, 522.
Tattaïon (évêché) : p. 318, 406. Taion : p. 318, Üsküdar: voir Chrysopolis.
Zeitun Burun : voir Élaia.
350,406. Üyük (villoge) : p. 263.
Zeytinbagl : voir Triglia:
Tav!,,"clI iskelesi (village) : p. 102. ÜyUz, Üyüz hamamkoyü , Üyuztepe (village) : Zigritza (métoque, Pythla) : p. 449.
Tavlanh Dere (cours d'eau): p. 117. p. 131.
Zindan kaptsl (porte, Brousse) : p. 140.
Tekür Pman (village) : p. 369, 370, Vmurbey : Validekiiprü (pont): p. 469, 470, 511 , 514, 522, ZingirlU Quyu (puits) : p. 104, 126.
p. 370, 466, 530. 534.
Télaos (monastère) : p. 444, 478. Zôriou (village) : p. 88.
Velibey Çiftlik (village) : p. 257-258.
Télémaia (lieu-dit) : p. 367-369. Vierge (église, Hyrtakion) : p. 388.
Tepecik (village) : p. 294, 303. Vierge (église, Myri okopon) : p. 480.
Tepekoy, Eregibala (village) : p. 403, 432. Vierge (métoque, Métôpa) : p. 446.
Tepekoy : voir Mégalophos. Viso: voir Dakibyza.
Termal : voir Pythia. Xérigordon (forteresse): p. 78, 215,406,516.
Tersiye, Terzi Yen: voir Tarsia. Yakup pa§3 zaviyesi (carnvansérail, Nicée) : p. 121.
Thasios (île) : p. 446. Yalaclk kiiy (village) : p.234, Bacall : p. 234.
Théotokiana : voir Apollônias. Yalakâbâd kalesi : voir Çoban Kale.
Théotokos (monastère) : p. 440, Pélékanos : p. 440. Yalakdere (cours d'eau): voir Drakôn. - (vil-
Théoupolis, voir Brousse. Jage) : voir Gâvurkôy.
Therma (monastère) : p. 433. Yalakova (lieu-dit) : p. 368, 369.
Thynie (circonscription) : p. 319, 350. Yahkapl (porte, Nicée): p. 211, Porte du lac:
Tuilye : voir Triglia. p.532.
Topeular (échelle) : p. 511. Yalova (ville): p. 148,313,368,369,432,511,
Tophisar : voir Lentiana. 512,526.
Toxotou (village) : p. 89.
Yarhisar (ville) : p. 96, 217, 263, 294, 305, 366,
Trapéza (lieu-dit) : p. 479.
367, 372, 413. - (circonscription) : p. 413,
Trichalix (montagne): p. 443, 452, 478, 479. 416,417,422-425.
Trichaloun (cours d'eau): p. 47. Yaznîk : voir Nicée.
Triglia, Trigleia (village) : p. 60, 390, 393, 408, Yeni Oren (lieu-dit) : p. 305.
409, 447,465,468,491,492,497, Tuilye : Yenice (village): p. 261.
p. 229, 230, 239, 257-258, 260-262, 393 ,
Yenice Tarakh : voir Tarakh Yenicesi.
409, 465, 476, TrilIia : p. 390, Zeytinbagl :
p. 230, 260, 465. Yeniceisagtr (village) : p. 263.
YenigUrle (village) : p. 530, 533.
Trikokkia (foneresse): p. 371, 399.
Trillia: voir Triglia. Yenikiiy (village, au NO d'Iznik): p. 120,172,
Trimmaia (village) : p. 88. 264, 305, 519, 528, 533.
Tripyliana (monastère) : p. 453. Yenikoy (village, au NE de Pazarkiiy) : p. 383,
Triton: voir Posidonion. 513.
TütünçifUigi (village): p. 1l7. Yenikoy : voir Gâvurkoy_
Tuzla (cap) : p. 392. Yenikoy : voir Néochôri.
Tuzla : voir Kalos Agros. Yeniseliiz, Yenisiilüz, Ermenisiilüz (village):
Tuzla hamanu (lieu-dit) : p. 10 1. p. 530, 533.
NOTICE DE LA CARTE HORS-TEXTE
VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES: L'APPORT DE LA PROSPECTION

La carte hors-texte ne recense pas l'ensemble des vestiges médiévaux de la Bithynie.


Elle présente en revanche toutes les informations archéologiques recueillies lors de nos
prospections, qu'elles soient ou non mentionnées dans le présent livre.
Faute d'avoir pu être étudiés, certains vestiges observés demeurent non datés.
On trouvera sur le Tableau ci-dessous les toponymes auxquels correspondent les
numéros des sites figurant sur la carte. Lorsque le toponyme est inconnu, nous indiquons
le nom du village le plus proche.

Carré no Toponyme Près de


n38 1 Adapazan
030 1 Çavu~çiftligi
030 2 Altunova
030 3 Hersek
030 4 Hersek
031 1 Karamürsel
033 1 Ihsaniye
034 1 Mahmutpa~a Çift.
034 2 Ba~ iskelesi
034 3 Mahmutp~a Çift.
037 \ Be~kopcü
037 2 A§agl Kirezce
027 1 Korukoy
027 2 Kaphca
027 3 Korukoy
628 1 Safran
628 2 Hacirnehrnetler
628 3 Çiftlikkoy
629 1 Denizçah
629 2 TIyas
030 1 Çoban Kale
030 2 Validekopcü
030 3 Validekopcü
030 4 Ayazma
030 5,6,7 Ta~agll
030 8 Ayazmaçukur
630 9 Semetler
030 10
63\ 1 Merdigoz
631 2 Akçat
03\ 3 Senaiye
VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES L'APPORT DE LA PROSPECTION 563
-
562 NOTIŒ DE LA CARTE HORS· TEXTE

Carré nO Toponyme Près de


Cam! no Thponyme Près de
p37 1 Alifuatpa~a
631 4 Hayriye
p37 2 Geyve
631 5 Karapmar
3 Al i fuatp~a
637 1 ~erefiye p37
p37 4 Kulfalar
637 2 goban Kale ~erefiye
537 3 rencik r27 1 Gemlik
537 4 Büyük Kale r28 1 Ihea Pmar
Bogazk5y
p24 1 Armutlu r28 2 Orhangazi
p28 1 E.sadiye r28 3 Çeltikci
p29 1 Uregil r28 4 Orhangazi
p29 2 Onak5y r29 1 Mamure
p29 3 Cihankoy r29 2 Alibey Çiftlik
p29 4 Keramet r29 3 Orhangazi
p30 1 Keramet r30 1 Ova nusarhgl Keramet
p30 2 Kunk6y r30 2 Boyahea
p30 3 Kokarca r30 3 Boyahea
p30 4 çonga Tepe r31 1 Çal<lfea
p30 5 KlZderbent r31 2,3 Mera çiftlik
p30 6 Keramet r31 4 Orhaniye
p30 7 Keramet r31 5 Çalarea
p30 8 Yatak Tepe r31 6 Yenikoy ç aJorea
p30 9 Kukmerdiven r31 7 Boyahea
p31 1 r31 8,9 Orhaniye
Fuglaelk
p31 2 Orhaniye 10, \1 çaJorea
r31
p31 3 1,2 Mesarhk bogaz
Tahtah r32
p31 4, 5 Orhaniye r32 3 Dort Tepe mesarhgl ElbeyH
p31 6
p31
Boyahea r32 4 Dikilita§
7
p32 Süleymaniye r32 5 Iznik
1 Yeni Oren
p32 r32 6 Derekoy
2 Omerli
p32 3 r32 7 Elbeyli
p32 Omerti r32 8 MeraÇiftlik
4 Inikli
p32 5 r32 9 Inikli
Taeir K6y
p32 6 r32 10 Çarndibi
p32 7 Tacir K6y r32 \1 Hoeakoy
Mecidiye
p32 8,9,10 r32 12 Hoeakoy
p32 11 Süleymaniye r32 \3 Koristan
p32 12, 13 Sansu r32 14 Iznik
p32 14 Orhaniye r32 15,16 Mera Çiftlik
p32 15 Inikli r32 17 Mera Çiftlik
p34 1 Süleymaniye r32 18
Akçakaya Hisardere
p34 2 r33
Kemaliye 1 Karadin
p34 3 r33
Adliye 2 Kaynarca
p34 4 r33 3 Hisarcik
p34 5 Adliye
Ereeekler r33 4 Derek6y
p34 6 Kemaliye
p35 r33 5 Kaynarca
1 Pa~alar
Akeakaya
p35 r33 6 Belheris
2
p36 Baelkôy r33 7 Kaynarca
1 Düzakç~ehir
p36 r33 8 Karadin
2
p36 3. 4.5 Bayrakç~ehir r33 9 Akçapmar
~ahmelek r34 1 Hisareik
r34 2 Hisarcik Tepe Hisarcik
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L'APPORT DE LA PROSPECTION 565
VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES .
564 NOTICE DE LA CARTE HORS·'ŒX1E

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'C a!ri no Toponyme Près de Carr~

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r34 6 Ahilar s34 2 Osmaneli
r35 1 Mekeei s34 3 DOzme~e
4 Boyahca Gtinüviran
s23 1 Pélékètè Tirilye s34
5 Boyahea
s24 1 Tirilye s34
524 2 S.g. ~24 1 Korükle
s24 3 Médikion Tirilye ~24 2 Balabanc.k
s26 1 Çiftekayalar GOndogdu §24 3 Baeah
526 2 KUf§unlu ~26 1 Tepecik
528 1 K1zanhktepe Ericik 1 Koyunhisar
§30
s28 2 GOrle §31 1 Cihadiye
s28 3 GOrle kayas. Gürle §31 2 Barçin
s28 4 Karsak §31 3 Yeni§ehir
s29 1 Çay.rhk Müslimsolüz ~31 4 Yeni§ehir
s29 2 Müslimsôlüz §31 5 Demirboga
s29 3 Bureun ~32 1 Terziler
530 1 ç ay.r Burun Mü§küre §32 2 Kôprühi5ar
s30 2 Mustafah §32 3 Kôprühisar
s30 3 Anbala Anba Burun Ilyasea
~33 1
s30 4 Anba Burun 2 lIyasca
§33
530 5 Mustafah aIt. Mustafah Vezirhan
§34 1
s30 6 MU§küre §34 2 GOnüviran
s30 7 Kale Tepe
s30 ~34 3 BaYlrkôy
8 Mamealar
s30 §35 1 Maan
9 P"§apmar Marncalar
s31 §35 2 Üyilk
1 Karaeakaya
531 2 §35 3 Yenieeisagu
Atiye
531 3 t21 1 lss.zhan
s31 Karacakaya t21 2 Uluabat
4
s31 Balanm 122 1 Karaagaç
5
s31 Mustafah 123 1 Apolyontkoy
6
s31 Derbent t24 1 MotorTepe Kôrükle
7
s31 Kirazh Yaylâ t25 1 Kite
8 Balarim
s31 9,10 t25 2 Tahtah
s31 Balarim t26 1 Çekirge
li Evkaya
s31 12 Beypmar t26 2
Derbent Abdalmurat Kôprü
s31 13,14 t27 1 Kestel
~araphane Bogaz
s32 1 Duazali t32 1 Yarhisar
s32 2 Çarndibi 132 2 Karamca
s32 3 134 1 Bilecik
s32 4 Çarndibi
134 2 Gülümbe
s32 5 Mecidiye
K1zllkôy 138 1 Harman Kôy
s33 1 Kuleler u34 1 Be~ikla§ Bileeik
s33 2 ~erefiye Yaylâ u34 2 Seltlz Ktly
533 3 Egerce u37 1 Koyun1u
s33 4 Çiftlik u37 2 Akkum
s33 5 Avdan
s33 6
Belenalan
TABLE DES MATIÈRES

....................... ..................... ... . p. 5


AVAf'ff PRopOs .. ... .. ............ ............. . . ........................ . p. 7
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ASRtvIATIONS ...... , .... ,········ ······ ·· ··

PRÉSENTATION DE LA BITHYNIE
Le pays p.23
Données géographiques, par B. GEYER.. ............................................... .
Textes. images et vesJiges . ' G K' P
p. 43
L'époque protobyzantine à travers les monuments épJgraphlques. par . [OU RTZIAN.... .. .
Évocations médiévales. textes présentés par V. KRAVARJ ........... ....... ·· .. ··· ······ ············· p.65
Les minÎatures de Matrakçt, par J. LEFORT.... .. .... , ...... , ... :..... ···· ·· ·:······ .. ······ ...; ............ ..... . p.99
Hans Demschwam. Voyage en Asie mineure (1555) extraits traduits par J.-P. dRÉl.OIS ... .. .. p. lU
Les monuments byzantins de la ville haute de Brousse, par A. PRALONG ct J.-P. G R..ËLOIS .. . p. 139

L'APPORT DE LA PROSPECTION
Données paléogéographiques
Les formations alluviales et lacustres. par B. GEYER ....... . p.153
Données palynologiques, par J. ARGANT......................... . p.175
Les macrorestes végétaux, par G. WILlCOX ...... ................ ... . p. 201
Données archéologiques
Les fortifications médiévales, par Ch. GIROS ................... . p.209
Matériel archéologique errant, par A. PRALONG ............... p.225
La céramique byzantine el ottomane, par V. FRANçoIs ...... ..... p.287

STRUCTURES DE L'ESPACE
Le cadre historique
L'époque byzantine, par J.-Cl. CHEYNET....................................... ......... ......................... . p.311
L'installation des Ottomans, par 1. BELDICEANU-STEtNHERR ........................................... .. p.351
L'organisation de l'espace
Les villes, par R. BONDOUX ............................................ .................................................. . p.377
Les villages el l'occupation du sol au début de l'époque moderne,
par B. GEYER, Y. Koç, J. LEFORT el Ch. CHÂTAIGNIER ..................................................... . p.411
Les monastères, par M.-F. Auzépy................................................................................... . p. 431
La circulation
Les grandes routes médiévales, par J. LEFORT........ ........................ ............................. ..... . p.461
Les voyageurs à l'époque médiévale, par É. MALAMUT................................................... . p. 473
Le commerce, VIlCaXve siècle, par M. GÉROLYMATOU ......................... ........ ............... ...... .. p.485
La circulation monétaire, étude des monnaies byzantines du Musée d'Iznik.
par F. PLANET........................................................................................................ . p.499
Le paysage
Du golfe de Nicomédie au lac de Nicée, l'apport des voyageurs (xv'-xx' s.),
par J.-P. GRéLOIS ............................................................................................. .................. . p.509
L'évolution de l'occupation du sol el du paysage, par B. GEYER et J. LEFORT................ . p. 535

INDEX DES TOPONyMES ............ ...................... ..................................................................... . p.'547

NOTICE DE LA CARIE HORS-"ŒXTE : Vestiges archéologiques: l'apport de la prospection ....... . p.561


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