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Le 31 juillet 2018 à 18h32
Un pestiféré
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Dans le dernier numéro d’Art press (juillet août 2018) Jacques Henric a eu la bonne idée de publier un entretien
avec ce pelé, ce galeux d’où vient tout le mal, celui autour duquel on établit un cordon sanitaire tant il est infect,
celui dont les gens qui sont du côté du Bien ont demandé et obtenu la tête, Richard Millet. Rappelons que le
texte d’Annie Ernaux, où elle s’interrogeait sur le « pamphlet fasciste » de Millet et « sur les responsabilités de
son auteur au sein d'une maison d'édition », a largement contribué à ce que Millet soit progressivement écarté
de ses responsabilités chez Gallimard (où il a publié, entre autres, Jonathan Littell : les fascistes, comme on voit,
publient des fascistes). Ce texte a été signé par de nombreux écrivains, et non des moindres. Je l’avais évoqué à
l’époque dans ces lieux.
Dans l’histoire de la répression exercée à l’égard de la littérature en Occident, les critiques du futur distingue-
ront deux moments assez nets : celui où cette répression a été exercée par l’état au nom du Bien et de la morale
(la famille, la religion, la patrie), puis, à partir de la fin du XXe siècle, celui où cette répression a été exercée par
les intellectuels eux-mêmes (demandes de censures, de renvoi, pétitions, campagnes de presse), toujours au
nom du Bien et de la morale, même si la figure du Bien a changé (gauche, progrès, humanisme, antiracisme, fé-
minisme, diversité, etc.). Le tout aboutissant pour Millet, comme l’écrit Jacques Henric, à une « mort symbo-
lique » et une « mort sociale ».
Il faut donc saluer l’audace d’Henric, d’autant plus qu’Art press ne passe pas précisément pour un brûlot natio-
naliste, la revue est plutôt ancrée à gauche. Le rapprochement qu’il fait est intéressant, entre Millet et Enzens-
berger, avec son analyse du terroriste comme « perdant radical », et plus encore entre Millet et Pasolini analy-
sant les attentats d’extrême-droite en Italie comme « la moyenne des aspirations névrotiques d’une société ».
L’analyse de Millet et celle Pasolini se ressemblent en effet étrangement. Car Pasolini incrimine aussi « le mas-
sacre systématique des valeurs anciennes », la complicité des progressistes et du capitalisme dans la perte des
valeurs.
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08/08/2018 Un pestiféré - Confitures de culture
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