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« Pères de l'Europe »

Konrad Adenauer

Né à Cologne (Allemagne) le 05/01/1876 ; Mort à Rhöndorf (Allemagne) le


19/04/1967

Né à Cologne au sein d'une famille catholique en 1876, Konrad Adenauer suit


des études de droit. D'abord avocat, il est élu maire de Cologne en 1917. La
ville connaît alors un fort développement, qui renforce son influence politique. Il
joue un rôle important au sein du Centre catholique. Depuis sa jeunesse,
Adenauer est favorable à une union européeenne, ce qui l'oppose aux nazis.
Ces derniers lui retirent ses fonctions en 1933 et le contraignent à se refugier à
Rhöndorf.

Au lendemain de la guerre, Adenauer reprend peu à peu ses activités


politiques. Il s'attèle à la fondation du parti chrétien démocrate (CDU), puis en
prend la présidence en 1949. Il est élu cette même année chancelier de la
République Fédérale d'Allemagne. Durant près de quinze ans, il se consacre à
l'acquisition de l'égalité des droits internationaux pour son pays, à son
intégration au sein de l'Europe et à la mise en place d'une armée allemande
indépendante. Grâce à ses qualités politiques, l'Allemagne rejoint l'OTAN en
1955. Il démissionne finalement en 1963 et s'éteint à Rhöndorf, en 1967.

1949 15 septembreKonrad Adenauer chancelier de la RFA


A 73 ans, le chrétien-démocrate Konrad Adenauer devient le premier
président de la République fédérale d'Allemagne (RFA). Il gouvernera
pendant quatorze ans avec autorité et sera le principal artisan de
l'intégration de son pays au sein de l'Europe occidentale.

1950 9 mai Schuman propose un plan pour l'Europe


Le ministre des Affaires étrangères Robert Schuman lance l'idée d'une
Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Ce plan mis
au point par Jean Monnet, a notamment reçu le soutien de l'Italien
Alcide de Gasperi et de l'Allemand Konrad Adenauer. Il amorce le
rapprochement franco-allemand et jette les bases de la future Union
européenne. Malgré le refus de l'Angleterre, la CECA sera mise en
place en 1951. Schuman sera surnommé "le père de l'Europe" et le 9
mai deviendra le "Jour de l'Europe".

1958 14 septembreNaissance de l'amitié De Gaulle-Adenauer.


Le chancelier allemand et le président de la République française se
rencontre pour la première fois à Colombey-les-deux-Églises, dans la
demeure personnelle de Charles de Gaulle. Treize ans après la fin de la
Seconde guerre mondiale, cette entrevue marque le début d'une amitié
franco-allemande qui ira bien plus loin que de simples relations
diplomatiques. Les deux chefs d'Etat partageront une estime et une
amitié réciproques qui faciliteront grandement le rapprochement entre
les deux pays et la construction de la Communauté européenne.

1963 22 janvier France-Allemagne : signature du traité de l'Elysée


Le chancelier d'Allemagne de l'Ouest Konrad Adenauer et le président
de la République française Charles de Gaulle signent le traité d'amitié
franco-allemand de l'Elysée. Il stipule que des sommets seront
organisés régulièrement entre les deux pays et instaure la création de
l'Office franco-allemand de la Jeunesse. Ce rapprochement met fin à
une rivalité séculaire entre les deux puissances européennes. En 1988,
François Mitterrand et Helmut Kohl viendront compléter le dispositif en
instituant un Conseil franco-allemand de défense et de sécurité et un
Conseil franco-allemand économique et financier.
Joseph Bech,

Joseph Bech, né à Diekirch le 17 février 1887 et décédé à Luxembourg le 8


mars 1975, était un homme politique et avocat luxembourgeois. Il est aussi
considéré comme l'un des Pères de l'Europe.

Après des études de droit qu’il effectue à Fribourg et à Paris, il devient avocat
au Luxembourg en 1914. Il fait son entrée en politique en remplaçant son oncle
Philippe aux postes de député et de président du Parti populaire chrétien-social
que ce dernier avait occupé jusqu’à son décès, à quelques jours des élections
législatives de 1914. En 1921, Bech devient directeur général (=ministre) de
l’Instruction publique au sein du gouvernement d’Emile Reuter, lequel est
contraint à la démission en 1925, suite aux tensions accumulées autour de la
mise en œuvre de l’Union économique belgo-luxembourgeoise, lancée en
1921.
Il revient aux affaires en 1926, propulsé au poste de chef du gouvernement et
simultanément ministre des Affaires étrangères grâce au soutien des
puissantes compagnies sidérurgiques qui voient en lui « un homme conciliant
armé de la faculté de s’accommoder de solution transactionnelles »1.
Tout au long de sa carrière, Bech reste hanté par le souvenir de la Grande
Guerre et de la crise existentielle qui l’a suivie, lorsque le Luxembourg était la
cible des annexionnistes belges et français. Cette expérience de l’impuissance
d’un petit État isolé, comme le Luxembourg neutre (depuis 1867), face à ses
puissants voisins, débouche chez lui sur un fort internationalisme : insérer le
Luxembourg dans le concert des nations, par la signature de traités
multilatéraux notamment, permet au Grand Duché de défendre son
indépendance politique et économique. C’est ainsi qu’il participe au nom du
Luxembourg à toutes les négociations multilatérales qui se tiennent pendant et
après la Seconde Guerre mondiale, et œuvre à l’intérieur de son pays pour faire
accepter l’adhésion du Grand Duché aux organisations internationales
nouvellement créées : Benelux en 1944, ONU en 1946, OTAN en 1949.
Proche du grand capital, notamment des patrons des compagnies
sidérurgiques, il connaît l’importance vitale des exportations pour l’autonomie
économique du pays et développe, durant toute sa carrière en tant que chef du
gouvernement et ministre des Affaires étrangères, les relations commerciales
avec les voisins du Luxembourg, en premier lieu la Belgique et la France. C’est
dans l'optique d’élargir les débouchés de l’industrie sidérurgique
luxembourgeoise qu’il négocie d’abord avec la Belgique le règlement des
différends au sujet de l’UEBL, puis l’élargissement de l’union douanière aux
Pays-Bas dans le cadre du Benelux.
Le 9 mai 1950, Bech est un ministre des Affaires étrangères luxembourgeois
conscient de la nécessité pour son pays de se lier à ses voisins par des
accords tant économiques que politiques, et c’est donc avec enthousiasme qu’il
accueille la déclaration de son homologue français, Robert Schuman :
la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) donnera enfin à
l’industrie luxembourgeoise les débouchés dont elle a besoin, tout en donnant
une place de choix au Luxembourg en Europe. Cette place sera encore
renforcée par l’insistance du ministre à demander que soit fixé à Luxembourg le
siège de la Haute Autorité de la CECA. Partisan de la Communauté
européenne de défense, il défend le projet lors de son deuxième mandat de
chef du gouvernement, puis, après son rejet par la France en 1954, il œuvre
pour l’intégration de la RFA dans l’OTAN, avec l’idée que « la voie royale qui
permet aux Grand-ducaux de tirer leur épingle du jeu mène par la restauration
en Europe occidentale d’un contrepoids à la domination unilatérale de la
France »2. En 1960, il est lauréat du Prix International Charlemagne.
Il quitte la vie politique en 1964 et s’éteint onze ans plus tard, le 8 mars 1975.

Johan Willem Beyen


Johan Willem Beyen, né à Utrecht le 2 mai 1897 et mort à La
Haye le 29 avril 1976, est un banquier, homme
politique et diplomate néerlandais. Il est considéré comme l'un des Pères de
l'Europe.
Après un doctorat en droit, qu'il achève à l'âge de 21 ans, il entre à la trésorerie
générale de l'État néerlandais et il travaille successivement au service de trois
ministres des finances, Simon de Vries, Dirk de Geer, et Hendrik Colijn.
Le 1er janvier 1924 il devint secrétaire de direction de la
firme Philips à Eindhoven, poste qui lui permet de participer aux premières
réunions à Paris du cartel international des fabricants de lampes électriques en
1925. Cadre dirigeant de plusieurs banques néerlandaises de 1925 à 1933,
Johan Willem Beyen est cette année-là nommé par le gouvernement membre
du Werkfonds, fondation publique instaurée pour lutter contre le chômage. Il en
devint le président en 1934. Quittant le cadre néerlandais, il préside de 1937 à
1940 la Banque des règlements internationaux, à Bâle. Il quitte Bâle pour la
direction d'Unilever, à Rotterdam, un poste qu'il n'occupe que quelques mois :
les filiales allemandes d'Unilever entretenant des relations particulièrement
tendues avec les autorités nazies, Beyen choisit lors de l'invasion allemande de
rejoindre le gouvernement en exil à Londres, auquel il offre ses services. Est
alors créé pour lui le poste de conseiller financier du gouvernement, qu'il
conserve jusqu'en 1952.
Pendant la guerre, Beyen participe à un groupe de réflexion sur les problèmes
de l'après-guerre, dont la commission économique, qu'il préside, envisage la
constitution de groupements économiques régionaux, notamment en Europe.
En juillet 1944, il participe à la conférence de Bretton Woods aux États-Unis, qui
dessine le nouvel ordre économique mondial. Si ses propositions n'y sont pas
retenues, c'est toutefois à cette conférence que s'exprime une première prise
de position commune des pays du Benelux, une coordination qui permet à
la Belgique et aux Pays-Bas d'obtenir des sièges dans les institutions créées :
le FMI et la BIRD.
En 1952, il est nommé ministre des Affaires étrangères, partageant ce poste
avec Joseph Luns, ministre sans portefeuille. Beyen se voit chargé des
relations multilatérales : Organisation du traité de l'Atlantique nord, Organisation
européenne de coopération économique, Union de l'Europe
occidentale et Conseil de l'Europe. Le 11 décembre 1952, Beyen présente à
ses cinq partenaires de la Communauté européenne du charbon et de l'acier un
memorandum, connu sous le nom de « plan Beyen »1, qui propose de
remplacer l'intégration économique sectorielle par une intégration
« horizontale », créant un marché commun européen. Ce plan prévoit
également la création d'un fonds d'ajustement pour atténuer les effets négatifs
de la libération des échanges. Ce plan est largement intégré dans la
Communauté politique européenne (CPE), qui sombre avec l'échec de
la Communauté européenne de défense en 19542. Dans la crise qui s'ouvre
alors, Beyen maintient son idée d'intégration horizontale, alors que Jean
Monnet, président de la Haute Autorité de la CECA, et Paul-Henri Spaak,
premier ministre belge, préconisent d'élargir les compétences de la CECA à
d'autres secteurs. Cette perspective sera amplifiée jusqu'à l'intégration
économique générale préconisée par Beyen, premier pas vers la solidarité
européenne. Ce sont donc les pays du Benelux qui proposent collégialement le
mémorandum de Beyen lors de la conférence de Messine les 1er et 2 juin 1955.
Spaak préside ensuite le comité d'experts gouvernementaux qui prépare les
traités de Rome en respectant l'esprit du plan Beyen. Lors de la signature des
traités à Rome le 25 mars 1957, le gouvernement italien a la délicatesse
d'inviter Beyen, bien que celui-ci ne soit plus ministre depuis 1956, en
reconnaissance de son rôle majeur dans la création du marché commun.
En janvier 1958, Johan Willem Beyen devient ambassadeur des Pays-Bas à
Paris jusqu'en juillet 1963, date à laquelle il prend sa retraite. Il décède à La
Haye le 29 avril 1976

Winston Churchill

Né à Blenheim Palace, Woodstock (Royaume-Uni) le 30/11/1874 ; Mort à


Londres (Royaume-Uni) le 24/01/1965

« Je n’ai à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes » déclare Winston
Churchill le 13 mai 1940 devant la Chambre des communes lors de son
discours d’investiture au poste de premier ministre. Depuis plus de trente ans,
cet aristocrate bouillonnant, excessif et sans concession, hante la politique
anglaise sans jamais parvenir à son sommet. Incarnation des idéaux de l’ère
victorienne, attaché à l’Empire colonial, soldat, journaliste, député, il cumule les
coups d’éclats et les revers. Pourtant, lorsque la guerre éclate et que la France
est en difficulté, il apparaît naturellement comme l’homme de la situation. A
l’image de De Gaulle en France, il confond son destin avec celui de la nation et
endosse le rôle du personnage qui fait l’Histoire à l’heure où celle-ci vit ses
heures les plus sombres.

L’héritier d’une grande famille

Winston Churchill naît le 30 novembre 1874 à Woodstock dans l’une des


propriétés de campagne les plus luxueuses de l’Angleterre : Blenheim Palace.
Son père, lord Randolph, est le deuxième fils du septième duc de Marlborough.
Au sein de ce milieu très privilégié, le jeune Winston ne se distingue pas
véritablement lors de ses premières années : élève médiocre à la santé fragile,
il échoue une première fois devant la porte de l’école militaire de Sandhurst
avant d’être admis au concours en 1893.

Au sortir de l’école, il est envoyé en Inde où il agit en tant que correspondant de


guerre. Mais Churchill, avide d’action, ne se contente pas d’observer, si bien
qu’il est nommé officier de cavalerie. Il se consacre parallèlement à l’écriture où
son absence de concession lui vaut parfois des critiques de ses supérieurs. En
1898, il s’engage avec Kitchener au Soudan et se permet de lancer une charge
de cavalerie. Fougueux, désireux d’aventure, ayant un sens inné du coup
d’éclat et du verbe, il entre en politique dès 1899 à Oldham : il se présente
comme candidat aux législatives et il n’échoue que de peu. Il part alors couvrir
la guerre des Boers pour le Morning Post. Rapidement fait prisonnier lorsque
son train déraille, il s’évade après un mois de détention et fuit se réfugier au
Mozambique. Cet épisode rocambolesque est salué par la presse nationale et
internationale. De retour au pays, il se présente à nouveau aux élections à
Oldham. A 26 ans, il est élu député et a déjà derrière lui plusieurs faits d’armes
et plusieurs écrits honorables, comme Savrola.

Une carrière politique en dents de scie

Dès ses premières années de politique, Winston Churchill se fait remarquer


grâce à des discours incisifs et ses appels à la réforme. Déçu par le Parti
conservateur, il rejoint les libéraux en 1904. Après un passage comme sous-
secrétaire d’Etat aux colonies, il devient ministre du commerce en 1908 sous le
gouvernement Asquith. Cette même année, il rencontre et épouse Clementine
Hozier avec laquelle il aura cinq enfants.

S’il se fait remarquer lors des débats sur le People’s Budget ou le Home
Rule irlandais, deux lois auxquelles il est favorables, c’est à la veille de la
Première Guerre mondiale qu’il se distingue. Inquiété par l’incident d’Agadir, il
délaisse la position pacifiste pour se prononcer en faveur d’un rapprochement
avec la France. Nommé premier lord de l’Amirauté en 1911, il travaille à la
modernisation de la Royal Navy en vue de la préparer à la guerre. Cette
préparation permet au Royaume-Uni d’être prêt lorsque la guerre éclate.
Cependant, ses actes sont plus malheureux lorsqu’il planifie l’expédition des
Dardanelles. Le débarquement de Gallipoli au printemps 1915 est un véritable
désastre qui lui vaut sa place et manque de briser définitivement sa carrière.

Toutefois, Churchill revient aux avant-postes dès 1917 dans le gouvernement


de coalition de Lloyd George, cette fois en tant que conservateur. Ministre de
l’armement, il perçoit avec pertinence et contre l’avis général l’importance des
blindés. Mais, la fin de la guerre arrivée, Churchill ne croit pas en la pérennité
de la paix.De surcroît, il est un adversaire fervent du bolchevisme qu’il veut
combattre. Après trois ans d’inactivité de 1921 à 1924, il est chancelier de
l’échiquier sous le gouvernement Baldwin. Le rattachement de la livre sterling à
l’étalon-or qu’il décide en 1925 est un véritable échec, prédit par
l’économiste Keynes, et qui provoque une importante crise sociale. En 1929,
après l’échec des conservateurs aux législatives, il quitte le gouvernement.

A 55 ans, Churchill s’éloigne du pouvoir pour longtemps, mais pas de la


politique. Il poursuit la rédaction d’œuvres historiques et littéraires parmi
lesquelles une biographie de son ancêtre le duc de Marlborough. Churchill n’en
demeure pas moins actif au sein de l’opposition. Son aversion pour le
communisme l’amène à manifester de la sympathie pour Mussolini. Cependant,
il exprime sa méfiance pour Hitler dès que ce dernier accède au pouvoir. En
quelques mois, il devient son plus farouche contempteur. Ainsi, au fur et à
mesure qu’Hitler multiplie les provocations et les agressions, Churchill endosse
le rôle de Cassandre, prévenant du risque hitlérien et de son imminence.
Lorsque Chamberlain signe les Accords de Munich, il s’emporte et lui dit « Vous
aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le
déshonneur et vous aurez la guerre ». S’il se heurte à l’incompréhension de ses
compatriotes, les événements lui donneront bientôt raison.

Le symbole de la résistance anglaise

Le 3 septembre 1939, trois jours après l’invasion de la Pologne, le Royaume-


Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Les prédictions de Churchill
prennent forme. Chamberlain le nomme alors nomme premier lord de
l’Amirauté dès le 5 septembre. Dans les mois qui suivent, il met sur pied un
plan d’attaque en Norvège en coopération avec la France. Lancé début avril
1940, le débarquement est un désastre, notamment la bataille de
Narvik. L’événement rappelle cruellement la bataille des Dardanelles.
Cependant, incarnant de plus en plus la lutte contre le nazisme, Churchill ne
perd pas sa popularité. Au contraire, Chamberlain endosse la responsabilité de
l’échec et lui laisse sa place le 10 mai 1940.
A 66 ans, Churchill parvient pour la première fois au sommet du pouvoir, et il y
demeurera jusqu’à la fin du conflit. Son intransigeance, ses discours incisifs
contre l’ennemi galvanisent toute une nation et font de lui le symbole de la
résistance anglaise au nazisme. Considérant son pays comme le dernier
rempart à la barbarie, il motive ses troupes pour la bataille d’Angleterre et fait
de la victoire une nécessité non négociable : « Il vaut mieux que le dernier
Anglais périsse les armes à la main et que le mot "fin" soit écrit au bas du
dernier chapitre de notre histoire plutôt que de continuer à végéter comme des
vassaux ou des esclaves » lance-t-il à Paul Reynaud et au maréchal Pétain qui
s’apprêtent à capituler. Adepte depuis toujours d’une coopération avec la
France, il n’hésite cependant pas à faire couler la flotte de cette dernière à Mers
el-Kébir pour éviter qu’elle ne tombe aux mains de l’Axe. De même, fervent
anti-communiste, il n’hésite pas à tendre la main à Staline lorsque l’URSS est
attaquée par l’Allemagne le 22 juin 1941.

Toute sa politique n’est orientée que vers un seul objectif : résister au nazisme
et battre Hitler. Depuis Guillaume le Conquérant, aucune armée n’est parvenue
à poser un pied sur l’île, pas même celle de Napoléon. Alors Churchill lance :
"Nous attendons l’invasion promise de longue date. Les poissons aussi." Il fait
de l’Angleterre le lieu et le symbole de la lutte contre le nazisme, accueillant les
résistants des pays occupés, dont de Gaulle. Enfin, c’est bien de l’Angleterre
que sera lancée l’opération Overlord. Travaillant avec Roosevelt et Staline,
accusé même plus tard d’avoir entériner le partage de l’Europe avec ce dernier,
Churchill souhaite que son pays reste puissant. Il travaille aussi à la
reconnaissance de la France Libre, bien que ses relations avec de Gaullesoient
particulièrement agitées.

Conclusion

Winston Churchill fut l’homme de la guerre, à peine cette dernière est-elle


terminée que ses concitoyens l’écartent du pouvoir. Il cède le pouvoir au
travailliste Attlee lors de la conférence de Postdam. Dans l’opposition pendant
cinq ans, il s’insurge contre l’indépendance accordée à l’Inde en 1947 qui va à
l’encontre de son attachement à l’Empire et à l’Angleterre victorienne. A
nouveau Premier ministre de 1951 à 1955, il gouverne le pays sans heurts ni
éclats. Il prend sa retraite en avril 1955, poursuivant la rédaction d’ouvrages
historiques qui lui ont valu en 1953 le prix Nobel de Littérature. Il se consacre
également à la peinture. Il s’éteint le 24 janvier 1965 à Londres, à l’âge de
quatre-vingt-dix ans. Ni le cigare qu’il arborait constamment, ni l’alcool qu’il
consommait régulièrement n’auront eu raison de lui.
Alcide De Gasperi

Alcide De Gasperi né le 3 avril 1881 à Pieve Tesino, dans l'actuelle province


autonome de Trente, dans la région du Trentin-Haut-Adige, alors en Autriche et
mort le 19 août 1954 à Sella di Valsugana (Italie), est un homme d'État italien.
Après la Seconde Guerre mondiale, il fonde Démocratie chrétienne. Président
du Conseil de 1945 à 1953, soit huit mandats, il est considéré comme l'un
des Pères de l'Europe, aux côtés de Robert Schuman, Jean Monnet, Johan
Willem Beyen, Paul-Henri Spaaket Konrad Adenauer.
Même s'il était italien de langue et de culture, De Gasperi naquit et se forma
dans le Trentin, qui était alors au sein de l'Autriche-Hongrie. De 1896 à 1900 il
est membre d'un mouvement chrétien-social. Alcide De Gasperi devient ensuite
boursier à l’université de Vienne en 1900 où il participe à des activités
politiques. Il fut inspiré par l'encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII.
En 1904, il joua un rôle important au sein du mouvement des étudiants du
Trentin qui réclamait la création d'une faculté de droit de langue italienne. Des
émeutes sont provoquées par des étudiants de langue allemande lors de
l’inauguration de la faculté de droit à Innsbruck et De Gasperi passera alors 20
jours en prison. Cela aurait pu le pousser à s’allier à l’irrédentisme (Autrichiens
du Sud qui veulent devenir Italiens), mais il n’est pas tenté par cette voie là. En
1905, il devint docteur en philosophie et lettres.
Un mouvement pro-italien se forme autour de lui et il entre en 1905 à la
rédaction du journal Voce Cattolica (« Voix catholique »), qui prendra le nom
de Il Trentino en septembre 1906, dont il assume la direction pendant une
brève période et qui deviendra par la suite l’organe de presse du Parti populaire
du Trentin pour les Italiens de cette région. Il écrivit une série d'articles dans
lesquelles il défendait l’« italianité » (italianità) et l'autonomie culturelle du
Trentin face aux tentatives de germanisation proposées par les forces politiques
nationalistes du Tyrol allemand, mais il ne remettait pas en question
l'appartenance à l'Autriche-Hongrie.
Lors des élections du parlement austro-hongrois du 13 et 20 juin 1911, il est élu
député autrichien à la Chambre autrichienne dans les rangs de l’Unione Politica
Popolare del Trentino (« Union politique populaire du Trentain »), sur 4275
électeurs il obtint 3116 voix. Ses discours défendent « l’italianité » de sa
province. Le 27 avril 1914 il obtint un siège au parlement Tyrolien d'Innsbruck.
Son activité de propagande prit fin à la suite de l'attentat de Sarajevo qui
déclencha la Première Guerre mondiale et l'adhésion de l'Italie à la Triple-
Entente. Il va se dévouer au maintien de la paix en rencontrant le ministre
italien des Affaires étrangères. Mais la guerre va éclater et couper court à ses
projets. Il Trentino fut pris par la censure et le numéro du 22 mai 1915 ne
comprenait, par provocation, que des pages blanches; De Gasperi décida de
suspendre les publications.
Durant la période où le gouvernement de Vienne resta inopérant (du 25 juillet
1914 au 30 mai 1917), De Gasperi se consacra surtout aux réfugiés de guerre.
Avec de telles intentions il fut nommé délégué pour l'Autriche Supérieure et
pour la Bohêmeoccidentale au Secrétariat pour les réfugiés. Aussi, après le
retour du Parlement, il continua à s'occuper de ce sujet, et il fit approuver une
loi pour réguler le traitement qui leur étaient réservé. Entretemps, ses positions
politiques changèrent et il devint un partisan du droit à l'autodétermination des
peuples : en mai 1918 il fut parmi les signataires d'un document commun aux
représentants des Polonais, des Tchèques, des Slovaques, des Roumains, des
Slovènes, des Croates et des Serbes.

Walter Hallstein

Walter Hallstein était le premier président de la commission européenne.


Concepteur de la construction européenne, il fût aux yeux de l’histoire un des
pères fondateurs de cette Europe de la paix et a toujours été associé aux
remarquables Robert Schuman et Jean Monnet. Ce qui est surprenant c’est
que c’était un juriste proche d’Adolph Hitler. Qui est Walter Hallstein ?
Walter Hallstein
L’ensemble du processus européen ne peut être compris que si l’on
s’intéresse à la vision des concepteurs de ce projet. Parmi les « pères
fondateurs », Walter Hallstein est sans doute l’un des principaux concepteurs
ou plutôt le concepteur en chef de cette construction européenne. Cet Allemand
né en 1901 et mort en 1982 était professeur de droit en Allemagne. Il était
également un juriste proche des autorités nazis comme le prouve
sa lettre datant du 30 septembre 1935 adressée au représentant du
gouvernement nazi de l’université de Rostock. Il a d’ailleurs été nommé doyen
de la faculté de droit et d’économie de Rostock par le gouvernement du IIIème
Reich comme le prouve la lettre 18 mai 1936 signée par le chancelier de
l’université de Rostock et d’un « Heil Hitler ». Dans un contexte particulier,
Walter Hallstein profite de l’ascenseur social du IIIème Reich lui permettant
d’accéder aux plus hautes fonctions de l’Allemagne nazie.

Deux ans après, Adolf Hitler rencontre Benito Mussolini à Rome le 9 mai 1938
afin de créer « une nouvelle Europe » : une union des pays européens qui
serait sous leur contrôle. Une délégation de juristes est alors constituée pour
concevoir cette « nouvelle Europe » qui a vocation à supprimer les frontières,
affaiblir la souveraineté des États et créer un vaste Empire où l’axe Berlin-
Rome appliquerait sa politique territoriale, économiques et diplomatique. Walter
Hallstein est donc nommé personnellement par Adolf Hitler comme
représentant nazi pendant les négociations d’Etat avec l’Italie fasciste entre le
21 et 25 juin 1938 afin de mettre en place un cadre juridique pour la « Nouvelle
Europe ».

La collaboration française favorable au projet

Dès 1941 les journaux français titrent « 1941 sera la grande année du
regroupement de l’Europe a déclaré le führer » (Paris soir publié le 1er février
1941). Cette « nouvelle Europe » conçue par le juriste allemand Walter
Hallstein est alors montrée aux français comme une solution de paix en Europe
alors que la France est occupée. Le gouvernement de Pétain inaugurera avec
les autorités nazies l’exposition intitulée « La France européenne » le 6 juin
1941 à Paris au Grand Palais. Les tracts et affiches qui doivent faire la
promotion de cet événement mettent en avant le projet d’une « construction de
l’Europe ». Le gouvernement de Pétain collabore avec le gouvernement nazie
dans l’objectif d’instaurer une « Pax Germania » à travers toute l’Europe.
L’occupation du IIIème Reich sur le continent tout entier est donc présenté à la
population comme un espoir de mettre fin une bonne fois pour toute à la guerre
en Europe. Une propagande de grande ampleur sera mise en place afin de
préparer les consciences à cette « nouvelle Europe ».

L’objectif de cette exposition est de sensibiliser les français sur l’importance de


construire une Europe de paix sans frontière comme le montre une
comparaison entre la carte de la vieille Europe d’hier et la carte de la nouvelle
Europe de demain. Celle-ci était présenté dans l’exposition de la France
Européenne.

Le projet est donc présenté de la manière suivante :

 « Hier, l’Europe cloisonnée des démocraties inefficaces«


 « Demain, la Nouvelle Europe sans frontière dessinée par Adolf Hitler«

« Il n’y aura plus de frontières, les communications seront faciles, il y aura des
grands axes de communication qui permettront d’avoir enfin un sentiment
européen et favoriseront le commerce«
La propagande de Vichy entre 1941 et 1942
Pour Vichy, il faut « imiter l’Allemagne » qui est un exemple à suivre.
L’argument économique est utilisé en affirmant que cette nouvelle Europe
permettrait de libérer le marché ce qui à terme favoriserait les échanges
commerciaux. Pour le régime de Vichy, la France est trop petite pour faire face
au monde extérieur. Pour peser, elle doit occuper une place importante dans
cette nouvelle Europe.

Les français ne pouvait qu’être favorable à ce projet selon le régime de Vichy


considérant que seul ce dernier était capable de comprendre les réels
problèmes que la France rencontrait à l’époque. Pour Vichy, la France devait
faire partie de la Nouvelle Europe pour pouvoir peser. Pour la propagande de
l’époque, le régime estimait qu’être contre cette construction européenne,
c’était s’enfermer, et vouloir une nouvelle fois la guerre avec l’Allemagne.
« Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ? »

La rhétorique du IIIème Reich


Toute la propagande allemande avait pour but de faire croire aux peuples que
seul l’Europe pouvait rendre les pays plus fort en raison de leur union.
L’Allemagne qui se tenait comme occupant promettait la paix et la prospérité
comme pouvait le faire croire un certain Empire Romain proposant la Pax
Romana. « Si vous être contre l’occupation de Rome, vous êtes contre la Pax
Romana et donc pour la guerre ». Suite à « la der des der » qui fût le dernier
drame humain pour l’époque, cette rhétorique qui se propageait à travers des
affiches, tracts et radios occupait l’esprit des gens quotidiennement dans tout
les territoires occupés par l’Allemagne nazie.

 « La nouvelle Europe est invincible »


 « La nouvelle Europe est l’avenir »
 « La nouvelle Europe se bat pour ton bien être »
 « Les soldats nazis se battent pour la liberté de l’Europe »

Rupture temporaire du projet


Walter Hallstein fût officier allemand durant la deuxième guerre mondiale. Lors
de la bataille de Cherbourg il est fait prisonnier par les américains en uniforme
de la Wehrmacht. Libéré à la fin de la guerre, il fait son entrée en politique au
sein de la CDU en RFA. En 1951, il devient le secrétaire d’Etat aux affaires
étrangères du chancelier Konrad Adenauer. À ce poste il élabore la « doctrine
Hallstein » et devient par la suite le chef de la délégation allemande (RFA) lors
des négociations sur les modalités de la construction européenne. C’est dans
ce contexte que l’idée « supranationale » d’une fédération émerge en reprenant
ses travaux qu’il avait produit en juin 1938 à Rome à la demande d’Hitler. Il co-
signe le traité de Rome le 25 mars 1957 avec Konrad Adenauer comme le
montre cette photo historique qui marque officiellement le début de la
construction européenne.

De 1958 à 1967, il devient le premier président de la commission européenne


que l’on appelait la commission Hallstein. En 1965 il présente le plan Hallstein
où il préconise de créer une Europe fédérale sans frontière pour libérer le
marché et empêcher et assurer la paix. Ce projet suscite immédiatement un
veto du Général de Gaulle qui pratique la politique de « la chaise vide ». A
l’époque toute la presse qui soutenait très largement le projet Hallstein
reprochait la position du général De Gaulle d’aller à l’encontre de la paix. A
l’époque Walter Hallstein était perçu comme un des pères fondateurs de la paix
en Europe et donc comme quelqu’un d’intouchable. Le général De Gaulle quant
à lui était, l’homme de l’enfermement, l’homme des frontières cloisonnées et du
siècle dernier… Ainsi toute la rhétorique du IIIème Reich avait été adoptée suite
à la reprise du projet de « la nouvelle Europe ». La différence était que la
propagande exercée était accompagnées de deux nouveaux concepts de
communication importés des USA : le marketing politique et le story telling.
Cette nouvelle force de communication était facilitée par le soft power,
développé par l’américain Joseph Nye. La propagande se transforme alors en
communication.

Pax Americana
Il est de notoriété publique qu’à cause du danger communiste, les USA n’ont
jamais hésité à retourner un certain nombre de dignitaires nazis possédant des
compétences variées et qui pouvaient servir l’intérêt des États-Unis. Ainsi, ce
sont des scientifiques, certains SS spécialisés dans la traque des communistes,
des ingénieurs, des juristes… qui sont arrêtés, retournés et libérés au profit de
la puissance américaine. Walter Hallstein fait ainsi parti de ceux qui autrefois
étaient au service de l’aigle Hitlérien et qui deviennent serviteur de l’aigle
américain. Lui deviendra président du mouvement européen dont on sait de
façon certaine que c’était un mouvement soutenu et financé par la CIA à partir
des années 50 comme l’indique l’article du Daily Telegraph datant du 19
septembre 2000. On retrouve dans des documents déclassifiés des
personnages comme Walter Hallstein, Jean Monnet ou encore Robert
Schumann considérés comme des employés par la CIA.
Conclusion
Le projet européen a été voulu par Hitler et Mussolini et conçu par Walter
Hallstein. Lorsque les américains ont « libéré » l’Europe de l’ouest, ils se sont
efforcés de relancer ce plan en retournant Walter Hallstein afin de vassaliser
l’Europe de l’Ouest conformément à ce qui était convenu avec Staline sur le
partage de l’Europe lors des conférences de Téhéran, Yalta et Potsdam. (à
noter l’absence d’un représentant français légitime lors de ces événements. Et
pour cause, De Gaulle en cohérence à l’appel du 18 juin s’est toujours battu
pour l’indépendance de la France en s’opposant à la nouvelle Europe d’Hitler
et la construction européenne portée par les USA. Faute de ne pas avoir de
majorité politique pour sortir de la CECA, il tentera l’idée du couple Franco-
Allemand; sans succès (Traité de l’Élysée et son préambule d’interprétation) Le
traité transatlantique qui se négocie en catimini a vocation à créer un espace de
libre échange entre USA et Europe créant ainsi une zone de 850 000 000 de
consommateurs. C’est aujourd’hui la pierre angulaire de cette stratégie qui a
pour but de neutraliser les puissances d’Europe afin de conserver
une hégémonie sur le monde qui repose sur une thalassocratie (anglo-saxons)
et non une terrassocratie (allemands ou russes; cf: travaux du géographe
britannique Mackinder) . Il est également intéressant d’étudier la relation entre
l’Allemagne et les États-Unis depuis la capitulation allemande du 8 mai 1945 en
clarifiant notamment le « pacte germano-américain pour le 21ème siècle » qui
lie celui qui a capitulé sans condition à son dominant jusqu’en 2099. (site officiel
de la maison blanche)

Sicco Leendert Mansholt

Sicco Leendert Mansholt, né le 13 septembre 1908 à Ulrum et mort


le 29 juin 1995 à Wapserveen, est un homme politiquenéerlandais, membre
du Parti travailliste (PvdA). Commissaire européen chargé de l'agriculture du 7
janvier 1958 au 22 mars 1972, puis président de la Commission
européenne du 22 mars 1972 au 5 janvier 1973 (Commission Mansholt), il fut
l'un des principaux artisans de la Politique agricole commune.
Dans une lettre (ouverte) adressée le 9 février 1972 au Président de la
Commission européenne Franco Maria Malfatti, Sicco Mansholt fit grand bruit
en prônant une politique écologiste fondée sur la décroissance de l'économie,
après avoir lu le rapport Meadows, publié la même année par le Club de
Rome et publié en France sous le titre Halte à la croissance ?. Il y défendait
aussi l'idée d'un revenu minimum garanti à l'échelle européenne1.
Parmi les Français, le Président Georges Pompidou, le vice-président de la
Commission européenne Raymond Barre et le secrétaire général du Parti
communiste français Georges Marchais critiquèrent durement la "Lettre". André
Gorz la commenta plusieurs fois favorablement dans Le Nouvel
Observateur. Bernard Charbonneau nota le revirement de Mansholt dans son
ouvrageNotre table rase en 1974 : après avoir, selon lui, notablement contribué
à la destruction de l'agriculture paysanne et favorisé le développement de
l'agriculture industrielle pour subvenir aux besoins européens, Mansholt milita
en faveur de l'écologie et de la limitation de la croissance
Jean Monnet

Né à Cognac (France) le 09/11/1888 ; Mort à Bazoches-sur-Guyonne (France)


le 16/03/1979

Jean Monnet naît à Cognac en 1888. Très jeune, il met un terme à ses études
pour aider son père dans l'entreprise familiale. Ces fonctions l'amènent à
voyager jusqu'en 1914, année durant laquelle il représente la France au sein de
la commission alliée qui se déroule à Londres. Dès 1919, ses talents
d'économiste le mènent à occuper le poste de vice-secrétaire général de la
Société des Nations (SDN). Par la suite, il met en place une banque aux Etats-
Unis puis propose ses services à de nombreux pays. En 1939, il est chargé de
présider le Comité de coordination liant la France et le Royaume-Uni. Après
plusieurs missions accomplies à Alger (1943) et à Washington (1945), il
organise le premier plan de modernisation et d'équipement, bénéfique à
l'économie française. Favorable à une union européenne, il contribue largement
à la mise en place de la CECA et en est nommé président dès 1952. A partir de
1955, il s'applique à renforcer cette union en fondant le Comité d'action pour les
Etats-Unis d'Europe.

Robert Schuman
Robert Schuman est né à Luxembourg, le 29 juin 1886 ; sa mère était
luxembourgeoise et avait épousé un Lorrain qui s'était soustrait à l'annexion de
l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne en 1870, en allant s'établir dans le Grand-
Duché de Luxembourg, à quelques kilomètres d'Évrange, son village natal.
C'est ainsi que le jeune Robert Schuman fréquenta l'école primaire et
secondaire à Luxembourg. Ayant fait ses études supérieures en Allemagne et à
Strasbourg, il ouvre un cabinet d'avocat à Metz en juin 1912. Deux ans plus
tard, la guerre éclate ; Robert Schuman est réformé pour des raisons de santé.

En novembre 1918, l'Alsace-Lorraine fête son retour à la France et Robert


Schuman entre au Parlement français comme député de la Moselle. En 1939,
une nouvelle guerre éclate et en mars 1940 Robert Schuman est nommé
Secrétaire d'État pour les Réfugiés. De retour en Lorraine, il est arrêté par la
Gestapo et mis au secret dans la prison de Metz. Président du Conseil (1947)
puis Ministre des Affaires étrangères (1948-1952), il fut le grand négociateur de
tous les Traités majeurs à la fin de la dernière Guerre mondiale (Conseil de
l'Europe, Traité de l'Atlantique Nord, CECA, etc.). De 1958 à 1960, il est le 1er
Président du Parlement européen qui lui décerne, à la fin de son mandat, le titre
de " Père de l'Europe

Chronologie de la vie de Robert Schuman

 29 juin 1886: Naissance à Clausen, faubourg de Luxembourg


 1900: Mort de son père, Jean-Pierre Schuman
 1896-1903: Études secondaires à l'Athénée de Luxembourg
 1904: Abitur (Baccalauréat) au Lycée impérial de Metz
 1904-1910: Études de droit aux Universités de Berlin, Bonn, Munich et
Strasbourg
 1911: Mort de sa mère
 1912: Ouverture d'un cabinet d'avocat à Metz
 1914: Incorporé dans un service auxiliaire de l'armée allemande, à Metz.
 1915-1918: Service de remplacement à l'administration du Kreis de
Boulay.
 1919 à 1940: Député de la Moselle
 1920: Nommé au Conseil Consultatif d'Alsace-Lorraine à Strasbourg
 1940: Secrétaire d'État auprès du Président du Conseil des ministres,
chargé des Réfugiés,
 14 septembre 1940: arrêté par la Gestapo
 13 avril 1941: Mis en résidence surveillée à Neustadt an der Weinstrasse
(Palatinat).
 1er août 1942: Évasion de Neustadt et entrée dans la clandestinité.
 Septembre 1944: retour en Moselle
 1945 à 1962: Député de la Moselle
 janvier à novembre 1947: Ministre des Finances dans le gouvernement
Ramadier
 24 novembre au 19 juillet 1948: Président du Conseil (Premier ministre)
 juillet 1948 à décembre 1952: Ministre des Affaires étrangères
(gouvernements Marie, Queuille, Bidault, Pleven, Faure, Pinay)
 février à décembre 1955: Ministre de la Justice, garde des Sceaux dans
le gouvernement E.Faure.
 1958 à 1960: Président de l'Assemblée parlementaire européenne de
Strasbourg
 1955 à 1961: Président du Mouvement Européen
 1962: Abandon de la vie politique
 4 septembre 1963: décès à Scy-Chazelles.

Paul-Henri Spaak

Un homme d’État européen: au cours de sa longue carrière politique, le Belge


Paul-Henri Spaak a largement mérité ce titre. Mentant sur son âge, il parvint à
s’engager dans l’armée belge durant la Première Guerre mondiale, et fut
pendant deux ans prisonnier de guerre des Allemands. Pendant la Seconde
Guerre mondiale, alors qu’il était ministre des affaires étrangères, il chercha en
vain à préserver la neutralité de la Belgique. Il suivit son gouvernement en exil,
tout d’abord à Paris, puis à Londres. Après la libération de la Belgique, Spaak
fut d’abord ministre des affaires étrangères, puis Premier ministre. Déjà
pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait formulé des propositions pour
l’unification des pays du Benelux et, dès la fin de la guerre, il milita en faveur de
l’unification de l’Europe en soutenant la création de la Communauté
européenne du charbon et de l’acier et l’établissement d’une communauté
européenne de défense. Spaak estimait que la signature de traités
contraignants entre les pays était le moyen le plus efficace de garantir la paix et
la stabilité. Il fut à même de contribuer à la réalisation de ces objectifs dans ses
fonctions de président de la première assemblée plénière des Nations unies
(1946) et de secrétaire général de l’OTAN (1957-1961). Paul-Henri Spaak fut
une figure de premier plan lors de la rédaction du traité de Rome. Lors de la
conférence de Messine en 1955, il fut nommé, par les six États participants,
président du comité chargé de plancher sur ce traité. Paul–Henri Spaak, un
Européen visionnaire, talentueux et persuasif Paul-Henri Spaak 1899 - 1972 ©
Nationaal Archief/Spaarnestad Photo Son ascension dans la politique belge Né
le 25 janvier 1899 à Schaerbeek, en Belgique, Paul-Henri Spaak grandit dans
une famille influente, très engagée dans la vie politique. Son grand-père, Paul
Janson, fut un membre reconnu du Parti libéral tandis que sa mère, la socialiste
Marie Janson, devint la première femme à entrer au Sénat belge. Son oncle,
Paul-Émile Janson, fut Premier ministre belge à la fin des années 1930. Spaak
entra dans l’armée belge pendant la Première Guerre mondiale, après avoir
menti sur son âge. Il fut néanmoins rapidement capturé par les Allemands et
passa les deux années suivantes dans un camp de prisonniers. Après la
guerre, Spaak étudia le droit. C’est également à cette époque qu’il commença à
se passionner pour le sport, au point de participer à la Coupe Davis de 1922,
dans l’équipe de tennis belge. Une fois diplômé, Spaak intégra un cabinet
d’avocats à Bruxelles. Il devint membre du Parti ouvrier belge en 1920. Son
ascension politique fut très rapide: il devint Premier ministre en 1938. Pendant
la Seconde Guerre mondiale, il fut ministre des Affaires étrangères au sein du
gouvernement belge en exil à Londres. À son retour à Bruxelles en 1944, il fut
encore ministre des affaires étrangères, puis à nouveau Premier ministre dans
les gouvernements Les pères fondateurs de l’UE Spaak signant un traité
européen au nom de la Belgique en 1965. d’après-guerre. Spaak fit son entrée
sur la scène internationale en 1945, lorsqu’il fut nommé président de la
première session de l’Assemblée générale des Nations unies. En 1956 il devint
secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Sa
contribution à l’Europe Spaak était connu pour ses talents de rhétorique: il était
doué pour captiver l’attention et possédait une grande force de persuasion. Ces
talents, associés à sa vision de la coopération européenne, firent de lui l’une
des chevilles ouvrières du projet d’intégration européenne. La formation du
Benelux Même si une grande partie de l’Europe était en ruines après la
Seconde Guerre mondiale, Spaak vit là l’occasion de faire à nouveau de
l’Europe un continent puissant, grâce à une coopération économique et
politique. La guerre lui fit prendre conscience qu’il était plus bien productif de
travailler ensemble vers un objectif commun que de s’entredéchirer. Spaak est
aujourd’hui considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Union européenne,
car il pressentit le potentiel que représentait l’unification de l’Europe d’après-
guerre. La formation du Benelux en 1944 en est une illustration éclatante. Alors
que Spaak travaillait depuis Londres, la guerre poursuivait sa marche
destructrice sur le continent. Mais, avec ses collègues néerlandais et
luxembourgeois, Spaak travaillait à un projet tout à fait innovant et extrêmement
ambitieux: en 1944 naquit le Benelux, union douanière entre la Belgique, les
Pays-Bas et le Luxembourg. Il s’agissait d’une idée simple, mais qui n’avait
jamais été proposée ni concrétisée auparavant. Elle consistait à garantir la libre
circulation des capitaux, des personnes, des services et des biens à l’intérieur
des frontières de ces trois pays: une source d’inspiration pour l’intégration
européenne. La conférence de Messine En 1955, lors de la conférence de
Messine réunissant des chefs d’État et de gouvernement européens, Spaak fut
nommé président du comité chargé de préparer un rapport sur la création du
marché commun européen (le «comité Spaak»). Lors de cette conférence, les
trois États du Benelux proposèrent de relancer l’intégration européenne sur la
base d’un marché commun et intégré dans les secteurs des transports et de
l’énergie nucléaire. Ce «rapport Spaak» fut à l’origine de la Conférence
intergouvernementale de 1956 sur le marché commun et l’Euratom, et servit de
point de départ à l’élaboration des traités de Rome signés le 25 mars 1957, qui
instituèrent la Communauté économique européenne en 1958. Spaak signa ces
traités au nom de la Belgique. Tout au long de sa carrière politique, Spaak
défendit avec ferveur l’importance de l’intégration européenne et
l’indépendance de la Commission européenne: «L’Europe de demain doit être
une Europe supranationale», avait-il déclaré pour contrer le «Plan Fouchet» du
président français Charles de Gaulle en 1962, visant à empêcher l’entrée de la
Grande-Bretagne dans les communautés européennes et à affaiblir leur assise
supranationale. L’unité européenne imaginée par Spaak était avant tout
économique. L’homme d’État belge souhaitait l’unification politique, mais sans
se limiter aux pays du marché commun. Il s’opposa donc à toutes les actions
proposées par la suite jusqu’à ce que l’intégration économique de la
GrandeBretagne soit réalisée. Il se retira de la vie politique en 1966 et décéda à
Bruxelles en 1972. Un Européen convaincu Spaak est présenté dans les livres
d’histoire comme le moteur de l’intégration européenne. Il crut en un projet
européen bien avant le début proprement dit de la coopération économique et
politique. Il fut un Européen convaincu qui porta le regard au-delà des frontières
de son seul pays.

Altiero Spinelli
Altiero Spinelli est né à Rome le 31 août 1907. Son père était un socialiste
convaincu, admirateur de Karl Marx, et il va contribuer de manière significative
à sa formation politique, en lui faisant lire des ouvrages de ce même Marx.
C’est donc son environnement familial, mais également le contexte social et
politique dans lequel se trouve l’Italie dans les années 1920 (avec la montée du
fascisme et l’arrivée au pouvoir de Benito Mussolini les 29 et 30 octobre 1922)
qui vont pousser le jeune Spinelli à rejoindre les rangs du Parti Communiste
Italien, dont il sera d’ailleurs secrétaire des mouvements de jeunesse pour
l’Italie centrale. Spinelli fait preuve dans les années 1920 d’un antifascisme
militant et montre ouvertement son opposition au Duce et au nouveau régime. Il
est arrêté à Milan le 3 juin 1927 et sera jugé, puis condamné le 6 avril 1928 à
seize ans et huit mois de prison. Il n’en effectuera au final que dix, car il
bénéficie d’une amnistie partielle en 1937. Malgré celle-ci, il sera maintenu en
détention d’abord à Ponza, puis il sera transféré en juin 1939 sur l’île de
Ventotene. Ces années de détention ont incontestablement marqué une
évolution majeure dans les convictions d’Altiero Spinelli. En effet, il va
progressivement abandonner le Parti Communiste, du fait notamment des
dérives totalitaires staliniennes et des purges menées à grand fracas en Union
Soviétique. C’est en 1937, selon François Saint-Ouen 1, qu’Altiero Spinelli a
décidé de quitter le Parti Communiste. Ainsi, dans son ouvrage Como he
tantato 3, Spinelli écrivait que « le pouvoir totalitaire de l’Union Soviétique
grandissait et continuait à grandir, avec une logique implacable ; cette tendance
était présentée comme irrésistible dans les rangs communistes du monde entier
; à l’égard de Staline s’était développé, de manière aberrante, un respect
obéissant, qui se transformait toujours plus en une véritable adoration. A mes
yeux, quelles ressemblances avec le Duce et le Führer prenait le Velikij Vojd »
Mais ce rejet du Parti Communisme ne s’explique pas seulement par les
dérives autoritaires de l’URSS de Staline et par les purges menées par celui-ci
à l’intérieur du Parti, c’est-à-dire par des raisons conjoncturelles. En effet, selon
les termes de Bernard Vayssière 2, « il y [avait] à ce moment-là dans la
démarche de Spinelli la recherche d’une nouvelle forme de pensée apte à
satisfaire sa vision du monde ». Comme il le confesse dans une lettre à Albert
Camus du 18 mars 1945 et également citée par Bernard Vayssière 2, Spinelli
souligne en effet qu’à cette époque, il a abandonné « l’optimisme historique du
marxisme […] qui était sûr que l’Humanité était guidée vers des buts toujours
plus élevés par la Providence […] ». « Je suis arrivé à la persuasion », écrivait
Spinelli, que toute l’activité de l’homme civilisé est une construction audace (sic)
et frêle au-dessus d’un gouffre qui menace de l’engloutir continuellement ».
Cette nouvelle vision du monde, sans doute plus pessimiste mais également
plus réaliste, Spinelli va la trouver à la lecture d’un certain nombre d’auteurs
fédéralistes britanniques des années 1930, ou encore américains de la fin du
XIXème siècle : on pense ici notamment à l’un des pères de la Constitution des
Etats-Unis d’Amérique Alexander Hamilton. Spinelli lira notamment ces auteurs
durant ses années d’emprisonnement dans les années 1930, mais sa
conversion définitive au fédéralisme peut-être située à sa période d’internement
dans l’île de Ventotene. (...)

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