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1. Introduction
Pour maintenir une stratégie de contrôle du climat de la serre, le chauffage s’avère nécessaire durant les
périodes hivernales où la température est inférieure à celle favorable à la culture. Contrairement, durant les
périodes chaudes, le refroidissement semble nécessaire. Les charges totales de chauffage peuvent excéder 30%
du coût global de production [1]. Ce coût élevé a obligé les serristes à utiliser des sources d’énergie naturelle et
gratuite telle que l’énergie solaire [2]. Ainsi, tout système de chauffage passif des serres, permettant d’augmenter
le stockage énergétique à l’intérieur de la serre pendant la phase diurne, est primordial pour limiter plus au moins
le recours au chauffage artificiel. Un mur Nord de stockage de chaleur sensible est souvent utilisé comme
système de chauffage passif des serres agricoles d’orientation Est/Ouest en hémisphère Nord [3]. En effet, cette
orientation est favorisée car elle permet la pénétration d’un maximum de radiations solaires en hiver et d’un
minimum de radiations solaires en été [4]. De même, pour cette orientation, la fraction des radiations solaires
entrant par les faces Sud et sortant par les faces Nord est élevée en hiver à cause de la faible altitude du soleil
[5]. L’utilisation du mur Nord pour l’absorption de cette énergie perdue servira à augmenter l’efficacité
énergétique de la serre. Un stockage de chaleur sensible dans le mur exige un grand volume du mur et une
différence de température élevée. Par contre, un stockage de chaleur latente a plusieurs avantages par rapport
au stockage sensible : grande capacité énergétique, moins de volume, faible température de stockage et la
chaleur stockée ou libérée lors du changement de phase se fait à température constante [6]. Ainsi, un mur Nord
constitué d’un matériau à changement de phase (MCP) pourra améliorer considérablement l’efficacité
énergétique de la serre [7].
2. Modèle mathématique
Dans le présent modèle, le mur Nord de la serre est constitué d’un Matériau à Changement de Phase. La
face externe est supposée isolée et la face interne reçoit une fraction des radiations solaires transmises à
l’intérieur de la serre. Cette face présente des échanges radiatif et convectif avec les composantes de la serre
(couverture, couvert végétal, air intérieur) comme le montre la figure 1. D’autres hypothèses de simplification
supplémentaires ont été adoptées pour le mur en MCP :
En utilisant la méthode enthalpique, l’équation de transfert thermique dans le mur peut s’écrire :
∂T ∂ ∂T ∂f
ρc p = (k ) - ρ∆H m (1)
∂t ∂x ∂x ∂t
Le deuxième terme du terme de droite de l’équation (1) tient compte du changement de phase quand il a lieu.
La chaleur latente de fusion est ∆H m et f représente la fraction liquide du MCP, donnée par.
f =1 if T > Tm
f = 0 if T < Tm (2)
0 < f < 1 if T = T
m
Ta , ϕ a ,Va
Ti ,ϕi
Tc
PCM
Tw
Plante, Tp
Les figures (2, 3, 4) illustrent les variations horaires de la fraction liquide, de la température du mur et celle de
l’air ambiant pour les décades typiques du climat de Décembre, Janvier et Février à Marrakech. L’analyse de ces
figures montre que les fractions liquides minimales sont de l’ordre de 0.27, 0.32 et 0.34, atteintes respectivement
ème ème ème
le 7 jour de la Décade de Janvier, le 8 jour de la décade de Décembre et le 2 jour de la décade de
ème
Février. Pour le 8 jour de la décade de Décembre, où la fraction liquide est minimale, la température ambiante
minimale atteinte est de l’ordre de 8°C or la température ambiante minimale atteinte durant ce mois est de l’ordre
ème
de 6°C atteinte le 10 jour de la décade de ce mois. Ceci signifie que la fraction liquide n’est pas toujours
ème
minimale lorsque la température ambiante est minimale. En effet, au 10 jour de la décade, la température
diurne maximale atteinte dans le mur est 71°C, indiquant que le flux énergétique solaire reçu ce jour-là est très
important. Ceci a permis en plus du stockage de la chaleur latente, un stockage de la chaleur sensible très
important. Ce phénomène a retardé le déclenchement du déstockage de la chaleur latente qui n’a démarré qu’à
ème
partir de 21h. Pour le 8 jour de la décade, le stockage de la chaleur sensible est moins important (Tw =
64.7°C), comme le montre la figure 2. Ainsi, la phase de déstockage de la chaleur latente a démarré un peu
plutôt, vers 20h, ce qui a induit cette différence dans les fractions liquides minimales. Le raisonnement est
similaire pour les autres mois de la période hivernale. En conclusion, la fraction liquide minimale atteinte est
fonction non seulement de la température ambiante, mais aussi, de la part de l’énergie solaire stockée pendant la
phase diurne.
f Ta Tw
80 80
1 1
70 0.9 70 0.9
60 0.8 60 0.8
Température (°C)
Temperature (°C)
Fraction liquide
0.7 0.7
Fraction liquide
50 50
0.6 0.6
40 40
0.5 0.5
30 0.4 30 0.4
0.3 0.3
20 20
0.2
Tw 0.2
10 10 f
0.1 0.1
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 0 0
40 80 120 160 200 240
Tem ps (h) Temps (h)
Figure 2 : Evolution horaire de la fraction liquide f, la Figure 3 : Evolution horaire de la fraction liquide f, la
température du mur Tw et la température ambiante Ta pour la température du mur Tw pour la décade type du Janvier.
décade type du climat de décembre.
120 12 00 D écem b re
1
110 11 00 Janv ier
0 .9 F évrier
Radiation solaire incidente (W/m 2 )
100 10 00
90 0 .8 9 00
Temperature (°C)
80 0 .7 8 00
Fraction liquide
70 0 .6 7 00
60 6 00
0 .5
50 5 00
0 .4
40 4 00
0 .3
30 3 00
20 0 .2 2 00
10 0 .1 1 00
0 0
20 40 60 80 100 120 1 40 160 180 200 220 24 0 0 40 80 1 20 1 60 20 0 240
Tem ps (h) Tem ps (h)
Figure 4 : Evolution horaire de la fraction liquide f, la Figure 5 : Evolution horaires des radiations solaires
température du mur Tw et la température ambiante Ta pour incidentes sur le MN-MCP pour les décades types du climat
la décade type du climat de février. de décembre, janvier et février.
40 55
A vec (M N -M C P ) A v ec (M N -M C P )
S an s (M N -M C P ) 50 S an s (M N -M C P )
35
Tp 45
Tp
30 Ti 40 Ti
Tp
Température (°C)
Température (°C)
Tp
25 Ti 35 Ti
Ta
30 Ta
20
25
15 20
10 15
10
5
5
04 9 5 04 9
1 31 55 3 575 597 15 19 1631 16 35 16 75 1697 26 91 2731 1 531 55 3 75 5 597 1519 1631 6
135 16 75 1697 26 91 27 31
T em p s (h) T em ps (h )
Figure 6 : Evolution horaire de la température du couvert Figure 7 : Evolution horaire de la température du couvert
ème ème
végétal et de l’air intérieur pour le 3 jour de la décade végétal et de l’air intérieur pour le 3 jour de la décade type
type de janvier de février
Dans le tableau 1, on a reporté la différence de température atteinte par le couvert végétal et l’air intérieur
ème
pour le 3 jour des décades types de Décembre, Janvier et Février. Les résultats indiquent que la différence de
ème
température maximale atteinte dans la serre entre 17h et 20h a eu lieu le 3 jour de la décade type de Février.
Les températures obtenues pour le couvert végétal et l’air intérieur sont respectivement 22.8 et 26°C. Ceci
montre l’impact important de la durée du stockage de la chaleur sensible sur la température des composantes de
la serre entre 17h et 20h.
Au-delà de cet intervalle, entre 20h et 7h, la différence de température atteinte des composantes de la serre
est toujours dans la même marge (3 à 8°C) sur toute la période hivernale. En effet, dans cet intervalle de temps,
la fraction liquide n’est jamais nulle et la température du mur est toujours proche de 29°C.
ème
Tableau 1 : Comparaison des températures du couvert végétal et de l’air intérieur avec MN-MCP pour le 3 jour des
décades types de décembre, janvier et février.
4. Conclusion
En conclusion, la fraction liquide minimale atteinte est fonction non seulement de la température ambiante,
mais aussi, de la part de l’énergie solaire stockée pendant la phase diurne. La fraction liquide n’est jamais nulle
sur toute la période hivernale à Marrakech indiquant que la température nocturne du mur est stable autour de
29°C (température de fusion du MCP). Avec ce système, on arrive à garantir une source de chaleur nocturne
permettant un chauffage passif, continu sur toute la période hivernale.
Références
[1] M.K. Ghosal, G.N. Tiwari, D.K. Das et K.P. Pandey, Modeling and comparative thermal performance of ground
air collector and earth air heat exchanger for heating of greenhouse, Energy and Buildings, Vol. 37 (6), pp. 613–
621, 2005.
[2] M.N. Bargach, R. Tadili, A.S. Dahman, M. Boukallouch, Survey of thermal performances of a solar system
used for the heating of agricultural greenhouses in Morocco, Renewable Energy, Vol. 20, pp. 415–433, 2000.
[3] M. Santamouris, C.A. Balaras, E. Dascalaki et M. Vallindras, Passive solar agricultural greenhouses: a
worldwide classification and evaluation of technologies and systems used for heating purposes, Solar Energy,Vol.
(5), pp. 411–426, 1994.
[4] V.P. Sethi, On the selection of shape and orientation of a greenhouse: Thermal modelling and experimental
validation, Solar Energy, Vol. 83, pp. 21-38, 2009.
[5] F. Berroug, E.K. Lakhal, M. El Omari, H. El Qarnia et M. Faraji, Effet de la géométrie sur la performance
thermique d’une serre agricole, Revue des Energies Renouvelables, Vol.14(2), pp. 249-266, 2011.
[6] B. Zalba, J. Marin, L.F. Cabeza, H. Mehling, Review on thermal energy storage with phase change materials,
heat transfer analysis and applications, Applied Thermal Engineering, Vol.23, pp.251-283, 2003.
[7] F. Berroug, E.K. Lakhal, M. El Omari, M. Faraji et H. El Qarnia, Thermal performance of a greenhouse with
phase change material north wall, Energy and Building, Vol.43, pp.3027-3035, 2011.