Cour Des Comptes

LE RAPPORT
PUBLIC ANNUEL
2018
Les observations
Synthèses
Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 1 30/01/2018 12:09:11

g AVERTISSEMENT
Ces synthèses sont destinées à faciliter la lecture et l’utilisation
du rapport de la Cour des comptes.
Seul le rapport engage la Cour des comptes.
Les réponses des administrations, des organismes et des

collectivités concernées figurent à la suite du rapport.
L’ordre des synthèses correspond à celui du rapport.

Introduction
Rendu public pour la première fois en 1832, le rapport annuel de la Cour des
comptes constitue un moyen privilégié pour faire connaître les travaux de
la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes, ainsi que les
enseignements à en tirer. En 2018, il couvre un très large champ de l’action
publique et de ses acteurs pour en identifier les progrès, les réussites. Il souligne
les risques à maîtriser, pour renforcer son efficacité et son efficience.
Le rapport public annuel 2018 comporte trois tomes :
- le tome I expose les observations et recommandations issues d’une sélection de

contrôles et d’enquêtes réalisés en 2017 par la Cour et les chambres régionales
et territoriales des comptes ;
Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

- le tome II présente les suites données par les administrations, collectivités et
autres organismes contrôlés aux observations et recommandations formulées
les années précédentes par la Cour et les chambres régionales et territoriales
des comptes ;
- le tome III présente l’organisation et les missions des juridictions financières.
Le rapport annuel de la Cour de discipline budgétaire et financière est annexé à

ces trois tomes.
Le présent fascicule rassemble les synthèses des 15 chapitres figurant dans le

tome I « Les observations ».
Ces 15 textes sont regroupés par thème :
- chapitre I : les finances publiques (3) ;
- chapitre II : les politiques publiques (4) ;
- chapitre III : la gestion immobilière publique (4)
- chapitre IV : les territoires (4).

Sommaire
Les observations
Chapitre I - Les finances publiques
Les politiques publiques

1. La situation d’ensemble des finances publiques
(à fin janvier 2018). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2. Les remises et transactions en matière fiscale : une égalité
de traitement et une transparence à mieux assurer. . . . . . . . . . . 12
3. La sortie des emprunts à risque des collectivités locales :
un exercice mené à bien mais un coût élevé pour les finances
publiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Chapitre II - Les politiques publiques

1. Amplifier la modernisation numérique de l’État . . . . . . . . . . . . . . 21

2. Les activités privées de sécurité : une contribution croissante
à la sécurité publique, une régulation insuffisante. . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3. La politique vaccinale : un enjeu de santé publique,
une confiance à conforter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4. Les compteurs communicants Linky : tirer pour les consommateurs
tous les bénéfices d’un investissement coûteux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Chapitre III - La gestion immobilière publique

1. Le regroupement immobilier des services centraux des ministères
chargés de l’équipement, de l’environnement et du logement :
une fonctionnalité améliorée au prix de surcoûts évitables. . . . . . . . 35
2. Le projet « Balard » : une réussite opérationnelle, un pilotage
à renforcer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3. L’École nationale supérieure maritime : un avenir à clarifier. . . . 40
4. Dix ans après le lancement de l’opération Campus, un premier
bilan en demi-teinte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Sommaire
Chapitre IV - Les territoires
1. L’alimentation en eau potable de la métropole du Grand Paris :
une nouvelle stratégie pour de nouveaux enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
2. Les piscines et centres aquatiques publics :
un modèle obsolète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3. Le tourisme en Languedoc-Roussillon : un défi pour la nouvelle
région Occitanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4. L’hôpital de Longué-Jumelles : un établissement en survie
artificielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Chapitre I
Les finances publiques
1. La situation d’ensemble des finances publiques

(à fin janvier 2018)
2. Les remises et transactions en matière fiscale : une égalité

de traitement et une transparence à mieux assurer
3. La sortie des emprunts à risque des collectivités locales :

un exercice mené à bien mais un coût élevé pour les finances
publiques

1 La situation d’ensemble
des finances publiques
En 2017, un retour possible notamment de l’État, qu’avait révélée

du déficit en dessous de 3 points l’audit (graphique ci-dessous).
de PIB, grâce à des plus-values
Estimation du déficit public en 2017
importantes de recettes
en loi de finances rectificative
En 2017, selon la dernière prévision de fin d’année (en points de PIB)
du Gouvernement, le déficit public
reviendrait en dessous de 3 points Estimation à politique Prévision de la LFR
de PIB, à 2,9 points de PIB. Ce retour inchangée de juin 2017 de décembre 2017
sous les 3 points de PIB n’est pas

acquis. En effet, si les résultats

provisoires de l’exécution budgétaire - 2,9
points
Dépenses
de l’État sont meilleurs qu’anticipé Prélèvements
de l’État (*)
de
- 3,2 obligatoires PIB
par la LFR de fin 2017, des incertitudes points
+ 0,11
- 0,05
- 0,07
inhabituellement élevées affectent les de
PIB
Investissement
+ 0,3 Autres local
traitements de comptabilité nationale Recettes et autres
qui seront appliqués aux données de

l’État, s’agissant notamment du coût Corrections Corrections
en recettes en dépenses
de la recapitalisation d’Areva et du
(*) charge d’intérêts et prélèvement sur recettes
contentieux sur la taxe à 3 % sur les à destination de l’Union européenne
dividendes.
Source : Cour des comptes
En tout état de cause, cette prévision
marque une dégradation par rapport Les mesures de freinage des dépenses
à la loi de finances initiale pour prises au cours de l’été par le
2017 (2,7 points de PIB), mais une Gouvernement, même si elles ont
amélioration par rapport à l’estimation évité un dérapage supplémentaire
qui ressortait de l’audit de la Cour des dépenses publiques, n’auront
en juin 2017 (3,2 points de PIB). toutefois pas empêché la dépense
L’amélioration de la conjoncture et, de croître de près de 1 %, au rythme
dans une moindre mesure, les mesures moyen des cinq années précédentes.
de freinage de la dépense prises à l’été
2017, ainsi qu’une nouvelle baisse de La France continue ainsi de présenter
la charge d’intérêts et du prélèvement une situation nettement plus
sur recettes à destination de l’Union dégradée que celle de la quasi-
européenne, devraient en effet avoir totalité de ses partenaires de la zone
pour une large part compensé la euro. Le déficit public de la France
nette sous-estimation des dépenses, resterait ainsi nettement supérieur à

La situation d’ensemble des finances publiques
celui de l’ensemble de la zone euro, Dette publique en France, en Allemagne

qui s’établirait à 1,2 point de PIB en et en zone euro (en points de PIB)
2017. Le déficit effectif, comme le
déficit structurel (c’est-à-dire corrigé 95
des effets de la conjoncture), serait
85
supérieur à celui de la totalité de
ses partenaires de la zone euro, à 75
l’exception de l’Espagne (graphique
ci-dessous). 65
Soldes publics prévus en 2017 55

Zone euro
dans la zone euro (en points de PIB) Allemagne
45
France
ne
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rt e
Au eur
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1,0
0,5
Source : Cour des comptes, à partir des
0,0
données et prévisions de la Commission
- 0,5
européenne (AMECO)
- 1,0
- 1,5
Les marges pour maintenir le déficit
- 2,0
public en dessous de 3 points de PIB
- 2,5
- 3,0
et faire face à un choc conjoncturel
- 3,5 défavorable resteraient faibles en
solde effectif solde structurel 2018.
Source : Prévision d’automne 2017 de la Pour autant, la réduction du déficit
Commission européenne (AMECO)
suppose un ralentissement de la dépense
publique qui n’est pas garanti. La
En 2018, un objectif de déficit prévision de dépenses des collectivités
public en très faible réduction locales, notamment, suppose une
baisse en volume de leurs dépenses de
En 2018, le Gouvernement prévoit une
fonctionnement, alors même que la
réduction très faible (0,1 point de PIB)
pression qu’avait fait peser sur celles-
du déficit effectif comme du déficit
structurel. Le déficit public s’élèverait ci la baisse des concours financiers de
ainsi à 2,8 points de PIB. Comme l’État aura disparu.
à plusieurs reprises par le passé,
les pouvoirs publics tirent parti de La trajectoire de moyen terme : un
l’amélioration de la conjoncture pour redressement tardif et s’appuyant
baisser les prélèvements obligatoires sur des instruments fragiles
et n’améliorer que modestement le
déficit public. Il devrait en résulter Au-delà de 2018, la loi de programmation
une nouvelle hausse de la dette des finances publiques présente une
publique rapportée au PIB, alors que trajectoire de nette réduction du déficit
le mouvement de baisse de celle-ci est public sur 5 ans : celui-ci reviendrait à
déjà bien engagé dans la zone euro 0,3 point de PIB en 2022. Le déficit prévu
10 (graphique ci-après). reste toutefois très proche de 3 points de
PIB jusqu’en 2019 et sa réduction n’est

La situation d’ensemble des finances publiques
programmée qu’à partir de 2020.Celle-ci dépenses dont les contours restent à définir
est en outre facilitée par l’hypothèse d’un et, pour les collectivités territoriales, sur la
maintien d’une croissance soutenue, réalisation, peu vraisemblable, d’excédents
constamment supérieure à la croissance de plus en plus élevés (graphique
potentielle, alors qu’une hypothèse ci-dessous), auxquels la mise en place d’un
prudente, se traduisant mécaniquement dispositif nouveau de contractualisation
par un déficit plus élevé en fin de période, avec les plus grandes d’entre elles est
aurait consisté à ramener la croissance supposée conduire.
effective à la croissance potentielle dès
2020. Sans ce supplément affiché de Soldes des administrations publiques
croissance par rapport à la croissance locales (en point de PIB)
potentielle, le déficit public serait encore
de 0,8 point de PIB en 2022. 1,0
0,5
La loi de programmation vise néanmoins
un infléchissement progressif du 0,0
rythme de croissance de la dépense
publique (graphique ci-dessous). Mais - 0,5
celui-ci ne permettrait ni de réduire le - 1,0

déficit structurel à hauteur de ce que
supposerait le respect des engagements

- 1,5
européens de la France ni de ramener le

78
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solde structurel à l’objectif de moyen
terme (un déficit structurel ne dépassant Source : Insee sur les années 1978 à 2016, puis
pas 0,4 point de PIB), à l’horizon de la loi loi de programmation des finances publiques
de programmation. sur les années 2017 à 2022
L’amélioration constatée de la situation

Croissance de la dépense publique
en volume économique favorise à court terme la
réduction des déficits publics et peut
4,5 %
sembler, à tort, alléger la contrainte
4,0 %
qui pèse sur nos finances publiques. La
Moyenne de 2,2 %
3,5 % sur la période 2000-2008
nécessité de restaurer dans la durée la
soutenabilité des finances publiques de
3,0 %
la France n’en est pas pour autant moins
2,5 %
pressante.
2,0 % Moyenne de 0,9 %
1,5 % sur la période 2012-2017 Or, comme l’a régulièrement souligné
1,0 % la Cour, notre pays se caractérise par
0,5 % un niveau de dépenses publiques élevé,
0,0 % significativement supérieur à celui de
ses principaux partenaires, sans que les
00
02
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20
résultats des politiques mises en œuvre

Source : Cour des comptes, à partir des données soient toujours à la hauteur des dépenses
de l’Insee et de la loi de programmation des consenties. L’identification des marges
finances publiques d’efficience importantes que révèle cette
En outre, le respect des objectifs de baisse comparaison et la mise en œuvre des
des déficits publics repose, pour l’État, réformes permettant de les exploiter
sur la mise en œuvre de réformes sur les doivent donc être menées dès à présent. 11

2 Les remises et transactions
en matière fiscale : une égalité
de traitement et une transparence
à mieux assurer
Éléments constitutifs du « pouvoir Les remises comme les transactions
gracieux » de l’administration fiscale ont des objectifs communs. Elles
dans la mise en œuvre et le recouvrement permettent à l’administration de tenir
de l’impôt, remises et transactions compte de situations spécifiques.
permettent de procéder à des diminu- Elles peuvent contribuer, grâce à
tions voire à des abandons d’impôts la modulation des sanctions, à une
(droits et pénalités pour les remises, meilleure acceptation de l’impôt. Enfin,
pénalités seulement pour les transactions). elles facilitent le recouvrement par une
réduction des contentieux, dans le cas
La Cour a étudié la mise en œuvre particulier des transactions.
de ces deux outils par la direction

générale des finances publiques Un volume de plus d’un million
(DGFiP) du ministère de l’action et des de demandes de remise
comptes publics.
Selon les données disponibles et
communiquées par la DGFiP, les
Des outils utiles à la gestion demandes de remise gracieuse
de l’impôt fluctuent autour de 1 million en
moyenne sur la période 2011-2016,
La loi prévoit, sous certaines conditions,
les variations tenant en particulier
la possibilité pour l’administration fiscale à l’emploi de cet outil pour des
de procéder à des remises gracieuses mesures collectives – en cas de crises
ou à des transactions de pénalités agricoles par exemple. Entre 2011 et
fiscales, les remises gracieuses pouvant 2016, le taux de rejet des demandes
également porter sur les droits lorsqu’il gracieuses a varié entre 37 % et 44 %.
s’agit d’impôts directs. Ce cadre En moyenne, 87 % des demandes
juridique se caractérise par sa stabilité : concernent des particuliers et, parmi
les dispositions de l’article L. 247 du livre ces dernières, 36 % pour la seule taxe
des procédures fiscales (LPF) sont issues d’habitation.
d’un cadre législatif défini en 1963.
Les transactions, dont l’ordre de
Au sein de la DGFiP, ces deux instruments grandeur était de 6 000 par an en
sont mis en œuvre tant au niveau central 2011-2012, ont vu leur nombre
que déconcentré. Un comité consultatif, chuter pour s’établir entre 3 000 et
le comité du contentieux fiscal douanier 4 000 par an dans la période récente.
et des changes (CCFDC), donne un avis Les transactions, qui font suite à
sur les dossiers les plus importants (seuil un contrôle fiscal, concernent des
de 200 000 €). entreprises et les particuliers disposant
12

Les remises et transactions en matière fiscale :
une égalité de traitement et une transparence
à mieux assurer
d’un revenu et/ou d’un patrimoine d’assurer l’homogénéité des pratiques

significatif. Elles concernent presque sur l’ensemble du territoire. L’enquête
exclusivement les impôts d’État. de la Cour a fait apparaître, à cet
égard, d’importantes lacunes en
En 2015, le montant moyen d’une matière de suivi, ce qui ne permet ni
remise accordée était de 622 €. Dans le de s’assurer de l’égalité de traitement
cas des transactions, le montant accordé ni de garantir la transparence. La Cour
était de 38 000 € en moyenne. Le coût a mis en évidence des différences de
budgétaire moyen induit par les remises traitement dans la politique de remise
et les transactions est, sur la période entre les départements.
2011-2016, de 526 M€.
La DGFiP comme la direction
générale des douanes et droits
Des pratiques qui s’écartent indirects (DGDDI) disposent d’outils
dans certains cas du cadre légal informatiques anciens et épars pour
le suivi des remises et transactions, ce
L’enquête de la Cour a mis en évidence
qui ne leur permet pas d’assurer une
l’existence d’écarts entre les pratiques et restitution précise et fiable.
le cadre juridique applicable aux remises
et transactions. Ces écarts doivent être En outre, ces lacunes ne permettent

corrigés. Deux dispositions de l’article pas aux services de piloter la
L. 247 du LPF ou liées à sa mise en pratique des remises gracieuses entre
œuvre réglementaire, manifestement services locaux. La DGFiP ne s’est
peu adaptées1, devraient ainsi être revues. dotée des moyens ni de rendre
compte des écarts constatés entre
En outre, le règlement d’ensemble, départements et entre services des
pratique qui permet, à l’occasion d’un impôts des particuliers au sein d’un
contrôle fiscal, d’arriver à un accord même territoire, ni de les analyser,
entre l’administration et le contribuable en invoquant les difficultés liées aux
portant sur le montant des droits et sur applications informatiques. La Cour
les pénalités dues, ne repose sur aucun n’est pas favorable à l’instauration
fondement légal. Sans remettre en d’un barème contraignant qui tendrait
cause son intérêt, la Cour estime à s’apparenter à l’ouverture d’un
indispensable de remédier à cette « droit à la remise ». En revanche, la
absence. contrepartie de la liberté d’appréciation
de l’administration est l’obligation de
rendre compte, d’expliquer et de mettre
Des insuffisances en matière en place des politiques visant à prévenir
de suivi et de pilotage et corriger les écarts de pratiques des
services.
La marge d’appréciation laissée à
l’administration dans la mise en œuvre Ces mêmes insuffisances conduisent,
de l’impôt suppose,en contrepartie,des lors de la conclusion des transactions,
dispositifs de contrôle interne et une à des pratiques non harmonisées de
restitution sans faille, afin notamment diminution des pénalités.
1
Interdiction des remises sur les impositions non définitives et nécessité d’un avis préalable du maire 13
sur les demandes gracieuses en matière d’impôts locaux.

Les remises et transactions en matière fiscale :
une égalité de traitement et une transparence
à mieux assurer
Une transparence à garantir Ce n’est qu’à l’occasion de l’enquête

de la Cour que ce rapport a été
Depuis l’adoption de la loi relative déposé, pour la première fois, le
à la lutte contre la fraude fiscale et 14 avril 2017, mais la DGDDI ne s’est
la grande délinquance économique
pas encore prêtée à cet exercice, qui
et financière du 6 décembre 2013,
le ministre chargé du budget doit devrait, à l’avenir, être conjoint aux
publier chaque année un rapport sur deux administrations du ministère.
l’application de la politique de remises Les données y figurant devront être
et de transactions à titre gracieux par fiabilisées.
l’administration fiscale.
Recommandations
La Cour formule les recommandations 4. mettre en place, tant au niveau

suivantes : des services déconcentrés que de
la DGFiP, des dispositifs de contrôle
1. modifier les dispositions de l’article interne permettant de mesurer et
L. 247 (deuxième alinéa) du LPF d’analyser les écarts constatés en
afin de préciser les conditions dans matière de remises et de transactions à
lesquelles des remises gracieuses des fins de pilotage et d’harmonisation ;
peuvent être accordées lorsque
l’impôt n’est pas définitif, et abroger 5. publier en annexe au projet de
le dernier alinéa de l’article R. 247-2 loi de finances le rapport annuel
du livre des procédures fiscales ; au Parlement sur l’application
de la politique de remises et de
2. définir un cadre légal applicable transactions à titre gracieux par
au dispositif de règlement d’ensemble l’administration fiscale, incluant les
et en assurer un suivi spécifique ; données de la DGFiP comme celles
de la DGDDI et compléter à
3. améliorer, en application d’un plan
moyen terme les lacunes graves
d’action précis à trois ans, au sein de la
qu’il comporte en l’état.
DGFiP comme de la DGDDI, la qualité et
la fiabilité des restitutions informa-
tiques des remises et transactions ;
14

3 La sortie des emprunts à risque
des collectivités locales : un exercice
mené à bien mais un coût élevé
pour les finances publiques
La Cour a souhaité, en 2018, C’est à partir de 2012 que l’État a pris
dresser un bilan de l’extinction de une série de mesures financières avec
la dette par emprunts structurés à un premier fonds d’aide de 50 M€.
risque détenue par les collectivités La situation a été modifiée par une
locales, dont le développement et décision du tribunal de grande instance
les conséquences sur les finances de Nanterre de février 2013, favorable
locales ont été particulièrement aux collectivités qui avaient introduit
graves. À la fin des années 2000, des contentieux envers les banques.
l’encours sensible de ces emprunts
Celle-ci entraînait un risque important
était estimé à une dizaine de
pour les finances publiques, l’État ayant

milliards d’euros.
été contraint, au début de l’année 2013,
Une crise à l’ampleur aggravée de faire reprendre les encours de crédit
depuis la fin des années 2000 détenus par Dexia par une nouvelle
entité publique (SFIL/CAFFIL) dont
À l’occasion de ses différents travaux il est l’actionnaire principal. Les
sur le sujet, la Cour a mis en lumière pertes potentielles sur le bilan de la
la combinaison des responsabilités nouvelle banque étaient très élevées.
ayant entraîné la crise des emprunts
à risque : celle des collectivités locales C’est alors que l’État a mis en place
qui ont exercé leur pouvoir d’emprunter une réponse à deux volets qui a fait
librement au nom du principe de libre l’objet d’un pacte de responsabilité
administration, et de présidents avec les collectivités en juillet 2013.
d’exécutifs locaux qui ont pris Un premier volet curatif a prévu la
des risques inconsidérés pour des mise en place d’un fonds pluriannuel
avantages de court terme sans en de soutien aux collectivités locales,
informer correctement leur assemblée doté de 1,5 Md€. Ce montant a été
délibérante ; celles des banques, et en porté à 3 Md€ sur 15 ans à la suite
particulier de Dexia, qui ont conçu ces de la désindexation du franc suisse
produits structurés et encouragé leur en janvier 2015, qui a provoqué une
souscription, en particulier auprès des explosion des taux des contrats
petites communes ; celle, enfin, de l’État indexés sur la parité euro-franc suisse.
qui n’a pas pris la mesure des risques Un second volet préventif a encadré
encourus lors de l’apparition de ces strictement, pour l’avenir, par la loi
nouveaux emprunts et n’a pas mis en du 26 juillet 2013 de séparation et de
place, en temps utile, les dispositifs régulation des activités bancaires, les
juridiques et comptables qui auraient conditions de souscription d’emprunts
évité leur propagation. « à structure » par les collectivités. 15

La sortie des emprunts à risque des collectivités
locales : un exercice mené à bien mais un coût
élevé pour les finances publiques
En contrepartie de son intervention La doctrine d’aide mise en place a

financière, l’État a cherché à parer été transparente. Le SPDSER a fait
aux conséquences pour les finances le choix d’objectiver au maximum
publiques de contentieux favorables ses modalités d’intervention, en
à ces collectivités en faisant voter en particulier l’attribution d’une aide
2014 une disposition de validation supplémentaire à titre discrétionnaire
(à hauteur de 5 %), ce qui a favorisé
législative des contrats antérieurs,
l’acceptation de cette politique publique
de façon à éteindre les motifs de
par les collectivités intéressées. En outre,
contentieux soulevés lors de l’instance
les taux d’aide moyens constatés par
de février 2013. type de collectivités montrent que les
collectivités les plus petites ont été
Des opérations conduites favorisées.
avec rigueur et méthode Les collectivités ont accepté d’entrer
entre 2015 et 2017 dans le dispositif : sur un ensemble
estimé de 850 entités concernées, 676
Le fonds de soutien apportait un ont déposé une demande d’aide. Le
concours financier aux collectivités taux de dépôt a donc été de 79,5 %.
pour les aider à sortir des emprunts
sensibles détenus, à condition qu’elles Des risques désormais maîtrisés

renoncent, le cas échéant, aux
Le fonds de soutien a accompagné, au
contentieux engagés. Concrètement, il
30 septembre 2017, la désensibilisation
permettait à ces dernières de financer une d’un encours de dette structurée de
partie de l’indemnité de remboursement 4,7 Md€, auquel il faut ajouter près
anticipé (IRA) due aux banques lorsque d’1 Md€ d’encours bénéficiant du régime
le contrat de prêts prenait fin, ou, dans dérogatoire. Au total, le fonds de soutien
le cadre du régime « dérogatoire », les a permis le traitement de 70 % de
conséquences de la dégradation des taux l’encours éligible estimé (8 Md€). Près de
d’intérêt de contrats maintenus. 60 % de l’encours désensibilisé concerne
les contrats au niveau de « toxicité » le
Le fonds a été géré entre 2015 et plus élevé. Ainsi, l’objectif de traiter en
priorité les emprunts les plus risqués a
2017 par un service à compétence
été atteint et les risques de contentieux
nationale – le service de pilotage du sont désormais réduits.
dispositif de sortie des emprunts à
risque (SPDSER) – constitué d’une Des situations ponctuelles demeurent
petite équipe opérationnelle. Ce toutefois préoccupantes. Le service en
service a contribué à définir les charge de la gestion du fonds de soutien
estime qu’une douzaine de collectivités
modalités techniques d’intervention
se trouve dans une position délicate.
du fonds de soutien, mais aussi à Il s’agit majoritairement de petites
restaurer un climat de confiance entre communes qui ont fait le choix dès
des acteurs qui ne souhaitaient plus le départ de ne pas demander l’aide
collaborer. du fonds de soutien.
16

La sortie des emprunts à risque des collectivités
locales : un exercice mené à bien mais un coût
élevé pour les finances publiques
Enfin, les nouveaux emprunts qui à hauteur des deux tiers (112 M€ par
refinancent les anciens emprunts à an, soit 1,7 Md€).
risque continueront de peser dura-
Ces aides auront contribué au paiement
blement sur la dette et les capacités
d’indemnités de remboursement
d’investissement des plus petites
anticipé d’un montant total de 4,7 Md€,
collectivités au cours des quinze
prochaines années. dont 2,1 Md€, soit 45 %, restent à la
charge des collectivités. À compter
de 2013, seules les collectivités
Un coût total élevé locales concernées ont été mises
pour les finances publiques à contribution, aucun mécanisme
d’appel à la solidarité des autres
À la clôture du fonds, les aides effec-
collectivités n’ayant été instauré.
tivement attribuées aux collectivités
locales s’élèvent à environ 2,6 Md€. Le Au total, la sortie des emprunts à risque
financement a été assuré par l’État à a pesé sur les finances publiques de
hauteur d’un tiers (60 M€ par an sur l’État et des collectivités locales pour
15 ans, soit 900 M€) et par les banques 3 Md€ environ.
17

Chapitre II
Les politiques publiques
1. Amplifier la modernisation numérique de l’État
2. Les activités privées de sécurité : une contribution croissante

à la sécurité publique, une régulation insuffisante
3. La politique vaccinale : un enjeu de santé publique, une confiance

à conforter
4. Les compteurs communicants Linky : tirer pour les consommateurs

tous les bénéfices d’un investissement coûteux

1 Amplifier la modernisation
numérique de l’État
La Cour a achevé en 2017 le contrôle La révolution numérique représente

de la direction interministérielle du une opportunité d’apporter un service
numérique et du système d’information public plus efficace, de réduire, de
et de communication de l’État (DINSIC). manière structurelle, les coûts, à
L’État s’est doté depuis 2011 de cette travers une automatisation systématique
structure de gouvernance de son
des tâches répétitives et une suppression
système d’information qui appuie les
des procédures administratives devenues
ministères et les oriente dans une
direction commune. inutiles ou redondantes et, enfin, de
recentrer les agents publics sur les
tâches à forte valeur ajoutée.
Une organisation et une stratégie

désormais placées sous l’autorité
La démarche, engagée à partir
du premier ministre
de 2011, doit être amplifiée
Une stratégie visant à faire profiter
le service public des opportunités Il reste à lever les contraintes fortes
offertes par les nouvelles techno- qui pèsent sur les administrations et
logies et à retrouver la maîtrise de qui ralentissent cette transformation :
son système d’information a été sortir de choix technologiques anciens,
définie. Celle-ci repose sur une mutua- revenir sur l’externalisation massive
lisation des investissements de l’État, de cette fonction et la perte de
un décloisonnement et un meilleur compétences qui en est résultée, faire
traitement des données et l’optimi- connaître le potentiel et les méthodes
sation des ressources à travers le de la transformation digitale au-delà
partage du code, l’ouverture des
des sphères spécialisées. La révolution
API1 et la diffusion des méthodes et
numérique ne se réduit pas à la
des innovations, dans une logique
de « plateforme ». numérisation des procédures existantes.
C’est pour l’État un enjeu majeur car Si un important effort de rattrapage

le service numérique constitue pour doit être réalisé, le rythme des révolu-
les usagers la traduction concrète de tions technologiques, l’accélération de
l’expression des choix de politiques l’innovation doivent conduire à installer
publiques. cet effort de manière continue.
1
API (application programming interface) : ensemble des fonctions informatiques par lesquelles
deux logiciels interagissent automatiquement sans intervention humaine. 21

Amplifier la modernisation
numérique de l’État
La vitesse et la portée de cette identifiée : l’État ne saurait « changer

transformation dépendront aussi de de siècle » sans investir efficacement.
la capacité à consentir les investis- Il ne pourra pas davantage le faire
sements nécessaires et à les aligner, sans former, recruter et fidéliser les
avec méthode, sur cette stratégie. talents qui lui manquent.
À cet égard, les investissements numé-
riques communs gagneraient à faire
l’objet d’une programmation budgétaire
Recommandations
La Cour formule les orientations et informatiques à vocation transver-

suivantes : sale, afin d’accélérer la rationalisation
du système d’information de l’État, le
1. accélérer le déploiement de
déploiement des infrastructures de

la stratégie d’État plateforme,
l’État plateforme et le développement
en relayant les actions de la
des mutualisations ;
DINSIC dans les autres services
interministériels ; 3. renforcer l’attractivité de l’État
2. former massivement et en continu comme employeur, en mobilisant
l’ensemble des agents publics aux l’ensemble des leviers autres que
compétences nécessaires pour celui des seules rémunérations :
accomplir la révolution numérique promotion du logiciel libre ; auto-
(design, droit du numérique, méthodes nomisation des équipes ; adaptation
agiles, sécurité informatique, des locaux ; propositions de parcours
protection des données personnelles, de carrière ; construction d’une
lean start up, etc.). image employeur, etc. ;
Elle émet les recommandations 4. créer une filière de recrutement

suivantes : d’experts en numérique, informatique,
cybersécurité pouvant être mise à
1. intégrer explicitement les opérateurs
profit par l’ensemble des administra-
dans le dispositif de sécurisation des
tions et bénéficiant de mesures de
grands projets informatiques ;
fidélisation et de développement des
2. créer un programme budgétaire compétences et de gestion de carrières
supportant les dépenses numériques communes.
22

2 Les activités privées de sécurité :
une contribution croissante à la
sécurité publique, une régulation
insuffisante
La loi du 12 juillet 1983 a fait des 167 800 salariés et dégageant un chiffre
activités de sécurité privée une pro- d’affaires d’un peu plus de 6,6 Md€
fession réglementée, dont l’exercice hors taxes auquel les donneurs d’ordre
est soumis à une autorisation publics contribuent à hauteur de 26 %.
administrative préalable. Les activités Marqué notamment par son atomisation
privées de sécurité recouvrent la (67 % des sociétés privées de sécurité
surveillance, y compris armée, le n’ont aucun salarié en 2016), et sa
gardiennage, le transport de fonds, faible rentabilité (environ 1 % de marge
la protection de personnes, les en moyenne), le secteur des activités
agences de recherches privées, ainsi privées de sécurité se caractérise par une
que la protection des navires battant main d’œuvre particulièrement volatile,

pavillon français pour le compte d’un très peu qualifiée, et mal rémunérée. Le
armateur. Elles constituent un secteur niveau des prestations fournies par les
dynamique représentant un enjeu entreprises privées de sécurité présente
de sécurité publique et les réflexions une grande hétérogénéité, posant la
sur la sécurité intérieure intègrent la question de la fiabilité d’un secteur dont
montée en puissance du rôle des agents l’Euro 2016 de football, malgré une
privés de sécurité en complément de organisation réussie, a révélé les limites
l’action de la police et de la gendarmerie (défaillances de certaines sociétés,
nationales. La régulation des activités agents dépourvus d’autorisations
privées de sécurité a été confiée au professionnelles ou encore insuffisante
Conseil national des activités privées qualité des palpations).
de sécurité (CNAPS), établissement
public administratif, créé en 2012, Les sociétés privées de sécurité :
auquel incombe la responsabilité de un acteur du dispositif de sécurité
la moralisation et de la professionna- générale appelant une doctrine
lisation de ce secteur.
d’emploi et un pilotage rigoureux
Les sociétés privées de sécurité, de l’État
un secteur d’activité marqué Les effectifs des sociétés privées de
par des fragilités structurelles sécurité représentent l’équivalent de
et une qualité de service aléatoire plus de la moitié (55 %) de ceux des
forces de sécurité publique (police et
Le nombre des sociétés privées de sécurité gendarmerie nationales, réservistes
s’établissait à 10 650 en 20161, employant compris, polices municipales, militaires
1
Données issues de l’enquête de branche annuelle réalisée par l’Institut d’informations et de
conjonctures professionnelles (I+C) entre avril et juillet 2017. Ces données chiffrées n’incluent pas
les sociétés intervenant exclusivement dans le transport de fonds et la protection rapprochée. 23

Les activités privées de sécurité : une contribution
croissante à la sécurité publique, une régulation
insuffisante
de l’opération Sentinelle). La bonne pour mission la délivrance des titres et

coordination de l’ensemble de ces agréments ainsi que la mise en œuvre
moyens est un enjeu pour l’efficacité de l’action disciplinaire. Les règles
de la politique de sécurité. Malgré de gouvernance du CNAPS sont peu
un cadre juridique contraignant (pas favorables à l’État dont la représenta-
d’intervention des agents privés de tion au collège est minoritaire. Associant
sécurité sur la voie publique, sauf les représentants des sociétés privées
exceptions), le champ d’intervention de sécurité dans chacune des instances
des sociétés privées de sécurité peut
décisionnelles de l’établissement, le
les amener à être associées, dans cer-
CNAPS s’apparente davantage à un
taines circonstances, à l’exercice de
missions de sécurité publique mais ordre professionnel, alors que les
il convient que ce soit dans le cadre missions qui lui sont dévolues revêtent
d’une vision ou une doctrine clarifiée. un caractère régalien.
D’une part, l’État a externalisé à des Une régulation lacunaire

sociétés privées de sécurité des missions
de surveillance et de garde statique de L’association croissante des sociétés
bâtiments publics (près de 590 ETP ont privées de sécurité au dispositif
été redéployés au profit de la police et de sécurité générale implique
de la gendarmerie nationales entre des exigences en termes de moralité
2007 et 2017), mais le mouvement et de professionnalisme. Or, les

d’externalisation ne s’est pas inscrit résultats obtenus par le CNAPS dans
dans une stratégie coordonnée et une l’accomplissement de sa mission
méthode rigoureuse. de régulation de la profession
apparaissent pour l’heure insuffisants
D’autre part, les agents privés de
sécurité peuvent être associés, sous pour garantir la moralisation et la
la forme d’une « coproduction de professionnalisation du secteur.
sécurité », à un dispositif de sécurisa-
La création du CNAPS n’a pas entraîné une
tion de sites ouverts au public lors
sélection accrue à l’entrée de la profession
d’évènements sportifs, culturels,
commerciaux ou récréatifs. Or, le (en 2016, 92,7 % des 155 000 demandeurs
développement de ces complémenta- obtiennent un titre). Le contrôle de la
rités ainsi que celui d’une coopération Évolution du nombre de décisions
opérationnelle appellent l’élaboration favorables et de refus entre 2012-2016
par l’État d’une doctrine d’emploi des
agents privés de sécurité aux côtés 160 000
144 010
des forces de sécurité intérieure, et un 140 000 138 713 133 874
pilotage rigoureux de sa mise en œuvre. 120 000

100 000
87 712
80 000 77 306
Une régulation des activités 60 000

40 000
privées de sécurité partagée 20 000
6 102 6 712 7 702 7 991 11 232
entre l’État et les professionnels 0
2012 2013 2014 2015 2016
Décisions favorables Refus
Établissement public administratif

placé sous la tutelle du ministère de Source : Cour des comptes d’après les rapports
l’intérieur, le CNAPS a principalement d’activité du CNAPS
24

Les activités privées de sécurité : une contribution
croissante à la sécurité publique, une régulation
insuffisante
moralité des demandeurs, qui conduit disciplinaire du CNAPS échoue

souvent à délivrer des cartes et également à assainir le secteur
autorisations à des individus ayant des activités privées de sécurité car
des antécédents judiciaires relatifs les sanctions prononcées se révèlent
à des faits parfois graves, apparaît insuffisamment effectives et dissuasives.
inadapté pour répondre à l’enjeu de En effet, les interdictions temporaires
moralisation du secteur. Par ailleurs, les d’exercer sont peu respectées, tandis
procédures de délivrance des titres et qu’avec un taux de recouvrement
autorisations sont marquées par des inférieur à 30 %, l’effet dissuasif des
risques avérés de fraudes, tant internes pénalités financières infligées est
qu’externes, parmi lesquels l’absence très limité. Par ailleurs, d’importants
de délivrance par le CNAPS de carte angles morts subsistent puisque les
professionnelle sécurisée. sanctions ne sont prononcées qu’à
l’encontre des entreprises et non
Malgré une activité particulièrement des agents privés de sécurité ou des
dynamique au plan quantitatif (autour donneurs d’ordre.
de 1 800 contrôles par an), l’action
Recommandations

La Cour formule les orientations 3. (CNAPS) : élaborer une doctrine
suivantes : unifiée à soumettre à l’approbation
du collège, relative aux exigences de
1. (ministère de l’intérieur) : concevoir moralité des candidats aux métiers
en fonction des textes et de la juris- de la sécurité privée ;
prudence une doctrine de l’emploi
4. (CNAPS) : délivrer les autorisations
des agents privés de sécurité dans
d’exercer une activité privée de sécurité
le cadre de dispositifs de sécurité sous la forme d’une carte profession-
publique, applicables notamment à nelle sécurisée ;
l’organisation d’événements sportifs,
culturels ou récréatifs ; 5. (ministère de l’intérieur, CNAPS) :
approfondir le champ et les modalités
2. (ministère de l’intérieur) : revoir la du contrôle en engageant des actions
composition du collège du CNAPS disciplinaires à l’encontre des agents
afin de la rapprocher du dispositif de privés de sécurité, en intensifiant
la coopération institutionnelle,
gouvernance commun à l’ensemble
notamment avec les procureurs
des établissements publics administra- de la République, et en modifiant
tifs en garantissant aux représentants la réglementation afin d’attraire les
de l’État la majorité absolue des voix donneurs d’ordre à une procédure
au sein du collège ; disciplinaire.
25

3 La politique vaccinale : un enjeu
de santé publique, une confiance
à conforter
En France, la vaccination a permis de mesure que tend à s’effacer la mémoire

réduire significativement l’incidence des grandes épidémies, mais également
de nombreuses maladies infectieuses, d’une hésitation vaccinale grandissante,
conduisant à l’éradication de largement relayée par les réseaux
certaines maladies épidémiques sociaux. Cette hésitation, qui touche
telles que la diphtérie. Si le taux toutes les catégories socio-profession-
de couverture vaccinale pour les nelles et les professionnels de santé
vaccinations obligatoires (diphtérie, eux-mêmes, comme en témoigne la
tétanos, poliomyélite) est conforme faiblesse de la vaccination contre la
à l’objectif de 95% défini par grippe saisonnière, est aujourd’hui
l’OMS, il demeure insuffisant pour une cause majeure de la fragilisation
certaines vaccinations jusqu’à de la couverture vaccinale, mais aussi la
présent recommandées comme le conséquence d’un manque de réactivité

ROR (rougeole-oreillons-rubéole) ou des pouvoirs publics.
le méningocoque C. Des disparités
fortes persistent selon les vaccins, les Des avancées récentes à conforter
populations ciblées et les territoires,
avec un gradient nord-sud notable. Depuis la publication du précédent
Ces disparités peuvent être à l’origine rapport de la Cour des comptes sur
de réémergences épidémiques lorsque la politique vaccinale en 2012, de
le seuil nécessaire pour éliminer ou, à nombreux rapports et avis ont été
défaut, pour contrôler une maladie à remis, aboutissant à des conclusions
prévention vaccinale n’est pas atteint. concordantes sur les insuffisances et
La vaccination constitue une des les défauts de la politique vaccinale,
mesures de santé publique parmi les et ont proposé des pistes pour la
plus efficaces, au regard du coût des rénover et la renforcer. La mobilisation
pathologies qu’elle prévient. tardive des pouvoirs publics, qui n’est
cependant pas exempte d’avancées
L’hésitation vaccinale comme l’amélioration de la pharma-
covigilance, n’a pas permis d’améliorer
Malgré les succès majeurs et indiscu- les taux de couverture pour les vaccins
tables de la vaccination, les oppositions recommandés, faute notamment d’avoir
vaccinales ont progressé ces dernières levé l’ambiguïté de la distinction entre
années, singulièrement en France, pays vaccinations obligatoires et vaccinations
marqué par une succession de crises qui recommandées.
ont affaibli la crédibilité des autorités
sanitaires. L’opposition vaccinale se L’extension des obligations vaccinales
nourrit à la fois d’une sous-estimation de la petite enfance au 1er janvier 2018,
du risque infectieux, la perception de la introduite par la loi de financement de la
26 balance risque/bénéfice s’inversant à sécurité sociale, va dans le sens d’une

La politique vaccinale : un enjeu de santé publique,
une confiance à conforter
clarification, mais elle ne pourra à elle que les professions médicales

seule suffire à rétablir la confiance et à (infirmiers, pharmaciens), la possibilité
infléchir durablement le comportement de réaliser des vaccinations et d’impli-
des professionnels de santé et des quer activement la médecine scolaire,
citoyens. Elle doit impérativement à l’image des expériences étrangères.
être accompagnée d’un ensemble Enfin, le déploiement de nouveaux
de mesures destinées à expliquer modes de communication apparaît
l’importance de la vaccination, à faciliter incontournable, en cohérence avec la
sa mise en œuvre et à mieux maîtriser place majeure des nouveaux media
les processus d’approvisionnement en sociaux, de manière à y porter une
vaccins. Elle impose notamment de parole publique continue, réactive,
généraliser le carnet de vaccination et dont l’indépendance comme la
électronique, d’ouvrir plus largement légitimité scientifique ne puissent
aux professionnels de santé, autres être mises en doute.
L’adhésion à la vaccination selon les régions

Hauts-
de-France
Normandie Île-
de- Grand Est
France
Bretagne
Pays de
Centre-
la Loire
Val de Loire Bourgogne-
Franche-Comté
Adhésion supérieure
aux autres régions
Adhésion non différente

des autres régions Nouvelle- Auvergne-
Aquitaine Rhône-Alpes
Adhésion inférieure
aux autres régions
Provence-Alpes
Occitanie Côte d’Azur
Corse*
Guyane - La Réunion - Guadeloupe - Martinique
0 100 km
0 100 km
* Collectivité territoriale à statut particulier GéoAtlas-SRPP - DL - Décembre 2017
Source : Cour des comptes d’après Santé publique France, avril 2017
27

La politique vaccinale : un enjeu de santé publique,
une confiance à conforter
Recommandations
La Cour formule les recommanda-

tions suivantes à l’État : 4. impliquer activement la médecine
scolaire dans la vaccination et, le cas
1. généraliser le carnet de vaccination échéant, permettre des vaccinations
électronique ; de rattrapage par des professionnels
de santé extérieurs à l’école ;
2. ouvrir plus largement aux
professionnels de santé autres que
les professions médicales (infirmiers, 5. ajouter aux missions de la Haute
pharmaciens) la possibilité de Autorité de santé le soin d’assurer
réaliser des vaccinations ; la présence réactive sur les
réseaux sociaux d’une information
3. revenir sur la suspension de indépendante et scientifique sur la
l’obligation de vaccination contre la vaccination.
grippe des professionnels de santé ;
28

4 Les compteurs communicants
Linky : tirer pour les consom-
mateurs tous les bénéfices
d’un investissement coûteux
Une modernisation utile Ces compteurs, capables d’émettre et
des compteurs électriques de recevoir des informations, peuvent
être relevés à distance et permettent un
Le dispositif de comptage de l’électricité comptage de la consommation sur un
pour les particuliers et les professionnels nombre important de plages horaires
alimentés en basse tension n’est plus distinctes.
adapté. Il nécessite en effet une « relève
Enedis (ex-ERDF, filiale à 100 % d’EDF)
à pied » et ne permet pas de compter la
a la charge d’installer, pour sa zone
consommation sur un nombre suffisant de desserte qui couvre 95 % des
de plages horaires, ce qui limite les offres consommateurs, les compteurs ap-
commerciales des fournisseurs et ainsi pelés « Linky ».

la concurrence.
Les communications se font entre
Les pouvoirs publics ont donc pris les compteurs et les concentrateurs
la décision en 2014, après une par le réseau électrique (technologie
expérimentation avec près de des courants porteurs en ligne) et
300 000 consommateurs, de remplacer entre les concentrateurs et le système
d’ici 2024 les 39 millions de compteurs d’information central par les réseaux
électriques par de nouveaux compteurs. de téléphonie mobile.
CPL phonie mobil

télé e ))
((( )
Système
Linky Concentrateur
d’information Linky
Réseau Vers les autres

Réseau télécoms
de basse systèmes
tension d’information
d’Enedis
Client Poste de Agence de
distribution supervision
Source : Enedis
Au 30 septembre 2017, 6,3 millions de compteurs Linky ont été installés.
29

Les compteurs communicants Linky : tirer
pour les consommateurs tous les bénéfices
Un dispositif coûteux Mais s’il respecte ses objectifs de

pour le consommateur délais et de performance, Enedis
bénéficiera en plus de la prise en
mais avantageux pour Enedis charge de l’investissement d’un bonus
annuel de 2 % environ de la valeur des
Ce nouveau dispositif représente,
actifs. Par ailleurs, la facturation aux
au total pour Enedis et les autres consommateurs du surcoût résultant
distributeurs, un investissement de près de l’investissement Linky sera différée,
de 5,7 Md€ courants, soit environ 130 € en attendant que les économies
par compteur installé. Il est, in fine, payé rendues possibles par le nouveau
par le consommateur puisque tout système bénéficient à l’ensemble
investissement en matière de réseau des acteurs. Ce préfinancement par
de distribution et de transport est Enedis du système jusqu’en 2021 lui est
pris en compte dans le calcul de la re- aussi très favorable car, ayant emprunté
devance d’acheminement comprise dans à un faible taux, il bénéficiera, au titre de
le montant de la facture d’électricité du l’avance qu’il a effectuée, d’une marge
consommateur. de l’ordre de 500 M€.
Incidence du différé tarifaire sur le tarif moyen pour le comptage*

(€ par an et par compteur)
45
40
35
30
25
20
15
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
2029
2030
2031
2032
2033
2034
Ta ri f en l 'absence de Li nky (€/compteur/an)

Ta ri f a vec Li nky s ans différé ta rifaire (€/compteur/an)
Ta ri f a vec Li nky a vec différé tarifaire (€/compteur/an)
Source : données Commission de régulation de l’énergie, calculs et

présentation Cour des comptes
Note : *rémunération d’Enedis, amortissement et fonctionnement
du système de comptage
Mettre le consommateur la vie privée, du fait de la centralisation

au centre du dispositif des données individuelles détaillées
de consommation. Pourtant, les
Le déploiement du nouveau système fait organismes compétents, la CNIL et
l’objet de diverses oppositions avançant l’Anses, assurent que ces risques sont
des risques sanitaires, en raison de maîtrisés. La communication sur ces
l’émission d’ondes électromagnétiques, deux sujets a donc probablement été
30 et des risques relatifs à la protection de insuffisante.

Les compteurs communicants Linky : tirer
pour les consommateurs tous les bénéfices
La vocation de ce dispositif est de pour afficher la consommation sur un

profiter à l’ensemble des acteurs écran plus accessible que le compteur
que sont principalement Enedis, les électrique (afficheur déporté), soit la
fournisseurs et les consommateurs. généralisation d’applications internet. La
Si pour les premiers, les avantages sont diffusion de ces moyens est cependant
immédiats en matière d’administration très insuffisante, notamment parce que
à distance, il n’en est pas de même pour les afficheurs déportés ne sont installés
les consommateurs. systématiquement que pour un nombre
réduit d’usagers (les consommateurs
En effet, les bénéfices que les précaires).
consommateurs pourront tirer du
nouveau dispositif seront notamment Il convient donc de développer les
la conséquence de la meilleure actions de maîtrise de la demande
maîtrise de leur demande d’énergie. d’énergie, et notamment de la
Celle-ci est rendue possible par une demande de pointe, et de permettre
connaissance plus détaillée de leur le développement de la concurrence
consommation électrique. Mais entre fournisseurs d’électricité pour
cette connaissance nécessite soit que les usagers tirent tous les bénéfices
des équipements supplémentaires des compteurs communicants
Recommandations Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes
La Cour formule les recommanda- 3. (État) : mettre en place un véritable

tions et orientations suivantes : pilotage du programme portant
sur toutes ses composantes, et
1. (CRE) : faire évoluer le dispositif
de différé tarifaire pour en réduire le notamment la maîtrise de la
coût pour le consommateur ; demande d’énergie ;
2. (CRE) : faire évoluer la régulation 4. (Enedis) : définir un plan d’actions

incitative pour réduire la rému- pour valoriser toutes les potentialités
nération maximale dont pourrait du programme Linky.
bénéficier Enedis ;
31

Chapitre III
La gestion immobilière publique
1. Le regroupement immobilier des services centraux des ministères

chargés de l’équipement, de l’environnement et du logement :
une fonctionnalité améliorée au prix de surcoûts évitables
2. Le projet « Balard » : une réussite opérationnelle, un pilotage

à renforcer
3. L’École nationale supérieure maritime : un avenir à clarifier
4. Dix ans après le lancement de l’opération Campus, un premier bilan

en demi-teinte

1 Le regroupement immobilier
des services centraux des ministères
chargés de l’équipement, de l’envi-
ronnement et du logement :
une fonctionnalité améliorée
au prix de surcoûts évitables
Les ministères chargés de chargé de l’écologie en 2007 a conduit
l’environnement, de l’équipement et à pérenniser son implantation dans
du logement se sont progressivement ce quartier et à réduire à deux le
implantés dans le quartier de La nombre de bâtiments occupés, au
Défense depuis le début des années lieu de cinq en 2009 (quatre pris à
1990, notamment dans la Grande bail et un immeuble propriété de
Arche. La création d’un grand ministère l’État : la Grande Arche).

Présentation des cinq bâtiments occupés en 2012 (surface et nombre d’agents)
Source : Cour des comptes - image Google Earth
Un recours à des montages celle-ci (la tour Séquoia). Il s’est avéré

juridiques complexes toutefois plus coûteux (d’environ 4 %)
dans le cadre d’un projet et moins fonctionnel qu’un projet
de regroupement ambitieux alternatif de regroupement dans un
immeuble unique sans que le Conseil
Le projet choisi en 2012 regroupe en de l’immobilier de l’État, consulté sur
effet les services du ministère dans la base d’un chiffrage erroné, et en
deux immeubles : la Grande Arche l’absence d’expertise propre, ait été en
et une tour située à proximité de mesure de le percevoir. 35

Le regroupement immobilier des services centraux
des ministères chargés de l’équipement,
de l’environnement et du logement
De plus, les montages juridiques retenus générale de l’aviation civile à Issy-les-

sont complexes. En effet, l’État a choisi Moulineaux. La persistance de cette
d’une part de conserver ses propriétés triple implantation est d’autant plus
dans l’Arche et de les rénover dans regrettable que le ministère dispose de
le cadre d’un bail emphytéotique bureaux d’ores et déjà disponibles à La
administratif (BEA) dit « de valorisation », Défense : en effet, à l’issue des opérations
pour un coût de 356 M€ courants TTC ; de déménagement, environ 10 % des
d’autre part de louer avec option d’achat, postes de travail installés sont vacants par
puis d’acquérir la tour Séquoia rénovée,
rapport à la jauge théorique maximale
dans le cadre d’un crédit-bail immobilier
(4 313 agents présents en 2017 pour
représentant un coût total de 545 M€
4 770 postes de travail installés).
courants TTC.
Un bilan budgétaire et financier
Des objectifs de rationalisation contrasté
globalement atteints en dépit
d’un regroupement inabouti Si les dépenses d’investissement
(710 M€ TTC) sont très proches des
Les surfaces occupées ont été réduites premières estimations présentées en
d’environ 30 % (soit 18 000 m² environ), 2008, le recours à des financements
tandis que le coût immobilier global
privés, induit par la situation des

annuel devrait l’être, en année pleine,
finances publiques, a conduit à des
d’environ 13 %, passant de 80,2 M€ TTC
surcoûts que la Cour a estimés à
à 69,7 M€ TTC charges comprises.
environ 88 M€ pour la Tour Séquoia.
Toutefois, ce regroupement reste Ce recours à des tiers financeurs a
partiel, puisque le ministre et ses d’ailleurs été favorisé par l’absence
principaux collaborateurs demeurent de définition d’un taux d’actualisation
dans Paris intra muros et la direction pour les projets immobiliers de l’État.
Recommandations
Ce retour d’expérience conduit la Cour 2. (conseil de l’immobilier de l’État) :

à formuler trois recommandations mettre en œuvre une contre-
principales : expertise des projets immobiliers
1. (ministère chargé de l’écologie ministériels significatifs non
et ministère chargé des finances) : soumis au Commissariat général à
libérer, pour y loger d’autres services l’investissement ;
ou opérateurs de l’État, les surfaces
correspondant aux postes physiques 3. (ministère chargé des finances).
de travail vacants dans la tour Séquoia
et la paroi sud de la Grande Arche, définir, pour les projets immobiliers
ou, à défaut, les proposer sur le de l’État, un taux d’actualisation et le
marché locatif ; mettre à jour régulièrement
36

2 Le projet « Balard » :
une réussite opérationnelle,
un pilotage à renforcer
Le partenariat public-privé : arrondissement de Paris, l’ensemble des

un outil utilisé pour financer états-majors et des organismes centraux
un projet d’investissement lourd du ministère des armées jusque-là
et complexe, faute de moyens localisés sur 12 implantations. Cette
budgétaires opération s’inscrivait dans une double
dynamiquederéorganisationduministère
En 2007, il a été décidé de regrouper sur et de révision générale des politiques
le site de Balard, situé au sud du quinzième publiques (RGPP).
Source : ministère de la défense
Après une instruction rapide, la suivi pour permettre l’occupation

procédure de contrat de partenariat partielle du site pendant les travaux.
public-privé a été retenue, faute Enfin, la volonté de valoriser une partie
de moyens budgétaires, comme de la parcelle du site pour diminuer
la meilleure solution étant donné le coût global a ajouté une difficulté
la complexité de ce projet. Cette financière à l’opération.
complexité était d’abord technique,
en raison des contraintes propres à Une opération bien conduite
l’immobilier du ministère des armées qui ne respecte pas sa feuille
(sécurité des bâtiments, des réseaux, de route financière
et de l’équipement informatique L’opération a été correctement
notamment). Elle était également préparée et conduite de telle
fonctionnelle : un agenda serré a été manière que la définition des besoins, 37

Le projet « Balard » : une réussite opérationnelle,
le dialogue compétitif, préalable La conduite du projet n’est toutefois

au contrat, le choix du titulaire, la pas exempte de dysfonctionnements,
négociation financière ou encore le tant au niveau de la phase amont que
pilotage de la réalisation des ouvrages de celle de la réalisation des travaux.
donnent, du point de vue de la puissance Le principe initial, reposant sur un
publique, matière à satisfaction. La autofinancement du projet par le
signature du contrat de partenariat a eu ministère des armées, n’a pas été
lieu le 30 mai 2011 avec le groupement respecté et des crédits budgétaires
OPALE , suite à un appel d’offres pour supplémentaires ont dû être mobilisés.
lequel deux autres opérateurs avaient Les économies réalisées se sont en
candidaté. L’État a externalisé, pour outre révélées inférieures à celles qui
une période de trente ans, les missions étaient prévues. Le coût global du
de conception, de construction et regroupement, non évalué par le
de rénovation, de financement de ministère, devrait approcher, si l’on
l’investissement et d’exploitation du intègre les coûts du contrat et ceux
site pour un coût cumulé évalué à des dépenses connexes hors contrat,
4,3 Md€ (2010). 5,8 Md€ selon l’estimation de la Cour.
Le site de Balard
Source : Cour des comptes
Une réussite opérationnelle une réussite opérationnelle, tant en

mais un pilotage à renforcer raison de la fonctionnalité des locaux
que des gains de temps et des synergies
Au total, le regroupement de Balard, importants nés du rapprochement des
qui permet d’accueillir sur les parcelles différents états-majors, directions et
est et ouest du site près de 10 000 civils services. Ce constat est confirmé par les
et militaires, peut être considéré comme premières enquêtes de satisfaction.
1
Le groupement OPALE est principalement constitué des sociétés Bouygues Bâtiment Île-de-France,
Thalès et Sodexo.
38 2
Eiffage et Vinci.

Le projet « Balard » : une réussite opérationnelle,
Pour l’avenir, le pilotage de la gestion lui-même placé sous l’autorité du

doit être renforcé pour éviter les secrétaire général pour l’adminis-
dérapages futurs des coûts et faire tration. Le pilotage stratégique
respecter par OPALE ses obligations. est, quant à lui, confié à un « Conseil
supérieur de Balard ». L’absence d’une
Au quotidien, la gestion du contrat structure spécialisée, qui existait
relève désormais de la sous-direction pendant la phase de réalisation, risque
« Balard » au sein du service parisien d’affaiblir dans la durée la position du
de soutien de l’administration centrale, ministère face au concessionnaire.

Recommandations
La Cour formule les recommanda- direction à une personnalité rendant

tions suivantes à l’État : compte directement au ministre ;
1. mettre en place, comme dans la 2. réaliser les économies de soutien
phase de construction, un pilotage de attendues du regroupement sur le
Balard en mode projet et en confier la site de Balard.
39

3 L’École nationale supérieure
maritime : un avenir à clarifier
L’École nationale supérieure maritime tensions au sein de son conseil

(ENSM) a été créée le 1er octobre d’administration (CA) ont concouru
2010 par le regroupement des à une profonde désorganisation des
quatre écoles nationales de la marine services de l’école. Si la situation s’est
marchande (ENMM) du Havre, de aujourd’hui assainie, les instances de
Marseille, de Nantes et de Saint-Malo. gouvernance ne sont pas encore au
La Cour a dressé un premier bilan de complet (absence de conseil scientifique
cette réforme, qui visait notamment compétent en matière de recherche,
à rationaliser les moyens consacrés à notamment) et le fonctionnement du
la formation maritime et à améliorer CA doit être amélioré en y instaurant
la reconnaissance et l’attractivité de un vice-président, en supprimant les
cette formation, grâce à la délivrance compétences élargies de son président

du titre d’ingénieur. et en adaptant sa composition. Par
ailleurs, après un déficit d’un million
Une réforme mal conduite, d’euros dès 2011 et une quasi-faillite en
un processus inachevé 2012, la situation financière de l’ENSM
s’est améliorée mais demeure fragile, en
La préparation et la mise en œuvre raison notamment de l’évolution de la
de la réforme ont été réalisées dans masse salariale.
des conditions très critiquables. Les
travaux préparatoires, conduits par Prise en raison de considérations
une pluralité d’intervenants, ont politiques et sans étude d’impact
été mal coordonnés et n’étaient pas préalable, la décision de maintenir les
achevés à l’entrée en vigueur du décret quatre sites constitue une impasse
fixant les missions et l’organisation pour l’école. Des services de direction
de l’école. Le maintien des quatre sont implantés sur chaque site, ce qui
implantations des anciennes ENMM est source d’inefficacité et de surcoût.
a, par ailleurs, fait l’objet d’une En outre, la répartition géographique
longue incertitude, qui a retardé des formations n’a pas été réalisée
la définition d’une stratégie pour en fonction de critères d’efficacité
l’école, dégradé son climat social et pédagogique ou de rationalisation
accentué la concurrence entre les des moyens mais visait à maintenir
collectivités territoriales concernées. ou développer une activité suffisante
sur chaque site. Enfin, la construction
L’entrée en vigueur précipitée du décret, d’un nouveau bâtiment au Havre,
le manque d’accompagnement du livré en 2015 pour un coût de 27,8 M€
personnel, parfois amené à exercer cofinancé par l’État et les collectivités
des missions nouvelles, des vacances locales, a aggravé la situation. Il n’a
40 de postes de direction et de fortes pas permis de résoudre le problème de

L’École nationale supérieure maritime :
un avenir à clarifier
surcapacité et engendre des coûts de aujourd’hui indispensable. Pour atténuer

fonctionnement plus élevés que l’ancien l’impact de la fermeture des autres sites,
bâtiment (surcoût de 200 000 €). La les formations de l’ENSM pourraient
réduction du nombre des implantations être hébergées dans des établissements
de l’école, sur deux voire un site, est d’enseignement locaux.
Répartition des formations et des services de direction
Le Havre*
Cursus ingénieur-
Saint-Malo  Direction 3,7
navigant : cycle master ETPT
343 générale
7,3  Service de la
étudiants pont international
de quart machine ETPT communication
Chef mécanicien  Service 216 Formation continue
Filière machine étude et étudiants
formation
Formation continue
220
étudiants
Nantes
Cursus ingénierie Direction des ressources


maritime : cycle master humaines
 Direction des systèmes
Filières machine et pont
d’information et de 10,9
Formation continue communication ETPT
338
FI Formation initiale
étudiants
FP Formation professionnelle
FC Formation continue
X... Services de direction (ETPT 2016) Marseille
Cursus ingénieur-  Secrétariat général
x... Étudiants 2016-2017 (hors formation continue) navigant et ingénierie
maritime :
 Direction du budget
et des finances
cycle licence  Direction du patrimoine
*dont 100 étudiants embarqués, donc hors établissement (tronc commun)  Direction des études 19,7
Formation continue  Agence comptable ETPT

GéoAtlas-SRPP - DL- Septembre 2017
Source : Cour des comptes, d’après données ENSM
Une mutation en école principalement lié aux capacités

d’ingénieurs à conforter d’embarquement des élèves par
les armateurs pour des stages en
Alors que le projet de création de cours de scolarité, a diminué depuis
l’ENSM est né dans un contexte 2011. Le nombre d’inscrits au
d’augmentation de la flotte française, concours a également reculé. Si la
sa mise en place est intervenue dans désorganisation qui a suivi la création
un contexte de crise des armements, de l’école a certainement contribué à
et le nombre de places ouvertes dissuader des candidats potentiels, ce
chaque année au concours d’entrée, déficit d’attractivité met en évidence
41

L’École nationale supérieure maritime :
un avenir à clarifier
une notoriété insuffisante de l’école. cursus d’ingénierie maritime. Le

D’autres facteurs, tels que la crise du bilan des partenariats conclus avec
secteur maritime, la dégradation de des établissements d’enseignement
l’image de la marine marchande et supérieur reste encore modeste.
les contraintes de la navigation, sont
également en cause. Enfin, l’école connaît des problèmes
persistants de recrutement des
Malgré ses difficultés, l’école a mené enseignants des matières maritimes,
une réforme pédagogique de grande en raison de l’extinction de corps de
ampleur, qui lui a permis d’obtenir fonctionnaires et de conditions de
l’accréditation à la délivrance du titre rémunération des contractuels peu
d’ingénieur dès 2011, au terme d’un attractives. L’ENSM ne s’est par ailleurs
travail considérable. L’intérêt du titre pas dotée d’une gestion prévisionnelle
d’ingénieur ne paraît toutefois pas encore des emplois et des compétences ni d’un
pleinement reconnu, tant par les élèves plan de formation.
que par les armateurs, et l’impact sur
l’employabilité des diplômés ne peut ***
encore être connue avec précision,
la première promotion d’ingénieurs- La situation actuelle de l’ENSM doit
navigants ayant obtenu son diplôme être clarifiée. Des décisions fortes de
en 2016. son ministère de tutelle doivent être
prises, au sujet des implantations et

L’ouverture internationale de l’école de sa gouvernance, et les difficultés
et la recherche, indispensables au de gestion des enseignants doivent
positionnement de l’ENSM en tant être résolues sans délai. À terme, le
qu’établissement d’enseignement maintien de l’ENSM est conditionné
supérieur et école d’ingénieur, ont par l’achèvement de sa mutation en
pris du retard mais la Cour a relevé école d’ingénieurs, et par la preuve de
des progrès récents en la matière. la pertinence de cette évolution, au
Une diversification des formations regard notamment de l’impact sur son
a été également engagée en 2016 attractivité et sur l’employabilité des
avec l’ouverture de deux nouveaux diplômés.
Recommandations
La Cour formule les recomman- 2. regrouper les services de direction sur

dations suivantes, à la tutelle et un seul site dans les meilleurs délais ;
à l’école :
3. supprimer les compétences
1. réorganiser sur deux voire un élargies du président du conseil
d’administration ;
site les implantations de l’école et
renforcer les partenariats avec les 4. mettre en place la gestion prévision-
établissements d’enseignement nelle des emplois et des compétences
supérieur ; et un véritable plan de formation.
42

4 Dix ans après le lancement
de l’opération Campus,
un premier bilan en demi-teinte
Annoncée par le Président de la Le ministère chargé de l’enseignement

République en novembre 2007, supérieur a imposé aux candidats le
l’opération Campus avait pour objectif recours au partenariat public-privé
de rénover massivement le patrimoine comme modalité de réalisation des
immobilier universitaire, tout en opérations immobilières, présumant
accompagnant le mouvement de du respect des critères le permettant.
réforme de l’enseignement supérieur Il estimait que ce choix accélèrerait les
engagé par la loi relative aux libertés et opérations tout en intégrant le coût
responsabilités des universités (LRU) du de l’entretien et de la maintenance.
10 août 2007. Par ailleurs, les loyers dus au titre des
contrats de partenariat devaient être

La conduite heurtée financés par les intérêts produits par
la dotation de 5 Md€.
d’une opération exceptionnelle
Cependant, le recours au partenariat
Initialement, cette opération devait
public-privé s’est révélé inadapté pour
être financée à hauteur de 5 Md€ par
plusieurs opérations immobilières et
la vente de 3 % des actions du groupe
le cadre initial a finalement été remis
EDF. Cette cession n’ayant rapporté
que 3,7 Md€, un complément de en cause, certaines universités et
1,3 Md€ a été inscrit dans le programme collectivités territoriales étant par ailleurs
d’investissements d’avenir (PIA). Le hostiles à ce mode de réalisation. À
financement des opérations immobi- partir de 2013, le ministère est revenu
lières est assuré par les intérêts générés à la maîtrise d’ouvrage publique
par cette dotation de 5 Md€ déposée sur pour plusieurs opérations, option
un compte au Trésor, soit 201 M€ par an. incompatible avec les modalités de
financement choisies initialement. Il a
Dix sites principaux ont été choisis en fallu ouvrir aux universités la possibilité
2008 et une fraction de la dotation de de recourir à l’emprunt pour résoudre
5 Md€ a été allouée à chacun d’entre cette difficulté.
eux. Par la suite, onze nouveaux
sites ont été retenus et ont bénéficié Un bilan en demi-teinte
d’un financement complémentaire de
455 M€ de crédits budgétaires, alors À terme, cette opération aura un
qu’ils ne répondaient pas aux critères impact positif sur environ 15 % des
de sélection initiaux. Cette opération surfaces totales des universités
s’est ainsi banalisée dès la fin du concernées, dont 40,8 % étaient dans
processus de sélection. un état moyen ou dégradé.
43

Dix ans après le lancement de l’opération Campus,
Dix ans après son annonce, l’opération de partenariat, ainsi qu’un retour en
est cependant loin d’être achevée, seul 2013 à la maîtrise d’ouvrage publique
un quart des opérations ayant été livré pour certaines opérations, ont entraîné
en 2017. Le manque de préparation d’importants retards. Alors que l’objectif
des universités au moment de son initial fixait le terme de l’opération en
lancement, les réticences rencontrées 2017, les derniers chantiers ne devraient
lors de la préparation des contrats s’achever qu’en 2023.
État d’avancement de l’opération Campus selon les sites
2021
Cergy- 2019
Pontoise Paris-
Condorcet
2016
Paris-
2017 centre
Saclay 2019 2016
Paris-Est Lille
2019
Valenciennes
SUSPENDU
Le Havre
Cergy-Pontoise Paris-Condorcet
2017 2015
Saclay Paris
Lorraine Strasbourg
2015
Bretagne Paris-Est
2018
Nantes 2015
Dijon
Financements prévisionnels
2016
> 1,8 M€ Clermont-
2015
Ferrand
Lyon
2015
2016 Grenoble
> 500 000 €
Bordeaux
> 100 000 €

> 20 000 €
2019
2017 2019
Montpellier
Toulouse Nice
2014
Aix-Marseille
COMUE - PRES - EPCS -

Université fusionnée Université
EPA Chancellerie de Paris
Partenariat public privé (PPP) Maîtrise d’ouvrage public (MOP)
L’année de la première opération livrée est précisée dans le pictogramme. 0 100 km
GéoAtlas-SRPP - DL- Décembre 2017
Source : Cour des comptes à partir des données du MESRI et de l’ANR

44

Dix ans après le lancement de l’opération Campus,
L’objectif d’accompagnement du des bâtiments nouveaux ou rénovés,

mouvement de réforme de l’ensei- afin de ne pas perdre le bénéfice
gnement supérieur poursuivi par le de cet investissement massif. Les
plan Campus a été largement perdu compétences acquises en matière
de vue. L’articulation entre ce plan et immobilière au niveau du ministère
les expérimentations en matière de et dans les sites bénéficiaires doivent
dévolution de la propriété juridique être capitalisées. Les missions de
du patrimoine est ainsi restée limitée. l’établissement public d’aménagement
L’opération Campus visait également universitaire de la région Île-de-France
à favoriser les sites engagés dans une (EPAURIF) pourraient être étendues
dynamique de regroupement : cette
au-delà de ses limites régionales afin de
dimension a rapidement disparu des
fournir au ministère et aux universités
objectifs ministériels, l’administration
l’expertise d’un opérateur compétent.
se concentrant sur la conduite des projets
et la mise en place de procédures visant à Enfin, une stratégie patrimoniale uni-
assurer un bon emploi des crédits. versitaire doit être déclinée par site
et inscrite dans le contrat pluriannuel
Désormais, l’État doit s’organiser conclu entre l’État et les établissements
pour répondre à l’enjeu de l’entretien d’enseignement supérieur.

Recommandations
La Cour formule les recommanda- l aux établissements d’enseignement

tions suivantes : supérieur :
l au ministère de l’enseignement 3. définir la stratégie immobilière
supérieur, de la recherche et de
dans le cadre de la politique de site et
l’innovation :
en faire l’objet d’un volet du contrat
1. articuler la politique de dévolution pluriannuel conclu avec l’État ;
du patrimoine avec la mise en œuvre
du plan campus ; 4. faire valider par le conseil
d’administration des établissements
2. étendre au niveau national le rôle
de l’EPAURIF, afin de permettre au au moment de l’examen de leur budget
ministère et aux établissements la programmation et les résultats de la
de disposer d’un opérateur métier politique d’entretien et de maintenance
compétent. de leur parc immobilier.
45

Chapitre IV
Les territoires
1. L’alimentation en eau potable de la métropole du Grand Paris :

une nouvelle stratégie pour de nouveaux enjeux
2. Les piscines et centres aquatiques publics : un modèle obsolète
3. Le tourisme en Languedoc-Roussillon : un défi pour la nouvelle

région Occitanie
4. L’hôpital de Longué-Jumelles : un établissement en survie

artificielle

1 L’alimentation en eau potable
de la métropole du Grand Paris :
une nouvelle stratégie
pour de nouveaux enjeux
Créée le 1er janvier 2016, la métropole la distribution de l’eau potable, le
du Grand Paris regroupe la Ville de syndicat des Eaux d’Île-de-France
Paris et les départements des Hauts- (Sedif), qui dessert 4,4 millions
de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du d’habitants de la banlieue parisienne,
Val-de-Marne ainsi que sept communes Eau de Paris qui approvisionne
des départements limitrophes de 3 millions d’usagers et le syndicat des
l’Essonne et du Val d’Oise. Forte de eaux de la presqu’île de Gennevilliers,
sept millions d’habitants, elle constitue qui alimente 600 000 habitants du
la zone urbaine la plus dense du territoire département des Hauts-de-Seine.
national. L’enjeu de son alimentation en Ensemble, ils desservent 90 % de la

eau potable est donc crucial. population de la métropole du Grand
Paris et proposent à leurs usagers des
Aujourd’hui, trois grands acteurs prix différents pour un mètre cube
indépendants y sont en charge de d’eau potable consommé.
Organisation de l’alimentation en eau potable sur le territoire de la MGP en janvier 2017
Métropole du Grand Paris

Métropole du Grand Paris
Établissements publics territoriaux
Services publics de l’eau potable
- Janvier 2017 -
ise
Services publics de l’eau potable

L’O
Autorité organisatrice / Opérateur
SEDIF / Veolia Eau d’Île-de-France
Mairie de Paris / Eau de Paris
SMGSEVESC / Suez
SEPG / Suez
SIAEP Tremblay - Claye-Souilly / Veolia Eau - SFDE
SMAEP de l’Ouest Briard / Veolia Eau

La Marne
Viry-Châtillon / Eaux des Lacs de l’Essonne (régie) La
Sein
e
SI des eaux de Santeny - Servon / Suez
Communes en DSP individuelle / Suez
0 4 km
Carte réalisée en Février 2017
Source : Sedif
49

L’alimentation en eau potable de la métropole
du Grand Paris : une nouvelle stratégie
Caractéristiques comparées des trois acteurs en 2015
Source : CRC à partir des données Sedif, régie Eau de Paris, syndicat des eaux de la
presqu’île de Gennevilliers
L’absence de stratégie d’ensemble Évolutions comparées des prix du m3

d’eau potable entre 2010 et 2017
Si, sur la période récente, les écarts (pour une consommation standard
de 120 m3)
tarifaires observés entre la Ville de
Paris et les deux grands syndicats
2,0
qui desservent les départements de 1,8 1,734 € 1,735 €
la petite couronne se sont réduits, 1,6
1,628 € 1,370 €
ils persistent néanmoins, à hauteur 1,4 1,476 €
1,2 1,324 €
de 15 %, principalement en raison de 1,225 € 1,175 € 1,193 €
1,0
choix structurants faits au milieu du 0,8
XIXème siècle. 0,6
0,4
Ainsi, notamment, la Ville de Paris, 0,2
dont le réseau a été structuré sous le 0,0
2010 2014 2017
second Empire, dispose de ressources Sedif Paris SEPG
en eaux souterraines moins polluées
et donc moins traitées. Du fait de son Source : CRC Île-de-France à partir des
habitat parmi les plus denses d’Europe, RPQS des organismes et des tarifs 2017
son réseau de distribution est de loin
le plus court et la quasi-totalité de ses Bien que les trois acteurs disposent
canalisations sont visitables car placées d’outils de production à la pointe
en galeries, permettant à la Ville d’en de la technologie, de réseaux de
assurer une maintenance moins canalisations offrant un taux de
rendement bien supérieur aux
onéreuse. Grâce à ces atouts, la
exigences réglementaires, leur
Ville de Paris supporte des coûts de
permettant de fournir à leurs
traitement de l’eau brute inférieurs, usagers une eau potable et un
un taux de renouvellement du service de qualité, ils fonctionnent
réseau moins important et donc un de façon très cloisonnée, ce qui
montant d’investissement par m3 de les conduit notamment à disposer
42 % inférieur à celui du Sedif, ce qui collectivement d’une surcapacité
lui permet de produire l’eau la moins de production, tout en achetant de
50 chère du territoire. l’eau potable à des opérateurs privés.

L’alimentation en eau potable de la métropole
du Grand Paris : une nouvelle stratégie
De nouvelles exigences Le Grand Paris, une opportunité

à prendre en compte pour redéfinir la gouvernance
Par exception à la règle générale, L’adoption d’une compétence
aux termes de la récente réforme métropolitaine de l’eau, pour le Grand
territoriale, la métropole du Grand Paris comme partout ailleurs sur
Paris ne dispose pas des compétences le territoire national, créerait les
eau et assainissement, transférées conditions de la fourniture d’une
à chacun des 12 établissements eau de qualité au meilleur prix,
publics territoriaux qui la compose, qui,
unique, pour tous les usagers. Elle
hormis à Paris, ne bénéficient pas des
permettrait la gestion mutualisée
infrastructures nécessaires à la mise en
des risques et d’éviter les dépenses
œuvre d’une politique de l’eau.
d’achat d’eau en gros sur un territoire
Au surplus, cette organisation n’est qui en produit déjà trop. Elle pourrait
pas adaptée pour faire face aux optimiser l’utilisation des installations
défis écologiques et économiques du de production métropolitaines,
XXIème siècle que sont l’accroissement généraliser les meilleures pratiques
continu de la pollution des ressources y de gestion des services publics
compris souterraines, les conséquences d’eau potable, créer une émulation

du changement climatique dans le continue entre les différents modes
cadre d’une augmentation de la popu- de gestion présents dans un
lation métropolitaine, et la nécessaire contexte de marché faiblement
rationalisation des investissements, concurrentiel, en restaurant une
alors qu’à Tokyo ou à New York, comme équité de traitement des usagers sur
à Londres, une seule entité coordonne le territoire, indépendante de choix
la gestion des infrastructures pour plus que centenaires ou d’alliances
répondre aux besoins de 8 à 15 millions opportunes.
d’habitants, en prenant en compte de
façon coordonnée la préservation des
ressources.
Recommandation
La Cour formule donc la recomman- Paris la compétence complète en

dation suivante à l’État : matière d’eau conformément à la
règle nationale commune.
1. Confier à la métropole du Grand
51

2 Les piscines et centres aquatiques
publics : un modèle obsolète
Au 1er avril 2017, la France disposait Dans le cadre d’une enquête associant
de 4 135 piscines publiques, comportant la Cour des comptes et dix chambres
6 412 bassins de pratique de la natation. régionales des comptes, les juridictions
13 millions de personnes, soit un financières ont examiné la gestion
quart de la population âgée de plus de
quinze ans, pratiquent la natation. La de près de 70 collectivités territoriales
construction et la gestion des piscines et groupements de communes déte-
sont principalement assurées par les nant plus de 100 piscines et centres
communes et les intercommunalités, aquatiques.
pour un coût élevé.
Les équipements aquatiques contrôlés par les juridictions financières
Hauts-
de-France :12
Île-de-France :
2 Calais
Wasquehal
45
Armentières Roubaix
Courrières Leforest
Sin-le-Noble
Normandie : 4
Moreuil Avesnes-sur-Helpe Grand Est :
Fécamp 18
Saint-Quentin
Bretagne : 5 Louviers
Falaise Creil
Conflans- Le Mesnil-Amelot Pont-à-Mousson
La Ferté-Macé Sainte-Honorine Bobigny
Champigny-sur-Marne Saverne
Boulogne-Billancourt 38 Savigny-le-Temple Écrouves
Melun Mirecourt Erstein
Mayenne Paris Saint-Dié-des-Vosges
Vitré Argentré-du-Plessis Vittel Guebwiller Ungerscheim
La Guerche-de-Bretagne Remiremont
Châteaubriant 2 Illzach
Vannes 2 La Flèche Centre- Mulhouse
Saint-André-des-Eaux Montoir-de-Bretagne Val de Loire Erstein
Vertou
Saint-Nazaire 3 Montbert Doué-la-Fontaine Dijon
Noirmoutier-en-l'Ile Chôlet Montagny- Bourgogne-
Saint-Philibert- Mortagne-sur-Sèvre les-Beaune Franche-
de-Grand-Lieu Les Herbiers Comté : 2
Commentry
Pays de Châtel
la Loire : 16
Auvergne-
Megève
Rhône-
Nouvelle- Irigny Vénissieux Alpes : 10
Tignes
Aquitaine
Annonay Fontaine
Tain-l'Hermitage Provence-
Souillac Privas Alpes Côte
Saint-Chély-d'Apcher d’Azur : 8
Laudin l’Ardoise
Saint-Mathieu-de-Tréviers
Le Grau-du-Roi
8 Marseille
Trèbes Sète
Canet-en-Roussillon
Occitanie : 8 Corse*
0 100 km
* Collectivité territoriale à statut particulier SRPP - DL- Novembre 2017
52 Source : Cour des comptes

Les piscines et centres aquatiques publics :
un modèle obsolète
Un modèle de fonctionnement Une exploitation structurellement

ancien, désormais inadapté déficitaire, assurée aux deux tiers
par les communes
Si l’offre de piscines est supérieure à celle
de certains pays voisins, la situation est La gestion d’une piscine ou d’un centre
variable sur le territoire ; ainsi la surface aquatique entraîne systématiquement
de bassins par habitant dans la métropole un déficit de fonctionnement, à hauteur
du Grand Paris est deux fois inférieure à de 640 000 € par an en moyenne pour
celle du Grand Londres. Les équipements les piscines examinées, soit plus du quart
aquatiques sont moins nombreux dans de l’excédent issu du fonctionnement
les espaces périurbains et les quartiers courant des collectivités concernées.
prioritaires de la politique de la ville. Cette situation résulte, d’une part,
de dépenses élevées en matière de
Le parc de piscines et de centres personnel et de fluides et, d’autre
aquatiques est vétuste. La moitié des part, de la fixation d’une tarification
équipements a été construite avant modérée.
1977, notamment dans le cadre du
plan national « 1 000 piscines ». Les L’analyse de la provenance des usagers
attentes du public ont évolué : les révèle presque systématiquement une

dissociation entre le territoire de la
usagers souhaitent désormais bénéficier
ville propriétaire et le bassin de vie des
d’équipements incluant non seulement
utilisateurs. Par exemple, les deux tiers
la pratique de la natation, mais aussi des
des usagers de la piscine de Canet-
espaces de détente et de loisirs. Or, les
en-Roussillon (Pyrénées-Orientales)
collectivités gestionnaires ont rarement
et 80 % des usagers de la piscine
adapté leur modèle de fonctionnement
de Remiremont (Vosges) n’habitent
à ces nouvelles attentes et parviennent
pas sur le territoire de la commune.
difficilement à maîtriser la concurrence Pourtant, dans le cas d’une gestion
entre ces différents usages. communale, le déficit de l’équipement
L’État n’est plus en mesure d’influer est pris en charge par le contribuable
municipal. À Remiremont, le déficit
sur la répartition et sur la nature
de la piscine représente en moyenne
des équipements et il intervient
200 € par an par foyer contribuable
principalement par le versement de
de la taxe d’habitation.
subventions aux collectivités lors de
la construction des équipements. Ces Le transfert des piscines et des
subventions, qui représentent une centres aquatiques publics aux inter-
part résiduelle du financement, sont communalités est souvent pertinent.
dispersées entre plusieurs acteurs et Il permet de rapprocher le bassin de
fonds (CDNS, DETR, FSIL, etc.). Dans vie des usagers du territoire de la
ce contexte, la Cour recommande à personne publique propriétaire et, in
l’État de simplifier, voire de supprimer, fine, du contribuable qui finance le déficit
son intervention dans ce domaine. de l’équipement. L’absence de transfert
53

d’une piscine à l’intercommunalité exhaustive les coûts et les produits

peut parfois entraîner, à l’image de de gestion de ces équipements. La
la piscine d’Avesnes-sur-Helpe (Nord), présentation fonctionnelle de leurs
la fermeture de l’équipement. De documents budgétaires, fréquemment
plus, la gestion intercommunale des erronée, peut nuire à l’information des
équipements aquatiques permet une assemblées délibérantes. Ainsi, la ville de
mutualisation des moyens et une Paris incluait en 2015 des dépenses liées
programmation à une échelle plus à l’exploitation d’autres équipements
adaptée. dans la rubrique « piscines » de son
compte administratif.
Évolution de la fréquentation (entrées)
et des tarifs Si la gestion des équipements aquatiques
sous la forme de délégations de service
public se développe, elle reste caractérisée
11 000 000
4,20 €
4,22 € 4,23 € 4,23 € 4,24 €
4,30 € par de nombreuses insuffisances dans le
10 500 000
contrôle des délégataires. Généralement,
4,10 €
le choix de ce mode de gestion n’a pas
10 000 000 3,90 € été précédé par l’analyse approfondie de
3,70 €
ses atouts et contraintes. De même, le
9 500 000 fonctionnement de certaines délégations

3,50 €
s’approche d’un transfert de propriété des
9 000 000
3,30 € équipements aux entreprises chargées de
leur exploitation. Plusieurs des contrats
8 500 000 3,10 €
2011 2012 2013 2014 2015 examinés sont déséquilibrés au détriment
de la personne publique.
Fréquentation totale Prix moyen d’une entrée adulte
Le coût de construction d’un centre
aquatique multifonctionnel représente
Source : Cour des comptes, échantillon
d’équipements répartis dans dix régions environ 25 M€. Ces équipements
complexes nécessitent des compétences
techniques, juridiques et financières
Des modalités de gestion élevées, qui ne sont pas toujours
des équipements largement détenues par les communes et les
perfectibles intercommunalités. La majorité des
opérations de construction ou de
Pour près de 85 % d’entre eux en rénovation examinées a été caractérisée
2017, les piscines et centres aquatiques par un coût réel des travaux sensiblement
publics sont gérés en régie directe, supérieur au coût prévisionnel. Par
c’est-à-dire avec les propres moyens de exemple, le coût de construction du
la collectivité propriétaire. Or, l’analyse centre nautique Plaine Oxygène
des coûts de fonctionnement des (Seine-et-Marne) a été deux fois
piscines est insuffisante. Les communes supérieur aux estimations initiales.
et leurs groupements ne parviennent Inauguré cinq ans après la date
que rarement à identifier de manière prévue, il a coûté plus de 50 M€.
54

Enfin, au-delà de la maîtrise des Les piscines sont fréquemment mises

coûts, la gestion des piscines impose gratuitement à disposition des écoles, des
de définir une véritable stratégie associations et des clubs sans mesurer
tarifaire. Pourtant, les tarifs d’accès aux la perte de recettes potentielle pour les
équipements sont rarement modifiés en collectivités propriétaires.
fonction des contraintes d’exploitation.
Recommandations

La Cour formule les recommanda- construction ou la rénovation d’une
tions suivantes : piscine ou d’un centre aquatique, la
projection des dépenses de fonction-
À l’État : nement et d’investissement pour les
1. simplifier ou supprimer le années suivant la mise en service ;
soutien de l’État au financement
de la construction de piscines et 4. développer le suivi analytique
de centres aquatiques. des dépenses d’exploitation des
piscines afin de mesurer le coût du
Aux collectivités territoriales et à service rendu aux usagers ;
leurs groupements :
5. faire adopter par les assemblées
2. évaluer de façon systématique la
délibérantes une stratégie globale
pertinence d’un transfert des piscines
précisant les missions et les objectifs
et centres aquatiques communaux
aux EPCI à fiscalité propre ; assignés aux piscines publiques afin
d’éviter la concurrence des usages
3. présenter aux assemblées délibé- entre les différentes catégories
rantes, à l’appui des projets validant la d’utilisateurs.
55

3 Le tourisme en Languedoc-
Roussillon : un défi pour la nouvelle
région Occitanie
Les collectivités territoriales du saisonnier et concentré sur le littoral.

Languedoc-Roussillon, parallèlement L’insuffisante mise en valeur des sites
au secteur privé, ont entrepris des culturels n’a permis ni d’y augmenter la
actions, examinées par la chambre proportion des séjours ni d’en allonger la
régionale des comptes Occitanie au durée.
cours de la période 2010-2016, visant
à promouvoir et développer le tourisme. Les résultats mitigés de l’action
Celui-ci constitue en effet un secteur-clé des collectivités territoriales
de l’économie, contribuant en 2015 à
12,7 % du PIB de la région, comme en L’organisation déficiente de l’action
Provence-Alpes-Côte d’Azur, et assurant publique locale est davantage en
des recettes fiscales aux collectivités de
cause dans ces résultats décevants

l’ordre de 565 M€ en 2014. que les moyens financiers consentis,
par les communes pour une part
Une économie touristique prépondérante.
fragile à conforter Il revenait au conseil régional d’assurer
L’ambition initiale de tirer le meilleur la planification et la coordination des
parti des atouts spécifiques de la région, actions dans le domaine touristique,
dynamisés par l’aménagement du littoral en même temps que le soutien à la
pendant les années 60 et 70, n’a toutefois filière. De fait, cette collectivité n’a
pas produit les effets escomptés. Si la pas pleinement endossé ce rôle.
progression du nombre des nuitées sur la L’accompagnement financier des entre-
période s’affiche supérieure à la moyenne prises s’est avéré limité en même temps
nationale, il n’en est pas de même que dispersé, et le tissu économique de
pour le taux moyen d’occupation de l’hôtellerie-restauration demeure fragile.
l’hébergement marchand, révélant un La région n’a pas su remédier au défaut
déficit d’attractivité. de qualification d’une main-d’œuvre
essentiellement saisonnière, principale
Le tourisme en Languedoc-Roussillon
faiblesse du secteur touristique. Tardive
est principalement le fait d’une clientèle
et incomplète, la stratégie en matière de
française de classe moyenne privilégiant
formation n’a pas porté ses fruits, sans
l’hébergement de plein air ou les rési-
qu’un bilan en soit tiré.
dences secondaires. Il n’a pas réussi
son élargissement à d’autres types Dépourvu d’objectifs précis, privé
de clientèle, en dépit d’une certaine d’évaluation de sa mise en œuvre, le
montée en gamme des hébergements schéma régional touristique 2010-
marchands grâce à la labellisation. 2015 a en outre pâti du transfert de
Nonobstant la variété des atouts de compétences majeures du comité
56 la région, le tourisme demeure très régional, organe prévu par la loi, à une

Le tourisme en Languedoc-Roussillon :
un défi pour la nouvelle région Occitanie
société d’économie mixte, la SEM Sud adopté mi-2017 en faveur du tourisme,

de France Développement, ainsi qu’aux ciblant l’attractivité de l’offre. La
services régionaux eux-mêmes. La récente fusion du Languedoc-Roussillon
promotion touristique, apanage de la avec Midi-Pyrénées fait désormais de
SEM et de ses filiales à l’étranger, s’est l’Occitanie la première région thermale
de fait restreinte à l’attribution de la française.
marque « Sud de France » aux produits
régionaux, notamment issus des filières Il revient à la nouvelle région de définir
agroalimentaires traditionnelles. objectifs et indicateurs, bases d’une
évaluation future, à conduire entre
Faute de coordination par la région, autres dans un cadre contractuel avec
la dispersion des acteurs publics les acteurs de l’emploi, de rationaliser
en matière de tourisme, marquée le réseau des offices de tourisme et de
notamment par la coexistence de faire évoluer les aides financières aux
structures départementales et de entreprises. La répartition précise
plus de 130 offices de tourisme des conditions d’intervention de
communaux, a engendré des situations chacun des acteurs, éventuellement
de redondance, voire de concurrence, dans un cadre légal reconsidéré
peu propices à l’efficience de la politique s’agissant des dérogations aux transferts
touristique régionale. des compétences touristiques aux
intercommunalités, constitue une

De nouvelles perspectives condition nécessaire, sinon suffisante, à
Forte des atouts conjugués des deux l’efficacité et à l’efficience de la nouvelle
territoires, l’Occitanie peut s’appuyer politique touristique régionale.
sur un nouveau schéma stratégique
Recommandations
La Cour formule les recommandations De plus, la Cour relève que pour les
suivantes à l’attention du conseil régions touristiques, les dérogations
régional Occitanie : ouvrant aux stations touristiques la
possibilité de conserver un office et la
1. préciser les objectifs définis dans compétence au niveau communal sont
le schéma régional du tourisme de nature à contrarier le développement
adopté en juin 2017, puis en évaluer de l’intercommunalité. Elle invite l’État
les résultats ; à reconsidérer cette disposition. La
recommandation ci-après est formulée
2. formaliser avec tous les acteurs à son intention :
de l’emploi un contrat d’objectifs
et de moyens déclinant de manière 4. procéder à une évaluation du
opérationnelle le schéma régional dispositif de dérogation permettant
de formation dédié au tourisme ; aux stations touristiques de conserver
la compétence touristique et un office
3. gérer directement l’ensemble de tourisme communal, dès lors que
des aides accordées aux entreprises l’ensemble des dossiers auront été
touristiques. instruits.
57

4 L’hôpital de Longué-Jumelles :
un établissement en survie
artificielle
Situé dans le Saumurois, le centre mandatées en retard entre 2011 et 2015.

hospitalier (CH) de Longué-Jumelles Cette multiplicité d’incohérences ne
accueille essentiellement des personnes permet pas d’assurer que les financeurs
âgées. Lié par une direction commune à (ARS et département) ont payé ce qu’ils
l’hôpital de Saumur et à l’établissement auraient dû. L’hôpital a connu de lourdes
d’hébergement pour personnes âgées carences de gestion, notamment en
dépendantes (EHPAD) de Montreuil- matière de ressources humaines, pour
Bellay, il emploie environ 150 agents lesquelles il n’a même jamais disposé de
pour 140 lits. Afin d’assurer sa viabilité données robustes.
à terme, aujourd’hui menacée, la Cour
formule deux recommandations. Le projet de reconstruction était
nécessaire en 2011 au vu d’un bâti

Un hôpital en grande difficulté vétuste compromettant la sécurité
depuis plus d’une décennie des résidents. À une configuration
intérieure inadaptée aux besoins
Dès 2008, la dégradation financière du s’ajoutait une prise en charge affectée
CH avait été soulignée par la chambre
de dysfonctionnements majeurs en
régionale des comptes (CRC Pays
l’absence de stratégie cohérente de
de la Loire). Si, en 2011, la situation
financière semblait redevenue la direction commune. L’information
favorable, les aides récurrentes de médicale était faussée car le CH a
l’agence régionale de santé (ARS), d’un allongé la durée des séjours pour
montant de plus de 4,77 M€ entre 2011 maintenir fictivement l’activité
et 2016, masquaient l’impossibilité du service de soins de suite et de
d’atteindre l’équilibre de l’exploitation. réadaptation (SSR).
La marge brute 2015, c’est-à-dire
la différence entre les produits de Une reconstruction
gestion et les charges, s’élevait hors
pour maintenir à tout prix
aides à - 6 % du chiffre d’affaires
(8 M€), et est restée négative en 2016 un hôpital à Longué-Jumelles
pour un déficit comptable consolidé de
Au vu des procédures internes de
1 M€.
l’hôpital, la direction commune n’a
Tous les exercices ont été entachés jamais joué son rôle. Les mutualisations
d’erreurs empêchant de fiabiliser les qu’elle devait favoriser ne sont pas
comptes de l’établissement. Pour intervenues et les postes au recrute-
éviter le défaut de paiement, plus ment difficile qu’elle aurait dû permettre
de 21 M€ de charges cumulées ont été de doter ne sont pas pourvus.
58

L’hôpital de Longué-Jumelles : un établissement
en survie artificielle
L’enveloppe globale initiale de la de permettre au CH de faire face à ses

reconstruction (20 M€) supposait un dépenses obligatoires.
financement extérieur majoritaire.
Or, les démarches pour l’obtention Enfin, la direction du CH a mené une
de prêts ont été inadaptées. En 2015, stratégie du fait accompli en n’attendant
sans contrat d’emprunt plus d’un pas l’approbation de l’ARS pour publier
an après la signature des marchés, les appels d’offres des travaux en juin
l’assèchement de la trésorerie a obligé 2013, alors que les refus de financer
le CH à suspendre les travaux. Seule par les banques étaient connus. Les
l’intervention de l’ARS et les garanties autorités de tarification étaient en effet
apportées par le département de démunies pour bloquer le projet déjà
Maine-et-Loire et la commune de lancé. Le double circuit de financement
Longué-Jumelles ont permis de en soins de longue durée et en EHPAD a
débloquer la situation. fragilisé leur contrôle. De plus, le contrôle
de légalité par l’ARS n’existe plus depuis
De plus, l’hôpital a été incapable de 2009, ce qui la prive d’un outil efficace
respecter le calendrier budgétaire, ce de contrôle. Même la procédure d’avis
qui a contraint l’ARS à une approbation budgétaire qui lui permet dans certains
des documents concernés au-delà des cas de saisir la CRC ne pouvait s’appliquer
délais réglementaires, dans le seul but en l’espèce.

L’accessibilité potentielle en médecins généralistes en 2015
pour les communes fragilisées du Maine-et-Loire
Fragilités communales (INSEE 2016)

Environnements peu denses : population fragilisée
ou périurbain éloigné : population aux revenus modestes
Accessibilité potentielle localisée 2015

Nombre de consultations par habitant Longué-Jumelles
[1 ; 2,7[
[2,7 ; 4,3[
Saumur
[4,3 ; 6,0[
[6,0 ; 7,6[
Montreuil-Bellay
0 10 km
SRPP - DL- Janvier 2018
Source : Cour des comptes d’après les données DREES et Insee
59

L’hôpital de Longué-Jumelles : un établissement
en survie artificielle
Une impasse financière En effet, leur coût d’entretien

et une autonomie menacée n’a pas été correctement anticipé,
pas plus que l’impact de la nouvelle
Malgré les aides de l’ARS, la situation architecture sur les organisations
de la trésorerie est critique et le de travail. Enfin, une réelle stratégie
déséquilibre économique est devenu relative à la qualité et à la sécurité des
structurellement irréversible. Les soins reste à construire à l’échelle de la
ratios d’endettement ont atteint un direction commune.
niveau insoutenable, avec une durée
de désendettement de 117 ans Le CH de Longué-Jumelles ne
en 2016. En dépit des garanties peut donc envisager seul un avenir
bancaires du département et de pérenne d’autant que l’illisibilité
la commune de Longué-Jumelles, de l’offre gérontologique dans le
c’est bien l’ARS qui doit supporter Saumurois aggrave les fragilités sur
les besoins de financement de ce territoire. Pour éviter la fermeture
l’hôpital. La facture finale de la pure et simple du site qu’impliquerait
reconstruction dépassera 26 M€, ce
de fait une diminution significative
qui impactera nécessairement les
des aides de l’ARS, il est nécessaire
prix de journée, lesquels seront plus
de repositionner le CH par rapport à
élevés que les plafonds prévus pour

son offre sanitaire et médico-sociale,
cet établissement.
quitte à n’y conserver qu’un EHPAD.
En outre, les nouveaux locaux ne Sans attendre cette redéfinition,
répondent pas de manière adéquate une fusion doit être réalisée avec
aux besoins et ne garantissent pas l’hôpital de Saumur, porteur de la
une meilleure prise en charge. direction commune.
Recommandations
La Cour formule les recommandations l’échelle du groupement hospitalier

suivantes : de territoire - GHT ;
1. (ministère de la santé) : 2. (ministère de la santé) :

procéder à la fusion du centre clarifier les dispositions encadrant
hospitalier (CH) avec celui de l’investissement hospitalier en
Saumur de manière à faciliter un secteurs USLD et EHPAD pour
repositionnement cohérent de garantir une validation concertée
l’offre de soins en gérontologie à par les autorités de tarification.
60

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LE RAPPORT

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 1 30/01/2018 12:09:11

Seul le rapport engage la Cour des comptes.

Les réponses des administrations, des organismes et des

L’ordre des synthèses correspond à celui du rapport.

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 2 30/01/2018 12:09:11

Le rapport public annuel 2018 comporte trois tomes :

- le tome I expose les observations et recommandations issues d’une sélection de

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

- le tome III présente l’organisation et les missions des juridictions financières.

Le rapport annuel de la Cour de discipline budgétaire et financière est annexé à

Le présent fascicule rassemble les synthèses des 15 chapitres figurant dans le

Ces 15 textes sont regroupés par thème :

- chapitre I : les finances publiques (3) ;

- chapitre II : les politiques publiques (4) ;

- chapitre III : la gestion immobilière publique (4)

- chapitre IV : les territoires (4).

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 3 30/01/2018 12:09:11

Les politiques publiques

Chapitre II - Les politiques publiques

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

Chapitre III - La gestion immobilière publique

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 5 30/01/2018 12:09:12

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 6 30/01/2018 12:09:12

Les finances publiques

1. La situation d’ensemble des finances publiques

2. Les remises et transactions en matière fiscale : une égalité

3. La sortie des emprunts à risque des collectivités locales :

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 7 30/01/2018 12:09:12

En 2017, un retour possible notamment de l’État, qu’avait révélée

sous les 3 points de PIB n’est pas

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

qui seront appliqués aux données de

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 9 30/01/2018 12:09:12

celui de l’ensemble de la zone euro, Dette publique en France, en Allemagne

Soldes publics prévus en 2017 55

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 10 30/01/2018 12:09:12

celui-ci ne permettrait ni de réduire le - 1,0

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

européens de la France ni de ramener le

L’amélioration constatée de la situation

résultats des politiques mises en œuvre

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 11 30/01/2018 12:09:13

de ces deux outils par la direction

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 12 30/01/2018 12:09:13

d’un revenu et/ou d’un patrimoine d’assurer l’homogénéité des pratiques

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 13 30/01/2018 12:09:13

Une transparence à garantir Ce n’est qu’à l’occasion de l’enquête

La Cour formule les recommandations 4. mettre en place, tant au niveau

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 14 30/01/2018 12:09:13

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 15 30/01/2018 12:09:13

En contrepartie de son intervention La doctrine d’aide mise en place a

sensibles détenus, à condition qu’elles Des risques désormais maîtrisés

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 16 30/01/2018 12:09:13

Synthèses du Rapport public annuel 2018 de la Cour des comptes

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 17 30/01/2018 12:09:13

Les politiques publiques

1. Amplifier la modernisation numérique de l’État

2. Les activités privées de sécurité : une contribution croissante

3. La politique vaccinale : un enjeu de santé publique, une confiance

4. Les compteurs communicants Linky : tirer pour les consommateurs

Synthèse RPA 2018-TOME 1-30012018.indd 19 30/01/2018 12:09:13