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IDtextos 35 FR
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PRADO, Décio de Almeida. João Caetano: o ator, o empresário, o repertório. São Paulo: Edusp, 1972,
p. 22.
Si les mélodrames étaient joués avec une fréquence et plaisaient une grande partie
du public, la critique théâtrale de l’époque est restée divisée sur l’appréciation du genre.
Pendant que quelques-uns approuvaient la mise en scène du répertoire français, qui
enrichirait les scènes de Rio de Janeiro, d’autres désapprouvaient et condamnaient la mise
en scène de violents assassinats, d’adultères, de vengeances et d’insurrections populaires,
qui renversaient et questionnaient l’ordre sociale établie. Les critiques plus traditionnalistes
ne voudraient pas voir sur la scène des thèmes et des personnages qui pourraient influencer
négativement le public, en l’encourageant à transgresser les lois morales et religieuses.
Celle a été l’opinion tenue par le critique du Diário do Rio de Janeiro dans le journal du 15
juin 1839, par l’occasion de la première de A Câmara Ardente (La Chambre Ardente):
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Dans sa biographie sur Noël Parfait, Jean-Yves Mollier a reconstitué la réception critique de la première de
Fabio le Novice, qui a eu lieu le 05 juin 1841 au Théâtre de L'Ambigu-Comique, à Paris. (Voir MOLLIER,
Jean-Yves. Noël Parfait (1813-1896): biographie littéraire et historique. Université Sorbonne Nouvelle, Paris
3, Paris, 1978, p. 132-157).
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« Requête au 2e. Secrétaire du Conservatoire Dramatique Brésilien d’examens critiques, pour les pièces à
être jouées au Théâtre de São Pedro de Alcântara », Bibliothèque Nationale (Rio de Janeiro), Collection
Conservatoire Dramatique Brésilien, I – 08, 02, 71.
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« Requête au 2e. Secrétaire du Conservatoire Dramatique Brésilien de retour de la pièce Fabio le Novice, qui
a été envoyé pour évaluation », Bibliothèque Nationale (Rio de Janeiro), Collection Conservatoire
Dramatique Brésilien, I – 08, 03, 51.
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Jornal do Commercio, 20 avril 1845.
française, il a récupéré son personnage principal: un novice héroïque et orphelin. Quand le
public de Rio de Janeiro voit Carlos sur la scène, il se rappellerait de Fabio. Les deux
novices partagent de quelques caractéristiques, tel que l’astuce, un penchant pour les
aventures et le désir de suivre la carrière militaire. Tous les deux ne s’adaptent pas aux
doctrines religieuses, n’aiment pas la vie en réclusion et se sentent ineptes pour le noviciat,
ce qui les emmènent à des escapades fréquentes du couvent.
Malgré les correspondances, Martins Pena n’avait pas l’intention de s’inspirer à
Fabio le Novice comme un modèle à être copié pour la composition de Le Novice. En
dialoguant avec le genre français et, spécifiquement, avec la pièce de Lafont et Parfait, le
dramaturge brésilien a satirisé le comportement extrêmement vertueux du héros du
mélodrame. Carlos n’est pas patriotique comme le héros de Fabio le Novice. Le novice
brésilien n’accepte pas être subordonner aux ordres du Maître des novices, il a des
discussions chaleureuses avec le Dom Abbé et il cogite à mettre le feu au couvent. Le
comportement transgresseur de Carlos – qui présente les fourberies du valet de la farce – est
inacceptable pour le héros typique du mélodrame. Fabio est audacieux, mais il ne surpasse
pas les limites de la bienséance, il n’agit pas de manière comique, ni planifie des
stratagèmes contre le vilain qui le persécute.
Martins Pena ne prétendait pas seulement amuser le public avec la satire de thèmes,
de personnages et de ressources du mélodrame. En plus de la parodie, Le Novice a montré
aux spectateurs que la manque de la justice sociale était enraciné dans la composition et
dans l’application des lois civiles du Second Empire brésilien. Dans ce sens, Martins Pena
n’a pas été seulement le grand écrivain de comédies, d’aiguë veine comique, responsable
pour fonder la comédie nationale des mœurs – comme l’ont voulu la majorité des critiques
théâtraux et les historiens de la littérature – mais aussi un auteur influent dans la
constitution des programmes théâtraux offerts par le Théâtre de São Pedro de Alcântara,
spectateur de ses représentations et connaisseur de son répertoire de mélodrames français.
Et, surtout, un écrivain qui a obtenu le succès avec ses comédies, mais qui, en plus de la
quête du divertissement, avait un message social à transmettre au public. Un message qui
construisait, en partie, à travers de l’appropriation et nouvelle signification des ressources et
des thèmes des mélodrames sociaux de la décennie de 1840, en les changeant comiquement
pour la construction de ses pièces, remplies de la couleur locale.