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gyzANTIOH

RfiVUE INTERNaTioNaLE DES ÉTuDES ByzaNTINE5


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE

H. GRÉGOIRE

AVEC LA COLLABORATION DE

N. B.\NEscu, A. E. R. BoAK, t Mrs. G. BucKLER, P. CHARANIS, CH. DELVOYE,


G. GARITTE, t R. GoossENs, A. GRABAR, R. GuiLLAND, O. HALECKI, F. HALKIN,
t E. HoNIGMANN, M. LAscARIS, P. LEMERLE, R. LoPEz, M. MATHIEU,
G. MoRAVCSIK, P. ÜRGELS, G.OsTROGORSKY, A. SoLOVIEV, P. VAN DEN VEN,
t A. A. VASILIEV, G. VERNADSKY

Organe du Centre National de Recherches Byzantines

TOME XXIX-XXX (1959-1960) /

HOMMAGE A LA MÉMOIRE
DE

CIRO G NELLI
BRUXELLES
FONDATION BYZANTINE ET NÉO-GRECQUE
RUE DU MUSÉE, 5
1960
JMPHIM~RI~ lJN!VEHSA WETTEHEN (BELGIQUE) HEVUE SUBVENTIONNÉE PAR LA FoNDATION UNIVERSITAIRE ET LE GOUVERNEMENT t\ELGE

02 0 0 2
Î

[IN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATÈS


À SOTT~ClUPTTON SYNODALE

Dans le Paris. gr. 1351, qui a servi à Heimbach pour son


édition (1), et dans l'ensemble des témoins de l'Appendix
Synopseos terliae classis (2), le chrysobulle de Nicéphore Bo-
taneiatès sur l'application des peines de mort et de mutila-
tion ainsi que sur le sort des membres de la maison impé-
riale déchue, s'achève, comme il est normal, par la signature
du souverain, et de lui seul. Or, une copie sur laquelle un
hasard a arrêté mon attention, s'écarte de cette règle : elle
porte, à la suite du nom de l'empereur, les noms du pa-
triarche Cosmas (1075-1081) et de trente-cinq autres évêques.
La copie se trouve dans l'Athon. Kutlum. 42. Elle est
gravement mutilée ·au début, la lacune couvrant le titre,
le préambule et le premier tiers de la première disposition (3).
D'après Sp. P. Lambros, le codex est de parchemin, date du
xie siècle et contient le Nomocanon de Photius (4). La por-
tion du manuscrit pour laquelle nous disposions d'un micro-
film (5) correspond aux derniers feuillets du recueil. Elle
atteste quatre mains différentes et présente les pièces sui-
vantes : 1. une profession de foi antérieure au sixième concile
œcuménique, et dont nous n'avons que les dernières lignes
(fol. 332v; écriture A, pouvant remonter au xie siècle) (6) ;

(1) Cf. Fr. DéiLGER, Regesten der Kaiserurkunden, n" 1047. Les
renvois seront faits à l'édition de ZAcHARIAE, Jus Graeco-Romanum,
111, pp. 334-338 = ZÉPOS, I, pp. 283-288.
(2) Ainsi que veut bien me l'assurer M. N. G. Svoronos.
(3) La partie conservée commence à o?i uetvovroc; vytwc;; cf. ZACHA-
RIAE, III, p. 334, l. 11-12 = ZÉPOS, I, p. 285, l. 15.
(4) Sp. P. LAMBRos, Catalogue of the Greek Manuscripts on Mount
Athos, 1, Cambridge, 1895, p. 278.
(5) Obligeamment procuré par l'Institut de Recherche et d'His-
toire des Textes (Paris).
(6) La datation des écritures a été établie avec le concours de M.
30 ,J. GOUILLARD UN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATÈS 31

2. un Synodikon du Dimanche de l'Orthodoxie, numéroté ut 4 Ntu(lj)-r(aç) 'Ayuveaç. /1


(fol. 332v-335r; écriture B, du xne siècle) ; 3. le Tome d'U- 5 Evp,(eoJY) KvCîuov.
nion de 920, numéroté uw', fol. 335r-v, même écriture), 6 6Jeoq;âv(r;ç) Ntuaî(aç).
mutilé à la fin par la chute d'un feuillet; 4. le chrysobulle 7 6JeocpâY(rJç) l:e{J aauî( aç).
lui-même, sans doute numéroté originellement ut{J' (fol." 8 6Je6o(w)e(oç) 'At-waeî(aç).
336r-337r, même écriture), tronqué de son début par la même 9 'Avaa-râ(awç) Mdt-r(t)v(ijç).
chute de feuillet ; 5. la définition du deuxième concile de Ni- 10 KwY(a-rav)-r(ï)v(oç) TvavwY.
cée, non numérotée (fol. 337r-338r ; écriture C, du xne-xme 11 Ntur;q;6(eoç) Tayye( aç).
siècle), mutilée à deux endroits par une déchirure du feuillet; 12 M(t)za(~J..) Bwaa'Aovî(ur;ç).ll
6. deux prières (fol. 338v-339r ; écriture D, du xvie siècle). 13 Kwv(a-raY)-r('i)v(oç) KJ..avbwvn(o)Â(ewç).
Dans le chrysobulle, on observe une légère différence d'é- 14 Ter;y6ew(ç) Neouawaeeî(aç).
criture entre le texte et les signatures épiscopales, mais la 15 Llr;p,'i}-re(wç) Mvewv.
main semble bien la même, et il n'y a là qu'un artifice de 16 'lwa~cp inîauon(oç) -r(ijç) p,(r;-r)eonoÂ(ewç) 1:-r(av)eov n(6)-
scribe attesté dans d'autres actes. Quant à la datation Â(ewç) ieg(iiç) Kagl(aç).
elle-même, il faut préciser que la succession des pièces 2, 17 M(t)za(~J..) p,(r;•)eonoJ..(t)-r(r;ç) l:vvao(wY). Il
3 et 4 renvoie à un modèle du début du xne siècle : le Syno- 18 Tewg(ywç) 'Avrwz(eîaç).
dikon n'enregistre pas d'erreurs doctrinales postérieures à 19 M(t)xa(~Â) l:tÂa{ov.
Jean Ital os, et ses acclamations patriarcales ne dépassent 20 'lw(avYr;ç) Mwur;aov.
pas Eustrate (1081-1084) pour Constantinople, et Jean (1091- 21 Ntu(lj-raç) TeaneCovno(ç).
1100) pour Antioche (335r). La mutilation du tome d'Union 22 Aéwy 'P615ov.
ne permet pas de recoupement, car les acclamations aux em- 23 Bwp,(iiç) 'Ap,oglov.
pereurs défunts sont brusquement interrompues à partir de 24 Kwy(arav)-r(i)v(oç) Ko-rvaîov. JI
Basile II (335v) (1). 25 Aéwv XwY(wv).
Avant toute autre considération, il convient de citer la 26 'Iw(âvYr;ç) Toeovv-roç.
fin du chrysobulle et la liste elle-même: 27 6Je6cptÂo(ç) KoÂwYel(aç).
u(a)-r(à) -r(àY) 15eué(p,f3ewy) p,ijYa -r(ijç) (-relTr;ç) (l)Y(btu-rui'JYoç) ". 28 IIéTeoç Br;{J(wY).
l'V eut np ,çqm:r;' iY è[> u(ai) -rà f)p,éTee(oY) evae{J(èç) uai Oeone6- 29 M(t)za(~'A) llop,nr;ïovn(o)Â(ewç).
{3J..r;-r(ov) vnear;p,ljva-ro ueâ-r(oç) Il Ntur;cp6(eoç) iY X(eta-r)ip Tip 30 'lw( âvYr;ç) Evxavel( aç).
B(e)cp ma-rà(ç) {JaatJ..(evç) uai av-roueâ-r(we) 'Pwp,al(wy) o Bo- 31 Ntulj-r(aç) Kegaaovv-ro(ç).l/
-r(avetâ)-r(r;ç). K(oa)p,(iiç) iJ..(écp) B(e)ov àeztentauon(oç) KwY- 32 Kwv( a-rav)-r(i)v( oç) Teep,l(wv).
(a-rav-rwov)n(6)J..(ewç) Né(aç) 'Pwp,r;ç u(ai) JI oluovp,eYt(uàç) n(a- 33 M(t)xa(~Â) àex(t)enîau(o)n(oç) Aeov-r(o)n6(Âewç).
-r)euiet(r;ç). 34 6Je(6)15ovÂ(oç) àex(t)entau(o)n(oç) Maewv(elaç).
35 (uai) Llr;p,'i}re(wç) KmpéÂ(wY).
1 'lw(âYY'YJç) iÂ(écp) B(e)ov p,(r;-r)eono(M)-r(r;ç) Etb(r;ç) (xal)
vnée-r(t)p,(oç). Cette liste soulève plusieurs questions : 1. celle de sa
2 Ntu6J..(aoç) Kataaeet(aç) Kannab(oxlaç) 6 new-revwY. place à la suite d'un acte impérial sous la forme, apparem-
3 6Je6cptJ..o(ç) 'HeauJ..et(aç). ment, de signatures ; 2. celle de la préséance et de la qua-
lité d'hypertime de Jean de Sidè: le prèmier métropolite
l'abbé M. Richard et de M. Ch. Astruc, que je tiens à remercier de
nouveau.
qui ait revêtu ce titre et ait vainement revendiqué, de ce
(1) La datation proposée ici pour les derniers feuillets du codex ne fait, la préséance dans les assemblées ecclésiastiques, pas-
vaut que pour eux. Le reste du recueil peut être plus ancien et donner sait jusqu'à présent pour être Nicolas Hagiothéodoritès d'A-
raison à Lambros.
32 ,J. GOUILLARD UN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATÈS 33

thènes (t mai 1175) (1) ; 3. celle enfin de son autorité, vu de protoproèdre, protosyncelle et recteur; il est vrai qu'un
les conditions particulières que l'on vient de dire. Nous peu plus tard la liste de 1092 (1) ne consigne que la qualité
commencerons par le dernier point. de prôtothrone. Il est difficile de dire si ces variantes sont
dues à des accidents de tradition manuscrite, à la liberté
VALEUR DE LA LISTE des notaires ou aux vicissitudes des titres eux-mêmes (2).
Passons aux signataires. Des 35 noms, 23 sont attestés
On ne dispose, à l'époque qui nous intéresse, d'aucune
dans d'autres listes contemporaines, 12 ne figurent qu'ici, ·
liste analogue de signatures (et non de présence) qui per-
mette de recouper la nôtre. Toutefois les actes patriarcaux savoir les n°8 2, 8, 9, 21, 22, 23, 26, 27, 28, 32, 34, 35. Si nous
offrent, entre 1066 et 1116, une quinzaine au moins de listes établissons la proportion des éléments communs entre les
listes nous obtenons ceci :
de participation à des synodes qui ne sont pas négligeables.
Le plus souvent, elles se bornent à énumérer les sièges épis- Listes Sièges communs Titulaires identiques Mutations
copaux représentés (2), mais cinq d'entre elles (quatre édi- 1071,1079 11 8 3
tées: celles du 9 novembre 1071, des 20 et 21 mars 1082, du 1072,1079 18 11 7
deuxième semestre 1092 (3) ; et une inédite, du 14 mars 1082,1079 14 13 1
1072 (4 ) nomment, en outre, les titulaires et sont particu- 1092,1079 12 8 4
lièrement précieuses.
Si l'on prend les sièges eux-mêmes, il ressort que sur les
Notre liste se distingue par son ampleur: elle n'est dépassée
35, 2 seulement ne se rencontrent pas, sauf erreur, dans les
que par un seul synode contemporain, celui du 14 mars 1072,
listes synodales contemporaines : Trébizonde et Kypsela.
qui réunit 41 prélats (5). Elle néglige la titulature des métro-
Enfin, prise pour elle-même, la liste apparaît antérieure
polites, à celle près de Jean de Sidè et du nean<3bWY (6)
au 21 mars 1082: à cette date Jean a pris la place de Théo-
Nicolas de Césarée: la liste du 9 novembre 1071 mention-
phile sur le siège de Colonée; elle est postérieure à 1072 :
nait huit titres de protosyncelle ou de syncelle ; celle du ·14
les listes de 1079 et 1082 enregistrent en effet 4 mutations
mars 1072, onze titres de proèdre des protosyncelles, proto-
communes (n°8 14, 18, 20, 24) par rapport à 1072.
syncelle et syncelle; celle du 21 mars 1082, quatorze titres
Toutes ces confrontations sont faites pour donner con-
fiance dans notre liste: elle n'a rien d'une pièce compilée
(1) V. GRUMEL, Tilulature de métropolites byzantins, I, Métropolites
hypertimes, in Mémorial Louis Petit, Bucarest, 1948, pp. 159-161. au petit bonheur.
(2) V. GRUMEL, Regestes, n° 8 896, 897, 927,933, 939, 942, 952, 963, II n'est pas possible de composer une notice sur les évêques
1000, 1001. inconnus jusqu'ici et dont il pourrait subsister des attestà-
(3) In., ibid., nos 900, 925, 926, 967, où l'on trouvera les références tions dans les sources littéraires ou sigillographiques. Pour
aux éditions. la commodité, on a néanmoins distingué par des italiques
(4) Cette liste appartient à un acte de Jean Xiphilin, qui a échappé
à V. Grumel. Contenue dans un recueil de diverses mains, le Scor. R- dans le tableau ci-joint les titulaires de la liste de décembre
11-11, 270v, elle atteste une écriture du xne s. M. N. A. Oeconomidis, 1079 qui manquent à la fois dans l'Oriens Christianus de
qui prépare l'édition de la pièce, a bien voulu me communiquer la Lequien (3) et dans les sources usuelles :
liste et m'a autorisé à en faire usage.
(5) Voir la note précédente. On compte 31 sièges au synode du (1) V. GRUMEL, Regestes, ·n° 967.
15 mai 1092 (GRUMEL, reg. 963); 29 à celui du 21 mars 1082 (GRUMEL, (2) Comme semble le penser V. GRUMEL, Titulature de métropolites
reg. 926); 26 à celui du 26 avril1066 (GRUMEL, reg. 896), 25 à celui byzantins, I, Les métropolites syncelles, in Études Byzantines, IH,
du 2 décembre 1085 (GRUMEL, reg. 939), 24 à celui du 9 novembre 1945, p. 107.
1071 (GRUMEL, reg. 900). Les autres synodes ne dépassent pas l'ef- (3) Et GAMS, Series episcoporum ecclesiae catholicae ... , Ratisbonae,
fectif de 20 prélats. 1873, p. 910, qui ne mentionne pas Jean d'Otrante.
(6) La forme plus courante est neo.n60eovo<;;. 2
34 ,J. GOUILLARD UN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATI~S 35
LES LISTES COMPARÉES DE LA NOYELLE ET DES SYNODES CONTEMPORAINS ( 1} Il ne suffit pas que la liste porte en elle tous les indices de
l'historicité. Encorefaut-ilétablirqu'elleestbien à sa place ici.
Sièges 9-11-1071 14-3-10721 Déc. 1079 20-3-1082 21-3-1082 14-6-1092
PLACE DE LA LISTE ET NATURE DE LA NOYELLE.
1. Sidè Jean Jean Jean
2. Césarée Eugène Nicolas Cos mas Il n'était pas sans exemple que le patriarche, avec ou sans
3. Béraclée Théophile Théophile Théophile Théophile Théophile son synode, fût associé à la promulgation de diplômes impé-
4. Ancyre Nicétas Nicétas Nicétas (2 )
riaux. On trouvera dans l'index analytique des Regestes de
5. Cyzique Romain Syméon [Syméon]( 3 ) [Syméon](')
6. Nicée Théophane Théophane Théophane V. Grume} la liste des <<actes communs du patriarche et de
7. Sébastée Théophane Théophane Théophane Théophane l'empereur>> (1).
8. Amasée Théodore(') La participation des prélats pouvait revêtir des formes
9. Mélitène Nicolas Anastase diverses. L'Église endossait parfois le décret impérial au
10. Tyanes Constantin Constanlll
moyen d'un acte synodal parallèle, de même qu'inverse-
11. Gangres Nicéphore Nicéphor~
12. Thessalon. Michel Michel Michel Théodule ment, l'empereur pouvait confirmer par une novelle spé-
13. Claudioup. Constantin Constantin .Jean Jean ciale une décision synodale (2). C'est ainsi que Michel Céru-
14. Néocésarée Michel Grégoire Grégoire Grégoire laire confirme par un écrit un chrysobulle d'Isaac Comnène
15. Myres Démétrius Démétrius Démétrius en faveur de la Néa Monè (3) ; que le patriarche Eustrate
16. Carie Joseph Joseph Josep~ Joseph
garantit un chrysobulle d'Alexis Jer en faveur d'un arche-
17. Synades Michel Michel Michel Nicétas
18. Antioche Étienne Georges Georges vêché (4) ; que Germain II entérine par un << bref >> un acte
19. Silaion Michel Michel Michel de Jean Vatatzès sur les biens épiscopaux (5). Parfois le
20. Mokèsos Léon Jean .Jean document impérial se contentait de reproduire avec des
21. Trébizonde Nicétas aménagements de forme (préambule, etc.) le procès-verbal
22. Rhodes Léon (')
d'un synode: ce fut le cas du sémeiôma de Manuel Jer sur
23. Amorium Théoctiste Thomas
/ 24. Cotyaion Léon Léon Constantin Constantin l'exégèse du Pater maior me est (6). Mais l'acte civil obtenait
/ 25. Chônai Léon Léon peut-être, à l'occasion, la valeur d'un tome synodique par
26. Otrante Jean la simple apposition des signatures des membres du sy-
27. Colonée Théophile Jean node. On serait tenté de rattacher à ce groupe la novelle
28. Thèbes Jean Pierre (6 )
Michel Michel
de Constantin VIII sur les séditieux(?) et le tome de Manuel
29. Pompéioup.
30. Euchaneia Jean Jean Jean Jean Jean Comnène sur l'abjuration des Musulmans (8).
31. Cérasonte Nicétas Nicétas Nicétas Cette classification empirique, et assez conjecturale, ne
32. Germia Constantin prétend pas être limitative. Les recueils juridiques, quand
33. Léontopol. Michel Michel Michel
34. Maronée Tlzéodule (1) Fasc. III, p. 229, § 6.
35. Kypsela Démétrius (2) Ainsi le chrysobulle de Nicéphore III confirmant une décision
(1) Les sièges représentés dans les synodes, mais non dans la Novelle, ont naturellement été om!!
de Jean Xiphilin; cf. DôLGER, Regesten, n° 1048.
D'autre part, l'ordre des sièges adopté est celui de 1079. (3) V. GRUMEL, Regestes, n° 878 (cf. DôLGER, ibid., no 945).
(2) Attesté en 1084 (après aollt); cf. V. GRUMEL, Regestes, no 938 (voir no 934). (4) V. GRUMEL, ibid., n° 922 (DôLGER, ibid, n° 1110).
(3) Attesté le 21 juillet 1092; cf. GRUMEL, ibid., no 966. (5) J. NICOLE, Bref inédit de Germain II, patriarche de Constanti-
(4) Sceau du x-x1• s. au nom de <• Théodore proèdre et métropolite d'Amasée >>; cf. G. ScHLUMBERGI
nople (année 1230) ... , Revue des Ét. Gr., 7, 1894, pp. 68-80.
Sceaux byzantins inédits, in Rev. de Numism., 1905, p. 325, no 212. (6) V. GRUMEL, ibid., n° 1059 (manque chez Dôlger).
(5) Le Synodikon de l'Église de Rhodes (cf. N. CAPPUYNS, in Échos d'Orient, 37, 1934, p. 215) compl (7) V. GRUMEL, ibid., n° 830 (DôLGER, ibid., no 823).
quatre Léon, difficiles à dater, faute.d'éléments de chronologie relative. (8) V. GRUMEL, ibid., n° 1153 (DôLGER, ibid., n° 8 1529-1530).
(6) Inconnu de G. D. TsÉBAS, 'Enuixomxàr; xaTaÀoyor; 0rJf3ilw, 'En. 'Er. BvC. ~n., 13,1937, p. 3\ll
36 .J. GOUILLARD UN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATI::s 37

ils nous ont transmis les documents, les ont volontiers dé- ehrysobulle. Sa dernière disposition engage avec vigueur la
pouillés de tout ce qui n'était pas doctrine, c'est-à-dire des responsabilité pastorale du patriarche en fonction. La se-
listes de présence, signatures, etc. La formule qui introduit conde disposition est plus instructive encore. On lit que
une liste de présence d'évêques à la fin d'un sémeiôma d'I-, l'empereur a mis dans son dessein le patriarche et son synode,
saac Ange : o[ {hévïoL naeovfnâaavuç fh1JïeonoÀZ-raL i)aav o?S- qu'il a demandé le concours des prélats pour le présent docu-
ïOL (1 ), n'exclut pas, tout au contraire, qu'il se soit tenu un ment : -ràv ... na-reLâf2X1JV avvâ{ha -rfj ... avv6orp neoaÀa{Jo{hév1J
synode parallèle. Il y aurait une étude à Jaire là-dessus, qui 'tOV Œ'Kéfhfha'ïüç ~ evas{J~ç ~fhCVV {JaaLÀEÎa 'Kat ï~V av-rwv Xeiea ïep
n'est pas dans notre propos. yea!hfhauîcp uJ>oe neoaxe~aaaa (1 ). Si ces derniers mots ne vont
Dans le cas qui nous occupe, la novelle est suivie de sim- pas jusqu'à impliquer l'apposition des signatures (2), ils la
ples signatures. L'emploi du nominatif, l'absence de clause rendent du moins très vraisemblable et attestent la colla-
annonçant une liste de présence (2), le libellé des n°8 1, 2 et boration du synode à la rédaction de l'acte. Enfin, l'empe-
16 sont bien de signatures. Les listes de présence n'ont reur poursuit en faisant hommage à Dieu de sa novelle par
pas è).érp Bsov (3) et sont plus sobres. La seule objection la médiation des évêques et en jetant l'anathème sur les
viendrait du xai qui précède le nom du dernier signataire, contrevenants e!l des termes qui supposent l'intervention
mais la conjonction s'explique aisément par une addition positive de l'autorité spirituelle : àvaeéfhaïL -rov-rovç xaevnâ-
machinale de copiste. Cette supposition est d'autant moins yo{hev alwvlrp èx nav-ràç yévovç, èx nâa17ç avv6oov Xewuavcôv ...
gratuite que la teneur même de la novelle appuie le caractère È'>t'K1]f2VHOfhSV ( 3 ).
d'acte commun de l'empereur et du patriarche et appelle En présence d'une telle convergence d'indices, on serait
naturellement ces signatures. mal venu de contester l'authenticité et la portée de la clause
L'acte comporte trois dispositions : 1. un laps de trente du titre : Xeva6{JovÀÀov ... -rà sv -rfj -rov @eov {heyâÀrJ sx'KA1J11Ù!-
jours devra s'écouler entre toute condamnation à une peine ànoueév ( 4 ). La clause convient parfaitement au contenu
de sang (mort ou mutilation) et son exécution; 2. la famille et à l'esprit de la novelle, de même qu'elle est à sa place dans
et, plus généralement, la maison du souverain déchu auront le texte de la prostaxis de Constantin X sur le rang des métro-
droit à une justice impartiale; 3. il est fait un devoir aux pa- polites (5). Les précisions de cette sorte sont si peu indiffé-
triarches, dans le présent et dans l'avenir, de remettre à l'em- rentes qu'un chrysobulle légiférant sur des amendes est pré-
pereur, trois fois l'an, un mémoire sur la conduite et la con- senté comme déposé sv -rfj aaxéAJ..n ( 6).
dition des condamnés politiques visés plus haut.
Prises dans leur inspiration générale, ces dispositions rap- danès Tourkos, des métropolites les plus en vue pour Romain Dio-
gène, etc.
pellent d'emblée la mission traditionnellement dévolue au (1) ZACHARIAE, III, p. 336 = ZÉPOS, I, p. 287.
patriarche ou aux principaux membres de son conseil chaque (2) Cf. l'expression parallèle, d'ailleurs plus générale, de M. ATH.-
fois qu'il y avait à garantir la vie sauve à un empereur dé- LEIATÈS, Historia, éd. Bonn, p. 187, à propos de Roussel et de son
trôné ou à un usurpateur malheureux (4). Mais revenons au conseiller Basile Malésès : wç yÀwaan ual xstel rtj> rowvnp èv roiç
noÀtuuoiç èuéxenro neayflaat.
(3) ZACHARIAE, III, p. 337 = ZÉPos, I, p. 287. Le chrysobulle
(1) Di:iLGER, Regeslen, n° 1572; ZACHARIAE, Jus Graeco-Romanum, de Nicéphore III (Di:iLGER, 1048) en confirmation d'un acte de Jean
III, p. 514 = ZÉPOS, I, p. 434. Xiphilin ne profère pas l'anathème, il le considère comme fulminé
(2) Cf. note précédente. du fait même de l'acte patriarcal : 6 àvuninrwv wvrn rtf Osiq. ual avvo-
(3Y Comparer les deux types de listes au second concile de Nicée. btufj ueiaet ... àvaOéflaU uaOvno{Jé{JÀI]Wt (P. G. 127, col. 1484C.).
Quant à l'épithète lseâç appliquée à Stauropolis (n° 16), cf. Actes (4) ZACHARIAE, III, p. 311 = ZÉPOS, I, p. 283.
du 2e concile de Nicée, actio quarta, où l'on a Àaflneâr;. (5) ZACHARIAE, III, p. 325 = ZÉPos, I, p. 277 ; cf. Di:iLGER, Regesten,
(4) Il est inutile d'accumuler des exemples : citons au hasard le n° 961.
rôle de Germain Jer pour Théodose Apsimar, de Tarasios pour Bar- (6) ZACHA~lAE, Ill, p. 280 = z~~os, I, p. 238; cf. Di:iLGER, ibid. n°679.
38 J. GOUILLARD UN CHRYSOBULLE DE NICÉPHORE BOTANEIATÈS 39

Bref, le chrysobulle de Nicéphore III a été assumé con- Pour ce qui est du titre lui-même, ni les sources narratives
jointement par l'empereur et par le synode, qui en a même ni les autres actes contemporains n'attestent que Jean de
assuré en partie la rédaction. C'est ce qui ressort de sa ma- Sidè ait été distingué du titre d'hypertime. Au synode de
tière, de ses expressions et de ses signatures. Il mérite donc 1092 sur le culte des images, il vient au rang coutumier de
une place dans les regestes des actes du patriarcat, parmi les" son siège, sans le moindre titre (1), mais il est vrai que, dans
actes communs à l'empereur et au patriarche. La tradition cette liste, aucun métropolite n'en porte. Au synode du 21
représentée par la copie du Kutlum. 42 est donc plus fidèle mars 1082, Jean, ici encore au rang de son siège, n'est qu'un
que celle del'Appendix de la Synopsis, qui a allégé l'acte de ses protosyncelle entre d'autres, et à côté de nombreux proto-
signatures. Mais là n'est pas le dernier intérêt de notre copie. proèdres (2).
En revanche, Michel Attaleiatès, qui a bien connu le métro-
JEANDESIDÈ ET L'INSTITUTION DES MÉTROPOLITES HYPERTIMES
polite de Sidè et semble avoir été de ses amis, nous dit que,
d'abord premier ministre de Michel VII, il portait le titre de
La première signature épiscopale, celle du métropolite de protoproèdre des protosyncelles, littéralement : détenait le
Sidè, Jean, est insolite à différents égards: a) par sa solen- tout premier rang des protosyncelles : rwv xotvwv neayf.larwv
nité: la clause èUcp r9eov n'est pas fréquente pour les métro- OlOlX'Y)ï~V ... ï~V 1'C(!Wï'Y)V neoeoetav ïWV 1t(!WïOIJ'VYXéÂÂwv èné-

polites; elle paraît réservée aux titulaires de sièges privilégiés. xovra ( 3).Le personnage, évincé par Nicéphoritzès (4), aurait
C'est ainsi qu'on la relève deux fois au concile de Nicée (787), recouvré ses hautes fonctions sous Nicéphore III (5), tandis
pour les métropolites d'Héraclée et de Chypre (1), et dans la que son rival finissait lamentablement.
liste du 6 mars 1166, elle n'est utilisée que par le protothrone, Le témoignage d'Attaleiatès n'est pas récusable: Jean de
c'est-à-dire le métropolite de Césarée (2) ; b) par sa place : aux Sidè fut protoproèdre des protosyncelles sous Michel VII, et
termes des préséances, la métropole de Sidè aurait dû venir eut donc le pas sur un autre prélat fonctionnaire du règne,
entre Nicée et Sébastée (3). L'ordre de préséance est du reste Michel de Néocésarée, qui signe en 1072 l'acte inédit de Xi-
observé dans les assemblées du 21 mars 1082 et de 1092 (4), philin en qualité de proèdre des protosyncelles (6). Le fait
auxquelles siégea Jean; c) par la titulature << hypertimos >>. est, d'autre part, que Jean ne porte plus ce titre dans les
Le R. P. Grumel, qui a retracé avec sa rigueur coutumière actes qui nous sont parvenus du règne d'Alexis Jer Comnène.
l'évolution du titre (5), a montré que, très rare au xie siècle A moins d'invoquer dans la tradition manuscrite de l'acte de
(seul titulaire connu: Michel Psellos), il n'avait été accordé 1082, une analyse défectueuse del' abréviation de proto-proédros
à un métropolite qu'environ 1173 ; autrement dit, un siècle ou quelque autre accident, on est tenté de croire que le favori
après notre novelle. des empereurs évincés par les Comnènes perdit son crédit
L'emphase de la signature n'est qu'un corollaire et une con- en même temps que ses fonctions sous Alexis Comnène (?).
firmation du titre et de la préséance: on a vu qu'elle était le
(1) GRUMEL, Regestes, n° 967, avec la référence à l'édition.
lot de signataires privilégiés. (2) Io., ibid., n° 926.
(3) ATTALEIATÈS, Historia, p. 180 (Bonn) = SCYLITZÈS CONTIN. II,
(1) MANSI, Sacrorum conciliorum nova et ampliss. coll., XIII, col. p. 705 (Bonn).
380E ; exception faite des légats patriarcaux, assimilés pour ·ce libellé (4) ATTALEIATÈS, ibid., p.'182 = SCYLITZÈS CONTIN., ibid., p. 706.
à leurs mandants. (5) ZoNARAs, Epitome, XVIII, p. 725 (Bonn).
(2) V. GRUMEL, Regestes, no 1059 ; P.G., 140, col. 257. (6) Liste inédite citée plus haut. J'identifie ici Michel avec le
(3) Dans les assemblées plénières, Sidè occupe, plus précisément, sacellaire de Michel VII, fort malmené par ATTALEIATÈS, ibid.,
le dixième rang, à la suite de Chalcédoine et avant Sébastée. pp. 278-279.
(4) V. GRUMEL, Regestes, nos 926 et 967. (7) Sur la réaction d'Alexis contre l'inflation des titres, cf. V. GRu-
(5) V. GRUMEL, Métropolites hypertimes, pp. 152-184. :VJEL1 L~ métropolites syncelles 1 p. 107,
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E'n tout cas, le silence des actes touchant le titre de proto- 1:tlâewr:ov ( 1). Si les signatures épiscopales furent vraiment
proèdre, solidement attesté par ailleurs, enlève toute valeur t·ecueillies à l'occasion de cette lecture, Jean n'a fait que se
d'argument au silence des mêmes actes sur le titre d'hyper- conformer à l'esprit de la prostaxis de Constantin X sur les
time, attesté dans la signature de la novelle. Que Jean ait syncelles : sv oÈ iep naÂa-rtcp f!$st i~V ilft~V f!~aaror; i~V SV îfÎ
(l'vyxÀrj-rcp -rvnw8ëlaav œlmp (2). Il n'aurait donc pas créé un
pu être honoré de cette dernière dignité, il n'y a là rien de
surprenant. Un autre premier ministre, le moine Michel de précédent fâcheux pour les ambitieux du jour ou de l'avenir.
Nicomédie, porta le titre sous Michel VII (1). La seule ori- L'hypothèse, vraisemblable et séduisante, n'est d'ailleurs
ginalité dans le cas de Jean est l'extension du titre à un mé- pas nécessaire. Elle ne le serait que si l'on prêtait aux métro-
tropolite. Il est, par ailleurs, impossible de déterminer à polites contemporains un respect scrupuleux de l'esprit des
quel moment l'évêque de Sidè se vit conférer cet honneur, lois. Or un acte du même temps, le document inédit de Jean
sous Michel VII ou sous Nicéphore Botaneiatès. Xiphilin, montre qu'on ne s'embarrassait pas toujours de
Dernier point à éclaircir :la qualité d'hypertime, d'unmétro- leur lettre même. Michel de Néocésarée y signe, en effet, le
polite, lui donnait-elle le pas sur les métropolites que la hié- premier (3 ) en sa qualité de proèdre des protosyncelles, et il
rarchie des sièges eût placés, sans cela, avant lui? Autant paraît bien s'agir, cette fois, d'un acte proprement ecclésias-
que l'on sache, le premier acte synodai à avoir connu de cette tique.
question remonte à 1173 (2), et c'est même lui qui a permis à En définitive, il n'est pas exclu que Jean de Sidè ait usé,
V. Grumel de dater approximativement l'institution du titre en la circonstance, comme Michel de Néocésarée, du droit du
pour le haut clergé. Le synode décida que la préséance du plus fort, encore que sa préséance puisse se passer, comme
métropolite hypertime serait limitée aux assemblées auliques on l'a vu, de cette hypothèse.
et que les assemblées d'Église continueraient de se conformer Concluons. La novelle de Nicéphore Botaneiatès doit être
à l'ordre traditionnel. C'était là simplement étendre à l'hy- considérée comme un acte conjoint du souverain et du synode
pertime les principes édictés plus d'un siècle avant pour les patriarcal, et elle a reçu les signatures des membres de ce
métropolites syncelles et protosyncelles (3). synode.
D'où la question: en se mettant au premier rang, le métro- La liste remet en cause les origines du métropolite hyper-
polite de Sidè a-t-il contrevenu au principe de l'analogie juri- time et fournit un exemple de ses privilèges hiérarchiques
dique (en raison du caractère également politique de la colla- dans les assemblées auliques.
tion tant des titres de métropolite syncelle et protosyncelle Enfin, nous obtenons un certain nombre de données nou-
que de celui de métropolite hypertime) ou était-il dans son velles sur la composition du synode et, plus généralement, du
bon droit? La seconde réponse paraît plus vraisemblable. corps épiscopal dans le dernier quart du xre siècle.
Voici pourquoi: Attaleiatès, qui donne, dans son Histoire,
Paris, Janvier 1960. Jean GouiLLARD.
une place insolite à la novelle de Nicéphore III, et surtout à
sa première disposition, a noté que l'empereur en fit donner
lecture au Sénat qui l'approuva pleinement : àvéyvw -ràv v6p,ov (1) ATTALEIATÈS, ibid., p. 314; et tout le commentaire aux pp.
hû -ri'jr; avy~Àrj-rov {3ovMjr;, ~ai avp,1fJrJrpov l!axs -ravirJV ~ai Mav 313-316 : on pourrait se demander si Attaleiatès n'aurait pas eu de
part à la rédaction de la novelle.
(2) ZACHARIAE, III, p. 325 = ZÉPOS, I, 277.
(1) ATTALEIATÈS, op. cit., p. 296 : MtxafJÀ povaxor; 6 v:rtérp:tpoç, 6 (3) Cette préséance a tellement surpris tel lecteur ancien de la
bû -rwv :noltuuwv :neaypâ-rwv :neoa-râç; à ce propos, cf. V. GRUMEL, copie qu'il a introduit au-dessus de la ligne : << Onuphre de Césarée >>,
Les métropolites hypertimes, p. 156 ss. qui aurait dû venir en tête, en sa qualité de prôtothrone.
· (2) V. GRUMEL, Regestes; no 1127..
(3) DôLGER, Regesten, n° 961. .

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