Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Saint Paul fut un vaillant apôtre dont la vie et le témoignage ont marqué la
vie de l’Eglise dès ses débuts jusqu’à nos jours. Sa pensée, sa théologie et
son apostolat constituent un héritage inestimable qu’il a laissé à l’Eglise. En
cela, il reste le modèle du témoin du Christ et de son Evangile. Des
témoignages abondants que nous avons sur Saint Paul, on peut déceler
quatre aspects intimement liés et qui correspondent aux moments
importants de sa vie et de ses œuvres.
I. L’HOMME
1.Origine
Paul est né à Tarse en Cilicie (cf. Ac 9, 11 ; 21, 39 ; 22,3) dans les années 5
à 10, sous le règne de l’empereur Auguste. Tarse était un grand port de
commerce, une ville universitaire alors comparable à Athènes et Alexandrie.
Située sur le cours inférieur du Cydnus, à l’ouest de la plaine de Cilicie, la
ville de Tarse après avoir été dès 400 av. J C gouvernée par des vassaux de
l’empire de Perse, était tombée au pouvoir des Seleucides. Quand Pompée
eut conquis la Cilicie (60 av. J C), la région fut organisée en province
romaine, avec Tarse comme siège du gouverneur. On comprend alors
pourquoi sous l’Empire, Tarse connut un développement économique et
culturel considérable. Paul est né de parents juifs (Ph 3, 5) de classe
moyenne et appartenant à la tribu de Benjamin. Le loyalisme du père de Paul
lui a mérité le titre envié de « citoyen romain ». Sans cesser d’être juif,
Paul saura relier trois civilisations : juive, grecque et latine. L’évangéliste
Luc est le seul à avoir conserver le nom hébreu de Paul : Saoul ou Saolos, qui
n’est autre que le nom du premier roi d’Israël, Sha’ûl, Saül. La forme Saulos
est une assimilation au second nom de Paulus grécisé en Paulos. Paul avait
donc deux noms : un gréco-romain : Paulus et l’autre hébreu : Saul. Paul
portera ce nom quand il commencera ses missions auprès des païens d’où
l’expression « Saul appelé Paul » (cf. Ac 3, 9).
2. Enfance et éducation
Paul a été élevé selon la stricte observance juive. Dès sa jeunesse, vers 14
ou 15 ans, il alla poursuivre ses études à Jérusalem. Gamaliel, un des plus
grands docteurs du siècle lui enseigna la Bible et la tradition juive. C’est
ainsi que Paul devint un parfait rabbin. Il s’astreignit aux innombrables
préceptes dont les pharisiens avaient surchargé la loi de Moïse : les 248
préceptes positifs dont l’addition aux 365 préceptes négatifs formant le
chiffre mystique de 613, celui des lettres du Décalogue.
Selon les coutumes juives, tout pharisien devait avoir un métier. C’est ainsi
que Paul apprit le métier de tisseur de tente. Une des industries de Tarse
était le tissage des poils de chèvres et de chameaux. Paul pratiqua plus tard
le métier de tisseur pour rester indépendant financièrement. Il était à l’aise
dans les cultures grecque et hébraïque. Il quitta Jérusalem avant le
ministère de Jésus ; il ne semblait pas l’avoir connu de son vivant et n’en
parlait pas.
Les Actes des Apôtres nous rapportent que Paul fut le témoin approbateur
du martyre d’Etienne (cf. Ac 8, 3). Vers l’an 36, c’était un jeune fanatique
de 28 ans qui prit le chemin de Damas pour arrêter les chrétiens. Il était
persuadé que les disciples de Jésus étaient des propagateurs d’une hérésie
sapant le judaïsme. Ainsi, Paul procédait à des arrestations massives
d’hommes et de femmes pour les jeter en prison. A la base de cette
persécution, Paul prétextait le « zèle » qu’il avait pour Dieu. Or pour un juif,
le zèle pour Dieu est nécessairement un zèle pour la Loi. Ce qui dérangeait
Paul chez les chrétiens, c’était leur attitude à l’égard de la Loi de Moïse. En
admettant Jésus au centre de la religion, les chrétiens ravissaient par le
fait même à la torah la place qu’elle occupait dans le judaïsme. Mais le
persécuteur de l’Eglise deviendra un jour, le vaillant témoin de la Bonne
Nouvelle du Christ.
1. La conversion et la vocation
Baptisé à Damas par Ananias, Paul se dirige bientôt vers le désert d’Arabie
: il y passa deux ans. On suppose que ses deux années ont été pour lui une
occasion de reprise spirituelle pour méditer et mûrir ses plans d’apostolat.
A l’issue de sa retraite, il remonte à Jérusalem pour voir Pierre le chef des
Apôtres. La tournure des événements, la grâce du Christ, leurs aptitudes
personnelles les poussent à se partager l’immense responsabilité de
l’évangélisation du monde. Pierre se charge des juifs, Paul des « gentils »
(païens).
Paul commence son premier voyage sur l’initiative directe de l’Esprit Saint
qui ordonne de détacher Barnabé et Paul (cf. Ac 13, 1-2). Jean-Marc, cousin
de Barnabé, se joint au convoi. Partis d’Antioche de Syrie, ils traversèrent
la Seleucie, Chypre où ils évangélisèrent Pergé. Là ils convertirent le
Proconsul Sergius Paulus. Jean-Marc quitte le groupe et retourne à
Jérusalem. Paul et Barnabé poursuivent leur route jusqu’à Antioche de
Pisidie. Par leurs prédications, ils arrivèrent à convertir les païens ce qui
suscita la jalousie des Juifs qui les chassèrent. Ils font donc un séjour assez
long à Iconium. Mais la population se divisa et ils durent de nouveau fuir.
S’étant rendus à Lystres, on les prit pour des dieux (Zeus et Hermès). Des
gens venus d’Antioche de Pisidie et d’Iconium incitent la foule contre eux.
Ils partirent pour Derbé. Revenant sur leurs pas, Paul et Barnabé
regagnèrent Antioche de Pisidie. Ils y rencontrèrent une controverse entre
des chrétiens d’origine juive et des chrétiens d’origine païenne. Paul,
Barnabé et Tite furent envoyés à Jérusalem auprès des autres apôtres pour
trouver la résolution de la controverse. Ce fut le concile de Jérusalem où
furent traitées les questions sur la circoncision des païens et des normes
de pureté. L’assemblée de Jérusalem dénoua la crise et Paul et Barnabé
retournèrent à Antioche avec Jude et Silas. Là, ils firent appliquer le
décret.
Ce deuxième voyage est suggéré par Paul qui a l’intention de visiter toutes
les villes qu’il a évangélisées. Une discussion se lève au moment du choix du
personnel. Paul ne veut plus de Jean-Marc qui les a abandonnés à Pamphylie
lors du premier voyage alors que Barnabé veut l’emmener (Jean-Marc est
son cousin). A défaut de trouver un terrain d’entente avec Barnabé et Marc,
Paul, accompagné de Silas traverse la Syrie et la Cilicie. Tandis que Barnabé
et Marc allèrent à Chypre. A Lystres, Timothée les rejoignit. Après avoir
visité Iconium et Antioche de Pisidie, Paul gagna le port de Troas où il fut
rejoint par Luc (Ac 16, 8). Là, une vision indiqua à Paul qu’il devait se rendre
en Macédoine : ce qui fut fait ! Les principales étapes de ce périple
(européen) furent essentiellement : Philippes, Thessalonique, Bérée,
Athènes, Corinthe où ils passèrent un long séjour ; là, Paul profita du séjour
pour écrire les Lettres aux Thessaloniciens. De Corinthe, Paul et ses
compagnons rentrèrent par un autre chemin, fondant au passage, en Asie,
l’église d’Ephèse ; puis, ils s’embarquèrent pour Césarée. Ils montèrent
ensemble à Jérusalem avant de rentrer à Antioche leur point de départ d’où
ils devaient bientôt repartir pour un troisième voyage.
L’élément principal qui marqua définitivement la vie de Saint Paul fut sans
doute le face à face avec le Christ sur la route de Damas. Cette rencontre
est l’expérience fondamentale qui a transformé le Pharisien et le
Persécuteur en chrétien et en apôtre. L’événement de Damas lui a permis
de voir le Seigneur, de le connaître et de donner sa vie pour le faire
connaître à tous ses frères. Il a une nouvelle vision de l’Eglise : une réalité
théologique et plus particulièrement christologique. Il découvre également
la portée sotériologique de la mort-résurrection de Jésus le Messie mais
aussi l’être-déjà-là de la phase ultime de l’histoire du salut. Mais l’on ne
saurait réduire les sources de la théologie de Saint Paul au seul événement
de Damas.
c. L’hellénisme
A travers les écrits et la pensée de Saint Paul, l’on peut percevoir aisément
l’influence du monde grec. Dans ses lettres écrites en grec, il emploie la
Septante. Son vocabulaire et certains de ses concepts sont redevables à la
politique (cf. Ph 1, 27), au sport (cf. 1Co 9, 24-27), au commerce (cf. Col 2,
14) ou aux liturgies du monde gréco-romain.
d. La tradition apostolique
Une lecture attentive des Lettres de Saint Paul nous donne de savoir que
Saint Paul est convaincu que Dieu a un plan établi sur le monde. Ce plan de
Dieu est un mystère du salut « caché aux siècles et aux générations » et qui
se trouve maintenant manifesté en son Fils Jésus Christ. Ce plan de Dieu
n’est autre chose que le salut des hommes. « Béni soit le Dieu et Père de
notre Seigneur Jésus Christ…Il nous a élus en Lui, dès avant la création du
monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Eph 1,
3-5.)
Pour Saint Paul, le péché d’Adam a fait de tous les hommes des pécheurs.
L’homme habite de ce fait un monde qui est un « empire de péché». Le péché
domine et imprègne la vie de l’homme, le privant de la grâce de Dieu. Mais le
Christ est venu racheter notre dette, mourir pour nous et pour nous faire
vivre. L’homme est désormais libéré de toute servitude du péché et peut
partager la vie divine. Car avec le Christ, tout homme aura la vie promise
aux croyants. Saint Paul à la suite des autres apôtres sont donc des témoins
: « Le Christ est mort pour nos péchés, ressuscité pour notre justification
».
Pour Saint Paul, rien n’est plus contraire à la vie chrétienne que l’égoïsme et
la division. Ainsi, pour lui, pécher contre son frère, c’est pécher contre le
Christ qui s’identifie à tout homme. Et donc, aider le frère, c’est aider en
définitive, le Christ. La méditation de son célèbre « hymne à la charité »
dans 1 Co 13 nous enseignera assez sur la charité.
Si les « Actes des Apôtres » laissent apparaître comme nous l’avons vu les
événements liés à la vie de Saint Paul, ses lettres nous ouvrent les replis de
son cœur. « Chacune le suit sur les vastes routes missionnaires de sa
prédication ; elles introduisent dans l’atelier de son esprit et nous laissent
saisir le monde de sa pensée, de son vouloir, de ses sentiments, ce monde si
riche et si profond, si personnel et si particulier que la littérature mondiale
n’en connaît guère d’équivalent ». (3)
La signification inestimable des lettres de Paul consiste en ceci que Paul est
devenu le premier et le plus profond commentateur de l’enseignement du
Christ, le pionnier et le guide de la théologie chrétienne. Pour Saint Thomas,
les épîtres de Paul contiennent « toute la théologie ». « L’ardent admirateur
et commentateur de Paul, Saint Jean Chrysostome, compare les épîtres à
une mine profonde dans les veines de laquelle flamboient une infinité de
métaux précieux, ou encore à une source jamais tarie, qui jaillit avec
d’autant plus de puissance que l’on y puise plus abondamment ». (4)
CONCLUSION
The New Jerome Biblical commentary. Great Britain 1990. pp. 770-771.
(2) Cf. The New Jerome Biblical commentary, Great Britain 1990, pp. 770-
771