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POUR
D’OR
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G L E S
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LES RÈ
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RÉU CEMENSTE
N A N
F I OT R E E N T R E P R I
DE V
Comment optimiser
vos chances de convaincre
banquiers, business angels,
capitaux-risqueurs,
et prêteurs en ligne
« J’ouvre ma boîte » est une collection créée en partenariat
avec le Salon des micro-entreprises et Place des réseaux,
le web magazine des entrepreneurs en réseau.
Du même auteur
Mon banquier, la crise et moi, toutes les réponses aux questions que vous
n’osez pas poser à votre conseiller, Éditions du Moment, 2009.
Les loges de la République, avec Pierre Lambicchi, Éditions du Moment,
2009.
Mentaliste, avec Pascal de Clermont, Éditions du Moment, 2010.
© Dunod, 2011
ISBN :
À Cathie qui m’a tellement entendu parler de création d’entreprise
tout au long de notre vie commune de salariés,
À mon expert-comptable qui m’a tellement entendu parler
de l’entreprise que j’allais créer tout au long
de nos entretiens préparatoires,
À ma petite-fille Ella qui va tellement entendre parler
de l’entreprise de son grand-père dès qu’elle sera en âge
de créer la sienne, vers 2035…
Sommaire
Préface 6
Avant-propos 8
4
5 Une banque, pour quoi faire ? 85
La puissance de la banque 86
Les limites des banques 90
Améliorez votre position de négociation face au banquier 93
Glossaire 145
Bibliographie 157
Sommaire 5
Préface
La création d’une entreprise
est aussi un acte collectif
Au cours des dernières années, l’esprit d’entreprise a gagné
beaucoup de terrain en France et il faut s’en réjouir. La création
ou la reprise d’une entreprise est devenue pour beaucoup d’hom-
mes et de femmes à la fois une ambition et une alternative au
salariat, et souvent au chômage. C’est une extraordinaire façon
de trouver leur place et de développer leurs capacités au sein
de la société. À condition qu’ils disposent des clés pour mener à
bien leur projet d’entreprise dans de bonnes conditions, et qu’ils
puissent mettre toutes les chances de succès de leur côté.
Dans cette réussite, la question du financement est évidemment
cruciale : trop d’entreprises échouent pour n’avoir pas dimen-
sionné correctement leurs besoins au démarrage. C’est tout l’in-
térêt de l’ouvrage d’Olivier Magnan que d’explorer, de manière
concrète, vivante, imagée, journalistique, toutes les pistes, des
plus classiques, comme le prêt bancaire, qui reste la voie nor-
male du financement de l’économie, aux plus récentes comme
l’apport des business angels. En fournissant conseils, astuces et
témoignages, il fait œuvre très utile.
L’expérience de France Initiative, le premier mouvement réseau
associatif d’appui à la création d’entreprises, montre qu’il n’est
jamais simple d’obtenir un prêt bancaire quand on pousse tout
seul la porte d’une agence bancaire. Il existe pourtant des voies
pour y parvenir, que rappelle Olivier Magnan, notamment dans
6
la manière de monter son dossier. Il en est une autre : le prêt
d’honneur – sans intérêts ni garanties exigées – qu’accordent
nos associations, les plateformes France Initiative. Ce prêt sur
l’honneur renforce les fonds propres des créateurs qui en man-
quent souvent, tout en leur facilitant l’accès à ce financement
bancaire si important. L’alchimie qui le rend possible tient à la
relation de confiance que nous nouons avec les entrepreneurs
que nous aidons et celle que nous entretenons de longue date
avec les banques, qui nous connaissent bien et qui ont compris
notre valeur ajoutée.
La solitude est l’autre principal risque que courent les créateurs
d’entreprise. Aussi, nous ne nous arrêtons pas au coup de pouce
financier : l’apport de nos parrains bénévoles, chefs d’entreprise
ou cadres dirigeants, tous expérimentés, est extrêmement pré-
cieux pour aider les nouveaux entrepreneurs à qui nous prêtons
à endosser leur nouveau costume de chef d’entreprise. Les faits
sont là : les entreprises bien financées et bien accompagnées ont
plus de chances que les autres d’être pérennes. Elles se donnent
la possibilité de se développer, d’embaucher, de se projeter dans
l’avenir.
Aux candidats à la création d’entreprises, si j’avais donc un seul
conseil à ajouter à la longue liste, très pertinente, que donne Oli-
vier Magnan, j’ajouterai celui-là : ne restez pas seul. Si la création
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Préface 7
Avant-propos
I
l vaut mieux, dans un avant-propos, dire le propos. Et tout
comme je vais le conseiller aux créateurs d’entreprise, le dire
en pitch, autrement dit en quelques mots. Il se réduit ici à un
seul : financement. Avec les satellites du financement, investis-
seurs, prêts, banquiers, aides. Comment, pour un jeune créateur
ou un salarié plus âgé porteur d’une idée, trouver les moyens
financiers de créer une entreprise ou de développer l’embryon
déjà existant. On exclut donc tout ce qui relève de la motivation,
de l’environnement juridique, de la recherche d’idée, de la gestion
et… de la retraite du chef d’entreprise. Il ne sera question que du
nerf de la guerre, des moyens pour l’obtenir et de composer avec
le partenaire tout-puissant et trop puissant qu’est le banquier, ce
que personne ne dit crûment dans les guides de création d’entre-
prise. Il existe en ligne un nombre important de sites, blogs, et en
librairie un non moins grand nombre de livres où vous trouverez
le détail le plus absolu des points évoqués ici (dans ce domaine, je
vous recommande le « Papin1 », somme éminente de la création
d’entreprise, gros livre où tout est dit et tout est chiffré sous la
signature d’un grand « pro » : www.robertpapin.com). Mais il était
important que vous ayez en mains une synthèse critique, fruit
d’une enquête journalistique, de l’essentiel. Et comme le temps,
c’est de l’argent, on s’arrête là. Ou presque :
>>Si vous êtes à la tête d’un projet innovant, ou d’une entreprise
déjà créée qui intéresse plutôt le e-commerce en ligne, le virtuel,
le high tech, si vous êtes à la recherche d’associés, de financeurs
8
de type business angel, les chapitres consacrés aux financeurs et
leurs motivations (chapitre 3) et ceux qui expliquent le fonctionne-
ment de la banque (chapitres 5, 6 et 7) vous seront les plus utiles.
>>Si votre idée ou votre entreprise explore les marchés plus
classiques du service et du commerce traditionnel, si vous êtes
auto-entrepreneur, que vous recherchez un emprunt de proxi-
mité, vos pistes sont plutôt défrichées au chapitre 2 et dans ceux
qui intéressent la banque (chapitres 5, 6 et 7).
>>Les autres chapitres 1, 4 et 8 seront utiles à tous.
>>Les mots ou expressions imprimés en couleur renvoient au
glossaire de fin d’ouvrage.
Avant-propos 9
1
Vous avez une idée,
comment la présenter
pour la « vendre » ?
Il ne faut pas penser à l’objectif à atteindre,
il faut seulement penser à avancer.
C’est ainsi, à force d’avancer, qu’on atteint
ou qu’on double ses objectifs sans même sans apercevoir.
Bernard Werber
Objectifs
>>>> Coucher sur le papier le concept
et les objectifs de votre entreprise
virtuelle ou déjà créée.
>>>> Chiffrer vos besoins de
financement.
>>>> Mettre en scène votre affaire et
commencer à parler le « slide » !
V
oilà l’une des plus belles expressions de la langue fran-
çaise : « Couchez votre idée sur le papier » !
Nous sommes d’accord, l’idée prime sur la forme, et bien
des entrepreneurs ont réussi sans passer par la case « rédac-
tion » (en bon français bien orthographié). Mais parlons net : un
projet bien présenté va vous valoir du bonus…
12
Tenez, voici un exemple réel de correspondance de la part d’un
respectable artisan en train de se battre pour un recouvrement
de créance. Certes, on n’exige pas de quelqu’un qui possède le
talent de son métier de se montrer, en plus, un as du français.
Malgré tout, une expression juste servie par une orthographe
correcte vaut bien un geste professionnel sûr servi par des outils
de qualité :
« bonjour,
Depuis le mois d’octobre 2010(chantier effectuer de juillet à
octobre2010).Pour le médiateur du crédit ils sont demander a
ma premiére banque qui on refuser quand à la deuxiéme ,ils
n’on pas u de réponse .Ils m’on conseiller de déposer le bilan
tout en continuant mon activité… »
Certains parmi vous vont blêmir : ils/elles savent que l’expres-
sion écrite n’est pas leur point fort. Eh bien comme toute autre
faiblesse dans un projet, voilà un prérequis qu’il va falloir régler
une fois pour toutes. Il en va du succès final de vos efforts (bien
sûr, si vous n’êtes pas concerné, passez vite aux paragraphes
suivants !).
1. En langage de métier, « espace » est de genre féminin, aussi surprenant que
ce soit.
14
tÉmoignages
16
L’intitulé Ce que vous allez écrire Quelques conseils
Clientèle(s) ciblée(s), terri- Si possible, entrez dans le
Le marché/ toire visé. détail des profils socioprofes-
Les cibles sionnels, âge, catégorie, style
de vie, potentiel, effectif.
Comment faire connaître Pensez à une inauguration, un
l’entreprise, quels moyens événement, aux communiqués
Promotion/
promotionnels, publicité de presse, au concours d’une
Publicité/
envisageable, mailings… agence de RP, de la PLV1.
Plan mar-
Esquissez un budget prévi-
keting sionnel (renvoyez le détail au
business plan).
Business Le cœur du projet. La partie Un business plan ne s’improvise
plan (BP)/ critique. Ce qui va tout pas. Un tableau incomplet,
Plan déclencher ou tout arrêter. incohérent, des entrées, des
d’affaires valeurs qui montrent vos fai-
Plan de fi- blesses dans l’exercice vont
nancement/ tuer l’aventure dans l’œuf. Lire
Chiffres clés plus bas.
C’est la signature finale, le Certains financeurs ne liront
point d’orgue, la dernière dans un 1er temps que la pré-
impression que vous lais- sentation, le BP et cette conclu-
Synthèse/
serez. sion. N’hésitez pas à donner
Résumé/
la « charge », à montrer votre
Coup d’œil
confiance, vos certitudes, votre
engagement. Soyez simplement
direct, précis, positif.
Extraits de documents, dos- Choisissez des documents
siers, analyses de marché, explicites, n’en faites pas une
témoignages, recommanda- partie illisible, elle doit rester
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
18
>>Vous êtes en quête d’un financement plus important – disons
au-delà de 20 000, 30 000 2, jusqu’à quelques millions : le business
plan que vous allez présenter aux bailleurs de fonds devient un
sésame déterminant. C’est à la fois au vu de vos chiffres – espé-
rés, potentiels, certes, mais néanmoins réalistes et cohérents –
et par l’analyse des formules qui, calculées par un tableur sur
un ordinateur, simulent une activité sur le court, moyen et long
terme, que les financiers vont se décider à vous suivre… ou pas.
avis d’expert
Gautier Girard, créateur de forums de création d’entreprises,
www.gautier-girard.com
DD Que doit comporter un business plan ?
« 1. Le contexte : expliquez ce qui a déjà été fait, comment, et ce que vous
envisagez pour exploiter ce potentiel.
2. L’équipe : détaillez les forces, le savoir-faire, l’expérience de votre équipe.
3. Les produits et les services : vous devez présenter les atouts et les
caractéristiques de chaque élément de votre offre.
4. L’environnement concurrentiel de l’entreprise : c’est un volet capital.
Vous y analysez votre marché futur, que vous devez connaître parfaite-
ment pour éviter toute déconvenue.
5. L’aspect marketing et commercial : détaillez votre positionnement, votre
image de marque, les réseaux que vous comptez utiliser, les moyens publi-
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
20
formules dans les bonnes cellules du tableur, vous parvenez à
coups de « + » et de « – » à obtenir un chiffre d’affaires, quotidien
ou hebdomadaire ou mensuel ou annuel, donc une marge, un
profit ou… un déficit. C’est le b-a ba. Un premier dégrossissage.
Mais le business n’est jamais aussi simple.
Il vous faut distinguer :
−− le capital du compte courant ;
−− les besoins en trésorerie, ce que vous allez dépenser au jour
le jour, ce que les comptables nomment le BFR, le « besoin en
fonds de roulement ») ;
−− le CA, le chiffre d’affaire.
Il vous faudra également intégrer les taxes, la récupération de
la TVA – vous l’encaissez de la part de vos fournisseurs, vous la
versez au Trésor public régulièrement.
Vous devez tenir compte des délais de paiement (vous livrez votre
prestation le 1er avril, mais votre facture ne sera honorée que
30, 60, 90 jours plus tard – voire 360 jours plus tard, ou même
jamais, ça arrive), selon les usages commerciaux et l’honnêteté
de vos clients. Ces décalages (en tout cas ceux qui entrent dans
les usages commerciaux du secteur) seront prévus dans votre
business plan (le glissement).
avis d’expert
Pascale Brelier, conseil en gestion, finances et RH,
pascale.brelier@pbpartners.fr
DD Faut-il absolument s’adresser à un spécialiste du business plan ?
« Si je devais défendre ma fonction, je dirais oui, mais j’ai des arguments :
le créateur d’entreprise saura chiffrer un plan qui correspondra à son rêve,
aux vrais objectifs de son activité. Et ce business plan-là, il faut le garder, et
en faire sa Bible. Mais je recommande d’établir en parallèle un autre plan,
dérivé, que j’appelle la “vraie vie”. Lui, sera présenté à des banquiers, de
futurs associés, qui n’ont qu’un objectif : si l’idée les séduit, ils ne veulent
pas être déçus. C’est là que des praticiens comme moi intervenons pour
injecter dans le plan d’affaires les “coussins” que sont les imprévus, les
événements imprévisibles, le départ d’un associé, etc. »
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© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
2. Approche 1 : extrait d’un business plan simple élaboré par les concepteurs
Dépenses
K4 Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Total
Rédaction 13 13 13 13 13 13 13 13 104
Maquette 5 5 5 5 5 5 5 5 40
Loyer 7 2 2 2 2 2 2 2 21
Tél./fax/matériels informatiques 9 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 11,8
Impression 20 000 exemplaires 10 10 10 10 10 10 10 10 80
Réglage de la diffusion 1 1 1 1 1 1 1 1 8
Direction commerciale (estimations fixe
3 5 5,5 5,5 5,5 6 6 5,5 4,5 46,5
+ com)
2 commerciaux (estimations fixe + com) 4,5 4,5 4,5 5 5 4,8 3,8 32,1
1 stagiaire 0,6 0,6 0,6 0,6 0,6 0,7 0,6 4,3
1 assistante 1,6 1,6 1,6 1,6 1,6 1,6 1,6 11,2
Salaires fixes chargés (direction com-
3 5 17,4 17,4 17,4 18,9 18,9 17,85 14,85 130,7
merciale + 2 commerciaux + 1 assistante)
Frais divers 1 1 1 1 1 1 1 7
Total des charges 32 34 11 50,4 50,4 50,4 51,9 51,9 50,95 18,85 401,8
Recettes
K4 Sept Oct Nov Déc Janv Fév Mars Avril Mai Juin Juillet Août Total
Régie interne 10 20 30 35 40 45 40 30 15 265
Régie externe – CA général 15 35 30 30 35 35 35 20 10 245
CA régie (taux 60 %) 9 18 18 18 21 21 21 12 6 147
Ventes 12 12 12 12 12 12 12 12 96
Total 31 50 60 65 73 78 73 54 21 508
Compte tenu d’un chiffre d’affaires provisionnel de 900 890 euros en 2010-2011 et d’une pro-
gression de 46,78 % en 2011-2012 et d’une progression de 10,00 % en 2012-2013, le résultat
de l’exercice est bénéficiaire de 41 840 euros en 2010-2011, il augmente à 203 363 euros en
2011-2012 et il progresse à 242 617 euros en 2012-2013.
La capacité d’autofinancement ressort à 62 838 euros en 2010-2011, elle passe à 231 027 euros
en 2011-2012 et à 270 281 euros en 2012-2013.
24
Un chef d’entreprise doit s’entourer
Vous connaissez la formule. Un chef d’orchestre, s’il doit connaî-
tre la musique, n’a pas forcément le devoir de savoir jouer de
tous les instruments. Si tous les entrepreneurs étaient des as
du tableur et de la gestion prévisionnelle, ça se saurait, et… il
n’y aurait pas beaucoup d’entrepreneurs. Comme pour le pro-
jet écrit, vous allez rechercher la compétence qui vous manque.
Qu’elle se trouve dans votre entourage familial ou professionnel
ne fait guère de doute. Pensez à vos collègues actuels ou passés
du service financier des entreprises que vous avez connues. Ins-
pectez les forums en ligne, cherchez le coup de pouce via Face-
book – après tout, à quoi sert un réseau social si ce n’est trouver
des contacts ? Et de la même manière que le sous-doué en ortho-
graphe investira modestement auprès d’un « écrivain public »,
allez chercher le savoir-faire après avoir collationné les chiffres
réels de votre activité – ce que personne ne fera à votre place.
Repérez un salon de création d’entreprise (lire chapitre 6). Adres-
sez-vous aux écoles de gestion : leurs étudiants ne demandent
pas mieux que de se colleter à des cas pratiques. Enfin, dénichez
avant tout l’expert-comptable ou le conseil en gestion, indépen-
dant ou en cabinet, auquel vous confierez tôt ou tard la création
de votre entreprise et le cas échéant sa gestion… comptable.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Dans tous les cas, vous devrez fournir les chiffres de base du
business plan :
−− combien coûtent votre matière première, votre appareillage,
vos locaux, votre matériel ?
−− quelle sera la charge salariale de vos éventuels salariés ?
−− à combien estimez-vous vos frais de transport, postaux ?
−− à quel prix de vente allez-vous proposer vos produits, vos ser-
vices, vos prestations ?
avis d’expert
Gilles Mougenot, Xavier Jaspar, Louis de Lestanville,
auteurs de Tout savoir sur le capital-risque, City et York, 2007
DD Quelles sont les erreurs les plus répandues, selon vous, dans les plans
d’affaires ?
« • Le marché est surestimé.
• La part de marché qui sera prise est surestimée (éviter des raisonne-
ments du type : “je dois pouvoir prendre 5 % de part de marché”).
• La réaction de la concurrence est sous-estimée.
• Le temps de mise au point du produit ou du concept est sous-estimé.
• La profitabilité ne correspond pas aux comparables du secteur.
• Faire un seul scénario (en général trop optimiste). »
26
Si vous avez succombé
au charme des tablettes
électroniques, pensez à
Quelle forme donner élaborer votre présentation
28
L’essentiel
Votre dossier est la 1re image de vous-même. Après avoir
rencontré un investisseur potentiel, il faudra lui laisser un
document imprimé. Visez la perfection.
ÂÂ
Êtes-vous en mesure d’élaborer votre plan d’affaires ?
ÂÂ
Sinon, avez-vous pensé à faire appel aux compétences
d’un expert ?
ÂÂ
Savez-vous s’il existe un bureau de l’association BGE
(Ensemble pour agir et entreprendre) dans votre
département ? Une jeune chambre économique ? La CCI
(Chambre de commerce et d’industrie) ? Vous y trouverez
des adresses, des contacts, des repères, des chiffres, des
partenaires.
Objectifs
>>>> S’initier aux nouveaux réseaux
en ligne de prêteurs multiples, le
crowdfunding.
>>>> Aller décrocher les aides publiques.
>>>> Explorer les moyens déterminants
que vous proposent les réseaux
d’accompagnement extrabancaires.
D
e quelle somme avez-vous besoin ? Pour créer quoi ?
Une très petite entreprise (TPE) pour laquelle il vous
faut 3 000, 5 000, 10 000, 20 000 euros pour démarrer ?
Une petite entreprise (PME) qui exige, en année une, 100, 200,
500 K2, ou plus ? Vos interlocuteurs ne seront pas du tout les
mêmes. Dans le premier cas, qui nous occupe ici, ils seront
« anonymes » ou presque, à travers les nouveaux réseaux en
ligne de prêteurs (le crowdfunding), et ils « miseront » sur vos
idées avec un petit intérêt bancaire à la clé. Vous choisissez la
voie de l’emprunt sans en passer forcément par les fourches
caudines des banquiers. Eux ne « jouent » pas beaucoup. Mais
ils sont quand même indispensables. Avantage de l’emprunt :
vous restez seul maître à bord.
Un phénomène extraordinaire :
les prêts « par la foule »
■ ■ ■ Qu’un proche prête de l’argent, qu’un ami accepte de vous
avancer une certaine somme, le geste a toujours existé, qu’il
s’agisse de donner un coup de main, solder une dette ou offrir
le coup de pouce à une petite entreprise. Ces prêteurs de love
money le font à leurs risques et périls, même si des procédu-
res de sûreté existent (notamment chez FriendsClear, lire plus
bas). Mais que de parfaits inconnus (de vous) qui ne se connais-
sent pas même entre eux « mettent au pot » pour vous donner les
premiers moyens de vos ambitions, ça, c’est relativement nou-
veau. Du moins en France, nation fort circonspecte à l’égard de
l’argent, mais de plus en plus ouverte aux idées libérales anglo-
américaines où le crowdfunding existe depuis plus longtemps.
32
Qu’est-ce que le crowdfunding ?
Littéralement, le terme signifie « financement par la foule, le
groupe », on parle aussi de « financement collectif », mais le plus
clair est de parler de « capital de proximité » (on dit aussi « P2P »,
peer to peer, en français pair à pair, puisque les prêteurs et les
prêtés sont sur un pied d’égalité).
Les réseaux Internet ont donné un coup de jeune à cette approche,
désormais codifiée et accélérée à travers des sites spécialisés aux
nuances diverses mais à l’objectif unique : que des particuliers
décident de miser sur un projet exposé en
Le prêt entre membres
ligne parce qu’il leur paraît porteur, de bon d’une même famille fera
aloi, intéressant, intelligent, généreux et… l’objet d’une déclaration au
relativement lucratif. Du moins comparé à fisc au-delà de 760 €.
un placement prudent sur livret A. Chacun De la part de l’emprunteur
comme du prêteur.
y va d’une petite somme (100, 200, 500 2 ou
plus…), de toute façon plafonnée. L’apprenti-entrepreneur ras-
semble ainsi jusqu’à 25 000 2 ou davantage (selon les sites, mais
la somme finale est de toute façon limitée), qu’il s’engage à rem-
bourser selon des échéances établies.
Le crowdfunding s’applique à tout, il s’adresse volontiers au cari-
tatif et les expressions artistiques (cinéma, musique, spectacles,
le plus connu des sites se nomme My Major Company…). Mais
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
34
Tout le montage de FriendsClear passe par une banque.
Le créateur se heurte, momentanément
espérons-le, à la Banque de France. Vous
Ma Success Story
vérifierez sur le site si la barrière est versus FriensClear
levée. La grande différence
Pourquoi, dès lors, ne pas vous adresser d’approche entre ces deux
directement à une banque ? 90 % des pro- types de financement « par
jets drainés par FriendsClear Pro concer- la foule » tient à leur esprit :
très largement ouvert
nent de petites structures de moins de dix
sur tous les besoins, y
salariés (et souvent réduite à leur créa-
compris en termes de
teur), très exactement le genre de TPE qui ressources humaines chez
n’intéresse que médiocrement les ban- ma Success Story. Privilège
quiers ! Au surplus, un TEG à 7,77 % ne quasi exclusif donné aux
serait, dans ce cas de figure, pas simple à entreprises innovantes en
négocier : trouver un taux plus bas pour un quête d’amorçage chez
FriendsClear.
prêt personnel de cet ordre relève du par-
cours du combattant.
leur capital. Cette fois, ce sont les experts du site qui sélectionnent les
candidats (due diligence). À déconseiller aux TPE dans les limbes, à
indiquer aux start-up déjà actives.
C’est sur ce même modèle que fonctionne MicroVentures (www.micro-
ventures.com, sélection des dossiers, faisabilité, due diligence), mais
pour des projets de toute taille.
avis d’expert
Jean-Michel Billaut, créateur et ex-animateur de l’Atelier
Paribas, théoricien-militant du très haut débit en France,
animateur du Billaut Show, http://billaut.typepad.com
DD Le crowdfunding est-il efficace ?
« Mieux que ça, il fait partie de ces révolutions 2.0 qui sont en train de chan-
ger le monde. Les Français n’en sont pas encore pleinement conscients.
Mais ce genre d’invention participe à réformer la France par le bas. Nous
croyons le pays dirigé par une élite issue de l’ENA. Ça change. Ce sont les
myriades d’idées que les Gaulois mettent en œuvre et dont je suis l’un des
témoins privilégiés qui me rendent optimiste pour l’avenir de ce pays. Un
jeune sur dix veut monter sa boîte. Et quand on les interroge, on sent bien
que la recherche de financement n’est pas leur préoccupation majeure.
Ils inventent, et pour le reste ils se débrouillent. Évidemment, ça ne plaît
pas forcément aux monopoles 1.0 en place… »
36
Faut-il ignorer votre banquier ?
■ ■ ■ Quitte à emprunter, pourquoi ne pas vous adresser avant
tout à votre banquier ? Parce qu’il est une machine à… ne pas
prêter, ou peu, et dans des conditions
Un prêt bancaire exige
inconfortables pour vous. Nous verrons en
pratiquement toujours un
détail pourquoi aux chapitres 5 et 6. apport personnel. Comme
Pour autant, vous devrez en passer par lui pour acheter un logement,
tôt ou tard, raison pour laquelle la deuxième le banquier vérifiera – du
moins est-il censé le faire –
partie de ce guide se consacre aux rela-
que votre endettement
tions « intelligentes » que vous entretiendrez ne dépasse pas 30 % de
avec lui. Car si vous avez besoin d’un fonds vos revenus. Mais surtout,
d’amorçage de quelques milliers d’euros, le l’apport est directement
corrélé à l’objet du
prêt personnel est encore la voie la plus sûre.
financement. Moins il sera
Pourtant, quitte à en passer par la banque, adossé à du concret, plus il
mieux vaut solliciter le crowdfunding, même sera élevé.
si un banquier se tapit souvent derrière.
avis d’expert
Gautier Girard, créateur de forums de création d’entreprises,
www.gautier-girard.com
DD Vous reprochez parfois aux créateurs sans argent de surdimensionner
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
leur projet…
« Être humble avec son projet ne coûte pas plus cher. Prendre le temps
ne coûte pas plus cher. Lorsqu’on intègre ces deux principes, alors on
peut prendre la liberté de réfléchir et d’ouvrir d’autres portes, dans sa
tête.
Premier conseil : baissez, rétrécissez, divisez comme une peau de cha-
grin l’envergure de votre projet. L’idée est de diviser sa taille par 2, par
3, par 10, par 100. Jusqu’à ce que les coûts nécessaires pour démarrer
correspondent à l’argent que vous pouvez mettre là, maintenant, tout de
suite. Si vous avez 1 000 2 mais que vous pensez avoir besoin de 10 000,
divisez par 10 la taille de votre projet. C’est simple et ça marche.
38
>>Les associations, les clubs, certaines grandes entreprises
multiplient les coups de pouce ou les mises en relation, en fonc-
tion du projet.
>>Si votre profil et votre projet s’y prêtent, le coup de pouce
peut se transformer en coup de main sérieux avec les « couveu-
ses d’entreprises » où vous œuvrerez en moyenne 11 mois. Avec
soutien et moyens : Union des couveuses d’entreprises (UCE),
www.uniondescouveuses.com.
>>Essayez le « don ». Il existe aussi, dispensé par des fondations,
des associations ou même des ministères. Jamais très élevé
(rarement plus de 15 000 2), le don n’est pas attribué facilement,
on s’en doute. Les grandes entreprises privées ou publiques dis-
posent souvent de fondations dont les « dons » sont parfois de
nature technique ou d’assistance.
>>Variante du don et du crédit, le « prêt d’honneur ». Il concerne
les créateurs qui sont privés des garanties qu’exigent les ban-
ques. Son côté « don » passe par des intérêts à taux zéro ou pres-
que, son côté « crédit » reste un prêt à rembourser. Bon nombre
de réseaux d’accompagnement, dits « financeurs extrabancai-
res », (lire ci-dessous) en attribuent.1
Financeurs extrabancaires :
des réseaux d’accompagnement
à connaître et à solliciter absolument
■ ■ ■ Subventionner. Prêter sur l’honneur. Parrainer. Conseiller.
Vous n’imaginez peut-être pas le nombre d’organismes, associa-
tions et autres collectivités locales qui n’existent que pour vous
propulser sur l’orbite entrepreneuriale. Nationaux, régionaux,
locaux, ces réseaux d’accompagnement ne seront pas forcément
toujours pour vous des magiciens, mais ne pas les contacter
serait une erreur. Le plus difficile du reste est peut-être de les…
repérer. Un tableau en ligne de l’APCE (www.apce.com, rubrique
« Par qui se faire aider ») constitue une excellente grille de tri
selon la nature du projet : activité commerciale ou industrielle,
40
artisanale, agricole, technologies innovantes, selon que vous
êtes demandeur d’emploi ou salarié, une femme, ou rien de tout
cela, vous voilà aiguillé. Mais attention, si vous tapez « réseaux
d’accompagnement » dans le champ « recherche » du même site,
vous passerez votre soirée à repérer la bonne information telle-
ment les références foisonnent.1
tÉmoignage
1. Il s’agit d’un dispositif mis en place par le conseil régional d’Île-de-France et
la CCI, www.entreprises-numeriques.fr.
tÉmoignage
42
Repérez-vous, si vous êtes concerné, dans ses filiales :
>>La FAG (France Active garantie), société financière, propose
des garanties d’emprunts bancaires.
>>La Sifa (Société d’investissement France Active) intervient
pour renforcer les fonds propres des entreprises solidaires
et des associations d’utilité sociale, pour créer des emplois.
Elle s’appuie, avec le concours de la Caisse des dépôts et des
consignations, sur une centaine d’actionnaires – personnes
morales – comme banques, institutions de retraite et pré-
voyance, grandes mutuelles et entreprises, syndicats, têtes de
réseau associatif, fonds salariaux solidaires et la Fondation de
France.
>>Enfin la Fafi (France Active financement) gère les prêts
Nacre.
44
France Initiative, France Active, l’Adie sont quelques-unes des
associations qui vont analyser les projets selon leurs critères pro-
pres. Si l’Adie se fixe un plafond de 20 000 2, France Initiative, par
exemple, monte jusqu’à 30 500 à 45 000 2. Mais en règle générale, le
« micro » crédit porte bien son nom : il s’agira de montants de 3 500 à
5 000 2. Le prêt obtenu, le créateur de TPE trouvera dans le réseau
des « microcréditeurs » la banque qui, garantie, prendra le relais au
besoin (effet de levier).
À l’issue d’un premier entretien, le candidat au microcrédit (un sur
deux sera accepté, selon les statistiques de l’Adie, deux sur trois
chez France Initiative) verra son dossier « audité » par un comité en
quelques jours.
46
Clubs Il en existe des centaines. Trouvez leur liste dans
d’entre www.placedesreseaux.com
preneurs
250 à 300 en France, régio- Cherchez celle de votre
Pépinières nales. région et prenez contact
d’entreprises pour comprendre leur
positionnement.
En pleine expansion. www.franchise-fff.com
Vous achetez une enseigne
et une notoriété. Il existe des
La franchise
associations et des organismes
qui apportent garanties et
crédits.
Ne pas l’oublier ! Parmi les plus connus,
Le crédit-bailleur achète celui de LCL, Société
l’équipement – machines, Générale, BNP Paris Lease
matériel… – et le loue à l’en- Group, Cicobail (Caisse
Le crédit- treprise. Beaucoup d’avan- d’épargne), Oséo Batiroc,
bail tages contre un inconvénient, il CMCIC Lease, etc.
est plus cher qu’un crédit clas-
sique. Parmi les avantages :
rapide à obtenir, n’entre pas
dans le ratio d’endettement.
Outre le prix, pas toujours très Réseau des Boutiques
élevé, ils sont de puissants de Gestion, www.concours-
moteurs pour s’entraîner, talents.com
rencontrer des partenaires, se APCE et ordre des
faire connaître. experts comptables,
www.creacc.com
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Ministère Recherche,
www.recherche.gouv.fr
Entreprises agro-alimen-
taires, www.agropole.com
Les concours Envie d’agir,
www.enviedagir.fr
Tremplins entreprises
(Sénat), www.tremplinsen-
treprise.com
Grand Prix Médicis des
micro-entreprises : http://
www.salonmicroentreprises.
com/espace-visiteurs/
grand-prix-micro-entre-
prise/inscription.php
48
L’essentiel
Un phénomène extraordinaire : les prêts « par la foule ». La
France est entrée dans l’ère du web 2.0. Emprunter pour
entreprendre ne passe plus forcément par une banque.
ÂÂ
Avez-vous pensé à placer votre dossier sur un site de
crowdfunding ? Attention ! Vous optez alors pour un prêt
personnel qu’il faudra rembourser.
ÂÂ
Avez-vous repéré le cabinet d’avocats, l’expert-
comptable ou le conseil en gestion qui pourrait devenir
votre ambassadeur auprès des financeurs ?
Objectifs
>>>> Comprendre les motivations, les
ressemblances et les différences entre
business angels et capitaux-risqueurs.
>>>> Découvrir les possibilités du capital-
risque solidaire.
>>>> Savoir recourir au nouveau
capital-risque à la française, les fonds
d’entrepreneurs tournés vers le high-
tech et les concepts innovants.
I
ls entrent au capital dont ils apportent tout ou partie, mais ils
veulent en sortir quelques années plus tard après avoir réussi
une belle plus-value1. Des « anges » du business ? Si l’on veut,
mais des anges qui ont les pieds sur terre. Outre leur objectif de
tirer un profit de leur mise initiale, les business angels visent à
vous apporter leur savoir-faire. Si vos besoins en capital repré-
sentent des sommes importantes, peut-être aurez-vous plutôt
affaire à de gros investisseurs qui cherchent le risque (calculé)
pour placer des capitaux.
Longtemps, ces partenaires sont apparus – à juste titre – comme
des bailleurs de fonds inaccessibles pour qui ne faisait pas partie
du sérail ou si le projet d’entreprise n’était pas celui d’un ingé-
nieur spécialiste de nanophysique ou du titulaire d’un brevet
high-tech révolutionnaire. Ce n’est plus vrai. On s’aperçoit que
ce type de financement s’est démocratisé, y compris parmi les
entrepreneurs jeunes.
Toujours est-il qu’en France les fonds d’amorçage manquent
cruellement : souffririons-nous de « capital non risque » ?
Le capital-investissement :
du business angel au capital-risqueur
■ ■ ■ Nous quittons le monde du « crédit à rembourser » pour
celui du « capital ». Les sommes en jeu dans le capital-risque
dépassent les besoins de la plupart des TPE et concernent donc
en priorité les PME.
1. Il vaut mieux en connaître l’ordre de grandeur. Ils tablent sur 100, 200, 300 %
ou plus. Soit des rentabilités annuelles de 20 ou 30 %. Voilà qui vous donne d’em-
blée un critère d’éligibilité : le capital-risque concerne-t-il votre projet ?
52
Le capital-investissement implique des particuliers et des socié-
tés qui vont investir dans une idée, la vôtre, en vous apportant le
nerf de la guerre.
Si vous visez des financeurs de ce type, c’est que votre projet exige
des investissements au-delà de 25 000 2, 100 000 2, voire quelques
millions pour démarrer. Son potentiel sur plusieurs années est
donc supérieur à ces montants. Attention, même si vous figurez
dans le capital – et à moins de vous en assurer la majorité – votre
compétence et votre savoir-faire unique vous désignent pour res-
ter le patron opérationnel et diriger les opérations courantes.
54
>>Les motivations des business angels
Qu’est-ce qui motive ces investisseurs ? Selon une étude :
−− 35 % recherchent une plus-value importante en capital : ils
« amorcent » puis se retirent ;
−− 27 % recherchent l’aventure d’une entreprise où s’exprime
leur rôle de conseils, leur souci de promouvoir des entreprises
nouvelles ;
−− d’autres enfin visent surtout une défiscalisation (loi Tepa).
Mais la majorité d’entre eux auront généralement à cœur de
« compter » dans l’aventure, et pas seulement au sens comptable.
Vous aurez des chances de les voir investir à la création même
de l’entreprise puisque leurs 20 000, 40 000 2 ont des chances de
peser 20 ou 30 % de la « boîte ». S’ils intervenaient plus tard, ils
« pèseraient » moins.
La loi Tepa
La loi du 21 août 2007 en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir
d’achat (Tepa), vise à « accroître l’activité économique et l’emploi »,
entre autres par l’incitation à l’investissement dans les PME. Les
redevables de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui souscri-
vent au capital des petites et moyennes entreprises (PME) bénéfi-
cient d’un allégement fiscal. Ce dispositif alimente les TPE d’un
milliard d’euros par an.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
tÉmoignage
56
Un LBO (leveraged buy-out),
rachat de l’entreprise par
ses dirigeants avec effet de
Capitaux-risqueurs : levier et fort endettement
les durs en affaires n’est pas à proprement
parler du capital-risque. De
Fondamentalement, ils agissent comme même, certains excluent du
les anges, qui sont eux-mêmes des capi- champ du capital-risque le
« capital-développement »,
taux-risqueurs, mais à une autre échelle. prise de parts minoritaires
La traduction de l’anglais « venture capi- dans le capital de PME déjà
tal » en capital-risque s’est imposée devant solidement établies.
les autres tentatives, « capital aventure »,
« capital croissance ». Et pour cause. Le « risque » est grand car la
mise de fonds est élevée, elle se chiffre en centaines de milliers,
en millions et en dizaines de millions d’euros. Le capital-risqueur
– qui n’est plus un particulier mais un fonds ou une banque – tente
de ne pas se tromper de cheval. La réussite de son risque se tra-
duira toujours par la vente de la société financée (dite « affiliée »)
ou son entrée en Bourse. Il intervient en amont ou dès la création
(capital-amorçage, souvent lié à la mise au point de prototypes,
par exemple), ou lorsque la start-up recherche son second souffle
(capital-création).
Par ses cibles très innovantes et très pointues (d’abord les tech-
nologies de l’information, les biotechnologies, puis plus récem-
ment les technologies de développement durable), par ses enjeux
financiers, le capital-risqueur s’intéresse à des start-up dont les
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
58
des cas) d’en dégager une plus-value significative au moment de la
cession. La différence abyssale, c’est que sont éligibles à ces fonds
des projets ou des sociétés déjà en route, originaux et innovants,
certes, mais pas forcément high-tech ni dévoreurs de fortunes en
amorçage. Ce qui compte pour les capitaux-risqueurs concernés
tient davantage à la personnalité même du ou des créateurs.
60
« Demain, il sera porté à 50 millions », m’a dit Aziz qui conserve
la présidence du conseil de surveillance et confie la direction à
Matthieu Cornetti, « jeune et brillant analyste, il connaît bien la
banlieue ».
C’est un comité d’investissement qui sélectionne les dossiers.
avis d’expert
Aziz Senni, chef d’entreprise, président du conseil de surveillance
du FCPR BAC
DD A-t-on plus de chance en se présentant chez BAC comme victime de
sa condition ?
« Pas du tout. Pas de posture victimaire, surtout. On fait du business,
on parle de business, le reste ne m’intéresse pas. Les questions sont
“Combien et pour quoi faire ?” Nous fonctionnons comme tout autre
fonds. À l’origine, nous visions davantage l’amorçage, le FCPR privilégie
aujourd’hui le développement, par souci de rééquilibrage. »
DD Un type d’entreprise a-t-il votre préférence ?
« Non. Je vais vous donner une image : non à l’ouverture d’une restaura-
tion kebab, oui à l’ouverture de dix kebabs… »
DD Un exemple de dossier mené à bien…
Capital-risque d’entrepreneurs
très réactifs
■ ■ ■ Hors la dimension solidaire, émergent en France depuis
deux ans des capitaux-risqueurs du troisième type. Ces extra
terrestres du financement sont jeunes, ils ont réussi à mettre
sur orbite des marques à succès – PriceMinister, PhoneHouse,
62
Le capital-risque traditionnel en France
Le capital-risque traditionnel français redoute trois péchés… capi-
taux : la jeunesse et le manque d’expérience du créateur, l’absence
totale de chiffre d’affaires au départ, le caractère archinovateur
du projet sans modèle de réussite prouvé. Pour le capital-risque
traditionnel français, un seul de ces critères suffit à condamner
la meilleure idée. Aux États-Unis, ils peuvent les cumuler tous les
trois. En France, vente-privée.com, PriceMinister ou Meetic auraient
été condamnés sans l’acharnement de leurs créateurs. Ce sont eux,
aujourd’hui, qui revivifient le capital-risque.
tÉmoignage
1. Extrait d’un article du 3 mai 2011. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Têtes de Rythme/
Qui Fourchette Domaine
proue Réactivité
Niel/ 5 000 à 150 000 2 High- 1 investis-
Kima Ventures Berrebi et plus. tech, sement par
www.kimaven- monde. semaine !
tures.com / Décision
record : 3 jours.
PKM/ 500 000 à 1,5 mil- Concepts 4 ou 5 inves-
Treppoz/ lion d’2. en ligne. tissements par
ISAI Développe-
Roux de an/Décision
ment
Bézieux rapide mais
www.isai.fr
réfléchie entre
associés.
64
Têtes de Rythme/
Qui Fourchette Domaine
proue Réactivité
Simoncini 1 à 10 millions d’2 Tout Quelques
sur 2 ou 3 ans, concept. dizaines par
Jaïna Capital investissement an/Décision
www.jaina.fr moyen 100 000 2, record :
mais a déjà craqué 8 heures.
pour 3 750 2.
tions réalise le même effort… qui reste marginal face aux besoins.
Creusez la question, explorez vos chances d’obtenir une telle aide si
votre entreprise s’inscrit dans l’innovation et le high-tech.
ISAI, par exemple, va ainsi s’interesser à des entreprises innovan-
tes dans la fourchette de capital de 500 000 à 1,5 million d’euros.
Seriez-vous éligible ? Pas si simple. Il vous faut :
−− déjà exister ;
−− évoluer dans le « en ligne ».
66
tÉmoignage
Proxicap www.proxicap.com
Leonardo ventures www.leonardoventures.
Opérateurs com
privés
Chausson Finance www.chaussonfinance.
spécialisés
com
en
recherche MGT www.mgt.fr
de fonds Cofire – MBA Capital www.mbacapital.com
(sélection)
Multeam conseil www.multeam.com
Aelios Finance www.aeliosfinance.com
68
5. D’autres exemples de fonds de capital-risque
ÂÂ
Quel est le profil de capital-risqueur susceptible d’être
intéressé par votre projet ?
ÂÂ
Vous êtes-vous renseigné sur les spécialisations des fonds
que vous sollicitez ?
70
4
Vous vendre,
chèrement
Parmi les entreprises dans lesquelles j’ai investi, l’une a déposé le bilan
l’année dernière. J’ai perdu 23 000 euros […] Mais ce que je regrette
le plus, […] c’est surtout d’avoir perdu le contact avec l’entrepreneur.
Un business angel, cité par Jean-François Prat
Objectifs
>>>> Vous préparer à vendre votre idée
d’entreprise, ou à présenter les projets
de développement de l’activité que vous
avez déjà créée.
>>>> Savoir vous « situer » face à vos
interlocuteurs.
>>>> Entrevoir les réalités du « pouvoir » :
serez-vous le patron ou pas ?
V
ous avez écrit/décrit/couché sur le papier votre projet,
vous avez compris vers qui vous tourner, vous avez décro-
ché vos premiers rendez-vous : les affaires sérieuses
commencent. Vos bailleurs de fonds (chapitres 2 et 3) vont dans
un premier temps flasher sur l’idée et sa présentation (chapi-
tre 1). Mais de la qualité de votre premier entretien dépend pra-
tiquement la décision qui sera prise : si vous montrez au « jury »
que vous ne serez sans doute pas le metteur en scène du projet,
adieu veaux, vaches, cochons, couvée… Perette au pot au lait
est la fable du créateur d’entreprise façon La Fontaine : quand
le lait se répand, c’est un peu si vous vous montrez incapable
de dire à qui vous comptez vendre : on vous conseille de revoir
votre copie…
72
Le premier contact est décisif
>>Vous aurez répondu à ce mail ou à cet appel téléphonique
avec toute l’attention voulue. Au risque de paraître obsession-
nelle, l’exigence d’une expression correcte, aisée et, dans le cas
de l’écrit, sans faute d’orthographe, compte au moins autant que
votre projet (chapitre 1). Considérez-vous comme en phase de
recrutement.
>>Votre personnalité va se lire. Dans les quelques mots qui vont
aboutir à la prise de rendez-vous, montrez énergie et enthou-
siasme. Préférez : « Cher/Chère Monsieur/Madame, merci pour
votre accueil. Je suis heureux (se) de vous rencontrer le tant à
telle heure pour soutenir le projet que vous avez estimé de qua-
lité. J’entends bien vous montrer à quel point je suis persuadé(e)
que nous pourrons le bâtir avec efficacité… » à : « Madame/Mon-
sieur, j’ai bien noté notre rendez-vous du tant à telle heure, j’es-
père que l’entretien ne durera pas plus d’une heure car j’ai mon
train pour le week-end à la gare de L… » Vous souriez, vous pen-
sez que c’est caricatural ? Si vous saviez…
>>Autre détail : quel que soit votre interlocuteur – banquier, capi-
tal-risqueur (business angel ou fonds de private equity) – soignez
votre tenue. Surtout pour un homme. Un costume-cravate de bon
aloi, le tout sans faute de goût, ni cravate orange imprimée de
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
74
Net : un jeune « mentor » explique en vidéo à des gogos que sa
méthode les rendra riches en un an, qu’ils pourront travailler
depuis la piscine de leur « villa spacieuse » (sic). Même en appli-
quant les conseils de ce « faiseur », vous allez bosser, vous faire
peur, connaître du découragement, mettre du temps avant de vous
salarier et peut-être, au bout du processus, vivre confortablement.
Les créateurs avisés ne tomberont pas dans ce piège. Tout se
passe comme si cette génération de jeunes patrons considérait
leur « première liquidation » comme presque normale… En tout
cas, ils rebondissent.
Bien sûr, un cadre de quarante ans, qui a
L’APCE tire d’un sondage
baigné dans l’entreprise, qui arrive fort de qu’elle a fait mener par le
son expérience et de son réseau, semble le CSA, en 2010, que parmi les
candidat idéal. Les courbes sont révélatri- seniors actifs, 17 % sont prêts
à créer leur entreprise.
ces : le créneau d’âge culminant des viviers
d’entrepreneurs est imperturbablement
celui des 30-40 ans (enquêtes Sine de l’Insee, 2009). Mais quid du
quinquagénaire ou du sexagénaire dont le projet tient la route ?
Il a toutes ses chances, et peut-être même davantage devant les
« nouveaux » capitaux-risqueurs. Seul obstacle : la banque, qui
établit des critères d’âge aux emprunteurs.
avis d’expert
Pierre Kosciusko-Morizet, patron de PriceMinister
et co-créateur du fonds ISAI Développement
DD Comment sélectionnez-vous les dossiers que vous choisissez de financer ?
« Bien sûr, tout se joue sur la cohérence du projet, mais la personne que j’ai
en face de moi doit montrer qu’elle a envie de créer de la rareté, que son
projet est utile, qu’il offre un impact positif pour la société…
76
Je ne regarde pas l’âge. Je constate simplement que les porteurs de pro-
jets que nous avons retenus tournent autour de la trentaine. Pour des per-
sonnes plus âgées, ce sera plus compliqué en termes de train de vie, alors
qu’à 25 ans, on y va, on n’a strictement rien à perdre.
Je guette l’enthousiasme. Monter une boîte, c’est fatiguant.
L’attitude éliminatoire ? Celle de quelqu’un qui n’écoute pas. Je com-
prends alors que je ne peux l’aider, qu’il n’a pas besoin de moi… »
78
avis d’expert
Robert Papin, professeur à HEC, entrepreneur
DD Pourquoi est-il important de présenter son projet en 5 minutes ?
« C’est dans les 60 premières secondes que le banquier, le client ou le four-
nisseur se fera une première impression de vous et de votre projet. […]
Cinq minutes, c’est un délai dans lequel il est matériellement possible de
résumer n’importe quel projet. »
Extrait de La création d’entreprise, Dunod, 14e édition, 2011.
On vous
demandera … et pour cause !
forcément…
Quels sont les L’investisseur recherche des dossiers innovants, des idées qui
atouts spécifiques semblent en rupture avec la concurrence. Ne dites pas, Untel a
de votre projet ? réussi, je vais faire pareil…
Faites-moi un Un pitch, c’est le mot à la mode qui veut dire résumé en quel-
« pitch d’ascen- ques mots de votre projet. Et le coup de l’ascenseur, c’est une
seur » idée du consultant et auteur à succès Jeffrey Fox (Les 75 lois de
Fox, L’Archipel, 2004), qui vous demande d’être prêt à répondre
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
80
efficace a besoin d’investir son argent vite pour sortir vite. Ne vous
contentez donc pas d’un seul interlocuteur, sollicitez plusieurs fonds
(tout en ne perdant pas de vue qu’eux-mêmes se communiquent
souvent des dossiers). Placez-les en concurrence. Certains profes-
sionnels ne s’en cachent pas : ils avouent faire traîner volontaire-
ment les choses pour que le porteur de projet soit prêt à signer…
des conditions à leur avantage. Sachez-le, et, idéalement, mainte-
nez-vous si possible dans une position de force : une bonne idée, un
bon concept, une entreprise promet-
teuse déjà en activité devraient pla- Conseil pratique
cer les investisseurs en « demande »,
Si aucun de vos tours de table
et non pas l’inverse. ne se décide, sans pour autant
Moralité, ne vous laissez pas piéger. vous dire non, interrogez-vous et
N’attendez rien, n’exigez rien, mais interrogez-les : que manque-t-il à
fixez-vous des délais d’attente rai- votre projet, à votre activité, pour
sonnables, de quelques heures à un que le financeur vous donne une
mois avant un engagement concret. réponse ?
Vous avez lu plus haut que quoi qu’il arrive, le financier – majo-
ritaire – est le patron. Et vous, alors ? Des nuances s’imposent,
mais bien analyser votre position fait partie de votre démarche de
recherche de financement.
Par nature, le capital-risqueur n’a pas vocation à diriger la boîte
dans laquelle il a investi. S’il fait bien son boulot, c’est sur vous et
votre équipe qu’il mise. Même si un « petit » business angel actif
sera logiquement bien présent à vos côtés, veillez à ce qu’il ne
joue que son rôle de conseil.
82
avis d’expert
Jean-François Prat, entrepreneur, business angel, auteur
DD En quoi les critères de sélection des investisseurs institutionnels dif-
fèrent-ils de ceux des investisseurs particuliers ?
« Contrairement à l’investisseur institutionnel, l’investisseur particulier
est animé de motivations irrationnelles. Il se décide en fonction de ses
coups de cœur. Même s’il attend que le projet soit rentable, il y recherche
davantage de passion que de rentabilité. »
Extrait de Création d’entreprise, Alban éditions, 2008.
avis d’expert
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
ÂÂ
Quelle sera votre position de dirigeant ? Serez-vous plutôt
un technicien, un inventeur, un spécialiste, un expert de
l’activité ou au contraire, un commercial, un manager,
un gestionnaire ?
84
5
Une banque,
pour quoi faire ?
Objectifs
>>>> Comprendre la position du
banquier : un prêteur dont les revenus
ne dépendent pas des prêts distribués
et qui est l’antithèse d’un entrepreneur.
>>>> Prendre conscience de la mécanique
de création de monnaie, des limites
que le banquier oppose aux petites
et moyennes entreprises. Se préparer
à tirer le maximum du gestionnaire
d’un compte professionnel.
>>>> Savoir négocier ce qui est négociable.
C
‘est encore le premier réflexe des porteurs de projets en
quête d’un financement, et encore davantage celui du chef
d’entreprise à la recherche des moyens de se développer…
ou d’échapper à la liquidation : la banque. Il est vrai que ces ensei-
gnes toutes-puissantes, omniprésentes dans nos rues, dans les
médias, passage incontournable de l’argent du quotidien et du rêve
ont, au fil des siècles, assuré leur mainmise sur ce fameux nerf de
la guerre. Comment en serait-il autrement ? Il faut bien que les
richesses circulent, se stockent, s’échangent et se comptabilisent
quelque part. Que votre entreprise puisse payer ses fournisseurs
et encaisser ses créances.
Pourtant, les banques qui gèrent les petites entreprises et négo-
cient avec les nouveaux entrepreneurs ne sont certainement pas
a priori les meilleurs interlocuteurs du small business : proches de
la banque de détail qui a tôt fait de culpabiliser les clients à décou-
vert, les agences commerciales du coin de la rue et le conseiller
chargé des comptes professionnels des TPE et PME risquent de
devenir les pires boulets de ceux qui entreprennent (rassurez-
vous, il existe toujours des exceptions et des patrons soutenus par
leur banquier). Il faut pourtant en passer par elles. Mais pour quoi
faire ? Et comment ?
La puissance de la banque
■ ■ ■ Tout est bien balisé. Sur le site de l’APCE, vous parvien-
drez même à un formulaire directement parrainé par trois ban-
ques susceptibles de devenir votre financeur. Hélas, voici l’un des
messages que l’on trouve sur les sites spécialisés. Il émane d’un
énième porteur de projet déçu :
86
« Après 12 banques rencontrées, 3 croient
au projet et le proposent au comité d’en- La banque qui va examiner
gagement, je viens d’avoir un retour d’une votre dossier ressemble
commission : avis défavorable, la banque comme une sœur à la
banque dite de détail qui
souhaitait plus d’apport, plus de 40 %
tient votre compte courant.
du montant emprunté alors que nous Simplement, elle se nomme
en apportons 30 %. Certes, il s’agit d’un banque commerciale
gros projet, mais si j’avais su au préala- et les conseillers qui
ble qu’avec 30 % nous n’aurions aucune vous reçoivent sont les
copie conforme de vos
chance, je n’aurais pas travaillé un an sur
interlocuteurs habituels
ce projet (ce fut constructif tout de (ce sont même parfois les
même). J’attends deux retours des autres mêmes).
banques, alors restons optimistes. »
value élevée.
La banque reste donc souvent incontournable car 75 % des créa-
tions d’entreprises sont des TPE individuelles, à l’activité tradi-
tionnelle. Si vous ne « faites » pas dans l’innovation, vous finirez
tôt ou tard par chercher vos crédits à la banque. Dans le meilleur
des cas, l’agence qui abrite votre compte professionnel, si elle
vous accorde un prêt, va en surveiller la tenue avec toute l’atten-
tion dont ce prêteur-fourmi est capable.
1. On a vu à quelle vitesse les banques françaises ont remboursé des « prêts »
d’État dont elles n’avaient, pour la plupart, guère besoin. J’ai exposé en détail cette
réalité méconnue dans Mon banquier, la crise et moi, éditions du Moment, 2009.
88
Autre fausse vérité : si vous
remboursez le banquier, il
Votre banquier ne vous tiendra jamais ce gagne 1 ou 2 % sur le prêt,
si vous le « plantez », il perd
langage. S’il vous dit « Je prête l’argent des
100 %. D’une part, le capital
autres, je ne dois pas prendre de risque », prêté a été artificiellement
laissez-le dire et approuvez avec enthou- créé par le banquier (même
siasme tout en vous rappelant, que, primo, si cette monnaie virtuelle a
non, il prête un argent qu’il a lui-même créé, acquis statut de monnaie
réelle dans ses livres
secundo, qu’il prend ailleurs des risques
comptables), d’autre part, il
bien plus importants que celui que vous est assuré, garanti, sécurisé !
représentez ! Malheureusement, même les
guides et les livres les plus sérieux valident
la « fable » des scrupules moraux des prê-
teurs, respectueux du « pot commun ».
En réalité, si un banquier, ou un organisme prêteur en général,
se montre féroce sur l’exigence du remboursement, ce n’est pas
tant par crainte de la perte du capital emprunté. C’est que ce que
vous remboursez n’est pas virtuel : c’est de la création de richesse
tirée de votre activité. Dit autrement, le banquier fait marcher la
planche à billets… électroniques, et vous, vous créez de la mon-
naie réelle. Consolons-nous : sans cette création de monnaie
par l’emprunt, l’humanité n’en serait pas à envisager d’aller sur
Mars créer de nouvelles richesses ! De là, la férocité des créan-
ciers pour lutter contre la contagion des crédits non assumés. En
soi, c’est une bonne chose : sans cette vigilance, les abus se mul-
tiplieraient (et un entrepreneur se doit de respecter ses engage-
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
90
Alors qu’un crédit bancaire pour acheter un bien immobilier
privé, bien plus lourd qu’un crédit d’entreprise, s’obtient souvent
en quelques minutes (hypothèque sur le bien oblige), un crédit
professionnel est éprouvant à décrocher. Nous allons compren-
dre pourquoi.
avis d’expert
Henry Pironin, Paul Armand, entrepreneurs et enseignants
DD Pourquoi la relation de l’entreprise à la banque est-elle ressentie
comme très difficile par les patrons ?
« La faute est partagée : les banques ont tort de se dire prêtes à aider
les entreprises ; les patrons, qui ne croient pas que la lessive Z lave plus
blanc, ont tort de les croire. [La banque] demande des garanties, puis
des sécurités sur ces garanties, et parfois des assurances sur ces sécu-
rités. »
Extrait du Guide pratique et complet du créateur d’entreprise, Top éditions,
2001.
92
votre projet porteur. Le banquier le voudra le plus bas possible
pour limiter son risque et multiplier le nombre d’emprunteurs,
générateurs de chiffre.
>>Quand et comment ? Le business angel
Il est arrivé de voir
prévoiera combien d’années il restera à vos condamner des
côtés et s’il peut espérer compter sur 20 gestionnaires de comptes un
ou 30 % de rentabilité, après avoir « vibré » peu trop prompts à « couper
avec vous dans l’aventure. Le banquier les vivres » du crédit à une
entreprise, au risque de la
estimera votre capacité à rembourser sur
déstabiliser. L’inverse est
5, 10 ou 15 ans, et son intérêt à vous gar- aussi vrai : en cas de faillite,
der comme client pour vous facturer frais, on examinera jusqu’à quel
découverts et escomptes. Il souhaitera point la banque n’a pas
soutenu par le crédit une
bien sûr la réussite de votre entreprise
« cause perdue ».
sans s’investir dans l’aventure.
94
de documents d’expédition des marchandises ou de la preuve de
l’exécution des obligations de l’exportateur).
>>Des conseils financiers, sans doute – généralement sous la
forme de produits d’épargne « maison ».
>>Faute de devenir votre associé, le conseiller pourrait aussi,
selon sa place dans la hiérarchie de son établissement, vous
aider dans la recherche de partenaires.
Tactiquement, il serait alors payant de faire intervenir à vos côtés
un chevalier blanc : un avocat d’affaires, un conseil en gestion,
un expert-comptable, voire un notaire. Ce chevalier blanc sait où
se rendre, sera parfaitement bien reçu, et sa mission qui n’a rien
d’impossible vise souvent à atteindre des capitaux-investisseurs
via son interlocuteur banquier. Il/elle sait parler le langage du
banquier, le fera d’une façon dépassionnée, sans stress, et saura
même traduire et expliquer les points faibles de votre business
plan s’il en demeure. Il/elle s’abstiendra d’aller au-delà du rôle
de simple caution morale. Ne lui demandez pas – ce qu’il/elle
refuserait – de faire pression sur le banquier si tant est que votre
caution en aurait le moyen.
obtient tout, bien sûr, ni tout de suite. Tout est affaire de rapports
de force.
>>Négocier les conditions des effets de commerce, le b-a, ba des
services bancaires professionnels.
96
avoir mis votre chargé d’affaires en concurrence. Il est clair qu’un
créateur d’entreprise sans passé glorieux dans l’agence n’ob-
tiendra pas grand-chose. D’où l’intérêt de bien réfléchir à votre
stratégie de domiciliation.
>>Surveillez, négociez les fameuses « dates de valeur » (le ban-
quier rétroactive un retrait et crédite un encaissement en déca-
lage) qui n’existent en théorie plus, mais…
>>Obtenez de commencer le remboursement 3 ou 6 mois après
son obtention.
>>Enfin, sachez que dans les « frais » (commissions) d’un compte
professionnel, entre un pourcentage (jusqu’à 3 %) qui tient compte
des fraudes à la carte bancaire. Demandez de ne pas payer cette
précaution anticipée si votre activité ne suppose pas des paie-
ments par carte (comme pour des achats sur site). Vous ferez
votre affaire des fraudes éventuelles.
tÉmoignage
Évolution
TPE PME GE
septembre 2009/septembre 2010
Demande de crédit d’équipement
Part des entreprises ayant obtenu leur crédit
d’équipement
Demande de crédit de trésorerie
Part des entreprises ayant obtenu leur crédit
de trésorerie
98
L’essentiel
La puissance de la banque. S’il est utile d’être conscient que le
banquier tire du néant le montant de crédits qu’il accorde,
votre position n’en est pas renforcée pour autant…
ÂÂ
Avez-vous pensé à vous orienter vers une banque
adaptée à votre activité ?
ÂÂ
Avez-vous comparé les principaux tarifs des banques (ils
sont disponibles sur les sites des banques), les conditions
appliquées aux effets de commerce ?
Objectifs
>>>> Comprendre pourquoi la banque
vous choisit plus que vous ne la
choisissez.
>>>> Devenir un sélectionneur actif
et rationnel de l’agence la plus
familiarisée avec votre secteur.
>>>> Comparer les tarifs, jouer
l’intermédiation, analyser l’offre à bas
coût des banques en ligne.
V
ous êtes content de votre banque ? Gardez-la. À l’aise avec
le conseiller qui gère votre compte personnel ? Ne chan-
gez pas, ou demandez-lui de vous présenter son collègue
côté banque commerciale. L’agence qui vous connaît depuis dix
ans est spécialisée dans le secteur où vous vous lancez ? Restez.
Les frais qui vous sont prélevés sont raisonnables et il vous est
arrivé de négocier à votre profit ? Conservez-la. Le directeur vous
appelle et vous apprend qu’il vient d’augmenter votre autorisation
de découvert pour vous éviter de payer des agios élevés (taux sur
découvert autorisé, plus de 11 % en moyenne, taux sur découvert
non autorisé, jusqu’à 20 %) ? Réveillez-vous, vous rêviez…
1. Il arrive même régulièrement qu’un heureux créateur financé par un business
angel ou un capital-risqueur à hauteur de 100 000 2 et plus ait du mal à trouver
une agence, même importante, qui accepte d’emblée d’ouvrir un tel compte à
une entreprise sans bilan ! Mal à l’aise avec les « gros comptes », une banque
commerciale de bas de bilan montre d’emblée ses limites.
102
Au plein cœur de la
crise qui a commencé
en faveur de la banque. Dont les pouvoirs en 2008, entre août et
septembre 2009, les encours
restent exorbitants : le directeur d’une
de crédits aux particuliers
agence a non seulement le droit de ne pas et aux entreprises non
vous vouloir pour client, il détient aussi le financières avaient fondu
pouvoir de vous chasser de sa clientèle, de 114,3 milliards d’euros.
En 2009, 78 % des dirigeants
sans avoir à justifier sa décision ni auprès
de TPE/PME ont dit avoir
de vous ni auprès de sa hiérarchie (même été confrontés à un
coté « A » – excellent client « à développer »). durcissement des conditions
Bien sûr, il s’en abstient la plupart du temps d’accès au crédit1.
et, en règle générale, ne recourt à cette
extrémité que pour des raisons objectives : vous êtes impécunieux
sans espoir de retour à meilleure fortune, votre entreprise est
durablement dans le rouge (sans que la banque ait fait grand-
chose pour vous en sortir) ou bien vous vous êtes livré à des gestes
ou à des propos inconvenants dans l’enceinte de son établisse-
ment. Mais pas toujours : le serial entrepreneur Jérémie Berrebi
(voir chapitre 3) révèle qu’il a été « viré » de sa banque, sans qu’on
lui en donne la raison (il est vraisemblable qu’il ait montré à l’égard
de sa banque un peu trop de liberté d’esprit). Le déséquilibre entre
banquier et client demeure inscrit dans les faits : il ne vous suffit
pas, pour équilibrer la relation, de ne pas rester dans le rouge. Il
vous faut, à moins de peser d’un poids économique certain dans sa
clientèle (et encore, imaginez l’encours que « pesait » un client
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
tÉmoignage
>>Si la banque que vous connaissez bien ne répond pas à votre sol-
licitation, il est temps d’en changer. Depuis peu, les transferts d’une
104
enseigne à l’autre sont facilités. Dans les faits, apportez toute votre
vigilance à l’affaire, en vous souvenant que tout doit être gratuit.
>>Restez « zen » devant les opérations de séduction orchestrées
par la publicité : ses vedettes dans le rôle du client lambda les « vrais
clients et vrais conseillers », les slogans : « 50 000 projets de PME,
entrepreneurs et professionnels financés en France au cours des
15 derniers mois »… Si vous contactez les enseignes pour en savoir
plus, on vous laisse entendre qu’il s’agit avant tout de « com »…
106
Longtemps cantonnée, comme son • Particuliers : 5 millions
nom l’indique, au livret qui fit son • Professionnels : 220 000
Caisse nom, son renom et son chiffre. Peu • Entreprises : 26 000
d’épargne familière des entreprises, mais son
(groupe BPCE) entrée dans le groupe Banques
Populaires et la nécessité la pous-
sent à s’y intéresser.
108
avis d’expert
Richard Longtin, coach de PME
DD Quels sont les avantages à traiter avec plusieurs banques à la fois ?
« Ce n’est pas vrai qu’on économise en ne faisant affaire qu’avec la même
banque. On diminue ainsi notre dépendance face à un seul prêteur. Être à
différents endroits, ça peut fâcher son banquier principal, mais ça l’incite
bien souvent à vous donner de meilleures conditions quand il sait que
vous faites affaire avec d’autres prêteurs. Et puis, si votre entreprise va
moins bien, chaque prêteur sera rassuré, car il sait qu’il partage les ris-
ques. C’est un excellent truc de négociation. »
– Un numéro Siren et un code APE pour une activité libérale (après
immatriculation auprès de l’Urssaf1).
– Éventuellement le bail de vos locaux.
110
seront parfaitement inutiles. Détectez-les, et négociez leur sup-
pression, package ou pas. Constante 3 : d’autres « commissions »
surgissent, imprévues, tels des « frais trimestriels » ou des fac-
turations pour des opérations non incluses dans le package. Il
est en outre courant que l’on vous décompte
des 0,05 % de frais sur les débits, etc. Vous Bonus au nouveau client ? Il
comprenez pourquoi certaines enseignes existe. Les banquiers savent
que les nouveaux clients,
sont réputées réaliser 80 % de leur PNB statistiquement, demandent
(produit net bancaire) via ces frais : les cré- plus de gestes commerciaux
dits octroyés ne sont souvent que des que la clientèle de
appâts pour commencer la pression à langue date… et qu’ils les
obtiennent.
froid…
La dématérialisation de la monnaie
Préparez-vous ! L’avenir, malgré tout, passe par la dématérialisa-
tion de la monnaie. Vos clients, un jour prochain, vous paieront en
monnaie électronique. Même pour acheter une baguette de pain.
Bienvenue dans le Sepa World de la dématérialisation (Single Euro
Payments Area – Espace unique de paiements en euros, harmonisa-
tion des moyens de paiement en euros au sein d’un espace européen
élargi – 32 pays d’Europe).
112
2. Les 5 principales vraies banques « directes »
Boursorama Appartient à Société • 325 000 clients
Banque Générale et Caixa • Agences : oui
www.boursorama.com Banque. 20 % du
marché.
Fortuneo Appartient au Groupe Créé en 2009.
www.fortuneo.fr Crédit Mutuel. • Agences : non
Monabanq Appartient à Cofidis/ • 250 000 clients
www.monabanq.com 3 Suisses/Crédit • Agences : non
Mutuel.
ING Direct Appartient au groupe • 750 000 clients + livrets
www.ingdirect.fr ING. • Agences : non
Axa Banque Appartient au groupe • 700 000 clients au total
www.axabanque.fr Axa, assurances et • Agences : 350
banque.
Profession intermédiation
■ ■ ■ Autre façon de choisir sa banque : laissez ce soin à des
spécialistes du terrain. L’on a évoqué (chapitre 1) le rôle essentiel
que sont susceptibles de jouer ces « chevaliers blancs » que sont
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
1. Tout comme la banque « escompte » vos créances, mais au prix d’un délai
certain, l’affactureur (le factor) se préoccupe de recouvrer vos factures tout en
vous avançant leur montant, moyennant commission.
114
avis d’expert
Marc Billand, conseiller formateur du réseau BGE, bureau de Chatou
DD Faut-il privilégier sa banque parce que l’on y est connu ?
« Pas forcément, pas systématiquement. Au contraire, il n’est pas inutile de
séparer les genres. Bien sûr, le banquier chez lequel vous souhaitez ouvrir
un compte professionnel va tout faire pour obtenir aussi votre compte per-
sonnel. Mais rien ne vous empêche de résister à cette aimable pression. »
DD Un postulant entrepreneur dont vous avez « validé » le projet a-t-il de
meilleures chances d’obtenir le prêt ?
« Pratiquement toujours, oui. Nous connaissons, sur le terrain, non seu-
lement l’enseigne, mais le conseiller même qui va recevoir le porteur de
projet que nous avons suivi. Ce qui me donne par exemple la capacité
de le diriger vers l’homme ou la femme qui correspondra au mieux à sa
personnalité, à son idée. »
DD Quel est, invariablement, le point faible majeur des personnes que
vous auditez ?
« La gestion. Entre la comptabilité, vision passée de l’entreprise, et la
gestion, sa vision dynamique, la plupart des porteurs de projets trébu-
chent. L’expert-comptable va mouliner les chiffres que lui transmet son
client entrepreneur, mais c’est à lui, décideur, de maîtriser ses prix de
revient, de calculer son BFR, d’établir son prévisionnel, etc. Le meilleur
investissement préalable que devrait consentir un candidat à l’entrepre-
neuriat est une formation en gestion de dix jours, par exemple dans le
cadre de son droit individuel à la formation. »
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
116
7
Comment survivre
à sa banque ?
Objectifs
>>>> Comprendre comment la Banque
de France note les entreprises et
pourquoi.
>>>> Prendre conscience de l’importance
de la relation à établir avec la banque
pour ne pas la subir.
>>>> Penser à ne pas affronter le
banquier seul en cas de tension :
deux exemples d’interventions de
consultants imaginatifs.
C
réer sa « boîte », c’est affronter un taux de mortalité en bas
âge redoutable.
Après une année 2009 exceptionnelle, un cru 2010 en
petite progression, le nombre des créations d’entreprises était
toujours en baisse au premier trimestre 2011, auto-entrepre-
neurs compris : - 22,8 % hors entreprises personnelles, - 18,3 %
avec (Insee). Sur douze mois, en 2010, le fléchissement des créa-
tions n’est pourtant que de 7,7 %. Les chiffres jouent au yoyo
entre conjecture économique favorable (plus d’emplois, moins
de créations) et tendue (phénomène inverse).
Il semblerait que l’entrepreunariat soit une des alternatives à un
marché de l’emploi saturé.
31 % 31 %
29 % 29 %
27 % 25 % 25 %
23 % 21 %
20 %
15 % 16 % 16 %
14 % 14 %
11 %
9% 9% 8% 8%
Décembre Décembre Décembre Décembre Décembre Décembre Décembre Janvier Décembre Janvier
1999 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2008 2008 2010
118
Avis favorable/Doit faire ses preuves
■ ■ ■ Naguère, quand on passait le bac, le bulletin présenté
aux jurys portait ces deux avis : favorable ou doit faire ses preu-
ves. Le chef d’entreprise repasse son bac dès qu’il sollicite sa
banque. Le particulier aussi, du reste. Nous sommes notés par
notre banque (généralement de A à D ou E, d’« excellent client
à développer » à « interdit bancaire »). Chef d’entreprise, vous
l’êtes encore davantage, et depuis longtemps, par la Banque de
France. On l’a longtemps ignoré jusqu’au moment où les médias
ont expliqué que les établissements étaient tenus d’annoncer
sa « cote » au client qui lui en faisait la demande officielle (le
chef d’entreprise exclusivement). De votre note « Banque de
France » fondée sur des documents comptables, dépend lar-
gement l’attitude du conseiller qui y a bien sûr accès, via son
terminal. Au surplus, le « ratio McDonought » (ex-Cook), du
nom du président du Comité de Bâle (réunion des gouverneurs
des banques centrales), oblige les banques à surveiller votre
« ratio de solvabilité ». Les trois indicateurs à partir desquels
vous vous voyez attribuer une « note » jusqu’à 9 (la plus mau-
vaise) sont :
−− une cote d’activité (la taille de l’entreprise) ;
−− une cote de crédit (l’appréciation de sa solidité) ;
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
120
Trouvez le bon interlocuteur
et suivez-le partout !
■ ■ ■ La relation qui va s’instaurer entre votre chargé d’affaires
et vous dépend largement des personnalités en présence. Avec
ce constat en tête : la majorité des responsables qui vont décider
des moyens à vous octroyer n’ont, pour la plupart, pas la formation
suffisante pour jauger véritablement le potentiel de votre « boîte ».
Ils ne sont ni les médecins de votre affaire ni des conseillers
en patrimoine. Le savoir, c’est aussi se préparer à rassurer et
à expliquer… Au risque de nous répéter, anticipez des passages
de trésorerie difficiles, et si tel est le cas, prenez le temps d’ap-
porter les éléments qui montrent quand le retour en positif est
assuré. Face à vous, votre interlocuteur ne distingue que deux
« couleurs » : vous êtes dans le rouge ou dans le vert.
122
n’est pas assuré compte tenu du turn over évoqué. S’ils bou-
gent, tâchez de les « suivre », soit dans l’agence où ils ont pris
du galon, soit dans l’enseigne qui les a débauchés. D’où l’inté-
rêt d’un contact régulier : le départ d’un conseiller est tellement
rapide que vous risquez de vous en apercevoir quelques mois trop
tard. Mais il peut tout aussi bien quitter le secteur bancaire ou
migrer vers des postes sans rapport avec votre petite entreprise.
Il vous faut alors prendre le temps et la peine de vous remettre
en chasse d’un même calibre. Car vous êtes en danger : le suc-
cesseur va normalement s’empresser de vous retirer les facilités
et autres avantages négociés avec son prédécesseur : pourquoi
hériterait-il de manque à gagner ?
Enfin, souvenez-vous qu’il vaut mieux vous engager sur un crédit
de création, peut-être anticipé, plutôt que lorsque vous en avez
vraiment besoin, le couteau sur la gorge.
124
Un phénomène qui va prendre de l’ampleur : les demandeurs de
crédit qui n’engagent pas plusieurs millions comme pour une
PME lancée verront de plus en plus leur dossier traité sans entre-
tien : la décision tombera selon des
critères de chiffres déshumanisés.
Conseils pratiques
Il existe des mots ou des attitudes
> En pleine activité, anticipez
éliminatoires. Cet autre client de
toujours les périodes de creux.
Richard Zwierski, dépanneur en
> Prévoyer les charges des
électroménager, est entendu par un
quatre premières années. Le
comité où siègent entrepreneurs et
système fiscal français est à
banquiers (à ce stade, sachez que
cet égard atypique, avec ses
bien souvent il ne s’agit que d’une appels décalés et les charges qui
formalité pour une décision déjà n’interviennent qu’en année 2.
prise). Une question tombe : « Que > Ne laissez jamais une situation
demandez-vous ? » Le malheureux se dégrader, le banquier ne
est franc : « Je cherche un prêt à rattrapera jamais un déficit
taux zéro ». dont vous n’auriez pas géré les
Quel banquier va lâcher un « PTZ » tenants et aboutissants.
hors les dispositions réglementai-
res qui le prévoient ? Devant un comité de ce type, ne restez pas
passif. Parlez. Le nombre des porteurs de projet ou les chefs
d’entreprise qui répondent par « oui, « non » ou un hochement de
tête est désarmant.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
tÉmoignage
1. L’harmattan, 2005. Les deux autres livres, l’un sur les banques réfractaires
au financement des petites entreprises et Pourquoi la France manque d’entrepre-
neurs, ne sont plus disponibles.
126
contre les trois composantes du financement : les porteurs de
projet et les petits patrons dont il déplore le manque de vision
entrepreneuriale (« marqués par la culture salariale, complexés
par les grandes entreprises, gênés par l’administration, ils se
contentent le plus souvent de créer leur emploi »), les banquiers
(« bien plus intéressés par la Bourse que par l’entreprise »), les
hauts fonctionnaires.
Si l’on « écrête » le ton passionné de ce
L’emprunt bancaire couvre
ténor du sauvetage des TPE, force est de
un quart du financement
reconnaître que ses constats sont fondés : des nouvelles entreprises,
le capital-risque français au sens large ne lesquelles se lancent avec
finance que 1 % des dossiers, et la banque des moyens très « courts » :
36 % des créateurs ont
du prêt du bas de bilan, on le redit, n’octroie
utilisé moins de 4 000 € pour
des crédits qu’en l’absence quasi totale de leur installation, l’achat de
risque. Hans relève du reste au passage matériel, la constitution des
une aberration : Oséo, le fonds de garantie stocks…
d’état, ne sélectionne que des dossiers pré-
sentés par la banque et non par le porteur du projet. En laissant
le prêteur maître du jeu, l’autorité financière inverse le bon sens.
L’entrepreneuriat français est à 93 % composé de TPE/petites
PME de… six salariés en moyenne ! Une grande fragilité financière
« contagieuse », constate René Hans, puisque les petites entrepri-
ses françaises sous-capitalisées (donc, dit-il, vouées à l’échec dès
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
L’action de Capital-Initiative
Ce qui importe ici, c’est la réponse bénévole, pour ce qui le
concerne, de l’expert-comptable entrepreneur à travers le
modèle de Capital-Initiative. Il en a eu l’idée brillante après avoir
renoncé, en 2007, au premier modèle de Capital-Initiative, alors
Une PME en impasse financière est auditée par l’expert qui fait
office d’intermédiaire avec la banque : si les solutions de Capi-
tal-Initiative sont validées – et elles le sont en règle générale
puisque l’expert-comptable répond justement aux exigences de
la banque, l’entreprise passe le cap. Au besoin, René Hans et
ses experts font appel au médiateur du crédit. « Nous laissons la
banque faire son métier, dit Hans, nous ne sommes pas concur-
rents mais complémentaires. »
>>Mais c’est lorsque tout est bloqué avec la banque que Capi-
tal-Initiative intervient parfois en fonds. Le sauveteur d’entre-
prise rachète actifs immobiliers et mobiliers de l’entreprise par
un emprunt bancaire (que la banque accepte au vu de la solidité
de Capital-Initiative) et les loue à l’entreprise en difficulté ! Les
loyers couvrent la mensualité quand Capital-Initiative ne rem-
bourse que les intérêts du prêt. Si celui-ci est remboursé avant
trois ans, le sauveteur dégage une marge sans laquelle il ne
pourrait poursuivre son activité. Un montage de génie…
128
tÉmoignage
et travaux
Maintenance gros véhi- 10 Rachat des murs 360 000 2
cules
Commerce photovol- 5 Caution pour 150 000 2
taïque et tout type de emprunt et rachat
chauffage de murs
Total 920 000 4
Source : Capital-Initiative.
130
8
Étude de cas :
les savons
d’Annabelle
La créativité doit être guidée, gérée et encadrée. Sinon, une
entreprise […] pourrait devenir bordélique.
Jean-François Bouchard, créateur canadien de Sid Lee
Objectif
>>>> Suivre pas à pas l’aventure de la
création d’une authentique entreprise,
La Savonnerie minervoise, portée par
Annabelle Mathon, 31 ans, financée
par ses économies, un business angel et
des prêts bancaires, mais qui, surtout,
a pris le temps d’établir son affaire sur
des assises solides en s’appuyant sur des
accompagnements locaux de qualité…
C
hangement d’ambiance. Pour clore ce voyage dans les
coulisses du financement d’une entreprise, nous allons
conter pas à pas le parcours réel d’une jeune créatrice,
Annabelle Mathon, 31 ans, mariée et maman d’une petite fille,
installée dans l’Aude. Même si chaque aventure reste intime-
ment liée au porteur de projet, à son histoire, à son tempéra-
ment, elle révèle des constantes qui se nomment entre autres
opiniâtreté, solidarité, préparation, vision. En outre, à l’image
d’Annabelle, un créateur fait souvent preuve de générosité dans
son désir de donner à son tour. Les savons à froid de la Miner-
voise, une expérience à chaud sous le soleil de l’Aude.
Qui est-elle ?
■ ■ ■ À l’âge du bac, la littéraire Annabelle rêve de devenir créa-
trice de bijoux. Son entourage l’en dissuade au profit d’un Deug de
lettres modernes qui l’ouvre aux métiers du livre. Mais cette touche-
à-tout qui cherche toujours sa vocation à l’orée des années 2000 se
laisse convaincre, au travers d’entretiens professionnels, d’ajouter
une expérience commerciale à ses jobs dans le culturel. Pendant
un an et demi, elle l’acquerra au sein du service export d’une PME
familiale spécialisée dans la vente de livres. Quand son mari, ingé-
nieur dans le secteur automobile, décidera de se lancer dans son
entreprise d’équipements photovoltaïques, et que tous deux décide-
ront de s’installer dans le sud de la France, Annabelle va rencontrer
celle qu’elle nomme une « bonne fée ». La magie opère quand cette
figure de contes pour enfants lui montre comment créer des savons
à partir de lessive de soude et d’huiles. « Ce fut pour moi comme
si j’ouvrais une boîte d’où jaillissait un faisceau de lumière porteur
d’infinies possibilités. » Nous sommes en 2009. Mme Mathon se
lance sur la pente savonneuse de la création d’entreprise.
132
Début de réalisation
■ ■ ■ Sera-t-elle auto-entrepreneuse ? À Narbonne, une visite
à un forum d’entrepreneurs en herbe la met en présence d’un
directeur de pépinière d’entreprises, Jean-Philippe Martinez
(déjà cité, cf. chapitres 3, 4 et 6). A priori, cet « accompagnateur
d’entrepreneurs » est séduit par ce concept de la production de
savons fabriqués à froid. Il s’agit d’un procédé de saponification
ancestral que les industries chimiques modernes ont depuis
belle lurette remplacé par une chaîne à chaud beaucoup plus
rentable au détriment des procédés écologiques.
Au sein de la pépinière, Annabelle va recalibrer son projet. Lui
donner une perspective d’entreprise. Sous sa houlette, la litté-
raire refait trois fois le business plan, mais en oubliant les modè-
les standard. « Ils m’effrayaient. J’ai ouvert une feuille Excel,
simplifié les données à l’extrême, avec le chiffrage à la louche de
la production et la simulation de quelques prix en face. »
Avec l’aide de Jean-Philippe Martinez, la Savonnerie minervoise
encore dans sa bulle affine son plan d’action commerciale, struc-
ture sur le fond le plan d’affaires pour le rendre plus lisible par
des financeurs.
134
Au cours de ces 14 mois de préparation, Annabelle Mathon a :
−− approfondi son auto-formation ;
−− défini ses gammes de produits ;
−− bâti un réseau puissant ;
−− produit des documents et des « visuels » pour sa gamme
« luxe » (www.m-comme-anabelle.com) ;
−− testé des recettes (avec un panel bénévole).
Au sein du BGE narbonnais1, le responsable est désormais
convaincu par le projet. Annabelle Mathon a conscience de la
valeur de ces « appréciations très positives ».
avenir même.
• Cette préparation décuple la crédibilité du porteur auprès de ses
interlocuteurs.
136
le Nacre, qui a succédé à partir de janvier 2009 aux dispositifs
Éden et aux chèques conseils. Signification de l’acronyme Nacre :
Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entre-
prise.
Parmi les avantages octroyés par le dispositif figure un prêt à
taux zéro, quand « l’opérateur Nacre », un organisme conven-
tionné choisi par le postulant – en l’occurrence, pour Annabelle,
l’Airdie (lire encadré) –, donne son feu vert. En jeu : 7 000 2, si un
cofinancement bancaire répond à l’appel1. Avec une certaine naï-
veté, avoue Annabelle, celle-ci l’a demandé alors même que sa
situation familiale élimine pratiquement toute chance d’attribu-
tion : son mari et elle sont tous deux créateurs d’entreprise, avec
un enfant à charge.
L’Airdie du Languedoc-Roussillon
L’Association interdépartementale et régionale pour le développe-
ment de l’insertion par l’économique (Airdie) a été créée en 1994,
entre autres par le président du Comité des banques Languedoc-
Roussillon. Elle fait intervenir localement la préfecture de région,
les conseils généraux, la Caisse des dépôts et consignations, des
comités de développement économique, le Fonds d’action sociale,
France Active, l’Association pour le droit à l’initiative économique,
l’Union régionale des entreprises d’insertion, etc.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
138
Les leçons à tirer
• Annabelle Mathon ne renonce jamais au contact de plus, celui
qui peut tout faire basculer, y compris dans son entourage. Elle
« réseaute » à la fois en ligne, où elle a bâti de solides relations, et
sur le terrain en ne négligeant aucune des occasions de rencontres.
• Parmi les contacts décisifs qu’elle recommande :
– Le Fonds de garantie à l’initiative des femmes (FGIF). L’APCE
déplore du reste qu’il soit assez mal connu et peu utilisé par les
intéressées. Sa vocation est de garantir à hauteur de 70 % des
prêts à moyen terme, à la manière d’Oséo, y compris pour financer
un fonds de roulement. Une banque doit s’abstenir, forte de cette
caution, de demander à sa cliente des garanties personnelles. Les
organismes « subdélégataires » sont France Initiative (www.france-
initiative.fr) et France Active (www.franceactive.org). Commentaire
d’Annabelle Mathon : « Ces béquilles sont très importantes ».
– ODalacom. Les initiales cachent le patronyme Olivier Deschamps,
jeune entrepreneur dont l’idée fut d’offrir à des TPE/PME générale-
ment blackboulées, pour raisons budgétaires, de la communication
pourtant vitale, un véritable accompagnement accessible. Annabelle
Mathon a été très aidée par ce professionnel dont les « questions
pertinentes » lui ont fait « prendre conscience de l’importance de la
communication que l’on néglige ». www.odalacom.com
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
La Nef
C’est un « organisme alternatif » de collecte d’épargne d’un côté et
d’octroi de crédits de l’autre, agréé Banque de France. Voilà une
« banque » bien réelle qui s’abstient de créer de la monnaie pour prê-
ter. Elle ne prête que l’argent des dépôts de ses clients particuliers
ou personnes morales (200 nouveaux chaque mois). Logiquement,
ce sont des projets innovants sur les plans social et environnemen-
tal qui auront plutôt son agrément. La Nef est en train de se donner
une échelle mondiale en s’associant à des organismes similaires en
Europe soucieux de créer une « banque éthique » : www.lanef.com.
140
de la créatrice qu’elle aille jusqu’à simuler un CA mensuel, voire
hebdomadaire, justifié. « Il faut résister à l’impression de se voir
mise en défaut, conseille la solliciteuse de prêt, car la démarche
est bienveillante. C’est de la “densité” ajoutée au dossier. »
Du reste, cette remise en cause de ses chiffres lui a fait prendre
conscience de l’importance des réseaux commerciaux qu’elle
devait créer. On passe brutalement d’une évaluation (« deux
marchés par mois ») aux actes : combien de boutiques sollici-
tées, tant de volumes placés… Annabelle Mathon avoue un « coup
de pompe » qui aura duré deux jours. Le troisième, elle tape du
poing sur la table et y retourne, après un an et demi de travail et
quatre ans sans vacances.
C’est l’autre grande leçon de ce guide : si vous vous lancez vrai-
ment, le financement n’est qu’un aspect de votre engagement.
Des journées de quatorze ou quinze heures sont le prix à payer
pour tout entrepreneur. Son attitude est convaincante : la Nef
agrée le dossier pour le prêt de 38 000 2. La Savonnerie miner-
voise va exister.
3 mois avant…
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
La patronne-seule-ouvrière-gestionnaire-commerciale au
démarrage a déjà établi son emploi du temps hebdomadaire :
du mardi au vendredi, de 7 heures à 13 heures, production. De
14 heures à 17 heures, autres tâches (administratives, commer-
ciales, gestion). Deux jours pleins par semaine : démarchage
commercial (jusqu’à la mise en place effective des circuits de
distribution). Un ou deux week-ends par mois : foire, marché ou
salon. Les lundis matins suivant les salons, repos, sinon produc-
tion ou démarchage (les jours sont flottants pour plus de sou-
plesse).
142
Annabelle Mathon a « programmé » deux années à ce rythme
avant de recruter des assistants. Elle a pour tableau de bord un
plan d’affaires sur trois ans, avec des scénarios de glissement sur
six mois. Son CA en année 1 est d’une précision totale : 91 000 2,
en incluant sa rémunération qui sera sa variable d’ajustement.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
ÂÂ
Entrez rapidement dans le concret : chiffrez les besoins,
renseignez-vous sur le matériel nécessaire, vos futurs
fournisseurs, les techniques à mettre en œuvre.
ÂÂ
Mais prenez le temps de mûrir votre projet, vous serez
d’autant mieux préparé à le présenter aux financeurs.
144
Glossaire
I
l arrive souvent que l’on croie connaître certaines notions,
savoir ce que signifient certains mots, et les spécialistes
ont la fâcheuse tendance de parler jargon comme si tout le
monde partageait leur vocabulaire. Que la plupart de ces mots
un peu techniques soient déjà définis au fil de la lecture de ce
livre ou pas, leurs définitions ne sont jamais accessoires, et les
connaître fait toujours (bonne) impression face à un conseiller
bancaire ou un financeur.
Actif
Vous vous devez de l’être, mais surtout le banquier s’inté-
ressera au vôtre, d’actif : votre patrimoine (l’ensemble de
vos biens et de vos droits) ou celui de votre entreprise (per-
sonne morale). L’actif est « immobilisé » lorsqu’il s’agit des
bâtiments, des machines, du matériel qui figurent au bilan.
Il est « circulant » quand il désigne les biens et créances qui
« passent » le long d’un cycle, de type clientèle, disponibilités,
encaisse positive, stocks… (voir Bilan, Passif).
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Action
Le titre détenu par les actionnaires, c’est-à-dire les business
angels, les associés, les financeurs en contrepartie de leur
apport. Bien sûr, en théorie, qui apporte la moitié du capital
d’une entreprise aura 50 % des actions mais c’est négociable.
Le mot s’applique à une société anonyme (SA) ou de type sim-
plifié (SAS) (voir Parts sociales, Capital social).
Glossaire 145
Apport
Il en existe de trois types : en numéraires, en nature (apport
de biens), en industrie (le travail, le savoir-faire, l’idée, etc.).
Amortissements
C’est un peu le casse-tête quand on les appréhende par leurs
formules mathématiques et quand le banquier vous en parle.
Remplacez « amortissement » par « remboursement d’em-
prunt » et ça va mieux. Il est « constant » quand les rembour-
sements du capital sont constants sur chaque période. Sinon,
il sera « in fine » (remboursement du capital à l’échéance).
L’amortissement comptable d’un investissement d’entreprise
est l’étalement de son coût sur sa durée d’utilisation. Atten-
tion, votre comptabilité doit faire apparaître une dotation à
l’amortissement. Un expert-comptable vous expliquera la
chose.
Afic
Association française des investisseurs en capital. Fédération
professionnelle où se côtoient les sociétés de capital-risque
(SCR), les fonds communs de placement à risque (FCPR), les
fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI), les
fonds d’investissements de proximité (FIP), mais aussi des
sociétés de gestion, de conseil, d’investissement, des fonds
de fonds. Explorer son site est une façon de se familiariser
avec cet univers. www.afic.asso.fr.
Autofinancement
Ce que l’entreprise dégage pour se financer par son activité.
La formule : bénéfices avant impôts + dotation aux amortis-
sements (voir Amortissements) et provisions, total dont on
déduit l’impôt sur les sociétés et les éventuels dividendes.
146
Banque de France
Banque centrale française créée il y a quelque 200 ans.
Son capital appartient à l’État. C’est elle qui « cote » les entre-
prises (chapitre 7).
Bénéfice
Résultat positif de la soustraction des recettes réelles (pro-
duits – voir Recettes – comptabilisés) et produits calculés
(factures à émettre, charges comptabilisées d’avance) des
dépenses réelles (charges comptabilisées) et des coûts cal-
culés (amortissements – voir ce mot –, provisions, factures à
recevoir, etc.).
Si le résultat est négatif, on parlera de déficit, solde négatif,
résultat négatif, perte. Voir Profit.
Besoin en fonds de roulement (BFR)
Il s’agit des disponibilités financières qui vous sont nécessai-
res pour payer au quotidien ce que « consomme » l’entreprise,
que vos clients vous paient ou pas. Les BFR sont calculés en
rapprochant le stock moyen (ou « prestations en cours » pour
les services), ce que doivent les clients, ce que l’entreprise
doit aux fournisseurs. Le calcul est complexe, mais vital. Les
banques ne prêtent pas pour les financer, mais d’autres orga-
nismes extrabancaires le font.
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Bilan
À droite, les ressources financières, à gauche à quoi on les
emploie. Les ressources seront les capitaux propres, les
emprunts, autrement dit, en comptabilité, le « passif ». Ce à
quoi on les emploie est l’« actif » (voir Actif). Le créateur devra
présenter un bilan de départ, les ressources dont il dispose,
le passif, et ce qu’il va dépenser, l’actif (voir Passif).
Glossaire 147
Bons de souscription (BSA) (warrants)
Ces outils financiers majorent les hausses ou les baisses des
actions. Un bon de souscription équivaut au droit de sous-
crire à une autre valeur mobilière à un prix et dans un délai
fixés lors de l’émission.
Capital (ou fonds) d’amorçage
Avant d’exploiter, vous allez dépenser : études de marché,
honoraires, recherche et dépôts de brevets pour les inven-
teurs, prototypes, et bien d’autres dépenses préalables. Des
business angels s’intéressent à ces premiers besoins, des
réseaux d’accompagnement également.
Capital-investissement
Entrée au capital d’une société non cotée en Bourse en quête
de capitaux propres (voir ce mot). C’est l’équivalent du private
equity. Le capital-risque est une forme seulement du capital-
investissement.
Capital social
Valeur nominale des actions (voir ce mot) ou des parts socia-
les (voir ce mot) qui sont les apports des actionnaires ou des
associés.
Capitaux (ou Fonds) propres
Les apports des actionnaires ou associés (y compris en
compte courant d’associé, voir ce mot) + subventions d’in-
vestissement + réserves + provisions (réintégrées dans les
bénéfices si non utilisées). À ne pas confondre avec les capi-
taux permanents : capitaux propres + dette à moyen terme.
Chiffre d’affaires
À ne pas confondre avec leur revenu. C’est l’ensemble de la
facturation des ventes d’une période. Le compte de résultat
qui en ressort montrera un bénéfice ou une perte.
148
Compte courant d’associé
Le compte courant, on sait qu’il s’agit du compte bancaire,
avec ses entrées-sorties. Le CCA n’a rien à voir : c’est une
créance détenue par un actionnaire ou un associé sur l’entre-
prise. Une façon d’apporter des ressources à l’entreprise qui
a l’avantage de compter comme fonds propres (voir ce mot)
s’ils sont bloqués pour une durée relativement longue, avec
tout l’impact voulu sur le plan de financement ou l’emprunt.
Crédit-bail
Ils sont familiers car passés dans l’achat de voitures aux
particuliers, par exemple, style location avec option d’achat
(LOA). Pour une entreprise, c’est une façon de financer son
équipement (le crédit-bailleur achète l’équipement puis le
loue à l’entreprise qui le rachète à terme). Bien sûr, il faut
payer plus cher l’équipement, comme avec un crédit clas-
sique, mais c’est moins lourd qu’un emprunt et sans TVA à
payer. Pour autant, le crédit-bailleur vérifiera que l’entreprise
sera en mesure de payer les loyers. Une variante créative a
été imaginée par Crédit-Initiative, une société de l’expert-
comptable René Hans (lire chapitre 7).
Crédit de trésorerie
Dit « facilités de caisse » par les banquiers, ou « découvert ».
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
L’entreprise paie des agios comme pour un crédit, car c’en est
un. Le « découvert » (toléré quelques jours à quelques semai-
nes) devient « crédit de campagne » quand il sert à financer
par exemple des productions liées à une saisonnalité mar-
quée.
Crowdfunding
Littéralement, « prêt par la foule ». Transposition en ligne
d’une recherche de financement par la présentation de
sa demande à une « foule » d’inconnus qui vont prêter des
Glossaire 149
sommes relativement petites, avec un plafond global. Les
modèles en France tâtonnent (chapitre 2).
Dates de valeur
En théorie, les banques y ont renoncé. Dans la pratique, c’est
une autre affaire. Si vous avez mis en place un prélèvement,
il vous est décompté en général la veille de la date. Si vous
déposez des espèces, la banque en inscrira la valeur le len-
demain. Un chèque le surlendemain ou dans les cinq jours
ouvrables selon la relation agence-Banque de France.
Due diligence
Cette expression anglaise citée au chapitre 2 rend compte des
vérifications menées par l’investisseur (ou son émissaire) sur
les données présentées par une entreprise en quête d’inves-
tisseurs ou de prêts. Les entités chargées de sélectionner les
dossiers se chargent de cette validation.
Entreprise solidaire
L’entreprise sera dite « solidaire » si :
— elle compte un tiers de salariés en contrat d’insertion par
l’activité économique, en contrat de travail aidé, en contrat de
professionnalisation dans le cadre de convention de groupe-
ments d’employeurs, si elle bénéficie de l’accompagnement
personnalisé pour l’accès à l’emploi ou si les salariés sont
reconnus travailleurs handicapés ;
— si elle est une association, une coopérative, une mutuelle,
une institution de prévoyance, ou s’il s’agit ou d’une société
dont les dirigeants sont élus par les salariés, les adhérents
ou les sociétaires, et dont la moyenne des rémunérations
des cinq salariés ou dirigeants les mieux payés n’excède pas
cinq fois le Smic. Il en est question notamment aux chapitres 2
et 3.
150
Fonds de garantie
Créés pour amadouer les banquiers obsédés par les garan-
ties de garanties de garanties. En se portant caution, le fonds
rassure le prêteur, mais il faut avoir démontré au fonds de
garantie, par la satisfaction d’un certain nombre de critè-
res, que l’on est fiable autrement que par son apport ou son
patrimoine. Certains fonds sont eux-mêmes émetteurs de
prêts d’honneur qui seront doublés ou davantage encore par
une banque. Le fonds de garantie par excellence est Oséo,
l’entreprise des entrepreneurs, elle-même cautionnée par
l’état. Le Fonds de garantie à l’initiative des femmes est un
autre exemple efficace.
Fonds propres
Voir Capitaux propres.
Immobilisations
Il s’agit des valeurs et des biens que l’entreprise va utiliser
sur le long terme. Le fonds de commerce en est un exemple,
un brevet est une immobilisation, une chaise aussi ! Quoique
parfaitement « mobile », elle peut entrer dans des capitaux
utilisés pour l’acquérir, donc « immobilisés ».
Love money
Littéralement, « argent obtenu par amitié ». Les quelques
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Glossaire 151
Microcrédit professionnel
Prêt de quelques milliers d’euros à 30 000, 40 000 euros au
maximum réservé à des chômeurs ou des exclus bancaires
en mesure de créer une TPE, autrement dit se donner les
moyens de créer leur propre emploi. Il faut, pour y prétendre,
obtenir l’aval d’un réseau d’accompagnement de type Adie,
France Initiative, France Active, le réseau BGE, la Fondation
de la 2e chance, etc. Comme tout prêt ainsi garanti, au même
titre que les prêts d’honneur, il offre un effet de levier pour
décrocher des prêts bancaires plus importants.
Nantissement
Le « nanti » reçoit par contrat, virtuellement ou effective-
ment, un bien gage de son prêt.
Pacte d’actionnaires
Il se signe, sous seing privé, en dehors des statuts consti-
tutifs classiques d’une société. C’est souvent le cas avec un
capital-risqueur (comme un business angel) pour régler les
questions de droits de préemption en cas de ventes d’actions,
droit de sortie, droit à l’information ou tout autre disposition
particulière.
Parts sociales
L’équivalent des « actions » d’une SA dans une SARL ou SNC
(Société en nom collectif) à la hauteur des apports de chaque
associé ou investisseur (voir Actions, Capital social).
Passif
Voir Actif. Le « passif exigible » sont les dettes dont les déten-
teurs sont en mesure de demander le remboursement.
Plan de trésorerie
Le baromètre mensuel des entrées-sorties prévisibles. On
aboutit aux soldes mensuels et cumulés. Comme ce plan
152
de trésorerie fait partie de tout bon plan d’affaires (business
plan), sa mise au point réaliste n’est pas une mince affaire. Il
se doit de se rapprocher au mieux du réel, et le chef d’entre-
prise, avec l’aide d’un spécialiste le cas échéant, doit l’ériger
en plan de marche. Attention, ce n’est pas le « job » de l’ex-
pert-comptable.
Point mort (break even, seuil de rentabilité)
Le chiffre d’affaires (voir ce mot) au-delà duquel l’entreprise
réalise un bénéfice.
Prêt d’honneur
Il s’agit de crédit à moyen terme (c’est-à-dire entre 2 et
7 ans) attribués par des financeurs extrabancaires (chapi-
tre 2) qui ne demandent pas de garantie au créateur (lequel
montrera patte blanche néanmoins, selon des critères
à remplir). Débloqués parfois sans intérêts, ils sont réputés
entrer dans les fonds propres et favorisent donc un effet de
levier du côté des prêts bancaires.
Prêt participatif
Lui non plus sans garantie, il est rémunéré à terme par les
résultats de l’entreprise. Techniquement, il entre dans les
quasi fonds propres (voir ce mot).
Private equity
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Voir Capital-investissement.
Produits
Voir Recettes.
Profit
Voir Bénéfice.
Quasi fonds propres
Ils entrent techniquement dans les fonds propres (sur les-
quels vont s’établir les emprunts bancaires), même si ce sont
Glossaire 153
des dettes. Par exemple, sont des quasi fonds propres les
obligations convertibles (souvent déterminées dans un pacte
d’actionnaires – voir ce mot –, elles sont échangeables par le
propriétaire contre des actions, un moyen d’éviter, pour un
capital-risqueur, de se faire « diluer », ce qu’il redoute par
desssus tout), les obligations remboursées en actions, obli-
gations à bons de souscription.
Recettes
Ce que gagne l’entreprise. Dans le milieu financier, on par-
lera de « produits ». On fera la nuance entre les produits d’ex-
ploitation (ce que vend l’entreprise), les produits financiers
(les placements) et les produits exceptionnels (revente d’une
« immobilisation », par exemple, voir ce mot).
Scop
Société coopérative et participative (ex-société coopérative
ouvrière de production), société commerciale, SA ou SARL.
Elle se distingue d’une entreprise classique par sa gouver-
nance démocratique (répartition des résultats tournée vers
la pérennité des emplois et du projet d’entreprise). Les sala-
riés sont des associés, « co-entrepreneurs » qui détiennent
au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote.
Start-up
Littéralement, l’« entame », le « commencement », donc
une entreprise toute neuve. Mais pas n’importe laquelle. La
start-up sous-entend entreprise innovante par son objet (sou-
vent activité en ligne), par son mode de commercialisation,
par son modèle économique. Enfants chéries des capitaux-
risqueurs, elles sont censées grossir vite et si possible bien.
TPE/PME/ETI/Grande entreprise
Pour les deux premières, les sigles sont bien connus : Très
petite entreprise et Petite et moyenne entreprise (et PMI,
154
petite et moyenne industrie). La micro-entreprise réa-
lise moins de 2 millions d’euros de CA et compte moins de
10 salariés (les auto-entrepreneurs en font partie). Une PME
grimpe jusqu’à 250 salariés et réalise moins de 50 millions de
CA. Une ETI est une Entreprise de taille intermédiaire (moins
d’1,5 milliard de CA et moins de 5 000 salariés). Au-delà, on
parle de grande entreprise, de transnationale…
L’équivalent en anglais, Small business, est trompeur. Il ne
dépasse pas 15 salariés en Australie, 50 en Europe, mais le
Small Business Program américain englobe une partie de
nos ETI ! Small est relatif…
70 000
65 000 Hors auto-entrepreneurs (CVS-CJO*)
60 000
Y compris auto-entrepreneurs
55 000 (en données brutes) depuis 2009
50 000
45 000
40 000
35 000
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
30 000
25 000
20 000
15 000
janv. 04 janv. 05 janv. 06 janv. 07 janv. 08 janv. 09 janv. 10 janv. 11
Source : Insee.
Glossaire 155
Bibliographie
Ouvrages généraux
DD Créer une entreprise, Guides Le Particulier, 2009
DD APCE, Financer votre création d’entreprise, Eyrolles, 2010
DD Robert Papin, La création d’entreprise, 14e édition, Dunod, 2011
DD Jean-François Prat, Création d’entreprise, les clés de la réussite,
Alban éditions, 2008
Ouvrages techniques
DD Amélie Charles, Le financement des entreprises, économica, 2009
© Dunod. La photocopie non autorisée est un délit
Bibliographie 157
Sur les auto-entrepreneurs
DD Gilles Daïd et Pascal N’guyen, Le guide pratique de l’auto-entrepreneur,
2e édition, éditions d’organisation, 2010
Sur le capital-investissement
DD Pierre Battini, Financer son entreprise de la création à la transmission
par le capital-investissement, Maxima, 2005
DD Raphaël Boukris, Nicolas Fritz, Les Business Angels, guide des bonnes
pratiques à l’usage des investisseurs et des entrepreneurs, Pearson, 2011
158
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