Vous êtes sur la page 1sur 63

L’horloge circadienne

aspects physiologiques et génétiques

DIU sommeil 2007-2008


Bruno Claustrat
Service d’Hormonologie
Centre de Médecine Nucléaire
Hospices Civils de Lyon
CLASSIFICATION DES RYTHMES BIOLOGIQUES
- Rythmes de haute fréquence τ < 30 min
(cardiaques, respiratoires, électroencéphalographiques,……)

-Rythmes de moyenne fréquence 30 min < τ < 2,5 jours


- ultradiens 30 min < τ < 20 heures
- circadiens 20 heures < τ < 28 heures (conditions de free-running)
- infradiens 28 heures < τ < 2,5 jours

- Rythmes de basse fréquence τ > 2,5 jours


-circaseptidiens τ ≈ 7 jours
-circatrigintidiens τ ≈ 30 jours
-circanniensτ ≈ 1 an

Ý nycthéméral (conditions de synchronisation)


Ý saisonnier
PROPRIETES DES RYTHMES BIOLOGIQUES

1) les rythmes persistent dans des conditions constantes


= origine endogène - preuve génétique
contrôle par une horloge (rythmes circadiens)

2) les rythmes sont entraînables


sous l'effet des synchroniseurs (alternance lumière-obscurité)
facilite l'adaptation à l'environnement

3) les rythmes sont organisés les uns par rapport aux autres
cohérence physiologique
synchronisation interne = relation de phase
Rythme activité-repos (double échelle de 24h)
Le rythme activité-repos
devient circadien en
l’absence de synchroniseur
En l’absence de synchroniseur, la période prend
une valeur circadienne
L’apparition d’une deuxième période
suggère l’existence d’une deuxième horloge
Plasma melatonin and cortisol rhythms in free-run blind people

From Sack et al. JCEM. 1992, 75 , 127-134.


La période circadienne (τ) moyenne
chez l’homme est ≈ 24.2 h

25.00 valeur observée chez les aveugles


en libre-cours(Robilliard et al, 2002)
24.75

24.50
période de mélatonine,
24.25 température et cortisol chez
24.00 l’homme (protocole de
desynchronisation forcée)
23.75 (Czeisler et al, 1999)
23.50

23.25

23.00

22.75
Distribution de la période circadienne chez l’homme en
condition de free-running(Czeisler et al, 1999)
Les noyaux suprachiasmatiques (SCN) sont
le siège de l’horloge circadienne
• -tractus retino-hypothalamique (Moore et al., 1971)
• -expériences de lésion des SCN
• abolition du rythme de NAT dans la pinéale (Klein et Moore, 1979)
• perturbation du rythme activité-repos (Rusak, 1977)
• -les activités électrique et métabolique des SCN sont rythmiques in
vivo (Inouye et Kawamura ,1979; Schwartz et Gainer 1977)
• -la transplantation d’une suspension de cellules de SCN restaure la
rythmicité chez le hamster avec lésion des SCN (Silver et al 1990)
• -une mutation (tau) spontanée chez le hamster entraîne un
raccourcissement de la période endogène (22 h), (Ralph et
Menaker, 1988)
• -observations cliniques (lésions hypothalamiques)
Photoréception Circadienne
(C.Gronfier INSERM U371)

2 classes de photorécepteurs
-cônes et bâtonnets
-cellules ganglionnaires
Système circadien:voies nerveuses
Hofman et al Brain Research 1996 722 (78-82)
Les noyaux suprachiasmatiques (SCN) sont
le siège de l’horloge circadienne
• -tractus retino-hypothalamique (Moore et al., 1971)
• -expériences de lésion des SCN
• abolition du rythme de NAT dans la pinéale (Klein et Moore, 1979)
• perturbation du rythme activité-repos (Rusak, 1977)
• -les activités électrique et métabolique des SCN sont rythmiques in
vivo (Inouye et Kawamura ,1979; Schwartz et Gainer 1977)
• -la transplantation d’une suspension de cellules de SCN restaure la
rythmicité chez le hamster avec lésion des SCN (Silver et al 1990)
• -une mutation (tau) spontanée chez le hamster entraîne un
raccourcissement de la période endogène (22 h), (Ralph et
Menaker, 1988)
• -observations cliniques (lésions hypothalamiques)
Variations circadiennes d’activité neuronale
M. Gilette Brain Res 1986
Mutation τau chez le hamster (Ralph et Menaker , Science 1988,241:1225-7
activité chez le type sauvage, l’hétérozygote et l’homozygote
Les noyaux suprachiasmatiques (SCN) sont
le siège de l’horloge circadienne
• -tractus retino-hypothalamique (Moore et al., 1971)
• -expériences de lésion des SCN
• abolition du rythme de NAT dans la pinéale (Klein et Moore, 1979)
• perturbation du rythme activité-repos (Rusak, 1977)
• -les activités électrique et métabolique des SCN sont rythmiques in
vivo (Inouye et Kawamura ,1979; Schwartz et Gainer 1977)
• -la transplantation d’une suspension de cellules de SCN restaure la
rythmicité chez le hamster avec lésion des SCN (Silver et al 1990)
• -une mutation (tau) spontanée chez le hamster entraîne un
raccourcissement de la période endogène (22 h), (Ralph et
Menaker, 1988)
• -observations cliniques (lésions hypothalamiques)
The circadian system in humans

From Claustrat et al. Restorative Neurology 1998, 12, 151-157.


Les marqueurs de l’activité de l’horloge
circadienne chez l’homme

-actimétrie
-questionnaire de Horne et Ostberg
-mélatonine
-cortisol
-température
Plasma melatonin rhythm is a marker of circadian clock
Comment explorer la sécrétion de mélatonine (et de cortisol)
• La détermination du profil plasmatique de mélatonine constitue le
résultat le plus précis.(Prélèvement horaire sur 24h nécessaire)
• Les dosages de l’aMT6s pratiqués sur les urines fractionnées
(tranches de 4h) recueillies en ambulatoire permettent un premier
screening.(Les prélèvements nécessitent de réveiller le sujet)
• Les dosages de mélatonine dans la salive sont particulièrement
indiqués chez les sujets jeunes et pour les études de physiologie sur
le terrain . Ils sont difficiles à mettre en œuvre chez le sujet âgé en
raison des faibles concentrations de mélatonine.(Les prélèvements
nécessitent de réveiller le sujet)
Rythme nycthéméral de température
L’entraînement de l’horloge par l’alternance lumière-
obscurité obéit à une courbe de réponse de phase
A human phase-response curve to light
Minors et al Neuroscience letters 1991 133 36-40
Modèle moléculaire de l’horloge circadienne

Clock Noyau Cytoplasme


?-
Bmal1 ?+ PER 2
PER PER
CLOCK BMAL1 - CRY CRY

CRY 1 CKIε

+ mCry1
CRY 2
mCry2 CKIε
mPer1 PER 1
PER
mPer2 PER 2 PPP

mPer3 PER 3
Rev-erb α
REV-ERB α
CCG

CCG

Voies de sortie de l’horloge

D’après N. Cermakian et P. Sassone-Corsi. Médecine/Sciences 2000 ; 16 : 504-12


P
● PP
CRYs PERs● P CKs

CRYs PERs
Boucle
inhibitrice Clock BMAL1 DECs
-
E-Box Per1-3
BMAL1 Clock - CKs

Sortie : + Cry1-2 P
E-Box P
Rythmes Gènes Dec1-2

contrôlés + P PER2
biologiques par l’horloge - ●
CRYs ●P
Ex : AVP PER2
+ Rev-erb α

REV-ERBα

Boucle Noyau Clock


activatrice -
Bmal1
+?
BMAL1 Cytoplasme
Clock BMAL1
Clock

Bases moléculaires des oscillations circadiennes dans les NSC des


mammifères (d’après Challet et al., 2003)
•Tau est plus court de 0.5 h chez Per3(-/-)
•(Shearman et al, Mol Cell Biol 2000, 20:6269-75)
La souris knockout pour Per(s)
• Per1/Per3 ou Per2/Per3 (-/-)
maintiennent encore des rythmes
en free-running tandis que
Per1/Per2(-/-) sont arythmiques
(Bae et al, Neuron, 2001,30:525-
36)
Troubles du rythme circadien du sommeil

1. Syndrome de franchissement rapide de fuseau horaire (jet lag)


2. Trouble du sommeil en rapport avec le travail posté
3. Irrégularité du sommeil et de la veille
4. Syndrome de retard de phase du sommeil
5. Syndrome d’avance de phase du sommeil
6. Syndrome hypernyctéméral (non-24h sleep-wake syndrome)
7. Trouble du rythme circadien du sommeil non autrement spécifié
Le syndrome d’avance de phase

Le principal épisode de sommeil est avancé


par rapport à la plage horaire habituelle,
avec pour conséquence :
- une somnolence vespérale majeure,
- l’incapacité à rester éveillé jusqu’au moment
souhaité du coucher,
- l’incapacité à rester endormi jusqu’à l’heure
souhaitée du lever.
Références
1. Kamei R, Hughes L, Miles L, Dement W. Advanced sleep phase
syndrome studied in a time isolation facility. Chronobiologia 1979; 6:115.
2. Moldofsky H, Musisi S, Phillipson EA. Treatment of a case of advanced
sleep phase syndrome by phase advance chronotherapy. Sleep 1986; 9:
61-65.
3. Singer CM, Lewy AJ. Case report: use of the dim light melatonin onset in
the treatment of ASPS with bright light. Sleep Res 1989; 18: 445.
4. Billiard M, Verge M, Aldaz C, et al. A case of advanced-sleep phase
syndrome. Sleep Res 1993; 22: 109.
5. Wagner DR. Disorders of the circadian sleep-wake cycle. Neurol Clin
1996; 14: 651-670.
6. Jones CR, Campbell SS, Zone SE et al. Familial advanced sleep-phase
syndrome : a short-period circadian rhythm variant in humans. Nat Med
1999; 5: 1062-1065.
7. Toh KL, Jones CR, He Y, et al. An hPer2 phosphorylation site mutation in
familial advanced sleep phase syndrome. Science 2001. 291: 1040-1043.
Plasma melatonin and cortisol
in advanced sleep phase syndrome

Melatonin Cortisol
Syndrome d’avance de phase
Actimétrie de 12 jours (G. K),
Cycles de mélatonine et de cortisol (plasma) de K.G. (ASPS)
Références
1. Kamei R, Hughes L, Miles L, Dement W. Advanced sleep phase
syndrome studied in a time isolation facility. Chronobiologia 1979; 6:115.
2. Moldofsky H, Musisi S, Phillipson EA. Treatment of a case of advanced
sleep phase syndrome by phase advance chronotherapy. Sleep 1986; 9:
61-65.
3. Singer CM, Lewy AJ. Case report: use of the dim light melatonin onset in
the treatment of ASPS with bright light. Sleep Res 1989; 18: 445.
4. Billiard M, Verge M, Aldaz C, et al. A case of advanced-sleep phase
syndrome. Sleep Res 1993; 22: 109.
5. Wagner DR. Disorders of the circadian sleep-wake cycle. Neurol Clin
1996; 14: 651-670.
6. Jones CR, Campbell SS, Zone SE et al. Familial advanced sleep-phase
syndrome : a short-period circadian rhythm variant in humans. Nat Med
1999; 5: 1062-1065.
7. Toh KL, Jones CR, He Y, et al. An hPer2 phosphorylation site mutation in
familial advanced sleep phase syndrome. Science 2001. 291: 1040-1043.
Jones et al, 1999: Familial ASPS
inherited as a single-gene defect
Control FASPS ∆ p
Sleep 23:10±0:40 19:25±1:44 3:45 < 0.0005
onset
Sleep 07.44±1.13 04:18±1:44 3:26 < 0.0005
offset
C. R. JONES. Nature Medecine 1999, 5, 1062-1065
Une mutation du gène Per2 est observée
dans le syndrome d’avance de phase
(Toh et al Science 2001: 291 1040-1043)
Association entre la mutation A446G de la
caseine kinase I∂ et ASPS (Xu et al, 2005)

• Affecte des individus ayant


une heure préferée
d’endormissement
à18:12±1.4 h et une
préference d’éveil à
4:06±0.7 h
• Affecte des individus ayant
une mutation faux-sens
dans le gène de la caséine
kinase I∂ (thréonine vs alanine)
• Mutation non retrouvée
chez d’autres sujets
Les mutations des enzymes ou des
substrats sont responsables d’un
même phenotype = ASPS

Caseine
P
PER2
kinase I∂
P
Hormone and rectal temperature profiles
in delayed sleep phase syndrome
C o n tr o ls (m ± s .e .m .)
150 P e n .C .(0 8 -0 9 /1 0 /9 7 )
Melatonin (pg/ml)

100

50

0
12 16 20 24 04 08 12 16
H o u rs
Per3 et delayed sleep phase syndrome (DSPS)
(Ebisawa et al, EMBO Rep 2001,2: 342-6)

• 5 polymorphismes sur Per3 observés


dans 4 haplotypes
• Association entre un de ces haplotypes
(H4), et DSPS (15% des cas)
Le polymorphisme de longueur de Per3
contient des substrats potentiels pour la
phosporylation par la caseine kinase Iε
Le plus court allèle Per3 (4-répétitions) est associé avec
une préference vespérale and DSPS (Archer et al, 2003)
Collection de materiel au London Science
Museum (Robilliard et al, 2002)

• Sujets (n = 484) renseignent


le questionnaire de HÖ et
subissent un prélèvement de
muqueuse buccale pour ADN
• L’étude confirme l’influence
de l’âge et du genre dans la
variabilité du score de HÖ
Une modification de la phosphorylation peut
expliquer des différences phénotypiques
• La phosphorylation des proteines-horloges régule leur
translocation du cytoplasme vers le noyau
• La phosphorylation contrôle les interactions des
proteines-horloges et leur dégradation
• Ces mécanismes peuvent influer sur la vitesse de
l’horloge
• Chacun des motifs de 18 aa peut être considéré
comme un module de phosphorylation, et
l’augmentation ou la diminution du nombre de
répétitions peut contribuer au réglage fin de l’horloge
au cours de l’évolution
Analyse des séquences répétées en
tandem sur PER3 dans une population
Brésilienne (Pereira et al, 2005)
Existe-t-il une influence de la
latitude sur le PER3 VNTR?
• Possibilité soulevée par l’étude Brésilienne
Observation chez
– Les plantes (Arabidopsis, Michael et al, 2003)
– Le gène per de la Drosophila (Costa et al,
1992)
• Étude chez 27 populations indigènes
(Nadkarni et al, 2005)
Fréquence de l’allèle court de Per3
chez 27 populations
(Nadkarni et al, 2005)
• 80—90%: Mongolian (89%), Sichuan Chinese,
Japanese
• 60—70%: Finns, Iranians, Malawis, Nigerians,
Norwegians, Manjak Senegalese, Wolof Senegalese,
Southern Sudanese, Ladin-speaking Tyrolians, British,
Ukrainians, South African Bantu-speakers, Anatolians,
Afghans
• 50—60%: Algerians, Northern Sudanese, Amharic
Ethiopians, Yemenis, Indian Hindus
• 19%: Papua New Guinea
Fréquence de répétition de l’allèle court de PER3 en
fonction de l’ensoleillement annuel
et la déviation standard de la longueur du jour

Papua New Guinea (potential outlier)


No significant association between
PER3 allele frequency and latitude
or insolation (Nadkarni et al, 2005)
• Allele frequency vs latitude:
p = 0.12 including Papua New Guinea
p = 0.24 excluding Papua New Guinea
• Allele frequency vs insolation:
p = 0.11 including Papua New Guinea
p = 0.05 excluding Papua New Guinea
Chronotype et fréquence des allèles
présentant le polymorphisme de répétition (4 ou 5)
de l’exon 18 de Per3

From Archer et al Sleep 2003 26:413-415 Résultats du service d’hormonologie


Le chronotype résulte d’une interaction de variants
des différents gènes de l’horloge circadienne
diversement combinés, (hérédité oligogénique :
implication de Per3 , de Clock …?)

Certains troubles du rythme veille-sommeil


(ASPS) sont concernés par une mutation
ponctuelle (hérédité monogénique : implication
de Per2, CK1δ, ε …)
Gradual expansion of a variable number tandem repeat
(VNTR) in the coding region of the primate Per3 gene
(Jenkins et al, JBR 2005 20, 470-1)
Mouse A----
Rat A----
Dog A----
Human (long) ABCDE
Human (short) AB-DE
Chimpanzee AB-DE
Gorilla (long) AB-DE
Gorilla (short) A--DE
Gibbon AB-DE
Langur A--DE
Marmoset A

bcdefg
Syndromes neurodégénératifs d’origine génétique
associant un trouble du rythme veille-sommeil

• Syndrome de Down (trisomie 21) fragmentation du sommeil

• Syndrome de Rett (trouble lié à l’X) sommeil irrégulier ou retard de phase

• Syndrome d’Angelman (délétion ou disomie uniparentale de 15q11-13); retard deφ

• Syndrome de Smith-Magenis (délétion 17p11-2)


Phenotype d’avance de phase

rythme d’aMT6S urinaire perturbé (Potocki J Med Genet 2000 37: 428-433)

20 gènes identifiés dans la zone critique


Haploinsuffisance pour la sous-unité 3 du signalosome COP3 qui régule la réponse
transcriptionnelle à la lumière chez Arabinopsis thaliana (moutarde)
Daily plasma melatonin levels in Smith – Magenis Syndrome
(17p 11-2 deletion)
H. Leersnyder et al. J. Pediat, 2001, 139 : 111-6
Cycle de cortisol dans le syndrome de Smith-Magenis

1000 Contrôles (m± sem)


1000 1000 Contrôles (m± sem)
Contrôles (m± sem)
Cortisol (nmol/l) B.R. M.Y. M.T.

750 750 750

500 500 500

250 250 250

0 0 0
8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16

1000 1000 1000


Contrôles (m± sem) Contrôles (m± sem) Contrôles (m± sem)
L.I. C.D. V.J.

750 750 750

500 500 500

250 250 250

0 0 0
8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16

1000 1000 1000


Contrôles (m±sem) Contrôles (m± sem) Contrôles (m ±sem)
B.K D.M. H.C.

750 750 750

500 500 500

250 250 250

0 0 0
8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16 8 12 16 20 24 4 8 12 16
Heures Heures Heures

Vous aimerez peut-être aussi