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XVllJ NOTICE HISTORIQUE.

aurons occasion , dans le cours de cet ouvrage, de donner plusieurs médailles et inscriptions
celtibériennes, et nous nous éteqdrons davantage sur les inductions que l'on peut en tirer.

ÉTABLIS SEMENTS DES PHÉNICIENS.

DANS les temps les plus reculés de l'histoire des hommes on distingue une contrée
célebre par sa puissance et son industrie. Ses marchands, dit l'Ecriture 1 , sont des princes,
ses trafiquants les personnes les plus- illustres de la ten·e. Les patriarch es les connoissoient
sous le nom de Cananéens 2 ; les Grecs, sous celui des Phéniciens 3 ; et tous leur accordoient
l'invention de l'écriture, des mathématiques, de la navigation4, et de tous les arts utiles.
Tandis que les lraélistes erroient dans les déserts ou gémissoient dans la captivité, que
les Grecs n'habitoient que des cavernes, Sydon couvroit les mers de ses navires; ses habi-
tants infatigables alloieut par-tont chP.rr.her des richesses ; ils donnoient la civilisation en
échauge de l'or , et tous les peuples étoient tributaires ?u imitateurs de leur indusn·ie.
D'apres une inscr.iption rapportée par Procope 5, il paro,it qu'ils avoient -parcouru toutes les
cotes de la Méditerranée, et commencé des établissements sur celles d'Espagne seize siecles
avant l'erc vulgaire. Les premiers furent pres de Tanger , d'ou ils passerent bientot sur le
promontoire opposé clans l'isle d'Erythie. Apres plusieurs tentatives infructueuses d'établis-
sements sur la cote, ils fondercnt enfin la ville de Gades ou Gadir , qu'ils regarderent
comme le point central de leur commerce , et l'abri le plus slir pour leurs vaisseaux.
De la ils s'étendirent sur toutes les cotes voisines, et dans l'intérieur de l'Andalousie
habitée alors par les Turdetains, peuple simple , et possesseur de trésors immenses, dont
ils ne connurent le prix qu'apres en avoir été dépouillés.
Outre les productions dont la nature couvroit sa surface, ce beau pays avoit encore ,
cachés dans les en trailles de la terre, des métaux aussi précieux qu'abondants, semblables
a ceux que les Espagn.ols possedent dans le N ouveau-Monde; comme si le ciel, propi ce ou
ennemi, leur avoit de tout te1nps destiné la propriété de ces biens auxquels l'opinion attache
tant de prix , et qui ne produisent pas toujours une véritable richesse.
Non loin de Cadix étoit vraisernblablement l'ancienne Tarsis 6, si célebre dans les livres
saints, et qui seule rendit l'or aussi commun a J érusalem que les pierres7. C'est la que les nom-
breuses flottes de Salomon et celles du roi Hiram venoient tous les trois ans chercher des
trésors. Cette ville étoit située dans une petite isle a l'embouchure du fleuve Tarsis ou
Tartessus, dans une position semblable a celle de Tyr, et depuis engloutie, comme elle,
sous les eaux.
(1) ! sale, ch. 23, v. 8. inscription porte: Nous sommes arrivés ici, fuyant les armes de
(2) Nombres, ch. 13, v. 3o. . • l'usurpateur Josué. Cet évenement eut donclieu 1500 ans avant la
(3) Calmet,t. I , p.2.72., t. ill, p. 131. naissance de J. C. Mais on nc sait ríen de positif sur ces premiers
(4) Primaratemventis credere docta cyrus. Tibulle, élégie 7, établissements.
v. 20. Homere, Odyss., les appelle les plus ingénieux des hommes. (6) Paralipomene, II, ch. 9, v. 2.1; J onas, ch. 1 , v. 3.
(5) Procope, de beUo V andalico, lib. II, cap. 10, p. 258. Cette (?) Rois, liv. m, ch. IO, V. 17· o

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