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<QUESTION V>/<QVESTIO QUINT A>

<Article 3>/<Articulus tertius>

<La considération mathématique est-elle, sans le mouvement et la matière, relative


aux choses qui sont dans la matière ?> Il
<Vtrum mathematica consideratio sit, sine motu et materia, de his que sunt in
materia ?>

<Position dialectique :> <Positio dialectica :>

Pour le troisième <questionnement>, on pro- Ad tertium sic proceditur : uidetur


cède ainsi: il semble que la considération ma- quod mathematica consideratio non
thématique ne soit pas, sans la matière, relative sit, sine materia, de his que habent
aux choses qui sont dans la matière. esse in rnateria.

<Objections pour la position dialectique :> <Obiectiones pro positione


dialectica :>

1. Comme, en effet, la vérité consiste dans 1. Cum enim ueritas consistat in


l'adéquation de la réalité à l'intellect', il doit y adequatione rei ad intellectum,
avoir fausseté toutes les fois que la réalité est oportet esse falsitatem quandocum-
considérée autrement qu'elle n'est". Si donc la que res consideratur aliter quam sit.
mathématique considère sans la matière les réa- Si ergo res que sunt in materia sine
lités qui sont dans la matière, sa considération materia considerat mathematica,
sera fausse; et ainsi elle ne sera pas une scien- eius consideratio erit falsa; et sic
ce, puisque toute science est <au sujet> des non erit scientia, cum omnis scientia
vraies choses. sit uerorum.
2. En outre. Selon le Philosophe dans le 1er 2. Preterea. Secundum Philoso-
<livre des Analytiques> postérieurs', c'est le phum in 1 Posteriorum cuiuslibet
propre de toute science de considérer son sujet scientie est considerare subiectum et
et les parties de son sujet. Mais la matière est, partes subiecti. Set omnium materia-
selon l'être, partie de toutes les choses matériel- lium secundum esse materia pars
les. Donc, il ne se peut pas qu'une science con- est. Ergo non potest esse quod ali-
sidère les choses qui sont dans la matière sans qua scientia consideret de his que
qu'elle ne considère la matière. sunt in materia absque hoc quod
materiam consideret.
3. En outre. Toutes les lignes droites sont de 3. Preterea. Omnes linee recte sunt
la même espèce. Mais le mathématicien consi- eiusdem speciei. Set mathematicus
dère les lignes droites en les nombrant, autre- considerat lineas rectas numerando
ment il ne considérerait pas le triangle et le car- eas, alias non consideraret triangu-
ré. Donc il considère les lignes selon qu'elles lum et quadratum. Ergo considerat
diffèrent par le nombre et conviennent par l'es- lineas secundum quod differunt nu-
pèce. Mais le principe de différence pour les mero et conueniunt specie. Set prin-
choses qui conviennent selon l'espèce, c'est la cipium differendi his que secundum
matière, comme il est patent par ce qui a été dit speciem conueniunt est mat eria, ut
ci-dessus". Donc la matière est considérée par le ex supra dictis patet. Ergo materia
mathématicien. consideratur a mathematico.
4. En outre. Nulle science qui abstrait com- 4. Preterea. Nulla scientia que pe-
plètement de la matière ne démontre par la cau- nitus abstrait a materia demonstrat
se matérielle. Mais en mathématique on fait per causam materialem. Set in ma-
certaines démonstrations qui ne peuvent se ra- thematica fiunt alique demonstratio-

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70 LA DIVISION DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE

mener qu'à la cause matérielle, comme lors- nes que non possunt reduci nisi ad
qu'on démontre quelque chose relatif à un tout causam materialem, sicut cum de-
par ses parties: en effet, les parties sont la ma- monstratur aliquid de toto ex parti-
tière du tout, comme il est dit dans le Ir <li- bus: partes enim sunt materia totius,
vre> des Physiques". D'où aussi, dans le Ir <li- ut dicitur in il Phisicorum. Vnde et,
vre des Analytiques> postérieurs', on ramène à in TI Posteriorum, reducitur ad cau-
une cause matérielle la démonstration par sam materialem demonstratio qua
laquelle on démontre que l'angle qui se trouve demonstratur quod angulus qui est
dans un demi-cercle est droit du fait que cha- in semicirculo est rectus ex hoc
cune de ses deux parties est la moitié d'un angle quod utraque pars eius est semirec-
droit". Donc la mathématique n'abstrait pas tus. Ergo mathematica non omnino
totalement de la matière. abstrait a materia.
5. En outre. Le mouvement ne peut être sans 5. Preterea. Motus non potest esse
la matière". Mais le mathématicien doit consi- sine materia. Set mathematicus de-
dérer le mouvement, parce que, comme le mou- bet considerare motum, quia, cum
vement est mesuré selon l'espace, c'est le pro- motus mensuretur secundum spa-
pre du même point de vue et de la même scien- tium, eiusdem rationis et scientie ui-
ce, semble-t-il, que de considérer la quantité de detur esse considerare quantitatem
l'espace, qui appartient au mathématicien, et la spatii, quod pertinet ad mathemati-
quantité du mouvement. Donc le mathémati- curn, et quantitatem motus. Ergo
cien ne laisse pas complètement de côté la con- mathematicus non omnino dimittit
sidération de la matière. considerationem materie.
6. En outre. L'astrologie est une certaine par- 6. Preterea. Astrologia quedam
tie de la mathématique, et, similairement, la pars mathematice est, et, similiter,
science de la sphère rnue'", et la science des scientia de spera mota, et scientia de
poids, et la musique", toutes <disciplines> dans ponderibus, et musica, in quibus
lesquelles on considère le mouvement et les omnibus fit consideratio de motu et
réalités mobiles. Donc la mathématique n'abs- rebus mobilibus. Ergo mathematica
trait pas totalement de la matière et du mouve- non abstrait totaliter a materia et
ment. motu.
7. En outre. La considération du naturaliste 7. Preterea. Naturalis consideratio
est entièrement tournée vers la matière et le tota est circa materiam et motum.
mouvement. Mais certaines conclusions sont Set quedam conclusiones demons-
démontrées en commun par le mathématicien et trantur communiter a mathematico
le naturaliste, comme: si la terre est ronde et si et naturali, ut : utrum terra sit rotun-
elle est au milieu du ciel. Donc il ne se peut pas da et utrum sit in medio celi. Ergo
que la mathématique abstraie complètement de non potest esse quod mathematica
la matière. - Si l'on dit qu'elle abstrait seule- omnino abstraat a materia. - Si di-
ment de la matière sensible, contre <cette affir- catur quod abstrait tantum a materia
mation> : la matière sensible semble être la ma- sensibili, contra: materia sensibilis
tière particulière - parce que les sens portent uidetur esse materia particularis -
sur les choses particulières -, de laquelle toutes quia sensus particularium est -, a
les sciences abstraient; donc la considération qua omnes scientie abstraunt ; ergo
mathématique ne doit pas être dite 'plus abs- mathematica consideratio non debet
traite' que celle des autres sciences. dici 'rnagis abstracta , quam aliqua
aliarum scientiarum.
8. En outre. Le Philosophe, dans le Ir <livre> 8. Preterea. Philosophus, in il Phi-
des Physiques", dit qu'il y a trois négoces sicorum, dicit tria esse negotia : pri-
<scientifiques> : le premier est relatif au mobi- mum est de mobili et corruptibili ;
le et corruptible; le second, au mobile et incor- secundum, de mobili et incorruptibi-
ruptible; le troisième, à l'immobile et incorrup- Ii ; tertium, de immobili et incorrup-
tible. Or, le premier est la <science> naturelle, tibili. Primum autem est naturale,
le troisième la <science> divine, le second la tertium diuinum, secundum mathe-
<science> mathématique, comme Ptolémée maticum, ut Ptolomeus exponit in
--Il TIlOMAS D'AQUIN, SUR BOÈCE DE LA "TR1NlTÉ",
Texte latin révisé et traduction
QUESTION 5, ARTICLE 3
française par C. Lafleur et J. Carrier
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l'expose au début de l'Almagestel3. Donc la ma- principio Almagesti. Ergo mathema-


thématique est relative aux mobiles. tica est de mobilibus.

Il Mais au contraire: Set contra:

J. TI Y a ce que le Philosophe dit dans le VIe J. Est quod Philosophus dicit in VI


Il <livre> de la Métaphysique":
II.En outre. TIy a certaines réalités qui, bien
Metaphisice.
II. Preterea. Quedam res sunt que,
qu'elles soient dans la matière, ne reçoivent ce- quamuis sint in materi a, tamen non
Il pendant pas la matière dans leur définition,
comme le courbe, et en cela il diffère du camus.
recipiunt in sui diffinitione mate-
riam, ut curuum, et in hoc differt a
Mais la philosophie doit considérer tous les simo. Set philosophia debet de om-
étants. Donc, relativement aux choses de cette nibus entibus considerare. Ergo
Il sorte il doit y avoir une partie de la philosophie, oportet de huiusmodi esse aliquam
et c'est la mathématique, puisque <cette tâche> partem philosophie, et hec est ma-
n'appartient à aucune autre <partie de la phi- thematica, cum ad nullam aliam per-
Il losophie>.
ID. En outre. Les choses qui sont antérieures
tineat.
ID. Preterea. Ea que sunt priora
selon l'intellect peuvent être considérées sans secundum intellectum possunt sine
les choses <qui sont> postérieures. Mais les posterioribus considerari. Set ma-
choses mathématiques sont antérieures aux thematica sunt priora naturalibus,
choses naturelles, lesquelles sont dans la ma- que sunt in materia et motu : habent
tière et le mouvement: <ces dernières>, en ef- enim se ex additione ad mathemati-
fet, résultent d'une addition par rapport aux ca, ut dicitur in ru Celi et mundi.
choses mathématiques, comme il est dit dans le Ergo mathematica consideratio po-
ur <livre> Du ciel et du monde": Donc la con- test esse sine materia et motu.
Il sidération mathématique peut être sans la ma-
tière et le mouvement.

Réponse: Responsio:
Il
§ 1. TIfaut dire que, pour l'éclaircissement de § 1. Dicendum quod, ad euiden-
cette question", il importe de voir de quelle fa- tiam huius questionis, oportet <uide-
Il çon l'intellect, selon son opération, peut abstrai-
re".
re> qua<liter> intellectus, secundum
suam operationem, abstraere possit.
§ 2. TI faut donc savoir que, selon le Philoso- § 2. Sciendum est igitur quod, se-
phe dans le rIT' <livre> De l'âme", il y a une cundum Philosophum in ru De ani-
Il double opération de l'intellect: une qui est dite ma, duplex est operatio intellectus :
'intelligence des indivisibles', par laquelle una que dicitur 'intelligentia indiui-
<l'intellect> connaît de chaque chose ce qu'elle sibilium', qua cognoscit de unoquo-
Il est; et une autre par laquelle il compose et di-
vise, à savoir en formant une énonciation affir-
que quid est; alia uero qua compo-
nit et diuidit, scilicet enuntiationem
mative ou négative. Et, certes, ces deux opéra- affirmatiuam uel negatiuam forman-
Il tions répondent à deux <points> qui sont dans
les réalités. La première opération, certes, re-
do. Et hee quidem due operationes
duobus que sunt in rebus respon-
garde la nature même de la réalité, selon dent. Prima quidem operatio respicit
laquelle <nature> la réalité intelligée obtient un ipsam naturam rei, secundum quam
1 certain degré dans les étants: que la réalité soit
complète, comme un tout, ou que la réalité soit
res intellecta aliquem gradum in en-
tibus obtinet, siue sit res completa,
incomplète, comme une partie ou un accident. ut totum aliquod, siue res incornple-
1 La seconde opération, quant à elle, regarde
l'être même de la réalité, lequel, certes, résulte
ta, ut pars uel accidens. Secunda ue-
ro operatio respicit ipsum esse rei,
de la congrégation des principes de la réalité quod quidem resultat ex congrega-

1
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72 LA DIVlSION DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE

dans les composés ou accompagne la nature tione principiorum rei in compositis,


simple de la réalité, comme dans les substances uel ipsam simplicem naturam rei
simples. concomitatur, ut in substantiis sim-
plicibus.
§ 3. Et, puisque la vérité de l'intellect réside § 3. Et, quia ueritas intellectus est
en ce qu'il se conforme à la réalité, il est patent ex hoc quod conformatur <rei>, pa-
que, selon cette seconde opération, l'intellect ne tet quod, secundum hanc secundam
peut vraiment abstraire ce qui, selon la réalité, operationem, intellectus non potest
est conjoint, parce qu'en abstrayant il signifie- uere abstraere quod, secundum rem,
rait qu'il y a séparation selon l'être même de la coniunctum est, quia in abstraendo
réalité, comme si j'abstrais l'homme de la blan- significaretur esse separatio secun-
cheur en disant: 'l'homme n'est pas blanc', je dum ipsum esse rei, sicut si abstrao
signifie qu'il y a séparation dans la réalité. D'où hominem ab albedine dicendo : 'ho-
si, selon la réalité, l'homme et la blancheur ne mo non est albus', significo esse se-
sont pas séparés, l'intellect sera faux. Donc, par parationem in re. Vnde si, secundum
cette opération, l'intellect vraiment ne peut pas rem, homo et albedo non sint sepa-
abstraire sinon les choses qui sont, selon la réa- rata, erit intellectus falsus. Hac ergo
lité, séparées, comme lorsqu'on dit: 'l'homme operatione, intellectus uere abstraere
n'est pas un âne'. non potest nisi ea que sunt, secun-
dum rem, separata, ut cum dicitur :
'homo non est asinus'.
§ 4. Mais, selon la première opération, <l'in- § 4. Set, secundum primam opera-
tellect> peut abstraire ce qui, selon la réalité, tionem, potest abstraere ea que, se-
n'est pas séparé, non pas tout pourtant, mais cundum rem, separata non sunt, non
certaines choses. Puisque chaque réalité, en ef- tamen omnia, set aliqua. Cum enim
fet, est intelligible selon qu'elle est en acte, unaqueque res sit intelligibilis se-
comme il est dit dans le rx' <livre> de laMéta- cundum quod est in actu, ut dicitur
physique", il importe que la nature même ou la in IX Metaphisice, oportet quod ipsa
quiddité de la réalité soit intelligée: ou selon natura siue quiditas rei intelligatur :
qu'elle est un certain acte (comme il arrive rela- uel secundum quod est actus quidam
tivement aux formes elles-mêmes et aux sub- (sicut accidit de ipsis formis et sub-
stances simples), ou selon ce qui est son acte stantiis simplicibus), uel secundum
(comme les substances composées par leurs id quod est actus eius (sicut substan-
formes), ou selon ce qui lui tient lieu d'acte tie composite per suas formas), uel
(comme la matière première par relation à la secundum id quod est ei loco actus
forme et le vide par privation d'un <corps> lo- (sicut materia prima per habitudi-
calisé). Et c'est ce à partir de quoi chaque natu- nem ad fonnam et uacuum per pri-
re obtient sa 'raison'. uationem locati). Et hoc est illud ex
quo unaqueque natura suam ratio-
nem sortitur.
§ 5. Quand donc selon ce par quoi est consti- § 5. Quando ergo secundum hoc
tuée la 'raison' d'une nature et par quoi la natu- per quod constituitur ratio nature et
re elle-même est intelligée, la nature elle-même per quod ipsa natura intelligitur, na-
a un ordre et une dépendance par rapport à tura ipsa habet ordinem et depen-
quelque autre chose, alors on constate que cette dentiam ad aliquid aliud, tunc con-
nature ne peut être intelligée sans cette autre stat quod natura illa sine illo alio in-
chose: qu'elles soient conjointes par cette con- telligi non potest : siue sint coniunc-
jonction par laquelle la partie est conjointe au ta coniunctione illa qua pars coniun-
tout (comme le pied ne peut être intelligé sans gitur toti (sicut pes non potest intel-
l'intellection' de l'animal, parce que ce par quoi ligi sine intellectu animalis, quia il-
le pied possède la 'raison' du pied dépend de ce lud a quo pes habet rationem pedis
par quoi l'animal est l'animal); ou qu'elles dependet ab eo a quo animal est ani-
soient conjointes par le mode par lequel la mal); siue sint coniuncta per mo-
forme est conjointe à la matière, comme la par- dum quo forma coniungitur materie,
THOMAS D'AQUIN, SUR BOÈCE DE lA "TRINITÉ", QUESTION 5, ARTICLE 3 73
Texte latin révisé et traduction française par C Lafleur et J. Carrier

Il tie à une autre partie ou l'accident au sujet ut pars comparti uel accidens sub-
(comme le camus ne peut être intelIigé sans le iecto (sicut simum non potest intelli-
nez); ou bien encore qu'elles soient, selon la gi sine naso}; siue etiam sint, se-
Il réalité, séparées (comme le père ne peut être in- cundum rem, separata (sicut pater
telligé sans l'intellection du fils, quoique ces re- non potest intelligi sine intellectu fi-
lations se rencontrent dans des réalités différen- Iii, quamuis iste relationes inuenian-
Il tes).
§ 6. Mais si une chose ne dépend pas de l'au-
tur in diuersis rebus).
§ 6. Si uero unum ab altero non
tre selon ce qui constitue la <raison' de sa na- dependeat secundum id quod consti-
Il ture, alors l'une peut être abstraite de l'autre par
l'intellect, de manière à être intelligée sans elle,
tuit rationem nature, tunc unum po-
test ab altero abstrai per intellectum,
non seulement si elles sont séparées selon la ut sine eo intelligatur, non solum si
réalité (comme l'homme et la pierre), mais aus- sint separata secundum rem (sicut
Il si si, selon la réalité, elles sont conjointes, soit homo et lapis), set etiam si, secun-
par cette conjonction par laquelle la partie et le dum rem, coniuncta sint, siue ea
tout sont conjoints (comme la lettre peut être coniunctione qua pars et totum con-
Il intelligée sans la syllabe, mais non l'inverse, et
l'animal sans le pied, mais non l'inverse), soit
iunguntur (sicut littera potest intelli-
gi sine sillaba, set non e conuerso, et
aussi qu'elles soient conjointes par le mode par animal sine pede, set non e conuer-
lequel la forme est conjointe à la matière et l'ac- so), siue etiam sint coniuncta per
Il cident au sujet (comme la blancheur peut être modum quo forma coniungitur ma-
intelligée sans l'homme, et inversement). terie et accidens subiecto (sicut al-
bedo potest intelligi sine homine, et
Il § 7. Ainsi donc l'intellect distingue une chose
e conuerso).
§ 7. Sic ergo intellectus distinguit
d'une autre de différentes manières selon ses unum ab altero aliter et aliter secun-
Il diverses opérations: parce que, selon l'opéra-
tion par laquelle il compose et divise, il distin-
dum diuersas operationes : quia, se-
cundum operationem qua componit
gue une chose d'une autre par cela qu'il intellige et diuidit, distinguit unum ab alio
qu'une chose n'est pas dans une autre; tandis per hoc quod intelligit unum alii non
Il que, dans l'opération par laquelle il intellige ce inesse ; in operatione uero qua intel-
qu'est chaque chose, il distingue une chose ligit quid est unumquodque, distin-
d'une autre pendant qu'il intellige ce qu'est cette guit unum ab alio dum intelligit
Il chose sans rien intelliger de l'autre, ni qu'elle
est avec celle-ci, ni qu'elle en est séparée. D'où
quid est hoc nichil intelIigendo de
alio, neque quod sit cum eo, neque
cette distinction n'a pas proprement le nom de quod sit ab eo separatum. Vnde ista
<séparation', mais seulement la première. Or, distinctio non proprie habet nomen
Il cette distinction est dite correctement 'separationis', set prima tantum.
<abstraction', mais alors seulement quand les Hec autem distinctio recte dicitur
choses dont l'une est intelligée sans l'autre sont 'abstractio', set tunc tantum quando
III ensemble selon la réalité. L'animal, en effet,
n'est pas dit être abstrait de la pierre si l'animal
ea quorum unum sine altero intelli-
gitur sunt simul secundum rem. Non
est intelligé sans l'intellection de la pierre. enim dicitur animal a lapide abstrai
III si animal absque intellectu lapidis
intelligatur.
§ 8. D'où, comme l'abstraction ne peut être à § 8. Vnde, cum abstractio non
Ii proprement parIer que par rapport aux choses
conjointes dans l'être, selon les deux modes de
possit esse proprie loquendo nisi
coniunctorum in esse, secundum
conjonction susmentionnés, à savoir <celui> duos modos coniunctionis predictos,
par lequel la partie et le tout sont unis ou <celui scilicet quo pars et totum uniuntur,
Ii par lequel> la forme et la matière <sont unies>,
il y a une double abstraction: une par laquelle
uel forma et materia, duplex est abs-
tractio : una qua forma abstraitur a

-
la forme est abstraite de la matière, l'autre par materia, alia qua totum abstraitur a

iii
74 LA DTVlSION DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE

laquelle le tout est abstrait de ses parties". partibus.


§ 9. Or, on peut abstraire d'une certaine ma- § 9. Forma autem illa potest a ma-
tière la forme dont la 'raison' de l'essence ne teria aliqua abstrai cuius ratio essen-
dépend pas d'une telle matière, mais on ne peut tie non dependet a tali materia, ab
pas abstraire par l'intellect une forme d'une ma- illa autem materia non potest forma
tière dont elle dépend selon la 'raison' de son abstrai per intellectum a qua secun-
essence. D'où, puisque tous les accidents se dum sue essentie rationem dependet.
rapportent à la substance sujette comme la for- Vnde, cum omnia accidentia eom-
me à la matière et <puisque> la 'raison' de parentur ad substantiam subiectam
n'importe quel accident dépend de la substance, sieut forma ad materiam et cuius-
il est impossible de séparer une telle forme de libet accidentis ratio dependeat ad
la substance. Mais les accidents surviennent à substantiam, impossibile est ali-
la substance dans un certain ordre: de fait, il lui quam talem formam a substantia se-
advient d'abord la quantité, ensuite la qualité, parari. Set aecidentia superueniunt
ensuite les 'passions' et les mouvements. D'où substantie quodam ordine : nam pri-
la quantité peut être intelligée dans la matière mo aduenit ei quantitas, deinde qua-
sujette avant que ne soient intelligées en elle les litas, deinde passiones et motus. Vn-
qualités sensibles, à cause desquelles la matière de quantitas potest intelligi in mate-
est dite sensible. Et ainsi, selon la 'raison' de sa ria subiecta antequarn intelligantur
substance, la quantité ne dépend pas de la ma- in ea qualitates sensibiles, a quibus
tière sensible, mais seulement de la matière in- dicitur materia sensibilis. Et sic, se-
telligible". Une fois les accidents écartés, en ef- cundum rationem sue substantie,
fet, la substance ne demeure compréhensible non dependet quantitas a materia
que par l'intellect, parce que les puissances sen- sensibili, set solum a materia intelli-
sitives ne s'étendent pas jusqu'à la compréhen- gibili. Substantia enim, remotis ac-
sion de la substance. Et relativement aux cidentibus, non manet nisi intellectu
choses abstraites de cette sorte est la mathéma- cornpreensibilis, eo quod sensitiue
tique, qui considère les quantités et ce qui dé- potentie non pertingunt usque ad
coule des quantités, comme les figures et les substantie compreensionem. Et de
choses de cette sorte. huiusmodi abstractis est mathemati-
ca, que considerat quantitates et ea
que quantitates consequntur, ut figu-
ras et huiusmodi.
§ 10. Le tout non plus ne peut être abstrait de § 10. Totum etiam non a quibusli-
n'importe quelles parties. Il y a, en efTet, certai- bet partibus abstrai potest. Sunt
nes parties dont dépend la 'raison' du tout, à sa- enim quedam partes ex quibus ratio
voir quand c'est l'être d'un tel tout qui est com- totius dependet, quando scilicet hoc
posé de telles parties, comme se trouve la sylla- est esse tali toti quod ex talibus par-
be par rapport aux lettres et le mixte par rapport tibus componi, sicut se habet sillaba
aux éléments; et de telles parties sont dites ad litteras et mixtum ad elementa;
'parties de l'espèce et de la forme', sans les- et tales partes dicuntur 'partes spe-
quelles le tout ne peut être inteUigé, puisqu'el- ciei et forme', sine quibus totum in-
les sont posées dans sa définition. Tandis qu'il telligi non potest, curn ponantur in
y a certaines parties qui sont accidentelles pour eius diffinitione. Quedam uero par-
le tout en tant que tel, comme le demi-cercle se tes sunt que accidunt toti in quan-
trouve par rapport au cercle. Il est, en efTet, tum huiusmodi, sicut semicirculus
accidentel pour le cercle qu'on en tire par se habet ad circulum. Accidit enim
division deux parties égales ou inégales, ou mê- circulo quod sumantur per diuisio-
me plusieurs; mais il n'est pas accidentel pour nem due eius partes equales uel ine-
le triangle qu'en lui soient tracées trois lignes, quaIes, uel etiam plures ; non autem
parce qu'à partir de cela un triangle est un aceidit triangulo quod in eo desi-
triangle. Similairement aussi, par soi, il coïnci- gnentur tres linee, quia ex hoc trian-
de avec l'homme qu'on retrouve en lui une âme gulus est triangulus. Similiter etiam,
rationnelle et un corps composé de quatre élé- per se, competit homini quod inue-

--------------------_._ ..._ .... _--.-~.


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..

1
THOMAS D'AQUIN, SUR BOÈCE DE LA "1RINJTÉ". QUESTION 5, ARTICLE 3 75
Texte latin révisé et traduction française par C. Lafleur et 1. Carrier

1 ments: d'où l'on ne peut intelliger l'homme niatur in eo anima rationalis et cor-
sans ces parties, mais elles doivent être posées pus compositum ex quatuor elemen-
dans sa définition; d'où elles sont parties de tis: unde, sine his partibus, homo
1 l'espèce et de la forme. Mais le doigt, le pied, et intelligi non potest, set hec oportet
la main, et les autres parties de cette sorte vien- poni in diffinitione eius ; unde sunt
nent après l'intellection de l'homme, d'où la partes speciei et forme. Set digitus,
1 'raison' essentielle de l'homme n'en dépend pes, et manus, et alie huiusmodi par-
pas; et c'est pourquoi on peut l'intelliger sans tes sunt post intellectum horninis,
ces <parties>. Qu'il ait en effet des pieds ou unde ex eis ratio essentialis hominis
Il non, il sera un homme, pourvu qu'il soit consti-
tué d'une âme rationnelle et d'un corps composé
non dependet ; et ideo sine his intel-
ligi potest. Siue enim habeat pedes
d'éléments par la mixtion propre que requiert siue non, dummodo ponatur con-
une telle forme. Et ces parties sont dites 'parties iunctum ex anima rationali et corpo-
Il de la matière', lesquelles ne sont pas posées re mixto ex elementis propria mix-
dans la définition du tout, mais c'est plutôt l'in- tione quam requirit talis forma, erit
verse. Et c'est ainsi que se trouvent par rapport homo. Et hee partes dicuntur 'partes
1 à l'homme toutes les parties désignées, comme
cette âme, et ce corps, et cet ongle, et cet os, et
materie', que non ponuntur in diffi-
nitione totius, set magis e conuerso.
les choses de cette sorte. En effet, ces parties Et hoc modo se habent ad hominem
1 sont certes des parties de l'essence de Socrate'
et de Platon, mais non pas de l'homme en tant
ornnes partes signate, sicut hec ani-
ma, et hoc corpus, et hic unguis, et
qu'homme; et c'est pourquoi on peut, par l'in- hoc os, et huiusmodi. Hee enim par-
tellect, abstraire l'homme de ces parties. Et une tes sunt quidem partes essentie Sor-
1 telle abstraction est <abstraction> de l'universel tis et Platonis, non autem hominis in
à partir du particulier. quantum homo; et ideo potest homo
abstrai per intellectum ab istis parti-
1 bus. Et talis abstractio est uniuersa-
lis a particulari.
§ 11. Et ainsi il y a deux abstractions de l'in- § 11. Et ita sunt due abstractiones
tellect : une qui répond à l'union de la forme et intellectus : una que respondet unio-
1 de la matière ou de l'accident et du sujet, et cel- ni forme et materie uel accidentis et
le-ci est abstraction de la forme à partir de la subiecti, et hec est abstractio forme
matière sensible; l'autre qui répond à l'union du a materia sensibili ; alia que respon-
1 tout et de la partie, et à celle-ci répond l'abs-
traction de l'universel à partir du particulier,
det unioni totius et partis, et huic
respondet abstractio uniuersalis a
c'est l'abstraction du tout, dans laquelle22 on particulari, que est abstractio totius,
1 considère absolument une nature selon sa 'rai-
son' essentielle, indépendamment de toutes les
in qua consideratur absolute natura
aliqua secundum suam rationem es-
parties qui ne sont pas parties de l'espèce, mais sentialem, ab omnibus partibus que
sont des parties accidentelles. Or, on ne trouve non sunt partes speciei, set sunt par-
1 pas d'abstractions qui leur soient opposées <et>
par lesquelles la partie serait abstraite du tout
tes accidentales. Non autem inue-
niuntur abstractiones eis opposite,
ou la matière de la forme: parce que la partie quibus pars abstraatur a toto uel ma-
1 ou bien ne peut être abstraite du tout par l'intel-
lect, si c'est relativement aux parties de la ma-
teria a forma: quia pars uel non po-
test abstrai a toto per intellectum, si
tière dans la définition desquelles le tout est po- sit de partibus materie in quarum
sé ; ou bien encore elle peut être sans le tout, si diffinitione ponitur totum; uel po-
c'est relativement aux parties de l'espèce, com- test etiam sine toto esse, si sit de
me la ligne sans le triangle, ou la lettre sans la partibus speciei, sieut linea sine
syllabe, ou l'élément sans le mixte. Quant aux triangulo, uel littera sine sillaba, uel
Il choses qui, selon l'être, peuvent être divisées,
c'est plutôt la séparation que l'abstraction qui a
elementum sine mixto. ln his autem
que, seeundum esse, possunt esse
lieu. Mais, similairement, lorsque nous disons diuisa, magis habet locum separatio
Il
Il
76 LA DIVlSION DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE

que la forme est abstraite de la matière, on ne quam abstractio. Similiter autem


l'intellige pas de la forme substantielle, parce cum dicimus formam abstrai a mate-
que la forme substantielle et la matière lui cor- ria, non inteIligitur de forma sub-
respondant dépendent l'une de l'autre, de telle stantiali, quia forma substantialis et
sorte que l'une ne peut être intelligée sans l'au- materia sibi correspondens depen-
tre, étant donné qu'un acte propre se produit dent ad inuicem, ut unum sine alio
dans <sa> matière propre". Mais on l'intellige non possit intelligi, eo quod pro-
de la forme accidentelle, qui est la quantité (et prius actus in propria materia fit. Set
la figure), de laquelle, certes, la matière sensi- intelligitur de forma accidentali, que
ble ne peut être abstraite par l'intellect, puisque est quantitas (et figura), a qua, qui-
les qualités sensibles ne peuvent être intelligées dem, materia sensibilis per intellec-
sans avoir préalablement inteIligé la quantité, tum abstrai non potest, cum qualita-
comme il est patent dans la surface et la cou- tes sensibiles non possint intelligi
leur, et l'on ne peut pas non plus intelliger qu'il non preintellecta quantitate, sicut
y ait un sujet du mouvement qui ne soit pas in- patet in superficie et colore, nec
telligé comme ayant une quantité. Or, la sub- etiam potest inteUigi esse subiectum
stance, qui est la matière intelligible de la quan- motus quod non intelligitur quan-
tité, peut être sans la quantité ~ d'où considérer tum. Substantia autem, que est ma-
la substance sans la quantité appartient plutôt teria inteJligibilis quantitatis, potest
au genre de la séparation que de l'abstraction. esse sine quantitate; unde conside-
rare substantiam sine quantitate ma-
gis pertinet ad genus separationis
quam abstractionis.
§ 12. Ainsi donc dans l'opération de l'intellect § 12. Sic ergo in operatione intel-
se trouve une triple distinction. L'une selon lectus triplex distinctio inuenitur.
l'opération de l'intellect composant et divisant, Vna secundum operationem intel-
laquelle est dite proprement 'séparation'; et Iectus componentis et diuidentis,
celle-ci correspond à la science divine ou méta- que 'separatio' dicitur proprie ; et
physique. L'autre selon l'opération par laquelle hec corn petit scientie diuine siue
les quiddités des réalités sont formées, laquelle metaphisice. Alia secundum opera-
<opération> est l'abstraction de la forme à par- tionem qua formantur quiditates re-
tir de la matière sensible; et celle-ci correspond rum, que est abstractio forme a ma-
à la mathématique. La troisième selon la même teria sensibili ; et hec competit ma-
opération <qui est l'abstraction> de l'universel à thematice. Tertia secundum eandem
partir du particulier; et celle-ci correspond aus- operationem, uniuersalis a particula-
si à la physique" et est commune à toutes les ri ; et hec competit etiam phisice et
sciences, parce que dans toute science est mis est communis omnibus scientiis,
de côté ce qui est par accident et est retenu ce quia in omni scientia pretermittitur
qui est par soi. Et parce que certains n'ont pas quod per accidens est et accipitur
compris la différence entre les deux dernières quod per se est. Et quia quidam non
<distinctions> et la première, ils sont tombés intellexerunt differentiam duarum
dans l'erreur en posant les choses mathémati- ultimarum a prima, inciderunt in er-
ques et les universaux séparés des sensibles, rorem ut ponerent mathematica et
comme Pythagore" et les Platoniciens". uniuersalia a sensibilibus separata,
ut Pittagoras et Platonici.

<Solutions des objections :> <Solutiones obiectionum :>

1*. Au premier <point>, donc, il faut dire que 1 *. Ad primum ergo dicendum
le mathématicien, lorsqu'il abstrait, ne considè- quod mathematicus, abstraens, non
re pas la réalité autrement qu'elle n'est. En effet, considerat rem aliter quam sit. Non
il n'intellige pas que la ligne est sans la matière enim intelligit lineam esse sine ma-
sensible, mais il considère la ligne et ses 'pas- teria sensibili, set considerat lineam
sions' sans considérer la matière sensible. Et et eius passiones sine consideratione
-
III
TIlOMAS D'AQUIN, SUR BOÈCE DE LA "1RINlTÉ", QUESTION 5, ARTICLE 3 77
Texte latin révisé et traduction française par C. Lafleur et J. Carrier
lill
il
ainsi il n'y a pas de dissonance entre l'intellect materie sensibilis. Et sic non est dis-
et la réalité, parce que même selon la réalité ce sonantia inter intellectum et rem,
III qui est relatif à la nature de la ligne ne dépend
pas de ce qui fait que la matière est sensible,
quia etiam secundum rem id quod
est de natura linee non dependet ab
mais c'est plutôt l'inverse. Et ainsi il est patent eo quod facit materiam esse sensi bi-
qu'« il n'y a pas de fausseté chez ceux qui abs- lem, set magis e conuerso. Et sic pa-
III traient », comme il est dit dans le ne <livre> de tet quod «abstraentium non est
la Physique". mendacium », ut dicitur in Il Phisi-
corum.
Il 2*. Au second <point> il faut dire qu'est ap-
pelé 'matériel' non seulement ce dont une par-
2 *, Ad secundum dicendum quod
'rnateriale' dicitur non solum id
tie est la matière, mais aussi ce qui se trouve cuius pars est materia, set etiam il-
être dans la matière. Selon ce mode la ligne lud quod in materia esse habet. Se-
Il sensible peut être appelée 'quelque chose de cundum quem modum linea sensibi-
matériel', d'où cela n'empêche pas que la ligne lis 'materiale quoddam' dici potest,
puisse être intelligée sans la matière: en effet, unde per hoc non prohibetur quin li-
III la matière sensible ne se rapporte pas à la ligne
comme une partie, mais plutôt comme le sujet
nea sine materia intelligi possit:
non enim materia sensibilis compa-
- dans lequel elle se trouve être; et il en va de ratur ad lineam sicut pars, set magis
même de la surface et du corps. En effet, le ma-
Il thématicien ne considère pas le corps qui est
sicut subiectum in quo esse habet ;
et similiter est de superficie et cor-
dans le genre de la substance, dans la mesure pore. Non enim mathematicus con-
où sa partie est matière et forme, mais selon siderat corpus quod est in genere
Il qu'il est, dans le genre de la quantité, parfait par
trois dimensions, et ainsi il se rapporte au corps
substantie, prout eius pars est mate-
ria et forma, set secundum quod est,

• qui est dans le genre de la substance - dont une


partie est la matière physique - comme l'acci-
dent au sujet.
in genere quantitatis, tribus dimen-
sionibus perfectum, et sic compara-
tur ad corpus quod est in genere


substantie - cuius pars est materia
phi sica - sicut accidens ad subiec-
tum.
3*. Au troisième <point> il faut dire que la 3*, Ad tertium dicendum quod
matière n'est pas un principe de diversité selon materia non est principium diuersi-
Il le nombre, si ce n'est selon que, divisée en plu-
sieurs parties <et> recevant dans chaque partie
tatis secundum numerum, nisi se-
cundum quod, in muItas partes diui-
une forme de même 'raison', elle constitue plu- sa in singulis partibus formam reci-
sieurs individus de la même espèce. Mais la piens eiusdem rationis, pIura indiui-
Il matière ne peut être divisée que d'après une dua eiusdem speciei constituit. Ma-
quantité préalablement supposée, laquelle étant teria autem diuidi non potest nisi
- écartée, toute substance demeure indivisible". presupposita quantitate, qua remota,
Il Et ainsi la première 'raison' de la diversifi-
cation des choses qui sont d'une seule espèce
omnis substantia indiuisibilis rema-
net. Et sic prima ratio diuersificandi
réside dans la quantité. Cela certes correspond ea que sunt unius speciei est penes
Il à la quantité en tant que - comme une sorte de
différence constitutive - elle possède dans sa
quantitatem. Quod quidem quantita-
ti competit in quantum in sui ratione
-
'raison' la position, qui n'est rien d'autre que situm quasi differentiam constituti-
l'ordre des parties". D'où aussi une fois que la uam habet, qui nichil est aliud quam
quantité a été abstraite de la matière sensible ordo partium. Vnde etiam abstracta
~ par l'intellect, il est encore possible d'imaginer quantitate a materia sensibili per in-

• des choses diverses selon le nombre <qui sont>


d'une seule espèce, comme plusieurs triangles
équilatéraux et plusieurs lignes droites égales.
tellectum, adhuc contingit yrnagina-
ri diuersa secundum numerum unius
speciei, sicut plures triangulos equi-


lateros et plures lineas rectas equa-


,
78 LA DJV1SI0N DE LA SCIENCE SPÉCULA DYE

les.
4*. Au quatrième <point> il faut dire que les 4*. Ad quartum dicendum quod
choses mathématiques ne sont pas abstraites de mathematica non abstrauntur a qua-
n'importe quelle matière, mais seulement de la libet materia, set solum a materia
matière sensible". Or, les parties de la quantité, sensibili. Partes autem quantitatis, a
d'où semble être tirée une démonstration tirée quibus demonstratio sumpta quo-
en quelque manière de la cause matérielle, ne dammodo a causa materiali uidetur
sont pas la matière sensible, mais elles appar- sumi, non sunt materia sensibilis, set
tiennent à la matière intelligible, qui se trouve pertinent ad materiam intelligibilem,
aussi dans les choses mathématiques, comme il que etiam in mathematicis inuenitur,
est patent dans le VIf <livre> de la Métaphysi- ut patet in vn Metaphisice.
que?'].
5*. Au cinquième <point> il faut dire que le 5*. Ad quintum dicendum quod
mouvement selon sa nature n'appartient pas au motus secundum naturam suam non
genre de la quantité, mais participe <en> quel- pertinet ad genus quantitatis, set
que chose de la nature de la quantité d'un autre participat aliquid de natura quantita-
point de vue, selon que la division du mouve- tis aliunde, secundum quod diuisio
ment se tire ou d'après la division de l'espace motus sumitur uel ex diuisione spa-
ou d'après la division du mobile. Et c'est pour- tii uel ex diuisione mobilis. Et ideo
quoi il n'appartient pas au mathématicien de considerare motus non pertinet ad
considérer les mouvements, mais néanmoins mathematicum, set tamen principia
les principes mathématiques peuvent être appli- mathematica ad motum applicari
qués au mouvement. Et c'est pourquoi en raison possunt. Et ideo secundum hoc quod
de ce que les principes de la quantité s'appli- principia quantitatis ad motum ap-
quent au mouvement, le naturaliste considère la plicantur, naturalis considerat de di-
division et la continuité du mouvement, comme uisione et cominuitate motus, ut pa-
il est patent dans le VIe <livre> des Physiques". tet in VI Phisicorum. Et in scientiis
Et dans les sciences intermédiaires entre la mediis inter mathematicam et natu-
<science> mathématique et la <science> natu- ralern, tractatur de mensuris mo-
relle", on traite des mesures des mouvements, tuurn, sicut in scientia de spera mota
comme dans la science de la sphère mue et et in astrologia.
dans l'astrologie.
6*. Au sixième <point> il faut dire que, dans 6*. Ad sextum dicendum quod, in
les <corps> composés, les <corps> simples et compositis, simplicia saluantur et
leurs propriétés sont conservés, quoique par un proprietates eorurn, licet per alium
mode différent, comme les qualités propres des modurn, sicut proprie qualitates ele-
éléments et leurs mouvements propres se trou- mentorum et motus ipsorum proprii
vent dans le <corps> mixte; mais ce qui est inueniuntur in mixto ; quod autem
propre aux <corps> composés ne se trouve pas est compositorum proprium non in-
dans les <corps> simples. Et de là vient que uenitur in sirnplicibus. Et inde est
plus une science est abstraite et plus sont sim- quod quanto aliqua scientia est abs-
ples les choses qu'elle considère, plus ses prin- tractior et simpliciora considerans,
cipes sont davantage applicables aux autres tante eius principia sunt magis ap-
sciences. D'où les principes de la mathématique plicabilia aliis scientiis. Vnde prin-
sont applicables aux réalités naturelles, mais cipia mathematice <su nt> applicabi-
non l'inverse, parce que la physique présuppose lia naturalibus rebus, non autem e
la mathématique, mais non l'inverse, comme il conuerso, propter quod phisica est
est patent dans le IIr <livre> Du ciel et du ex suppositione mathematice, set
monde", Et de là vient que relativement aux non e conuerso, ut patet in fi Celi et
réalités naturelles et mathématiques, on trouve mundi. Et inde est quod de rebus na-
trois ordres de sciences". Certaines, en effet, turalibus et mathematicis, tres ordi-
sont purement naturelles, lesquelles considèrent nes scientiarum inueniuntur. Que-
les propriétés des réalités naturelles en tant que dam enim sunt pure naturales, que
telles, comme la physique, et l'agriculture, et considerant proprietates rerum natu-
1-


Il
-
TI/OMAS D'AQUIN, SUR BOÈCE DE U "1RIN1TÉ",

<les sciences> de cette sorte. Certaines, quant à


QUESTION 5, ARTICLE 3
Texte latin révisé et traduction française par C. Lafleur et J. Carrier

ralium in quantum huiusmodi, sicut


79

elles, sont purement mathématiques, lesquelles phi sica, et agricultura, et huiusmodi.


- déterminent des quantités absolument, comme Quedam uero sunt pure mathemati-
1 la géométrie <détermine> de la grandeur et ce, que determinant de quantitatibus
l'arithmétique du nombre. Certaines, quant à absolute, sicut geometria de magni-
elles, sont intermédiaires, lesquelles appliquent tudine, et arismetica de numero.
1 les principes mathématiques aux réalités natu-
relles, comme la musique, l'astrologie et <les
Quedam uero sunt medie, que prin-
cipia mathematica ad res naturales
- sciences> de cette sorte. Ces dernières ont ce- applicant, ut rnusica, astrologia <et>
1 pendant plus d'affinité avec les <sciences> ma-
thématiques, parce que dans leur considération
huiusmodi. Que tamen magis sunt
affines mathematicis, quia in earum
ce qui est physique est pour ainsi dire matériel, consideratione id quod est phisicum
tandis que ce qui est mathématique est pour est quasi materiale, quod autem est
1 ainsi dire formel: par exemple, la musique con-
sidère les sons non pas en tant qu'ils sont des
mathematicum est quasi formale:
sicut musica considerat sonos non in
sons, mais en tant qu'ils sont selon des propor- quantum sunt soni, set in quantum
1 tions numériques; et il en va semblablement
dans les autres <sciences de cette sorte>. Et à
sunt secundum numeros proportio-
nabiles; et similiter est in aliis. Et
-- cause de cela elles démontrent leurs conclu- propter hoc demonstrant conclusio-
sions par rapport aux réalités naturelles, mais nes suas circa res naturales, set per
1 par des moyens mathématiques. Et c'est pour- media mathematica. Et ideo niehil
quoi rien n'empêche, si en tant qu'elles commu- prohibet, si in quantum eum naturali
niquent avec la <science> naturelle, elles s'oc- communicant, materiam sensibilem
1 cupent de la matière sensible: effectivement,
en tant qu'elles communiquent avec la mathé-
respiciunt: in quantum enim eum
mathematica communicant, abstrac-
matique, elles sont abstraites. te sunt.
7*. Ad septimum dicendum quod,
1 7*. Au septième <point> il faut dire que, par-
ce que les sciences intermédiaires, dont il a été quia scientie medie, de quibus die-
question, communiquent avec la <science> na- tum est, communicant cum naturali
- turelle selon ce qui en leur considération est secundum id quod in earum con si-
1 matériel, mais en diffèrent selon ce qui en leur
considération est formel, c'est pourquoi rien
deratione est materiale, differunt au-
tem secundum id quod in earum
- n'empêche que ces sciences aient parfois les consideratione est formale, ideo ni-
1 mêmes conclusions que la <science> naturelle.
Elles ne démontrent pas cependant par les mê-
chil prohibet has scientias cum natu-
rali habere interdum easdem conclu-
mes <moyens>, si ce n'est selon que les scien- sion es. Non tamen per eadem de-
ces sont entremêlées et que l'une utilise parfois rnonstrant, nisi secundum quod
1 ce qui appartient à l'autre, comme le naturaliste scientie sunt immixte et una inter-
prouve la rotondité de la terre par le mouve- dum utitur eo quod est alterius, sicut
ment des graves, tandis que l'astrologue par la rotunditatem terre naturalis probat
1 considération des éclipses lunaires". ex motu grauiurn, astrologus autem
p.er considerationem lunarium ecIip-
- siurn.
1 8*. Au huitième <point> il faut dire que,
comme le dit le Commentateur au même en-
8*. Ad octauum dicendum quo d,
sicut dicit Commentator ibidem,
droit", le Philosophe n'a pas eu là l'intention de Philosophus non intendit ibi distin-
distinguer les sciences spéculatives, parce que guere seientias speculatiuas, quia de
le naturaliste détermine de n'importe quel mo- quolibet mobili, siue sit corruptibile
bile, qu'il soit corruptible ou bien incorrupti- siue incorruptibile, determinat natu-
ble; tandis que le mathématicien, en tant que ralis ; mathematicus autem, in quan-
tel, ne considère aucun mobile. Il a cependant tum huiusmodi, non considerat ali-
eu l'intention de distinguer les réalités desquel- quod mobile. Intendit autem distin-
les les sciences spéculatives déterminent, les- guere res de quibus scientie specula-
80 LA DMSION DE LA SCIENCE SPÉCULATIVE

quelles doivent être abordées séparément et par tiue determinant, de quibus seorsum
ordre, quoique ces trois genres de réalités puis- et secundum ordinem agendum est,
sent être appropriés aux trois sciences. En effet, quamuis illa tria genera rerum tribus
les étants incorruptibles et immobiles appar- scientiis appropriari possint. Entia
tiennent précisément au métaphysicien, tandis enim inconuptibilia et immobilia
que les étants mobiles et incorruptibles, à cause precise ad metaphisicum pertinent,
de leur uniformité et de leur régularité, peuvent entia uero mobilia et incorruptibilia,
être déterminés quant à leurs mouvements par propter sui uniformitatem et regula-
les principes mathématiques, ce qui ne peut être ritatem, possunt determinari quan-
dit des mobiles corruptibles. Et c'est pourquoi tum ad suos motus per principia ma-
le second genre d'étants est attribué à la mathé- thematica, quod de mobilibus cor-
matique du point de vue de l'astrologie. Quant ruptibilibus dici non potest. Et ideo
au troisième, il reste propre au seul naturaliste. secundum genus entium attribuitur
Et ainsi parle Ptolémée". mathematice ratio ne astrologie. Ter-
tium uero remanet proprium soli na-
turali. Et sic loquitur Ptolomeus.


• NOTES 81



l. Voir ci-dessus, dans notre traduction, le chapitre 2 du traité De la
Trinité de Boèce, § 4 et le § 5 du Préambule thomasien de cette question
V.


2. Cf THOMASD'AQUIN, De ueritate, q. i, a 1,1. 186; S. theol., l, q.
16, a. 2, arg. 2. Cette définition de la vérité est généralement attribuée
par Thomas d'Aquin et les autres scolastiques latins à Isaac IsraéIi dans
son Livre des définitions (ISAAC ISRAÉLI, Liber de definicionibus, éd.
J.T. MUCKLE,AHDLMA 11 [1937-1938], p. 299-340), où cependant elle
ne se retrouve pas; cf. J.T. MUCKLE, «Isaac Israeli's Definition of
Truth », in AHDIMA, 8 (1933), p. 5-8. Comme le signalaient déjà
Guillaume d'Auvergne (De uniuerso, I, 3, cap. 26; éd. Opera omnia,
Paris, 1674, p. 795) et Albert le Grand (éd. BORGNET, t 26, p. 443), on
rassemble plutôt les éléments de cette définition à partir de la
Métaphysique d'Avicenne, I, chap. 8 (AVICENNE,Liber de philosophia

-
prima, Liber de philosophia prima sive scientia divin a, Édition critique
de la traduction latine médiévale par S. VAN RIET. Introduction
doctrinale par G. VERBEKE,Louvain: PeeterslLeiden : BriIl, 1977, 1. I,

-
p.55).
3. Cf ARISTOTE,Metaphysica, IV (1), 7, 101l b 26; AUGUSTIN,En.
Jn Ps. 5, n. 7 (PL XXXVI, 85) : « Si enim hoc dicitur quod est, verum
dicitur ; si autem hoc dicitur quod non est, mendacium est» ; De vera

-
rel. 36, n. 66 (PL XXXIV, 151) : « Sed cui saltem iIIud manifestum est
falsitatem esse, qua id putatur esse quod non est, intelligit carn esse
veritatern, quae ostendit id quod est ».
4. Cf ARISTOTE,Analytica posteriora, I, l, 71 a 12; 7, 75 a 39 -

• 75 b 2; 10,76 b 11-16 (AL, V, 1-4, p. 24).


5. Cf THOMASD'AQUIN, Super Boethium De trinitate, q. 4, a. 2.
6. ARISTOTE,Physica, TI, 3, 195 a 16-20 ; cf. THOMASD'AQUIN, S.

-
theol., I, q. 65, a 2 : «partes enim sunt quasi materia totius ».
7. ARISTOTE,Analytica posteriora, TI, Il,94 a 20-34; transI. Iacobi,
dans Analytica posteriora, translationes Jacobi, Anonymi siue
«loannis », Gerardi el recensio Gui/lelmi de Moerbeka, éd. L. MlNIO-

- PALUELLO et B.G. DoD, Bruges, Paris, Desclée de Brouwer


(coll. «AL», IV, 1-4), 1968, p.85, l. 1-15: (extrait final) « [ ... ] hoc
autem erat in semicirculo rectam esse » ; transI. 'Ioannis', ibid., p. 168,

-
l. 13-27: (extrait final) « [ ...] hoc autem erat eam que in semicirculo
rectam esse»; transI. Gerardi, ibid., p. 262, 1. 14-34: (extrait final)

-


1
1
82 NOTES

« [ ... ] et iste est sermo quod angulus qui est in semicirculo est rectus »
(à l'évidence, Thomas d'Aquin suit fidèlement cette partie de la
traduction de Gérard de Crémone; telle ne semble cependant pas être le
cas pour l'idée exprimée immédiatement après par l' Aquinate (« du fait
que chacune de ses deux parties est la moitié d'un angle droit ») qui n'a
son correspondant ni dans le texte original d'Aristote ni dans aucune de
ses version latines médiévales). Cf. Metaphysica, IX (e), 9, 1051 a 26-
29 (AL,:XXV, 2, p. 181).
8. Cf. ln Metaphysica, IX (e), 9,lect. 10, TI. 1891-1893.
9. Cf ARISTOTE, ln Metaphysica, IX (e), 8, 1050 b 20-22 (AL,
XXV, 2, p. 179).
10. Cf. AVICENNE,Suffie., 1, 8 (ed. Venetiis, 1508, f. 18 sqq.);
ALBERTLEGRAND,Super phys., II, tr. 1, c. 8 (ed. Borgnet, t. 3, p. 109);
Super De Caelo, II, tr. 3, c. 4 (00. Col., 1. V, 1, p. 148, 35) ubi allegatur
MessabalJa liber « De sphaera mota in quo loquitur de stellis et motibus
eorum ».
II. De partibus mathematieae, cf. ALGAZEL,Met., Tr. 1, p. 4,12-17;
DOMINICUSGUNDISALVI,De divisione philosophie, p. 31, 2l-p. 32,2;
PS.-ROBERTUSGROSSETESTE,Summa philosophiae, ID, 6, p. 301, 17-
21 : «Doctrinalem vero in arithmeticam, geometriam, scientiam de
aspectibus scientiarnque de stellis dividunt nec non et in musicam
scientiarnque de ponderibus scientiarnque de ingeniis, quarum etiarn
particuJas Alpharabius evolvit, quem et Algazel secutus est » ; HuGO DE
S. VICTORE,Didascalicon, II, 6, p. 30, 13-15; AVICENNE,Suffie., I, 8
(ed. Venetiis, 1508, f. 18 sqq.) ; ALBERTLE GRAND,Super phys., II, tr.
1, c. 8 (ed, Borgnet, t 3, p. 109).
12. ARISTOTE,Physica, II, 7, 198a29-31; cf. supra, q.5, 0.1, sed
contra, arg. 2.
13. PrOLOMAEUS,Almagestum, I, 1 (ed, HEIBERG,p. 5, 13 - p. 6, 1. 5
et 9-11); secundum versionem greco-latina (Vat Lat 2056, f. Iv):
«Omnium quidem primi motus primam causam, si quis excipiat
secundum simplex, deum invisibilem et immobilem utique aestimabit
huiusque species quaesitiva theologicum, sursum aJicubi circa
elevatissima mundi huiusmodi operatione intellecta utique solum
semelque a sensibilibus substantiis segregata MateriaJis vero semperque
motae quaJitatis scrutativa species quae circa album et caJidum et dulce
et molle (f 2r) et similia versatur, physica utique nomina(bi)tur,
huiuscernodi in essentia in corruptibilibus ut in pluribus et sublunari
sphaera conversante. Verum eius quae secundum species motusque
transitorios attenditur quaJitatis declarativa species, figurae scilicet,
multitudinis et magnitudinis ampliusque loci et temporis et similium
quaesitiva exsistens quasi mathematica determinabitur huiuscemodi

1

Il
Il NOTES 83

Il essentia quasi inter illa duo cadente [... ] illis autem quae sempiterna
aethereaeque naturae coobservans immobilem speciei

Il inunutabilitatem ».
14. ARISTOTE,Metaphysica, VI (E), 1, 1026 a 14 (AL, XXV, 2, p.
117).
15. ARISTOTE,De caelo et mundo, Ill, 1,299 a 16; cf. supra q. 4, a

Il 3 et infra ad 6.
16. Loc. parall. Sententia /ibri De anima, III, 2, 8; Super Phys., II, 3,

ll.5.
17. De modis abstractionis, cf. e.g., S. theol., 1, q. 85, a. 1, ad 1 et 2;
Il in Phys., II, 2, lect. 3, n. 5 (Il, 62); in De an., Ill, 4, lect. 8, D. 714-717.
Cf. L.E. GEIGER,Abstraction et séparation d'après Saint Thomas in De
trinitate q. 5 a. 3, dansRSPT31 (1947),3-40; Ph. MERLAN,Abstraction

Il and Metaphysics in SI. Thomas' Summa, dans Journal of the History of


Ideas 14 (1953),284-291.
18 ARISTOTE,De anima, Ill, 6,430 a 26-28; cf. Sent., III, d 23, q. 2,
a. 2, q. 1; ln Per. Herm., 1, c. 1, lect. 3, n. 2-4 (1, 15-16a); ln Anal.
Il Post., r, c. 1, lect. 1, n. 4 0, 138b).
19. ARISTOTE,Metaphysica, IX (8),9, 1051 a 30-32 (AL, XXV, 2, p.
]81).

Il 20. De duplici abstractione,


(ed. PERRIER,t, 125).
cf. De substantiis separatis, c. l, TI. 4

21. De materia intelligibili, cf. ln Phys., il, c. 2, lect. 3, n. 5 (il, 62b) ;

ln De an., Ill, c. 4, lect, 8, 11.707 seq. ; ln Met., VIl (Z), c. 10, lect. 10,
Il 11.]496; ARISTOTE,Metaphysica, VII (Z), JO, 1036 a 9-12 (AL, XXV,
2, p. 142).
22. qua scripsi cum ed. DECKER(p. 185, 1. 24)J quo ed. GlLS (p. 149,

Il 1. 244)
23. Cf. ARISTOTE,De anima, II,4, 414 a 25-27.
24. De abstractione mathematicae et naturalis, cf. ln De. an., ID, c.
7,lect. 12, TI. 781-784.
Il 25. Pythagoras ut referont ALBERTUSSuper Phys., II, tr. l, c. 8 (ed.
BORGNET,Ill, 108) et THOMASSuper Metaph., 1, 8[JO].
26. Platonici ut refert ARISTOTE, Physica, II, 3, 193 b 35 - 194 a 1

Il cum Comm. Thomae. Cf. THOMASSuper Metaph., l, 8[lOJ et Sententia


libri De anima, III, 6[12] (ed. Leonina, XLV-l, 234).
27. ARISTOTE,Physica, II, 2, 193 b 35; cf. THOMAS,i. h.L, lect. 3,11.

5 (II,62b) ; ln De an., il, c. 5, lect. 12, fi. 379; ln Met., III (B), c. 3, lect.
Il 7, TI. 422 ; S. theol., J, q. 85, a l, ad L
28. Cf. ARISTOTE,Physica, I, 3, 185 a 33 et b 16 sec. Thomam, I
Pars, q. 50, a. 2 et Contra Gentiles, IV, c. 65.
29. Cf. ARISTOTE,Metaphysica, V (,1),10,1022 b 1-3.
84 NOTES

30. Cf ln Met., XI (K), c. 7,lect. 7, n. 2258.


31. ARlsToTE,Metaphysica, VII (Z), 10,1036 a 9-12 (AL, XXV, 2, p.
142); cf. Metaphysica, VIII (H), 6, 1045 a 33-35.
32. Cf ARISTOTE,Physica, VI, 1-4,231 b 21- 235 b 5.
n . .
. Cf. ln Phys., II, c. 2, lect. 3, n. 8 (Il, 63); THOMAS, Exp. L.
Posteriorum, r, 41, 1. 31-48 (00. Leonina, 1*-2, p. 151-152); Super
Metaph., r, 11[13].
34. ARlSTOTE,De cae/o et mundo, III, 1,299 a 13-17; cf supra q. 4,
a. 3 et q. 5, a. 3, sed contra 3.
35. Cf ln anal. Post., 1, c. 27, lect. 41, n. 3 0, 304a) ; ln Phys., II, c.
2, lect. 3, n. 8 et 9 (II, 63) ; ln De caelo et mundo, l, c. 2, lect 3, n. 6 (Ill,
lOb) ; ln Met., IV (I), c. 1, lect. 2, n. 563.
36 Cf. ARISTOTE,De caelo et mundo, II, 27-28, 297 a 8 - b 30.
37. AVERROES,Super Phys., II, corn. 71 (in c. 7, 198 a 27-31; ed.
Venetiis, 1562, f. 74r) : «Et ideo forte hic non intendit dicere modos
artium speculativarum, sed dicere modos entium diversorum de quorum
unoquoque oportet dicere per se [ ... J hic igitur non intendebat dividere
artes, sed dicere genera entium quae sunt diversarum naturarum, et cum
considerantur, inveniuntur, sicut dixit, tria». Cf. THOMAS,i. h. 1., lect.
Il, n. 3 (II, 88).
38 PrOLOMAEUS,Almagestum, 1, 1 (ed. HEIBERG, p. 6, 23-25; p. 7,
6-10 et 17-22 ; p. 7,25 - p. 8, 1) ; translatio greco-Iatina (Vat. Lat 2056,
f. Iv): « [ ... ] verum eius quae specialiter circa divina et caelestia
intelligitur eo quod haec sola circa se semper eodem modo habentium
versatur [... ] Sola potens bene coniectare immutabilem ac segregatam
operatione ab eorum quae circa sensibiles quidem et moventes atque
motas, sempiternas vero et impassibiles (impossibiles codd.) substantias
propinqnitate accidentium circaque lationes et ordines motuum [ ... ] Ad
eam quoque quae secundum actus et mores bonitatem omnium haec
utique maxime vel componet perspicaces a circa divina contemplata
similitudine et bono ordine et mediocritate et modestia amatores quidem
faciens assequentem divini decoris huius [... ] hune ergo semper et
eodem modo se habentium contemplationis amorem temptamus ».

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