Vous êtes sur la page 1sur 4

Le complexe d'Œdipe, comment se manifeste-t-il ?

Par Famili - Magicmaman


Publié le 08/03/2019 à 08:53

Qui n’a jamais entendu parler du complexe d’Œdipe ? Un


concept que tout le monde emploie aujourd’hui… sans
toujours parfaitement saisir ce qu’il recouvre. Alors, que
se passe-t-il exactement dans la tête de nos petits entre
3 et 6 ans ?
La légende d'Oedipe
C’est Freud qui, le premier, en 1910, emprunte ce mythe à l’Antiquité grecque pour
révéler l’existence d’une sexualité enfantine et désigner le phénomène psychique et hormonal
qui touche tout enfant entre 2 et 6 ans dans sa relation avec ses parents. Il est tiré d’une tragédie
de Sophocle. Œdipe est un bébé abandonné à la naissance par ses parents. On leur a en effet
prédit que cet enfant ne leur apporterait que du malheur : « Il tuera son père et épousera sa mère
», a prévenu l’oracle. Devenu adulte, Œdipe se décide à quitter sa famille d’adoption. En route, il se
prend de querelle avec un homme (Laïos) et le tue. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il s’agit de son
père. Puis il est amené à épouser la femme de cet homme (Jocaste), sans savoir qu’il s’agit de sa
mère. Lorsqu’Œdipe découvre ce qu’il a fait, il se crève les yeux… Une tragédie qui illustre bien la
part d’involontaire et d’inconscient présente dans chacune de nos actions.
Tous les enfants passent-ils par l'oedipe ?
Quelle que soit la culture à laquelle ils appartiennent, tous les enfants connaissent cette flambée
de désir sensuel, qu’on pourrait presque qualifier d’érotique, pour leur parent de sexe
opposé. Certains vont le manifester de façon franche, d’autres de façon plus neutre – c’est
pourquoi cela va presque passer inaperçu. C’est une crise normale et passagère, qui dure
environ trois ans (entre 3 et 6 ans).
Comment l'oedipe se manifeste-t-il ?
L’enfant recherche les contacts physiques avec son parent de sexe opposé parce que
cela lui procure du plaisir. La petite fille va embrasser son papa sur la bouche, se frotter à lui. Le
petit garçon va toucher les seins de sa maman ou s’exhiber tout nu dans le salon, le soir où ses
parents reçoivent des amis. Tous les plaisirs que nous appelons « sexuels » dans la vie adulte,
l’enfant va les expérimenter de façon enfantine, sous une forme « allégée ». Dans le même temps
qu’il est attiré par sa mère, le petit garçon va ressentir de l’hostilité et de la jalousie envers son
père (et inversement pour la petite fille). C’est normal : l’autre parent est perçu comme un
rival.
Est-ce plus compliqué pour les filles ?
Oui, dans la mesure où, tout comme les garçons, elles ont pour premier objet d’amour leur maman.
Avant 3 ans (au cours de la période préœdipienne), elles sont dans une relation sensuelle avec leur
mère, recherchant son odeur, sa peau, son contact. Mais alors que les petits garçons s’attachent de
manière franche et définitive à leur mère, les petites filles s’en détachent au moment de l’œdipe
pour se tourner vers leur père. Ce qui ne va pas sans culpabilité. On ne se détache pas aussi
facilement de son premier amour… D’ailleurs, les relations mère-fille restent assez souvent
marquées par l’ambivalence, mêlant tendresse et agressivité, amour et haine.
Comment sait-on que l'enfant est sorti de l'oedipe ?
Il y a un signe très repérable : c’est l’apparition de la pudeur. D’un seul coup, le comportement
de votre enfant se met à changer du tout au tout. Lui qui n’hésitait pas à se promener nu devant
vos amis va se trouver tout gêné d’être vu, ne serait-ce qu’en pyjama. Une conscience morale s’est
mise en place, qui l’empêche de manifester franchement ses désirs sexués. En général, l’œdipe
s’éteint vers 6 ans.
Pourquoi est-ce finalement une expérience positive pour
l'enfant ?
Il va apprendre une chose essentielle : ses désirs ne peuvent pas se manifester ouvertement
ni se réaliser pleinement. Il va devoir composer avec des moments insatisfaisants et d’autres
satisfaisants, des réalisations et des frustrations, des plaisirs et des déplaisirs. Bien sûr, il en a déjà
fait l’expérience tout bébé en comprenant qu’il n’est pas possible de téter aussi longtemps ni aussi
souvent qu’il le veut. Mais c’est dans l’œdipe qu’il aura la compréhension la plus claire et la plus
évidente des limites à son désir.
Quel rôle joue l'oedipe dans la sexualité adulte ?
Grâce au complexe d’Œdipe, le petit garçon sait pour la première fois ce que c’est que de se sentir
garçon, tandis que la petite fille fait l’expérience de la féminité. Ce sont les balbutiements de
l’identité sexuelle. L’enfant se reconnaît fille ou garçon, différent de l’autre sexe. Mais c’est
seulement à l’adolescence que vont apparaître les premiers éléments concernant son orientation
sexuelle.
On parle parfois d'oedipe inversé...
Il arrive qu’un petit garçon développe une relation œdipienne avec son père, et une petite fille avec
sa mère. C’est même beaucoup plus fréquent qu’on ne pourrait le croire. L’enfant éprouve donc
une attirance « érotique » pour son parent de même sexe. Attention, cela ne présage
absolument pas de sa sexualité future ! Ce qu’on sait en revanche, c’est qu’un petit garçon qui
« fait » son œdipe avec son papa risque de connaître à l’âge adulte une relation difficile avec la
hiérarchie. Il se sentira en effet dans la nécessité de se révolter contre la figure paternelle,
autrement dit contre toute représentation de l’autorité et de la loi. Quant aux petites filles qui ont
vécu une relation œdipienne avec leur maman, on constate souvent qu’elles ont des relations
difficiles avec les autres femmes (conflits, jalousie…).
C'est quoi, un oedipe mal résolu ?
C’est lorsque l’enfant reste avec l’idée que son désir est fautif. Il en conçoit de la culpabilité
et éprouve un sentiment de rage contre ses parents, qui risque, ensuite, de se transformer en rage
envers tous les adultes – surtout ceux qui sont « importants », qui ont du pouvoir sur lui. D’où la
nécessité d’adopter tout de suite les bonnes attitudes face aux comportements parfois déroutants
de votre petit.
Comment réagir ?

- Elle s’assoit à califourchon sur les genoux de son papa et se frotte contre lui
Evitez de réagir avec sévérité, cela risquerait d’inhiber votre petite fille. Elle cherche du plaisir avec
une absolue candeur, inutile de la culpabiliser. Il faut simplement que son papa lui fasse
sentir qu’il y a des gestes qui ne se font pas entre parent et enfant. En lui disant : « Non,
pas comme ça. Si tu veux faire comme ça, moi je ne joue pas. » Pas besoin d’en dire plus. L’enfant
comprend très bien le message. Si malgré tout votre petite fille continue, mettez un terme au câlin.
- Elle embrasse son père sur la bouche
Là encore, quelques paroles simples mais fermes suffisent : « Non, pas sur la bouche. Ce sont
les Russes qui s’embrassent sur la bouche. Ici, en France, on ne fait pas comme ça. Tu peux
m’embrasser sur les joues, ou sur le front, mais pas sur la bouche. »
- Elle ne supporte pas de nous voir nous faire un câlin, son papa et moi, et elle essaie de nous
séparer
Montrez-lui que vous n’êtes pas dupes. Le papa peut par exemple demander : « Pourquoi
cherches-tu à écarter ta maman ? Tu es jalouse ? » Ou expliquer : « J’aime ta maman, je t’aime
aussi, mais c’est différent. » Evitez quand même de provoquer votre petite fille en vous
embrassant en public. Entre 3 et 6 ans, l’enfant est dans un état de grande excitabilité. Le moindre
geste un peu suggestif peut déclencher des réactions.
- Elle susurre à son père : « Quand je serai grande, je me marierai avec toi. » / Il clame : « Plus tard,
je vais épouser maman. »
Même si vous vous sentez confusément flatté(e) par cette vibrante déclaration d’amour, ne laissez
planer aucune ambiguïté. Vous ne feriez qu’entretenir votre enfant dans ses illusions et vous
l’empêcheriez de franchir les étapes. Il faut rétablir l’ordre des générations, ne pas laisser votre
petit croire qu’il va pouvoir rivaliser avec votre conjoint. Par exemple, en lui disant : « Non, ce n’est
pas possible, je vis avec maman/papa et toi aussi, plus tard, tu auras un(e) amoureux(se). »
- Il se glisse dans mon lit chaque fois que son papa est absent
A vous de ne pas le mettre en position de « petit homme » et de ne pas accepter qu’il dorme
près de vous. D’accord pour un petit câlin dans le lit avant de s’endormir mais, ensuite, il devra
regagner son lit. Il pourra éventuellement venir vous réveiller demain matin s’il le souhaite. Il est
très tentant, pour un petit garçon, de profiter de l’absence de son papa pour prendre sa place. Mais
ce n’est pas parce que votre compagnon n’est pas là qu’il ne peut pas jouer son rôle de tiers
séparateur. Vous pouvez le faire exister en paroles : « Papa ne serait pas d’accord pour que tu
passes la nuit dans le lit. »
- Il ne rate pas une occasion de me toucher les seins ou les fesses
Là encore, évitez les mots brusques qui risqueraient de le culpabiliser. Dites simplement : « Ne
me touche pas comme ça, je n’aime pas. » Ou encore : « On ne touche pas sa maman comme ça. »
A cet âge, un petit garçon est vite troublé. La simple vue de votre décolleté lorsque vous vous
penchez pour l’embrasser peut suffire à le mettre en émoi. A vous de faire preuve de pudeur : ne
vous promenez pas nue devant lui, ne partagez pas son bain. Ou alors avec un maillot.
Et lorsqu'il n'y a pas de papa ou de maman à la maison, comment
ça se passe ?

Maman célibataire, couple homo, papa veuf… L’enfant n’a pas toujours un parent représentant le
sexe opposé sous les yeux. Va-t-il pouvoir faire son œdipe ? Ce n’est pas un problème. Il y a
toujours dans l’entourage proche de l’enfant une femme ou un homme qui va pouvoir jouer le
rôle du partenaire œdipien. Pour le petit garçon, ce sera la jeune fille au pair, la nounou, la tante, la
cousine, etc. Pour la petite fille, l’oncle, le parrain, le voisin. L’élu(e) sera toujours un adulte
dont il dépend vitalement (une personne qui s’occupe de lui au quotidien, qui le fait manger,
dormir, etc.). En outre, il faut que ce soit une personne habitée par le bonheur de vivre, porteuse de
désirs, quelqu’un qui a envie d’être avec lui et qui est capable de lui manifester de la tendresse. A
noter : les grands-parents sont rarement choisis pour partenaires œdipiens. L’âge est un frein à la
manifestation du désir érotique de l’enfant.
LIRE AUSSI :
 L’instinct maternel : c’est quoi, précisément ?
 Vidéo. Paroles de kids : "ça veut dire quoi être amoureux ?

Vous aimerez peut-être aussi