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DE LA DIVERSIFICATION DES ÊTRES VIVANTS À

L'ÉVOLUTION DE LA BIODIVERSITÉ
Depuis l'apparition de la vie sur la Terre et depuis leur hypothétique ancêtre commun LUCA (last universal common
ancestor), les êtres vivants se sont diversifiés. La biodiversité, qui se définit à différentes échelles, correspond
notamment à la diversité des espèces, mais aussi à la diversité au sein de celles-ci. Au cours de l'histoire de la Terre,
la biodiversité a explosé à certaines périodes et a chuté lors de crises biologiques, en lien avec des modifications des
milieux de vie. Ainsi, la biodiversité évolue constamment selon divers mécanismes, les innovations se maintenant ou
non dans les populations sous l'effet de la dérive génétique et de la sélection naturelle.

1. La diversité des populations change au cours des générations


Dans une population, la fréquence des différents allèles peut évoluer de manière aléatoire si ces allèles n'apportent
ni avantage ni désavantage aux individus qui les portent. Le hasard des brassages au cours de la reproduction sexuée
détermine l'évolution de la population, de façon d'autant plus marquée que celle-ci est petite. C'est la dérive
génétique.

Dans un milieu donné, selon les allèles dont ils sont porteurs, certains individus vont mieux survivre (ils se
nourrissent plus facilement ou échappent aux prédateurs) ou davantage se reproduire (ils attirent davantage les
partenaires). Ces individus engendrent plus de descendants que les autres et transmettent ainsi davantage leurs
allèles aux générations suivantes. La conséquence dans la population est une augmentation de la fréquence des
allèles dont ces individus sont porteurs. C'est la sélection naturelle.

Exemple : la phalène du bouleau


Papillon nocturne qui existe sous une forme claire, camouflée des prédateurs sur les troncs clairs du bouleau, et une
forme sombre. L'étude de l'évolution de la fréquence relative de ces deux formes au sein des populations de
papillons à partir du xix e siècle en Angleterre constitue un exemple classique pour expliquer le principe de la
sélection naturelle. La forme sombre, observée pour la première fois en 1848, est devenue majoritaire dans les
régions industrialisés, où les troncs des arbres deviennent plus sombres. La survie différentielle des deux formes de
papillons qui échappent plus ou moins facilement à leurs prédateurs sur les troncs clairs ou sombres, détermine le
nombre de leurs descendants et l'évolution de la fréquence des deux allèles impliqués.

Exemple : les pinsons des Galapagos


À l'origine, une espèce de pinson a colonisé ces îles il y a 3 Ma. Des changements dans la disponibilité de la nourriture
dus aux variations climatiques induisent une forte pression de sélection: les années où les graines sont plus dures,
les oiseaux dotés de becs costauds ont un avantage par rapport aux autres et peuvent se reproduire davantage.

2. L'espèce : un concept délicat à définir


La définition de l'espèce a été modifiée au cours de l'histoire de la biologie. Plusieurs définitions se sont succédé et
reposent sur des critères variés.

« Une espèce est un ensemble d'êtres vivants partageant des critères anatomiques et physiologiques » Cuvier
(1769-1832). Or deux animaux se ressemblant fortement peuvent ne pas appartenir à la même espèce, car ils ne
répondent pas à la définition biologique de l'espèce.

Définition biologique adoptée par Buffon (1707-1788) : « Une espèce est une communauté d'êtres vivants pouvant
produire des descendants eux-mêmes féconds » (critère d'interfécondité).

Définition écologique : une espèce est une population adaptée à une niche écologique particulière.

Définition génétique : « Deux individus doivent avoir le même nombre de chromosomes et sur chaque
chromosome le même nombre de nucléotides pour appartenir à la même espèce » Dawkins (1941-).

Actuellement, on considère que « les espèces sont des populations d'individus suffisamment isolés génétiquement
des autres populations. »
Dans tous les cas, une espèce n'est définie que durant un certain laps de temps, délimité par son apparition
(spéciation) et son extinction ou son évolution vers une autre espèce.

Les félins lion ( Panthera leo ) et tigre ( Panthera tigris) ne sont pas de la même espèce, car même si, dans un zoo, ils
Les félins lion ( Panthera leo ) et tigre ( Panthera tigris) ne sont pas de la même espèce, car même si, dans un zoo, ils
peuvent avoir des descendants (tigrons, ligres), ces petits ne seront pas viables du fait d'une grande fragilité
immunitaire ou seront stériles.

3. La spéciation ou création de nouvelles espèces


Plusieurs mécanismes permettent d'expliquer la naissance d'une nouvelle espèce à partir d'une espèce ancestrale.

Réseau généalogique fictif (un cercle = un individu, traits = croisements)

L'individualisation d'une nouvelle espèce peut prendre une durée variable, de quelques années à des millions, selon
la population de départ, l'espèce considérée, le milieu et les possibilités d'échanges génétiques entre les individus.

Des exemples de spéciation

Dans l'archipel de Madère, six espèces apparentées aux souris domestiques européennes présentent entre 22 et
30 chromosomes au lieu de 40, suite à la fusion de certains chromosomes. Ces populations non interfécondes
proviennent de l'évolution de souris apportées par les bateaux des découvreurs de cette île au relief escarpé (les
Vikings au ixe siècle, les Portugais au xve siècle).

Dans les sous-sols de Londres, des moustiques Culex pipiens molestus sont génétiquement différenciés selon les
lignes de métro. Ils ont évolué depuis une centaine d'années à partir d'une espèce de surface, avec laquelle ils ne
sont plus interféconds. La profusion de leurs proies (les mammifères, humains comme rongeurs) transitant par ce

moyen de transport, la chaleur des lieux et la présence de flaques d'eau ont accéléré le rythme de reproduction
(plusieurs cycles par an), ce qui a permis une spéciation rapide.
Mécanismes de spéciation

Séparation de populations par un obstacle physique.


La spéciation peut être liée à la séparation de populations : une barrière physique (cours d'eau, relief) va empêcher
les échanges génétiques entre deux populations de la même espèce initiale et aboutir à la divergence en deux
espèces.
Exemple : aux États-Unis, les vallées de Sacramento et San Joaquim sont trop sèches pour permettre à la salamandre
de Californie d'y vivre. En colonisant le milieu, une partie de la population initiale a contourné les vallées sèches par
la zone montagneuse de l'est, tandis que l'autre est passée par la zone côtière à l'ouest. Les salamandres des zones
montagneuses sont tachetées, ce qui leur assure un bon camouflage vis-à-vis des prédateurs. Les salamandres des
zones côtières sont rouges, comme les animaux venimeux vivant dans ce milieu. Les deux populations ont poursuivi
leur migration vers le sud jusqu'à la convergence des deux vallées : les salamandres de l'est et de l'ouest n'y sont plus
interfécondes, il s'agit de deux espèces différentes.

Colonisation d'une nouvelle niche écologique


Des individus fondateurs se séparent de l'espèce mère pour coloniser une nouvelle niche, isolée (île) ou adjacente
mais soumise à d'autres pressions de sélection.
Comme peu d'individus ont migré, tous les allèles de la population de départ ne sont pas forcément représentés aux
mêmes fréquences que dans la population d'origine. Les facteurs environnementaux pouvant être différents dans le
nouveau milieu colonisé, la pression de sélection peut favoriser certains allèles ou le maintien de certaines
innovations génétiques.

L'exemple des pinsons des Galapagos


Chez les pinsons de Darwin qui occupent différentes îles, des formes de bec variées ont été sélectionnées en fonction
de la nourriture disponible.

Schématisation d'une spéciation péripatrique

Une population d'individus issus d'une espèce A colonise une île. Au bout d'un certain temps, elle peut devenir une espèce B, dont
certains individus colonisent une autre île et forment une espèce C. Cette dernière colonise les îles alentours, dont celle qui est déjà
occupée par B. Elles ne sont pas interfécondes. Leur possibilité de cohabitation dépend du fait qu'elles occupent ou non la même
niche écologique. Si c'est le cas, les deux espèces entrent en compétition ce qui peut entraîner la disparition de l'une d'elles.
niche écologique. Si c'est le cas, les deux espèces entrent en compétition ce qui peut entraîner la disparition de l'une d'elles.

Spéciation sans isolement géographique


Dans un même milieu, au sein d'une population, l'apparition d'un nouvel allèle peut aboutir à former une nouvelle
espèce qui exploite différemment les ressources de l'environnement ou ne peut plus se reproduire avec l'espèce
initiale. En cause : l'incompatibilité des parades sexuelles ou, pour des oiseaux ou des grenouilles, parce que leurs
chants sont devenus très différents et ne leur permettent plus de se reconnaître.
Aux États-Unis, les larves des mouches Rhagoletis consomment les baies de l'aubépine. Le développement de la
culture des pommes a favorisé l'individualisation, sans isolement géographique, d'une nouvelle espèce
consommatrice de pommes.

4. L'extinction des espèces


Une espèce est considérée comme éteinte si l'ensemble de ses individus a disparu ou s'ils cessent d'être isolés
génétiquement. Il existe des extinctions locales (dans une niche écologique donnée) ou globale (à la surface de la
Terre).
Le thylacine, animal marsupial aussi appelé loup de Tasmanie, a disparu en 1936. Il existait depuis 4 Ma mais a été
intensément chassé par les colons. Ce fut également le cas de l'oiseau dodo. De nombreuses espèces d'oiseaux des
îles disparaissent actuellement, à cause de l'arrivée de rongeurs par bateau.
L'extinction d'une espèce peut entraîner celle d'une autre espèce. Ainsi, si les abeilles disparaissent, toutes les
espèces végétales dont la pollinisation est strictement dépendante de cet insecte disparaîtront.
Au cours de l'histoire de la Terre, des diminutions massives de la biodiversité ont eu lieu : la période Crétacé-Tertiaire
est un exemple de crise biologique, avec notamment la disparition des ammonites et des dinosaures (dont les
oiseaux sont les descendants).

Ce qui est attendu…


Savoir analyser une situation concrète, à partir d'arguments variés (données génétiques, paléontologiques,
biologiques, arbres phylogénétiques, etc.).

Savoir analyser, à partir de documents, des exemples de spéciation dans des contextes et selon des mécanismes
variés.

Savoir analyser des informations relatives à la définition des limites d'une espèce vivante et des exemples

d'hybrides interspécifiques fertiles ou non.


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