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Et Si Je Devenais Dictateur
Et Si Je Devenais Dictateur
ET SI JE DEVENAIS
Et si je devenais dictateur
Mikal Hem
Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud
Et si je devenais dictateur
essai
GAÏA ÉDITIONS
Gaïa Éditions
82, rue de la Paix
40380 Montfort-en-Chalosse
téléphone : 05 58 97 73 26
contact@gaia-editions.com
www.gaia-editions.com
Titre original :
Kanskje jeg kan bli diktator
Illustration de couverture :
© Erlend Askhov
ISBN 13 : 978-2-84720-776-7
978-2-84720-775-0
L’excellence de la dictature
Sous-développement économique
Les pays pauvres sont nettement plus perméables au
coup d’État que les nations riches. La pauvreté va en effet
souvent de pair avec une faible participation populaire à la
politique nationale. Les habitants ont peu ou pas accès à
l’enseignement, souffrent d’un haut taux d’analphabétisme
et, pour la majorité d’entre eux, ne vivent pas dans les
villes. Le pouvoir est aux mains d’une petite élite, éduquée
et nantie. Dans ce contexte, et même si le gouvernement
est dirigé tour à tour par différents individus appartenant à
cette élite, un changement de tête n’aura guère d’incidences
pour le paysan ou l’ouvrier moyens. Privés de tout rôle poli-
tique au cours du précédent régime, ils n’auront que peu de
raisons de s’opposer à un nouveau régime. À l’inverse, dans
les pays où la sphère d’influence politique est contrôlée par
plusieurs personnes et institutions, où quantité d’entre elles
ont un poste à défendre, faire un coup d’État se révélera
nettement plus périlleux.
Indépendance politique
Pour réussir un coup d’État, le pays dont on désire s’em-
parer doit être indépendant politiquement. Il est impos-
sible de prendre le pouvoir si une puissance extérieure a la
mainmise sur lui. Pendant la révolution de 1956, les mani-
festants ont pris le contrôle de tous les organes centraux
de l’État hongrois : l’armée, la police, la radio-télévision.
Hélas, le pouvoir réel se trouvait non pas à Budapest mais
à Moscou, à 1 600 km de là. L’Union soviétique ayant des
forces militaires tant en Hongrie que dans les pays limi-
trophes, l’insurrection a pu être matée. Pour être couronnée
de succès, il aurait fallu qu’elle ait lieu à Moscou.
Pouvoir unitaire
Prendre le pouvoir suppose que celui-ci soit réuni au sein
d’institutions que l’on puisse coordonner et contrôler de
façon centralisée. S’il est au contraire disséminé entre des
entités qui utilisent uniquement le gouvernement comme
un rempart, ou s’il est séparé entre des entités régionales
indépendantes d’un pouvoir central, votre putsch sera très
difficile à accomplir. Dans l’histoire ancienne des États-
Unis, où les États fédérés jouissaient d’une autonomie bien
plus importante qu’aujourd’hui, il est peu probable que
vous ayez réussi votre coup d’État à Washington. Idem
dans l’actuelle République démocratique du Congo, où le
pouvoir central est si faible qu’un putsch dans la capitale
de Kinshasa ne vous assurera pas le contrôle des autres
parties du pays. Et ce, sans parler de la Somalie qui n’a plus
de pouvoir central réel et, de ce fait, plus de gouvernement
duquel s’emparer à la suite d’un putsch par conséquent
hypothétique.