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I

ANTILLES FRANÇAISES
Les Antilles françaises comprennent deux départements d'outre-mer (D.OM.) situés dans
l'arc des Petites Antilles, la Guadeloupe et la Martinique, qui couvrent une superficie de
2 832 kilomètres carrés et représentent une population de 853 000 habitants (estimation de
2006). L'histoire moderne de ces territoires insulaires tropicaux est intimement liée à celle de la
France métropolitaine.
Au moment de la découverte des Caraïbes par les Européens au XVe siècle, les îles de la
Guadeloupe et de la Martinique étaient occupées par le peuple Karib. Les cultures
amérindiennes qui s'étaient succédé pendant quatre millénaires sont attestées par des vestiges
archéologiques importants (roches gravées, céramiques...), ainsi que par la survivance d'un
certain nombre de mots et d'expressions liés aux modes de vie locaux (boucan, canot...) et
quelques toponymes issus de la langue karib.
Les Espagnols, repoussés par les Karibs, n'ayant pu s'implanter dans ces
îles, la colonisation française, patronnée par le pouvoir royal et des compagnies de commerce,
débute en 1635. Elle se poursuivit de manière pratiquement ininterrompue avec un système de
plantations esclavagistes jusqu'en 1848, date de l'abolition de l'esclavage dans les colonies
françaises. À la suite de l'extermination des populations amérindiennes par les Français, le
peuplement des Antilles s'est fait essentiellement par des apports européens et africains, ces
derniers l'emportant nettement à partir du XVIIIe siècle. La société coloniale s'est forgé une
nouvelle langue, le créole antillais, qui dérive du français et des syntaxes africaines (tout comme
les créoles voisins de la Dominique, de Sainte-Lucie et aussi d'Haïti). Au cours
des XIXe et XXe siècles, des migrants originaires de l'Inde et de la Caraïbe insulaire, d'Haïti en
particulier, se sont installés dans les Antilles françaises.
Sous la IIIe République, les Antillais accédèrent progressivement à la citoyenneté
française, en participant régulièrement aux consultations nationales et locales. Ils contribuèrent
également largement à l'effort patriotique durant les deux guerres mondiales.
En 1946, les Antilles cessent d'être des colonies pour devenir des départements français
recuperación puesto en marcha
à part entière. Un processus de rattrapage économique et social est alors enclenché. Le niveau
d'équipement
rotundamente actuel et le développement culturel de ces deux départements les placent
reside diferencia
nettement au-dessus des autres îles des Caraïbes. Cependant demeure un décalage notable du
P.I.B. par habitant par rapport à la moyenne des départements métropolitains (inférieur
a pesar de
d'environ 40 p. 100), en dépit des aides apportées par l'État et l'Union européenne, et des
meilleurs traitements salariaux avec des sur-rémunérations dans la fonction publique.
Le secteur des services – dont le tourisme, qui est considéré comme l'axe économique
majeur – représente environ 80 p. 100 de la valeur ajoutée. La part de la production agricole
en adelante
(bananes, sucre de canne et rhum) est désormais modeste. Un quart de la population active
souffre du chômage. Des flux importants de migration en direction de la métropole – en
particulier vers la région parisienne – se sont développés depuis les années 1960. Cette
implantation apparaît durable, puisque 23 p. 100 des personnes nées aux Antilles françaises
résident en métropole.
La Martinique et la Guadeloupe sont à la fois des départements et des régions de plein
exercice
sienten
et élisent
peso
donc, chacune, un conseil général et un conseil régional. Mais les Antillais
ressentent les lourdeurs d'un système administratif complexe qui les isole des autres pays des
malestar se cetra
Caraïbes. Le malaise antillais porte sur des considérations économiques et sociales tout comme
sur des problèmes liés à certaines formes de marginalité (délinquance, stupéfiants...). Il peut
incluso
également s'exprimer sous la forme de revendications identitaires, voire indépendantistes, sans
que cela se traduise par des mouvements politiques de masse.

Christian GIRAULT, « ANTILLES FRANÇAISES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté
le 14 août 2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/antilles-francaises/

II MARTINIQUE
La Martinique, département français d'outre-mer (D.O.M.) depuis 1946, est située au
centre de l'archipel des Petites Antilles. Sur un territoire restreint (1 128 km2), l'île présente des
encanto
paysages variés, très attrayants, qui en font tout le charme. L'histoire de la Martinique est
étroitement liée à la France depuis la colonisation au XVIIe siècle. Son peuplement a deux
origines principales : d'une part, les Français et, d'autre part, la population d'origine africaine
apportée par l'esclavage. Au cours du XXe siècle, de sérieux problèmes démographiques et
socio-économiques sont apparus dans ce département (402 000 hab. selon les estimations de
cuestionar
2009, et une densité élevée de 354 hab./km2) et semblent remettre en cause le modèle de
développement adopté.
Une île des Antilles
D'une extrémité à l'autre de l'île, orientée sud-est - nord-ouest, la distance n'est que de
64 kilomètres et aucun point n'est situé à plus de 12 kilomètres du rivage. Le relief est
particulièrement marqué. Au nord se profilent plusieurs édifices volcaniques jeunes (cônes bien
dessinés) qui correspondent à un volcanisme récent. Le plus élevé est la montagne Pelée qui
culmine à 1 397 mètres, volcan actif de terrible réputation, puisque l'éruption de mai 1902
picos
détruisit en totalité la ville de Saint-Pierre et ses environs (28 000 victimes). Les pitons du Carbet
cumbres
– avec plusieurs sommets, dont le plus élevé s'élève à 1 196 mètres – se situent plus au sud, à
l'approche de l'agglomération de Fort-de-France. Dans cette partie nord de l'île, les plaines sont
estrechas
extrêmement exiguës. Les forêts humides forment un espace relique intéressant avec de grands
helechos
arbres (gommier blanc, acajou), des fougères arborescentes et des plantes épiphytes (orchidées
et broméliacées) ; un parc naturel régional a été crée en 1976 pour protéger les espèces.
Au centre de l'île, la plaine du Lamentin, drainée par la rivière
pueblo
Lézarde, permet une
communication facile entre la façade atlantique, en direction du bourg de La Trinité et de la
presqu'île de la Caravelle, et le littoral caraïbe vers la vaste baie de Fort-de-France. La Lézarde bahía
relleno
apporte une importante charge sédimentaire qui contribue au comblement de la baie.
erosionados
Le sud de l'île est constitué de mornes (monts) érodés correspondant à un volcanisme
plus ancien. La montagne du Vauclin atteint seulement 504 mètres et le "bahía" Morne Larcher 477
mètres, mais leurs pentes sont fortes. Les côtes présentent une succession d'anses, de plages et
cabo
de caps rocheux. La baie la plus profonde est le Cul-de-Sac du Marin. Des bancs de récifs
franja
coralliens forment un ourlet le long des côtes méridionales.
Le climat tropical à deux saisons, caractéristique des Antilles, est bien marqué : une
saison sèche, appelée carême, s'étend de janvier à mars-avril, et une saison des pluies, appelée
golpear
hivernage. Les cyclones peuvent frapper de juin à novembre. Le cyclone Dean a fait, en août
2007, sept victimes et provoqué la destruction totale des plantations de bananes. En raison de
l'alignement des reliefs, le contraste de pluviométrie entre les régions au vent et les régions

2
lluviosas

sous-le-vent est particulièrement net. Les sommets sont très arrosés (jusqu'à 8 m de
précipitations annuelles). La station météorologique de l'aéroport du Lamentin reçoit, en
moyenne, 2 085 millimètres par an de précipitations, mais avec de fortes variations selon les
années. Le sud est plus sec, ce qui représente un avantage certain pour le tourisme balnéaire.
Une colonisation intensive
excavación
Les fouilles archéologiques témoignent d'une présence continue de l'homme à partir du
Ier siècle de notre ère – tout d'abord les Arawaks, puis les Karibs, rencontrés par les premiers
Européens – ; cependant la densité d'occupation était modeste au regard des Grandes Antilles.
cuando
Les Espagnols ne colonisent pas l'île lorsqu'ils la découvrent au début du XVIe siècle. Pendant un afrancesar
siècle et demi, les Karibs de l'île de Madinina (« île aux fleurs »), nom précocement francisé en
bandidos
Martinique, font face à des incursions de pirates et de flibustiers et opposent une résistance
feroz iniciativa
farouche à toute tentative d'invasion. L'entreprise procedente de colonisation française ne commence
réellement qu'en septembre 1635 avec l'arrivée, en provenance de l'île de Saint-Christophe, de
Pierre Belain d'Esnambuc, alors gouverneur de cette dernière, accompagné d'une centaine
d'hommes. L'économie coloniale repose au début sur le commerce du petun (tabac), très
apprécié des marins. À la mort de d'Esnambuc, en 1637, son neveu Jacques Dyel du Parquet
devient lieutenant général de la Martinique. Les Karibs sont systématiquement attaqués et leur
cuchitril durante
dernier réduit de Capesterre tombe en 1658. Lors du recensement de 1660, les autochtones,
regroupés dans la catégorie « sauvages », sont dénombrés aux côtés des Africains et des métis.
En effet, le développement rapide de l'économie de plantation a conduit à importer
massivement de la main-d'œuvre africaine esclave.
Après une période de confusion marquée par des rivalités entre différents chefs locaux,
le pouvoir monarchique, sous l'action du ministre Colbert, prend en main l'administration
directe de la colonie, impose le monopole du commerce des îles avec la France (politique dite
de « l'exclusif ») à travers la Compagnie des indes occidentales (dissoute en 1674) et commence
à lever l'impôt. La construction du Fort-Royal, à partir de 1679, est le symbole de ce contrôle
politique et militaire, porqui répond également à la nécessité de se défendre contre les ennemis
lo tanto
hollandais et anglais. Dès lors, la Martinique devient, sur le plan économique et stratégique, l'île
la plus importante des Antilles françaises, avant d'être supplantée par Saint-Domingue. Les
habitations (plantations de canne à sucre) et les sucreries se multiplient. La population de
couleur, esclave en grande majorité, passe de 9 500 individus en 1680 à 67 000 en 1750 et
dépasse largement la population blanche (12 000 pers. en 1750). incremento
productividad

La prospérité que connaît l'île au XVIIIe siècle et l'accroissement des rendements


amènent les colons à chercher de nouvelles terres plus au sud, dans l'archipel, à Sainte-Lucie, à
Grenade, à Tobago et à La Trinité. Cependant, la lutte est incessante entre les Français et les
Anglais pour la possession de ces îles. La Martinique est occupée par les Anglais en 1762 et
en adelante
rendue à la France au traité de Paris (1763). Mais la position de cette dernière est désormais
debilitada
affaiblie. Les Anglais occupent l'île de nouveau de 1794 à 1802, et de 1809 à 1815, c'est-à-dire
pendant la plus grande partie de la Révolution, du Consulat et de l'Empire. À la différence de la
Guadeloupe et de Saint-Domingue/Haïti, le système de domination coloniale de la population
servile par une élite d'origine européenne a donc perduré longtemps à la Martinique.
Les tensions sociales et ethniques habitan
Les oppositions sociales, ethniques et politiques demeurent un trait marquant de
l'histoire de la colonie durant le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. La classe des «

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grands blancs » d'origine créole, installée dans l'île depuis les débuts de la colonisation, appelée
envidiosamente
les Békés, a jalousement conservé ses grandes propriétés rurales et maintenu son contrôle sur
agitan
le commerce. Des révoltes menées par des esclaves ou des hommes de couleur libres secouent
la colonie en 1823 et en 1838. Elles sont durement réprimées. Après l'abolition de l'esclavage en
desbrozan (limpiar) parcela, pedazo
mai 1848, de nombreux anciens esclaves quittent les plantations et défrichent de petits lopins
alimentaria/consumo propio da lugar
de terre pour y développer une agriculture vivrière. Ce mouvement entraîne la constitution d'un
campesinado
paysannat fragile. Par ailleurs, un syndicalisme ouvrier très actif se développe dans les usines
sucrières et les distilleries. Les luttes se cristallisent souvent autour des élections des députés de
l'Assemblée nationale, tenues dès 1848 avec l'adoption du suffrage universel et organisées
régulièrement sous la IIIe République. Les trois groupes des Blancs, des mulâtres et des Noirs
doivent chercher des compromis sur le plan politique car ils partagent, paradoxalement, une
même culture, marquée par la langue créole et des traditions telles que les festivités du
carnaval.
L'expérience de la départementalisation
Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le gouvernorat de l'amiral Robert, nommé en
1939 haut-commissaire de la France, la situation de l'île devient critique. En effet, la Martinique
apuesta
représente un enjeu stratégique depuis qu'une partie des forces navales françaises s'est
al cubierto
réfugiée à Fort-de-France, et que les réserves d'or de la Banque de France ont été mises à l'abri
burlado
dans cette même ville. Une grande partie des autorités s'est ralliée au régime de Vichy. Les
forces américaines imposent un blocus de l'île. La vie économique est pratiquement paralysée
jusqu'en 1945 et la population en souffre. En juillet 1943, l'ambassadeur Hoppenot vient
réaffirmer, au nom du Comité français de libération nationale basé à Alger, l'appartenance des
Antilles à la République française. En mars 1946, la loi de départementalisation des anciennes
colonies d'Amérique est votée à l'unanimité, à l'initiative des députés d'outre-mer, dont Aimé
Césaire, originaire de la commune de Basse-Pointe, écrivain et poète. Malgré les difficultés
économiques et sociales, la Martinique marque clairement sa volonté de rester française.
La vie politique est dominée, pendant la IVe et le début de la Ve République, par la
personnalité de Césaire, député de la Martinique jusqu'en 1993 et maire de Fort-de-France
jusqu'en 2001. En 1956, il se sépare du Parti communiste français et, deux ans plus tard, fonde
le Parti progressiste martiniquais (P.P.M.) qui, s'appuyant sur la gestion municipale de la ville de
Fort-de-France, obtient des succès électoraux. Césaire rejette l'idée « d'assimilation », qui nie la
spécificité antillaise, mais se tient aussi à l'écart des groupes minoritaires qui réclament, dès les
années 1960, l'indépendance de l'île. À la fin du XXe siècle, le débat politique se transpose sur le
plan culturel avec la revendication d'une « identité créole martiniquaise », dont la définition
prête à discussion. Un nouveau parti, qui reprend cette rhétorique identitaire, émerge en 1978.
Il s'agit du Mouvement indépendantiste martiniquais (M.I.M.), fondé par Alfred Marie-Jeanne,
maire de la commune de Rivière-Pilote. En 1992, il obtient neuf sièges au Conseil régional et
Marie-Jeanne en est élu président en 1998. La ligne de ce parti marque une inflexion par
rapport au P.P.M. : il insiste sur la coopération régionale avec les pays des Caraïbes, mais il n'est
ni hablar
pas question, malgré son intitulé, de rompre le lien ni avec la durante France ni avec l'Union
européenne. D’ailleurs, en janvier 2010, les Martiniquais rejettent, lors d’un référendum, une
plus grande autonomie. Cependant, desconfianza
les taux d'abstention élevés lors de la plupart des
consultations politiques et la défiance vis-à-vis des hommes politiques locaux et nationaux
disociación
conduisent à des phénomènes de « découplage » par rapport à la vie politique nationale (selon

4
le politologue Justin Daniel). Par ailleurs, la culture martiniquaise s'affirme au tournant du XXIe
siècle, avec des œuvres brillantes, dans le domaine de la littérature (Édouard Glissant, Patrick
Chamoiseau), de la musique, et du cinéma (Euzhan Palcy). cuestionado, puesto en tela de juicio
Un modèle de développement remis en cause
balance
Le bilan de la départementalisation de la Martinique est conforme à celui des autres
aguas internaionales
départements d'outre-mer. Malgré des progrès considérables par rapport à la misère sociale du
plantea
milieu du XXe siècle, le modèle de développement soulève des questions. La croissance
démographique se poursuit, mais à un rythme plus ralenti depuis les années 1990. Une
émigration de travail très porimportante lo que
s'est dirigée vers la France métropolitaine des années
1950 aux années 1990, si bien qu'une communauté d'origine martiniquaise s'est installée
durablement en métropole, essentiellement en région parisienne. Au début du XXIe siècle, les
flux se composent surtout d'étudiants inscrits dans les universités de métropole. Par ailleurs,
l'immigration concerne principalement quelques milliers de travailleurs originaires de Sainte-
Lucie et d'Haïti. Le niveau de vie sur l'île a subsidios beaucoup évolué avec l'accès généralisé à
l'enseignement, à la couverture sociale et aux allocations de revenu minimum. Le P.I.B. par
habitant (environ 19 100 euros) est supérieur à celui des pays voisins dans la Caraïbe (12 600
euros pour la Barbade, 7 700 euros pour Sainte-Lucie et seulement 7 200 euros pour Saint-
Vincent-et-les-Grenadines) ; toutefois, il reste bien inférieur à celui de la métropole (24 000
euros).
Les bases de l'économie sont étroites. Dans le secteur traditionnel de l'économie
agroalimentaire demeurent une seule usine de sucre (production de 4 000 t/an), une dizaine de
distilleries qui produisent des rhums agricoles de grande qualité (80 000 hl/an) et des
bananeraies qui, sur 8 000 hectares, produisent en année normale environ 250 000 tonnes,
mercado
mais dont le débouché est menacé par la concurrence des « bananes dollars » en provenance
aumento
d'Amérique latine. Le creusement du déficit de la balance commerciale reflète ces difficultés.
salvavidas
L'évolution du secteur du tourisme, considéré comme la planche de salut pour l'île dans les
années 1980 et 1990, a déçu. Environ 500 000 visiteurs arrivent chaque année, répartis assez
également entre « haute saison » traditionnelle (de déc. à mars) et « basse saison » (été). La
grande majorité des touristes vient de France métropolitaine ou des autres départements
disminuido
d'Amérique (93 p. 100). Le tourisme nord-américain (États-Unis et Canada) a beaucoup reculé.
De nombreuses destinations proches (Barbade, république Dominicaine, Bahamas...)
ventajas
représentent une concurrence sévère pour la Martinique, qui dispose pourtant d'atouts dans les
oportunidades
nouveaux créneaux du tourisme vert et de l'écotourisme La tertiarisation de l'économie
(hypertrophie de l'administration, du commerce, de l'emploi informel ou irrégulier...) alimente
davantage la consommation que l'investissement.
La dépendance et la fragilité du modèle s'expliquent en grande partie par les importants
transferts de la métropole et de l'Union européenne vers la Martinique et par une organisation
du commerce qui profite à quelques groupes ou oligopoles. Dans ces conditions, le taux de
chômage élevé (au-delà de 20 p. 100) reste un problème structurel, que les efforts de l'État
central et des collectivités locales (région, département, communes) n'ont pas réussi à réduire.
en materia de vivienta
Les déséquilibres se manifestent par une grande inégalité sociale et, dans le domaine de
reabsorción
l'habitat, par des retards de mise à niveau et de résorption de la précarité. Des phénomènes
nouveaux de marginalité (criminalité et consommation de stupéfiants en hausse,
empobrecimiento sobreendeudamiento
appauvrissement dû au surendettement) inquiètent également les autorités. Cette situation

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préoccupante s'exacerbe en février 2009, quinze jours après le début d'un mouvement social à
la Guadeloupe, quand un collectif contre la vie chère appelle à la grève générale en Martinique.
Les principales revendications concernent la baisse des prix des produits de grande
consommation et une revalorisation des bas salaires. Un accord de sortie de crise est signé le 14
mars, après trente-huit jours de grève.
Christian GIRAULT
Christian GIRAULT, « MARTINIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 août
2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/martinique/

III GUADELOUPE
La Guadeloupe est un archipel des Petites Antilles, situé à 610 de latitude ouest et 160 de
latitude nord. Elle couvre une superficie de 1 703 kilomètres carrés et compte une population
de 404 000 habitants (2009). Autrefois colonie française, la Guadeloupe est devenue, en
1946, un département de plein exercice, en 1982, une région administrative (région « mono-
départementale ») et, en 2003, un département et région d’outre-mer (D.R.O.M.). L'archipel
offre une grande diversité de paysages et possède quelques-uns des milieux naturels les plus
attrayants des Antilles. Au niveau de la population guadeloupéenne, la force des particularismes
exprime la variété et les nuances des composantes culturelles antillaises.
Les deux îles principales qui composent le territoire de la Guadeloupe sont séparées par
manglares
un étroit bras de mer appelé Rivière Salée et par une zone de mangroves au niveau du Grand
Cul-de-Sac Marin. À l'ouest se situe l'île de la Guadeloupe proprement dite, également
appelée Basse Terre, en référence à sa position par rapport à la navigation d'autrefois. C'est une
île montagneuse dont la partie sud est constituée de plusieurs édifices volcaniques s'élevant au-
cordillera
dessus de 900 mètres d'altitude. Le plus important d'entre eux est le massif de la Soufrière dont
le dôme, signalé par un cratère et des fumerolles, atteint 1 467 mètres. Ce volcan actif est
équipé d'un observatoire scientifique
alisios
permanent, en raison de risques sérieux. Ces massifs
manera
forment une barrière aux vents alizés, de sorte que la pluviométrie vertiente/ ladera
y est élevée (plus de
4 mètres de précipitations et une nébulosité constante). Sur le versant ouest s'étend une plaine
littorale étroite. Le parc national de la Guadeloupe, créé en 1989, qui couvre une superficie de
estatales/ del gobierno
173 kilomètres carrés est constitué essentiellement des forêts domaniales de l'intérieur de l'île
(forêt tropicale dense). piedra caliza

À l'inverse, la Grande Terre, située à l'est, cárstica est une plate-forme calcaire peu élevée
(137 mètres au maximum), disséquée par l'érosion karstique dans la région des Grands Fonds.
acantilados
Au nord de cette île, la table calcaire se
encuentran
brise en de hautes falaises dans la région d'Anse-
asas
Bertrand. Sur les côtes est et sud se lovent de belles plages de sable, en forme d'anses, ainsi que
quelques mangroves. La plate-forme se prolonge dans le domaine océanique par d'autres îles,
aux abords de la Grande Terre : la Désirade et Marie Galante principalement. Plusieurs récifs refugio
coralliens bordent ces îles et forment un admirable champ d'observation sous-marin et un abri
important pour les poissons et les crustacés.
La petite île de la Désirade est la plus avancée à l'est dans l'océan Atlantique ; elle est
peu arrosée par les vents alizés qui la survolent ; l'hydrographie de surface y est si peu
transportada
abondante que l'eau doit être acheminée par une canalisation à partir de la Grande Terre.
La végétation comporte beaucoup de plantes xérophiles.

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L'île de Marie Galante, de forme pratiquement circulaire, couvre 158 kilomètres carrés.
decorada
La table calcaire possède un relief faiblement accidenté et est ourlée de très belles plages. Les
sols conviennent à la culture de la canne à sucre et à celle des légumes tropicaux ; la
pluviométrie est satisfaisante (1 370 mm à Grand-Bourg).
eje
Les îles des Saintes se situent dans l'axe de l'arc volcanique interne des Petites Antilles et
sont alignées sur les massifs de la Basse
abollado
Terre et de l'île proche de la Dominique (Dominica).
apagado
Deux îles principales ont un modelé bosselé de volcans éteints : la Terre de Haut et la Terre de
Bas. Une canalisation sous-marine, qui descend jusqu'à 320 mètres de profondeur, leur apporte
l'eau, indispensable, depuis la Basse Terre.
Les deux dernières îles, Saint-Barthélemy et la partie française de Saint-Martin – l'autre
vinculads
partie relève du royaume des Pays-Bas –, rattachées administrativement au département de la
Guadeloupe jusqu'en 2007, se situent dans un cadre géographique sensiblement différent.
Alignées vers 180 de latitude nord, dans le quart nord-ouest de l'île de la Guadeloupe (Basse
Terre), elles en sont séparées par plusieurs autres petites îles « Sous-le-Vent »,
pertenecen
Montserrat, Antigua-et-Barbuda, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Eustache... qui ne relèvent pas de la
souveraineté française.
reducción
Saint-Barthélemy (appelée souvent Saint-Barth par un raccourci familier) est une petite
île sèche, peu élevée (sommet à 286 mètres au Morne de Vitet), qui possède un grand nombre
de belles plages. L'île a été une colonie de la Suède de 1785 à 1878. La partie française de l'île de
Saint-Martin fait face à l'île d'Anguilla (un territoire d'outre-mer britannique), très proche. Elle
albergaba
culmine à 424 mètres au Pic du Paradis et est également assez sèche (elle abritait des salines).
L'ensoleillement exceptionnel de ces deux îles leur procure un grand avantage pour
le tourismebalnéaire et la pratique de nombreux sports. Leur économie a connu une
transformation rapide depuis les années mansiones
1970, avec un boom de la construction d'hôtels, de
résidences à temps partagé et de villas cossues. Une très forte immigration antillaise (Haïti et
république Dominicaine) a suivi. La tradition propre à ces îles Sous-le-Vent, liée aux exemptions
douanières et à la contrebande – ce sont des ports francs depuis plusieurs siècles –, le
dynamisme du tourisme et de la construction ont amené les collectivités locales à revendiquer
vincula
davantage d'autonomie vis-à-vis du cadre préfectoral et départemental les rattachant à la
Guadeloupe. revelan

Les paysages de l'archipel dévoilent la diversité, la beauté, la violence parfois, des


milieux insulaires et marins, qui ont inspiré des poètes comme Saint-John Perse et Daniel
Maximin. Mais les formations naturelles, écosystèmes forestiers et savanes, milieux littoraux
fragiles sont en danger face aux nouveaux usages plus intensifs, plus polluants et à la négligence
des acteurs (décharges sauvages). Bon nombre des mangroves ont été détruites pour permettre
canales de navegación
aumento
le creusement de costeros
chenaux et pour faire place à des ports de plaisance (marinas). Quant aux
despliegan
récifs coralliens frangeants, qui se déploient sur une étendue de 200 kilomètres, ils sont
également menacés de surexploitation par les pêcheurs et les touristes. Le Grand Cul-de-Sac
Marin a été déclaré « réserve de la biosphère » par l'U.N.E.S.C.O. en 1992, mais beaucoup
d'efforts doivent encore être réalisés pour sensibiliser la population et les acteurs économiques
à la protection de cet environnement magnifique.
Un climat tropical à deux saisons
Le climat est caractérisé par une période sèche durant les premiers mois de l'année,
appelée temps de carême, suivie de la saison des alizés (vents océaniques de l'est) qui

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apportent les pluies, dite aussi saison de l'hivernage – les mois de juillet à novembre recevant le
alcanzan
plus de précipitations. Celles-ci atteignent un total de 1 780 mm/an au Raizet (aéroport
international de Pointe-à-Pitre) et 2 460 mm/an à Gourbeyre, au nord-ouest des Trois-Rivières,
sur la Basse Terre, ce qui est idéal pour les cultures tropicales. À l'inverse, dans les îles voisines,
plus petites et dans les îles du nord, la pluviométrie est souvent insuffisante pour la culture des
fruits,
ganadería
des légumes et de la canne à sucre (sauf à Marie Galante). Il en va de même pour
falta
l'élevage, marginal ou de caractère extensif, car le fourrage fait défaut.
navegación
Les données senderismo
climatiques favorisent le tourisme balnéaire et les activités de plein air
más a´n cuando
(nautisme, sports, randonnées) une bonne partie de l'année, d'autant que la sensation de
chaleur est atténuée par l'action des vents alizés. Cependant, l'archipel se trouve sur le parcours
des ouragans ou cyclones qui peuvent causer des dommages très importants et perturber les
activités économiques (les cyclones David et Frédéric en 1979, et le cyclone Hugo en 1989 qui
provoqua la mort d'une vingtaine de personnes).
De la conquête coloniale à la départementalisation
Le peuplement amérindien des îles est attesté depuis au moins 2 500 ans avant J.-C. Les
cuenca
premiers habitants, les Arawaks, sont arrivés du continent sud-américain (bassin du fleuve
Orénoque) en naviguant le long de la chaîne des îles. La plupart des migrations ultérieures ont
camino
suivi cette même voie. Des sites de roches gravées particulièrement importants signalent des
lieux cérémoniels anciens (Baillif et Trois-Rivières sur la Basse Terre). Christophe Colomb, qui
débarque en 1493 dans l'île et la baptise « Guadalupe » en l'honneur d'un sanctuaire espagnol
consacré à la Vierge, rencontre une population essentiellement composée de Karibs, dispersés
mestizos
en de nombreux villages, et métissés aux populations arawaks originelles. Les Espagnols ne
feroz
colonisent pas ces îles face à la résistance farouche que leur opposent les Karibs. Prenant
prétexte des pratiques anthropophagiques des Indiens, l'administration espagnole autorise des
saqueo
razzias pour les capturer et les réduire en esclavage. Ce sont des expéditions britanniques et
françaises qui, à partir de 1625, marquent le début de la colonisation européenne à Saint-
Christophe tout d'abord (aujourd'hui Saint Kitts), puis à la Guadeloupe et à la Martinique et
enfin dans les îles voisines.
La colonisation française se fit sous le patronage du cardinal de Richelieu et de la
Compagnie des îles d'Amérique. En 1635, des Français, sous le commandement de Liénart de
l'Olive et de Jean Du Plessis, prennent pied à la Guadeloupe. Les premières années de la colonie
sont très agitées en raison des guerres avec les Indiens
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et aussi des rivalités entre chefs et
declina
gouverneurs recevant des lettres de commandement tantôt de la Compagnie (qui périclite après
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la mort de Richelieu en 1642), tantôt directement du roi. En 1643, le Normand Charles Houël
réussit à s'imposer comme gouverneur et obtient l'appui des propriétaires fonciers de la région
de Basse-Terre et de Capesterre. Le sort politique de la colonie reste fragile pendant plusieurs
décennies, alors que l'économie du tabac devient très prospère. Les Indiens vont se réfugier sur
l'île voisine de la Dominique et sont remplacés par les premiers contingents de main-d'œuvre
africaine, réduite en esclavage (souvent achetée aux Hollandais à Saint-Eustache et à Curaçao),
pour travailler sur les plantations de canne à sucre qui se développent rapidement. En 1674, par
décision de Colbert, ministre de Louis XIV, l'administration des îles d'Amérique revient
directement au pouvoir royal.
Les attaques britanniques, à la fin du XVIIe et durant le XVIIIe siècle, occasionnent de
grandes pertes économiques et humaines. Les Britanniques occupent les îles de 1759 à 1763 et

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renforcent le site commercial de Pointe-à-Pitre. À la bataille navale des Saintes (1782), la flotte
française est défaite. La marine britannique possède désormais un avantage stratégique sur les
Français dans les Petites Antilles. Pendant la Révolution, les Britanniques s'emparent à nouveau
de la Guadeloupe mais le commissaire de la Convention, Victor Hugues, proclame l'abolition de
l'esclavage dans l'île et réussit à les chasser (1794). Il fait procéder à des exécutions massives de
royalistes qui avaient pris le parti des Britanniques. Puis Napoléon Bonaparte, influencé par les
milieux des planteurs, envoie des forces importantes pour rétablir l'esclavage (arrêté du 22 mai
1802). Plusieurs centaines de Noirs et de Mulâtres révoltés sont férocement réprimés à
Baimbridge près de Pointe-à-Pitre et à Matouba près de Basse-Terre (mai 1802).
C'est finalement sous la IIe République que l'esclavage est définitivement aboli à la
Guadeloupe (décret du 27 avril 1848, qui avait été précédé dans l'île de manifestations ayant
conduit à la libération de fait des esclaves). Dès 1848, la Guadeloupe élit des députés à
l'Assemblée nationale et, au cours de la IIIe République, la vie politique locale est très animée. La
colonie se rallie au Comité français de libération nationale en juillet 1943. Après la Seconde
Guerre mondiale, sur proposition des députés d'outre-mer, la Guadeloupe et les autres « vieilles
colonies » deviennent, en mars 1946, des départements français d'outre-mer (D.O.M.). Mais
sous la IVe et la Ve République, l'avenir des D.O.M. suscite de nombreuses interrogations, tandis
que s'installe un certain malaise politique, notamment en Guadeloupe où des revendications
autonomistes et indépendantistes se font jour (manifestation violente à Pointe-à-Pitre en 1967,
attentats dans les années 1970 et 1980). Les consultations politiques, caractérisées par des taux
d'abstention élevés (surtout à l'occasion de certaines consultations nationales ou européennes),
l'implantation de fortes personnalités politiques, comme Henri Bangou, Lucette Michaux-
Chevry, Victorin Lurel, témoignent des spécificités insulaires et, selon le politologue Justin
Daniel, de « l'autonomisation croissante de ces espaces politiques ». Lors du référendum de
2003 sur la question de la fusion de la collectivité départementale et de la collectivité régionale,
la Guadeloupe a massivement rejeté ce projet (73 p. 100 des suffrages). Pourtant, une évolution
institutionnelle amorcée lors de cette consultation se concrétise, en 2007, lorsque Saint-
Barthélemy et Saint-Martin deviennent des collectivités d'outre-mer (C.O.M.) et élisent, pour la
première fois, leur propre Assemblée territoriale.
Des déséquilibres économiques et sociaux persistants
Les problèmes de la Guadeloupe sont perceptibles à travers les données de population
et les indicateurs socio-économiques qui montrent un net décalage par rapport à la France
métropolitaine. La Guadeloupe a une population jeune : 31,6 p. 100 de la population a moins de
vingt ans (France métropolitaine : 24,9 p. 100) mais en cours de vieillissement. Le solde naturel
reste élevé parce que le comportement démographique n'a pas atteint la phase dite « de
transition ». Par ailleurs, le solde migratoire est positif du fait de l'immigration importante
venue de la Caraïbe et de l'installation de métropolitains ou d'Antillais qui prennent leur retraite
dans les îles.
Le chômage, traditionnellement élevé, est considéré comme une donnée structurelle à la
Guadeloupe (23,5 p. 100 de la population active en 2009), car le déclin des activités agricoles
(sucre, bananes) n'est pas compensé par la création de nouveaux emplois dans les services (en
particulier dans le tourisme). La fonction publique à elle seule représente pratiquement la
moitié de l'ensemble des emplois. L'analyse économique montre que le département vit des
transferts de la métropole, des subventions européennes et aussi des remises des

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Guadeloupéens qui vivent en France métropolitaine. Le P.I.B. par tête n'est que de 17 900 euros
hogares
(2009), contre 24 000 euros en métropole. Le nombre de foyers bénéficiaires du R.S.A. (revenu
de solidarité active) est également beaucoup plus important qu'en métropole et les inégalités
de revenus sont patentes. Certaines formes de marginalité sociale liées à la consommation et au
trafic de stupéfiants constituent des motifs d'inquiétude.
L'État a tenté, à maintes reprises, de relancer l'activité économique par des aides et une
politique de défiscalisation systématique (zones franches). Grâce aux fonds d'investissement
français et européens, les îles sont dotées d'infrastructures de bonne qualité (routes, ports,
aéroports, télécommunications...) et d'équipements sanitaires et éducatifs corrects ; elles
bénéficient de la « continuité territoriale » grâce à des transports maritimes et aériens
nombreux vers la métropole (en partie subventionnés). En revanche, l'insertion économique
dans le cadre régional caraïbe, et plus largement nord-américain, est notoirement faible.
Sur le plan du développement des territoires, la concentration croissante de la
population et des activités dans l'agglomération de Pointe-à-Pitre qui compte 172 000 habitants
(2005) et concentre près de 41 p. 100 de la population totale, et dans les îles du Nord (Saint-
Barthélemy et Saint-Martin), aux dépens des zones rurales et des bourgs de la Basse Terre et
des îles voisines demeure le principal facteur de déséquilibre.
Christian GIRAULT
Cette situation de déséquilibres et d’inégalités explose en janvier 2009, quand
une grève générale est déclenchée à l’appel d’un collectif de syndicats, associations et partis de
Guadeloupe. Celui-ci réclame notamment la baisse des taxes sur les produits de première
nécessité et les carburants, ainsi que le relèvement des bas salaires et des minima sociaux. Les
négociations entre le collectif, les représentants de l’État et le patronat aboutissent à un accord
le 4 mars 2009, après quarante-quatre jours de grève.
Universalis

Christian GIRAULT, « GUADELOUPE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 14 août
2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/guadeloupe/

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